Dialogue Démocratie Française La Lettre de D&DF - my.weblet.biz

qui manque n’est évidemment pas le travail mais la distribution des richesses pour la
production desquelles on emploie de moins en moins de gens.
La richesse globale augmente alors que de plus en plus de gens s’appauvrissent.
La France s’enrichit, et on fait passer pour une crise ce qui est, en fait, un
remaniement des formes de domination dans la société. En réalité, un nouveau système se
met en place qui abolit massivement le travail et qui contraint chacun à se battre contre tous
pour obtenir ce travail ; c’est dans ce cadre qu’on voit renaître des formes d’asservissement,
de domination et d’exploitation qu’on croyait oubliées et face auxquelles les plus faibles sont
sans aucune défense.
Nous allons vers une production sans hommes, au moins en partie, vers une entreprise sans
salariés permanents et à plein temps. L’entreprise se transforme et évolue vers l’immatériel. Et nous
voyons bien que ce travail, ce travail qu’on abolit massivement, n’est rien d’autre qu’une
construction sociale.
Les premiers chercheurs qui ont pris conscience de ces bouleversements, tel Jeremy
Rifkin et sa « fin du travail » ont un peu forcé le trait pour mieux se faire entendre et ont
provoqué de l’inquiétude. Les conséquences de la fin d’un ordre social structuré par le
travail sur l’ordre du politique donnent des vertiges à la pensée conservatrice, qui y voit
surtout la fin de la « morale bourgeoise » qui, ne l’oublions pas, fut élaborée à une époque où
les élites ne travaillaient pas !.
Et la société qui n’a plus besoin et aura de moins en moins besoin du travail de tous,
continue de répéter que ce n’est pas elle, que c’est nous qui avons besoin de travail, qu’elle
va se donner beaucoup de mal pour nous procurer du travail, du travail dont elle-même
pourrait se passer aisément mais dont nous, nous avons un besoin absolu.
Merveilleuse inversion des valeurs !
Ce n’est plus celui qui travaille qui se rend utile et reçoit un salaire en échange, c’est
la société qui se rend utile en lui permettant de travailler.
Comment peut-on à la fois approuver cette évolution, ce progrès qui abolit le travail,
qui nous libère du travail et prétendre perpétuer comme obligation, comme norme, comme
fondement des droits et de la dignité de chacun, ce même travail ?
Pourquoi continuons-nous de penser le travail comme ce qu’on a ou ce qu’on n’a pas,
sans réaliser qu’il conviendrait de distinguer les unes des autres les grandes fonctions
sociales du travail : production de biens, répartition de richesses, intégration sociale,
réalisation personnelle….
Comment peut-on dire d’une femme qui consacre son temps à élever ses propres
enfants qu’elle n’a pas de travail alors que si elle va quelques heures dans une crèche ou
une école maternelle s’occuper des enfants des autres, on dit qu’elle en a un ?
En fait, toute activité pouvant être soumise à un jugement d’utilité technique, sociale,
économique, artistique…. est un travail au sens d’intégration et de réalisation
personnelle….il n’en va plus de même au sens de répartition !.
Voilà bien quelque chose qui doit changer !
6 ème approche :l’ordre du travail court
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