dimanche 19 février

vittiiiiu LE 29 FÉVRIER 1928 it>fttitisiviiiifiiiîitiftiiiiiiitIIIIIIiriiiicrittttittifitiiiiititïitiiiitiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiîii 3 iiiiiiiiiitiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiMtuiiii SIXIÈME ANNÉE : N° 260 »«"«"
ANCHE-ILLUSTRÉ
ENTRE NOUS
ETTE nuit, en rentrant chez moi, je fus
surpris d'entendre, sur le boulevard
C désert, un murmure de voix dont je ne
perçus pas tout d'abord l'origine. Un dialogue
s'échangeait entre deux interlocuteurs
invisibles, dont l'un semblait placé sur le
trottoir où je me trouvais et l'autre, sur un
refuge voisin. Au bout d'ùn instant, je
m aperçus que ces chuchotements provenaient
de deux réverbères qui se confiaient
leurs impressions. J'ai trop souvent entendu,
sur les routes, des poteaux télégraphiques
fredonner de très belles chansons, pour
m étonner d'un pareil phénomène. Je me
contentai donc de noter les réflexions des
deux causeurs.
— Mon cher, disait l'un, je ne sais vraiment
plus où nous allons. Il n'y a plus de
métier de tout repos. Quand je pense qu'il
fut une époque où le réverbère n'avait pas
d'autre mission que d'éclairer les rues ! Ah !
c'était le bon temps ! Nous n'avions d'autre
souci que de soigner amoureusement le beau
papillon de feu que nous tenions prisonnier
dans sa cage de verre.Mais,aujourd'hui, cette
partie essentielle de notre mission n'intéresse
plus personne. On nous destine à de
tout autres corvées.
— Il est vrai, lui répondit son compagnon,
que, depuis quelque temps, on nous met
à toutes les sauces. C'est fou ce que j'ai pu
apprendre de métiers depuis que j'ai pris
racine dans ce macadam.
— Et moi donc ! On m'a d'abord attaché
au cou une plaque de fonte émaillée.qui me
permet d'annoncer à tout l'univers qu à mes
pieds passeront les autobus AZ, BX, YW.
J'étais, jadis, un " arrêt facultatif ' et je suis
devenu " arrêt obligatoire ". Quelque temps
après,, on a accroché à mes flancs une énorme
caisse» métallique avec un levier qui distribue
automatiquement des numéros d'ordre. Chaque
passant m'imprime une secousse douloureuse
pour détacher son petit bulletin
imprimé.
— Moi, dit l'autre, j'ai une boîte aux
lettres dans l'abdomen. De temps en temps,
un facteur pratique sur moi l'opération de la
laparotomie et s'en va, après m'avoir arraché
les entrailles. Puis je fus engagé par la ligue
de protection du cheval, et je me mis à crier
du matin au soir : " Soyez bons pour les
animaux.
— Tu en as de la veine. On m'a contraint
à porter toutes sortes de publicités beaucoup
moins honorables, et je rougis parfois
des renseignements terre à terre que
je suis obligé de fournir à l'humanité souffrante.
— J'ai eu quelque temps le plaisir de
présenter au public une grosse horloge. Ce
n'était pas désagréable. Hélas ! je fus
condamné ensuite aU supplice de Tantale,
qui consistait à diriger les passants chaque
soir vers un luxueux music-hall, dont je
vantais les attraits sans espoir d'être admis
un jour à les contempler.
— Mais tout cela n'est rien, en comparaison
du travail qu'on nous impose aujourd'hui.
— Sais-tu qu'ils ont trouvé le moyen de
me transformer en signal de chemin de fer ?
J'ai un gros œil rouge ou vert qui s ouvre et
se ferme à volonté pour terroriser les piétons
et les autos. On me déclenche une formidable
sonnerie dans l'estomac pour figer
sur place les passants ou leur donner le
signal d'une course éperdue. Je crie :
" Halte ! " comme si j'étais sergent de ville.
C'est moi qui règle la circulation, qui impose
le sens unique ou la technique du grand
détour. C'est une responsabilité terrible
qui me fatigue énormément.
— Hélas ! Où est l'époque heureuse où
nous n'étions que des éclaireurs. Cette vie
moderne nous épuise. Je crois que le moment
est venu de nous défendre contre les hommes
Que dirais-tu de la fondation d'un syndicat
professionnel des réverbères,réclamant pour
nous le bénéfice de la loi de huit heures et
des retraites ouvrières ?.«
INTÉRIM.
REFLEXIONS DU DIMANCHE
/
NDÊPENDANCE est un mot qui sonne particulièrement
bien à l'oreille et que nous
aimons tous à entendre.
Mais bien peu de gens, toutefois, ont jamais
réfléchi à l'étroite intimité, aux rapports constants
qui existent entre la dépendance et la pauvreté.
Autrefois, je n'ai pas été sans voir beaucoup de
misère et j'ai connu bien des personnes dans des
situations pitoyables. Neuf fois sur dix, la détresse
de ceux que j ai vus angoissés, provenait du
manque d'argent.
Pour une raison quelconque, par leur propre
faute ou par la faute de quelqu'un d'autre, ils se
trouvaient sans ressources et cela leur valait
humiliation et chagrin.
Peu de gens sont assez courageux ou assez
ingénieux pour .vivre leur vie sans recevoir un
argent quelconque, qu'il provienne du travail ou
d'autre chose. On ne connaît guère, pour se passer
de ressources, que les fakirs de l'Inde et certains
chemineaux. Il y eut aussi l'Américain Thoreau,
qui vécut pendant quatre ans dans un bois pour
prouver que l'homme pouvait vivre dans la nature,
se nourrir, se vêtir et s'abriter par le travail
direct de ses mains. Ce sont là, toutefois, de rares
exceptions, que la masse des mortels ne pourrait
ni ne voudrait imiter. Il faut qu'un homme soit
bien plus grand pour vivre une vie de pauvreté que
pour vivre une vie de richesse. Il lui faut posséder
d'immenses ressources intérieures.
Un philosophe pratique donnait récemment
d'excellents conseils au sujet de cette indépendance
financière que tous, ou à peu près, veulent
— et devraient acquérir.
Il s'inscrivait en faux contre le proverbe bien
connu : " Pauvreté n'est pas vice ". Il affirmait
que tout au rebours, la pauvreté est souvent,
sinon un vice, du moins une honte, et qu'un peu de
prévoyance aurait pu l'éviter.
Sans argent, il nous est, en général, très difficile
de nous cultiver et de nous instruire. Noui, ne
pouvons pas aider aux autres quand nous le
voudrions et nous courons vers une vieillesse dans
laquelle nous dépendrons absolument de notre
prochain. Et, de plus, nous connaissons l'humiliation
constante de demander l'aide des autres
gens.
Les avis que le bon sens peut donner à ce propos,
on les a souvent entendus, mais il n'est jamais
mauvais de les répéter. Naturellement, la chose
fondamentale, c'est de ne pas dépenser plus que
vous ne recevez. N'est-ce pas Dickens qui a dit,
par exemple, que si, gagnant vingt francs, vous en
dépensez dix-neuf, vous allez au succès, tandis
que si, gagnant vingt francs, vous en dépensez
vingt et un, Vous allez à la ruine.
Le second point, c'est que ce surplus doit être
mis de côté.' Vous pouvez dire, en règle presque
invariable, qu'un homme pourrait vivre en ne
dépensant que les neuf dixièmes de ce qu'il dépense
réellement. C'est en épargnant le dixième qui
reste, qu'il établira les bases de son indépendance
financière.
De nos jours, les ouvriers ont souvent la facilité
d'acheter des actions ou des obligations des
maisons pour lesquelles ils travaillent. L'argent
qu'ils réussissent à économiser, ils peuvent le
placer en valeurs ou, peut-être, en immeubles.
Une partie du surplus de chaque année devrait
être employé à payer un foyer — maison ou
appartement, puisque les appartements maintenant
se vendent. Un foyer que l'on possède vraiment
est un grand fixateur et un grand encouragement
à l'épargne. Il illustre le vieux dicton :
" Pierre qui roule n'amasse pas mousse ", dont on
fait-alors son profit.
Une des premières choses que devrait aussi faire
l'homme qui travaille, c'est de parer aux incertitudes
de l'avenir en prenant sur la vie une assurance
proportionnée à ses ressources.
Un autre principe, d'une valeur inestimable,
c'est de ne jamais rien acheter que l'on ne puisse
payer immédiatement. Passez-vous des choses
jusqu'à ce que vous ayez économisé suffisamment
podr les payer. Mieux vaut commencer la vie
dans quatre meubles de bois blanc bien à Vous, que
dans un somptueux mobilier non payé dont vous
ne pourrez jouir franchement. FRÂNK CRÂNE. '
LA SEMAINE PROCHAINE
LUNDI 20 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 b. 54 - coucher : 17 h. 16.
Lever de la lune : 6 h. 56 - coucher : 16 h.
Le jour croît : 2 m. matin ; 1 m. soir.
Saint SILVAIN : 51 e -jour +' 315.
MARDI 21 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 52 - coucher : 17 h. 18.
Lune : (N. L., 20 h. 29) 7 h. 26 - couch.: 17 h. 19.
Le jour croît :2 m. matin ; 2 m. soir.
MARDI GRAS : 52 e jour + 314.
MERCREDI 22 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 50 - coucher : 17 h. 20.
Lever dë la lune : 7 h. 51 - coucher : 18 h. 41.
Le jour croît : 2 m. matin ; 2 m. soir.
LES CENDRES : 53 e jour + 313.
JEUDI 23 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 48 - coucher : 17 h. 21.
Lever de la lune : 8 h. 12 - coucher : 20 h. 3.
Le jour croît : 2 m. matin ; 1 m. soir.
Saint MILBURNE : 54 e jour + 312.
VENDREDI 24 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 47 - coucher : 17 h. 23.
Lever de la lune : 8 h. 33 - coucher : 21 h. 24.
Le jour croît : 1 m. matin ; 2 m. soir.
Saint MATHIÀS : 55 e jour + 311.
SAMEDI 25 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 45 - coucher : 17 h. 24.
Lever de la lune : 8 h. 54 - coucher : 22 h. 45.
Le jour croît : 2 m. matin ; 1 m. soir.
Saint TARAISE : 56 e jour + 310.
Courses hippiques à Vincennes.
DIMANCHE 26 FÉVRIER
Lever du soleil : 6 h. 43 - coucher : 17 h. 26.
Lever de la lune : 9 h. 17 - coucher : 17 h. 26.
Le jour croît : 2 m. matin ; 2 m. soir.
QUADRAGÉSIME : 57 e jour + 309.
Courses hippiques à Auteuil.
AUJOURD'HUI DIMANCHE 19 FEVRIER
Cyclisme : du 15 au 20 février, les Six Jours de Breslau. — Hockey : France contre
Belgique. — Natation : Piscine Château-Landon, Association Sportive de la
Bourse. — Cross-Country : Championnat de Paris des Équipes inférieures ;
Vélodrome d'Hiver, Critérium d'Hiver de vitesse. — Basket-Bail : Paris-Lyon.—
Sports Féminins : Championnat de Pans de Cross-Country, BoisdeSt-CIoud. —
Rugby : Excellence, Quillan contre Hendaye ; Stade Toulousain contre Soustons ;
Stade Bordelais contre Béziers ; Pau contre Stade Français ; Perpignan contre
F. C. Lyon; Stade Yves-du-Manoir, Racing contre Toulon ; Carcassonne ou
L. O. U. contre Sport Bordelais; Honneur, Angou}ême contre Romans; A. S.
Bayonne contre Saint-Girons ; Saint-Sever contre Vierzon ; Dijon contre Vienne.
— Football : Coupe de France, Paris, Amiens At. Club contre 01. Marseille.—
Courses hippiques à Auteuil, Cannes.
J
SOYONS AU COURANT...
... d'un concours pour l'emploi de rédacteur
stagiaire de Id Caisse d'amortissement
UN concours pour l'admission à l'emploi
de rédacteur stagiaire sera ouvert à la direction
générale des Caisses d'amortissement
et des dépôts et consignations à Paris (56, rue
de Lille), dans la deuxième quinzaine de
juin 1928.
Nombre de places mises au concours : 20
Les dames pourront être admises à concourir.
Les candidats et candidates" doivent être
pourvus du baccalauréat et être âgés de dixhuit
ans au moins et de trente ans au plus
le 1 e J janvier 1928.
L'indemnité annuelle des stagiaires est de
10.000 francs. Les traitements des rédacteurs
vont actuellement de 12.000 à 22.000 francs. Les
sous-chefs de bureau (24.000 à 30.000 francs)
sont recrutés parmi les rédacteurs ; les chefs
de bureau (32.000 à 40.000) sont recrutés
parmi les sous-chefs ; les chefs de division
(44.000 à 50.000 francs) sont recrutés parmi les
chefs de bureau. A ces traitements s'ajoutent
l'indemnité de résidence et l'indemnité pour
charges de famille. Une notice explicative
est remise ou envoyée aux personnes qui en
font la demande au directeur général de la
Caisse des dépôts et consignations (service du
personnel), 56, rue de Lille, à Paris (7e ).
...des mesures protectionnistes adoptées
en faveur du cinéma français
LA commission supérieure de la cinématographie
s'est réunie, récemment, au ministère
de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts, sous la présidence de M. E. Herriot.
Elle a achevé, dans cette séance, l'examen
du projet de décret dont le texte a été récemment
soumis au Conseil d'Etat.
Ce décret, qui a pour but de protéger l'industrie
française de cinématographe, fixe le
contingent des films de production étrangère
à produire sur les scènes françaises.
Par 5i voix contre 1, les articles de ce projet
ont été adoptés.
... de la prochaine publication de l'annuaire
des abonnés au téléphone
L
ANNUAIRE officiel des abonnés au téléphone
de la région de Paris paraîtra en avril prochain.
Les abonnés, qui désirent le retirer au guichet
du bureau chargé de la perception des
redevances téléphoniques, doivent en aviser,
sous enveloppe non affranchie, le receveur
de leur bureau, en rappelant leur numéro
téléphonique et leur adresse.
S'ils n'ont pas écrit en ce sens avant le
15 février, ils seront présumés vouloir la livraison
à domicile, moyennant le paiement d'une
taxe supplémentaire de 2 francs.
... de l'organisation prochaine d'une
grande exposition, au Parc de Versailles
UN comité vient d'être crééàParis pourl'organisation,
cette année même, à la Porte de
Versailles, d'une vaste exposition qui occuperait
l'ensemble de l'immense Parc de la
Foire de Paris, de juillet à novembre prochains.
Englobant successivement les manifestations
qui ont lieu pendant cette période, Foire aux
Automobiles, Semaine du Cuir, etc., cette grandiose
manifestation comprendrait, en outre, une
section permanente ouverte à tous les artisans,
inventeurs et petits fabricants. Une grande
exposition de l'Alimentation et des Articles de
ménage, accompagnée d'un Salon du mobilier
ancien et moderne, meubles d'art, neufs ou
d'occasion, tapisseries, objets d'art, tableaux,
gravures, livres anciens, occuperait, pendant
une longue période, l'ensemble des halls du
Parc des Expositions. >
Des formules nouvelles pour la présentation
des objets exposés sont, dès ^maintenant,
à l'étude, le Comité d'organisation estimant
que la France doit être toujours à l'avant-garde
de tous les progrès.
Ajoutons enfin qu'une section de l'habitation
et un vaste parc d'attractions, comportant
chaque semaine de nouvelles manifestations,
donneront à cette exposition un caractère de
gaîté qui ne manquera pas d'attirer tous les
étrangers qui, en été ou en automne, rendent
visite à la capitale.
Le siège du Comité a été provisoirement
fixé au Parc des Expositions, Porte de Ver«
1 sailles, à Paris.
/