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Mémoire DESC - Antoine Mouton - desc orthopedie

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Université Bordeaux 2 – Victor Segalen<br />

Année universitaire 2008-2009<br />

Ostéotomie « idéale » dans les cals vicieux de fracture du pilon<br />

tibial. Analyse d’une série de 9 patients.<br />

<strong>Mémoire</strong> présenté en vue de l’obtention<br />

Du<br />

D.E.S.C. de Chirurgie Orthopédique<br />

Dr MOUTON <strong>Antoine</strong><br />

Sous la direction du Professeur JUDET.


Table des matières<br />

Physiopathologie ............................................................................................................... 5<br />

Clinique.............................................................................................................................. 9<br />

Technique chirurgicale ..................................................................................................... 12<br />

Matériel et Méthode........................................................................................................ 16<br />

Evaluation clinique.......................................................................................................................................................... 16<br />

Evaluation radiologique. ............................................................................................................................................... 17<br />

Résultats.......................................................................................................................... 18<br />

Mécanismes......................................................................................................................................................................... 18<br />

Traitement initial ............................................................................................................................................................. 18<br />

Séquelles............................................................................................................................................................................... 18<br />

Suites opératoires ............................................................................................................................................................ 19<br />

Evaluation finale............................................................................................................................................................... 20<br />

Analyse radiologique ...................................................................................................................................................... 21<br />

Discussion ........................................................................................................................ 22<br />

Conclusion ....................................................................................................................... 27<br />

Bibliographie.................................................................................................................... 28


Introduction<br />

La prise en charge des chevilles douloureuses dans les séquelles de<br />

fracture du pilon tibial est dans la plupart des indications, après un<br />

traitement médical bien conduit, une arthrodèse tibio talienne, et dans<br />

une moindre mesure une arthroplastie prothétique de cheville. De<br />

façon rare mais non exceptionnelle, une incongruence articulaire<br />

persiste après le traitement initial et une indication d’ostéotomie, dite<br />

« idéale », visant à rétablir l’anatomie en reproduisant le trait de<br />

fracture, peut être posée.<br />

L’objectif de cette étude est de discuter des possibilités de sauvetage<br />

secondaires de cheville, d’en discuter les indications et d’étudier<br />

rétrospectivement les résultats de 9 patients opérés entre 2002 et 2008.<br />

Le but du traitement dans les fractures articulaires du pilon tibial est<br />

de restaurer le plus précisément possible l’anatomie. L’articulation<br />

tibio-talienne supporte peu les défauts de réduction. Le moindre défaut<br />

intra articulaire augmente considérablement le stress articulaire en c<br />

réant des pics de contraintes et en modifiant les zones de contraintes<br />

sur des zones non destinées à ces charges[1]. Ce stress est encore<br />

majoré par le raccourcissement malléolaire latéral, et par les<br />

malalignements talaires, même ci ceux-ci sont minimes, ces deux<br />

défauts étant fréquemment retrouvés dans les fractures obliques de la<br />

malléole latérale associées aux fractures marginales postérieures du<br />

pilon tibial.[2]<br />

3


La résultante de ces modifications est très fréquemment la survenue<br />

d’une dégradation articulaire rapide, c’est-à-dire une arthrose tibio<br />

talienne.<br />

Dans des cas rares, mais non exceptionnels, il existe un cal vicieux<br />

articulaire, avec des lésions cartilagineuses très localisées, et le reste<br />

de l’articulation reste sain. Il faut pour cela réunir certaines<br />

conditions : il s’agit de fractures - séparations pures sans enfoncement,<br />

à trait simple. C’est le cas le plus souvent des fractures marginales<br />

postérieures, mais peut survenir aussi dans le cadre de fractures<br />

marginales antérieures, mais celles-ci s’accompagnent en règle de<br />

tassements plus ou moins importants. Lorsque le déplacement a été<br />

non ou insuffisamment corrigé, le talus peut venir se mettre à cheval r<br />

sur la marche d’escalier résiduelle, créant une arthrose très localisée,<br />

en bande, sur le dôme talien.<br />

Il semble alors logique, et ce de façon intuitive, de corriger ce défaut<br />

en rabaissant le fragment concerné afin de restaurer l’anatomie.<br />

L’objet de cette étude est d’étudier rétrospectivement les résultats<br />

cliniques et radiologiques d’une série continue de 9 patients opérés<br />

entre 2002 et 2008.<br />

4


Physiopathologie<br />

Dans le cadre d’une cheville séquellaire d’un traumatisme, il faut<br />

comprendre le mécanisme fracturaire, c’est-à-dire comprendre les<br />

traits fondamentaux, le sens des déplacements élémentaires,<br />

l’importance des éventuels enfoncements. En effet c’est de cela que<br />

vont être discutées les indications thérapeutiques.<br />

Les chevilles qui présentent un certain degré d’incongruence<br />

articulaire après une fracture séparation seront celles qui seront<br />

candidates à une chirurgie secondaire de correction visant à rétablir<br />

l’anatomie.<br />

Le cas le plus fréquent est une fracture séparation marginale<br />

postérieure associée à une fracture bimalléolaire. Cette fracture est en<br />

effet une fracture qui nous le verrons a peu de composante de<br />

tassement ostéochondral et entraîne rapidement une incongruence<br />

articulaire.<br />

Le mécanisme lésionnel le plus fréquent est le traumatisme de cheville<br />

en rotation externe et abduction de Duparc, réalisant des fractures inter<br />

tuberculaires à trait spiroïde, avec fragment marginal postérieur.<br />

Le trait malléolaire latéral est oblique en bas et en avant. Le<br />

déplacement élémentaire du fragment distal malléolaire est une<br />

ascension et un recul autour d’un axe horizonto-frontal, et une rotation<br />

externe autour d’un axe vertical.<br />

5


Sens des déplacements élémentaires du fragment malléolaire latéral.<br />

Le trait de fracture tibial est frontal, également oblique en bas et en<br />

avant, le plus souvent postéro-externe, dans la continuité du trait de<br />

fracture malléolaire. Le déplacement élémentaire du fragment<br />

marginal postérieur est identique à celui du fragment malléolaire :<br />

Le fragment marginal postérieur est reculé, ascensionné et présente<br />

également un trouble de rotation.<br />

Dépalcement élémentaire du fragment marginal postérieur.<br />

6


Il existe donc un déplacement d’un bloc composé du fragment<br />

malléolaire distal, du fragment marginal postérieur, solidarisés par<br />

l’intermédiaire du ligament tibio fibulaire postérieur, et également du<br />

talus, l’articulation talo-fibulaire restant intacte. Les ligaments fibulo-<br />

taliens, et fibulo calcanéen ne sont en effet pas rompus. Ce bloc<br />

comprenant le talus suit donc les déplacements élémentaires des 2<br />

fragments en rotation, ascension et recul, et le talus vient alors se<br />

mettre à cheval sur la marche d’escalier tibiale créée.<br />

Trait de fracture élémentaire sur une coupe axiale. Conflit localisé et subluxation postérieure.<br />

Déplacement d’un bloc postéro-externe incluant le talus<br />

7


Si ce déplacement n’a pas été réduit, ou insuffisamment, la fracture<br />

consolide en position vicieuse. Le talus reste subluxé en postéro<br />

externe, et à cheval sur l’incongruence articulaire, créant des douleurs,<br />

une raideur et un défaut d’axe de l’arrière pied.<br />

8


Clinique<br />

La présentation clinique est alors souvent un patient qui consulte pour<br />

des douleurs sur une cheville enraidie en équin. Les articulations sous<br />

jacentes de l’arrière pied et du médio pied peuvent s’enraidir<br />

considérablement, en réaction, comme c’est en règle le cas lorsqu’une<br />

cheville souffre. Il existe un valgus de l’arrière pied.<br />

Les radiographies de cheville sont systématiquement en charge, de<br />

face, face rotation interne 30° et profil. Elles montrent un aspect de<br />

faux pincement tibio talien à prédominance externe qui peut sembler<br />

complet, une pince bimalléolaire élargie, un talus subluxé en dehors.<br />

Le talus est en flexion plantaire, à cheval sur la marche d’escalier<br />

tibiale. Il peut exister une déminéralisation plus ou moins pommelée<br />

de décharge qui fait souvent évoquer le diagnostic d’algodystrophie.<br />

Ceci est souvent la cause d’un retard thérapeutique dans les problèmes<br />

de cal vicieux de cheville.<br />

9


Aspect de faux pincement tibio talien.<br />

L’examen qui permet de préciser les lésions articulaires est le scanner<br />

couplé à l’arthroscanner. Les acquisitions du scanner avec<br />

reconstructions dans les 3 plans de l’espace permettent de préciser les<br />

anciens traits de fracture malléolaires et du pilon tibial, leur direction,<br />

le déplacement élémentaire de chaque fragment ; le scanner permet de<br />

confirmer le caractère de séparation de la fracture, et l’absence<br />

d’enfoncement. Il confirme le conflit localisé.<br />

L’arthroscanner montre alors le respect des surfaces cartilagineuses en<br />

dehors de la zone de conflit. Il existe une arthrose très localisée, avec<br />

des lésions taliennes en bande, correspondant à la zone au contact<br />

avec la marche d’escalier.<br />

Cet examen permet donc de confirmer l’indication d’une chirurgie de<br />

correction articulaire, et de planifier l’intervention.<br />

10


Coupe de scanner confirmant le trait simple, d’une fracture séparation pure, sans enfoncement, la marche<br />

d’escalier avec zone de contact localisée, subluxation postérieure du talus ; arthroscanner confirmant le respect<br />

des surfaces cartilagineuses en dehors de cette zone de contact.<br />

11


Technique chirurgicale<br />

Les principes fondamentaux de ce type de chirurgie de sauvetage<br />

seront de rétablir la perte de congruence articulaire et la désaxation en<br />

reproduisant les traits élémentaires de la fracture initiale de façon à<br />

mobiliser les fragments et les réduire en position anatomique.<br />

Nous décrivons ici l’exemple le plus fréquent d’une fracture<br />

bimalléolaire avec fracture marginale postérieure consolidée en cal<br />

vicieux du tibia et de la malléole. Nous l’avons vu il s’agit en fait d’un<br />

déplacement initial simultané des 2 fragments, le talus suivant les<br />

fragments mobilisés, et la correction de ces défauts ne peut se<br />

concevoir que de façon simultanée, permettant de cooriger<br />

l’incongruence articulaire, et en réduisant le talus, la désaxation.<br />

Le patient est installé en décubitus latéral du coté opposé à la cheville<br />

opérée, un garrot pneumatique à la racine de la cuisse, le membre<br />

inférieur laissé libre dans le champ opératoire de manière à le laisser<br />

libre pour pouvoir réaliser des clichés de fluoroscopie.<br />

Un coussin rigide est placé sous la cheville, laissant l’arrière pied dans<br />

le vide afin de permettre des manœuvres de varus valgus.<br />

L’incision est latérale, légèrement en arrière de la malléole, et<br />

arciforme à sa partie basse. L’abord tibiotalien est ensuite<br />

transfibulaire, reprenant le trait de fracture selon un plan oblique en<br />

bas et en avant. La localisation des traits peut être plus ou moins<br />

difficile, la difficulté augmentant en général avec l’ancienneté des<br />

lésions.<br />

12


La face postérieure de l’épiphyse et de la métaphyse tibiale est<br />

exposée par une fenêtre passant en arrière des fibulaires, en respectant<br />

leur gaine. Un contrôle du trait de fracture est alors réalisé par la<br />

fenêtre postérieure et par la fenêtre transmalléolaire. Il s’agit en fait du<br />

point de sortie corticale du trait.<br />

Le fragment malléolaire distal est laissé solidaire du talus, et récliné<br />

légèrement vers l’arrière, permettant d’avoir un contrôle<br />

endoarticulaire.<br />

On confirme la présence de cartilage sain sur la majeure partie des<br />

surfaces articulaires tibiale et talienne.<br />

Le point d’entrée du trait d’ostéotomie articulaire est repéré.<br />

La direction du trait est alors définie en contrôlant de façon simultanée<br />

les 2 fenêtres, en se guidant également avec le scanner.<br />

Le fragment marginal a consolidé en cal vicieux en créant un<br />

élargissement antéro – postérieur de quelques millimètres.<br />

L’ostéotomie du pilon tibial est réalisée au ciseau fin, dans la direction<br />

de l’ancienne fracture, guidée par le scanner. Un premier trait est<br />

réalisé, puis l’épaississement de 3 à 5mm est réséqué. C’est cette<br />

résection qui permet de mobiliser, et donc re<strong>desc</strong>endre et de déroter le<br />

fragment marginal à sa position anatomique.<br />

Le contrôle visuel de la réduction est réalisé au niveau articulaire,<br />

mais il devient difficile, car la malléole doit être re<strong>desc</strong>endue, avec le<br />

talus, de façon obligatoirement simultanée à la correction du<br />

déplacement marginal postérieur pour obtenir une bonne réduction. Le<br />

fragment malléolaire distal est en effet <strong>desc</strong>endu en bas et en avant et<br />

13


en dérotation. Ceci est permis par les larges surfaces de contact qu’a<br />

créées l’ostéotomie oblique.<br />

La vision articulaire devenant nulle, il faut s’aider de clichés de<br />

fluoroscopie pour confirmer la bonne réduction.<br />

La correction du trouble rotationnel est un des aspects les plus<br />

difficiles à réaliser, et il faut s’aider de multiples incidences<br />

radioscopiques pour confirmer la bonne congruence articulaires.<br />

Il faut parfois procéder à une libération de la fibrose qui a pu<br />

s’interposer en avant de l’articulation tibio-talienne, pour permettre au<br />

talus de retrouver sa position anatomique.<br />

Le fragment tibial ainsi re<strong>desc</strong>endu est maintenu en place par une<br />

plaque console postérieure de 3 à 5 trous.<br />

La malléole latérale est réparée, en veillant à maintenir la réduction en<br />

position anatomique. Une synthèse solide est assurée par une plaque<br />

latérale, plus ou moins associée à des vis de neutralisation.<br />

L’incision est refermée sur un drain et une immobilisation plâtrée est<br />

alors immédiatement réalisée.<br />

L’immobilisation est conservée 45 jours par une botte platrée,<br />

bivalvée pour permettre de débuter une rééducation douce précoce.<br />

L’appui est autorisé entre le 45è et le 60 ème jour post opératoire.<br />

14


Clichés post-opératoires de la même patiente. L’interligne est restauré<br />

(clichés non en charge)<br />

15


Matériel et Méthode<br />

Il s’agit d’une série continue de 9 patients opérés de 2002 à 2008. Le<br />

groupe est composé de 4 hommes et de 5 femmes, dont l’age moyen<br />

au moment du traumatisme était de 48 ans, avec des extrêmes de 33 à<br />

66 ans.<br />

Un patient a été suivi jusqu’à 8 mois après l’intervention, puis a été<br />

perdu de vue.<br />

Le délai moyen entre le traumatisme initial et l’ostéotomie est de 12<br />

mois, avec des extrêmes de 3 mois à 28 mois.<br />

Deux fractures sont survenues dans un contexte d’arrêt de travail.<br />

Huit patients étaient en activité au moment de l’accident, le dernier<br />

étant retraité. Cinq avaient un travail physique ou nécessitant des<br />

déplacements quotidiens.<br />

Evaluation clinique.<br />

Les patients ont été revus en consultation par le même clinicien,<br />

permettant d’interroger le patient, d’examiner ses mobilités et<br />

d’établir un score de Kitaoka de la cheville[3].<br />

Les mobilités de l’articulation sous talienne ont été évaluées<br />

cliniquement sur une échelle de 0 (ankylose) à 3 (mobilité normale,<br />

symétrique au coté sain)<br />

16


Evaluation radiologique.<br />

Un bilan radiographique a été réalisé, comprenant des incidences de<br />

cheville en charge de face, face en rotation interne de 30°, profil<br />

standart, profil en hyperflexion et hyperextension.<br />

17


Résultats<br />

Mécanismes<br />

Le traumatisme initial était 3 fois une chute d’un lieu élevé, une fois<br />

un traumatisme à haute vitesse (moto), et 5 fois une chute de la<br />

hauteur du patient. Les lésions initiales étaient 6 fois une fracture<br />

bimalléolaire avec fracture marginale postérieure du pilon tibial, une<br />

fracture diaphysaire de tibia irradiée au pilon tibial, une fracture<br />

comminutive du pilon tibial avec ascension d’un fragment marginal<br />

antero-interne, une fracture du pilon tibial antéro interne emportant la<br />

malléole médiale, une fracture du pilon tibiale associée à une fracture<br />

bifocale de la fibula.<br />

Deux fractures étaient ouvertes, stade II de la classification de Gustilo.<br />

Un patient avait une luxation sous talienne du coté opposé, et un<br />

patient une fracture de L1 associée.<br />

Traitement initial<br />

Huit patients avaient eu un traitement chirurgical initial, comprenant<br />

des ostéosynthèses internes associées dans 2 cas à un fixateur externe.<br />

Les deux patients avec un fixateur externe posaient un problème<br />

d’écoulement sur fiche.<br />

Séquelles<br />

Les patients se plaignaient de douleurs, de limitation du périmètre de<br />

marche. Les articulations sous jacentes étaient enraidies.<br />

L’articulation sous talienne était estimée en moyenne à 1,6 (min 0<br />

18


max 3), la mobilité globale du médio-pied était moins limitée, évaluée<br />

à 2,25 en moyenne (min 1, max 3).<br />

Six patients présentaient un cal vicieux malléolaire latéral associé au<br />

cal vicieux marginal postérieur, et ont été opérés par voie<br />

transmalléolaire latérale permettant de réaliser des gestes de dérotation<br />

et d’abaissement de la malléole.<br />

Un patient qui ne fait pas partie du groupe prédominant des 6 fractures<br />

bimalléolaires avec marginale postérieure a eu une ostéotomie de la<br />

tubérosité calcanéenne de valgisation associée au geste intra<br />

articulaire tibial, ce patient ayant eu une traumatisme de pilon tibial et<br />

du calcanéum par une chute d’un lieu élévé (accident de parapente),<br />

avec fusion spontanée en varus de l’articulation sous talienne. En<br />

postopératoire ce patient a eu une lésion du nerf tibial postérieur avec<br />

anesthésie plantaire post-opératoire.<br />

Suites opératoires<br />

Un patient a eu un démontage précoce nécessitant une réintervention à<br />

3 semaines. Il ne fait pas partie non plus du groupe « malléole externe<br />

– marginale postérieure ». Ce patient a eu une arthrodèse tibio-talienne<br />

6 mois après l’intervention dans un autre établissement.<br />

Les autres patients ont eu des suites opératoires simples, avec un appui<br />

repris entre le 45 ème jour et le 3è mois post-opératoire.<br />

Quatre patients ont nécessité une réintervention pour ablation de<br />

matériel d’ostéosynthèse.<br />

19


Evaluation finale<br />

Le recul moyen est de 22 mois (min 6- max 57).<br />

Au dernier recul 6 patients étaient satisfaits et se déclaraient améliorés<br />

par l’intervention.<br />

Une patiente reste douloureuse mais a refusé l’arthrodèse tibio<br />

talienne jusqu’à présent, à 10 mois de recul.<br />

Une autre patiente à 26 mois de recul reste douloureuse, avec un score<br />

de Kitaoka à 29 et un pincement complet tibio-talien. L’anatomie du<br />

pilon et de la pince bimalléolaire ayant été restituée, une solution<br />

d’arthroplastie prothétique a été envisagée, mais celle-ci n’a pas été<br />

réalisée.<br />

Pour les 8 patients non arthrodésés l’arc de mobilité moyen de<br />

l’articulation tibio-talienne est de 26° (min 10- max 40).<br />

La mobilité sous talienne clinique moyenne préopératoire en excluant<br />

le patient arthrodésé est de 1,6 (min 0 max 3), celle post opératoire est<br />

de 2,5 (min 1 max 3).<br />

Le score de cheville de Kitaoka moyen au dernier recul est de 68,<br />

correspondant à 5 patients avec des bons résultats (score compris entre<br />

75 et 89) et 2 patients avec des mauvais résultats (inférieur à 60), un<br />

patient arthrodésé (score non réalisé), et un patient perdu de vue.<br />

20


Analyse radiologique<br />

Radiologiquement, les chevilles observées ne sont jamais normales et<br />

présentent toujours un certain degré de remaniement, associant un<br />

pincement articulaire dont l’importance est variable selon les patients.<br />

Deux patientes ont un pincement complet, global pour l’une et localisé<br />

en externe pour la deuxième, ce sont les patientes avec un mauvais<br />

résultat.<br />

Il n’y a pas d’insuffisance de correction.<br />

21


Discussion<br />

Il n’a pas été retrouvé d’article dans la littérature reportant des séries<br />

d’ostéotomie de cheville pour cal vicieux articulaire. Cheleuitte en<br />

2003 décrit une série de techniques « à la carte », dont certaines sont<br />

similaires, mais il ne publie pas de résultats cliniques[2].<br />

Pourtant ce type de « sauvetage » de cheville peut sembler logique<br />

dans certains cas.<br />

Dans le cadre des séquelles de fracture de la cheville, il faut dégager<br />

les indications chirurgicales en fonction de plusieurs éléments.<br />

L’âge est un premier facteur à prendre en compte, en effet plus le<br />

patient est jeune plus on sera tenté « de se battre » pour sauver la<br />

cheville. Les tares du malade interviennent également dans la décision<br />

finale.<br />

L’état du cartilage restant est primordial à évaluer. C’est le rôle du<br />

scanner et de l’arthroscanner. Les patients qui ont le plus de chance<br />

d’avoir un cartilage préservé sont ceux qui ont des mobilités<br />

extrêmement réduites. En effet on comprend que des mobilités<br />

conservées sur une arête tibiale ainsi créée par le cal vicieux entraînent<br />

une dégradation articulaire rapide. En revanche si la cheville n’a<br />

quasiment aucune mobilité, parce que le talus est à cheval sur la<br />

marche d’escalier, le reste du cartilage est préservé, et cela peut durer<br />

longtemps, même chez des patients qui ont repris l’appui, c’est ce qui<br />

explique l’intervalle très long entre le traumatisme initial et<br />

l’ostéotomie « idéale » de la série.<br />

22


La cause d’une désaxation doit être évaluée, soit incongruence<br />

articulaire, susceptible d’être corrigée par le rétablissement<br />

anatomique, soit désordre extra articulaire, faisant orienter le<br />

traitement vers une autre technique.<br />

Il faut également évaluer l’état des articulations sous jacentes, et l’état<br />

de la cheville controlatérale, qui a pu avoir des traumatismes, une<br />

éventuelle arthrodèse. En effet faudra se battre pour préserver des<br />

mobilités tibio-taliennes si les articulations sous jacentes sont très<br />

enraidies, et/ou si la cheville opposée est déjà arthrodésée.<br />

En fonction de ces éléments on s’orientera alors vers une arthrodèse<br />

tibio-talienne, une arthroplastie prothétique, et parfois une ostéotomie<br />

« idéale » visant à restituer l’anatomie.<br />

Cette étude porte sur un nombre limité de patients. Par nature (post<br />

traumatique), le groupe de malade est peu homogène, mais les patients<br />

avaient tous en commun un cal vicieux intra articulaire, avec une<br />

arthrose localisée, et ont tous eu une chirurgie comportant une<br />

ostéotomie intra articulaire. Il ressort cependant un groupe<br />

prédominant de patients avec des séquelles de fracture de cheville par<br />

rotation externe et abduction présentant un cal vicieux d’un bloc<br />

composé d’un fragment tibial marginal postérieur, et du fragment<br />

distal malléolaire qui reste solidaire du talus.<br />

Les résultats sont assez variables, sans que l’on puisse faire de<br />

statistique fiable compte tenu du faible nombre de malades. Il est<br />

23


intéressant de savoir que quelques patients ont des résultats<br />

fonctionnels remarquables<br />

Proposer une telle intervention à un patient peut être considéré comme<br />

un pari. Il est essentiel d’informer le patient de l’inconnue et de<br />

l’absence de pronostique possible sur l’avenir de sa cheville, il faut<br />

donc expliquer sa démarche pour justifier une telle intervention.<br />

.<br />

Le fait de supprimer une butée intra articulaire ne permet jamais de<br />

retrouver des mobilités de chevilles complètes, et laisse souvent une<br />

arthrose. Mais la restauration de la congruence articulaire permet de<br />

rééquilibrer les contraintes et de corriger une désaxation frontale de<br />

l’arrière pied. L’arthrose est alors souvent centrée, et bien tolérée ou<br />

mieux tolérée, et on assiste dans certains cas à un assouplissement des<br />

articulations sus et sous taliennes, ce qui participe aux bons résultats<br />

globaux.<br />

24


Arthrose tibio talienne, mais bien tolérée. Le talus a été recentré.<br />

La prépondérance des séquelles de fracture marginale postérieure<br />

associée à une fracture bimalléolaire par abduction et rotaion externe<br />

dans cette étude soulève de nouveau le débat sur l’importance de<br />

restituer l’anatomie en réalisant une réduction à foyer ouvert lors du<br />

traumatisme. McDaniel et Wilson en 1977[4] avaient montré la<br />

supériorité en termes de résultats fonctionnels, de critères cliniques<br />

objectifs et radiologiques des patients opérés à foyer ouvert par<br />

rapport aux patients ayant eu un traitement à foyer fermé. Les auteurs<br />

avaient démontré cette supériorité pour les fractures de volume<br />

important. La surface seuil nécessitant une réduction est alors<br />

controversée dans les différentes études.<br />

Comme l’a montré Ferries[5] il est très difficile d’apprécier le volume<br />

réel emporté sur des clichés radiographiques, l’incidence faisant varier<br />

considérablement l’estimation que l’on peut faire. En pratique en<br />

traumatologie le scanner est rarement réalisé en cas de fracture<br />

bimalléolaire, même associée à une fracture marginale postérieure.<br />

Le volume réel a également une importance moindre si on considère<br />

que le fragment marginal postérieur se déplace en bloc avec le<br />

fragment malléolaire distal, en emportant le talus.<br />

Les détracteurs de la chirurgie à ciel ouvert s’appuient essentiellement<br />

sur des études cadavériques, dont certaines en enlevant jusqu’à 40%<br />

de la surface tibiale postérieure ne retrouvent pas de modification de<br />

la position du talus. L’étude de Raasch de 1992[6] montre qu’associée<br />

25


à une lésion fibulaire et du ligament tibiofibulaire antérieur, une<br />

fracture marginale postérieure s’accompagne d’une forte instabilité<br />

postérieure. Sa conclusion est qu’une réduction anatomique et une<br />

stabilisation de la fracture de la fibula peut suffire à stabiliser une<br />

cheville traumatisée. Fitzpatrick[1] dans une autre étude cadavérique<br />

montrait après fracture postérieure une modification des zones de<br />

contraintes, le stress étant majoré sur des zones non en charge.<br />

Lindsjö a montré dans une étude clinique le taux beaucoup plus<br />

important d’arthrose dans les fracture bimalléolaires avec fragment<br />

marginal postérieur que dans les fractures bimalléolaires isolées.[7]<br />

Dans notre pratique quotidienne en traumatologie, nous observons<br />

qu’il est difficile de réduire anatomiquement une malléole tant que le<br />

fragment marginal n’est pas réduit. C’est ce que souligne Gardner<br />

dans son étude[8], montrant que pour stabiliser une malléole latérale,<br />

celle-ci doit être parfaitement en position anatomique, et cela implique<br />

une réduction du fragment marginal postérieur. Cela est conforté par<br />

la notion de déplacement en « bloc ».<br />

Ce geste de réparation en aigu est également beaucoup plus simple<br />

qu’à distance et moins couteux, avec des résultats beaucoup plus<br />

stéréotypés. La prépondérance de ces fractures dans cette étude nous<br />

incite à continuer à réduire et ostéosynthéser ces fractures, quel que<br />

soit leur volume.<br />

26


Conclusion<br />

Devant une cheville post traumatique douloureuse, le diagnostic<br />

d’algodystrophie est trop souvent posé, scintigraphie à l’appui. Il faut<br />

réaliser un scanner à la recherche d’une incongruence articulaire, d’un<br />

défaut de réduction d’un déplacement simple pouvant être corrigé.<br />

L’ostéotomie idéale de correction d’un cal vicieux intra articulaire est<br />

une indication rare, mais il faut savoir en poser l’indication dans<br />

quelques cas particuliers. Les résultats fonctionnels en sont<br />

difficilement prévisibles, mais certains patients ont des résultats<br />

remarquables, et les patients de cette série ont été majoritairement<br />

améliorés. Cette chirurgie ne coupe pas les ponts à d’autres<br />

interventions. Il faut savoir prévenir le patient de l’aléa thérapeutique.<br />

Une chirurgie intra articulaire n’est donc pas vouée à l’échec<br />

lorsqu’elle est logique et systématisée, avec une planification pré-<br />

opératoire précise.<br />

Cette chirurgie est difficile, et il faut pour l’éviter continuer à réparer<br />

les lésions et à restaurer l’anatomie en aigu.<br />

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