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Dialogue Démocratie Française La Lettre de D&DF - my.weblet.biz

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<strong>Dialogue</strong> <strong>Démocratie</strong> <strong>Française</strong><br />

<strong>La</strong> <strong>Lettre</strong> <strong>de</strong> D&<strong>DF</strong><br />

Publication mensuelle distribuée par e-mail N°2 Mai 2005<br />

Altesse,<br />

Madame le Ministre,<br />

BB AA FF & SS,<br />

Mes Chers Amis,<br />

Le Traité Constitutionnel Européen<br />

Mercredi 18 Mai 2005 au Sénat<br />

Allocution <strong>de</strong> Pierre Chastanier<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>Dialogue</strong> et <strong>Démocratie</strong> <strong>Française</strong><br />

J'ai le très agréable privilège <strong>de</strong> vous accueillir ce soir pour ce premier Colloque <strong>de</strong> notre<br />

Association qui fait suite à notre séance inaugurale du 6 Avril <strong>de</strong>rnier dans cette même enceinte où,<br />

grâce au Sénateur A. Dulait, Vice-Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s Affaires Etrangères du Sénat,<br />

nous sommes désormais régulièrement reçus.<br />

Je voudrais une fois <strong>de</strong> plus remercier René Bailly, son épouse Marie-Thérèse et Alain Renault<br />

qui ont eu la charge <strong>de</strong> vous accueillir.<br />

Je laisserai tout à l'heure à notre Secrétaire Général, Christian Huglo, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission<br />

Institutions , le soin <strong>de</strong> vous présenter nos Orateurs <strong>de</strong> ce soir et d'orchestrer les débats.<br />

1


Mais pour vous permettre <strong>de</strong> suivre plus attentivement les brillants exposés qui vont vous être<br />

présentés à la suite <strong>de</strong>squels vous pourrez poser <strong>de</strong> nombreuses questions à nos Orateurs, sur un<br />

sujet d'une brûlante actualité, je mettrai à profit ce début du repas pour vous donner quelques<br />

nouvelles <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> notre jeune association.<br />

Partis 33, le 1 er décembre <strong>de</strong>rnier au cours d'une réunion préparatoire nous étions 83 sur 99 inscrits<br />

lors <strong>de</strong> notre séance inaugurale du mois <strong>de</strong>rnier.<br />

Ce soir, malgré quelques absences nous nous trouvons renforcés par <strong>de</strong> nouveaux Adhérents et<br />

Visiteurs qui portent notre effectif total à 134 FF et SS.<br />

Les nouveaux membres ainsi que les membres fondateurs et Adhérents qui n'étaient pas là le 6<br />

Avril voudront bien se lever un instant à l'appel <strong>de</strong> leur nom afin que tout le mon<strong>de</strong> puisse les<br />

connaître.<br />

Enfin j'ai l'immense plaisir <strong>de</strong> vous indiquer que l'absence <strong>de</strong> nos amis Lyonnais qui sont<br />

représentés ce soir par leur Porte Parole, Marc Fraysse n'est due qu'au fait que nous allons le 15<br />

Juin prochain ouvrir notre premier Club <strong>de</strong> province à LYON.<br />

Cet essaimage sera bientôt suivi j'espère <strong>de</strong> nombreux autres dont peut-être celui <strong>de</strong> Montpellier<br />

représenté ce soir par Jacques Cavanna et ses amis.<br />

Pour jouer pleinement son rôle <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> réflexion et <strong>de</strong> dialogue au service du Pays, notre<br />

Association doit en effet croître et se multiplier en accueillant avec le même bonheur les hommes et<br />

les femmes <strong>de</strong> Fraternité qui espèrent jeter entre les Hommes ce Pont d'Amitié et <strong>de</strong><br />

Compréhension mutuelle dont nous avons aujourd'hui le plus grand besoin.<br />

Nous sommes 134. Si chacun parraine un nouvel Adhérent nous pouvons espérer nous retrouver un<br />

nombre important dès la rentrée, gage <strong>de</strong> notre capacité d'action, <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong> nos travaux et<br />

<strong>de</strong> la prise en compte par les Partis <strong>de</strong> nos propositions.<br />

Il y a parmi vous quelques Visiteurs. Nous les accueillons avec joie. Qu'ils sachent toutefois que leur<br />

plein engagement à nos côtés au prix d'une cotisation annuelle mo<strong>de</strong>ste sera pour nous un grand<br />

encouragement et un vrai réconfort !<br />

Cinq Colloques annuels rythmeront la vie <strong>de</strong> notre Association mais il ne faudra pas oublier le<br />

travail en Commissions, véritable lieu d'échange par petits groupes où l'on peut réfléchir, rédiger,<br />

proposer, tester les idées <strong>de</strong>s Experts, élaborer <strong>de</strong>s fiches pédagogiques, bref, préparer l'avenir.<br />

Ne soyons pas frileux en découvrant chaque semaine ou presque en librairie <strong>de</strong>s essais souvent<br />

remarquables. Même s'ils émanent d'auteurs exceptionnels, ils doivent impérativement être polis par<br />

le dialogue pour que puissent coexister les contraires et être rassemblé ce qui est épars.<br />

Pour ne dire qu'un mot du sujet <strong>de</strong> ce soir, sans empiéter sur les propos à venir <strong>de</strong> Christian,<br />

comment ne pas voir dans le principe même du Referendum qui attend <strong>de</strong> nous une réponse brutale<br />

par OUI ou par NON l'illustration <strong>de</strong> cette loi binaire donc nous connaissons les dangers.<br />

Mais nous savons pourtant qu'il existe une autre voie, celle du ternaire et <strong>de</strong> la synthèse, un chemin<br />

étroit comme le fil du rasoir qui permet d'avancer sereinement sans que rien ne s'oppose à notre<br />

progression.<br />

OUI ou NON, il faut que les hommes <strong>de</strong> bonne volonté sachent que malgré tout ce qui les oppose<br />

rien <strong>de</strong> grand ne pourra désormais se faire sans <strong>Dialogue</strong>.<br />

2


Nous nous efforcerons ce soir d'écouter avec attention les Thèses contradictoires qui vont nous être<br />

présentées et <strong>de</strong> nous élever au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s basses polémiques dont les médias nous donnent<br />

régulièrement l'affligeant spectacle.<br />

"<strong>La</strong> <strong>Démocratie</strong>, disait Churchill, est le pire <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> gouvernement à l'exception <strong>de</strong> tous les<br />

autres". Mais il faut une bonne dose <strong>de</strong> Vertu pour qui veut éclairer les hommes.<br />

3<br />

Pierre Chastanier


Altesse,<br />

Chère Corinne,<br />

BB AA FF & SS,<br />

Mes Chers Amis,<br />

Allocution <strong>de</strong> Christian Huglo<br />

Secrétaire Général <strong>de</strong> <strong>Dialogue</strong> et <strong>Démocratie</strong> <strong>Française</strong><br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission Institutions<br />

Cette première réunion <strong>de</strong> notre Club consacrée au Traité Constitutionnel sur l’Europe sera<br />

exemplaire grâce aux orateurs et grâce à nous tous si nous respectons les règles que, par éthique,<br />

et dans notre pratique, nous nous imposons.<br />

Nous savons que nous n’avons pas à chercher à nous convaincre les uns les autres mais<br />

uniquement à nous comprendre.<br />

Nous savons, ensuite, que les mobiles qui poussent les hommes à l’action importent moins que les<br />

buts vers lesquels ils ten<strong>de</strong>nt.<br />

Nous savons, encore, que celui qui se laisse aller à vouloir définir la vérité cesse, <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong> la<br />

chercher.<br />

Ici, le sujet que nous <strong>de</strong>vons traiter est éminemment dangereux, non pas parce qu’il est sur la place<br />

publique, non pas parce qu’il est entre les mains <strong>de</strong>s médias ou <strong>de</strong>s hommes politiques, mais tout<br />

simplement, parce qu’au sens propre du terme, il est mal traité.<br />

Le Professeur Didier LINOTTE nous exposera combien il est original et sans exemple <strong>de</strong> parvenir<br />

à la Constitution par un Traité.<br />

4


D’autres intervenants nous exposeront sans doute que le texte est indigeste, insupportable et<br />

incompatible avec l’idée que nous nous faisons d’une Constitution : acte fondateur, acte<br />

fondamental, pierre angulaire <strong>de</strong> tout un système juridique ; d’autres nous indiquerons peut-être qu’il<br />

faut viser le long terme et voir à travers <strong>de</strong>s constructions lour<strong>de</strong>s se <strong>de</strong>ssiner malgré tout, <strong>de</strong>s<br />

solutions pour l’avenir.<br />

Mais si chacun peut en faire la constatation : les choses vont mal et les discours passent mal ; il<br />

convient d’en rechercher les raisons et je souhaiterais partager les trois éléments <strong>de</strong> mon analyse<br />

avec vous.<br />

- Le premier est qu’en définitive, que l’on soit partisan d’un point <strong>de</strong> vue ou d’un autre, la<br />

passion semble avoir rejoint un camp ; il paraît bien étrange que pour défendre le OUI, il soit<br />

nécessaire <strong>de</strong> faire appel à un membre du Conseil Constitutionnel, un ancien Premier Ministre<br />

ou un ancien Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission.<br />

Pourquoi les choses n’ont-elles pas été présentées naturellement ? Pourquoi n’ont-elles pas été<br />

présentées progressivement ?<br />

Sans doute parce que le moment auquel la question est posée est inadéquat et a été probablement<br />

choisi aussi à <strong>de</strong>s fins à court terme par <strong>de</strong> grands Partis qui sont tombés d’accord sur ce point.<br />

- En second lieu, s’il y a un vrai débat sur l’Europe, le débat qui existe aujourd’hui reste pollué<br />

par les arrières pensées qui <strong>de</strong>vraient rester en arrière.<br />

Quand les arrières pensées viennent en avant, qu’elles <strong>de</strong>viennent premières et que l’on pratique<br />

systématiquement le double discours, l’on finit par assister, sur le terrain politique, à une<br />

redistribution <strong>de</strong> carpes issues <strong>de</strong> croisements avec <strong>de</strong>s lapins.<br />

Ainsi, une confusion plus ou moins volontaire, règne sur le dossier Europe, le discours est épars, et<br />

nous laisse à penser que ce qui se cache à l’extérieur est, en fin <strong>de</strong> compte, un besoin <strong>de</strong><br />

changement profond dans la vie politique et <strong>de</strong> nos Institutions.<br />

A cet égard, la Commission « Institutions » se réunira le mercredi 1 er juin à 18 H 00, 40 Rue <strong>de</strong><br />

Monceau pour entendre et voir développer l’excellente proposition <strong>de</strong> Denis BLANCHARD-DIGNAC<br />

sur la nécessité d’une réforme <strong>de</strong> la Constitution avec un véritable statut <strong>de</strong> l’opposition.<br />

Revenons-en au sujet et, en troisième lieu, après <strong>de</strong>ux motifs <strong>de</strong> désolation, retrouvons un motif<br />

d’espoir :<br />

Il est un fait que tout doucement, et <strong>de</strong> façon progressive, les Français semblent avoir trouvé,<br />

malgré le manque <strong>de</strong> crédibilité <strong>de</strong>s chantres du OUI ou du NON le goût <strong>de</strong> la discussion sur l’avenir<br />

et sur les institutions.<br />

Saisissons cette chance. Sortons du discours habituel ; tirons l’essence et la substance du sujet et<br />

communiquons les fruits <strong>de</strong> notre métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail à l’extérieur.<br />

Les orateurs voudront bien, comme je leur ai <strong>de</strong>mandé, selon, bien entendu, la nature du sujet qu’ils<br />

auront à traiter, se placer, non pas dans la perspective <strong>de</strong> l’immédiat, mais dans le moyen, et surtout<br />

le long terme, et aussi pas seulement au niveau <strong>de</strong> la France mais au niveau <strong>de</strong> l’Europe et du<br />

Mon<strong>de</strong>.<br />

Pour moi, c’est sur le plan <strong>de</strong>s valeurs qu’il convient <strong>de</strong> se placer, en se rappelant le message <strong>de</strong><br />

Pic <strong>de</strong> <strong>La</strong> Mirandole dans « <strong>de</strong> homini dignitate».<br />

5


Pic <strong>de</strong> la Mirandole 1463/1494 est considéré à juste titre comme le père <strong>de</strong> l’humanisme mo<strong>de</strong>rne.<br />

Le discours qu’il fait prononcer par le Grand Artisan <strong>de</strong> l’Univers et dirige vers l’être humain est le<br />

suivant :<br />

« Tu détermineras toute chose en n’étant contraint par aucune barrière, selon ton libre<br />

arbitre, au pouvoir duquel je t’ai confié.<br />

Je ne t’ai créé ni comme un être céleste ni comme un être terrestre, ni mortel ni<br />

immortel, pour que par toi-même, en tant qu’artisan libre et souverain, tu te façonnes et<br />

tu te sculptes sous la forme choisie par toi-même.<br />

Tu pourras dégénérer dans les choses inférieures, qui sont les brutes ; tu pourras te<br />

régénérer, selon ta volonté, dans les choses supérieures qui sont divines ».<br />

6


Plan <strong>de</strong> l’Allocution <strong>de</strong> Didier Linotte<br />

I – Nature et forme du « Traité Constitutionnel » pour l’Europe.<br />

<strong>La</strong> nature très particulière, originale « sui generis » du texte.<br />

Au carrefour entre la Constitution d’un Etat Fédéral - ce qu’elle n’est pas vraiment – et le traité<br />

synthétique d’un ensemble <strong>de</strong> Traités antérieurs – ce qu’elle est aussi –<br />

D’une Constitution, ce texte a le caractère institutif et constitutif ; il comporte comme elle <strong>de</strong>s<br />

déclarations <strong>de</strong> principes, <strong>de</strong> valeurs et <strong>de</strong> droits, ainsi que <strong>de</strong>s dispositions institutionnelles.<br />

D’un Traité, il comporte nécessairement, avec le rappel <strong>de</strong>s Traités antérieurs, un aspect <strong>de</strong><br />

compromis négocié entre les Etats.<br />

<strong>La</strong> complexité du Texte n’a pas à être critiquée ; elle doit être admise. C’est la réalité <strong>de</strong><br />

l’organisation européenne qui est complexe. Un texte simple ne serait que simplificateur voire<br />

simpliste.<br />

II – Le contenu du Traité Constitutionnel : enferment politique ou champ <strong>de</strong>s potentialités.<br />

Une constitution est un clavier ce n’est pas une partition.<br />

Le Traité Constitutionnel autorise la conduite aussi bien <strong>de</strong> politiques libérales que <strong>de</strong> politique<br />

social-démocrate.<br />

En revanche, le collectivisme ou l’étatisme sont interdits. Mais que ceux qui en sont les<br />

thuriféraires soient rassurés ; ils sont aussi interdits par la Déclaration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme,<br />

par la Constitution <strong>Française</strong> et par l’édifice constant et continu <strong>de</strong> la construction européenne<br />

<strong>de</strong> ses origines à nos jours.<br />

Conclusion :<br />

Manifestez confiance, dynamisme et générosité : Votez OUI<br />

7


Mes Chers Amis,<br />

Allocution <strong>de</strong> Paul Violet<br />

Je considère que ce projet constitutionnel s’éloigne, <strong>de</strong> façon impressionnante, <strong>de</strong> la démocratie<br />

comme <strong>de</strong>s valeurs républicaines.<br />

Non-démocratique, cette Constitution m’apparaît l’être au moins à trois niveaux fondamentaux :<br />

Dans son mo<strong>de</strong> d’élaboration,<br />

Dans sa forme,<br />

Dans son contenu.<br />

Dans son mo<strong>de</strong> d’élaboration.<br />

En démocratie, une Constitution résulte <strong>de</strong> l’engagement <strong>de</strong>s citoyens eux-mêmes : la seule<br />

procédure démocratique incontestable rési<strong>de</strong> dans l’élection d’une Assemblée constituante,<br />

indépendante <strong>de</strong>s pouvoirs en place, élue pour élaborer une Constitution., pour cette seule tâche et<br />

donc révoquée après.<br />

Au lieu <strong>de</strong> cela, on a vu 105 personnes, dont aucune n’avait été élue ou mandatée pour rédiger une<br />

Constitution, s’ériger en constituants. au nom <strong>de</strong> 450 millions <strong>de</strong> citoyens pour les décennies à<br />

venir. De plus, autre manquement à l’indépendance, le texte a été réécrit par les gouvernants en<br />

place.<br />

Une telle manière <strong>de</strong> faire a abouti logiquement à un texte. Lui aussi dans sa forme antidémocratique.<br />

Dans sa forme.<br />

Le TCE, avec son préambule, ses 4 parties, ses 36 protocoles, ses 2 annexes, ses 50 déclarations,<br />

ses 448 articles, tous ayant strictement la même valeur constitutionnelle, fait en format A4, 852<br />

pages, longueur unique au mon<strong>de</strong> pour une Constitution. !<br />

Pendant l’apéritif, l’un d’entre vous m’a dit : c’est vrai que je me sens coupable, je viens à une soirée<br />

ou l’on va débattre <strong>de</strong> ce texte, et en plus, en tant que citoyen, je vote dans 10 jours, et je ne l’ai pas<br />

lu.<br />

8


Je voudrais dire à ces amis, comme à vous tous : ce n’est pas un sentiment <strong>de</strong> gêne, <strong>de</strong> culpabilité<br />

ou <strong>de</strong> honte que vous <strong>de</strong>vez ressentir parce que vous n’avez pas lu ce texte, que vous n’avez pas<br />

fini <strong>de</strong> le lire ou que l’ayant lu, vous ne l’avez pas bien compris : c’est un sentiment <strong>de</strong> colère, cette<br />

colère que nous ressentons tous légitimement quand on s’aperçoit qu’on se fiche <strong>de</strong> nous.<br />

Car ce texte, par sa structure, sa longueur, son vocabulaire, son opacité, ses obscurités, ses<br />

contradictions, est illisible.<br />

Et il l’est sciemment.<br />

Ce document est fait pour être approuvé sans être lu,<br />

Une Constitution. doit pouvoir être lue par tous, comprise par tous, pour pouvoir être approuvée ou<br />

rejetée en connaissance <strong>de</strong> cause. C’est la base même <strong>de</strong> la démocratie.<br />

Plus encore que son élaboration et sa forme, c’est le contenu <strong>de</strong> ce projet qui porte atteinte encore<br />

plus gravement à la démocratie.<br />

Dans son contenu<br />

Une Constitution, démocratique fixe en termes clairs et simples, les règles du jeu.<br />

Quel jeu ? Celui du choix <strong>de</strong>s politiques par les électeurs au gré <strong>de</strong>s échéances électorales qui<br />

ponctuent naturellement la vie politique démocratique.<br />

Car une Constitution démocratique n’est, par nature, ni <strong>de</strong> droite, ni <strong>de</strong> gauche : elle doit rendre<br />

possible le débat politique, en lui fixant <strong>de</strong>s règles consenties par tous<br />

Ce TCE ne respecte pas ce principe démocratique <strong>de</strong> base, celui <strong>de</strong> la neutralité politique, en<br />

introduisant une partie III, qui détaille, avec un luxe <strong>de</strong> précisions incroyables et une force juridique<br />

contraignante sans précé<strong>de</strong>nt, les politiques qui doivent s’appliquer, en particulier dans les<br />

domaines économiques et monétaires, mais pas exclusivement.<br />

On aboutit à ce résultat consternant d’une constitutionnalisation <strong>de</strong> la politique qui échappe alors,<br />

ipso facto au libre choix <strong>de</strong>s électeurs<br />

Les partisans du projet répon<strong>de</strong>nt que cette partie n’est qu’une compilation <strong>de</strong>s traités antérieurs et<br />

existants qui s’appliquent <strong>de</strong> toute façon.<br />

D’où, poursuivent-ils, l’absurdité <strong>de</strong> vouloir rejeter le traité à cause <strong>de</strong> la partie III, puisque c’est la<br />

seule qui s’appliquera en cas <strong>de</strong> rejet du texte.<br />

Il n’y a donc pas lieu, ajoutent-ils, <strong>de</strong> faire une fixation sur cette partie qui s’applique déjà et qui<br />

donc aurait pu, tout aussi bien, ne pas figurer dans cette Constitution<br />

Le problème, c’est qu’elle y figure, qu’elle représente près <strong>de</strong>s trois-quarts du texte et qu’on nous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> bel et bien <strong>de</strong> l’approuver.<br />

Il doit donc y avoir <strong>de</strong>s raisons.<br />

Cette partie, d’abord, n’est pas qu’une simple compilation : elle a été réécrite, toilettée, actualisée,<br />

enrichie.<br />

Ensuite si elle provient pour l’essentiel <strong>de</strong>s traités antérieurs, ceux-ci ont pour caractéristique, dans<br />

leur écrasante majorité, <strong>de</strong> n’avoir jamais été soumis à l’approbation <strong>de</strong>s électeurs.<br />

C’est par le fameux déficit démocratique toujours dénoncé, jamais comblé, que ces politiques ont<br />

été mises en œuvre, sans le concours <strong>de</strong>s peuples.<br />

Ce qui est en jeu donc aujourd’hui, c’est :<br />

9


- <strong>de</strong> faire rétroactivement approuver 20 années <strong>de</strong> politique européenne par le peuple qui n’avait<br />

jamais été réellement consulté en ce domaine, et donc <strong>de</strong> donner une caution démocratique à <strong>de</strong>s<br />

politiques qui en étaient dépourvues,<br />

- par ce quitus, et en constitutionnalisant ces politiques pour les décennies à venir, d’interdire aux<br />

électeurs <strong>de</strong> faire un autre choix.<br />

Ce n’est pas parce que <strong>de</strong>puis 20 ans, on applique une politique que cela constitue en soi un<br />

argument pour ne pas en tirer un bilan.<br />

Ce n’est pas parce que <strong>de</strong>puis 20 ans, on construit l’Europe sans consulter les peuples que cela<br />

constitue un argument pour continuer pendant 50 ans encore.<br />

Non démocratique, ce TCE s’éloigne à fortiori encore davantage <strong>de</strong>s valeurs républicaines.<br />

Je prendrai pour exemple représentatif, la justice sociale, les services publics, la laïcité,<br />

Anti-social<br />

Le caractère régressif sur le plan social <strong>de</strong> ce texte découle naturellement <strong>de</strong> sa nature antidémocratique.<br />

Les <strong>de</strong>ux aspects sont indissolublement liés.<br />

L'intervention <strong>de</strong> l’Etat pour assurer la justice sociale est possible grâce aux 4 instruments que sont<br />

la protection sociale, le droit du travail, les services publics et les politiques économiques <strong>de</strong> soutien<br />

à l’activité et à l’emploi.<br />

Le TCE constitutionnalise la déconstruction systématique les 4 instruments <strong>de</strong> l’intervention<br />

publique que j’ai cités, pour y substituer le marché comme seul horizon indépassable.<br />

Plus <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong> politique monétaire : art 30 et 177, <strong>de</strong> politique budgétaire : art 184, <strong>de</strong><br />

politique industrielle : art 167 et 279.<br />

A la place, la règle <strong>de</strong> la concurrence libre et non faussée qui revient comme un leitmotiv <strong>de</strong>s<br />

dizaines <strong>de</strong> fois, se voyant ainsi érigée en un véritable dogme, comme la valeur suprême <strong>de</strong> cette C.<br />

Jusqu'à cet article révélateur jusqu’à l’absur<strong>de</strong>, le III-131 qui prévoit qu’en cas <strong>de</strong> guerre, tout doit<br />

être fait pour protéger le bon fonctionnement du marché intérieur, pour que rien ne vienne altérer la<br />

concurrence libre et non faussée.<br />

Quant à la<br />

Charte <strong>de</strong>s Droits fondamentaux<br />

Outre qu’elle existait déjà dans le traité <strong>de</strong> Nice, et que donc le raisonnement <strong>de</strong>s partisans du texte<br />

sur la partie III peut également s’appliquer à la partie II, elle se résume à un catalogue <strong>de</strong> vœux<br />

pieux, sans aucune force contraignante à la différence <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la concurrence libre et non<br />

faussée qui représente à elle seule près <strong>de</strong>s trois quarts <strong>de</strong> la Constitution<br />

Elle est en recul important par rapport à la Déclaration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme et du citoyen <strong>de</strong> 1789<br />

et au préambule <strong>de</strong> notre Constitution<br />

Autre pilier <strong>de</strong> l’action sociale et <strong>de</strong> nos valeurs républicaines :<br />

Les services publics<br />

On nous dit : cette Constitution enfin reconnaît, protège et développe les SP.<br />

On cherche ou la Constitution parle <strong>de</strong>s SP ? Nulle part. Mais si nous dit-on : en langage européen,<br />

SP (Services Publics) se dit SIEG ( Services d'Intérêt Economique Général) ! <strong>La</strong> définition <strong>de</strong>s<br />

SIEG n’est ni dans la Constitution ni nulle part ailleurs.<br />

Sauf que la Commission dans ses livres blanc et vert en 2003 et 2004 fait un effort non pas en<br />

définissant les Sieg, mais en nous disant ce qu’ils ne sont pas :<br />

« ils ne doivent en aucun cas être confondus avec les SP français ! »<br />

10


Avec ces SIEG, les secteurs rentables étant invités à être transférés au privé, seule subsistera la<br />

possibilité, à la discrétion <strong>de</strong> la Commission, <strong>de</strong> maintenir une activité publique structurellement<br />

déficitaire.<br />

C’est la fin programmée <strong>de</strong>s services publics et l’impossibilité d’en créer au niveau européen.<br />

C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, <strong>de</strong> façon très cohérente, les SP sont déjà l’objet <strong>de</strong><br />

démantèlement et <strong>de</strong> mise aux normes privées, qu’il s’agisse d’E<strong>DF</strong>, G<strong>DF</strong>, la Poste, la SNCF, la<br />

RATP.<br />

Autre pilier <strong>de</strong> nos valeurs républicaines :<br />

<strong>La</strong> laïcité<br />

<strong>La</strong> Constitution abor<strong>de</strong> franchement le sujet : art : 2, 52 et 70 qui à eux 3, constituent un<br />

démantèlement <strong>de</strong>s principes fondamentaux <strong>de</strong> la laïcité en abrogeant la séparation <strong>de</strong>s églises et<br />

<strong>de</strong> l’Etat, en refusant la distinction entre la sphère privée et la sphère publique et en promouvant le<br />

communautarisme.<br />

Face à cette négation <strong>de</strong> la laïcité, les partisans du Traité s’empressent <strong>de</strong> nous rassurer : les<br />

articles anti-laïcs <strong>de</strong> la Constitution ne s’appliqueront pas à la France, ils s’en sont d’ailleurs enquis<br />

auprès du Conseil Constitutionnel.<br />

L’ennui c’est que l’interprétation du Traité par le Conseil Constitutionnel n’est absolument pas<br />

opposable aux juges européens comme le reconnaît lui-même le Conseil Constitutionnel en disant<br />

que, in fine, il appartiendra aux juges européens <strong>de</strong> se prononcer en <strong>de</strong>rnier ressort.<br />

Il n’y a donc aucune garantie quant à la préservation du principe sur lequel repose notre république.<br />

Supposons, néanmoins, que ces art anti-laïcs ne s’appliquent pas à la France.<br />

En quoi cela justifie-t-il que nous acceptions que la Constitution <strong>de</strong> l’Europe refuse à nos<br />

compatriotes européens ce que nous considérons comme une avancée fondamentale <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />

l’homme ?<br />

<strong>La</strong> laïcité n’est pas une simple tradition française comme ses 400 fromages, son PMU et ses petites<br />

femmes du lido.<br />

C’est une valeur fondamentale, à vocation universelle, <strong>de</strong>stinée à protéger la liberté <strong>de</strong> toutes les<br />

femmes et <strong>de</strong> tous les hommes, partout dans le mon<strong>de</strong>, et bien évi<strong>de</strong>mment d’abord en Europe.<br />

<strong>La</strong> laïcité représente un modèle universel d’émancipation, un modèle que les républicains pensent<br />

supérieur à d’autres modèles, en particulier au modèle anglo-saxon et communautariste.<br />

Par quelle aberration croit-on qu’il suffit <strong>de</strong> nous dire, <strong>de</strong> manière d’ailleurs totalement infondée, que<br />

la France pourra gar<strong>de</strong>r sa laïcité pour que nous acquiescions à ce que le modèle contraire soit la<br />

règle commune au sein <strong>de</strong> l’Union ?<br />

A quoi bon faire une Constitution si ce n’est pas pour y défendre les principes auxquels nous<br />

croyons ?<br />

Ce renoncement à défendre pour l’Europe une valeur aussi essentielle m’apparaît en soi comme<br />

une raison suffisante <strong>de</strong> rejet du texte.<br />

C’est grave pour les citoyens <strong>de</strong> notre pays, pour ceux d’Europe et pour les citoyens du mon<strong>de</strong> qui<br />

croyaient, comme l’histoire leur a enseigné, en la vocation universelle du message <strong>de</strong> la France.<br />

C’est grave particulièrement pour les femmes.<br />

11


<strong>La</strong> laïcité est en effet un principe particulièrement protecteur pour les femmes dont l’histoire, jusqu’à<br />

nos jours, a montré qu’elles étaient les premières victimes <strong>de</strong>s religions qui les mettent trop<br />

souvent en situation d’infériorité.<br />

C’est pourquoi seule la réaffirmation du principe <strong>de</strong> laïcité <strong>de</strong> toutes les institutions et règles <strong>de</strong><br />

l’Union serait en mesure <strong>de</strong> garantir les droits <strong>de</strong>s femmes contre les pressions <strong>de</strong>s religions<br />

officielles, <strong>de</strong>s intégrismes religieux, <strong>de</strong>s sectes et <strong>de</strong>s communautarismes divers.<br />

En vérité, cette Constitution porte en elle la fin <strong>de</strong> l’espoir pour <strong>de</strong>s millions d’européens <strong>de</strong><br />

bénéficier <strong>de</strong>s bienfaits <strong>de</strong> la laïcité, comme elle porte naturellement, à plus ou moins long terme, la<br />

mort <strong>de</strong> ce principe fondateur <strong>de</strong> la république dans notre pays.<br />

Tournant le dos aux valeurs démocratiques et républicaines, cette Constitution n’abor<strong>de</strong> pas les<br />

enjeux du XXIème siècle, les défis qui se posent à la France et à l’Europe contemporaine :<br />

- Défi <strong>de</strong> la croissance et du plein emploi, et non d’une lutte obsessionnelle contre l’inflation qui<br />

date <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> la reconstruction et que voudrait figer pour l’éternité l’art 130.<br />

- Défi d’une Europe indépendante porteuse <strong>de</strong> ses propres valeurs et <strong>de</strong> son propre modèle et<br />

non, art 41, l’arrimage à l’OTAN, vestige archaïque <strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’empire soviétique.<br />

Ce n’est pas par hasard si l’expression Europe indépendante est totalement absente <strong>de</strong>s 852 pages<br />

<strong>de</strong> ce document.<br />

- Défi <strong>de</strong> la cohésion : nationale et sociale face aux communautarismes et autres i<strong>de</strong>ntitarismes,<br />

qui suppose d’autres valeurs que le choc <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s pays, ravalés au même rang que les<br />

marchandises et les capitaux dans une concurrence sans frein. Art 4.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces défis, se pose la question <strong>de</strong> fond d’où découlent toutes les autres : la démocratie at-elle<br />

encore un avenir où doit-elle laisser la place à une gouvernance post- démocratique, basée<br />

sur l’oligarchie et consubstantielle à la mondialisation libérale ?<br />

Cette Constitution est comme une porte qui se ferme et se verrouille <strong>de</strong>rrière nous, sans possibilité<br />

<strong>de</strong> retour.<br />

Je livre à votre méditation l’art 28 <strong>de</strong> la Déclaration <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’homme et du citoyen, à une<br />

époque où l’on savait ce qu’était une Constitution, où on savait écrire clairement et où la démocratie<br />

avait du sens :<br />

« Un peuple a toujours le droit <strong>de</strong> revoir, <strong>de</strong> réformer et <strong>de</strong> changer sa constitution. Une<br />

génération n’a pas le droit d'assujettir à ses lois les générations futures ».<br />

12


Allocution <strong>de</strong> Corinne Huglo - Lepage<br />

Le débat autour du projet <strong>de</strong> constitution européenne, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s non-dits et <strong>de</strong>s stratégies<br />

purement personnelles qu’il révèle, suscite en réalité une discussion à <strong>de</strong>ux niveaux :<br />

- celui du sens du projet européen et la place <strong>de</strong> l’Etat-Nation en général, <strong>de</strong> la France en<br />

particulier, en ce début <strong>de</strong> XXI ème siècle,<br />

- celui du contenu du projet lui-même et <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> renégocier le consensus obtenu en<br />

cas <strong>de</strong> rejet du projet<br />

I Le sens du projet européen<br />

Nous sommes à la croisée <strong>de</strong>s chemins et à un moment <strong>de</strong> portée historique, sous un double<br />

impact : celui d’une transformation profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Europe d’une part, celui d’un bouleversement du<br />

mon<strong>de</strong> d’autre part.<br />

I.1 <strong>La</strong> transformation <strong>de</strong> l’Europe<br />

L’histoire <strong>de</strong> la construction européenne a commencé avec la fin <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale,<br />

avec un souffle et un enthousiasme <strong>de</strong>puis longtemps perdu. <strong>La</strong> paix et la prospérité économique<br />

ont guidé les 6 Etats fondateurs auxquels se sont progressivement joints 9 autres Etats.<br />

Cette Europe a constitué un formidable appel d’air pour les pays <strong>de</strong> l’ex-bloc soviétique et les pays<br />

baltes <strong>de</strong> telle sorte que l’élargissement s’est fait –et on ne peut que le déplorer – avant<br />

l’approfondissement. Cet approfondissement est une nécessité pour faire fonctionner une Europe à<br />

25.<br />

I.2 <strong>La</strong> transformation du mon<strong>de</strong><br />

Mais, le mon<strong>de</strong> a encore plus changé que l’Europe. <strong>La</strong> mondialisation- qui est un fait- l’hyper<br />

puissance américaine et la croissance économique <strong>de</strong>s pays émergents comme la Chine l’In<strong>de</strong>, le<br />

13


Brésil ren<strong>de</strong>nt indispensable à la fois pour <strong>de</strong>s raisons politiques et <strong>de</strong>s raisons économiques un<br />

renforcement du poids <strong>de</strong> l’Europe<br />

- pour <strong>de</strong>s raisons économiques : poids <strong>de</strong>s multinationales, le refus <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> la<br />

compétition entre Etats au sein <strong>de</strong> l’Europe, la nécessité <strong>de</strong> disposer d’une entité puissante<br />

capable <strong>de</strong> négocier et d’imposer aux multinationales<br />

- pour <strong>de</strong>s raisons politiques : la seule manière <strong>de</strong> jouer dans la cour <strong>de</strong>s Grands est <strong>de</strong><br />

constituer un ensemble politique cohérent et puissant face aux Etats Unis et au reste du<br />

mon<strong>de</strong> - <strong>La</strong> seule manière <strong>de</strong> traiter les défis majeurs qui sont là : terrorisme, crise<br />

écologique, mafias et argent sale consiste à disposer d’une structure puissante et organisée<br />

dont les pouvoirs ne se limitent pas à l’organisation d’un grand marché.<br />

I.3 <strong>La</strong> disparition <strong>de</strong> facto du poids <strong>de</strong>s Etats Nations.<br />

Derrière le débat sur le projet européen, c’est en réalité le débat sur la place <strong>de</strong> la France dans le<br />

mon<strong>de</strong> qui est posé. Il est sans doute regrettable que la France n’occupe plus la place qui était la<br />

sienne ni au plan diplomatique, ni au plan économique, ni même et c’est plus grave encore au plan<br />

moral. Entre affaires, soutien à <strong>de</strong>s régimes pourris et opérations douteuses en Afrique, régressions<br />

démocratiques dans le fonctionnement <strong>de</strong> nos propres institutions, la France n’a plus le<br />

rayonnement dont elle pouvait autrefois se parer.<br />

Les souverainistes et les partisans du FN ont <strong>de</strong> toujours soutenu une vision anti-européenne au<br />

nom <strong>de</strong> la France. Mais aujourd’hui, le débat est beaucoup plus large car il traduit la peur <strong>de</strong> la<br />

dilution dans l’espace européen et la peur <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité. Mais, est-il concevable qu’un<br />

peuple qui représente aujourd’hui 1% <strong>de</strong> l’ Humanité, <strong>de</strong>main, 0,7% préten<strong>de</strong> peser directement sur<br />

les affaires du mon<strong>de</strong>. Quel est notre poids face aux géants – y compris d’origine française- pour les<br />

contraindre à produire en France ? Quel est notre poids face à la Chine ? Imaginerait-on que seuls<br />

nous mettions <strong>de</strong>s quotas d’importation sur le textile tout en croyant pouvoir continuer à vendre <strong>de</strong>s<br />

Airbus ou <strong>de</strong>s TGV ?<br />

En réalité, nous avons un <strong>de</strong>uil à faire et un projet au sein <strong>de</strong> l’Union à faire aboutir : faire en sorte<br />

que l’influence française soit au moins égale à l’influence alleman<strong>de</strong> ou anglaise. Nous en sommes<br />

loin.<br />

I.4 L’utopie d’une France souverainiste.<br />

Imaginons que la France soit sortie <strong>de</strong> l’Europe comme l’y invitait les amis <strong>de</strong> M.Chevénement en<br />

1983, ou ait voté non à Maastricht ou encore ait laissé l’Europe se développer sans elle.<br />

Certes, l’euro a coûté très cher au consommateur. Mais quel serait aujourd’hui la valeur du franc<br />

avec les déficits abyssaux qui sont les nôtres ?<br />

Certes, nous avons perdu les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> notre population agricole. Mais quel serait le niveau <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> nos agriculteurs sans la PAC ?<br />

Certes, l’Europe libéralise les services. Mais les principaux bénéficiaires ne sont-ils pas nos gran<strong>de</strong>s<br />

entreprises nationales qui gèrent les services européens ?<br />

En définitive, sur le plan économique, il est probable que l’Europe nous a protégés et c’est<br />

probablement cette protection qui nous a permis <strong>de</strong> nous offrir le luxe <strong>de</strong> ne rien réformer pendant<br />

que les autres s’adaptaient.<br />

Le chômage endémique dont nous souffrons n’est pas du à l’Europe mais aux particularités<br />

françaises. C’est précisément les gouvernements successifs, qui pour masquer leur incapacité, ont<br />

fait porter à l’Europe le poids <strong>de</strong> leurs échecs. Et ont convaincu les Français que tous leurs maux<br />

venaient <strong>de</strong>s technocrates <strong>de</strong> Bruxelles qui ne sont que 25000 pour 350 millions <strong>de</strong> personnes alors<br />

qu’il y a 3,5 millions <strong>de</strong> fonctionnaires pour 60 millions <strong>de</strong> Français !<br />

Enfin, sur le plan <strong>de</strong> la démocratie participative, <strong>de</strong> l’information du public, <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s droits, <strong>de</strong><br />

l’environnement les seuls progrès accomplis en France l’ont été grâce à l'Europe !<br />

14


Dés lors que le choix européen est fait, - c’est –à-dire celui d’un progrès dans l’Union politique – la<br />

secon<strong>de</strong> question est celle du bien fondé du projet <strong>de</strong> constitution.<br />

II Le projet constitutionnel<br />

II .1 le projet constitutionnel est le fruit d’un consensus.<br />

Certes, nous pouvons regretter que le projet n’aille pas plus loin dans la reconnaissance <strong>de</strong> certains<br />

droits. Mais, les 24 pays ne sont pas la France et il est hors <strong>de</strong> question que nous puissions exiger<br />

<strong>de</strong>s autres qu’ils vali<strong>de</strong>nt tous nos principes. Sommes-nous prêts à la réciprocité ?<br />

Certes, nous pouvons regretter que la troisième partie du projet y figure. Mais, cette insertion a été<br />

la condition <strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> 7 Etats membres.<br />

Certes, on aurait pu souhaiter un mécanisme <strong>de</strong> révision plus souple. Mais, outre le fait que cela ne<br />

change rien au mo<strong>de</strong> révision actuelle <strong>de</strong>s textes, AUCUN ETAT MEMBRE n’a accepté une autre<br />

solution lors <strong>de</strong> la Convention.<br />

Certes, on peut regretter le côté libéral du projet. Mais il faut savoir que les Pays Bas sont sur une<br />

position opposée (projet pas assez libéral) que les pays « <strong>de</strong> gauche « ont déjà ratifié le projet et<br />

que les libéraux n’ont aucune raison <strong>de</strong> renégocier le consensus et certainement pas dans le sens<br />

que les opposants <strong>de</strong> gauche français souhaiteraient.<br />

II.2 Le projet constitutionnel est une avancée<br />

- sur le plan <strong>de</strong>s institutions<br />

- sur le plan <strong>de</strong> l’Europe politique<br />

- sur le plan <strong>de</strong>s droits individuels : la Charte, l’accès à la justice, l’Etat <strong>de</strong> droit<br />

- sur le plan <strong>de</strong>s politiques communes gérées selon la règle <strong>de</strong> la majorité qualifiée<br />

- sur le plan <strong>de</strong>s droits sociaux : reconnaissance du pays d’établissement et non d’origine,<br />

droits sociaux, protection contre le licenciement<br />

- sur le plan <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la santé publique<br />

II.3 Les critiques principales ne portent pas sur le projet mais<br />

- sur <strong>de</strong>s choix antérieurs que le projet améliore plutôt qu’il ne les détériore<br />

- sur l’entrée <strong>de</strong> la Turquie en Europe , indépendante <strong>de</strong> la Constitution et à laquelle on peut<br />

être opposé tout en défendant le projet ce qui est mon cas<br />

- sur la mondialisation <strong>de</strong>s échanges qui existe sans le projet et à laquelle le projet peut offrir<br />

<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> défense dont nous ne disposons pas aujourd’hui<br />

II.4 Il est vrai que ce projet n’est pas parfait, loin <strong>de</strong> là, mais<br />

- il s’inscrit dans un processus<br />

- il propose à certains égards <strong>de</strong>s droits dont nous ne disposons pas dans notre bel Etat<br />

- il constitue un progrès par rapport à ce dont nous disposons aujourd’hui.<br />

<strong>La</strong> plus gran<strong>de</strong> difficulté tient à ce que ce projet nous invite pour la première fois <strong>de</strong>puis longtemps à<br />

nous dépasser, à abandonner nos "guignola<strong>de</strong>s" pour débattre <strong>de</strong> notre avenir et à imaginer un<br />

projet.<br />

Le fait est que nous étions <strong>de</strong>venus incapables.<br />

Le mérite du referendum aura au moins été d’obliger les journalistes à revenir à une certaine réalité,<br />

les partis politiques à constater leur impuissance à défendre un projet cohérent et les citoyens à<br />

débattre <strong>de</strong> leur avenir.<br />

15


Allocution <strong>de</strong> S.A.R. le Prince Jean <strong>de</strong> Luxembourg<br />

C’est un grand honneur, mais aussi, un véritable challenge que <strong>de</strong> prendre ce soir la parole <strong>de</strong>vant<br />

vous, surtout après ces trois interventions magistrales.<br />

Le Prof. Pierre Chastanier , M. Christian Huglo, et mon ami Jacques Cholet, m’ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong><br />

participer aux travaux que vous mener sur le sujet du « projet <strong>de</strong> traité établissant une constitution<br />

pour l’Europe ».<br />

Chaque mot est pesé et les orateurs précé<strong>de</strong>nts en ont, je crois parfaitement fait l’analyse.<br />

Je ne suis pas juriste, ni constitutionaliste et je souhaite donc, non pas selon l’expression, « prendre<br />

<strong>de</strong> la hauteur », mais peut être, changer <strong>de</strong> perspective, donner un angle différent au sujet.<br />

Néanmoins, je tiens à vous prévenir que ma neutralité sur le sujet n’est pas assurée.<br />

Je suis luxembourgeois. Je suis né en 1957, quelques semaines après la signature du traité <strong>de</strong><br />

Rome.<br />

J’ai donc l’age du Traité <strong>de</strong> Rome. Je suis né au centre <strong>de</strong> l’Europe d’alors dans un pays qui a<br />

participé activement à la construction <strong>de</strong> l’édifice.<br />

Les noms <strong>de</strong> Joseph Bech, Pierre Werner, Gaston Thorn, Jacques Santer, Robert Schuman même,<br />

qui est né au Luxembourg, et qui en parlait la langue, ont bercé mon enfance.<br />

Ils ont tous été les architectes <strong>de</strong> cette Europe qui est celle que nous connaissons aujourd’hui et<br />

pour laquelle nous hésitons encore à trouver le mo<strong>de</strong> d’emploi.<br />

Je fais aussi parti d’une famille qui trouve ses racines en Europe, mes cousins sont belges, italiens,<br />

allemands, scandinaves ou portugais, mais aussi roumains ou bulgares, bref, vous l’avez compris,<br />

quand je voyage en Europe, je me sens chez moi.<br />

16


Nous avons <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 50 ans construit notre Europe avec ses institutions, son Parlement, sa<br />

Cour <strong>de</strong> Justice, son gouvernement, sa banque centrale, sa monnaie et maintenant, nous<br />

souhaitons y apporter un projet constitutionnel.<br />

Celui-ci, d’ailleurs largement inspiré par la France, procè<strong>de</strong> donc très naturellement <strong>de</strong> cette volonté<br />

d’instituer une « méta règle » pour l’Europe.<br />

A mon sens, l’Europe ne peut que se construire par itérations et par consensus successifs, mais à<br />

condition d’être dans l’action positive.<br />

En d’autres termes les défauts ne doivent pas occulter les avantages effectifs.<br />

Le processus constitutionnel doit partir <strong>de</strong> ce même principe<br />

Mais je reviendrai sur ce point.<br />

Comme je l’ai dit en préambule, je voudrais maintenant prendre du recul et poser une question.<br />

Ce sont trois jeunes étudiants roumains qui me l’ont posée lors d’un récent voyage à Bucarest :<br />

« L’élargissement européen a-t-il pour objectif <strong>de</strong> créer un grand marché économique ou a-t-il pour<br />

objectif <strong>de</strong> définir une frontière stratégique avec la Russie ? »<br />

Bien sûr, ma réponse a été diplomatique : « les <strong>de</strong>ux Mon Général »<br />

Le premier sert l’objectif du secteur économique et le second celui <strong>de</strong>s politiques.<br />

C’était bien sûr un raccourci, mais cette interrogation pose une question fondamentale : celle <strong>de</strong><br />

l’Idée fondatrice du Traité <strong>de</strong> Rome.<br />

Ne confondons pas objectifs et tactiques.<br />

Quand, au sortir <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale, Robert Schuman, Konrad A<strong>de</strong>nauer, Paul Henri<br />

Spaak, pour ne citer qu’eux, se sont lancés dans le projet européen c’était pour construire un<br />

« espace <strong>de</strong> paix » en instituant, dans cet objectif, un Marché Commun.<br />

<strong>La</strong> question <strong>de</strong> l’élargissement est donc tout aussi capitale que l’approfondissement que nous avons<br />

tant <strong>de</strong> mal à mettre en œuvre.<br />

Je pense que l’on ne peut pas dissocier les <strong>de</strong>ux.<br />

Je voudrais vous rappeler quelques chiffres :<br />

1957 : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays Bas. (6)<br />

Population : 223M<br />

Superficie : 1.280 M km2<br />

PIB : € 6.554 MM<br />

1973 : Gran<strong>de</strong> Bretagne, Irlan<strong>de</strong>, Danemark (9)<br />

Population : 295M (+32%)<br />

Superficie : 1.640 M km2 (+28%)<br />

PIB : € 8.192 MM (+25%)<br />

1981 : Grèce : (10)<br />

1986 : Espagne et Portugal (12)<br />

17


Population : 360M (+22%)<br />

Superficie : 2.375 M km2 (+45%)<br />

PIB : € 9.012 MM (+10%)<br />

1995 : Finlan<strong>de</strong>, Suè<strong>de</strong>, Autriche (15)<br />

Population : 380M (+6%)<br />

Superficie : 3.250 M km2 (+37%)<br />

PIB : € 9.733 MM (+8%)<br />

2004 : Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie,<br />

Chypre, Malte (25)<br />

Population : 455M (+20%)<br />

Superficie : 4.000 M km2 (+23%)<br />

PIB : € 10.220 MM (+5%)<br />

2007 : Bulgarie, Roumanie viendront encore renforcer la population <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trente millions<br />

d’habitants ( la moitié <strong>de</strong> la France !)<br />

Donc, pendant ces 50 ans, la population <strong>de</strong> l’Europe sera passé <strong>de</strong> 223M à 490M. Elle aura plus<br />

que doublé et la superficie plus que triplé, <strong>de</strong> 1280 M Km2 à plus <strong>de</strong> 4000 M KM2.<br />

Nous savons qu’au fur et à mesure <strong>de</strong> son élargissement, son PIB moyen per capita diminue. Cette<br />

observation est particulièrement vrai <strong>de</strong>puis 2004.<br />

Mais l’observation avait été faite à chaque élargissement. Pourtant l’Europe a largement bénéficié<br />

<strong>de</strong> ses étapes d'agrandissement.<br />

Nous sommes conscients que cet élargissement aura <strong>de</strong>s conséquences importantes sur son<br />

fonctionnement : une complication accrue qui nous fait peur, et sans doute, à juste titre. Mais avonsnous<br />

le choix ?<br />

Si j’insiste sur ce point c’est parce que je pense que les traités et les règles qui définissent notre<br />

fonctionnement sont <strong>de</strong>s éléments infiniment fédérateurs et catalyseurs pour nous tous européens.<br />

Il faut regar<strong>de</strong>r avec un immense respect les avancés démocratiques engendré dans ces nouveaux<br />

pays par les règles <strong>de</strong> fonctionnement que nous leurs imposons.<br />

Il y quinze ans, ces pays vivaient l’horreur et la dictature.<br />

On a du mal à imaginer le chemin parcouru en quelques années :<br />

• Refonte <strong>de</strong> la législation<br />

• Mise aux Normes<br />

• Changement du fonctionnement administratif (peut-être le moins tangible)<br />

• Modification <strong>de</strong> la Comptabilité Nationale<br />

• Mise en œuvre <strong>de</strong>s ratios macro-économiques<br />

• Construction <strong>de</strong> Banques Centrales<br />

• Refonte <strong>de</strong>s systèmes d’éducation<br />

• Création ex nihilo <strong>de</strong> nouveaux métiers (profession libérale…)<br />

• …<br />

Peut-on concevoir, peut-on imaginer, l’énorme énergie qui a été mise, qui est mise, par ces gens<br />

pour tout changer !<br />

Quelle fantastique capacité d’adaptation !<br />

Et nous, nous doutons <strong>de</strong> la mise en œuvre du projet <strong>de</strong> constitution !<br />

18


Il faut le reconnaître, le doute est motivé par la peur <strong>de</strong> voir ces pays, emprunt d’un libéralisme<br />

nouveau, motivé par un formidable espoir, venir nous concurrencer. Nous qui sommes<br />

confortablement installés dans nos habitu<strong>de</strong>s.<br />

Nous avons aussi peur <strong>de</strong> perdre un peu <strong>de</strong> nos souverainetés respectives.<br />

Par contre, nous ne nous indignons pas, quand nous leurs dictons, et malheureusement souvent<br />

avec une certaine arrogance, <strong>de</strong>s règles nouvelles <strong>de</strong> fonctionnement dans les domaines que je<br />

viens d’évoquer ?<br />

Eux, ont accepté <strong>de</strong> passer sous nos fourches caudines et nous ont apporté leur confiance.<br />

Tous ces pays, y compris la Roumanie et la Bulgarie, ont les yeux rivés sur nous :<br />

Si nous disons non, pourront-il encore avoir confiance en nous ?<br />

A quoi auront servi leurs efforts ?<br />

Quelle légitimité aurons-nous encore ?<br />

Quelle légitimité aura la France si elle <strong>de</strong>vait s’exprimer par la négative ?<br />

Car, ici encore, il ne faut pas se tromper : Gran<strong>de</strong> puissance ou non, la France souffrira<br />

profondément dans son image, vis à vis <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’Europe, <strong>de</strong> l’Europe historique, celle <strong>de</strong><br />

1957.<br />

Je sais que vous le savez, mais je tenais à vous confirmer le point <strong>de</strong> vue du « outsi<strong>de</strong>r » que je<br />

suis.<br />

Je reviens maintenant sur le fond du projet <strong>de</strong> Constitution :<br />

Comme vous tous, je l’ai lu avec attention.<br />

Bien sûr, j’y ai trouvé quelques défauts, j’y ai trouvé quelques articles dans la partie 3 qui sans doute<br />

n’avaient rien à voir dans une constitution.<br />

Mais surtout, j’y ai trouvé une gran<strong>de</strong> idée, très en accord avec ma conception d’une Société qui a<br />

atteint une certaine maturité.<br />

J’ai aimé l’équilibre entre ses trois parties, à savoir :<br />

• Son objectif et son cadre,<br />

• <strong>La</strong> charte <strong>de</strong>s droits fondamentaux :<br />

Dignité, Libertés, Egalité, Solidarité, Citoyenneté, Justice<br />

• Son fonctionnement<br />

Souvent en lisant les articles, j’ai senti au fond <strong>de</strong> moi un doute :<br />

Moi, luxembourgeois, que vais-je <strong>de</strong>venir ?<br />

Il faut comprendre que la <strong>de</strong>vise luxembourgeoise est : "Nous voulons rester ce que nous sommes".<br />

Ce sont mille ans d’histoire et d’aléas que nous remettons en question.<br />

Vous comprendrez donc que la question <strong>de</strong> la souveraineté, nous nous la posons.<br />

19


En faite, cette question, les Luxembourgeois se la posent <strong>de</strong>puis le début et toujours dans la volonté<br />

<strong>de</strong> construire, ou <strong>de</strong> participer à la construction, <strong>de</strong> cette espace <strong>de</strong> paix souhaité par ses<br />

architectes en 1957.<br />

Nous avons fait le choix <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>vant nous.<br />

Dans ce mon<strong>de</strong> qui se complexifie, nous avons besoin d’une Europe forte, nous avons besoin d’une<br />

Europe qui sache ensemble construire, sur la formidable richesse <strong>de</strong> sa diversité culturelle, un<br />

mon<strong>de</strong> soli<strong>de</strong> que nous pourrons transmettre à nos enfants sans rougir.<br />

Nous <strong>de</strong>vons donc, aussi, rapi<strong>de</strong>ment construire une Europe qui puisse retrouver sa place dans son<br />

dialogue avec les Etats Unis et avec les gran<strong>de</strong>s puissances <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, mais ce sujet m’amènerait<br />

trop loin. Je souhaiterais juste vous rapporter au best seller <strong>de</strong> Jere<strong>my</strong> Rifkin « The European<br />

Dream ». Vous verrez que les Américains nous jalousent notre culture et notre maturité sociale et<br />

économique. « Vivre pour travailler ou travailler pour vivre » c’est la différence, selon lui, entre les<br />

Etats Unis et l’Europe.<br />

Devons-nous, chacun dans notre espace propre, faire <strong>de</strong>s concessions ? :<br />

Oui, je le crois, car si nous n’avançons pas, nous ne saurons pas gérer la complexité d’une<br />

renégociation et cette Europe nous la perdrons avec <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> crises que je n’ose imaginer car<br />

le diable est dans les détails !<br />

C’est mon pari, je crois en la capacité <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> bonne foi à surmonter les difficultés d’un<br />

projet, même si celui-ci peut-être encore amélioré. Il le sera au fur et à mesure que nous<br />

avancerons.<br />

Merci <strong>de</strong> votre attention.<br />

20


Conclusions du Prési<strong>de</strong>nt Pierre Chastanier<br />

Après ces brillants exposés et le feu nourri <strong>de</strong> vos questions limité seulement par les exigences <strong>de</strong><br />

la Sécurité du Sénat qui nous a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> partir, je vous adresse ci-après les quelques mots <strong>de</strong><br />

conclusion que je comptais prononcer.<br />

Je voudrais tout d'abord remercier chaleureusement nos Orateurs qui, bien que ne partageant<br />

pas tous les mêmes idées, ont cherché à nous éclairer sans polémique avec ce niveau élevé <strong>de</strong><br />

langage que nous aimerions plus souvent entendre dans les médias.<br />

Deux d'entre eux sont <strong>de</strong>s Membres <strong>de</strong> l'Association, ils sont donc tout particulièrement chez eux<br />

ici, une autre, épouse <strong>de</strong> notre Secrétaire Général, nous a déjà fait l'honneur d'assister à notre<br />

séance inaugurale. Je voudrais lui dire à quel point elle sera toujours la bienvenue parmi nous et<br />

comme nous serons fiers <strong>de</strong> la recevoir aussi souvent qu'il lui plaira.<br />

Le Prince Jean <strong>de</strong> Luxembourg vient <strong>de</strong> découvrir notre Association dont l'un <strong>de</strong>s membres,<br />

Jacques Cholet, est son ami proche. Nous avons apprécié sa gran<strong>de</strong> simplicité et l'espoir en<br />

l'Europe qu'il a su faire partager. J'espère qu'il conservera un excellent souvenir <strong>de</strong> cette soirée et<br />

qu'il voudra bien, lui aussi, nous rendre visite toutes les fois que son emploi du temps le lui<br />

permettra.<br />

A les entendre tous quatre, j'ai repensé à cette phrase que j'aime bien <strong>de</strong> Saint Augustin. L'Evêque<br />

d'Hippone se plaisait à dire : "J'aime mieux écouter un Maître que parler en Maître".<br />

Merci également à vous tous mes chers amis. Votre présence, votre participation sont pour moi<br />

un grand encouragement et prouvent que nous sommes sur la bonne voie, celle qui veut unir les<br />

hommes au lieu <strong>de</strong> les diviser.<br />

Certains peuvent se sentir frustrés. Ils auraient aimé s'exprimer plus longuement. Mais, je l'ai dit<br />

tout à l'heure, c'est au sein <strong>de</strong>s Commissions qu'un échange approfondi sera possible. Participez<br />

régulièrement aux Commissions. Vos travaux seront commentés en petits groupes ce qui nous<br />

permettra <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>s ouvrages ciselés au coin du bon sens.<br />

Cette Association est la vôtre. Vous <strong>de</strong>vez vous y sentir chez vous, y prendre <strong>de</strong>s<br />

responsabilités, ai<strong>de</strong>r à son développement. N'oubliez pas que les responsables, et en tête, le<br />

Prési<strong>de</strong>nt, ne sont rien d'autre que ceux qui, pour un temps, veulent se mettre un peu plus au<br />

service <strong>de</strong>s autres.<br />

Elle est ouverte, dois-je le rappeler à tous les hommes et femmes qui partagent nos valeurs<br />

afin que l'idéal républicain auquel nous croyons ne sombre pas dans une gestion technocratique<br />

qui oublie l'Homme.<br />

Soyons inventifs, généreux, engagés. Luttons contre cet égoïsme inhérent aux sociétés mo<strong>de</strong>rnes<br />

qui ont perdu tout sens du collectif. Mais soyons aussi responsables, reconnaissant la valeur<br />

glorificatrice du Travail, pédagogues attentifs mais sans complaisance, libres mais équitables et<br />

solidaires.<br />

21


∴<br />

L'Europe, ce mo<strong>de</strong>ste cap du continent asiatique, héritier d'une civilisation bimillénaire qui a fait<br />

l'histoire, porté sur les fonds baptismaux par <strong>de</strong>s Pères fondateurs qui ont su dépasser leurs<br />

anciennes querelles pour établir un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité, recèle malheureusement en<br />

elle ce péché originel, après l'échec <strong>de</strong> la Communauté Européenne <strong>de</strong> Défense, <strong>de</strong> n'avoir jamais<br />

pu définir <strong>de</strong> véritables postulats fondateurs et d'avoir privilégié le quantitatif au qualitatif.<br />

Quelle Europe géographique ?<br />

L'héritière <strong>de</strong> la civilisation gréco-latine donc méditerranéenne "Mare Nostrum " ? L'Afrique du<br />

Nord, la Turquie mais aussi pourquoi pas l'Egypte pourraient donc être éligibles.<br />

L'héritière <strong>de</strong> la civilisation judéo-chrétienne? Mais alors le mon<strong>de</strong> orthodoxe doit aussi y<br />

trouver sa place et se prolonger <strong>de</strong> Byzance à l'Oural.<br />

Un mon<strong>de</strong> confiné à l'Occi<strong>de</strong>nt riche, sous parapluie <strong>de</strong> l'OTAN? Mais alors, la présence<br />

prochaine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays <strong>de</strong> la Mer Noire <strong>de</strong>vient préoccupante.<br />

Une future superpuissance capable <strong>de</strong> se partager le mon<strong>de</strong> avec les USA et les puissances <strong>de</strong><br />

l'Asie du Sud-Est en <strong>de</strong>venir? Mais il faudra intégrer la Russie, si proche <strong>de</strong> nous avant le<br />

communisme jusqu'à Vladivostok.<br />

Quel Statut pour l'Europe ?<br />

On n'a jamais tranché entre <strong>de</strong>ux conceptions pourtant radicalement opposées : Europe Fédérale<br />

ou Confédérale?<br />

Unir <strong>de</strong> vieilles Nations, divisées par les langues ( le Maltais fait partie <strong>de</strong>s langues officielles <strong>de</strong><br />

l'UE même si personne ne le parle pas même les Députés européens <strong>de</strong> <strong>La</strong> Valette) et par une<br />

histoire bimillénaire souvent sanglante, c'est autre chose que <strong>de</strong> créer dans les vastes plaines du<br />

Far West un nouvel Empire en décimant les populations indigènes et en s'assurant du travail <strong>de</strong>s<br />

esclaves.<br />

Mais si l'on s'en tient à l'Europe <strong>de</strong>s Nations alors pourquoi perdre du temps à parler <strong>de</strong> politique<br />

étrangère commune ( le prochain Ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères <strong>de</strong> l'UE ne pourra s'exprimer au<br />

nom <strong>de</strong> l'Europe qu'en cas d'UNANIMITE <strong>de</strong>s 25 et bientôt <strong>de</strong>s 27 puisque l'entrée en 2007 <strong>de</strong> la<br />

Roumanie et <strong>de</strong> la Bulgarie ne sera pas soumise à Referendum !), pourquoi essayer <strong>de</strong> donner un<br />

peu <strong>de</strong> pouvoir à un Parlement Européen qui dans cette occurrence servirait surtout à recycler <strong>de</strong>s<br />

chefs <strong>de</strong> partis ! Mieux vaut alors concentrer ses efforts sur le développement <strong>de</strong>s coopérations<br />

renforcées comme on l'a fait pour Concor<strong>de</strong>, Airbus, Ariane, ESA et bien d'autres. C'est l'Europe<br />

<strong>de</strong>s petites ambitions mais elle ne froisse pas la susceptibilité <strong>de</strong> ceux qui, attachés au passé,<br />

n'acceptent pas que <strong>de</strong>s étrangers déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur sort ou que Bruxelles se mêle <strong>de</strong> nos vins ou<br />

<strong>de</strong> nos fromages.<br />

Si l'on voulait l'Europe fédérale il aurait été plus facile <strong>de</strong> la faire au moment où nous étions 6<br />

plutôt que <strong>de</strong> laisser se créer cet "objet politique non i<strong>de</strong>ntifié " dont parlait Jacques Delors au<br />

len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> Maastricht . Mais les esprits, et les lobbies qui les influençaient, n'étaient guère prêts<br />

à autre chose qu'un Marché Commun. Les Fonctionnaires voulaient l'extension alors qu'il aurait<br />

fallu l'approfondissement. Si on avait pu clairement opter pour le fédéralisme à 6, les nouveaux<br />

arrivants n'auraient eu d'autre choix que <strong>de</strong> se plier à la règle commune où <strong>de</strong> rester <strong>de</strong>hors. A 27,<br />

avec parmi nous les Anglais qui seront éternellement écartelés entre l'UE et les USA, ce sera<br />

beaucoup plus difficile.<br />

22


Cette Europe, enfin, s'est faite sans que les peuples eussent vraiment la possibilité <strong>de</strong> choisir.<br />

En 50 ans, à part pour l'entrée <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bretagne et pour le Traité <strong>de</strong> Maastricht ils n'ont<br />

jamais été consultés, d'où leur grogne d'aujourd'hui qui, à la suite d'une mauvaise pioche <strong>de</strong> notre<br />

Prési<strong>de</strong>nt (après la calamiteuse dissolution <strong>de</strong> 97, il n'en est malheureusement pas à son coup<br />

d'essai alors qu' Allemands, Italiens et Belges ont bien compris, eux, qu'il était moins risqué <strong>de</strong><br />

choisir la voie parlementaire) peut, sur un coup <strong>de</strong> tête, mettre à mal un processus qui a <strong>de</strong>mandé<br />

50 ans d'efforts.<br />

Si le OUI l'emporte (<strong>de</strong> justesse), il faudra avancer sur ces questions décisives et choisir enfin une<br />

voie pour l'Europe qui ait la confiance <strong>de</strong>s peuples (parfois moins frileux que leurs élites). <strong>La</strong><br />

constitution actuelle, même difficile à modifier, ne <strong>de</strong>vrait donc être qu'une étape.<br />

Si le NON gagne en France avec <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> contagion à la Hollan<strong>de</strong> et au Royaume Uni, les<br />

Européens convaincus qui, chez nous, sont pourtant majoritaires, <strong>de</strong>vront se ressaisir et travailler<br />

ensemble pour rebâtir sur <strong>de</strong>s bases plus stables l'œuvre <strong>de</strong>s Pères fondateurs.<br />

Pour ma part, bien que profondément attaché à la France et à son œuvre universelle, je penche<br />

plutôt aujourd'hui pour les "Etats Unis d'Europe", pour reprendre la formule célèbre inventée en<br />

1849 par Victor Hugo, ce qui signifie que doit exister entre eux un lien fédéral clair qui, et c'est<br />

toute la complexité <strong>de</strong> l'affaire, doit ménager dans <strong>de</strong> nombreux domaines bien définis<br />

( éducation, santé, affaires sociales, développement économique, emploi, fiscalité, police, justice,<br />

organisation <strong>de</strong>s territoires etc.) la souveraineté <strong>de</strong>s Etats membres et se limiter, au niveau<br />

européen mais cette fois avec la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pouvoirs et une représentation parlementaire forte<br />

et équitablement répartie, aux gran<strong>de</strong>s questions communes (défense, affaires étrangères,<br />

sécurité, politique monétaire, coopération inter étatique). Mais n'en est-il pas <strong>de</strong> même aux USA où<br />

les Etats <strong>de</strong> l'Union sont également souverains sur <strong>de</strong> nombreuses questions essentielles<br />

(économie, fiscalité, police, santé, éducation et même peine <strong>de</strong> mort). Le Principe <strong>de</strong> Subsidiarité<br />

<strong>de</strong>vrait alors imposer que les décisions nationales, dans les domaines qui resteraient dévolus à la<br />

compétence <strong>de</strong>s Etats membres, aient la primauté sur <strong>de</strong>s décisions communautaires qui ne<br />

seraient plus ici que "d'ar<strong>de</strong>ntes obligations".<br />

Car, dans un mon<strong>de</strong> qui bouge et se structure au niveau planétaire, les Nations ne survivront que<br />

puissamment organisées, l'Europe élargie est notre chance <strong>de</strong> compter dans le concert <strong>de</strong>s<br />

super puissances <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ( Amérique du Nord, Chine, In<strong>de</strong>, Russie ?). Géant économique et<br />

humain elle ne peut rester un nain politique. Devra-t-elle intégrer la Russie qui, sortie du<br />

communisme, sortira bien un jour <strong>de</strong>s mafias comme l'on fait en leur temps les USA ? Devra-t-elle<br />

associer le mon<strong>de</strong> méditerranéen qui partage avec nous, malgré l'islamisme difficile à intégrer<br />

d'aujourd'hui, <strong>de</strong>puis l'Egypte et Carthage <strong>de</strong>s millénaires <strong>de</strong> civilisation commune ? C'est aux<br />

peuples <strong>de</strong> le dire car l'Europe ne doit pas se faire sous l'impulsion <strong>de</strong> Despotes éclairés mais sous<br />

l'incitation <strong>de</strong> pédagogues attentifs respectueux <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s Citoyens.<br />

Dans cette mise en place inévitable, la politique <strong>de</strong> la chaise vi<strong>de</strong> est rarement la meilleure.<br />

∴<br />

Le Referendum fait suite au malentendu <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière élection prési<strong>de</strong>ntielle, et à une longue<br />

série d'échecs électoraux du Gouvernement Raffarin qui, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> calendrier, n'a pas<br />

été exposé à <strong>de</strong>s élections générales. Il se déroule dans un climat <strong>de</strong> cafouillage :<br />

- Affaires : le jugement <strong>de</strong>s Marchés <strong>de</strong>s Lycées <strong>de</strong> l'Ile <strong>de</strong> France tombe au mauvais moment<br />

- Dérapages : le Gouvernement aggrave son impopularité sur un Lundi <strong>de</strong> Pentecôte<br />

- Incompréhension : le Prési<strong>de</strong>nt est pour la Turquie, le pays semble contre<br />

- Erreurs <strong>de</strong> jugement : il croit s'en sortir avec un plébiscite qui le remettrait en selle<br />

- Querelle au sommet : chacun (à droite comme à gauche) s'attend au tournant avec <strong>de</strong>s arrières<br />

pensées.<br />

Le pays bou<strong>de</strong>.A droite comme à gauche les grands Partis sont divisés sur les idées ou sur<br />

les hommes. Demain, il faudra rebâtir.<br />

23


Libres Propos<br />

"Je suis satisfait <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>rnière réunion.<br />

Nous en sommes au tout début d'un mouvement naissant,et, à l'évi<strong>de</strong>nce, il va falloir "bouster" tout ça<br />

pour faire émerger <strong>de</strong>s idées. Attention quand même <strong>de</strong> ne pas nous enfermer dans un cadre trop<br />

conformiste! Je ne sais pas ce que tu en penses, mais si nous voulons être crédible, il va falloir innover!<br />

Amitiés<br />

PJT"<br />

pj.tronche@free.fr<br />

24


ANNEXE 1<br />

<strong>La</strong> Constitution et l’environnement.<br />

Quel impact sur les collectivités locales ?<br />

Par Corinne Huglo - Lepage<br />

Ancien Ministre<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> CAP 21<br />

Professeur à l'Institut d'Etu<strong>de</strong>s Politiques<br />

Il est relativement aisé <strong>de</strong> faire le point sur l’apport du projet <strong>de</strong> Constitution sur l’Europe pour la<br />

protection <strong>de</strong> l’environnement, il est, en revanche, plus délicat d’en apprécier les conséquences sur<br />

la vie <strong>de</strong>s collectivités locales.<br />

En effet, le projet <strong>de</strong> traité constitutionnel vise avant tout les institutions communautaires, leurs<br />

objectifs et leurs conditions <strong>de</strong> fonctionnement plus qu’il ne modifie le droit interne à la communauté<br />

et encore davantage le droit applicable dans le cadre du principe <strong>de</strong> subsidiarité qui <strong>de</strong>meure bien<br />

évi<strong>de</strong>mment la règle.<br />

En conséquence, l’aspect « environnement » dans le projet <strong>de</strong> Constitution peut avoir une inci<strong>de</strong>nce<br />

sur la vie <strong>de</strong>s collectivités locales en tant qu’elles pourraient contester <strong>de</strong>s décisions<br />

communautaires qui ne respecteraient pas les principes, en tant qu’elles pourraient voir contester<br />

leurs propres décisions par <strong>de</strong>s particuliers au motif que ces décisions méconnaîtraient le droit et<br />

plus précisément la Constitution.<br />

Le projet <strong>de</strong> traité constitutionnel conforte et renforce l’environnement même si on avait pu souhaiter<br />

qu’il aille au-<strong>de</strong>là et instituer un système <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement et la santé très supérieur<br />

à celui dont les citoyens français bénéficient sur la seule base <strong>de</strong> leur législation nationale.<br />

Tout d’abord, les principes présents dans les traités antérieurs sont expressément repris en ce qui<br />

concerne la politique <strong>de</strong> l’environnement qu’il s’agisse d’objectifs <strong>de</strong> cette politique ou qu’il s’agisse<br />

<strong>de</strong>s principes qu’il inspire.<br />

L’article 3-233 reprend très précisément les dispositions antérieures <strong>de</strong> l’article 130 ter du traité <strong>de</strong><br />

l’Union <strong>de</strong> 174 du Traité d’Amsterdam et <strong>de</strong> Nice.<br />

<strong>La</strong> politique <strong>de</strong> l’Union qui vise à un niveau <strong>de</strong> protection élevé et fondé sur les principes <strong>de</strong><br />

précaution, d’action préventive, <strong>de</strong> correction par priorité à la source <strong>de</strong>s atteintes à l’environnement<br />

et sur le principe pollueur/payeur.<br />

Elle réaffirme le droit <strong>de</strong>s Etats membres à prendre pour <strong>de</strong>s motifs environnementaux non<br />

économiques <strong>de</strong>s dispositions provisoires soumises à une procédure <strong>de</strong> contrôle communautaire.<br />

Ainsi l’acquis du droit communautaire à l’environnement est très clairement réaffirmé, il va au-<strong>de</strong>là.<br />

25


En effet, si le développement durable n’est pas repris en tant que tel dans le préambule du projet<br />

alors qu’il l’était dans les traités <strong>de</strong> Nice et d’Amsterdam, la conscience <strong>de</strong>s responsabilités à l’égard<br />

<strong>de</strong>s générations futures et <strong>de</strong> la planète y figure dès le préambule.<br />

L’article 1-3 qui détermine les objectifs <strong>de</strong> l’Union fait du développement durable l’objectif même <strong>de</strong><br />

l’Union et rappelle les trois piliers sur lesquels est fondé le développement durable, le troisième<br />

étant un niveau élevé <strong>de</strong> protection et d’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement.<br />

On soulignera au passage que le texte ne se réfère plus seulement à la protection mais également à<br />

l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement ce qui constitue un progrès.<br />

Parmi les objectifs <strong>de</strong> l’Union figurant à l’article 1-3 le point 4 qui fixe les relations <strong>de</strong> l’Union avec le<br />

reste du mon<strong>de</strong> rappelle que l’Union contribue à l’appel à la sécurité et au développement durable<br />

<strong>de</strong> la planète, cet élément constituant le troisième objectif après la paix et la sécurité ce qui<br />

démontre bien son importance.<br />

Au-<strong>de</strong>là, le principe d’intégration qui figurait déjà dans le traité d’Amsterdam est élargi en ce qu’il<br />

s’entend non seulement <strong>de</strong> l’environnement mais également <strong>de</strong> la santé publique, la connexion<br />

santé/environnement <strong>de</strong>venant essentielle mais également en ce qu’il y est très régulièrement fait<br />

référence dans la partie 2 du projet <strong>de</strong> Constitution relative à la charte <strong>de</strong>s droits (2/97 et 2/98).<br />

<strong>La</strong> référence très large <strong>de</strong> l’article 319 qui figure dans le titre I partie III clauses d’application<br />

générale est incontestablement une avancée aux termes <strong>de</strong> laquelle « les exigences <strong>de</strong> la<br />

protection <strong>de</strong> l’environnement doivent être intégrées dans la définition et la mise en place <strong>de</strong>s<br />

politiques et <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> l’Union visées par la présente partie en particulier afin <strong>de</strong> promouvoir le<br />

développement durable ».<br />

Telles sont donc les innovations du projet <strong>de</strong> traité constitutionnel.<br />

Quelle inci<strong>de</strong>nce sur les collectivités territoriales ?<br />

Si <strong>de</strong>s décisions prises en application <strong>de</strong> directives communautaires au niveau national ou local<br />

s’avéraient être en contradiction avec un haut niveau <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement ou en<br />

méconnaissance <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> développement durable, elles pourraient alors faire l’objet d’une<br />

contestation.<br />

De la même manière, <strong>de</strong>s collectivités locales qui estimeraient que <strong>de</strong>s décisions qui leur sont<br />

imposées ne respectent pas ces principes pourraient également s’en plaindre.<br />

En réalité, les évolutions sont davantage à attendre <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la Cour<br />

Européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme dans le corpus communautaire et <strong>de</strong> la reconnaissance par<br />

cette Cour <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme à l’environnement que dans le traité constitutionnel lui-même.<br />

En effet, les arrêts « Guerra » « Lopez Ostra » et plus récemment « Hatton » <strong>de</strong>ssinent un niveau<br />

corpus <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme à l’environnement, qui va du reste plus loin que la récente charte<br />

française du droit à l’environnement.<br />

Dès lors, c’est davantage sous l’angle <strong>de</strong>s principes fondamentaux qu’il faut probablement attendre<br />

les modifications les plus importantes pour les collectivités locales.<br />

26


ANNEXE 2<br />

DROITS DES FEMMES ET CONSTITUTION EUROPEENNE<br />

Par Corinne Huglo - Lepage<br />

Ancien Ministre<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> CAP 21<br />

Professeur à l'Institut d'Etu<strong>de</strong>s Politiques<br />

Un certain nombre <strong>de</strong> féministes craignent –à tort – que la constitution européenne constitue une<br />

régression ou une menace <strong>de</strong> régression pour les droits <strong>de</strong>s femmes. Droit au divorce, droit à<br />

l’avortement et loi sur la laïcité pourraient être remises en cause par le texte sans qu’aucune<br />

avancée ne puisse être revendiquée. Une telle analyse ne paraît pas exacte<br />

Les avancées sont réelles.<br />

Tout d’abord, l’égalité entre hommes et femmes figure au plus haut niveau juridique. En effet,<br />

l’article I-2 du traité définit les valeurs <strong>de</strong> l’ Union. Ces valeurs qui viennent avant les objectifs et les<br />

libertés fondamentales dans la présentation et donc dans la hiérarchie, sont ainsi définies : »<br />

L’Union est fondée sur les valeurs <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> la dignité humaine, <strong>de</strong> liberté, <strong>de</strong> démocratie,<br />

d’égalité, <strong>de</strong> l'Etat <strong>de</strong> droit, ainsi que <strong>de</strong> respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, y compris <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s<br />

personnes appartenant à <strong>de</strong>s minorités. Ces valeurs sont communes aux Etats membres dans une<br />

société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et<br />

l’égalité entre les femmes et les hommes ».<br />

Cette inclusion <strong>de</strong> l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’article sur les valeurs communes<br />

a été obtenue après une bataille menée par le lobby européen <strong>de</strong>s femmes puisqu’à l’origine elle ne<br />

<strong>de</strong>vait figurer « que » dans les objectifs. Ainsi, l’égalité homme femme est-elle une valeur fondatrice<br />

<strong>de</strong> l’Union au même titre que la justice ou la tolérance, cependant que l’égalité est placée entre la<br />

démocratie et l’état <strong>de</strong> droit.<br />

Valeur fondamentale <strong>de</strong> l’Union, l’égalité homme femme figure également à l’article I-3 parmi<br />

les objectifs. En effet, cet article qui se décompose en 5 points, dispose dans point 3 après la<br />

liberté, la sécurité et la justice et avant les relations avec le reste du mon<strong>de</strong>, un paragraphe découpé<br />

en 4 objectifs. Le second, après le développement durable et avant la cohésion est ainsi rédigé : »<br />

Elle combat l’exclusion sociale et les discriminations, et promeut la justice et la protection sociales,<br />

l’égalité entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations et les droits <strong>de</strong><br />

l’enfant ». Ceci signifie que tout texte qui méconnaîtrait cet objectif pourrait être contesté <strong>de</strong>vant les<br />

juridictions nationales et /ou communautaire par toute personne physique ou morale y ayant intérêt.<br />

Enfin et peut-être surtout, la charte <strong>de</strong>s droits fondamentaux intégrée dans la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong><br />

la constitution, un article II-83 intitulé Egalité entre femmes et hommes ainsi rédigé : » L’égalité<br />

entre les femmes et les hommes doit être assurée dans tous les domaines, y compris en<br />

matière d’emploi, <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> rémunération.<br />

Le principe d’égalité n’empêche pas le maintien ou l’adoption <strong>de</strong> mesures prévoyant <strong>de</strong>s avantages<br />

en faveur du sexe sous-représenté. »<br />

Cette rédaction est très novatrice. En effet, jusqu’à présent et <strong>de</strong>puis 1957, l’égalité économique<br />

était seule affirmée. L’extension du principe à tous les domaines ouvre <strong>de</strong> nouvelles voies en<br />

particulier au niveau du pouvoir politique et économique, mais également au niveau <strong>de</strong> la vie<br />

sociale.<br />

27


Il s’agit donc d’un immense progrès qui nous apporte en tant que citoyennes européennes<br />

beaucoup plus que ce dont nous disposons en tant que citoyennes françaises. A titre d’exemple, la<br />

récente création <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong>s Risques médicaux, conseil qui compte 30 membres au sein<br />

duquel ne siège aucune femme. De même, la transposition <strong>de</strong> la directive sur l’égalité<br />

professionnelle, se fait très a minima, voire en retrait par rapport aux exigences communautaires.<br />

Sans doute, la question <strong>de</strong> la discrimination positive est-elle très discutée et combattue par<br />

certaines femmes. <strong>La</strong> charte la rend possible et non obligatoire ; elle vali<strong>de</strong> par exemple la loi sur la<br />

parité dont la compatibilité au regard du droit européen aurait pu être remise en cause dans le cas<br />

contraire. Ainsi, chaque Etat membre comme les institutions communautaires ont la possibilité <strong>de</strong><br />

prévoir à titre transitoire ou non <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>stinées à favoriser le sexe sous-représenté<br />

…jusqu’à parvenir à l’égalité.<br />

Ainsi, le projet constitutionnel apparaît-il comme une avancée sur le plan du principe d’égalité pris<br />

dans sa généralité. Constitue-t-il une menace pour <strong>de</strong>s droits acquis ou le principe <strong>de</strong> laïcité ?<br />

Le droit à l’avortement, tout d’abord, serait menacé par la reconnaissance du droit à la vie qui<br />

figure à l’article II-62. Cette reconnaissance pourrait en effet remettre en cause le droit à<br />

l’avortement sous forme du droit du fœtus à la vie. Sur le plan <strong>de</strong>s principes, un tel risque existe.<br />

Mais il est réduit comme il l’est en droit français ou conventionnel. En effet, le préambule <strong>de</strong> la<br />

Déclaration <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme tel qu’il figure dans notre Constitution et la Convention<br />

européenne reconnaissent le même droit sous une formulation comparable. L’article 2-1 <strong>de</strong> la<br />

Convention précise : « le droit <strong>de</strong> toute personne à la vie est protégé par la loi. Or, la Cour <strong>de</strong><br />

Cassation a opposé une fin <strong>de</strong> non-recevoir aux associations qui réclamaient la reconnaissance<br />

d’un droit à la vie <strong>de</strong> l’embryon. Par <strong>de</strong>ux fois, et en dépit <strong>de</strong> conclusions contraires <strong>de</strong>s avocats<br />

généraux, la Cour <strong>de</strong> cassation a confirmé sa position prise en l’espèce (voir paragraphe 22 ci<strong>de</strong>ssus)<br />

dans <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong>s 29 juin 2001(Cass. Ass. Plén., Bull. n o 165) et 25 juin 2002<br />

(Cass.Crim.Bull. n o 144).<br />

<strong>La</strong> Cour européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme a pris la même position, parfaitement résumée dans<br />

l’arrêt V.o c.France. <strong>La</strong> Commission a reconnu, dans l’affaire Bruggeman et Scheuten c. République<br />

Fédérale d’Allemagne ( Rapport <strong>de</strong> la Commission, la qualité <strong>de</strong> victime à <strong>de</strong>s femmes se plaignant,<br />

au regard <strong>de</strong> l’article 8 <strong>de</strong> la Convention, <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> la Cour constitutionnelle limitant le<br />

recours à l’interruption <strong>de</strong> grossesse. Elle a précisé à cette occasion « que l’on ne saurait dire que la<br />

grossesse relève uniquement du domaine <strong>de</strong> la vie privée. Lorsqu’une femme est enceinte, sa vie<br />

privée <strong>de</strong>vient étroitement associée au fœtus qui se développe » (p. 138, § 59). Toutefois, la<br />

Commission n’a pas estimé « nécessaire d’examiner, à ce propos, si l’enfant à naître doit être<br />

considéré comme une « vie » au sens <strong>de</strong> l’article 2 <strong>de</strong> la Convention ou s’il doit être considéré<br />

comme une entité qui puisse, sur le plan <strong>de</strong> l’article 8 par. 2, justifier une ingérence pour la<br />

protection d’autrui » (p. 138, § 60). Elle a conclu à l’absence <strong>de</strong> violation <strong>de</strong> l’article 2. Dans sa<br />

décision X c. Royaume-Uni, (X. c. Royaume-Uni, n o 8416/79, décision <strong>de</strong> la Commission du 13 mai<br />

1980, la Commission s’est penchée sur la requête d’un mari qui se plaignait <strong>de</strong> l’autorisation<br />

accordée à sa femme en vue d’un avortement thérapeutique. Tout en considérant le père potentiel<br />

comme « victime » d’une violation du droit à la vie, elle a estimé, à propos du terme « toute<br />

personne », employé dans plusieurs articles <strong>de</strong> la Convention, qu’il ne pouvait s’appliquer avant la<br />

naissance tout en précisant qu’on « ne saurait exclure une telle application dans un cas rare, par<br />

exemple pour l’application <strong>de</strong> l’article 6 § 1 » (p. 259, § 7 et voir, pour une telle application sous<br />

l’angle <strong>de</strong> l’accès au tribunal, Reeve c. Royaume-Uni, n o 24844/94, décision <strong>de</strong> la Commission du<br />

30 novembre 1994, DR 79-B, p. 146). <strong>La</strong> Commission a ajouté que l’enfant à naître n’est pas une<br />

« personne » au vu <strong>de</strong> l’usage généralement attribué à ce terme et du contexte dans lequel il est<br />

employé dans la disposition conventionnelle. Quant au terme « vie »….« la vie du fœtus est<br />

intimement liée à la vie <strong>de</strong> la femme qui le porte et ne saurait être considérée isolément. Si l’on<br />

<strong>de</strong>vait déclarer que la portée <strong>de</strong> l’article 2 s’étend au fœtus et que la protection accordée par cet<br />

article <strong>de</strong>vait, en l’absence <strong>de</strong> limitations expresses, être considérée comme absolue, il faudrait en<br />

déduire qu’un avortement est interdit, même lorsque la poursuite <strong>de</strong> la grossesse mettrait<br />

gravement en danger la vie future <strong>de</strong> la mère. Cela signifierait que la vie à naître du fœtus serait<br />

considérée comme plus précieuse que celle <strong>de</strong> la femme enceinte » (Ibi<strong>de</strong>m, p. 261, § 19). Cette<br />

solution fut retenue par la Commission alors que, dès 1950, quasiment toutes les parties<br />

28


contractantes « autorisaient l’avortement lorsqu’il était nécessaire pour sauver la vie <strong>de</strong> la mère et<br />

que, <strong>de</strong>puis lors, les législations nationales sur l’interruption <strong>de</strong> grossesse ont eu tendance à se<br />

libéraliser » (Ibi<strong>de</strong>m, p. 262, § 20).. Dans l’affaire H. c. Norvège (décision <strong>de</strong> la Commission du<br />

19 mai 1992,) concernant un avortement non thérapeutique pratiqué contre la volonté du père, la<br />

Commission a ajouté que l’article 2 enjoint à l’Etat non seulement <strong>de</strong> s’abstenir <strong>de</strong> donner la mort<br />

intentionnellement mais aussi <strong>de</strong> prendre les mesures nécessaires à la protection <strong>de</strong> la vie (pp. 180-<br />

181). Elle a estimé « n’avoir pas à déci<strong>de</strong>r du point <strong>de</strong> savoir si le fœtus peut bénéficier d’une<br />

certaine protection au regard <strong>de</strong> la première phrase <strong>de</strong> l’article 2 », sans exclure que « dans<br />

certaines conditions, cela puisse être le cas, même s’il existe dans les Etats contractants <strong>de</strong>s<br />

divergences considérables quant au point <strong>de</strong> savoir si et dans quelle mesure l’article 2 protège le<br />

droit <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’enfant à naître » (p. 181). Elle a par ailleurs relevé que, dans un domaine<br />

aussi délicat, les Etats doivent jouir d’un certain pouvoir discrétionnaire et a conclu que le<br />

choix <strong>de</strong> la mère, opéré conformément à la législation norvégienne, cadrait avec celui-ci (p.<br />

182). <strong>La</strong> Cour n’a eu que peu d’occasions <strong>de</strong> se prononcer sur la question <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong><br />

l’article 2 au foetus. Dans l’arrêt Open Door and Dublin Well Woman,, le Gouvernement irlandais<br />

invoquait la protection <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’enfant à naître pour justifier sa législation relative à l’interdiction<br />

<strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong>s informations concernant l’interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse pratiquée à l’étranger.<br />

Seule reçut une réponse la question <strong>de</strong> savoir si les restrictions à la liberté <strong>de</strong> communiquer ou <strong>de</strong><br />

recevoir <strong>de</strong>s informations en cause étaient nécessaires dans une société démocratique, au sens du<br />

paragraphe 2 <strong>de</strong> l’article 10 <strong>de</strong> la Convention, au « but légitime <strong>de</strong> protéger la morale, dont la<br />

défense en Irlan<strong>de</strong> du droit à la vie constitue un aspect » (arrêt précité, § 63) car la Cour n’a pas<br />

considéré pertinent <strong>de</strong> déterminer « si la Convention garantit un droit à l’avortement ou si le droit à<br />

la vie, reconnu par l’article 2, vaut également pour le foetus » (arrêt précité, § 66). Récemment, dans<br />

<strong>de</strong>s circonstances similaires à celles <strong>de</strong> l’affaire H. c. Norvège précitée, à propos <strong>de</strong> la décision<br />

d’une femme d’interrompre sa grossesse et <strong>de</strong> l’opposition du père à un tel acte, la Cour a fait valoir<br />

« qu’elle n’a pas à déci<strong>de</strong>r du point <strong>de</strong> savoir si le foetus peut bénéficier d’une protection au regard<br />

<strong>de</strong> la première phrase <strong>de</strong> l’article 2 telle qu’interprétée » par la jurispru<strong>de</strong>nce relative aux obligations<br />

positives du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la vie car « à supposer même, que dans certaines<br />

circonstances, le foetus puisse être considéré comme étant titulaire <strong>de</strong> droits protégés par l’article 2<br />

<strong>de</strong> la Convention, (...)Enfin, dans l’arrêt Vo c .France ( req n°53924 /00), la Cour a jugé que (...),<br />

l’interruption <strong>de</strong> grossesse s’est effectuée conformément à l’article 5 <strong>de</strong> la loi n o 194 <strong>de</strong> 1978 »,<br />

celle-ci ménageant un juste équilibre entre les intérêts <strong>de</strong> la femme et la nécessité d’assurer la<br />

protection du foetus (Boso c. Italie (déc), n o 50490/99, 5 septembre 2002). Dans ces conditions, la<br />

Cour a refusé <strong>de</strong> reconnaître une violation <strong>de</strong> l’article 2 à propos <strong>de</strong> la mort d’un fœtus.<br />

Dès lors, on voit mal que la CJCE , si elle était saisie, juge différemment .<br />

Cette confiance se fon<strong>de</strong> également sur le fait que le préambule <strong>de</strong> la Déclaration <strong>de</strong>s droits se<br />

réfère expressément à la Convention européenne <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme et à sa jurispru<strong>de</strong>nce. En<br />

effet, le préambule <strong>de</strong> la charte, inséré en tête <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième partie, précise : « la présente Charte<br />

réaffirme les droits qui résultent notamment <strong>de</strong>s traditions constitutionnelles et <strong>de</strong>s obligations<br />

internationales communes aux Etats membres, <strong>de</strong> la Convention européenne <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> l’Homme et <strong>de</strong>s libertés fondamentales, <strong>de</strong>s Chartes sociales adoptées par l’Union et par<br />

le Conseil <strong>de</strong> l’Europe, ainsi que <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> l’Union européenne et<br />

<strong>de</strong> la Cour européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme».<br />

Il y a plus encore. L’article II-112 intitulé : portée et interprétation <strong>de</strong>s principes, dispose dans son<br />

point 3 : » Dans la mesure où la présente Charte reconnaît <strong>de</strong>s droits correspondant à <strong>de</strong>s droits<br />

garantis par la CEDH, leur sens et leur portée sont les mêmes que ceux que leur confère ladite<br />

convention. »<br />

Dans ces conditions, si l’obligation pour tous les Etats membres <strong>de</strong> reconnaître le droit à<br />

l’avortement n’existe effectivement pas- bien que du droit à la liberté ( article II-66) et du droit à<br />

l’intégrité physique et mentale (article II-63) pourrait être déduit un droit à l’avortement- on ne voit<br />

nullement en quoi le droit à l’avortement serait remis en cause là où il existe.<br />

29


S’agissant du droit au divorce, il est vrai que la Charte ne reconnaît que le droit <strong>de</strong> se marier et <strong>de</strong><br />

fon<strong>de</strong>r une famille ( II-69)et non le droit <strong>de</strong> divorcer que certains pays ne reconnaissent pas encore.<br />

Mais, cette disposition est i<strong>de</strong>ntique à celle qui figure dans la Convention européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong><br />

l’Homme. Or, le droit au divorce n’a jamais été remis en cause <strong>de</strong>vant la CEDH, alors qu’il n’est pas<br />

davantage reconnu par la Convention.<br />

Ce droit n’a donc aucune raison d’être mis en cause sur la base <strong>de</strong> la Charte et ce d’autant plus<br />

que <strong>de</strong>ux raisons s’ajoutent à la précé<strong>de</strong>nte. Tout d’abord, dans le cadre <strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong> la<br />

Charte, il est expressément fait référence aux traditions constitutionnelles <strong>de</strong>s Etats membres. Or,<br />

l’immense majorité <strong>de</strong>s Etats membres reconnaît le droit <strong>de</strong> divorcer.<br />

Ensuite, l’article II-111 précise que les dispositions <strong>de</strong> la Charte s’adressent aux institutions<br />

communautaires et aux Etats membres uniquement lorsqu’ils mettent en œuvre le droit <strong>de</strong> l’Union..<br />

L’article suivant précise que la Charte n’étend pas le champ d’application du droit <strong>de</strong> l’union et ne<br />

crée aucune tâche ou compétence nouvelle pour l’Union. Dans ces conditions, les droits nationaux<br />

régissant le divorce ne sont pas directement concernés par la Charte.<br />

Enfin, <strong>de</strong> l’égalité homme femme se déduit la non –constitutionnalité <strong>de</strong> la répudiation et <strong>de</strong> tout<br />

système inégalitaire pour les femmes.<br />

Reste la <strong>de</strong>rnière question, celle <strong>de</strong> la laïcité, question essentielle qui va bien évi<strong>de</strong>mment au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la loi sur les signes religieux à l’école. Certains se sont interrogés sur les conséquences <strong>de</strong><br />

l’article II-70 qui reconnaît « la liberté <strong>de</strong> manifester sa religion en public ou en privé, par le culte,<br />

l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement <strong>de</strong>s rites. » <strong>La</strong> rédaction <strong>de</strong> l’article 9 point 1 <strong>de</strong><br />

la convention européenne est i<strong>de</strong>ntique. Toutefois figure un <strong>de</strong>uxième paragraphe ainsi rédigé : »<strong>La</strong><br />

liberté <strong>de</strong> manifester sa religion ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles, qui, prévues par<br />

la loi, constituent <strong>de</strong>s mesures nécessaires, dans une société démocratique à la sécurité publique, à<br />

la protection <strong>de</strong> l’ordre, <strong>de</strong> la santé, ou <strong>de</strong> la morale publique, ou à la protection <strong>de</strong>s droits et libertés<br />

d’autrui. »<br />

Ce <strong>de</strong>uxième paragraphe est très important car c’est sur son fon<strong>de</strong>ment que repose la jurispru<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> la CEDH qui vali<strong>de</strong> les lois sur la laïcité et en particulier qui a reconnu le bien-fondé <strong>de</strong> la loi<br />

turque interdisant le port du voile islamique. ( CEDH 29 juin 2004 Leyla Sahyn c.Turquie req<br />

44774/98). En effet, la CEDH se montre très ferme sur les le socle démocratique, égalitaire et laïc<br />

<strong>de</strong>s Droits. Elle a ainsi admis l’interdiction du voile dans les services publics, la mise à la retraite<br />

d’office <strong>de</strong> militaires ayant adhéré à un parti islamiste. Plus récemment, elle a validé la dissolution<br />

d’un parti islamiste, rappelant que la Charia était « difficilement compatible avec les principes<br />

fondamentaux <strong>de</strong> la démocratie », et qu'un système multijuridique introduisant une discrimination et<br />

faisant prévaloir dans la sphère publique les règles religieuses sur les règles étatiques, était<br />

contraire à la Convention. De manière générale, la Cour rappelle que dans une société<br />

démocratique, où plusieurs religions coexistent, il peut être nécessaire d’assortir la liberté <strong>de</strong><br />

l’exercice <strong>de</strong> la religion, <strong>de</strong> limitations propres à concilier les intérêts <strong>de</strong>s divers groupes et à assurer<br />

le respect <strong>de</strong>s convictions <strong>de</strong> chacun. Enfin, l’arrêt du 29 juin 2004 reconnaît expressément la<br />

compatibilité <strong>de</strong> l’interdiction du port du voile avec les règles démocratiques en ajoutant aux<br />

principes sus rappelés celui <strong>de</strong> l’égalité homme femme qui permet <strong>de</strong> mesurer l’évolution<br />

démocratique d’une société. En effet, cette jurispru<strong>de</strong>nce bien fixée reconnaît que les principes <strong>de</strong> la<br />

charia sont incompatibles avec la Convention européenne et que l’interdiction du port du voile est<br />

une restriction justifiée par le principe d’égalité femmes hommes et l’ordre public.<br />

Tel est l’état du droit. <strong>La</strong> limitation au port du voile n’est pas en soi contraire à la Convention ; au<br />

contraire, les Etats ont » l’obligation positive d’assurer à toute personne …<strong>de</strong> bénéficier pleinement<br />

et sans pouvoir y renoncer à l’avance <strong>de</strong>s droits et libertés garanties par la Convention »<br />

Sans doute, l’article II-70 ne comporte pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième paragraphe. Mais, cette circonstance est<br />

sans inci<strong>de</strong>nce juridique dans la mesure où l’article II-112 intitulé : portée et interprétation <strong>de</strong>s droits<br />

et <strong>de</strong>s principes et qui s’applique à tous les articles <strong>de</strong> la Charte dispose : »Dans le respect du<br />

principe <strong>de</strong> proportionnalité, <strong>de</strong>s limitations ne peuvent être apportées que si elles sont nécessaires<br />

et répon<strong>de</strong>nt effectivement à <strong>de</strong>s objectifs d’intérêt général reconnus par l'Union ou au besoin <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong>s droits et libertés d’autrui ». Or, l’égalité homme femme est un objectif <strong>de</strong> l’Union ; <strong>de</strong><br />

plus, le paragraphe <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> la cour relatif aux limitations permettant d’assurer le respect <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong> chacun est parfaitement transposable.<br />

30


Enfin, les développements qui précè<strong>de</strong>nt à propos du droit à l’avortement, sur le rôle <strong>de</strong> la<br />

jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la CEDH, sont bien évi<strong>de</strong>mment transposables.<br />

En conséquence, la Constitution ne fait pas planer davantage <strong>de</strong> menaces sur la laïcité que la<br />

Convention européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme.<br />

Au terme <strong>de</strong> ces longs développements, il faut retenir <strong>de</strong>ux points essentiels. D’une part, la<br />

reconnaissance <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s droits progresse grâce à l’extension du principe à tous les<br />

domaines. D’autre part, la rédaction <strong>de</strong> la convention est généralement i<strong>de</strong>ntique ou très proche <strong>de</strong><br />

la Convention européenne. Or, la jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la CEDH, favorable aux droits <strong>de</strong>s femmes est<br />

applicable, d’après les termes même <strong>de</strong> la Convention à l’interprétation <strong>de</strong> la Charte. Ainsi, même si<br />

on peut regrette que le droit au divorce et à l’avortement ne soit pas expressément reconnu, il n’est<br />

juridiquement possible d’en déduire comme l’ont fait certains que ces droits pouvaient être remis en<br />

cause du fait <strong>de</strong> la Constitution. Enfin, lorsque, nous <strong>Française</strong>s, nous comparons notre situation à<br />

celles <strong>de</strong> nos concitoyennes européennes, en particulier sur le plan <strong>de</strong> l’exercice du pouvoir, nous<br />

avons tout à gagner du renforcement <strong>de</strong> l’Europe.<br />

31


ANNEXE 3<br />

Premier Compte Rendu <strong>de</strong>s Travaux <strong>de</strong> la<br />

Commission Economie<br />

2 mai 2005<br />

Nous faisons appel aux bonnes volontés <strong>de</strong>s membres du Groupe pour nous proposer <strong>de</strong>s<br />

sujets <strong>de</strong> réflexion mais surtout pour dire dans quel sous-groupe ils souhaitent participer.<br />

L'objet <strong>de</strong> la réunion était <strong>de</strong> définir les thèmes <strong>de</strong> travail pour la présentation en décembre 2005. Le<br />

domaine <strong>de</strong> réflexion du Groupe est vaste et il a été convenu <strong>de</strong> se limiter à un sujet "basique" dont<br />

les composants permettent <strong>de</strong> toucher les principaux thèmes du Groupe. Ce thème est:<br />

" Passage d'une économie <strong>de</strong> partage à une économie solidaire d'échange: Le<br />

Revenu citoyen"<br />

Chaque citoyen <strong>de</strong> sa naissance à sa mort touche un revenu forfaitaire, le Revenu Citoyen ( RC),<br />

que l'on a estimé au quart du SMIC dans un premier temps; ce revenu n'est pas une ai<strong>de</strong> mais un<br />

droit fondamental qui se substitue en lieu et place à toutes les autres ai<strong>de</strong>s; ce qui relève <strong>de</strong><br />

l'"assurance" comme les retraites, le chômage ou la santé est en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son champ.<br />

Ce revenu est touché par tous les citoyens car ceux-ci doivent être égaux <strong>de</strong>vant la loi (art.7 <strong>de</strong> la<br />

Déclaration universelle <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'homme); cependant ce revenu est imposable, il s'ajoute à<br />

ceux <strong>de</strong> chaque foyer fiscal (chacun doit participer à la mesure <strong>de</strong> ses moyens à l'effort collectif). Un<br />

foyer fiscal qui n'aurait que ce RC ne paierait donc pas d'impôt sur le revenu car la première tranche<br />

serait in<strong>de</strong>xée sur le SMIC.<br />

Pour financer ce RC on doit ajouter aux budgets <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s actuelles, la TVA induite par la<br />

consommation induite et l'énorme économie <strong>de</strong> gestion publique induite! Il est vraisemblable que <strong>de</strong><br />

RC "boostera" la consommation et <strong>de</strong> ce fait créera <strong>de</strong>s recettes supplémentaires.<br />

En accord avec les membres du Groupe ce thème sera distribué en sous thèmes qui seront étudiés<br />

par <strong>de</strong>s sous-commissions du Groupe B:<br />

1. Etat <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s budgets d'ai<strong>de</strong> existants<br />

2. Financement du RC<br />

3. Passage <strong>de</strong> la situation actuelle au RC<br />

4. Inci<strong>de</strong>nce sur l'organisation administrative du Pays<br />

5. Inci<strong>de</strong>nce sur la macroéconomie du Pays<br />

6. Comment tourner les réticences contre ce projet<br />

7. les assurances:<br />

• Chômage<br />

• Retraite<br />

• Santé ( en liaison avec le Groupe C)<br />

8. Simplification administrative<br />

32


P.J. 1<br />

Des économies directes et indirectes peuvent être obtenues par une réelle simplification<br />

administrative, donc une augmentation <strong>de</strong> notre compétitivité; par exemple la feuille <strong>de</strong> paye,<br />

comme en Irlan<strong>de</strong>, pourrait ne contenir que trois lignes, le salaire brut, le montant total <strong>de</strong>s<br />

prélèvements ( totalement non imposable) et le salaire net versé. (totalement imposable).<br />

9. Revenus divers qui s'ajoutent au RC ( salaires, pensions,.)<br />

10. Sujets divers (si on a le temps)<br />

Déduction <strong>de</strong> 2 fois les efforts <strong>de</strong> R&D du bilan <strong>de</strong>s entreprises (remplace les ai<strong>de</strong>s<br />

étatiques)<br />

Protection étatique <strong>de</strong> l'innovation pour les PME/PMI ou Consultants<br />

Suppression du Ministère <strong>de</strong> l'Industrie, anachronisme bien français!…<br />

Objet: Méthodologie<br />

Comment sortir <strong>de</strong> la néocratie, gouvernement par l'immobilisme? Pourquoi trouve-t-on <strong>de</strong> telles<br />

résistances à toute tentative <strong>de</strong> réforme? Tous les indicateurs montrent que la France est en train<br />

<strong>de</strong> décrocher doucement; cette lenteur est d'autant plus dangereuse qu'elle masque cette dérive.<br />

Les solutions apportées à l'étranger sont-elles satisfaisantes sur la durée?<br />

Nous pensons qu'il n'est pas utopique d'évoluer vers une société qui concilie liberté, solidarité et<br />

efficacité; pour construire un tel programme il faut « un fil rouge », c'est à dire une éthique<br />

individuelle et collective, une métho<strong>de</strong> concrète <strong>de</strong> travail, une perspective et un consensus; cette<br />

réforme ne doit pas léser une partie <strong>de</strong> la population ou opposer les intérêts particuliers; par contre<br />

elle doit être impitoyable pour les avantages d'argent ou <strong>de</strong> pouvoir.<br />

Il est curieux <strong>de</strong> constater que la Déclaration universelle <strong>de</strong>s droits (et <strong>de</strong>voirs) <strong>de</strong> l'Homme, pourtant<br />

en préalable à notre Constitution, n'est pas appliquée! Des statuts particuliers ne donnent pas<br />

l'égalité <strong>de</strong>s citoyens.... le statut <strong>de</strong> la Fonction publique n'est pas constitutionnel sur bien <strong>de</strong>s<br />

points! <strong>La</strong> Suisse, entre autres pays, a réussi sa mutation <strong>de</strong> sa fonction publique par référendum...<br />

ce n'est donc pas utopique... un peu <strong>de</strong> courage messieurs élites autoproclamées.<br />

Nous proposons donc <strong>de</strong> faire figurer cette Déclaration dans notre « fil rouge »; elle est<br />

étonnamment mo<strong>de</strong>rne. Un <strong>de</strong>uxième élément est l'acceptation démocratique <strong>de</strong>s objectifs trop<br />

souvent oubliée par nos dirigeants dont les promesses tiennent lieu <strong>de</strong> programme.<br />

1. Etat <strong>de</strong>s lieux<br />

Toutes les analyses économiques, et plus particulièrement en France, s'inspirent <strong>de</strong> modèles hérités<br />

du 19ème siècle qui opposent solidarité pour les plus faibles à efficacité; ces approches ont permis<br />

<strong>de</strong>s avancées spectaculaires. <strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s pays ont eu le courage <strong>de</strong> réformer, ou plutôt<br />

d'adapter, leur économie aux exigences d'aujourd'hui; en annexe nous donnons l'exemple du<br />

Canada dont la réussite dans ce domaine est exemplaire.<br />

33


Mais pour intéressantes qu'elles soient ces approches nous semblent insuffisantes car elles ne<br />

prennent pas assez en compte les évolutions considérables <strong>de</strong> nos Sociétés dans tous les<br />

domaines( liste non exhaustive):<br />

- gestion <strong>de</strong> son temps <strong>de</strong> vie (travail, retraite, congés, santé, vie personnelle,...)<br />

o vie collective ( Internet modifie et va modifier la relation au travail)<br />

o information<br />

o sécurité<br />

o nouvelles avancées <strong>de</strong>s sciences fondamentales( nucléaire, biologie,...)<br />

o écologie et développement durable,<br />

o village planétaire,....<br />

Un premier travail est <strong>de</strong> rassembler les éléments nécessaires et <strong>de</strong> comprendre les exemples<br />

venant <strong>de</strong> l'étranger; vous trouverez en annexe A l'exemple du Canada.<br />

Enfin il convient <strong>de</strong> jeter un regard critique sur nos outils statistiques; ils sont indispensables pour la<br />

prise <strong>de</strong> décision, encore faut-il qu'ils représentent bien la réalité! L'exemple <strong>de</strong> l'indice <strong>de</strong>s prix est<br />

significatif d'une dérive ...le tabac augmente trop, on le sort <strong>de</strong> l'indice, l'informatique ne semble pas<br />

entrer dans l'indice; mais il y a plus grave; cet indice est dé corrélé <strong>de</strong> la variation du pouvoir d'achat<br />

puisqu'il ne prend en compte que la consommation individuelle mais pas les dépenses faites par un<br />

tiers comme par exemple les impôts locaux ou la TIPP; il est certain que si c'était inclus le<br />

Gouvernement réfléchirait pour sa politique <strong>de</strong> décentralisation.<br />

L'organisation <strong>de</strong> l'Etat fait l'objet d'un autre Groupe; ses travaux nous seront utiles car l'inci<strong>de</strong>nce<br />

sur l'économie est énorme en termes financiers mais aussi administratifs! L'exemple <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à la<br />

recherche est intéressant; si on veut une subvention (prélevée par nos impôts) il faut se préparer au<br />

parcours du combattant, à un manque <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité, et à l'arbitrage d'un groupe <strong>de</strong><br />

fonctionnaires qui n'a jamais travaillé dans une entreprise! Ne serait-il pas plus simple <strong>de</strong> se passer<br />

d'un Ministère <strong>de</strong> l'Industrie et <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong> soustraire <strong>de</strong>ux fois les coûts <strong>de</strong> la recherche<br />

appliquée <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'entreprise!<br />

1. Chantiers<br />

o libérer l'entreprise<br />

o diminuer les charges pour l'entreprise et les citoyens par diminution rapi<strong>de</strong> et<br />

importante du train <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l'Etat ( voir réorganisation territoriale)<br />

o confusion entre délocalisation et sous-traitance<br />

o recherche active <strong>de</strong> nouvelles technologies<br />

o étu<strong>de</strong> du "revenu citoyen" remplaçant toutes les ai<strong>de</strong>s (énorme diminution <strong>de</strong>s coûts<br />

<strong>de</strong> gestion, relance par la consommation, justice): il sera difficile <strong>de</strong> faire le même<br />

métier toute sa vie<br />

34


o liberté <strong>de</strong> choix pour la gestion <strong>de</strong> son temps <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> sa vie<br />

active. (combien <strong>de</strong> compétences perdues par la mise à la retraite non voulue, ça doit<br />

être un choix individuel....)<br />

o gestion et évolution <strong>de</strong>s compétences<br />

o inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'émergence d'Internet, révolution à caractère quantitatif et qualitatif dont<br />

il faut essayer <strong>de</strong> mesurer les conséquences sur le travail et l'innovation, donc sur<br />

l'économie. A titre d'anecdote on remarque que la loi sur le téléchargement est déjà<br />

obsolète car <strong>de</strong>s façons légales <strong>de</strong> tourner cette loi sont proposées sur le net; <strong>de</strong>s<br />

créateurs font appel au téléchargement afin <strong>de</strong> perfectionner collectivement leur<br />

œuvre; le même phénomène existe pour les programmes; par exemple la suite Open<br />

Office concurrence gratuitement Microsoft,....en nettement mieux!<br />

o ENFIN utiliser tout le matériel ainsi rassemblé pour rédiger une doctrine cohérente<br />

Je compte sur le Groupe pour ne pas hésiter à critiquer ( au sens positif du terme) ce programme<br />

P.J. 2<br />

Remarque: C'est un texte qui a été rédigé par M. Ballon qui m' a autorisé à vous le communiquer;<br />

en accord avec lui nous préférons "revenu citoyen" à "salaire citoyen" car ce n'est pas un salaire!<br />

LE REVENU CITOYEN<br />

Notre prési<strong>de</strong>nt m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> venir vous présenter un travail sur une idée qui me<br />

tient particulièrement à cœur : le salaire citoyen.<br />

C’est une idée relativement simple, mais qui bouleverse beaucoup <strong>de</strong> préjugés et<br />

d’habitu<strong>de</strong>s, et qui touche à <strong>de</strong> nombreux aspects <strong>de</strong> notre vie sociale : l’économique et le<br />

politique, bien sûr, mais aussi le moral et même le religieux……<br />

Je ne vais pas vous exposer la thèse, c’est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> mes compétences et nous n’en<br />

avons pas le temps.<br />

Je vais simplement m’efforcer <strong>de</strong> susciter la réflexion, quitte à parfois tendre vers la<br />

provocation et la polémique.<br />

Voilà qui est dit !<br />

Le point <strong>de</strong> départ est dans l’étu<strong>de</strong> du travail…. pas le Travail avec un T majuscule,<br />

celui que nous respectons tous, que nous glorifions même, mais le travail marchandise, celui<br />

que nous échangeons contre <strong>de</strong> l’argent.<br />

Un siècle d’évolutions :<br />

1 ère approche : le travail du point <strong>de</strong> vue quantitatif<br />

• En 1900, il y a 100 ans, les ouvriers <strong>de</strong>s manufactures travaillaient 12 heures et 7 jours<br />

sur 7<br />

35


(ce n’est qu’en 1906 qu’ils bénéficièrent d’une avancée sociale considérable dans<br />

laquelle le patronat vit la faillite <strong>de</strong> la France ! la journée <strong>de</strong> travail passa <strong>de</strong> 12 à 11<br />

heures et le dimanche re<strong>de</strong>vint férié).<br />

Ainsi, on travaillait 84 heures par semaine.<br />

A cette époque l’espérance <strong>de</strong> vie d’un enfant <strong>de</strong> 12 ans (age moyen officiel du début<br />

du travail) était <strong>de</strong> 33 années.<br />

Les congés payés n’existaient pas plus que la retraite ou la sécurité sociale.<br />

• Un siècle plus tard, après la création et le développement <strong>de</strong>s protections sociales et<br />

<strong>de</strong>s congés payés, la semaine <strong>de</strong> travail passe à 35 heures.<br />

Le patronat n’a pas changé <strong>de</strong> discours !.<br />

L’espérance <strong>de</strong> vie d’un enfant <strong>de</strong> 12 ans est <strong>de</strong> 63 ans mais il ne commencera à<br />

travailler que dans 8 ans en moyenne.<br />

Parallèlement à cette évolution, le temps moyen <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s est passé <strong>de</strong> 12 à 19 années (soit<br />

presque 1 année d’étu<strong>de</strong> pour 2 années <strong>de</strong> travail !)<br />

En résumé :<br />

En un siècle, la durée <strong>de</strong> vie moyenne est passée <strong>de</strong> 400 000 à 660 000 heures.<br />

Le temps qu’un ouvrier consacre au travail <strong>de</strong> 145 000 à 66 000.<br />

Le temps <strong>de</strong> travail qui représentait 36% d’une vie n’en représente plus que 10%<br />

Le temps disponible hors travail et sommeil est passé <strong>de</strong> 125 000 à près <strong>de</strong><br />

400 000….<br />

De 31% à plus <strong>de</strong> 60%<br />

Tout cela est lié, bien évi<strong>de</strong>mment à l’explosion <strong>de</strong>s productivités.<br />

Quelle révolution !<br />

Bien sûr, Chacun <strong>de</strong> ces chiffres est discutable car un peu abrupt, et ne reflète pas l’infinie<br />

diversité <strong>de</strong>s situations particulières, mais ce qui est sûr c’est que le travail n’est plus, en<br />

temps, l’élément dominant.<br />

Et cette transformation bouscule la vie <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong> générations en générations, et ce, <strong>de</strong><br />

manière accélérée, <strong>de</strong>puis cinquante ans.<br />

Mais cela transforme aussi la société, car les liens sociaux liés au travail ne sont plus au<br />

cœur du processus social.<br />

L’ordre social du temps libre, très fortement individualiste, entre en concurrence avec l’ordre<br />

du travail, ses hiérarchies et ses valeurs.<br />

2 ème approche : le travail du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la dignité humaine<br />

A force <strong>de</strong> taylorisme, <strong>de</strong> division, <strong>de</strong> décomposition en tâches simples, le travail est<br />

<strong>de</strong>venu, pour un très grand nombre, probablement le plus grand nombre, synonyme<br />

d’aliénation, <strong>de</strong> « rabougrissement » du corps et <strong>de</strong> l’esprit.<br />

36


Il suffit <strong>de</strong> penser au Charlot <strong>de</strong>s « Temps Mo<strong>de</strong>rnes » pour convenir que la dignité ne passe pas<br />

obligatoirement par le travail.<br />

Cela est admis <strong>de</strong>puis bien longtemps, mais on se résignait ! on acceptait la peine liée au<br />

travail comme une fatalité, ou comme une punition, chacun selon son système <strong>de</strong><br />

croyances.<br />

Et lorsque dans les années soixante, on a vu les premiers robots entrer dans les ateliers,<br />

chacun s’est réjoui <strong>de</strong> la perspective qui était ouverte : la machine allait bientôt délivrer l’homme <strong>de</strong>s<br />

tâches les plus dégradantes et les plus pénibles…..<br />

Cette vision ne nous plongeait pas dans la tristesse, au contraire, puisque c’était un<br />

mon<strong>de</strong> meilleur qu’on imaginait , un mon<strong>de</strong> avec moins <strong>de</strong> peine et <strong>de</strong> souffrance : on allait<br />

produire <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> richesses avec <strong>de</strong> moins en moins <strong>de</strong> travail ! l’age d’or était en<br />

vue!<br />

……..C’était il y a 40 ans à peine……<br />

Le progrès s’est encore accéléré et partout <strong>de</strong>s machines ont remplacé les bras,<br />

exécutant, avec le développement <strong>de</strong> l’électronique, <strong>de</strong>s tâches <strong>de</strong> plus en plus<br />

sophistiquées, se substituant même aux métiers intellectuels avec l’arrivée <strong>de</strong> l’informatique.<br />

Et tout s’est passé exactement comme ça !…..mais l’âge d’or n’est pas venu<br />

3 ème approche :le point <strong>de</strong> vue politique<br />

Le nombre <strong>de</strong>s emplois détruits et la cohorte <strong>de</strong>s chômeurs et <strong>de</strong>s exclus se sont mis<br />

à croître sur un rythme accéléré.<br />

Face à ce phénomène, <strong>de</strong>ux analyses en apparence opposées inspirent <strong>de</strong>s politiques<br />

finalement convergentes quant à la maigreur du résultat obtenu :<br />

Il y a d’abord l’analyse <strong>de</strong> ceux qui nient la possibilité d’un chômage permanent<br />

et généralisé, le discours libéral classique ; ils croient que le marché jouera son<br />

rôle <strong>de</strong> régulateur entre les inévitables déséquilibres dans les processus<br />

sociaux comme il peut le jouer dans les processus économiques et, en<br />

attendant, préconisent une ai<strong>de</strong> sociale limitée pour ne pas freiner le retour à<br />

l’équilibre. <strong>La</strong> misère et l’exclusion doivent rester <strong>de</strong>s variables d’ajustement<br />

du marché.<br />

Il y a aussi l’analyse <strong>de</strong> ceux qui croient à un chômage endémique lié à la nature<br />

même <strong>de</strong> notre système économique et qui souhaitent le combattre par une politique<br />

volontariste et interventionniste dans le fonctionnement <strong>de</strong> l’économie, une politique<br />

qui coûte très cher et qui laisse peu <strong>de</strong> moyens, au bout du compte, pour une ai<strong>de</strong><br />

sociale qui se révèle, là aussi, limitée.<br />

Confrontés à leur impuissance, les pouvoirs publics, tous bords confondus, ont agi<br />

sur tous les leviers à leur portée pour chercher à rendre le chômage moins visible :<br />

• Actions d’ajustement sur l’entrée <strong>de</strong>s jeunes dans la vie active, sur la sortie <strong>de</strong>s aînés<br />

<strong>de</strong> cette même vie active….<br />

• Ai<strong>de</strong>s à l’emploi sous <strong>de</strong> multiples formes….<br />

• Actions sur les variations <strong>de</strong>s salaires….<br />

• Actions sur la formation….<br />

37


• Actions sur l’information et le placement…..<br />

• Actions pour favoriser la mobilité du travail ou en faire varier les modalités…<br />

• Actions sur la durée du travail….<br />

• Actions sur les statistiques du chômage….<br />

….Toutes mesures d’ajustement qui ne changent pas la réalité mais qui servent seulement à<br />

la masquer.<br />

4 ème approche :le point <strong>de</strong> vue social<br />

Si on analyse les choses sur le fond, quelle différence faire entre :<br />

- quelqu’un qui recherche un emploi et à qui on permet <strong>de</strong> rester dans la statistique officielle<br />

avec une in<strong>de</strong>mnité Assedic <strong>de</strong> 57% <strong>de</strong> son salaire antérieur<br />

- et un autre qui voudrait bien travailler mais qu’on place dans la catégorie <strong>de</strong>s préretraités<br />

avec une pension du même montant ?<br />

leur souffrance n’est pas différente.<br />

Et il y a aussi celui qu’on envoie dans un stage parking ou qu’on condamne à <strong>de</strong>s<br />

occupations qui ne sont qu’apparentes et dont l’utilité, la productivité et la rémunération sont<br />

très faibles ?<br />

Dans tous ces cas, ce sont <strong>de</strong>s hommes qui sont privés du travail qui leur permettrait<br />

<strong>de</strong> gagner leur vie comme ils le souhaiteraient !<br />

Si l’on additionne le chômage visible et le chômage déguisé, à combien <strong>de</strong> millions<br />

arrivons –nous ? Il faut sûrement beaucoup plus que doubler les chiffres officiels.<br />

Il y a 25 ans on pensait que 4% <strong>de</strong> chômeurs constitueraient un seuil dangereux, que<br />

ce serait la révolte. On est arrivé à <strong>de</strong>s 13 / 14 % au moins, sans qu'il se passe grand chose.<br />

Qu’est-ce qu’on a fait pour rendre tolérable ce qui paraissait intolérable ?<br />

D’abord on a longtemps voulu croire ( ou faire croire !) que le chômage frappait très<br />

sélectivement les moins compétents, les moins formés, les moins bons, les paresseux, et<br />

épargnait les autres.<br />

Sans le rendre acceptable pour autant, cela permettait d’avoir bonne conscience et d’éviter<br />

une remise en cause douloureuse.<br />

En fait, on s’aperçoit que le chômage est d’autant plus sélectif que le niveau d’emploi<br />

est élevé.<br />

En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> bas niveau d’emploi, il touche toutes les catégories d’actifs. Le chômage <strong>de</strong><br />

prospérité atteint certains groupes plus que d’autres. Le chômage <strong>de</strong> crise frappe davantage<br />

au hasard.<br />

Et puis on a organisé le traitement social du chômage.<br />

On a inventé, multiplié, superposé, enchevêtré les ai<strong>de</strong>s <strong>de</strong> toutes natures, directes et<br />

indirectes, accompagnées <strong>de</strong>s inévitables structures <strong>de</strong> contrôle, bureaucratiques et<br />

tatillonnes:<br />

Assedic, RMI, CMU, Sécurité Sociale, allocations familiales, ai<strong>de</strong>s sociales, ai<strong>de</strong>s au<br />

logement, allocation <strong>de</strong> salaire unique, allocation <strong>de</strong> rentrée scolaire, bourse d’étu<strong>de</strong>s….sans<br />

compter les initiatives menées par les collectivités locales telles que gratuité <strong>de</strong>s transports<br />

ou bons d’alimentation et les actions conduites par les associations et les ONG, toutes plus<br />

ou moins subventionnées.<br />

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Tout cela a entraîné la création d’un inextricable maquis <strong>de</strong> textes compliqués et<br />

incompréhensibles pour le plus grand nombre ; les plus malins savent en tirer profit, parfois<br />

bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qui est permis, alors que les plus simples, les plus honnêtes, ceux qui en<br />

ont le plus besoin, ont bien du mal à obtenir leur dû.<br />

Bilan social :<br />

L’Observatoire National <strong>de</strong> la Pauvreté et <strong>de</strong> l’Exclusion Sociale, organisme <strong>de</strong>s plus<br />

sérieux, note que plus <strong>de</strong> 4,5 millions <strong>de</strong> personnes (dont plus d’un million d’enfants)vivent<br />

au-<strong>de</strong>ssous du seuil <strong>de</strong> pauvreté et savez vous à quel niveau ce seuil est arbitrairement fixé,<br />

dans notre pays, l’un <strong>de</strong>s plus riches du mon<strong>de</strong> ?<br />

560 Euros par mois/ à peine 3700 F/ pour une personne seule et<br />

1180 Euros/ moins <strong>de</strong>7700 F pour un couple avec 2 enfants.<br />

Sans commentaire !<br />

5 ème approche :paradoxes et incohérences<br />

Dans une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> situations personnelles, la masse <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />

femmes exclus et sans espoir va grandissante….. tous les dispositifs d’insertion profitent<br />

d’abord à ceux qui sont le moins éloigné du marché du travail.<br />

Peut-on en finir avec les poches <strong>de</strong> pauvreté et enfin permettre aux gens <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong><br />

la misère en se contentant <strong>de</strong> les secourir, insuffisamment, et en les plaçant dans une<br />

position humiliante ?<br />

Sûrement pas.<br />

D’ailleurs, le développement <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s ciblées est politiquement suicidaire ; quand on<br />

fait <strong>de</strong>s efforts vis à vis <strong>de</strong>s exclus, on s’aliène ceux qui se situent juste au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> cette<br />

frange <strong>de</strong> la population. Ils ont l’impression qu’on fait tout pour les très pauvres et qu’on ne<br />

fait rien pour eux qui sont juste un peu moins pauvres.<br />

Et pendant ce temps là, les privilégiés se protègent dans <strong>de</strong> véritables cita<strong>de</strong>lles<br />

gardées par <strong>de</strong>s vigiles et sont tellement terrorisés qu’ils n’osent plus regar<strong>de</strong>r ceux qui se<br />

débattent avec moins <strong>de</strong> 560 € par mois et qui avancent l’heure du dîner pour ne pas avoir à<br />

donner <strong>de</strong> goûter à leurs enfants et qui envoient <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> candidatures sans la<br />

moindre réponse.<br />

Et quels discours entend-on ?:<br />

« on fait tout ce qu’on peut »… « la gauche n’a rien fait que dilapi<strong>de</strong>r l’argent» dit la droite….<br />

« la droite ne s’occupe que <strong>de</strong>s riches » dit la gauche…. « ce sont les patrons avec la mondialisation<br />

et les délocalisations qui sont cause <strong>de</strong> tous nos maux » disent les autres… « c’est terrible mais<br />

c’est la crise !» répètent-ils tous en chœur ….<br />

<strong>La</strong> crise…mais où est la crise ?<br />

Depuis qu’on regar<strong>de</strong> monter le nombre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emplois, la production <strong>de</strong><br />

richesses n’a jamais cessé <strong>de</strong> progresser et la balance commerciale d’être excé<strong>de</strong>ntaire ; ce<br />

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qui manque n’est évi<strong>de</strong>mment pas le travail mais la distribution <strong>de</strong>s richesses pour la<br />

production <strong>de</strong>squelles on emploie <strong>de</strong> moins en moins <strong>de</strong> gens.<br />

<strong>La</strong> richesse globale augmente alors que <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> gens s’appauvrissent.<br />

<strong>La</strong> France s’enrichit, et on fait passer pour une crise ce qui est, en fait, un<br />

remaniement <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> domination dans la société. En réalité, un nouveau système se<br />

met en place qui abolit massivement le travail et qui contraint chacun à se battre contre tous<br />

pour obtenir ce travail ; c’est dans ce cadre qu’on voit renaître <strong>de</strong>s formes d’asservissement,<br />

<strong>de</strong> domination et d’exploitation qu’on croyait oubliées et face auxquelles les plus faibles sont<br />

sans aucune défense.<br />

Nous allons vers une production sans hommes, au moins en partie, vers une entreprise sans<br />

salariés permanents et à plein temps. L’entreprise se transforme et évolue vers l’immatériel. Et nous<br />

voyons bien que ce travail, ce travail qu’on abolit massivement, n’est rien d’autre qu’une<br />

construction sociale.<br />

Les premiers chercheurs qui ont pris conscience <strong>de</strong> ces bouleversements, tel Jere<strong>my</strong><br />

Rifkin et sa « fin du travail » ont un peu forcé le trait pour mieux se faire entendre et ont<br />

provoqué <strong>de</strong> l’inquiétu<strong>de</strong>. Les conséquences <strong>de</strong> la fin d’un ordre social structuré par le<br />

travail sur l’ordre du politique donnent <strong>de</strong>s vertiges à la pensée conservatrice, qui y voit<br />

surtout la fin <strong>de</strong> la « morale bourgeoise » qui, ne l’oublions pas, fut élaborée à une époque où<br />

les élites ne travaillaient pas !.<br />

Et la société qui n’a plus besoin et aura <strong>de</strong> moins en moins besoin du travail <strong>de</strong> tous,<br />

continue <strong>de</strong> répéter que ce n’est pas elle, que c’est nous qui avons besoin <strong>de</strong> travail, qu’elle<br />

va se donner beaucoup <strong>de</strong> mal pour nous procurer du travail, du travail dont elle-même<br />

pourrait se passer aisément mais dont nous, nous avons un besoin absolu.<br />

Merveilleuse inversion <strong>de</strong>s valeurs !<br />

Ce n’est plus celui qui travaille qui se rend utile et reçoit un salaire en échange, c’est<br />

la société qui se rend utile en lui permettant <strong>de</strong> travailler.<br />

Comment peut-on à la fois approuver cette évolution, ce progrès qui abolit le travail,<br />

qui nous libère du travail et prétendre perpétuer comme obligation, comme norme, comme<br />

fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong> la dignité <strong>de</strong> chacun, ce même travail ?<br />

Pourquoi continuons-nous <strong>de</strong> penser le travail comme ce qu’on a ou ce qu’on n’a pas,<br />

sans réaliser qu’il conviendrait <strong>de</strong> distinguer les unes <strong>de</strong>s autres les gran<strong>de</strong>s fonctions<br />

sociales du travail : production <strong>de</strong> biens, répartition <strong>de</strong> richesses, intégration sociale,<br />

réalisation personnelle….<br />

Comment peut-on dire d’une femme qui consacre son temps à élever ses propres<br />

enfants qu’elle n’a pas <strong>de</strong> travail alors que si elle va quelques heures dans une crèche ou<br />

une école maternelle s’occuper <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s autres, on dit qu’elle en a un ?<br />

En fait, toute activité pouvant être soumise à un jugement d’utilité technique, sociale,<br />

économique, artistique…. est un travail au sens d’intégration et <strong>de</strong> réalisation<br />

personnelle….il n’en va plus <strong>de</strong> même au sens <strong>de</strong> répartition !.<br />

Voilà bien quelque chose qui doit changer !<br />

6 ème approche :l’ordre du travail court<br />

40


Cette « morale du travail long » doit s’effacer <strong>de</strong>vant « l'ordre du travail court » car le<br />

temps est venu <strong>de</strong> penser un nouvel équilibre entre activités <strong>de</strong> temps libre, étu<strong>de</strong>s, vie<br />

privée, travail, mobilité….<br />

L’ordre ancien était celui d’une aventure unique, scandée par un plan <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong><br />

carrière bâtie sur la durée : durée <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, durée du mariage, durée <strong>de</strong> l’emploi, durée <strong>de</strong><br />

la vie. <strong>La</strong> durée était pour ainsi dire une valeur morale.<br />

Aujourd’hui, à une vie plus longue, correspon<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s séquences plus nombreuses,<br />

qui se succè<strong>de</strong>nt plus vite et <strong>de</strong> manière plus imprévisible en même temps que se développe<br />

une intense quête du bonheur individuel.<br />

« Le savoir accumulé pendant l’enfance peut-il encore suffire à <strong>de</strong>s vies presque<br />

centenaires dans un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> bouleversements techniques aussi rapi<strong>de</strong>s ? L’aventure<br />

amoureuse unique est-elle encore la règle ? L’employeur unique ne <strong>de</strong>vient-il pas une<br />

protection emprisonnante ? Le fonctionnaire n’a-t-il pas besoin <strong>de</strong> changer plus souvent <strong>de</strong><br />

métier quand le salarié du privé a besoin, lui, <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> protection ? »<br />

Car « l’ordre du travail court » est un ordre <strong>de</strong> vitesse, <strong>de</strong> mobilité, d’apprentissage et<br />

<strong>de</strong> ré apprentissage. Il ne s’agit pas du travail d’hier effectué moins longtemps, mais d’un<br />

travail plus abstrait, plus productif, plus imprévu, plus cognitif.<br />

Le contrat social qui lie chacun <strong>de</strong> nous à la société, pour nous y adouber citoyen, ne<br />

doit-il pas se restructurer autour <strong>de</strong> ce travail là ? <strong>La</strong> durée du travail s’établissant à 66 000<br />

heures, c’est sa répartition sur la durée <strong>de</strong> la vie qui <strong>de</strong>vrait désormais être renégociée sans<br />

cesse. Un nouveau droit individuel à la maîtrise <strong>de</strong> nos besoins <strong>de</strong> temps, en face-à-face<br />

légitime avec les besoins <strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong> la société ? Nous <strong>de</strong>vrions chercher dans la<br />

direction <strong>de</strong> cette durée contractuelle du travail sur la vie en échange d’un droit à<br />

l’instruction, à la santé, à la solidarité, à la retraite, à un revenu minimal, masse flexible à<br />

négocier dans l’année comme dans la vie. Et avec un contrat <strong>de</strong> travail universel à inventer et<br />

à négocier où les changements ne soient pas systématiquement associés à d’épouvantables<br />

drames.<br />

Chacun doit être libre <strong>de</strong> choisir ses stabilités dans ce mon<strong>de</strong> changeant en lien avec<br />

l’intérêt <strong>de</strong>s autres et l’intérêt général. Aujourd’hui, il me semble que le temps appartient à<br />

chacun <strong>de</strong> nous et que nous avons conquis là un bien essentiel. Libre à nous <strong>de</strong> son<br />

emploi !.<br />

Mais faire société ensemble passe alors par un engagement volontaire à donner<br />

contractuellement une partie <strong>de</strong> ce temps au travail salarié.<br />

7 ème approche : épilogue<br />

Dans notre contrat civique, l’Etat est notre protecteur à tous, et particulièrement le<br />

protecteur <strong>de</strong>s démunis ; alors, comment pourrait-il mieux remplir cette mission essentielle<br />

qu’en accordant à toute personne la garantie inconditionnelle d’un revenu à vie et suffisant ?<br />

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Comme la sécurité sociale ou les allocations chômage, le salaire citoyen est à<br />

considérer comme un pas <strong>de</strong> plus dans le sens du progrès humain.<br />

Il est important d’ai<strong>de</strong>r ceux qui sont victimes <strong>de</strong> la fracture sociale, et il ne s’agit pas<br />

seulement <strong>de</strong> générosité ou d’acte charitable, mais <strong>de</strong> l’intérêt général bien compris ; un<br />

nombre excessif <strong>de</strong> laissés-pour-compte, <strong>de</strong> perdants, <strong>de</strong> gens qui ont cessé <strong>de</strong> croire en<br />

leur avenir nuit à la collectivité tout entière ; il vaut mieux donner à chacun <strong>de</strong> quoi vivre et<br />

espérer, plutôt que <strong>de</strong> laisser croître une classe défavorisée prête à tout casser.<br />

Le besoin impérieux d’un revenu suffisant et stable est une chose ; le besoin d’agir,<br />

d’œuvrer, <strong>de</strong> se mesurer aux autres en est une autre qui ne coïnci<strong>de</strong> pas avec la première.<br />

Ce n’est pas parce qu’on va leur donner le moyen <strong>de</strong> vivre avec un revenu qui ne<br />

provient pas <strong>de</strong> leur travail que les gens ne vont rien faire.<br />

D’autre part, pour mettre en œuvre le salaire citoyen, il n’y a pas forcément besoin <strong>de</strong><br />

plus d’argent que celui qu’on gaspille aujourd’hui dans les ai<strong>de</strong>s peu opérantes, et on fera<br />

l’économie <strong>de</strong>s structures construites pour les gérer et cela coûtera, au bout du compte<br />

moins cher que <strong>de</strong> laisser les gens en nombre <strong>de</strong> plus en plus grand se noyer dans<br />

l’exclusion ou se détruire dans un recours culpabilisant à la charité publique.<br />

Une simulation démontre que c’est moins <strong>de</strong> 2,5 % <strong>de</strong> notre PIB qu’il faudrait affecter<br />

différemment pour que personne ne vive avec moins <strong>de</strong> 1150€ par mois ( 7500 F)….Avec en<br />

prime la dignité, la responsabilité, la liberté…..<br />

Utopie ! crieront certains.<br />

Sans doute, mais l’ « utopie a pour fonction <strong>de</strong> nous donner le recul qui nous permette<br />

<strong>de</strong> juger ce que nous faisons à la lumière <strong>de</strong> ce que nous pourrions ou <strong>de</strong>vrions faire ».<br />

L’utopie d’aujourd’hui est la réalité <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

Revenons à un exemple présenté plus haut : pourquoi dit-on d’une femme qu’elle a un<br />

travail quand elle œuvre dans une crèche et qu’elle n’en a pas quand elle élève ses propres<br />

enfants ?<br />

Parce que la première est payée pour ce qu’elle fait et non la secon<strong>de</strong>.<br />

Et la secon<strong>de</strong> ne serait toujours pas considérée comme ayant un travail, même si elle avait le<br />

diplôme <strong>de</strong> puéricultrice et si elle percevait une allocation égale au salaire d’une<br />

puéricultrice.<br />

Prenons acte <strong>de</strong> ce que ni le droit à un revenu, ni la citoyenneté, ni l’épanouissement<br />

et l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> chacun ne peuvent plus dépendre <strong>de</strong> l’occupation d’un emploi au sens<br />

marchand du terme.<br />

« Quand la création <strong>de</strong> richesses ne dépendra plus du travail <strong>de</strong>s hommes, ceux-ci<br />

mourront <strong>de</strong> faim aux portes du paradis à moins <strong>de</strong> répondre par une nouvelle politique du<br />

revenu à la nouvelle situation technique » écrivait Vassili Léontieff<br />

Alors, Droit au travail ou Droit à la dignité ?<br />

Il n’y a pas et, puisqu’il ne saurait être question <strong>de</strong> freiner le progrès technique, il n’y<br />

aura plus jamais assez <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> travail rémunéré, <strong>de</strong> travail stable, <strong>de</strong> travail à plein<br />

temps pour tous.<br />

42


<strong>La</strong> notion <strong>de</strong> droit au travail a perdu son sens, à moins qu’on ne déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> remplacer<br />

les camions par <strong>de</strong>s brouettes….<br />

Et puisque nous avons permis (ou accepté) que le travail <strong>de</strong>vienne une marchandise et<br />

l’emploi un privilège, il n’est plus acceptable que la dignité d’un homme en dépen<strong>de</strong>….<br />

<strong>La</strong>isser les gens en nombre <strong>de</strong> plus en plus grand se noyer dans l’exclusion ou se<br />

détruire dans un recours culpabilisant à la charité publique risque d’être a terme infiniment<br />

plus coûteux que l’institution du salaire citoyen.<br />

Car il ne s’agit pas d’un revenu social qui permette <strong>de</strong> vivre sans travail, du moins au<br />

sens <strong>de</strong> valeur d’intégration et d’épanouissement, mais d’une sorte <strong>de</strong> filet <strong>de</strong> sécurité à<br />

l’abri duquel chacun pourra exister en tant qu’homme, sans peur du len<strong>de</strong>main ; et cela est<br />

possible sans remettre en cause le modèle économique avec lequel nous vivons et qui peut<br />

encore fonctionner à la condition que les politiques aient le courage <strong>de</strong> contenir ses excès.<br />

Le salaire citoyen n’est pas une idée plus révolutionnaire que ne l’a été l’abolition <strong>de</strong><br />

l’esclavage, l’interdiction du travail <strong>de</strong>s enfants, la création <strong>de</strong> la Sécurité Sociale ou l’instauration<br />

<strong>de</strong>s congés payés, chacune en leur temps…..<br />

Les Pays-Bas l’ont presque généralisé sans que leur économie ne s’effondre !<br />

Le salaire citoyen n’est pas contraire au fonctionnement libéral <strong>de</strong> l’économie.<br />

Imaginons que le seul fait d’être né donne à chacun le droit <strong>de</strong> percevoir un salaire<br />

citoyen suffisant.<br />

Imaginons que chacun déclare ses revenus individuellement et, s’ils sont inférieurs,<br />

reçoive un complément, sorte d’impôt négatif qui lui garantisse un niveau <strong>de</strong> vie digne….<br />

Imaginons que chaque enfant y ait droit progressivement au fur et à mesure <strong>de</strong> son<br />

avancée en âge…. Imaginons, imaginons…..<br />

Finis allocations familiales, minimums vieillesse, ASSEDIC, RMI, CMU, bourses<br />

d’étu<strong>de</strong>, ai<strong>de</strong>s au logement, allocations <strong>de</strong> toutes sortes…..finies humiliations, angoisses<br />

inutiles !<br />

Osons remettre les préoccupations morales au centre du débat, pour construire une cité plus<br />

éclairée et moins cruelle.<br />

Qu’hommage soit rendu à André GORZ, qui, en 40 ans et 20 livres, a si bien défendu l’idéal<br />

<strong>de</strong> la justice sociale, ainsi qu’aux Baudrillard, Touraine, Habermas, Adorno…..<br />

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PREAMBULE<br />

ANNEXE 4<br />

Déclaration universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme<br />

ADOPTEE PAR L'ASSEMBLEE GENERALE<br />

DES NATIONS UNIES LE 10 DECEMBRE 1948<br />

Considérant que la reconnaissance <strong>de</strong> la dignité inhérente à tous les membres<br />

<strong>de</strong> la famille humaine et <strong>de</strong> leurs droits égaux et inaliénables constitue le<br />

fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la liberté, <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> la paix dans le mon<strong>de</strong>,<br />

Considérant que la méconnaissance et le mépris <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme ont<br />

conduit à <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> barbarie qui révoltent la conscience <strong>de</strong> l'humanité et<br />

que l'avènement d'un mon<strong>de</strong> où les êtres humains seront libres <strong>de</strong> parler et <strong>de</strong><br />

croire, libérés <strong>de</strong> la terreur et <strong>de</strong> la misère, a été proclamé comme la plus haute<br />

aspiration <strong>de</strong> l'homme,<br />

Considérant qu'il est essentiel que les droits <strong>de</strong> l'homme soient protégés par<br />

un régime <strong>de</strong> droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême<br />

recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression,<br />

Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement <strong>de</strong> relations<br />

amicales entre nations,<br />

Considérant que dans la Charte les peuples <strong>de</strong> Nations Unies ont proclamé à<br />

nouveau leur foi dans les droits fondamentaux <strong>de</strong> l'homme, dans la dignité et la<br />

valeur <strong>de</strong> la personne humaine, dans l'égalité <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />

femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à<br />

instaurer <strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> vie dans une liberté plus gran<strong>de</strong>,<br />

Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération<br />

avec l'Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies, le respect universel et effectif <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'homme et <strong>de</strong>s libertés fondamentales,<br />

Considérant qu'une conception commune <strong>de</strong> ces droits et libertés est <strong>de</strong> la<br />

plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement,<br />

L'Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes<br />

les nations afin que tous les individus et tous les organes <strong>de</strong> la société, ayant<br />

cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et<br />

l'éducation, <strong>de</strong> développer le respect <strong>de</strong> ces droits et libertés et d'en assurer,<br />

par <strong>de</strong>s mesures progressives d'ordre national et international, la<br />

reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les<br />

44


ARTICLE 1<br />

populations <strong>de</strong>s Etats Membres eux-mêmes que parmi celles <strong>de</strong>s territoires<br />

placés sous leur juridiction.<br />

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués <strong>de</strong><br />

raison et <strong>de</strong> conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit <strong>de</strong> fraternité.<br />

ARTICLE 2<br />

1. Chacun peut se prévaloir <strong>de</strong> tous les droits et <strong>de</strong> toutes les libertés proclamés dans la<br />

présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment <strong>de</strong> race, <strong>de</strong> couleur, <strong>de</strong> sexe, <strong>de</strong><br />

langue, <strong>de</strong> religion, d'opinion politique ou <strong>de</strong> toute autre opinion, d'origine nationale ou<br />

sociale, <strong>de</strong> fortune, <strong>de</strong> naissance ou <strong>de</strong> toute autre situation.<br />

2. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou<br />

international du pays ou territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou<br />

territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation<br />

quelconque <strong>de</strong> souveraineté.<br />

ARTICLE 3<br />

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté <strong>de</strong> sa personne.<br />

ARTICLE 4<br />

Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitu<strong>de</strong> ; l'esclavage et la traite <strong>de</strong>s esclaves sont<br />

interdits sous toutes leurs formes.<br />

ARTICLE 5<br />

Nul ne sera soumis à la torture, ni à <strong>de</strong>s peines ou traitements cruels, inhumains ou<br />

dégradants.<br />

ARTICLE 6<br />

Chacun a droit à la reconnaissance en tous lieux <strong>de</strong> sa personnalité juridique.<br />

ARTICLE 7<br />

Tous sont égaux <strong>de</strong>vant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection <strong>de</strong> la loi.<br />

Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente<br />

Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.<br />

ARTICLE 8<br />

Toute personne a droit à un recours effectif <strong>de</strong>vant les juridictions nationales contre les<br />

actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.<br />

ARTICLE 9<br />

Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.<br />

45


ARTICLE 10<br />

Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et<br />

publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui déci<strong>de</strong>ra soit <strong>de</strong> ses droits et<br />

obligations, soit du bien-fondé <strong>de</strong> toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.<br />

ARTICLE 11<br />

1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa<br />

culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties<br />

nécessaires à sa défense lui auront été assurées.<br />

2. Nul ne sera condamné pour <strong>de</strong>s actions ou omissions qui, au moment où elles ont été<br />

commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international.<br />

De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment<br />

où l'acte délictueux a été commis.<br />

ARTICLE 12<br />

Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa<br />

correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la<br />

protection <strong>de</strong> la loi contre <strong>de</strong> telles immixtions ou <strong>de</strong> telles atteintes.<br />

ARTICLE 13<br />

1. Toute personne a le droit <strong>de</strong> circuler librement et <strong>de</strong> choisir sa rési<strong>de</strong>nce à l'intérieur d'un<br />

état.<br />

2. Toute personne a le droit <strong>de</strong> quitter tout pays, y compris le sien, et <strong>de</strong> revenir dans son<br />

pays.<br />

ARTICLE 14<br />

1. Devant la persécution, toute personne a le droit <strong>de</strong> chercher asile et <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> l'asile<br />

en d'autres pays.<br />

2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas <strong>de</strong> poursuites réellement fondées sur un crime<br />

<strong>de</strong> droit commun ou sur <strong>de</strong>s agissements contraires aux buts et aux principes <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies.<br />

ARTICLE 15<br />

1. Tout individu a le droit à une nationalité.<br />

2. Nul ne peut être arbitrairement privé <strong>de</strong> sa nationalité, ni du droit <strong>de</strong> changer sa nationalité.<br />

ARTICLE 16<br />

1. A partir <strong>de</strong> l'age nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la<br />

nationalité ou la religion, ont le droit <strong>de</strong> se marier et <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une famille. Ils ont <strong>de</strong>s droits<br />

égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors <strong>de</strong> sa dissolution.<br />

2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement <strong>de</strong>s futurs époux.<br />

46


3. <strong>La</strong> famille est l'élément naturel et fondamental <strong>de</strong> la société et a droit à la protection <strong>de</strong> la<br />

société et <strong>de</strong> l'Etat.<br />

ARTICLE 17<br />

1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.<br />

2. Nul ne peut être arbitrairement privé <strong>de</strong> sa propriété.<br />

ARTICLE 18<br />

Toute personne a droit à la liberté <strong>de</strong> pensée, <strong>de</strong> conscience et <strong>de</strong> religion ; ce droit implique<br />

la liberté <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> religion ou <strong>de</strong> conviction ainsi que la liberté <strong>de</strong> manifester sa religion<br />

ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les<br />

pratiques, le culte et l'accomplissement <strong>de</strong>s rites.<br />

ARTICLE 19<br />

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit <strong>de</strong> ne pas<br />

être inquiété pour ses opinions et celui <strong>de</strong> chercher, <strong>de</strong> recevoir et <strong>de</strong> répandre, sans<br />

considération <strong>de</strong> frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit.<br />

ARTICLE 20<br />

1. Toute personne a droit à la liberté <strong>de</strong> réunion et d'association pacifiques.<br />

2. Nul ne peut être obligé <strong>de</strong> faire partie d'une association.<br />

ARTICLE 21<br />

1. Toute personne a le droit <strong>de</strong> prendre part à la direction <strong>de</strong>s affaires publiques <strong>de</strong> son pays,<br />

soit directement, soit par l'intermédiaire <strong>de</strong> représentants librement choisis.<br />

2. Toute personne a droit à accé<strong>de</strong>r, dans <strong>de</strong>s conditions d'égalité, aux fonctions publiques<br />

<strong>de</strong> son pays.<br />

3. <strong>La</strong> volonté du peuple est le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l'autorité <strong>de</strong>s pouvoirs publics ; cette volonté<br />

doit s'exprimer par <strong>de</strong>s élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage<br />

universel égale et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du<br />

vote.<br />

ARTICLE 22<br />

Toute personne, en tant que membre <strong>de</strong> la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est<br />

fondée à obtenir la satisfaction <strong>de</strong>s droits économiques, sociaux et culturels indispensables<br />

à sa dignité et au libre développement <strong>de</strong> sa personnalité grâce à l'effort national et à la<br />

coopération internationale, compte tenu <strong>de</strong> l'organisation et <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> chaque pays.<br />

ARTICLE 23<br />

1. Toute personne a droit au travail, au libre choix <strong>de</strong> son travail, à <strong>de</strong>s conditions équitables<br />

et satisfaisantes <strong>de</strong> travail et à une protection contre le chômage.<br />

2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.<br />

47


3. Quiconque travaille à droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi<br />

qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par<br />

tous autres moyens <strong>de</strong> protection sociale.<br />

4. Toute personne a le droit <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r avec d'autres <strong>de</strong>s syndicats et <strong>de</strong> s'affilier à <strong>de</strong>s<br />

syndicats pour la défense <strong>de</strong> ses intérêts.<br />

ARTICLE 24<br />

Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable <strong>de</strong><br />

la durée du travail et à <strong>de</strong>s congés payés périodiques.<br />

ARTICLE 25<br />

1. Toute personne a droit à un niveau <strong>de</strong> vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et<br />

ceux <strong>de</strong> sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, les soins médicaux ainsi<br />

que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas <strong>de</strong> chômage, <strong>de</strong><br />

maladie, d'invalidité, <strong>de</strong> veuvage, <strong>de</strong> vieillesse ou dans les autres cas <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> ses<br />

moyens <strong>de</strong> subsistance par suite <strong>de</strong> circonstances indépendantes <strong>de</strong> sa volonté.<br />

2. <strong>La</strong> maternité et l'enfance ont droit à une ai<strong>de</strong> et à une assistance spéciales. Tous les<br />

enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent <strong>de</strong> la même protection<br />

sociale.<br />

ARTICLE 26<br />

1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui<br />

concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement technique et<br />

professionnel doit être généralisé ; l'accès aux étu<strong>de</strong>s supérieures doit être ouvert en pleine<br />

égalité à tous en fonction <strong>de</strong> leur mérite.<br />

2. L'éducation doit viser au plein épanouissement <strong>de</strong> la personnalité humaine et au<br />

renforcement du respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme et <strong>de</strong>s libertés fondamentales. Elle doit<br />

favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les<br />

groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>s Nations Unies<br />

pour le maintien <strong>de</strong> la paix.<br />

3. Les parents ont, par priorité, le droit <strong>de</strong> choisir le genre d'éducation à donner à leurs<br />

enfants.<br />

ARTICLE 27<br />

1. Toute personne a le droit <strong>de</strong> prendre part librement à la vie culturelle <strong>de</strong> la communauté,<br />

<strong>de</strong> jouir <strong>de</strong>s arts et <strong>de</strong> participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.<br />

2. Chacun a droit à la protection <strong>de</strong>s intérêts moraux et matériels découlant <strong>de</strong> toute<br />

production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.<br />

ARTICLE 28<br />

Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre<br />

tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein<br />

effet.<br />

48


ARTICLE 29<br />

1. L'individu a <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein<br />

développement <strong>de</strong> sa personnalité est possible.<br />

2. Dans l'exercice <strong>de</strong> ses droits et dans la jouissance <strong>de</strong> ses libertés, chacun n'est soumis<br />

qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le<br />

respect <strong>de</strong>s droits et libertés d'autrui et afin <strong>de</strong> satisfaire aux justes exigences <strong>de</strong> la morale,<br />

<strong>de</strong> l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.<br />

3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux<br />

principes <strong>de</strong>s Nations Unies.<br />

ARTICLE 30<br />

Aucune disposition <strong>de</strong> la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant<br />

pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque <strong>de</strong> se livrer à une activité ou<br />

d'accomplir un acte visant à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s droits et libertés qui y sont énoncés.<br />

49


ANNEXE 5<br />

Premier Compte Rendu <strong>de</strong>s Travaux <strong>de</strong> la<br />

Commission EDUCATION - UNIVERSITES, RECHERCHE, JEUNESSE, et SPORTS.<br />

11 Mai 2005<br />

Il est proposé pour cette première réunion <strong>de</strong> lister quelques questions clefs auxquelles <strong>de</strong>s<br />

orateurs pourraient être amenés à répondre le soir du Colloque du Groupe Education du 5 Octobre<br />

2005<br />

EST-IL VRAI :<br />

1. Que les Français ne croient plus en rien ? Nous avons cru lire qu’ils étaient un <strong>de</strong>s peuples<br />

d’Europe à faire encore <strong>de</strong>s enfants…raisonnablement.<br />

2. Qu’un enfant sur quatre ne sait pas lire à l’entrée en 6 ème ?<br />

Quand regar<strong>de</strong>ra-t-on enfin les effets pervers, mais plus vraiment contestés <strong>de</strong> certaine<br />

métho<strong>de</strong> d’apprentissage <strong>de</strong> lecture et d’écriture ?<br />

3. Qu’un sondage sur « Dictées » donne 80/100 d’élèves en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne et plus <strong>de</strong> la<br />

moitié avec la note zéro ? (sur 2300 élèves <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>)<br />

4. Qu’ont pratiquement disparu : - récitation – grammaire –tables <strong>de</strong> multiplication – dictées ?<br />

Serait-ce rétrogra<strong>de</strong> ou passéiste que <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> retrouver l’enseignement <strong>de</strong> ces bases à<br />

l’école ?<br />

5. Que l’éducation est pourtant le 1 er budget <strong>de</strong> l’état ?<br />

6. Que la France a 1 million d’enseignants pour 14,5 millions d’élèves ?<br />

7. Que l’avancement d’un enseignant du primaire lui est annoncé par un syndicat (auquel il<br />

n’adhère pas) avant même une annonce officielle ?<br />

AUTRES QUESTIONS :<br />

1. Qui se cache <strong>de</strong>rrière les manifestations qui systématiquement viennent contrecarrer les projets<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> notre enseignement ? (<strong>de</strong> Gauche ou <strong>de</strong> Droite) – Devaquet, Allègre, Ferry,<br />

Fillon ?<br />

2. Qui doit comman<strong>de</strong>r à l’intérieur <strong>de</strong> l’établissement d’enseignement ? <strong>La</strong> présence <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />

police à l’intérieur <strong>de</strong>s établissements est-elle acceptable à l’heure ou la violence scolaire se<br />

banalise ?<br />

3. Nous savons tous que la Recherche est fondamentale, à tous points <strong>de</strong> vue. Pourquoi n’arrive-ton<br />

pas à régler leurs problèmes financiers ou autres ? Pèsent-ils aussi lourd dans le budget <strong>de</strong><br />

l’état que l’énorme pourcentage d’enseignants non chargés <strong>de</strong> cours ? D’ailleurs, que font tous<br />

ces enseignants ....déchargés ? (32000 professeurs n’enseignent pas - rapport <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong>s<br />

comptes 2004 - mais certaines pancartes <strong>de</strong> défilés réclament toujours plus d’enseignants).<br />

50


4. Verra-t-on à nouveau les « votants avec leurs pieds » manifester contre le retour <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong><br />

morale, <strong>de</strong> politesse ou tout simplement <strong>de</strong> civisme ?<br />

5. Pourquoi notre Pays permet-il <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong>s diplômés….inemployables ? les diplômes <strong>de</strong><br />

psychologie ne permettent-ils que <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong> nouveaux psychologues ? (ce n’est qu’un<br />

exemple !) Comment stopper les effets pernicieux <strong>de</strong>s filières cul-<strong>de</strong>-sac ?<br />

6. Pourquoi une telle inadaptation dans une partie <strong>de</strong> notre enseignement, entre l’offre et la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ? Doit-on continuer à subventionner <strong>de</strong>s facultés qui sont, souvent, <strong>de</strong>s usines à<br />

fabriquer <strong>de</strong> futurs chômeurs ? Bien sûr, tout le mon<strong>de</strong> le sait, mais, qui le dit ? <strong>La</strong> liberté<br />

d’apprendre ne doit-elle pas se heurter aux impératifs <strong>de</strong> la vie …économique, <strong>de</strong> plus en plus<br />

mondiale quel que soit le résultat <strong>de</strong>s votes (les conséquences s’apparentent souvent à celles<br />

<strong>de</strong>s raz-<strong>de</strong>-marée, en plus insidieux mais surtout à répétitions et inexorables) ?<br />

7. Par contre l’Ecole peut-elle, ...doit-elle former <strong>de</strong>s champions ?<br />

8. Pourquoi ne pas « inciter » les enseignants à effectuer <strong>de</strong>s stages dans le mon<strong>de</strong> marchand<br />

pour rompre un isolement préjudiciable à tous et à eux-mêmes en particulier ! Je sais que<br />

certains proviseurs ont commencé à fréquenter les entreprises. Il faut aller plus vite et plus loin<br />

et proposer évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>s stages dans un partage temps Vacances - Appointements (à<br />

étudier) à un maximum d’enseignants<br />

9. <strong>La</strong> question principale étant peut-être : Pourquoi les parents ont-ils démissionné ?<br />

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