Помасис пир… Уна визувтiс сур. Уна киссис вина, Нывбаба синва — Ковмас казьтывны дыр… Татшöми вöвлi Комилöн важ Олан гаж ! - 40 - <strong>Le</strong> festin est fini… Beaucoup de bière a coulé. Beaucoup de vin s’est versé, Et les larmes des femmes — On s’en souviendra longtemps… Telle était Des anciens Komis La joie de vivre !
Jeanne d’Arc, héroïne de Gounod Julie Deramond Laboratoire FRAMESPA, Université Toulouse-II – <strong>Le</strong> Mirail En mars 1873, Jules Barbier, le poète auteur avec Michel Carré des livrets de Roméo et Juliette et de Faust, contacte Charles Gounod. Jacques Offenbach, directeur 2 depuis juin du théâtre de la Gaîté, vient d’avoir l’idée de monter sa pièce inédite, accompagnée de musique, sur la scène. Charles Gounod, malgré ses nombreuses occupations et sa maîtresse anglaise, qui l’accapare, s’attelle à la tâche. <strong>Le</strong> 8 novembre 1873 aura lieu la première. Grâce à Jules Barbier, Jeanne d’Arc « aura été une des plus belles figures qui aient fait battre [s]on cœur de musicien 3 ». Mais ce n’est pas fini. Alors que l’aventure johannique semble se terminer pour Gounod avec l’arrêt brutal des représentations, une nouvelle série d’événements invite le créateur à se pencher de nouveau sur la Pucelle d’Orléans. En 1887, le compositeur revenu en France crée une œuvre désormais oubliée, une messe à la mémoire de Jeanne d’Arc. Quelles images de Jeanne d’Arc le compositeur projette-t-il dans sa musique ? Que nous apprend-elle sur l’homme et sur la société de son temps, à un moment où les querelles battent leur plein entre les tenants de la tradition et les dévots d’une République laïque ? Il semble que les œuvres johanniques composées par Gounod résistent à la polarisation classique entre les Deux France, traditionnelle et républicaine. Dressons le portrait de ces deux « tableaux » de Jeanne, tels des coups de projecteurs, l’un à la scène, l’autre à l’autel, en regard des autres œuvres de Gounod et des autres Jeanne d’Arc créées à la même période. Jeanne d’Arc ou le sacre du patriotisme Quand Charles Gounod se penche sur le drame de Jules Barbier, Jeanne Darc a déjà une histoire 4 . Déjà, l’héroïne médiévale est célèbre dans toute la France. Elle a été mise au goût du jour par les historiens les plus consciencieux, tel le chartiste Jules Quicherat, qui a publié l’ensemble des procès de condamnation et de réhabilitation dans les années 1840, et surtout par les historiens les plus médiatiques, tels Michelet dans son Histoire de France ou Henri Wallon et sa Jeanne d’Arc de 1860. Plusieurs artistes de renom se sont également intéressés à son histoire dans toute l’Europe, de Schiller à l’extrême début du siècle avec sa Jungfrau von Orleans, à Giuseppe Verdi et sa Giovanna d’Arco en 1845 5 , en passant par la toute récente statue de Chapu, Jeanne d’Arc écoutant des voix, présentée au salon de 1872. Et puis la pièce de Barbier n’est pas non plus née d’hier, car l’auteur après avoir passé plusieurs années à l’écrire, attend vainement que l’on daigne la jouer. Elle a été plusieurs fois refusée, à la Comédie Française et dans les autres grands théâtres de la capitale, et en désespoir de cause, son auteur s’est résigné à la publier, en 1869, pour tenter de la faire connaître. Je publie cette pièce n’ayant pas pu la faire jouer. Il a semblé au Théâtre-Français comme à l’Odéon que l’action dramatique d’une Jeanne d’Arc avec son dénouement prévu, n’était pas assez riche 2 C’est un directeur tout récent, puisqu’il l’est depuis juin 1873. Cf. Jean-Claude Yon, Offenbach, Gallimard, 2000. 3 Gounod à Barbier, lettre du 12 novembre 1873 écrite de Londres : « Jeanne d’Arc aura été, grâce à toi, une des plus belles figures qui aient fait battre mon cœur de musicien, et je suis heureux que ton auréole ait fait bon ménage avec ma guitare. » (<strong>Le</strong>ttres de Charles Gounod conservées sous forme de microfiche, à la BnF, Département « Musique », NLA-24 148-195). 4 Voir Gerd Krumeich, Jeanne d’Arc à travers l’histoire, Albin Michel, 1993. 5 Pour ce qui est des œuvres musicales, voir notamment Julie Deramond, « Jeanne d’Arc, la musique de l’histoire », Bulletin des Amis du Centre Jeanne d’Arc, Orléans, 2004, pp. 143-163. - 41 -