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sur les mots guerre civile au nepal - Népal Sherpa Sig

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- Aux milliards de misérab<strong>les</strong>,<br />

- <strong>au</strong>x centaines de millions d’enfants qui effectuent des trav<strong>au</strong>x d’adultes,<br />

- <strong>au</strong>x centaines de millions de femmes qui accouchent <strong>sur</strong> de la terre<br />

battue, <strong>sur</strong> des grabats, dans des étab<strong>les</strong>, dans des maisons sans e<strong>au</strong> et<br />

sans électricité,<br />

- <strong>au</strong>x milliards d’êtres humains qui souffrent, qui n’ont même pas un<br />

antalgique pour atténuer leurs douleurs quand ils ont mal, et qui ne se<br />

plaignent jamais,<br />

- <strong>au</strong>x milliards d’êtres humains qui ont une espérance de vie inférieure à<br />

60 ans, 20 ans de moins que la nôtre,<br />

- <strong>au</strong>x millions de coolies népalais qui portent des charges que l’on réserve<br />

en général <strong>au</strong>x anim<strong>au</strong>x de bât,<br />

- <strong>au</strong>x milliards d’illettrés,<br />

- à tous <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> qui sont considérés par <strong>les</strong> nantis de la Terre dont<br />

nous sommes, comme chose lointaine, étrangère, inéluctable,<br />

- à tous ceux qui, <strong>sur</strong> terre, dans ce début du XXI ème siècle, en sont<br />

réduits à prendre <strong>les</strong> armes pour se faire entendre.<br />

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Chaque jour, <strong>sur</strong> la planète, environ 100.000<br />

personnes meurent de faim ou des suites<br />

immédiates de la faim.<br />

Rapport des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (F.A.O).<br />

3<br />

3


Toutes <strong>les</strong> sept secondes, <strong>sur</strong> la terre, un enfant <strong>au</strong>dessous<br />

de 10 ans meurt de faim.<br />

Plus de deux milliards d’êtres humains vivent dans<br />

ce que le Programme des Nations Unies pour le<br />

développement (P.N.U.D.) appelle la misère<br />

absolue.<br />

Jean Ziegler. Les nouve<strong>au</strong>x maîtres du monde. Ed : Fayard.<br />

4<br />

4


Avec un revenu de 240 dollars par an, le <strong>Népal</strong> est<br />

le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie et l’un des douze<br />

plus p<strong>au</strong>vres du monde. En termes d’indice de<br />

développement humain, il était en 2002 le 140 ème<br />

pays <strong>sur</strong> 177.<br />

Michelle Kergoat. Histoire politique du <strong>Népal</strong>. Ed. Karthala. France.<br />

5<br />

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Pour lutter contre la misère, point n’est besoin de prescriptions<br />

religieuses : compassion chrétienne, bouddhique... ou de théories :<br />

marxisme, léninisme, maoïsme..., il suffit d’apprendre <strong>au</strong>x jeunes<br />

générations le ridicule de la course à la possession, il suffit que des lois<br />

fixant <strong>les</strong> limites des gains et des avoirs soient votées et appliquées.<br />

6<br />

6


SUR LES MOTS<br />

GUERRE CIVILE AU NEPAL<br />

Le titre de ce livre contient <strong>les</strong> <strong>mots</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Le conflit qui, <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>, de 1996 à 2006, a opposé ceux qui se nomment maoïstes <strong>au</strong>x<br />

forces de l’ordre d’un gouvernement de monarchie absolue ou quasi-<br />

absolue était-il une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> ? Etait-il un simple mouvement<br />

d’in<strong>sur</strong>rection ? Une jacquerie ? Une guérilla ? Je ne suis pas qualifié<br />

pour en décider. J’ai choisi <strong>les</strong> <strong>mots</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> :<br />

- parce que ce conflit a vu se dérouler de véritab<strong>les</strong> batail<strong>les</strong> –pour moi,<br />

des guérilleros n’effectuent que des coups de main, et <strong>les</strong> Jacques ne<br />

sont jamais vainqueurs, alors que <strong>les</strong> maoïstes l’ont souvent été-<br />

- parce que <strong>les</strong> in<strong>sur</strong>gés avaient créé une véritable armée.<br />

- parce que cette armée était commandée par de véritab<strong>les</strong> officiers et<br />

sous-officiers.<br />

Certes, ces officiers ne portaient pas des uniformes chamarrés, mais ils<br />

préparaient des plans de bataille et ils étaient, <strong>au</strong> cours des combats, à<br />

la tête de leurs soldats. De plus, hors des combats, ces chefs travaillaient<br />

comme <strong>les</strong> hommes qu’ils dirigeaient, plus encore que <strong>les</strong> hommes.<br />

- Enfin, parce qu’<strong>au</strong> cours de cette <strong>guerre</strong>, des régions ont été gagnées à<br />

l’ennemi. El<strong>les</strong> ont été successivement occupées par <strong>les</strong> in<strong>sur</strong>gés qui <strong>les</strong><br />

ont administré politiquement et économiquement. Lorsque <strong>les</strong> combats<br />

ont cessé, la presque totalité du pays était entre leurs mains !<br />

Enfin, j’ai choisi <strong>les</strong> <strong>mots</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> parce que <strong>les</strong> combats engagés<br />

ont été suivis d’une révolution qui a permis l’élimination d’une<br />

monarchie, d’un régime féodal, la mise en place d’une République.<br />

7<br />

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SUR LE MOT MAOISTE<br />

Ces in<strong>sur</strong>gés se nomment maoïstes et ce mot agace ou choque ou révolte jusqu’à ceux<br />

qui, en Occident, en France même, affirment avoir des idées de g<strong>au</strong>che. Ceux qui ont des<br />

idées de droite sont honnêtes avec eux-mêmes en <strong>les</strong> critiquant. Ces gens de g<strong>au</strong>che ont<br />

oublié que <strong>les</strong> <strong>mots</strong> ne sont que des récipients qui changent de contenu et parfois de<br />

forme <strong>au</strong> fil des ans ou suivant <strong>les</strong> pays dans <strong>les</strong>quels ils sont prononcés. Les coolies<br />

maoïstes népalais ne sont que des révolutionnaires en lutte contre la misère, la<br />

monarchie, la féodalité de leur pays. Ils sont comparab<strong>les</strong> à nos Sans-culottes luttant<br />

contre l’ancien régime du roi Louis XVI. Ces Sans-culottes népalais ne sont pas des<br />

terroristes comme <strong>les</strong> a baptisé monsieur Bush, l’ancien Président des Etats-Unis,<br />

appellation tristement reprise par l’Ambassadeur <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> de son successeur monsieur<br />

Obama, son Excellence Scott H. DeLisi, <strong>au</strong> début de 2010 ! Nos maquisards, dans <strong>les</strong><br />

années 1940-1945, étaient <strong>au</strong>ssi nommés terroristes par <strong>les</strong> Allemands qui avaient envahi<br />

notre pays et ils se sont révélés être des héros !<br />

Ces coolies maoïstes sont donc comparab<strong>les</strong> à nos Sans-culottes de 1789, mais qu’est<br />

pour eux la noble appellation Sans-culottes ? S’ils ne connaissaient pas cette appellation,<br />

ils connaissaient par contre le mot maoïste. Il était celui que portaient <strong>les</strong> coolies chinois,<br />

leurs homologues en lutte contre le féodalisme de leur pays défendu par l’armée du<br />

Kuomintang commandée par le général Tchang Kaï-Che. La Longue marche ! Qui a<br />

oublié ? Vigilante domination yankee : l’armée de Tchang Kaï-Che était déjà financée et<br />

équipée par <strong>les</strong> U.S.A. comme l’a été celle du roi Gyanendra du <strong>Népal</strong> contre laquelle<br />

ont lutté, eux, <strong>les</strong> coolies maoïstes népalais.<br />

Après de nombreuses années d’incertitude, je suis <strong>au</strong>jourd’hui arrivé à comprendre la<br />

politique népalaise, le jeu que joue notre déplorable Occident, celui de la haïssable Inde,<br />

l’attitude de la bien peu fraternelle Chine. J’ai également compris la grossière partialité<br />

des journ<strong>au</strong>x anglophones népalais tous liés à la société libérale, <strong>au</strong> business. Sans<br />

préjuger de ce qu’ils seront demain, j’affirme <strong>au</strong>jourd’hui que <strong>les</strong> maoïstes népalais sont<br />

des gens estimab<strong>les</strong>, souvent admirab<strong>les</strong>, des gens qu’il f<strong>au</strong>t aider ou du moins<br />

comprendre.<br />

8<br />

8


GENERALITES SUR LE NEPAL.<br />

Le <strong>Népal</strong> était un pays à structure féodale. Il était dirigé par des monarques dont le but<br />

premier était d’exercer un pouvoir absolu. Ces monarques s’appuyaient <strong>sur</strong> des membres<br />

des deux castes supérieure occupant de h<strong>au</strong>tes fonctions, bénéficiant de vastes privilèges<br />

qu’a créé le védisme-brahmanisme-hindouisme : celle des Bahuns-Brahmanes et celle<br />

des Chétris-Ksatrïas-Rajpouts. Les membres de la première caste sont <strong>les</strong> prêtres de<br />

l’hindouisme, religion d’état. Aujourd’hui, après la deuxième révolution (2006) la<br />

monarchie a disparu mais <strong>les</strong> gens de caste sont toujours là, ils sont même (juin-août<br />

2010) <strong>au</strong> pouvoir et l’hindouisme est encore dans <strong>les</strong> faits religion d’état.<br />

Le <strong>Népal</strong> a pratiquement été fermé à tout étranger jusqu’en 1950. Mais, à cette date,<br />

l’ouverture du pays n’a été que partielle. De plus, à partir de cette date, <strong>les</strong> dirigeants du<br />

<strong>Népal</strong> se sont assujettis à l’Inde, politiquement, économiquement, militairement. Les<br />

<strong>Népal</strong>ais qui dirigent le pays <strong>au</strong>jourd’hui (début 2010) continuent de pratiquer une<br />

xénophobie tatillonne liée à une politique de totale dépendance à l’Inde. Malgré <strong>les</strong> bons<br />

discours, <strong>les</strong> Droits de l’Homme sont absents du <strong>Népal</strong> et ils ne sont pas bafoués<br />

uniquement, comme veulent le faire croire <strong>les</strong> médias anglophones, par ceux qui ont<br />

déclenché la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui a permis l’élimination du roi et l’inst<strong>au</strong>ration d’une<br />

République. Ils sont bafoués, en début de l’année 2010, par <strong>les</strong> membres du<br />

gouvernement de monsieur Madhav Kumar <strong>Népal</strong> du parti Union Marxist Leninist qui<br />

couvrent des officiers génér<strong>au</strong>x de l’état-major de l’armée accusés par l’O.N.U. de<br />

crimes contre l’Humanité.<br />

Les étrangers visitant le <strong>Népal</strong> oublient souvent que <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Droits de l’homme cachent<br />

<strong>les</strong> <strong>mots</strong> pays de droits qui signifient :<br />

- rédaction de textes législatifs par un parlement,<br />

- contrôle de l’application de ces textes par des agents rigoureux,<br />

- arrêt des contrevenants par une police intègre.<br />

- punition des coupab<strong>les</strong> par une justice indépendante du gouvernement et des politiques.<br />

Le <strong>Népal</strong> n’est pas encore <strong>au</strong>jourd’hui, après sa deuxième révolution qui l’a conduit à<br />

devenir une république, un pays de droit.<br />

9<br />

9


Un étranger résidant <strong>au</strong>jourd’hui dans ce pays, a-t-il le droit de dire, d’écrire ce qu’il<br />

pense ? Cela n’a pas été toujours le cas dans le passé ! Telle journaliste résidente l’a<br />

vérifié qui avait écrit des choses qu’il ne fallait pas écrire. La publication de ce texte<br />

sera peut-être un test. Quel<strong>les</strong> qu’en soient <strong>les</strong> conséquences, je plaiderai coupable.<br />

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AVERTISSEMENTS<br />

- Ce texte va m’attirer de nouvel<strong>les</strong> inimitiés-critiques françaises, cel<strong>les</strong>, logiques,<br />

des chantres d’un <strong>Népal</strong> gnian gnian et cel<strong>les</strong> des gens de droite. Mais <strong>au</strong>ssi, qui le<br />

sont moins, cel<strong>les</strong> de la presque totalité des gens qui prétendent avoir des opinions<br />

de g<strong>au</strong>che. Encore une fois, dois-je, pour <strong>les</strong> éviter, ne pas exprimer mes<br />

sentiments ?<br />

- Le lecteur qui n’est intéressé que par la politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, si des notes <strong>sur</strong><br />

l’<strong>au</strong>teur, si des digressions <strong>sur</strong> la politique en France ne l’intéressent pas, il peut ne<br />

pas lire la conclusion et il doit allez directement <strong>au</strong>x chapitres traitant de cette<br />

politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

- Avant de lire ce document, le lecteur doit cependant consulter le cahier paru dans<br />

le site : http:/<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/ qui a pour titre :<br />

Misères comparées entre la France et le <strong>Népal</strong>.<br />

Quand, dans ce cahier, je parle misère, souffrances, nombre de morts c<strong>au</strong>sés par cette<br />

misère, le lecteur ne doit pas se contenter de penser : C’est triste ! C’est terrible ! Il doit<br />

penser <strong>au</strong>x enfants qui ont faim, qui meurent de faim, qui effectuent de durs trav<strong>au</strong>x<br />

d’adultes et il doit se dire : « Ces enfants pourraient être <strong>les</strong> miens. ». Il doit se dire :<br />

« Ce garçon, cette fille pourrait être mon fils, ma fille, mon petit-fils, ma petite-fille. Ce<br />

sont eux que je vois travailler ainsi, ce sont eux que je vois souffrir ainsi, ce sont eux que<br />

je vois mourir ainsi. Et c’est pourquoi je dois <strong>au</strong> moins tâcher de comprendre. Mieux, je<br />

ne dois pas me contenter de rester en dehors du débat, je ne dois pas rester indécis,<br />

immobile, je dois agir. »<br />

Agir !<br />

Touriste, simple lecteur, ce livre tente d’expliquer à des personnes qui n’ont pas d’idées<br />

préconçues et qui veulent savoir, pourquoi une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> a eu lieu <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Si le texte <strong>sur</strong> <strong>les</strong> misères comparées entre la France et le <strong>Népal</strong> n’a éveillé en vous que<br />

de l’indifférence, ne lisez pas ce livre.<br />

11<br />

11


- Ce texte n’a rien d’un travail d’historien, je n’ai pas <strong>les</strong> capacités pour en écrire un.<br />

Malgré mon désir d’objectivité, la partialité y a peut-être sa part. Je le juge pourtant<br />

travail d’honnête homme qui tente d’expliquer pourquoi, <strong>au</strong> XXIème siècle, des hommes<br />

s’intitulant communistes-maoïstes ont pris <strong>les</strong> armes, se sont battus, ont tué, se sont fait<br />

tuer.<br />

- Ce texte est donc écrit pour l’Honnête touriste, celui qui s’intéresse à ses semblab<strong>les</strong><br />

davantage avec son cœur qu’avec son intelligence. Il n’est pas écrit pour le trekkeur qui<br />

se satisfait d’un <strong>Népal</strong> gnian gnian. Il n’est pas écrit pour le trekkeur mouton de Panurge<br />

qui marche dans <strong>les</strong> traces des <strong>au</strong>tres, qui gobe et répète ce qu’il a entendu. Il n’est pas<br />

écrit pour celui qui ne vient <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> que pour prélever. Prélever des vues de paysages<br />

insolites, de ce s<strong>au</strong>vage qui a presque disparu de son pays, des souvenirs, des amitiés<br />

commercia<strong>les</strong>, des miettes de folklore asiatique, des paillettes de religion baptisées par<br />

lui philosophie parce que dans son pays le temps n’est plus <strong>au</strong> religieux. Il n’est pas écrit<br />

pour le trekkeur qui ne vient que pour s’extasier béatement <strong>sur</strong> tout. Celui-là a des clubs,<br />

des associations, une littérature, des médias qui lui disent ce qu’il f<strong>au</strong>t penser et faire, lui<br />

dictent <strong>les</strong> phrases à prononcer à chacun de ses pas.<br />

Il est <strong>sur</strong>tout écrit pour le jeune occidental qui, ne sachant plus où accrocher sa curiosité,<br />

vers où orienter ses contestations, vers où diriger ses actions et ses luttes, cherche des<br />

horizons jamais observés. Il est ainsi écrit pour le jeune occidental qui est conscient de la<br />

médiocrité des passions que lui offre son pays et qui cherche à donner un sens à sa vie.<br />

Enfin, il est écrit pour <strong>les</strong> trekkeurs français, leurs guides de montagne ou leurs<br />

accompagnateurs qui sont simplement sensib<strong>les</strong> à la misère des <strong>Népal</strong>ais, et, ce faisant, à<br />

la misère des habitants du Tiers monde.<br />

La misère ! Monique Cerisier Ben Guiga en parle avec sensibilité dans le bulletin :<br />

Français du Monde, de l’Association démocratique des Français à l’étranger :<br />

Vies écourtées, racornies, rêves avortés, « Mozarts assassinés » : la grande p<strong>au</strong>vreté, c’est <strong>au</strong>ssi la<br />

carence d’alimentation, d’e<strong>au</strong> potable, c’est le toit de tôle brûlant en été, glacial en hiver ; ce sont <strong>les</strong><br />

fripes occidenta<strong>les</strong> substituées <strong>au</strong>x vêtements <strong>au</strong>thentiques. C’est le corps torturé par la maladie,<br />

l’accident, la grossesse prématurée de l’ado<strong>les</strong>cente. C’est l’enfant déshydraté qui s’éteint dans <strong>les</strong><br />

12<br />

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as de sa mère. Et c’est le cataclysme « naturel », d’<strong>au</strong>tant plus meurtrier qu’il s’abat <strong>sur</strong> un<br />

peuple épuisé par le racket, la corruption de ses élites, le pillage de ses richesses.<br />

Or la p<strong>au</strong>vreté n’est pas un hasard. C’est le résultat de l’organisation de la plupart des sociétés<br />

humaines : la loi du plus brutal, du plus armé, du plus cupide sous <strong>les</strong> traits du latifundiaire, du<br />

trader soumis à la loi du profit maximal et de ses donneurs d’ordre inconnus et « respectab<strong>les</strong> »...<br />

Le <strong>Népal</strong>, le véritable <strong>Népal</strong> est dans ces lignes. Et c’est pourquoi la lutte contre la<br />

misère népalaise doit être la première des luttes à engager puis à soutenir par l’honnête<br />

trekkeur, par le jeune trekkeur irrespectueux des discours à la mode, car elle concerne 20<br />

à 25 millions d’individus. Cette misère conduit à des vies de souffrance, à des<br />

successions de drames, à des morts prématurées, à des morts immédiates. Premier but de<br />

l’honnête trekkeur : hiérarchiser, orienter ses actes et ses combats. Placer <strong>au</strong> deuxième<br />

plan la lutte contre la féroce colonisation chinoise qu’a subi, il y a 50 ans, un peuple<br />

quatre fois moins nombreux que le peuple népalais. Ce peuple d’ailleurs asservi,<br />

entretenait un clergé pléthorique, était dirigé par un haïssable état théocratique et féodal.<br />

Elle n’est pas à placer <strong>sur</strong> le même plan que <strong>les</strong> combats engagés pour la défense du<br />

monde animal ou pour résoudre des problèmes d’élévation de température qui vont,<br />

peut-être, <strong>sur</strong>venir. Combats, qui, curieusement ne sont envisagés que par une fraction<br />

des quelques 500 millions d’Occident<strong>au</strong>x nantis, mais qui laissent indifférents <strong>les</strong> trois<br />

milliards d’individus misérab<strong>les</strong> qui eux, quotidiennement, cheminent douloureusement,<br />

confrontés qu’ils sont à une misère qui tue.<br />

Par ailleurs, ce texte n’a pas la prétention de convaincre la majorité des trekkeurs. La<br />

presque totalité des Français qui vient <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> évolue dans un microcosme<br />

composé d’une infime partie de la société népalaise, celle de <strong>Népal</strong>ais nantis. Le<br />

personnel d’encadrement des trekkings et des expéditions n’a rien de commun avec<br />

le <strong>Népal</strong>ais resté misérable. Les Français évoluent, je l’ai écrit maintes fois, dans<br />

des régions touristiques qui ne sont plus représentatives du véritable <strong>Népal</strong>. Je ne<br />

me lasse pas de le répéter : Le <strong>Népal</strong> est encore le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie.<br />

Bien peu de trekkeurs le savent, perçoivent cette réalité avec leur sensibilité, la vérifient<br />

<strong>sur</strong> place, s’en émeuvent, l’utilisent pour fonder leur opinion et plus rarement encore<br />

pour agir.<br />

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13


Le présent texte tente :<br />

- d’esquisser le passé politique du <strong>Népal</strong>, de peindre la société féodale de caste et de<br />

monarchie absolue ou quasi absolue qui a conduit des hommes à se révolter.<br />

- de parler de ces révoltes et de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>.<br />

- d’expliquer quelle a été, et quelle est encore, l’attitude de certains pays étrangers.<br />

- de décrire la politique suivie par <strong>les</strong> gouvernants de la neuve République népalaise.<br />

Par ailleurs :<br />

- je continue d’utiliser, dans ce livre, pour désigner <strong>les</strong> pays p<strong>au</strong>vres de la planète, <strong>les</strong><br />

<strong>mots</strong> Tiers monde et non : Pays en voie de développement ou Pays émergents. J’ai<br />

expliqué pourquoi dans des textes contenus dans le site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

- j’ai simplifié l’orthographe des <strong>mots</strong> népali, j’ai mis un s <strong>au</strong>x noms propres<br />

- la plupart des citations en anglais introduites dans ce texte ne sont pas traduites, mes<br />

connaissances dans cette langue sont insuffisantes pour que je tente une parfaite<br />

traduction.<br />

14<br />

14


PREMIERE<br />

15<br />

PARTIE<br />

15


TITRE I.<br />

MOI-JE<br />

ET LA POLITIQUE<br />

Titre haïssable <strong>au</strong> regard du destructeur d’ego, je le maintiens pourtant avec fierté. Au<br />

diable ceux qui ne pensent qu’à leur futur, tentant de masquer leur égoïsme et leur<br />

égotisme derrière le mot compassion, mot d’églises inspirateur de bavardages.<br />

Mon ego contient un tempérament de contestataire, je me considère comme un rebelle,<br />

un hérétique, un iconoclaste <strong>au</strong>ssi. Mais je suis <strong>au</strong>ssi un solitaire. Or le contestataire qui<br />

veut être entendu, qui désire un public, qui veut, s’il est contredit ou attaqué, être<br />

défendu, doit être membre d’un parti, d’une association, d’un groupe, même comprenant<br />

peu de membres. Les membres d’une commun<strong>au</strong>té partagent des idées, des croyances,<br />

des intérêts communs, ils sont prêts à l’attaque comme à la défense pour protéger un des<br />

leurs. Gare <strong>au</strong> contestataire solitaire, il <strong>au</strong>ra à subir <strong>les</strong> critiques, <strong>les</strong> contradictions, mais<br />

<strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> médisances des membres qui pensent différemment de lui! Quelques voix<br />

éparses pourront s’élever pour le défendre mais que seront-el<strong>les</strong> dans le grondement, <strong>les</strong><br />

aboiements, <strong>les</strong> rugissements, <strong>les</strong> bêlements contradictoires des meutes et des<br />

troupe<strong>au</strong>x ?<br />

Qui dit amis, dit défenseurs, mais qui peut se flatter d’avoir be<strong>au</strong>coup d’amis ? Des amis<br />

qui apportent leur aide ? Qui n’oublient pas, sitôt revenus en France, <strong>les</strong> difficultés<br />

qu’éprouve celui qu’ils ont laissé <strong>au</strong> loin ? Qui dit ennemis, dit gens qui dénigrent, j’ai<br />

be<strong>au</strong>coup d’ennemis. Grandeur et misère de la solitude et de l’éloignement. Mais, par<br />

ailleurs, lorsque, comme moi, on réside à quelques 8000 km. de distance de sa patrie, <strong>les</strong><br />

échos des médisances deviennent quasiment in<strong>au</strong>dib<strong>les</strong>.<br />

16<br />

16


Je suis un contestataire qui tente d’aller <strong>au</strong> fond de ses pensées, qui s’efforce de toujours<br />

<strong>les</strong> exprimer. Je ne suis pas <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> pour jouer <strong>les</strong> avertis, pour uniquement m’extasier<br />

et prendre. J’y réside pour comprendre, aider, donner, défendre. Défendre par exemple<br />

<strong>les</strong> guides de montagne népalais quand on se moque d’eux, défendre le véritable <strong>Népal</strong><br />

et non l’image tronquée et fadasse qu’en donnent certains aficionados et des médias<br />

ronronnant. Et je suis <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, évidemment, pour, dans l’étendue de mes<br />

possibilités, défendre <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres. Les nantis de ce pays n’ont pas besoin de moi, ils ont,<br />

qui <strong>les</strong> encensent, la masse des professionnels du tourisme. J’écris, signe d’optimisme<br />

vivace et de naïveté, car j’espère qu’après avoir lu mes textes, quelques moutons de<br />

Panurge, se détournant du troupe<strong>au</strong>, ne se jetteront pas dans l’e<strong>au</strong> stagnante et polluée<br />

des marigots népalais.<br />

Tout <strong>au</strong> long de ma vie j’ai vécu éloigné de la politique, le <strong>Népal</strong>, récemment, m’a appris<br />

à m’y intéresser. J’ai compris que ce pays traversait des événements d’une énorme<br />

importance, des événements identiques à ceux que nous, Français, avions vécus <strong>au</strong> cours<br />

de nos révolutions. Cela m’a conduit à établir des comparaisons. Retrouvant dans mes<br />

souvenirs de lectures, <strong>les</strong> manières d’agir et de réagir, <strong>les</strong> enthousiasmes, <strong>les</strong> révoltes, le<br />

courage, <strong>les</strong> passions, <strong>les</strong> excès, du peuple français <strong>au</strong> temps de ses révolutions, <strong>les</strong><br />

comparants avec cel<strong>les</strong> et ceux du peuple népalais d’<strong>au</strong>jourd’hui, j’ai conclu que des<br />

similitudes existaient entre ces deux peup<strong>les</strong>.<br />

J’en ai d’ailleurs déduit que la dominante civilisation occidentale était arrivée <strong>au</strong> point<br />

h<strong>au</strong>t de sa parabole et qu’elle amorçait son déclin.<br />

Ce texte s’adresse à des trekkeurs qui décident de s’intéresser à la politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. A<br />

ceux qui découvrent ce pays sans avoir d’idées préconçues et qui possèdent lucidité,<br />

honnêteté, un brin d’esprit critique et qui veulent savoir. A ceux qui se méfient du bla<br />

bla bla colporté par pleins Airbus. A ceux qui rejettent <strong>les</strong> discours entendus dans <strong>les</strong><br />

salons, <strong>les</strong> réunions de club, <strong>les</strong> parlottes de sentiers dans <strong>les</strong> bois qui environnent <strong>les</strong><br />

grandes vil<strong>les</strong>, ou <strong>sur</strong> <strong>les</strong> montagnes, dans <strong>les</strong> rues de Thamel, <strong>les</strong> parvis circulaires des<br />

17<br />

17


stupas, <strong>les</strong> <strong>au</strong>berges <strong>au</strong> cours des trekkings. A tous ceux qui se méfient des idées des<br />

troupe<strong>au</strong>x.<br />

J’ai accompli près de quinze expéditions dans cinq pays différents. J’ai grimpé avec des<br />

gens de toutes conditions, des personnes qui avaient des idées politiques opposées. Cela<br />

m’a appris que <strong>les</strong> qualités humaines étaient indépendantes des professions de foi. J’ai<br />

vérifié que certaines personnes qui affichaient des idées de g<strong>au</strong>che se comportaient avec<br />

<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> <strong>au</strong>tochtones comme de vulgaires businessmen, et que d’<strong>au</strong>tres, qui<br />

affirmaient leurs opinions de droite, se comportaient en gens de cœur, étaient émus par<br />

la misère, agissaient contre elle.<br />

Je suis venu pour la première fois <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> en 1979. J’ai effectué <strong>sur</strong> ses montagnes six<br />

ou sept expéditions et un grand nombre de trekkings. J’habite dans ce pays depuis plus<br />

de quinze ans. J’ai vécu dans le village de ma femme, Pangbotché, <strong>au</strong> pied de<br />

Sagarmatha-Everest qui n’était pas le village de lodges qu’il est <strong>au</strong>jourd’hui. J’ai vécu<br />

dans un quartier de Katmandu. Je réside actuellement dans une banlieue nord de cette<br />

ville. Pourtant, après tout ce temps et ces mouvements, je n’arrivais pas à comprendre <strong>les</strong><br />

rouages de la politique népalaise. Je pressentais certaines choses mais je n’arrivais pas à<br />

<strong>les</strong> formuler. Mon mariage avec une <strong>Sherpa</strong>ni issue d’une famille très p<strong>au</strong>vre m’avait<br />

appris l’intense et profonde misère du pays. Ma femme n’avait-elle pas accouché de<br />

notre fils <strong>sur</strong> un grabat, dans une ma<strong>sur</strong>e sans e<strong>au</strong>, sans électricité ! J’avais deviné la<br />

condition de son peuple gouverné par des privilégiés dominants. Je vérifiais sa<br />

dépendance à l’inquiétude que ma femme illettrée manifestait chaque fois qu’elle devait<br />

affronter un fonctionnaire d’une quelconque administration. Je suivais avec étonnement<br />

l’évolution d’une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui opposait <strong>les</strong> forces de l’ordre du roi à des in<strong>sur</strong>gés se<br />

nommant maoïstes. Je me disais : comment peut-on s’intituler maoïstes de nos jours ?<br />

J’agissais, je réagissais en spectateur, rien ne me prédisposait à m’intéresser à la<br />

politique de ce pays. Un début d’ado<strong>les</strong>cence dans une famille communiste m’avait<br />

donné un vernis de culture révolutionnaire mais ne m’avait pas fait espérer que <strong>les</strong><br />

lendemains qui chantent étaient proches. Ma passion pour l’alpinisme, des obligations<br />

18<br />

18


familia<strong>les</strong>, une ambition professionnelle, m’avaient entraîné bien loin des pensées et des<br />

actions politiques. Plus tard, quelques expéditions <strong>sur</strong> <strong>les</strong> montagnes du Pamir, alors en<br />

U.R.S.S., m’avaient montré que tout était loin d’être socialiste en terres de socialisme.<br />

En politique je n’étais donc rien. Des amis me qualifiaient d’anarchiste, qualificatif<br />

qu’on attribue à tout individu qui refuse de se placer sous une bannière. Je l’ai écrit,<br />

j’avais des amitiés <strong>au</strong>ssi bien à droite qu’à g<strong>au</strong>che : je n’ai jamais associé croyances<br />

politiques et qualités humaines. Amitiés à droite : ma profession l’imposait, certains en<br />

déduisaient que j’avais des opinions de droite. Amitiés à g<strong>au</strong>che : je grimpais avec de<br />

jeunes contestataires, j’enseignais (vacations) dans une université. Cela suffisait pour<br />

qu’on me voie levant le poing. Mais pour <strong>les</strong> communistes encartés, j’étais, je restais, un<br />

renégat, un traître !<br />

Vivant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> dans une société en ébullition, je me suis trouvé soudain dans un milieu<br />

où des individus, se proclamant révolutionnaires, utilisaient le plus sérieusement du<br />

monde <strong>les</strong> <strong>mots</strong> peuple, servage, capitalisme, communisme, absolutisme, privilèges,<br />

féodalité, révolution, <strong>guerre</strong> du peuple... Effaré, j’ai observé <strong>sur</strong> des journ<strong>au</strong>x et <strong>sur</strong> des<br />

affiches <strong>les</strong> photos juxtaposées de Marx, Lénine, Mao Zedong et Staline ! Je ne<br />

comprenais pas. J’avais appris l’intense misère du peuple népalais, je vérifiais tous <strong>les</strong><br />

jours le despotisme du pouvoir et la domination des gens des h<strong>au</strong>tes castes <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

Trib<strong>au</strong>x-Indigenous-Gens des basses castes mais je n’éprouvais pour ceux qui avaient<br />

pris <strong>les</strong> armes qu’une affectueuse curiosité mêlée de réprobation. Je me disais : Pourquoi<br />

utilisent-ils un tel vocabulaire ? Pourquoi choisissent-ils comme emblèmes <strong>les</strong> photos de<br />

personnes qui ont écrit des choses dépassées ou ont été de grands tueurs dans l’histoire<br />

des peup<strong>les</strong> ? Pourquoi tuent-ils ? Pourquoi détruisent-ils ?<br />

Il a fallu que je lise le livre de Michelle Kergoat : Histoire politique du <strong>Népal</strong> (voir<br />

encadré) pour que je réalise soudain, pour que tout s’éclaire et s’ordonne dans ma tête.<br />

Le <strong>Népal</strong>, et la France qui avait façonné mes pensées, ne vivaient pas <strong>au</strong> même<br />

temps de l’histoire. Le <strong>Népal</strong> était, par bien des aspects, comparable à la France de<br />

1789, à la Russie de 1917, à la Chine de 1950, <strong>au</strong> Cuba de Castro luttant contre le<br />

dictateur Batista. La société française d’<strong>au</strong>jourd’hui est comme toutes <strong>les</strong> sociétés<br />

de nantis de la Terre, une société apaisée, une société où <strong>les</strong> révoltes sont mineures,<br />

19<br />

19


<strong>les</strong> troub<strong>les</strong> ponctuels. Le Français a oublié <strong>les</strong> <strong>mots</strong> qu’utilisaient ses ancêtres, ceux<br />

qui ont accompli trois révolutions successives. Tout cela m’a amené à réaliser que le<br />

<strong>Népal</strong>ais révolutionnaire d’<strong>au</strong>jourd’hui était comparable à nos Sans-culottes de<br />

1789, à ceux qui s’étaient battus pendant <strong>les</strong> Trois glorieuses, à ceux qui avaient fait<br />

le coup de feu <strong>sur</strong> <strong>les</strong> barricades de 1848, à nos Communards de 1871. Partant de<br />

là, je suis arrivé à la conclusion que ce peuple népalais en révolte était estimable,<br />

qu’il fallait le comprendre, qu’il fallait s’afficher à son côté, qu’il était nécessaire<br />

de l’aider.<br />

Et c’est pourquoi je parle dans ce texte de l’Espoir que le combat des Sans-culottes<br />

népalais -eux-mêmes se nomment Jungle Manché : Gens des forêts, ils se sont cachés<br />

dans <strong>les</strong> bois pendant dix ans- a engendré dans un peuple misérable, analphabète à 50%.<br />

Un peuple dominé par des gens des h<strong>au</strong>tes castes, asservi à des profondes croyances<br />

religieuses, un peuple soumis à des clergés dominants. Un peuple dont on ne répétera<br />

jamais assez qu’il est le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie et que son espérance de vie avoisine<br />

55 ans !<br />

HISTOIRE POLITIQUE DU NEPAL<br />

Michelle Kergoat. 314 pages. Karthala éditeur, 22 boulevard Arago, 75.013. Paris.<br />

Michelle Kergoat est ingénieur <strong>au</strong> laboratoire C.N.R.S C.R.E.M. à l’Université de Rennes. Elle est<br />

titulaire d’une thèse en sciences économiques et d’une thèse en sciences politiques. Aficionado du<br />

<strong>Népal</strong>, elle porte <strong>sur</strong> ce pays, ses habitants, son histoire, un regard lucide de spécialiste intransigeant<br />

dans lequel <strong>les</strong> sentiments occupent leur place. Ajoutons, qui ajoutent à ses mérites, que publier un<br />

tel texte peut être source de désagréments.<br />

Un trekkeur désirant acquérir une idée de la société népalaise qui aille <strong>au</strong>-delà de la vision<br />

schématique ou sans fondement se doit de lire ce livre. Il comprendra pourquoi un peuple réputé<br />

non violent –il est <strong>sur</strong>tout patient et brimé- en est arrivé à se révolter en utilisant des armes.<br />

Ce livre a été pour moi un révélateur. Grâce à lui, j’ai expliqué l’attitude respectueuse et soumise<br />

de ma femme, p<strong>au</strong>vre et simple <strong>Sherpa</strong>ni, et par elle celle de tous <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous-gens de<br />

basses castes, face <strong>au</strong>x gens des deux h<strong>au</strong>tes castes hindouistes. Il m’a fait comprendre la politique<br />

20<br />

20


népalaise, le fonctionnement d’un régime de monarchie absolue ou quasi-absolue dont <strong>les</strong> privilégiés<br />

ne sont pas des nob<strong>les</strong>, mais ces gens des h<strong>au</strong>tes castes. J’ai appris à classer <strong>les</strong> partis politiques de<br />

ce pays en fonction de leur but. J’ai compris l’attitude de ce peuple misérable qui n’a eu pour moyen<br />

de se faire écouter que celui de prendre <strong>les</strong> armes et de livrer <strong>au</strong>x forces dominantes une <strong>guerre</strong> qui<br />

a duré dix ans !<br />

Ce livre doit être lu par <strong>les</strong> aficionados honnêtes hommes du <strong>Népal</strong>, ceux qui ne se contentent pas de<br />

verbiages, d’opinions toutes faites, de minuscu<strong>les</strong> faits divers et de sommaires explications<br />

colportées par ceux qu’ils fréquentent <strong>au</strong> cours de leurs treks.<br />

21<br />

21


DIGRESSIONS<br />

LA MISERE SUR LA TERRE<br />

La lutte contre la misère devrait être la première des luttes engagées contre<br />

l’injustice sociale. La misère est un état de mal vivre qui conduit à des états de non<br />

vivre : morts à la naissance, vies abrégées pour c<strong>au</strong>ses diverses, morts prématurées par<br />

espérances de vie plus courtes de 20 à 30 ans à cel<strong>les</strong> des Occident<strong>au</strong>x, le tout lié à des<br />

souffrances physiques, à des souffrances mora<strong>les</strong> : dignité réduite, états avilissants, perte<br />

de tout espoir...<br />

La misère est à l’origine de jacqueries, de luttes mais <strong>au</strong>ssi de révolutions et de <strong>guerre</strong>s<br />

civi<strong>les</strong>.<br />

Des chiffres <strong>sur</strong> la misère.<br />

Sur Terre :<br />

- Il y a 9 millions d’enfants de moins de cinq ans qui meurent tous <strong>les</strong> ans de<br />

maladie.<br />

- Toutes <strong>les</strong> sept secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim ou des<br />

conséquences de la faim.<br />

- Il y a chaque jour 100.000 enfants qui meurent de faim ou des conséquences de<br />

malnutritions. Cela donne un total annuel de 36 millions.<br />

- Des millions de mères sous-alimentées donnent naissance à des millions d’enfants<br />

qui <strong>au</strong>ront toute leur vie des problèmes de santé.<br />

- Il y a 500. 000 femmes misérab<strong>les</strong> qui meurent tous <strong>les</strong> ans en couche.<br />

- Il y a 800 millions de personnes qui meurent tous <strong>les</strong> ans de m<strong>au</strong>vaises conditions<br />

de vie.<br />

- Des millions de personnes <strong>sur</strong> Terre se couchent affamées et se réveillent<br />

affamées.<br />

- 816 millions de personnes <strong>sur</strong> terre sont sous-alimentées.<br />

22<br />

22


....<br />

- Un fort en maths s’amusera à calculer à combien de morts annuels correspond la<br />

différence entre une espérance de vie occidentale estimée à 80 ans et une espérance de<br />

vie dans le Tiers monde estimée à 60 ans. Plusieurs centaines de millions de morts par<br />

an certainement.<br />

Dans ces chiffres, il y a ceux du <strong>Népal</strong>. Ce pays est, pour la p<strong>au</strong>vreté, classé <strong>au</strong><br />

deuxième rang <strong>sur</strong> dix des pays de la Terre (total des pays : 180 environ). Il est dans<br />

<strong>les</strong> dix pays <strong>les</strong> plus p<strong>au</strong>vres de la Terre. Au <strong>Népal</strong>, le revenu par tête d’habitant est de<br />

240 dollars par an. Ce qui correspond (début 2010) à 0,67 dollar par jour, soit 48<br />

roupies par jour. Un kg de riz de m<strong>au</strong>vaise qualité coûte 35 roupies, une pièce-t<strong>au</strong>dis en<br />

location 700 à 1000 roupies.<br />

PREMIER FLASH SUR LA DEMOCRATIE<br />

L’Occident a plein la bouche du mot démocratie. Le Petit Robert :<br />

La démocratie repose <strong>sur</strong> le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens.<br />

Le mot démocratie n’est donc pas uniquement lié <strong>au</strong> mot liberté comme on tente, trop<br />

souvent, de nous le faire croire, il est <strong>au</strong>ssi lié <strong>au</strong> mot égalité. Il devrait être <strong>sur</strong>tout lié<br />

<strong>au</strong> mot égalité. Un homme enchaîné bien nourri ne meurt pas, un homme libre sans<br />

nourriture meurt rapidement. Il ne peut donc pas y avoir de pays démocratique qui<br />

contient des misérab<strong>les</strong>. Les habitants des pays dits démocratiques ne sont pas des<br />

démocrates s’ils tolèrent qu’un dixième de la population de leur pays reste misérable –<br />

c’est le cas de la France- Ils ne le sont pas non plus puisqu’ils acceptent que la moitié<br />

des habitants de la Terre : trois milliards d’individus, reste misérable. Dit sous une <strong>au</strong>tre<br />

forme : Peut-on parler de démocratie à l’échelle internationale si <strong>les</strong> habitants de<br />

quelques pays disposent de trop de nourriture, de biens, de soins... alors que d’<strong>au</strong>tres en<br />

manquent et meurent de cette pénurie ?<br />

La grande misère est celle qui diminue la possibilité d’exister. Les conditions<br />

essentiel<strong>les</strong> pour exister étant, en prenant exemple <strong>sur</strong> le monde animal :<br />

23<br />

23


- la nourriture : qualitativement et quantitativement.<br />

- l’abri contre <strong>les</strong> agressions atmosphériques, contre cel<strong>les</strong> des prédateurs comprenant<br />

<strong>les</strong> microbes et <strong>les</strong> virus.<br />

Il y a <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> des anim<strong>au</strong>x qui mangent des hommes : tigres du Teraï, panthères des<br />

collines qui mangent des enfants, il y a des anim<strong>au</strong>x qui détruisent <strong>les</strong> maisons des<br />

hommes : éléphants du Teraï... Il y a <strong>au</strong>ssi dans ce pays des épidémies, des endémies,<br />

des pandémies. Et il y a, en ce début de XXIème siècle, des disettes et des famines !<br />

La misère doit être combattue. Les politiciens d’un pays occidental sont responsab<strong>les</strong><br />

de la misère dans leur pays, <strong>les</strong> habitants des pays riches de la Terre sont<br />

responsab<strong>les</strong> de la misère du Tiers monde. Tous devraient être traduits devant des<br />

tribun<strong>au</strong>x sous l’inculpation de crimes commis contre l’humanité...<br />

MISERES COMPAREES<br />

Rappel : le trekkeur doit, avant de lire ce document se reporter <strong>au</strong> cahier : Misères comparées entre<br />

la France et le <strong>Népal</strong> publié dans le site : http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/. Si, après cette lecture, il ne<br />

se sent pas concerné, s’il n’accepte pas <strong>les</strong> conclusions qui y sont énoncées, il est inutile qu’il<br />

poursuive la lecture de ce texte <strong>sur</strong> la politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

INTELLECTUALISER LA MISERE<br />

J’ai longtemps été, par goût, enseignant vacataire dans un Institut Universitaire de<br />

Technologie grenoblois. J’éprouve une grande admiration pour l’Université, la<br />

Recherche, l’Ecole en général. Pour moi, un simple instituteur a plus d’importance<br />

sociale et de mérite qu’un grand chef d’entreprise qui dirige des centaines de salariés et a<br />

régulièrement son portrait dans des grands hebdomadaires. Je suis père d’enseignants,<br />

j’ai de nombreux amis universitaires et chercheurs. Les amitiés qui nous lient ne sont pas<br />

des amitiés passagères, ce sont des amitiés bâties <strong>sur</strong> le sentiment, la connivence, la<br />

compréhension et <strong>au</strong>ssi <strong>sur</strong> des valeurs partagées, optimismes et pessimismes compris.<br />

Je sais que l’Université et <strong>les</strong> organismes de Recherche abritent, même si quelques<br />

24<br />

24


anleurs se sont cachés en son sein, des personnes de h<strong>au</strong>te valeur morale, de grande<br />

culture, des gens intellectuellement honnêtes et pour <strong>les</strong>quels l’argent n’est pas une<br />

valeur humaine. Pourtant je suis conduit, moi, l’<strong>au</strong>todidacte, le bac moins deux, petite<br />

barque lançant ses flèches contre leurs énormes porte-avions, à critiquer certains de leurs<br />

points de vue, certaines méthodes qu’ils utilisent. Je ne suis pas le seul, abstraction faite<br />

des milieux conservateurs pour <strong>les</strong>quels le monde de l’Education est, par définition,<br />

l’adversaire, la chose à révolutionner, il existe des contestataires <strong>au</strong> sein même de<br />

l’Université. Régis Debray, le compagnon du Che Guevara en est un, mais lui n’est pas<br />

équipé de flèches, il est équipé de torpil<strong>les</strong> universitaires.<br />

Parlons misères : il y a une chaire Savoirs contre la p<strong>au</strong>vreté <strong>au</strong> Collège de France. On<br />

peut <strong>au</strong>ssi, <strong>au</strong>jourd’hui dans notre pays, suivre des études universitaires spécialisées dans<br />

l’humanitaire. J’admire, je suis ébloui, je suis terrorisé.<br />

Pierre Bourdieu était un sociologue et un grand universitaire. Ce qui m’attirait en lui, j’ai<br />

lu bien peu de choses, tout ne m’était pas accessible, c’est son refus de l’acceptation<br />

béate, son refus du renoncement à la lutte. Alors que <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres bêlaient dans le rang, lui<br />

restait fidèle à ses convictions. Malgré cela, j’ai critiqué l’ouvrage collectif dont il avait<br />

été l’inspirateur : La misère en France. J’<strong>au</strong>rais aimé que ce livre soit suivi d’un : La<br />

misère <strong>sur</strong> la Terre. Hélas son étude n’a pas eu de suite. La misère est une chose<br />

internationale, elle dépasse le cadre des Sous-préfectures.<br />

J’adresse une <strong>au</strong>tre critique <strong>au</strong>x porte-avions Université et C.N.R.S. : la misère ne doit<br />

pas se limiter à des constats, des descriptions de systèmes, des comptes rendus<br />

d’expériences. L’étude du détail fait oublier l’essentiel : « F<strong>au</strong>t-il que <strong>les</strong> soins soient<br />

payants ? « Comment réduire le t<strong>au</strong>x d’abstention dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> du Tiers monde ? »...<br />

Ce faisant, ces gurus de la misère, ces maîtres à penser de la générosité ne font que<br />

décortiquer et gérer la misère. Au mieux ils indiquent comment la réduire dans certains<br />

secteurs, comment la réduire ponctuellement. Leurs études, même cel<strong>les</strong> effectuées <strong>sur</strong><br />

le terrain, semblent des études faites en laboratoire. El<strong>les</strong> donnent l’impression d’être de<br />

simp<strong>les</strong> études de technocrates. Ces études présentent des analogies avec l’ordonnance<br />

d’un médecin qui décrirait <strong>les</strong> différentes formes d’une maladie, prescrirait des<br />

25<br />

25


médicaments pour en limiter <strong>les</strong> nuisances, mais oublierait de donner <strong>les</strong> médicaments<br />

qui la supprimeraient. C’est pourquoi je pense que leurs méthodes manquent d’efficacité<br />

et qu’il m’arrive parfois de penser qu’eux-mêmes manquent de cœur. Ce qui, c’est<br />

évident, n’est pas.<br />

Analyser la misère c’est, dans une certaine me<strong>sur</strong>e, l’accepter, or ce qu’il f<strong>au</strong>t c’est la<br />

combattre. Par tous <strong>les</strong> moyens l’éradiquer.<br />

On peut soigner la tuberculose avec des antibiotiques, cela mérite des analyses, mais ce<br />

qu’il f<strong>au</strong>t, c’est l’éradiquer en plaçant <strong>les</strong> hommes dans de saines conditions de vie. Et<br />

ceci est du domaine de la lutte. Le mot lutte apparaît peu souvent dans ce genre d’études<br />

et c’est pourquoi il est très apprécié par ceux qui sont la c<strong>au</strong>se de la misère.<br />

La misère est un problème politique, elle doit être combattue par la politique. La misère<br />

est un problème international elle doit être combattue internationalement. Combattue et<br />

non pas décrite. Les universitaires et <strong>les</strong> chercheurs devraient garder en tête que notre<br />

église, depuis 2010 ans, a combattu la misère avec des <strong>mots</strong> : générosité, altruisme,<br />

compassion, par des dons mignards, des <strong>au</strong>mônes, et que la misère est toujours là.<br />

Les universitaires ne sont pas <strong>les</strong> seuls à intellectualiser la misère, l’O.N.U. l’est <strong>au</strong>ssi<br />

avec son Indice de développement humain, l’I.D.H. (introduit en 1990). Cet I.D.H. a été<br />

accepté sans un murmure, par tous, universitaires, chercheurs, l<strong>au</strong>réats de Prix Nobel,<br />

dirigeants de grandes O.N.G...., et, bien sûr, <strong>les</strong> gérants des Banques mondia<strong>les</strong>,<br />

européennes, des Fonds monétaires... Pour <strong>les</strong> dirigeants de ces organismes qui ne sont<br />

que des techniciens de l’argent, la misère est davantage un filon à exploiter qu’une<br />

anomalie à combattre. Cet I.D.H. introduit, en complément de l’espérance de vie, des<br />

valeurs se rapportant à l’alphabétisation et à la santé qui ne sont que des sous-détails.<br />

Les <strong>mots</strong> espérance de vie se suffisent à eux-mêmes. Etait-il nécessaire de compliquer ?<br />

En acceptant ce schéma, si on parle éducation, il f<strong>au</strong>t inclure à côté de l’analphabétisme<br />

l’asservissement <strong>au</strong> religieux, combien présent dans <strong>les</strong> pays du Tiers monde. En suivant<br />

ce genre d’idée, si on parle misère à ceux qui viennent trekker <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, pourquoi<br />

n’introduirait-on pas dans l’I.D.H. le pourcentage de <strong>Népal</strong>ais qui utilisent du papier<br />

26<br />

26


hygiénique ? C’est <strong>au</strong>ssi un indice caractéristique et représentatif de l’intensité et de<br />

l’étendue de la misère !<br />

Ces notions d’I.D.H. sont certes intéressantes mais el<strong>les</strong> font oublier l’essentiel : le<br />

premier besoin de l’homme –simple animal luttant pour sa vie- est la nourriture et l’abri<br />

le mettant à l’abri des agressions climatiques et anima<strong>les</strong>. Que pèse l’alphabétisation<br />

quand un individu a faim ? Quid de la lecture ou de l’abri ? Répétons : il y a <strong>au</strong> <strong>Népal</strong><br />

des enfants, des femmes, des hommes qui sont écrasés dans leur maison par des<br />

éléphants. Il y a <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> des enfants, des femmes, des hommes qui se font bouffer par<br />

des tigres.<br />

Les deux facteurs qui servent à calculer l’I.D.H. sont contenus dans le chiffre de<br />

l’espérance de vie. Pourquoi rajouter, compliquer ? La faim tue, le froid tue, le tigre tue,<br />

l’éléphant écrase... l’analphabétisation ne tue pas, l’absence d’éducation ne tue pas,<br />

l’éducation est une valeur pour des individus qui ont leur assiette pleine, un toit <strong>sur</strong> la<br />

tête. Il ne f<strong>au</strong>t pas masquer la gravité de la misère derrière des valeurs établies pour <strong>les</strong><br />

nantis de la Terre.<br />

Autre forme d’intellectualisation de la misère, le revenu par habitant dans un pays<br />

indiqué dans tous <strong>les</strong> textes. Pour que le chiffre indiqué ait une signification, il f<strong>au</strong>drait<br />

qu’une sorte d’I.N.S.E.E. international soit établi. Que signifie disposer de N dollars par<br />

an quand on ne précise pas le prix de la nourriture, des vêtements, le montant de la<br />

location d’un logement...<br />

La misère n’est pas qu’un sujet d’étude, c’est une condition, un état qui conduit à la mort<br />

prématurée. Elle est presque toujours accompagnée de souffrances et de perte de dignité.<br />

Le refus de ces morts prématurées, de ces souffrances, de ces pertes de dignité ne<br />

conduit pas qu’à des désirs de connaissances, il conduit à des révoltes, des révolutions,<br />

des <strong>guerre</strong>s. Rêvons, des Universitaires, des chercheurs, des théoriciens de la misère<br />

n’oubliant jamais cela : la misère est le plus grand des crimes commis contre<br />

l’humanité. Ceux qui sont la c<strong>au</strong>se de la misère : politiques et économistes, devant<br />

être punis par des tribun<strong>au</strong>x, ces universitaires, ces chercheurs spécialisés pouvant<br />

27<br />

27


être <strong>les</strong> experts fournissant à des tribun<strong>au</strong>x <strong>les</strong> assises de textes législatifs<br />

permettant de juger <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong>.<br />

LIBERTE.<br />

De Jacques Roux (1793)<br />

La liberté n’est qu’un vain fantôme quand une classe d’hommes peut affamer l’<strong>au</strong>tre impunément.<br />

LES TROIS D OCCIDENTAUX<br />

DROITS, DEVOIRS DE L’HOMME. DEMOCRATIE<br />

- Démocratie : Régime politique dans lequel le peuple exerce lui-même la souveraineté.<br />

- Droits de l’Homme : Tous <strong>les</strong> Hommes naissent et demeurent libres et ég<strong>au</strong>x en droit.<br />

Retenir qu’il y a dans le mot Droits de l’Homme deux aspects distincts :<br />

- la liberté.<br />

- l’égalité.<br />

Démocratie, Droits de l’Homme : ces <strong>mots</strong> remplissent la bouche de l’Occidental. Qu’il<br />

veuille démontrer que <strong>les</strong> nations occidenta<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> estimab<strong>les</strong>, que <strong>les</strong> seu<strong>les</strong><br />

c<strong>au</strong>ses équitab<strong>les</strong> sont cel<strong>les</strong> qu’il défend, que seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> <strong>guerre</strong>s qu’il déclenche sont<br />

justes, ce sont <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Démocratie et Droits de l’Homme qui sont prioritairement<br />

invoqués.<br />

Pourtant, des groupes ou des pays baptisés par lui terroristes, ou voyous, ne le sont pas<br />

toujours, par contre, d’<strong>au</strong>tres, qui ne sont pas ainsi nommés, le sont. Ainsi il suffit de<br />

posséder du pétrole pour être fréquentable, ainsi un peuple ayant été martyrisé lors de la<br />

<strong>guerre</strong> de 1940 a le droit d’en martyriser un <strong>au</strong>tre <strong>au</strong>jourd’hui. Ainsi <strong>les</strong> pays<br />

démocratiques sont curieusement <strong>les</strong> pays qui abritent <strong>les</strong> nantis de la Terre.<br />

28<br />

28


ON ASSASSINE LA DEMOCRATIE. C.1<br />

Selon <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> démocratiques, ceux qui dirigent un pays sont issus d’une majorité, celle<br />

qui, par exemple, a obtenu le plus fort pourcentage de voix <strong>au</strong> cours d’une élection.<br />

Logique ? C’est pourquoi <strong>au</strong> nom de la démocratie un parti politique qui a obtenu 50,1<br />

% des voix à des élections, a le droit d’imposer pendant la durée d’une législature sa<br />

politique à ses opposants qui n’en ont obtenu que 49,9 %. Pourtant il semble que dans<br />

une véritable démocratie, chaque parti devrait imposer successivement ses directives <strong>au</strong>x<br />

habitants <strong>au</strong> prorata du nombre des voix qu’il a obtenues. Une vraie démocratie<br />

conduirait à une gouvernance alternée. Ce qui réduirait d’ailleurs de moitié la fréquence<br />

des élections et des ridicu<strong>les</strong> et onéreuses campagnes électora<strong>les</strong>.<br />

Plus étonnant, <strong>sur</strong> quels critères se basent <strong>les</strong> hommes de pays dans lequel le t<strong>au</strong>x<br />

d’alphabétisation atteint presque 100 % pour élire démocratiquement leurs candidats ?<br />

Sur l’étude de textes ? Sur des études comparatives ? Sur des table<strong>au</strong>x de chiffres ? Sur<br />

des engagements entraînant des responsabilités ? Non, ils <strong>les</strong> choisissent d’après des<br />

discours, des confrontations verba<strong>les</strong> :<br />

- Vous n’avez pas le monopole du cœur.<br />

Et hop ! L’affaire est entendue, vous ne serez pas Président de la République.<br />

29<br />

29


Passent <strong>les</strong> ans, nouvelle confrontation, celui qui a perdu cite <strong>les</strong> <strong>mots</strong> d’un politique du<br />

clan de celui qui a été élu :<br />

- Si l’on peut rendre à ce pays la confiance et l’espoir fût-ce <strong>au</strong> prix de la défaite du Président...<br />

Le Président est celui qui a été élu grâce à sa répartie la première fois, mais qui, à c<strong>au</strong>se<br />

de cette citation, sera défait. Le dialogue d’enfants jouant <strong>au</strong> gendarme et <strong>au</strong>x voleurs<br />

s’élève souvent <strong>au</strong>-dessus de tel<strong>les</strong> niaiseries !<br />

Les candidats sont choisis par <strong>les</strong> électeurs d’après leurs promesses, ou d’après la lecture<br />

de quelques artic<strong>les</strong> de médias, médias choisis parce qu’ils reflètent leurs opinions. Trop<br />

occupés (par leur télévision, le football et le Tour de France) pour s’intéresser à la<br />

politique, ils se laissent influencer par des affiches ! Une photo mielleuse, un<br />

slogan stupide! Le subjectif primaire, l’indigence intellectuelle poussée à l’extrême !<br />

- La force tranquille.<br />

C’est ainsi que l’on élit en France des Présidents de la République !<br />

Ceci me conduit à parler des Français.<br />

Le Français possède un riche passé de lutteur politique et social : il a été homme de<br />

combat, de révoltes, il a accompli trois révolutions qui ont modifié <strong>les</strong> structures<br />

politiques et socia<strong>les</strong> de son pays. Très tôt, il a ressenti l’obligation morale de lutter pour<br />

la justice, de combattre la misère. Laïc, il a rejeté <strong>les</strong> <strong>mots</strong> compassion, miséricorde,<br />

altruisme, que le religieux avait utilisés sans pudeur en faisant croire <strong>au</strong>x fidè<strong>les</strong> que leur<br />

application <strong>les</strong> conduisait en un lieu de félicité et il a introduit <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> <strong>mots</strong><br />

générosité, aides humanitaires, qui ne sous-entendent <strong>au</strong>cune récompense, qui ne<br />

conduisent qu’à des actes gratuits. Régulièrement, même dans la société éminemment<br />

égoïste dans laquelle il évolue <strong>au</strong>jourd’hui, de nouve<strong>au</strong>x textes lui rappellent cette<br />

nécessité de la générosité fondement essentiel d’une société humaine harmonieuse. Dans<br />

un ouvrage récent (2007), S. P<strong>au</strong>gam cite ces <strong>mots</strong> d’Emile Durkeim :<br />

Il f<strong>au</strong>t que notre société reprenne conscience de son unité organique ; que l’individu sente cette<br />

masse sociale qui l’enveloppe et le pénètre... (il f<strong>au</strong>t) faire comprendre à l’individu ce que c’est que<br />

la société, comme elle le complète et combien il est peu de chose réduit à ses seuls forces... Elle lui<br />

fera sentir qu’il n’y a <strong>au</strong>cune diminution à être solidaire d’<strong>au</strong>trui et à en dépendre, à ne pas<br />

s’appartenir tout entier à soi-même.<br />

30<br />

30


Mais cette notion d’individu responsable qui revient parfois à la <strong>sur</strong>face des<br />

préoccupations est presque toujours placée dans un contexte national. Ce qui est dit, ce<br />

qui est souhaité, ce qui est exigé, l’est à l’intérieur des frontières d’une nation.<br />

Restriction ab<strong>sur</strong>de car bien peu morale. Est-il logique de limiter la défense de l’homme<br />

p<strong>au</strong>vre à ses compatriotes dans la me<strong>sur</strong>e où ceux-ci ont acquis, majoritairement, un<br />

certain nive<strong>au</strong> de bien être ? J’ai tenté de montrer dans le cahier Comparaison des<br />

misères françaises et népalaises l’incroyable profondeur et étendue du fossé qui sépare<br />

<strong>les</strong> p<strong>au</strong>vretés des deux pays pour en déduire la nécessité de la prim<strong>au</strong>té de l’International<br />

<strong>sur</strong> le national. Rêvons <strong>au</strong> mot mondialisme qui servirait à la défense des p<strong>au</strong>vres de tous<br />

<strong>les</strong> pays de la Terre et non à l’expansion des capit<strong>au</strong>x !<br />

Nous parlons quelquefois de la misère <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> avec des trekkeurs aficionados du pays,<br />

avec des trekkeurs qui, pour la première fois, reviennent de visiter une région de<br />

tourisme intensif. Je leur dis que la misère est ici puissante, ils me regardent étonnés et<br />

répliquent :<br />

Alimentation suffisante, vie paisible, vie heureuse.<br />

Lassé, je n’ai pas toujours le courage de leur expliquer, de répéter ce que j’ai maintes<br />

fois dit et écrit : ce que la patience, l’indolence, le fatalisme, le paisible, la courtoisie, et<br />

une gaieté affleurante, cachent de misère et de souffrance profonde. Que le bol de riz<br />

n’est pas toujours présent et suffisant, que <strong>les</strong> carences alimentaires sont bana<strong>les</strong>, <strong>sur</strong>tout<br />

dans <strong>les</strong> piémonts himalayens. Que <strong>les</strong> disettes sont nombreuses, qu’il y a encore des<br />

famines. Je répète : Qu’il y a encore des famines ! Que l’espérance de vie, est inférieure<br />

à 55 ans dans <strong>les</strong> campagnes, soit 85 à 90% de la population : 25 à 27 millions de<br />

personnes ! Que le <strong>Népal</strong> est le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Ils s’en vont, étonnés par<br />

mon insistance, non convaincus, pensant que j’exagère, qu’y résidant, je ne vois plus que<br />

<strong>les</strong> m<strong>au</strong>vais aspects de ce pays.<br />

31<br />

31


DROITS DE L’HOMME. LIBRES ET EGAUX...<br />

Deux <strong>mots</strong> : libres et ég<strong>au</strong>x, mais le mot liberté, dans nos pays, est plus souvent évoqué que le mot<br />

égalité. De plus le mot en droit f<strong>au</strong>sse tout. Il est la porte ouverte à tous <strong>les</strong> abus, à tous <strong>les</strong> oublis, à<br />

tous <strong>les</strong> excès.<br />

Que de critiques cachent <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Droits de l’homme ! Sans nous lasser, répétons-le : ces<br />

<strong>mots</strong> comportent deux volets, celui de liberté, celui d’égalité. Ces deux volets inspirentils<br />

<strong>les</strong> actions avec la même intensité ? L’un n’est-il pas cité plus souvent que l’<strong>au</strong>tre ?<br />

La misère physique ne dépend pas de la liberté elle dépend du mot égalité. Ces Droits de<br />

l’Homme sont-ils condition nécessaire et suffisante pour que la politique adoptée dans<br />

un pays soit estimable ? Ces <strong>mots</strong> ont-ils la même valeur pour tous <strong>les</strong> hommes de la<br />

Terre? Ont-ils la même densité dans tous <strong>les</strong> pays ? Sont-ils d’application prioritaire<br />

pour tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> de la planète ? Philippe Thure<strong>au</strong>–Dangin dans Courrier<br />

international :<br />

Dans la contestation des Droits de l’homme, il y a toujours l’idée que ce sont là des valeurs<br />

occidenta<strong>les</strong> qui ne correspondent pas <strong>au</strong>x valeurs islamiques, asiatiques, etc. Amartya en a<br />

démontré cette idée en rappelant que de grands dirigeants indiens, Askola <strong>au</strong> IIIe siècle av. J-C. ou<br />

Akbar <strong>au</strong> XVIe siècle, ont défendu des notions de pluralisme, de tolérance et de raison.<br />

Dans le même Courrier international, de Pierre Hazan :<br />

Les gouvernements utilisent <strong>les</strong> Droits de l’homme à géométrie variable, privilégiant certains <strong>au</strong><br />

détriment d’<strong>au</strong>tres, selon leurs intérêts du moment et leur idéologie. C’est ce qui explique à la fois le<br />

succès et l’ambiguïté des Droits de l’Homme, chacun y trouvant de quoi conforter ses positions.<br />

(Mots soulignés par moi.).<br />

Encore dans Courrier international, Zhu Yuccha, professeur spécialiste de la politique<br />

chinoise à l’Université de Régina, Canada.<br />

La Chine est <strong>sur</strong>tout attachée <strong>au</strong>x droits collectifs et considère que <strong>les</strong> droits et <strong>les</strong> devoirs civiques<br />

ne font qu’un (en fait <strong>les</strong> devoirs priment <strong>sur</strong> <strong>les</strong> droits) ; la conception occidentale des droits de<br />

l’homme privilégie <strong>les</strong> droits politiques et <strong>les</strong> droits civiques tel, que la liberté d’expression, la liberté<br />

de publication, la liberté d’association, la liberté de réunion, alors que la conception chinoise insiste<br />

<strong>sur</strong> le fait que <strong>les</strong> pays en voie de développement doivent faire porter leur effort en priorité <strong>sur</strong> le<br />

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32


droit à la vie et <strong>les</strong> droits économiques, soci<strong>au</strong>x et culturels, <strong>au</strong> contenu assez vague. (Mots en italique<br />

et soulignés par moi.).<br />

Droit à la vie, quelle énorme chose !<br />

Et si <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> <strong>mots</strong> Droit à la vie, à une vie digne, se substituaient <strong>au</strong>x <strong>mots</strong><br />

Démocratie et Droits de l’homme ! Les Hommes naissent et demeurent ég<strong>au</strong>x... Eg<strong>au</strong>x :<br />

ils ont donc tous droit à une vie décente ! Libres et ég<strong>au</strong>x en droit ! Pourquoi<br />

uniquement en droit ? On connaît ce que signifie le mot droit, même en France et dans<br />

tous <strong>les</strong> pays dits démocratiques ! En droit signifie qu’une fraction de la société<br />

bénéficie légalement d’un état de misère. 10 % en France ? En droit signifie qu’une<br />

partie de la population bénéficie de droits à la richesse, à la possession de superflu,<br />

d’inutile, d’immoral. Français, soyons honnêtes, le texte <strong>sur</strong> <strong>les</strong> Droits de l’Homme est<br />

un leurre, une escroquerie écrite par et pour des nantis. Les <strong>mots</strong> Droit à la vie, eux,<br />

contiennent <strong>les</strong> valeurs de l’Indice de développement humain. Il n’y a rien de flou dans<br />

ces <strong>mots</strong>. Avec le Droit à la vie, <strong>les</strong> hommes ont un parcours de vie décent et non abrégé,<br />

ils mangent à leur faim, leurs enfants fréquentent l’école, tous bénéficient de soins...<br />

Ainsi, la France, pays des Droits de l’Homme par excellence, abrite (environ) six<br />

millions de p<strong>au</strong>vres, la France n’est donc pas un pays démocratique. L’Inde est le plus<br />

grand pays démocratique de la Terre. Les Droits de l’homme y sont donc respectés,<br />

pourtant l’Inde abrite des centaines de millions de misérab<strong>les</strong>! Dont certains ont pris <strong>les</strong><br />

armes pour c<strong>au</strong>se de défense des misérab<strong>les</strong> ! Le Droit à la vie pour tous n’y est pas<br />

respecté, l’Inde n’est pas un pays démocratique.<br />

Devoirs de l’Homme.<br />

Autre remarque qu’attirent <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Droits de l’homme. Partout en Occident on se<br />

gargarise avec ces Droits de l’homme mais on ne parle jamais des Devoirs ! Or, dans la<br />

quasi-totalité des activités humaines pour qu’il y ait équilibre <strong>les</strong> devoirs sont toujours<br />

<strong>au</strong>ssi nombreux que <strong>les</strong> droits. Parmi ces devoirs il en est un qui est –qui devrait êtreprioritaire,<br />

<strong>au</strong> moins <strong>au</strong>x gens de g<strong>au</strong>che c’est d’as<strong>sur</strong>er <strong>au</strong>x habitants de tous <strong>les</strong> pays de<br />

33<br />

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la Terre ce fameux, inaliénable : Droit à la vie. Hélas cette obligation de devoirs<br />

n’apparaît jamais!<br />

C’est tout cela qui m’incite, moi, petit émigré français résidant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, <strong>au</strong>todidacte,<br />

technicien de province sans <strong>au</strong>dience, pion inexistant <strong>sur</strong> l’échiquier des médias, des<br />

intellectuels, des universitaires, des chercheurs, des sociologues, des politiques..., à crier<br />

mon indignation, à dire que <strong>les</strong> discours occident<strong>au</strong>x sont des discours hypocrites. Que<br />

<strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x sont des hypocrites. Et c’est tout cela qui me conduit à penser que ceux<br />

que l’Occident critique, groupes ou pays, ne sont pas toujours <strong>au</strong>ssi noirs qu’on le<br />

prétend. Evidemment en disant cela je pense <strong>au</strong>x maoïstes népalais pour <strong>les</strong>quels ce livre<br />

est écrit.<br />

Je ne lutte évidemment pas contre la démocratie et <strong>les</strong> Droits de l’Homme mais je ne <strong>les</strong><br />

place pas <strong>au</strong> premier rang des obligations. Je ne suis pas le seul à penser ainsi, de Pierre<br />

George. Géographie des inégalités Que sais-je ? PUF.<br />

L’idée d’égalité est née en France de la suppression des privilèges de naissance par la révolution de<br />

1789. Le principe selon lequel tous <strong>les</strong> hommes sont ég<strong>au</strong>x en droit, bien qu’implicitement intégré<br />

dans la Déclaration des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies, est encore battu en<br />

brèche <strong>sur</strong> le plan international dans <strong>les</strong> pays de castes... Que de discours <strong>sur</strong> ces Droits de<br />

l’Homme...<br />

Ma révolte n’a évidemment pas pour but la défense des gens de caste. Ce sont eux qui<br />

sont la c<strong>au</strong>se de la misère du <strong>Népal</strong>. Ce ne sont pas eux qui ont déclenché la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

dans ce pays, mais ce sont eux qui ont rendu cette <strong>guerre</strong> nécessaire. Je ne critique pas<br />

<strong>les</strong> Droits de l’Homme <strong>au</strong> nom de quelque philosophie, ni <strong>au</strong> nom de quelque théorie<br />

politique, je le fais <strong>au</strong> nom des valeurs humaines <strong>les</strong> plus simp<strong>les</strong>. Je réaffirme que le<br />

premier des droits est le Droit à une vie décente. Que ce droit, pour tous <strong>les</strong> hommes de<br />

la Terre, se traduit comme je l’ai dis <strong>au</strong> titre précédent par une assiette bien remplie, bien<br />

composée, des soins médic<strong>au</strong>x de type occidental, la présence de tous <strong>les</strong> enfants à<br />

l’école, et qu’il comprend même le droit de bénéficier de quelques loisirs qui ne soient<br />

pas, comme en terres d’illettrés, inspirés par le seul religieux, le jeu, l’alcool. Coiffant le<br />

tout, d’espérer atteindre pour tous <strong>les</strong> habitants de la Terre une espérance de vie qui ne<br />

soit pas inférieure de quelques vingt ans à celle des habitants des pays occident<strong>au</strong>x.<br />

Pierre George :<br />

34<br />

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Cependant, <strong>les</strong> formes <strong>les</strong> plus sensib<strong>les</strong> des inégalités sont <strong>au</strong>jourd’hui d’ordre économique et<br />

social... Quel que soit le caractère choquant des discriminations liées à la naissance ou à<br />

l’appartenance à une collectivité ethnoculturelle, <strong>les</strong> grands contrastes de condition de vie et même,<br />

à la base de chances de <strong>sur</strong>vie, reposent <strong>sur</strong> la répartition des moyens d’existence. (Mots soulignés<br />

par moi).<br />

Démocratie, Droits de l’Homme, une grand-chose <strong>sur</strong> le plan humain et social, Droits à<br />

la vie de l’Homme, une chose fondamentale, évidente, essentielle, première, et pourtant<br />

presque toujours occultée car elle cache <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Devoirs de l’homme. Devoirs de<br />

l’honnête croyant, devoirs de l’homme simplement généreux, de l’homme de g<strong>au</strong>che, de<br />

rester combatif pour lutter contre la misère, résiduelle dans son pays, florissante, partout<br />

ailleurs dans <strong>les</strong> pays du Tiers monde. Rêvons à de nouve<strong>au</strong>x Droits de l’Homme<br />

rédigés non pas par des juristes faisant partie de classes favorisées des pays où vivent <strong>les</strong><br />

nantis de la Terre mais par des p<strong>au</strong>vres. Impossible ! Du domaine de l’utopie !<br />

Evidemment, le misérable, le véritable misérable ne sait pas écrire, ne siège dans <strong>au</strong>cune<br />

assemblée. Il n’est présent que lorsque, poussé à bout, sans respect pour <strong>les</strong> Droits<br />

de l’Homme, il prend une arme, non pas pour accéder <strong>au</strong> pouvoir, mais simplement<br />

pour se faire entendre car il veut pour lui, mais <strong>sur</strong>tout pour ses enfants, que soit<br />

reconnus ses Droits à la vie.<br />

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35


SUR LA FRANCE<br />

Géographiquement, un pays harmonieux. Rien du pays mammouth, filiforme ou<br />

insulaire, rien du pays enclavé, rien du pays à climat extrême. Une forme hexagonale,<br />

chaque point de sa périphérie à presque égale distance de son centre. Un pays situé dans<br />

la zone tempérée de l’hémisphère nord. Au sud-est, un littoral bordé par une mer,<br />

véhicule des premières civilisations occidenta<strong>les</strong>. Une mer bleue ! Un littoral nommé<br />

Azur, lieu de vies heureuses, paisib<strong>les</strong>, de farnientes. A l’ouest, un <strong>au</strong>tre littoral. L’océan<br />

qui l’a créé donne à ses riverains la notion d’espace, la conscience de l’existence de<br />

terres lointaines, de populations inconnues, d’internationalisme. Sur le reste du pourtour,<br />

d’<strong>au</strong>tres pays. Quelques uns sources de conflits, de <strong>guerre</strong>s, d’<strong>au</strong>tres, d’alliances<br />

durab<strong>les</strong> ou éphémères. La France c’est la variété géographique : un pays de reliefs, de<br />

plaines, de collines, de h<strong>au</strong>tes montagnes, accolées non pas en « opus incertum », mais<br />

en composition harmonieuse. Une France soumise à un climat sans excès, provenant de<br />

sa position en latitude et de ses mers. Sans excès mais non uniforme, <strong>les</strong> climats<br />

océanique, continental, méditerranéen, de montagne, se juxtaposent, s’imbriquent<br />

parfois. La France ?<br />

Un be<strong>au</strong> pays où il fait bon vivre.<br />

Politiquement un pays qui en a terminé des dures révoltes, des révolutions sanglantes, un<br />

pays où le social est apaisé, où <strong>les</strong> classes socia<strong>les</strong> s’inscrivent <strong>sur</strong> une courbe linéaire<br />

sans ress<strong>au</strong>ts abrupts <strong>les</strong> séparant… Un pays où <strong>les</strong> luttes politiques frôlent même<br />

souvent le ridicule. Un pays où le nive<strong>au</strong> de vie des p<strong>au</strong>vres correspond à celui des<br />

classes aisées des habitants du Tiers monde.<br />

La France, un pays où vivent des nantis de la Terre<br />

36<br />

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SUR LES FRANÇAIS<br />

Vivant <strong>sur</strong> cette bonne terre de France, un peuple. Rien en lui, de l’insulaire à l’abri de<br />

ses douves marines, conquérant toisant <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres, souvent génial mais puant d’orgueil.<br />

Un peuple issu des nomades peuplades des steppes c<strong>au</strong>casiennes, façonné par des<br />

millénaires de métissages avec des envahisseurs, en contact permanent avec d’<strong>au</strong>tres<br />

peup<strong>les</strong> et ayant tiré de ces mélanges et de ces contacts cent caractéristiques, des<br />

originalités, des richesses. Un peuple composé de gens du Sud considérant <strong>les</strong> textes du<br />

Droit comme chose malléable et de gens de l’Est rigidement respectueux de ces textes.<br />

Des Méridion<strong>au</strong>x et des Nordiques, des Latins et des Germains. Des gens du rugby, du<br />

café, des voyel<strong>les</strong> et des gens du football, du thé, des consonnes. Des gens exubérants et<br />

des gens me<strong>sur</strong>és. Des Bretons et des Catalans, des Alsaciens et des Basques, des<br />

Auvergnats, des Normands... Et des Corses, <strong>au</strong>tre type d’insulaire, en retard d’évolution,<br />

eux. Sur des racines celtes, que de pousses loca<strong>les</strong> ! Que de greffes ! Pureté de notre<br />

race : Hé ! Hé ! Vive l’éternelle mondialisation de la zizounete. Une seule langue,<br />

difficile, belle, ni gutturale, ni chantée, simplement harmonieuse. Des patois et des<br />

accents qui meurent malgré <strong>les</strong> ridicu<strong>les</strong> efforts de nostalgiques qui <strong>les</strong> voudraient voir<br />

subsister, enseigner. Dans ce peuple, haïs par <strong>les</strong> uns, tolérés par d’<strong>au</strong>tres qui <strong>les</strong><br />

défendent s’ils savent rester à leur place, cantonnés dans leurs ghettos, des immigrés.<br />

Honte d’un peuple qui n’a jamais été capable –ou n’a pas voulu- <strong>les</strong> intégrer.<br />

Portraits de Français à travers <strong>les</strong> âges. Celui du guerrier G<strong>au</strong>lois de Strabon, généreux,<br />

sympathique, naïf et infantile :<br />

La race g<strong>au</strong>loise est irritable et folle de <strong>guerre</strong>, prompte <strong>au</strong> combat du reste et sans malignité. Si on<br />

<strong>les</strong> irrite, <strong>les</strong> G<strong>au</strong>lois marchent droit à l’ennemi... Ils prennent volontiers en main la c<strong>au</strong>se de celui<br />

qu’on opprime... A leur franchise, à leur fougue naturelle, <strong>les</strong> G<strong>au</strong>lois joignent une grande légèreté<br />

et be<strong>au</strong>coup de fanfaronnade. Cette frivolité de caractère fait que la victoire <strong>les</strong> rend insupportab<strong>les</strong><br />

d’orgueil tandis que la défaite <strong>les</strong> consterne.<br />

Des sièc<strong>les</strong> plus tard, celui, plus subtil, peint par Char<strong>les</strong> de G<strong>au</strong>lle :<br />

Ce Français qui met en son esprit tant d’ordre et si peu dans ses actes, ce laborieux nonchalant, ce<br />

casanier qui colonise, ce vaincu de Charleroi qui donne l’ass<strong>au</strong>t <strong>sur</strong> la Marne, ce Jacobin qui crie :<br />

« Vive l’Empereur !», ce fervent de l’habit à queue, du jardin royal, de l’alexandrin, qui, tout de<br />

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même, pousse la chanson, se débraille et salit la pelouse. Bref, ce peuple mobile, incertain,<br />

contradictoire.<br />

De ce même Char<strong>les</strong> de G<strong>au</strong>lle, deux traits, à l’humour sévère, dans des propos<br />

apocryphes :<br />

- Les Français, sont comme de la gélatine mais une gélatine susceptible et qui ne se laisse pas<br />

attraper par n’importe quelle cuiller.<br />

- Le Français, ce trotte-menu de la décadence<br />

Passent quelques décennies et voici des propos d’Alain Duhamel <strong>sur</strong> le Français<br />

d’<strong>au</strong>jourd’hui :<br />

Les Français... se croient progressistes parce qu’ils aiment la nouve<strong>au</strong>té. Ils sont, c’est vrai,<br />

capricieux et changeants, sensib<strong>les</strong> à la mode, et ils raffolent de l’air du temps... Les Français ont<br />

horreur des réformes et adhèrent avant tout à une culture d’opposition ou de protestation... S’il y a<br />

une constante dans leur histoire, c’est bien qu’ils n’ont le goût ni du dialogue, ni de l’arbitrage, ni<br />

<strong>sur</strong>tout du compromis. La tolérance est la dernière vertu française et la modération se regarde<br />

comme l’hombre porté de la trahison... Les Français ont la division dans le sang et l’exclusive dans<br />

la tête...<br />

Le Français, fils de G<strong>au</strong>lois, est dans tous ces portraits. Mais il est devenu un bourgeois,<br />

petit, qui tente de cacher son égoïsme derrière des discours grandiloquents <strong>sur</strong> la<br />

Démocratie, l’International et <strong>sur</strong> <strong>les</strong> Droits de l’Homme et qui s’affirme un zélé<br />

défenseur du p<strong>au</strong>vre et de l’opprimé quand cela ne lui coûte rien. C’est un être<br />

inconstant, frivole, sans profondeur, râleur, mécontent, pusillanime sinon couard. C’est<br />

un perpétuel geignard en quête de minuscu<strong>les</strong> revendications. Et qui toujours oublie<br />

qu’il fait partie des nantis de la Terre<br />

Il fut un temps où des écrivains français s’engageaient pour défendre une c<strong>au</strong>se, des<br />

misérab<strong>les</strong>, un peuple en lutte : un Hugo s’exilait, un Malr<strong>au</strong>x allait, toute exagération<br />

déduite, combattre en Espagne. Sur cette <strong>guerre</strong> d’Espagne, un Bernanos, considéré<br />

comme un traître par <strong>les</strong> gens de son bord, défendait <strong>les</strong> Républicains. Là, dans cette<br />

Espagne en <strong>guerre</strong>, d’<strong>au</strong>tres écrivains (Hemingway, Saint-Exupéry...), des journalistes,<br />

étaient présents <strong>sur</strong> des lieux de combats. Mais <strong>au</strong>jourd’hui ? On me dit qu’un de nos<br />

philosophes qui est qualifié de mondain est un héros. Entouré de casques bleus, il serait<br />

allé tourner un film en Yougoslavie ! Pour cet exploit, peut-être sera-t-il un jour enterré<br />

38<br />

38


<strong>au</strong> Panthéon ? On me cite d’<strong>au</strong>tres éminences grises des salons parisiens, philosophes<br />

journalistes ou prix Goncourt. Que font-ils ? Qu’écrivent-ils ? Lequel est allé poser une<br />

bombe devant un poste de police Chinois à Lhassa ? Ou défendre, arme <strong>au</strong> poing, une<br />

ethnie martyrisée dans un pays d’Afrique ? Ou <strong>au</strong> Pérou se mêler <strong>au</strong>x guérilléros du<br />

Sentier lumineux ? Ou en Israël pour s’opposer à l’incroyable occupation de terres<br />

appartenant à des habitants d’une <strong>au</strong>tre nation ?... Un seul intellectuel français de renom<br />

s’est, à ma connaissance, posé des questions, est allé, a osé : Régis Debray. Est-il bien<br />

vu dans <strong>les</strong> salons et <strong>les</strong> Universités ?<br />

Ce sont <strong>les</strong> médias qui décident des qualifications. Pour <strong>les</strong> événements, pour <strong>les</strong> choses<br />

louab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> choses critiquab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> choses condamnab<strong>les</strong> et <strong>sur</strong> <strong>les</strong> choses <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

on doit se taire. Ce sont <strong>les</strong> médias qui décident du déclenchement des fanfares de la<br />

renommée. Que dire d’un peuple qui retire ses croyances de la lecture des seuls médias ?<br />

Que dire d’un peuple vorace qui s’empiffre, insatiable de stupidités, de médiocrités,<br />

d’insipide, d’images et de commentaires livrés à heures fixes par des postes de<br />

télévision ? Que dire d’un peuple qui ne s’enthousiasme avec force que pour des<br />

hommes courant après une balle ronde ? Que dire d’un peuple qui découvre soudain, 50<br />

ans après que cela se soit produit, qu’un minuscule pays a été colonisé –ce même peuple<br />

<strong>au</strong> même moment livrait des <strong>guerre</strong>s peu glorieuses pour conserver ses colonies-, et qui,<br />

jouant <strong>les</strong> justiciers va <strong>sur</strong> place agiter de dérisoires étendards, min<strong>au</strong>der sa haine de<br />

l’envahisseur, sans imaginer son ridicule ni se douter qu’il est manipulé par <strong>les</strong><br />

Intelligences des pays concurrents du pays colonisateur. Que dire des simagrées d’un<br />

peuple en recherche de spiritualité de café concert ? Que f<strong>au</strong>t-il penser des membres de<br />

ce peuple qui, critiquant <strong>les</strong> médecines occidenta<strong>les</strong>, souhaitent un retour <strong>au</strong>x tisanes de<br />

nos grands-mères pourvu qu’el<strong>les</strong> soient préparées par des hommes <strong>au</strong>x yeux bridés<br />

vêtus de soutanes couleur lie de vin ?<br />

Je me moque des défenseurs du Tibet, de certains aficionados du <strong>Népal</strong>, mais que f<strong>au</strong>t-il<br />

penser de ceux qui placent <strong>au</strong> premier rang des combats, avant celui de la lutte contre la<br />

misère, la lutte pour la défense des anim<strong>au</strong>x ? Que f<strong>au</strong>t-il penser de ceux qui se<br />

complaisent dans le catastrophisme. Un catastrophisme cultivé, récurrent, qui fait<br />

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pousser des cris assourdissants lorsqu’apparaît un minuscule ou improbable ou inexistant<br />

problème ? 1975 :<br />

- la bombe atomique f<strong>au</strong>sse le temps,<br />

- des pluies acides anéantissent nos forêts,<br />

- 1980 : l’herbe en montagne n’étant plus f<strong>au</strong>chée, <strong>les</strong> avalanches se généralisent, il en<br />

est fini de nos villages,<br />

- 31 décembre, an 1999, minuit : « Tous <strong>les</strong> computeurs vont cesser de fonctionner. »<br />

Passent <strong>les</strong> ans :<br />

- un microbe porté par des bovins et des volati<strong>les</strong>, un virus de grippe... vont décimer <strong>les</strong><br />

hommes...<br />

Que dire d’un peuple qui tremble de peur pour :<br />

- une montée des e<strong>au</strong>x : « de quelques centimètres. », « Non, de six mètres (sic) » « qui<br />

va submerger des terres... dans trente ans. » « Non, dans cinquante ans ! »<br />

Toutes attitudes qui, en réalité, cachent la fourberie d’un peuple de nantis qui se<br />

fabrique de f<strong>au</strong>sses peurs, de ridicu<strong>les</strong> exaspérations, de f<strong>au</strong>x problèmes, de f<strong>au</strong>sses<br />

luttes, <strong>les</strong>quels débouchent <strong>sur</strong> des indignations mignardes, des soupirs in<strong>au</strong>dib<strong>les</strong>,<br />

des combats ridicu<strong>les</strong>, presque toujours immor<strong>au</strong>x.<br />

Non, petit Français, le grand problème, le premier problème à combattre, celui qui<br />

subsiste <strong>sur</strong> la Terre, qui domine <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres et qui doit être combattu en priorité et<br />

avec force est celui de la misère résiduelle dans notre pays, de l’énorme misère du<br />

Tiers monde. De la misère qui est à l’origine des problèmes d’immigration, de la<br />

misère qui fait souffrir des hommes, de la misère qui tue des hommes : tous <strong>les</strong> ans<br />

des millions d’hommes et de femmes, des millions d’enfants. De la misère qui fait<br />

que certains hommes, <strong>au</strong>jourd’hui encore, deux cent vingt ans après que nos<br />

ancêtres l’ont fait, sont obligés de prendre des armes pour se faire entendre.<br />

Le <strong>Népal</strong> est un de ces pays du Tiers monde, c’est un pays de misère. Je le répète,<br />

l’espérance de vie de ses habitants n’y dépasse 55 ans que dans sa capitale : Katmandu.<br />

C’est le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Ce pays sort d’une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui a duré dix<br />

ans, il vient d’accomplir sa deuxième révolution.<br />

40<br />

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Mais le <strong>Népal</strong> est <strong>au</strong>ssi un pays de trekking, il est visité annuellement par des milliers de<br />

trekkeurs français. Quel trekkeur, quel trekkeur notable, quel trekkeur écrivain français a<br />

plaidé la c<strong>au</strong>se des révolutionnaires népalais ? Quel média français –de g<strong>au</strong>che tout <strong>au</strong><br />

moins- s’est interrogé, s’est demandé pourquoi un peuple, en l’an 2000, prenait <strong>les</strong><br />

armes ? Quel média s’est rendu <strong>au</strong> milieu des combattants, pour savoir, pour<br />

comprendre ? Quel caméraman est venu filmer, interroger ces maoïstes-Sans-culottes<br />

népalais ? Aucun ! Les cameramen continuent de venir filmer <strong>les</strong> splendides Himalayas,<br />

<strong>les</strong> curieux stupas, <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais effectuant leurs pujas, <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s dans tous leurs états...<br />

Silence <strong>sur</strong> le régime politique du pays, silence <strong>sur</strong> la misère d’un peuple, silence <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

révoltés. Un silence uniquement troublé par le chœur des aficionados en extase, vantant<br />

le folklore, le sublime, le gnian gnian de ce pays. Des aficionados faisant bruits de<br />

trompettes <strong>sur</strong> ce qu’ils nomment la spiritualité, celle qu’ils viennent de découvrir dans<br />

des pratiques moyenâgeuses et qui est bâtie <strong>sur</strong> fond de crédulités, d’idolâtries, de<br />

pratiques ésotériques enfantines.<br />

C’est <strong>au</strong>ssi cela le peuple français.<br />

Et moi vieux Français émigré je me pose des questions : Un jeune individu ayant des<br />

idées révolutionnaires <strong>les</strong> voit logiquement s’effilocher <strong>au</strong> fur et à me<strong>sur</strong>e qu’il prend de<br />

l’âge et il n’est pas rare de rencontrer d’anciens g<strong>au</strong>chistes grisonnants adopter des idées<br />

conservatrices. Georges Bernard Shaw a formulé ceci sous une forme amusante :<br />

Je plains celui qui n’a jamais été révolutionnaire à vingt ans, s’il ne l’a pas été, c’est qu’il manque de<br />

cœur. Je plains celui qui est toujours révolutionnaire à quarante ans, s’il l’est encore, c’est qu’il<br />

manque de tête.<br />

Et Victor Hugo :<br />

Quand on a <strong>les</strong> cheveux gris, il ne f<strong>au</strong>t pas revoir <strong>les</strong> opinions pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on faisait la <strong>guerre</strong> et<br />

<strong>les</strong> femmes <strong>au</strong>xquel<strong>les</strong> on faisait l’amour à vingt ans. Femmes et opinions nous paraissent bien<br />

laides, bien vieillies, bien chétives, bien édentées, bien ridées, bien sottes.<br />

Que penser d’un individu tel que moi, qui n’a jamais été motivé par la politique et qui,<br />

soudain, après une vie d’indifférence à cette politique, se met soudain à penser que seuls<br />

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des révolutionnaires peuvent améliorer <strong>les</strong> conditions de vie du peuple misérable <strong>au</strong><br />

milieu duquel il vit ?<br />

42<br />

42


POLITIQUE EN FRANCE<br />

La France et le <strong>Népal</strong> ne sont pas <strong>au</strong> même temps de l’histoire. La France est un pays<br />

socialement et politiquement stable. Le <strong>Népal</strong> est encore dans une période de<br />

turbulences. Je reproduis ici un article que j’ai écrit pour le bulletin de la Maison de la<br />

Montagne de Grenoble qui tente d’expliquer pourquoi <strong>les</strong> révolutionnaires népalais ont<br />

choisi le qualificatif maoïste, mot qui heurte même <strong>les</strong> sensibilités des gens de g<strong>au</strong>che.<br />

NEW NEPAL.<br />

Le <strong>Népal</strong>, le véritable <strong>Népal</strong>, le <strong>Népal</strong> estimable n’est pas dans Thamel, le quartier touristique de<br />

Katmandu. Il n’est pas <strong>au</strong>tour des grands stupas qui ne sont que des Lourdes bouddhiques à la<br />

spiritualité baignant dans le mercantile. Et il n’est évidemment pas dans <strong>les</strong> régions de trekking<br />

intensif : Khumbu, Annapurna, Langtang..., qui sont <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ce que la Côte d’azur et le massif de<br />

Chamonix sont à la France.<br />

L’aficionado, le curieux du <strong>Népal</strong>, savent que ce pays est le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Qu’il est plus p<strong>au</strong>vre<br />

que le Bangladesh considéré comme le pays symbole de la misère par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x.<br />

Politiquement, le <strong>Népal</strong>, jusqu’à sa deuxième révolution en 2006, était un pays dans lequel régnait une<br />

monarchie absolue ou quasi-absolue. Et cette monarchie était étayée par des privilégiés, à savoir des<br />

membres des h<strong>au</strong>tes castes hindoues. Celle des Bahuns-Brahmanes et celle des Chétris. Aux premiers<br />

qui sont <strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme et possèdent de ce fait une puissante influence <strong>sur</strong> des populations<br />

analphabètes à 50 %, <strong>les</strong> postes de la h<strong>au</strong>te administration, <strong>au</strong>x seconds le h<strong>au</strong>t commandement de<br />

l’armée et de la police. Sous cette aristocratie népalaise la masse des gens de basse caste : Dalits,<br />

paysans sans terre, Serfs-Kamalaris et <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous : Bothes, Magars, Gurungs, Tamangs,<br />

Kirats, Magis, Tharus... Tous regardés par <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes, avec le même regard, que notre<br />

nob<strong>les</strong>se de 1789 portait à nos manants. Le <strong>Népal</strong> présentait donc une stratification sociale comparable<br />

à celle de la France de l’ancien régime et il est normal que des mouvements de contestation allant<br />

jusqu’à une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et à deux révolutions se soient enchaînés.<br />

Le dialogue est difficile entre des <strong>Népal</strong>ais révoltés et <strong>les</strong> membres de nos sociétés apaisées dans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> manifestations de revendications socia<strong>les</strong> sont plus proches des promenades digestives que<br />

des luttes s<strong>au</strong>vages. Le sens des <strong>mots</strong> est différent dans <strong>les</strong> deux sociétés. Combien de <strong>mots</strong> du<br />

vocabulaire révolutionnaire sont devenus obsolètes chez nous : peuple, féodalité, nob<strong>les</strong>se, ancien<br />

régime, révolution... ! Et maoïste ! Les révolutionnaires népalais n’ont-ils pas baptisé leur mouvement<br />

43<br />

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maoïste ! Un mot rejeté par tous en France ! Pourtant, il f<strong>au</strong>t comprendre que pour des <strong>Népal</strong>ais le mot<br />

maoïste n’est pas porteur des f<strong>au</strong>tes commises par Mao Zedong devenu Président de son pays. Il leur<br />

rappelle la Longue marche victorieuse de son armée contre celle de Tchank Kaï Che –d’ailleurs<br />

équipée et armée déjà par <strong>les</strong> Etats-Unis !- Le mot maoïste sous entend pour <strong>les</strong> révolutionnaires<br />

népalais, la victoire des coolies <strong>sur</strong> <strong>les</strong> mandarins. Il est de plus depuis peu, la marque de la victoire<br />

économique du communisme façon chinois <strong>sur</strong> le capitalisme-mondialiste occidental en déclin. Sens<br />

des <strong>mots</strong> différents : quel parti politique de g<strong>au</strong>che, quel syndicat français fait <strong>au</strong>jourd’hui référence à<br />

Marx et à Lénine ? Pourtant ces noms sont dans le vocabulaire des <strong>Népal</strong>ais révolutionnaires. Logique,<br />

ils sont pour eux ce que <strong>les</strong> noms de Jean Jacques Rousse<strong>au</strong> et de Voltaire étaient à nos Sans culottes.<br />

F<strong>au</strong>t-il condamner <strong>les</strong> maoïstes népalais parce qu’ils ont choisi un nom rejeté par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x ?<br />

F<strong>au</strong>t-il <strong>les</strong> -critiquer parce qu’ils ont, sous ce nom, lutté pendant dix ans contre l’arbitraire et la<br />

féodalité ? F<strong>au</strong>t-il également, j’entends ici ce refrain : « condamner la révolution népalaise parce que<br />

<strong>les</strong> révolutions se terminent toujours mal ? Celle de 1789 a conduit à la Terreur, celle des Soviets à<br />

conduit à Staline, celle de Mao Zedong <strong>au</strong>x f<strong>au</strong>tes qu’il a commises. Oui ? A ce compte il fallait que<br />

nos Sans-culottes acceptent l’ancien régime, que <strong>les</strong> moujiks russes conservent leurs seigneurs et leur<br />

tsar, que <strong>les</strong> coolies chinois conservent leurs mandarins et leur empereur.<br />

Après dix années de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et une deuxième révolution <strong>les</strong> maoïstes vainqueurs ont défait la<br />

monarchie et implanté une République népalaise. Enorme victoire ! Hélas bien courte, rapidement, <strong>les</strong><br />

forces de droite ont repris le pouvoir. Aujourd’hui le pays est gouverné par une coalition qui comprend<br />

des royalistes de l’ancien régime, des membres du <strong>Népal</strong>i Congres, le parti des gens de caste, le tout,<br />

honte suprême, sous la direction du parti communiste Union Marxist Leninist (sic) qui n’a de<br />

révolutionnaire que le nom.<br />

Mai 2010-05-13.<br />

Le Français devrait relire Raymond Aron qui expliquait qu’il ne pouvait plus y avoir en<br />

France de lutte des classes puisqu’il n’y avait plus de classes socia<strong>les</strong>. Du moins, de<br />

classes socia<strong>les</strong> <strong>au</strong>x frontières nettement marquées, tel<strong>les</strong> qu’el<strong>les</strong> existaient <strong>au</strong> moment<br />

des révolutions, et qui expliquaient ces révolutions. De fait, toute nette stratification<br />

sociale séparée par de francs ress<strong>au</strong>ts a disparu. La société française est composée de<br />

couches mal définies, imbriquées, mais qui présentent toutes à des degrés divers, une<br />

caractéristique commune <strong>au</strong> regard de la misère du Tiers monde : el<strong>les</strong> sont en presque<br />

totalité composées de nantis. Le peuple français, dans son ensemble, est devenu un<br />

bourgeois. Il mange à sa faim, il vit dans de véritab<strong>les</strong> logements, des abris étanches à<br />

l’air, à l’e<strong>au</strong>, équipés d’e<strong>au</strong> courante, éclairés, ch<strong>au</strong>ffés... Il bénéficie de loisirs, ceux-ci<br />

44<br />

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participant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de bien être. Ses enfants vont tous à l’école. La grande majorité des<br />

famil<strong>les</strong> bénéficie de véritab<strong>les</strong> soins. A déf<strong>au</strong>t de grosses berlines, dont l’utilité est<br />

d’ailleurs contestable eu égard <strong>au</strong>x contraintes législatives <strong>sur</strong> la conduite, el<strong>les</strong><br />

disposent d’un petit véhicule. Enfin, signe majeur, son espérance de vie avoisine <strong>les</strong> 80<br />

ans. Les classes dangereuses françaises ne constituent plus qu’une minorité dans la<br />

nation. Etant minoritaires, el<strong>les</strong> ne constituent d’ailleurs plus un danger pour l’ordre<br />

social. Si on excepte l’exalté politique, souvent plus proche du voyou que du vrai<br />

révolutionnaire, la classe dangereuse est constituée par des émigrés. Eux seuls utilisent<br />

la violence, des procédés révolutionnaires.<br />

MISERES COMPAREES FRANCE NEPAL<br />

Lire dans le site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/ le cahier qui explique que <strong>les</strong> misères dans <strong>les</strong> deux<br />

pays sont différentes quantitativement et qualitativement.<br />

LES PARTIS DE DROITE EN FRANCE<br />

La droite -et même une certaine extrême droite- a ses valeurs. Sont-el<strong>les</strong> toutes<br />

critiquab<strong>les</strong> ? Aux chiottes le manichéisme : non. L’attitude de politiciens de g<strong>au</strong>che<br />

dénigrant systématiquement <strong>les</strong> valeurs de la droite française est ridicule. L’ordre, le<br />

respect des lois, l’affirmation que dans <strong>les</strong> Droits de l’Homme la notion de devoirs est<br />

trop souvent occultée, le travail, le goût pour un travail, le plaisir que l’on éprouve à<br />

l’exercer, sont des valeurs socia<strong>les</strong>. Souligner que la famille est une chose extraordinaire,<br />

que <strong>les</strong> liens qu’elle crée entre ses membres sont naturels et prodigieux est-il<br />

critiquable ? Dire que la patrie, lorsqu’elle est menacée, attaquée, occupée, mérite que<br />

l’on risque sa vie pour elle est-il condamnable ? Dans un <strong>au</strong>tre domaine il est logique de<br />

déclarer l’utilité de l’industriel, celui qui est à l’origine d’une entreprise qui invente et<br />

produit. Il est logique de déclarer que cet industriel est plus estimable que le casseur, le<br />

carotteur social et le parasite. Je connais dans la société française, j’ai des amis très chers<br />

parmi eux, des gens de droite –certains sont de fervents catholiques- qui sont d’une<br />

intransigeance et d’une honnêteté scrupuleuses. Tous <strong>les</strong> gens de droite ne sont pas des<br />

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45


exploiteurs avides de possession, d’argent, de pouvoir. Tous <strong>les</strong> gens de droite ne<br />

recherchent pas l’amitié des financiers, n’affichent pas ostensiblement leur désir de luxe,<br />

ne recherchent pas <strong>les</strong> loisirs onéreux. Leurs agissements, leur foi, ne sont pas toujours<br />

inspirés par le démagogique et l’électoral, ou par <strong>les</strong> valeurs qui s’exprimaient, <strong>au</strong> temps<br />

de l’occupation allemandes, <strong>au</strong> temps du maréchal Pétain, <strong>au</strong> temps du Travail Famille<br />

Patrie de sinistre mémoire.<br />

Mais il y a, à mes yeux, deux droites détestab<strong>les</strong>. La première est celle qui place <strong>au</strong>dessus<br />

de toutes <strong>les</strong> valeurs, de toutes <strong>les</strong> motivations, comme signe de réussite, la<br />

possession qui suit une courbe exponentielle. Celle qui trouve admissible que l’argent<br />

rapporte de l’argent. Celle qui place l’actionnaire <strong>au</strong>-dessus de l’Homme qui produit<br />

Celle qui c<strong>au</strong>tionne et protège <strong>les</strong> privilégiés de la société d’<strong>au</strong>jourd’hui : bénéficiaires<br />

de gros héritages, de fortunes immora<strong>les</strong>, bénéficiaires de stock-options, personnes ayant<br />

le goût du luxe et du clinquant... Bref tout le malsain qui est dans le mot capitalisme. La<br />

deuxième est la droite qui, <strong>sur</strong> fond de racisme, fonde toute sa politique <strong>sur</strong> la<br />

xénophobie, la haine de l’émigré et utilise pour cela des méthodes, des <strong>mots</strong> et des<br />

procédés inadmissib<strong>les</strong> à l’Homme de cœur, à l’Homme qui place <strong>au</strong>-dessus de tout la<br />

nécessité de la compassion religieuse, de la simple générosité humaine.<br />

Il f<strong>au</strong>t quand même préciser qu’il y a dans la droite une absence d’hypocrisie qui, hélas,<br />

ne se trouve pas toujours dans la g<strong>au</strong>che qui confond discours et agissements.<br />

LES PARTIS DE GAUCHE EN FRANCE<br />

Les églises ont décrit des paradis, <strong>les</strong> agnostiques, <strong>les</strong> athées, <strong>les</strong> gens de g<strong>au</strong>che ont<br />

souri. Mais ces paradis étaient-ils différents des paradis <strong>sur</strong> terre promis par eux ?<br />

Des lendemains qui chantent.<br />

A chacun selon ses mérites, à chacun selon ses besoins.<br />

La g<strong>au</strong>che ! Que signifie être de g<strong>au</strong>che dans une société où <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> sont en petit<br />

nombre ? Est-il de g<strong>au</strong>che celui qui défend des privilèges corporatifs <strong>au</strong> détriment du<br />

collectif ? Qui défend une classe moyenne qui lutte pour son pouvoir d’achat quand celui<br />

dont elle dispose lui permet de bien vivre et qu’elle possède le nécessaire ? Il y a dans<br />

l’expression : être de g<strong>au</strong>che, un goût pour la simplicité, le frugal, un refus du toujours<br />

46<br />

46


plus. Sont-ils de g<strong>au</strong>che ceux qui veulent gouverner la France en appliquant <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du<br />

capitalisme-mondialisme : l’argent <strong>au</strong>-dessus de tout. Etaient-ils de g<strong>au</strong>che ceux qui ont<br />

gouverné la France et n’ont pas été capab<strong>les</strong> de supprimer, ou ont même c<strong>au</strong>tionné, <strong>les</strong><br />

malhonnêtetés socia<strong>les</strong> qui se nomment : corruption, privilèges : retraites déme<strong>sur</strong>ées,<br />

salaires indécents, parachutes dorés, stock-options, abus bancaires... ? Sont-ils de g<strong>au</strong>che<br />

ceux qui, étant <strong>au</strong> pouvoir, n’ont pas été capab<strong>les</strong> d’expliquer <strong>au</strong>x jeunes qu’<strong>au</strong> delà d’un<br />

seuil le désir de possession devenait risible et qu’il fallait lutter contre lui par la dérision.<br />

Dérision : mot énorme. La dérision pour l’argent, pour l’homme riche : quelle chose<br />

facile à inculquer <strong>au</strong>x enfants. Sont-ils de g<strong>au</strong>che ceux qui n’ont pas été capab<strong>les</strong><br />

d’assainir le sport français : X, footballeur, 140.000 euros mensuels ! Un gymnaste <strong>sur</strong><br />

ses agrès est bien plus esthétique qu’un type qui court après une balle ronde et qui<br />

lorsqu’il a marqué un but a des gestes incontrôlés de débile mental. Enfin peut-on être un<br />

véritable homme de g<strong>au</strong>che si on ne considère que <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> de son pays ?<br />

L’homme de g<strong>au</strong>che, le véritable homme de g<strong>au</strong>che, même –<strong>sur</strong>tout- s’il est un nanti<br />

dans sa société, lutte pour <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> de son pays mais <strong>au</strong>ssi pour <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> du<br />

Tiers monde. On connaît la triste phrase :<br />

La Corrèze avant le Zambèze.<br />

Les p<strong>au</strong>vres de la Corrèze avant <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres du Zambèze, pourquoi pas, mais <strong>les</strong> nantis<br />

de la Corrèze avant <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> du Zambèze, non. D’ailleurs, combien sont-ils <strong>les</strong><br />

gens de g<strong>au</strong>che qui luttent vraiment pour <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> de leur pays ? Les partis de<br />

g<strong>au</strong>che pratiquent une politique électorale, le parti socialiste est un parti de pouvoir.<br />

Alain, le philosophe, affirmait que ne pouvait être un parti de g<strong>au</strong>che celui qui cherche à<br />

gouverner. Les gens de g<strong>au</strong>che en France ont adopté la société de marché, il en est qui<br />

affirment que seule l’application des théories mondialistes peut améliorer <strong>les</strong> conditions<br />

de vie des misérab<strong>les</strong> du Tiers monde.<br />

Le mondialisme conduit à diminuer la misère dans <strong>les</strong> pays émergeants.<br />

Evident mon cher Watson et le capitalisme a été, dans le domaine social, une grande<br />

chose puisqu’il a donné du travail <strong>au</strong>x ouvriers. Et <strong>les</strong> <strong>guerre</strong>s sont uti<strong>les</strong> car el<strong>les</strong><br />

participent à limiter le nombre de mécontents dans une société. Sans pudeur ces gens<br />

rajoutent<br />

47<br />

47


Quand la marée monte, elle soulève tous <strong>les</strong> bate<strong>au</strong>x.<br />

Ce qui est vrai, elle soulève <strong>les</strong> yachts, <strong>les</strong> paquebots de plaisance mais <strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> cargos,<br />

<strong>les</strong> pétroliers et <strong>les</strong> barques, toutes <strong>les</strong> barques. Le problème est que <strong>sur</strong> <strong>les</strong> yachts et <strong>les</strong><br />

paquebots de plaisance il fait bon vivre dans le luxe et le farniente alors que dans <strong>les</strong><br />

machineries des cargos et des pétroliers, le travail est dur et que <strong>sur</strong> <strong>les</strong> barques des<br />

hommes ont faim, des hommes ont froid, des hommes souffrent, des enfants meurent.<br />

Jean Daniel du Nouvel Obs., hebdomadaire d’une g<strong>au</strong>che très parisienne, écrit :<br />

Ce que je veux simplement souligner avec force, c’est que le déplacement des frontières entre la<br />

droite et la g<strong>au</strong>che est considérable. Mais l’unanimité qui se fait <strong>sur</strong> un certain humanisme<br />

œcuménique n’empêche nullement que l’opposition demeure entre <strong>les</strong> valeurs de solidarité à g<strong>au</strong>che<br />

et <strong>les</strong> valeurs de compétition à droite.<br />

Déplacement des frontières entre la g<strong>au</strong>che et la droite, « Mon dieu qu’en termes doux<br />

ces choses là sont dites ! » Humanisme œcuménique, que ces <strong>mots</strong> sont charmants !<br />

<strong>Sig</strong>nifient-ils acceptation de la société de marché et du mondialisme ? Les gens bien<br />

élevés sourient, <strong>les</strong> mal élevés de mon espèce éclatent de rire et traitent Jean Daniel de<br />

coquin. Valeurs de solidarité ? La g<strong>au</strong>che l’a montré quand elle était <strong>au</strong> pouvoir. Ses 35<br />

heures n’ont été uti<strong>les</strong> qu’<strong>au</strong>x classes moyennes composées de nantis <strong>au</strong> regard de la<br />

population du Tiers monde et des véritab<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> en France. Pour que ses membres<br />

disposent de plus de temps pour leurs stupides activités ou leurs inactivités imbéci<strong>les</strong>,<br />

comme cel<strong>les</strong> qu’ils passent devant leur poste de télévision. Le p<strong>au</strong>vre, le vrai p<strong>au</strong>vre,<br />

comme le jeune marié, le smicard, veut améliorer son salaire et pour cela il accepte de<br />

faire de nombreuses heures. De plus, le nombre d’heures de travail est défini par la<br />

quantité de travail à effectuer, il est mobile, il dépend de nombreux facteurs, il est<br />

variable <strong>au</strong> cours d’une année, des saisons...<br />

La solidarité de la g<strong>au</strong>che, la g<strong>au</strong>che <strong>au</strong> pouvoir l’a montré avec <strong>les</strong> immigrés, <strong>au</strong>tre type<br />

de misérab<strong>les</strong> : absence de dignité, misère morale... Après 14 ans de gestion du pays le<br />

problème des immigrés est resté posé ! Si une véritable g<strong>au</strong>che avait fait son travail de<br />

g<strong>au</strong>che, <strong>les</strong> immigrés <strong>au</strong>raient été intégrés, ils ne vivraient plus dans des ghettos, ils<br />

seraient dispersés, éduqués, assimilés. Ce faisant, il y <strong>au</strong>rait moins de délinquants parmi<br />

eux, et, par conséquences moins de gens de droite et de policiers ayant la phobie de<br />

l’étranger. Démagogie de la g<strong>au</strong>che : on utilise un vocabulaire qui apaise, hypocrisie de<br />

48<br />

48


la g<strong>au</strong>che : on fait croire. Application de b<strong>au</strong>mes <strong>sur</strong> des fractures socia<strong>les</strong>, ordonnances<br />

préconisant l’usage de placébos ! Tous <strong>les</strong> gens de g<strong>au</strong>che de bonne foi le savent : si on<br />

laisse <strong>les</strong> frontières ouvertes il y <strong>au</strong>ra des tsunamis d’habitants du Tiers monde qui vont<br />

envahir <strong>les</strong> pays riches. Ils sont trois milliards qui rêvent de l’Occident.<br />

Pour éviter le problème créé par l’immigration il n’y a qu’une solution : élever le<br />

nive<strong>au</strong> de vie des habitants du Tiers monde.<br />

Quel parti de g<strong>au</strong>che l’inscrit dans ses priorités ? Les gens de g<strong>au</strong>che pensent hélas<br />

comme <strong>les</strong> gens de droite et d’extrême droite :<br />

La France <strong>au</strong>x Français. La Corrèze avant le Zambèze.<br />

P<strong>au</strong>vre Français qui lutte pour son pouvoir d’achat. Non pas pouvoir d’achat du<br />

nécessaire mais pouvoir d’achat du futile, du toujours plus. Répétons : la majorité des<br />

Français sont des bourgeois, des nantis de la terre. Combien de gens de g<strong>au</strong>che<br />

manifestent, écrivent, défilent pour améliorer <strong>les</strong> conditions de vie des véritab<strong>les</strong><br />

misérab<strong>les</strong> en France ? Des habitants du Tiers monde ? La g<strong>au</strong>che française est une<br />

g<strong>au</strong>che hypocrite qui se fout de la misère. Ses membres, monsieur Jean Daniel, sont des<br />

râleurs égoïstes, ses membres n’en ont plus. Générosité de la g<strong>au</strong>che ! Monsieur Jean<br />

Daniel, quel économiste de g<strong>au</strong>che démontrera que l’argent amassé par <strong>les</strong> quelques<br />

centaines de milliardaires de la Terre, partagé entre <strong>les</strong> trois ou quatre milliards de<br />

misérab<strong>les</strong>, conduira à une amélioration momentanée et infime du nive<strong>au</strong> de vie de ces<br />

p<strong>au</strong>vres mais que des prélèvements réguliers <strong>sur</strong> <strong>les</strong> salaires des membres des classes<br />

moyennes des pays riches conduirait à une amélioration notable du nive<strong>au</strong> de vie de tous<br />

<strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres de la Terre. Oui, il f<strong>au</strong>t faire payer le riche, mais le riche <strong>au</strong>jourd’hui c’est<br />

<strong>au</strong>ssi l’homme des classes moyennes des sociétés occidenta<strong>les</strong> : <strong>les</strong> cadres, <strong>les</strong><br />

enseignants, des ouvriers même.<br />

POLITIQUE ET DERISION<br />

Et si on apprenait qu’en politique la réussite, c'est-à-dire l’équilibre social est contenu dans le seul<br />

mot dérision. Qu’arrivé à un certain seuil de bien être l’honnête homme devait crier : halte !<br />

49<br />

49


L’extrême g<strong>au</strong>che possède un énorme plus : elle ne défend qu’un faible pourcentage de<br />

la société française. Combien de misérab<strong>les</strong> en France ? Elle ne sera donc jamais un parti<br />

de pouvoir. Quel langage a-t-elle ? Je ne le connais pas. Mais je sais qu’elle éparpille ses<br />

forces. Ridicu<strong>les</strong> clivages français : chacun cuisine sa petite soupe dans son petit coin, ne<br />

veut pas goûter à celle de l’<strong>au</strong>tre, mange la sienne en tournant le dos à son voisin. Il<br />

f<strong>au</strong>drait pour qu’elle soit crédible et efficace qu’elle s’unisse. Peut-être qu’elle<br />

abandonne ses bib<strong>les</strong>, ses évangi<strong>les</strong>, ses vieux discours, qu’elle se regroupe sous un seul<br />

slogan : Défense de tous <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> : ceux qui vivent en France, ceux qui vivent en<br />

Occident, ceux qui vivent dans le Tiers monde.<br />

DES TREKKEURS AU NEPAL<br />

Il y a des trekkeurs qui ont des opinions de droite, d’<strong>au</strong>tres qui ont des opinions de<br />

g<strong>au</strong>che, d’<strong>au</strong>tres enfin qui ont des opinions non affirmées, non rigides, flottantes, voire<br />

incertaines. Il y a des trekkeurs qui ne viennent que trekker <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Trekker ! Silence<br />

dans <strong>les</strong> rangs. Tout le reste leur importe peu. Dès leur arrivée à Katmandu ils se<br />

précipitent dans Thamel puis, <strong>au</strong> plus vite, ils vont <strong>sur</strong> <strong>les</strong> sentiers des zones touristiques,<br />

s’extasiant <strong>au</strong>x mêmes endroits, poussant des : « Oh ! » et des « Ah ! » qui ne diffèrent<br />

que par leur tonalité. Les « Ah ! » et <strong>les</strong> « Oh ! » des habitants des grandes vil<strong>les</strong> sont<br />

plus puissants que <strong>les</strong> « Ah ! » et <strong>les</strong> « Oh ! » des habitants des campagnes, ils sont<br />

enchaînés, répétés en utilisant, un peu comme le sont <strong>les</strong> mantras, des sons in<strong>au</strong>dib<strong>les</strong>,<br />

graves, aigus, stridents. Les « Oh ! » et <strong>les</strong> « Ah ! » des Anglo-saxons sont épais,<br />

traînants et vulgaires. Les « Oh ! » et <strong>les</strong> « Ah ! » des Latins sortent en chantant de leur<br />

de leur gosier. Les « Ah ! » et <strong>les</strong> « Oh ! » des Germains ont la brève rugosité gutturale<br />

de ceux Qui marchent <strong>au</strong> pas et n’ont pas de temps à perdre. Tous, chaque soir, espérant<br />

des lendemains épiques, s’entassent dans des lodges, papotent, piaillent, reprennent leurs<br />

« Oh ! » et leurs « Ah !» dont l’intensité va en diminuant jusqu’à ce que le sommeil<br />

finisse par <strong>les</strong> éteindre.<br />

Certains, avant de sombrer dans l’inconscient rêvent <strong>au</strong> temps jadis, où (tiré de : Histoire<br />

géographie, CE1, Combes et Mercier. Ed Nathan) :<br />

50<br />

50


Autour de la cheminée... Pendant <strong>les</strong> longues soirées d’hiver, <strong>les</strong> villageois invitaient parfois leurs<br />

amis à la veillée. On allumait un grand feu dans la cheminée avec de grosses bûches de bois... On ne<br />

s’ennuyait pas pendant la veillée. On se racontait des histoires drô<strong>les</strong> ou mystérieuses...<br />

C’est avec de tels propos qu’<strong>au</strong>jourd’hui encore on fait rêver <strong>les</strong> niais.<br />

Margin<strong>au</strong>x, de véritab<strong>les</strong> trekkeurs-routards-sacs à dos fuyant la foule existent pourtant.<br />

Ils cherchent le <strong>Népal</strong> profond, le vrai <strong>Népal</strong>, ils refusent <strong>les</strong> régions où sévit un<br />

tourisme intensif. Ceux-là n’ont que faire des lodges-<strong>au</strong>berges <strong>les</strong> moins chères, des<br />

bons rest<strong>au</strong>rants pas chers où on est bien reçu. Les guides népalais type Michelin, <strong>les</strong><br />

font sourire. Ils couchent sous tente, chez l’habitant. Ce sont des rustiques, des<br />

anachorètes, des types peu intéressants, leur accorder d’<strong>au</strong>tres <strong>mots</strong> serait perdre du<br />

temps. D’ailleurs, citer tous <strong>les</strong> types de trekkeurs est impossible il y f<strong>au</strong>drait un livre.<br />

Pourtant je me dois de parler encore une fois de ceux qui sont chargés de soucis<br />

écologiques. Dans leurs têtes s’entrechoquent <strong>les</strong> <strong>mots</strong> : carbone, couche d’ozone,<br />

disparition des neiges éternel<strong>les</strong> des Himalayas –qui ne le seront bientôt plus- Si on leur<br />

dit : « Ici, <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, <strong>au</strong>x alentours et dans la périphérie des Parcs nation<strong>au</strong>x, il y a des<br />

tigres qui mangent des enfants, des femmes, des hommes. », ils répondent, évasifs car là<br />

n’est pas leur problème :<br />

- Oui, c’est triste.<br />

Mais leur attitude signifie que pour eux, là n’est pas la question, qu’en réalité ils<br />

pensent :<br />

Il f<strong>au</strong>t bien que tout le monde vive ! Nous sommes six milliards ! Notre espèce est prolifique alors<br />

que le tigre est en voie de disparition.<br />

Je dois <strong>au</strong>ssi parler de ceux qui portent <strong>les</strong> soucis créés par le non respect des Droits de<br />

l’Homme par certains pays colonisateurs. Colonisateurs-destructeurs de spiritualités<br />

orienta<strong>les</strong> et non-violentes. Si on dit à ceux-là :<br />

Ces sa<strong>les</strong> colons ont quand même fait disparaître un régime théocratique et féodal de la pire espèce.<br />

Ils répliquent, oubliant d’établir un parallèle entre Droits de l’Homme et féodalité :<br />

Les Droits de l’homme sont sacrés, <strong>les</strong> Chinois ne <strong>les</strong> respectent pas, <strong>les</strong> Chinois sont des sal<strong>au</strong>ds.<br />

Si on leur dit :<br />

Pendant que <strong>les</strong> Chinois colonisaient le Tibet, dans <strong>les</strong> années 1950, nous, Français, nous battions<br />

pour conserver l’Indochine.<br />

Ils se taisent.<br />

51<br />

51


Si on leur dit :<br />

- Le premier des nucléaires à combattre est le nucléaire militaire car il a pour fonction de tuer alors<br />

que le nucléaire civil a pour fonction d’aider l’humanité.<br />

Ils répondent sans temps mort :<br />

- Il f<strong>au</strong>t, <strong>au</strong> plus vite, supprimer le nucléaire civil.<br />

F<strong>au</strong>t-il laisser parler ceux qui, émus, observent le <strong>Népal</strong> misérable, cherchent à<br />

comprennent le <strong>Népal</strong> politique, le <strong>Népal</strong> social ? Ils sont si peu nombreux qu’ils doivent<br />

se contenter de ces trois lignes ?<br />

Et bien non ! Je parle en leur nom. Eloigné des fou<strong>les</strong>, peu sensible <strong>au</strong>x modes, <strong>au</strong>x<br />

engouements, <strong>au</strong>x spiritualités-matérialistes, <strong>au</strong>x soungti-amulettes et <strong>au</strong>x mani-exvotos,<br />

<strong>au</strong>x peurs g<strong>au</strong>loises, je considère que le <strong>Népal</strong> politique, le <strong>Népal</strong> social, la misère<br />

du <strong>Népal</strong>, le <strong>Népal</strong> des révolutionnaires, le <strong>Népal</strong> qui sort d’une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> de dix ans,<br />

méritent plus qu’un chapitre.<br />

Et c’est pourquoi j’en suis venu à poser le problème comme le fait le philosophe André<br />

Gorz, qui, dans le Monde diplomatique, s’exprime ainsi :<br />

Il f<strong>au</strong>t poser la question franchement : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des<br />

contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit <strong>les</strong> contraintes<br />

du capitalisme et, par là même, inst<strong>au</strong>re un nouve<strong>au</strong> rapport des hommes à la collectivité, à leur<br />

environnement, à la nature.<br />

Ridicule logique. La majorité des trekkeurs se révolte et me crie :<br />

- Tu nous emmerdes avec tes citations. Là n’est pas le problème. Nous sommes venus pour visiter le<br />

<strong>Népal</strong>, pas pour philosopher ni faire de la politique. Le temps est <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> gnian gnian, vive le <strong>Népal</strong><br />

gnian gnian. Ah ! Thamel ! Ah ! Ils sont be<strong>au</strong>x ! Ah ! Ils sont gentils et toujours souriants ! Ah ! La<br />

non-violence ! Ah ! Le bucolique ! Ah ! Les médecines douces... ! Tu dis : la misère ! N’exagère pas,<br />

il y a des riches dans ce pays ! De plus <strong>les</strong> maoïstes, lorsqu’ils occupaient <strong>les</strong> villages, faisaient régner<br />

la terreur, ils faisaient fuir <strong>les</strong> habitants, ils enrôlaient des enfants soldats... Ils ne respectaient pas<br />

<strong>les</strong> Droits de l’homme, ils torturaient, ils assassinaient...<br />

Noter que je n’ai jamais entendu, ni lu, qu’ils avaient violé, mais il a été écrit maintes<br />

fois qu’ils enrôlaient de force des jeunes fil<strong>les</strong> : « Ecoutez mon silence ! »<br />

Merveilleux gnian gnian qui a d’ailleurs ses médicaments pour réduire la misère, ils sont<br />

dans <strong>les</strong> <strong>mots</strong> :<br />

Développement durable. Trekking équitable. Trekking solidaire.<br />

52<br />

52


Dans le Que sais-je <strong>sur</strong> l’humour, Robert Escarpit cite George Orwell :<br />

Tous <strong>les</strong> partis de g<strong>au</strong>che dans <strong>les</strong> pays h<strong>au</strong>tement industrialisés sont, <strong>au</strong> fond, du chiqué, car ils<br />

font profession de lutter contre quelque chose qu’ils ne désirent pas vraiment détruire. Ils ont des<br />

buts internationalistes et en même temps ils luttent pour la conservation d’un nive<strong>au</strong> de vie avec<br />

lequel ces buts sont incompatib<strong>les</strong>. Nous vivons tous en exploitant <strong>les</strong> coolies asiatiques, et ceux qui,<br />

parmi nous, sont « éclairés » disent tous qu’il f<strong>au</strong>t libérer ces coolies ; mais notre nive<strong>au</strong> de vie et,<br />

par conséquent, notre qualité d’hommes « éclairés » exigent que l’exploitation continue.<br />

Je me laisse encore aller : j’imagine des trekkeurs honnêtes hommes qui sont sortis de<br />

notre vision européocentrique de l’histoire des peup<strong>les</strong>. Car l’histoire des peup<strong>les</strong> de la<br />

Terre n’est pas celle de l’Europe, des Amériques colonisées par l’Europe. René Viennet<br />

écrit :<br />

L’histoire du golfe du Tonkin est <strong>au</strong>ssi riche que l’histoire de la Méditerranée et une province<br />

comme le Sichuan (60 millions d’habitants) mérite <strong>au</strong> moins <strong>au</strong>tant de livres que celle du<br />

Languedoc.<br />

Raisonner, résonner, hors de l’hexagone, voilà une occupation pour des jeunes trekkeurs<br />

en recherche d’enthousiasme. De Duhamel<br />

La France a besoin d’inventer un nouve<strong>au</strong> projet collectif, de nouvel<strong>les</strong> ambitions nationa<strong>les</strong>. Ce<br />

serait la meilleure thérapeutique contre l’esprit de doute, la tentation de découragement et <strong>les</strong><br />

impasses de la démagogie.<br />

Rêve : des trekkeurs universitaires ou des trekkeurs chercheurs du C.N.R.S. spécialistes<br />

en misères, en politiques, en économies, expliquent à des jeunes le réservoir<br />

d’enthousiasme que contient la lutte contre la p<strong>au</strong>vreté du Tiers monde. Des<br />

universitaires-trekkeurs ou des chercheurs-trekkeurs écrivent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> réalités du <strong>Népal</strong>,<br />

ses problèmes politiques. Ce serait à eux, qui sont en dehors du mercantile, qui sont<br />

dépositaires des valeurs humaines, de contrer le stupide, de lancer des idées, de corriger<br />

<strong>les</strong> ab<strong>sur</strong>dités. Et ce serait dans <strong>les</strong> milieux universitaires et chez <strong>les</strong> chercheurs que<br />

devraient être issus <strong>les</strong> médias spécialisés. Hélas ! De Serge P<strong>au</strong>gan :<br />

Ils (<strong>les</strong> universitaires) restent malheureusement trop souvent confinés à une sphère académique<br />

éloignée des débats.<br />

Je l’ai dit, une seule chercheuse du C.N.R.S., à ma connaissance, s’est penchée <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

problèmes politiques du <strong>Népal</strong> : Michelle Kergoat. Les universitaires sont quasi-muets<br />

ou quand ils sortent de leur mutisme, trop souvent, ils intellectualisent <strong>les</strong> problèmes.<br />

53<br />

53


Quant <strong>au</strong>x médias qui s’intéressent <strong>au</strong> voyage, <strong>au</strong> trekking, à la montagne, ils continuent<br />

de caresser leur lecteur dans le sens de la mode, du mièvre, du lamentable, de la connerie<br />

Ce qu’ils croient être des cris d’indignation ne sont que des vrombissements hypocrites.<br />

Merde, n’y a-t-il pas chez des trekkeurs, des universitaires, des chercheurs, des<br />

médias, des routards, chez des himalayistes, dans <strong>les</strong> clubs de montagne, de<br />

marche... <strong>au</strong>tre chose que des néo-culs bénis destructeurs d’egos, des amateurs de<br />

gnian gnian, des gens de droite ?<br />

54<br />

54


TITRE II<br />

SUR LE NEPAL<br />

GEOGRAPHIE PHYSIQUE<br />

UN PETIT, MAIS ETONNANT ET ETRANGE PAYS<br />

- Un pays aplati entre la Chine et l’Inde, puissances de plus de un milliard d’habitants,<br />

toutes <strong>les</strong> deux en pleine expansion économique, tel se présente le <strong>Népal</strong>.<br />

- Une minuscule superficie : 147.181 km2 (Belgique : 30.500, Chine : 9.600.000,<br />

France : 549.000, Inde : 3.268.000, Suède : 30.500, Suisse : 41.293). Les dimensions<br />

exactes du pays sont-el<strong>les</strong> vraiment connues ? Cel<strong>les</strong> indiquées par <strong>les</strong> différents <strong>au</strong>teurs<br />

ne correspondent pas. Pour <strong>les</strong> connaître, peut-on <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>er <strong>sur</strong> des cartes ?<br />

Difficilement ! Quel<strong>les</strong> cartes sont justes ? De plus, <strong>les</strong> frontières ne sont pas encore<br />

totalement tracées. Acceptons cel<strong>les</strong> que donne Robert Rieffel dans son Que sais-je ?<br />

(édition nov. 1982.). :<br />

- longueur : 880 km.<br />

- dimensions transversa<strong>les</strong>, de : 145 à 190 km.<br />

- Le <strong>Népal</strong> est découpé horizontalement en six régions transversa<strong>les</strong> visib<strong>les</strong> <strong>sur</strong> le<br />

croquis n° 2.<br />

Du sud <strong>au</strong> nord se succèdent :<br />

- 1 : une zone non uniforme nommée Teraï, Tarai écrivent des journ<strong>au</strong>x anglophones.<br />

Sa longueur à vol d’oise<strong>au</strong> est de 880 km et la longueur développée de sa frontière varie,<br />

suivant <strong>les</strong> <strong>au</strong>teurs, de 1300 à 1600 km. ( ! ). Dans cette partie, on distingue un Teraï<br />

occidental, un Teraï central et un Teraï oriental. Le Teraï oriental est constitué d’une<br />

vaste plaine dont la largeur varie de 30 à 40 km, son altitude de 50 à 100 mètres. C’est<br />

dans cette plaine que court la frontière avec l’Inde. Frontière sans marques<br />

géographiques caractéristiques. Le Teraï central est une région de collines. La partie<br />

occidentale du Teraï est moins large que la partie orientale. La partie orientale nommée<br />

55<br />

55


COUPE TRANSVERSALE DU NEPAL. C.2.<br />

Madesh est peuplée de Madeshi. Le Madesh est la région la plus riche du pays, on la<br />

nomme Le grenier du <strong>Népal</strong>. La partie occidentale, p<strong>au</strong>vre, est essentiellement peuplée<br />

de Tharus.<br />

- 2 : des collines Siwaliks ou Churé. Altitude de 914 à 1829 m.<br />

- 3 : des collines Mahabarat. Largeur moyenne : 16 km. Altitude de 1824 à 3048 m.<br />

- 4 : une bande de collines centra<strong>les</strong> constitue le Moyen pays, parfois nommé Pahad,<br />

<strong>les</strong> habitants étant nommés Pahadis. Dans ces collines se situent quelques vastes cuvettes<br />

ou de petites plaines : ainsi cel<strong>les</strong> de Katmandu ou de Pokhara. La population dans cette<br />

région est composée de gens de caste, de nombreux membres d’ethnies : <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x ou<br />

Indigenous : Magars, Gurungs, Tamangs, Raïs, Kirats, Magis...<br />

- 5 : <strong>les</strong> Piémonts himalayens. Terres de h<strong>au</strong>tes altitudes habitées par des populations<br />

de type tibétain nommées Bothe, Bothé ou plus rarement Bothïa (sens péjoratif).<br />

L’altitude des terres habitées varie de 2400 à 5500 mètres.<br />

- 6 : le Grand Himalaya, souvent frontière avec le Tibet.<br />

- 6a : on trouve en quelques endroits une région qui ne bénéficie pas des pluies de la<br />

mousson car <strong>les</strong> nuages venant du golfe du Bengale sont arrêtés par <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts sommets<br />

de l’Himalaya. Région semi-désertique, elle est nommée Transhimalaya (plus loin,<br />

56<br />

56


derrière l’Himalaya). La frontière avec le Tibet est alors souvent située le long de<br />

sommets secondaires. Ainsi <strong>les</strong> régions transhimalayennes de la rive g<strong>au</strong>che du torrent<br />

Marsyangdi, du Mustang, du Dolpo...<br />

Superficie des zones en km2 :<br />

- H<strong>au</strong>t Himalaya : 25.134.<br />

- Piémonts himalayens : 42.067.<br />

- Moyen pays : 84.000.<br />

- Siwaliks : 18.187.<br />

- Teraï.<br />

- Occidental : 5.694.<br />

- Central collines : 4.143.<br />

- Oriental : 11.962.<br />

- TOTAL : 140.798.<br />

Rappel : ces chiffres varient fortement suivant <strong>les</strong> <strong>au</strong>teurs, ce qui est logique puisqu’il<br />

est très difficile de définir géographiquement certaines zones et que <strong>les</strong> frontières ne sont<br />

pas encore totalement tracées.<br />

- Une caractéristique très importante : le <strong>Népal</strong> n’a pas d’accès à la mer, toutes <strong>les</strong><br />

marchandises dont <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong> : Petrol (essence), Fuel (diésel), Matitel<br />

(fuel domestique) transitent par l’Inde (même le charbon vient du nord ouest de ce pays).<br />

Ces produits pénètrent <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> par le Madesh (Teraï oriental) ce qui donne à cette<br />

région déjà très peuplée, riche et puissante, une force politique considérable. <strong>Sig</strong>nalons<br />

tout de suite que l’Inde tire partie de cette dépendance économique du <strong>Népal</strong>, elle lui<br />

permet d’exercer <strong>sur</strong> ce pays (en échange, il est vrai, d’une aide conséquente) d’énormes<br />

pressions diplomatiques, économiques, politiques, militaires.<br />

57<br />

57


GEOGRAPHIE HUMAINE<br />

GENERALITES<br />

Caractéristique essentielle : le <strong>Népal</strong> est un pays misérable. Il n’existe en tant qu’Etat<br />

indépendant que grâce à l’aide du Japon, des pays occident<strong>au</strong>x, de l’Inde, de la Chine.<br />

Voir Encadré, chiffres 2009.<br />

AIDES EXTERIEURES.<br />

En millions de dollars, chiffres arrondis.<br />

COMMUNAUTES.<br />

Europe 23<br />

UN 203<br />

ORGANISMES INTERNATIONAUX.<br />

Banque mondiale 688<br />

Asian Bank 685<br />

United Kingdom 258<br />

European Commission 171<br />

PAYS.<br />

Norvège 117<br />

Japon 109<br />

USA 96<br />

Allemagne 89<br />

Finlande 64<br />

Corée 63<br />

Australie 41<br />

Canada 22<br />

France 0,2<br />

L’Inde ne communique pas ses chiffres mais il est évident qu’elle est à placer <strong>au</strong> premier<br />

rang des donateurs. Quels ont été <strong>les</strong> montants des aides militaires <strong>au</strong> gouvernement du<br />

roi Gyanandra en lutte contre <strong>les</strong> maoïstes pendant la <strong>guerre</strong> apportées par l’Inde, <strong>les</strong><br />

Etats-Unis d’Amérique, l’Angleterre... ? Ces montants sont-ils à classer dans <strong>les</strong> aides<br />

humanitaires ?<br />

58<br />

58


Les trekkeurs français qui, dès qu’ils sont <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ont des attitudes de conquérants<br />

évoluant en pays conquis, devraient se souvenir de la position de la France, cinquième<br />

puissance mondiale, dans <strong>les</strong> aides <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Du point de vue humain, le <strong>Népal</strong> peut, longitudinalement, se découper en cinq régions,<br />

- un Grand ouest : régions de Acham, Jumla...<br />

- un Ouest : région de Rukum...<br />

- un Centre : comprenant la ville de Pokhara...<br />

- une partie Orientale : Katmandu...<br />

- un Grand Est : Ilam, Taplejung...<br />

Ce découpage n’est pas celui que l’on trouve dans la littérature, <strong>les</strong> médias népalais.<br />

Ceux-ci nomment ouest <strong>Népal</strong>ais ce qui n’est que le <strong>Népal</strong> central et grand ouest ce qui<br />

est le <strong>Népal</strong> occidental.<br />

DECOUPAGE LONGITUDINAL. C.3.<br />

- 1. Katmandu.<br />

- 2. Pokhara.<br />

- 3. Jajarkot.<br />

- 4. Jumla.<br />

- 5. Ilam.<br />

- 6. Mahendranagar.<br />

- 7. Nepalganj.<br />

59<br />

59


- H1. Biarishi Himal.<br />

- H2. Annapurna Himal.<br />

- H3. Langtang Himal.<br />

- H4. Sagarmatha Himal.<br />

- H5. Kangchenjunga Himal.<br />

Nota : ce découpage ne correspond également pas à celui qui est indiqué <strong>sur</strong> des documents népalais.<br />

Ces régions sont découpées en 75 départements nommés districts. Pour <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> :<br />

Katmandu est dans la région orientale du pays, Pokhara dans la région centrale, Dankuta,<br />

Taplejung, dans la partie orientale. Pour <strong>les</strong> montagnes :<br />

- Dharchula et Biaryschi sont dans le Grand ouest,<br />

- Dh<strong>au</strong>lagiri et Annapurna dans l’Ouest,<br />

- Langtang, Jugal, Rolwaling dans la partie orientale,<br />

- Sagarmatha, Hinku, Makalu, à cheval entre la partie orientale et le Grand est,<br />

- Kangchenjunga, Jannu-Kumbakarna, dans le Grand est.<br />

Malgré un fort mouvement d’exode vers <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> (la population de la cuvette de<br />

Katmandu est passée en 30 ans de 400.000 habitants à peut-être 3 millions d’habitants),<br />

la population : Janajati, est essentiellement rurale. Chiffres officiels, 2002 :<br />

- Population urbaine : 14,20 %.<br />

- Population rurale : 85,80 %.<br />

Si le phénomène de désertification des campagnes débute, il f<strong>au</strong>t noter qu’il ne se<br />

produit pas dans <strong>les</strong> zones touristiques. En terres de trekking la population est stable ou<br />

s’accroît. Des lieux de pâturages en h<strong>au</strong>te Kali Gandaki, dans le h<strong>au</strong>t Khumbu :<br />

Dingbotché, Peritché... deviennent des bourgades ou de véritab<strong>les</strong> stations de montagne.<br />

Les zones <strong>les</strong> plus peuplées du <strong>Népal</strong> sont : le Teraï oriental ou Madesh, le Teraï central,<br />

région de Rupandehi, la cuvette de Katmandu, la plaine de Pokhara.<br />

La répartition de la population serait de :<br />

- Piémonts himalayens : 7, 3 %<br />

- Collines : 44, 3 %<br />

- Teraï : 48, 4 %<br />

La population a été de :<br />

60<br />

60


- 5, 6 millions en 1911.<br />

- 5,57 millions en 1920.<br />

- 5,53 millions en 1930.<br />

- 6, 28 millions en 1941.<br />

- 8,25 millions de 1952 à 1954.<br />

- 9, 41 millions en 1961.<br />

- 11,5 millions en 1971.<br />

- 15 millions en 1981.<br />

- 18,5 millions en 1991.<br />

- 23 millions en 2001.<br />

- 28 millions en 2006.<br />

Le <strong>Népal</strong> doit compter <strong>au</strong>jourd’hui (2009-2010) environ 30 millions d’habitants.<br />

Le <strong>Népal</strong> est essentiellement agricole. Mais cette production est inégale, elle est<br />

négligeable dans <strong>les</strong> piémonts himalayens, faible dans <strong>les</strong> collines, intense dans le Teraï.<br />

Le Teraï est bien Le grenier du <strong>Népal</strong>. Cette région, Teraï du centre-ouest : <strong>au</strong>tour de<br />

Kapilbastu et Rupandem, Teraï de l’est : <strong>au</strong>tour de Danusa et de Jhapal fournirait<br />

l’essentiel du riz consommé par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais.<br />

Les petites et moyennes industries sont concentrées dans le Teraï-Madesh. La grosse<br />

industrie dans le Teraï central, district de Bara, le Teraï oriental, district de Morang.<br />

Mais on trouve <strong>au</strong>jourd’hui une petite, moyenne et lourde industrie dans la cuvette de<br />

Katmandu.<br />

Le <strong>Népal</strong> est le pays d’Asie qui consomme le moins d’énergie, il consomme moins que<br />

le Buthan et le Benglha desh !<br />

Le puissant potentiel hydr<strong>au</strong>lique du <strong>Népal</strong>, c’est bien connu, est très mal exploité. Cela<br />

est dû à l’absence de moyens financiers mais <strong>sur</strong>tout à l’impéritie des gouvernants qui se<br />

sont succédés <strong>au</strong> cours des sièc<strong>les</strong> à la tête du pays et à la corruption qui a arrêté de<br />

nombreux projets.<br />

61<br />

61


L’industrie du tourisme est la principale source de devises.<br />

En ce qui concerne le religieux, on affirme, quelquefois un peu rapidement -on a<br />

tendance à oublier <strong>les</strong> nombreux musulmans et leurs mosquées- que <strong>les</strong> populations :<br />

- des plaines du Teraï sont hindouistes. Il y a de fait, en terres Madesh, une forte<br />

présence de membres de la caste des brahmanes-prêtres, ceux qui sont nommés Bahuns<br />

dans le <strong>Népal</strong> intérieur.<br />

- des zones de collines qui abritent ceux que l’on nomme <strong>les</strong> membres d’ethnies ou<br />

Pahadis ou Trib<strong>au</strong>x-Indigenous pratiquent des religions mixtes composées d’un mélange<br />

à t<strong>au</strong>x variable d’hindouisme, de bouddhisme, de chamanisme.<br />

- des piémonts himalayens, <strong>les</strong> Bothe (Bothé, Bothïa, Bothyias), pratiquent un des<br />

bouddhismes tibétains fortement imprégné de religion Bön (boen) ancienne religion<br />

tibétaine encore présente dans certaines régions) peu riche en pratiques tantriques. Les<br />

bouddhismes dans différentes régions seraient :<br />

- région Khumbu, pays des <strong>Sherpa</strong>s : bouddhisme Nïngmapa.<br />

- région de Manang : bouddhisme Karmapa.<br />

- région du Dolpo : bouddhisme Bon-Po (contient le mot po ou pa qui signifie<br />

peuple. Bon-po indique que <strong>les</strong> coutumes et <strong>les</strong> pratiques de l’ancienne religion bon sont<br />

très fortes et dominent cel<strong>les</strong> du bouddhisme.).<br />

- région du Mustang : bouddhisme Sakyapa.<br />

SUR LES HOMMES<br />

LE NEPAL EST UN PAYS PAUVRE<br />

Il ne f<strong>au</strong>t pas se lasser de répéter que le <strong>Népal</strong> est un pays p<strong>au</strong>vre, qu’il reste le pays le<br />

plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Qu’<strong>au</strong> classement <strong>sur</strong> dix des pays p<strong>au</strong>vres de la terre il occupe<br />

une des premières places. Les organismes officiels indiquent un revenu par habitant de<br />

l’ordre de 240 dollars par an, soit, valeur octobre 2009 : 18.069 roupies. Ce qui<br />

correspond mensuellement à : 1506 roupies. J’ai proposé ailleurs, qui n’a <strong>au</strong>cune valeur<br />

62<br />

62


officielle mais qui permet des évaluations, des comparaisons, une sorte de smic népalais<br />

qui oscille (2005) entre : 3000 à 5000 roupies par mois. Ce smic n’est perçu que dans <strong>les</strong><br />

vil<strong>les</strong>. Dans ces vil<strong>les</strong> un coolie qui est payé 200 roupies par jour, qui travaille 25 jours<br />

par mois gagne 5000 roupies ! Mais des membres du parlement de l’United Kingdom en<br />

visite politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> fin octobre 2009 ont rappelé que le revenu de 31 % de la<br />

population, soit environ dix millions de <strong>Népal</strong>ais vit avec un dollar par jour soit moins<br />

de 80 roupies ! 80 roupies par 25 jours = 2000 roupies par mois !<br />

La presse anglophone népalaise (politisée) indique parfois un accroissement du revenu<br />

de la population du <strong>Népal</strong> (25 % lit-on parfois !). Si cela est exact (quels sont <strong>les</strong> moyens<br />

d’investigation du gouvernement ?) elle oublie de mentionner que cet accroissement est<br />

lié à l’enrichissement d’une petite fraction de la population (celle des habitants de<br />

quelques vil<strong>les</strong>, des régions de tourisme), mais que le revenu de la majorité de la<br />

population ne change pas. Aucun organisme, à ma connaissance, ne parle de misère<br />

relative, ne donne le revenu par tranches de population, par zones d’habitats. Il en<br />

découle que le touriste qui évolue dans <strong>les</strong> zones riches du <strong>Népal</strong> n’a pas une juste idée<br />

de ce qu’est la misère dans ce pays. Nombreux sont <strong>les</strong> paysans du <strong>Népal</strong> qui vivent<br />

encore en presque totale <strong>au</strong>tarcie. Par ailleurs <strong>les</strong> chiffres indiqués ne sont pas reliés <strong>au</strong><br />

coût des aliments, de l’habillement et du logement, seu<strong>les</strong> dépenses qu’effectue le<br />

p<strong>au</strong>vre. Acceptons cependant ces chiffres qui constituent un signe de misère extrême que<br />

je définis comme le minimum permettant à un individu de simplement mal <strong>sur</strong>vivre. Un<br />

tel individu ne doit pas prétendre à une alimentation équilibrée, à une alimentation<br />

suffisante, à un logement sain, à de véritab<strong>les</strong> soins médic<strong>au</strong>x, à de l’e<strong>au</strong> potable, à une<br />

ampoule de 60 W dans la pièce dans laquelle il vit avec sa famille, à un minimum<br />

d’instruction... Quant <strong>au</strong>x loisirs il a droit à celui de tous <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> du Tiers monde :<br />

<strong>les</strong> pratiques de sa religion, l’abus d’alcool, le jeu, <strong>au</strong>ssi, hélas, trop souvent.<br />

Rappelons quelques chiffres ou notations officiels :<br />

- 70 % des <strong>Népal</strong>ais vivent en dessous du seuil de p<strong>au</strong>vreté. Seuil de p<strong>au</strong>vreté notion<br />

floue....<br />

63<br />

63


- Pour l’I.D.H., l’indice de Développement Humain, de création récente -voir titre :<br />

Intellectualiser la Misère- qui est une trouvaille de scientifique en recherche<br />

d’innovation mais qui n’apporte rien de plus <strong>au</strong> chiffre de l’espérance de vie, il occupe la<br />

140 ème place <strong>sur</strong> <strong>les</strong> 177 pays p<strong>au</strong>vres du monde. Soit la 8 ème place <strong>sur</strong> 10 dans le sens<br />

positif et la 2 ème place <strong>sur</strong> dix dans le sens négatif.<br />

- L’espérance de vie, qui suffit à elle seule à définir <strong>les</strong> conditions de misère d’un pays<br />

est de :<br />

- 67 dans la cuvette de Katmandu.<br />

- 46 à 60% partout ailleurs.<br />

Voir <strong>au</strong> titre Etat du <strong>Népal</strong>, des valeurs plus précises de ces espérances de vie.<br />

Dans des éco<strong>les</strong>, <strong>les</strong> élèves apprennent <strong>les</strong> chiffres 55 dans <strong>les</strong> campagnes, 60 dans <strong>les</strong><br />

vil<strong>les</strong>.<br />

- 85 % de la population rurale soit environ <strong>au</strong>jourd’hui 20 millions d’habitants vit sans<br />

e<strong>au</strong> potable (le pourcentage de maisons qui ont de l’e<strong>au</strong>, non potable en général, et <strong>au</strong><br />

compte goutte en période sèche, est très faible) et sans électricité.<br />

- Les endémies, <strong>les</strong> épidémies sont classiques.<br />

- Le t<strong>au</strong>x de mortalité des enfants est particulièrement élevé, <strong>sur</strong>tout dans l’ouest du<br />

pays.<br />

Dans ce pays subsistent d’énormes inégalités.<br />

- 10 % de la population dispose de 46 % du revenu national.<br />

- 5 % de la population possède 40 % des terres.<br />

- ...<br />

Il n’existe, à ma connaissance, <strong>au</strong>cune étude comparative qui indique <strong>les</strong> nive<strong>au</strong>x de vie<br />

des habitants des cités, des régions de trekking, et ceux des <strong>au</strong>tres régions.<br />

Le <strong>Népal</strong> se caractérise par un grand nombre d’ethnies ayant conservé leurs<br />

caractéristiques, leurs coutumes, leurs langues, leur religion. Même il y a deux sièc<strong>les</strong>, la<br />

société française ne devait pas comporter une diversité <strong>au</strong>ssi grande. Il était admis, il y a<br />

seulement quelques années, que le <strong>Népal</strong> comptait une dizaine d’ethnies, Harka Gurung<br />

en a récemment répertorié 103 utilisant 93 langues différentes ! Les politiques qui –<br />

64<br />

64


année 2010, discussions en cours- établissent la carte des fédérations en ont retenus<br />

moins de 70.<br />

NOTE SUR LES RELIGIONS<br />

L’importance de la religion <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> n’est pas à souligner. Dans la cuvette de Katmandu<br />

on dénombre : 130 lieux saints. 221 temp<strong>les</strong> qui possèdent plusieurs étages, 79 qui n’ont<br />

qu’un seul étage, 21 stupas et Chaitya, 266 Baha-Bahi, 44 Shikharas...<br />

LE NEPAL EST UN PAYS HINDOU<br />

Si l’on veut comprendre le <strong>Népal</strong>, il f<strong>au</strong>t toujours garder en tête que :<br />

- ce pays est un pays hindouiste à près de 90 %.<br />

- l’hindouisme a été longtemps officiellement religion d’état, qu’il l’est encore <strong>au</strong>jourd’hui (2010)<br />

dans <strong>les</strong> faits.<br />

- <strong>les</strong> Bahuns-Brahmanes constituant la plus h<strong>au</strong>te caste sont <strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme. On sait<br />

l’importance du clergé dans des populations analphabètes, superstitieuses, crédu<strong>les</strong>. Ces Bahuns<br />

occupent de plus <strong>les</strong> postes de la h<strong>au</strong>te administration.<br />

- <strong>les</strong> Chétris, constituent la deuxième h<strong>au</strong>te caste, mais cette caste est celle des rois. Elle est<br />

également hindouiste. Elle occupe <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts grades de l’armée népalaise et de la police. Ses cadres<br />

sont de ce fait fortement royalistes.<br />

Les religions se répartissent ainsi :<br />

-Hindouistes : très nombreux dans l’Ouest (95%), le sud et le centre (80 à 95%), moins<br />

nombreux dans le centre nord et le Nord est (en dessous de 50%).<br />

- Bouddhistes : grande densité dans <strong>les</strong> piémonts himalayens et la cuvette de<br />

Katmandu, nombreux dans le centre et le centre nord, très nombreux dans le nord est.<br />

65<br />

65


ETHNIES ET RELIGIONS. C.4.<br />

REPARTITION GEOGRAPHIQUE DE QUELQUES ETHNIES OU GROUPES<br />

IMPORTANTS. COMMENTAIRES.<br />

on remarque que :<br />

- la frange nord du <strong>Népal</strong> A est peuplée de peuplades mongoloïdes bouddhistes nommées : Bothe<br />

Bothé, Bothïa, Bothyia. Sur leurs terres poussent l’orge, le sarrasin, la pomme de terre.<br />

- la tranche médiane est peuplée de gens de caste hindouistes et de Trib<strong>au</strong>x-Indigenous pratiquant<br />

des religions mixtes. La culture principale dans ces régions est le maïs. La tranche occidentale de la<br />

partie médiane est peuplée de gens de caste, puis en allant vers l’est, de Magars, de Gurungs, de<br />

Tamangs. Les Newars se concentrent dans la cuvette de Katmandu mais on en trouve dans d’<strong>au</strong>tres<br />

régions, par exemple dans le village de Kantipur <strong>au</strong> sud de la route Katmandu Pokhara entre <strong>les</strong><br />

bourgs de Mowglin et de Dumré (lieu de départ pour le tour des Annapurnas). Dans la partie<br />

orientale de cette zone médiane se concentrent <strong>les</strong> Kirat : Raïs et Limbus.<br />

- la tranche méridionale orientale est <strong>sur</strong>tout peuplée de <strong>Népal</strong>o-Indiens. Cette région, la plus riche<br />

(agriculture et industries) est <strong>au</strong>ssi la plus peuplée : plus de 41% de la population. On l’appelle Le<br />

grenier à riz du <strong>Népal</strong>.<br />

66<br />

66


RELIGIONS, POURCENTAGES<br />

- Hindous : 80, 62 %<br />

- Bouddhistes : 10,74 %<br />

- Islamistes : 4, 20 %<br />

- Kirant : 3, 60 %<br />

- Chrétiens : 0, 45 %<br />

- Autres : 0,39 %<br />

Ces pourcentages comportent une large part d’incertitude, ils sont f<strong>au</strong>ssés par le<br />

syncrétisme créateur de religions mixtes. Le phénomène d’hindouisation étant le plus<br />

accentué. Ainsi un pur bouddhisme des régions septentriona<strong>les</strong> se teinte d’hindouisme <strong>au</strong><br />

fur et à me<strong>sur</strong>e qu’il descend vers le sud. De plus, dans <strong>les</strong> populations qui sont classées<br />

bouddhistes, combien de bouddhismes tibétain mahayana qui sont plus proches de la<br />

religion Bön que du bouddhisme primitif-Théradéva, celui qui a été prêché par Buddha ?<br />

Où sont à classer <strong>les</strong> Newars qui, fréquentant Swayambunath, tournent d’abord <strong>au</strong>tour<br />

du stupa bouddhique, puis vont prier dans <strong>les</strong> temp<strong>les</strong> hindouistes qui l’entourent ? Et <strong>les</strong><br />

Tamangs dont certains accordent plus d’importance à l’hindouisme ou <strong>au</strong> bouddhisme<br />

suivant la région où ils résident ?<br />

LES HAUTES CASTES<br />

BAHUNS ET CHETRIS<br />

Les Bahuns et <strong>les</strong> Chétris, membres des deux castes supérieures, sont en général des<br />

Aryens <strong>Népal</strong>o-Indiens.<br />

- Les Bahuns du <strong>Népal</strong> central, répétons-le, sont nommés brahmanes en Inde et dans le<br />

Teraï. Autres appellations Brahmes, Brahmins, Brahmines ou Brahmanis <strong>au</strong> féminin.<br />

D’origine c<strong>au</strong>casoïde ils sont l’objet de moqueries des Trib<strong>au</strong>x qui <strong>les</strong> nomment : Bagé<br />

<strong>les</strong> Vieux) ou Pindé (nom de la mèche de cheveux qu’ils gardent <strong>sur</strong> le crâne quand ils<br />

sont rasés pour assister à quelques cérémonies. Les résidents occident<strong>au</strong>x, eux, <strong>les</strong><br />

nommant : Lamo nak ou Toulo nak (longs nez ou gros nez).<br />

67<br />

67


- Les Chétris, deuxième caste supérieure, se nomment <strong>au</strong>ssi Ksatrïas (orthographes<br />

variées) ou Rajpout. Il est banal qu’un Chétri fasse suivre son nom des initia<strong>les</strong> K.C. -K.<br />

pour Ksatrïa, C. pour Chétri-.<br />

Les gens de caste ne constituent pas une ethnie. Ces aryens ou pseudo-aryens mais<br />

toujours hindouistes se nomment : <strong>les</strong> deux fois nés : ils sont nés :<br />

- le jour de leur naissance.<br />

- puis, un an après ce jour, quand on leur remet <strong>au</strong>tour du buste le cordon sacré attestant<br />

leur condition.<br />

Les castes correspondent à des divisions socia<strong>les</strong> et sont d’origine védique. Le védisme<br />

étant plus ancien que le brahmanisme. Dans <strong>les</strong> Rig-védas (ou védas), textes du védisme,<br />

un portrait de la société prenant l’homme comme modèle précise :<br />

Sa bouche est le brahmane, le guerrier (Chétri) est dans <strong>les</strong> bras, ses cuisses sont l’artisan, ses pieds<br />

sont <strong>les</strong> serviteurs.<br />

Ce qui peut se traduire par :<br />

- le brahmane domine tout, c’est lui qui a la parole. Ah ! L’importance de la parole,<br />

<strong>au</strong>jourd’hui encore, du verbe, de la phrase, pour le brahmane, partout <strong>au</strong> <strong>Népal</strong><br />

- le guerrier-Chétri vient ensuite. Il est là pour protéger le brahmane.<br />

Suivent <strong>les</strong> membres des castes ordinaires et inférieures :<br />

- l’artisan, le paysan sont ceux qui travaillent, qui produisent. Ils sont là pour nourrir<br />

<strong>les</strong> deux classes supérieures composées des brahmanes et des Chétri.<br />

- <strong>les</strong> classes inférieures ne sont que des serviteurs.<br />

- sous <strong>les</strong> classes inférieures sont <strong>les</strong> intouchab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Parias, <strong>les</strong> Dalits, <strong>les</strong> Kamalaris :<br />

des sous-hommes !<br />

Voici la classification établie par Jean Denis dans son livre : Les religions du <strong>Népal</strong>.:<br />

La première caste est celle des brahmanes (Bahuns)... Elle comprend l’ensemble des famil<strong>les</strong> qui ont<br />

pour fonction sociale essentielle d’une part d’étudier <strong>les</strong> védas, d’en garder la pureté et de <strong>les</strong><br />

transmettre, d’<strong>au</strong>tre part de sacrifier (des anim<strong>au</strong>x) pour <strong>au</strong>trui... Le brahmane est donc un homme<br />

d’études et un homme qui a la parole sacrée...<br />

La deuxième caste est celle des Ksatrïas (Chétri), Ksatrïas signifie : pouvoir politique. C’est la classe<br />

des rois, princes, chefs et guerriers. Elle comporte un pouvoir différent de celui des brahmanes, et<br />

ces deux pouvoirs s’équilibreront et s’uniront à la tête de l’organisation socioreligieuse aryenne<br />

68<br />

68


Souligné par moi (celle établie par <strong>les</strong> Aryens envahisseurs de l’Inde). Cependant des conflits<br />

pourront naître entre-eux...<br />

La troisième caste, celle des Vaïshias... regroupe, agriculteurs, commerçants et une partie des<br />

artisans...<br />

La quatrième caste (celle des intouchab<strong>les</strong>) regroupe <strong>les</strong> artisans exerçant des trav<strong>au</strong>x impurs... et<br />

<strong>les</strong> aborigènes colonisés.<br />

L’écrivain Henri Mich<strong>au</strong>d n’est pas tendre avec la classe des brahmanes indiens qu’il<br />

nomme brahmes :<br />

Dès qu’on <strong>les</strong> voit arriver avec leur fameux cordon <strong>sur</strong> le ventre, on <strong>les</strong> interroge, on met leur<br />

inénarrable bêtise à l’épreuve... Ah ! ils peuvent se vanter, <strong>les</strong> Brahmes, d’avoir fait du be<strong>au</strong> travail.<br />

Pendant plus de deux mille ans, ils sont arrivés à abaisser, à avilir deux cent cinquante millions<br />

d’hommes (Henri Mich<strong>au</strong>d écrirait <strong>au</strong>jourd’hui un milliard d’hommes.)... Maintenant la situation<br />

change. Jaloux, souvent ignorants, cent fois moins représentatifs de la vrai Inde que de simp<strong>les</strong><br />

tisserands ou des membres des classes moyennes ou inférieures, <strong>les</strong> Brahmes commencent à voir<br />

ceux-ci faire front contre eux...<br />

Les brahmes indiens ont changé, la société indienne <strong>au</strong>ssi, mais l’Inde est toujours<br />

dirigée par des gens de caste.<br />

Sur : Les conflits qui naissent entre <strong>les</strong> deux castes supérieures, nous donnerons<br />

quelques exemp<strong>les</strong> dans la suite du texte. En ce qui concerne <strong>les</strong> professions impures,<br />

entre un artisanat noble et un artisanat interdit <strong>au</strong>x gens de caste, je cite toujours la<br />

différence qui existe entre le métier de forgeron réservé à des intouchab<strong>les</strong> et le métier<br />

de serrurier qui construit des ouvrages métalliques : des gril<strong>les</strong>, des portails, des trav<strong>au</strong>x<br />

de charpentes... On voit de nos jours, de nombreux Chétri exercer cette profession.<br />

Le Mahabharata est un texte (180.000 vers) qui raconte <strong>les</strong> épiques combats que se<br />

livrèrent <strong>les</strong> Aryens lors de la conquête de l’Inde. Pour comprendre <strong>les</strong> relations<br />

complexes dont celle de vassalité qui existent entre Chétri et Bahuns, vassalité toujours<br />

remise en c<strong>au</strong>se dans la société népalaise actuelle, il f<strong>au</strong>t lire <strong>les</strong> commentaires <strong>sur</strong> cette<br />

œuvre écrits par Madeleine Biarde<strong>au</strong>, édition Flammarion, et parcourir quelques extraits<br />

de ce livre gigantesque.<br />

De Madeleine Biarde<strong>au</strong> :<br />

69<br />

69


Les textes mettent en vedette... <strong>les</strong> brâhmanes prêtres du sacrifice et <strong>les</strong> ksatriyas


CASTES, RICHESSE ET POUVOIR<br />

Il y a des différences à l’intérieur des deux h<strong>au</strong>tes castes. Il y a d’abord, des riches et des p<strong>au</strong>vres. A<br />

l’image de notre nob<strong>les</strong>se du XVIII ème siècle, il y a des gens de caste de cour, ceux qui gravitent<br />

<strong>au</strong>tour du roi et du gouvernement et ceux qui en sont éloignés. Les Bahuns sont <strong>les</strong> prêtres de<br />

l’hindouisme, ils occupent <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts postes dans la h<strong>au</strong>te administration, plus rarement dans la<br />

diplomatie, dans l’armée. Les Chétri dirigent <strong>les</strong> états-majors de l’armée et de la police (on y trouve<br />

<strong>au</strong>ssi des Ranas : voir ci-après), ils sont nombreux dans la diplomatie... Mais ce sont <strong>les</strong> Bahuns qui,<br />

depuis des sièc<strong>les</strong>, dirigent le pays. Ce sont eux qui ont parfois tenu tête <strong>au</strong>x rois, se sont opposés à<br />

certaines de leurs décisions, en ont fait s’enliser d’<strong>au</strong>tres.<br />

Un repas réunit chez nous le Président de la <strong>Népal</strong> Mountaineering Association, <strong>les</strong> deux vice-<br />

présidents et le secrétaire général de cette association : un membre de la famille royale. Au cours de<br />

la conversation qui s’est orientée vers <strong>les</strong> problèmes politiques, un des Vice-présidents, un<br />

courageux Tamang, jette <strong>au</strong> neveu du roi :<br />

- Il n’y a pas que vous qui êtes <strong>Népal</strong>ais, nous <strong>au</strong>ssi nous le sommes.<br />

Réponse gênée du membre de la famille royale qui explique que la vieille compétition, <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong><br />

rancunes entre Bahuns et Chétri sont toujours vivaces. Il insiste :<br />

Bien que présents <strong>au</strong>tour du roi, nous (<strong>les</strong> Chétri) ne faisons pas toujours ce que nous voulons. »<br />

Et attention, répétons que tous <strong>les</strong> gens de caste ne sont pas riches, puissants, certains vivent<br />

chichement, en ville, dans <strong>les</strong> campagnes.<br />

Cependant même ceux-là ne se considèrent pas comme <strong>les</strong> ég<strong>au</strong>x des Trib<strong>au</strong>x, ils sont instruits,<br />

prêtres... et, quand nécessaire, ils sont défendus par la police et l’armée.<br />

Mais, comme indiqué, ces gens de caste se sont <strong>au</strong>ssi imposés par le verbe. Le Bahuns<br />

est toujours celui qui devant un groupe prend la parole. Il est Celui qui parle, qui décide<br />

du bien et du mal, des choses à faire, des décisions à prendre. Encore <strong>au</strong>jourd’hui. Voici<br />

quelques exemp<strong>les</strong> :<br />

- En ramenant mon fils de l’école en moto, nous avons un accident. Deux gamins <strong>sur</strong> un<br />

vélo tournent brusquement à droite sans prévenir, la roue avant de ma moto touche leur<br />

vélo, ils tombent. Pas de mal. Attroupement, <strong>les</strong> spectateurs observent silencieux. Ils ne<br />

sont que curieux, ils n’ont pas pouvoir de porter un jugement. Survient un Bahuns. Il<br />

observe, il tranche : « Le sahib n’est pas f<strong>au</strong>tif. » Tous approuvent.<br />

- Des représentants d’une école que nous allons améliorer passent nous voir. Il y a parmi<br />

eux des Trib<strong>au</strong>x : le directeur et deux professeurs princip<strong>au</strong>x, et un représentant du<br />

71<br />

71


village : un Bahuns. C’est le Bahuns qui prend la parole, expose, explique. Le directeur,<br />

<strong>les</strong> professeurs, bien plus compétents se taisent... C’est logique, c’est ainsi !<br />

- En voici un cent fois vécus. Je suis dans une administration avec Dawa Yangzi ma<br />

femme sherpani, quasi-illettrée qui ne possède qu’un népali sommaire. Elle questionne<br />

le fonctionnaire. Celui-ci a tout de suite vu à qui il avait affaire : le faciès, le vocabulaire,<br />

l’attitude soumise, le costume si, ce jour là, elle est habillée en sherpani. Il répond après<br />

un long silence en utilisant des <strong>mots</strong> diffici<strong>les</strong> ou issus du vocabulaire administratif.<br />

Dawa Yangzi ne comprend évidemment rien. Elle reste immobile, indécise <strong>sur</strong> ce qu’elle<br />

doit faire. Le fonctionnaire ne la regarde plus. Il marque son mépris pour une Tribale<br />

illettrée et bouddhiste ou il attend le bakchich.<br />

BASSES CASTES<br />

Sous <strong>les</strong> classes dominantes on trouve la classe des Vaishyas, celle des commerçants,<br />

des paysans, des artisans, sous ces Vaishyas se situe la classe des serviteurs. Enfin <strong>au</strong> bas<br />

de la société sont <strong>les</strong> intouchab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Sarkis tanneurs cordonniers, <strong>les</strong> Damaïs couturiers<br />

chanteurs, <strong>les</strong> Kamis forgerons (non <strong>les</strong> serruriers), <strong>les</strong> Gaïnés chanteurs, ménestrels<br />

mendiants. Bien qu’elle soit moins respectée qu’en Inde cette stratification sociale existe<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Les Bothes (dont <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s) sont évidemment considérés comme des gens de basse<br />

classe. Pour <strong>les</strong> gens de caste ce ne sont que des Matoualis (matwalis), des buveurs<br />

d’alcool, des rustres... Je rappelle <strong>les</strong> réticences de la femme de mon officier de liaison<br />

Bahuns occupant un poste élevé dans l’administration quand son mari nous invitait chez<br />

lui avec Dawa Yangzi, ma femme sherpani. Combien de fois devait-elle laver <strong>les</strong><br />

couverts après son départ pour <strong>les</strong> purifier !<br />

Les Bothes n’ont pas adopté le système de caste, pourtant chez certains <strong>Sherpa</strong>s la<br />

classification clanique reste importante. Une <strong>Sherpa</strong>ni appartenant à un vieux clan à son<br />

gendre d’un clan inférieur, lui jette :<br />

Tu n’es que du clan X.<br />

Une <strong>au</strong>tre <strong>Sherpa</strong>ni à un petit fils de Tibétain :<br />

72<br />

72


Tu es venu ici sans rien dans <strong>les</strong> mains.<br />

Les castes n’existent pas en terres Bothes, pourtant <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s ont leurs Khamendeus :<br />

Ceux qui n’ont pas la bonne bouche, qui ne peuvent pas manger et boire dans <strong>les</strong> mêmes<br />

récipients qu’un véritable sherpa.<br />

TRIBAUX<br />

LES NEWARS<br />

Les premiers habitants qui, pense-t-on, ont occupé la cuvette de Katmandu. C’est dans<br />

cette cuvette qu’ils sont encore <strong>au</strong>jourd’hui <strong>les</strong> plus nombreux. Mais on en trouve un peu<br />

partout disséminés ou en colonies dans le pays. Ainsi dans la belle ville de Kantipur<br />

située <strong>au</strong>-dessus de la route qui rejoint Katmandu à Pokhara <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de Dumré. Les<br />

Newars sont bien connus, de nombreux chercheurs se sont intéressés à eux, Gérard<br />

Toffin du C.N.R.S. en particulier leur a consacré une importante monographie. Le<br />

portrait qu’en dessine Sylvain Lévi bien qu’un peu exagéré et caricatural mérite d’être<br />

reproduit :<br />

La peuplade des Newars qui prenait possession du <strong>Népal</strong> appartenait à une race d’hommes que la<br />

nature a marquée d’une empreinte vigoureuse. Accoutumés à des altitudes qu’on croirait<br />

impraticab<strong>les</strong>, exposés <strong>au</strong>x rigueurs glacia<strong>les</strong> d’un long hiver (ils viennent du nord), mais fouettés par<br />

une bise vivifiante, ragaillardis par un été souriant (celui de la mousson ?) éloignés du commerce du<br />

monde, bornés dans leur horizon comme dans leurs ambitions, associant <strong>les</strong> jouissances de la vie<br />

nomade <strong>au</strong>x plaisirs rustiques de la vie sédentaire, ces bergers d’une Arcadie déme<strong>sur</strong>ée mêlent la<br />

douceur à la barbarie, l’églogue (le poétique) à la férocité ; le rire sonore et large, la gaieté franche et<br />

joviale, ils s’amusent comme des enfants, rêvent comme des sages, et frappent comme des brutes.<br />

Lorsque le roi guerrier Prithvi Shah, écrasant <strong>les</strong> rois newars, étendit son pouvoir à la<br />

cuvette de Katmandu, <strong>les</strong> Bahuns et <strong>les</strong> Chétri prirent le pouvoir, ils écartèrent <strong>les</strong><br />

Newars. La perte du pouvoir fut dure pour ces derniers qui avaient façonné <strong>les</strong> lieux.<br />

Aujourd’hui <strong>les</strong> rancunes ne sont pas apaisées, la haine est vivace. S<strong>au</strong>f pour <strong>les</strong> Newars<br />

qui ont été intégrés dans la culture hindouiste. Certains ont même réussi à s’infiltrer et à<br />

occuper des places dans la h<strong>au</strong>te administration et dans la politique conservatrice.<br />

73<br />

73


Les Newars reprochent <strong>au</strong>x rois Shah, <strong>au</strong>x Bahuns, <strong>au</strong>x Chétri, leur absence de culture,<br />

de sens artistique, de goût de la création, de goût pour le simple travail <strong>au</strong>ssi. Les gens<br />

de caste jugent que tout travail est indigne d’eux.<br />

Une littérature, une poésie newar existe. Les Newars revendiquent parfois la<br />

reconnaissance de leur langue, le newari. Ils <strong>au</strong>raient <strong>au</strong>ssi aimé conserver leur<br />

calendrier <strong>Népal</strong>-Sembat que <strong>les</strong> gens de caste ont remplacé par le leur, le Bikram-<br />

Sembat. On doit à l’art newar, la richesse et l’originalité des palais, des temp<strong>les</strong>, des<br />

sculptures du <strong>Népal</strong>.<br />

Il f<strong>au</strong>t toutefois ternir un peu ce table<strong>au</strong> en indiquant que le Newar a souvent conscience<br />

de sa valeur et qu’il manifeste parfois un certain mépris pour <strong>les</strong> lois de la démocratie et<br />

<strong>les</strong> ethnies triba<strong>les</strong>. Une femme newar méprisante parle de son mari Tamang :<br />

- Pfu ! C’est un Bothe !<br />

Aux yeux des gens des h<strong>au</strong>tes classes, le Newar reste un tribal.<br />

Un récit :<br />

Années de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Couvre-feu, un jeune Newar rentre chez lui, il est en retard, il<br />

est arrêté par une patrouille de policiers et conduit <strong>au</strong> poste. Un policier le frappe dans le<br />

ventre :<br />

Sale Newar, tu te crois tout permis...<br />

A l’image des gens de caste, et ce n’est pas un signe de maturité sociale, <strong>les</strong> Newars ont<br />

façonné leur système de castes. On trouve parmi eux, <strong>les</strong> Shrestha, <strong>les</strong> Shudha, <strong>les</strong><br />

Dongol...<br />

Dans le domaine du religieux, le syncrétisme dont <strong>les</strong> Newars ont fait preuve est<br />

remarquable. Les Newars ont adopté une religion composée d’un mélange (à parts<br />

variab<strong>les</strong> d’ailleurs) de croyances hindouistes et bouddhistes. On voit des Newars choisir<br />

pour prêtres des Bahuns alors que d’<strong>au</strong>tres vont voir le lama. Le stupa Swayambunath,<br />

entouré de temp<strong>les</strong> hindous, est représentatif du monument religieux fréquenté par <strong>les</strong><br />

Newars.<br />

Au vu de tout cela, on peut se demander ce que serait devenu le <strong>Népal</strong> si ce peuple<br />

inventif, créatif et courageux, avait dirigé le pays. Une évidence, il ne serait pas dans<br />

l’état où il est <strong>au</strong>jourd’hui.<br />

74<br />

74


ETHNIES DES PLAINES. THARUS et MADESHIS INDO-<br />

NEPALAIS<br />

La plaine du Teraï occupe la partie méridionale du pays. Dans la partie occidentale <strong>les</strong><br />

reliefs sont plus nombreux que dans la partie orientale. Les populations des parties<br />

occidenta<strong>les</strong> et orienta<strong>les</strong> sont différentes. La partie occidentale, la plus p<strong>au</strong>vre, est<br />

<strong>sur</strong>tout peuplée de :<br />

- Tharus, membres d’une ethnie que <strong>les</strong> spécialistes supposent être d’origine nordique.<br />

Ces Tharus sont p<strong>au</strong>vres, ils sont agriculteurs-éleveurs.<br />

- Magis (Madgis) peuple chasseur, pêcheur, bateliers.<br />

Les habitants de la partie orientale, nommée Madesh, sont nommés Madeshis. Ces<br />

Madeshis, sont d’origine indienne. Les <strong>Népal</strong>ais <strong>les</strong> nomment d’ailleurs des Indians. Ils<br />

sont reconnaissab<strong>les</strong> à leurs vêtements : jupes, à leurs visages ronds, très bronzés,<br />

cuivrés. Rappelons que le Teraï oriental, le Madesh, est la région la plus peuplée et la<br />

plus riche du <strong>Népal</strong>. Les Madeshis sont hindouistes. Nous avons dit qu’ils possédaient<br />

leurs gens de h<strong>au</strong>te caste qu’ils nomment brahmanes comme <strong>les</strong> Indiens (parmi eux<br />

nombreux sont ceux qui se nomment Yadav), alors qu’ils nomment leurs Chétri rajput.<br />

Disséminés tout le long de la plaine du Teraï vivent <strong>au</strong>ssi des colonies de musulmans et<br />

des membres d’<strong>au</strong>tres ethnies.<br />

Evidemment, nombreux sont <strong>les</strong> Madeshis qui ont des idées de droite. Les premiers<br />

Président et Vice Président de la République du <strong>Népal</strong> sont des Madeshis, ils sont du<br />

parti défenseur des h<strong>au</strong>tes castes <strong>Népal</strong>i Congres. Les Tharus, eux, sont réputés avoir des<br />

idées de g<strong>au</strong>che ou d’extrême g<strong>au</strong>che. Un des problèmes politiques qu’<strong>au</strong>ra à résoudre le<br />

<strong>Népal</strong> dans l’avenir sera l’intégration du Madesh riche région plus ouverte <strong>sur</strong> l’Inde<br />

que <strong>sur</strong> <strong>les</strong> collines, <strong>au</strong> reste du pays.<br />

LES KIRAT : LIMBUS ET RAÏS<br />

Dans l’extrême est du pays vivent des Kirat (ou Kirantis) qui se divisent en deux<br />

groupes importants : <strong>les</strong> Raïs et <strong>les</strong> Limbus. Ils présentent une caractéristique commune :<br />

75<br />

75


ils sont restés très critiques, réticents et même souvent farouchement opposés <strong>au</strong> pouvoir<br />

des Shah.<br />

PAHADIS OU INDIGENOUS...<br />

Ils se distinguent des membres des ethnies nordiques : <strong>les</strong> Bothes. Bien qu’ils aient la<br />

même origine qu’eux. Ils se différencient <strong>au</strong>ssi et évidemment s’opposent, <strong>au</strong>x gens de<br />

caste. Ils sont parfois nommés Pahadis car ils sont très nombreux à habiter <strong>les</strong> collines<br />

du Moyen pays, <strong>les</strong> Pahads. Ce sont des personnes de type mongoloïde souvent atténué<br />

de nos jours par le métissage. Ils sont venus du Tibet en des temps plus ou moins<br />

anciens. Ils pratiquent différentes religions. Ils sont soit chamanistes soit bouddhistes<br />

soit ils pratiquent une religion mixte. Les plus hindouisés étant franchement hindouistes.<br />

Ainsi, ils consultent soit le chamane, soit le lama, soit le Bahuns. Ces ethnies sont très<br />

nombreuses, parmi eux on distingue :<br />

LES MAGARS<br />

Ils seraient <strong>les</strong> premiers trib<strong>au</strong>x mongoloïdes à s’être installés <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> après <strong>les</strong><br />

Newars. Ils sont en grand nombre à l’ouest de la ville de Pokhara. Ce sont <strong>les</strong> plus<br />

hindouisés des trib<strong>au</strong>x. Nombreux parmi eux sont ceux qui se sont croisés avec <strong>les</strong> Khas<br />

envahisseurs c<strong>au</strong>casoïdes venus de l’Ouest.<br />

LES GURUNGS<br />

Ils seraient arrivés <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> vers le milieu du XIIIème siècle. Ils sont nombreux <strong>au</strong>tour<br />

de la ville de Gorkha, de Gandrung. Les Gurungs se distinguent physiquement des<br />

membres des <strong>au</strong>tres ethnies par leur morphologie puissante. Ils sont agriculteurs,<br />

éleveurs. Mais un grand nombre d’entre-eux –le roi guerrier Prithvi avait son palais<br />

dans la ville de Gorkha- a choisi le métier des armes. Sous le nom de Gurkhas (gurka),<br />

ils sont nombreux dans <strong>les</strong> armées indienne, anglaise... Ces derniers constituent une<br />

classe favorisée. De nombreux fils ou fil<strong>les</strong> de ces Gurkhas ont pu faire de sérieuses<br />

76<br />

76


études et même parfois des études à l’étranger, certains exercent des professions<br />

libéra<strong>les</strong>... Religion mixte.<br />

LES TAMANGS<br />

Venus <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> après <strong>les</strong> Gurungs, vers le XIVème siècle, ils se sont installés<br />

préférentiellement dans <strong>les</strong> collines <strong>au</strong>tour de Katmandu. Professions : agriculteurs,<br />

artisans, pasteurs. Ils pratiquent une religion animiste et ont leurs propres chamanes, <strong>les</strong><br />

Jankris. On trouve néanmoins parmi eux des hindouistes (syncrétisme) et même des<br />

catholiques. En adoptant notre religion ils perdent leur état de Trib<strong>au</strong>x, de membres de<br />

classes inférieures.<br />

ETHNIES DES PIEMONTS HIMALAYENS<br />

S<strong>au</strong>f ceux qui possèdent un nom comme <strong>les</strong> membres de l’ethnie sherpa ou <strong>les</strong><br />

Manangais qui le refusent, ils ont tous, comme patronyme, le mot Bothe ou Bothé<br />

(rarement Bothïa). Leurs régions d’habitat sont parmi <strong>les</strong> plus visitées par <strong>les</strong> trekkeurs.<br />

Ils parlent des dialectes issus du tibéto-birman. Ils possèdent des traits nettement<br />

mongoloïdes. Ils portent encore, <strong>au</strong> moins <strong>les</strong> jours de fête, des vêtements presque<br />

identiques : robe-ingui, tabliers-mati droits ou en triangle (devant ou derrière, devant et<br />

derrière suivant <strong>les</strong> groupes), coiffures schrinkinkop pour <strong>les</strong> femmes, robes chuba pour<br />

<strong>les</strong> hommes...<br />

Ces ethnies sont de culture tibétaine et pratiquent un des bouddhismes mahayana plus ou<br />

moins fortement teinté de chamanisme bön. Leur bouddhisme est nettement différent du<br />

bouddhisme primitif prêché par Buddha mais <strong>au</strong>ssi de celui du Dalaï Lama, le<br />

bouddhisme de la vertu, celui des Gélugpa, dans lequel l’influence tantrique est forte.<br />

Citons <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> tribus qui sont connues des trekkeurs et des himalayistes :<br />

- LES SHERPAS.<br />

Tribu la plus connue des touristes. Bouddhistes Nïngmapa. Ils sont localisés dans<br />

plusieurs régions :<br />

77<br />

77


- Le Khumbu, région située <strong>au</strong> pied du pic Sagarmatha. Ce sont eux qui ont<br />

le plus fortement conservé leurs coutumes.<br />

- Le Pharak, bande de terre qui s’étend le long du torrent Dudh Koshi entre<br />

Lukla et Jorsalé, hame<strong>au</strong> situé <strong>au</strong> pied de la côte raide qui conduit à Namché Bazar.<br />

- Le massif Hinku-Honku qui est à l’est du Pharak et <strong>au</strong> sud du Khumbu.<br />

- Le Solu, région <strong>au</strong> sud du Khumbu située <strong>au</strong> nord-est de Katmandu. C’est<br />

là qu’ils sont le plus nombreux. Mais ils partagent cette terre avec des membres d’<strong>au</strong>tres<br />

ethnies, des Raïs par exemple.<br />

- La vallée du Rolwaling, à l’Ouest du Khumbu.<br />

- Les vallons situés sous le pic Makalu.<br />

- Dans et <strong>au</strong>tour de la bourgade de Taplejung dans l’est du <strong>Népal</strong> sous le pic<br />

Kangchenjunga.<br />

- Le Langtang, bien que dans cette région il ne f<strong>au</strong>t pas <strong>les</strong> confondre avec<br />

des <strong>Sherpa</strong>s-Tamangs.<br />

- L’Hélambu, <strong>au</strong> nord-est de Katmandu. Ces derniers étant très<br />

dissemblab<strong>les</strong> des <strong>au</strong>tres. Leur langage même est différent alors que celui des <strong>Sherpa</strong>s<br />

des <strong>au</strong>tres régions ne se différencie que par l’accent.<br />

- Dans la cuvette de Katmandu, très forte concentration <strong>au</strong>tour de Bodnath.<br />

- Et un peu partout <strong>au</strong>jourd’hui dans <strong>les</strong> régions touristiques : <strong>au</strong>tour de<br />

Pokhara...<br />

LES MANANGAIS, MANANGIS OU MANANG-PA<br />

Qui n’aiment pas être nommés Bothe. Ils vivent le long du h<strong>au</strong>t torrent Marsyangdi, <strong>au</strong><br />

nord du massif des Annapurnas. Commerçants, spécialistes de l’importation de l’or et de<br />

pierres précieuses tibétaines, ils sont bénéficiaires du tourisme puisqu’ils habitent une<br />

des premières régions fréquentées par <strong>les</strong> trekkeurs. Ethnie riche, ce sont <strong>les</strong> Manangais<br />

qui <strong>au</strong>raient financé <strong>les</strong> récents trav<strong>au</strong>x et <strong>les</strong> énormes statues <strong>au</strong>tour du stupa de<br />

Swayambunath. Ils pratiquent un des premiers bouddhismes mahayana tibétain : le<br />

bouddhisme karmapa.<br />

78<br />

78


LES LARKIAS-PA, LES DOL-PO, LES MUSTANGS-PA...<br />

Ces groupes sont situés dans <strong>les</strong> Transhimalayas népalais situés derrière <strong>les</strong> massifs du<br />

Manaslu, des Annapurnas, du Dh<strong>au</strong>lagiri. Mais on en trouve <strong>au</strong>ssi dans <strong>les</strong> régions du<br />

<strong>Népal</strong> oriental, cel<strong>les</strong> quasi inconnues des touristes Umbach Himal, h<strong>au</strong>tes vallées des<br />

torrents Arun et Tamur... Religion mixte : mélange de bon et de bouddhisme.<br />

LES TAKALIS<br />

Ils vivent dans la H<strong>au</strong>te vallée du torrent Kali Gandaki sous la bourgade de Jomossom.<br />

Commerçants avisés.<br />

LES KAM-PAS, KHAM-PAS.<br />

De Kham, province tibétaine orientale et pas : peuple. Rappelons que <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s sont<br />

d’anciens Khampas. Des migrations tibétaines <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> se sont produites <strong>au</strong> cours des<br />

sièc<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> piémonts himalayens népalais. La dernière est celle des guerriers qui,<br />

après 1950, ont pris <strong>les</strong> armes contre l’envahisseur chinois. Tous ces immigrés de date<br />

récente sont appelés Kampas. Ils sont souvent méprisés par <strong>les</strong> habitants des lieux mais<br />

ce mépris disparaît dès qu’ils se sont enrichis.<br />

POPULATION DU NEPAL, POURCENTAGES<br />

- Chétri : 15,80 %.<br />

- Bahuns : 12,74 %.<br />

- Magars : 7,14 %.<br />

- Tharus : 6,75 %.<br />

- Newars : 5,48 %.<br />

- Tamangs : 5, 64 %.<br />

- Kamis : 3,94 %.<br />

- Yadav : 3,94 %.<br />

- Musulmans : 4, 27 %.<br />

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79


- Raï : 2,79 %.<br />

- Gurung : 2,39 %<br />

- Damaï : 1,72 %<br />

- Limbus : 1,58 %.<br />

- Sarki : 1,40 %.<br />

- Autres : 24,42 %<br />

VILLES ET CAMPAGNES<br />

LE TOURISME A MODIFIE LE NEPAL<br />

En schématisant, on trouve <strong>au</strong>jourd’hui :<br />

- un <strong>Népal</strong> profond, inchangé, celui des paysans restés p<strong>au</strong>vres, des personnes illettrées ou de peu de<br />

savoir qui n’ont <strong>au</strong>cun moyen d’information, qui sont incapab<strong>les</strong> de comprendre <strong>les</strong> speakers de la<br />

radio et de la télévision, de lire un journal. Pour comprendre un speaker, pour lire un journal,<br />

jusqu’à quel grade scolaire f<strong>au</strong>t-il être allé ? Ceux que l’on dit lettrés n’ont, en général, pas dépassé<br />

le grade scolaire quatre, cinq : le C.P., le C.M. en France ! Ces paysans n’ont qu’un éducateur,<br />

qu’un informateur, le prêtre : le Bahuns, le lama, le chamane !<br />

- <strong>les</strong> habitants des grandes vil<strong>les</strong>. A côté des manœuvres-coolies : il y a peu de moyens mécaniques<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, pays où on monte encore <strong>les</strong> matéri<strong>au</strong>x pour construire <strong>les</strong> bâtiments à dos d’homme,<br />

pardon, de femme, où <strong>les</strong> terrassements se font à la main..., et des petits employés, sont <strong>les</strong> favorisés,<br />

des nantis en nombre de plus en plus grand. Vieil<strong>les</strong> fortunes discrètes, nouvel<strong>les</strong> fortunes exposées<br />

avec ostentation. Ces nouve<strong>au</strong>x fortunés roulent en voiture, en moto, se font construire des<br />

bâtiments : premières copropriétés, des bure<strong>au</strong>x, des cliniques, des villas somptueuses...<br />

- dans <strong>les</strong> régions de tourisme, dans <strong>les</strong> massifs de l’Himalaya népalais..., se sont créées des stations<br />

de montagne comparab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong> qui existent en France : Lobuché, Namché Bazar... dans le<br />

Khumbu, Jiri dans le Dolaka-Solu, Jomossom, Manang, Besisahar... dans <strong>les</strong> Annapurnas... On<br />

peut classer cel<strong>les</strong> qui bénéficient :<br />

- d’une fréquentation intensive : Annapurna, Khumbu, Langtang...<br />

- d’une fréquentation moyenne : Rolwaling, Mustang...<br />

- et cel<strong>les</strong> qui n’ont qu’une faible fréquentation : Grand ouest népalais : Biarishi, lac Rara, parc<br />

Bardya..., Est népalais : Kangchenjunga...<br />

Il f<strong>au</strong>t inclure à ces régions <strong>les</strong> quartiers touristiques des grandes vil<strong>les</strong>, à Katmandu : Thamel,<br />

Bodnath, Swayambunath... à Pokhara : Lake side... qui sont des îlots de richesse.<br />

80<br />

80


Aujourd’hui, on peut découper le <strong>Népal</strong> en quatre zones : <strong>les</strong> cités, <strong>les</strong> zones de<br />

tourisme, le Madesh, le pays resté agricole.<br />

- La population des vil<strong>les</strong> et des bourgs a fortement <strong>au</strong>gmenté, le phénomène de<br />

désertification des campagnes a commencé. La <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> a contribué à l’exode,<br />

moins qu’on le prétend certainement. Il f<strong>au</strong>t noter, dans la cuvette de Katmandu et dans<br />

la vallée de Pokhara, que de nombreuses personnes pratiquent une profession liée <strong>au</strong><br />

tourisme : transports aériens et routiers, hôtellerie, rest<strong>au</strong>rants, employés d’agences de<br />

voyage et de trekking (<strong>les</strong> agences étaient <strong>au</strong> nombre de 600, des personnes affirment<br />

qu’<strong>au</strong>jourd’hui el<strong>les</strong> sont 1000 !), commerçants, artisans, intermédiaires... Ce qui a pour<br />

conséquence l’enrichissement d’une partie de la population. En témoigne le nombre de<br />

constructions immobilières : apparition de copropriétés, immeub<strong>les</strong> de bonne qualité,<br />

bel<strong>les</strong> villas dans <strong>les</strong> banlieues, en ville, de magasins proprement aménagés ou même de<br />

luxe, de supermarchés, de voitures de tourisme, et en corollaire, <strong>les</strong> embouteillages, la<br />

pollution atmosphérique et sonore. En découle l’apparition d’une couche de gens aisés et<br />

d’une classe moyenne qui se sont intercalés dans la plusieurs fois centenaire<br />

stratification existante. Cette bourgeoisie a f<strong>au</strong>ssé <strong>les</strong> anciens équilibres économiques et<br />

politiques des vil<strong>les</strong>.<br />

Les révolutions népalaises se déroulent dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> : cuvette de Katmandu, ville de<br />

Pokhara... Il en a été de même dans notre pays, <strong>les</strong> révolutions de 1789, 1830, 1848, se<br />

sont <strong>sur</strong>tout déroulées dans et <strong>au</strong>tour de Paris. Avec une différence : <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, il y a peu<br />

d’ouvriers, de coolies, dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>, la population enrichie y vote <strong>au</strong>jourd’hui à droite :<br />

<strong>Népal</strong>i Congres, ou g<strong>au</strong>che réformiste : Union Marxist Leninist... Avec comme<br />

conséquence : lorsque <strong>les</strong> maoïstes préparent des manifestations, ils sont obligés de faire<br />

venir par pleins bus des mao-badis des régions entourant la capitale.<br />

- Les régions touristiques sont devenues riches : vallées et stations de trekking sont en<br />

constante recherche de main d’œuvre. Le phénomène de désertification n’apparaît pas<br />

dans ces régions.<br />

81<br />

81


- Le Madesh (Teraï oriental) : presque 50 % de la population du <strong>Népal</strong>. Le tourisme a<br />

peu d’effets <strong>sur</strong> lui, s<strong>au</strong>f qu’étant zone de transit, il voit passer un nombre de plus en<br />

plus grand de camions qui viennent approvisionner <strong>les</strong> régions enrichies : Katmandu,<br />

Pokhara, régions de trekking. Qui peut dire la direction politique et économique que<br />

prendra demain cette région ? Quelle sera son évolution démographique?<br />

- Le <strong>Népal</strong> agricole reste le <strong>Népal</strong> des p<strong>au</strong>vres, il n’a pas changé.<br />

82<br />

82


TITRE III<br />

DES MONARQUES<br />

NOTE PREALABLE.<br />

ANCIEN NEPAL. C.5<br />

83<br />

NEPALAIS<br />

Dans des temps très anciens, <strong>les</strong> <strong>mots</strong> <strong>Népal</strong> ou <strong>Népal</strong> mandala ne s’appliquaient qu’à la<br />

cuvette de Katmandu limitée par <strong>les</strong> Danda (collines) Shiwapuri <strong>au</strong> nord, Dahacho ou<br />

Nagarjung à l’ouest, Risal ou de Badgaon-Baktapur à l’est, Chobbar <strong>au</strong> sud, croquis 5. A<br />

cette époque ou seule l’agriculture et l’artisanat lié à elle, la construction de<br />

maisonnettes, d’édifies religieux étaient <strong>les</strong> grandes occupations, la cuvette de Katmandu<br />

était prospère et vivait sans doute en <strong>au</strong>tarcie. Les plaines du Bas-pays étaient encore<br />

couvertes de jungle marécageuse. Les habitants des collines du Moyen pays : Pahads et<br />

ceux des piémonts himalayens devaient être peu nombreux et devaient vivre<br />

misérablement, sans véritab<strong>les</strong> liaisons ni attaches avec ceux de la cuvette de Katmandu.<br />

Cette cuvette était dirigée par un (ou plusieurs) roi. Le reste du <strong>Népal</strong> -<strong>les</strong> frontières<br />

étaient alors mal tracées ou inexistantes- était constitué de régions dirigées par des<br />

seigneurs, des petits rois. Du Que sais-je, Le <strong>Népal</strong>, de Robert Rieffel :<br />

83


La vallée était <strong>au</strong>trefois un lac appelé Nagahida (le roy<strong>au</strong>me des serpents). Dépourvues de débouché,<br />

<strong>les</strong> e<strong>au</strong>x de ce lac grossissaient à chaque mousson et s’attaquaient <strong>au</strong>x maisons des collines<br />

environnantes.<br />

Un sage nommé Bipaswi s’installa <strong>au</strong> sommet d’une de cel<strong>les</strong>-ci et, le jour de la pleine lune du mois<br />

d’avril-mai, il y jeta une semence de lotus. Six mois plus tard, une fleur commença à s’épanouir à la<br />

<strong>sur</strong>face de l’e<strong>au</strong> et, <strong>au</strong> milieu de la corolle apparut la radieuse image de Swayambunath (le dieu né<br />

de lui-même). Le miracle de cette image attira be<strong>au</strong>coup de dévots. L’un deux, le boddhisattva<br />

Manjushri vint spécialement de Chine pour rendre hommage à Swayambunath. Voyant le danger<br />

qui menaçait la Vallée, il tira son glaive magique et fendit l’une des collines d’un coup sec, créant<br />

ainsi la gorge de Chhobar par laquelle <strong>les</strong> e<strong>au</strong>x du lac purent enfin s’échapper.<br />

Légende bâtie <strong>sur</strong> une rupture de barrage naturel ?<br />

84<br />

84


De 700 A 1980<br />

SUR LES ROIS<br />

GENERALITES.<br />

CUVETTE DE KATHMANDU. ROYAUMES MALLA. C.6.<br />

Il f<strong>au</strong>t distinguer <strong>les</strong> rois de la seule cuvette de Katmandu, croquis 6, puisque, à<br />

l’époque, le <strong>Népal</strong> n’était constitué que de cette région et <strong>les</strong> roitelets dirigeants des<br />

minuscu<strong>les</strong> roy<strong>au</strong>mes dans le reste du territoire. Pour en savoir plus <strong>sur</strong> l’histoire du<br />

<strong>Népal</strong> et ses habitants il f<strong>au</strong>t se reporter <strong>au</strong>x études des spécialistes universitaires de<br />

différents pays : Sylvain Lévi, L.F.Stiller, J.Welpton, M.Slusser, G.Tucci, Haimendorf...,<br />

et <strong>au</strong>x études des premiers chercheurs du C.N.R.S. Gaborie<strong>au</strong>, Jest, Toffin...<br />

85<br />

85


De 700 à 1200 environ trois dynasties se succèdent :<br />

LES ROIS KIRANTI<br />

De Dilli Raj Uprety, historien, Ambassadeur :<br />

L’histoire mythologique du <strong>Népal</strong> commence avec celle des héros du Mahabharata, mais son<br />

histoire réelle demeure obscure. On admet que dès l’an 700 avant J.C., <strong>les</strong> maîtres de la vallée du<br />

<strong>Népal</strong> étaient <strong>les</strong> Kiranti, ancêtres des Raï et des Limbu actuels.<br />

Les Raï et <strong>les</strong> Limbus vivent actuellement dans l’Est du <strong>Népal</strong> : vallée de l’Arun et de la<br />

Tamur, on <strong>les</strong> nomme encore Kirantis ou Kirats.<br />

LES ROIS LICCHAVI<br />

De Dilli Raj Uprety :<br />

Avec l’empereur Ashoka la civilisation indienne, la langue et l’écriture sanscrites montent vers le<br />

<strong>Népal</strong>... Le <strong>Népal</strong> est entré dans le système des états indiens sans compromettre son indépendance. A<br />

cette époque la vallée se couvre de temp<strong>les</strong> et de palais. Les coffres des souverains sont bondés d’or<br />

et de pierres précieuses.<br />

LES ROIS MALLA<br />

Les rois de cette dynastie furent de grands bâtisseurs. Toujours de Dilly Raj Uprety.<br />

Les rois Malla furent <strong>les</strong> instigateurs d’un épanouissement culturel incomparable. Certains... se<br />

révélèrent excellents administrateurs (code de lois, émission de monnaie). On doit à cette période<br />

quelques unes des plus admirab<strong>les</strong> pagodes du <strong>Népal</strong>. La prospérité du <strong>Népal</strong> était alors à son<br />

apogée... Ses architectes apportaient à la Chine leur style et leurs techniques, ses frappeurs d’or, ses<br />

fondeurs, ses batteurs de cuivre, <strong>les</strong> réalisations de ses sculpteurs <strong>sur</strong> bois étaient prises pour<br />

modè<strong>les</strong> à la ronde.<br />

Arnico, l’artiste qui a donné son nom à la route du Tibet est de ceux-là.<br />

86<br />

86


ROUTE KATHMANDU-TIBET. C.7.<br />

NOTE SUR LA RICHESSE DU NEPAL<br />

La richesse du <strong>Népal</strong> qui lui a permis de construire <strong>les</strong> nombreux temp<strong>les</strong> de la cuvette de<br />

Katmandu : Durbar square de Katmandu-Kantipur, de Badgaon-Bagtapur, de Pathan-Lalitpur, de<br />

Pan<strong>au</strong>ti... a été passagère. Cette richesse qui étonne de nombreux trekkeurs s’est limitée à une<br />

période de son histoire.<br />

Elle est due <strong>au</strong>x échanges commerci<strong>au</strong>x qui avaient alors lieu entre le Tibet et l’Inde.<br />

De Sylvain Lévi :<br />

Cette intensité d’échanges provoque une prospérité inouïe. Les vieil<strong>les</strong> résidences roya<strong>les</strong>, trop p<strong>au</strong>vres<br />

ou trop mesquines, sont désertées ; des palais s’élèvent qui abritent le roi, toute une cour de<br />

dignitaires ; <strong>les</strong> couvents, <strong>les</strong> temp<strong>les</strong> s’embellissent, s’enrichissent, s’accroissent ; la sculpture, la<br />

peinture décorent <strong>les</strong> ouvrages des architectes... Mais le <strong>Népal</strong> n’a point de ressources pour se suffire ;<br />

privé du mouvement qui le traversait, il entre en décadence.<br />

C’est de cette époque que date l’engouement des Kathmandouites pour <strong>les</strong> colonnes corinthiennes si<br />

nombreuses encore de nos jours, même dans de simp<strong>les</strong> villas.<br />

Les portages se faisaient <strong>sur</strong> une piste qui venait du Teraï, traversait N<strong>au</strong>bise, suivait le torrent<br />

Trisuli, passait <strong>au</strong> pied du village fortifié de Nuwakot (croquis 7), allait ensuite plein nord jusqu’<strong>au</strong><br />

col Rasuwa frontière avec le Tibet. Une route financée par <strong>les</strong> Chinois, qui suit cette piste, est<br />

<strong>au</strong>jourd’hui en construction. Elle reliera le Tibet à l’Inde sans passer par Katmandu.<br />

Côté sud, une piste passait à Het<strong>au</strong>da et suivait <strong>les</strong> gorges de Chobar (emplacement du vieux<br />

téléphérique).<br />

87<br />

87


Hélas, un roi, Yaksha Malla, divisa, pour ses enfants, son roy<strong>au</strong>me en trois. Ce fut une<br />

décision malencontreuse pour sa dynastie puisqu’elle affaiblit sa puissance et c<strong>au</strong>sa sa<br />

disparition. Un enfant obtint Kantipur, ville de la félicité, qui est <strong>au</strong>jourd’hui<br />

Katmandu, l’<strong>au</strong>tre Baktapur, ville des dévots, qui est <strong>au</strong>jourd’hui Badgaon et <strong>au</strong><br />

dernier échut Lalitpur, ville des artistes, qui est <strong>au</strong>jourd’hui Patan.<br />

Nota : Pur signifie, ville, cité en népali.<br />

Le reste du pays était évidemment sous la coupe de petits rois, de seigneurs.<br />

LA DYNASTIE DES SHAH,<br />

LES PREMIERS ROIS SHAH<br />

Ce sont eux qui se sont imposés <strong>au</strong>x rois de la cuvette de Katmandu mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>tres seigneurs ou roitelets qui se partageaient <strong>les</strong> régions. Ce sont eux qui ont unifié le<br />

pays. Ces rois ont pour patronyme Shah mais ils se font nommer Bir Bikram Shah<br />

Dev. Bir signifie grand, fort, puissant. Bikram est un titre honorifique. Dev signifie dieu<br />

car <strong>les</strong> rois Shah se disent des incarnations de Vichnu.<br />

Cette dynastie est également nommée dynastie des Gurkas parce qu’elle résidait initialement dans la<br />

ville de Gorkha située entre Katmandu et Pokhara <strong>au</strong> nord du torrent Marsyangdi.<br />

88<br />

88


ROYAUMES AVANT L’UNIFICATION DU NEPAL. C.8.<br />

La famille des Shah est donc celle qui a unifié le <strong>Népal</strong>. C’est elle qui a imposé le népali<br />

comme langue officielle. Cette famille fait partie des Khas-Takhuris-Ksatrias ou<br />

Takhuris qu’il ne f<strong>au</strong>t pas confondre avec <strong>les</strong> Takalis qui sont <strong>les</strong> membres d’une ethnie<br />

habitant la région <strong>au</strong>tour du bourg Tukuché, rive droite du torrent Kali Gandaki, <strong>au</strong> nordouest<br />

de Pokhara, <strong>au</strong> sud de Jomossom. Rappelons que la caste des Ksatrias est, <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>, nommée Chétri ou K.C. de Ksatria-Chétri. Ce sont des <strong>Népal</strong>o-indiens (donc des<br />

c<strong>au</strong>casoïdes et non des mongoloïdes). On suppose que ces <strong>Népal</strong>o-Indiens venaient de :<br />

L’Himalaya central (Garhwal et Kumaon, croquis 9) situé <strong>au</strong>jourd’hui en Inde où leur civilisation<br />

est attestée dès le VIIIème siècle, ils émergent dans l’histoire du <strong>Népal</strong> <strong>au</strong> XIIème siècle.<br />

La mise en place de cette dynastie des rois Shah fut laborieuse. Ils s’installèrent d’abord<br />

dans l’ouest népalais, région de Dullu et Sija, croquis 8. Un Drabya Shah, s’installa<br />

ensuite, après une lutte armée, dans la ville de Gorkha vers 1559, croquis 8. Son petit<br />

fils, Ram Shah, fut un bon administrateur, citons R.Rieffel :<br />

Il unifia <strong>les</strong> poids et <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es, il inst<strong>au</strong>ra l’institution du serment, par apposition de la main <strong>sur</strong><br />

un Saligram, pierres considérées comme sacrées parce que supposées tombées du ciel... Ram Shah<br />

fit également savoir qu’il fermerait <strong>les</strong> yeux <strong>sur</strong> <strong>les</strong> sept crimes majeurs et <strong>les</strong> sept délits mineurs que<br />

ses sujets commettraient et que <strong>les</strong> sanctions ne <strong>les</strong> frapperaient qu’à partir de la huitième. Le<br />

penchant pour l’équité et le respect de la loi donna naissance <strong>au</strong> dicton encore usité <strong>au</strong>jourd’hui :<br />

« Si tu cherches justice, va à Gurkha. »<br />

89<br />

89


LE ROI PRITHVI NARAYAN SHAH.<br />

Le 3 avril 1743 le roi Prithvi (Pritivi...) Narayan Shah accéda <strong>au</strong> trône des rois de<br />

Gurkha. Il est nommé Le père de la patrie car c’est lui qui donna <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ses<br />

caractéristiques géographiques et politiques d’<strong>au</strong>jourd’hui. Il unifia le pays<br />

essentiellement par <strong>les</strong> armes :<br />

En réduisant l’une après l’<strong>au</strong>tre, <strong>les</strong> petites princip<strong>au</strong>tés des collines.<br />

Décidé à conquérir Katmandu, Pathan, Badgaon, pour asphyxier économiquement la<br />

cuvette qui <strong>les</strong> contient ainsi que <strong>les</strong> provinces situées entre Katmandu et Gurkha, il<br />

coupa le chemin d’accès <strong>au</strong> Tibet et celui venant de l’Inde (croquis 7). L’accès de<br />

Katmandu pour <strong>les</strong> personnes venant du Tibet était alors (1744) sous le contrôle du fort<br />

de Nuwakot (kot signifie fort, châte<strong>au</strong>). Cette place forte, peu connue des trekkeurs, est<br />

située <strong>sur</strong> une colline près de la bourgade de Trisuli. Pour se rendre de Gurkha à<br />

Katmandu on devait d’abord suivre <strong>les</strong> rives de la Trisuli jusqu’à Nuwakot, puis, de cette<br />

place forte, atteindre Katmandu en un, deux ou trois jours de marche en traversant <strong>les</strong><br />

collines Shiwapuri.<br />

Avant de se lancer dans la lutte contre <strong>les</strong> trois rois de la cuvette de Katmandu Prithvi fit<br />

alliance avec <strong>les</strong> rois de Lamjung, Tanahum, Kaski. Croquis 8.<br />

Il conquit ensuite Badgaon et Katmandu mais il eut plus de mal à vaincre le fort du<br />

bourg de Kirtipur, ville <strong>au</strong> sud-ouest de Pathan. Croquis 8.<br />

C’est pourquoi, raconte une légende, après sa victoire, il fit couper <strong>les</strong> lèvres et le nez<br />

des hommes de la ville. Encore <strong>au</strong>jourd’hui l’animosité des habitants de Kirtipur pour<br />

<strong>les</strong> rois Shah est vivace.<br />

Les rois Shah se sont installés dans la cuvette de Katmandu vers 1769 soit 20 ans avant<br />

qu’ait lieu notre révolution française.<br />

Le roi Prithvi vainquit ensuite le reste du pays. Mais ses successeurs furent de moins<br />

bons colonisateurs. Sylvain Lévi n’est pas tendre quand il <strong>les</strong> décrit :<br />

En vertu de la loi fatale qui pèse <strong>sur</strong> <strong>les</strong> dynasties asiatiques, <strong>les</strong> héritiers de Prithvi Narayan<br />

appartiennent plus à la pathologie qu’à l’histoire...<br />

90<br />

90


Toute la description de S. Lévi ne peut être citée, <strong>les</strong> qualificatifs dont il peint ces<br />

monarques sont d’une incroyable sévérité. Il ne f<strong>au</strong>t toutefois pas oublier que ces lignes<br />

ont été écrites en période de gouvernance Rana (voir ci-après).<br />

Comme événement qui a marqué le règne des premiers rois Shah il f<strong>au</strong>t signaler une<br />

<strong>guerre</strong> de religion, elle avait en réalité pour but le pillage, menée contre le Tibet<br />

bouddhique (1788). De Sylvain Lévi :<br />

Francs ou déloy<strong>au</strong>x, le guerrier Gurkha <strong>sur</strong>passe ses adversaires en perfidie comme en force. Grisé<br />

de ses triomphes, le conquérant convoite même le Tibet ; le pillage des trésors entassés dans <strong>les</strong><br />

couvents promet une honnête récompense à la croisade du brahmanisme (religion qui a précédé<br />

l’hindouisme) contre l’hérésie...<br />

Les guerriers Gurkhas s’arrêtèrent à Shigatsé, la Chine étant venue en renfort de son allié<br />

tibétain. Mais <strong>les</strong> Tibétains durent s’engager à payer annuellement 50.001 roupies.<br />

Pourquoi 50.000 et une roupie ? Voici l’amusante explication que donne Robert Rieffel :<br />

Au <strong>Népal</strong>, comme en Inde, tout chiffre arrondi est considéré, à priori, comme de m<strong>au</strong>vaise <strong>au</strong>gure<br />

car il implique la fin d’une série alors que tout nombre se terminant par un indique<br />

symboliquement un début ou un recommencement.<br />

Cependant, <strong>les</strong> forces Gurkhas restant trop longtemps dans la région, la Chine envoya<br />

une nouvelle armée occuper le bourg de Kyriong, croquis 7, situé <strong>sur</strong> la rivière Trisuli,<br />

<strong>au</strong>x frontières du <strong>Népal</strong>. Les Gurkhas de Shigatsé rentrèrent alors chez eux. Suivit une<br />

lutte entre <strong>les</strong> Gurkhas et l’armé britannique. De Sylvain Lévi.<br />

Fatiguée des intrigues et de la m<strong>au</strong>vaise foi des Gourkhas, l’Angleterre leur déclara la <strong>guerre</strong> en<br />

1814 ; deux années de campagnes également honorab<strong>les</strong>, également glorieuses de part de d’<strong>au</strong>tre,<br />

également signalées par des revers désastreux, mènent enfin <strong>les</strong> armées britanniquestes à la porte du<br />

<strong>Népal</strong>.<br />

Mais cette <strong>guerre</strong> a eu un <strong>au</strong>tre motif :<br />

L’Angleterre voulait ouvrir à son commerce la voie de l’Asie centrale... Les Gourkhas n’étaient pas<br />

moins résolus à écarter <strong>les</strong> étrangers. Sylvain Lévi.<br />

En 1815 un traité entre <strong>les</strong> Anglais et le <strong>Népal</strong> fixa le tracé de la frontière méridionale du<br />

<strong>Népal</strong> et <strong>les</strong> Anglais obtinrent l’<strong>au</strong>torisation d’installer un Ambassadeur à Katmandu.<br />

Les successeurs de Prithvi furent de piètres souverains, un dictateur <strong>sur</strong>viendra qui<br />

prendra le pouvoir. Sylvain Lévi explique ainsi l’arrivée <strong>au</strong> pouvoir d’un dictateur :<br />

91<br />

91


Le roi fainéant fait le maire du palais.<br />

Ces dictateurs se nomment Rana.<br />

LA PERIODE RANA, 1847 à 1951<br />

KUNWAR et SHAMSHER (E)<br />

DES ROIS SHAH SANS POUVOIRS.<br />

Cette période est parfois nommée : ranarchie.<br />

En 1846, un noble possédant une forte personnalité : Jung Bahadur Kunwar fait<br />

massacrer un grand nombre de notab<strong>les</strong> (trente selon <strong>les</strong> uns, cinquante-cinq selon<br />

d’<strong>au</strong>tres) lors d’une assemblée demandée par la reine après l’assassinat d’un membre du<br />

palais qui avait ses faveurs. Ce Jung Bahadur Kunwar prend le pouvoir. Il choisit le nom<br />

de Rana qui est un titre honorifique proche de maharadja (<strong>au</strong>-dessus des rois). Il rend sa<br />

fonction héréditaire tout en ayant la sagesse de laisser la vie et quelques honneurs <strong>au</strong>x<br />

rois et <strong>au</strong>x reines qui se succéderont. Il en sera ainsi <strong>au</strong> cours de cette ranarchie. Sylvain<br />

Lévi :<br />

Il n’u<strong>sur</strong>pe pas le trône, il est premier ministre dictateur.<br />

Qui signalent sa curiosité et son ouverture d’esprit, ce Jung Bahadur Kunwar se rend en<br />

Angleterre et en France.<br />

Un de ses descendants laisse ensuite le pouvoir à un de ses frères nommé Shamsher.<br />

<strong>Sig</strong>nalons que c’est un Rana descendant de ce Shamsher et non le roi qui reçut M<strong>au</strong>rice<br />

Herzog après sa dramatique ascension de l’Annapurna en 1950.<br />

Je ferai tout mon possible pour accomplir la promesse que j’ai faite <strong>au</strong> départ et rendre visite <strong>au</strong><br />

Maharajah du <strong>Népal</strong>... Tous... nous revêtirons <strong>les</strong> fameux smokings blancs que nous transportons<br />

avec nous depuis Paris... Puis nous montons le perron du Palais et sommes accueillis par son Altesse<br />

Mohun Shamsher Jung Bahadur Rana, Maharadja du <strong>Népal</strong>. Il vient à notre rencontre, vêtu d’un<br />

uniforme blanc constellé de décorations extraordinaires et de joy<strong>au</strong>x de valeur inestimable. La<br />

coiffure seule est constituée de pierres précieuses de taille peu commune, en particulier d’un<br />

diamant central d’une dizaine de centimètres. Ses moustaches à la François-Joseph ajoutent à sa<br />

dignité... Le roi du <strong>Népal</strong>, Tribhuvana Bir Bikram, est quasiment invisible...<br />

M<strong>au</strong>rice Herzog, Annapurna premier 8000.<br />

92<br />

92


Des himalayistes transportant des smokings blancs ! Les himalayistes d’<strong>au</strong>jourd’hui<br />

n’ont plus <strong>au</strong>cun savoir vivre !<br />

Les dictateurs Rana (Kunwar et Shamsher) dirigèrent le pays avec plus ou moins<br />

d’habileté jusqu’<strong>au</strong> 18 février 1951. Sous leur règne il f<strong>au</strong>t noter que l’isolement du<br />

pays, la fermeture de ses frontières <strong>au</strong>x étrangers, le protectionnisme inst<strong>au</strong>rés par<br />

<strong>les</strong> Shah, furent encore plus rigoureusement appliqués. R. Rieffel indique :<br />

Qu’entre 1881 et 1925, seulement 125 étrangers (3 par an !) furent <strong>au</strong>torisés à se rendre dans la<br />

vallée de Katmandu, la majorité étant des résidents britanniques ou leur personnel. Les Français<br />

furent <strong>au</strong> nombre de trois : Sylvain Lévi, historien, archéologue et spécialiste des civilisations<br />

hindoue en 1898 (Note de l’<strong>au</strong>teur : il était <strong>au</strong>ssi professeur de sanscrit à la Sorbonne et il étonna<br />

fortement <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais en traduisant sous leurs yeux de vieil<strong>les</strong> inscriptions <strong>sur</strong> <strong>les</strong> monuments)... Puis<br />

madame Alexandra David Néel en 1902 et enfin madame Isabelle Massieu, ethnologue, en 1908.<br />

De Michelle Kergoat :<br />

Le pays est fermé à toute influence étrangère... Le monopole des nouve<strong>au</strong>x dirigeants s’appuie <strong>sur</strong><br />

un appareil d’état qu’ils contrôlent entièrement.<br />

Parmi <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres événements de la période Rana on peut signaler qu’:<br />

en 1914, Chandra Shumshere offrit... à la Grande Bretagne 16.000 soldats Gurkha qui vinrent grossir <strong>les</strong><br />

rangs des 26.000 servants déjà dans l’armée britannique. Ils se couvrirent de gloire...<br />

R. Rieffel.<br />

Personnellement je trouve cela <strong>au</strong>ssi triste que <strong>les</strong> noirs d’Afrique qui se sont également<br />

couverts de gloire pendant cette <strong>guerre</strong> de 1914, c'est-à-dire qu’ils se sont fait massacrer<br />

dans <strong>les</strong> tranchées !<br />

Quand <strong>au</strong>x me<strong>sur</strong>es libéra<strong>les</strong> on peut citer, R.Rieffel :<br />

- En 1920 : abolition du rite du suttee : immolation des veuves <strong>sur</strong> le bûcher de leur mari.<br />

- 1624 : suppression du servage.<br />

- 1925 : imposition du principe d’égalité<br />

- Décision d’instituer un jour de la semaine férié. Ce jour sera le samedi.<br />

L’abolition du suttee est-elle supprimée ? Une émission de télévision (2010) as<strong>sur</strong>e<br />

qu’elle est encore appliquée dans certains villages Madesh. L’institution d’un jour férié<br />

dans la semaine perdure mais on sait <strong>au</strong>jourd’hui ce qu’il en est de la fin du servage et<br />

du principe d’égalité.<br />

93<br />

93


La période Rana a duré 104 ans.<br />

RETOUR AU POUVOIR DES ROIS SHAH.<br />

LE ROI TRIBHUWAN SHAH. 1951, 1955.<br />

Le <strong>Népal</strong> ouvre ses frontières.<br />

NEPAL. PAYS VOISINS. VILLES, LIEUX DE COMBATS. C.9.<br />

On pourrait penser que la période Rana a entraîné une haine, une animosité, un désir de<br />

vengeance entre <strong>les</strong> monarques Shah et <strong>les</strong> dictateurs Rana, il n’en est rien. Les<br />

descendants des Rana occupent <strong>au</strong>jourd’hui encore (2010) des h<strong>au</strong>tes fonctions dans<br />

l’état- major de l’armée et de la police, de nombreux rois Shah qui ont succédé <strong>au</strong>x Rana<br />

ont été mariés à des fil<strong>les</strong> Rana. Il n’y a donc pas eu de véritab<strong>les</strong> règlements de compte<br />

entre <strong>les</strong> Ranas démissionnés et <strong>les</strong> Shah lorsque ces derniers ont repris le pouvoir.<br />

L’événement qui a c<strong>au</strong>sé le retour de ces rois <strong>au</strong> pouvoir est l’indépendance de l’Inde,<br />

<strong>sur</strong>venue en 1947, et la volonté des premiers gouvernants de la République indienne<br />

94<br />

94


d’éliminer <strong>les</strong> Rana. A signaler que cette manifestation d’ingérence indienne sera suivie<br />

de nombreuses <strong>au</strong>tres et quelle deviendra même coutumière sans que la susceptibilité de<br />

l’Occident démocratique soit éveillée. L’élimination des Rana n’était que partielle, un<br />

historien note <strong>au</strong> moment du retour des Shah <strong>sur</strong> le trône :<br />

La présence permanente des Ranas, même parmi <strong>les</strong> membres des cabinets du roi (Tribhuwan) qui<br />

ont dirigé politiquement le pays.<br />

Si de 1948 à 1950 <strong>les</strong> Rana sont toujours <strong>au</strong> pouvoir, en 1948, le roi Tribhuwan aidé par<br />

l’Inde fuit dans ce pays (avec deux de ses femmes ! La Senior Queen et la Junior Queen<br />

-combien en avait-il ?-). Là, il est accueilli par le Premier ministre indien de l’époque<br />

Jawaharlal Nehru (successeur de Gandhi).<br />

L’ingérence indienne s’accentue. Phénomène normal :<br />

Les brahmanes indiens ont toujours entretenu d’étroites relations avec <strong>les</strong> Bahuns népalais.<br />

Nous verrons plus loin que rien n’a changé (2010).<br />

A partir de ce moment, l’ère Rana se termine et se prépare le retour <strong>au</strong> pouvoir des rois<br />

Shah. A Katmandu, le roi est soutenu par des politiciens népalais d’un parti<br />

nouvellement créé, le <strong>Népal</strong>i Congres (s). Retenir ce nom et retenir également que ce<br />

parti qui est en ce temps un parti d’opposition deviendra rapidement le parti de droite<br />

conservateur de privilèges par excellence. Les véritab<strong>les</strong> partis d’opposition se nomment<br />

communistes. Des membres de ce parti <strong>Népal</strong>i Congres, manifestent pour le retour<br />

immédiat du roi mais Nehru freine cette demande. Il craint que l’aile g<strong>au</strong>che de ce<br />

<strong>Népal</strong>i Congres n’entraîne le <strong>Népal</strong> vers le communisme –et l’U.R.S.S.-. Un leader<br />

communiste newar K.I. Singh désire en effet que commence une lutte armée qui<br />

conduirait <strong>les</strong> communistes <strong>au</strong> pouvoir. Dans ces années là, l’U.R.S.S. est toute<br />

puissante.<br />

Soutenu par l’Inde, le roi Tribhuwan revient enfin <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Il proclame la fin du régime<br />

des Rana, il chasse Mohan Shumsher, le Rana en place, et il prend le pouvoir le 18<br />

février 1951. Il forme alors un gouvernement. Mais ce gouvernement comprend cinq<br />

membres de la famille des Ranas. Exigence de l’Inde, no comment ! Ce cabinet est<br />

dirigé par le <strong>Népal</strong>i Congres de droite M.P. Koirala (royaliste, son demi-frère B.P.<br />

Koirala est lui <strong>au</strong>ssi un des membres influents de ce <strong>Népal</strong>i Congres mais il a des<br />

95<br />

95


opinions nettement orientées à g<strong>au</strong>che). Ce M.P. Koirala se révèle vite incompétent. De<br />

plus le désintéressement n’est pas la qualité première des membres de son<br />

gouvernement. Soit dit-en d’<strong>au</strong>tres termes : la corruption et le népotisme sont<br />

intensément et banalement pratiqués dans ce cabinet.<br />

Corruption, népotisme, prévarication, malversations, trafics d’influences, <strong>mots</strong><br />

indissociab<strong>les</strong> du mot politique <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

A signaler, parce qu’ils sont l’indice d’un puissant mécontentement populaire et qu’ils<br />

expliquent la proche naissance de partis communistes structurés et de la rébellion<br />

maoïste, qu’<strong>au</strong> cours du règne du roi Tribhuwan, des attentats et un soulèvement<br />

populaire se produisent. Ils sont animés par un mouvement d’opposition, le Rakhsa Dal,<br />

qui a, entre <strong>au</strong>tres buts, celui d’obtenir la libération du communiste K.I. Singh<br />

emprisonné.<br />

Le roi Tribhuwan meurt en février 1955. Pendant toute la durée de son règne il a été<br />

manipulé par l’Inde. On lit qu’il n’était pas opposé à l’intégration du <strong>Népal</strong> à cet<br />

immense pays.<br />

Lui succède son fils Mahendra.<br />

LE ROI MAHENDRA. 1955 à 1972<br />

Mahendra Bir bikram Shah Dev monte <strong>sur</strong> le trône en 1955, il a 34 ans. Il veut dégager<br />

son pays de l’emprise de l’Inde et exercer un pouvoir absolu. Mais <strong>les</strong> politiciens du<br />

<strong>Népal</strong>i Congres réagissent, ils veulent une constitution qui atténuerait son pouvoir.<br />

Me<strong>sur</strong>e dilatoire, le roi affirme que des élections <strong>au</strong>ront lieu. Pour affaiblir le parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres et démontrer l’inefficacité d’une politique d’extrême g<strong>au</strong>che il confie le<br />

rôle de Premier ministre <strong>au</strong> communiste K.I. Singh libéré de prison. Celui-ci reste <strong>au</strong><br />

pouvoir quatre mois ! Des élections ont lieu en 1959. Le <strong>Népal</strong>i Congres B. P.Koirala est<br />

nommé Premier ministre. Quelques me<strong>sur</strong>es démocratiques sont proposées.<br />

- Rédaction d’un code civil.<br />

- Abolition des castes proclamée en 1963.<br />

- Abolition de quelques privilèges.<br />

96<br />

96


- Réforme agraire, partage de terres.<br />

- Création d’organismes professionnels.<br />

- Division du pays en 14 zones et 75 districts.<br />

On sait <strong>au</strong>jourd’hui ce que le verbe abolir, le mot réforme, signifient <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> et ce qu’il<br />

en est de l’abolition du pouvoir des castes et de la réforme agraire. En juin 2010, après<br />

dix ans de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, après deux révolutions, après la proclamation de la République<br />

népalaise, le parti <strong>Népal</strong>i Congres défenseur du pouvoir de ces castes occupe la<br />

deuxième place dans le gouvernement ! En 1960, le roi Mahendra reprend le pouvoir<br />

absolu. Le parti <strong>Népal</strong>i Congres, qui veut jouer un rôle politique, reprend la lutte <strong>au</strong>x<br />

frontières. Le roi propose une nouvelle constitution basée <strong>sur</strong> le système des Panchayats<br />

(panch = cinq). Des conseils de cinq membres sont élus à tous <strong>les</strong> nive<strong>au</strong>x de la société.<br />

Ce qui <strong>au</strong>rait pu être une solution démocratique devient un instrument de la roy<strong>au</strong>té, <strong>les</strong><br />

Panchats sont à la botte du roi.<br />

Le roi confirme ensuite que la religion hindoue est toujours religion d’état. En<br />

contrepartie de ces me<strong>sur</strong>es dictatoria<strong>les</strong>, quelques leaders politiques sont libérés.<br />

Autre signe caractéristique qui se poursuivra : <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts fonctionnaires qui devinent que<br />

des partis politiques affaibliraient leur pouvoir se dressent et s’activent pour rendre<br />

inefficaces <strong>les</strong> réformes proposées qui tombent vite dans l’oubli.<br />

Le roi Mahendra qui a gouverné en monarque absolu meurt en 1972.<br />

LE ROI BIRENDRA. 1972, 2001<br />

PREMIERE REVOLUTION<br />

Birendra Bir Bikram Shah Dev succède <strong>au</strong> roi Mahendra. Un monarque éclairé, tel il se<br />

présente, du moins dans ses débuts. Il a suivi des études à l’étranger (Eton et Japon). Ses<br />

premiers actes et décisions montrent un monarque soucieux de ses sujets. Dans ses<br />

portraits <strong>les</strong> <strong>mots</strong> simplicité et gentil<strong>les</strong>se apparaissent souvent. Pourtant, sous son règne,<br />

le <strong>Népal</strong> va être soumis à des évènements extrêmement graves qui vont bouleverser le<br />

pays.<br />

Il f<strong>au</strong>t signaler que le roi est marié à une Rana.<br />

97<br />

97


Dès son arrivée <strong>au</strong> pouvoir, Birendra maintient l’impopulaire système des Panchayats. Il<br />

règne en despote avec un gouvernement renouvelé. Il tente, mais sans y parvenir, de<br />

réduire le pouvoir de la h<strong>au</strong>te administration. Son gouvernement devient ainsi<br />

rapidement impopulaire. Des manifestations très violentes se produisent. En 1974, une<br />

grenade est lancée contre lui à Biratnagar. Un mouvement nommé Jhapéli (du bourg de<br />

Jhapal, extrême est du Teraï) dont <strong>les</strong> membres sont proches des Naxalites (maoïstes<br />

indiens) est l’inspirateur de ces soulèvements. Ces mouvements de contestation<br />

<strong>au</strong>gmentent sans cesse d’intensité. L’<strong>au</strong>teur a été témoin de ceux qui ont eu lieu en 1979.<br />

Bien que <strong>les</strong> guides touristiques de l’époque aient minimisé l’événement ! Ils sont<br />

nommés mouvements d’étudiants, il s’agissait pourtant bien d’une mini révolution. De<br />

Robert Rieffel :<br />

C’étaient des mouvements qui, en <strong>sur</strong>face étaient motivés par des revendications académiques, mais<br />

qui, <strong>au</strong> fond, cachaient des préoccupations incontestablement politiques.<br />

Le roi Birendra fléchit, il décide qu’un référendum <strong>au</strong>ra lieu. Mais <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> qu’il<br />

impose sont jugées inacceptab<strong>les</strong> par <strong>les</strong> opposants. On enregistre de nouvel<strong>les</strong><br />

manifestations, <strong>les</strong> Bandhas se succèdent, de nombreuses bombes explosent à<br />

Katmandu. Le roi propose alors un <strong>au</strong>tre référendum. Deux questions seront posées <strong>au</strong><br />

peuple népalais :<br />

- F<strong>au</strong>t-il maintenir le système des Panchayats ?<br />

- F<strong>au</strong>t-il mettre en place une démocratie avec pouvoir accordé <strong>au</strong>x politiques, l’élection<br />

d’une chambre... ?<br />

Soit dit-en d’<strong>au</strong>tres termes : F<strong>au</strong>t-il proposer un régime de monarchie constitutionnelle ?<br />

Mais, pressentant le résultat, le roi modifie ce texte. Il annonce que:<br />

Quel que soit le résultat, le système des Panchayats sera modifié mais maintenu, une assemblée<br />

verra le jour.<br />

Le vote a lieu en 1980, la proposition du roi est majoritaire : le système des Panchayats<br />

est conservé, <strong>les</strong> partis sont toujours interdits, mais une assemblée est élue. Il apparaît<br />

rapidement qu’elle n’<strong>au</strong>ra qu’un rôle consultatif. Le pouvoir du roi reste inchangé :<br />

La souveraineté du <strong>Népal</strong> est investie dans la personne du roi et tous <strong>les</strong> pouvoirs, l’exécutif, le<br />

législatif et le judiciaire, émanent de lui.<br />

98<br />

98


La corruption règne à tous <strong>les</strong> nive<strong>au</strong>x. Un exemple : la famille royale crée le Social<br />

Service National Coordination qui, dirigé par la reine, prélève officiellement 10 % des<br />

aides étrangères pour le fonctionnement de ses services ! On entendra plus tard, en 2009,<br />

lorsque le gouvernement sera composé des membres des partis U.M.L. et <strong>Népal</strong>i<br />

Congres, le peuple dire :<br />

Au fond, le roi ne nous coûtait que dix pour cent !<br />

Les Panchayats sont également accusés de corruption et le népotisme s’intensifie. Les<br />

violences reprennent : grèves-bandhas, manifestations de plus en plus nombreuses, des<br />

bombes explosent à Katmandu.<br />

BANDHA<br />

Bandha vient du verbe bandha garnu qui veut dire fermer. Appliqué à la société népalaise, il<br />

signifie : Jour de grève. Un jour de grève est un jour où tout est fermé : <strong>les</strong> magasins, <strong>les</strong> ateliers, <strong>les</strong><br />

éco<strong>les</strong>, <strong>les</strong> administrations... Les jours de grève, <strong>les</strong> jours de Bandha, <strong>au</strong>cun véhicule à moteur ne<br />

circule : en ville, si le Bandha se limite <strong>au</strong>x agglomérations, mais <strong>au</strong>ssi <strong>sur</strong> <strong>les</strong> routes s’il s’agit d’une<br />

grève générale- La sanction est sévère, si un véhicule est pris en train de circuler, il est brûlé.<br />

Combien d’ambulances, qui transportaient de f<strong>au</strong>x malades, ont ainsi été réduites en épaves ! Il<br />

n’est pas rare que des affrontements entre grévistes et forces de l’ordre aient lieu. Les jours de<br />

Bandha, des b<strong>les</strong>sés, des morts sont souvent à déplorer.<br />

Les dix-neuf partis communistes se regroupent dans :<br />

- le modéré United Left Front.<br />

- l’extrémiste United People’s Movement.<br />

En février 1989, une importante manifestation a lieu à Katmandu et à Kirtipur ville<br />

contestataire par excellence.<br />

On note une centaine de morts.<br />

Une nouvelle manifestation a lieu en 1990. 500.000 kathmandouites sont dans la rue.<br />

C’est la première véritable révolution népalaise.<br />

On annonce mille morts.<br />

Le mot république est prononcé.<br />

99<br />

99


Des partis politiques s’unissent ou voient le jour.<br />

Le roi cède, un régime de monarchie constitutionnelle est mis en place.<br />

Un premier ministre Koirala du parti <strong>Népal</strong>i Congres forme un gouvernement. Ce parti,<br />

rappelons-le, est à l’image du parti indien du même nom et il est, comme lui, également<br />

dirigé par des brahmanes-Bahuns. Le parallèle tracé entre <strong>les</strong> élites et <strong>les</strong> bourgeois de<br />

100<br />

1789 et <strong>les</strong> Bahuns népalais en quête de pouvoir est évident. Une Constitution est<br />

cependant rédigée, elle prévoit que deux chambres seront élues. Suit une période de<br />

monarchie constitutionnelle qui démontre que non seulement <strong>les</strong> politiques livrés à euxmêmes<br />

sont incapable de modifier le pays mais qu’ils sont simplement incapab<strong>les</strong> de le<br />

gérer. Incompétences, impéritie, malhonnêtetés s’ajoutent à la m<strong>au</strong>vaise volonté de la<br />

h<strong>au</strong>te administration, à l’intense corruption, <strong>au</strong> népotisme, à la prévarication, à la<br />

concussion. Ces <strong>mots</strong> sont dans tous <strong>les</strong> écrits de cette période. Suit une période trouble.<br />

Les manifestations ont repris, el<strong>les</strong> s’enchaînent, des manifestants sont tués.<br />

Mouvement maoïste : février 1996<br />

Cependant, le roi pratique envers ces révolutionnaires qui décident de se nommer<br />

maoïstes une politique patiente, il n’envoie pas son armée <strong>les</strong> combattre, seuls agissent<br />

<strong>les</strong> policiers. Le roi affirme :<br />

Que l’armée doit être réservée <strong>au</strong>x attaques du pays par une puissance étrangère.<br />

Mais <strong>les</strong> policiers n’arrivent pas à dominer ce mouvement de révolte. Tout ceci n’est<br />

apprécié, ni par le gouvernement indien, ni par celui de l’United Kingdom, ni par celui<br />

des Etats-Unis lequel a immédiatement baptisé terroristes <strong>les</strong> membres de ce<br />

mouvement in<strong>sur</strong>rectionnel armé. Les dirigeants de ces pays pensent qu’en utilisant<br />

l’armée <strong>les</strong> rebel<strong>les</strong> pourront être combattus victorieusement. Ils vont donc fomenter<br />

l’assassinat du roi Birendra. Acte banal dans ce pays, on sait que des massacres se sont<br />

perpétrés dans la famille royale, en 1832, en 1846, on sait <strong>au</strong>ssi que de 1775 à 1846 six<br />

premiers ministres ont été tués ainsi que de nombreux notab<strong>les</strong>.<br />

100


Le 1° juin 2001, <strong>au</strong> cours d’un repas familial, le roi Birendra et <strong>les</strong> membres<br />

présents de sa famille sont assassinés.<br />

Il reste une sœur de la reine, vivante, elle n’assistait pas <strong>au</strong> diner ! Mais elle trouvera<br />

curieusement la mort dans un accident d’hélicoptère <strong>au</strong>-dessus du lac Rara quelques<br />

jours après le massacre! Le frère puiné du roi est mort, il reste le frère cadet, Gyanendra.<br />

Celui-ci est à Pokhara le jour du massacre. Une explication à ces meurtres est présentée :<br />

l’assassin est le fils aîné du roi Birendra, le prince héritier Dipendra. Celui-ci a agi sous<br />

l’influence de la drogue et de l’alcool pour se venger d’un amour déclaré impossible par<br />

ses parents. Mais se font rapidement entendre d’<strong>au</strong>tres échos :<br />

Ce sont l’Inde, l’Angleterre, <strong>les</strong> Etats-Unis qui ont préparé ce massacre qui a été exécuté par l’état<br />

major de l’armée népalaise<br />

Ou :<br />

101<br />

C’est le gouvernement indien qui a envoyé des membres de son armée accomplir le massacre avec<br />

la complicité de l’armée népalaise.<br />

Tout cela à l’insu du futur roi Gyanendra ? L’avenir nous l’apprendra.<br />

NAISSANCE DU MOUVEMENT MAOIST<br />

En février 1996 a eu lieu la naissance du mouvement maoïste qui est devenu rapidement le <strong>Népal</strong><br />

Communist Party : le N.C.P. Comme il y a déjà près de vingt partis communistes <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ce parti<br />

est désigné par <strong>les</strong> lettres N.C.P (M), M pour maoïste. C’est donc le parti des maoïstes, le parti des<br />

mao, le parti mao. Des membres de l’United People Front, l’U.P.F. dont il est issu ne veulent pas<br />

utiliser la violence, ils pensent que le <strong>Népal</strong> peut modifier ses structures politiques par le seul jeu<br />

démocratique. Les membres du N.C.P. (M), dont Prachanda, nom de <strong>guerre</strong> de Pushpa Kamal<br />

Dahal, prend rapidement la tête, sont, eux, persuadés que seule la violence peut changer <strong>les</strong><br />

structures politiques du pays. Courant 1996, son second, Baburam Bhattaraï envoi <strong>au</strong><br />

gouvernement dirigé par Sher Bahadur Deuba une lettre dans laquelle sont énumérés <strong>les</strong> quarante<br />

points de réformes que <strong>les</strong> maoïstes veulent voir appliquer. Le gouvernement ne répond pas. Ce<br />

simple parti de contestation devient alors un mouvement révolutionnaire actif qui prend <strong>les</strong> armes<br />

contre <strong>les</strong> forces de l’ordre du roi et <strong>les</strong> dirigeants de la société que cette monarchie a façonnée.<br />

Plus tard ce parti N.C.P. deviendra l’Union Communist Party <strong>Népal</strong>-Maoist, l’U.C.P.N.-M.<br />

Question : Que se serait-il passé si le gouvernement de Deuba avait accepté de dialoguer avec <strong>les</strong><br />

maoïstes ? La <strong>guerre</strong> <strong>au</strong>rait-elle eut lieu ?<br />

101


INCOMPRHENSIONS OCCIDENTALES<br />

CONDAMNABLES OCCIDENTAUX<br />

102<br />

Des <strong>mots</strong> oubliés ou qui ont perdu toute signification, revenons <strong>sur</strong> ce point. Que<br />

signifient pour <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x <strong>les</strong> <strong>mots</strong> révolution, féodalité, abolition des privilèges,<br />

arbitraire, ancien régime, nob<strong>les</strong>se, et même peuple, seigneurs, bourgeois, capitalisme,<br />

lutte des classes ? Rien, ce sont des <strong>mots</strong> oubliés. Les <strong>mots</strong> marxisme, léninisme,<br />

maoïsme font sourire ou font se révolter <strong>les</strong> nantis de la Terre que nous sommes<br />

devenus. Nous ne voyons plus que <strong>les</strong> erreurs, <strong>les</strong> excès et <strong>les</strong> crimes commis par ceux<br />

qui ont, à la suite de révolutions, dirigé des pays et <strong>les</strong> ont conduit <strong>au</strong> totalitarisme, à des<br />

échecs économiques. Sous des noms divers dont celui de Démocratie populaire qui était<br />

pourtant be<strong>au</strong> et lourd de sens et d’espérance ! Mais, insistons, f<strong>au</strong>t-il condamner <strong>les</strong><br />

révolutions, <strong>les</strong> mouvements d’in<strong>sur</strong>rection allant jusqu’<strong>au</strong>x <strong>guerre</strong>s civi<strong>les</strong> parce<br />

qu’el<strong>les</strong> ont conduit à des fiascos ? L’histoire dira d’ailleurs si ces expériences ne<br />

présentaient que des aspects négatifs. La critique seule ne suffit pas, seule une étude<br />

comparative peut permettre de comparer. D’<strong>au</strong>tant plus que le capitalisme jugé<br />

<strong>au</strong>jourd’hui le seul système politico-économico admissible est bien loin de conduire à<br />

des sociétés parfaites : chômage récurent, faible place accordée <strong>au</strong>x jeunes, misères<br />

résiduel<strong>les</strong>, misères du Tiers monde, rapport gros salaires à smic, richesses<br />

himalayennes...placés <strong>au</strong>-dessus de toutes valeurs humaines, littéraires, artistiques, de<br />

tout travail humain, sport devenu une chose commerciale... Le but d’une révolution est<br />

d’abattre une forme de société et une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> n’est qu’une forme de révolution<br />

permanente. J’ai écrit plus h<strong>au</strong>t : Fallait-il, <strong>au</strong> nom des faillites des gouvernements qui<br />

ont suivi notre révolution, conserver notre ancien régime et nos monarchies absolues ?<br />

Les Moujiks devaient-ils conserver leurs seigneurs armés de leurs knouts et leurs<br />

tsars ? Les Chinois leur régime féodal ? Tous ces gens qui ont déclaré que le temps des<br />

Droits de l’Homme allait arriver -même si, <strong>au</strong>jourd’hui, un seul volet de ces Droits est<br />

considéré- ne sont pas responsab<strong>les</strong> des échecs des gouvernants ultérieurs ! Nous, <strong>les</strong><br />

nantis de la Terre, ne pouvons plus comprendre que la misère, la véritable misère,<br />

conduit à des in<strong>sur</strong>rections de type révolutionnaire, à la lutte armée et non à :<br />

102


- de simp<strong>les</strong> manifestations d’étudiants se foutant éperdument des misérab<strong>les</strong> de la Terre,<br />

103<br />

y compris ceux de leur pays.<br />

- à des défilés de mécontents qui luttent pour leur pouvoir d’achat, oui : leur pouvoir<br />

d’achat ! et se foutent éperdument, s<strong>au</strong>f dans leurs discours hypocrites, de la misère<br />

résiduelle qui sévit dans leur pays et de l’infernale misère qui domine dans <strong>les</strong> pays du<br />

Tiers monde.<br />

DIFFERENTS TYPES DE MANIFESTATIONS. C.10.<br />

Le Français devrait réaliser qu’il y a encore <strong>sur</strong> terre des pays qui sont composés d’une<br />

aristocratie, d’une véritable aristocratie, de véritab<strong>les</strong> bourgeois, et d’un peuple, d’un<br />

peuple misérable dans sa presque totalité. Ce peuple misérable représente <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> 90 %<br />

de la population. Le Français doit réaliser qu’il y a encore <strong>sur</strong> Terre des monarques<br />

absolus. Qu’il y a encore <strong>sur</strong> Terre des pays non laïcs dans <strong>les</strong>quels des clergés dominent<br />

et influencent des peup<strong>les</strong> majoritairement analphabètes. Il y a de ces pays dans ceux que<br />

l’on nomme Pays Emergeants, ou Pays en voie de développement. On n’utilise plus le<br />

mot Tiers monde, <strong>au</strong>tre forme d’intellectualisation de la misère ! Dans ces pays <strong>les</strong> <strong>mots</strong><br />

que nous avons déclarés obsolètes caractérisent un type de société. Vaste esbroufe,<br />

rappelons-le, l’utilisation de ces nouvel<strong>les</strong> appellations ! Les qualificatifs en voie de<br />

103


développement et émergents signifient que cette misère est en cours de disparition alors<br />

que <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Tiers monde sous-entendent : misère irréductible, insoutenable, celle qu’il<br />

f<strong>au</strong>t combattre.<br />

104<br />

Le <strong>Népal</strong>, le petit <strong>Népal</strong>, le charmant <strong>Népal</strong> va donner, à l’<strong>au</strong>be du XXIème siècle, <strong>au</strong><br />

monde un exemple de révolution victorieuse. Et ce petit peuple népalais en révolte sera<br />

seul. Seul c'est-à-dire, non seulement sans <strong>au</strong>cune aide financière ou militaire<br />

extérieure mais sans même le soutien de ceux qui <strong>au</strong>raient pu le comprendre, lui<br />

apporter leur appui moral. Ce petit peuple népalais, seul, va réussir à éliminer une des<br />

monarchies <strong>les</strong> plus tenaces, <strong>les</strong> plus corrompues, <strong>les</strong> plus critiquab<strong>les</strong> de la Terre. Et<br />

cela se fera sous le regard indifférent, pire, sous le regard critique des gens proclamant<br />

avoir des idées de g<strong>au</strong>che !<br />

Cette <strong>guerre</strong>-révolution a commencé sous le règne du roi Birendra, elle s’est poursuivie<br />

et elle a abouti sous le règne du roi Gyanendra<br />

LE ROI GYANENDRA. 2001, 2006<br />

DEUXIEME REVOLUTION<br />

Gyanandra, frère cadet de Birendra, va prendre la succession de son aîné Birendra en<br />

2001. Il finira par régner en despote absolu mais il sera chassé par la deuxième<br />

révolution népalaise. Est-il complice, était-il informé de la préparation de l’assassinat de<br />

son frère ? Rien ne permet de l’affirmer. Ce qui est certain c’est que ceux qui l’ont mis<br />

en place : l’Inde, <strong>les</strong> Etats-Unis, l’Angleterre, principalement... ne l’assisteront plus dès<br />

qu’ils s’apercevront qu’il est incapable de lutter victorieusement contre l’armée que <strong>les</strong><br />

maoïstes ont mise <strong>sur</strong> pied. Immédiatement après l’assassinat de son frère, ce nouve<strong>au</strong><br />

despote accepte sa nouvelle charge sans trouble apparent. Sous l’énorme casque<br />

d’apparat, il présente, <strong>au</strong> cours de la cérémonie d’investiture un visage marmoréen.<br />

Quelques rares civils, un très grand nombre de dignitaires de la Royal <strong>Népal</strong> Army<br />

viennent lui prêter serment d’allégeance. Des militaires en <strong>sur</strong>nombre, voilà qui en dit<br />

104


long <strong>sur</strong> cette cérémonie qui veut montrer à tous qui a mis en place le monarque, qui,<br />

demain, va diriger le <strong>Népal</strong> !<br />

105<br />

Du jour <strong>au</strong> lendemain de son investiture, ce qui démontre que tout était concerté avec <strong>les</strong><br />

puissances étrangères, la Royal <strong>Népal</strong> Army, est équipée de vêtements neufs, d’armes<br />

<strong>au</strong>tomatiques. On voit même à l’entrée de l’aéroport une caricature de char d’ass<strong>au</strong>t, une<br />

minuscule <strong>au</strong>tomitrailleuse que l’on dirait sortie d’un musée abritant des engins utilisés<br />

par l’armée de Tchang Kaï-Che. On lit par contre qu’un Eurocopter est livré par l’Inde...<br />

Aussitôt, cette Royal <strong>Népal</strong> Army, R.N.A. prend part à la lutte contre l’armée des<br />

maoïstes, la People Libération Army, la P.L.A.<br />

Le nouve<strong>au</strong> roi gouverne, il semble s’accommoder d’un Parlement. Mais il déclare l’état<br />

d’urgence en novembre 2001. Les premiers ministres se succèdent : Deuba, Chand,<br />

Thapa, G.P. Koirala. Les droits de l’homme sont écrasés, la liberté de la presse est<br />

supprimée, des opposants <strong>au</strong> régime sont emprisonnés, des journalistes, des étudiants,<br />

disparaissent... Une mascarade d’élections municipa<strong>les</strong> a lieu. Fiasco, il n’y a que 21 %<br />

de votants ! L’étranger, c'est-à-dire l’Inde, <strong>les</strong> U.S.A., son toutou l’Angleterre et <strong>les</strong> pays<br />

de son United Kingdom, la Belgique, Israël, le Japon, quelques <strong>au</strong>tres pays dans leur<br />

sillage vont équiper la Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. et ensuite la police.<br />

Brutalement, en février 2005, par un coup d’état, le roi reprend <strong>les</strong> pleins pouvoirs. Le<br />

parlement est dissous, le <strong>Népal</strong> retrouve un régime de monarchie absolue. L’Inde,<br />

l’Union States de Georges Bush, l’Angleterre de Tony Blair-le-travailliste (!), et leurs<br />

alliés, acceptent, ils continuent de financer le gouvernement, et d’équiper <strong>les</strong> forces de<br />

l’ordre ! L’Ambassadeur des Etats Unis du moment, un nommé Moriarty, dont la finesse<br />

ne semble pas avoir été la qualité première, vitupère quotidiennement contre <strong>les</strong><br />

terroristes-maoïstes, répète sans se lasser qu’il f<strong>au</strong>t <strong>les</strong> détruire. Des pays européens<br />

comme la Belgique c<strong>au</strong>tionnent. La France, oublieuse de ses Sans-culottes, se tait. Les<br />

trekkeurs français, <strong>les</strong> médias du tourisme français, eux, bafouillent, jacassent, geignent,<br />

critiquent <strong>les</strong> maoïstes :<br />

Des révolutionnaires en 2000, f<strong>au</strong>t pas rêver !<br />

105


Est-il normal que ces maoïstes nous fassent payer une taxe de 1000 roupies ?<br />

Il f<strong>au</strong>t à tout prix empêcher le <strong>Népal</strong> d’être dirigé par des Khmers rouges.<br />

Cependant, <strong>au</strong> fil des jours, <strong>les</strong> maoïstes s’implantent dans le pays, leur influence<br />

s’étend. Paradoxe : ce sont eux qui demandent une intervention de l’O.N.U., ce sont<br />

eux qui proposeront (2005, 2006) un cessez le feu de trois mois. Au cours de ce<br />

cessez-le-feu ils vont rencontrer <strong>les</strong> leaders des sept princip<strong>au</strong>x partis politiques avec<br />

<strong>les</strong>quels ils formeront un front uni contre la monarchie. Ce front uni définit <strong>les</strong> grandes<br />

lignes d’un programme (en 25 points) qui prévoit :<br />

- l’élection d’une assemblée constituante,<br />

- la fusion de l’armée maoïste, la People Libération Army, la P.L.A. avec la Royal <strong>Népal</strong><br />

Army, la R.N.A.<br />

-...<br />

Tout cela sous le contrôle de l’O.N.U.<br />

Le roi Gyanendra fait la sourde oreille. N’a-t-il pas le total soutien de l’Inde, de l’Union<br />

States de Bush, celui des puissances occidenta<strong>les</strong>, celui du Japon, d’Israël, de la Chine !<br />

Oui, même de la Chine : ce pays l’a as<strong>sur</strong>é de son soutien et de sa compréhension et lui<br />

fournit des armes !<br />

Mais <strong>les</strong> forces de l’ordre n’arrivent pas à mater la P.L.A. Un représentant de l’O.N.U.<br />

rencontre le roi, il demande qu’un dialogue avec <strong>les</strong> maoïstes soit engagé Refus du roi.<br />

Un membre de son gouvernement :<br />

Si <strong>les</strong> soldats de l’O.N.U. viennent, on <strong>les</strong> chassera par la force.<br />

Nous retrouverons très souvent ces propos dans la bouche des membres des partis<br />

Ra.Pra.Pa. (Partis royalistes) et <strong>Népal</strong>i Congres (parti des gens de caste et des<br />

hindouistes). Les maoïstes reprennent donc <strong>les</strong> armes. A ce moment, la presse est<br />

unanime :<br />

Les maoïstes contrôlent la presque totalité du pays.<br />

A Katmandu, à Pokhara, des manifestations de plus en plus violentes, <strong>les</strong> bandha-grèves,<br />

débutent puis se succèdent. La liberté de la presse n’existe plus depuis longtemps, <strong>les</strong><br />

exactions de la police et de l’armée sont dénoncées par <strong>les</strong> organismes de défense des<br />

Droits de l’homme, par Amnesty International...<br />

106<br />

106


107<br />

Début avril des frémissements populaires annoncent que quelque chose va se produire.<br />

Une grève générale commence. A Katmandu, à Polhara, des énormes rassemblements<br />

ont lieu. La police, l’armée du roi tirent <strong>sur</strong> la foule. On compte des dizaines de morts.<br />

Le mouvement se poursuit.<br />

Mais le 21 avril 2006 -on peut imaginer que <strong>les</strong> chefs de l’armée et de la police avisent<br />

le roi qu’ils ne sont plus capab<strong>les</strong> d’as<strong>sur</strong>er sa sécurité- le roi cède.<br />

Il remet le pouvoir <strong>au</strong>x partis, il rétablit le parlement. G.P. Koirala (vieux roublard<br />

du <strong>Népal</strong>i Congres) est désigné Premier ministre du gouvernement de transition. Fin<br />

2006 le roi est déclaré simple citoyen.<br />

21 AVRIL 2006<br />

La deuxième révolution népalaise vient de se<br />

terminer victorieusement.<br />

107


TITRE IV<br />

1996 : ETAT DU PAYS<br />

Dans quel état est le pays lorsque cessent <strong>les</strong> hostilités ?<br />

En guise de préface, tirée du Que sais-je ? L’ancien régime, de H. de Méthivier, je cite<br />

cette éclairante citation de P. Goubert décrivant la société française avant la révolution.<br />

- Economiquement... lenteur des liaisons, prédominance de l’agriculture... quasi nullité du système<br />

108<br />

bancaire.<br />

- Démographiquement : h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> de nuptialité, de la fécondité et de la natalité... persistance de<br />

grandes crises épidémiques ou disetteuses...<br />

- Politiquement : régime de la diversité juridique, linguistique, administrative, de la complication et<br />

du privilège.<br />

- Mentalement : marquée par un mélange de merveilleux et de ferveur chrétienne, un fréquent<br />

analphabétisme, une vie locale extrêmement cloisonnée, une conception faible ou nulle de l’Etat, de<br />

la Nation, de la patrie, s<strong>au</strong>f l’adoration du monarque... C’est le temps des patois et des sorcières,<br />

des bergers et des meuniers, des seigneurs et des diseurs, des gabelous et des sergents, du troc et des<br />

petits marchés, <strong>au</strong> rythme de la mule ou du piéton, des saisons et des signes du Zodiaque, avec le roi<br />

et dieu bien loin, suprême recours, suprêmes consolations.<br />

Changez quelques <strong>mots</strong>, rajoutez en quelques <strong>au</strong>tres, vous <strong>au</strong>rez une description du<br />

<strong>Népal</strong> après des sièc<strong>les</strong> de gouvernance des Shah et de leur nob<strong>les</strong>se : <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes<br />

castes.<br />

Après sa deuxième révolution, l’état du <strong>Népal</strong> n’est pas brillant. Il était déjà, avant<br />

l’in<strong>sur</strong>rection, dans un état lamentable, la <strong>guerre</strong> qui a duré dix ans l’a conduit à un état<br />

pitoyable. Le texte qui suit tente de le décrire.<br />

108


QUELQUES CHIFFRES.<br />

ESPERANCE DE VIE.<br />

Elle est à mes yeux l’élément essentiel qui permet de définir le nive<strong>au</strong> de misère d’un<br />

pays. Voici quelques chiffres tirés d’une étude d’Harka Gurung, qui présente<br />

l’originalité d’indiquer l’espérance de vie par régions ou par bourgades :<br />

- Ouest.<br />

Darchula : 52, Bajura : 41, Humla : 54, Mugu : 36, Kalikot : 42, Jumla : 47, dolpa : 48.<br />

- Centre.<br />

Mustang : 52,7, Manang : 52,7, Rasuwa : 52.<br />

- Est . Solu Khumbu : 61,7, Taplejung : 60,7.<br />

109<br />

- Dans <strong>les</strong> collines.<br />

- Ouest.<br />

Dadeldhura : 47, Baitadi : 46, Acham : 49, Jajarkot : 46, Rukum : 51, Rolpa : 52,<br />

Pyuthan : 56.<br />

- Centre.<br />

Baglung : 58, Gulmi : 55, Palpa : 54, Tanahum : 61, Langtang : 58, Gorkha : 54,<br />

Dhading : 49, Nuwakot: 54.<br />

- Cuvette de Kathmandu.<br />

- Centre ville : 67. Lalitpur-Pathan : 63. Badgaon-Baktapur : 56.<br />

- Terai.<br />

- Ouest : moyennes : 53,3 à 58,8.<br />

- Est, moyennes : 54,8 à 60,7.<br />

MORTALITE INFANTILE.<br />

Elle est évidemment très élevée. Voici <strong>les</strong> régions où elle est la plus forte :<br />

109


Manang, Dhading, Terai ouest, Rasuwa.<br />

TAUX D’ALPHABETISATION<br />

Montagnes :<br />

- Ouest : moyenne 34, 7. Le plus bas, Centre, Humla... : 26,6.<br />

- Centre : moyenne 48,6. Le plus bas : Rasuwa : 34.<br />

Collines :<br />

- Moyenne : 57,2. Le plus bas : Acham : 33,4.<br />

Centre :<br />

- Moyenne 57,2. Le plus bas : Dhading : 43,5.<br />

Cuvette de Katmandu :<br />

-Moyenne 72,7.<br />

TAUX D’ALPHABETISATION DES FEMMES<br />

- Moyenne : 29,1.<br />

- Montagne.<br />

- Ouest : 19,9.<br />

- Centre : 39,1.<br />

- Est : 40,2.<br />

Collines.<br />

- Moyenne : 42,8.<br />

- Ouest : 28,7.<br />

- Est : 43,2.<br />

Katmandu : 62.<br />

- Centre : 48,8.<br />

Terai :<br />

-Moyenne : 38,2.<br />

110<br />

110


SUR LE REGIME<br />

111<br />

DE MONARCHIE<br />

Rappelons que :<br />

- le <strong>Népal</strong>, déclaré : pays de religion hindoue, a été dirigé jusqu’en 2006, par des<br />

monarques exerçant ou tentant d’exercer un pouvoir absolu. Ces monarques se disaient<br />

réincarnations de Vichnu car ils savaient l’impact d’une telle affirmation <strong>sur</strong> un peuple<br />

illettré à 55 %, hindouiste à plus de 85 % ! Nos rois, eux, se contentaient de parler de<br />

droit divin.<br />

- ces rois ont interdit <strong>les</strong> partis politiques, ont refusé des représentants de la nation ayant<br />

pouvoir de légiférer et d’intervenir dans la gestion du pays. La période pendant laquelle<br />

deux rois, contraints, ont partagé leur pouvoir avec un parlement (dans <strong>les</strong> années<br />

2000 !) a été de fort courte durée. Ces rois népalais n’ont pas voulu admettre :<br />

- que le temps des monarchies absolues était irrémédiablement révolu, que <strong>les</strong> seu<strong>les</strong><br />

monarchies qui pouvaient subsister étaient des monarchies constitutionnel<strong>les</strong>.<br />

- que vouloir continuer à imposer une telle forme de gouvernement à la nouvelle<br />

société népalaise comprenant à côté de gens de caste désirant participer <strong>au</strong> pouvoir, une<br />

élite lettrée, une classe enrichie, et un peuple toujours misérable, conduisait<br />

irrémédiablement à des révoltes, à une lutte armée, à une dictature ou à une république.<br />

Dans tous <strong>les</strong> cas à une révolution. Le roi Birendra Shah, années 1990, avait pourtant<br />

voyagé, mais il n’a abandonné des parcel<strong>les</strong> de pouvoir que sous la pression de la rue.<br />

Tous <strong>les</strong> Shah étaient semblab<strong>les</strong> à Char<strong>les</strong> X, frère de Louis XVI, chef des ultra, qui<br />

reprenant le pouvoir, affirmait :<br />

Plutôt scier du bois, que de régner à la roi d’Angleterre !<br />

PROTECTIONISME<br />

Ces rois du <strong>Népal</strong>, et <strong>les</strong> Rana pendant leur règne ont accentué cette tendance, ont de<br />

plus toujours refusé d’ouvrir le pays <strong>au</strong>x étrangers. Cette politique de pays fermé a<br />

111


perduré jusqu’en 1950 ! Le protectionnisme économique accompagnait évidemment<br />

cette forme de politique. Malgré l’ouverture des frontières en 1950, malgré<br />

cinquante ans d’aides étrangères, de présence d’étrangers : Occident<strong>au</strong>x, Japonais,<br />

Sud-Coréens..., <strong>les</strong> dirigeants d’<strong>au</strong>jourd’hui ont conservé, <strong>au</strong> fond d’eux-mêmes,<br />

cette mentalité. Le cas des permis de trek et d’expédition le démontre. En 1950, le<br />

<strong>Népal</strong> ouvre ses frontières, si on néglige l’afflux ponctuel et limité dans le temps des<br />

112<br />

hippies, <strong>les</strong> universitaires, <strong>les</strong> chercheurs du C.N.R.S. et <strong>les</strong> himalayistes ont été <strong>les</strong><br />

premiers bénéficiaires de cette me<strong>sur</strong>e libérale. Plus tard sont venus <strong>les</strong> trekkeurs et <strong>les</strong><br />

simp<strong>les</strong> touristes. Mais ouvrir en grand le pays, proclamer que tout le pays, toutes <strong>les</strong><br />

montagnes du <strong>Népal</strong> étaient ouvertes à tous était inconcevable <strong>au</strong>x décideurs népalais.<br />

Immédiatement des limitations <strong>au</strong> droit d’étudier, d’escalader, de visiter, de trekker sont<br />

apparues. Et ont été créés des :<br />

- permis d’expédition interdisant certains sommets, n’accordant l’<strong>au</strong>torisation de gravir<br />

une montagne qu’à une seule expédition, obligeant la présence d’un officier de liaison...<br />

- permis de trekkings pour des zones bien définies, <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres étant interdites.<br />

Ces interdictions ou limitations étant expliquées par la nécessité de protéger le touriste<br />

ou <strong>les</strong> <strong>au</strong>tochtones ! Les conséquences de cette forme de protectionnisme, je l’ai<br />

expliqué, ont été évidentes : création de zones riches jouxtant des zones peuplées de<br />

misérab<strong>les</strong> : Annapurna et terres de Lamjung ou de Baglung, Langtang et basses collines<br />

adjacentes, Khumbu et Solu... Le mouvement maoïste a profité de ce phénomène, il en a<br />

retiré une grande part de sa puissance.<br />

TOURISME AU NEPAL<br />

Voir cahier Tourisme <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> dans le site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

Imaginons un pays réellement entièrement ouvert dès 1950, <strong>les</strong> flots de trekkeurs allant<br />

librement dans toutes <strong>les</strong> régions de colline, dans tous <strong>les</strong> piémonts himalayens, des<br />

himalayistes explorant <strong>les</strong> montagnes, traversant des cols, pratique courante lors de<br />

l’exploration des Alpes et des Pyrénées, ces étrangers irrigant de leurs devises toutes ces<br />

112


égions, étalant des richesses <strong>au</strong> lieu de <strong>les</strong> concentrer. Terminées <strong>les</strong> comparaisons d’un<br />

113<br />

état à un <strong>au</strong>tre qui font naître <strong>les</strong> mécontentements, <strong>les</strong> révoltes et <strong>les</strong> révolutions.<br />

Autres exemp<strong>les</strong> de protectionnisme imaginé par ces dirigeants craintifs :<br />

- le refus de considérer comme <strong>Népal</strong>ais à part entière ceux d’entre eux qui se sont<br />

installés à l’étranger.<br />

- le refus d’accorder des doub<strong>les</strong> nationalités.<br />

- <strong>les</strong> difficultés pour une femme népalaise de faire naturaliser son enfant de père<br />

étranger.<br />

Se sont ajoutés à cela <strong>les</strong> effets d’une société de type patrilinéaire, l’homme donne la<br />

filiation, la femme n’est rien. Ainsi le conjoint d’une népalaise ne peut obtenir la<br />

nationalité népalaise qu’après quinze ans de mariage.<br />

UN PAYS FERME<br />

De 1881 à 1925, le <strong>Népal</strong> a accepté 153 visiteurs européens. Soit environ 4 par ans !<br />

L’ARBITRAIRE<br />

Définition du mot arbitraire :<br />

Qui dépend de la seule volonté, n’est pas lié par l’application de règ<strong>les</strong>.<br />

L’arbitraire est toujours l’indice d’un gouvernement despotique : dictature ou monarchie<br />

absolue.<br />

<strong>Népal</strong>, fin du XXème siècle, l’arbitraire continue à être exercé par <strong>les</strong> monarques.<br />

L’exemple suivant est souvent cité :<br />

The government also drew a lot of flak after musician Praveen (Prabin) Gurung was killed in a<br />

vehicule accident allegedly by Prince Paras, the nephew of King Birendra and son of Prince<br />

Gyanendra, the King’s brother (note de l’<strong>au</strong>teur : le futur roi). But the Koirala-led government was<br />

unable to initiate any action against the Prince, drawing the people’s ire.<br />

Le prince Paras est le fils du futur roi Gyanendra, il s’est déjà rendu célèbre pour ses<br />

violences. Un prince qui tue volontairement une personne et qui n’est pas inquiété, cela<br />

se passait en quelle année chez nous ? Des informateurs ont déclaré après <strong>les</strong><br />

manifestations qui ont eu lieu que le prince était parti à l’étranger, il n’en était rien, il<br />

113


s’était caché quelques jours dans sa propriété de Maharajganj puis il était tranquillement<br />

ressorti.<br />

SUR LES CLASSES DOMINANTES<br />

Portrait de la nob<strong>les</strong>se de France. De Hubert Méthivier :<br />

Clé de voute du régime, elle est, pour le roi, Ma fidèle nob<strong>les</strong>se ; environ 200.000 personnes sont<br />

nées... Les deux nob<strong>les</strong>ses, robe et épée, ont fusionné par mariage et des privilèges achèvent de <strong>les</strong><br />

rapprocher... Nob<strong>les</strong>se de cour environ 4000 personnes <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> s’abattent la pluie des grâces,<br />

114<br />

<strong>les</strong> pensions, <strong>les</strong> charges sangsues de l’Etat.<br />

La nob<strong>les</strong>se accapare toutes <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes charges militaires, civi<strong>les</strong>, judiciaires, <strong>les</strong> richesses de<br />

l’église... Tout ministre, intendant, magistrat, ou officier supérieur est noble.<br />

Au <strong>Népal</strong> il en est de même, la société se divise en gens de h<strong>au</strong>tes et de basses castes<br />

dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il f<strong>au</strong>t inclure <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous. Les rois sont évidemment entourés<br />

par des personnes des h<strong>au</strong>tes castes, Bahuns et Chétri Ils sont assistés par la classe des<br />

Bahuns et ils sont militairement protégés par celle des Chétri.<br />

Les rois sont soutenus par <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes castes hindouistes et la nob<strong>les</strong>se d’origine indienne...<br />

culturellement et socialement monolithique...<br />

Les gens des h<strong>au</strong>tes castes régissent la presque totalité de la vie sociale et politique. Et<br />

c’est cet ensemble monarque plus h<strong>au</strong>tes castes dominantes et dirigeantes qui fait que le<br />

terme féodalité (ou le mot feudalism) est banalement prononcé par <strong>les</strong> politiciens de<br />

g<strong>au</strong>che népalais réformistes ou révolutionnaires quand ils parlent de l’ancien <strong>Népal</strong>.<br />

FEODALITE, définition du Petit Robert :<br />

Forme d’organisation politique et sociale médiévale, caractérisée par l’existence de fiefs et<br />

seigneuries... Grande puissance économique, financière ou sociale, qui tend à devenir <strong>au</strong>tonome<br />

dans l’état.<br />

Le parti réformiste : parti Communiste Union Marxiste Léniniste (U.M.L.), le parti<br />

révolutionnaire : parti communiste maoïste, tous deux ont affirmé que le <strong>Népal</strong> était<br />

encore un pays de féodalité, un pays où régnait l’arbitraire, des privilèges. Les<br />

politiciens de ces deux partis parlent d’ancien régime à détruire et de Nouve<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> à<br />

bâtir.<br />

Peut-on comparer <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes castes népalaises et notre nob<strong>les</strong>se française. Rappelons que<br />

nob<strong>les</strong>se signifie, Le Petit Robert :<br />

114


Qui est élevé <strong>au</strong> dessus des roturiers par sa naissance, par ses charges ou par <strong>les</strong> faveurs du prince.<br />

L’historien Pierre Miquel écrit :<br />

La nob<strong>les</strong>se qui formait deux pour cent de la population française, possédait un quart des terres<br />

cultivées... Les riches propriétaires étaient <strong>les</strong> seigneurs vivant à la cour ou à la ville.<br />

115<br />

Au mot noble est lié le mot privilège.<br />

PRIVILEGE. Du dictionnaire Universel de Furetière (XVII°), cité par J. Cornette dans<br />

1789, Révolution, Consulat, Empire.<br />

Privilège : Passe-droit, avantage particulier dont jouit une personne à l’exclusion de plusieurs<br />

<strong>au</strong>tres, qui lui vient par le bienfait de son souverain.<br />

Oui, <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes népalais bénéficiaient de privilèges. Ils sont bien<br />

comparab<strong>les</strong> à notre nob<strong>les</strong>se des années 1789. Et <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes castes népalaises exercent<br />

toujours leur pouvoir <strong>sur</strong> l’ensemble de la société. De Michelle Kergoat, de R. Shaha, de<br />

J. Mosca :<br />

L’élite monolithique et imperméable... avide de biens fonciers et de pouvoir.<br />

Ranas et Shah doivent faire oublier que ce qui <strong>les</strong> a conduit <strong>au</strong> pouvoir est un processus de<br />

colonisation car <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes castes venues (ou supposées tel<strong>les</strong>) des états voisins de l’Inde se sont<br />

installées, se sont emparées du pouvoir en supplantant <strong>les</strong> <strong>au</strong>torités loca<strong>les</strong>, et ont imposé leur<br />

culture et leurs propres valeurs particulièrement l’hindouisme.<br />

Une classe dirigeante dont <strong>les</strong> membres sont liés par de forts intérêts communs et qui partagent <strong>les</strong><br />

mêmes objectifs et méthodes... et de quelques membres d’<strong>au</strong>tres ethnies, dont certains ont été<br />

assimilés à ces h<strong>au</strong>tes castes.<br />

Améliorer la condition du peuple n’était pas la principale préoccupation des gouvernements des rois<br />

successifs. Les organes du gouvernement étaient utilisés largement pour obtenir des gains<br />

personnels alors que le peuple était plus exploité que bénéficiaire.<br />

Quant à leurs qualités humaines :<br />

Des personnages à la fois perfides et traitres, cruels et arrogants envers <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>, platement<br />

bas quand ils attendent une faveur... Leur temps est occupé par des fêtes la nuit, par le sommeil et<br />

<strong>les</strong> rites religieux le jour... Ils n’ont que mépris pour <strong>les</strong> actes commerci<strong>au</strong>x, l’art, la littérature,<br />

l’architecture... seule la possession de terres ou des fonctions militaires leur semblent dignes d’eux.<br />

115


Comme notre nob<strong>les</strong>se, <strong>les</strong> gens de caste se divisent en personnes qui sont proches du<br />

pouvoir et cel<strong>les</strong> qui habitent la province. Les gens de caste vivant dans la cuvette de<br />

Katmandu -parmi ces gens de caste, quelques rares Trib<strong>au</strong>x, des Newars, une poignée de<br />

116<br />

Gurungs, quantités négligeab<strong>les</strong>- constituent une minorité proche du roi, ils retirent de<br />

cette proximité des avantages, soit dit par un <strong>au</strong>tre mot : des privilèges. Ces privilèges<br />

sont accordés par <strong>les</strong> rois qui, en retour, bénéficient de la fidélité et de l’obéissance de<br />

ces gens de caste ou assimilés. N’oublions pas que <strong>les</strong> rois sont propriétaires des terres<br />

que nous appelons en France <strong>les</strong> propriétés domania<strong>les</strong>...Quelques privilèges classiques :<br />

- Rajïas, le roi offre des terres en pleine propriété pour s’as<strong>sur</strong>er ou conserver le<br />

loyalisme d’un sujet.<br />

- Birta, le roi donne des terres ou des biens en remerciement d’un service rendu.<br />

- Jagir, le roi accorde l’exploitation de terres pour une durée déterminée. Les gérants<br />

sont maîtres <strong>sur</strong> ces terres, ils y rendent la justice. Evidemment ils conduisent en général<br />

<strong>au</strong> servage <strong>les</strong> paysans qu’ils emploient. Voir ci-dessous la définition de la pratique du<br />

kamalaya, système qui perdure dans <strong>les</strong> faits.<br />

- Kut, des terres sont mises en adjucation. Seul, le rapport est pris en compte.<br />

- Guti. Des terres sont offertes à des Bahuns, prêtres de l’hindouisme sous réserve qu’ils<br />

pratiquent un intense prosélytisme.<br />

Les membres des h<strong>au</strong>tes castes habitant la campagne, s’ils n’étaient pas proches du<br />

pouvoir, bénéficiaient néanmoins d’<strong>au</strong>tres privilèges. Ils avaient d’abord la supériorité<br />

que leur conférait leur naissance. De plus s’ils étaient Bahuns ils étaient prêtres, ils<br />

occupaient <strong>les</strong> postes de l’administration locale, s’ils étaient Chétri, ils bénéficiaient de<br />

l’assistance de l’<strong>au</strong>torité militaire et policière puisque c’est dans cette caste qu’étaient<br />

choisis <strong>les</strong> gradés de ces corps. Ensuite ils étaient instruits. Tous avaient acquis une<br />

certaine maîtrise du sanscrit et du népali, énorme moyen de pression face à des gens<br />

analphabètes qui, pour la plupart, ne parlaient même pas la langue nationale.<br />

Pour ces gens de caste, par exemple, <strong>les</strong> trib<strong>au</strong>x habitants <strong>les</strong> piémonts himalayens<br />

étaient :<br />

Tous des Matwali.<br />

116


Des buveurs d’alcool. Un jeune Bahuns à l’<strong>au</strong>teur :<br />

Pourquoi <strong>les</strong> aider ? Des Matwali qui ne savent même pas lire !<br />

Je l’ai raconté ailleurs, Dawa Yangzi ma femme qui habite Pangbotché dans le Khumbu<br />

a besoin de pierres pour construire sa maison. Mais elle ne peut en prendre sans une<br />

<strong>au</strong>torisation délivrée par le Parc national de Sagarmatha. Les bure<strong>au</strong>x du Parc sont à<br />

117<br />

Namché Bazar elle doit donc s’y rendre, <strong>au</strong> moins onze heures de marche pour l’aller et<br />

le retour. Elle est enceinte de huit mois qu’importe, elle ne peut déléguer ! :<br />

Je suis obligée<br />

Elle est à l’entrée du bure<strong>au</strong>, trois fonctionnaires discutent. Un bref regard de l’un, pas<br />

une interrogation, la conversation se poursuit. Pourquoi se déranger ce n’est qu’une<br />

Tribale, une femme, une <strong>Sherpa</strong>ni. Longue attente, puis un des fonctionnaires lui fait<br />

signe. Elle s’approche, elle explique, lui remet la demande de prélèvement. Tout en<br />

continuant à discuter, sans la regarder, il le signe, la lui tend sans lever la tête. Deuxième<br />

exemple : Dawa Yangzi est dans une banque à Katmandu, ne sachant ni lire ni écrire,<br />

elle ne peut remplir un imprimé. Elle questionne plusieurs fois la personne <strong>au</strong> guichet,<br />

une badgé, celle-ci ne répond pas. Dédain, mépris, ces Trib<strong>au</strong>x ont besoin de leçons !<br />

Troisième exemple : Dawa Yangzi va payer <strong>les</strong> frais de scolarité de nos enfants qui vont<br />

dans une école privée. La comptable a pris ses papiers et commence à calculer, une<br />

femme en sari arrive, écarte Dawa Yangzi, pose ses documents <strong>sur</strong> ceux de Danzi, la<br />

comptable s’empresse de <strong>les</strong> prendre...<br />

DES NOBLES ET DES SERFS KAMALARIS<br />

Dans <strong>les</strong> villages <strong>les</strong> Bahuns et <strong>les</strong> Chétri, en tant que seuls lettrés du village, sont des interlocuteurs<br />

inévitab<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> relations entre <strong>les</strong> populations et <strong>les</strong> administrations.<br />

Pour <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes l’<strong>au</strong>tre, qu’il soit artisan, artiste... Dalit-Indigenous-Paria-<br />

Intouchable : Damaï, Sarki, Gaï, Kami, Badi... est un être inférieur. Les Dalits, souvent,<br />

plus que <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres, qui ont été victimes de la pratique nommée Kamalaya. Qu’est cette<br />

pratique Kamalaya qui donne naissance à des Kamalaris, des serfs !<br />

Un patron prête à son employé de l’argent à de tels t<strong>au</strong>x que l’employé et ses descendants ne<br />

pourront jamais le rembourser.<br />

117


Cet employé finit ainsi, lui et ses descendants, par être lié à son employeur, devenant un<br />

véritable serf. Il y a encore <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> de véritab<strong>les</strong> serfs ! Rising Nepal, 17<br />

mai 2010.<br />

A decade has passed since the government declared that all Kamalaris were free. But about 1.128<br />

Kamalaris still remain to be rescued in the mid and far-western regions of Nepal.<br />

S’ajoutent d’<strong>au</strong>tres pratiques de type féodal-esclavagiste : on dit que c’était en terres<br />

Tamang que <strong>les</strong> rois allaient chercher leurs maitresses pour constituer leur harem. Peut-<br />

118<br />

on imaginer, <strong>au</strong> cours des sièc<strong>les</strong>, un droit de cuissage des gens de h<strong>au</strong>te caste exercé <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> triba<strong>les</strong> ? Evidemment, le statut de la femme népalaise <strong>au</strong>torise bien des choses. Quel<br />

Occidental connaît la deuki pratha, la pratique du deuki ou badini ? On abandonne une<br />

gamine devant un temple, ou on la confie à un couple riche qui l’utilise comme bonne à<br />

tout faire !<br />

AUJOURD’HUI<br />

Les castes ont été dissoutes en 1963, légalement el<strong>les</strong> n’existent plus. Sont-el<strong>les</strong> sans<br />

influence dans <strong>les</strong> faits ? Evidemment non, rien n’a changé. Il suffit, pour le vérifier, de<br />

noter le nombre de Bahuns et de Chétri chez <strong>les</strong> maîtres de la société népalaise : h<strong>au</strong>te<br />

administration, armée, police, chez <strong>les</strong> politiques, mais <strong>au</strong>ssi dans le grand business,<br />

l’industrie, depuis peu l’immobilier... Dans l’acquisition de terres rien n’a changé. 2010 :<br />

Plaine de Trisuli :<br />

- A Qui appartient cette terre ?<br />

Environ 60 hectares.<br />

- Un de Katmandu est venu il a tout acheté.<br />

Versant nord du col de Kakani.<br />

- Sur cette colline il n’y a plus rien à vendre, un Badgé a achetée.<br />

L’élection du Président de la République népalaise et de son Vice-président qui a eu lieu<br />

en 2006, après dix ans de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et une deuxième révolution, a porté <strong>au</strong> pouvoir<br />

deux Brahmanes Madeshi !<br />

118


Heureusement, des choses ont quand même changé : <strong>au</strong>jourd’hui on trouve de nombreux<br />

jeunes membres des h<strong>au</strong>tes classes qui sont membres du parti communiste réformiste<br />

U.M.L. et même du parti communiste maoïste. A déf<strong>au</strong>t, qui sont mao-badi (partisans<br />

des maoïstes, sympathisants maoïstes). Rares ceux qui ont rejoint ces mouvements parce<br />

qu’ils n’ont pas obtenu quelque faveur, par intérêt, par dépit. Nombreux sont ceux, et<br />

cela est à souligner, qui <strong>les</strong> ont rejoints parce qu’ils ont été inspirés par un sentiment de<br />

justice, par la simple générosité. Une remarque : tous, étaient capab<strong>les</strong> de lire l’anglais<br />

et donc <strong>les</strong> livres des révolutionnaires de Marx, Engels, Lénine, Mao Zedong. Ces livres<br />

119<br />

sont disponib<strong>les</strong> <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Les gens des h<strong>au</strong>tes castes ne sont pas aimés des Trib<strong>au</strong>x mais combien d’entre-eux ont<br />

osé afficher leur réprobation ou leur haine ? Les mouvements de révolte regroupant des<br />

Trib<strong>au</strong>x-Indigenous sont de création récente (voir plus loin.). Que de raisons à cela ! La<br />

plus importante : ce peuple était contraint <strong>au</strong> silence.<br />

Nous expliquons ci-dessous le rôle des gens des classes dominantes dans la h<strong>au</strong>te<br />

administration, la religion, l’armée et la police.<br />

LES HAUTES CASTES DANS LA HAUTE ADMINISTRATION<br />

Les gens des h<strong>au</strong>tes castes ont toujours dirigé la h<strong>au</strong>te administration. Déjà, dans<br />

l’entourage des premiers rois Shah apparaissaient <strong>les</strong> noms de Basnet, de Bandari, de<br />

Pandey, de Thapa... Dans la période qui a suivi l’ouverture des frontières du <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong><br />

noms de Koirala, de P<strong>au</strong>del, de Sit<strong>au</strong>la, de Battaraï... pullulent. Et on retrouve, encore<br />

<strong>au</strong>jourd’hui, ces patronymes dans toutes <strong>les</strong> classes dirigeantes.<br />

La gestion du pays a toujours été réservée <strong>au</strong>x Bahuns, <strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme,<br />

experts en sanscrit, cousins des brahmanes du Teraï, proches des brahmanes indiens dont<br />

ils ont la même formation et avec <strong>les</strong>quels ils ont de nombreux contacts. De nos jours,<br />

ces Bahuns occupent toujours <strong>les</strong> places déterminantes dans la h<strong>au</strong>te administration. Et<br />

ces Bahuns <strong>au</strong>x immenses pouvoirs ont façonné l’administration et l’ont adaptée à leur<br />

comportement et à leurs besoins. Ce sont des personnes qui n’effectuent <strong>au</strong>cune tâche,<br />

<strong>au</strong>cun travail : ils commandent à d’<strong>au</strong>tres, la lenteur présidant toujours à leurs décisions.<br />

A <strong>les</strong> voir, on se dit que ce sont eux qui ont inspirés <strong>les</strong> textes de Courteline. On vient <strong>au</strong><br />

119


ure<strong>au</strong>, on ne vient pas, si l’on vient, <strong>les</strong> premières heures du matin sont occupées à lire<br />

le journal. Observez <strong>les</strong> loc<strong>au</strong>x dans <strong>les</strong>quels ils travaillent, même s’ils sont neufs, ils<br />

donnent l’impression de vétusté. Observez <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> vides de tout dossier. Observez le<br />

120<br />

classement des archives vivantes, tout est en vrac <strong>sur</strong> des étagères. Quant <strong>au</strong>x archives<br />

mortes on en trouve partout, même dans <strong>les</strong> recoins, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> paliers des escaliers...<br />

Et quel désordre dans le comportement ! Quelle complexité ils ont donné <strong>au</strong>x rouages<br />

administratifs <strong>les</strong> plus simp<strong>les</strong>. La moindre demande doit être précédée de démarches<br />

complexes, remplir un document est une tâche ardue même pour une personne instruite.<br />

Les personnes analphabètes, el<strong>les</strong>, n’ont qu’une solution, se faire assister par un membre<br />

de l’administration, moyennant subsides évidemment. Le flou ne permet-il pas de<br />

nombreuses interprétations propices à recevoir des commissions. Pour obtenir un acte de<br />

naissance, <strong>au</strong>jourd’hui, an 2010, un <strong>Sherpa</strong> du Khumbu qui habite Katmandu est obligé<br />

de monter à Khumjung. Aller et retour : deux heures d’avion, quatre à six jours de<br />

marche, un à deux jours d’attente <strong>sur</strong> place. Si tout se passe bien car arrivé <strong>au</strong> gabissa<br />

(mairie), il peut entendre :<br />

La personne n’est pas là elle est redescendue à Katmandu (ou à Jiri, ou dans une <strong>au</strong>tre préfecture), on<br />

ne sait pas quand elle reviendra.<br />

Celle qui est chargée de Khumjung est présente 15 à 20 jours par an !<br />

Juin 2010, une <strong>Sherpa</strong>ni résidant à Katmandu se présente dans un bure<strong>au</strong> pour demander<br />

des actes de naissance. Le préposé demande :<br />

- 7000 roupies.<br />

A ces 7000 roupies il f<strong>au</strong>dra rajouter 3000 roupies pour avoir le document. 10.000<br />

roupies, la valeur de deux smic kathmandouites ! Pour obtenir un passeport un natif du<br />

Khumbu doit aller à Saléri. S’il habite Katmandu : aller et retour : deux heures d’avion,<br />

deux jours de marche, un ou deux jours <strong>sur</strong> place. S’il s’agit d’une mineure, il f<strong>au</strong>t que<br />

<strong>les</strong> parents soient là, s’ils habitent le Khumbu, ils descendent : six à huit jours de marche<br />

<strong>au</strong> moins aller et retour !<br />

Quant <strong>au</strong>x vides administratifs ils sont himalayens. Même dans la cuvette de Katmandu<br />

<strong>les</strong> plans cadastr<strong>au</strong>x ne sont pas terminés. Place <strong>au</strong> banditisme, quelle <strong>au</strong>baine pour des<br />

120


121<br />

f<strong>au</strong>x propriétaires de terrains ! Banlieue de Katmandu : une personne achète un terrain,<br />

commence à construire. Le voisin s’in<strong>sur</strong>ge, il fait venir un groupe, le leader :<br />

- Nous sommes des maoïstes, ce terrain est à moi.<br />

Enquête du propriétaire, du secrétaire de mairie de la commune. Le leader est convoqué,<br />

la police est là. Le leader est arrêté c’est un f<strong>au</strong>x maoïste, un kao-badi, un voleur qui fait<br />

partie d’un gang.<br />

La conduite des véhicu<strong>les</strong>, le comportement <strong>au</strong> volant illustre l’incurie des dirigeants. Il<br />

a donné naissance à la formule :<br />

Les <strong>Népal</strong>ais se comportent comme ils conduisent !<br />

Les <strong>Népal</strong>ais conduisent comme ils se comportent !<br />

Autre grief que l’on doit formuler à l’égard de cette administration : son influence s’est<br />

limitée à la cuvette de Katmandu -600 kilomètres carrés contre 141.000 pour l’ensemble<br />

du pays- et à quelques rares régions. Des régions entières sont négligées, oubliées :<br />

The area has been neglected by the state for centuries...<br />

Ce dont ont tiré parti <strong>les</strong> maoïstes quand, <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong>, ils ont cherché des zones<br />

refuges <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils pouvaient exercer leur <strong>au</strong>torité.<br />

Ces privilégiés du système ont de plus construit un état hindou, la laïcité est un mot<br />

inconnu <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Naïfs occident<strong>au</strong>x qui ont parlé de tolérance des <strong>Népal</strong>ais parce qu’il<br />

n’y avait pas eu dans ce pays de franche <strong>guerre</strong> de religion. 85 à 90 % de la population<br />

est hindouiste, comment <strong>les</strong> adeptes d’<strong>au</strong>tres religions dont <strong>les</strong> bouddhistes localisés<br />

dans des zones bien précises <strong>au</strong>raient-ils pu s’imposer ? De plus le népali-sanscrit est à la<br />

base de la formation d’un élève d’une école gouvernementale. L’école gouvernementale<br />

est une école hindoue, exemp<strong>les</strong> dans la banlieue de Katmandu :<br />

- celle de Pasikot près de Buddhanilgantha –mais ce genre de chose est classique- un<br />

temple hindouiste est construit dans la cour, à trois mètres des sal<strong>les</strong> de classe.<br />

- remise des prix de fin d’année à l’école gouvernementale de Golfutar : le directeur<br />

appose <strong>sur</strong> le front des bons élèves un tika dont la taille va décroissant : <strong>les</strong> premiers de<br />

la classe bénéficient d’un énorme tika, <strong>les</strong> derniers n’ont rien.<br />

121


Ecrasée la pourtant riche civilisation Newar, oubliée la religion bouddhique.<br />

122<br />

Trop occupés par leurs propres affaires, ces h<strong>au</strong>ts fonctionnaires n’ont jamais eu le sens<br />

de l’Etat. Celui qu’ils ont créé est un Etat bancal. Ont-ils créé une Nation ? Non, il n’y a<br />

pas de Nation népalaise. Il n’y a qu’un conglomérat d’intérêts, d’ethnies... Le Tamang<br />

est avant tout Tamang, le <strong>Sherpa</strong>, <strong>Sherpa</strong>, le Newar, Newar... Chacun vit dans Sa région,<br />

se marie avec un membre de Son ethnie. Le Madeshi vit dans le Madesh et regarde vers<br />

l’Inde, le Dol-pa, le Larkya-pa, vit <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> mais se sent Tibétain... Autant de régions,<br />

<strong>au</strong>tant d’ethnies, <strong>au</strong>tant de rése<strong>au</strong>x. Même chose pour <strong>les</strong> castes, 2010 :<br />

Family displaced for inter-caste marriage.<br />

Mais tous sont dominés par <strong>les</strong> gérants qui habitent la cuvette de Katmandu, ils leur<br />

doivent obéissance. En cas de désobéissance, de trouble, la police (ou l’armée) accourt<br />

qui impose, qui punit... Manière drastique, salut <strong>les</strong> Droits de l’Homme ! Les Chétri se<br />

sont réservé le métier des armes, parmi eux des membres de l’ancienne famille Rana, <strong>les</strong><br />

Kunwar, <strong>les</strong> Shamsher.<br />

LES HAUTES CASTES DANS LA POLICE ET L’ARMEE<br />

DANS L’ARMEE.<br />

En France, en 1789, de Hubert Méthivier :<br />

L’édit de Ségur, réserve <strong>les</strong> sous-lieutenances dans la cavalerie et l’infanterie <strong>au</strong>x nob<strong>les</strong>. Les éco<strong>les</strong><br />

militaires exigent la nob<strong>les</strong>se et en 1788, <strong>les</strong> roturiers sortis du rang ne peuvent dépasser le grade de<br />

lieutenant.<br />

Nous sommes en France, en 1788, des cahiers de doléances sont envoyés <strong>au</strong> roi. Parmi<br />

eux celui de L<strong>au</strong>ris (près d’Aix en Provence). En voici un extrait.<br />

Fermer l’entrée des emplois et des professions honorab<strong>les</strong> à la classe la plus nombreuse et la plus<br />

utile, c’est étouffer le génie, le talent... La nob<strong>les</strong>se jouit de tout, possède tout, et voudrait<br />

s’affranchir de tout ; cependant si la nob<strong>les</strong>se commande <strong>les</strong> armées, c’est le tiers état qui <strong>les</strong><br />

compose ; si la nob<strong>les</strong>se verse une goutte de sang, le tiers état en répand des ruisse<strong>au</strong>x...<br />

Au <strong>Népal</strong>, il f<strong>au</strong>t distinguer la h<strong>au</strong>te hiérarchie militaire qui est composée de membres de<br />

la caste des Chétri (nombreux Chétri ranas) avec quelques rares Bahuns ou Newars ou<br />

Gurungs, ces deux derniers accédant quelquefois <strong>au</strong>x grades supérieurs mais<br />

122


exceptionnellement <strong>au</strong>x grades d’officiers supérieurs ou génér<strong>au</strong>x- et <strong>les</strong> hommes de<br />

troupe ou <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> policiers qui sont, évidemment, souvent des Trib<strong>au</strong>x.<br />

Qui en dit long <strong>sur</strong> le fonctionnement des institutions népalaises, après la deuxième<br />

révolution, le nombre de Trib<strong>au</strong>x occupant des postes d’officiers supérieurs est infime.<br />

Rien n’a changé et on retrouve même à la tête des états-majors de la police et de l’armée<br />

des Rana Shamsher (e) qui font suivre leur nom de Jung Bahadur. Toute la littérature est<br />

unanime :<br />

L’armée népalaise est commandée par des Chétri. C’est l’armée du roi.<br />

123<br />

Le roi est de la classe Chétri. La h<strong>au</strong>te hiérarchie militaire, elle, affirme en toute<br />

simplicité-duplicité, que l’armée est composée :<br />

D’hommes de sang-froid qui ont le sens de l’honneur, qui sont là pour soutenir un régime honorable<br />

et non celui de l’argent.<br />

La caste des Chétri a toujours été, face <strong>au</strong>x Trib<strong>au</strong>x, tout à la fois l’alliée et la<br />

concurrente directe de ces Bahuns pour la possession du pouvoir. Relire sous le titre<br />

Géographie humaine ce qui a trait <strong>au</strong>x complexes relations entre ces deux castes. Les<br />

luttes entre le roi et la h<strong>au</strong>te administration Bahuns ont été incessantes, l’armée étant<br />

toujours du côté du roi.<br />

Etait-elle une armée formée pour défendre le pays en cas de <strong>guerre</strong> avec un des pays<br />

voisins du <strong>Népal</strong> ? Non, évidemment. Que pourrait-elle faire si le <strong>Népal</strong> entrait en <strong>guerre</strong><br />

avec un de ses deux puissants voisins, l’Inde ou la Chine -rapport des populations égale<br />

44 !- Dans son histoire, <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> <strong>guerre</strong>s que cette armée a eu à soutenir sont<br />

cel<strong>les</strong> bien lointaines qui ont permis <strong>au</strong>x rois Shah d’unifier le pays, celle qui a eu pour<br />

but le pillage de monastères <strong>au</strong> Tibet, puis, plus récemment, celle qui l’a opposée <strong>au</strong>x<br />

troupes britanniques. L’armée est en réalité une simple force de maintien de l’ordre <strong>au</strong><br />

service du roi. Cette armée n’a d’ailleurs jamais eu l’ambition de prendre le pouvoir. Au<br />

temps de l’assassinat du roi Birendra, le général chef de l’état-major à des diplomates<br />

européens :<br />

Le pouvoir, si je l’avais voulu, je l’avais, là, dans la main.<br />

C’était une armée passive, son état-major, plus préoccupé par <strong>les</strong> cérémonies, <strong>les</strong> défilés,<br />

<strong>les</strong> costumes d’apparats constellés de médail<strong>les</strong>, que par <strong>les</strong> combats. Indiquons, lueur<br />

amusante dans la noirceur de l’ancien <strong>Népal</strong>, que le budget militaire était, avant<br />

123


l’in<strong>sur</strong>rection maoïste, un des plus faib<strong>les</strong> des pays de la terre. Et il le serait sans doute<br />

resté si <strong>les</strong> U.S.A., l’Angleterre, l’Inde... n’étaient venus jouer <strong>les</strong> colonialistes<br />

124<br />

s’immisçant dans <strong>les</strong> affaires d’<strong>au</strong>trui en obligeant l’armée népalaise à combattre <strong>les</strong><br />

maoïstes -Il semble que la France ne s’est pas engagée : lucidité, courage, désintérêt ?<br />

L’avenir nous apprendra le rôle exact qu’elle a joué-<br />

Les chefs de gouvernement de ces pays ont donc mis en place, par le moyen que l’on<br />

sait, le roi Gyanendra, frère de Birendra. Ce dernier se refusant de lancer l’armée contre<br />

<strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> motif que ceux-ci étaient des <strong>Népal</strong>ais et que l’armée était là pour<br />

combattre des forces extérieures <strong>au</strong> pays. Puis ces étrangers ont fourni à l’armée<br />

népalaise, des fonds, une assistance militaire : conseillers, des milliers d’armes<br />

<strong>au</strong>tomatiques, quelques hélicoptères –Eurocopter : révélé par Amnesty international-<br />

La Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. ainsi équipée s’est donc trouvée confrontée à la People<br />

Libération Army, la P.L.A. des maoïstes. Et tout, a soudainement changé. Avec cette<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, la R.N.A est devenue une armée de combat.<br />

Dans ses débuts, la <strong>guerre</strong> opposait <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> forces de police et <strong>les</strong> maoïstes, puis la<br />

police n’arrivant pas à dominer <strong>les</strong> in<strong>sur</strong>gés, l’armée, nouvellement équipée, a été<br />

engagée. Ensuite, le roi Gyanendra s’étant rapidement rendu compte que, seule, son<br />

armée même équipée d’armes modernes n’arrivait pas à dominer l’armée maoïste, il a<br />

fait équiper la police par la coalition des pays anti-maoïstes. Il était tristement amusant<br />

de voir soudain <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts gradés de la police et le roi parader côte à côte, de voir soudain<br />

cette police vêtue de neuf, dotée d’armées <strong>au</strong>tomatiques...<br />

Malgré cela, le combat est resté inégal. D’un côté une armée et une police certes bien<br />

équipées mais commandées par des officiers, nantis du régime, de l’<strong>au</strong>tre, des hommes,<br />

des Jungle Manchés, des Hommes des bois, issus du peuple se battant pour un idéal,<br />

pour améliorer la condition des misérab<strong>les</strong>, la leur, celle de leur famille. Des Jungle-<br />

Manches se dissimulant dans <strong>les</strong> forêts, des hommes rudes, durs <strong>au</strong> mal, habitués <strong>au</strong>x<br />

marches interminab<strong>les</strong>, <strong>au</strong>x portages inhumains. Des hommes vivant souvent comme des<br />

anim<strong>au</strong>x s<strong>au</strong>vages. La carte était jouée d’avance. L’armée n’a donc pas obtenu de<br />

résultats probants. C’est pourquoi, à la fin du conflit, <strong>les</strong> maoïstes occupaient presque<br />

tout le pays.<br />

124


A signaler : l’armée et la police n’entretiennent pas de bonnes relations. L’armée accuse<br />

la police de corruption, d’être complice de malfrats. Au cours de la <strong>guerre</strong>, un poste de<br />

police est attaqué par des maoïstes, mais <strong>les</strong> militaires du poste militaire voisin refusent<br />

125<br />

d’aller leur prêter main forte.<br />

La Royal <strong>Népal</strong> Army a-t-elle été irréprochable ? A la fin de la <strong>guerre</strong>, l’O.N.U., et<br />

Amnesty International..., accuseront des officiers génér<strong>au</strong>x de la Royal <strong>Népal</strong> Army de<br />

crimes contre l’Humanité. Nous en reparlerons.<br />

DANS LA POLICE<br />

La réputation de la police est exécrable, elle est haïe par la population. Un vol est<br />

commis dans notre maison, un voisin :<br />

- Surtout n’allez pas le dire à la police.<br />

Car on dit la police complice des voleurs, corrompue, inefficace. Malgré cet<br />

avertissement nous y allons. Regards étonnés des policiers qui prennent quelques notes.<br />

Aucune véritable enquête évidemment. Inefficace, elle l’est si on la juge <strong>sur</strong> la façon de<br />

conduire <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> des <strong>Népal</strong>ais et son laxisme en face des f<strong>au</strong>tes que <strong>les</strong> conducteurs<br />

commettent à chaque instant sous ses yeux. -voir dans le site<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/ le titre : Conduire <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>- Circulation sinusoïdale,<br />

vitesse excessive conduisant à des accidents mortels commis sous leurs yeux, arrêts et<br />

stationnement anarchique, jeunes motards fils a papa <strong>au</strong>x pots d’échappements modifiés,<br />

utilisation injustifiée et excessive des klaxons, celui de route en ville compris...<br />

Fin des vacances du Dasagn, <strong>les</strong> bus sont bondés, des voyageurs s’entassent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> toits<br />

des véhicu<strong>les</strong>. Une émission de télévision : un journaliste à un policier de grade élevé :<br />

- Vous regardez, vous ne faites rien.<br />

Réponse de ce gradé.<br />

- On <strong>les</strong> arrête, on retire le permis du conducteur, on leur fait payer une amande mais ils<br />

recommencent.<br />

Sic. La réalité : le conducteur f<strong>au</strong>tif donne un billet <strong>au</strong> policier et tout recommence.<br />

Brutalités commises par des policiers : <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> combien de<br />

disparitions, de personnes torturées, qui étaient souvent de simp<strong>les</strong> paysans, <strong>les</strong> maoïstes<br />

ayant fui dans la forêt. Voir opérations Roméo, Research and Kill... Amnesty<br />

125


126<br />

International et l’O.N.U. en ont rendu compte. A noter que de nombreux Rana-<br />

Shamsher (e) occupent également des h<strong>au</strong>ts commandements dans la police.<br />

HAUTES CASTES DANS LA POLITIQUE<br />

Les deux h<strong>au</strong>tes castes sont, tout à la fois alliées et concurrentes. Ce qu’on lit dans le<br />

Mahabarata <strong>sur</strong> la lutte qui a opposé <strong>les</strong> brahmanes et <strong>les</strong> Chétri se retrouve encore dans<br />

la vie sociale, économique et politique d’<strong>au</strong>jourd’hui.<br />

Ces deux h<strong>au</strong>tes castes sont, non seulement toujours présentes dans la politique, mais ce<br />

sont el<strong>les</strong> qui donnent le plus grand nombre de leaders <strong>au</strong>x formations politiques. Les<br />

noms de Koïrala, Thapa, Battaraï, P<strong>au</strong>del... se retrouvent à la tête de tous <strong>les</strong> partis<br />

politiques. L’assujettissement <strong>au</strong> religieux des Trib<strong>au</strong>x-Indigenous, des membres des<br />

basses castes, leur totale absence de culture et de maturité politique, <strong>les</strong> place sous la<br />

coupe des prêtres-Bahuns.<br />

Le chef du parti communiste maoïste, Pushpa Kamal Dahal et son second Baburam<br />

Battaraï sont eux-mêmes des Bahuns, mais eux se sont élevés contre <strong>les</strong> personnes de<br />

leur caste, ils ont fait la <strong>guerre</strong> pendant dix ans contre leurs forces de l’ordre. Le fait que<br />

de nombreux gens de caste se retrouvent dans <strong>les</strong> rangs des maoïstes s’explique parce<br />

que dans un récent passé seuls <strong>les</strong> gens de castes, fréquentaient l’école, ont appris<br />

suffisamment d’anglais pour être capab<strong>les</strong> de lire <strong>les</strong> textes des écrivains<br />

révolutionnaires : Marx, Lénine, Mao Zedong. On entend parfois des <strong>Népal</strong>ais et des<br />

Occident<strong>au</strong>x qui sont dans le business affirmer :<br />

Le parti maoïste est comme <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres, il est dirigé par des gens des h<strong>au</strong>tes castes qui ne sont là que<br />

pour accéder <strong>au</strong> pouvoir.<br />

Effectivement on retrouve à la tête de ce parti quelques gens de h<strong>au</strong>te caste mais d’une<br />

part ils sont en petit nombre alors que dans <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres partis ils occupent toutes <strong>les</strong><br />

places, d’<strong>au</strong>tre part ces gens des h<strong>au</strong>tes castes étaient <strong>sur</strong> le terrain pendant la <strong>guerre</strong> et<br />

leur tête était mise à prix : 5 millions de roupies pour le leader Prachanda, 3 millions<br />

pour <strong>les</strong> seconds. Des sommes énormes !<br />

126


Mais si <strong>les</strong> partis de droite possèdent de véritab<strong>les</strong> politiciens, des conseillers en tout<br />

genre, des gestionnaires, des juristes... l’extrême g<strong>au</strong>che n’en possède que fort peu. C’est<br />

ce qui fera dire à une personnalité du monde diplomatique français devant un nombreux<br />

<strong>au</strong>ditoire, parlant des maoïstes <strong>au</strong> pouvoir :<br />

Ils sont nuls.<br />

Oui votre Excellence, ils étaient souvent incompétents, ils manquaient de formation<br />

politique, ils n’avaient <strong>au</strong>cune notion de droit, ils ne connaissaient pas <strong>les</strong> rouages du<br />

gouvernement, <strong>les</strong> subtilités de l’administration, <strong>les</strong> manières de la diplomatie. Ils étaient<br />

tout à la fois naïfs et rudes et, dans <strong>les</strong> débats, ils avaient l’inflexibilité de l’idéaliste.<br />

Mais, votre Excellence, vous n’<strong>au</strong>riez pas dû dire cela. Les paro<strong>les</strong> que vous avez<br />

prononcées sont peu élégantes. Vous avez oublié que ces personnes étaient <strong>les</strong> Sans-<br />

culottes népalais qui venaient de lutter pendant dix ans contre une monarchie absolue, un<br />

régime féodal. Vous avez oublié que ces personnes étaient des révolutionnaires qui<br />

venaient de vivre dix ans traqués par la police et par l’armée, qui venaient de se battre,<br />

qui s’étaient cachés dans <strong>les</strong> forêts, qui avaient eu faim, froid, qui avaient vu <strong>les</strong> leurs<br />

disparaître, être torturés, mourir à leur côté. Piètre formation pour as<strong>sur</strong>er des relations<br />

mondaines, pour dominer un savoir faire politique, pour savoir diriger un pays.<br />

CORRUPTION, PREVARICATION, CONCUSSION, NEPOTISME<br />

CORRUPTION...<br />

On lit :<br />

127<br />

- Le <strong>Népal</strong> occupe la 37 ème place <strong>sur</strong> 180 pour la corruption.<br />

- Le ministre du commerce X a déclenché le scandale du Sugargate, il a touché des commissions <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> importations de sucre indien.<br />

- Réorganisation de la Royal <strong>Népal</strong> Airline Corporation. Le premier ministre a reçu de notab<strong>les</strong><br />

commissions.<br />

- ...<br />

On obtiendrait un sérieux dossier si tous <strong>les</strong> cas de corruption, de prévarication, de<br />

malversation, de concussion, de trafic d’influence, qui se sont produits <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> étaient<br />

simplement répertoriés. On peut s’amuser à dire que la corruption et le népotisme<br />

ont été et sont encore <strong>les</strong> deux mamel<strong>les</strong> des institutions népalaises. La corruption<br />

127


n’était ni admise, ni tolérée, elle était habituelle, normalisée, institutionnalisée. Quand la<br />

commission anti-corruption a été créée, un ancien ministre a déclaré à un journaliste :<br />

S’ils croient qu’ils vont arriver à la supprimer ! La supprimer est impossible !<br />

Il est de fait que <strong>sur</strong> tous <strong>les</strong> grands projets des énormes pourcentages étaient prélevés.<br />

Or le total des aides indiennes, européennes, américaines, du Japon... est, <strong>au</strong>jourd’hui<br />

encore, toujours supérieur à 50 % du budget de fonctionnement du pays. Et on lit que 90<br />

à 95 % des sommes étaient détournées ! Imaginez ce que représente 90 % du montant<br />

des trav<strong>au</strong>x de construction d’une route, d’un pont, d’un bâtiment et comparez-le <strong>au</strong><br />

salaire d’un fonctionnaire même supérieur ! Il était si facile d’indiquer dans <strong>les</strong><br />

justificatifs, quand ils étaient demandés, de f<strong>au</strong>x nombres de jours de travail, de f<strong>au</strong>x<br />

prix des matéri<strong>au</strong>x, de f<strong>au</strong>sses quantités de matéri<strong>au</strong>x.... Ceci explique la lassitude de<br />

certains pays qui, <strong>au</strong> début de l’ouverture des frontières, ont puissamment aidé le <strong>Népal</strong><br />

–dont la France- puis ont brutalement arrêté leurs aides. A Pokhara, dans l’enceinte de<br />

l’International Mountain Museum, se dressent deux murs d’escalade. L’un pourtant<br />

128<br />

financé par <strong>les</strong> suspicieux Japonais a coûté 23 laks (23.000.000 roupies), il me<strong>sur</strong>e 9<br />

mètres de h<strong>au</strong>teur, l’<strong>au</strong>tre, financé et construit par l’Ambassade de France et moi-même<br />

me<strong>sur</strong>e un peu plus de 21 mètres de h<strong>au</strong>teur, il a coûté moins de 9 laks (9.000.000<br />

roupies). C’est connu, <strong>les</strong> magouilleurs français ouvrent des comptes bancaires en<br />

Suisse, il serait intéressant de connaître, le nombre de comptes bancaires ouverts en Inde<br />

par des <strong>Népal</strong>ais ayant occupé une fonction dans un gouvernement, et <strong>les</strong> sommes qu’ils<br />

abritent. Il est de notoriété publique puisque des dirigeants ont été condamnés, que lors<br />

des tractations pour la remise à flot de la Royal <strong>Népal</strong> Airlines Corporation (la R.N.A.C.,<br />

amusant acronyme !), d’énormes sommes ont été versées. A qui ? Combien ?<br />

Dès qu’il y avait quatre sous à tirer l’administration était toujours vigilante. Il m’a fallu<br />

six ans parce que je n’ai pas voulu m’adresser <strong>au</strong>x responsab<strong>les</strong> du Parc de Sagarmatha,<br />

le financement étant déposé dans une banque, pour que commencent <strong>les</strong> trav<strong>au</strong>x<br />

d’électrification du village de Pangbotché <strong>au</strong> pied de Sagarmatha. Trav<strong>au</strong>x qui, une fois<br />

l’<strong>au</strong>torisation obtenue, ont été terminés en quelques semaines. Pour des raisons<br />

analogues, il m’a fallu vingt-cinq ans pour faire construire trois sal<strong>les</strong> de classe et un<br />

mur d’escalade pour l’enseignement des métiers de la montagne !<br />

128


129<br />

Corruption : 40 à 45 % du budget népalais provient de la perception de taxes et des<br />

impôts, mais combien de f<strong>au</strong>sses déclarations de revenus ?<br />

J’inscris X, vous économisez Y. On partage!<br />

Sur <strong>les</strong> aides internationa<strong>les</strong> il est bien facile, étant donné l’incompétence et le honteux<br />

laxisme des donneurs, de prélever ce que l’on désire. Pourquoi le projet qui avait pour<br />

but l’alimentation en e<strong>au</strong> potable de la cuvette de Katmandu s’est-il arrêté à la<br />

construction de la route et des ouvrages de génie civil de la route qui conduit à Tankot,<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du barrage <strong>sur</strong> la Melamchi kola ?<br />

Pour le fonctionnaire subalterne, la commission, petite cousine de la corruption, est<br />

banalisée. Votre dossier est <strong>au</strong> bas d’une pile, remettez la valeur d’une journée de travail<br />

<strong>au</strong> fonctionnaire responsable et il est soudainement <strong>au</strong>-dessus de la pile. Le problème<br />

que vous posez est insoluble, il manque un document, un formulaire est mal rempli, des<br />

dates interdisent d’obtenir une inscription... Versez la valeur de une à N journées de<br />

travail et la solution du problème s’inscrit tout à coup, évidente. Si le fonctionnaire est<br />

correct il établit le dossier en dehors des heures de service...<br />

P<strong>au</strong>vres Trib<strong>au</strong>x illettrés ! Un géomètre relève des dimensions pour établir le plan<br />

cadastral d’une commune. A chaque propriétaire illettré -qui ne sait pas se servir d’un<br />

décamètre-, il déclare :<br />

3000 roupies sinon j’inscris <strong>les</strong> dimensions intérieures des murs.<br />

Ce policier arrête un conducteur en infraction. Attitude logique, le policier confisque le<br />

permis que le conducteur viendra reprendre <strong>au</strong> commissariat après paiement de<br />

l’amende. Pratiquement, le conducteur glisse le montant d’une à deux journées de travail<br />

à l’agent verbalisateur qui, <strong>au</strong> vu de tous, rend le permis et glisse l’argent dans sa poche.<br />

Transmis par un officier à la retraite : L’armée doit envoyer des militaires servir dans un<br />

organisme international. Un gradé décide du choix des hommes, il tient <strong>au</strong>x quelques<br />

élus un discours de ce type :<br />

Je pense vous proposer pour..., votre salaire va être sérieusement <strong>au</strong>gmenté, x% pour <strong>les</strong> frais de<br />

votre hiérarchie. Rompez.<br />

Au cours de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, lorsque des maisons étaient brûlées par <strong>les</strong> maoïstes, l’Etat<br />

versait une indemnité <strong>au</strong> propriétaire. La maison située hors de la cuvette de Katmandu<br />

129


d’une h<strong>au</strong>te personnalité du monde politique est entièrement détruite par le feu. Cette<br />

personnalité, dans <strong>les</strong> mois qui suivent, fait construire une somptueuse maison dans une<br />

130<br />

banlieue de Katmandu. Ayant un esprit malveillant je pose la question : « Quel est<br />

l’<strong>au</strong>teur de l’incendie ? »<br />

NEPOTISME<br />

Deuxième mamelle des institutions népalaises, le népotisme. Cette pratique est, <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>, non pas tolérée, elle est considérée comme une chose normale qui ne suscite que<br />

rarement des critiques, quelquefois des allusions, rarement un entrefilet dans la presse.<br />

La fille de ce politique célèbre est plusieurs fois ministre, la femme de cet adatché<br />

(maire) obtient un poste convoité... Les exemp<strong>les</strong> pullulent, <strong>les</strong> gens sourient, une voix<br />

se fait quelquefois entendre qui situe le problème <strong>au</strong>-dessus du cas ponctuel :<br />

Comment sont recrutés <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts fonctionnaires ?<br />

Comment arrive-t-on <strong>au</strong>x grades supérieurs dans l’armée ? Dans la police ? »<br />

INFLUENCE DES CLERGES<br />

De La France de l’ancien régime :<br />

Une théocratie faisant du trône et de l’<strong>au</strong>tel <strong>les</strong> pièces fondamenta<strong>les</strong> de la construction sociale.<br />

De Michelle Kergoat :<br />

La volonté de renforcer et de faire du <strong>Népal</strong> un roy<strong>au</strong>me hindou... Avec le roi et l’unité de langage,<br />

l’hindouisme est le troisième pilier <strong>sur</strong> lequel <strong>les</strong> dirigeants ont voulu fonder l’unité népalaise.<br />

Sur le plan religieux l’hindouisme et le bouddhisme sont <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> religions de ce<br />

peuple. Coexistence pacifique ! S’extasient <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x. De fait, le bouddhisme,<br />

hétérodoxie de l’hindouisme, n’a pas été combattu ouvertement et par <strong>les</strong> armes par <strong>les</strong><br />

hindouistes comme le protestantisme l’a été durement par <strong>les</strong> adeptes de notre religion<br />

officielle. C’est que, en France, <strong>les</strong> Réformistes présentaient un réel danger pour l’église<br />

orthodoxe alors qu’<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> la puissance de l’église réformée était négligeable.<br />

L’hindouisme était, est toujours, la religion la plus puissante. On compte 80 à 90% de<br />

<strong>Népal</strong>ais qui pratiquent cette religion, pure ou altérée par d’<strong>au</strong>tres croyances. Pourtant<br />

c’est le bouddhisme qui est le plus perçu par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x. Ceci s’explique : il<br />

130


131<br />

possède, phénomène récent lié <strong>au</strong> tourisme, un clergé pléthorique portant costume<br />

religieux. Les Bahuns-prêtres de l’hindouisme, eux, ne se distinguent pas, leur cordon<br />

est rarement visible. Quant <strong>au</strong>x constructions, <strong>les</strong> stupas bouddhiques, <strong>les</strong> gompas et <strong>les</strong><br />

lamaseries sont en grand nombre, ce sont de vastes bâtiments, <strong>au</strong>x toitures dorées... A<br />

part Pashupathinath <strong>les</strong> temp<strong>les</strong> hindouistes passent facilement inaperçus.<br />

Quoiqu’il en soit, l’hindouisme domine et le trekkeur ne devrait pas oublier que cette<br />

religion est encore, dans <strong>les</strong> faits, religion d’état. Il ne devrait pas oublier non plus que<br />

<strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme, <strong>les</strong> Bahuns, dictent toujours <strong>au</strong> peuple <strong>les</strong> manières de se<br />

comporter... et la bonne façon de voter ! Enfin il ne devrait pas oublier que dans tous <strong>les</strong><br />

peup<strong>les</strong> inféodés <strong>au</strong> religieux, <strong>les</strong> dévots cherchent, avant tout, à obtenir leur salut, à<br />

améliorer leur karma. Par une soumission <strong>au</strong>x prêtres, la répétition de prières, de<br />

formu<strong>les</strong> incantatoires, des pratiques ésotériques... <strong>au</strong> détriment des actes qui pourraient<br />

faire évoluer la vie sociale, réduire la misère. Ici, comme ailleurs, <strong>les</strong> églises népalaises<br />

sont des éléments de stabilité des institutions figées.<br />

Peut-on comparer <strong>les</strong> Français et leur clergé de 1789 et <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais et leurs trois clergés<br />

<strong>les</strong> plus importants ? Celui de l’hindouisme, celui des bouddhismes, celui des<br />

chamanismes ? Oui et non. La France était <strong>au</strong> moment de la révolution une grande<br />

nation catholique, le <strong>Népal</strong> est, <strong>au</strong>jourd’hui dans <strong>les</strong> faits, un pays hindou. Ce pays se<br />

proclamait il y a trois ans à peine monarchie hindouiste. Les rois de France étaient <strong>les</strong><br />

grands défenseurs de l’église chrétienne, <strong>les</strong> rois Shah ont tous été des grands prosélytes<br />

de l’hindouisme, ils ont imposé l’hindouisme comme religion d’état. Les rois de France<br />

étaient rois de droit divin, <strong>les</strong> rois du <strong>Népal</strong> s’affirment des incarnations de Vichnu.<br />

Les hindouistes ont-ils été tolérants avec <strong>les</strong> bouddhistes et <strong>les</strong> musulmans ? Constat : ils<br />

ne <strong>les</strong> ont jamais combattus par <strong>les</strong> armes. Mais quel besoin avaient-ils de <strong>les</strong><br />

combattre ? Ces bouddhistes habitaient <strong>les</strong> piémonts des montagnes <strong>au</strong> loin, ils étaient<br />

p<strong>au</strong>vres, illettrés, sans influence <strong>sur</strong> le peuple. Leurs prêtres, <strong>les</strong> lamas ne savaient même<br />

pas écrire le sanscrit, ils utilisaient l’alphabet tibétain pour écrire leur dogme, le tibétain<br />

pour réciter leurs prières. Les chamanes, eux, étaient totalement analphabètes. Quand<br />

<strong>au</strong>x musulmans, ils ne forment que des îlots de population. La seule ethnie qui <strong>au</strong>rait pu<br />

131


présenter un danger, celle des Newars de la cuvette de Katmandu, a été écrasée par le roi<br />

132<br />

Prithwi. D’ailleurs, ces Newars se sont façonnés une religion qui accorde à l’hindouisme<br />

une belle part. Les hindouistes verrouillent donc tout : la politique, l’économie,<br />

l’enseignement, l’armée, la police et la religion.<br />

L’école française était, <strong>au</strong> temps de la révolution, sous la coupe des prêtres, encore<br />

<strong>au</strong>jourd’hui la laïcité n’existe pas <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. On ne dit pas école laïque, on dit l’école<br />

gouvernementale. Répétons, combien de ces éco<strong>les</strong> gouvernementa<strong>les</strong> possèdent un<br />

temple hindou dans leur cour ? Le népali-sanscrit enseigné dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> est<br />

comparable <strong>au</strong> latin dans la vieille France. Le Bahuns le maîtrise comme le prêtre<br />

français maîtrisait le latin. Même parallèle possible pour <strong>les</strong> bouddhistes en terres Bothe,<br />

où <strong>les</strong> illettrés sont encore plus nombreux qu’en terres hindouistes. Le tibétain est la<br />

langue du dogme, des prières, des exvotos, pourtant le tibétain n’est pas le langage des<br />

Bothe. Tout cela fait dire que le lama des piémonts himalayens est <strong>au</strong>x Bothes ce que le<br />

Bahuns est <strong>au</strong>x hindouistes du Moyen et du Bas pays.<br />

Le Français était illettré, le <strong>Népal</strong>ais est <strong>au</strong>jourd’hui illettré à 55 %. Illettré signifie que<br />

le peuple n’a que le Bahuns, le lama, le Jankrit, comme éducateur, qu’il est incapable de<br />

lire un journal, qu’il est incapable de comprendre <strong>les</strong> journalistes des radios, <strong>les</strong><br />

commentateurs des chaînes de la télévision.<br />

Tout cela perdure, le peuple népalais est encore <strong>au</strong>jourd’hui, après deux révolutions,<br />

imprégné de religions hindoue, bouddhique, chamanique (musulmans et catholiques sont<br />

négligés.). Allumez un poste de télévision népalais, zippez, immanquablement vous<br />

tomberez <strong>sur</strong> trois ou quatre émissions religieuses. Lisez régulièrement, en 2010, un<br />

quotidien Kathmandouite, vous apprendrez, article illustré d’une photo, que le Président<br />

de la première République népalaise a assisté à un office, une assemblée religieuse<br />

hindoue. Le Vice-président lui prononce un discours dans lequel il clame :<br />

Social conflict could be resolved through promotion of spiritual knowledge.<br />

Il n’était donc pas utile de se battre pendant dix ans et de faire deux révolutions !<br />

Pourquoi ne l’a-t-il pas dit avant ?<br />

Les leaders du bouddhisme Gélugpa, quant à eux, affirment :<br />

132


Nous aspirons tous <strong>au</strong> bonheur... mais il f<strong>au</strong>t cesser de le chercher à l’extérieur de nous... La<br />

solution est dans une approche à la fois plus méditative et plus altruiste...<br />

Rangez vos fusils maoïstes, méditez, rentrez en vous-même et cessez de vous plaindre.<br />

Quant à la misère de vos famil<strong>les</strong>, à vos morts prématurées, à vos souffrances, el<strong>les</strong> vont<br />

être résolues par l’altruisme bouddhique. Vous avez de la chance, bénéficiant d’une<br />

espérance de vie courte d’être plus près du nirvana grand vide que <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x.<br />

Le prêtre du moyen âge devait être guérisseur, il devait réciter des prières <strong>sur</strong> des plaies,<br />

le Bahuns-prêtre est <strong>au</strong>ssi médecin. Une Newar :<br />

Mon fils est malade, je l’accompagne <strong>au</strong> Bahuns.<br />

Les Lumières ont éclairé <strong>les</strong> intellectuels français : <strong>les</strong> hommes possèdent <strong>les</strong> mêmes<br />

droits. Ces intellectuels français ont transmis <strong>au</strong> peuple. Il n’y a pas eu de Lumières<br />

133<br />

népalaises. L’éducateur était homme de caste qui défendait le système des castes. Le<br />

Dalit était né Dalit et il était condamné à rester Dalit. C’est cette terrible condamnation<br />

qui a conduit des intouchab<strong>les</strong> et des trib<strong>au</strong>x à devenir catholiques. D’<strong>au</strong>tres, englobant<br />

le problème des castes dans le problème général de la société, à devenir maoïstes. Ce<br />

faisant ils tentaient d’échapper à leur destin.<br />

Quel<strong>les</strong> attitudes ont <strong>les</strong> deux princip<strong>au</strong>x clergés face <strong>au</strong>x différentes politiques et<br />

religions présentes <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ? On peut admettre que majoritairement :<br />

- l’aristocratie Bahuns s’est jointe (ou a été le support des) <strong>au</strong>x partis Pancha., royalistes,<br />

ou <strong>Népal</strong>i Congres –même si de nombreux jeunes Bahuns ont rejoint un des deux partis<br />

communistes : U.M.L. ou maoïste- Nombreux parmi eux sont ceux qui l’ont fait par<br />

conviction, par idéalisme ou par générosité, parce qu’ils désiraient sincèrement voir<br />

changer la société. Certains d’entre-eux doivent pouvoir être comparés à ceux de nos<br />

intellectuels et artistes français qui, après la Libération, ont adhéré <strong>au</strong> parti communiste.<br />

- le parti U.M.L. Union Marxist Leninist, est, malgré son nom, l’avenir le confirmera, le<br />

quotidien le démontre tous <strong>les</strong> jours, un parti de centre. Il est plus réformiste que<br />

révolutionnaire bien qu’il ait réuni des opposants à l’ancien régime. Et c’est pourquoi un<br />

nombre non négligeable de Chétri a rejoint ce parti. Et c’est pourquoi <strong>au</strong>ssi, remarque<br />

133


amusante, le lama des différents bouddhismes népalais s’est souvent rallié à lui. Ne<br />

134<br />

représentait-il pas une forme d’opposition à l’hindouisme dominateur ?<br />

- nombreux sont <strong>les</strong> dirigeants maoïstes qui ont acquis une culture politique, ont lu <strong>les</strong><br />

textes des <strong>au</strong>teurs révolutionnaires : Marx, Lénine, Mao Zedong qui ont fondé leur<br />

croyance <strong>sur</strong> le matérialisme dialectique. Ceux-là ne sont pas croyants, ils ne pratiquent<br />

<strong>au</strong>cune religion. Ce qui n’empêche pas un grand nombre d’entre-eux d’afficher des<br />

signes de croyance hindoue : tika... Contraintes électora<strong>les</strong> et attitudes démagogiques<br />

sont liées.<br />

ECONOMIE. LE SOCIAL<br />

De Ch<strong>au</strong>ban dans Société and State building in Nepal.<br />

Le règne Rana était sans nul doute <strong>au</strong>tocratique, mais il a apporté la paix ainsi qu’un certain ordre<br />

et la sécurité. Mais ce qui a suivi leur éjection a apporté à nouve<strong>au</strong> le régime d’une poignée de<br />

privilégiés <strong>au</strong> lieu d’établir le règne des représentants du peuple.<br />

Le <strong>Népal</strong> post-Ranas se caractérise, malgré sa rigidité, par le désordre social et par son<br />

impuissance à créer une dynamique économique. En témoignent, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> soci<strong>au</strong>x<br />

incessants, la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, <strong>les</strong> révolutions mais <strong>au</strong>ssi l’absence de textes législatifs, ou,<br />

quand ils existent, leur non application ou leur application partielle qui donnent<br />

naissance à un laisser faire indescriptible. On peut illustrer cela par :<br />

- l’invraisemblable façon de conduire <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong>, l’oubli du Code de la route, le<br />

puissant lobby des transporteurs, le laxisme intéressé des policiers. Tout cela entrainant<br />

des morts, une intolérable pollution sonore et atmosphérique!<br />

- <strong>les</strong> textes législatifs dont on détourne le sens, la falsification de chiffres... Dis par un<br />

responsable, la main ouverte et tendue : « Cette cl<strong>au</strong>se vous interdit de ... » Puis dans un<br />

sourire : « C’est pourquoi, <strong>sur</strong> le document, je modifie votre date de naissance. »<br />

- ...<br />

Dans quel état est ce pays ! L’intérêt, voilà quel était le but premier des dirigeants.<br />

Chacun de ces dirigeants agissait dans sa sphère avec, pour but principal,<br />

l’enrichissement. Que de lacunes dans la gestion du pays ! Aucun organisme comparable<br />

à notre cour des comptes, <strong>au</strong>cun véritable contrôle permettant de déceler <strong>les</strong><br />

134


malhonnêtetés, <strong>les</strong> m<strong>au</strong>vaises gestions, <strong>les</strong> comptabilités et <strong>les</strong> déclarations fisca<strong>les</strong><br />

135<br />

falsifiées...<br />

Il n’y a eu, pendant des sièc<strong>les</strong>, <strong>au</strong>cune instruction civique et partant, <strong>au</strong>cun respect de<br />

l’<strong>au</strong>tre. Observez <strong>les</strong> chalands dans un magasin, celui-là passe devant tout le monde, il<br />

écarte <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres, celui-là s’impose par la voix à un commerçant qui est pourtant affairé<br />

avec un client... Un groupe s’arrête <strong>au</strong> milieu d’un trottoir, indifférent <strong>au</strong> barrage qu’il<br />

forme qui empêche toute circulation, celui-là gare sa moto en travers de la ch<strong>au</strong>ssée<br />

étroite. Cette élégante conserve son parapluie pour se protéger du soleil alors qu’elle est<br />

<strong>sur</strong> un trottoir ombragé <strong>sur</strong>peuplé. Ce paysan s’inquiète en ce début de mousson de<br />

l’absence de pluie, il va <strong>sur</strong> la route qui domine ses terres et creuse une véritable<br />

tranchée transversale pour capter <strong>les</strong> e<strong>au</strong>x d’un ruisselet. Les véhicu<strong>les</strong> n’ont qu’à faire<br />

demi-tour ! ...<br />

Quant à l’absence de politique économique générale elle est incompréhensible,<br />

inadmissible. Alors que le tourisme offre soudain la possibilité d’un puissant essor dans<br />

tout le pays on le limite à quelques régions, on limite l’enrichissement à quelques<br />

famil<strong>les</strong>.<br />

Mais là où ce dirigisme laxiste <strong>au</strong>ra <strong>les</strong> effets <strong>les</strong> plus dramatiques c’est dans le domaine<br />

social qu’il sera le plus visible. Il sera d’ailleurs la c<strong>au</strong>se de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui durera<br />

dix ans, de deux révolutions.<br />

Où sont <strong>les</strong> textes législatifs protégeant <strong>les</strong> salariés ? Y a-t-il un Droit du travail ? Des<br />

conventions collectives ? Des terrassiers creusent sous une falaise de graviers de<br />

quelques dix mètres de h<strong>au</strong>teur. Phénomène connu, la dessiccation des granulats entraîne<br />

la diminution de la cohésion des grains du sol, la falaise s’effondre suivant l’angle de<br />

talus naturel. Plus de dix morts ! Application de textes, jugement du patron coupable ?<br />

Non, évidemment, mais à la place de simp<strong>les</strong> tractations entre <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> des morts et<br />

ce patron. Des tractations à l’amiable, mot merveilleux ! Le patron décide :<br />

- Votre mari est mort, vous avez deux enfants je vous donne deux laks et demi.<br />

- Votre fils était jeune, je vous donne un lak.<br />

135


Un lak, 100.000 roupies, pour des personnes qui gagnent 5.000 roupies par mois, c’est<br />

une somme considérable, c’est deux ans de salaire. Pourtant, payer une vie 1.000 euros !<br />

136<br />

Et va pour un nouve<strong>au</strong> méfait ce patron criminel !<br />

Que de lacunes ! Aucun organisme analogue à nos caisses de retraite : La retraite ici<br />

chacun se la fait ou ne se la fait pas ! Les fonctionnaires en ont une minuscule. Mes<br />

bel<strong>les</strong>-sœurs n’en ont pas, el<strong>les</strong> se la font : Damou, 42 ans, 10.000 roupies d’économies,<br />

100 euros ! Ang Phouty, 45 ans, 20.000 roupies, 200 euros d’économies ! Quant à ma<br />

belle-mère, 72 ans, malgré l’état de sa colonne vertébrale usée par 70 ans de portages,<br />

d’efforts, elle porte encore et travaille dans <strong>les</strong> champs.... Maladie, absence de véritab<strong>les</strong><br />

soins. Les contorsions des chamanes, la récitation répétée de mantras, des aiguil<strong>les</strong><br />

enfoncées dans des endroits judicieux, <strong>les</strong> ficel<strong>les</strong> amulettes bouddhiques, soungti ou<br />

<strong>au</strong>tres, ne sont que du charlatanisme... Les tisanes dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on a mis des pierres<br />

finement broyées, ne sont que des remèdes de bonnes femmes, ce ne sont pas de<br />

véritab<strong>les</strong> médicaments. Où est la médecine moderne ? Elle est à Katmandu et dans<br />

quelques grandes vil<strong>les</strong> mais à quel prix ! Question : dans quel hôpital va se faire<br />

soigner le Dalaï Lama quand il est malade ? J’ai indiqué dans le livre <strong>Sherpa</strong>s<br />

bouddhistes que le Lamatché de Tengbotché, lors d’une maladie, avait été descendu dans<br />

un hôpital Kathmandouite pratiquant une banale médecine occidentale et qu’il y avait<br />

été s<strong>au</strong>vé par de simp<strong>les</strong> antibiotiques de type large spectre. Après trente ans de<br />

fréquentation du <strong>Népal</strong>, je pense que notre médecine occidentale qui est issue de<br />

millions d’heures de recherche scientifique est la seule médecine de qualité. Même si <strong>les</strong><br />

dirigeants des grands laboratoires sont des voyous qui se foutent de la misère du monde<br />

et ne recherchent que le gain.<br />

136


LES EQUIPEMENTS DU PAYS<br />

Les choses <strong>les</strong> plus visib<strong>les</strong> de l’état lamentable des équipements du pays sont peut-être<br />

cel<strong>les</strong> se rapportant à la qualité des routes, à l’absence ou <strong>au</strong> non respect de lois <strong>sur</strong><br />

l’urbanisme. Qui est responsable ? Réponse évidente : Ce sont <strong>les</strong> gouvernants qui se<br />

sont succédés depuis que le <strong>Népal</strong> a ouvert ses frontières. C'est-à-dire <strong>au</strong>jourd’hui, 2010,<br />

depuis 60 ans ! Ceux qui ont gouverné le pays, nous <strong>les</strong> avons décrits dans <strong>les</strong> chapitres<br />

précédents. Combien d’entre-eux ont eu le souci de l’Etat, le sens de la Nation ? Au<br />

137<br />

mieux, tous n’ont eu qu’un regard intéressé pour la cuvette de Katmandu et pour<br />

quelques régions proches de cette cuvette. Mais le pays me<strong>sur</strong>e 800 km de longueur !<br />

INFRASTRUCTURES...<br />

RESEAU ROUTIER<br />

Le rése<strong>au</strong> routier est très faible. Un seul grand axe transversal : la route qui traverse le<br />

Teraï d’est en ouest. Pratiquement une seule route permet l’acheminement des<br />

marchandises indiennes : celle qui passe par le Teraï oriental, et est donc sous le contrôle<br />

des Madeshi. Deux routes permettent de relier l’Inde à la Chine :<br />

- la classique Arniko-Route du Tibet,<br />

- celle, qui sera prochainement en service, qui suit le torrent Trisuli puis passe <strong>au</strong> col<br />

Rasuwa situé <strong>au</strong> nord de Nuwakot, croquis 7.<br />

Comme véritab<strong>les</strong> routes qui partent de Katmandu on trouve :<br />

- celle de Kakani, Nuwakot, Trisuli, Dunché.<br />

- celle de N<strong>au</strong>bisé, Mowglin, Pokhara, frontière indienne.<br />

- celle de N<strong>au</strong>bisé, Het<strong>au</strong>da.<br />

- celle de Kodari ou Arnico highway qui mène à la frontière chinoise et <strong>sur</strong> laquelle se<br />

greffe à Dulikel la route de l’Est qui conduit <strong>au</strong> Teraï.<br />

Mais hors <strong>les</strong> grands axes dans quel état sont ces routes ? Quel est l’état de leur<br />

revêtement ? Quelle est leur largeur ? Les plus larges offrent <strong>au</strong> maximum trois petites<br />

voies. Trois voies pour des routes <strong>sur</strong>fréquentées, <strong>au</strong>x nombreux virages, sans même la<br />

sécurité que donnent des bandes de sécurité ou d’interdiction, des barrières latéra<strong>les</strong> !<br />

137


Combien de morts c<strong>au</strong>sées par des chutes de véhicu<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> torrents ! Que de risques<br />

prend un conducteur qui s’aventure <strong>sur</strong> une de ces routes !<br />

Il existe en plus de ces routes des chemins carrossab<strong>les</strong>, presque toujours construits par<br />

<strong>les</strong> loc<strong>au</strong>x, ils ne sont pas revêtus d’un enrobé, ils sont impraticab<strong>les</strong> en période de<br />

mousson et certains ne peuvent être utilisés que par des véhicu<strong>les</strong> à quatre roues<br />

138<br />

motrices.<br />

Quelle largeur font <strong>les</strong> ponts ? Dans quel état sont-ils ? La presse signale parfois leur<br />

vétusté. Quel est le nombre, quel est l’état des ouvrages de génie civil de protection, de<br />

stabilité des talus, d’écoulement des e<strong>au</strong>x ? Murs de soutènements, gabions, canive<strong>au</strong>x,<br />

égouts...<br />

NOTE SUR LA CONSTRUCTION DE ROUTES EN<br />

ZONES DE TREK<br />

Les trekkeurs s’in<strong>sur</strong>gent contre ces routes : celle qui conduit à Taplejung, celle qui fait presque le<br />

tour du massif des Annapurnas, celle de Rasuwa, près de la frontière népalo-tibétaine, entre massif<br />

du Langtang et du Ganesh Himal, celle qui, partant de Jiri s’avance dans le Solu vers Namché<br />

Bazar... Ils crient :<br />

Ils tuent la poule <strong>au</strong>x œufs d’or !<br />

Est-ce vrai ? Non et oui. Ils ne tuent que la poule <strong>au</strong>x œufs d’or des propriétaires de lodges et de<br />

quelques commerçants. Le reste des habitants retire très peu ou rien du tourisme. Or ce sont ces<br />

habitants qui exigent la construction de ces routes et très souvent réalisent <strong>les</strong> trav<strong>au</strong>x. Evolution<br />

que nous avons connue dans nos Alpes et nos Pyrénées. Nous sommes bien mal placés pour donner<br />

des leçons.<br />

De plus la présence de routes ne tuera pas le tourisme, il est évident qu’un trekking rayonnant –<strong>les</strong><br />

touristes s’installant dans un village, un camping, un hôtel...- remplacera un jour le trekking<br />

linéaire, le trekking de marche tel qu’il est pratiqué <strong>au</strong>jourd’hui. Saint Gervais <strong>sur</strong> la route de<br />

Chamonix, La Grave, Villard d’Arène, Villeneuve la Salle <strong>sur</strong> la route de Briançon, n’ont pas<br />

disparu, ce sont des centres touristiques importants.<br />

138


EAU POTABLE. NOTIONS D’HYGIENE<br />

Si l’ensemble du pays est bien irrigué, Katmandu, la capitale du <strong>Népal</strong> est bien mal<br />

desservie en e<strong>au</strong>. Il ne f<strong>au</strong>t pas dire e<strong>au</strong> potable, elle ne l’est qu’exceptionnellement, elle<br />

139<br />

est même extrêmement dangereuse si on la consomme sans la traiter. La c<strong>au</strong>se ? La<br />

nullité des Ministres des T.P. –quand ils existaient !- qui se sont succédés. Une multitude<br />

d’installations privées capte des e<strong>au</strong>x <strong>au</strong> pied des collines qui entourent la capitale et <strong>les</strong><br />

conduisent dans la cuvette de Katmandu. Combien de fontaines dans cette ville si on ne<br />

compte pas <strong>les</strong> fontaines sacrées ? bien peu. Le projet de captage des e<strong>au</strong>x du torrent<br />

Mélamchi qui a pour but d’alimenter la ville pourrait inspirer une pièce de théâtre<br />

semblable à l’Arlésienne d’Alphonse D<strong>au</strong>det. Bien que la route de Tankot et ses<br />

ouvrages d’art soient terminés. Il reste à creuser le tunnel à travers la colline de<br />

Shiwapuri. Mensuellement quelque quotidien Kathmandouite en parle, mais rien, jamais,<br />

n’apparaît. Le mot corruption, lui, est visible en filigrane dans <strong>les</strong> artic<strong>les</strong>, est perceptible<br />

même quand il n’est pas prononcé. Des entrepreneurs non payés, des sommes détournées<br />

... des sommes énormes ! La h<strong>au</strong>te administration veillait !<br />

Nous l’avons écrit, en période sèche, plus de huit mois par an, la majorité des maisons<br />

est presque totalement privée d’e<strong>au</strong>. Ceux qui ont des réservoirs dans leur villa achètent<br />

des pompes électriques, tentent de <strong>les</strong> remplir, la nuit, en douce, quand <strong>les</strong> services<br />

spécialisés ouvrent un peu <strong>les</strong> vannes. Les riches népalais, <strong>les</strong> résidents étrangers riches,<br />

eux, s’approvisionnent en faisant venir des camions citerne.<br />

Hygiène, notions d’hygiène inconnues. La f<strong>au</strong>te <strong>au</strong>x Ministres de l’Education nationale<br />

et de la santé -quand ils existaient ! : Dans quelle école du <strong>Népal</strong> a-t-on appris <strong>au</strong>x<br />

enfants <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> élémentaires de l’hygiène ? Cela <strong>au</strong>rait dû être fait, <strong>au</strong> moins depuis<br />

que le pays a ouvert ses frontières ! Dans <strong>les</strong> campagnes, fort rares sont <strong>les</strong> personnes<br />

qui prennent l’e<strong>au</strong> dans des sources. On en voit quelquefois, el<strong>les</strong> ont souvent été<br />

éduquées par des étrangers. Ainsi des habitants de Lake side à Pokhara, quelques<br />

habitants qui vivent <strong>au</strong>tour du lac Begnas, font venir de l’e<strong>au</strong> captée de l’<strong>au</strong>tre côté de<br />

leur lac. Chacun son tuy<strong>au</strong> bien sûr. Dans <strong>les</strong> collines, l’e<strong>au</strong> potable est presque partout<br />

139


abondante mais peu de maisons sont desservies par un véritable rése<strong>au</strong>. Les canalisations<br />

140<br />

sont onéreuses et leur transport est cher <strong>au</strong>ssi. Mais pourquoi n’a-t-on pas appris <strong>au</strong>x<br />

populations de montagne à construire des can<strong>au</strong>x. Ils existent dans quelques villages<br />

népalais, on en voit dans l’est du Pays, on en voit dans la H<strong>au</strong>te Kali Gandaki, à<br />

Marpha... Ces can<strong>au</strong>x traversaient le chemin central de nos villages <strong>au</strong> Moyen âge !<br />

Manque d’éducation mais <strong>au</strong>ssi esprit routinier des habitants. L’<strong>au</strong>teur a tenté, il as<strong>sur</strong>ait<br />

le financement, d’en faire réaliser quelques uns dans un village du Khumbu. La réaction<br />

des élus a été unanime :<br />

Ces can<strong>au</strong>x seraient dangereux, ils feraient glisser la terre !<br />

Pourtant des <strong>Sherpa</strong>s sont allés en terres Balti où <strong>les</strong> can<strong>au</strong>x sont partout ! Et vont depuis<br />

des sièc<strong>les</strong> <strong>les</strong> enfants et <strong>les</strong> femmes chercher de l’e<strong>au</strong> à parfois plus de quinze minutes<br />

de marche de leur maison !<br />

E<strong>au</strong> polluée, e<strong>au</strong> potable, <strong>les</strong> personnes ne font pas la différence. L’e<strong>au</strong> est claire donc<br />

elle est consommable. Le ruisse<strong>au</strong> est proche, il sert à tout : il est décharge et on y<br />

prélève l’e<strong>au</strong> de consommation. Plus de 300 morts recensés l’été 2009, c<strong>au</strong>sés par une<br />

épidémie de choléra, dans le centre népalais. Les journ<strong>au</strong>x ont expliqué la lente<br />

progression de la maladie. Mais à côté de ce cas dont <strong>les</strong> médias ont be<strong>au</strong>coup parlé,<br />

combien de <strong>Népal</strong>ais, dont personne ne parle, meurent tous <strong>les</strong> jours de maladie c<strong>au</strong>sée<br />

par des e<strong>au</strong>x infestées ? Combien d’inferna<strong>les</strong> diarrhées ? De typhoïdes ? Combien de<br />

personnes alitées ? Combien d’enfants meurent toutes <strong>les</strong> minutes ? Ici un dépôt de<br />

fumier, contre-lui le WC familial derrière un ride<strong>au</strong>, sous eux, à quatre mètres à peine,<br />

une pompe à main capte l’e<strong>au</strong> à deux mètres de la <strong>sur</strong>face ! Combien de pompes situées<br />

à l’aval de terres agricole infestées par des insecticides, de l’arsenic parfois ! On en voit<br />

encore de ces pompes dans <strong>les</strong> banlieues de Katmandu ! Les femmes lavent la vaisselle<br />

<strong>au</strong> plus près de chez el<strong>les</strong>, dans l’e<strong>au</strong> fangeuse du fil d’e<strong>au</strong> qui a servi d’égout <strong>au</strong>x<br />

famil<strong>les</strong> qui habitent à l’amont. Combien de vies <strong>au</strong>raient été s<strong>au</strong>vées si seulement on<br />

avait inculqué <strong>au</strong> peuple quelques principes d’hygiène élémentaire ? Oui, je sais, on<br />

l’entend encore parfois :<br />

La population du <strong>Népal</strong> est soumise à un t<strong>au</strong>x de croissance excessif, la mortalité corrige.<br />

140


Impéritie des gouvernants, laxisme de politiciens soumis <strong>au</strong>x financiers ! Années<br />

2008 et suivantes, dans la cuvette de Katmandu, des immeub<strong>les</strong> en copropriété de plus<br />

de 8 étages se dressent (un groupe a plus de 17 étages), des lotissements s’étendent :<br />

141<br />

Promoteurs, prêts ? Partez ! Air connu ! Mais comment ces bâtiments seront-ils<br />

alimentés en e<strong>au</strong> ?<br />

POLLUTIONS<br />

La pollution par le gaz d’échappement des véhicu<strong>les</strong> est facile à résoudre. Il f<strong>au</strong>t<br />

contraindre le lobby des transporteurs à tenir compte des textes législatifs et obliger la<br />

police à appliquer ces textes. La pollution par <strong>les</strong> détritus pose un problème qui semble<br />

plus difficile à résoudre. La quantité des détritus est proportionnelle à la richesse et <strong>au</strong><br />

nombre d’habitants. Le riche pollue plus que le p<strong>au</strong>vre : il achète plus, consomme plus,<br />

rejette plus. Le p<strong>au</strong>vre qui n’a rien chez lui, qui vit de dal baht, qui change de vêtements<br />

tous <strong>les</strong> ans, pollue peu.<br />

Dans <strong>les</strong> campagnes il y a peu de détritus mais personne n’a appris <strong>au</strong>x habitants à <strong>les</strong><br />

stocker en des lieux propices et sacrifiés. Chacun déverse ses saletés devant chez lui. Là<br />

où il est. A Katmandu et dans sa cuvette, il y a de plus en plus de personnes riches, il y a<br />

donc de plus en plus de détritus, et c’est pourquoi tout est visible : mini-dépôts d’ordures<br />

ponctuels, dépôts éparpillés, dépôts en tas himalayens. Une caractéristique commune :<br />

tous sont disposés anarchiquement ce qui dénote une absence de décision des<br />

administrateurs d’une commune. Motifs divers :<br />

Cela a toujours été.<br />

Nous n’avons pas <strong>les</strong> moyens.<br />

On faisait ramasser <strong>les</strong> ordures mais personne ne payait.<br />

On voit parfois une concentration en un lieu précis de détritus qui attendent le passage –<br />

hebdomadaire quand tout va bien- du camion qui <strong>les</strong> transportera à une décharge. Une<br />

semaine sous le soleil de mai, c’est sérieux !<br />

Les habitants d’un quartier manifestent quelquefois, en vain. Seuls <strong>les</strong> poulbots<br />

apprécient, ils y prélèvent leur nourriture ! On a <strong>sur</strong>pris un de nos enfants jouer avec une<br />

aiguille de seringue sortie d’un tas d’ordures jetée par une clinique !<br />

141


Une décharge ! Il existe un dépôt pour Katmandu, une vallée sacrifiée sous la route de<br />

Kakani-Trisuli. Mais ceux qui ont des propriétés sous la décharge et <strong>les</strong> riverains sont<br />

142<br />

de plus en plus exigeants, ils demandent une compensation de plus en plus élevée. Alors<br />

stagnent <strong>les</strong> tas d’ordure ! Une usine d’incinération serait bien sûr la solution, mais une<br />

telle installation est hors de prix. Il n’y a de sous nulle part, s<strong>au</strong>f dans la poche de<br />

quelques famil<strong>les</strong> qui... Des impôts loc<strong>au</strong>x élevés pour <strong>les</strong> possesseurs de bel<strong>les</strong> villas<br />

(dont la nôtre), <strong>les</strong> entreprises, voilà la solution. Mais quel parti osera, s<strong>au</strong>f celui des<br />

maoïstes, <strong>au</strong>gmenter ces impôts ? J’ai ailleurs cité <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de ce maire U.M.L. :<br />

Si j’<strong>au</strong>gmente <strong>les</strong> impôts plus personne ne votera pour moi.<br />

Où <strong>les</strong> e<strong>au</strong>x usées sont-el<strong>les</strong> rejetées ? Partout, devant la maison, dans la rue, dans une<br />

dépression proche. Il existe quelques égouts mais où se déversent-ils ? Dans un de ces<br />

ruisse<strong>au</strong>x qui traversent la ville et qui sont déjà <strong>sur</strong>-pollués. La vue de ces ruisse<strong>au</strong>x<br />

traversant la ville de Katmandu et dans <strong>les</strong>quels des enfants pat<strong>au</strong>gent parfois est un<br />

spectacle effrayant.<br />

INCURIE DES GOUVERNANTS<br />

Il y a des pollutions qui ne peuvent être supprimées que par des solutions onéreuses, mais il y en a<br />

d’<strong>au</strong>tres qui pourraient être résolues partiellement ou entièrement par l’éducation.<br />

- quel Ministre de l’Education nationale a exigé que dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> on apprenne <strong>au</strong>x enfants <strong>les</strong><br />

règ<strong>les</strong> de l’hygiène élémentaire.<br />

- quel Ministre de l’Agriculture a fait apprendre <strong>au</strong>x agriculteurs à disposer leurs tas de fumier en<br />

aval du lieu où l’e<strong>au</strong> de consommation est prélevée ?<br />

- quel Ministre de l’Information a demandé <strong>au</strong>x directeurs de chaînes de télévision de diffuser des<br />

flashs <strong>sur</strong> ce sujet ?<br />

Il y a des pollutions qui pourraient être supprimées sans débours. La pollution sonore par<br />

exemple. Le <strong>Népal</strong>ais aime le bruit mais on pourrait lui apprendre que <strong>les</strong> nuisances<br />

sonores ont une influence <strong>sur</strong> sa santé. Que d’excès ! Radios assourdissantes, musiques<br />

inferna<strong>les</strong>, usage intensif, sans nécessité –ceux des bus servent d’appel, de signal<br />

142


143<br />

d’arrivée- du klaxon en ville, y compris le klaxon de route, échappement quasi libre des<br />

motos...<br />

SUR LA SANTE<br />

Dans le pays, nombre d’hôpit<strong>au</strong>x, de dispensaires, nombre de médecins, d’infirmiers :<br />

des chiffres misérab<strong>les</strong>. S<strong>au</strong>f dans Katmandu où <strong>les</strong> médecins, <strong>les</strong> cliniques privées et <strong>les</strong><br />

pharmacies pullulent : il y a <strong>au</strong>jourd’hui une bourgeoisie à Katmandu, des gens aisés qui<br />

se soignent comme <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x. Tous qualifiés ces spécialistes ? Tel docteur<br />

pharmacien donne un antibiotique à la place de fluor pour <strong>les</strong> dents cariées d’un enfant,<br />

tel <strong>au</strong>tre donne un somnifère pour soigner une rhinite aiguë ! Dans <strong>les</strong> campagnes, le<br />

Bahuns, le chamane, le lama est le médecin que l’on questionne, que l’on consulte !<br />

Lorsqu’une famille est riche elle fait transporter un de siens, malade, <strong>au</strong> dispensaire le<br />

plus proche. A dos d’homme, dans un Doko découpé, à dos de cheval, à dos de yak ou<br />

de dzoppiok en altitude. Combien de personnes ai-je vu ainsi transportées pendant un,<br />

deux, plusieurs jours !<br />

Quel est l’état sanitaire de la population du <strong>Népal</strong> ? Quel est le nombre de tuberculeux ?<br />

Quel<strong>les</strong> endémies, épidémies, frappent régulièrement des régions ? Combien de morts<br />

par encéphalite, choléra, typhoïde... ?<br />

Mais, je répète ce que j’ai dis plus h<strong>au</strong>t : le plus grave, l’incompréhensible,<br />

l’inadmissible c’est qu’<strong>au</strong>cun gouvernant depuis l’ouverture des frontières du pays n’a<br />

fait apprendre systématiquement, prioritairement, <strong>au</strong> peuple dont il est chargé ce qu’est<br />

une bactérie, une épidémie, une endémie, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> essentiel<strong>les</strong>, minima<strong>les</strong> de<br />

l’hygiène : <strong>les</strong> propriétés de l’e<strong>au</strong> bouillie, l’application d’une e<strong>au</strong> savonneuse <strong>sur</strong> une<br />

plaie, la nécessité du lavage des mains... !<br />

Tout cela est le résultat de ce lamentable esprit d’esprit xénophobe, protectionniste qui,<br />

pendant des sièc<strong>les</strong>, a fermé <strong>les</strong> frontières du pays, a empêché ses habitants de bénéficier<br />

de quelques connaissances scientifiques élémentaires.<br />

S’ajoute à cela, <strong>au</strong>jourd’hui, la connerie occidentale : combien de bouddhistes qui<br />

pourraient être qualifiés de ridicu<strong>les</strong> s’ils n’étaient avant tout des criminels, vantent <strong>les</strong><br />

143


savoirs de lamas-amchis-médecins qui n’ont jamais su ce qu’était un microbe, un<br />

virus et soignent leurs malades en leur posant des gris-gris, des amulettes, des soungti-<br />

cordonnets <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> :<br />

Ils ont fait be<strong>au</strong>coup de prières<br />

SUR L’HABITAT<br />

Dans quel état est l’habitat népalais ! Si on élimine <strong>les</strong> bel<strong>les</strong> demeures : <strong>les</strong> niwas, <strong>les</strong><br />

hôtels pour touristes de la cuvette de Katmandu, de Pokhara, de quelques bourgades, si<br />

on élimine <strong>les</strong> lodges, <strong>les</strong> villas des quartiers résidentiels, <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong> de construction<br />

récente, force est de constater que la majorité des <strong>Népal</strong>ais vit dans des t<strong>au</strong>dis en<br />

ville, des ma<strong>sur</strong>es à la campagne. Rêve le touriste <strong>au</strong>x maisonnettes <strong>au</strong> toit de ch<strong>au</strong>me<br />

qui sont pourtant, el<strong>les</strong> <strong>au</strong>ssi des t<strong>au</strong>dis, qui comprennent une pièce, rarement deux pour<br />

144<br />

une famille entière :<br />

- toit de ch<strong>au</strong>me = risque d’incendie, vermine, rats, gouttières...<br />

- sol de terre battue : confort, lavage, hygiène ?<br />

- e<strong>au</strong> souvent prise <strong>au</strong> ruisse<strong>au</strong>,<br />

- rarement de l’électricité et dans ce cas une seule ampoule de 40 à 60 w.<br />

- pas de sanitaire, des latrines à l’extérieur, une cabane en planches ou en simp<strong>les</strong> tissus<br />

masquant la vue, parfois loin de la maison,<br />

- un mobilier rare, la plupart du temps <strong>au</strong>cune table, <strong>au</strong>cun siège, un équipement<br />

sommaire,<br />

- des ustensi<strong>les</strong> de cuisines peu nombreux. Pour la cuisson des aliments -le <strong>Népal</strong>ais ne<br />

ch<strong>au</strong>ffe pas sa maison- un feu de bois (on en voit même en ville), ou un réch<strong>au</strong>d à<br />

matitel (fuel). Seuls ceux qui sont riches cuisinent <strong>au</strong> gaz !<br />

Même dans <strong>les</strong> quartiers résidentiels des banlieues de Katmandu on trouve des t<strong>au</strong>dis. En<br />

banlieue, <strong>les</strong> maisons des p<strong>au</strong>vres sont souvent construites <strong>sur</strong> des terrains de rizières qui<br />

sont inondés pendant la mousson. Les maisons des nantis sont <strong>sur</strong> <strong>les</strong> points h<strong>au</strong>ts, <strong>les</strong><br />

collines.<br />

144


SUR L’EDUCATION<br />

Appl<strong>au</strong>dit ce guide de voyage :<br />

Après 1952 des énormes efforts ont été faits ... De nombreuses éco<strong>les</strong> ont été construites !<br />

Voilà qui rend optimiste ! Des éco<strong>les</strong> ont été construites !<br />

145<br />

Des éco<strong>les</strong> privées qui ne sont que des entreprises commercia<strong>les</strong>, oui, et ce sont cel<strong>les</strong><br />

qui sont <strong>les</strong> plus visib<strong>les</strong> mais des éco<strong>les</strong> gouvernementa<strong>les</strong>, combien ? Des éco<strong>les</strong><br />

gouvernementa<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> villages qui sont vraiment des éco<strong>les</strong> ? El<strong>les</strong> ne sont souvent<br />

que des bâtiments délabrés, sa<strong>les</strong>, non terminés, non équipés. Non seulement ils ne sont<br />

jamais ch<strong>au</strong>ffés mais <strong>les</strong> menuiseries des classes, quand il y en a, ne possèdent même<br />

pas de vitrages. Combien de toits ne sont constitués que d’une simple tôle ondulée sans<br />

<strong>au</strong>cun plafond suspendu ayant une fonction d’isolant phonique et thermique : énorme<br />

bruit pendant <strong>les</strong> pluies de mousson :<br />

On n’entend pas le professeur parler.<br />

Chaleur insupportable en avril, mai et début juin avant que <strong>les</strong> pluies ne viennent<br />

diminuer la température.<br />

Mon amie, à côté de moi s’est évanouie.<br />

Froid insoutenable l’hiver. Il gèle la nuit à Katmandu, altitude 1400 mètres. Alors, quelle<br />

température fait-il dans <strong>les</strong> collines qui sont <strong>au</strong>-dessus de 2000, 2500, 3500 mètres ? Et<br />

dans <strong>les</strong> piémonts himalayens ? Les murs de ces éco<strong>les</strong> sont-ils enduits ? Sont-ils<br />

peints ?<br />

Densité : on entasse plus de cinquante enfants dans une classe où en France on en<br />

mettrait quinze ! Quel est le nombre de bancs et de tab<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> élèves ? Ici, six<br />

enfants <strong>sur</strong> un banc <strong>sur</strong> lequel en France on en placerait trois. Quel est l’état du<br />

mobilier ? Dans une école de la banlieue de Katmandu, deux bancs ne possèdent pas de<br />

planche-siège, <strong>les</strong> enfants sont assis <strong>sur</strong> <strong>les</strong> profilés métalliques dont l’épaisseur est<br />

d’environ trois millimètres ! L’enseignant à –t-il sa table ? Un siège ? Non.<br />

Un <strong>au</strong>tre guide de trek s’extasie :<br />

Le pourcentage d’illettrés a été réduit....<br />

Voir <strong>les</strong> pages précédentes qui indiquent <strong>les</strong> t<strong>au</strong>x suivant <strong>les</strong> régions. D’ailleurs, que<br />

signifie le mot lettré ? Anonner péniblement <strong>les</strong> lettres de l’alphabet, lire quelques <strong>mots</strong><br />

145


d’un livre pour enfant en bégayant, lire sans comprendre un texte élémentaire...<br />

suffisent-ils à classer une personne dans le rang des lettrés ? En réalité, le nombre de<br />

<strong>Népal</strong>ais capable de lire un quotidien en népali est extrêmement faible. Combien de<br />

<strong>Népal</strong>ais sont capab<strong>les</strong> de comprendre <strong>les</strong> speakers des radios, des télés ?<br />

Quels sont <strong>les</strong> nive<strong>au</strong>x d’études qu’atteignent <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais ? Les personnes considérées<br />

comme possédant un excellent nive<strong>au</strong> sont cel<strong>les</strong> qui ont atteint le grade huit, la<br />

seconde chez nous. Cel<strong>les</strong> qui ont atteint le grade dix, le nive<strong>au</strong> bac chez nous, un<br />

nive<strong>au</strong> supérieur ici, sont rares. Quant à cel<strong>les</strong> qui poursuivent leurs études <strong>au</strong>-delà, qui<br />

vont dans des éco<strong>les</strong> privées, des collèges, l’Université, on n’en trouve que dans <strong>les</strong><br />

146<br />

grandes vil<strong>les</strong>.<br />

Si on parle matières enseignées dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> gouvernementa<strong>les</strong>, la priorité est donnée<br />

<strong>au</strong> népali-sanscrit, <strong>les</strong> Bahuns veillent. Si on parle qualification réelle des enseignants,<br />

leur assiduité, la réponse est dans une question : combien d’inspecteurs contrôlent <strong>les</strong><br />

enseignants ? Souvent, dans la presse, on lit :<br />

Des enseignants sans qualification à...<br />

Question : qu’ont fait <strong>les</strong> dirigeants successifs pour l’éducation népalaise ? La<br />

réponse est : même pas le minimum.<br />

Un plus : l’anglais est appris dans toutes <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> privées et quelques –hélas rareséco<strong>les</strong><br />

gouvernementa<strong>les</strong> commencent à l’enseigner. Dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> privées, plusieurs<br />

heures de cours par semaine lui sont consacrées. Toutes <strong>les</strong> matières s<strong>au</strong>f le népali :<br />

mathématiques, sciences, écologie, histoire, géographie... sont enseignées dans cette<br />

langue. Les livres correspondants sont écrits en anglais. Des enfants de six ans sont<br />

capab<strong>les</strong> de s’exprimer dans cette langue ! Or cette langue sera la langue internationale<br />

dans fort peu d’années. Enfin un domaine où l’éducation népalaise domine<br />

l’inqualifiable éducation nationale française.<br />

146


DROITS DE LA FEMME<br />

Un livre peut être écrit <strong>sur</strong> la condition féminine. On pourrait ainsi parler de ces femmes qui sont<br />

tenues, le soir, de laver <strong>les</strong> pieds de leur mari... Contentons-nous d’indiquer que sous la pression de<br />

l’Occident :<br />

- le conjoint d’une népalaise peut adopter la nationalité népalaise mais seulement après quinze ans<br />

de mariage ! Quinze ans ! Les h<strong>au</strong>tes castes ont veillé ! La politique, de plus, lui est interdite. La<br />

double nationalité lui est refusée. Amusant pour <strong>les</strong> Français qui sont français à vie !<br />

- l’enfant d’une népalaise a théoriquement le droit de choisir la nationalité népalaise mais tout est<br />

fait pour le dissuader, de nombreuses conditions sont exigées : celle d’avoir passé avec succès le<br />

Certificat de fin d’études par exemple... Lui <strong>au</strong>ssi n’<strong>au</strong>ra pas le droit de faire de la politique...<br />

MANQUE DE SPECIALISTES, DE CADRES<br />

Soixante ans après l’ouverture des frontières, la société népalaise ne possède qu’un<br />

faible corps de spécialistes : quelques médecins, quelques membres de professions<br />

libéra<strong>les</strong>, de rares ingénieurs ayant fait leurs études en Inde ou dans un pays anglophone,<br />

quelques juristes, quelques techniciens dans <strong>les</strong> administrations et <strong>les</strong> entreprises... Ils<br />

ont des universitaires mais qui sont comme leurs homologues français :<br />

147<br />

- ils pensent et publient en vase clos,<br />

- bien peu pénètrent dans l’arène sociale et politique.<br />

Comme en France, combien d’universitaires sont ministres ? Ils sont pourtant, du moins<br />

ceux qui sont spécialisés dans <strong>les</strong> sciences socia<strong>les</strong>, humaines, économiques, politiques,<br />

bien plus qualifiés que <strong>les</strong> énarques, des avocats, des médecins...<br />

A cela s’ajoute le fait que pratiquement <strong>au</strong>cun homme politique n’a eu le sens de<br />

l’Etat. Les gouvernants se sont préoccupés de la cuvette de Katmandu, de quelques<br />

régions –dont cel<strong>les</strong> touristiques, quand <strong>les</strong> trekkeurs ont commencé à affluer- Quant <strong>au</strong>x<br />

grands commis de l’Etat, nous en avons parlé quand nous avons décrit la h<strong>au</strong>te<br />

administration.<br />

Les politiciens maoïstes sont, quant à la sapience, plus mal lotis que <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres. Nos<br />

révolutionnaires de 1789 avaient à leurs côtés des intellectuels (écrivains, avocats,<br />

147


journalistes...) et une bourgeoisie, où sont <strong>les</strong> intellectuels et <strong>les</strong> bourgeois qui se sont<br />

placés du côté des maoïstes, qui sont venus <strong>les</strong> assister ? Il y en a, ils sont rares. Les<br />

nantis, <strong>les</strong> cadres, y compris ceux de l’industrie du tourisme se sont évidemment mis<br />

dans <strong>les</strong> rangs des gens de droite.<br />

SUR L’AGRICULTURE,<br />

148<br />

LES INDUSTRIES, LES ENERGIES<br />

Le <strong>Népal</strong> est un pays agricole à 80, 90%. Mais observez ce qu’est l’agriculture dans ce<br />

pays. Quelques grandes propriétés dans le Teraï, dans quelques plaines, partout ailleurs,<br />

des petites propriétés, des lopins de terre. Le roi Mahendra avait demandé le partage des<br />

grandes propriétés. Cette me<strong>sur</strong>e a été détournée, <strong>les</strong> grands propriétaires ont donné des<br />

terres sans valeurs ou en ont partagé entre <strong>les</strong> membres de leur famille. Des terres<br />

avaient été confisquées par <strong>les</strong> maoïstes dans <strong>les</strong> régions qu’ils dirigeaient, dès la fin de<br />

la <strong>guerre</strong>, le représentant de l’O.N.U.<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> à la fin de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> : l’U.N.M.I.N.,<br />

<strong>les</strong> partis <strong>Népal</strong>i Congres et communistes U.M.L. ont réclamé à grands cris leur<br />

restitution ! Que <strong>les</strong> partis de droite et centristes réclament ces restitutions est logique,<br />

mais est-ce normal que l’O.N.U. refuse d’accepter ces confiscations ? La redistribution<br />

des terres a été un des premiers motifs du déclenchement de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, de deux<br />

révolutions. La Démocratie, <strong>les</strong> Droits de l’Homme sont donc opposés à ce que <strong>les</strong><br />

misérab<strong>les</strong> retirent quelques avantages d’une révolution, d’une <strong>guerre</strong> gagnée ?<br />

148


CONFISQUER DES TERRES. C.11.<br />

149<br />

Quoiqu’il en soit cette agriculture utilise des méthodes archaïques. Manque d’engrais,<br />

utilisation de pesticides inadéquats (des légumes traités à l’arsenic et non lavés sont<br />

parfois livrés <strong>sur</strong> <strong>les</strong> marchés !), outillage ancestral...<br />

Constat : <strong>les</strong> productions agrico<strong>les</strong> ne suffisent pas à nourrir la population. Le <strong>Népal</strong><br />

importe du riz indien ! Il y a, <strong>au</strong>jourd’hui, des disettes, des famines dans le pays. Je<br />

répète : des famines !<br />

Lorsqu’on parlait industrie <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> il y a quelques années on parlait industrie du tapis.<br />

Pourtant la production de tapis était en réalité artisanale. Aujourd’hui, l’essor<br />

économique de Katmandu et de quelques grandes vil<strong>les</strong>, a fait se développer <strong>les</strong><br />

industries liées à la construction. Briqueteries, cimenteries, fabrication de blocs de béton<br />

préfabriqués... Mais cel<strong>les</strong>-ci sont plus proches du gros artisanat que de l’industrie<br />

lourde.<br />

Le <strong>Népal</strong> reste importateur de produits manufacturés.<br />

149


Energies, dans ce domaine <strong>au</strong>ssi s’est révélée l’incurie des administrateurs du <strong>Népal</strong>. Le<br />

<strong>Népal</strong> n’a <strong>au</strong>cune énergie fossile, comme source d’énergie naturelle il possède :<br />

- le solaire, le soleil brille plus de neuf mois par an. Mais le solaire est adapté <strong>au</strong>x<br />

150<br />

maisons individuel<strong>les</strong>. Il est inefficace pour <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes puissances. De plus, le soleil ne<br />

brille pas la nuit, il nécessite donc des batteries de stockage. Or le problème posé par la<br />

fiabilité des batteries n’est pas encore résolu.<br />

- Eole : il y a des régions très ventées, la h<strong>au</strong>te Kali Gandaki par exemple, mais même<br />

dans ces régions le vent n’est pas permanent. Eole ne peut être qu’une énergie d’appoint.<br />

A Katmandu il y a, <strong>au</strong> printemps, des coups de vent importants, ils sont de courte durée.<br />

Comme pour le soleil, le vent ne souffle jamais 24 heures <strong>sur</strong> 24, il nécessite l’usage de<br />

batteries.<br />

- un énorme potentiel hydr<strong>au</strong>lique. Pourtant N.E.A., <strong>Népal</strong> Electricity. Authority,<br />

l’E.D.F. népalais, impose <strong>au</strong>x habitants du <strong>Népal</strong> des coupures de courant qui<br />

atteignent, en saison sèche, 8 mois par an, 16 heures par jour ! Comment font <strong>les</strong><br />

industries ? Les artisans qui utilisent <strong>les</strong> kW ? Certains ont des groupes électrogènes<br />

couplés à de puissants onduleurs. Les supermarchés, eux ont toujours de ces groupes.<br />

Les coupures de courant intempestives sont classiques, gare <strong>au</strong>x ordinateurs qui ne sont<br />

pas équipés d’une batterie protectrice (petit onduleur). Le <strong>Népal</strong>, grâce à des aides<br />

indiennes, a construit des usines hydroélectriques. Non, il f<strong>au</strong>t écrire : l’Inde a construit<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> des centra<strong>les</strong> hydroélectriques. Il est évident que si <strong>les</strong> administrateurs, <strong>les</strong><br />

politiques népalais <strong>au</strong> pouvoir avaient eu le sens de l’Etat, le souci de la Nation, la part<br />

de kW accordée à leur pays lors de la construction, par l’Inde, de barrages en terres<br />

népalaise <strong>au</strong>rait été bien plus grande. Egalement, si la corruption avait été moins intense,<br />

<strong>les</strong> pays qui aident le <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong> grands financiers dont <strong>les</strong> organismes type Banque<br />

mondiale, voire des capit<strong>au</strong>x privés, <strong>au</strong>raient financé la construction de grands barrages<br />

dont une partie de la production <strong>au</strong>rait éclairé le pays, l’<strong>au</strong>tre partie, vendue à l’Inde, <strong>au</strong><br />

Tibet, <strong>au</strong>rait as<strong>sur</strong>é de notab<strong>les</strong> entrées de devises <strong>au</strong> pays. Autre lacune, <strong>les</strong> barrages<br />

que possède le <strong>Népal</strong> ne permettent pas la rétention de masses importantes d’e<strong>au</strong>, celui<br />

de Kulékani est le seul. Ce ne sont que de simp<strong>les</strong> prises d’e<strong>au</strong>. Or la saison des pluies<br />

est courte, trois mois par an, la période sèche est longue, il n’y a pas de réservoir<br />

150


151<br />

constitué par <strong>les</strong> énormes amas de neige d’hiver comme il en existe dans <strong>les</strong> Alpes, <strong>les</strong><br />

Vosges, <strong>les</strong> Pyrénées. Enfin, le potentiel hydr<strong>au</strong>lique que possède le <strong>Népal</strong> n’est pas<br />

vraiment exploité. Des batteries de petits barrages échelonnés <strong>sur</strong> la pente d’un torrent<br />

<strong>au</strong>raient pu être construits par <strong>les</strong> communes, <strong>les</strong> hame<strong>au</strong>x. De nombreuses microturbines<br />

pourraient être installées dans tout le moyen pays. Des installations de coût<br />

modique, utilisant des alternateurs de véhicu<strong>les</strong>, comme il en existait dans certains de<br />

nos refuges de h<strong>au</strong>te montagne, pourraient éclairer de nombreuses maisons individuel<strong>les</strong>.<br />

SUR LE TOURISME<br />

Se reporter <strong>au</strong> cahier Tourisme paru dans le site :<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/.<br />

Rappelons simplement que si le <strong>Népal</strong> avait, dès 1950, ouvert en grand ses portes, s’il<br />

n’avait pas créé :<br />

- des régions interdites,<br />

- des sommets interdits. Des permis accordés pour un seul sommet qui n’incitent pas à<br />

traverser des massifs, à franchir des cols –comme cela a été fait lors de la découverte des<br />

Alpes-<br />

- des permis de treks <strong>au</strong>x coûts prohibitifs : Dolpo..., il n’y <strong>au</strong>rait pas eu ces zones riches<br />

jouxtant des terres restées misérab<strong>les</strong>. Les touristes, <strong>les</strong> trekkeurs <strong>au</strong>raient irrigué de<br />

leurs roupies tout le Moyen pays, tous <strong>les</strong> piémonts himalayens du Biarishi Himal <strong>au</strong><br />

Kanchenjunga Himal. Si le <strong>Népal</strong> avait eu des gouvernants sensib<strong>les</strong> à la misère de leur<br />

peuple et <strong>au</strong> bon fonctionnement de l’Etat, l’argent généré par le tourisme ne se serait<br />

pas évaporé avant d’atteindre <strong>les</strong> lieux où il devait arriver en priorité.<br />

Des secteurs ont été oubliés, ainsi la pêche touristique a été négligée. Pourtant de<br />

nombreux trekkeurs <strong>au</strong>raient prolongé leur séjour si <strong>les</strong> torrents n’avaient pas été<br />

honteusement dépeuplés. Voir dans le site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/ le texte <strong>sur</strong> la<br />

pêche <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Enfin, signalons que dix ans de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, deux révolutions n’ont pas été très<br />

favorab<strong>les</strong> <strong>au</strong> tourisme.<br />

151


IMPORTANCE ECONOMIQUE DU TOURISME<br />

Pour 2010/2011, le budget de l’Etat est de 300,35 billions (milliards) de roupies. Supposons qu’un<br />

touriste, un trekkeur, un himalayiste, laisse à chaque visite <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> 50.000 roupies – environ 500<br />

euros 2009), <strong>les</strong> devises encaissées par le pays seraient de :<br />

- pour 500.000 touristes = 25 milliards de roupies.<br />

- pour 1.000.000 de touristes (chiffre espéré par certains Ministres du tourisme)<br />

= 50 milliards de roupies.<br />

Chiffres non négligeab<strong>les</strong> qui placent le tourisme <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> Un des industries.<br />

SUR LE COMMERCE<br />

Les <strong>Népal</strong>ais sont des Asiatiques, en affaires, ils sont supérieurs à toutes <strong>les</strong> populations<br />

de la Terre. Vous avez admiré la dextérité avec laquelle un employé de banque français<br />

compte des billets et bien <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, si on se base <strong>sur</strong> cette dextérité, tous <strong>les</strong> habitants<br />

sont des banquiers. Regardez la vitesse, l’air de jouissance profonde avec laquelle un<br />

sardar compte une liasse de billet, observez un commerçant annoncer un prix à un<br />

chaland. Un prix, <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, ce n’est pas une chose qui résulte d’un calcul précis. Pour<br />

indiquer un prix dans ce pays il f<strong>au</strong>t, avant tout, être psychologue. Le commerçant<br />

152<br />

observe son client :<br />

- ce client est un habitué le produit v<strong>au</strong>t N,<br />

- ce client est un client de passage, de plus il est bien vêtu, le produit v<strong>au</strong>t :<br />

N multiplié par 1, x.<br />

X étant évidemment toujours positif.<br />

- ce client vient des des collines, des piémonts himalayens le produit v<strong>au</strong>t :<br />

N multiplié par 1,y.<br />

Y également toujours positif et toujours supérieur à X.<br />

- le client est un Occidental alors, dans ce cas, il n’y a pas de limite. Le produit v<strong>au</strong>t : 5,<br />

10, 20, 100 fois N. L’<strong>au</strong>tre jour des amis sahibs sont allés chez le coiffeur pour une<br />

simple coupe suivie du massage occipital habituel, ils ont payé chacun 1500 roupies ! La<br />

même coupe suivie du même massage coûte à un <strong>Népal</strong>ais <strong>au</strong> maximum 25 à 30<br />

roupies ! Rapport : 50 !<br />

152


En ce qui concerne le commerce international, le <strong>Népal</strong>ais a bien peu de choses à<br />

exporter. Et quand il exporte en Inde il a forte partie en face de lui. J’ai cité ailleurs la<br />

phrase :<br />

Un Indien mort arrive toujours à couillonner un <strong>Népal</strong>ais vivant.<br />

Mais pour commercer, il f<strong>au</strong>t produire, or le <strong>Népal</strong> ne produit pas assez pour ses propres<br />

besoins.<br />

LE NEPAL, LA SUISSE DE L’ASIE<br />

COMMENT LE NEPAL AURAIT ECONOMIQUEMENT PU EMERGER.<br />

153<br />

Pour nous, himalayistes des années 1980, il était évident que le <strong>Népal</strong> allait devenir la Suisse de<br />

l’Asie. Les analogies étaient nombreuses, <strong>les</strong> deux pays étaient :<br />

- des petites nations encadrées par de puissants pays.<br />

- des pays de tourisme possédant des montagnes prestigieuses.<br />

- des pays neutres à faible budget militaire.<br />

- des nations <strong>au</strong>x populations réputées non violentes.<br />

De plus, Katmandu, la capitale du <strong>Népal</strong>, à l’égal de Genève, était susceptible de devenir La banque<br />

de l’Asie.<br />

Quelle méconnaissance de ce pays ! De ses dirigeants, de ses voisins !<br />

Imaginons :<br />

- une révolution douce dans <strong>les</strong> années 1950, <strong>au</strong> moment où le pays ouvre ses frontières.<br />

- la mise en place d’une monarchie constitutionnelle,<br />

- un gouvernement de notab<strong>les</strong> de centre g<strong>au</strong>che ayant tout à la fois, le sens du p<strong>au</strong>vre et de l’Etat,<br />

et ayant conscience qu’il fallait :<br />

- savoir tenir tête à l’Inde, contrôler la h<strong>au</strong>te administration népalaise corrompue et qui se laisse<br />

acheter par ce pays.<br />

- créer un pays de droit, un pays laïc.<br />

- impérativement réduire le pouvoir des gens de caste, donner à tous : gens de basses castes,<br />

Dalits-Trib<strong>au</strong>x-Indigenous... la possibilité d’accéder <strong>au</strong> pouvoir.<br />

- éteindre la corruption, ou tout <strong>au</strong> moins lui donner la dimension qu’elle a dans <strong>les</strong> démocraties<br />

occidenta<strong>les</strong>,<br />

153


- sortir le peuple de son atroce condition, faire émerger économiquement <strong>les</strong> Basses classes, <strong>les</strong><br />

Dalits-Trib<strong>au</strong>x-Indigenous,<br />

- voter et faire appliquer des lois, des institutions socia<strong>les</strong> : droits du travail, sécurité sociale,<br />

caisses de retraite...<br />

- créer un corps de grands commis de l’état comprenant d’incorruptib<strong>les</strong> contrôleurs.<br />

- ouvrir en grand le pays...<br />

- créer des routes irrigant toutes <strong>les</strong> régions, <strong>les</strong> rendant accessib<strong>les</strong> <strong>au</strong>x touristes.<br />

- ...<br />

Si ces me<strong>sur</strong>es, ou une partie de ces me<strong>sur</strong>es avaient vu le jour, le pays <strong>au</strong>rait certes connu des<br />

soubres<strong>au</strong>ts politiques, des grèves-bandhas, des émeutes, des attentats même, mais il n’<strong>au</strong>rait pas<br />

connu deux révolutions, une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui a duré 10 ans.<br />

154<br />

154


TITRE V<br />

INFLUENCES<br />

INFLUENCE DE L’INDE<br />

EXTERIEURES.<br />

155<br />

Dans le sud-est asiatique, entourant le <strong>Népal</strong> <strong>sur</strong> trois côtés, l’Inde, un immense pays de<br />

3.268.000 kilomètres carrés, peuplé de plus de un milliard d’habitants. L’Inde, un des<br />

deux pays, qui, dans un proche futur, va économiquement dominer <strong>les</strong> pays de la<br />

planète. Ce pays se flatte d’être la plus grande démocratie de la Terre. Nous en<br />

reparlerons. Au nord de ce pays à l’immense futur, le petit <strong>Népal</strong> de 171.000 kilomètres<br />

carrés, peuplé d’environ trente millions d’habitants. Un <strong>Népal</strong>ais face à quarante quatre<br />

Indiens ! L’Inde, un pays en pleine expansion économique, un <strong>Népal</strong> qui reste le pays le<br />

plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. L’Inde, un pays qui présente <strong>au</strong>x Occident<strong>au</strong>x une façade<br />

démocratique, politiquement apaisée. Le <strong>Népal</strong>, un pays troublé, qui va peut-être (2009,<br />

2010) vers sa troisième révolution. Le <strong>Népal</strong> : un incompréhensible chaos politique pour<br />

le non initié, le naïf, le partial, celui qui ne veut pas voir ou qui s’en fout.<br />

BARAT<br />

Les Indiens sont souvent nommés Indians, l’Inde est nommée Barat (Bhaarat) par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais.<br />

La géographie fait dépendre l’économie du <strong>Népal</strong> entièrement de l’Inde. A cela s’ajoute<br />

le fait que de trop nombreux politiciens népalais, la totalité des membres de la h<strong>au</strong>te<br />

administration népalaise se placent sans discuter sous la coupe directe des politiciens<br />

indiens. Un signe caractéristique : <strong>les</strong> monnaies indiennes et népalaises sont utilisées<br />

155


indifféremment dans <strong>les</strong> deux pays. <strong>Sig</strong>ne d’égalitarisme ? Evidemment non, l’échelle<br />

156<br />

des deux pays le démontre.<br />

L’Inde, un pays démocratique ! Prononcer ces <strong>mots</strong> avec la bouche pleine de caramels<br />

mous. La plupart des hommes se contentent de classer <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres hommes ou leurs pays<br />

en leur accolant une étiquette portant un nom. Ils font ainsi pour <strong>les</strong> boites de conserve,<br />

il y a <strong>les</strong> boites de sardines, <strong>les</strong> boites de petits pois, <strong>les</strong> boites de jambon. Il y a donc <strong>les</strong><br />

pays non démocratiques, <strong>les</strong> pays démocratiques, <strong>les</strong> pays fréquentab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> pays non<br />

fréquentab<strong>les</strong> souvent dénommés voyous. Comme d’ailleurs il y a <strong>les</strong> gens bien et <strong>les</strong><br />

terroristes. Ces deniers évidemment habitent <strong>les</strong> pays voyous et sont en <strong>guerre</strong> contre <strong>les</strong><br />

forces de l’ordre des pays fréquentab<strong>les</strong>. Questionnez un Occidental <strong>sur</strong> la Chine il vous<br />

dira :<br />

La Chine ? Le plus grand pays colonisateur de la Terre.<br />

Questionnez-le <strong>sur</strong> l’Inde, il vous dira :<br />

L’Inde ? Le plus grand pays démocratique de la terre.<br />

C’est tout, il n’y a rien à voir, circulez. J’ai écrit plus h<strong>au</strong>t l’hypocrisie qui se cachait<br />

dans le mot démocratie. J’ai écrit pourquoi ce mot, synonyme d’aboutissement politique<br />

harmonieux, voire de politique vertueuse, avait été placé <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> des valeurs<br />

par <strong>les</strong> astucieux nantis : la quasi-totalité des habitants des pays riches de la terre, dont<br />

nous, 90% des Occident<strong>au</strong>x et <strong>les</strong> gens riches des pays p<strong>au</strong>vres. Cela nous permet<br />

d’occulter l’évidence : la suppression –ou du moins la réduction à un nive<strong>au</strong> admissiblede<br />

l’infernale misère du Tiers monde qui touche des milliards d’individus, et la p<strong>au</strong>vreté<br />

résiduelle dans <strong>les</strong> pays riches qui touche quelques dizaines de millions d’habitants,<br />

devrait être la première des réussites politique et sociale d’une Nation.<br />

L’Inde, un pays démocratique ?<br />

Pays démocratique, définitions occidenta<strong>les</strong> : voici un pays dans lequel toute la<br />

population vote pour différents partis politiques, élit un parlement, un gouvernement.<br />

Cela suffit-il à en faire un véritable pays démocratique ? Est-il démocratique ce pays si<br />

seule une partie de la population est instruite ? Si seul un fragment de cette population<br />

est capable de juger de la qualité des hommes qui se présentent ? Est-il démocratique ce<br />

156


pays si la majorité des électeurs est asservie à une religion ? Quelle est en Inde la<br />

157<br />

puissance de l’église hindouiste ? Le politique qui, dans un pays à religion dominante lie<br />

son programme à cette religion est toujours gagnant. Car la religion pour <strong>les</strong> illettrés<br />

passe toujours <strong>au</strong>-dessus de la politique, l’<strong>au</strong>-delà étant plus important que le temporel.<br />

Autres questions : Y a-t-il une laïcité réelle en Inde ? Quelle est la place de la femme<br />

indienne dans la société ? Quel est en Inde la puissance réelle des castes ? Combien y at-il<br />

de Parias <strong>au</strong> gouvernement qui défendent la c<strong>au</strong>se des Parias ? Qui dicte des lois pour<br />

défendre <strong>les</strong> Parias ?<br />

L’Inde démocratique est en réalité un pays dans lequel des millions de misérab<strong>les</strong> sont<br />

dirigés par quelques milliers de politiques ayant établi leur suprématie <strong>sur</strong> fond de<br />

religion, de stratification sociale par castes, de coutumes passéistes. Lisons Frédéric<br />

Landy, géographe :<br />

Après le tsunami de 2004, combien de ménages d’intouchab<strong>les</strong>, classés tout en bas de la hiérarchie<br />

socioreligieuse hindoue, ont été <strong>les</strong> laissés pour compte des programmes de réhabilitation parce que<br />

l’administration locale était tenue par des h<strong>au</strong>tes castes.<br />

Les Occident<strong>au</strong>x s’extasient néanmoins <strong>sur</strong> ce pays :<br />

Ils ont <strong>les</strong> plus forts matheux de la terre. En informatique ce sont <strong>les</strong> meilleurs !<br />

Et si on mettait de côté <strong>les</strong> indices qui n’apportent rien à la réduction de la misère des<br />

hommes. Et si on plaçait également, parallèlement à la lutte contre cette misère, <strong>au</strong><br />

premier plan des réussites politiques et socia<strong>les</strong>, non pas le mot démocratie, mais<br />

simplement l’espérance de vie, ou, si on est un intellectuel tentant de démontrer son<br />

savoir en compliquant <strong>les</strong> choses : l’Indice de développement humain, l’I.D.H. Et bien<br />

on s’apercevrait que l’Inde est encore un pays p<strong>au</strong>vre, un pays très p<strong>au</strong>vre dans lequel<br />

<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> pullulent, un pays dans lequel <strong>les</strong> dirigeants ont pour but premier –je<br />

n’indique pas le désir de conserver leur fonction politique- la réussite économique de<br />

leur pays -quelques-uns sans doute <strong>au</strong>ssi la leur- et non la diminution de la misère.<br />

Esther Duflo dans La politique de l’<strong>au</strong>tonomie, écrit :<br />

Le discours international <strong>sur</strong> la gouvernance est dominé par <strong>les</strong> grands concepts, tels que<br />

démocratie, transparence et décentralisation. Mais la démocratie n’est ni nécessaire, ni suffisante<br />

pour une bonne gouvernance <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local. L’exemple de l’Inde est le plus flagrant : la plus<br />

157


grande démocratie du monde est <strong>au</strong>ssi l’un des pays qui, à ce nive<strong>au</strong> de revenus, a le plus de mal à<br />

as<strong>sur</strong>er <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres <strong>les</strong> services essentiels que la société leur promet.<br />

Soit dit sans fard : l’Inde n’est pas un pays démocratique. Il y a une intense misère en<br />

Inde.<br />

Toujours d’Esther Duflo :<br />

En Inde, moins de la moitié des enseignants sont présents en classe lors des visites <strong>sur</strong>prises.<br />

158<br />

En Inde, seule la moitié des enfants scolarisés sait lire un paragraphe simple.<br />

Si on parle t<strong>au</strong>x d’absentéisme dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> on s’aperçoit qu’on trouve <strong>les</strong> plus élevés<br />

dans certains états indiens :<br />

54 % dans le Rajasthan.<br />

49 % dans l’Uttar Pradesh.<br />

Quant à un faible t<strong>au</strong>x de fécondité qui est pour Emmanuel Todd un élément permettant<br />

de définir le degré de démocratisation d’un pays il était en 2001 :<br />

De 3,2 pour l’Inde.<br />

De 1,8 en Chine.<br />

L’Inde, pays démocratique, pratique-t-elle avec le <strong>Népal</strong> une politique irréprochable ?<br />

Non, l’Inde pratique avec le <strong>Népal</strong> une politique détestable, une politique colonialiste<br />

masquée par sa notoriété fille de son énormité. Combien de trekkeurs, combien de<br />

journalistes savent, disent, écrivent que l’Inde est le pays honni des Dalits-Trib<strong>au</strong>x-<br />

Indigenous népalais ? Que seuls l’apprécient des politiques, des gens des h<strong>au</strong>tes castes,<br />

<strong>les</strong> membres de la h<strong>au</strong>te administration.<br />

P<strong>au</strong>vres trekkeurs, minab<strong>les</strong> journalistes influencés par qui on sait. Pour ces Français,<br />

l’Inde est le pays allié du <strong>Népal</strong>, la Chine le pays colonisateur qui a des vues <strong>sur</strong> le<br />

<strong>Népal</strong>. Jobards, nullards !<br />

Que de points communs entre <strong>les</strong> gens de h<strong>au</strong>tes caste indiennes et <strong>les</strong> gens de h<strong>au</strong>te<br />

caste népalaises : même origine, même religion, même formation littéraire et culturelle<br />

basée <strong>sur</strong> le sanscrit. Même position sociale dominante. Les Bahuns népalais sont <strong>les</strong><br />

brahmanes indiens. En politique intérieure, le <strong>Népal</strong> copie l’Inde : le parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congres est à l’image du parti Congress indien. C’est le parti des gens des h<strong>au</strong>tes castes,<br />

158


des Bahuns-brahmanes prêtres de l’hindouisme. Les dirigeants indiens jouent-ils <strong>sur</strong> la<br />

vénalité de la h<strong>au</strong>te administration népalaise composée en majorité de gens de ces h<strong>au</strong>tes<br />

castes ? Des dirigeants népalais ont-ils des comptes bancaires en Inde, des avoirs, des<br />

159<br />

intérêts, des biens dans ce pays ? On est en droit de se poser ces questions. Quoiqu’il en<br />

soit le <strong>Népal</strong> des gens des h<strong>au</strong>tes castes est le vassal de l’Inde dirigée également par des<br />

gens des h<strong>au</strong>tes castes. Et c’est toutes ces choses qui font que, dès qu’un problème se<br />

présente <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, vite, des politiques népalais se rendent en Inde et rencontrent <strong>les</strong><br />

responsab<strong>les</strong> indiens. Indépendance, où es-tu ? C’est en Inde que se fomentent <strong>les</strong><br />

complots, <strong>les</strong> rébellions népalaises. 1948 : c’est à Dehli que le parti <strong>Népal</strong>i Congres<br />

(alors parti d’opposition <strong>au</strong>x Rana) voit le jour. Tout est alors bon pour affaiblir le<br />

pouvoir des Rana, l’Inde c<strong>au</strong>tionne, mais c’est à Dehli que l’Inde met un frein <strong>au</strong> parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres qui devient trop révolutionnaire. Les maoïstes <strong>au</strong>x premiers temps de<br />

leur in<strong>sur</strong>rection trouvent refuge en Inde. F<strong>au</strong>x paradoxe, la présence d’une in<strong>sur</strong>rection<br />

maoïste <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> affaiblit à ce moment là le pouvoir du roi Birendra. Lorsque <strong>les</strong><br />

réussites maoïstes deviendront inquiétantes, l’Inde liera son action avec celle des U.S.A.<br />

D’Amnesty International :<br />

L’Inde livre à l’armée népalaise des milliers d’armes <strong>au</strong>tomatiques et des Eurocopter français.<br />

Astucieuse Inde qui, savamment, cache son jeu. Soixante et unième anniversaire de la<br />

République indienne. Dans <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x népalais, <strong>sur</strong> deux entières pages, une publicité<br />

indienne qui vante <strong>les</strong> aides, <strong>les</strong> trav<strong>au</strong>x qu’elle a effectués <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Il f<strong>au</strong>t dire que<br />

ceux-ci ne sont pas insignifiants et qu’ils placent ce pays <strong>au</strong> premier rang des donateurs<br />

internation<strong>au</strong>x.<br />

Mais cela fait oublier que tout n’est pas rose en Inde ? N’y a-t-il pas, dans ce pays, des<br />

révoltés ? Des révolutionnaires ? Des mécontents qui prennent <strong>les</strong> armes ? Quel<br />

trekkeur, qui ne voit que le danger chinois connaît le mouvement Naxalite indien.<br />

Anirban Roy écrit :<br />

Année 1960, dans <strong>les</strong> Naxa-bari, <strong>les</strong> terres <strong>au</strong>tour de la ville de Naxa, dans le Bengale, le Bihar,<br />

(croquis 9) conduits par Kanu Sanyal... <strong>les</strong> paysans affamés (souligné par moi) se révoltent, ils sont<br />

rapidement assistés par des étudiants. Ensemble, ils attaquent <strong>les</strong> représentants loc<strong>au</strong>x du pouvoir,<br />

<strong>les</strong> grands propriétaires... Le gouvernement réagit, <strong>les</strong> forces de l’ordre mettent de l’ordre, des<br />

159


milliers de personnes sont torturées, exécutées (souligné par moi, avec un salut <strong>au</strong> plus grand pays<br />

démocratique de la Terre.). Le mouvement devient souterrain mais il renaît bientôt, on n’arrête pas<br />

un peuple qui lutte contre la misère.<br />

Et Michelle Kergoat :<br />

Ce mouvement est né dans <strong>les</strong> années soixante en Inde quand des milliers d’étudiants se sont joints à<br />

des paysans sous l’égide d’une faction extrémiste du parti communiste, dans le Bengale et l’état du<br />

Bihar, où sévit une grande p<strong>au</strong>vreté. Leur nom de Naxalite vient de Naxalbari, le district où a lieu<br />

leur première action spectaculaire : en 1967, ils attaquent « <strong>les</strong> ennemis du peuple », soit comme <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong> <strong>les</strong> grands propriétaires, <strong>les</strong> représentants de l’Etat, l’armée et la police. La révolte a été<br />

durement réprimée par le gouvernement indien, des milliers de personnes ont été tuées et torturées,<br />

mettant en sommeil le mouvement. Il a re<strong>sur</strong>gi dans <strong>les</strong> années 90, suite à la p<strong>au</strong>périsation de<br />

populations déjà très p<strong>au</strong>vre, liée à la réduction des subventions à l’agriculture, la santé,<br />

l’éducation. Il semble que ce mouvement s’étende désormais dans <strong>les</strong> états indiens du Bengale,<br />

l’Uttar Pradesh et de l’Andhra Pradesh.<br />

Et ce mouvement s’est bien étendu à l’Uttar Pardesh (croquis 9). Et ce mouvement se<br />

poursuit : lu dans le quotidien kathmandouite Republica du 12 octobre 2009.<br />

Le mouvement Naxalite est toujours actif et s’est propagé dans 15 états. Dix-sept policiers ont été<br />

récemment assassinés mais le Premier ministre Indien le rusé Man Mohan Singh affirme qu’il ne<br />

fera pas intervenir l’armée. La police suffira pour réprimer le mouvement !<br />

Avril 2010 :<br />

Une trentaine de policiers tués par <strong>les</strong> Naxalites.<br />

Remarquez que monsieur le Premier ministre indien Singh (2010) ne dit pas : « Je vais<br />

160<br />

prendre des me<strong>sur</strong>es immédiates pour que ces gens n’aient plus faim, pour que ces<br />

enfants ne travaillent plus, soient soignés... », il dit :<br />

La police va <strong>les</strong> combattre.<br />

Qui dit intervention de la police, dit lutte contre des personnes de m<strong>au</strong>vaise conduite, des<br />

voleurs ou des contrevenants à la loi. Les révolutionnaires qui s’in<strong>sur</strong>gent contre la<br />

misère sont-ils des malfrats ? L’Inde est un pays démocratique, un pays de droit, il f<strong>au</strong>t y<br />

obéir <strong>au</strong>x lois. Les Naxalites, leurs femmes, leurs enfants ont donc tort, ils doivent<br />

supporter la faim, la maladie, la misère sans rien dire. Et six cent millions de sal<strong>au</strong>ds<br />

d’Européens c<strong>au</strong>tionnent. Au nom du bloc occidental vertueux et démocratique, <strong>au</strong> nom<br />

<strong>au</strong>ssi de l’anti-Chine pays non vertueux et non démocratique certes, mais <strong>sur</strong>tout<br />

160


concurrent commercial direct et premier de ce bloc occidental ! « Ne jamais parler des<br />

déf<strong>au</strong>ts de nos alliés » principe élémentaire de politique internationale !<br />

Quel trekkeur s’est posé des questions <strong>sur</strong> <strong>les</strong> mouvements Naxalite et maoïste népalais<br />

? Pourquoi des gens luttent-ils encore avec des armes contre l’<strong>au</strong>torité ? Pour le plaisir<br />

de freiner le tourisme ? Pour le plaisir de jouer avec des armes ? Pour le plaisir de voir<br />

couler du sang ? Pour le plaisir de tuer des hommes ? Pour le désagrément de se faire<br />

b<strong>les</strong>ser, de se faire emprisonner, de se faire tuer ? Pour le ravissement qu’il y a, s’ils sont<br />

attrapés, à se faire torturer ? Les Indiens qui se battent sont de simp<strong>les</strong> paysans<br />

misérab<strong>les</strong> qui ont faim, ou de simp<strong>les</strong> étudiants qui, par solidarité, se placent à leur<br />

côté. Ce ne sont pas des tueurs. Ils se battent contre le pouvoir en place, contre des<br />

forces de l’ordre du pouvoir en place! L’ordre, l’Etat ! Pourquoi ne se contentent-ils pas<br />

de défiler comme le font <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x mécontents ? Ils ne le font pas parce qu’ils ont<br />

faim, parce que leurs enfants n’ont pas de quoi manger, parce que leurs enfants ne sont<br />

pas soignés et qu’ils sont obligés de travailler dès leur plus jeune âge !<br />

161<br />

Les dirigeants indiens ne se foutent sans doute pas de la misère mais elle n’est pour eux<br />

qu’un problème de deuxième ordre. Pour eux la réussite économique de leur pays –et de<br />

ceux qui votent pour eux- passe avant tout. Ils raisonnent comme <strong>les</strong> partis de droite et<br />

des partis de pouvoir de g<strong>au</strong>che occident<strong>au</strong>x. Ils raisonnent marée et bate<strong>au</strong>x, vous<br />

savez, je l’ai souvent écrit :<br />

Quand la marée monte, elle soulève <strong>les</strong> yachts, <strong>les</strong> tankers, <strong>les</strong> cargos, tous <strong>les</strong> bate<strong>au</strong>x...<br />

Les bate<strong>au</strong>x des riches mais <strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> bate<strong>au</strong>x des p<strong>au</strong>vres ! Hé ! Hé !<br />

Au fond, ces paysans pourraient prendre patience, ils n’en sont pas à quelques<br />

souffrances près, à quelques générations de morts prématurées près. On le sait<br />

<strong>au</strong>jourd’hui, le capitalisme est la seule économie possible, <strong>les</strong> socialistes français l’ont<br />

confirmé, <strong>les</strong> communismes tournent en dictatures puis font faillite. Les dirigeants<br />

indiens ont peur de la montée du communisme dans leur pays et (ou) <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, pays<br />

sous leur coupe. Ils en avaient déjà peur en 1950 <strong>au</strong> moment de la réinstallation <strong>sur</strong> le<br />

trône du roi Tribhuwan <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Ils avaient peur que le communisme népalais prenne<br />

de l’ampleur, et c’est pourquoi ils ont imposé leurs règ<strong>les</strong> <strong>au</strong>x politiciens népalais du<br />

161


moment. Ils agissaient ainsi par générosité, c’est pourquoi ils ont mis en place le régime<br />

que l’on sait. N’ont-ils pas imposé que des Rana fassent partie des nouvel<strong>les</strong> institutions<br />

dirigeantes ! Bons petits toutous Occident<strong>au</strong>x qui braillent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres six millions de<br />

Tibétains colonisés et ne voient pas <strong>les</strong> 30 millions de <strong>Népal</strong>ais asservis par l’Inde ! Les<br />

N millions de p<strong>au</strong>vres indiens ! Saloperie d’Occident ! Nous !<br />

162<br />

Inde pacifiste ! Où est l’image de l’Inde de Gandhi ? Celle d’une Inde non violente ?<br />

Ado<strong>les</strong>cent, je m’extasiais à la lecture du livre Inde de Romain Rolland. Dans un monde<br />

sortant d’un effroyable chaos je m’émerveillais de voir un fakir demi-nu chasser par la<br />

non violence <strong>les</strong> colons d’un des pays <strong>les</strong> plus puissants de la terre. Naïf, cela n’a pas<br />

duré. Aujourd’hui, cette Inde non violente a été remplacée par une Inde puissance<br />

nucléaire, par une Inde en <strong>guerre</strong> contre le Pakistan, par une Inde qui ne veut pas céder le<br />

Cachemire où <strong>les</strong> musulmans sont pourtant plus nombreux que <strong>les</strong> hindouistes !<br />

Démocratie, where are you ? Une Inde qui a été en <strong>guerre</strong> contre la Chine lorsqu’elle a<br />

annexé, on ne dit pas colonisé, un pays démocratique ne colonise pas, le Lhadak. Elle a<br />

d’ailleurs lors de cette <strong>guerre</strong>, <strong>mots</strong> d’Olivier Todd :<br />

Pris une raclée militaire.<br />

Les Indiens, un peuple non violent ? Regardez un jour <strong>les</strong> lamentab<strong>les</strong> films indiens<br />

importés <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, vous apprendrez ce que signifie le mot violence <strong>au</strong> cinéma. Les<br />

pugilats des westerns américains sont de la gnognotte à côté des combats indiens.<br />

Le peuple indien éprouve un énorme mépris pour le peuple népalais. Il y a dans le peuple<br />

népalais une grande méfiance pour le peuple indien. Une peur <strong>au</strong>ssi, le <strong>Népal</strong>ais a peur<br />

que l’Inde n’annexe un jour son pays. Lors de l’assassinat du roi Birendra, des <strong>Népal</strong>ais<br />

dans la rue :<br />

Nepal finish, now we are Indians.<br />

Attitude ambivalente de l’Inde, d’un côté des aides importantes, de l’<strong>au</strong>tre des attitudes<br />

détestab<strong>les</strong>. On peut imaginer une Inde favorisant des politiciens népalais corrompus ce<br />

qui lui permet d’avoir plus d’emprise <strong>sur</strong> eux. L’Inde est le pays qui aide le plus le <strong>Népal</strong><br />

mais le fait-elle par pure générosité ? Non, elle le fait par intérêt. Parce qu’elle a peur<br />

162


163<br />

que le <strong>Népal</strong> tombe dans le camp chinois. Tout cela fait que <strong>les</strong> politiques avertis parlent<br />

de relations diffici<strong>les</strong> –euphémisme- entre <strong>les</strong> deux pays. Le mot paternalisme est parfois<br />

utilisé. On dit <strong>au</strong>ssi que l’Inde est le grand frère du <strong>Népal</strong> ! Mais si le petit frère chope<br />

une maladie contagieuse, alors, vite, l’Inde le soigne à sa manière. Une manière<br />

détestable qui est fort peu démocratique.<br />

Dans <strong>les</strong> faits, <strong>au</strong>jourd’hui comme hier, l’Inde dicte la politique du <strong>Népal</strong>. L’Inde<br />

dominante écrase le <strong>Népal</strong> de sa puissance industrielle et commerciale, de sa masse.<br />

L’Inde, nous l’avons dit, possède une <strong>au</strong>tre arme puissante : le <strong>Népal</strong> n’a pas d’énergies<br />

fossi<strong>les</strong> et comme il n’a pas de ports maritimes, toutes ses importations transitent par<br />

l’Inde. Alors, quand quelque chose déplaît <strong>au</strong>x dirigeants indiens, ils ferment <strong>les</strong><br />

frontières. Des élections népalaises vont avoir lieu, le résultat des élections est incertain<br />

mais <strong>les</strong> maoïstes sont fortement présents, vite, on limite <strong>les</strong> exportations d’essence vers<br />

le <strong>Népal</strong>. Ces livraisons d’essence sont réduites <strong>au</strong> minimum. Qu’ils fassent la queue<br />

toute la nuit <strong>les</strong> conducteurs de bus, de camions, de taxis. Cette me<strong>sur</strong>e est un<br />

avertissement de l’Inde <strong>au</strong> peuple népalais, elle signifie : « Ne faites pas n’importe quoi,<br />

ne votez pas n’importe comment, je suis là. » Cela dure des mois, un an ! Dans le<br />

domaine alimentaire, même blocus. Limitation de livraisons de riz, de produits<br />

manufacturés... On asphyxie Katmandu. Car le <strong>Népal</strong> manque de riz, le <strong>Népal</strong> manque<br />

de produits manufacturés, l’Inde lui en fournit ou bloque <strong>les</strong> frontières <strong>au</strong> gré des<br />

relations. Parfois on signale quelques <strong>sur</strong>s<strong>au</strong>ts de révolte de la h<strong>au</strong>te administration ou<br />

des militaires népalais (encore n’est-on pas sûrs qu’il ne s’agisse pas de simple<br />

comédie.). Du guide <strong>Népal</strong> de Robert Rieffel :<br />

Le 1° mars 1989, l’Ambassadeur de l’Inde adresse une simple communication directement <strong>au</strong><br />

ministre népalais du commerce –en violation de la règle élémentaire qui veut qu’un diplomate ne<br />

doit avoir comme interlocuteur attitré que le ministre des Affaires étrangères du pays où il est<br />

accrédité- avisant que le gouvernement indien dénonçait et déclarait abrogé le Traité de commerce<br />

et de travail que <strong>les</strong> deux puissances avaient conclu le 25 mars 1978... Le gouvernement (indien) prit<br />

une me<strong>sur</strong>e <strong>au</strong>ssi stupéfiante qu’injustifiée, à savoir de fermer à tout trafic de personnes et de<br />

marchandises neuf des onze points de passage frontaliers !... Ce blocus extrêmement rigoureux<br />

entraîna évidemment une pénurie immédiate de bon nombre de produits de première nécessité,<br />

163


notamment de pétrole (mot qui, <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, désigne l’essence)... La presse indienne ne cacha guère que<br />

cette me<strong>sur</strong>e arbitraire était en quelque sorte une leçon donnée <strong>au</strong> petit roy<strong>au</strong>me himalayen qui<br />

s’était permis... d’acheter du matériel de <strong>guerre</strong> à la Chine... Il s’était agi de la fourniture de<br />

quelques canons anti-aériens et de mitrailleuses légères. Ce blocus dura 13 mois !<br />

Juin 2010. Il est question d’un retour <strong>au</strong> gouvernement des maoïstes népalais, en Inde,<br />

dans la province de Meghalaya des <strong>Népal</strong>ais sont assassinés. Les journ<strong>au</strong>x parlent de :<br />

- Recent atrocities.<br />

Vive l’Inde plus grand pays démocratique de la Terre.<br />

L’Inde écrase <strong>au</strong>ssi le <strong>Népal</strong> de son poids diplomatique. Le <strong>Népal</strong> est un tout petit pays,<br />

qu’est-il <strong>sur</strong> l’échiquier de l’O.N.U. ? L’Inde est un pays puissant, alors courbent la tête<br />

<strong>les</strong> pays Occident<strong>au</strong>x quand il est question du <strong>Népal</strong> et que l’Inde a parlé.<br />

L’Inde dicte, p<strong>au</strong>vre <strong>Népal</strong> vassalisé :<br />

- des <strong>au</strong>teurs parlent de :<br />

Main mise de l’Inde <strong>sur</strong> <strong>les</strong> politiciens népalais.<br />

- on apprend que :<br />

- Des <strong>Népal</strong>ais vont demander assistance <strong>au</strong>x juristes indiens pour rédiger des textes.<br />

- Les militaires indiens participent à l’organisation de l’armée népalaise. Lorsque la Royal <strong>Népal</strong><br />

Army s’organise, ce sont des conseillers militaires indiens qui <strong>les</strong> assistent. Ce qui éveille la colère<br />

des <strong>Népal</strong>ais.<br />

- <strong>les</strong> Indiens mettent en place ou défont des monarques népalais :<br />

- le roi Tribhuwan en 1950.<br />

164<br />

Le roi Tribhuwan se réfugie à l’Ambassade de l’Inde. L’armée indienne le transporte en Inde avec<br />

deux de ses femmes.<br />

- le roi Birendra ne veut pas que <strong>les</strong> militaires népalais combattent <strong>les</strong> maoïstes. Il dit<br />

que le problème maoïste n’est pas un problème de frontière, que c’est un problème<br />

interne <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> et que cette lutte est donc de l’unique ressort de la police népalaise. De<br />

Lokendra Bahadur Chand, Premier ministre :<br />

The king Birendra never wanted to use the Royal Nepal army against the Maoïstes, and was keen to<br />

find a peaceful solution to his issue.<br />

Phuspa Kamal Dahal-Prachanda:<br />

In fact, king Birendra was very concerned about the development after the initiation of the People’s<br />

war. He was interesed in knowing more about us… I don’t known what was in his mind but is<br />

seemed to me that he was positive to wards our movement.<br />

164


Le roi Birendra est donc éliminé par <strong>les</strong> méthodes que l’on sait.<br />

- <strong>les</strong> Indiens dictent des politiques, et, ce faisant, ils c<strong>au</strong>tionnent maints manquements<br />

<strong>au</strong>x Droits de l’Homme, commis par <strong>les</strong> forces de l’ordre népalaises <strong>au</strong> cours de la<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Voir plus loin Opérations Roméo, Torch, Research and Kill... <strong>au</strong> cours<br />

desquel<strong>les</strong> des: disparitions, des tortures, des assassinats, des viols ont été commis par<br />

165<br />

<strong>les</strong> forces de l’ordre népalaises.<br />

- le gouvernement indien impose l’ouverture de la frontière Inde <strong>Népal</strong>. Il n’y a pas de<br />

droits de douane entre <strong>les</strong> deux pays. Les véhicu<strong>les</strong> de transport ne payent pas de taxes,<br />

<strong>les</strong> mains d’œuvres, <strong>les</strong> commerçants, <strong>les</strong> industriels, <strong>les</strong> hommes d’affaires pénètrent<br />

librement, sans visa dans chaque pays. Egalité théorique, d’un côté un pays industrialisé<br />

de plus de un milliard d’habitant, de l’<strong>au</strong>tre le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie, un pays en<br />

plein chaos économique, politique et social de trente millions d’habitants !<br />

- rappel : <strong>les</strong> gouvernants indiens banalisent l’utilisation du blocus <strong>au</strong>x frontières. On<br />

prive une population d’essence, de nourriture, de produits manufacturés.<br />

- <strong>les</strong> gouvernants indiens agissent avec le plus grand mépris des hommes : un barrage se<br />

construit <strong>sur</strong> un fleuve à la frontière indo-népalaise. Rive droite : l’Inde, rive g<strong>au</strong>che : le<br />

<strong>Népal</strong>. En cours de trav<strong>au</strong>x l’Inde protège sa rive : enrochements, gabions..., <strong>au</strong>cune<br />

protection n’est mise en place pour protéger <strong>les</strong> terres népalaises. Une crue : côté<br />

népalais des centaines de morts, des centaines de maisons détruites, des centaines de<br />

bigas (un biga = 624 m2) de terres arab<strong>les</strong> emportées. Dès <strong>les</strong> premiers dégâts, <strong>les</strong><br />

Indiens poussent des cris assourdissants, ils invoquent l’incompétence et le laisser aller<br />

des <strong>Népal</strong>ais. No comment !<br />

- <strong>les</strong> Indiens construisent <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> des barrages destinés à leur fournir de l’électricité.<br />

Les modalités de gestion sont fixées : le <strong>Népal</strong> fournit <strong>les</strong> terres, l’e<strong>au</strong>, l’Inde construit.<br />

Le <strong>Népal</strong> a droit à 10 % des kW produits. Durée du contrat, la durée de vie du barrage !<br />

Le <strong>Népal</strong> impose à ses habitants, en saison sèche, des coupures de courant de plus de 16<br />

heures par jour. Où est l’erreur ?<br />

- l’Indien considère le <strong>Népal</strong> comme étant sa propriété. La police indienne traverse la<br />

frontière, l’armée indienne vient y faire des manœuvres. Un roi refuse de faire intervenir<br />

l’armée contre ces révolutionnaires. Il juge que le soulèvement maoïste est un problème<br />

165


intérieur et qu’il est donc du ressort de la police. No problem, ce roi est arrosé de<br />

166<br />

plomb. Et un nouve<strong>au</strong> roi, à la solde du Bhaarat, lui, envoie l’armée, une armée qui, du<br />

jour <strong>au</strong> lendemain, se trouve entièrement équipée par l’Inde, <strong>les</strong> U.S.A. de monsieur<br />

Bush et par quelques pays qui gravitent dans le sillage de ce pays, dont la lamentable<br />

Angleterre. Et ces pays et leurs habitants bêlent en chœur que <strong>les</strong> maoïstes sont de<br />

méchants terroristes qui viennent perturber le bon équilibre du sud-est asiatique.<br />

Etonnants pays qui, sans pudeur, dans <strong>les</strong> minutes qui suivent <strong>les</strong> résultats d’une<br />

élection, suppriment le qualificatif terroriste, <strong>les</strong> maoïstes devenant soudain des<br />

interlocuteurs acceptab<strong>les</strong> !<br />

Imaginons, pour le plus grand bien des <strong>Népal</strong>ais, pour l’<strong>au</strong>tonomie réelle de leur pays,<br />

quelques manifestations de trekkeurs dans <strong>les</strong> rues de Katmandu, devant l’Ambassade de<br />

l’Inde, criant des slogans du type :<br />

Free <strong>Népal</strong>.<br />

En quelques mois l’Inde changerait peut-être ses façons d’agir. Le touriste, le trekkeur,<br />

qui n’est pas aimé du <strong>Népal</strong>ais lambda, deviendrait soudain un allié, un ami du peuple<br />

népalais. Il perdrait son image de riche visiteur venant d’un des pays abritant <strong>les</strong> nantis<br />

de la Terre pour simplement, à coûts réduits, visiter, tourister, c'est-à-dire pour prélever,<br />

prendre ou, <strong>au</strong> mieux, acheter.<br />

La c<strong>au</strong>se népalaise qui intéresse vingt-cinq millions de p<strong>au</strong>vres népalais, v<strong>au</strong>t bien la<br />

c<strong>au</strong>se tibétaine qui ne touche que cinq à six millions de personnes. Le problème népalais<br />

qui se pose <strong>au</strong> quotidien, v<strong>au</strong>t bien celui du peuple tibétain qui s’est posé dans<br />

l’indifférence internationale en 1950 et ne sera pas résolu par <strong>les</strong> cris de quelques<br />

rêveurs manipulés. Le peuple tibétain a perdu sa <strong>guerre</strong> en 1950 quand le pays a été<br />

envahi par la Chine, le peuple népalais peut encore gagner la sienne. Le peuple tibétain a<br />

certes perdu son <strong>au</strong>tonomie religieuse, mais qu’était <strong>au</strong> regard d’un athée lucide –la<br />

majorité des Occident<strong>au</strong>x- cette <strong>au</strong>tonomie religieuse ? Un simple asservissement<br />

moyenâgeux. Il reste que le Tibet n’est plus, depuis longtemps, un pays p<strong>au</strong>vre, le<br />

<strong>Népal</strong>, <strong>au</strong>jourd’hui, en 2009 est encore le pays le plus p<strong>au</strong>vre d’Asie. L’Occidental ne<br />

166


voit rien, ou il braille des slogans qui ont <strong>sur</strong> le peuple chinois <strong>au</strong>tant d’effet qu’une<br />

167<br />

messe <strong>au</strong> sommet du Mont Blanc pour faire maigrir la Joconde.<br />

Quelle est l’attitude du peuple indien envers le peuple <strong>Népal</strong>ais ? Je ne parle pas des<br />

rapports entre Naxalites indiens et maoïstes népalais qui ont ensemble <strong>les</strong> rapports créés<br />

par des combats ayant le même but, je parle des rapports entre <strong>les</strong> individus. Tout est<br />

dans le dicton moqueur, que j’ai déjà cité, qui reflète la mentalité profonde de l’Indien :<br />

Un Indien mort arrive toujours à couillonner un <strong>Népal</strong>ais vivant.<br />

Observez le comportement des Indiens <strong>sur</strong> <strong>les</strong> chemins de trekking, observez <strong>les</strong> Indians<br />

dans <strong>les</strong> supermarchés, dans <strong>les</strong> hôtels de Katmandu ! Les Indiens sont chez eux <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>. Les <strong>Népal</strong>ais, eux, ont des attitudes différentes :<br />

- certains ont partie liée avec l’Inde, <strong>les</strong> dirigeants du parti <strong>Népal</strong>i Congres sont,<br />

évidemment, de ceux-là : ils sont déférents.<br />

- d’<strong>au</strong>tres, désabusés (ou soumis <strong>au</strong> fatalisme asiatique) se disent être contre le laisser<br />

faire de l’Inde mais acceptent sa domination <strong>au</strong> motif que sans l’aide de l’Inde le <strong>Népal</strong><br />

est en faillite.<br />

- mais d’<strong>au</strong>tres s’in<strong>sur</strong>gent contre cette mainmise de l’Inde <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>. Les membres du<br />

parti communiste Union Marxiste Leniniste, l’U.M.L, étaient de ceux-là avant qu’ils ne<br />

soient <strong>au</strong> pouvoir, <strong>les</strong> maoïstes l’ont été fermement et le sont toujours. D’une manière<br />

générale <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous-Dalits... sont contre l’Inde.<br />

On ne peut parler de l’attitude des <strong>Népal</strong>ais envers l’Inde sans parler de celle des<br />

Madeshis, habitants du riche Teraï oriental. Ces Madeshis parlent de fédéralisme, en<br />

réalité ils veulent One Madesh one desh (desh : pays) ou tirer le maximum des deux<br />

pays. Mais malgré leurs dires ils sont plus près de l’Inde que du <strong>Népal</strong>. Origine<br />

ethnique, religion pratiquée, présence de castes, géographie du pays, climat .... <strong>Sig</strong>ne<br />

caractéristique développé plus loin : le premier Vice-président de la première<br />

République népalaise, un Madesh, prononce son discours d’investiture en Maïthilihindi<br />

! Les gens de caste des deux pays ne diffèrent que par leur nom, dans le Teraï <strong>les</strong><br />

membres de la caste des prêtres se nomment brahmanes comme en Inde et non Bahuns<br />

comme <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

167


INFLUENCE DE LA CHINE<br />

La Chine ! Autre immense et puissant pays et complexe pays. Un pays qui s’est éveillé.<br />

168<br />

Certainement le pays qui, prochainement, va dominer économiquement tous <strong>les</strong> pays de<br />

la Terre. Qui, s’il le veut, <strong>les</strong> dominera militairement. Qui inspirera <strong>les</strong> modes, <strong>les</strong> goûts,<br />

<strong>les</strong> discours, <strong>les</strong> raisonnements et <strong>les</strong> théories des moutons de Panurge occident<strong>au</strong>x des<br />

générations à venir. Oublié Buddha. Confucius : Ah !<br />

Ce pays démontre actuellement qu’il existe en politique une <strong>au</strong>tre voie que celle du<br />

capitalisme-mondialiste occidental : celle d’un étonnant capitalisme-mondialiste<br />

imaginé, appliqué, dirigé, contrôlé par une oligarchie constituée de dirigeants s’intitulant<br />

communistes défendus par l’armée nationale. Mais peut-être le communisme doit-il<br />

passer par ce chemin ! Ou : mais peut-être le capitalisme doit-il ainsi se terminer !<br />

La Chine, un temps, a fécondé l’enthousiasme de Français dont <strong>les</strong> leaders intellectuels<br />

se nommaient Glucksmann et Sollers... (D’<strong>au</strong>tres, bien avant eux, avaient, de la même<br />

manière, encensé un <strong>au</strong>tre pays dirigé par un génial Père du peuple). Béatement, dans la<br />

tradition des stupides admirations-soumissions-acceptations, ils ont salué <strong>les</strong><br />

interventions successives du génial Timonier inspirateur du Grand bond en avant...<br />

Avant de réaliser qu’après le Grand bon en avant il y avait un grand boum en arrière.<br />

Celui qui, par exemple, amena une grande famine. Mais ne répétons pas <strong>les</strong> on-dit, seule<br />

l’histoire pourra dire vraiment si le noir était vraiment <strong>au</strong>ssi noir et s’il n’y avait que du<br />

noir.<br />

Comparaisons Chine pays Occident<strong>au</strong>x. La Chine, c’est d’abord, tout simplement, une<br />

vieille civilisation, des vieil<strong>les</strong> inventions, des méthodes, des valeurs, bien différentes<br />

des nôtres. Malr<strong>au</strong>x fait dire à Mao Zedong :<br />

La Chine a découvert la liberté. Ce n’est pas celle de l’Amérique voilà tout... Si nous parlions de la<br />

liberté à l’homme de la rue... il ne nous comprendrait certainement pas. La raison pour laquelle <strong>les</strong><br />

Chinois n’attachent en réalité <strong>au</strong>cune espèce d’importance à la liberté, c’est que le mot même qui la<br />

désigne est d’importation récente en Chine... La révolution a libéré la femme de son mari, le fils de<br />

son père, le fermier de son seigneur. Mais <strong>au</strong> bénéfice d’une collectivité. L’individualisme à<br />

l’Occidentale n’a pas de racines dans <strong>les</strong> masses chinoises.<br />

168


169<br />

A cela on peut rétorquer que c’est quand même l’individualisme qui a inspiré le<br />

mouvement de révolte des intellectuels chinois et la réplique des Cents-fleurs !<br />

Mouvement des Cents-fleurs :<br />

(Qui) a détruit une fois pour toutes l’illusion libérale (mot souligné par moi.) qui avait permis <strong>au</strong>x<br />

premières années du régime d’être une période d’enthousiasme et de dynamisme intense.<br />

Tiré du livre de Simon Leys, Les habits neufs du Président Mao.<br />

Mais, personnellement, je me méfie du mot libéral qui ne s’applique qu’à une petite mais<br />

bavarde et exigeante fraction des membres d’une société qui parle h<strong>au</strong>t et fort pour<br />

imposer ses désirs mais oublie la grande masse silencieuse des p<strong>au</strong>vres. Il reste que la<br />

Chine est l’énorme puissance qui, actuellement (début du XXIème siècle) se dresse,<br />

dynamique, face à une Europe et des E.U. d’Amérique, fatigués et déclinants. Europe et<br />

E.U. d’Amérique qui guerroient <strong>au</strong>tour de ce colosse chinois pour conserver leur<br />

domination diplomatique, économique, par le militaire. Tout cela en jouant <strong>les</strong> durs et<br />

<strong>les</strong> purs, c'est-à-dire <strong>les</strong> démocrates. Mais leur jeu de jambes est fatigué, bien des choses<br />

conduisent à penser que la Chine sortira vainqueur de ce combat qui va modifier <strong>les</strong><br />

équilibres géopolitiques et économiques de la Terre. La Chine a le nombre et le<br />

dynamisme pour elle. De Mao Zedong :<br />

L’impérialisme rassemble six cents millions d’hommes. Les pays sous-développés socialistes et<br />

communistes, deux milliards.<br />

Au temps où cela a été dit.<br />

Nous verrons que l’attitude de l’Occident et de l’Inde contre le mammouth chinois a une<br />

influence <strong>sur</strong> la politique du <strong>Népal</strong>. Influence exécrable, bien peu démocratique.<br />

CHINE COLONIALISTE.<br />

OCCIDENT MORALISATEUR<br />

La Chine a envahi le Tibet, a détruit son équilibre social et religieux et lui a imposé ses lois. Elle a<br />

utilisé pour cela <strong>les</strong> méthodes classiques des grands colonisateurs peu soucieux des règ<strong>les</strong><br />

démocratiques Honte <strong>sur</strong> elle. Cela se passait dans <strong>les</strong> années 1950. Mais que faisions-nous,-nous,<br />

donneurs de leçons, dans ces années là en Indochine puis en Afrique du Nord ? Nous utilisions des<br />

méthodes démocratiques pour conserver nos colonies ? Aucun Occidental ne s’est, en ces temps là,<br />

169


in<strong>sur</strong>gé contre cette colonisation parce que nous étions semblab<strong>les</strong> à la Chine. L’indignation est<br />

venue après. Pourquoi ? Qui ne le sait, ne le devine ?<br />

170<br />

Chine, Inde, quel est le meilleur ? Si l’on en croît la théorie d’Emmanuel Todd selon<br />

laquelle un faible t<strong>au</strong>x de fécondité et un t<strong>au</strong>x d’alphabétisation élevé conduisent –ou<br />

sont <strong>les</strong> indices- d’une gestion démocratique d’un pays, la Chine est en meilleure<br />

position que l’Inde <strong>sur</strong> le chemin de la démocratie. Todd indique :<br />

En Chine le t<strong>au</strong>x d’alphabétisation est passé de 60 % en 1980 à 85 % en 2001, alors que le t<strong>au</strong>x de<br />

fécondation est passé de 2,3 en 1981 à 1,8 en 2001.<br />

Si on parle politique, on remarque du côté indien un pays où <strong>les</strong> gens de castes –de<br />

l’hindouisme- sont toujours puissants, de l’<strong>au</strong>tre un curieux mélange de gestion libérale<br />

et de dictature politique. Je me garderai d’affirmer que le régime politique chinois est le<br />

meilleur, le ridicule de Gluksman, de Sollers et de quelques intellectuels de leur temps a<br />

suffi. La Chine n’est certainement pas un paradis –<strong>les</strong> révoltes qui secouent ce pays<br />

régulièrement sont là pour le démontrer- Je suggère toutefois qu’il f<strong>au</strong>t atténuer notre<br />

jugement critique <strong>sur</strong> son régime qui est peut être moins noir que celui décrit par<br />

certaines propagandes inspirées par la coalition des pays occident<strong>au</strong>x. Propagandes<br />

financées par <strong>les</strong> Intelligences que l’on devine et qui ont donné lieu <strong>au</strong>x gentillettes mais<br />

inefficaces manifestations se déroulant sous <strong>les</strong> bannières :<br />

Free Tibet...<br />

La Chine est <strong>au</strong>ssi en matière de limitation des armes nucléaires bien mieux inspirée que<br />

la France et évidemment <strong>les</strong> U.S.A. Du Général Etienne Copel dans La Revue, numéro<br />

d’avril 2010 :<br />

Son arsenal atomique équiv<strong>au</strong>t à peine à la moitié de celui de la France... La Chine a signé le traité<br />

<strong>sur</strong> la non prolifération des armes nucléaires –T.N.P. , elle s’engage à ne jamais être la première à<br />

utiliser des armes nucléaires, à <strong>au</strong>cun moment et en <strong>au</strong>cune circonstance.<br />

L’Inde, la France, n’ont pas signé ce T.N.P. !<br />

De plus, <strong>les</strong> historiens affirment que la Chine n’a jamais été un pays militariste. Bien que<br />

<strong>les</strong> discours actuels prétendent le contraire ! N’est-elle pas présentée comme un ogre !<br />

Quoiqu’il en soit, <strong>au</strong> vu des faits, on peut conclure <strong>au</strong>jourd’hui qu’il existe d’un côté un<br />

bloc occidental déclinant, alors que de l’<strong>au</strong>tre côté se dresse un bloc chinois en pleine<br />

170


expansion. L’U.R.S.S. ayant déposé son bilan, <strong>les</strong> U.S.A., son fidèle bouledogue semi-<br />

castré l’Angleterre, et l’Europe flageolante, ont reporté leur vindicte <strong>sur</strong> le seul pays qui<br />

peut leur faire de la concurrence, en Asie mais <strong>au</strong>ssi en Afrique et même partout dans le<br />

monde. Ils font donc croire à tous que ce pays a de longues dents. En Asie se pose la<br />

question : dans quels camps vont tomber des pays comme le Pakistan, l’Afghanistan... et<br />

171<br />

notre <strong>Népal</strong> ?<br />

Le résultat de tout cela est un éveil de la Chine militaire. La télévision tibéto-chinoise<br />

visible à Katmandu, montre, depuis peu, <strong>les</strong> défilés de troupes et d’engins de combat<br />

chinois : alignements centimétriques des troupes et des véhicu<strong>les</strong>, le spectacle est<br />

grandiose pour qui aime le saccadé et <strong>les</strong> couleurs verdâtres.et inquiétant pour qui aime<br />

la paix. F<strong>au</strong>t-il penser que la Chine est <strong>au</strong>jourd’hui entrée dans la course militaire ?<br />

Poussée par <strong>les</strong> fanfaronnades du matamore monsieur Bush (demain par l’inconsistance<br />

de monsieur Obama ?) et ses méthodes fort peu démocratiques, déclaration de <strong>guerre</strong><br />

injustifiée, tortures de prisonniers..., stupide volonté de posséder des armements pour<br />

films de science fiction...<br />

Chine Tibet. La Chine a réglé son millénaire problème tibétain en envahissant ce pays,<br />

en l’occupant et en le vassalisant d’une manière tout a fait identique à celle qu’ont utilisé<br />

<strong>les</strong> pays européens, dont le nôtre, pour annexer, puis tenter de conserver leurs colonies.<br />

Dans le cas de la Chine <strong>au</strong> Tibet : conquête par <strong>les</strong> armes, imposition de la bure<strong>au</strong>cratie<br />

communiste, de la culture –mais <strong>au</strong>ssi de l’efficacité- chinoise, écrasement de l’église<br />

bouddhiste <strong>au</strong> pouvoir, emprisonnements arbitraires... L’absence de démocratie en Chine<br />

est l’argument qu’utilise l’Occidental naïf pour combattre ce pays. Il est vrai que<br />

l’invasion du Tibet a fourni de nombreux arguments supplémentaires <strong>au</strong>x Occident<strong>au</strong>x<br />

désirant déconsidérer la Chine. Mais quel est l’Occidental, le média occidental, le<br />

politique occidental qui, ayant admis la détestable invasion chinoise (un milliard<br />

d’individus contre quelques six millions) réfléchit et, considérant que la Chine a envahi<br />

le Tibet en 1950, pose <strong>les</strong> questions :<br />

- Quel était l’état des noirs des Etats Unis. d’Amérique à cette date ? Qu’était le<br />

K.K.K. ?<br />

171


- Qu’allait faire quelques années plus tard, en Indochine, l’armée de ces E.U. pays<br />

démocratique? Le mot napalm a été vite oublié, et <strong>les</strong> meurtres et <strong>les</strong> morts parmi la<br />

population <strong>civile</strong>...<br />

172<br />

- Dans quelle <strong>guerre</strong> la France était-elle engagée <strong>au</strong> moment où la Chine envahissait<br />

le Tibet ? Que faisait-elle en Indochine puis en en Algérie ? Quels moyens utilisaitelle<br />

? Utilisait-elle toujours des méthodes démocratiques ? Des méthodes nondémocratiques<br />

? La torture ? Tortures ? Vous avez dit : tortures ?<br />

Plus récemment :<br />

- Qu’a fait l’armée de l’adjudant Bush en Irak ?<br />

Aujourd’hui :<br />

- Que font <strong>les</strong> armées de monsieur Obama, <strong>les</strong> troupes de monsieur le Président<br />

Sarkosy,... en Afghanistan ?<br />

- Quelle attitude a la France avec certains pays d’Afrique (N fois plus peuplés que le<br />

Tibet) ou du Golfe, qui ont des structures féoda<strong>les</strong>, dont <strong>les</strong> dirigeants se conduisent en<br />

<strong>au</strong>tocrates s<strong>au</strong>vages avides de pouvoir et d’argent... ? Elle entretient <strong>les</strong> meilleures<br />

relations avec ces pays, <strong>sur</strong>tout s’ils lui vendent des barils de pétrole.<br />

Les Occident<strong>au</strong>x, <strong>les</strong> Français, devraient se souvenir des nombreux proverbes <strong>sur</strong> la<br />

critique que l’on formule <strong>sur</strong> <strong>les</strong> imperfections d’un voisin alors que l’on est affublé des<br />

mêmes mais qui sont d’une taille cent fois plus grande.<br />

Relations Chine Inde. Ces deux pays, par le Tibet, ont des frontières communes dont<br />

celle du Ladhak, el<strong>les</strong> sont en compétition. Ces deux pays se sont battus pour leur tracé.<br />

Dans une courte <strong>guerre</strong>, l’Inde a été vaincue, mais <strong>les</strong> Chinois vainqueurs ne sont pas<br />

restés <strong>sur</strong> leur position, ils ont reculé et sont revenus à leur position de départ. Exemple<br />

rare, peut-être unique, de guerriers victorieux n’exploitant pas leur victoire.<br />

La Chine et l’Inde enveloppent le <strong>Népal</strong>. Ces deux grandes puissances de l’Asie ont des<br />

régimes différents. Et ils ont des alliés différents. La Chine a peu d’alliés, elle n’en a pas<br />

<strong>au</strong>tour des U.S.A. Depuis le fiasco économique de l’U.R.S.S. Cuba est-il devenu un allié<br />

de la Chine ? Le bloc occidental dirigé par <strong>les</strong> U.S.A. se fabrique des alliés <strong>au</strong>tour de la<br />

172


Chine, militairement s’il le f<strong>au</strong>t. Dans quel camp le <strong>Népal</strong> tombera-t-il ? Dans le camp<br />

occidental ou dans le camp chinois ? Le <strong>Népal</strong> est géographiquement,<br />

173<br />

démographiquement, économiquement, politiquement, religieusement, dans la zone<br />

d’influence de l’Inde :<br />

- absence de frontières naturel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> plaines du Teraï,<br />

- même religion, même culture, langues ayant pour origine le sanscrit-dévanagari,<br />

- même origine ethnique indo-aryenne des dirigeants. Au <strong>Népal</strong>, seuls <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x<br />

Pahadis, habitant des collines, et <strong>les</strong> Bothes, habitants des piémonts himalayens, sont<br />

culturellement et religieusement proches des Tibétains devenus Chinois. Ces Pahadis et<br />

Bothes ne sont toutefois pas nombreux et, bien que d’origine nordique, ils se sont, <strong>au</strong><br />

cours des sièc<strong>les</strong>, fortement hindouisés.<br />

Pourtant, c’est vers la Chine que se tournent <strong>les</strong> regards de la plus grande partie du<br />

peuple népalais. Les cadavres séparant <strong>les</strong> deux pays sont froids. Ils datent du temps où<br />

le <strong>Népal</strong> et la Chine se sont battus, c’était dans <strong>les</strong> années 1800, lorsque l’armée du roi<br />

Prithvi Narayan a envahi le Tibet ! Ce pays, en effet, a alors appelé la Chine pour qu’elle<br />

vienne à son secours. Face à l’armée chinoise <strong>les</strong> népalais se sont retirés.<br />

L’attitude de la Chine avec le <strong>Népal</strong>, n’est pas si simple qu’il est dit par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x.<br />

Il f<strong>au</strong>t d’abord rejeter l’affirmation de ces Occident<strong>au</strong>x qui prétendent :<br />

- que la Chine veut annexer le <strong>Népal</strong>.<br />

- que la Chine a soutenu et continue de soutenir le mouvement maoïste népalais.<br />

- qu’elle s’est opposée <strong>au</strong> pouvoir népalais qui combattait <strong>les</strong> maoïstes et qu’elle a fourni<br />

des armes <strong>au</strong>x rebel<strong>les</strong>.<br />

Si le <strong>Népal</strong> tombe tout cuit dans le bec de la Chine elle le gobera certainement. Mais elle<br />

ne fera rien, <strong>sur</strong>tout militairement, pour l’annexer. Combien de trekkeurs s’imaginent<br />

que le mouvement maoïste a été aidé par <strong>les</strong> Chinois ! Refrain :<br />

C’est la Chine qui leur a procuré des armes.<br />

Le mot maoïste fait penser que <strong>les</strong> révolutionnaires népalais ont trouvé, dans la Chine<br />

des successeurs de Mao Zedong, un allié puissant. Cela est f<strong>au</strong>x. Au contraire. Quelle a<br />

été l’attitude de la Chine avec l’in<strong>sur</strong>rection maoïste népalaise ? Quand Pushpa Kamal<br />

Dahal-Prachanda, le leader maoïste népalais a été élu secrétaire général de son parti il a<br />

173


174<br />

reçu des lettres de félicitations des leaders des partis communistes de différents pays, en<br />

a-t-il reçu de la Chine ? Plus sérieux, quand <strong>les</strong> membres de la coalition : Inde, U.S.A,<br />

Angleterre…, se rendant compte de la défaite des forces de l’ordre népalaises face à la<br />

People Libération Army maoïste, ont brutalement arrêté leur aide <strong>au</strong> roi Gyanendra<br />

By ten, King Gyanendra had befriended Beijing, and China delivered the first lot of military<br />

hardware to the Royal Nepal Army on November 22. The arms and weapons were brought into<br />

Nepal in 18 trucks via Kodari Higway (Arnico Highway ou Route du Tibet) that links Kathmandu<br />

with China’s Tibet.<br />

Pourtant des trekkeurs croient encore que la Chine a aidé l’in<strong>sur</strong>rection maoïste ou<br />

qu’elle l’a même inspirée. Il n’en est rien.<br />

The Chinese government also supported King Gyanendra by stating that the coup was an internal<br />

affair. A. Roy.<br />

Où est la belle phrase, prêtée à Mao Zedong, et que Malr<strong>au</strong>x cite dans ses Antimémoires.<br />

La Chine viendra en aide à tous <strong>les</strong> pays opprimés qui lutteront pour leur libération.<br />

La Chine n’a pas aidé <strong>les</strong> maoïstes népalais. Le mouvement maoïste est un<br />

mouvement interne <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, il n’a reçu <strong>au</strong>cune arme, <strong>au</strong>cune assistance militaire.<br />

Si cela s’était produit l’O.N.U., Amnesty International, l’<strong>au</strong>raient signalé. Le<br />

mouvement maoïste a-t-il reçu des fonds secrets ? L’histoire nous l’apprendra. La Chine,<br />

non seulement n’est pas intervenue dans l’in<strong>sur</strong>rection népalaise, mais elle s’est placée<br />

dans le camp des Indo-Anglo-Saxons et du roi du <strong>Népal</strong>. Pour ne pas froisser la<br />

susceptibilité de l’Inde ? Parce qu’elle veut que le monde occidental la considère<br />

désormais comme un pays loin de sa révolution, un pays apaisé ? Parce qu’elle ne veut<br />

pas que l’on dise qu’après le Tibet elle veut boulotter le <strong>Népal</strong> ?<br />

Quoiqu’il en soit <strong>les</strong> trekkeurs-moutons de Panurge, continuent de m<strong>au</strong>dire <strong>les</strong> Chinois.<br />

Ils crient, mais avec moins de force semble-t-il :<br />

-Méchante Chine. Tibet libre.<br />

Mais ces <strong>mots</strong> devraient rapidement être remplacés par d’<strong>au</strong>tres, ou par le silence, avec<br />

la demi-faillite des U.S.A. qui va entraîner la diminution des crédits dont disposera,<br />

désormais, son organisme Intelligent qui disposait jusque là de vastes budgets de<br />

174


propagande. Cette Intelligence utilisait <strong>les</strong> moyens que l’on sait pour influencer des<br />

175<br />

contestataires en mal de contestation des pays occident<strong>au</strong>x. Ces gentils brailleurs, ces<br />

ridicu<strong>les</strong> poseurs de pancartes <strong>au</strong> pied des sommets himalayens vont se calmer quand ils<br />

vont observer la montée en puissance économique de la Chine.<br />

Le <strong>Népal</strong> reste donc (2010) dans la zone d’influence –euphémisme- de l’Inde. Le <strong>Népal</strong><br />

peut-il un jour tomber dans la zone d’influence chinoise ? La grande majorité des<br />

<strong>Népal</strong>ais, s<strong>au</strong>f ceux du Madesh, le souhaite qui haïssent <strong>les</strong> Indiens, qui voient que grâce<br />

<strong>au</strong>x Chinois le Tibet a secoué ses structures médiéva<strong>les</strong>, a rejeté l’inertie dans laquelle le<br />

plongeait la détestable politique de frontières fermées que pratiquaient ses dirigeants, le<br />

régime théocratique et féodal du Dalaï Lama avant que ce dernier ne change lui <strong>au</strong>ssi de<br />

vêtements. Les <strong>Népal</strong>ais envient <strong>les</strong> trav<strong>au</strong>x que <strong>les</strong> Chinois ont réalisés dans ce pays. Un<br />

sardar de retour de Lhassa :<br />

Lhassa, de larges avenues, des be<strong>au</strong>x immeub<strong>les</strong> !<br />

Les <strong>Népal</strong>ais voient <strong>au</strong>ssi dans la Chine le pays qui a la croissance économique la plus<br />

forte, le pays qui suit un chemin qui va le conduire à devenir économiquement le<br />

premier pays du monde. Pour <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais, la Chine est le pays qui a gagné la <strong>guerre</strong><br />

économique contre l’Occident, contre le capitalisme occidental, japonais, indien Et qui<br />

se dresse contre la domination de ce monde occidental qu’ils aiment peu.<br />

Les <strong>Népal</strong>ais de tous <strong>les</strong> partis se plient <strong>au</strong>x demandes chinoises. Ils ferment, <strong>au</strong>x<br />

Tibétains qui tentent d’émigrer <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ou à Daramsala, le chemin du col Niangpala.<br />

Ils suppriment l’<strong>au</strong>torisation accordée <strong>au</strong>x bouddhistes Gélugpa (dont le chef est le<br />

Dalaï Lama) d’avoir un bure<strong>au</strong> à Katmandu. Ils matraquent <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais –financés par<br />

qui ?- qui manifestent dans <strong>les</strong> rues de Katmandu pour un Tibet libre...<br />

Quelle est la position des partis politiques népalais vis à vis de la Chine ?<br />

- Le parti <strong>Népal</strong>i Congress n’est pas hostile à un rapprochement économique avec ce<br />

pays mais il reste fermement pro-indien.<br />

- Le parti U.M.L. est favorable à des relations commercia<strong>les</strong> avec la Chine. D’une part<br />

el<strong>les</strong> permettent de diminuer <strong>les</strong> trop fortes contraintes imposées <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> par l’Inde,<br />

175


d’<strong>au</strong>tre part, quand il est <strong>au</strong> pouvoir, parce qu’el<strong>les</strong> montrent <strong>au</strong>x maoïstes qu’eux <strong>au</strong>ssi<br />

ont des relations privilégiées avec ce pays<br />

- Pour le parti communiste maoïste, une aide chinoise forte permettrait de s’affranchir de<br />

l’Inde, ou du moins de diminuer son influence. Ce qui entraînerait la diminution des<br />

pouvoirs des gens de caste qui dominent encore l’économie et la politique népalaise.<br />

Enfin, en se plaçant dans le clan chinois <strong>les</strong> Maoïstes népalais démontreraient la justesse<br />

de l’appellation qu’ils ont donnée à leur mouvement révolutionnaire. Mais si un<br />

rapprochement <strong>Népal</strong> Chine se réalisait se poserait le problème de la distance entre la<br />

frontière chinoise et Katmandu. Distance qui alourdirait <strong>les</strong> prix, ceux des produits<br />

pétroliers en particulier.<br />

176<br />

Des trekkeurs sont en constante recherche de folklore, de spiritualités asiatiques, leur<br />

jugement en est influencé. Ils sont également influencés par leurs médias atteints de<br />

sinistrose chronique. Dix ans de cris : Tibet free nous l’ont appris. Quels va être leur<br />

réaction, quand ils vont découvrir que <strong>les</strong> grands f<strong>au</strong>tifs du réch<strong>au</strong>ffement de la planète,<br />

si celui-ci n’est pas dû à un changement des radiations solaires, sont <strong>les</strong> grands pays<br />

émetteurs de Carbonne, soit :<br />

- <strong>les</strong> U.S.A. par déb<strong>au</strong>che de consommation d’énergies fossi<strong>les</strong>,<br />

- la Chine et l’Inde parce que ces pays utilisent encore le charbon pour produire leur<br />

énergie électrique. Parions que dans quelques années -dans quelques mois ?- la presse<br />

occidentale, oubliant de citer <strong>les</strong> U.S.A. et l’Inde, va s’acharner <strong>sur</strong> cette Chine, qui<br />

décidément n’apporte que des nuisances à l’humanité.<br />

Dans un <strong>au</strong>tre domaine, parions <strong>au</strong>ssi que l’on verra bientôt de nombreux trekkeurs<br />

agiter <strong>au</strong> Tibet ou à Katmandu des panne<strong>au</strong>x indiquant de nouvel<strong>les</strong> critiques contre la<br />

Chine. Ce pays ne rêve-t-il pas d’imposer à la Bourgogne, à la plaine de Borde<strong>au</strong>x, <strong>au</strong><br />

Languedoc et <strong>au</strong> Roussillon, <strong>au</strong>x collines d’Alsace... l’application d’un drape<strong>au</strong> rouge à<br />

f<strong>au</strong>cille et marte<strong>au</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> étiquettes de ses vins. On lit en effet dans un hebdomadaire<br />

népalais :<br />

176


Les Chinois commencent à produire du vin. Ils parlent pinot, chardonnays... Dès le départ, ils<br />

raisonnent en milliers d’hectares, en dizaines de millions de bouteil<strong>les</strong>.<br />

M<strong>au</strong>vaise affaire pour <strong>les</strong> vignerons g<strong>au</strong>lois. Les Chinois affirment que dans 30 ans ils<br />

seront <strong>les</strong> premiers producteurs de vin <strong>sur</strong> la Terre. Faillite des vignob<strong>les</strong> français ? Non,<br />

leurs domaines seront rachetés par des chefs du parti unique reconvertis dans une sorte<br />

de nouve<strong>au</strong> gros rouge.<br />

177<br />

Demain ? Que sera-t-il ? Hier, le Président Obama est venu en Asie, il a rendu visite <strong>au</strong>x<br />

dirigeants de l’Empire du milieu et à ceux de La plus grande démocratie de la Terre.<br />

Flé<strong>au</strong> horizontal de la balance ? Hé ! Hé ! Il s’est rendu à Beijing pour une simple visite<br />

mais il a invité en Amérique le Premier ministre Indien actuel dont le costume et la<br />

coiffure séduisent <strong>les</strong> amateurs de folklore et ceux qui font tout pour que <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes<br />

castes et le parti conservateur indien conservent leur suprématie.<br />

Les Chinois s’en moquent, ils se moquent des <strong>mots</strong> communisme, capitalisme,<br />

mondialisme. Les Chinois d’<strong>au</strong>jourd’hui ont le regard fixé <strong>sur</strong> un but : la réussite<br />

économique, commerciale. Les Chinois sont des Asiatiques et <strong>les</strong> Asiatiques sont <strong>les</strong><br />

plus grands commerçants de la Terre. Les Américains <strong>les</strong> ont cherchés, ils <strong>les</strong> ont<br />

trouvés !<br />

COLONISATION.<br />

UN NEPAL INDIEN, UN NEPAL CHINOIS<br />

Imaginons, dans <strong>les</strong> années 1950, le <strong>Népal</strong> victime d’une colonisation.<br />

Imaginons une colonisation brutale comme celle utilisée par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x ou par celle de la Chine<br />

<strong>au</strong> Tibet. La réponse est évidemment complexe. La haine de l’occupant, de la nation colonisatrice,<br />

<strong>au</strong>raient évidemment imprégné <strong>les</strong> pensées et dicté des comportements rancuniers <strong>au</strong>x <strong>Népal</strong>ais un<br />

jour libérés envers ceux qui <strong>les</strong> <strong>au</strong>raient opprimés. Mais le <strong>Népal</strong> <strong>au</strong>rait retiré quelques avantages<br />

de cette occupation. Un <strong>Népal</strong> colonisé <strong>au</strong>rait eu quelques routes, des éco<strong>les</strong>, des hôpit<strong>au</strong>x... (Ceux<br />

que <strong>les</strong> colons <strong>au</strong>raient construits pour eux.). Ils <strong>au</strong>raient eu des techniciens, des gestionnaires<br />

<strong>au</strong>raient été formés. Ils <strong>au</strong>raient acquis des notions scientifiques élémentaires, cel<strong>les</strong> se rapportant à<br />

177


l’hygiène par exemple... Mieux encore, ayant ouvert ses frontières, ses habitants <strong>au</strong>raient appris la<br />

notion de pays de droit.<br />

Imaginons maintenant une colonisation douce : le <strong>Népal</strong> colonisé devenant économiquement,<br />

culturellement, politiquement, militairement, un Etat fédéral du pays colonisateur. On peut voir<br />

plusieurs aspects dans une telle colonisation.<br />

- Imaginons un <strong>Népal</strong> colonisé par l’Inde, la misère <strong>au</strong>rait peu changé dans le <strong>Népal</strong> profond et un<br />

jour ou l’<strong>au</strong>tre le pays <strong>au</strong>rait eu ses Naxalites. L’hindouisme serait resté religion d’état, <strong>les</strong> gens des<br />

h<strong>au</strong>tes castes <strong>au</strong>raient conservé leur pouvoir. La monarchie serait certainement devenue<br />

constitutionnelle. Mais le pays <strong>au</strong>rait certainement eu davantage de routes, d’infrastructures... De<br />

plus il <strong>au</strong>rait eu de meilleurs gestionnaires de son capital touristique, l’Indien étant moins<br />

protectionniste que le <strong>Népal</strong>ais. Enfin, il <strong>au</strong>rait pleinement bénéficié <strong>sur</strong> son sol de l’existence de<br />

nombreux spécialistes : ingénieurs, mathématiciens, juristes, économistes... indiens.<br />

- Imaginons un <strong>Népal</strong> ainsi colonisé par la Chine. N’<strong>au</strong>rait été conservé des principa<strong>les</strong> religions<br />

hindouisme et bouddhisme que l’aspect folklorique susceptible d’attirer le touriste. L’influence des<br />

gens de caste <strong>au</strong>rait été supprimée, <strong>les</strong> membres du parti communiste maoïste népalais se seraient<br />

substitués à eux et <strong>au</strong>raient dirigé le pays. Mais le <strong>Népal</strong> <strong>au</strong>rait bénéficié de la qualification et du<br />

dynamisme des hommes de l’art chinois. Il <strong>au</strong>rait également bénéficié des capit<strong>au</strong>x chinois. Il <strong>au</strong>rait<br />

connu le même essor économique que celui du Tibet. Paradoxalement sous la forme d’une province<br />

chinoise le <strong>Népal</strong> serait peut-être devenu une véritable nation.<br />

INFLUENCE DE LA RUSSIE<br />

L’U.R.S.S. avait construit à Katmandu, <strong>au</strong> temps de sa puissance, une belle Ambassade<br />

protégée par des murs de type forteresse, mais <strong>au</strong>ssi de vastes loc<strong>au</strong>x possédant même<br />

une salle de conférence. Employait-elle comme l’Ambassade des Etats-Unis (voir ci-<br />

dessous) de nombreuses femmes de ménage ? On peut l’imaginer. L’U.R.S.S. a disparu,<br />

la Russie est <strong>au</strong>jourd’hui, <strong>au</strong>x yeux des touristes tout <strong>au</strong> moins, <strong>sur</strong>tout présente dans<br />

l’himalayisme. Les Russes ont effectué de bel<strong>les</strong> ascensions - hélas ! Ils ont choisi <strong>les</strong><br />

178<br />

expéditions de type lourd avec utilisation d’oxygène !- Ils sont <strong>au</strong>ssi présents dans le<br />

transport aérien, la Russie a fourni <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> quelques uns de ses hélicoptères gros<br />

porteurs –dont certains ont d’ailleurs eu des fins peu glorieuses- Sur le plan politique, la<br />

Russie a, elle <strong>au</strong>ssi, soutenu l’ancien régime népalais. Comment <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais perçoiventils<br />

ce pays? Les méthodes qu’ont utilisées <strong>les</strong> dirigeants de l’U.R.S.S. et qui <strong>les</strong> ont<br />

conduits <strong>au</strong> fiasco économique semblent inconnues des <strong>Népal</strong>ais. Aujourd’hui, l’Union<br />

178


Marxiste Leniniste, l’U. M. L. le parti réformiste et le parti communiste maoïste<br />

continuent d’apposer <strong>sur</strong> leurs affiches, <strong>sur</strong> fond de f<strong>au</strong>cille et de marte<strong>au</strong>, à côté de<br />

Engels, Marx, Lénine, le portrait de Staline ! Une influence russe <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> est-elle<br />

réaliste ? Il y a la Chine entre la Russie et le <strong>Népal</strong>.<br />

INFLUENCE DES U.S.A.<br />

Les Etats-Unis d’Amérique possèdent à Katmandu une récente et énorme ambassade.<br />

Voici ce que disent <strong>les</strong> résidents étrangers vivant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> quand ils parlent de<br />

l’Ambassade des Etats-Unis :<br />

179<br />

- Pourquoi l’Ambassade des U.S.A. à Katmandu, est-elle <strong>au</strong>ssi grande ?<br />

- Parce qu’elle abrite un nombreux personnel. Or, qui dit nombreux personnel, dit nombreux<br />

bure<strong>au</strong>x, qui dit nombreux bure<strong>au</strong>x dit nombreuses femmes de ménage. L’Ambassade des U.S.A.<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> est donc grande parce qu’elle abrite de nombreuses femmes de ménage.<br />

Plaisanterie toujours, le <strong>Népal</strong> est un pays entre la Chine-Tibet et l’Inde, ces deux<br />

puissances asiatiques dont l’une est, ou a été, dans la sphère de la Russie et dont l’<strong>au</strong>tre<br />

est la concurrente directe des Etats-Unis en Asie. Cette Chine, quasi seule, elle ne<br />

possède que quelques pays satellites, cherche certainement à étendre son influence en<br />

Asie (/ / à établir avec sa politique en Afrique ?). Mais l’Union States veut <strong>au</strong>ssi dominer<br />

cette région. Or le <strong>Népal</strong> occupe une position stratégique qui intéresse <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t<br />

nive<strong>au</strong> l’Union States. D’où le nombre élevé de barbouzes déguisées en femmes de<br />

ménage qui sont présentes à l’Ambassade des U.S.A.<br />

Sérieux : la présence des U.S.A. n’est plus à démontrer. Elle a joué son rôle dans des<br />

événements népalais. Le plus secret :<br />

Les maoïstes ont déclaré que l’U.S. et l’Inde (C.I.A et R.A.W. Research and Analys Wing) ont<br />

élaboré l’assassinat du roi Birendra et de sa famille. L’armée népalaise étant le bras.<br />

On entend également :<br />

L’armée népalaise en liaison avec l’armée indienne...<br />

Ou :<br />

L’armée indienne seule...<br />

P<strong>au</strong>vres U.S.A. qui rêvent d’être la plus puissante nation guerrière de la Terre -à déf<strong>au</strong>t<br />

d’avoir gagné la <strong>guerre</strong> économique- P<strong>au</strong>vres U.S.A. qui oublient leurs défaites<br />

179


militaires successives : la vieille lutte à côté de Tchang Kaï-Che perdue contre Mao<br />

Zedong, celle d’Indochine, celle de l’Irak ! Celle à venir qui se déroule en Afghanistan ?<br />

180<br />

N’anticipons pas. On parle peu des militaires européens pourtant ils sont certainement<br />

supérieurs à leurs homologues yankees. Ils ont pour eux la modestie de soldats<br />

appartenant à des petites puissances économiques, ensuite la modestie inspirée par <strong>les</strong><br />

nombreuses défaites qu’ils ont connues <strong>au</strong> cours des sièc<strong>les</strong>. Ils doivent sourire quand ils<br />

voient cette armée des U.S.A., la Première de la Terre, qui possède des centaines<br />

d’armes nucléaires, des porte-avions, des fusées en <strong>sur</strong>nombre, une extraordinaire<br />

aviation, une colossale marine, des armes comme on n’en avait jamais vu, se faire<br />

ridiculiser par quelques kamikazes ch<strong>au</strong>ssés de sanda<strong>les</strong>, montés dans de simp<strong>les</strong><br />

berlines bourrées d’explosifs. Certains rétorquent : « Les U.S.A. ont gagné la <strong>guerre</strong> de<br />

1940. » Mais d’<strong>au</strong>tres m<strong>au</strong>vaises langues répliquent :<br />

Elle n’a pas gagné la <strong>guerre</strong>, ce sont ses avions et ses chars d’ass<strong>au</strong>t qui ont fait qu’elle a gagné la<br />

<strong>guerre</strong>. Cela est démontré par ses pertes, elle n’a eu que 300.000 morts, l’Union soviétique en a eu<br />

30.000.000 !<br />

Parce que nous avons le temps et parce qu’il prête à sourire, je cite un <strong>au</strong>tre texte de E.<br />

Todd <strong>sur</strong> <strong>les</strong> militaires américains :<br />

Nous assistons donc <strong>au</strong> développement d’un militarisme théâtral comprenant trois éléments<br />

essentiels :<br />

- ne jamais résoudre définitivement un problème pour justifier l’action militaire indéfinie de<br />

l’ « unique puissance planétaire. »<br />

- se fixer <strong>sur</strong> des micro-puissances. Irak, Iran, Corée du nord, Cuba, etc. La seule façon de rester<br />

politiquement <strong>au</strong> cœur du monde est d’en « affronter » des acteurs mineurs.<br />

- développer des armes nouvel<strong>les</strong> supposées mettre <strong>les</strong> Etats-Unis « loin devant. »<br />

Monsieur Todd a oublié de citer le <strong>Népal</strong>, il est vrai que ce pays occupe bien peu de<br />

place dans <strong>les</strong> sensibilités occidenta<strong>les</strong> et que <strong>les</strong> Etats-Unis ne s’y sont pas battus<br />

directement. De plus, n’exagérons pas ! L’armée américaine a certes équipé <strong>les</strong> forces de<br />

l’ordre de la monarchie népalaise, <strong>les</strong> a conseillé, mais elle ne leur a pas fourni de<br />

bombes <strong>au</strong> Napalm. Or le <strong>Népal</strong> est un pays de forêts, forêts qui abritaient <strong>les</strong> maoïstes :<br />

des bombes <strong>au</strong> napalm pour le <strong>Népal</strong> ça sonnait bien pourtant.<br />

Abandonnons l’humour noir. Revenons à notre problème. Citons Anirban Roy :<br />

The second largest supplier of military assistance Royal <strong>Népal</strong> Army, N.A. is the U.S.<br />

180


181<br />

On May, 7, 2002, Deuba (Premier ministre népalais) meet U.S. President George W Bush. Washing<br />

list after the meeting, Deuba told the press that he had secured a strong vow of support in the battle<br />

against the Maoists during this talk with this President Bush… I am very glad, I am very happy.<br />

President Bush is very much supporter to our campaign against terrorism, and he has as<strong>sur</strong>ed us<br />

will help in many ways.<br />

Plus tard viendra <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, le général Secrétaire d’Etat, Colin Powell. Toujours de<br />

Anirban Roy :<br />

With the spread of the Maoist movement in Nepal, U.S. interest in Nepal begun to grow. On<br />

January, 18, 2003, U.S. Secretary of State Colin Powell flew into Kathmandu, leading a delegation…<br />

Powell meet King Gyanendra, Prime minister Deuba and chief of the Royal Nepal Army General<br />

Prajwolla Shumasher Jung Bahadur Rana. Two months later, a team from de U.S. Pacific<br />

Command was in Nepal. To assist the Royal Nepal Army in intelligence, aviation, logistics and<br />

engineering.<br />

Amnesty International a confirmé:<br />

Les Etats-Unis, ont livré à l’armée du roi, des milliers de fusils.<br />

Que des fusils ? Les soldats U.S. ne se sont pas battus <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> mais ses conseillers<br />

étaient présents. Ils n’ont pas été très efficaces, et <strong>les</strong> armes qu’ils ont fournies n’étaient<br />

pas, non plus, bien efficaces, puisque, ne nous le cachons pas, <strong>les</strong> maoïstes contre<br />

<strong>les</strong>quels ils se battaient ont été victorieux <strong>sur</strong> le terrain, le roi Gyanendra a été défait et<br />

la République a été proclamée.<br />

Quoiqu’il en soit <strong>les</strong> U.S.A. sont toujours présents <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, pays où ils entretiennent de<br />

nombreuses femmes de ménage.<br />

Résumons.<br />

Voici l’in<strong>sur</strong>rection maoïste en ces débuts, voici que commence, grandit, s’épanouit, se<br />

généralise, la <strong>guerre</strong> du peuple. Monsieur Bush, Président des Etats d’Unis d’Amérique<br />

s’empresse de qualifier de terroristes ces révolutionnaires qu’il compare <strong>au</strong>x soldats de<br />

Ben Laden. L’Ambassadeur des U.S.A. est monsieur Moriarty. Il sera en poste pendant<br />

la fin de la <strong>guerre</strong>. Cette excellence est haïe par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais, titre d’un quotidien :<br />

Moriarty persona non gratta.<br />

181


Ce monsieur ne cesse de m<strong>au</strong>dire, de critiquer ces terroristes népalais dans ses<br />

déclarations quasi quotidiennes à la presse, à la radio, à la télévision.<br />

Printemps 2002, <strong>les</strong> dirigeants népalais reprennent ce mot à leur compte :<br />

Les maoïstes sont des terroristes.<br />

Mais sont-ils des terroristes ces Hommes des forêts, ces Jungle manche ? C’est ainsi que<br />

se baptisent <strong>les</strong> in<strong>sur</strong>gés népalais. On lit qu’ils se seraient nommés également : Pieds nus<br />

Kali Kouta. Or ces <strong>mots</strong> Pieds nus me plaisent car ils me font penser <strong>au</strong>x Va nu pieds<br />

superbes de Victor Hugo. Va nus pieds qui ont gagné la <strong>guerre</strong> contre <strong>les</strong> forces de<br />

l’ordre d’alors : <strong>les</strong> armées des pays monarchistes voisins, comprenant <strong>les</strong> émigrés qui<br />

avaient perdu leur pouvoir et leurs privilèges.<br />

Le <strong>Népal</strong> est-il un Etat voyou, un Rogue State abritant des terroristes ? Prachanda-<br />

Pushpa Kamal Dahal est-il comparable à Ben Laden ? A Sadam Hussein ? Le mot<br />

Terreur qualifie la période qui a suivi la révolution française de 1789 mais nos Sans-<br />

culottes étaient-ils des terroristes ? Certes ils étaient violents ! De Révolution Consulat<br />

Empire de Biard, Bourdin, Marzagalli :<br />

La prise de la Bastille marque <strong>les</strong> esprits par <strong>les</strong> violences populaires qui l’accompagnent.<br />

Les allemands qualifiaient <strong>au</strong>ssi de Terroristes nos maquisards, pour la plus grande fierté<br />

182<br />

de ceux-ci dans la France occupée, pour leur plus grande gloire dans la France libérée.<br />

Mais ce qualificatif, <strong>les</strong> maoïstes népalais ne l’ont gardé que pendant la durée de la<br />

<strong>guerre</strong>. Il a suffi qu’<strong>au</strong>x élections de 2006 ils obtiennent le plus fort pourcentage de voix<br />

pour que, brutalement, le nouvel Ambassadeur des U.S.A. <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> décrète que <strong>les</strong><br />

maoïstes n’étaient plus des terroristes. Voici un bel exemple d’absence de pudeur ? Mais<br />

non, la honte en diplomatie... ! Personnellement, j’ai trouvé haïssable l’utilisation de ce<br />

mot terroriste pour qualifier des misérab<strong>les</strong> en lutte contre un régime féodal et une<br />

puissante aristocratie qui étaient <strong>les</strong> c<strong>au</strong>ses de l’intense misère qui sévissait dans leur<br />

pays.<br />

Les gouvernants indiens, eux, avaient (ils l’ont encore) un sérieux motif pour lutter<br />

contre <strong>les</strong> maoïstes : la présence <strong>sur</strong> leur sol de Naxalites –des misérab<strong>les</strong> dont nous<br />

avons parlé- qui ont eux <strong>au</strong>ssi lutté et luttent encore sous une bannière portant f<strong>au</strong>cille et<br />

182


marte<strong>au</strong>, contre le pouvoir en place. La réussite de la révolution népalaise n’allait-elle<br />

183<br />

pas stimuler ces Naxalites ? Il leur fallait donc tout faire pour lutter contre <strong>les</strong> maoïstes<br />

népalais. Ce qui a été fait en liaison avec <strong>les</strong> U.S.A. et <strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x, en faisant<br />

accéder le roi Gyanendra <strong>sur</strong> le trône à la place de son frère Birendra par le procédé que<br />

l’on sait et en fournissant des armes et une assistance financière et militaire <strong>au</strong>x forces de<br />

l’ordre népalaises. Ces pays ont tout fait pour soutenir ce monarque dirigeant le pays<br />

d’une manière dictatoriale, antidémocratique et inhumaine. Enfin, l’Inde, <strong>les</strong> U.S.A. et<br />

<strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x ont agit de concert lorsque <strong>les</strong> maoïstes dirigeaient le<br />

gouvernement dans la période qui a suivi la fin de la <strong>guerre</strong>. Nous en parlerons plus loin,<br />

ils ont comploté pour que le Président de la République du <strong>Népal</strong>, un membre du parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres accorde la prédominance du pouvoir militaire <strong>sur</strong> le pouvoir civil. Ils ont<br />

réussi. Les maoïstes n’ont pu que démissionner.<br />

Mais <strong>les</strong> Etats-Unis ont également agi ainsi pour conserver leur position de pays<br />

dominant en Asie, curieux de tout. Curiosité : mot qui inspire <strong>les</strong> espions ? Souvenirs :<br />

<strong>au</strong> cours d’une expédition <strong>sur</strong> un h<strong>au</strong>t sommet de l’Himalaya népalais, le Ministère du<br />

Tourisme ne nous a-t-il pas demandé de vérifier si une précédente expédition américaine<br />

<strong>sur</strong> ce même sommet n’avait pas déposé quelque appareil de détection.<br />

P<strong>au</strong>vres Américains, leurs militaires n’agissent pas toujours d’une manière cohérente ?<br />

D’E. Todd parlant de ces militaires :<br />

Les gesticulations américaines dans le Golfe, <strong>les</strong> attaques contre l’Irak, <strong>les</strong> menaces contre la Corée,<br />

<strong>les</strong> provocations à l’égard de la Chine s’inscrivent toutes dans la stratégie américaine de micro<br />

militarisme théâtral.<br />

Note personnelle : l’économique n’est-il pas derrière le militaire ? Il reste qu’<strong>au</strong> cours de<br />

la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, ces militaires de théâtre ont envoyé des spécialistes <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> :<br />

140 militaires des USA ont en 2003 sillonné <strong>les</strong> collines du pays refuge des maoïstes pour conseiller<br />

l’armée du roi dans sa lutte.<br />

Planquez-vous sourires.<br />

En attendant, l’armée des U.S.A. a fourni des armes, des équipements <strong>au</strong>x forces de<br />

l’ordre, leur pays a financé le régime monarchique <strong>au</strong>tocratique, anti-démocratique par<br />

excellence... Vive la Démocratie façon occidentale !<br />

183


Puis, soudain, <strong>les</strong> Intelligences des Etats-Unis ont compris que :<br />

There was no solution to the People’s war Nepal.<br />

Ah ! Il ne f<strong>au</strong>t pas que j’oublie de le signaler, en 2010 <strong>les</strong> U.S.A. continent d’aider le<br />

184<br />

gouvernement anti-maoïste du <strong>Népal</strong>, celui de monsieur Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, ils lui<br />

remettent de très fortes sommes. Par pure philanthropie ? Evidemment ! Nous en<br />

reparlerons.<br />

INFLUENCE DU JAPON, DE LA COREE DU SUD<br />

ET DES ILES DU PACIFIQUE<br />

La Japon aide be<strong>au</strong>coup le <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong> Japonais sont très appréciés des <strong>Népal</strong>ais. Voici<br />

une anecdote qui le confirme. A quelques kilomètres de Katmandu, un grand terrain<br />

appartenant à un ministère. Sur ce terrain un Occidental construit une petite école : coût<br />

total, environ : 120.000 francs de l’époque. Il reçoit une lettre de remerciements.<br />

Quelques mois plus tard une délégation japonaise de dix personnes vient, en gants blancs<br />

(sic), planter <strong>sur</strong> ce terrain une vingtaine d’arbres de dix centimètres de h<strong>au</strong>teur. Un<br />

ministre est là, une compagnie de policiers rend <strong>les</strong> honneurs, arrose <strong>les</strong> plans, un buffet<br />

copieusement garni abreuve <strong>les</strong> gosiers et remplit <strong>les</strong> estomacs des hommes et des<br />

femmes du Soleil levant. Je me moque, mais le Japon a réalisé de bel<strong>les</strong> choses <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>, dont des routes, alors que la France y brille par sa présence falote et le ridicule du<br />

montant de ses aides...<br />

Comment <strong>les</strong> Japonais perçoivent-ils la montée et la victoire des maoïstes ? Question<br />

stupide, le Japon n’a que faire de la misère des <strong>Népal</strong>ais, le Japon, malgré sa position<br />

géographique, fait partie du bloc occidental, il suit le chef de file du capitalismemondialiste,<br />

<strong>les</strong> U.S.A.<br />

La Nouvelle Zélande est très présente par l’association qu’a créée Hillary. Cette<br />

association finance, fait exécuter, gère, de nombreux trav<strong>au</strong>x : éco<strong>les</strong>, dispensaires ... La<br />

Corée du sud est également très présente <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> et son rôle va certainement aller en<br />

grandissant.<br />

184


INFLUENCE D’ISRAEL<br />

Evidemment, ce pays a, <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, fourni des armes <strong>au</strong>x forces de<br />

l’ordre népalaises, certaines ont été saisies par <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> cours de combats.<br />

INFLUENCE DES PAYS EUROPEENS<br />

185<br />

L’Angleterre a colonisé l’Inde qui comprenait alors le Pakistan et le Bengladesh mais le<br />

<strong>Népal</strong> est resté indépendant. L’Angleterre avait néanmoins un représentant à la Cour des<br />

Rana et un <strong>au</strong>tre à Lhassa. Elle a même obtenu l’<strong>au</strong>torisation d’envoyer des alpinistes <strong>sur</strong><br />

le versant Nord de Chomolunglma-Sagarmatha-Everest. La France n’a eu en Inde que<br />

des comptoirs et c’est sans doute ce qui explique son peu de ferveur –ferveur n’est pas le<br />

mot juste mais il suggère bien des choses et c’est pourquoi je le choisis- pour intervenir<br />

dans <strong>les</strong> affaires népalaises. Peut-on imaginer que la diplomatie européenne respecte<br />

tacitement la règle : l’Asie du sud-est doit rester sous la coupe des Anglo-Saxons ?<br />

La France et la plupart des pays européens ont <strong>au</strong>jourd’hui une Ambassade ou un<br />

consulat à Katmandu. L’Union européenne est également présente, elle a des bure<strong>au</strong>x,<br />

elle finance et dirige des trav<strong>au</strong>x. Ne pensez pas qu’elle supervise des projets à l’échelle<br />

de sa puissance ou de la misère du pays, mais il lui arrive de diriger des réalisations. Par<br />

exemple, elle a été le financier-maître d’ouvrage-concepteur, de trav<strong>au</strong>x annexes de<br />

voierie dans Katmandu : n’a-t-elle pas construit des abris-bus ! Des m<strong>au</strong>vaises langues<br />

ajoutent : « Qui ne sont jamais utilisés ! » Elle a <strong>au</strong>ssi édité un opuscule <strong>sur</strong> lequel<br />

figurent <strong>les</strong> plans des différents quartiers de la ville, <strong>les</strong> noms de ces quartiers, le nom<br />

des rues. Il ne reste plus qu’à créer un véritable système postal, à mettre des plaques à<br />

l’entrée des rues et des numéros <strong>au</strong>x bâtiments. Ne souriez pas, chaque chose en son<br />

temps, et puis il v<strong>au</strong>t mieux construire des abris-bus qui ne servent jamais, éditer des<br />

plans qui sont inuti<strong>les</strong>, qu’équiper une armée et une police qui sont incapab<strong>les</strong> de mâter<br />

une in<strong>sur</strong>rection de va nu pieds même pas célèbres.<br />

Sur le plan diplomatique, l’Europe <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, que nous, petits européen émigrés, rêvons<br />

de voir unie et puissante, continue de n’être qu’un patchwork mal cousu, mal assemblé,<br />

185


idicule trop souvent, inutile <strong>au</strong>x yeux des <strong>Népal</strong>ais. L’Allemagne, le Danemark, la<br />

France, la Suisse... ont une Ambassade dont le siège ressemble à une villa de retraité<br />

cossu. Heureusement ces pays ont un Ambassadeur qui se déplace en voiture à fanion.<br />

La voiture reste, <strong>les</strong> Ambassadeurs passent. Ceux d’Angleterre sont assis <strong>sur</strong> un<br />

strapontin à côté de ceux des U.S.A. Ils tournent le dos à l’Europe. De cette Angleterre<br />

parlons-en.<br />

L’ANGLETERRE<br />

186<br />

P<strong>au</strong>vre pays qui a étonné, inspiré, façonné, imprégné de sa marque <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> de la<br />

Terre. Ce pays n’est <strong>au</strong>jourd’hui plus rien. Il n’est plus un bouledogue, il n’est que le<br />

petit caniche des U.S.A. Au <strong>Népal</strong> plus qu’ailleurs peut-être. La politique extérieure du<br />

Premier ministre Blair (Irak compris) s’est alignée sans un murmure <strong>sur</strong> celle du<br />

Président de l’U.S. G. Bush dans sa lutte contre le terrorisme maoïste népalais. Son<br />

attitude n’améliorera pas, en Asie et dans l’histoire, son image de grand pays<br />

colonisateur. En février 2003 monsieur Deuba alors Premier Ministre du roi Gyanendra<br />

rencontre Tony Blair après avoir rencontré George. Bush. Le Premier ministre népalais<br />

déclare à son retour que le Premier ministre anglais :<br />

Agreed to provide military aid, including training, equipment, logistic, worth 10 millions dollars.<br />

Après que monsieur Deuba ait été démissionné, <strong>les</strong> Anglais continuent d’aider le roi<br />

Gyanendra. Les 19 et 20 juin :<br />

An international meeting sponsored by Britain, was organised to help the Nepali Government fight<br />

the maoïsts…<br />

Amnesty International indique que l’Angleterre a fourni des avions Islander à décollage court et des<br />

armes.<br />

A la suite de quoi, le Général britannique Sir Michael Borjee, chef de l’équipe défense,<br />

arrive à Katmandu et rencontre le chef de la Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. Monsieur<br />

Shamsher, puis le roi Gyanendra...<br />

Il note ce qui est nécessaire à l’armée népalaise pour combattre victorieusement <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Il s’engage à fournir du matériel et des armes. Ses promesses ont été tenues, l’Angleterre a<br />

assisté l’armée du roi. Elle a même continué à l’assister quand le roi Gyanendra a pris <strong>les</strong> pleins<br />

pouvoirs. Ce qui choque le plus dans cette attitude c’est que Tony Blair est membre du parti<br />

186


Travailliste. Monsieur Bush, lui, en combattant <strong>les</strong> terroristes était fidè<strong>les</strong> à ses électeurs,<br />

monsieur Blair l’était-il <strong>au</strong>x siens ? Si oui, qu’est devenu le parti Travailliste ? Ses membres<br />

étaient pourtant <strong>les</strong> descendants de ceux qui ont décapité le roi Char<strong>les</strong> I° en 1649, 140 ans<br />

avant que nous ne coupions la tête du nôtre. C’étaient <strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> descendants de ceux qui<br />

avaient mis en place la première monarchie à pouvoir limiter, ceux qui avaient appris à<br />

un monarque à respecter la volonté d’un Parlement, à respecter l’habeas corpus. En<br />

faisant tout cela, ce pays avait montré à l’Europe, bien avant <strong>les</strong> Français qui attendront<br />

1789, le chemin conduisant à la démocratie.<br />

A signaler, l’Angleterre possède un cimetière à Katmandu, un véritable cimetière, un<br />

espace clos de murs, dans lequel quelques tombes s’éparpillent <strong>au</strong> milieu des arbres.<br />

P<strong>au</strong>vre peuple anglais qui n’a plus que la mort pour se distinguer, même son humour<br />

s‘est coloré en noir.<br />

LA BELGIQUE<br />

187<br />

Elle a fait partie de l’international meeting organisé par monsieur Blair, elle a fourni des<br />

armes à la Royal <strong>Népal</strong> Army du roi Gyanendra.<br />

LA FRANCE<br />

Il est toujours utile de rappeler <strong>au</strong>x Français qu’ils ne sont pas le sel de la Terre et qu’ils<br />

sont souvent sérieusement critiqués et peu estimés par <strong>les</strong> habitants de nombreux pays,<br />

Schopenh<strong>au</strong>er :<br />

L’Afrique a ses singes, l’Europe à ses Français.<br />

Quittons la boutade, citons Malr<strong>au</strong>x, Les conquérants :<br />

La France n’a jamais été <strong>au</strong>ssi grande que lorsqu’elle parlait pour tous <strong>les</strong> hommes, et c’est<br />

pourquoi son silence s’entend de façon <strong>au</strong>ssi poignante.<br />

Quel humour ce Malr<strong>au</strong>x ! Les représentants de notre cher pays quelle attitude ont-ils eu<br />

<strong>au</strong> cours de cette <strong>guerre</strong> népalaise ? Qu’ont-ils dit ? Qu’ont-il fait ? Be<strong>au</strong>coup ? Peu de<br />

choses ? Rien ? Rien de bien visible en tout cas <strong>au</strong>x yeux de l’émigré français lambda.<br />

Indice de neutralité ? Attitude critique des <strong>au</strong>tres nations engagées dans un combat qu’ils<br />

187


éprouvaient ? Ont-ils c<strong>au</strong>tionné le régime de monarchie absolue du roi Gyanendra et ce<br />

faisant l’état de féodalité dans lequel celui-ci maintenait son pays ? Non, il ne semble<br />

pas, mais leur silence a quand même été indice de trahison <strong>au</strong> passé de la France, celui<br />

des Sans-culottes. L’attitude de la France s’est toutefois démarquée de celle des U.S.A.<br />

et de l’Angleterre. Cela lui a évité un grand ridicule, ce n’est pas rien. Saluons<br />

discrètement.<br />

188<br />

Parlons trekkeurs français : ces trekkeurs ont été, dans l’ensemble, lamentab<strong>les</strong>. Dans<br />

leur jugement et dans leur attitude envers <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong>. Nombreux<br />

ont été ceux qui affirmaient avoir des idées de g<strong>au</strong>che qui <strong>les</strong> ont carrément critiqués. Et<br />

leurs critiques sont devenues plus vives lorsqu’il leur a fallu payer, <strong>au</strong>x maoïstes, un<br />

droit de passage nommé impôt révolutionnaire. Pensez, ils ont été obligés de payer 10<br />

euros, 20 euros, le un centième du prix de leur voyage ! Les paro<strong>les</strong> que l’on a entendu<br />

ont été du genre :<br />

- Inadmissible, ces maoïstes nous ont fait payer un impôt révolutionnaire !<br />

- Ces maoïstes, quels cons ! Ils tuent la poule <strong>au</strong>x œufs d’or.<br />

Tropisme critiquable, la première de ces paro<strong>les</strong> était inspirée par la ladrerie, celle qu’ont<br />

tous <strong>les</strong> nantis de la Terre pour <strong>les</strong>quels : Un sou c’est un sou. La deuxième leur était<br />

dictée par leurs guides de trek qui font partie de ceux qui, dans la société népalaise,<br />

possèdent des pou<strong>les</strong> <strong>au</strong>x œufs d’or. Je parle de cela avec Michel et Jacqueline qui<br />

dirigent une agence de trekking à Katmandu. Ils me disent :<br />

Ne généralise pas, il y a des guides français, des trekkeurs, qui ont compris.<br />

Je veux bien vous croire mes amis, mais ils ont été bien rares. Aujourd’hui encore bien<br />

peu de trekkeurs se souviennent qu’ils sont <strong>les</strong> descendants des Sans-culottes, que <strong>les</strong><br />

structures politiques du <strong>Népal</strong> présentent des analogies avec cel<strong>les</strong> de la France de 1789.<br />

Ils oublient que le peuple français était misérable lorsqu’il a fait sa révolution. Ils<br />

oublient que le peuple népalais est <strong>au</strong>jourd’hui, le peuple le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie.<br />

Celui-là, qui n’a <strong>au</strong>cune véritable culture <strong>sur</strong> l’Inde, revient de faire un trekking dans une<br />

zone de montagne de l’Himalaya indien. Il lit un mien article dans lequel j’établis un<br />

parallèle entre <strong>les</strong> Naxalites indiens et <strong>les</strong> maoïstes népalais. Il m’écrit, outré :<br />

188


Comment ! Je reviens de là-bas et je puis te dire que....<br />

Il sait, il sait ! En quinze jours, sans avoir rien lu, <strong>au</strong>x seuls échos des discours de ses<br />

guides, des hôteliers qu’il a fréquentés, il a tout appris ! Il a tout compris !<br />

189<br />

Et combien sont-ils, médias compris, <strong>les</strong> moutons de Panurge qui enveloppent leur<br />

bonne conscience en émaillant leurs écrits ou leurs discours des <strong>mots</strong> à la mode :<br />

durable, équitable, solidaire ? Allons, seule la misère des coolies est durable et il n’y a<br />

pas de charges équitab<strong>les</strong>. Quant <strong>au</strong> mot solidaire il sera appliqué quand <strong>les</strong> trekkeurs et<br />

<strong>les</strong> coolies partageront leurs charges, quand ils marcheront ensemble la main dans la<br />

main, quand ils mangeront et coucheront dans <strong>les</strong> mêmes lodges...<br />

Hypocrisie !<br />

L’EQUITE. C.12.<br />

LE MONDIALISME,<br />

189


Des gens de g<strong>au</strong>che défendent le mondialisme. Ils affirment :<br />

Le mondialisme est un progrès.<br />

190<br />

LA MISERE ET LES BATEAUX<br />

Il pourrait y avoir du vrai dans ces <strong>mots</strong>, mais le mondialisme qui est pratiqué <strong>au</strong>jourd’hui n’est<br />

qu’une forme récurée et internationalisée du bon vieux capitalisme, celui qui fabrique <strong>les</strong> grandes<br />

misères du monde. Les gens de g<strong>au</strong>che défenseurs de ce mondialisme qui se sont fait placer à la tête<br />

d’organismes bancaires ou économiques européens ou mondi<strong>au</strong>x répètent à la suite des gens de<br />

droite, un des refrains inspiré par la pensée unique :<br />

Quand la marée monte...<br />

Belle analyse qui oublie cependant que la qualité de la vie est différente à bord des différents<br />

bate<strong>au</strong>x : yachts, bate<strong>au</strong>x de croisières, cargos et tankers, bate<strong>au</strong>x de pêche, pirogues, peop<strong>les</strong><br />

boats... Que <strong>les</strong> hommes <strong>sur</strong> <strong>les</strong> différents bate<strong>au</strong>x ont des activités différentes. Certains se font<br />

bronzer <strong>sur</strong> <strong>les</strong> ponts, boivent du champagne dans <strong>les</strong> salons, d’<strong>au</strong>tres s’activent dans <strong>les</strong> soutes.<br />

Certains, quand souffle la brise se réfugient dans leur cabine mais d’<strong>au</strong>tres, <strong>les</strong> plus nombreux,<br />

quand <strong>sur</strong>vient la tempête, restent exposés <strong>au</strong>x embruns et <strong>au</strong>x vents <strong>sur</strong> leurs barques. Parmi eux<br />

il en est qui ont encore faim, qui font travailler leurs enfants... Les gens qui boivent du champagne<br />

ont une espérance de vie qui dépasse 80 ans, celle des gens qui travaillent <strong>sur</strong> leurs barques ne<br />

dépasse pas 60 ans !<br />

MEDIAS FRANÇAIS<br />

MEDIAS, GUIDES DE TREK. DISCOURS, ECRITS.<br />

PARTIALITES, INCOMPETENCES, RIDICULES<br />

Combien d’analyses stupides, superficiel<strong>les</strong>, combien de <strong>mots</strong> creux, dans <strong>les</strong> grands<br />

quotidiens ou hebdomadaires, <strong>les</strong> revues de trek, <strong>les</strong> guides de trekking ! Que<br />

d’affirmations f<strong>au</strong>sses ou risib<strong>les</strong>, que de partialités, de stupidités, de lieux communs !<br />

Que de silences !<br />

La peur de sanctions pour <strong>les</strong> rédacteurs résidents <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, il y a eu des précédents,<br />

expliquent certains écrits. Robert Rieffel était un personnage important de la<br />

commun<strong>au</strong>té française de Katmandu. C’était un homme courageux, il possédait une<br />

intelligence vive, claire, lucide. Ancien journaliste, il savait transmettre un message.<br />

190


191<br />

C’est lui qui avait rédigé le Que sais-je ? <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>. Il avait participé à la création de<br />

la Royal <strong>Népal</strong> Airlines Corporation (<strong>au</strong>jourd’hui la <strong>Népal</strong> Airlines). Quel trek n’avait-il<br />

pas réalisé ? Son anglais parfait lui avait permis d’acquérir une exceptionnelle<br />

connaissance du pays. Pourtant, lisons ces lignes extraites du guide <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong> qu’il<br />

avait écrit, guide sans cesse modifié, réédité :<br />

Des problèmes de caractère spécifiquement politique sont nettement en minorité lorsqu’on tient<br />

compte de ce que, d’une part, <strong>les</strong> partis politiques n’existent pas et, d’<strong>au</strong>tre part et <strong>sur</strong>tout, <strong>les</strong><br />

problèmes d’ordre social et économiques priment de loin toutes <strong>au</strong>tres préoccupations.<br />

Il est utile de noter, en passant, que le régime, en même temps qu’il est opposé à la formation de<br />

partis politiques, n’est pas allé non plus à l’<strong>au</strong>tre extrême, à savoir de mettre <strong>sur</strong> pied « un parti<br />

unique » comme c’est le cas dans certains pays à régime <strong>au</strong>toritaire, même s’ils se targuent du nom<br />

de « Démocraties populaires »<br />

Les problèmes d’ordre social et économiques placés <strong>au</strong> premier plan : hum ! Par ailleurs,<br />

une monarchie absolue qui interdit tout parti n’est-elle pas comparable à un parti unique<br />

mais de type démocratie impopulaire? Vérifié : cette monarchie absolue a conduit le<br />

pays :<br />

- un, à être le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie,<br />

- deux, à être le pays dans lequel <strong>les</strong> nive<strong>au</strong>x d’équipements sont inexistants ou<br />

incroyablement bas,<br />

- trois : à être le pays qui à connu deux révolutions et une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui a duré dix ans<br />

et qui a fait plus de 14.000 morts !<br />

Fort de ces évidences, combien de médias, de rédacteurs en tout genre ont parlé, parlent<br />

<strong>au</strong>jourd’hui des problèmes politiques népalais ? Combien se contentent d’inlassablement<br />

présenter un <strong>Népal</strong> gnian gnian ? Quelques journalistes ont cependant indiqué d’où<br />

provenaient <strong>les</strong> problèmes du pays.<br />

Olivier Peretié dans le Nouvel Obs. cite Action contre la faim :<br />

Le <strong>Népal</strong> est un des pays <strong>les</strong> plus p<strong>au</strong>vres de la planète... Près de 40 % de la population y vit avec<br />

moins de un dollar par jour, à peine la moitié des enfants y sont scolarisés et 1 % de la population<br />

possède <strong>les</strong> trois quart de la richesse nationale... dans l’extrême Nord-Ouest la situation alimentaire<br />

est <strong>au</strong>jourd’hui dramatique... Le t<strong>au</strong>x de malnutrition des enfants de moins de cinq ans est<br />

supérieur à celui du Darfour...<br />

Prerana Marasini dans Courrier international écrit :<br />

191


Même si la <strong>guerre</strong> a fait couler le sang de nombreuses personnes, cela n’enlève rien <strong>au</strong> mérite des<br />

in<strong>sur</strong>gés, ce sont eux qui se sont dressés contre le système féodal...<br />

Par contre, que de partialités, de contre-vérités dans <strong>les</strong> écrits de l’ensemble de la presse,<br />

même celle qui s’affirme de g<strong>au</strong>che. Contre vérités ou simp<strong>les</strong> erreurs qui démontrent<br />

que le bouche à oreille s’applique <strong>au</strong> journalisme. Un exemple amusant: Prachanda le<br />

<strong>sur</strong>nom de Pushpa Kamal Dahal ne signifie pas Le terrible comme on le lit partout.<br />

Anirban Ban, dans sa biographie du chef de <strong>guerre</strong> maoïste traduit ce mot par Valiant<br />

One qui peut se traduire par le Premier des Courageux. Le mot Prachanda (parchanda...)<br />

signifie en réalité : brave, courageux.<br />

Laissons l’anecdote, lisons un article du quotidien Le Monde dans Bilan, édition. 2000 :<br />

192<br />

Les élections législatives de mai 1999 ont permis, après quatre ans d’instabilité, de dégager une<br />

majorité claire en faveur du parti du Congrès qui a, désormais, <strong>les</strong> moyens de mettre en œuvre <strong>les</strong><br />

réformes qui s’imposent dans ce petit roy<strong>au</strong>me ... qui reste très p<strong>au</strong>vre. Avec 70% de la population<br />

qui reste analphabète...<br />

Conduit par Krishna Prasad Bhattarai, soixante et quinze ans, le gouvernement a déjà pris quelques<br />

me<strong>sur</strong>es courageuses comme la création de la T.V.A., introduite en août, et l’interdiction des<br />

tricyc<strong>les</strong> pour lutter contre la pollution...<br />

Sublime : le parti <strong>Népal</strong>i Congres, le parti de l’hindouisme, le parti défenseur des h<strong>au</strong>tes<br />

castes, le parti de l’immobilisme, le parti du féodalisme, le parti de la corruption et du<br />

népotisme... va mettre en œuvre des réformes. En prime, de l’humour : l’interdiction des<br />

tricyc<strong>les</strong> –il s’agit de mini-taxis à moteurs deux temps- pollueurs certainement, mais<br />

guère plus que <strong>les</strong> camions, <strong>les</strong> bus et bien des voitures de tourisme. En réalité cette<br />

interdiction ne sera appliquée que bien plus tard –comme de nombreuses réformes dans<br />

ce pays- Elle le sera lorsque ces véhicu<strong>les</strong> seront morts de leur belle mort.<br />

Lisons un hebdomadaire qui n’est plus celui qui soutenait Fidel Castro lorsque celui-ci,<br />

dans la jungle de Cuba, luttait contre l’infâme dictateur Batista soutenu par <strong>les</strong> U.S.A.:<br />

Il (le <strong>Népal</strong>) a dû mener une in<strong>sur</strong>rection sanglante qui a duré dix ans et a coûté la vie à près de<br />

14.000 personnes.... Dans cette <strong>guerre</strong> : Des milliers de civils innocents y trouvèrent la mort.<br />

Des civils par milliers ? Hum ! Sur cette base on peut affirmer que la <strong>guerre</strong> en Irak et en<br />

Afghanistan menée par <strong>les</strong> U.S.A. et <strong>les</strong> pays d’Europe a tué dans ces pays des centaines<br />

192


de millions de civils. Passons sous silence la version que cet hebdomadaire présente de<br />

193<br />

l’assassinat du roi Gyanendra et de sa famille qui ne serait que la conclusion d’une<br />

histoire de cœur. Par contre portons notre regard <strong>sur</strong> ce qui est dit <strong>sur</strong> <strong>les</strong> problèmes des<br />

maoïstes lorsqu’ils sont <strong>au</strong> gouvernement qui est représentatif de l’étroite et f<strong>au</strong>sse<br />

vision des problèmes.<br />

Un défi se présente à eux (<strong>les</strong> maoïstes):<br />

Ils doivent reloger des centaines de personnes des 2100 famil<strong>les</strong> environ qui ont été déplacées <strong>au</strong><br />

cours de la <strong>guerre</strong>, seulement 700 ont récupéré leur maison.<br />

Les anciens rebel<strong>les</strong> doivent en outre restituer <strong>les</strong> terres et <strong>les</strong> biens publics et privés qu’ils ont<br />

confisqués pendant la décennie que dura l’in<strong>sur</strong>rection.<br />

Ce texte appelle quelques questions :<br />

- d’où proviennent ces chiffres ? Quelle est la source d’information ?<br />

- si 2100 maisons il y a eu, que sont devenues <strong>les</strong> 1400 maisons non réoccupées ? Les<br />

maoïstes <strong>les</strong> ont détruites ? Les utilisent comme bure<strong>au</strong>x ?<br />

- à qui appartenaient ces maisons ?<br />

- quant à la restitution de biens, je rappelle que nos in<strong>sur</strong>gés de 1789, nos Sans-culottes,<br />

nos Va-nu pieds célèbres ont confisqué <strong>les</strong> biens des nob<strong>les</strong>, des émigrés –qui<br />

comprenaient des châte<strong>au</strong>x et des domaines immenses-... et ils ne <strong>les</strong> ont pas rendus !<br />

Etaient-ils des goujats sans <strong>au</strong>cune éducation nos Va-nu pieds Sans-culottes ?<br />

Mais <strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> problèmes qu’ont eu ces maoïstes étaient <strong>au</strong>tres. Ils n’étaient pas<br />

ceux qui étaient visib<strong>les</strong> (et grossis) dans le côté occidental de la lorgnette. Ils ont par<br />

exemple lutté pour faire intégrer conformément <strong>au</strong>x prescriptions de l’O.N.U.-<br />

U.N.M.I.N. -dont nous parlerons- <strong>les</strong> combattants maoïstes dans l’ancienne Royal <strong>Népal</strong><br />

army. Et <strong>au</strong>ssi lutter contre tous ces commérages de journalistes occident<strong>au</strong>x parti<strong>au</strong>x<br />

informés par qui on devine.<br />

Allons dans le sud du pays. Dans le Madesh du Teraï :<br />

Dans <strong>les</strong> plaines du Sud, une région jusque là laissée pour compte...<br />

Le Monde :<br />

En janvier, deux mois après la conclusion de l’accord de paix avec la guérilla maoïste, c’est le Teraï<br />

qui s’est soulevé...<br />

193


Ce journal <strong>au</strong>rait pu rajouter que <strong>les</strong> milices du Teraï oriental, le riche Madesh, ont :<br />

Froidement assassiné, dans leur cantonnement, une trentaine de chefs maoïstes.<br />

L’hebdomadaire Le Nouvel Obs., lui se situe à g<strong>au</strong>che, écoutons-le :<br />

Le Teraï s’est soulevé... Cette terre qui s’étend le long des 1800 km (1800 ?) de la zone frontalière<br />

avec l’Inde... opprimée pendant des sièc<strong>les</strong> par <strong>les</strong> Paharis... Ses habitants accusent le gouvernement<br />

intermédiaire de poursuivre la discrimination dont ils ont toujours été victimes...<br />

Opprimée ? La région la plus riche du <strong>Népal</strong> ? Sont-ils victimes d’une discrimination ces<br />

Madeshi qui ont le regard tourné vers l’Inde ? Le journaliste qui écrit cela interviewe une<br />

personne :<br />

Le <strong>Népal</strong> puise nos richesses mais nous sommes quasi absents de toutes <strong>les</strong> institutions.<br />

Qui dit cela : monsieur Upendra Yadav, un Madeshi de droite, qui sera plusieurs fois<br />

ministre. Le journaliste <strong>au</strong>rait pu se renseigner, il <strong>au</strong>rait appris qu’il existe deux Teraï :<br />

l’Oriental, celui des richissimes Madeshis dirigé par des brahmanes partisans d’une<br />

<strong>au</strong>tonomie qui préserverait leur richesse, l’Occidental et le Central, qui sont<br />

majoritairement habités par des misérab<strong>les</strong> Tharu... Quant <strong>au</strong>x Pahadis (et non paharis)<br />

opprimant <strong>les</strong> Madeshis, l’image est plaisante, elle est comparable à celle-ci : « Nos<br />

Jacques ont opprimé pendant des sièc<strong>les</strong> la p<strong>au</strong>vre nob<strong>les</strong>se de province qui ne leur avait<br />

194<br />

rien fait. »<br />

La qualité de l’information de cet hebdomadaire ne brille pas non plus lorsqu’il cite un<br />

<strong>Népal</strong>ais qui affirme:<br />

Le même quotidien est lu par le pousseur de rickshaw et le Premier ministre...<br />

Enorme ab<strong>sur</strong>dité, méconnaissance complète du pays, on trouve à Katmandu et dans <strong>les</strong><br />

grandes vil<strong>les</strong> :<br />

- écrits en népali, des journ<strong>au</strong>x de droite, des journ<strong>au</strong>x de g<strong>au</strong>che et des quotidiens et des<br />

hebdomadaires maoïstes.<br />

- des journ<strong>au</strong>x anglophones dans <strong>les</strong>quels puisent leurs informations <strong>les</strong> journalistes<br />

occident<strong>au</strong>x. Tous ces journ<strong>au</strong>x anglophones sont liés <strong>au</strong> business ou sont <strong>au</strong> mieux de<br />

tendance réformiste.<br />

Quant à trouver un pédaleur de rickshaw qui lit un journal de droite ou un de ces<br />

journ<strong>au</strong>x anglophones il va falloir chercher dans <strong>les</strong> pédaleurs qui possèdent un rickshaw<br />

plaqué or et qui est allé dans une école de pédaleur de rickshaw où il a appris l’anglais.<br />

194


Le Nouvel Obs. puise ses informations à bonne source. Il cite madame Sujata Koirala du<br />

parti <strong>Népal</strong>i Congres. Cette dame est la fille de Girija Prasad Koirala, le vieux pilier de<br />

ce parti <strong>Népal</strong>i Congres dont elle fait partie. Ce parti de la droite dure, de l’immobilisme,<br />

des gens de caste qui ont exercé le pouvoir pendant des années, le parti de l’hindouisme<br />

religion d’état. Il cite <strong>au</strong>ssi, ce qui <strong>au</strong>rait fait bondir <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais s’ils avaient lu l’article,<br />

<strong>les</strong> <strong>mots</strong> de monsieur Moriarty. Celui qui a été pendant la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> Ambassadeur des<br />

Etats-Unis de monsieur Bush, celui qui a été honni par tous <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais qui l’ont<br />

maintes fois conspué. Celui dont l’Ambassade a été plastiqué ! Ce détestable personnage<br />

qui, tout le temps qu’a duré la <strong>guerre</strong> et même alors que la deuxième révolution était en<br />

195<br />

cours, a bavé <strong>sur</strong> <strong>les</strong> maoïstes, <strong>les</strong> a traité de terroristes à abattre, à déclaré –après son<br />

prédécesseur- que Bhattaraï, le numéro deux du mouvement maoïste, était comparable à<br />

Goebbels, Celui qui, alors que la deuxième révolution allait être victorieuse, retournant<br />

brusquement sa veste, sans pudeur, a déclaré :<br />

Le temps est compté. Si le roi ne comprend pas qu’il doit accepter un compromis et donc finir par<br />

partir. Et quand je dis finir je pense que le plus tôt sera le mieux.<br />

Le Nouvel Obs. oublie de dire que <strong>les</strong> U.S.A. faisaient partie du complot qui a permis de<br />

mettre le roi Gyanendra <strong>sur</strong> le trône par <strong>les</strong> moyens que l’on sait <strong>au</strong>jourd’hui, que <strong>les</strong><br />

U.S.A. de cette Excellence ont équipé et financé l’armée et la police népalaise, ont<br />

envoyé des spécialistes de l’armée américaine pour conseiller l’armée de ce roi.<br />

Le Nouvel Obs. choisit vraiment mal ses conseils ! Enfonçons le clou, on lit dans un de<br />

ses artic<strong>les</strong> :<br />

Si le peuple népalais a gagné une bataille, il n’a pas gagné la démocratie.<br />

Noter que le mot démocratie, est le premier qui vient sous la plume d’un journaliste d’un<br />

journal de g<strong>au</strong>che, la misère de 25 millions de népalais peut attendre. Sans honte, ce<br />

journaliste cite un général de la Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. <strong>sur</strong> la question posée par<br />

l’intégration de l’armée maoïste –demandée par l’O.N.U.-, la People Libération Army, la<br />

P.L.A. dans cette R.N.A.:<br />

Ce n’est pas réaliste, ces gens (admirez le mot !) sont des terroristes, nous sommes une armée de<br />

professionnels qui s’est illustrée partout dans le monde. Comment peut-on nous mettre <strong>sur</strong> le même<br />

plan.<br />

195


De fait, et pour ceux qui ne sont pas convaincus, ils peuvent relire dans <strong>les</strong> chapitres<br />

précédents ce qu’est la Royal <strong>Népal</strong> Army, d’où sont issus ses cadres, qui elle<br />

défendait ! Le Nouvel Obs. oublie de dire que ce sont <strong>les</strong> représentants de l’O.N.U.,<br />

l’U.N.M.I.N. <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, qui ont exigé, dirigé <strong>les</strong> modalités permettant la fusion des deux<br />

armées... Il oublie <strong>au</strong>ssi de signaler <strong>les</strong> méfaits dont des chefs de cette armée se sont<br />

196<br />

rendus coupab<strong>les</strong>. Ceci certifié par :<br />

- <strong>les</strong> comptes rendus d’Amnesty International, <strong>les</strong> rapports de l’O.N.U. dans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong><br />

<strong>mots</strong> tortures, disparitions, exécutions sommaires, viols, ne sont pas absents.<br />

- <strong>les</strong> inculpations de génér<strong>au</strong>x de cette R.N.A. par l’O.N.U. pour crimes contre<br />

l’humanité commis <strong>au</strong> cours de cette <strong>guerre</strong>. Génér<strong>au</strong>x soustraits à l’action de la justice<br />

internationale par des membres de la police militaire népalaise. Sic.<br />

Rising Nepal, 23 juin 2010.<br />

Raped women demand compensation.<br />

Women who were raped by “security personnel” during the in<strong>sur</strong>gency period have demanded that<br />

the government provide them compensation… The victims said they were raped by gun-toting<br />

security personnel who came on patrols in villages. Some of them said they were raped in front of<br />

their husband and family members…<br />

Sa<strong>les</strong> mao quand même qui :<br />

As<strong>sur</strong>e un diplomate : ont enrôlé tous <strong>les</strong> petits voyous...<br />

(Nous reviendrons <strong>sur</strong> ce sujet).<br />

Ou, à la limite de l’incroyable :<br />

Qui trouvaient leurs armes dans <strong>les</strong> trafics avec <strong>les</strong> frères Naxalites... Qui de coercitions en rackets,<br />

de travail forcé en massacres n’ont gagné ni le pouvoir ni le cœur des populations... Dans l’Ouest du<br />

pays, où la rébellion maoïste s’est implantée dès l’origine, <strong>les</strong> habitants sont contraints de fournir<br />

une part de leurs maigres récoltes, leur travail et souvent leurs enfants à la c<strong>au</strong>se.<br />

De francs sal<strong>au</strong>ds ces maoïstes.<br />

D’ailleurs le peuple <strong>les</strong> a bien jugés, c’est pour cela que, bien que le <strong>Népal</strong> soit un pays<br />

hindouiste à 90 %, c'est-à-dire sous la coupe des Bahuns-brahmanes prêtres de<br />

l’hindouisme, ils sont devenus le premier parti du <strong>Népal</strong>. Nous reparlerons de ces<br />

accusations.<br />

196


Quand à trouver un qualificatif pour le journaliste qui a écrit ces lignes je ne trouve que :<br />

« nullité affligeante. » S<strong>au</strong>f bien sûr, s’il se range du côté des gens du parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congres ou des partis royalistes Raprapa, dans ce cas là c’est simplement un mec de<br />

droite qui n’a rien à foutre de la misère.<br />

197<br />

Des rédacteurs de guides de tourisme, de trekking sont quelquefois conscients du<br />

problème posé par la misère du <strong>Népal</strong> : Citons le Routard :<br />

Le <strong>Népal</strong> est un des pays le plus p<strong>au</strong>vres du monde. Ces dernières années le pays a be<strong>au</strong>coup<br />

souffert, tour à tour de sécheresse et d’inondations suivies de glissements de terrain comme en 2007.<br />

Le développement du tourisme avec l’industrie du trekking qui ne profite qu’à quelques uns a<br />

entraîné une <strong>au</strong>gmentation considérable du coût de la vie. Le <strong>Népal</strong> se trouve <strong>au</strong>jourd’hui dans une<br />

situation politique, économique et sociale délicate.<br />

Exact tout cela, saluons car bien peu vont <strong>au</strong> fond des choses. Mais fleurissent dans<br />

presque tous <strong>les</strong> textes, même dans ceux qui décrivent le pays, <strong>les</strong> ab<strong>sur</strong>dités, <strong>les</strong><br />

inexactitudes. Amusons-nous, en vrac, citons :<br />

Il v<strong>au</strong>t mieux éviter de grimper en h<strong>au</strong>te altitude en janvier et février, à c<strong>au</strong>se de l’enneigement.<br />

Où est l’erreur ? <strong>Sig</strong>nalons que <strong>les</strong> grandes avalanches qui ont tué de nombreux touristes<br />

ont eu lieu en octobre ou en novembre, c'est-à-dire en pleine saison de trek. L’hiver est<br />

inclus dans la saison sèche. Le temps, s<strong>au</strong>f quelques jours de pluie avec neige en<br />

altitude, souvent en janvier ou février, est parfaitement be<strong>au</strong>. La neige qui tombe ne tient<br />

d’ailleurs qu’en h<strong>au</strong>te altitude, <strong>au</strong>-dessus de 5000 mètres pour indiquer un chiffre, dans<br />

<strong>les</strong> ubacs et <strong>les</strong> sous bois. Il n’y a pas, en hiver, de neiges persistantes de fortes<br />

épaisseurs comme cel<strong>les</strong> que l’on a dans nos montagnes françaises et qui permettent le<br />

ski. Les trekkings en h<strong>au</strong>te altitude sont donc parfaitement possib<strong>les</strong> en janvier et février.<br />

Des trekkeurs le savent qui ne viennent qu’en cette saison. Des treks sont même<br />

recommandés à ceux qui détestent <strong>les</strong> fou<strong>les</strong>. A noter que <strong>les</strong> habitants des h<strong>au</strong>tes<br />

altitudes qui sont obligés de se déplacer immédiatement après une chute de neige –elle<br />

fond en quelques jours- se mettent derrière un yak qui fait la trace.<br />

Sur <strong>les</strong> moustiques :<br />

197


Le moustique vecteur de la maladie (paludisme), ne <strong>sur</strong>vit pas en altitude <strong>au</strong>-delà de 1800 mètres,<br />

c’est pourquoi ce traitement est inutile si vous séjournez à Katmandu et dans sa vallée.<br />

Manque de pot, Katmandu est à 1400 mètres d’altitude ! Erreur qui serait excusable<br />

dans un petit guide mais dans un guide parmi <strong>les</strong> plus vendus !<br />

Sur la conduite des véhicu<strong>les</strong> :<br />

198<br />

Il n’y a pas de code de la route <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

Hé ! Hé ! F<strong>au</strong>t pas copier <strong>sur</strong> son voisin ! Surtout s’il a envie de s’amuser. Il y a un code<br />

de la route <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, un bouquin épais, malheureusement peu illustré. Mais ce texte<br />

comme bien d’<strong>au</strong>tres textes législatifs n’est pas appliqué.<br />

Après <strong>les</strong> hors d’œuvres, revenons <strong>au</strong> sérieux : la politique. Après la signature d’un<br />

accord entre <strong>les</strong> sept princip<strong>au</strong>x partis politiques népalais et <strong>les</strong> maoïstes -nommé : 12points-,<br />

étant signé, on lit que :<br />

Le <strong>Népal</strong> est devenu un pays laïc.<br />

Il en f<strong>au</strong>dra encore, des mois, des années, des décennies pour que le <strong>Népal</strong> commence à<br />

apprendre ce qu’est la laïcité. Et d’<strong>au</strong>tres années encore pour que cette laïcité soit<br />

reconnue et appliquée. En particulier dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> gouvernementa<strong>les</strong>, on ne dit pas<br />

école laïque <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> !<br />

Que de stupidités <strong>sur</strong> <strong>les</strong> coolies, <strong>sur</strong> leurs salaires, <strong>les</strong> charges qu’ils transportent ! Que<br />

d’hypocrisie, d’absence de pudeur dans <strong>les</strong> courriers des lecteurs des trekkeursemployeurs<br />

Occident<strong>au</strong>x qui utilisent cette main d’œuvre si économique ! Que n’ont-ils,<br />

<strong>au</strong> moins parcouru, le livre de Michelle Kergoat : Histoire politique du <strong>Népal</strong>, ils<br />

<strong>au</strong>raient appris que ce pays était dirigé par un régime de type féodal. Ils en <strong>au</strong>raient<br />

déduit que <strong>les</strong> castes étaient semblab<strong>les</strong> à nos nob<strong>les</strong> de 1789 et qu’un parallèle pouvait<br />

être établi avec la France de ce temps et le <strong>Népal</strong> d’<strong>au</strong>jourd’hui. Combien d’entre-eux<br />

qui parlent du <strong>Népal</strong>, écrivent <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>, filment le <strong>Népal</strong>, s’intitulent spécialistes du<br />

<strong>Népal</strong>, se v<strong>au</strong>trent dans le ridicule de l’incompétence ? On lit dans un guide pour<br />

touristes :<br />

198


Le <strong>Népal</strong> produit actuellement deux fois plus de céréa<strong>les</strong> qu’il lui en f<strong>au</strong>t. Il exporte donc une<br />

grande partie vers l’Inde et reçoit en échange la quasi-totalité des produits manufacturés qui lui font<br />

déf<strong>au</strong>t.<br />

Voilà une bonne chose qui n’explique toutefois pas pourquoi le <strong>Népal</strong> importe du riz,<br />

pourquoi des famines sévissent dans différentes régions de ce pays –nombreuses pendant<br />

l’hiver 1990-. Il est vrai que le rédacteur de ces lignes m’a un jour affirmé que la misère<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> n’était pas une chose préoccupante :<br />

La misère ! N’exagérons pas.<br />

Ce spécialiste n’a-t-il jamais lu que :<br />

199<br />

Around 67 per cent of people are dependent on agriculture in Nepal but the country has to rely on<br />

foreigners for food.<br />

A joint study of the Ministry of Agriculture and Cooperatives, Food and Agriculture Organization<br />

of the United Nation supported the fact that nearly 3, 4 millions people have been facing acute food<br />

scarcity in the country.<br />

Even before the food and financial crises, the number of people facing chronic malnutrition was<br />

extremely high and falling extremely slowly. Since 2005, it has jumped by 20 per cent.<br />

Ce même rédacteur peint en noir <strong>les</strong> révolutionnaires népalais. Ce sont <strong>les</strong> vilains<br />

maoïstes qui sont c<strong>au</strong>se des malheurs du pays, qui empêchent l’aristocratie de diriger en<br />

en rond, le tourisme de progresser, ce sont eux qui font le malheur du peuple. Un peuple<br />

quand même illettré à 50%, un peuple dont l’espérance de vie n’est que de 50 à 55 ans !<br />

Ce spécialiste rédacteur écrit ce genre de choses :<br />

A partir de 1996, <strong>les</strong> mao s’attaquent à la classe ennemie (sic, souligné par moi) : police,<br />

fonctionnaires, notab<strong>les</strong> et u<strong>sur</strong>iers... Des rackets ont lieu... Les enrôlements forcés et <strong>les</strong> exécutions<br />

s<strong>au</strong>vages s’ensuivent... Face à une police mal équipée...<br />

Des racketteurs ces mao ! Qui exécutaient s<strong>au</strong>vagement... Mais tiens, ils se battaient<br />

<strong>au</strong>ssi contre des u<strong>sur</strong>iers ? Vilains mao quand même qui luttaient contre des gentils<br />

policiers mal équipés. Mal équipés <strong>au</strong> début sans doute mais ensuite ? Quand ils ont été<br />

équipés par l’Inde, <strong>les</strong> U.SA., l’Angleterre, la Belgique, la Chine, oui la Chine, en armes<br />

<strong>au</strong>tomatiques, en hélicoptères, en mortiers... ! Non, <strong>les</strong> vilains mao. n’étaient pas équipés<br />

par-la-vilaine-Chine-qui-a-envahi-le-Tibet-en-1950. Avant qu’ils ne saisissent des armes<br />

à leurs ennemis, ils étaient plus mal armés qu’eux, ils se battaient avec leurs koukouris,<br />

des bâtons.<br />

199


Ce rédacteur ajoute :<br />

Entre 100.000 et 250.000 personnes déplacées pendant le conflit sont toujours découragées de<br />

rentrer chez el<strong>les</strong>, en raison de l’insécurité ambiante !<br />

Entre 100.000 et 250.000, ah ! ah ! Quelle précision ! Insécurité ambiante ! En 1790, des<br />

nob<strong>les</strong>, chez nous, ont été déplacés, et ils ne sont pas revenus <strong>sur</strong> leurs terres en raison<br />

sans doute de l’insécurité ambiante, on <strong>les</strong> appelait des émigrés. Triste chose, car ces<br />

nob<strong>les</strong> avaient fait le bonheur et la richesse de la France et de son peuple qui s’est<br />

révolté injustement contre eux. Ingrats maoïstes népalais qui se sont révoltés par plaisir !<br />

Ce rédacteur s’enlise :<br />

De plus, le Sud du pays en proie à de nouve<strong>au</strong>x affrontements, liés à la révolte des maoïstes, une<br />

population discréditée, parce que considérée par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais comme des immigrants venus de<br />

l’Inde...<br />

Vaste éclat de rire. Rappelons que le sud du pays est composé de deux parties :<br />

- le Teraï occidental et central dans <strong>les</strong>quels résident en majorité des p<strong>au</strong>vres souvent de<br />

l’ethnie Tharu, souvent révolutionnaires ou franchement maoïstes.<br />

- un Teraï oriental nommé Madesh qui est le grenier du <strong>Népal</strong>, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> terres duquel se<br />

trouve la grande industrie népalaise et où résident ceux qui veulent :<br />

One Madesh, one desh.<br />

Un Madesh, un pays ! Pourquoi ? Parce que ses habitants sont simplement riches et<br />

qu’ils ne se considèrent pas comme des <strong>Népal</strong>ais à part entière. A l’extrême ils se sentent<br />

plus Indians que <strong>Népal</strong>ais. Dans cette région sont <strong>les</strong> puissants brahmanes. Le premier<br />

Vice-président de la République népalaise Paramananda Jha, comme le Président, en est<br />

un. C’est un pur Madeshi, il a d’ailleurs prononcé son discours d’investiture en Maïthili,<br />

la langue des Madeshi, sensiblement l’hindi. Le tribunal népalais l’a condamné à redire<br />

son discours en népali. Se sont alors élevées des voix du Madesh People’s Rights Forum,<br />

parti de droite qui exprimait leur :<br />

Dissatisfaction over the fresh oath taken by Vice president Jha in <strong>Népal</strong>i.<br />

200<br />

P<strong>au</strong>vre peuple Madesh partisan d’une <strong>au</strong>tonomie baptisée fédéralisme parce que le mot<br />

est à la mode. Gentils Madeshis dont <strong>les</strong> milices armées, je l’ai écrit, ont quand même,<br />

alors que l’accord de paix était signé, froidement assassiné une trentaine de maoïstes<br />

dans leur camp.<br />

200


201<br />

Et, parmi tous <strong>les</strong> rédacteurs de revues ou de guides, parmi tous <strong>les</strong> journalistes,<br />

parmi tous <strong>les</strong> trekkeurs de g<strong>au</strong>che, qui sont venus, qui viennent <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, <strong>au</strong>cun<br />

descendant de nos Sans-culottes ne s’est révolté contre ces stupidités. Et, dans <strong>les</strong><br />

milliers de trekkeurs qui viennent tous <strong>les</strong> ans, <strong>au</strong>cun ayant une simple sensibilité à<br />

la misère, <strong>au</strong>cune de ces figures qui brillent dans <strong>les</strong> salons, <strong>les</strong> cafés parisiens ou<br />

des grandes vil<strong>les</strong>, <strong>au</strong>cun Zarathoustra de club d’alpinisme n’est venu enquêter<br />

pour savoir. Savoir, comprendre. Pour simplement, non pas c<strong>au</strong>tionner mais<br />

manifester une curiosité pour ces in<strong>sur</strong>gés. Qui tuaient certes mais qui se faisaient<br />

tuer, qui prenaient le risque d’être torturés, pour <strong>les</strong> femmes d’être violées (voir cidessus,<br />

voir opérations Roméo, Research and Kill, et <strong>au</strong>tres).<br />

Rien, <strong>au</strong>cun petit Malr<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>cun journaliste, <strong>au</strong>cun rédacteur de guide, de revue,<br />

de site...<br />

Rien, le silence. Ou le colportage de on dit, de stupidités, d’erreurs grossières.<br />

P<strong>au</strong>vres, tristes, lamentab<strong>les</strong> Français.<br />

SEULE LA GUERRE TUE ?<br />

On lit que le nombre des morts à été de 13..000 à 16.000. Quel qu’il soit, il est terrible en soi ce<br />

chiffre. Dix ans de <strong>guerre</strong>, quatre à cinq morts par jour ! Tous <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x occident<strong>au</strong>x et <strong>les</strong><br />

journ<strong>au</strong>x népalais anglophones, anti-maoïstes de naissance, le rappellent régulièrement. Mais <strong>au</strong>cun<br />

média ne demande :<br />

- 1. Pourquoi ces morts ? Pourquoi cette rébellion ayant c<strong>au</strong>sé ces morts ? »<br />

Il semble, à lire ces médias, que ces maoïstes ont tué sans motif.<br />

- 2. Ces morts sont-ils à imputer <strong>au</strong>x seuls maoïstes ?<br />

<strong>Sig</strong>nalons, ce qui n’est jamais dit :<br />

- que ces vilains maoïstes n’ont pas tué 14.000 à 16.000 personnes qui leur étaient opposées. Ce<br />

sont eux qui ont eu le plus grand nombre de morts (voir plus loin),<br />

- que dans ces morts il f<strong>au</strong>t compter <strong>les</strong> civils disparus ou assassinés par <strong>les</strong> forces de l’ordre du<br />

gouvernement du roi Gyanendra.<br />

Maintenant, il est intéressant, pour montrer que ces maoïstes avaient peut-être des raisons pour<br />

commencer cette <strong>guerre</strong>, d’effectuer le calcul suivant. La F.A.O. et <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres associations<br />

humanitaires internationa<strong>les</strong> indiquent que le nombre de morts pour c<strong>au</strong>se de famines ou de<br />

201


malnutritions est annuellement <strong>sur</strong> la Terre de : 36.000.000. Les mêmes organismes sont unanimes<br />

pour déclarer qu’environ 3 milliards d’individus <strong>sur</strong> terre vivent avec moins de 2 dollars par jours.<br />

Supposons que 20 millions de <strong>Népal</strong>ais sont inclus dans ces 3 milliards d’individus et calculons le<br />

nombre de morts par malnutrition et famines c<strong>au</strong>sés <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> en un an<br />

, on écrit :<br />

36.000.000 X 20.000.000 : 3.000.000.000 = 24..000.<br />

24.000 morts par an cela donne pour 10 ans : 240.000.<br />

Nous sommes loin des 14.000 à 16.000 morts de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Vous pouvez modifier <strong>les</strong> chiffres,<br />

décréter qu’il y a moins de 20.000.000 de <strong>Népal</strong>ais qui vivent dans la misère, que le chiffre de la<br />

F.A.O. est <strong>sur</strong>évalué, le résultat reste effrayant.<br />

Rising Nepal, 28 avril :<br />

Health and Sanitation experts said that evey year 13.000 children under five die due to waterborne<br />

diseases and attributed that around 80% of all diseases ‘ was c<strong>au</strong>sed by unsafe water, poor hygiene and<br />

sanitation practice…<br />

Quel média parle de ces 13.000 morts d’enfants de moins de cinq ans ?<br />

13.000 morts par an cela fait 130.000 morts <strong>au</strong> bout de dix ans! 130.000 morts à attribuer à l’ancien<br />

régime contre lequel luttaient <strong>les</strong> maoïstes.<br />

On peut <strong>au</strong>ssi indiquer qu’une <strong>guerre</strong> qui permet d’abolir un régime de monarchie absolu dans<br />

lequel règne l’arbitraire, la corruption, le mépris pour le Dalit-Indigenous, le Serf-Kamalari, <strong>les</strong><br />

membres des sous castes... en ne tuant que 16.000 personnes est une <strong>guerre</strong> économique. Combien<br />

ont tué <strong>les</strong> <strong>guerre</strong>s d’Indochine, françaises et américaines, en Irak, en Afghanistan ? Et pourquoi ces<br />

<strong>guerre</strong>s ?<br />

De plus quel média indique que cette <strong>guerre</strong> <strong>au</strong>rait peut-être été évitée si le gouvernement dirigé par<br />

monsieur Sher Bahadur Deuba avait répondu à la note Forty Points Demand que lui avait adressée<br />

le second du mouvement maoïste Baburam Bhattaraï. S’il avait accepté de dialoguer !<br />

202<br />

202


DEUXIEME<br />

203<br />

PARTIE<br />

203


TITRE VI<br />

VERS LA GUERRE<br />

GENERALITES.<br />

Il ne f<strong>au</strong>t pas penser que <strong>les</strong> mouvements de contestation népalais, dont celui des<br />

204<br />

maoïstes, sont nés brutalement. Ils sont <strong>les</strong> fruits d’un arbre qui a lentement germé puis<br />

doucement poussé. On distingue :<br />

- Le mécontentement inspiré par l’intense misère et la recherche de dignité qui ont été la<br />

première branche de cet arbre.<br />

- Le <strong>Népal</strong> est le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Sans intense misère il n’y a pas de<br />

révolte violente et de longue durée.<br />

- Absence de reconnaissance accordée par <strong>les</strong> dirigeants membres des classes<br />

supérieures à la partie de la population qui est composée de :<br />

- Trib<strong>au</strong>x-Indigenous : Bothes, Gurungs, Limbus, Magars, Raïs, Tamangs,<br />

Tharus...<br />

- membres des castes inférieures dont <strong>les</strong> célèbres Dalits-paysans sans terre-<br />

Intouchab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Serfs-Kamalaris...<br />

Ces Indigenous-Dalits-Kamalaris... ont un jour pris conscience de leur condition<br />

misérable. Ils ont ressenti l’absence de dignité à laquelle conduisait leur condition. Bref,<br />

qu’ils étaient dominés par des gens des deux h<strong>au</strong>tes castes, n’ayant que mépris pour eux,<br />

possédant tous <strong>les</strong> pouvoirs et en abusant. Ils ont réalisé que cette condition n’était pas<br />

inéluctable. Cette révolte des Indigenous n’a pas eu, <strong>au</strong> départ, de support intellectuel :<br />

<strong>les</strong> Droits de l’homme ne sont guère cités en terres d’illettrés, <strong>les</strong> textes révolutionnaires<br />

ne sont guère lus en terres d’illettrés. Ces Trib<strong>au</strong>x-Indigenous révoltés ont été en quelque<br />

sorte <strong>les</strong> premiers simp<strong>les</strong> soldats de la révolution.<br />

204


- Des édi<strong>les</strong> en quête de pouvoir.<br />

Cette branche comprenant des membres des deux h<strong>au</strong>tes castes et <strong>les</strong> quelques Trib<strong>au</strong>x<br />

qu’ils avaient acceptés dans leur sphère. La monarchie absolue ou quasi-absolue<br />

accaparait ce pouvoir. Ces édi<strong>les</strong> désirant en obtenir une part se sont soulevé contre lui.<br />

Mais ce n’étaient absolument pas des révolutionnaires, ils ne voulaient rien changer à la<br />

205<br />

société, ils se seraient satisfaits d’un régime de monarchie constitutionnelle. Ces édi<strong>les</strong><br />

contestataires ont trouvé dans l’Inde un puissant allié et c’est pourquoi ils ont créé un<br />

parti <strong>Népal</strong>i Congres à l’image du parti Congress indien. Le <strong>Népal</strong>i Congres a fait un<br />

temps figure de mouvement révolutionnaire.<br />

- La branche des idéalistes.<br />

Une troisième branche a rassemblé des idéalistes prenant, par philanthropie souvent, la<br />

défense des misérab<strong>les</strong>. Elle comprenait des membres des deux h<strong>au</strong>tes castes : parmi eux<br />

des nantis mais <strong>au</strong>ssi des p<strong>au</strong>vres. Nombreux parmi eux, contrairement <strong>au</strong>x Trib<strong>au</strong>x dans<br />

l’ensemble analphabètes, ceux qui étaient lettrés. Non seulement ils dominaient<br />

parfaitement le népali et le sanscrit mais <strong>au</strong>ssi l’anglais. Ils ont ainsi découvert <strong>les</strong><br />

Lumières du XXème siècle qui se nomment : Marx, Engel, Lénine, Mao Zedong. Quel<br />

spécialiste expliquera mieux que moi que, sans texte, il ne peut y avoir de révolte<br />

durable ? L’homme a besoin de théories ! Notre révolution de 1789 a été éclairée par <strong>les</strong><br />

Lumières. Que serait devenu le christianisme, qui a été un mouvement révolutionnaire,<br />

si la Bible et <strong>les</strong> Evangi<strong>les</strong> n’avaient pas été écrits ? Be<strong>au</strong>coup de ces gens de caste ont<br />

ainsi rejoint, et ont souvent été le ferment des mouvements révolutionnaires. Grâce à leur<br />

savoir, ils se sont d’ailleurs souvent retrouvés à la tête de ces mouvements.<br />

Il f<strong>au</strong>t noter qu’<strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, la branche révolutionnaire s’est rapidement divisée en deux :<br />

- la branche des révolutionnaires pacifistes refusant l’utilisation de la violence,<br />

- la branche des révolutionnaires considérant que seule la lutte armée était capable de<br />

modifier <strong>les</strong> institutions en place.<br />

Sur l’utilisation des <strong>mots</strong> communistes et maoïstes.<br />

205


Ces mouvements véritablement révolutionnaires qui ont eu pour but le changement<br />

profond de la société népalaise ont baptisé leurs mouvements du nom de communiste et<br />

de maoïste. Ces <strong>mots</strong> qui sont pour de nombreux Français, nombre d’Occident<strong>au</strong>x,<br />

ridicu<strong>les</strong> ou dangereux, car on ne voit que le m<strong>au</strong>vais usage qu’en ont fait <strong>les</strong> dirigeants<br />

de certains pays, symbolisent pour <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> népalais l’espoir, le moyen de modifier<br />

la société dans laquelle ils vivent -<strong>les</strong> <strong>mots</strong> Lutte contre la misère, ne suffisant, hélas<br />

jamais, à rassembler <strong>les</strong> hommes- Il f<strong>au</strong>t bien comprendre puis retenir cela qui explique<br />

tout :<br />

206<br />

La société népalaise était à l’<strong>au</strong>be des contestations, un pays de monarchie quasiabsolue<br />

ou absolue comparable à celle de la France des années 1780.<br />

Pour admettre ce que j’écris, je le répète sans me lasser, il f<strong>au</strong>t lire le cahier : Misères<br />

comparées entre la France et le <strong>Népal</strong>. A déf<strong>au</strong>t, il f<strong>au</strong>t toujours garder en tête que le<br />

<strong>Népal</strong> est le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie, qu’il règne dans ce pays une misère dont la<br />

force : intensité plus nive<strong>au</strong> statistique, ne peut être estimée que par des Occident<strong>au</strong>x<br />

sensib<strong>les</strong> à la misère, ayant voyagé en terres p<strong>au</strong>vres. Il f<strong>au</strong>t toujours garder présent en<br />

mémoire que l’espérance de vie des habitants de ce pays ne dépasse 50 à 55 ans que dans<br />

<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> (moins de 85% de la population). Que le t<strong>au</strong>x d’illettrés avoisine <strong>les</strong> 55 %. Que<br />

le régime politique du <strong>Népal</strong> était du type féodal : la société népalaise était dirigée par<br />

une roy<strong>au</strong>té et des privilégiés, et que, dans cette société régnait l’arbitraire. Que <strong>les</strong><br />

<strong>Népal</strong>ais étaient majoritairement sous la coupe de prêtres : <strong>les</strong> Bahuns de l’hindouisme,<br />

<strong>les</strong> lamas du bouddhisme. Les trekkeurs, gens de droite, <strong>les</strong> résidents qui sont liés <strong>au</strong><br />

business népalais, <strong>les</strong> résidents qui vivent dans leur microcosme à parfum de<br />

colonialisme, ceux qui simplement aiment l’argent, ainsi que <strong>les</strong> so-called gens de<br />

g<strong>au</strong>che bien installés dans leur société de marché, ne comprendront pas cela. Ce n’est<br />

pas important, je n’écris pas pour eux.<br />

COMPARAISONS<br />

Il f<strong>au</strong>t répéter et retenir que le mot communiste, <strong>les</strong> noms Marx, Lénine, Mao Zedong..., que l’on<br />

retrouve souvent dans ce texte, ne sont pas ridicu<strong>les</strong> <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. En France, dans <strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x,<br />

ces <strong>mots</strong> portent en eux l’échec et <strong>les</strong> crimes de l’expérience soviétique. Expérience qui n’était<br />

206


d’ailleurs plus depuis longtemps inspirée par un véritable communisme, mais par une nouvelle<br />

forme de féodalité bure<strong>au</strong>cratique, <strong>les</strong> membres d’une nomenklatura, <strong>les</strong> dirigeants du parti<br />

unique.<br />

Les leaders des différents partis communistes ou maoïstes népalais n’ont également rien de commun<br />

avec leurs homologues des pays occident<strong>au</strong>x d’<strong>au</strong>jourd’hui. Nombre d’entre-eux, même parmi <strong>les</strong><br />

modérés, sont restés plusieurs années, plus de dix pour certains, dans <strong>les</strong> prisons du roi qui n’étaient<br />

pas, ô combien ! Des lieux de repos. D’<strong>au</strong>tres ont connu <strong>les</strong> prisons indiennes. D’<strong>au</strong>tres se sont<br />

battus, dans l’ombre car ils étaient recherchés par la police, <strong>les</strong> membres de la P.L.A., l’armée<br />

maoïste, eux, ont vécu dans <strong>les</strong> forêts comme des anim<strong>au</strong>x, dans des conditions extrêmement<br />

sévères, inhumaines top souvent : le froid, <strong>les</strong> pluies de mousson ne constituent pas un climat de<br />

villégiature.<br />

Ils ont combattu avec des armes, ont vu des leurs mourir à leur côté, disparaître pour ne jamais<br />

revenir, être torturés. Oui torturés comme nos Résistants dans <strong>les</strong> années 1940... D’<strong>au</strong>tres avaient<br />

leur tête mise à prix : des sommes énormes ! Tous ont vécu dangereusement. Combien sont morts ?<br />

Combien ont été torturés ? Combien ont disparu ? Combien de femmes ont été violées ?<br />

...<br />

MOUVEMENTS DE CONTESTATION<br />

Mouvements ayant précédé la naissance du mouvement maoïste.<br />

AVANT 1950.<br />

- 1935. Le parti Prashad Parishad est créé par des intellectuels. Il a pour but la lutte<br />

207<br />

contre <strong>les</strong> Rana.<br />

- 1947, 1948. Des émigrés népalais en Inde créent le parti <strong>Népal</strong>i Congres qui est un<br />

parti d’opposition <strong>au</strong>x Rana et sera plus tard un parti d’opposition <strong>au</strong>x rois Shah qui se<br />

préparent à reprendre le pouvoir. Ce parti est baptisé Congres comme celui qui existe en<br />

Inde. Tous deux ont des dirigeants qui sont essentiellement issus de la caste des<br />

brahmanes (Bahuns <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>). Ce parti perdure <strong>au</strong>jourd’hui, mais il n’est plus un parti<br />

d’opposition, il est devenu le parti de défense des privilèges, le parti de droite<br />

paradigme.<br />

207


- 1948. Grève quasi générale. Ces manifestations n’ont pas pour but premier la lutte<br />

contre la misère.<br />

- 1949 (1947 pour certains <strong>au</strong>teurs). Un Communist Party of <strong>Népal</strong> est créé par le<br />

newar Pushpa Lal Shrestha, en exil à Calcutta.<br />

The communist movement in Nepal was born in 1949 with the founding of the Communist Party of<br />

Nepal by Pushpa Lal Shrestha.<br />

Naissance de mouvements de Trib<strong>au</strong>x nommés NEFIN.<br />

SOUS LE REGNE DU ROI TRIBHUWAN<br />

208<br />

Rappel : Tribhuwan Shah est le premier des rois Shah ayant repris le pouvoir après que<br />

soient chassés <strong>les</strong> dictateurs Rana Konwar et Shamsher.<br />

- 1951, 1952. Sous le règne du roi Tribhuwan le parti Rakhsa Dal est formé. Des<br />

membres de l’ancienne armée du <strong>Népal</strong>i Congres qui ont lutté contre <strong>les</strong> Ranas se<br />

battent dans la cuvette de Katmandu.<br />

- 1953. Luttes armées dans le Teraï. Une cinquantaine de morts.<br />

SOUS LE REGNE DU ROI MAHENDRA<br />

- 1957 et suivantes. Tout le long du règne, <strong>les</strong> mouvements de contestation, de<br />

désobéissance <strong>civile</strong>, se succèdent. Les élites demandent une constitution<br />

SOUS LE REGNE DU ROI BIRENDRA<br />

- 1970. 1972. Naissance du mouvement procommuniste Jhapeli (de Jhapa, ville située<br />

dans l’est du Teraï). Ce mouvement, <strong>au</strong> contraire des précédents, n’est pas un<br />

mouvement réunissant principalement des intellectuels ou des édi<strong>les</strong>, c’est un<br />

mouvement populaire qui rassemble des Trib<strong>au</strong>x-Indigenous, des Dalits..., des paysans<br />

qui luttent contre la misère ou (et) pour que leur soit accordée une véritable dignité. On<br />

peut utiliser pour désigner ces gens le mot peuple-paysans, la société népalaise est<br />

agricole à 85, 90 %. Ce mouvement est à comparer à celui des Naxalites indiens (sans<br />

208


doute s’en inspire-t-il) réunissant des misérab<strong>les</strong> de la province de Naxa, en Inde, décrit<br />

plus h<strong>au</strong>t. Des Jhapéli exécutent des grands propriétaires terriens. Ce mouvement inspire<br />

de nombreuses manifestations. Des leaders sont arrêtés, certains seront torturés puis<br />

exécutés pendant le trajet qui <strong>les</strong> conduit en prison.<br />

- 1979. Poursuite des émeutes. Une grenade est jetée <strong>sur</strong> la voiture du roi Birendra à<br />

Biratnagar. Au printemps, <strong>les</strong> étudiants manifestent à Katmandu. Il s’agit en réalité<br />

d’une mini-révolution et non de simp<strong>les</strong> mouvements de mécontentement d’étudiants.<br />

Ces manifestations sont durement réprimées par la police. Ces émeutes sont <strong>les</strong> plus<br />

connues des touristes car el<strong>les</strong> se sont produites en période de trekkings et d’expéditions.<br />

Mais ces touristes, dont j’étais, ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe sous<br />

leurs yeux. Comme tous, je considérais alors le <strong>Népal</strong> comme un pays en équilibre<br />

politique, un pays sans misère, je répétais le refrain bien connu :<br />

Ils sont p<strong>au</strong>vres mais ils mangent à leur faim et ils sont heureux puisqu’ils sont gais.<br />

209<br />

Naïf, coupable, un peu simplet, je mettais ces révoltes <strong>sur</strong> le dos de la Chine qui n’était<br />

pourtant pas, en ces temps, accusée de tous <strong>les</strong> m<strong>au</strong>x et à qui on ne reprochait pas encore<br />

sa colonisation brutale du Tibet. Cette colonisation avait quand même eu lieu depuis<br />

presque 30 ans !<br />

- 1983. Le Communist Party of Nepal se sinde en deux, d’un côté le Communist Party<br />

of Nepal-fourth Convention et le Communist Party of Nepal Masal. Ce dernier parti est<br />

décidé à utiliser la violence car ses adhérents pensent que <strong>les</strong> contestations ordinaires ne<br />

conduiront à rien.<br />

- 1985. Le Communist Party Masal se divise encore en deux, la nouvelle branche se<br />

nomme Communist Party of <strong>Népal</strong> Mashal. Ses membres affirment que le mouvement<br />

Masal :<br />

was leading the proletarian movement to a cul de sac (en français dans le texte de A. Roy.).<br />

Bientôt, ce nouve<strong>au</strong> parti communiste Mashal :<br />

Planned an armed ass<strong>au</strong>lt on the repressive Panchayat Administration.<br />

C’est le début de la lutte armée <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Intensification des mouvements de rébellion.<br />

Nombreuses bombes dans Katmandu.<br />

209


Réplique des dirigeants : tentative d’assassinat d’un journaliste libéral par des membres<br />

de l’entourage du roi.<br />

- 1988. L’Human Right Organisation of <strong>Népal</strong>, le H.U.R.O.N. manifeste sa réprobation<br />

contre le régime dictatorial qui banalise <strong>les</strong> arrestations arbitraires, <strong>les</strong> disparitions de<br />

personnes, <strong>les</strong> tortures infligées <strong>au</strong>x prisonniers.<br />

- 1989. L’Inde impose un embargo qui aggrave la situation politique du pays. Dix neufs<br />

partis communistes ( !) se rassemblent et forment le United National People’s<br />

Movement. Mouvement révolutionnaire qui toutefois s’allie avec le parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congres !<br />

- 1990. Des Etats génér<strong>au</strong>x se réunissent à Katmandu. Suit une énorme manifestation,<br />

on compte 500.000 personnes dans la rue, <strong>les</strong> grèves se succèdent, <strong>les</strong> affrontements<br />

avec la police font de nombreux morts. Soixante disent <strong>les</strong> organismes d’état, cent disent<br />

<strong>les</strong> révolutionnaires, chiffre confirmé par <strong>les</strong> associations de défense des Droits de<br />

l’Homme.<br />

210<br />

1990. PREMIERE REVOLUTION NEPALAISE,<br />

PREMIERE JANA-ANDOLAN.<br />

Le <strong>Népal</strong>i Congres défend la monarchie mais demande qu’elle soit transformée en une<br />

monarchie constitutionnelle. Les <strong>au</strong>tres partis d’opposition poursuivent le mouvement<br />

d’in<strong>sur</strong>rection. Le roi Birendra remplace le leader Pancha Lokendra Bahadur Chand par<br />

K.P. Bhattaraï du <strong>Népal</strong>i Congres. L’in<strong>sur</strong>rection a perdu. La phrase de Victor Hugo :<br />

« c’est toujours la bourgeoisie qui arrête <strong>les</strong> révolutions à mi-pente »<br />

, trouve sa première vérification népalaise. Elle sera suivie d’une seconde après que la<br />

deuxième révolution <strong>au</strong>ra eu lieu. Le mot bourgeoisie doit évidemment être remplacé par<br />

<strong>les</strong> <strong>mots</strong> édi<strong>les</strong> ou notab<strong>les</strong> ou gens de caste en quête de pouvoir. C’est pourquoi <strong>les</strong><br />

émeutes se poursuivent, <strong>les</strong> exactions de la police également. Les organisations<br />

internationa<strong>les</strong> de défense des Droits de l’Homme manifestent de plus en plus souvent<br />

210


leur indignation. D’énormes bandha-grèves se succèdent qui arrêtent toute activité dans<br />

211<br />

la capitale.<br />

Le roi cède enfin. En novembre 1990 une constitution analogue à celle des Britanniques<br />

voit le jour. Mais cette constitution affirmant la limitation des pouvoirs de la monarchie<br />

stipule :<br />

Que le pays reste un pays hindouiste.<br />

Ce qui entraîne <strong>les</strong> réactions des ethnies bouddhistes et d’une partie de la caste des<br />

Chétri qui voit dans cette déclaration la poursuite de la domination des Bahuns. Cette<br />

constitution indique de plus que :<br />

Le roi peut décréter l’état d’urgence et garde le commandement de l’armée.<br />

- 1991. Les gouvernements se succèdent. Les dirigeants sont toujours dans le sillage de<br />

l’Inde. Les ministres sont en trop grand nombre, signe de pratique du népotisme, de<br />

moyen pour diminuer le nombre de contestataires. Les bandhas, <strong>les</strong> défilés, <strong>les</strong> émeutes<br />

reprennent.<br />

- 1994. Le Premier ministre Girija Prasad. Koirala est suspecté de corruption dans le<br />

cadre de la modernisation de la Royal <strong>Népal</strong> Airline Corporation. La R.N.A.C. (!) En<br />

juillet, l’Assemblée est dissoute. Des élections sont prévues en novembre. Le pays<br />

compte 24 partis politiques ! L’Inde évidemment soutient le parti frère <strong>Népal</strong>i Congres.<br />

Surprise le parti communiste Union Marxiste Leniniste, l’U.M.L. branche non violente<br />

des révolutionnaires obtient un grand nombre de voix.<br />

Un premier ministre communiste Union Marxiste Léniniste est désigné. Mais des<br />

disputes se produisent <strong>au</strong> sein de ce parti communiste U.M.L. De plus, la corruption,<br />

toujours active, crée de nombreux scanda<strong>les</strong>. Le gouvernement est démissionné.<br />

- 1996. Le deuxième parti communiste issu de l’United People’s Front, le Communist<br />

Parti <strong>Népal</strong> maoïste (C.P.N.-M ) envoie <strong>au</strong> Premier ministre en exercice Sher Bahadur<br />

Deuba the 40-Points demand.<br />

Résumons quelques exigences :<br />

- Tous <strong>les</strong> traités signés avec l’Inde doivent être abrogés. (voir <strong>au</strong> chapitre Inde sous le titre Etat du<br />

<strong>Népal</strong>).<br />

211


- La domination des capit<strong>au</strong>x étrangers dans l’industrie népalaise, le business, la finance doivent<br />

212<br />

cesser.<br />

- Des droits de douane doivent être perçus à la frontière <strong>Népal</strong> Inde.<br />

- La domination culturelle de l’Inde (l’hindouisme religion d’état du <strong>Népal</strong> n’est pas la dernière visée)<br />

doit cesser. Arrêt des importations de films indiens vulgaires... (s’ils n’étaient que vulgaires !)<br />

- Rédaction d’une nouvelle constitution népalaise.<br />

- Tous <strong>les</strong> privilèges du roi et de sa famille doivent être abolis.<br />

- L’armée, la police, l’administration doivent être sous le contrôle du gouvernement du peuple.<br />

- Les opérations de police doivent cesser. Ceux qui ont fait disparaître des maoïstes doivent être<br />

poursuivis.<br />

- Le système patriarcal et discriminatoire contre <strong>les</strong> femmes doit s’arrêter.<br />

- Fin de l’exploitation raciale, <strong>les</strong> membres des ethnies sont des citoyens du <strong>Népal</strong>.<br />

- Plus de basses classes, dalits, serfs-kamalaris...<br />

- Droits d’expression et liberté de la presse garantis.<br />

- La discrimination entre habitants des collines et ceux du Teraï doit cesser.<br />

- Les terres des grands propriétaires doivent être partagées avec ceux qui n’en ont pas.<br />

- Les capit<strong>au</strong>x immobilisés doivent être introduits dans l’industrie.<br />

- Soins, éducation, pour tous.<br />

- Corruption, smuggling, black marketing, bribery (corruption), <strong>les</strong> méthodes utilisées par <strong>les</strong><br />

intermédiaires, doivent être combattus.<br />

- ...<br />

Les maoïstes n’obtiennent <strong>au</strong>cune réponse. Les Premiers ministres continuent de se<br />

succéder. On verra occuper cette fonction : Sher Bahadur Deuba, Lokendra Bahadur<br />

Chand, Surya Bahadur Thapa, G.P. Koirala, K.P. Batharai à nouve<strong>au</strong> G.P. Koirala.... La<br />

corruption imprègne tous <strong>les</strong> actes de la société et du gouvernement.<br />

- La People Liberation Army est créée. La People War, la Guerre du peuple, la Jana<br />

Yuddha commence. En quelques années la People Liberation Army contrôlera la<br />

presque totalité du pays. Seule la cuvette de Katmandu restera <strong>au</strong>tonome (s<strong>au</strong>f <strong>les</strong> jours<br />

pendant <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> maoïstes fermeront la route d’accès à l’Inde).<br />

- 2001. Le premier juin, le roi Birendra et sept membres de sa famille sont<br />

assassinés. Le fils aîné du roi Birendra, Dipendra, est suspecté, une histoire de cœur est<br />

évoquée, son suicide semble le prouver. Quelques jours après, une belle-sœur trouve<br />

curieusement la mort dans un accident d’hélicoptère <strong>au</strong>-dessus du lointain lac Rara. Le<br />

212


prince Dipendra étant mort il est difficile de lui attribuer ce décès. Des bruits circulent :<br />

Ces meurtres ont un motif politique, ils ont pour but de se débarrasser du roi, <strong>les</strong> services<br />

213<br />

secrets indiens et ceux des U.S.A. sont soupçonnés, l’armée népalaise, certains disent<br />

l’armée indienne, d’<strong>au</strong>tres disent : <strong>les</strong> deux armées, étant le bras qui a organisé et<br />

exécuté le massacre.<br />

Gyanendra, le frère du roi Birendra, est déclaré roi du <strong>Népal</strong>. Une cérémonie<br />

d’investiture se déroule qui voit défiler peu de civils mais le presque complet état-major<br />

de l’armée.<br />

Immédiatement après la prise du pouvoir par Gyanendra, l’armée se trouve<br />

instantanément (ce qui confirme la thèse de la préméditation de l’assassinat du roi<br />

Birendra), dotée d’équipements, d’armes, de vêtements modernes. La <strong>guerre</strong> se poursuit.<br />

Dès que le roi Gyanendra comprend que l’armée seule ne pourra vaincre <strong>les</strong> maoïstes ce<br />

sera le tour de la police d’être ainsi équipée. Il sera d’ailleurs amusant de voir le roi,<br />

alors que ses préférences vont évidemment à l’armée dont l’état-major est composé de<br />

gens de sa caste, s’afficher avec <strong>les</strong> chefs de la police (nombreuses photographies dans<br />

<strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x...).<br />

- 2002. Devant l’intensité des manifestations, le roi déclare l’état d’urgence. Le premier<br />

ministre du moment Sher Bahadur Deuba dissout l’Assemblée nationale (exclu pour ce<br />

geste du <strong>Népal</strong>i Congres, il crée le parti <strong>Népal</strong>i Democratic Congres). Les élus sont<br />

éliminés. Deuba est à son tour éliminé par le roi qui prend le Pancha Chand pour le<br />

remplacer. Mais Chand est à son tour remplacé par le Pancha Thapa !<br />

Les maoïstes sont alors maîtres de la presque totalité du territoire. Ils encerclent la<br />

cuvette de Katmandu A l’intérieur de la ville <strong>les</strong> émeutes se succèdent.<br />

Le premier février, le roi Gyanendra prend <strong>les</strong> pleins pouvoirs. Des leaders du<br />

<strong>Népal</strong>i Congres, de l’Union Marxist Leninist, .des étudiants, des journalistes, sont mis en<br />

prison. Prison douce pour certains, dure pour d’<strong>au</strong>tres, des disparitions sont signalées. La<br />

presse est cen<strong>sur</strong>ée ou interdite. L’Etat d’urgence se poursuit.<br />

- 2005. L’état d’urgence est levé pour calmer <strong>les</strong> associations des Droits de l’homme et<br />

Amnesty International. Mais cette me<strong>sur</strong>e reste verbale, dans la pratique rien n’est<br />

213


214<br />

changé. La police, l’armée continuent leurs méfaits : arrestations arbitraires, exécutions<br />

et viols se poursuivent. Cela n’a <strong>au</strong>cun effet <strong>sur</strong> <strong>les</strong> membres des partis contestataires, <strong>au</strong><br />

contraire, <strong>les</strong> plus importants de ceux-ci s’unissent et forment l’Alliance des sept partis<br />

(princip<strong>au</strong>x). Avec <strong>les</strong> maoïstes ils signent le 22 novembre :<br />

The Historic 12-points agreement.<br />

Ils réclament l’élection d’une Assemblée constituante. Mais le roi poursuit sa politique.<br />

- 2006. Les maoïstes qui avaient arrêté <strong>les</strong> combats reprennent la <strong>guerre</strong>.<br />

214


LA GUERRE CIVILE.<br />

En guise de préface, cette belle phrase d’un journaliste lue je ne sais plus où :<br />

Pour lutter contre l’injustice, la politique est plus efficace que le fusil. Mais c’est parfois la politique<br />

qui conduit <strong>au</strong>x fusils lorsque tout le reste a été tenté et a échoué.<br />

215<br />

Cette <strong>guerre</strong>, je l’ai expliqué, est à mes yeux une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, elle n’est pas un simple<br />

mouvement d’in<strong>sur</strong>rection. Elle a opposé deux véritab<strong>les</strong> armées, cel<strong>les</strong> des forces de<br />

l’ordre du roi Gyanendra financées, équipées par la coalition dirigée par le trio U.S.A.<br />

Inde. Angleterre et la People Liberation Army, la P.L.A. des maoïstes. Cette P.L.A. <strong>au</strong><br />

début uniquement équipée de deux ou trois pistolets, de koukouris, de bâtons. Les forces<br />

de l’ordre étaient composées de policiers <strong>au</strong>xquels se sont joint, après l’assassinat du roi<br />

Birendra, <strong>les</strong> soldats de la Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. Rapidement <strong>les</strong> maoïstes ont été<br />

nommés terroristes par ceux qui <strong>les</strong> combattaient. Terrorisme, définition du Petit<br />

Robert :<br />

Emploi systématique de me<strong>sur</strong>es d’exception, de la violence pour atteindre un but politique... pour<br />

impressionner la population <strong>civile</strong> et créer un climat d’insécurité.<br />

Pour Pascal Guignard (Les ombres errantes) :<br />

Le mot terrorisme appartient <strong>au</strong> droit pénal. La société le définit comme la criminalité politique qui<br />

ne cherche pas à inst<strong>au</strong>rer ou à rétablir l’ordre public mais à le troubler de façon spectaculaire.<br />

Rappel : avant de devenir des héros, nos Maquisards, nos Résistants qui, de 1940 à 1944<br />

ont lutté contre <strong>les</strong> Allemands occupant la France et contre la milice française, étaient<br />

<strong>au</strong>ssi des terroristes. L’étaient également nos Sans-culottes et nos Communards qui ont<br />

fermé <strong>les</strong> portes d’anciens régimes. <strong>Sig</strong>nalons que le terroriste, pendant une <strong>guerre</strong> n’est<br />

pas considéré comme un soldat, il ne bénéficie pas des lois de la <strong>guerre</strong>. S’il est pris, il<br />

peut être fusillé <strong>sur</strong> le champ !<br />

Le mot maoïste, lui, signifie évidemment partisan de Mao Zedong. Mais dans le cas des<br />

Maoïstes népalais il signifie avec plus d’intensité, des hommes mal armés luttant contre<br />

<strong>les</strong> forces armées du pouvoir en place, fuyant cel<strong>les</strong>-ci ou <strong>les</strong> attaquant successivement<br />

suivant <strong>les</strong> circonstances. Un parallèle avec la Longue marche doit, évidemment, être<br />

établi. Les troupes de Mao Zedong ont fui ou ont attaqué successivement <strong>les</strong> troupes de<br />

215


Tchang Kaï-Che. Troupes équipées par <strong>les</strong> U.S.A. Les maoïstes chinois n’étaient pas, en<br />

ces premiers jours de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, ce qu’ils sont devenus lorsqu’ils ont pris le pouvoir.<br />

On cite <strong>les</strong> canons en bois cerclés de fils de fer que se construisaient <strong>les</strong> maoïstes ! Le<br />

maoïsme chinois a commencé par être une lutte contre l’oppression et l’obscurantisme,<br />

216<br />

une lutte contre la misère. C’est pourquoi <strong>les</strong> révolutionnaires népalais qui ont<br />

commencé à lutter contre un régime de monarchie absolu, contre une classe bénéficiant<br />

de privilèges, qui ont lutté pour défendre un peuple misérable se sont nommés maoïstes.<br />

Etaient-ils de simp<strong>les</strong> terroristes ? N’étaient-ils que des terroristes ? L’histoire retiendra<br />

que ce sont eux qui ont combattu victorieusement <strong>les</strong> forces de l’ordre d’un ancien<br />

régime détestable, chassé un roi, imposé une République.<br />

A mes yeux, et je me plais à rappeler cette comparaison, ils étaient comparab<strong>les</strong> à nos<br />

Sans-culottes et <strong>au</strong>x soldats de l’an II, ces Terroristes-maoïstes. Avec une différence : ils<br />

ont commencé à se battre en se cachant dans <strong>les</strong> forêts. C’est pourquoi ils se désignaient<br />

et se baptisent encore <strong>au</strong>jourd’hui : Jungle Manchés, Hommes des forêts. Ils ont vécu là<br />

comme des anim<strong>au</strong>x, trempés pendant la mousson, gelés l’hiver. Traqués. Et marchant,<br />

portant, toujours, courant parfois, parcourant en trois nuits des distances que des<br />

trekkeurs effectuent en dix jours. Pour ces Jungle Manchés, ces hommes qui se cachaient<br />

dans <strong>les</strong> forêts, <strong>les</strong> itinéraires de trek étaient des lieux de travail. Ont-ils eu le temps<br />

d’admirer <strong>les</strong> neiges de l’Himalaya, <strong>les</strong> somptueux paysages qu’ils traversaient ? Les<br />

étapes n’étaient pas toujours des lieux de repos mais des lieux de combats. Lorsqu’ils<br />

étaient vainqueurs ils pansaient leurs b<strong>les</strong>sés, ils comptaient leurs morts. Vaincus, ils<br />

reprenaient <strong>les</strong> chemins, fuyant, silencieux, abandonnant leurs morts et leurs b<strong>les</strong>sés.<br />

Imaginant <strong>les</strong> tortures qu’allaient subir ceux qui avaient été pris avant la délivrance de la<br />

mort. Mourir ! Accepter d’être torturé ! Pour un idéal ! Occident<strong>au</strong>x, Occident<strong>au</strong>x qui<br />

vous dîtes gens de g<strong>au</strong>che, imaginez, restez une minute silencieux, saluez. Et que de<br />

pensées dans leur tête <strong>au</strong> cours de leurs longues marches pour rejoindre <strong>les</strong> lieux de<br />

combat ! Celle épuisante, effectuée presque toujours de nuit pour atteindre Jajalal ! Et la<br />

faim, le froid, la chaleur, <strong>les</strong> pluies, la neige ! Toujours !<br />

216


Exagérations diront <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x, mensonges diront ces accompagnateurs de<br />

trek salariés de ceux qui font porter leurs charges par des domestiques misérab<strong>les</strong>.<br />

Exagérations diront ces trekkeurs outrés parce qu’ils ont été obligés de payer quelques<br />

1000 à 2000 roupies à un groupe de ces Jungle Manches. Et <strong>les</strong> médias du tourisme, <strong>les</strong><br />

rédacteurs des guides de trek, <strong>les</strong> trekkeurs outrés... parleront du mécontentement des<br />

paysans critiquant ces maoïstes-terroristes qui, parfois, s’installaient chez eux,<br />

s’imposaient, vidaient leurs réserves, tuaient leurs volail<strong>les</strong>...<br />

Bien sûr que parfois ils ont fait cela, ils étaient affamés.<br />

Mais ces hommes ont gagné la <strong>guerre</strong>, ils ont tenu tête puis ils ont défait <strong>les</strong> forces<br />

gouvernementa<strong>les</strong> d’un ancien régime corrompu.<br />

Quand <strong>les</strong> P<strong>au</strong>vres sont décidés à combattre, ils sont toujours vainqueurs.<br />

217<br />

Cette phrase, Mao Zedong l’<strong>au</strong>rait prononcée devant Malr<strong>au</strong>x.<br />

« Admettons cela. », disent <strong>les</strong> gens de droite et des trekkeurs qui se flattent d’être de<br />

g<strong>au</strong>che, mais qui, en réalité, marchent dans <strong>les</strong> traces des gens de droite.<br />

Mais ces mouvements de défense des misérab<strong>les</strong>, louab<strong>les</strong> <strong>au</strong> départ, se terminent toujours par des<br />

dictatures, et c’est pourquoi il ne f<strong>au</strong>t pas <strong>les</strong> c<strong>au</strong>tionner !<br />

Répétons-nous, ils citent : la terreur, Napoléon, Staline, Pol Pot... J’en ai parlé, je<br />

reviendrai.<strong>sur</strong> cela. Ils oublient quand même, ces trekkeurs à l’écoute de leur seul<br />

confort, de leur seule tranquillité, qui croient connaître le <strong>Népal</strong> parce qu’ils ont fait<br />

vingt trek, qu’ils ont dix amis népalais, qu’ils connaissent le patron de l’agence X, qu’ils<br />

aident le <strong>Sherpa</strong> Z, ou parce qu’ils vont prier dans un Lourdes bouddhique... que le<br />

<strong>Népal</strong> est le pays le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie et que ses maoïstes-terroristes sont des<br />

hommes en lutte contre l’absolutisme, des privilégiés, l’arbitraire, la misère.<br />

Je propose une <strong>au</strong>tre explication à l’utilisation du mot maoïste : Prachanda, leur chef, a<br />

compris que la lutte révolutionnaire qu’ils avaient engagée ne pouvait se comparer <strong>au</strong>x<br />

révolutions citadines classiques décrites par Marx et Lenine, le <strong>Népal</strong>ais en lutte n’étant<br />

pas l’ouvrier des vil<strong>les</strong> mais le simple paysan. Prachanda a compris, comme Mao<br />

Zedong :<br />

Qu’avec des misérab<strong>les</strong> des campagnes on pouvait faire de meilleurs soldats qu’avec <strong>les</strong> ch<strong>au</strong>ffeurs<br />

de taxi.<br />

217


La technique de <strong>guerre</strong> de Mao Zedong a donc inspiré <strong>les</strong> maoïstes népalais. De<br />

Malr<strong>au</strong>x, toujours :<br />

L’armée maoïste n’a pas seulement confisqué <strong>les</strong> grandes propriétés, elle a exterminé <strong>les</strong> grands<br />

propriétaires et annulé <strong>les</strong> créances. Les maximes de la <strong>guerre</strong> sont devenues une chanson :<br />

« L’ennemi avance, nous nous retirons. Il campe, nous le harcelons. Il refuse le combat, nous<br />

attaquons... Le passage de l’Armée rouge à travers la Chine fut une propagande plus puissante que<br />

<strong>les</strong> propagandes conçues par le parti.<br />

Il y a eu dans cette lutte d’Hommes des forêts, contre <strong>les</strong> forces de l’ordre d’une société<br />

féodale une chose grandiose que peu d’Occident<strong>au</strong>x ont perçue. Mais cela est normal,<br />

ces Occident<strong>au</strong>x luttent, s’enorgueillissent de ne lutter <strong>au</strong>jourd’hui, que pour la défense<br />

des Droits de l’Homme, que pour défendre leur pouvoir d’achat !<br />

Autre critique s’adressant <strong>au</strong>x Maoïstes, on lit dans un média :<br />

218<br />

Ils recrutaient des enfants. .. Pouvons-nous en toute conscience verser une contribution financière...<br />

à des groupes qui enlèvent, torturent, massacrent et enrôlent de force des enfants pour <strong>les</strong> faire<br />

massacrer dans <strong>les</strong> attaques des postes militaires ?<br />

A cela je réponds : « Je suis certain que des enfants n’ont pas été enrôlés pour combattre,<br />

je ne crois pas que des enfants aient combattu » Par contre il est évident que des enfants<br />

accompagnaient <strong>les</strong> combattants et qu’ils <strong>les</strong> assistaient <strong>sur</strong> <strong>les</strong> lieux des combats.<br />

Critiquab<strong>les</strong> ? Sans doute avec notre regard. Mais avons-nous le droit de critiquer nos<br />

révolutionnaires français. Souvenez-vous, un certain Gavroche glorifié par Victor Hugo<br />

parce qu’il se fait tuer en ramassant des bal<strong>les</strong> devant une barricade et qu’il chante en<br />

mourant :<br />

Je suis tombé pat terre<br />

C’est la f<strong>au</strong>te à Voltaire<br />

Le nez dans le ruisse<strong>au</strong><br />

C’est la f<strong>au</strong>te à Rousse<strong>au</strong>.<br />

Et Victor Hugo conclu :<br />

Cette petite grande âme venait de s’envoler.<br />

Plus près de nous, Londres, 1940, des jeunes viennent à Londres s’enrôler dans <strong>les</strong><br />

Forces françaises libres du général de G<strong>au</strong>lle.<br />

218


Ils ont 15, 16, ou 17 ans, et ce qui <strong>les</strong> caractérise c’est leur courage, leur détermination. Un de ces<br />

cadets <strong>sur</strong> trois est mort <strong>au</strong> combat.<br />

219<br />

Ou :<br />

Une brigade française qui a pour nom Alsace Lorraine participe à la lutte contre <strong>les</strong><br />

Allemands. Malr<strong>au</strong>x la dirige :<br />

Il n’hésite pas à laisser recruter quelques très jeunes garçons, de seize à dix-neuf ans.<br />

La majorité était alors de 21 ans !<br />

Ces enfants maoïstes, ces enfants de Maoïstes ne connaissaient rien de Voltaire, de<br />

Rousse<strong>au</strong>, de Victor Hugo, de Marx, de Lénine, de Mao Zedong. Mais ce n’étaient pas<br />

des mercenaires, ils n’étaient pas <strong>sur</strong> <strong>les</strong> lieux des combats pour se battre –le nombre<br />

d’armes n’était de toutes façons pas suffisant pour tous <strong>les</strong> adultes- mais pour aider. Ils<br />

étaient là parce que leur salut, leur avenir, passaient par la lutte.<br />

Printemps 1944. C’est le temps du maquis du Vercors.<br />

Des volontaires continuent à s’enrôler dans le maquis. Certains sont des ado<strong>les</strong>cents, comme le petit<br />

berger Tanes, âgé de seize ans, qui le premier juin abandonne son troupe<strong>au</strong> pour rallier la<br />

Résistance. « Tu es trop jeune pour faire un macchabée » lui dit le chef de camp où il se présente...<br />

Mais le jeune garçon insiste tant qu’on le garde comme aide-cuisinier...<br />

Le service de transmission emploie, comme agents de liaison, un certain nombre de jeunes gens et de<br />

jeunes fil<strong>les</strong>, parmi <strong>les</strong>quels des étudiants de Lyon et de Grenoble...<br />

Cl<strong>au</strong>de a dix-neuf ans : deux ans de moins que Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo...<br />

Be<strong>au</strong>coup d’<strong>au</strong>tres, <strong>au</strong>ssi jeunes que lui, ont cet enthousiasme et cette inexpérience.<br />

P<strong>au</strong>l Dreyfus. Histoire de la Résistance. Arth<strong>au</strong>x ed.<br />

Mais, dites-donc, ces critiques <strong>au</strong>raient pu dire : « Ces enfants travaillaient déjà comme<br />

des adultes et ils combattaient pour ne pas être obligés de travailler comme des adultes.<br />

Cette armée populaire était-elle impopulaire comme l’ont affirmé <strong>les</strong> médias<br />

anglophones du <strong>Népal</strong> et à leur suite <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x et <strong>les</strong> trekkeurs. Ces<br />

derniers <strong>au</strong>raient dû lire Mao Zedong :<br />

219


Notre peuple haïssait, méprisait et craignait <strong>les</strong> soldats –de Tchank Kaï Che-. Il a su très vite que<br />

l’armée rouge était la sienne. Presque partout, il l’a accueillie. Elle a aidé <strong>les</strong> paysans, <strong>sur</strong>tout <strong>au</strong><br />

moment des moissons. Ils ont vu que chez nous il n’y avait pas de classe privilégiée.<br />

L’<strong>au</strong>teur se souvient, alors que sa femme maniait la hache pour couper <strong>les</strong> arbres qui se<br />

dressaient à l’emplacement du mur d’escalade du musée de Pokhara et que lui poussait<br />

la brouette, de la réflexion d’un de ses amis <strong>Sherpa</strong>, membre de la <strong>Népal</strong><br />

Mountainnering Association :<br />

Mais vous êtes de véritab<strong>les</strong> chefs maoïstes !<br />

Les chefs maoïstes n’ont jamais eu une attitude de gens de caste, ils travaillaient comme<br />

leurs soldats, ils aidaient <strong>les</strong> paysans....<br />

220<br />

Quel homme politique, quel journaliste de bonne foi, népalais, d’Asie, d’Europe, quel<br />

trekkeur a compris le pourquoi de cette <strong>guerre</strong> maoïste ? a compris sa nécessité, l’a<br />

soutenue, a cru en sa réussite ? Des hommes se battaient contre la police et l’armée d’un<br />

monarque, soutenues, équipées, assistées par <strong>les</strong> grandes puissances de la Terre :<br />

l’Angleterre, l’Inde, <strong>les</strong> U.S.A., la Chine. Oui, la Chine ! Plus quelques pays de moindre<br />

importance. L’opinion de tous était :<br />

Ces maoïstes sont des trublions, des gêneurs. De plus, ils utilisent des méthodes obsolètes : une<br />

révolution en l’an 2000 ! Quelle aberration !<br />

Pourtant en quelques années ces maoïstes, ces Jungle Manches, ces Hommes des forêts,<br />

ces Khalis khoutas, ont occupé et administré plus de 90 % du territoire. L’armée et la<br />

police ne dominaient que quelques bourgs et la cuvette de Katmandu, encore celle-ci<br />

était-elle encerclée ! Des hommes impopulaires <strong>au</strong>raient-ils pu s’imposer à un pays si la<br />

population de ce pays avait été contre eux ?<br />

Quelques mois passent et cette <strong>guerre</strong> débouche <strong>sur</strong> une deuxième révolution (2006) qui<br />

oblige le roi à remettre ses pouvoirs <strong>au</strong>x partis politiques. Quelques semaines encore et<br />

le roi devient un simple citoyen. La première République du <strong>Népal</strong> est proclamée. De<br />

Anirban Roy :<br />

220


The maoïst in<strong>sur</strong>gency is a product of Nepal’s failed gouvernance, feudalism and backwardness…<br />

The decade long jana yaddha (peuple <strong>guerre</strong>) resulted in the death of more than 13.000 people. The<br />

guerilla movement began with the just two guns and a dozen armed cadres.<br />

221<br />

Si la <strong>guerre</strong> d’Espagne avait été observée par quelque observateur asiatique elle <strong>au</strong>rait pu<br />

être qualifiée de règlements de comptes entre bandes riva<strong>les</strong>. Pour décrire <strong>les</strong> luttes qui<br />

ont secoué le <strong>Népal</strong> pendant dix ans f<strong>au</strong>t-il parler d’in<strong>sur</strong>rection, de combat armé, de<br />

jacqueries ? J’ai choisi celui de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Les bandes riva<strong>les</strong> <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> se nommaient<br />

armée et police d’un ancien régime en lutte contre un peuple misérable. C’est ce qui ne<br />

doit jamais être oublié. Et il est triste que très peu d’Occident<strong>au</strong>x aient compris cela,<br />

aient manifesté leur sympathie à ces hommes qui présentaient tant de points communs<br />

avec nos révolutionnaires qui nous ont débarrassé d’une féodalité, d’un ancien régime,<br />

qui ont installé la République dans notre pays.<br />

QUELQUES FAITS DE GUERRE<br />

Mais avant, en guise de préface, quelques textes <strong>sur</strong> <strong>les</strong> agissements de nos<br />

révolutionnaires, de nos Sans-culottes, maoïstes avant la lettre.<br />

Les troub<strong>les</strong> sont le plus souvent des réactions hosti<strong>les</strong> à l’aristocratie et <strong>au</strong>x représentants de<br />

l’Etat...<br />

Dans le Sud-ouest, des groupes d’individus masqués pillent et incendient des châte<strong>au</strong>x, <strong>au</strong> cours<br />

d’expéditions nocturnes qui visent à punir des seigneurs perçus comme des parasites soci<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>ssi<br />

comme des ennemis politiques.<br />

Révolution, Consulat, Empire de Michel Biard, Philippe Bourdin, Silia Mazagalli. Ed<br />

Belin.<br />

Sur la confiscation des biens des nob<strong>les</strong> :<br />

Les révolutionnaires s’en prennent <strong>au</strong>x clôtures jugées abusives mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x espaces forestiers...<br />

Des monastères sont investis, des châte<strong>au</strong>x dévastés...<br />

Sur <strong>les</strong> nob<strong>les</strong> émigrés :<br />

Les émigrés débarqués des navires anglais sont écrasés sans pitié... plusieurs centaines de nob<strong>les</strong><br />

sont fusillés sans jugement.<br />

Et <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, pendant la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> ?<br />

221


- 1986. Des postes de police sont attaqués par des cadres du parti communiste Mashal à<br />

Thamel, Indra Chowk, Ason, Naradevi. Un cadre du parti Om Subedi (révolutionnaire)<br />

est arrêté, torturé, il parle. Un <strong>au</strong>tre cadre est arrêté. Pushpa Kamal Dahal, abandonne<br />

son <strong>sur</strong>nom de Biswas et prend le nom de Prachanda. L’attaque de postes de police se<br />

généralise.<br />

- 1994. Les maoïstes ont établi leurs cantonnements dans <strong>les</strong> districts de Rolpa et de<br />

Rukum : centre-ouest. Croquis 9.<br />

222<br />

It was natural for the maoist to initially target Rolpa and Rukum their bid to set up strong amilitary<br />

base… bec<strong>au</strong>se the people of the areas have been neglected by the state for centuries.<br />

Anti-feudal sentiment has been strongest in the region bec<strong>au</strong>se of its political economy. This region<br />

the poorest and most underdeveloped, and is also inhabited by tribal and backword social groups<br />

who have felt exploited and discriminated against at the hands of the upper-castes.<br />

Le gouvernement lance ses troupes contre ces régions. L’opération Roméo, <strong>sur</strong> l’ordre<br />

de Sher Bahadur Deuba, alors Premier ministre, est déclenchée par la police dans ces<br />

districts princip<strong>au</strong>x fiefs des maoïstes. Les maoïstes fuient dans la forêt avec une partie<br />

de la population. Parmi ceux qui n’ont pas le temps de fuir, ou qui prennent le risque de<br />

rester, nombreux sont ceux qui disparaîtront, qui seront arrêtés, torturés. Au cours de<br />

cette opération de nombreuses femmes seront violées...<br />

Rien de nouve<strong>au</strong> en cela, citons Mao Zedong :<br />

Au cours de la Longue Marche... Les paysans ont compris que nous étions avec eux, et quand ils en ont douté, la<br />

conduite des soldats du Kuo- Min-Tang (de Tchang Kaï-Che) s’est chargée de <strong>les</strong> convaincre. Sans parler de la<br />

répression.<br />

Mais la propagande gouvernementale mettra ces crimes des forces de l’ordre <strong>sur</strong> le dos<br />

des maoïstes et <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x, <strong>les</strong> touristes, <strong>les</strong> trekkeurs accepteront cela<br />

comme vérités alors que <strong>les</strong> associations humanitaires s’in<strong>sur</strong>geront contre ces crimes.<br />

- 1996. La <strong>guerre</strong> du peuple, la People’s War, la Jana Yuddha (Jana : peuple,<br />

Yuddha : <strong>guerre</strong>) est lancée. Sur la nécessité de cette <strong>guerre</strong> on peu lire de Luis Anezana<br />

Ergueta, dans El Diario de La Paz, publié dans Courrier International n°933 :<br />

222


Certains proposent une solution réformiste par le biais du dialogue et de négociations. D’<strong>au</strong>tres<br />

suggèrent la voie révolutionnaire par la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Les premiers préfèrent s’installer dans des<br />

palabres et des négociations interminab<strong>les</strong> qui dureront des années, avec un grand nombre de morts<br />

à la clef, sans que rien ne soit réglé. Et <strong>les</strong> seconds pensent qu’il n’y a pas de place pour le dialogue,<br />

que le conflit durera <strong>au</strong> plus quelques semaines ou quelques mois, qu’il produira une certaine<br />

quantité de morts mais qu’<strong>au</strong> moins il résoudra <strong>les</strong> problèmes et permettra de faire table rase du<br />

passé et de tourner la page.<br />

De Prachanda, Pushpa Kamal Dahal, leader des maoïstes et chef de <strong>guerre</strong>.<br />

Sans une armée populaire le peuple n’a rien.<br />

N’a rien et n’est rien. De A. Roy :<br />

223<br />

On February 13, barefoot (pieds nus) guerillas attacked half a dozen places simultaneously and took<br />

the government by <strong>sur</strong>prise… A bank in Gorka districk was looted, and police posts in Rolpa and<br />

Rukum were ransaked. In addition to Rolpa and Rukum, the armed movement also started in the<br />

mountains districts of Jajarkot and Gorkha in the west and Sindhuli (sud-est de Kathmandu) in the<br />

east. Croquis 9.<br />

Ils luttent avec de simp<strong>les</strong> koukouris, leurs meilleures armes sont la <strong>sur</strong>prise et le nombre.<br />

Au début de la <strong>guerre</strong> <strong>les</strong> maoïstes n’avaient que :<br />

Only two rif<strong>les</strong> !<br />

Ils trouvèrent <strong>au</strong>ssi, dans des soldats Gorkha qui avaient servi dans <strong>les</strong> armées indiennes<br />

ou anglaises, d’excellents instructeurs.<br />

Au sujet de l’équipement en armes des maoïstes et pour stopper <strong>les</strong> rumeurs qui font de<br />

la Chine le support du mouvement maoïste :<br />

Without possessing a single modern weapons, the Maoists cadres exhibited signs of strategy and<br />

valour.<br />

L’armée de Va nu-pieds de Prachanda était en ces débuts, avant qu’elle ne prenne des<br />

armes <strong>au</strong>x forces de l’ordre, bien mal équipée. Et là encore un parallèle avec <strong>les</strong> troupes<br />

de Mao Zedong en fuite devant cel<strong>les</strong> de Tchang Kaï-Che s’impose, rappelons que :<br />

Les troupes de Mao (étaient) équipées de canons faits dans des troncs d’arbres cerclés de barbelés.<br />

Des bruits ont un moment couru que l’Inde pour affaiblir le gouvernement népalais avait<br />

livré des armes <strong>au</strong>x maoïstes ce qui est difficile à croire. Et qu’ensuite ces maoïstes en<br />

223


avaient reçu de groupes contestataires indiens, Naxalites ou <strong>au</strong>tres, ce qui est plus<br />

crédible. Les maoïstes utilisent simplement la technique de Mao Zedong lors de sa<br />

Longue marche<br />

L’ennemi avance, nous nous retirons. Il campe nous le harcelons. Il refuse le combat, nous<br />

l’attaquons. Il se retire, nous le poursuivons.<br />

Ou bien :<br />

Setting up base in the countryside and <strong>sur</strong>rounding the cities.<br />

- 1998. Arrestation de nombreux journalistes par la police. En mai, le Premier ministre<br />

Girija Prasad. Koirala lance contre <strong>les</strong> maoïstes l’Opération Kilo Sierra Un qui s’étend à<br />

tout le pays.<br />

- 1999. Toujours avec G.P. Koirala comme chef du gouvernement débute l’Opération<br />

Kilo Sierra Deux. De A. Roy :<br />

224<br />

The counter-in<strong>sur</strong>gency operation was a c<strong>au</strong>se of major criticism by Human Rights groups for<br />

incidents of extrajudicial killings, arbitrary arrest, rape and torture (souligné par moi). Around 500<br />

people were believed to have been killed in Kilo Sierra 2. Though many of them may have been<br />

Maoists, some of the casualties were definitively innocents.<br />

L’opération Kilo Sierra Deux, malgré <strong>les</strong> brutalités policières qui ont entraîné<br />

disparitions, assassinats, viols, n’apportera <strong>au</strong>cun changement dans la situation militaire<br />

et politique du pays. Les maoïstes créent des gouvernements de régions qui lèvent des<br />

impôts, distribuent <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres, <strong>au</strong>x land<strong>les</strong>s-dalits des terres domania<strong>les</strong> ou appartenant<br />

à des riches propriétaires. Ils créent des tribun<strong>au</strong>x. Ils s’adjoignent des juges de la<br />

Suprême Court of <strong>Népal</strong>. Mais cette justice est critiquée par des organismes défendant<br />

<strong>les</strong> Droits de l’Homme qui parlent de justice basée <strong>sur</strong> une idéologie et non une justice<br />

basée <strong>sur</strong> la loi. L’histoire se répète, 1789 :<br />

Les rituels de la justice royale sont détournés <strong>au</strong> profit d’une justice populaire.<br />

Revolution, Consulat, Empire.<br />

Rien n’arrête le mouvement, <strong>au</strong> contraire ces événements attirent des jeunes femmes et<br />

des jeunes hommes. Tout cela infirme <strong>les</strong> dires qui prétendent que <strong>les</strong> maoïstes ont fait<br />

fuir la population dans <strong>les</strong> territoires qu’ils occupaient. Ceux qui étaient avec <strong>les</strong><br />

maoïstes étaient <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres paysans, <strong>les</strong> Dalits-parias, <strong>les</strong> serfs-Kamalaris mais jamais<br />

224


<strong>les</strong> riches, <strong>les</strong> notab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> banquiers, <strong>les</strong> u<strong>sur</strong>iers de régions. Ce sont ces derniers qui<br />

fuyaient. Mais la presse kathmandouite puis la presse occidentale a fait croire que<br />

c’étaient <strong>les</strong> paysans qui abandonnaient leurs terres et leur maison !<br />

225<br />

Les opérations Kilo Sierra sont suivies de grandes offensives lancées par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Les plus connues se déroulent à Mahatgaon dans le district de Rukum. Sept policiers<br />

sont tués, un superintendant est fait prisonnier. Au cours de cette opération <strong>les</strong> maoïstes<br />

saisissent des armes, 27 fusils et des munitions.<br />

- 2000. En juin, de nuit, profitant d’une pluie de mousson, <strong>les</strong> maoïstes encerclent le<br />

poste de police de Panchkate qui est situé dans le district de Jajarkot. Cet important poste<br />

est occupé par 53 policiers. 12 policiers (2 dans une embuscade tendue à des policiers<br />

arrivant en renfort.), 7 civils, 2 cadres maoïstes sont tués. Cette opération durement<br />

ressentie par la police est considérée comme une grande victoire par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Au milieu de l’année <strong>les</strong> maoïstes lancent, contre <strong>les</strong> forces gouvernementa<strong>les</strong>,<br />

l’opération Special Shock Campaign. Les attaques contre <strong>les</strong> postes de police se<br />

généralisent. Le mot d’ordre est :<br />

Widen the ambit of their military operation.<br />

C’est dans ce cadre que le 23 août <strong>les</strong> maoïstes attaquent le poste de police à Dhawadi<br />

dans le district de Nawal Paraisi (sud de Pokhara). Les maoïstes saisissent un grand<br />

nombre de fusils et de munitions. Le 23 septembre a lieu une très forte opération, <strong>les</strong><br />

maoïstes attaquent le quartier général de la police de Dunaï (bien connu des trekkeurs<br />

qui vont dans le Dolpo.). 14 policiers sont tués, 12 sont b<strong>les</strong>sés. Les maoïstes libèrent<br />

des prisonniers. Dans leurs opérations <strong>les</strong> maoïstes détruisent des ouvrages d’art, des<br />

ponts stratégiques, des bâtiments, des dossiers d’archives dans certaines administrations.<br />

Destructions qui leur seront souvent reprochées par des <strong>Népal</strong>ais (et des Occident<strong>au</strong>x<br />

dont moi-même) ne comprenant pas leur nécessité. Ils dévalisent <strong>au</strong>ssi des banques, ainsi<br />

ils prennent six millions de roupies à la <strong>Népal</strong> Bank Limited dans le bourg de Dunaï.<br />

- 2001. Le gouvernement réagit. Pour <strong>les</strong> combattre, une police spéciale est créée, elle a<br />

pour nom : Armed Police Force –on l’a retrouvera, toujours parfaitement équipée, dans<br />

Katmandu lors des grèves-bandha de 2010-. Cette police tente de <strong>sur</strong>veiller tout le pays.<br />

Malgré cela, en mars, une opération spectaculaire dirigée par des femmes, a lieu. Un<br />

225


tunnel est creusé qui accède à la prison de Gorka, <strong>les</strong> prisonniers sont libérés. Le poste<br />

de police de Rukum-kot (kot : châte<strong>au</strong>), croquis 9 est attaqué puis pris. Il était pourtant<br />

226<br />

occupé par 76 policiers, protégé par des barbelés, huit postes d’observation, <strong>les</strong> policiers<br />

effectuaient des rondes régulières. 8 maoïstes, 32 policiers sont tués, 14 policiers sont<br />

b<strong>les</strong>sés, 22 sont faits prisonniers. Les <strong>au</strong>tres s’enfuient. Butin pour <strong>les</strong> maoïstes : 58<br />

fusils, 3 pistolets, 3 révolvers... En avril, à Katmandu, une bombe explose dans la<br />

maison d’un ancien chef de la police, membre de l’Assemblée. En avril, le poste de<br />

police de N<strong>au</strong>mule du district de Dailekh (extrême sud-ouest) est pris. Il était occupé par<br />

80 policiers. Le combat a duré une heure et demie, 34 policiers sont tués, 60 fusils,<br />

40.000 cartouches sont pris.<br />

Des <strong>Népal</strong>ais pourtant proches du mouvement maoïste et évidemment <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x<br />

dans leur grande majorité notent avec tristesse que ces policiers morts sont des p<strong>au</strong>vres<br />

népalais.<br />

Avertissement <strong>au</strong> gouvernement du roi Gyanendra : le chef de la police Pradeep<br />

Shamsher Rana avoue que le mouvement maoïste ne peut être victorieusement combattu<br />

par la seule police.<br />

Lorsque, le premier juin, l’assassinat du roi Birendra et de sept membres de sa famille a<br />

lieu, il est, dans un premier temps, imputé <strong>au</strong>x maoïstes. Mais le gouvernement dément<br />

immédiatement car un tel aveu <strong>au</strong>rait démontré à la population que la protection de<br />

Katmandu n’était pas as<strong>sur</strong>ée. Les maoïstes profitent du trouble qu’apporte la mort du<br />

roi pour lancer dans tout le pays des attaques : le 6 juillet le poste de police de Lamjung<br />

(nord-est Pokhara) est pris : 21 policiers sont tués, le 10 juillet dans le poste de Gulmi ce<br />

sont 10 policiers et le même jour 10 policiers qui sont tués à Nuwakot. Croquis 7.8.9.<br />

Ces attaques sont une réplique à la demande d’Interpol de capturer, contre rançon, <strong>les</strong><br />

leaders maoïstes Prachanda, Bhattaraï, Vaïdya, morts ou vifs.<br />

Lorsque le roi Gyanendra remplace Girija Prasad Koïrala par Sher Bahadur Deuba, <strong>les</strong><br />

maoïstes attaquent plusieurs postes de police dans le district de Bajura (nord-ouest). Le<br />

23 juillet, le gouvernement Deuba demande un cessez le feu. Les maoïstes :<br />

Send a strong message, to King Gyanendra and Prime Minster Deuba,<br />

226


Dans ce message, ils formulent leurs exigences. Cel<strong>les</strong>-ci n’ayant pas été prises en<br />

227<br />

compte par le gouvernement, <strong>les</strong> combats reprennent.<br />

Le 21 novembre <strong>les</strong> maoïstes pénètrent dans la caserne de soldats de Dang (sud de<br />

Rolpa). Le commandant est tué ainsi que 13 soldats. 12 camions d’armes sont pris : des<br />

armes sophistiquées, des fusils 5,56 fabriqués en Israël, des mortiers de 81 mm, des<br />

fusils lance-grenades, des tonnes de munitions, des projecteurs. En même temps un <strong>au</strong>tre<br />

groupe de maoïstes attaque le poste de police, là, ils tuent 9 policiers. La prise d’armes à<br />

Dang est telle que le commandant des maoïstes déclare :<br />

The day we captured the barraks in Dang, I was told that the weapons were sufficients to continue<br />

fighting for four years.<br />

Le 25 novembre, <strong>les</strong> maoïstes attaquent <strong>les</strong> cantonnements de l’armée, le poste de police,<br />

des businessmen, <strong>les</strong> bure<strong>au</strong>x du gouvernement de Saléri. Saléri est la préfecture du Solu<br />

Khumbu, située près de l’altiport de Phaphlu. Bilan : 27 policiers, 4 soldats et deux<br />

membres de la h<strong>au</strong>te administration sont tués.<br />

Le 26 novembre Gyanendra déclare l’état d’urgence. Commence l’opération Terrorist<br />

and Destruction Activités (Control and Punishment) dont <strong>les</strong> effets seront sans cesse<br />

critiqués par <strong>les</strong> associations de Droits de l’Homme. L’armée se répand dans le pays. Le<br />

couvre-feu est décrété. Gare <strong>au</strong> Tribal qui est pris même une minute après l’heure<br />

prescrite ! L’arbitraire sévit. Des personnes innocentes sont arrêtées, <strong>les</strong> dénonciations<br />

sont récompensées. Sur <strong>les</strong> routes, <strong>les</strong> barrages se multiplient, longues fi<strong>les</strong> d’attente.<br />

Les véhicu<strong>les</strong> sont fouillés. Mais ces me<strong>sur</strong>es ne ralentissent pas <strong>les</strong> activités des<br />

maoïstes. Ils créent en réplique <strong>au</strong> Terroristes and Destruction Activités du roi<br />

Gyanendra le Kendriya Janasarkar dirigé par Baburam Bhattaraï. Prachandra, lui,<br />

continue de diriger the People Liberation Army.<br />

- 2002. Le 17 février <strong>les</strong> maoïstes attaquent le quartier général des forces de l’ordre :<br />

armée et police de Mangalsen dans le district d’Acham (extrême nord-ouest). 123<br />

militaires de la Royal <strong>Népal</strong> Army et des policiers sont tués.<br />

Sher Bahadur Deuba, chef du gouvernement rappelle alors que la tête de chaque chef<br />

terroriste rapportera à celui qui la fait capturer 5 millions de roupies (la valeur de 1500 à<br />

2000 smig népalais).<br />

227


La tête des « membres directeurs » ne rapportant que 3.000.000 de roupies. Deuba fait<br />

placarder des affiches dans tout le pays. Cel<strong>les</strong>-ci m’ont rappelé la chanson de Léo<br />

Ferré <strong>sur</strong> des paro<strong>les</strong> d’Aragon :<br />

228<br />

Vous aviez vos portraits <strong>sur</strong> <strong>les</strong> murs de la ville<br />

Noirs de barbe et de nuit, hirsutes, menaçants<br />

L’affiche qui semblait une goutte de sang<br />

...<br />

Il y a eu des poètes et des chanteurs népalais qui ont célébré la gloire de ces hommes<br />

traqués et promis à la torture puis à la mort s’ils se faisaient prendre. L’<strong>au</strong>teur a vu et<br />

entendu ces chanteurs dans un spectacle de qualité à la fin de la <strong>guerre</strong>.<br />

Le ministre de l’intérieur va plus loin que Deuba, commentant l’affiche, il déclame !<br />

Bring their heads in a sack and take money in a sack.<br />

Les associations des Droits de l’Homme s’in<strong>sur</strong>gent.<br />

- Le 18 février Colin Powell et ses assistants rencontrent le chef de la Royal <strong>Népal</strong><br />

Army, la R.N.A., le général Prajwalla Shamsher Rana. Quelques jours plus tard Sher<br />

Bahadur Deuba rend visite <strong>au</strong> Président de l’U.S. G. Bush et obtient 20 millions de<br />

dollars. Puis il va à Londres et obtient du Premier ministre anglais 10 millions de dollars<br />

supplémentaires. Plus des armes, des équipements ... Les maoïstes répliquent en prenant<br />

le poste de police de Gam dans le district de Rolpa tuant 140 militaires et policiers.<br />

- 27 mai, pour la première fois <strong>les</strong> maoïstes ne sont pas victorieux. L’armée dans une<br />

embuscade tue une centaine de maoïstes. Cela se passe dans le district de Rukum que<br />

pourtant ils connaissent parfaitement.<br />

Le général britannique Boyer rencontre le roi Gyanendra et le chef de l’armée : il promet<br />

d’<strong>au</strong>gmenter <strong>les</strong> aides anglaises.<br />

- Début septembre, <strong>les</strong> maoïstes répliquent, 49 policiers sont tués à Sindhuli (sud-est de<br />

Katmandu). Les maoïstes prélèvent un important butin d’armes et de munitions. Ils<br />

attaquent ensuite le poste de police de Sandhikarka qui est dans le district de<br />

Argahakhanchi situé <strong>au</strong> sud du <strong>Népal</strong> dans l’axe du bourg de Baglung. Là ils se<br />

procurent des lance-rockets, des mortiers, des fusils, des grenades, des pistolets... Ils<br />

trouvent <strong>au</strong>ssi 4, 8 crores de roupies (un crore = 10.000.000 roupies) et 20 kg d’or.<br />

228


- 4 Octobre le roi Gyanendra a pris <strong>les</strong> pleins pouvoirs.<br />

- 2003.<br />

229<br />

- Le 26 janvier, l’inspecteur général de la police est tué dans Katmandu avec sa femme<br />

et son garde du corps.<br />

NOMBRE DE MORTS<br />

A lire ce texte on peut penser que seuls des membres des forces de l’ordre sont tués. Mais ceux qui<br />

sont cités sont morts pendant des combats, combien de maoïstes ou de sympathisants ou de simp<strong>les</strong><br />

paysans ont été tués en dehors des combats ? Dans des opérations de nettoyage...On apprendra à la<br />

fin des combats qu’ils sont bien plus nombreux que <strong>les</strong> morts des forces de l’ordre. Voici <strong>les</strong> chiffres<br />

par secteurs donnés par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

- TUES PAR LES FORCES DE L’ORDRE.<br />

- Seti mahakali : 566.<br />

- Bhery karnali : 1447.<br />

- Tharuwanwan : 957.<br />

- Magarat : 1888.<br />

- Tanuwan : 424.<br />

- Bhojpur: 248.<br />

- Mithila : 360.<br />

- Aabadh : 216.<br />

- Newa : 40.<br />

- Tamsaling : 1113.<br />

- Kirat : 425.<br />

- Kochila : 292.<br />

- Limbuwan : 416.<br />

TOTAL 1 : 8392.<br />

-TUES PAR MAOISTES.<br />

- Officiels, h<strong>au</strong>te administration... : 1626.<br />

- Forces de l’ordre, armée et police : environ : 4000.<br />

TOTAL II : 5626.<br />

NOMBRE TOTAL DE MORTS : 14.018.<br />

229


- Le 29 janvier, un cessez le feu est décrété par <strong>les</strong> deux parties. Des pourparlers<br />

commencent. Les négociateurs ont entre-eux des relations cordia<strong>les</strong>. Un :<br />

22-points Code of Conduct est signé.<br />

Le cessez le feu est respecté par <strong>les</strong> deux parties. La population est enthousiaste, <strong>les</strong><br />

édi<strong>les</strong> et <strong>les</strong> intellectuels sont optimistes. Les maoïstes demandent la constitution d’une<br />

230<br />

assemblée qui rédigerait une constitution. Ils précisent que, dans leurs demandes,<br />

l’abolition de la monarchie n’est pas exclue. Ferme refus du chef du cabinet du roi<br />

Thapa qui a remplacé Chand à ce poste. Les négociations sont rompues. Le<br />

gouvernement du roi rappelle Interpol Red Corner qui déclare que <strong>les</strong> maoïstes sont des<br />

terroristes et que la tête de leurs dirigeants est toujours mise à prix. Suit immédiatement<br />

un attentat à la bombe dans la maison de Kandel, l’ancien ministre du roi qui avait<br />

déclaré :<br />

Bring their heads in a sack and take the money in a sack.<br />

Kandel est b<strong>les</strong>sé.<br />

- 11 octobre. 125 maoïstes sont tués lors de l’attaque d’une base maoïste à Dang. Le 13,<br />

25 policiers et 12 maoïstes meurent dans un affrontement.<br />

- Le 21 octobre Prachanda annonce que la violence maoïste va décroître, que <strong>les</strong><br />

maoïstes n’attaqueront plus <strong>les</strong> policiers et <strong>les</strong> soldats, que <strong>les</strong> maoïstes cesseront de<br />

réclamer <strong>au</strong>x touristes une participation financière... Il semble qu’il a été sensible <strong>au</strong>x<br />

injonctions des associations des Droits de l’Homme. C’est à cette époque que <strong>les</strong><br />

maoïstes indiquent qu’ils pensent créer des zones géographiques basées <strong>sur</strong> <strong>les</strong> ethnies.<br />

Ils formuleront la même chose en 2009 après qu’ils aient quitté le pouvoir. Malgré cette<br />

demi-trêve des maoïstes, la Royal <strong>Népal</strong> Army, la R.N.A. lance un raid à Bhimad dans le<br />

district de Makwanpur. Quatorze suspects et deux civils sont exécutés sans procès.<br />

Amnesty International s’in<strong>sur</strong>ge. Ils écrivent une lettre à Thapa qui dirige le cabinet du<br />

roi.<br />

- Le 5 avril une grève générale éteint <strong>les</strong> activités du pays. Thapa est démissionné.<br />

- 2004. Les maoïstes subissent de nombreux revers, ils perdent 80 combattants. Tous<br />

<strong>les</strong> maoïstes ne respectent pas <strong>les</strong> Droits de l’Homme, ils sont montrés du doigt par <strong>les</strong><br />

associations des Droits de l’Homme.<br />

230


Les maoïstes mettent <strong>au</strong> point une nouvelle stratégie offensive. Une grande attaque <strong>sur</strong><br />

Beni (croquis 9), bourg du très fortifié district de Myagdi, se prépare. Ils édifient une<br />

grande maquette en sable des lieux où <strong>au</strong>ront lieu <strong>les</strong> combats. Leurs conseillers, Agni et<br />

Prabhat, des anciens Gorkhas de l’armée des Indes, expliquent le plan d’attaque. Le 19<br />

mars, l’armée maoïste forte de 3000 soldats ayant gagné <strong>les</strong> lieux après plusieurs jours<br />

231<br />

d’une éprouvante marche forcée encercle Beni. A cette armée se sont joints 1200<br />

volontaires, parmi <strong>les</strong>quels be<strong>au</strong>coup de jeunes glanés <strong>au</strong> cours de la marche dans <strong>les</strong><br />

villages traversés. L’armée est commandée par <strong>les</strong> chefs maoïstes Divakar et Pasang. Le<br />

20 mars, à onze heures du soir, l’attaque commence par des tirs de mortier <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

cantonnements de la R.N.A. L’armée riposte, le combat se poursuit toute la nuit. Le 21<br />

<strong>au</strong> matin, à Katmandu, l’Etat major de la Royal <strong>Népal</strong> Army indique qu’elle a tué 500<br />

soldats maoïstes. Mais <strong>les</strong> maoïstes refusent ce chiffre et déclarent que 155 membres<br />

des forces de l’ordre ont été tués. Quoiqu’il en soit <strong>les</strong> maoïstes sont vainqueurs. Ils<br />

détruisent le camp militaire, saisissent un important matériel : des mortiers, des fusils<br />

type M.16... Trente trois hommes, le chef de la police, un superintendant sont fait<br />

prisonniers. Les maoïstes affirment que ces prisonniers seront traités conformément <strong>au</strong>x<br />

prescriptions de la convention de Genève. Un peu plus tard <strong>au</strong>ront lieu des échanges de<br />

prisonniers qui s’effectueront sous le contrôle de la Croix rouge. Prachanda indiquera<br />

que <strong>les</strong> forces de l’ordre ont perdu dans la bataille de Béni 500 hommes et il indique la<br />

fin du :<br />

Myth that the R.N.A., trained and armed by the American, Indians and other foreigns powers, was<br />

invincible.<br />

Toutefois, après Béni, <strong>les</strong> forces de l’ordre tuent 50 maoïstes dans la forêt de Baglung.<br />

Kofi Anann, le secrétaire général de l’O.N.U. déplore l’escalade de la violence, propose<br />

l’intervention de l’O.N.U. Prachanda indique son accord, le roi ne répond pas.<br />

Le 2 juin, le roi Gyanendra remet en place Sher Bahadur Deuba comme chef de son<br />

gouvernement. Deuba rencontre le ministre des Affaires étrangères indien monsieur<br />

Natwar Singh. Ce dernier demande la fin de la <strong>guerre</strong> et que commencent de véritab<strong>les</strong><br />

négociations. Cela fait huit ans que la <strong>guerre</strong> a commencé, elle a déjà tué 9500<br />

personnes. L’Ambassadeur des Etats-Unis de Georges Bush, Moriarty, celui qui a<br />

231


comparé le second du mouvement maoïste Baburam Bhattaraï <strong>au</strong> docteur Goebbels de<br />

232<br />

sinistre mémoire, continue de vitupérer contre <strong>les</strong> maoïstes. C’est pourquoi <strong>les</strong> maoïstes<br />

ne sont pas pressés pour entamer de nouve<strong>au</strong>x pourparlers. La présence de Deuba ne leur<br />

inspire, de plus, <strong>au</strong>cune confiance. Prachanda déclare :<br />

Deuba as the blue-eyed boy of the Bush administration.<br />

Il ajoute qu’il serait prêt à négocier si une présence internationale contrôlait <strong>les</strong> débats. Il<br />

écrit <strong>au</strong> secrétaire de l’O.N.U. Kofi Annan pour l’as<strong>sur</strong>er que son parti est prêt à<br />

respecter <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de la commun<strong>au</strong>té internationale. Il rajoute qu’il demande que des<br />

élections libres décident du sort du peuple népalais.<br />

Deuba se rend alors à Delhi où il rencontre le Premier ministre Indien Manmohan Singh<br />

qui l’as<strong>sur</strong>e de sa détermination de lutter contre le terrorisme. Il s’engage à fournir à la<br />

Royal <strong>Népal</strong> Army du matériel et des armes supplémentaires. Fort de cela Deuba invite<br />

<strong>les</strong> maoïstes à reprendre des négociations mais Prachanda méfiant refuse une nouvelle<br />

fois, il déclare :<br />

The declaration of a deadline by the government was a conspiracy.<br />

Il as<strong>sur</strong>e que le roi prépare une nouvelle offensive. Le 16 octobre, avant que ne débute<br />

Dasagn, la grande fête hindouiste, le Noël népalais, Prachanda annonce une trêve.<br />

- 2005. En février, <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es qui régissent l’Etat d’urgence deviennent plus sévères.<br />

Des véhicu<strong>les</strong>, des patrouil<strong>les</strong> des forces de l’ordre sillonnent <strong>les</strong> rues de Katmandu, de<br />

très nombreux opposants <strong>au</strong> régime sont arrêtés. Le nouve<strong>au</strong> chef du gouvernement du<br />

roi, Adhikari annonce qu’il est prêt à supprimer le qualificatif terroriste, à arrêter <strong>les</strong><br />

me<strong>sur</strong>es qui frappent le pays si <strong>les</strong> chefs maoïstes viennent dialoguer avec le<br />

gouvernement. Mais <strong>les</strong> maoïstes refusent, méfiants, ils indiquent qu’ils ne veulent<br />

discuter qu’avec le roi et le général en chef de l’armée népalaise, la R.N.A.<br />

- Le 3 février, un énorme bandha (grève générale) paralyse le pays. En même temps, dixsept<br />

leaders politiques de Katmandu, opposants du roi, se rassemblent à Delhi. Là, ils<br />

analysent la situation et étudient ce qu’ils vont proposer <strong>au</strong>x maoïstes. Parmi eux Ram<br />

Baran Yadav, le futur Président de la République du <strong>Népal</strong>. Baburam Bhattaraï, le<br />

numéro deux du mouvement maoïste <strong>les</strong> rejoint. Prachanda arrive ensuite. Sit<strong>au</strong>la, leader<br />

du parti <strong>Népal</strong>i Congres raconte sa première entrevue avec lui :<br />

232


We drove to meet Prachanda. It was the first time I was meeting him. I had heard a lot about him<br />

but had never come face to face with him. The discussion was short, and we decided to join hands in<br />

233<br />

our crusade against King Gyanendra…<br />

When I saw him for the first time, he looked like a simple and emotional man, very much commited<br />

to his ideologies and c<strong>au</strong>se. He did not behave like a leader of a rebel outfit.<br />

Les parties finissent par s’entendre <strong>sur</strong> un programme commun et un accord qui sera le<br />

célèbre :<br />

12-point agreement :<br />

Celui-ci est signé entre <strong>les</strong> politiques opposants <strong>au</strong> roi et <strong>les</strong> maoïstes. Ce texte prévoit :<br />

- le respect des règ<strong>les</strong> démocratiques,<br />

- que des élections pour réunir une Assemblée Constituante <strong>au</strong>ront lieu<br />

immédiatement.<br />

A la suite de quoi <strong>les</strong> révolutionnaires annoncent un cessez le feu pour le 3 septembre.<br />

La population de Katmandu s’enthousiasme. Les politiques de retour à Katmandu<br />

demandent <strong>au</strong> roi Gyanendra d’accepter le résultat positif de leurs négociations avec <strong>les</strong><br />

leaders des maoïstes. Hélas la réponse du roi Gyanandra –qui vient de recevoir des<br />

armes de la Chine- est négative. Les U.S.A., l’U.K, l’U.E. demandent également <strong>au</strong> roi<br />

de signer, il refuse. Il annonce simplement que des élections municipa<strong>les</strong> vont avoir lieu<br />

(le résultat sera un énorme fiasco, seulement 20 % de votants, 4000 communes sans<br />

candidats...). L’armée, elle, publie un mémento dans lequel seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> atrocités et<br />

destructions commises par <strong>les</strong> révolutionnaires : 10.725 arrestations, 72 exécutions<br />

sommaires, pose de 65 bombes, 1825 bâtiments, 35 centres téléphoniques, 540 postes<br />

de police détruits. Les naïfs trekkeurs, <strong>les</strong> médias, goberont le tout sans faire la part des<br />

choses.<br />

Pour le dixième anniversaire de la <strong>guerre</strong> du peuple <strong>les</strong> maoïstes répliquent par des fêtes<br />

(sic), la pose de quelques bombes, le pillage de quelques banques. Le roi Gyanendra<br />

durcit sa position. Il fait emprisonner cent leaders politiques. Mais <strong>les</strong> discussions entre<br />

<strong>les</strong> leaders des partis politiques et des maoïstes se poursuivent. Ensemble, ils préparent<br />

un vaste rassemblement, qui, pensent-ils, fera fléchir le roi. Ce mouvement<br />

révolutionnaire se nomme en népali Jana andolan : Peuple mouvement. Ils annoncent<br />

<strong>au</strong>ssi un refus de payer l’impôt.<br />

233


Le 11 avril le premier choc entre <strong>les</strong> forces de l’ordre et <strong>les</strong> forces révolutionnaires a lieu<br />

<strong>au</strong> nord-ouest de Katmandu, <strong>sur</strong> le boulevard de ceinture nommé Ring Road, <strong>au</strong> lieu dit<br />

Gongabu, lieu où se trouve une gare routière connue des trekkeurs. Suivent de<br />

nombreuses manifestations. Le 20 avril trois manifestants sont tués par bal<strong>les</strong> à Kalanki<br />

234<br />

chok, carrefour de Ring Road avec la route qui conduit à Pokhara.<br />

Le 21 avril le roi fléchit, il demande que <strong>les</strong> partis désignent un premier ministre. L’Inde<br />

félicite le roi pour cette décision. La response populaire est dans un nouve<strong>au</strong><br />

rassemblement :<br />

One million people went around the capital’s peripheric Ring Road protesting, and the political<br />

parties turned down King Gyanendra’ offert.<br />

Le 23 avril deux millions de personnes approchent du Narayanhity Palace, le palais du<br />

roi. Choc avec <strong>les</strong> forces de l’ordre, 22 personnes sont tuées et 4000 dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sont<br />

de nombreux enfants sont b<strong>les</strong>sés, certaines grièvement. Les associations des Droits de<br />

l’Homme protestent.<br />

Le 24 avril à 23h30 le roi Gyanendra capitule, il déclare que l’Assemblée peut se<br />

réunir et peut désigner un nouve<strong>au</strong> gouvernement.<br />

Il est évident que le commandement des forces de l’ordre, celui de l’armée, celui des<br />

policiers, ont déclaré <strong>au</strong> roi leur incapacité à as<strong>sur</strong>er sa protection, même à l’intérieur du<br />

palais.<br />

Les maoïstes continuent de se méfier du roi, pourtant ils annoncent un cessez le feu<br />

et ils mettent en place, avec <strong>les</strong> sept partis <strong>les</strong> plus importants, un gouvernement<br />

provisoire qui sera dirigé par Gurija Prasad Koirala.<br />

Le parlement se réunit.<br />

The newly reinstated Parliament on May 18, removed King Gyanendra as Supreme Commander of<br />

the Nepa<strong>les</strong>e Army and stripped him of all but ceremonial <strong>au</strong>thority. His Council was also dissolved.<br />

With the prefix royal removed, soon it became the Government of Nepal, Nepal Airline, and Nepal<br />

army.<br />

234


Il f<strong>au</strong>t voir dans cette conclusion le franchissement de la première marche qui va<br />

conduire le pays à la République, mais non l’abolition des privilèges puisque <strong>les</strong><br />

membres des partis à qui ces privilèges bénéficient seront toujours présents <strong>sur</strong><br />

l’arène politique et que l’un des leurs dirige même le gouvernement provisoire.<br />

GUERRES CIVILES<br />

235<br />

Guerre du peuple, <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, ces <strong>mots</strong> navrent des Français qui se disent : « Toute cette violence<br />

était-elle nécessaire ? » D’<strong>au</strong>tres pensent à nos révolutions de 1789, de 1830, de 1848, et à celle des<br />

moujiks russes contre leur tsar en 1917, et ils comprennent que seule la violence est entendue des<br />

oligarques dirigeant <strong>les</strong> sociétés dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> sévissent d’énormes misères.<br />

Quel moyen avait le peuple népalais, misérable, illettré, dont l’espérance de vie ne dépassait pas 50 à<br />

60 ans, pour se faire entendre des membres d’un régime de monarchie absolue s’appuyant <strong>sur</strong> des<br />

castes puissantes coiffant l’administration, la police et l’armée ?<br />

On pense ensuite <strong>au</strong> nombre de morts qu’a c<strong>au</strong>sé cette <strong>guerre</strong> et on se dit : Le prix payé n’était-il<br />

pas trop élevé ?<br />

On peut penser à la <strong>guerre</strong> d’Espagne qui n’a duré que de 1936 à 1939 et a c<strong>au</strong>sé la mort de 600.000<br />

personnes. Or la population de l’Espagne était à cette époque de 23.600.000 habitants. A peine<br />

moins élevée que la population du <strong>Népal</strong> <strong>au</strong> début de sa <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Cette <strong>guerre</strong> d’Espagne a<br />

conduit <strong>au</strong> pouvoir une dictature fascisante. La <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> népalaise, elle, a permis d’éliminer un<br />

ancien régime féodal pour le remplacer par une République et peut être un jour pour mettre à la<br />

tête du pays un gouvernement décidé à combattre l’intense misère qui y sévit.<br />

Viennent ensuite <strong>les</strong> remarques que j’ai déjà formulées :<br />

- combien la misère népalaise a-t-elle tué de personnes <strong>au</strong> cours des sièc<strong>les</strong> ?<br />

- combien en a–t-elle tué pendant le temps du conflit (voir plus h<strong>au</strong>t) ? La courte espérance de vie,<br />

inférieure de vingt ans à la nôtre est à prendre en compte dans le calcul. Combien de morts lui sont<br />

imputab<strong>les</strong> ?<br />

Puis on pense à l’évolution politique des pays ayant traversé une révolution : la Terreur pour <strong>les</strong><br />

Français, Staline pour l’U.R.S.S., Pol Pot pour le Cambodge, <strong>les</strong> réformes pour l’Empire du milieu –<br />

encore que ce pays, contrairement <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres présente <strong>au</strong>jourd’hui une étonnante réussite<br />

économique- C’est d’ailleurs à c<strong>au</strong>se de cette réussite économique que <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x dans leur<br />

ensemble sont conduits à critiquer ou à combattre ce pays. Ils acceptent la théorie qui affirme que le<br />

capitalisme porte en lui une élévation du nive<strong>au</strong> de vie de tous, classes misérab<strong>les</strong> comprises. Mais<br />

contre cela on doit objecter : En combien de sièc<strong>les</strong> ? Depuis combien de sièc<strong>les</strong> le capitalisme sévit-<br />

235


il ? Or, <strong>au</strong>jourd’hui, trois milliards d’individus, la moitié de la population <strong>sur</strong> la Terre, sont encore<br />

des misérab<strong>les</strong> !<br />

Une nouvelle voix se fait entendre qui parle de non-violence, qui rappelle que Gandhi a chassé <strong>les</strong><br />

Britanniques de son pays sans que son peuple ait tiré un coup de feu. Un mouvement non violent<br />

<strong>au</strong>rait-il pu modifier <strong>les</strong> structures politiques, socia<strong>les</strong> du <strong>Népal</strong> ? Je n’ai pas la réponse. Je ne puis<br />

qu’affirmer qu’une trop grande misère conduit normalement un jour ou l’<strong>au</strong>tre à la violence. Et que<br />

ces misérab<strong>les</strong> qui prennent <strong>les</strong> armes ont droit à notre compréhension, à notre considération, à<br />

notre admiration, à notre respect. Mais <strong>au</strong>ssi et <strong>sur</strong>tout qu’ils agissent conformément <strong>au</strong>x Droits de<br />

l’Homme.<br />

SUR LES MAOISTES<br />

De Michelle Kergoat.<br />

236<br />

Le mouvement maoïste a inévitablement provoqué des changements de mentalité parmi le peuple et<br />

on peut affirmer que rien ne sera plus comme avant... Le mouvement maoïste a contribué à<br />

redonner de la dignité et de la combativité <strong>au</strong>x éternels oubliés.<br />

Ces hommes, ces maoïstes, quel<strong>les</strong> que soient <strong>les</strong> critiques que l’on puisse formuler<br />

contre eux ont de plus été des hommes courageux. Courage vertu première ? Pour<br />

Malr<strong>au</strong>x il est :<br />

Une conséquence curieuse et banale du sentiment d’invulnérabilité.<br />

Pour de G<strong>au</strong>lle, le courage :<br />

consiste à faite abstraction du danger.<br />

Pour moi, simple alpiniste-himalayiste qui, comme mes semblab<strong>les</strong> a, <strong>au</strong> cours de<br />

nombreuses ascensions affronté d’énormes dangers et aperçu la mort dans la chute,<br />

l’avalanche de pierres, de glace, de neige, ou le simple froid, le courage est ce qui fait<br />

que l’on agit alors que la raison, simple expression de l’instinct de vie, commande la<br />

fuite. Forces profondes qui poussent à l’action contre la raison ! Ces forces sont pour<br />

l’alpiniste et <strong>sur</strong>tout l’himalayiste tout ce qui est contenu dans le mot passion. Et je crois<br />

que c’est <strong>au</strong>ssi la passion née du sentiment d’avoir à lutter pour un noble but, contre la<br />

misère imputable à un régime insensé <strong>au</strong> vingtième siècle qui a poussé <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong><br />

combat. Et c’est ce courage qui n’a jamais cessé qui fait <strong>au</strong>ssi que j’éprouve pour ces<br />

236


gens une grande estime, une grande admiration. Ce sentiment est le même que celui que<br />

j’éprouve, deux sièc<strong>les</strong> plus tard, pour nos Sans-culottes et soixante dix ans plus tard<br />

pour nos résistants des années 1940. Ceux-là <strong>au</strong>ssi se sont battus, ceux-là <strong>au</strong>ssi ont été<br />

courageux, qui sous la torture ne parlaient pas, ou « pire encore parlaient »<br />

237<br />

Ces maoïstes se nommaient Jungle manches ou Ban manches ou Khali khouta . Hommes<br />

des bois, Hommes des forêts, Pieds nus, en français ! Pour moi, <strong>les</strong> koukouris de ces<br />

hommes étaient <strong>les</strong> piques, <strong>les</strong> flé<strong>au</strong>x et <strong>les</strong> f<strong>au</strong>x de nos Sans-culottes.<br />

La fin de la <strong>guerre</strong> est proclamée. Une assemblée : le village est réuni dans la cour de<br />

l’école. Des maoïstes ont organisé cette assemblée, je suis avec eux. L’un me dit :<br />

- La vie en forêt était dure.<br />

Un <strong>au</strong>tre :<br />

- La faim, le froid...<br />

Celui-là me tend son bras droit, il n’a plus de main :<br />

- J’ai été pris...<br />

Un <strong>au</strong>tre me dit :<br />

- Je n’ai pas combattu, j’étais agent de liaison. J’ai été pris, j’ai fait treize mois de prison en Inde.<br />

La femme de celui qui parle :<br />

- La police venait à la maison tout le temps. Elle nous questionnait : « Où est-il ? Où se cache-t-il »<br />

Suivaient des menaces.<br />

Combattants de l’ombre, je vous ai imaginé :<br />

Vous servant simplement de vos armes<br />

Noirs de barbe et de nuit, hirsutes menaçants.<br />

Dalits-Paysans sans terre, Serfs-Kamalaris, Intouchab<strong>les</strong>, Trib<strong>au</strong>x-Indigènes : Tamangs,<br />

Magars, Gurungs, Bothes dont des <strong>Sherpa</strong>s, Kirats..., des Bahuns parmi vous et des<br />

Chétri <strong>au</strong>ssi. Des p<strong>au</strong>vres toujours, analphabètes souvent, affamés trop souvent. Et moi,<br />

vieil homme d’un pays de nantis, ayant passé une grande partie de ma vie à conquérir<br />

l’inutile, je vous ai envié d’avoir lutté pour défendre l’utile, une si noble c<strong>au</strong>se.<br />

237


Ces Jungle Manchés ont, une nouvelle fois, fait mentir ces adages que se répétaient <strong>les</strong><br />

stupides Occident<strong>au</strong>x avant la Longue marche de Mao Zedong, avant la <strong>guerre</strong><br />

d’Indochine menée par des Français puis par des Américains :<br />

Que jamais des milices n’avaient résisté longtemps à une armée régulière.<br />

Que la paysannerie ne pouvait jamais vaincre seule.<br />

Sur le plan efficacité ces Jungle Manché, ces hommes sans armes, sans cadres, sans<br />

connaissances militaires, ces hommes oubliés de tous, ces hommes qui luttaient contre<br />

238<br />

des forces de l’ordre équipées et conseillées par <strong>les</strong> militaires des armées <strong>les</strong> plus<br />

puissantes de la Terre, celle des U.S.A, de l’Inde, de l’Angleterre, ont terminé la <strong>guerre</strong><br />

en occupant 90 % du territoire népalais. Ces hommes qui n’étaient rien ou pire qui<br />

étaient <strong>au</strong>x yeux des Occident<strong>au</strong>x, gens de g<strong>au</strong>che compris, des perturbateurs, des<br />

empêcheurs de trekker en rond, des terroristes, ont réussi à abattre une puissante<br />

monarchie, à ébranler son ignoble système féodal, et à inst<strong>au</strong>rer une République. Ils sont<br />

comparab<strong>les</strong> <strong>au</strong>x maoïstes chinois fuyant dans leur Longue marche <strong>les</strong> troupes de<br />

Tchang Kaï-Che sous <strong>les</strong> moqueries du gouvernement de Nankin qui parlait de :<br />

La longue marche funèbre de l’Armée rouge.<br />

Malr<strong>au</strong>x, écrivain génial, politique ambigüe, bluffeur émérite, n’hésitait pas à écrire,<br />

alors qu’il avait changé de camp politique :<br />

La longue marche venait d’apporter l’espoir à deux cents millions de Chinois.<br />

La Chine n’était pas alors peuplée de plus de un milliard d’habitants comme elle l’est<br />

<strong>au</strong>jourd’hui. La lutte des maoïstes du <strong>Népal</strong> contre un pouvoir despotique a également<br />

apporté l’espoir à des millions de <strong>Népal</strong>ais. Et il f<strong>au</strong>t répéter que ces <strong>Népal</strong>ais ne sont<br />

pas ceux que fréquentent <strong>les</strong> touristes, <strong>les</strong> trekkeurs, <strong>les</strong> himalayistes, leurs guides.<br />

Cette longue marche des révolutionnaires népalais sera un jour vénérée par le peuple<br />

népalais, comme l’est en Chine celle de Mao Zedong :<br />

Une légende.<br />

Sont-ils criminel ces hommes ? Passib<strong>les</strong> de condamnations pour crimes de <strong>guerre</strong> ? Qui<br />

sont <strong>les</strong> criminels ? Ceux qui ont conduit le pays à devenir le pays le plus p<strong>au</strong>vre de<br />

l’Asie ou ceux qui se battaient contre eux ? Pour moi, est à classer acte criminel tout ce<br />

qui conduit <strong>les</strong> hommes à la misère et à l’indignité. Pour moi est acte criminel la c<strong>au</strong>tion<br />

accordée à toute ploutocratie, à tout capitalisme-mondialiste qui tue, qui assassine tous<br />

238


<strong>les</strong> jours des hommes, des femmes, des enfants. Est condamnable un capitalisme-<br />

mondialiste qui entretien des famines, l’intolérable misère du Tiers monde.<br />

Dans un <strong>au</strong>tre ordre d’idée, sont à classer criminels de <strong>guerre</strong> ceux qui ont jadis lancé<br />

des bombes <strong>au</strong> Napalm <strong>sur</strong> l’Indochine et qui, hier, ont préféré financer et aider<br />

239<br />

militairement la monarchie népalaise qu’améliorer <strong>les</strong> conditions de vie d’un peuple<br />

misérable. Le sont <strong>au</strong>ssi ceux qui, à la fin du conflit, bien qu’ayant été reconnus<br />

responsab<strong>les</strong> d’atrocités par <strong>les</strong> :<br />

Human Rights including the O.H.C.H.R. ,<br />

ont tranquillement repris leur place dans l’Etat-major de la <strong>Népal</strong> Army ou dans celle de<br />

la police.<br />

Exigé par l’U.N.M.I.N. qui représente l’O.N.U. <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, l’Armée maoïste, la People<br />

Liberation Army, la P.L.A., dès la fin de la <strong>guerre</strong>, a été cantonnée dans des<br />

casernements, <strong>les</strong> armes mises sous scellés. L’O.N.U.-U.N.M.I.N., a exigé que <strong>les</strong><br />

combattants maoïstes compétents –<strong>les</strong> épreuves de sélections étaient dirigées par des<br />

militaires de l’O.N.U.-U.N.M.I.N.- soient intégrés dans la <strong>Népal</strong> Army, la N.A.<br />

l’ancienne Royal <strong>Népal</strong> Army. Mais l’état-major de cette armée royale, composée de<br />

Chétri, n’avait pas changé, il a donc freiné de tous ces galons pour que cette intégration<br />

ne se fasse pas.<br />

Pourtant nos soldats maoïstes avaient fait des efforts. Ils se sont habillés d’uniformes, ils<br />

ont appris à saluer et à défiler <strong>au</strong> pas cadencé ! Nos Sans-culottes népalais paradant en<br />

tenue militaire, ce spectacle m’a mis mal à l’aise. Je préférais ces Jungle Manches sans<br />

respect pour le galon, n’obéissant, n’éprouvant de l’admiration que pour ceux qui<br />

s’étaient distingués <strong>au</strong> cours des combats. Je préférais ces Jungle Manches<br />

indifféremment vêtus, se f<strong>au</strong>filant, silencieux, entre <strong>les</strong> buissons, marchant de nuit,<br />

toujours dans un f<strong>au</strong>x désordre le long de sentiers escarpés, dans des sous-bois obscurs.<br />

239


UN FILM DE GUERRE<br />

Je veux savoir, je veux comprendre. Alors je réfléchis, je m’abonne à des journ<strong>au</strong>x<br />

anglophones, je lis (avec difficulté) des revues maoïstes en anglais. Je relis le livre de<br />

240<br />

Michelle Kergoat.<br />

Me voilà regardant des films tournés <strong>au</strong> cours de combats. Il existe en effet plusieurs<br />

films tournés pendant <strong>les</strong> combats que la P.L.A. la People Liberation Army a livrés<br />

contre <strong>les</strong> forces de l’ordre du gouvernement. Il en est un que je n’ai pas réussi à trouver<br />

qui montre <strong>les</strong> premiers combats que livrent <strong>les</strong> membres de cette armée alors qu’ils ne<br />

sont armés que de koukouris et de quelques deux à trois pistolets. Le film que je<br />

visionne se déroule vers la fin de la <strong>guerre</strong> alors que <strong>les</strong> combats vont se terminer. A ce<br />

moment, la P.L.A possède des fusils de la <strong>guerre</strong> de 1940 mais <strong>au</strong>ssi des armes<br />

<strong>au</strong>tomatiques prises dans <strong>les</strong> combats où ils ont été victorieux.<br />

Images émouvantes et terrib<strong>les</strong> qui ne peuvent laisser un spectateur indifférent.<br />

Des airs de flûte népalais, des paysages connus des trekkeurs, <strong>sur</strong> fond d’Himalayas,<br />

décor sublime, des torrents à l’e<strong>au</strong> couleur topaze, des sentiers à flanc de montagnes, des<br />

sentiers enneigés, des marches en terrain difficile ou dangereux, des ponts suspendus,<br />

des passages de rivières à gué, des rizières, la jungle, des sols latéritiques couleur de<br />

sang. Voilà un village, un rassemblement d’hommes. Des discours. Prachanda parle le<br />

poing levé. Les paysans écoutent. Quelques hommes habillés en militaire, trois ou quatre<br />

ont des casques, d’<strong>au</strong>tres des camouflages sommaires : une branche accrochée <strong>au</strong> sac à<br />

dos. La presque totalité est en civil. Voici des femmes jeunes, des ado<strong>les</strong>centes et des<br />

ado<strong>les</strong>cents, la majorité est à 16 ans <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Des hommes portent des bâtons, d’<strong>au</strong>tres<br />

des perches, ce sont des infirmiers. L’insolite dans cette ambiance de lutte, un parapluie<br />

à tranches multicolores. Des drape<strong>au</strong>x rouges <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quels figurent des fusils croisés (et<br />

non des koukouris emblème des Gurkhas) Des hommes, des femmes arrêtés ou en<br />

marche, des sourires népalais. Une interview, une jeune fille :<br />

- J’étais dans mon village j’ai entendu que c’était la <strong>guerre</strong> je suis venu aider...<br />

Un enfant parle :<br />

240


241<br />

- J’ai 13 ans, j’étais <strong>au</strong> grade 3. Je suis venu aider. Contre Gyanendra. On <strong>au</strong>ra un jour la<br />

République<br />

Nombreux visages d’Indo-Aryens, des Lamo nak, qui étonnent ...<br />

M<strong>au</strong>vais film quant à la qualité des images, témoignage extraordinaire pour celui qui<br />

veut comprendre, savoir, puis raconter. Un bâtiment brûle il ne reste que <strong>les</strong> murs,<br />

silence. Scène longue, répétée. Elle symbolise la victoire : le bâtiment qui brûle est un<br />

poste de police. Une carte : un homme explique le plan de bataille. Un croquis <strong>sur</strong> un<br />

table<strong>au</strong> d’école, <strong>les</strong> élèves ne sont pas des enfants, ce sont des guerriers, certains<br />

mourront dans quelques heures ! Un hélicoptère <strong>sur</strong>vole, la Royal <strong>Népal</strong> Army approche.<br />

Des hommes courent. Des bruits d’armes : claquement de culasses, un coup de feu, un<br />

<strong>au</strong>tre, quelques crépitements d’armes <strong>au</strong>tomatiques. Le combat est filmé en direct. Des<br />

hommes courbés se f<strong>au</strong>filent entre <strong>les</strong> arbres ou <strong>les</strong> taillis. Ici <strong>sur</strong> une route, des camions<br />

militaires de la Royal Army en feu. Des taillis à nouve<strong>au</strong>, des hommes couchés se<br />

cachent. Un bras se lève, un doigt montre une cible. On le comprend, ces hommes sont<br />

encerclés. Scènes confuses... Des ordres-cris :<br />

- Dhounga ladaou.<br />

Faites rouler des blocs.<br />

Un prisonnier, il porte un costume bleu, c’est un policier. Il est libéré, on lui détache <strong>les</strong><br />

cordes qui tiennent ses poignets. Les maoïstes regroupent leurs morts. Ils portent leurs<br />

b<strong>les</strong>sés <strong>sur</strong> des perches. Brancards de fortune : il n’y a pas de tissu entre <strong>les</strong> perches mais<br />

des fascines et de la paille. Ce b<strong>les</strong>sé sourit. Celui-là a <strong>les</strong> yeux fermés, <strong>les</strong> traits crispés<br />

de ceux qui souffrent. Des visages de morts qu’on revoit vivants lorsqu’ils préparaient la<br />

bataille, qu’ils expliquaient <strong>les</strong> manœuvres à accomplir... Ici une scène insoutenable : un<br />

homme b<strong>les</strong>sé, un militaire ou un policier, ses vêtements sont déchirés, il est à demi-nu.<br />

Il tente de se soulever, de ramper, de fuir. Un bruit de culasse, on arme un fusil. Un bruit<br />

sec, le b<strong>les</strong>sé s’effondre, reste immobile. A jamais.<br />

Je crie : « Non la <strong>guerre</strong> n’est pas une connerie, c’est une saloperie. »<br />

Mais <strong>les</strong> sal<strong>au</strong>ds ne sont pas <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres types qui se battent, ce sont <strong>les</strong> notab<strong>les</strong> qui<br />

refusent dignité et nourriture <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres gens qu’ils considèrent comme leurs inférieurs<br />

et qui envoient des salariés, payés pour <strong>les</strong> tuer.<br />

241


UN SPECTACLE<br />

Des amis maoïstes m’invitent à venir assister à un spectacle à Pragyabhavan, la grande<br />

salle de spectacle nommée l’Academy ou Progya Academy <strong>sur</strong> <strong>les</strong> plans de Katmandu.<br />

Nous y allons, Dawa Yangzi, ma femme, Lakpa Chemzi, notre fille, et moi, vieil<br />

occidental à cheveux blancs. Etrange sensation, j’attire <strong>les</strong> regards. Des regards appuyés,<br />

étonnés, curieux, de la complicité dans certains, accompagnés parfois de sourires<br />

chaleureux. Le spectacle commence : musique assourdissante, airs de flûte népalais. Des<br />

chanteurs solitaires, des chœurs, des danseurs, des acteurs professionnels. Chansons à<br />

thème :<br />

Il n’y a pas de différences entre <strong>les</strong> hommes... Les Dalits sont des hommes.<br />

Un chant pour <strong>les</strong> Dalits, un chant pour <strong>les</strong> paysans... Chansons et danses folkloriques,<br />

traditionnel<strong>les</strong> ou militaires. Des imitateurs d’hommes politiques, de droite : Girija<br />

Prasad Koirala, Sher Bahadur Deuba..., de réformistes U.M.L.: Madhav Kumar <strong>Népal</strong>,<br />

242<br />

de maoïstes : Prachanda-Puhspa Kamal Dahal, Baburam Bhattaraï... Enormes rires dans<br />

la salle.<br />

Des paro<strong>les</strong> :<br />

Si nous ne réussissons pas cette fois, nous ferons une troisième révolution.<br />

Moi qui déteste <strong>les</strong> spectac<strong>les</strong> et le bruit assourdissant, je pensais ne rester qu’une demiheure,<br />

je suis resté jusqu’à la fin.<br />

Quelques mois plus tard, <strong>au</strong>tre spectacle, dans la rue celui-là. Le Président Yadav ayant<br />

accordé la suprématie <strong>au</strong> pouvoir militaire <strong>sur</strong> le pouvoir civil, le Premier Ministre<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal, démissionne. Des bandha-grèves suivent. Au cours<br />

d’une de ces grèves, des danses, des chants. Filmé par la télévision Prachanda esquisse<br />

des mouvements de danse. J’ai pensé à La carmagnole, chantée et dansée par nos Sansculottes.<br />

242


MEDIAS, MAOISTES, O. N.U., PARTIALITES<br />

Aucun média n’a, à ma connaissance, souligné que <strong>les</strong> politiques népalais qui s’étaient régulièrement<br />

opposés, à l’intervention de l’O.N.U., puis <strong>au</strong>x exigences de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. étaient :<br />

- <strong>les</strong> partis de droite dont <strong>les</strong> partis royalistes R.P.P... ,<br />

- le parti <strong>Népal</strong>i Congres.<br />

Mais également :<br />

- une partie des membres du parti communiste Union Marxist Leninist, l’U.M.L. Ceux-là l’ont<br />

toujours fait avec réticence, timidement, avec, parfois, des louvoiements, des retours en arrière, de<br />

f<strong>au</strong>sses acceptations. Ainsi agira le Premier ministre U.M.L. Madhav Kumar <strong>Népal</strong> qui succédera à<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal <strong>au</strong> poste de Premier ministre tout le temps qu’il sera <strong>au</strong> pouvoir.<br />

Ces partis se placeront <strong>au</strong> côté de l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army lorsque cet état-major refusera la<br />

fusion des deux armées demandée par l’organisme international, lorsqu’il sera question d’intégrer<br />

un nombre de combattants maoïstes dans la <strong>Népal</strong> Army fixé par cette O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

Seuls le parti communiste unifié, maoïste, a été depuis le début de la <strong>guerre</strong> pour l’intervention de<br />

l’O.N.U. Il a ensuite été le seul à accepter <strong>les</strong> prescriptions de cette O.N.U.-U.N.M.I.N. Ces maoïstes,<br />

une fois prononcée la fin des combats, ont annoncé qu’ils appliqueraient <strong>les</strong> demandes ou <strong>les</strong><br />

exigences de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. et qu’ils respecteraient <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> démocratiques. Nous verrons<br />

plus tard que la démission du maoïste Prachanda-Puhspa Kamal Dahal de son poste de Premier<br />

ministre s’est produite lorsque le Président de la République a fait passer le pouvoir militaire <strong>au</strong><br />

dessus du pouvoir civil, ce qui constituait un flagrant délit de non-respect de ces règ<strong>les</strong>.<br />

Il f<strong>au</strong>t savoir que l’U.N.M.I.N. O.N.U. possède une arme extrêmement puissante : on ne peut guère<br />

imaginer des aides <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> qui s’effectueraient contre son accord (cel<strong>les</strong> de l’Inde non comptées,<br />

évidemment). On sait que le budget du <strong>Népal</strong> n’est équilibré que grâce à ces aides.<br />

Quel média népalais, quel média français a indiqué cela ?<br />

243<br />

243


CRITIQUES CONTRE LES MAOISTES<br />

SILENCES, REALITES, PROPAGANDE.<br />

Pendant <strong>les</strong> débuts de cette période de lutte armée, en bon occidental émigré venant d’un<br />

pays de nantis, un pays socialement calme, je ne comprenais pas la nécessité d’utiliser la<br />

violence, encore moins celle de la lutte armée. Je disais même à mon ami l’adatché, le<br />

maire du village de banlieue dans lequel je réside, membre du parti communiste Union<br />

Marxist Leninist, l’U.M.L. :<br />

Mais le communisme, c’est terminé.<br />

Et j’opinais quand il m’affirmait que l’utilisation de la violence était condamnable et que<br />

le mouvement maoïste était à combattre. Je considérais ces révolutionnaires népalais en<br />

lutte comme des troub<strong>les</strong> fêtes. Le <strong>Népal</strong> ne tirait-il pas l’essentiel de ses revenus du<br />

244<br />

tourisme ?<br />

Puis, <strong>au</strong> fil des jours, j’apprenais le <strong>Népal</strong>, son fonctionnement. J’avais appris ce qu’était<br />

la véritable misère lorsque j’avais vécu chez ma femme coolie-ouvrière agricolebûcheronne<br />

dans le Khumbu. Je vérifiais à son attitude soumise et angoissée devant <strong>les</strong><br />

membres de l’administration, presque tous gens de caste, l’épouvantable stratification<br />

sociale du pays. Un jour, j’ai compris : la propagande, celle dénuée de subtilité des<br />

dirigeants, celle plus douce mais également partiale des quelques journ<strong>au</strong>x qui m’étaient<br />

accessib<strong>les</strong>, <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x anglophones : l’hebdomadaire <strong>Népal</strong>i Times, <strong>les</strong> quotidiens<br />

l’Himalayan Times le Katmandu Post, le Rising <strong>Népal</strong>. Je ne savais pas alors que l’un<br />

était une publication indienne, que <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres étaient des journ<strong>au</strong>x reflétant l’opinion des<br />

milieux d’affaires, de la société libérale, que le Rising <strong>Népal</strong> était le journal du pouvoir<br />

en place, quel qu’il soit ! Ces journ<strong>au</strong>x étaient la voix des notab<strong>les</strong>, la voix du business.<br />

Ils étaient <strong>les</strong> porte-parole de ceux qui, en réalité, ne désiraient la transformation du type<br />

de roy<strong>au</strong>té que pour accaparer le pouvoir sans souci réel de la misère du peuple népalais.<br />

J’étais troublé, mais, comme tous, je condamnais <strong>les</strong> actes de violence commis par <strong>les</strong><br />

maoïstes. Il m’arrivait même d’admettre que <strong>les</strong> gouvernements du roi étaient obligés de<br />

lutter contre eux. La presse rendait compte, elle était unanime :<br />

244


245<br />

Au cours des opérations Romeo et Research, <strong>les</strong> paysans ont fui dans la forêt pour échapper <strong>au</strong>x<br />

maoïstes. Les maoïstes tuent, torturent, volent, saccagent, brûlent, détruisent...<br />

J’<strong>au</strong>rais pu évidemment lire <strong>les</strong> rapports de l’O.N.U., d’Amnesty International, je n’étais<br />

pas raccordé à internet, je n’étais pas assez motivé par la politique pour le faire. J’ai<br />

appris bien plus tard la réalité. C’étaient <strong>les</strong> forces de l’ordre qui avaient obligé <strong>les</strong><br />

maoïstes et <strong>les</strong> mao-badis–partisans, ou <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> amis des maoïstes- à fuir dans la<br />

forêt, c’étaient <strong>les</strong> forces de l’ordre, qui, dans <strong>les</strong> villages, avaient tué, torturé, violé !<br />

Fin de la <strong>guerre</strong> :<br />

The accountability Watch Comittee, a collective initiative for accountability, has asked the<br />

governement not to promote Major General (nom supprimé) who faces serious accusations of<br />

humans rights violation…Serious accusations including the disapearing of 49 detainers from<br />

Battalion which was under his command during the time of the conflict.<br />

Oui <strong>les</strong> maoïstes avaient <strong>au</strong>ssi tué, fait fuir des personnes -j’en ai connu quelques unesdes<br />

lieux où ils exerçaient le pouvoir : c’étaient des représentants du gouvernement, des<br />

grands propriétaires – il suffit de peu de terres dans un pays où sévit le servage, pour être<br />

considéré comme un grand propriétaire- des politiciens engagés, des banquiers, des<br />

u<strong>sur</strong>iers, oui des u<strong>sur</strong>iers...Mais ceux qui avaient répandu la terreur, qui avaient tué,<br />

torturé étaient <strong>les</strong> membres des forces de l’ordre. La propagande était bien faite, combien<br />

d’Occident<strong>au</strong>x résidents, combien d’Occident<strong>au</strong>x touristes ou trekkeurs influencés par<br />

cette presse anglophone, par <strong>les</strong> propos savamment colportés par <strong>les</strong> gens de caste, <strong>les</strong><br />

nantis, la bourgeoisie éclairée –parmi <strong>les</strong>quels il f<strong>au</strong>t compter <strong>les</strong> patrons et <strong>les</strong> cadres<br />

des agences de voyage, de trek- ont gobé le tout et ensuite braillé :<br />

Les maoïstes tuent, ils font fuir <strong>les</strong> paysans, 13.000 ont quitté leurs terres.<br />

Ils font fuir <strong>les</strong> enfants, ils font combattre des enfants... !<br />

Ils ont fait fuir <strong>les</strong> paysans, des milliers sont à Katmandu, d’<strong>au</strong>tres à l’étranger (sic).<br />

Les trekkeurs rajoutaient :<br />

Les maoïstes rançonnent <strong>les</strong> habitants, ils rackettent.<br />

Nos guides ont peur de rentrer dans leurs villages.<br />

Et avec un sourire moqueur :<br />

Ils prélèvent l’impôt révolutionnaire.<br />

P<strong>au</strong>vres trekkeurs qui étaient obligés de payer 1000 à 2000 roupies : 10 à 20 euros !<br />

245


Lorsque, la <strong>guerre</strong> terminée, <strong>les</strong> maoïstes ont été majoritaires <strong>au</strong>x élections, leur discours<br />

a changé, on a entendu :<br />

Evidemment il ne f<strong>au</strong>drait pas qu’ils (<strong>les</strong> maoïstes) gouvernent seuls. Il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que ce<br />

sont des extrémistes.<br />

Dans ces discours jamais un mot <strong>sur</strong> la politique suivie par <strong>les</strong> gouvernements de la<br />

monarchie, pas un mot <strong>sur</strong> <strong>les</strong> h<strong>au</strong>tes castes, pas un mot <strong>sur</strong> le régime féodal, pas un mot<br />

<strong>sur</strong> la misère du <strong>Népal</strong>ais ! Pas un mot <strong>sur</strong> l’attitude des forces de l’ordre <strong>au</strong> cours des<br />

combats. Je n’ai entendu, pendant <strong>les</strong> dix ans qu’ont duré <strong>les</strong> combats, <strong>au</strong>cune voix me<br />

poser la question :<br />

Mais pourquoi se battent-ils ? Pourquoi tuent-ils ? Pourquoi se font-ils tuer ?<br />

246<br />

Il était normal qu’en France des journ<strong>au</strong>x tels que le Figaro reproduisent textuellement<br />

ces affirmations. Il est même normal que des journ<strong>au</strong>x comme Le Monde en ait rendu<br />

compte avec sa manière de f<strong>au</strong>sse objectivité, mais qu’un quotidien comme Libération,<br />

un hebdomadaire comme Le Nouvel Observateur ne se soient pas élevés contre cette<br />

propagande, est lamentable. L’absence de clairvoyance de la presse de tourisme, de la<br />

presse de clubs de montagne, s’explique par sa myopie, son hypocrisie, sa vision étroite<br />

des choses, son engouement pour une spiritualité matérialiste. Pour elle, <strong>les</strong> problèmes<br />

en Asie se concentraient <strong>au</strong> Tibet. Les seu<strong>les</strong> exactions dont il fallait parler étaient cel<strong>les</strong><br />

commises par <strong>les</strong> Chinois, <strong>les</strong> plus grands, <strong>les</strong> seuls criminels en Asie. Il <strong>au</strong>rait pourtant<br />

été bon qu’un journal de club, de tourisme, de trek, un journaliste de g<strong>au</strong>che français,<br />

écrive un jour en grosses lettres :<br />

L’organisation de défense des Droits de l’homme s’in<strong>sur</strong>gent contre le gouvernement Gyanendra, ils<br />

demandent que cessent <strong>les</strong> exactions de l’armée et de la police : disparitions, meurtres, viols,<br />

arrestations et détentions arbitraires, tortures, exécutions sommaires.<br />

Des exactions ont été commises des deux côtés mais il f<strong>au</strong>t savoir (Amnesty<br />

International) que :<br />

- 10 % sont attribuées <strong>au</strong>x maoïstes.<br />

246


247<br />

- Sur 700 disparus : 580 sont attribués <strong>au</strong>x forces de l’ordre, 11 <strong>au</strong>x<br />

maoïstes, 19 <strong>au</strong>x Kao-Badi (f<strong>au</strong>x maoïstes), le reste étant d’origine<br />

inconnue.<br />

Il <strong>au</strong>rait été bien que quelqu’un explique cela : <strong>au</strong>x touristes, <strong>au</strong>x trekkeurs, <strong>au</strong>x<br />

alpinistes-himalayistes. Il <strong>au</strong>rait été bien que quelqu’un explique <strong>au</strong>x bouddhistes<br />

navigant <strong>sur</strong> leur égotisme, que la c<strong>au</strong>se de six millions de Tibétains méritait quelques<br />

paro<strong>les</strong> et propos critiques, mais qu’il existait <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> 20 à 25 millions de misérab<strong>les</strong><br />

dont personne ne parlait.<br />

247


RETOUR A L’HISTOIRE<br />

LA DEUXIEME REVOLUTION<br />

248<br />

Reprenons : en avril et en mai 2006, de puissantes manifestations, des bandhas-grèves,<br />

se succèdent dans Katmandu et dans <strong>les</strong> grandes vil<strong>les</strong>. Les manifestants se battent<br />

contre la police et l’armée <strong>au</strong>x cris de :<br />

Jindabha Jana-Rajya.<br />

Mourdabha raja Gyanendra.<br />

Que soit vainqueur la République. Que meure le roi Gyanendra.<br />

Gros titre en français à la une du quotidien Katmandu Post :<br />

VIVE LA REPUBLIQUE.<br />

On lit dans <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x :<br />

Tous <strong>les</strong> pays qui assistaient la monarchie : Inde, Angleterre, U.S.A.... abandonnent <strong>les</strong> aides<br />

militaires et financières.<br />

Ridicule Occident ! Mais :<br />

La Chine continue à envoyer des armes à l’armée du roi.<br />

Les journ<strong>au</strong>x écrivent, la caravane passe :<br />

La deuxième révolution népalaise est en cours.<br />

Le palais du roi Narayanhiti est entouré de plusieurs régiments de la police et de l’armée.<br />

La manifestation s’approche, des centaines de milliers de personnes –un quotidien<br />

indique deux millions !-. L’Armée tire <strong>sur</strong> la foule, on compte une dizaine de morts. Des<br />

soldats refusent de tirer contre <strong>les</strong> manifestants.<br />

- Le 21 avril 2006, le roi, averti par l’état-major de son armée que la situation n’est plus<br />

contrôlable, annonce qu’il :<br />

Remet le pouvoir <strong>au</strong>x partis.<br />

Dans un quotidien :<br />

La décision du roi Gyanendra de remettre son pouvoir <strong>au</strong> Parlement a certainement été liée <strong>au</strong> refus<br />

du chef d’état-major de réprimer la manifestation.<br />

Le roi a fléchi, il abandonne tout pouvoir.<br />

248


LA DEUXIEME REVOLUTION NEPALAISE EST VICTORIEUSE.<br />

Les partis décident que le roi perd immédiatement le contrôle de l’armée. Il est même<br />

annoncé, déclaration cocasse qui s’apparente à l’humour, en réalité elle est symbolique,<br />

249<br />

que le <strong>Népal</strong> sera un état laïc !<br />

- 29 mai : le drape<strong>au</strong> népalais remplace le drape<strong>au</strong> de la monarchie <strong>sur</strong> le faîte du palais<br />

Narayanhiti situé <strong>au</strong> bout de Durbar Marg, à l’est de Thamel.<br />

La République est en chemin, mais le pays est dans un état lamentable : institutions et<br />

équipements, la misère est toujours <strong>au</strong>ssi forte, <strong>les</strong> castes, <strong>les</strong> inégalités sont toujours<br />

présentes. Toutefois, l’enthousiasme des <strong>Népal</strong>ais est là et il est si fort qu’il masque <strong>les</strong><br />

difficultés à venir. Les maoïstes demandent que soit mise en place une Assemblée<br />

constituante, que la République soit immédiatement proclamée. Les partis royalistes sont<br />

évidemment contre cette décision. La majorité des membres du <strong>Népal</strong>i Congres sont<br />

pour une monarchie constitutionnelle. Girija Prasad. Koirala le leader du <strong>Népal</strong>i Congres<br />

affiche des sentiments franchement monarchistes. Les membres du parti Union Marxist<br />

Leninist se disent partisans de la République.<br />

Les maoïstes, ainsi que des membres du parti communiste Union Marxist Leninist, sont<br />

pour une rapide intervention de l’O.N.U. Les <strong>au</strong>tres partis finassent puis finissent par<br />

accepter cette intervention.<br />

- Le 22 novembre 2006, un programme est rédigé.<br />

- L’intervention de l’O.N.U. est décidée. Le nom de l’organisme de l’O.N.U. chargé<br />

d’assister <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais se nommera :<br />

United Nations Mission in Nepal. L’ U.N.M.I.N. ou l’ON.U.-U.N.M.I.N.<br />

- C’est l’Assemblée qui décidera du type de gouvernement : République ou monarchie<br />

constitutionnelle.<br />

- Les propriétés du roi sont confisquées <strong>au</strong> bénéfice de la Nation (dont le palais<br />

Narayanhiti, mais non la propriété qu’il possède à Maharajganj, ni celle de son fils Paras<br />

adjacente à la sienne. Il conservera également sa propriété de Nagarjung.<br />

249


- Les troupes maoïstes seront cantonnées dans des camps contrôlés par l’O.N.U.-<br />

U.N.M.I.N. Les armes seront placées dans des containers scellés. Il en sera de même<br />

pour un nombre égal d’armes de la Royal <strong>Népal</strong> Army qui devient la <strong>Népal</strong> Army, la<br />

N.A. Les deux armées fusionneront, le nombre de combattants maoïstes susceptib<strong>les</strong> de<br />

rejoindre la nouvelle <strong>Népal</strong> Army sera décidé par des militaires spécialistes de l’O.N.U.-<br />

U.N.M.I.N. Retenir que ce sera ce dernier point qui empêchera que l’Assemblée<br />

250<br />

vote la Constitution du pays dans <strong>les</strong> délais prévus, date ultime : 28 mai 2010.<br />

- La réforme de l’armée du roi sera contrôlée par le Parlement.<br />

- En 2007, une Assemblée provisoire remplace l’Assemblée rétablie en 2006. Cette<br />

Assemblée comprend :<br />

- 75 membres du <strong>Népal</strong>i Congress.<br />

- 73 membres du parti U.M.L.<br />

- 73 maoïstes.<br />

- 48 personnalités politiques, des représentants d’ethnies.<br />

- Un gouvernement provisoire est mis en place. Il <strong>au</strong>ra pour but de préparer <strong>les</strong> élections.<br />

Il est évidemment dirigé par le vieux Girija Prasad Koirala, le leader historique du<br />

<strong>Népal</strong>i Congres. Les maoïstes ont cinq ministres.<br />

- Il est décidé que l’Assemblée constituante <strong>au</strong>ra 425 membres dont 205 seront élus <strong>au</strong><br />

suffrage universel. Seize personnalités seront désignées par le Conseil des ministres du<br />

gouvernement provisoire ( ! ) Les maoïstes étaient partisans d’une Assemblée élue à la<br />

proportionnelle.<br />

Les maoïstes réclament avec insistance le départ immédiat du roi, la promulgation de la<br />

République. Au fil des jours, le parti communiste Union Marxist Leninist, l’U.M.L.<br />

accentue son fléchissement vers la droite. On verra plus tard ce parti –comparable à<br />

notre S.F.I.O. (socialistes français du temps de la <strong>guerre</strong> d’Algérie) de risible mémoirerefuser<br />

une union de la g<strong>au</strong>che pour s’allier avec le parti <strong>Népal</strong>i Congres et <strong>les</strong> partis<br />

d’extrême droite traditionnels. A partir de ce moment, ce parti U.M.L. est raillé par <strong>les</strong><br />

maoïstes qui le nomment :<br />

Parti révisionniste d’extrême droite.<br />

250


La suite des événements va souvent démontrer la justesse de cette appellation : sous le<br />

gouvernement dirigé par l’U.M.L. on verra de riches propriétaires récupérer leurs biens,<br />

on verra l’U.M.L. jouer le jeu de l’état-major de l’armée royale et s’opposer <strong>au</strong>x<br />

exigences de l’O.N.U, U.N.M.I.N...<br />

251<br />

L’Occident évidemment c<strong>au</strong>tionne tout ce qui est anti-maoïste, tout ce qui peut affaiblir<br />

<strong>les</strong> maoïstes. Cet Occident puise ses convictions –gentiment j’élimine la part d’idées<br />

préconçues, <strong>les</strong> nécessités de la politique internationale- dans <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> de la presse<br />

anglophone népalaise, dans <strong>les</strong> affirmations des partis de droite dans <strong>les</strong>quels il f<strong>au</strong>t,<br />

hélas, classer le parti communiste Union Marxist Leninist. Ainsi dans <strong>les</strong> écrits des<br />

Occident<strong>au</strong>x, <strong>les</strong> phrases suivantes vont se répéter :<br />

Exactions commises par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Absence de respect des Droits de l’homme par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Captures de terres par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Combien d’Occident<strong>au</strong>x demanderont :<br />

- s’il est possible de toujours rester dans un cadre démocratique <strong>au</strong> cours d’une<br />

révolution ?<br />

- s’il est possible de modifier fondamentalement <strong>les</strong> structures d’un pays féodal par un<br />

jeu législatif ?<br />

- si des terres confisquées <strong>au</strong>x riches pour être distribuées à des Dalits-paysans sans terre<br />

constituent un délit ?<br />

Seront oubliées ces phrases de Michelle Kergoat :<br />

Le mouvement maoïste a contribué à redonner de la dignité et de la combativité <strong>au</strong>x éternels oubliés<br />

et exploités du <strong>Népal</strong>... Ils (<strong>les</strong> maoïstes) ont affaibli le prestige de l’hindouisme... Ils ont attiré<br />

l’attention <strong>sur</strong> le statut social des intouchab<strong>les</strong>...<br />

Le programme des maoïstes, ce pour quoi ils se sont battus, va-t-il se réaliser ? Que de<br />

difficultés restent à aplanir ! De La France et <strong>les</strong> Français. Encyclopédie La pléiade :<br />

Abattre l’ancien régime a été plus aisé que de le remplacer par un état moderne.<br />

251


TITRE VII<br />

L’APRES GUERRE<br />

SUR LES PARTIS POLITIQUES.<br />

Il y a plus de 20 partis politiques <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ! A la fin de la <strong>guerre</strong>, il n’y a pratiquement<br />

pas eu, dans ces partis politiques, d’importantes modifications. On retrouve ainsi de<br />

252<br />

l’extrême droite à l’extrême g<strong>au</strong>che.<br />

- Les partis royalistes : le Rastriya Janashakti Party, le R.J.P. et le Rastriya Prajatantra<br />

Party, le R.P.P., le Rapapa ou Raprapa disent <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais, ont fusionné. On trouve dans<br />

ces partis des ultras royalistes et des modérés. Evidemment, tous sont contre la<br />

République, pour une monarchie des rois Shah et le maintien des h<strong>au</strong>tes castes<br />

dominantes. On trouve <strong>au</strong>ssi dans ce parti des hindouistes intégristes, fervents prosélytes<br />

qui n’hésitent pas à utiliser des méthodes fort peu démocratiques. Ce parti comprend de<br />

nombreux Chétri, le roi, incarnation de Vichnu, est de la caste des Chétri. L’armée,<br />

dirigée par des Chétri, est donc profondément royaliste. Les dirigeants (2010) du parti<br />

royaliste se nomment : Surya Bahadur Thapa et Lokendra Bahadur Chand. Un ministre<br />

de l’intérieur du roi Gyanendra, Kamal Thapa, a été particulièrement actif et virulent<br />

pendant la <strong>guerre</strong>. Il a été condamné et emprisonné pour malversations après la <strong>guerre</strong>.<br />

- Des mouvements de droite : parmi eux des partis qui regroupent des partisans d’un<br />

Madesh <strong>au</strong>tonome ou même franchement indépendant. Citons-<strong>les</strong> :<br />

- Madhesi Jana Likar (ou alikar) Forum. (Jana : peuple.) dont le leader est Yadav<br />

Upendra.<br />

- Teraï Madesh Loktantrik (de loktantra : démocratie.).<br />

Ce sont des membres de ces groupes, parfois rassemblés en milices armées, qui ont, <strong>au</strong><br />

moment du gouvernement provisoire, froidement assassiné une trentaine de cadres<br />

maoïstes dans leur camp.<br />

252


- Le parti <strong>Népal</strong>i Congres, N.C. : Ce parti, d’opposition à la monarchie absolue en ses<br />

253<br />

débuts, ses membres ne demandant à la révolution qu’une atténuation du pouvoir du roi,<br />

est devenu le parti de droite par excellence. C’est le parti de l’immobilisme, le parti de<br />

défense des h<strong>au</strong>tes castes. Il deviendra <strong>au</strong> fil des jours le parti de défense de l’économie<br />

libérale, du business. Il comprend de nombreux membres des deux h<strong>au</strong>tes castes<br />

partisans du maintien des privilèges, de la structure féodale du pays. Les Bahuns y sont<br />

particulièrement nombreux, presque tous <strong>les</strong> leaders de ce parti sont des Bahuns. Le<br />

<strong>Népal</strong>i Congres est <strong>au</strong>ssi le parti des hindouistes, n’oublions jamais que ces Bahuns sont<br />

<strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme et que de nombreux népalais incultes, inféodés à cette<br />

religion votent de ce fait pour le <strong>Népal</strong>i Congres. Ses dirigeants se nomment Koirala,<br />

Sit<strong>au</strong>la, P<strong>au</strong>del, Battarai... Des différends, des luttes internes, séparent parfois <strong>les</strong><br />

membres de ce parti. Les plus visib<strong>les</strong> ont été l’exclusion de Sher Bahadur Deuba (voir<br />

ci-dessous), et la lutte qui a opposé Sujata Koirala, fille de Girija Prasad Koirala,<br />

l’ancien ministre, à Khrisna Sit<strong>au</strong>la, après qu’elle ait été nommée deputy du Premier<br />

ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> et Ministre des Affaires étrangères du gouvernement<br />

anti-maoïste de coalition dirigé par le parti communiste Union Marxist Leninist. formé<br />

après la <strong>guerre</strong>.<br />

- Le parti Democratic Congress. D.C. : Cette branche dissidente du parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congres a été créée par Sher Bahadur Deuba après son exclusion du parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congress. Il avait, Premier ministre du roi Gyanendra, accepté de dissoudre le<br />

Parlement. Dès que sont connus <strong>les</strong> résultats catastrophiques <strong>au</strong>x élections qui ont suivi<br />

la fin de la <strong>guerre</strong> et la proclamation de la République, le <strong>Népal</strong>i Congres et le parti<br />

Democratic Congres fusionnent. Sher Bahadur Deuba devient un membre influent de ce<br />

parti <strong>Népal</strong>i Congres mais il semble qu’il n’arrive pas à s’imposer comme deuxième<br />

leader <strong>au</strong>x côtés de Girija Prasad Koirala.<br />

Ces deux partis <strong>Népal</strong>i Congres et Democratic congres sont évidemment toujours restés<br />

fortement liés à l’Inde.<br />

- Le parti Communiste Union Marxist Leniniste. U.M.L. : ce parti est la ré<strong>sur</strong>gence<br />

de la branche non violente du parti United People’s Front. Il comprend une aile g<strong>au</strong>che<br />

dirigée par le leader Jana Nath Khanal, et une aile droite dirigée par le leader Madhav<br />

253


Kumar <strong>Népal</strong>. Ce dernier, honteusement, s’alliera avec <strong>les</strong> royalistes et <strong>les</strong> membres du<br />

<strong>Népal</strong> Congres pour former un gouvernement anti-maoïste par essence. La branche de<br />

droite va, <strong>au</strong> fil des jours, démontrer qu’elle est farouchement, inconditionnellement<br />

opposée <strong>au</strong>x maoïstes. Elle n’a rien d’un parti de g<strong>au</strong>che. Je l’ai précédemment<br />

comparée à notre S.F.I.O. de risible et triste mémoire. Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, leader de<br />

cette branche droite, est en réalité déçu du faible score que son parti a obtenu <strong>au</strong>x<br />

élections. Il pensait que son parti serait majoritaire. C’est pourquoi il tourne le dos <strong>au</strong>x<br />

maoïstes qui lui avaient demandé de créer un front uni de la g<strong>au</strong>che et il s’allie avec <strong>les</strong><br />

partis de droite dont le <strong>Népal</strong>i Congres. Grâce à leurs voix, il devient le deuxième<br />

Premier Ministre de la République népalaise. A ce poste, il ira de concessions en<br />

concessions faites <strong>au</strong>x partis de droite, à l’armée, à l’Inde.<br />

Ce parti de pouvoir, <strong>au</strong> mieux réformiste, n’oublie pas <strong>les</strong> contraintes électora<strong>les</strong>.<br />

L’<strong>au</strong>teur dit un jour à son ami l’adatché (maire) U.M.L.de sa commune qui se plaignait<br />

du maigre budget dont il disposait :<br />

-Augmentez <strong>les</strong> taxes foncières. Pour notre villa, nous payons 500 roupies par an, nous devrions<br />

payer 5000 à 10.000 rs.<br />

Et la réponse de cet élu :<br />

- Si je demande 10.000 roupies par villa comme la vôtre je perds une grande partie de mon électorat.<br />

Chef de ce parti U.M.L. pendant que Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est Premier ministre, émerge<br />

la figure de Jhana Nath Khanal. Ce leader affirme des opinions nettement plus à g<strong>au</strong>che<br />

que cel<strong>les</strong> de Madhav Kumar <strong>Népal</strong>. Il est choqué par l’alliance de son parti avec <strong>les</strong><br />

partis de droite. Il est pour l’acceptation des demandes de l’O.N.U.-U.N.M.I.N., pour<br />

tout ce qui empêche le vote d’approbation de la constitution. Il n’hésite pas à demander<br />

que soit créé un front de la g<strong>au</strong>che et que le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong><br />

254<br />

démissionne de son poste de Premier ministre.<br />

- Le parti Union Communit Party <strong>Népal</strong>-Maoist. U.C.P.N.-M. : Ce parti regroupe <strong>les</strong><br />

partis vraiment révolutionnaires. Le mot maoïste seul suffit à <strong>les</strong> désigner. Les partisans,<br />

<strong>les</strong> sympathisants maoïstes se nomment mao-badi (en opposition <strong>au</strong>x kao-badi qui se<br />

prétendent maoïstes parce qu’ils espèrent en retirer un bénéfice -kao du verbe kana :<br />

manger-). Ces partis révolutionnaires sont nombreux mais le plus important est celui qui,<br />

254


après la révolution, a pris pour nom Unified Communist Party-Maoïste, l’ U.C.P.-M. Ces<br />

partis avaient admis que la violence était le seul moyen pour jeter à bas <strong>les</strong> structures<br />

féoda<strong>les</strong> du pays et obtenir la proclamation d’une République. Ils pensent que la <strong>guerre</strong><br />

255<br />

<strong>civile</strong> a été indispensable. Le leader de ce parti est Pushpa Kamal Dahal <strong>sur</strong>nommé<br />

Prachanda. Chef de <strong>guerre</strong> incontesté, c’est lui qui, sans faiblir a conduit le pays à<br />

devenir une République. Ce parti n’est pas monolithe, il est divisé par plusieurs factions.<br />

- Celle de Mohan Baidya, <strong>sur</strong>nom de <strong>guerre</strong> : Kiran, qui refuse que la People Liberation<br />

Army soit intégrée dans la <strong>Népal</strong> Army. Il f<strong>au</strong>t, disent ses membres, poursuivre la<br />

<strong>guerre</strong>, la révolution n’est pas terminée.<br />

- Celle de Baburam Bhattarai qui affirme que la <strong>guerre</strong> s’est terminée avec la<br />

proclamation de la République et qu’il f<strong>au</strong>t engager maintenant la révolution<br />

économique.<br />

- Une branche rejette <strong>les</strong> leaders qui ont conduit la <strong>guerre</strong> et demande que le pouvoir<br />

aille <strong>au</strong>x représentants d’<strong>au</strong>tres factions ou à des leaders d’ethnies :<br />

- Party workers of : the Seti, Karnali, Mahakali, Madeshi, Adhivasi and Janjanti...<br />

- Sadbyhavana, parti qui regroupe des ouvriers agrico<strong>les</strong> du Teraï.<br />

-...<br />

Il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que le Teraï est composé d’une partie occidentale p<strong>au</strong>vre et d’une<br />

partie orientale riche mais <strong>au</strong> sein de laquelle existent des mouvements d’extrême<br />

g<strong>au</strong>che. Tel le mouvement Japheli né dans la ville orientale du Teraï Japha. On trouve<br />

ainsi le :<br />

- Madeshi Rastryia Mukti Morcha.<br />

- <strong>Népal</strong> Workers’s and Peasants Party, N.W.P.P., dont <strong>les</strong> leaders n’hésitent pas à<br />

critiquer Prachanda quand il pratique une politique d’apaisement. Le 15 juin 2010, ils<br />

affirment que leur parti :<br />

Has not demanded prime’s Minister (Madhav Kumar Nepal, celui qui s’est allié avec la droite)<br />

résignation... but had only withdrawn to support the government.<br />

Ils semblent vouloir un rapprochement avec Jana Nath Khanal.<br />

Mais le nom de Unified Communist Party indique que toutes ces factions sont unies<br />

contre <strong>les</strong> partis royalistes et ultra-royalistes, le parti de l’absence totale de changement<br />

255


<strong>Népal</strong>i Congres, N.C. et la branche droite du parti réformiste communiste Union Marxist<br />

256<br />

Leninist, U.M.L.<br />

Enfin il f<strong>au</strong>t citer ce qui peut-être considéré comme la branche extrémiste<br />

révolutionnaire des maoïstes, la :<br />

Young Communist League, la Y.C.L.<br />

Ou-aï-ciel disent <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais de la rue. Dans ces Jeunes communistes il f<strong>au</strong>t compter <strong>les</strong><br />

membres du All <strong>Népal</strong> National Independant Students Union, l’A.N.N.I.S.U, groupant<br />

des étudiants. Ces Jeunesses communistes, <strong>au</strong>x dires de la presse anglophone,<br />

continuent d’exercer des actions violentes jugées contraires <strong>au</strong>x prescriptions des Droits<br />

de l’Homme. Mais il apparaît que nombre d’actions qui leur sont imputées ne sont pas<br />

de leur fait ou sont des coups montés par <strong>les</strong> médias qui s’empressent de <strong>les</strong> décrire avec<br />

forces détails, f<strong>au</strong>sses photos à l’appui parfois. Prachanda parle en ces termes de ces<br />

Y.C.L. dans le Worker n° 11 de juillet 2007 :<br />

Now Y.C.L. is being tagged as a synonym of terror. We had only started the process of<br />

transformation of the society that you see in the communication media that the Y.C.L. has involved<br />

in the activites of collecting dirt and garbage, widening the encroached roads, facilitading traffic…<br />

Ce qui est exact, l’<strong>au</strong>teur en témoigne.<br />

EVOLUTION DE CES PARTIS.<br />

Il f<strong>au</strong>t admettre que <strong>les</strong> partis royalistes, <strong>sur</strong> la défensive, ne vont pas évoluer. Le parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres non plus. Le parti communiste Union Marxist Leninist ira-t-il plus à<br />

droite encore ? La branche de g<strong>au</strong>che de Jana Nath Khanal prendra-t-elle le dessus ?<br />

Peut-on envisager une scission de ce parti en deux blocs ?<br />

Si le parti communiste unifié des Maoïstes reprend le pouvoir, quelle politique<br />

appliquera-t-il ? Deviendra-t-il un parti de pouvoir ? S’il reste un parti révolutionnaire<br />

pourra-t-il réformer profondément le pays sans mécontenter <strong>les</strong> donneurs U.S.A., U.E.<br />

Japon...? Que fera l’Inde ? La réponse est simple : « Elle fera tout, pour faire tomber un<br />

gouvernement conduit par <strong>les</strong> maoïstes, comme elle l’a fait précédemment »<br />

256


257<br />

Une scission de ce parti est-elle également concevable ? Les déçus de l’extrême g<strong>au</strong>che<br />

allant rejoindre <strong>les</strong> extrémistes Worker and Peasants, <strong>les</strong> mouvements d’étudiants, la<br />

Y.C.L.<br />

Et si le <strong>Népal</strong> tombait dans le camp chinois ? S’il utilisait ses méthodes : un capitalisme<br />

sous emballage <strong>sur</strong> lequel brillent la f<strong>au</strong>cille et le marte<strong>au</strong> ? Comment <strong>les</strong> partis<br />

évolueraient-ils ?<br />

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE<br />

APRES LA 2° REVOLUTION DE 2006 UN GOUVERNEMENT EST MIS EN<br />

PLACE.<br />

Un quotidien Kathmandouite de novembre 2006 titre :<br />

Peace talks culminate in historic agreement.<br />

Des sous-titres indiquent :<br />

- Intérim parliament by Nov 26.<br />

- Interim government by Dec 1.<br />

- Comprehensive peace accord by Nov 16.<br />

- Intérim constitution by Nov 21.<br />

Rappelons que le chef du <strong>Népal</strong>i Congres, Girija Prasad Koirala, est désigné comme<br />

Premier ministre. Il émerge donc une fois de plus. Il déclare :<br />

Un nouve<strong>au</strong> chapitre s’ouvre avec l’introduction des maoïstes <strong>au</strong> gouvernement.<br />

L’O.N.U.- U.N.M.I.N. par la voix de Ian Martin, ancien syndicaliste Travailliste<br />

britannique félicite le New <strong>Népal</strong> :<br />

A key moment for consolidation of Nepal’peace process.<br />

L’U.K., l’United Kindom, l’Angleterre et ses anciennes colonies, toujours fidèle toutou<br />

des U.S.A., elle a suivi <strong>les</strong> U.S.A. dans sa lutte contre <strong>les</strong> maoïstes, claironne :<br />

Important mi<strong>les</strong>tones in the peace process.<br />

Quant à l’Inde, toute honte bue, elle indique :<br />

Another step forward in the peace process and toward holding free and fair CA (élection d’une<br />

Assemblée Constituante) polls.<br />

257


Les Etats Unis attendront de connaître le résultat des élections pour déclarer que <strong>les</strong><br />

258<br />

maoïstes ne sont plus de terroristes. La suite démentira d’ailleurs cette affirmation<br />

puisque en 2010, l’Ambassadeur des U.S.A. du moment déclarera que le mot terroriste<br />

n’a pas été retiré !<br />

La politique, la diplomatie, sont vraiment parfois des métiers de putes !<br />

Le nouve<strong>au</strong> gouvernement provisoire dirigé par Girija Prasad Koirala va être<br />

chargé d’organiser <strong>les</strong> élections.<br />

Dans ce gouvernement <strong>les</strong> membres du <strong>Népal</strong>i Congres occupent <strong>les</strong> ministères<br />

importants. Girija Prasad Koirala est non seulement Premier Ministre mais il est<br />

également Ministre de la Défense et de la Santé –De la santé à c<strong>au</strong>se de son grand âge<br />

et des soins dont il va avoir besoin ironisent des <strong>Népal</strong>ais !- Ce parti <strong>Népal</strong>i Congres<br />

occupe <strong>les</strong> postes de Ministre des finances, de l’intérieur, de la justice, de la<br />

reconstruction, des transports, du département hydr<strong>au</strong>lique. Mais <strong>les</strong> maoïstes obtiennent<br />

six ministères, l’Union Marxist Leninist également six. Ce parti U.M.L. a droit <strong>au</strong><br />

Ministère de l’éducation et des sports, <strong>au</strong> Ministère du tourisme et de l’aviation <strong>civile</strong>, de<br />

l’administration...<br />

Une photo montre côte à côte le leader du parti U.M.L. Madhav Kumar <strong>Népal</strong> et le<br />

leader des maoïstes Prachanda-Pushpa Kamal Dahal. Sur cette photo la haine que<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> porte à Prachanda est-elle visible ? Elle apparaîtra dans toute sa<br />

force quelques jours plus tard et s’étalera <strong>au</strong> grand jour lors des élections à la Présidence<br />

de la République. Pourtant on entend déjà des voix :<br />

Only NC – UML unity can save peace process.<br />

Des artic<strong>les</strong> dans la presse anglophone martèlent :<br />

Un<strong>les</strong>s the Nc (Nepali Congress) and UML (Union Marxiste Leniniste) the two partners of Jana-<br />

Andolan, and the most credible democratic forces in the area quickly find unity… to contribute to<br />

the prevailing chaos.<br />

Souligné par moi : <strong>Népal</strong> congres et Union Marxist Leninist, <strong>les</strong> deux partenaires du<br />

Jana Andolan, de la révolution ! C’est quand même se foutre de la gueule de ceux qui se<br />

sont battus pendant dix ans, qui ont eu des milliers de morts, de disparus. C’est quand<br />

258


même cracher <strong>sur</strong> ceux qui ont été torturés, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> femmes qui ont été violées par des<br />

membres des forces de l’ordre ! Répétons le refrain :<br />

C’est toujours la bourgeoisie qui arrête...<br />

259<br />

Problème numéro un que doit résoudre ce gouvernement, le devenir de la monarchie.<br />

Titre d’un quotidien :<br />

Monarchy can be abolished by parliament’s 2/3 vote.<br />

Girija Prasad Koirala, le Premier ministre (N.C.) qui est pour un maintien de la roy<strong>au</strong>té<br />

demande que le sort du roi soit décidé par un référendum, ce qui attire <strong>les</strong> critiques des<br />

maoïstes qui déclarent que :<br />

The remarks of Prime Minister are against the spirits of the interim constitution.<br />

Coup de théâtre prévisible, le 17 Septembre 2007, <strong>les</strong> maoïstes quittent le gouvernement<br />

Baburam Bhattarai le second du parti maoïste parle devant une foule énorme rassemblée<br />

à Thundikel le grand parc de Katmandu. Il demande l’application des 22 points demand<br />

et la proclamation immédiate de la République. Il critique <strong>les</strong> gouvernements indien et<br />

américain :<br />

The Indian expansionists and American imperialits have threatened us that Nepal would become<br />

another Irak and Afhganistan and we would collapse if we didn’t go to polls. But we want to warn<br />

them that we will make Nepal the 21st century Vietnam and drive away all the imperialist and<br />

expansionist forces.<br />

Le quotidien Katmandu Post, lui titre à la une :<br />

Maoists vow to disrupt CA poll.<br />

L’United Kingdom évidemment s’élève contre la démission des maoïstes, tandis que<br />

l’U.N.M.I.N. la mission spéciale des Nations unis <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> crie <strong>au</strong>x maoïstes :<br />

Use no combattants in political protests<br />

DES ELECTIONS<br />

Enorme coup de cymbale, le parti maoïste à qui <strong>les</strong> spécialistes accordaient un faible<br />

pourcentage de voix devient le parti le plus puissant du <strong>Népal</strong>. Combien ont-ils eu de<br />

voix ? 36 %, 38 % ? Admettons près de 40 %. Mais ce qu’il f<strong>au</strong>t retenir après ces<br />

259


élections, c’est : Combien <strong>au</strong>raient-ils obtenus de voix si le pays n’avait pas été<br />

hindouiste ? Combien ont voté par crainte des dieux, pour contenter un dieu vivant : le<br />

roi Gyanendra ? Combien ont voté comme leur prêtre Bahuns. Qui dit Bahuns pense<br />

immédiatement <strong>au</strong> parti <strong>Népal</strong>i Congres ! Ont fait ainsi, certainement, des millions<br />

d’analphabètes. Et si le parti Union Marxiste Léniniste n’avait pas joué un rôle de leurre,<br />

de f<strong>au</strong>x révolutionnaire, combien de personnes ayant voté pour ce parti <strong>au</strong>raient voté<br />

pour <strong>les</strong> maoïstes ? Avec des si on met Katmandu en bouteille, il reste que <strong>les</strong> maoïstes<br />

260<br />

sont majoritaires.<br />

Et voilà une immense déception pour <strong>les</strong> leaders et <strong>les</strong> membres du parti communiste de<br />

l’Union Marxist Leninist de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> qui pensait que leur parti –du juste<br />

milieu- serait majoritaire. Il n’obtient qu’à peine un peu plus de 20 % des voix. Enorme<br />

déception également chez <strong>les</strong> membres du parti <strong>Népal</strong>i Congres, qui, jusqu’ici, ont été<br />

tout puissant et qui, n’obtiennent qu’à peine plus de 20 % des voix. Ce parti qui,<br />

presque sans arrêt, a dirigé le pays depuis 1950 va-t-il être relégué à un rôle mineur ?<br />

Son leader Girija Prasad Koirala dont certains journ<strong>au</strong>x disent de lui qu’il a un :<br />

Voracious greed of power.<br />

affirme :<br />

That he would retire from politics after the conduct of elections to Constituent Assembly (C.A.).<br />

Simp<strong>les</strong> propos, il restera présent <strong>sur</strong> l’arène politique.<br />

Déception dans ces deux partis mais pas débandade. Rapidement se met en place un bloc<br />

d’opposition <strong>au</strong>x maoïstes. Ce bloc d’opposition est composé du parti <strong>Népal</strong>i Congres et,<br />

du parti communiste Union Marxist Leninist. Si <strong>les</strong> maoïstes avaient obtenu la majorité<br />

de 50 % ils <strong>au</strong>raient pu dominer cette coalition, ils <strong>au</strong>raient pu diriger le pays à leur<br />

manière. S’ils avaient obtenu <strong>les</strong> 2/3 des voix, ils <strong>au</strong>raient pu, seuls, rédiger la<br />

constitution. Mais ils n’ont même pas obtenu la majorité absolue. Le bloc formé par le<br />

parti communiste Union Marxist Leninist et le <strong>Népal</strong>i Congres obtient un nombre de<br />

voix sensiblement égal à celui des maoïstes. En réalité il sera plus fort, parce que,<br />

deuxième honte, il acceptera <strong>les</strong> voix d’une constellation de partis de tous bords!<br />

260


Contre nature cette coalition ? Non, elle va simplement démontrer que l’U.M.L. n’est<br />

pas, malgré son nom, un parti révolutionnaire, qu’il est un parti conservateur, qu’il est<br />

261<br />

tout <strong>au</strong> plus un parti réformiste.<br />

Que d’amertume chez certains communistes Union Marxist Leninist : <strong>les</strong> maoïstes<br />

militairement victorieux ! Les maoïstes vainqueurs <strong>au</strong>x élections ! Les maoïstes qui font<br />

proclamer la République ! Est-il possible, que ce soit le cumul de ces déceptions qui a<br />

conduit le leader de ce parti communiste U.M.L., Madhav Kumar <strong>Népal</strong> à se rapprocher<br />

des partis de droite ? Obéissait-il, ce faisant, à ses convictions profondes, obéissait-il <strong>au</strong>x<br />

volontés des membres de son parti ? Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est un Bahuns, c’est un<br />

ancien directeur de banque, il est certainement républicain, certainement laïc, mais il n’a<br />

<strong>au</strong>cune intention de modifier profondément la société népalaise. En d’<strong>au</strong>tres termes il<br />

n’est pas l’élu des classes misérab<strong>les</strong>, des Dalits-Intouchab<strong>les</strong>, des Serfs-Kamalaris...<br />

Son électorat comprend trop gens de caste qui sont avant tout pour le pouvoir des<br />

Bahuns et des Chétri, trop de bourgeois : commerçants, industriels, de membres de la<br />

société libérale, et même de très nombreux bouddhistes parce que son parti est en lutte<br />

contre l’hindouisme des Bahuns. Dans ses discours, il a toujours affirmé que si son parti<br />

communiste Union Marxist Leninist était <strong>au</strong> pouvoir, il refuserait l’ingérence de l’Inde.<br />

Dans cette voie <strong>au</strong>ssi ce sera un renégat. F<strong>au</strong>t-il penser qu’il a été tout à coup influencé<br />

par des politiciens indiens ? Il ne sera toutefois pas suivi par tous <strong>les</strong> membres de son<br />

parti, la suite des événements va le démontrer.<br />

261


ELECTION DU PRESIDENT<br />

262<br />

DE LA REPUBLIQUE<br />

L’élection du Président de la République va confirmer ce que sera la politique suivie par<br />

la branche droite du parti communiste Union Marxist Leninist U.M.L. dirigé par<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong>. Ce parti, répétons-le, n’hésitera pas à s’allier à tous <strong>les</strong> partis,<br />

sans distinction, pour contrer <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Se présentent à la présidence et à la vice-présidence de la République :<br />

- proposé par <strong>les</strong> maoïstes :<br />

- à la fonction de Président : Ram Raja Prasad Singh, un vieux révolutionnaire<br />

possédant un master in English littérature from Patna University. Condamné à mort par<br />

le gouvernement du roi Mahendra, il s’est réfugié à la frontière indo népalaise. Ce<br />

révolutionnaire a, toute sa vie, combattu la monarchie. C’est pour <strong>les</strong> véritab<strong>les</strong><br />

révolutionnaires un symbole.<br />

- à la fonction de Vice-président, <strong>au</strong>tre symbole, antisystème patriarcal et anti-h<strong>au</strong>tes<br />

castes celui-là, une femme : Shanta Shrestha, une Newari.<br />

- proposé par <strong>les</strong> partis de droite :<br />

- à la fonction de Président : Ram Baran Yadav du parti <strong>Népal</strong>i Congres. Ce<br />

brahmane Madeshi du Teraï oriental, docteur en médecine, était présent <strong>au</strong>x premiers<br />

pourparlers avec <strong>les</strong> maoïstes à Dehli.<br />

- à la fonction de Vice-président : Parmanenda Jha. Lui <strong>au</strong>ssi membre du <strong>Népal</strong>i<br />

Congres et brahmane du Teraï-Madesh.<br />

Honte, l’U.M.L. ne propose <strong>au</strong>cun des siens <strong>au</strong> moins pour le poste de Vice-Président !<br />

Il accepte, en votant pour eux, que <strong>les</strong> deux fonctions soient as<strong>sur</strong>ées par des membres<br />

du parti <strong>Népal</strong>i Congres. L’U.M.L. en s’alliant avec le parti <strong>Népal</strong>i Congress et <strong>les</strong> partis<br />

royalistes, fait élire ces deux Madeshi de droite ! Au deuxième tour, car le premier tour a<br />

été infructueux pour le choix du Président. L’UML n’a même pas proposé un des<br />

siens pour la fonction de Président alors qu’il a eu un nombre de voix <strong>au</strong>x élections<br />

supérieur à celui du <strong>Népal</strong>i Congres ! Le parti <strong>Népal</strong>i Congress celui qui, des trois<br />

262


importants partis du <strong>Népal</strong>, a eu le moins de voix, place deux de ses membres <strong>au</strong>x plus<br />

h<strong>au</strong>tes fonctions de l’Etat. Qui plus est ces deux personnes, membres du <strong>Népal</strong>i Congres,<br />

défenseurs des h<strong>au</strong>tes castes, de l’hindouisme, sont des représentants des riches<br />

263<br />

Madhesi !<br />

Le Vice-président Parmanenda Jha affiche immédiatement ses convictions lorsqu’il<br />

prononce son discours d’investiture en maïthili, la langue des Madeshis proche de l’Indi.<br />

Ce qui sera la c<strong>au</strong>se d’un grand scandale. Bien que le tribunal juge que son discours est<br />

anticonstitutionnel, il refusera de le changer et il ne le prononcera en népali que quelques<br />

mois plus tard.<br />

Girija Prasad Koirala, le vieux leader de ce parti <strong>Népal</strong>i Congres, ne sera pas le premier<br />

Président de la République népalaise. Est-il déçu ? Il affirmera plus tard qu’il souhaitait<br />

que le roi continu à exercer un pouvoir. Peut-être ne croît-il pas à la solidité de la<br />

République. Malgré ses affirmations, il réapparaîtra <strong>sur</strong> la scène politique.<br />

Le Président de la République Ram Baran Yadav est en place, il va donc choisir un<br />

Premier ministre qui sera chargé de former le premier gouvernement de la République.<br />

Et il est obligé de le choisir dans le parti qui a obtenu le plus grand nombre de voix,<br />

c'est-à-dire dans le Union Party Communist <strong>Népal</strong>, le parti maoïste. Il appellera donc<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal.<br />

Le 15 janvier 2008, Prachanda-Pushpa Kamal Dahal est nommé Premier ministre<br />

du premier gouvernement de la République népalaise.<br />

Le Président de la République n’a que peu de pouvoirs, pourtant ce sera lui qui sera la<br />

c<strong>au</strong>se de la démission de Prachanda-Pushpa Kamal Dahal. Seul ? Evidemment non, il<br />

<strong>au</strong>ra a ses côtés son parti, le <strong>Népal</strong>i Congres, et Madhav Kumar <strong>Népal</strong> leader du parti<br />

communiste U.M.L. Il <strong>au</strong>ra <strong>au</strong>ssi, dans l’ombre pour le soutenir, l’état-major de<br />

l’ancienne Royal <strong>Népal</strong> Army toujours en place et, f<strong>au</strong>t-il le préciser, dans la coulisse,<br />

l’Inde irritée de voir un maoïste diriger le pays.<br />

...<br />

263


UN GOUVERNEMENT MAOISTE<br />

Le premier gouvernement de la République népalaise est donc un gouvernement<br />

maoïste. Que va-t-il faire ? Que pourra-t-il faire ? Jusqu’à quand tiendra-t-il ? Une<br />

révolution ne conduit pas toujours, comme il est souvent dit : à une hiérarchie renversée,<br />

à une profonde modification des strates socia<strong>les</strong>. Une révolution n’est que le premier<br />

264<br />

pas, qu’une tentative pour renverser la hiérarchie, pour modifier <strong>les</strong> strates socia<strong>les</strong>. Une<br />

révolution n’est qu’une explosion après laquelle une partie seulement de ce qui l’avait<br />

inspirée voit le jour. Après elle des strates socia<strong>les</strong> bousculées pendant la révolution<br />

reprennent de la vigueur, tentent de retrouver leur position, leurs pouvoirs. Après notre<br />

révolution de 1789, était répété le refrain :<br />

Guerre <strong>au</strong>x châte<strong>au</strong>x, paix <strong>au</strong>x ch<strong>au</strong>mières.<br />

Et de fait :<br />

Les biens nation<strong>au</strong>x furent vendus par petits lots, pour avantager <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres. Les terres confisquées<br />

<strong>au</strong>x émigrés devaient être distribuées <strong>au</strong>x petits paysans.<br />

Hélas, ce ne sera pas le cas pour la deuxième révolution népalaise L’acquis de cette<br />

deuxième révolution sera essentiellement la promulgation de la République. Celle-ci<br />

solidement fixée –le sera-t-elle toujours ?- des forces vont s’unir pour s’opposer <strong>au</strong>x<br />

désirs des révolutionnaires et <strong>les</strong> annihiler.<br />

Revenons à cette histoire népalaise <strong>au</strong> moment où le Président et le Vice Président de la<br />

République sont élus. Ils sont tous deux gens de droite, des représentants de l’ancien<br />

régime, des Bahuns hindouistes convaincus, et ils doivent subir un Premier ministre<br />

maoïste ! Chose étonnante que de voir en 2010 un pays dirigé par des communistes<br />

maoïstes.<br />

Révolution victorieuse, gouvernement maoïste en place, on se dit que vont se succéder<br />

<strong>les</strong> réformes, <strong>les</strong> nationalisations, que des confiscations de biens des riches, des<br />

distributions <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres vont avoir lieu. Il n’en sera rien. Certes des nob<strong>les</strong> inquiets<br />

vont manifester leur crainte en vendant des terres, on assistera à quelques rares<br />

annexions, mais rien de systématique. Ce qui n’empêchera pas la presse anglophone de<br />

264


pousser de grands cris. Elle va, sans se lasser, se révolter contre <strong>les</strong> confiscations. Elle<br />

ira même jusqu’à en inventer quand elle n’en trouvera pas.<br />

Ce qu’il f<strong>au</strong>t retenir de cette période, c’est que le gouvernement maoïste <strong>au</strong>ra une<br />

politique révolutionnaire timide, souvent inexistante.<br />

Le programme de ce gouvernement maoïste est publié, en voici quelques extraits :<br />

265<br />

- Protection and elevation of national sovereignty, national unity, independence, territorial integrity.<br />

(nota : ceci pour l’Inde).<br />

- Taking peace process to a logical conclusion and writing of a new constitution.<br />

- Protection and application of democratics norms, value and princip<strong>les</strong>, democracy for the majority<br />

working class.<br />

- Rendering political and economic revolution hand in hand.<br />

- Search for and introduction of new method that en<strong>sur</strong>es <strong>sur</strong>veillance and participation of the<br />

people and the civil society in the state affairs.<br />

- Stress on building modern industrial economy, public private partnership as the basic, an<br />

environment of industrial peace.<br />

- Encouragement and protection of foreign investment in sectors of national priorities.<br />

- Effective mea<strong>sur</strong>es for eliminating corruption, feudal remains in cultural, economic and social<br />

sphere.<br />

- Legal provision to en<strong>sur</strong>e people’s fundamental rights to education, health and employment.<br />

- Stress on national consensus, appeal to all parties to rise from partisan interest and work for new<br />

Nepal.<br />

- Appeal to the International community to assist Nepal, materially or morality and principle of<br />

panchasheel as a guideline for international relations.<br />

- Call to the security wings government employees to get rid of prejudice harboured during the<br />

times of conflict and work for new Nepal commitment of the same on his part.<br />

- Commitment to implement agreements and understanding worked out by the previous<br />

governments with the politicals parties and different organisations.<br />

- Due amount of help to the People’s Liberation Army and relief to the families of the martyrs and<br />

disppeared of the PW.<br />

Il n’est pas question d’économie dirigée, même si apparaît le mot coopérative, il est<br />

même question de Role of private. On lit :<br />

265


266<br />

The cabinet would adopt a mixed economic model... It has expressed commitment to making Nepal<br />

a properous country through mutiparty competition, periodic elections and respect for human<br />

rights, press freedom and the rule of law.<br />

Posta Bahadur Bogati, un leader du parti maoïste écrit :<br />

We are against status quo. Nepali Congress talks up changes, but, at the core, it is a party that<br />

favors status quo. At times, the U.M.L. too, seems to be in favor of status quo. Whe are here to<br />

create an new mainstream. .. We will pursue the policy of unity and struggle with other parties…<br />

We are for people’s democraty…<br />

Etrange situation que celle de notre <strong>Népal</strong> situé entre :<br />

- <strong>au</strong> Sud, un pays qui se flatte d’être une démocratie mais dans lequel, la puissance des<br />

h<strong>au</strong>tes castes, l’absence de laïcité, une intense misère attestée par la présence de<br />

révolutionnaires actifs, subsistent.<br />

- <strong>au</strong> nord, un pays ayant abandonné toute politique révolutionnaire mais qui est dirigé<br />

par un parti unique s’intitulant communiste qui, malgré cela, pratique une politique de<br />

type capitalisme.<br />

Lequel de ces deux pays va influencer la politique du <strong>Népal</strong> ?<br />

Les maoïstes népalais <strong>au</strong> pouvoir ne nationaliseront donc pas, ne confisqueront que de<br />

rares terres. Les rares cas d’expropriation sont le fait d’extrémistes de la Y.C.L. et ils<br />

sont fortement critiqués par L’O.N.U.-U.N.M.I.N., <strong>les</strong> membres du parti <strong>Népal</strong>i<br />

Congres, <strong>les</strong> membres du parti communiste Union Marxist Leninist, la totalité de la<br />

presse anglophone kathmandouite. Par contre le gouvernement maoïste soutenu par une<br />

partie de la droite :<br />

Seize 49 ropanis of Royal Palace at Pokhara, et déclare : « We captured the land as the government<br />

failed to implement its own decision of nationalizing property belonging to late King Birendra..<br />

De même ont été :<br />

Recently captured over 15 ropanis of land belonging to another royal family member Prince Shah in<br />

Pokhara.<br />

Quel<strong>les</strong> vont être <strong>les</strong> relations de ce gouvernement maoïste avec la Chine ? Le Premier<br />

ministre Prachanda-Pushpa Kamal Dahal se rendra à la cérémonie de clôture des Jeux<br />

266


267<br />

Olympiques de Beijing Il y rencontrera le Président Chinois Hu Jinto, le Premier<br />

Ministre Wen Jinbao et le chef du département des Affaires étrangères Wang Jiurai. A<br />

son retour, Prachanda déclare :<br />

As my visit to China has been ceremony specific. India should not harbour any negative perception regarding<br />

the same. Moreover, my first political visit would be India.<br />

Les maoïstes attendent be<strong>au</strong>coup de la Chine : aides financières mais <strong>au</strong>ssi contrepoids<br />

politique et économique à l’Inde. Ces maoïstes attendent be<strong>au</strong>coup de la Chine et ils<br />

seront fortement déçus lorsqu’ils verront comment ce pays, quelques mois plus tard,<br />

accueillera le successeur de Prachanda-Pushpa Kamal Dahal, le nouve<strong>au</strong> Premier<br />

ministre népalais, l’U.M.L.Madhav Kumar <strong>Népal</strong> qui s’est pourtant rangé dans le camp<br />

des forces de droite, cel<strong>les</strong> du parti <strong>Népal</strong>i Congres favorable à l’Inde. Ce nouve<strong>au</strong><br />

Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> sera lui <strong>au</strong>ssi reçu en grande pompe, il <strong>au</strong>ra<br />

même droit à un impressionnant défilé militaire.<br />

La visite de Prachanda-Puhspa Kamal Dahal a pourtant été la c<strong>au</strong>se d’un incident<br />

diplomatique : la première visite d’un Premier ministre népalais a été pour la Chine et<br />

non pour l’Inde : tradition, convenances non respectées ! Scandale !<br />

Si l’attitude de l’Inde envers le <strong>Népal</strong> est connue, celle des Chinois apparaît peu claire.<br />

Résulte-t-elle de discussions secrètes entre diplomates indiens et chinois ? La Chine<br />

joue-t-elle un rôle pour ne pas mécontenter le bloc occidental ? Peut-on penser qu’il<br />

existe des accords secrets entre la Chine et <strong>les</strong> maoïstes népalais ?<br />

Enfin, en septembre 2008, le Premier ministre maoïste Prachanda se rend en Inde...Il<br />

déclare à son retour :<br />

The visit of India was very successful.<br />

On vérifiera bientôt qu’il n’en est rien et que <strong>les</strong> Indiens seront présents et très actifs à<br />

côté des partis <strong>Népal</strong>i Congres et communiste U.M.L. pour faire démissionner ce<br />

Premier ministre maoïste.<br />

Quelle est l’attitude de l’Occident face à ce gouvernement maoïste ? Se dégage<br />

immédiatement une note d’humour :<br />

The Department of state is under popular pres<strong>sur</strong>e to remove the “terror tag” on the maoïsts.<br />

267


268<br />

Les maoïstes sont donc tout à coup des gens fréquentab<strong>les</strong> ! En réalité, on peut imaginer<br />

<strong>les</strong> déceptions du bloc occidental, ses craintes <strong>au</strong>ssi, lorsque le parti maoïste s’est révélé<br />

être le premier parti du <strong>Népal</strong>.<br />

En septembre a lieu la 63ème séance de l’Assemblée générale de l’O.N.U. Le 20<br />

septembre, accompagné de sa femme Sita Poudel et de son fils Prakash -ce qui sera<br />

critiqué par certains membres des partis d’opposition- le premier ministre Prachanda se<br />

rend à New York. Il déclare à la presse :<br />

I am going with a new message of a new Nepal.<br />

Veut-il <strong>au</strong>ssi montrer <strong>au</strong>x bailleurs de fond qui aident son pays qu’il n’est pas un<br />

Homme <strong>au</strong> coute<strong>au</strong> entre <strong>les</strong> dents et qu’il veut entretenir de bonnes relations avec cet<br />

Occident sans <strong>les</strong> aides desquel<strong>les</strong> son pays ne peut exister. Quoiqu’il en soit Prachanda<br />

assiste <strong>au</strong>x réunions du sommet de l’O.N.U. Il y rencontre de nombreuses personnalités.<br />

Il se rend ensuite dans quelques pays du Nord de l’Europe et en Suisse où il est invité. A<br />

signaler –à ma connaissance- <strong>au</strong>cune organisation de g<strong>au</strong>che française n’invite le<br />

Premier ministre népalais Prachanda !<br />

Le voyage de Prachanda donnera naissance à des critiques de <strong>Népal</strong>ais, on entend :<br />

Que va-t-il faire là-bas ? Il y a be<strong>au</strong>coup à faire ici. Il n’accorde pas assez d’importance à la lutte<br />

contre la misère...<br />

Des Français questionnent :<br />

- Et la condition de la femme ? Et l’école ?<br />

Des changements voient quand même le jour :<br />

- l’école doit conduire <strong>au</strong> grade 10.<br />

- taxation de l’école privée,<br />

- taxation des véhicu<strong>les</strong> de tourisme doublée,<br />

- fin du financement par l’Etat de certaines fêtes hindouistes,<br />

- respect de certaines règ<strong>les</strong> s’appliquant à la conduite des véhicu<strong>les</strong> : stationnement<br />

gênant... Dans ce domaine <strong>les</strong> Young Communist League seront particulièrement<br />

efficaces.<br />

- fermeture obligatoire des boites de nuit à 11 heures,<br />

- interdiction de vente s<strong>au</strong>vage <strong>sur</strong> la voie publique<br />

- vente d’alcool réglementée.<br />

268


269<br />

- lutte contre la corruption.<br />

- lutte pour que <strong>les</strong> fonctionnaires soient présents à leurs lieux de travail.<br />

- un salaire minimum pour <strong>les</strong> coolies est imposé.<br />

Bien peu de choses pour un gouvernement révolutionnaire qui succède à dix ans de<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, à deux cents ans de régime <strong>au</strong>tocratique ! De plus ce programme n’est pas<br />

intégralement appliqué, ce qui démontre d’ailleurs que ce gouvernement n’agit pas en<br />

dictateur.<br />

Mais tout cela s’explique par le fait que ce gouvernement n’est qu’un gouvernement<br />

provisoire. Il n’est là que le temps nécessaire à la rédaction et à l’approbation par<br />

l’Assemblée de la future Constitution.<br />

Le problème essentiel <strong>au</strong>quel est confronté le gouvernement maoïste de Prachanda-<br />

Pushpa Kamal Dahal naît de l’intégration de la People Liberation Army, l’armée<br />

maoïste, dans la <strong>Népal</strong> Army, l’armée nationale du pays. Et c’est d’ailleurs ce<br />

problème qui indirectement conduira Prachanda à démissionner. C’est ce problème<br />

jamais résolu qui va conduire à la non rédaction dans <strong>les</strong> délais prévus de la future<br />

constitution du <strong>Népal</strong>.<br />

On verra plus loin qu’en mai 2010, alors que la date limite est le 28 mai, le problème ne<br />

sera toujours pas résolu !<br />

On le sait, c’est l’O.N.U.-U.N.M.I.N. qui a demandé que soit réalisée l’intégration des<br />

combattants maoïstes compétents dans la <strong>Népal</strong> Army. Le nombre de ces combattants<br />

maoïstes à intégrer étant décidé par une commission composée de spécialistes militaires<br />

membres de cette O.N.U-U.M.I.N. Mais cette intégration, si le nombre de combattants<br />

est élevé, peut conduire à une armée nationale maoïste. Or la <strong>Népal</strong> Army est toujours<br />

commandée par un état-major de Chétri fidè<strong>les</strong> à la monarchie ou par déf<strong>au</strong>t <strong>au</strong> parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres. De plus, <strong>les</strong> partis de droite dans lequel s’encastre le parti communiste<br />

Union Marxist Leninist sont hosti<strong>les</strong> à cette intégration. C’est pourquoi tous vont s’allier<br />

pour empêcher ou du moins freiner cette intégration. Evidemment la position de l’Inde<br />

n’est pas à préciser, ni l’influence qu’elle <strong>au</strong>ra <strong>sur</strong> la politique népalaise. Toute la<br />

politique ultérieure, y compris l’impossibilité de rédiger la constitution du pays, qui est<br />

le but des gouvernements provisoires, va donc être conditionnée par ce problème.<br />

269


Ainsi, dès qu’il va être question d’intégrer <strong>les</strong> combattants maoïstes déclarés aptes par<br />

<strong>les</strong> spécialistes de l’O.N.U.-U.N.M.I.N., dans l’armée népalaise on verra par exemple<br />

l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army commandée par le général Rookmangad Katawal<br />

s’empresser d’emb<strong>au</strong>cher de nouvel<strong>les</strong> recrues. Prétexte à refus ou à limitation du<br />

nombre de maoïstes à intégrer dans la <strong>Népal</strong> Army. Le Premier ministre Prachanda-<br />

Phuspa Kamal Dahal va donc limoger ce général. Stupeur, le Président de la République<br />

refuse d’entériner la décision du gouvernement.<br />

Le Président da la République Ram Baram Yadav, Supreme Commander de la <strong>Népal</strong> army, déclare<br />

que la décision du gouvernement est anticonstitutionnelle, le général Katawal est maintenu dans ses<br />

fonctions.<br />

Ainsi, dans un pays démocratique, le Président de la République accorde la suprématie<br />

<strong>au</strong> pouvoir militaire <strong>sur</strong> le civil. Quel démocrate ne sait que cette prédominance du<br />

pouvoir civil <strong>sur</strong> le militaire est une des règ<strong>les</strong> essentiel<strong>les</strong> de la démocratie ? Prachanda-<br />

Phuspa Kamal Dahal, Premier ministre de la première République du <strong>Népal</strong><br />

démissionne.<br />

Ironie, cet événement n’est pour l’Inde qu’un incident. La presse indienne écrit :<br />

270<br />

The India’s External affairs Minister Pranab Mukherjee called on Nepal’s parties to forge”the<br />

broadest possible consensus” to take the peace process to a logical conclusion.<br />

Indécent, ce ministre indien rajoute:<br />

This is Nepal’s internal affair…Peace process in Nepal is not dead.<br />

En réalité l’Inde jubile, elle a gagné !<br />

FEDERALISME, UN MOT NOUVEAU<br />

Alors que la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> va se terminer, l’ancien Président Démocrate des U.S.A.<br />

Jimmy Carter –qui a, il y a longtemps, pratiqué un trek dans le Khumbu- rencontre le<br />

leader du parti <strong>Népal</strong>i Congres Girija Prasad Koirala. Les journ<strong>au</strong>x rendent compte. Pour<br />

la première fois le mot fédéralisme apparaît dans <strong>les</strong> discours des politiques du <strong>Népal</strong>.<br />

Avant, <strong>les</strong> maoïstes s’étaient contentés de parler de zones triba<strong>les</strong>. Et ce mot, <strong>au</strong> fur et à<br />

me<strong>sur</strong>e de l’évolution des événements, prendra curieusement une importance croissante.<br />

270


Viendra un jour ou même <strong>les</strong> maoïstes l’utiliseront banalement et ces maoïstes penseront<br />

qu’il constitue une solution intéressante pour le pays. Etonnant :<br />

- une révolution qui succède à 200 ans de monarchie absolue, ne doit-elle pas mettre en<br />

271<br />

place un gouvernement centralisateur, unificateur, de type jacobin ?<br />

- <strong>les</strong> différentes entités du <strong>Népal</strong>, ne doivent-el<strong>les</strong> pas enfin s’unir pour former une<br />

véritable Nation dirigée par un véritable Etat ? Unité géographique, unité humaine :<br />

suppression du pouvoir des castes supérieures, intégration des castes inférieures et des<br />

Indigenous, création d’un Etat laïc, utilisation d’une même langue... ?<br />

Un journaliste écrit que :<br />

Le fédéralisme conduira à une désintégration du pays.<br />

Une journaliste écrit :<br />

The ethnic decision of Nepal will turn us as Bahuns, Chétris, Gurungs, Magars, Tharus, Newars,<br />

Limbus, Raïs, Tamangs and Madeshis etc will create only ethnic leaders.<br />

De plus :<br />

- la géographie du pays ne se prête pas à un fédéralisme :<br />

- le pays est long : env. 800 km.<br />

- étroit : moyenne env. 175 km.<br />

Les divisions géographiques, qui ne peuvent être que transversa<strong>les</strong> (dans le sens des<br />

méridiens), ne correspondent pas <strong>au</strong>x divisions humaines qui el<strong>les</strong> s’étagent en strates<br />

quasi-horizonta<strong>les</strong>, du nord <strong>au</strong> sud :<br />

- Piémonts himalayens : populations Bothes.<br />

- Collines centra<strong>les</strong> : mosaïque d’ethnies.<br />

- Sud : populations indo-népalaises.<br />

Fédérer un tel pays, cela ne conduit-il pas à le diviser ? Fédérer en prenant pour critères<br />

<strong>les</strong> différences ethniques cela ne revient-il pas, comme l’écrivent ces journalistes à créer<br />

des clans, à adopter des langues différentes. De plus l’homogénéité ethnique par régions<br />

n’existe pas :<br />

- ici <strong>les</strong> Tamangs sont majoritaires mais des membres d’<strong>au</strong>tres ethnies, sont <strong>au</strong> milieu<br />

d’eux.<br />

271


- <strong>les</strong> Maghis, peuple pêcheur bateliers, sont disséminés tout le long des torrents et des<br />

272<br />

fleuves du <strong>Népal</strong>.<br />

- <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s, très présents dans le Solu Khumbu sont partout dans le pays.<br />

- <strong>les</strong> Newars redeviendront <strong>les</strong> maîtres de la cuvette de Katmandu mais quels pouvoirs<br />

<strong>au</strong>ront, dans cette région, <strong>les</strong> membres des <strong>au</strong>tres ethnies, de plus en plus nombreux –<br />

phénomène de désertification des campagnes en cours- ?<br />

- comment seront représentés <strong>les</strong> Dalits disséminés <strong>sur</strong> l’ensemble du territoire et qui<br />

manifestent régulièrement pour obtenir leur intégration :<br />

Dalits front demands bill against discrimination.<br />

- comment vont être représentés <strong>les</strong> R<strong>au</strong>tes et <strong>au</strong>tres peup<strong>les</strong> nomades du <strong>Népal</strong> ?<br />

Le Teraï schématise à lui seul <strong>les</strong> difficultés d’un fédéralisme <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Cette bande de<br />

terres en général plate et de faible altitude analogue à la plaine indienne qui la poursuit<br />

<strong>au</strong> sud est composée d’une partie occidentale –collines et plaines- région p<strong>au</strong>vre souvent<br />

peuplée de Tharus, et d’une partie orientale –plaine- nommée Madesh. Ce Madesh est<br />

une riche région. On y trouve de grandes propriétés agrico<strong>les</strong>, une industrie... Cette<br />

région est peuplée de Madeshi, mélange d’anciens habitants, de Bahuns qui comme en<br />

Inde s’intitulent brahmanes, d’ Indians venus du sud, de Pahadis qui sont descendus des<br />

collines du <strong>Népal</strong> central lorsque, lit-on, s’est atténuée la force meurtrière du<br />

paludisme... Dans ce Teraï, <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres de l’ouest, <strong>les</strong> p<strong>au</strong>vres du Madesh –se souvenir<br />

que c’est dans la partie orientale du Teraï, <strong>au</strong>tour de la ville de Jhapa, que s’est produit<br />

un des premiers soulèvements in<strong>sur</strong>rectionnels du <strong>Népal</strong> contre la monarchie et la<br />

puissance des castes- sont-ils partisans d’un fédéralisme ? Les riches Madeshi, eux ne<br />

sont pas hosti<strong>les</strong> à un fédéralisme, la plupart désirent même un Madesh <strong>au</strong>tonome qui<br />

leur permettrait de poursuivre leurs activités lucratives. Et <strong>sur</strong>tout de pouvoir continuer à<br />

exercer une pression <strong>sur</strong> le pouvoir central puisque l’essentiel des produits manufacturés<br />

indiens et la totalité des énergies fossi<strong>les</strong> : fuel, matitel, petrol, transite par leur territoire.<br />

Dans cette région passe la principale route qui relie l’Inde <strong>au</strong> centre du pays et à la<br />

capitale. F<strong>au</strong>t-il créer une fédération du Teraï ? De l’ensemble du Teraï ? Ou deux<br />

fédérations, celle du Teraï des Tharus–ouest- celle du Teraï des Madeshis-est- ? Une<br />

272


fédération Madesh ? Un Madesh <strong>au</strong>tonome c’est donner <strong>au</strong>x Madeshi le pouvoir de<br />

273<br />

bloquer économiquement le pays.<br />

Malgré ces arguments contre le fédéralisme, des voix de plus en plus nombreuses<br />

s’élèvent :<br />

- Nous Limbus voulont un fédéralisme.<br />

- Nous Tamangs entourant Katmandu voulons un fédéralisme immédiat...<br />

- ...<br />

Et <strong>les</strong> maoïstes ont accepté l’idée du fédéralisme. Hit Bahadur Tamang leader du<br />

mouvement Tamseling maoïste parlant <strong>au</strong> nom des Tamangs m’explique :<br />

We have not any rights… We are going to apply federalism, <strong>au</strong>tonomus and self government.<br />

Il me montre la carte qui indique le découpage que soutient son parti. Katmandu et sa<br />

cuvette sont déclarés Terres newars. Encerclant ce centre de gravité politique est une<br />

zone tamang...<br />

Et soudain, je crois comprendre pourquoi <strong>les</strong> maoïstes sont devenus partisans d’un<br />

fédéralisme. La cuvette de Katmandu <strong>au</strong>x mains des newars cela revient à étouffer le<br />

pouvoir central actuel, celui des gens de caste. Un Etat Tamang encerclant Katmandu<br />

c’est une manière de dominer cette région trop puissante. Des états Magars, Gurungs,<br />

<strong>Sherpa</strong>s... c’est, dans <strong>les</strong> régions où ces personnes habitent, donner le pouvoir <strong>au</strong>x<br />

trib<strong>au</strong>x qui <strong>au</strong>ront ainsi le moyen de dominer <strong>les</strong> gens de caste.<br />

Le fédéralisme préconisé par Monsieur Jimmy Carter sera-t-il, s’il est appliqué, une<br />

bonne chose ? Ne conduira-t-il pas à de nouve<strong>au</strong>x éclatements ? A de nouve<strong>au</strong>x<br />

soulèvements ? A de nouvel<strong>les</strong> guérillas ? A des <strong>guerre</strong>s triba<strong>les</strong> ? A une nouvelle<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> ? Le fédéralisme conduira-t-il le <strong>Népal</strong> à être enfin une nation ?<br />

CALENDRIER DES EVENEMENTS. RESUME<br />

ANNEE 2006.<br />

- La fin de la <strong>guerre</strong>, la mise à l’écart du roi, la mise en place d’un gouvernement provisoire dirigé<br />

par Girija Prasad Koirala n’apporte pas la fin des problèmes népalais. Les maoïstes se plaignent :<br />

273


De ne pas être dans le courant. (Des décisions gouvernementa<strong>les</strong>.). Les Madeshi se plaignent de ne<br />

pas être présents dans le gouvernement.<br />

Les maoïstes demandent avec la même intensité la fin immédiate de la monarchie et la proclamation<br />

de la République. Ils se méfient du gouvernement provisoire. Ils pensent que des membres de ce<br />

gouvernement ont des rapports secrets avec le roi et avec l’Inde.<br />

- On june 6, 2006, Prime Minister Koirala embarked on a four-day visit to India to seek New Delhi’s<br />

support for Nepal’s development.<br />

Prachanda pense que Koirala n’est pas allé en Inde pour parler économie mais pour parler<br />

politique. Qui renforce l’opinion de Prachanda :<br />

Members of the <strong>nepal</strong>i delegation were pleasantly <strong>sur</strong>prised when Indian Prime Minister Dr.<br />

Manmohan Singh was at the Indian Indira Gandhi International Airport to receive them. It was first<br />

time that a Nepa<strong>les</strong>e prime minister had been received by the Indian counterpart at the airport.<br />

“You are a great leader in the entire south Asia. There is none like you.”.<br />

Dit le Premier ministre Singh en serrant la main de Koirala. Pommade plus fric : l’Inde promet<br />

d’<strong>au</strong>gmenter son aide de 11, 34 billions de roupies (11,34 milliards de roupies).<br />

- 16 juin, <strong>les</strong> réunions entre le gouvernement et <strong>les</strong> maoïstes se succèdent. Les commissions<br />

comprennent des femmes, des Dalits, et des Indigenous ethnic groups. Pour ne pas troubler <strong>les</strong><br />

négociations, <strong>les</strong> maoïstes décident de prolonger de trois mois le cessez le feu. Ensemble, <strong>les</strong> partis et<br />

<strong>les</strong> maoïstes se mettent d’accord pour que l’O.N.U. intervienne dans le processus de paix. Mais <strong>les</strong><br />

maoïstes se plaignent, Prachanda n’arrive pas à avoir de conversation en tête à tête avec Koirala.<br />

- 16 juin. <strong>Sig</strong>nature du 8-points agreement.<br />

ANNEE 2007.<br />

- 15 janvier, le roi perd tous ses pouvoirs<br />

- 2 juin, l’United Nation Mission In <strong>Népal</strong>, l’ U.N.M.I.N. représentant l’O.N.U. <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> est en<br />

place.<br />

- 30 juin 2007, qui ne présente pas d’intérêt pour le <strong>Népal</strong> mais permet de juger nos politiciens de<br />

g<strong>au</strong>che et nos syndicalistes : Prachanda visite quelques pays d’Europe. Il est invité par : The<br />

general-based Democratic Front de Genève. Personne ne l’invite en France. La visite de ce<br />

révolutionnaire qui s’est caché pendant 25 ans, qui a combattu pendant 10 ans, dont la tête était<br />

mise à prix par <strong>les</strong> dirigeants d’une monarchie absolue ne présentait <strong>au</strong>cun intérêt pour le peuple<br />

français, des gens de g<strong>au</strong>che français, des médias français, des aficionados du <strong>Népal</strong> français qui<br />

prétendent avoir des idées de g<strong>au</strong>che. Il est vrai que <strong>les</strong> descendants des sans-culottes sont trop<br />

occupés à défendre un dieu-roi qui a dirigé son pays en monarque absolu en s’appuyant <strong>sur</strong> des<br />

seigneurs et un puissant clergé.<br />

- 8 octobre. Réunion Koirala Prachanda. Il est décidé que <strong>les</strong> élections <strong>au</strong>ront lieu en mars 2007. Le<br />

cessez le feu des maoïstes est prolongé de trois nouve<strong>au</strong>x mois.<br />

274<br />

274


- Le 21 novembre, Koirala, Premier ministre du gouvernement provisoire et Prachanda chairman<br />

du parti communiste unifié (maoïste.) signent enfin :<br />

The historic Comprehensive Peace Agreement. The C.P.A.<br />

Cet accord indique la fin de cette longue <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> qui a duré 10 ans et a c<strong>au</strong>sé la mort de<br />

quelques 16.000 personnes.<br />

Sur la photo prise le jour de la signature on voit un Madhav Kumar <strong>Népal</strong> leader du parti<br />

communiste Union Marxist Leninist assis à la g<strong>au</strong>che de Prachanda qui est en train de signer le<br />

document. Il paraît impassible mais on le devine chargé de suspicion, de rancune. L’avenir<br />

confirmera qu’il préfère à une g<strong>au</strong>che unie, une infâmante union avec <strong>les</strong> partis de droite.<br />

Quelques points de ce Compréhensive Peace Agreement que Prachanda a qualifié de :<br />

Wonderful and unprecedent type of undestanding in history... who transformed the war into peace:<br />

Le préambule récite le bla bla bla habituel <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bonnes intentions des uns et des <strong>au</strong>tres et le<br />

ronronnement des litanies habituel<strong>les</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> Droits de l’Homme.<br />

THE PEACE AGREEMENT.<br />

GENERALITES.<br />

- Définition du cessez le feu. Fin de toutes attaques, usage de la force, des armes... enlèvements<br />

séquestrations...<br />

- Un ministère intérimaire fonctionnera le temps que durera la constitution provisoire.<br />

- Elections prévues pour mi juin 2008.<br />

- Le roi et sa famille sont placés sous le contrôle du gouvernement, leurs biens sont confisqués.<br />

- Respects des Droits de l’Homme : dans <strong>les</strong> domaines de la santé, de l’éducation, du logement, de<br />

l’emploi...<br />

- Fin du système totalitaire (monarchie absolue). Installation progressive d’un système démocratique<br />

incluant la défense des femmes, des Dalits, des commun<strong>au</strong>tés d’Indigènes, protection des langues, des<br />

cultures, des religions loca<strong>les</strong>...<br />

- Adoption d’une politique qui donne des terres à ceux qui en sont démunis.<br />

- Adoption d’une politique qui sanctionne ceux qui profitant de leur situation dans le gouvernement ont<br />

amassé des fortunes et d’immenses propriétés par le biais de la corruption.<br />

(Note de l’<strong>au</strong>teur : certains membres de la commission de la rédaction ont dû sourire en signant ce<br />

texte.).<br />

LES DEUX ARMEES.<br />

- L’armée maoïste intégrera des camps sous le contrôle de l’United Nation Mission In <strong>Népal</strong> :<br />

U.N.M.I.N.<br />

275<br />

275


- Toutes <strong>les</strong> armes et <strong>les</strong> munitions seront enfermées dans des containers (s<strong>au</strong>f cel<strong>les</strong> qui sont<br />

nécessaires à as<strong>sur</strong>er la sécurité des camps.<br />

- Relation avec la <strong>Népal</strong> Army, la N.A. Les armes de la <strong>Népal</strong> Army seront stockées. La N.A. continue à<br />

as<strong>sur</strong>er la sécurité <strong>au</strong>x frontières, dans <strong>les</strong> zones protégées, dans <strong>les</strong> loc<strong>au</strong>x tels que banques, aéroports,<br />

bâtiments administratifs...<br />

CESSER LE FEU.<br />

- Dans l’avenir, <strong>au</strong>cune attaque, <strong>au</strong>cune destruction, n’<strong>au</strong>ront lieu. Il n’y <strong>au</strong>ra pas d’arrestation<br />

arbitraire, ni de transport d’armes. Il n’y <strong>au</strong>ra plus de groupes armés.<br />

- La N.A. et la police continueront la prévention des actes répréhensib<strong>les</strong> et criminels.<br />

- Pas de prélèvement de terre illégalement. (note de l’<strong>au</strong>teur : et <strong>les</strong> maoïstes ont signé cette cl<strong>au</strong>se qui<br />

est d’ailleurs en contradiction avec un article précédent !).<br />

- Relâche des prisonniers dans un délai de 15 jours.<br />

- Préparation des listes de disparus, de morts ... pendant la <strong>guerre</strong>.<br />

- Préparation des aides <strong>au</strong>x famil<strong>les</strong> de victimes.<br />

- Respect des décisions de l’U.N.M.I.N.<br />

- Appliquer le cesser le feu.<br />

- Toute utilisation d’armes sera sanctionnée.<br />

DROITS DE L’HOMME.<br />

- Les deux parties s’engagent à respecter <strong>les</strong> Droits de l’Homme rédigés en 1948.<br />

- A créer un « environnement » favorable, à déclarer ceux qui se rendent coupab<strong>les</strong> de manquements<br />

<strong>au</strong>x règ<strong>les</strong> des Droits de l’Homme.<br />

- Respect des religions, des règ<strong>les</strong> socia<strong>les</strong>, culturel<strong>les</strong>... de chaque individu<br />

- Respecter <strong>les</strong> Droits à la vie, à la liberté de chacun.<br />

- Respect des Droits civils et politiques.<br />

- Liberté d’expression...<br />

- Ne pas apporter de désordre à l’environnement, à l’équilibre social. (note de l’<strong>au</strong>teur : le but de cette<br />

<strong>guerre</strong> était tout de même d’apporter des désordres à l’ordre social.).<br />

- Respect de la femme et de l’enfant.<br />

- Améliorer le sort des opprimés.<br />

Ce texte sera annulé lorsque sera promulguée la nouvelle constitution.<br />

<strong>Sig</strong>ne par :<br />

- Girija Prasad Koirala, Prime Minister, Government of Nepal.<br />

- Prachanda Chairman Communist Party of Nepal (maoïste).<br />

- Le 27 novembre l’Intérim Constitution est votée.<br />

- Le 28 novembre Koirala et <strong>les</strong> maoïstes signent un accord pour :<br />

276<br />

276


The management of the arms... the cantonment of the People Liberation Army… The agreement<br />

paved the way for handing them over to the UN arms monitors.<br />

- ANNEE 2008.<br />

- Le 15 janvier, une constitution provisoire est écrite. Elle confirme la destitution du roi et la<br />

désignation d’un Premier ministre. Les maoïstes se joignent <strong>au</strong> mouvement. Ils ont 83 membres à<br />

l’assemblée <strong>sur</strong> 330.<br />

- Le 23 janvier l’United Nations Mission in <strong>Népal</strong> de l’O.N.U., l’U.N.M.I.N. fait venir 35 experts et<br />

militaires pour contrôler <strong>les</strong> élections qui vont avoir lieu.<br />

Anecdote : le roi fait savoir à Prachanda qu’il serait d’accord pour n’avoir qu’une fonction :<br />

Like King Norodom Sihanouk of Cambodge. Refus de Prachanda.<br />

Les maoïstes demandent à l’Union Marxiste Léniniste, l’U.M.L. Secrétaire général Madhav Kumar<br />

<strong>Népal</strong>, de s’allier pour <strong>les</strong> élections. Une telle coalition donnerait <strong>au</strong>x forces de g<strong>au</strong>che la majorité<br />

des 2 / 3 nécessaire pour <strong>les</strong> grandes décisions, la rédaction et l’approbation de la constitution<br />

seraient rapidement terminées.... . Au nom de l’U.M.L. Madhav Kumar <strong>Népal</strong> refuse. Il pense que<br />

son parti sera vainqueur <strong>au</strong>x élections qui vont avoir lieu. Deuxième pas de son glissement vers la<br />

droite qui le conduira à s’allier puis à former un gouvernement avec le pari <strong>Népal</strong>i Congress. Le<br />

premier a eu lieu lors de l’élection du Président de la République.<br />

Les élections ont lieu le 10 avril. Plus de 800 observateurs internation<strong>au</strong>x sont là. Etonnement des<br />

observateurs étrangers, des médias, stupeur chez <strong>les</strong> politiciens népalais, le parti communiste<br />

maoïste devient le parti le plus important du <strong>Népal</strong>. Surclassant de loin le parti de droite <strong>Népal</strong>i<br />

Congres et le parti communiste Union Marxist Leninist. Les partis communistes de la Terre<br />

appl<strong>au</strong>dissent, ils envoient des lettres de félicitation. Tous ? Non <strong>les</strong> partis d’extrême g<strong>au</strong>che<br />

français restent silencieux.<br />

- 28 mai 2008. LA REPUBLIQUE NEPALAISE EST PROCLAMEE.<br />

A signaler il n'y a pas eu de nuit du 4 août qui <strong>au</strong>rait supprimé <strong>les</strong> privilèges. Ceux-ci courent<br />

encore<br />

- Le roi Gyanendra quitte le palais Narayanhiti et, dans son discours d’adieu, il clame son innocence<br />

dans l’assassinat de son frère et de sa famille. Ce qui est certainement vrai. Quelques membres de<br />

l’état-major de son armée constituant le bras des pays instigateurs de ces assassinats ont suffi à cette<br />

tâche. D’ailleurs des bruits circulent dans Katmandu confortant cette thèse qu’il n’est pas utile de<br />

donner ici mais que l’histoire rapportera un jour.<br />

- Prachanda redemande à Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, le numéro un du parti communiste Union Marxist<br />

Leninist, l’U.M.L. d’ :<br />

Establish a stronger red block.<br />

Refus de Kumar <strong>Népal</strong> qui va s’allier avec la droite et l’extrême droite.<br />

277<br />

277


- Le 1° avril <strong>les</strong> maoïstes intègrent le gouvernement provisoire. Prachanda, Bhattarai, Vaidya<br />

refusent d’en faire partie. Par contre la femme de Bhattarai Hisila Yami qui a suivi <strong>les</strong> mêmes<br />

études et qui a participé à toutes <strong>les</strong> actions de son mari devient Ministre « of Physical Planning and<br />

development -sorte de ministère de l’Industrie-<br />

278<br />

RELATIONS NEPAL ARMY,<br />

O.N.U.-U.N.M.I.N., MAOISTES<br />

Il f<strong>au</strong>t revenir et insister <strong>sur</strong> le rôle que va jouer l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army,<br />

anciennement Royal <strong>Népal</strong> Army, qui est resté en place. Mais cet état-major n’agira de<br />

la façon dont il le fait que parce qu’il se sent ép<strong>au</strong>lé par une grande partie des membres<br />

du gouvernement provisoire puis des membres du gouvernement de coalition du Premier<br />

ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> et, évidemment, par l’Inde. L’Occident quant à lui<br />

murmure son discours : « Les maoïstes ne sont plus des terroristes. » Ils sont devenus du<br />

jour <strong>au</strong> lendemain, par le résultat d’un scrutin, des gens fréquentab<strong>les</strong>. Hypocrite<br />

Occident ! Ce qualificatif fréquentable qui s’applique à ceux qui viennent de cesser le<br />

combat signifie-t-il que ces personnes fréquentab<strong>les</strong> seront libres de gouverner le pays<br />

comme el<strong>les</strong> l’entendent ? Laissera-t-on gouverner ces personnes sans contraintes ?<br />

Combien de temps ces maoïstes resteront-ils gens fréquentab<strong>les</strong> <strong>au</strong>x yeux du<br />

Département of State et <strong>sur</strong>tout de son allié le gouvernement de l’Inde ? Va-t-on <strong>les</strong><br />

soutenir ? Les tolérer ? Chercher à s’en débarrasser <strong>au</strong> plus vite ?<br />

Le problème de la fusion des deux armées va dévoiler le jeu que va jouer l’état-major de<br />

cette armée. Cet état-major va défendre ses positions et attaquer celle des maoïstes qui<br />

ne font que demander l’application des décisions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. Rappelons que<br />

cette U.N.M.I.N. a fait passer des tests <strong>au</strong>x combattants maoïstes pour déterminer<br />

<strong>les</strong>quels pouvaient être intégrés dans la <strong>Népal</strong> Army.<br />

On a vu que la Royal <strong>Népal</strong> Army n’était intervenue que fort tard dans le conflit et<br />

qu’elle l’avait été à la demande des U.S.A. de monsieur Bush, de son allié inconditionnel<br />

l’Angleterre, et de l’Inde qui soigne son abcès Naxalite dans la mâchoire du <strong>Népal</strong>. Tous<br />

n’ont pas hésité pour obtenir ce résultat à faire éliminer le roi Birendra et sa famille.<br />

278


Tous <strong>les</strong> moyens seront bons pour l’Inde plus que pour <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres. L’Inde, <strong>les</strong> U.S.A. et<br />

leurs alliés <strong>au</strong>raient sans doute été heureux si quelque général avait pris le pouvoir. Cette<br />

armée n’était-elle pas qualifiée par des <strong>Népal</strong>ais :<br />

D’armée de défense de la monarchie et de l’hindouisme.<br />

Alors que d’<strong>au</strong>tres plus sévères ajoutaient :<br />

Ce n’est qu’une armée de passages en revue et de défilés.<br />

Ce sera pourtant de cette armée que viendront <strong>les</strong> problèmes. On la verra refuser d’obéir<br />

<strong>au</strong> Premier ministre Prachanda-Pushpa Kamal Dahal, lorsqu’il demandera la destitution<br />

du général Rookmangud Katawal. Joue-t-il seul l’état-major de cette armée ?<br />

Evidemment non, il est soutenu par <strong>les</strong> partis politiques de droite, par <strong>les</strong> partis<br />

royalistes, par le parti communiste Union Marxist Leninist, puis par <strong>les</strong> U.S.A. et ses<br />

alliés, et par l’armée indienne. Se sentant ép<strong>au</strong>lé son état-major impose ses règ<strong>les</strong>. Titre<br />

du journal Himalayan Times:<br />

La <strong>Népal</strong> Army recrute du personnel pour ne pas avoir à intégrer des maoïstes.<br />

Le gouvernement maoïste évidemment réagit :<br />

Nepal army to ignore govt fiat on recruitment.<br />

Est ainsi posée la question qui va bloquer la politique népalaise et retarder, sinon<br />

empêcher, l’approbation de la Constitution du pays. Quel est le pouvoir qui, dans toute<br />

démocratie, domine l’<strong>au</strong>tre : le pouvoir civil ou le pouvoir militaire ?<br />

On lit dans la presse :<br />

The rift between Defens Minister (maoïst) and Nepal Army… The army officer in the Nepal Army<br />

refused to uphold ministry’s orders to suspend the recruitment process… The Nepal Army needs to<br />

be transformed as per the social structure and new political system.<br />

Monsieur Dev Gurung, maoïste, qui est Ministre de la justice du gouvernement de<br />

Prachanda Pushpa Khamal Dahal déclare :<br />

Action would be taken against chief of Army Staff Katawal Rookmangud if he did not obey the<br />

government’s order.<br />

Lucide, le Rising <strong>Népal</strong> écrit :<br />

The neat struggle would be with the Nepali Congres, not with the Army Chief.<br />

Un leader du parti <strong>Népal</strong> Congress s’écrie, sans humour :<br />

That the mao were trying to impose <strong>au</strong>toritarianism.<br />

279<br />

279


Demander à ce que le pouvoir civil soit <strong>au</strong>-dessus du militaire est-il une preuve<br />

280<br />

d’<strong>au</strong>toritarisme ?<br />

Le rôle de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. est facile et difficile :<br />

- facile car cet organisme détient <strong>les</strong> clefs des aides internationa<strong>les</strong>,<br />

- difficile car il a contre lui le bloc constitué par l’état-major Chétri, <strong>les</strong> partis de droite,<br />

le parti communiste Union Marxist Leninist, le tout, soutenu évidemment par l’Inde et<br />

l’Occident.<br />

Au sujet du recrutement dans la <strong>Népal</strong> Army décidé par l’état-major qui a pour but de<br />

limiter le nombre de membres de la People Libération Army qui seront intégrés dans son<br />

sein, Ian Martin représentant de l’O.N.U.-U.N.M.I.N déclare :<br />

The N.A’s plan to recruit personnel in vacant post was in violation of the comprehensive peace<br />

accord.<br />

En réponse, Girija Prasad Koirala, encore leader incontesté du <strong>Népal</strong>i Congres, déclare :<br />

The Nepal’s (army) plan to recruit personnel was a regular process.<br />

Quant à Sushil Koirala le Président du parti <strong>Népal</strong>i Congress il affirme :<br />

Que l’U.N.M.I.N. n’est pas impartiale, elle favorise <strong>les</strong> maoïstes. Qu’on ne parle pas assez des<br />

violations <strong>au</strong>x Droits de l’Homme commis par <strong>les</strong> membres des Young Communist League. »<br />

Technique classique qui consiste à tenter de faire oublier une f<strong>au</strong>te en parlant d’un<br />

manquement commis par son adversaire. Même si celui-ci est fictif. Ce refrain qui parle<br />

de violations commises par <strong>les</strong> maoïstes va être servi à toutes <strong>les</strong> s<strong>au</strong>ces. Suit :<br />

The United Nations U.N.M.I.N. has not been mandated for discharge and rehabilitation of the<br />

maoist combatants.<br />

Ce qui est f<strong>au</strong>x, l’O.N.U.-U.N.M.I.N. est mandatée pour cela. Monsieur Oli, un des<br />

leaders du parti U.M.L. déclare :<br />

The maoist armies will not be integrated. They will be rehabilitated and managed as per the 12points<br />

agreement... and only when they meet required standards. The <strong>Népal</strong> Army is always a<br />

National army.<br />

En attendant, ces combattants maoïstes sont parqués dans des camps. Leurs armes et<br />

leurs munitions sont stockées dans des containers <strong>sur</strong>veillés par des membres de<br />

l’O.N.U. La droite présente la vie dans <strong>les</strong> camps comme des séjours de vacances.<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal écrit dans un numéro du Worker, organe du parti<br />

communiste maoïste, <strong>sur</strong> la vie dans ces camps :<br />

280


Our people’s liberation army is now in the cantonment. Any foreign politician, who has any human<br />

281<br />

feeling, would say that the commander of the people’s liberation army that have arduously fought in<br />

the frontiers for tens years are deprived of the basic human needs living in the middle of the jungle<br />

in the inhuman condition… Thousand of the P.L.A. go hungry in the cantonment. They are not<br />

worried for that… Many of them have been crushed under fallen trees in the storm. Many are killed<br />

by the snake bite…Many of the fighters have to remain awake at nights to watch the snakes<br />

crawling in the cantonments.<br />

Le 4 mars 2009 le général Katawal Rookmangud<br />

Is sacked.<br />

Par le gouvernement maoïste dirigé par Prachanda. Il est remplacé par un <strong>au</strong>tre général.<br />

Le Président de la République, brahmane madeshi, du parti <strong>Népal</strong> Congres, s’empresse<br />

évidemment de c<strong>au</strong>tionner l’attitude des militaires et du gouvernement, il refuse<br />

d’entériner la décision du gouvernement. Enorme camouflet <strong>au</strong>x Droits de l’homme.<br />

Que va-t-il se passer ? Le Consulat de France avertit <strong>les</strong> résidents :<br />

Suite <strong>au</strong>x derniers événements <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, en particulier le renvoi le 3 mai du chef de l’armée par le<br />

gouvernement à majorité maoïste, des risques de troub<strong>les</strong> sérieux sont à attendre <strong>sur</strong> l’ensemble du<br />

pays et tout particulièrement dans la vallée de Katmandu. Le refus du chef de l’armée, le général<br />

Katuwal, d’obéir à la décision du gouvernement qu’il juge inconstitutionnelle et contraire <strong>au</strong>x<br />

accords de paix de 2006, est susceptible d’entraîner une réaction violente de toute ou partie de<br />

l’armée afin de faire échec <strong>au</strong> gouvernement...<br />

Il ne se passe rien, des voix occidenta<strong>les</strong> <strong>au</strong>raient pu s’indigner, apporter leur appui <strong>au</strong><br />

gouvernement maoïste. Rien. Le silence. Même la France !<br />

Le 16 nov. 2009. Madame Landgren, qui a pris la succession de Ian Martin à la tête de<br />

l’O.N.U.-U.N.M.I.N. se défend d’interférer dans la politique du <strong>Népal</strong> comme<br />

l’indiquent <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x népalais. Elle déclare :<br />

La coalition de droite (souligné par moi) s’oppose à tout ce qui est contraire à son point de vue :<br />

- intégration P.L.A. dans la N.A.<br />

- refus de considérer la décision du Président de la République de ne pas limoger le général<br />

Katawal Rookmangud comme anticonstitutionnelle.<br />

Madame Landgren rencontre Prachanda-Pushpa Kamal Dahal, le Rising Nepal ironise :<br />

The duo discussed on the present state of peace process.<br />

- 13 nov. 2009. Le quotidien Rising <strong>Népal</strong> écrit :<br />

281


Credibility of UNMIN in crisis. This is bec<strong>au</strong>se of its role, reports and remarks. Questions being<br />

raised about the competence and neutrality of the Un agency will have fareaching impact on the<br />

future of UN missions not only in Nepal but in the world at large.<br />

Et :<br />

It has been apparent now that the UNMIN is only serving the interest of the U.C.P.N.-Maoist, whose<br />

militias kept in the UNMIN minitored cantonments are free to move and terrorize and kill the<br />

people.<br />

Et encore :<br />

The rapport of UNMIN is biased, lopsided… UNMIN has created yet another conflict in our state…<br />

Plus tard, un ministre du gouvernement de coalition Union Marxist Leninist, U.M.L.et<br />

<strong>Népal</strong>i Congres qui a remplacé le gouvernement dirigé par <strong>les</strong> maoïstes déclare :<br />

UN does not need to preach us. The meeting of 22 parties said that it expresses their dissatisfaction<br />

over the recent report of United Nations General Secretary, which called for forming a consensus<br />

governmental in Nepal.<br />

Ainsi L’O.N.U.-U.N.M.I.N. serait complice des maoïstes, jouerait leur jeu contre<br />

282<br />

l’intérêt du pays ! Seule voix perceptible dans le bloc qui prêche pour la non intégration,<br />

celle d’un leader du parti Union Marxist Leninist : Jana Nath Khanal.<br />

Khanal who is publicly blamed for supporting maoist agenda of forming a national coalition<br />

government… said that UN general secretary’s proposal to form a national government was not<br />

intervention in Nepal’s internal politics.<br />

Il est vrai que Khanal est partisan d’un front uni de la g<strong>au</strong>che qui seul peut permettre de<br />

sortir de la crise, de rédiger la constitution dans <strong>les</strong> délais prescrits.<br />

Mais <strong>les</strong> opposants à l’O.N.U.-U.N.M.I.N. oublient ou font semblant d’ignorer que cet<br />

organisme est une émanation de l’O.N.U. laquelle détient la clef des aides sans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le <strong>Népal</strong> n’existe plus. Tous <strong>les</strong> donneurs ? Non, évidemment, l’Inde se<br />

moque des décisions de l’U.N.M.I.N. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas<br />

voir <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> un gouvernement maoïste ou un gouvernement incluant des maoïstes.<br />

Peut-on penser qu’elle espère que si le <strong>Népal</strong> était lâché par <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x il pourrait<br />

devenir colonie indienne façon Sikkim ou Lhadak ? Ce qui ne serait pas pour déplaire à<br />

de nombreux occident<strong>au</strong>x : le <strong>Népal</strong> étant ainsi hors de l’influence chinoise.<br />

282


Qui défend la présence et <strong>les</strong> prescriptions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. ? Les maoïstes qui<br />

déclarent :<br />

The Union Communist Party Nepal-maoist has defended the Un chief remarks and accused the<br />

government (U.M.L.) and the coalition partners of being instigated by a foreign power against the<br />

United Nations and its role.<br />

L’O.N.U. organisme d’extrême g<strong>au</strong>che !<br />

Humour, titre du journal Rising <strong>Népal</strong> du 25 mars 2009 :<br />

283<br />

Army integration to be completed by june.<br />

Ces lignes sont écrites en mars 2009 et en avril 2010 cette intégration n’est même pas<br />

commencée !<br />

Le refus d’obéissance du général Katawal Rookmangud a donné l’occasion d’éliminer le<br />

gouvernement maoïste, mais ensuite l’armée recréera de nouve<strong>au</strong>x problèmes. Mais<br />

s’agit-il de problèmes ? Le gouvernement de coalition anti-maoïste et l’armée népalaise<br />

ne marchent-ils pas la main dans la main pour contrer <strong>les</strong> exigences des maoïstes hors du<br />

pouvoir ?<br />

Madhav Kumar Nepal leader U.M.L. asked the U.C.P.N. maoïst not to interfere with Nepal Army<br />

saying that it was an independent National Security organ.<br />

Sic !<br />

Le chef d’Etat-major de l’armée indienne, lui, déclare tranquillement que la People<br />

Liberation Army maoïste :<br />

Can not be integrated in <strong>Népal</strong> Army.<br />

Comment se nomment <strong>les</strong> propos d’un général d’un pays voisin qui interfère dans <strong>les</strong><br />

affaires internes de ce pays ? Que signifie le mot ingérence ? Le jeu se poursuit, en<br />

décembre 2009, le nouve<strong>au</strong> chef d’état-major de la Royal Army Singh Gurung (un<br />

Gurung !) rend visite <strong>au</strong> général en chef de l’armée indienne. Dès son retour il vient<br />

rendre compte <strong>au</strong> Président de la République népalaise Ram Baran Yadav. No<br />

comment !<br />

283


DROITS DE L’HOMME<br />

ET MAOISTES<br />

Droits de l’Homme : Les Hommes naissent et demeurent libres et ég<strong>au</strong>x... Enorme<br />

acquis ! ...en droit. Ah ! en droit ! Mais si cela n’est pas, devant quel tribunal f<strong>au</strong>t-il<br />

plaider pour <strong>les</strong> obtenir ? S’il n’y a pas de tribunal peut-on utiliser la violence ? Libres<br />

et ég<strong>au</strong>x : deux choses. Sans hypocrisie : le premier mot pour <strong>les</strong> nantis qui ont <strong>les</strong><br />

moyens de se faire entendre, le second pour <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> qui n’ont, pour se faire<br />

écouter, que celui de la violence. Ce droit d’égalité n’ayant pu être obtenu <strong>au</strong> cours des<br />

ans par le dialogue, par la contestation classique, <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> peuvent-ils l’obtenir<br />

légalement par la violence ? En d’<strong>au</strong>tres termes <strong>les</strong> actes révolutionnaires entraînent-ils<br />

des actes punissab<strong>les</strong> ?<br />

LES HOMMERS NAISSENT.... C.13.<br />

284<br />

284


Au nom des Droits de l’Homme, <strong>les</strong> médias népalais, suivis par <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x,<br />

ont parlé et parlent régulièrement des manquements <strong>au</strong>x Droits de l’Homme sinon des<br />

285<br />

crimes contre l’humanité commis par <strong>les</strong> maoïstes. A savoir :<br />

- création de milices armées,<br />

- assassinats,<br />

- déplacement de personnes,<br />

- extorsions de fonds,<br />

- destruction de biens nation<strong>au</strong>x ou privés,<br />

- confiscations de terres.<br />

Des révolutionnaires n’ont donc pas le droit de lutter et de confisquer ? On oublie que<br />

ces guerriers luttaient pour <strong>les</strong> Droits de l’Homme, contre un régime <strong>au</strong>tocratique ? Ils<br />

combattaient, dans le cadre d’une révolution, la misère, l’arbitraire, la féodalité... qui<br />

sont <strong>les</strong> valeurs négatives à cel<strong>les</strong> des Droits de l’Homme.<br />

De plus, même si <strong>les</strong> maoïstes n’ont pas été des enfants de chœur, ils n’ont pas commis<br />

le 1/10 ème de ce qui leur est reproché. On oublie un peu vite que de nombreux actes<br />

répréhensib<strong>les</strong> sont à imputer à des bandits Kao-Badi, des f<strong>au</strong>x maoïstes. Et on oublie<br />

qu’en politique tout est bon pour détruire l’adversaire. Les agences népalaises, <strong>les</strong><br />

médias népalais anglophones dans <strong>les</strong>quels puise l’information internationale, citent tous<br />

<strong>les</strong> jours des manquements <strong>au</strong>x Droits de l’homme qu’ils attribuent <strong>au</strong>x maoïstes. Après<br />

quelques jours on s’aperçoit que la plupart sont des f<strong>au</strong>x. Telle jeune journaliste est<br />

agressée par des inconnus. On l’a voit en photo <strong>sur</strong> un lit d’hôpital, inconsciente, une<br />

minerve <strong>au</strong>tour du cou. Court commentaire qui indique que <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> ne peuvent<br />

être que des maoïstes. Les journ<strong>au</strong>x crient : scandale, ils exigent une enquête et que <strong>les</strong><br />

coupab<strong>les</strong> soient punis. Cela dure un temps puis <strong>sur</strong>vient le silence. Quelques jours plus<br />

tard : un homme d’affaires est tué, ce ne peuvent être que des maoïstes qui l’ont<br />

assassiné. Ici, des jeunes sont boxés. Les coupab<strong>les</strong>, affirment <strong>les</strong> médias, sont des<br />

membres de la Y.C.L. la Young Communist League... Là un directeur d’école privée qui<br />

refuse de payer est tabassé par des jeunes communistes. On le voit, gisant, couvert de<br />

pansements. Qu’y a-t-il sous ces pansements ? Un médecin disparaît : Ce ne peuvent être<br />

que des maoïstes qui le séquestrent... Toutes ces affirmations s’éteignent curieusement<br />

285


<strong>au</strong> bout de quelques jours. Rares sont <strong>les</strong> cas nommément cités, vérifiés par <strong>les</strong> Human<br />

Rights, de f<strong>au</strong>tes commises par <strong>les</strong> maoïstes. Mais d’<strong>au</strong>tres reviennent régulièrement<br />

286<br />

dans la presse anglophone népalaise, ainsi cel<strong>les</strong> qui se rapportent <strong>au</strong> refus de restitution<br />

de terres domania<strong>les</strong> ou privées confisquées <strong>au</strong> bénéfice des Dalits ou de Serfs-<br />

Kamalaris. Critiquab<strong>les</strong> ces annexions dans une révolution ? Des révolutionnaires dont<br />

le but est d’anéantir <strong>les</strong> dirigeants d’une société qui ne respectent pas <strong>les</strong> Droits de<br />

l’Homme doivent-ils respecter <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> utilisées dans une société apaisée ?<br />

RAPPEL. DROITS A LA VIE.<br />

Les Droits de l’homme c’est avant tout le simple Droit de vivre, c'est-à-dire le droit à une assiette<br />

pleine et à un abri correct. En découle le droit à une espérance de vie comparable à celle des<br />

hommes des pays où vivent <strong>les</strong> nantis de la Terre, <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x. Viennent ensuite : le droit à une<br />

vie décente, le droit <strong>au</strong>x soins, à l’alphabétisation. La liberté, <strong>les</strong> droits d’expression... sont pour <strong>les</strong><br />

nantis de la Terre et ceux-ci font preuve d’impudeur lorsqu’ils placent ces valeurs <strong>au</strong> premier plan<br />

des nécessités socia<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> pays du Tiers monde.<br />

Le mot démocratie a été mis en place dans le discours politique par des nantis en quête de pouvoir,<br />

jamais par des véritab<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong>. Et c’est pourquoi ces misérab<strong>les</strong> sont critiqués <strong>au</strong> nom des<br />

Human Rigts quand ils ne respectent pas <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> établies pour et par <strong>les</strong> nantis de la Terre.<br />

Mais observons ce qui se dit ou se passe ailleurs. Voici reproduite dans le quotidien<br />

Republica, une note du State Department des U.S.A.<br />

Hillary Clinton said :<br />

Violence, extortion, and intimidation continued throughout the year. Numerous armed groups<br />

largely in the Terai region in the lowland, near the Indian Border, attacked civilians, government<br />

officials, members of particular ethnic groups or maoist milicia.<br />

Tiens des maoïstes sont attaqués ! Ce ne sont pas toujours eux qui attaquent, qui c<strong>au</strong>sent<br />

des troub<strong>les</strong> contraires <strong>au</strong>x Droits de l’Homme ! Tiens il y a des groupes armés <strong>au</strong><br />

Teraï !<br />

Mieux encore, tous ces médias ne parlent jamais des crimes commis par <strong>les</strong> forces de<br />

l’ordre (meurtres, disparitions, tortures, viols : voir opérations Roméo, Search and<br />

286


Kill...) <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong>. S<strong>au</strong>f quelquefois. 21 nov. 2009 du quotidien anglophone<br />

Republica :<br />

The National Human rights commission had revealed that 286 people were killed by the state (forces<br />

de l’ordre) and non-state (maoïstes) parties in the last three years. The state was responsible for 107<br />

killing, non state for 26… 53 people were killed in different explosions… Nepal High Right<br />

Commission receives 246 complaints of torture, beatings and inhuman treatment and it recorded<br />

254 cases of forced disappearances by the government and 193 by maoists.<br />

287<br />

Eloquent<br />

Troublantes ces lignes qui <strong>au</strong>raient pu, qui <strong>au</strong>raient dû, être reproduites <strong>au</strong> moins par <strong>les</strong><br />

médias français de g<strong>au</strong>che et par <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x de tourisme s’intéressant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Mais il<br />

semble que nos médias y compris ceux s’intéressant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> ne semblent pas lire <strong>les</strong><br />

rapports de l’O.N.U, d’Amnesty International, des associations de défense des Droits de<br />

l’homme, de quelques O.N.G. Les forces de l’ordre du roi Gyanendra, des<br />

gouvernements dirigés par messieurs Koirala, Chand, Thapa, Deuba ont commis de<br />

nombreux crimes de <strong>guerre</strong>, de nombreux manquements <strong>au</strong>x Droits de l’homme. Deux<br />

cas parmi d’<strong>au</strong>tres ont été révélés par l’O.N.U.<br />

- Cas numéro un.<br />

Monsieur N. B. est un général de la Royal <strong>Népal</strong> Army. Il a commandé différentes<br />

brigades <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong>. Celle-ci terminée, il est envoyé en mission <strong>au</strong> Tchad et<br />

intégré dans <strong>les</strong> troupes de l’O.N.U. présentes dans ce pays. Mais il est brutalement<br />

chassé de ce pays. On lit dans le journal Republica du 10.12.2009<br />

The Amnesty International… demanded the government to arrest Major N… B…, who faces<br />

human rights violation, charges once he returns home from the Un peacekeeping mission in Tchad.<br />

On lit dans ce même journal à la date du 13. 12. 2009.<br />

Military police “arrest” Basnet. Souligné par moi.<br />

Ce général est arrêté sitôt son arrivée à Tribhwan Airport. Par qui ? Par la police<br />

militaire ! La police népalaise demande à la <strong>Népal</strong> Army de lui livrer B. L’armée refuse<br />

et rétorque que le major B. lui sera livré :<br />

Only after the N.A. complete its probe.<br />

Suit :<br />

287


Nepal Army on Monday formed a three member comittee to probe into the repatriation of it major<br />

N… B… by the Un department of Peacekeeping Operation from Chad.<br />

No comment.<br />

Suite à cet incident :<br />

288<br />

Nepal Army generals had argued with P.M. that the Government has forgiven serious rights<br />

violation by the maoists but the same was not the case with the N.A.<br />

Re no-comment : on montre <strong>les</strong> f<strong>au</strong>tes commises par l’<strong>au</strong>tre -si on n’en a pas on en<br />

fabrique- pour faire absoudre <strong>les</strong> siennes..<br />

- Cas numéro deux.<br />

Le général S. est accusé de crimes contre l’humanité.<br />

Human Rights communic, including the O.H.C.H.R.-Nepal, have maintenaid that S… was not<br />

directly involved in the arbitrary detention, torture and disappearances at Bhairathanath Battalion<br />

from 2003 to 2004 but he was in the chair of Command at the time. Thus, they argue, S… had chair<br />

of Command responsibility for the alleged human rights abuses.<br />

Le 26 novembre 2009, on lit dans le journal Republica :<br />

The U.S., the second largest supplier of military assistance to the Nepal Army said…that its ties with<br />

army will see serious consequences if the army officials with poor humans rights record, including<br />

Major General T…, are promoted before clearing them of allegations through a credible<br />

investigation…<br />

Car il est question d’accorder une promotion à ce général T...! Republica indique :<br />

The Bhairathanath Battalion is suspected… There may be members of the Battalion who have<br />

nothing to do with human rights violation… so, in fact a full investigation will also help to clear the<br />

names and representation of those military officials who are not responsible.<br />

Dans le même journal, le 24 nov 2009, on lit :<br />

In dispute from national and international human rights charges.<br />

Et le 25 décembre 2009, le gouvernement :<br />

Promoted Majot General T… to the post of Lieutenant general second in command in Nepal Army.<br />

Le gouvernement du Premier ministre monsieur Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, communiste du<br />

parti Union Marxist Leninist soutenu par <strong>les</strong> partis royalistes et <strong>Népal</strong> Congres n’a pas<br />

tenu compte des exigences de l’O.N.U. Il a promu un général suspecté d’être un criminel<br />

de <strong>guerre</strong>. A la suite de cela <strong>les</strong> associations nationa<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong> des Droits de<br />

l’Homme se sont in<strong>sur</strong>gées. El<strong>les</strong> ont demandé que cette nomination soit annulée.<br />

Silence du gouvernement. Ce gouvernement une fois de plus s’est incliné devant une<br />

288


décision militaire. Il n’a pas tenu compte de l’opinion internationale. Il a accepté que le<br />

pouvoir militaire soit placé <strong>au</strong>-dessus du pouvoir civil !<br />

- Cas numéros trois.<br />

289<br />

Contrairement <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, bien qu’il ne soit pas favorable <strong>au</strong>x maoïstes (euphémisme), le<br />

quotidien Republica poursuit ses enquêtes (il changera rapidement d’attitude) et il<br />

n’hésite pas à écrire ce qu’il apprend :<br />

National Human Rights Commission, N.H.R.C., on Friday demanded an independent probe into the<br />

killing of three persons by army at Bardiya National Park… Issuing a statement the commission<br />

also asked the government to punish the guilty in the incident right away.<br />

Trois Triba<strong>les</strong> qui avaient pénétré dans le parc de Bardiya ont été tuées par bal<strong>les</strong> par des<br />

militaires. El<strong>les</strong> ramassaient de l’herbe.<br />

Mais il n’y a pas que des crimes politiques qui sont cités par Republica, ce journal cite<br />

<strong>au</strong>ssi des agissements qui se produisent dans des services :<br />

Une femme policière est violée depuis des mois par ses supérieurs<br />

Des émissions de télévision se saisissent de l’affaire. Puis vient le silence. Apprendra-ton<br />

un jour que des coupab<strong>les</strong> ont été punis ?<br />

Republica changera vite d’attitude, c’est un journal pour <strong>les</strong> membres de la société<br />

libérale anglophone qui comporte peu de lecteurs, sa <strong>sur</strong>vie dépend de la publicité, la<br />

publicité est un acte commercial, le commercial c’est ...<br />

Voici le tour des maoïstes d’être impliqués. Toujours dans Républica :<br />

Human Rights has been violated by Unified Communist Party Maoist.<br />

De fait <strong>au</strong> cours d’une grève, des jeunes maoïstes ont lancé des pierres <strong>sur</strong> <strong>les</strong> forces de<br />

police spécia<strong>les</strong>. Faits réels mais le deuxième jour <strong>les</strong> actes de violence diminuent puis<br />

cessent. Les dirigeants du parti maoïste ont lancé des avertissements à ses membres.<br />

Sont-ils obéis ? Le 22 décembre :<br />

Des véhicu<strong>les</strong> officiels ont été attaqués.<br />

A la suite de quoi le Ministre de l’Intérieur déclare :<br />

289


La police a le droit d’ouvrir le feu pour se défendre si elle est attaquée.<br />

290<br />

En résumé de tout cela : <strong>les</strong> manquements <strong>au</strong>x Droits de l’Homme sont plus nombreux et<br />

plus graves dans <strong>les</strong> forces de l’ordre que chez <strong>les</strong> maoïstes. La moindre f<strong>au</strong>te commise<br />

par <strong>les</strong> maoïstes est amplifiée, <strong>les</strong> f<strong>au</strong>tes commises par <strong>les</strong> forces de l’ordre sont<br />

minimisées et vite enterrées.<br />

Chose que l’on oublie trop souvent : ce sont <strong>les</strong> maoïstes qui, depuis le début de la<br />

<strong>guerre</strong>, sont pour l’intervention de l’O.N.U. et l’application de ses prescriptions et ce<br />

sont <strong>les</strong> forces de droite et le parti (communiste !) Union Marxist Leninist qui s’opposent<br />

à ses décisions et font tout pour <strong>les</strong> contrer.<br />

Demain <strong>les</strong> prescriptions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. seront-el<strong>les</strong> appliquées ? Des<br />

membres de la People Liberation Army seront-ils intégrés dans la <strong>Népal</strong> Army<br />

conformément à la proposition de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. ? Si oui, en quelques jours la<br />

constitution sera votée.<br />

RAPPEL<br />

Les médias anglophones et à leur suite <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x s’in<strong>sur</strong>gent régulièrement contre <strong>les</strong><br />

maoïstes qui, selon eux, ne respectent pas <strong>les</strong> droits de l’Homme. Mais combien ont indiqué que le 4<br />

avril 2007. Un gang armé nommé Madeshi Jana Adhika Forum qui serait une branche du Indian<br />

Hindu Fundamentals and royal regressive elements, massacre froidement 28 maoïstes du Madeshi<br />

Celebration Front. Ce qui sera nommé le G<strong>au</strong>r massacre.<br />

290


GOUVERNEMENT<br />

DE COALITION ANTI-MAOISTE<br />

ANNEE 2009. 2010.<br />

291<br />

Ainsi, le pouvoir militaire placé par le Président de la République Ram Baram Yadav<br />

<strong>au</strong>-dessus du pouvoir civil a entraîné la démission du Premier ministre maoïste<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal. Un nouve<strong>au</strong> gouvernement doit donc se constituer, ce<br />

gouvernement, comme le précédent, <strong>au</strong>ra pour but de gérer <strong>les</strong> affaires courantes<br />

pendant que l’Assemblée nationale établira la future Constitution du pays. Le Président<br />

de la République Yadav demande à un Madeshi –le Président est lui-même un Madeshide<br />

droite de former un gouvernement, celui-ci échoue. Il demande ensuite <strong>au</strong>x politiques<br />

de son parti, le Nepali Congres : nouvel échec. Il s’adresse alors à Madhav Kumar<br />

<strong>Népal</strong>, leader du parti communiste Union Marxist Leninist, U.M.L. Celui-ci accepte et<br />

réussit à former un gouvernement.<br />

A partir de ce moment, on va revérifier –ce Madhav Kumar <strong>Népal</strong> avait déjà fait élire un<br />

Président et un Vice-président de la République issus du parti <strong>Népal</strong>i Congres- qu’un<br />

leader d’un parti s’intitulant communiste peut s’engager dans une franche politique de<br />

droite. Et on assistera à ce qui sera sans doute une des successions de trahisons à un idéal<br />

parmi <strong>les</strong> plus écœurantes de l’histoire.<br />

Le gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> qui remplace le gouvernement des<br />

maoïstes est inspiré par <strong>les</strong> théories qui affirment que l’expansion économique (le<br />

Premier ministre est un ancien banquier) conduit à une élévation du nive<strong>au</strong> de vie<br />

de tous. Je l’ai plusieurs fois écrit :<br />

La marée soulève tous <strong>les</strong> bate<strong>au</strong>x...<br />

Le nouve<strong>au</strong> Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, communiste U.M.L. va<br />

pratiquer une politique d’incitation à une forte croissance économique. Il va jouer<br />

la carte business. Katmandu va devenir un immense chantier de constructions<br />

immobilières. La richesse des régions dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le trekking est intense va<br />

291


continuer à croître entraînant une émulation malsaine dans <strong>les</strong> populations qui se<br />

jalousent et sont de plus en plus avides de gains et de signes extérieurs de richesse.<br />

En politique étrangère, même s’il fait <strong>les</strong> yeux doux à la Chine, le nouve<strong>au</strong> Premier<br />

292<br />

ministre se lie inconditionnellement à l’Inde. Son gouvernement est dans son<br />

essence, avant tout, un gouvernement anti maoïste.<br />

Ce Premier ministre qui joue la carte business oublie quand même plusieurs<br />

choses :<br />

- que le business du mondialisme-capitaliste n’a pas résolu <strong>les</strong> problèmes de<br />

chômage dans <strong>les</strong> pays riches et que dans ces pays subsiste une misère certes<br />

résiduelle mais inadmissible <strong>au</strong> regard de la richesse du reste de la population.<br />

- que le business du mondialisme-capitaliste n’a toujours pas résolu le problème de<br />

la misère de trois milliards d’individus <strong>sur</strong> la Terre. Trois milliards, ce n’est pas<br />

négligeable !<br />

- que le <strong>Népal</strong> est un pays essentiellement agricole (80 à 90 %), que l’accroissement<br />

des vil<strong>les</strong> n’apporte rien <strong>au</strong> paysan, <strong>au</strong> Dalits-sans terres, <strong>au</strong> Serf-Kamalaris... <strong>au</strong>x<br />

misérab<strong>les</strong> qui ont fait la <strong>guerre</strong>, <strong>au</strong>x misérab<strong>les</strong> qui ont fait la révolution.<br />

- que sa politique ne tient pas compte de l’effroyable retard pris dans <strong>les</strong> différentes<br />

formes d’éducation, dans <strong>les</strong> équipements du pays... On assistera pendant la durée<br />

de son gouvernement à des épidémies de choléra, des disettes et même quelques<br />

famines. La corruption sévira. Quant <strong>au</strong>x problèmes de circulation en ville, de<br />

coupures de courant, <strong>au</strong>x pénuries d’e<strong>au</strong>, à l’amoncellement des ordures... ils iront<br />

croissant !<br />

- que pour que s’apaisent <strong>les</strong> violents mouvements de contestation, il <strong>au</strong>rait dû<br />

rapidement faire établir puis <strong>au</strong>ssi rapidement faire appliquer une véritable<br />

politique sociale : Distribution de terres <strong>au</strong>x plus démunis, mettre en chantier<br />

l’étude : de Droits du travail, d’une forme de Sécurité sociale, de caisses de<br />

retraites...<br />

- que pour améliorer <strong>les</strong> équipements du pays et <strong>sur</strong>tout résorber leur retard il<br />

fallait engager une puissante politique moderniste avec un volet création d’impôts<br />

292


<strong>sur</strong> <strong>les</strong> bénéfices, le revenu... et un <strong>au</strong>tre volet : établir de véritab<strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> de la<br />

293<br />

perception de ces impôts...<br />

Les <strong>mots</strong> gouvernement de coalition sont appropriés, coalition contre <strong>les</strong> maoïstes<br />

évidemment. Politiquement, le ministère de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> va gérer le pays dans<br />

la tradition des anciens gouvernements népalais. A savoir :<br />

- <strong>les</strong> membres des h<strong>au</strong>tes castes, des membres du parti <strong>Népal</strong>i Congress seront nombreux<br />

dans ce gouvernement où ils occuperont des ministères parmi <strong>les</strong> plus importants.<br />

- la h<strong>au</strong>te administration reste inchangée.<br />

- le gouvernement va continuer de laisser en l’état et sans directives contraignantes le<br />

pouvoir militaire.<br />

- dans <strong>les</strong> relations internationa<strong>les</strong>, l’Inde reste le pays qui a droit de regard <strong>sur</strong> la<br />

politique intérieure du <strong>Népal</strong>, qui intervient dans ses affaires lorsque cela lui convient.<br />

Sitôt connue la décision du Président de la République d’entériner la destitution du<br />

général Rookmangud Katawal demandée par <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> pouvoir, la <strong>Népal</strong> Civil<br />

Society déclare que cette décision est inconstitutionnelle et antidémocratique. Dans son<br />

sillage la Cour Suprême -dans un premier temps tout <strong>au</strong> moins car ensuite interviendront<br />

<strong>les</strong> influences politiques- déclare la même chose. La société des avocats affirme que:<br />

The President Ram Baran Yadav’s order to Rookmangud Katawal to remain in his office as chief of<br />

the army staff was unsconstitutioal and has flouted civilian supremacy.<br />

Prachanda lance un message:<br />

Against foreign brokers.<br />

Evidemment il s’agit des courtiers de l’Inde. Des membres du parti maoïste ajoutent :<br />

National Identity is in crisis. Country is run by foreign remote (Delhi et Washington) control…<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> (le Premier ministre qui remplace Prachanda) b<strong>les</strong>sed by India... <strong>Népal</strong>i People<br />

will beat supporter of Military Supremacy.<br />

Lorsque le 24 mai 2009 Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est élu premier ministre, Prachanda-<br />

Pushpa Kamal Dahal parle de contre révolution et déclare que :<br />

The next government will be a puppet.<br />

Une marionnette dans <strong>les</strong> mains de l’Inde évidemment.<br />

293


Madhav Kumar <strong>Népal</strong> laisse dire, il prépare son cabinet. Pour expliquer la lenteur qu’il<br />

éprouve à rassembler une majorité il déclare que :<br />

17 jours ont été nécessaires <strong>au</strong>x maoïstes pour former leur gouvernement qui ne comprenait que<br />

neuf partis, alors que le sien choisit ses ministres dans 22 partis.<br />

22 partis ! Tout est dans ce chiffre. Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, pour obtenir une majorité a<br />

294<br />

ratissé large. Il a même accepté que des royalistes soient représentés dans son<br />

gouvernement. Accorder un ministère à un groupe c’est récolter des voix.<br />

Girija Prasad Koirala, le vieux leader du parti <strong>Népal</strong>i Congres, ressucité en politique, est<br />

venu participer à la formation du cabinet <strong>Népal</strong> dans lequel <strong>les</strong> ministres choisis dans<br />

son parti <strong>au</strong>ront un rôle clef. Sujata Koirala, sa fille, va recevoir le portefeuille de<br />

Ministre des Affaires étrangères ! Le gouvernement formé :<br />

The Indian Ambassador to Nepal Rakesh Sood called on Premier Nepal (Madhav Kumar Nepal)<br />

and congratulated him. He said :<br />

“The bilateral relations between Nepal and India would be further strengthened during Nepal’s<br />

tenure.”<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> prononce son discours in<strong>au</strong>gural. Il apparaît en costume népalais,<br />

le costume des gens des h<strong>au</strong>tes castes, celui que portent <strong>les</strong> membres du <strong>Népal</strong>i Congres<br />

pour se distinguer des gens de basse caste et des Dalits- Indigenous. Il affirme sans honte<br />

que :<br />

Government firm to take peace process to logical end… calls for concensus to achieve constitution<br />

Il affirme <strong>au</strong>ssi que :<br />

Civilian supremacy reiterated… We were compelled to live suppressed under the Royal regime,<br />

which was a symbol of feudalism.<br />

Humour ! Humour noir ! Le régime féodal a été abattu par <strong>les</strong> seuls maoïstes et lui<br />

choisit des ministres qui faisaient partie de ce système féodal !<br />

Avec le gouvernement dirigé par ce Madhav Kumar <strong>Népal</strong> réapparaît la véritable nature<br />

du peuple népalais qui est à base de crédulité –t<strong>au</strong>x d’analphabétisme élevé- de lenteur<br />

dans <strong>les</strong> réactions, de patience et de fatalisme. D’impuissance <strong>au</strong>ssi. Le mouvement<br />

maoïste, la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, la révolution de 2006, avaient entraîné une prise de<br />

conscience : tout était à faire, il était possible de faire bien des choses. Hélas, le<br />

gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> va remettre en place le vieux <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong><br />

294


295<br />

mentalités et façons de faire. Il a honteusement intégré dans son gouvernement <strong>les</strong><br />

politiques de l’ancien régime, ceux qui ont conduit le <strong>Népal</strong> à être le pays le plus p<strong>au</strong>vre<br />

d’Asie. Homme du business, politicien centriste dans ses fibres, il est là pour éteindre <strong>les</strong><br />

révoltes.<br />

RAPPEL :<br />

C’est toujours la bourgeoisie qui arrête <strong>les</strong> révolutions à mi-pente. V.Hugo. Nota : <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, le mot<br />

bourgeoisie englobe <strong>les</strong> <strong>mots</strong> h<strong>au</strong>tes castes et membres de la société libérale.<br />

Hors <strong>les</strong> maoïstes qui sont restés combatifs avec quelques membres du parti Union<br />

Marxist Leninist, dont Jana Nath Khanal, on va retrouver un peuple népalais retombé en<br />

apathie. Le laisser faire va res<strong>sur</strong>gir. Les questions vont rester sans réponse. La défense<br />

des privilèges va reprendre ses méthodes. La corruption va res<strong>sur</strong>gir. Les crimes contre<br />

l’humanité commis par des militaires de h<strong>au</strong>t grade resteront impunis. L’armée restera<br />

un état dans l’état. Les médias anglophones, eux, hors ceux des maoïstes qui sont<br />

inaccessib<strong>les</strong> <strong>au</strong> touriste, vont non seulement se faire complices mais devenir <strong>les</strong><br />

supporters de ce nouve<strong>au</strong> gouvernement. Un exemple caractéristique de leur partialité :<br />

En avril 2010, alors qu’il ne reste qu’un mois pour que la constitution soit promulguée,<br />

un nouvel Ambassadeur des U.S.A. vient <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> et rencontre <strong>les</strong> personnalités<br />

politiques. Il a une discussion avec le leader maoïste Prachanda. La presse rend compte,<br />

elle reproduit <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de cet Ambassadeur :<br />

The U.S.A. was ready to extend support to the rehabilitation of the maoists combattants (dans<br />

l’armée népalaise, la N.A.), but the Maoists should justify its commitments to democraty, peace,<br />

human rights and rule law.<br />

Objectivité de cet Ambassadeur, des médias : il n’est pas fait mention des génér<strong>au</strong>x<br />

déclarés coupab<strong>les</strong> de crimes contre l’humanité par l’O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

Le gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est une association contre nature si l’on<br />

considère le nom du parti dont ce Premier ministre a été le leader : parti communiste<br />

Union Marxist Leninist. Si ce Premier ministre avait été seulement socialiste il <strong>au</strong>rait<br />

295


echerché un rapprochement avec <strong>les</strong> maoïstes. Il se serait dressé contre le pouvoir de<br />

l’armée dirigée par <strong>les</strong> génér<strong>au</strong>x qui ont défendu l’ancien régime pendant des sièc<strong>les</strong>,<br />

pendant <strong>les</strong> dix ans de <strong>guerre</strong> et qui ont honteusement conservé leur place. Il <strong>au</strong>rait<br />

combattu de toutes ses forces ce feodalism qu’il critique dans ses discours en refusant de<br />

collaborer avec <strong>les</strong> membres du <strong>Népal</strong>i Congres : le parti de ceux qui n’ont pas émigré<br />

comme l’ont fait nos nob<strong>les</strong> en 1789.<br />

Pour obtenir une majorité il a donc ratissé large. Il a créé des ministères, des<br />

secrétariats d’Etat. Le gouvernement comptera 42 ministres choisis dans 22 partis (sic).<br />

Si un rapport était établi en tenant compte du nombre d’habitants, le gouvernement<br />

296<br />

français compterait 82 ministres !<br />

Mais ce Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est fidèle à ses propos. N’avait-il pas déclaré <strong>au</strong> moment<br />

de l’élection du Président de la République, que :<br />

The rôle of the Nepali Congres is important for institutionalizing the republic and running the<br />

government.<br />

Les membres du <strong>Népal</strong>i Congress républicains !<br />

Dès sa nomination une photo significative paraît dans un quotidien. Elle montre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> assis à côté du chef Maoïste Prachanda-Pushpa Kamal Dahal. Derrière<br />

eux, debout, étendant la main en guise d’assentiment le vieux Girija Prasad Koirala.<br />

Geste symbolique : le vieux leader <strong>Népal</strong>i Congres donne son accord !<br />

Imaginons un député de nos Sans-culottes demandant que soient intégrés dans <strong>les</strong><br />

gouvernements de la France qui ont suivi la Révolution française de 1789 <strong>les</strong><br />

représentants de la nob<strong>les</strong>se émigrée ! Plus tard Madhav Kumar <strong>Népal</strong> annoncera sans<br />

rire mais hélas sans humour :<br />

Qu’un consensus entre son parti et le parti maoïste doit être trouvé.<br />

Déclaration hypocrite, à chaque difficulté que rencontrera son gouvernement, le Premier<br />

Ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> va répéter ce propos en se tournant vers la droite : le<br />

<strong>Népal</strong>i Congres, <strong>les</strong> partis Madesh, l’Inde. Il applique leur politique. Le 19 juin 2009, il<br />

approuve la décision du Président de la République Yadav de laisser en place le général<br />

Rookmangud Katawal. Le pouvoir militaire est ainsi définitivement reconnu état dans<br />

296


l’état. Et ce geste de démission, de collaboration sera suivi de nombreux <strong>au</strong>tres. Il<br />

pourrait profiter de son pouvoir :<br />

- Il f<strong>au</strong>t modifier, vite, si ce n’est pas moi, vous <strong>au</strong>rez <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> pouvoir,<br />

pour appliquer une politique de g<strong>au</strong>che douce. Au contraire : <strong>les</strong> maoïstes ayant réagi ;<br />

<strong>les</strong> manifestations et <strong>les</strong> bandhas se succèdent, on découvre qu’un régime policier se met<br />

en place. Les policiers de la Force spéciale ceux qui se sont illustrés pour leurs méfaits<br />

<strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong> réapparaissent dans <strong>les</strong> rues : tenues de combat, casques spéci<strong>au</strong>x,<br />

boucliers.... Qui a payé ? Pour faire oublier, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> chaînes de télévision des films<br />

présentent le dévouement de l’armée, de la police. Le gouvernement paye.<br />

Sur le plan social et économique la priorité <strong>au</strong> business inspire le gouvernement.<br />

Le Rising Nepal :<br />

Housing Proliferation In Katmandu. They are around 150 compagnies in the country.<br />

297<br />

Les <strong>Népal</strong>ais ne connaissent pas le mot promoteur.<br />

Les vieil<strong>les</strong> méthodes reviennent. Corruption : des ministres sont impliqués et destitués.<br />

Une personnalité déclare, souriant :<br />

- La corruption sera toujours. Autant s’attaquer <strong>au</strong> rythme des saisons.<br />

Nepotisme ?<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> nomme Sujata Koirala, fille du vieux ténor Girija Prasad Koirala,<br />

déjà ministre des Affaires étrangères, Deputy Prime Minister, la 2 ème place dans le<br />

gouvernement. Il f<strong>au</strong>t voir dans cette nomination un acte de complaisance <strong>au</strong> vieux chef<br />

du <strong>Népal</strong>i Congres. Ce geste ne sera d’ailleurs pas apprécié de tous <strong>les</strong> ténors de ce parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres. Un quotidien n’hésitera pas à parler de :<br />

Sujata Circus.<br />

La presse en avait parlé en son temps. Elle avait crié <strong>au</strong> népotisme lorsque le Premier<br />

ministre Prachanda avait trouvé pour son fils une place dans une administration. Une<br />

place de simple fonctionnaire, la f<strong>au</strong>te est-elle si grave quand on sait combien gagne un<br />

fonctionnaire ?<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> ne réagira que mollement <strong>au</strong> scandale provoqué par le discours<br />

que le Vice-président de la République a prononcé en Maïthili-Hindi. Ce Vice-président<br />

avait déclaré :<br />

297


Je changerai mon discours lorsque le gouvernement me le demandera.<br />

Il ne le fera que be<strong>au</strong>coup plus tard. Pourtant la Suprême Court of Justice avait déclaré :<br />

298<br />

Le discours inconstitutionnel.<br />

Jha (nom du Vice-président) ceases to be Vice-President legally.<br />

Il continue pourtant d’être Vice Président !<br />

Voilà le visage des Madeshi <strong>Népal</strong>i Congres ! Et le gouvernement de monsieur Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> gouverne avec leurs voix !<br />

Que va faire ce nouve<strong>au</strong> gouvernement en politique ? Il va se contenter de gérer <strong>au</strong> jour<br />

le jour, refusant de considérer <strong>les</strong> énormes problèmes qui sont à résoudre et qui sont<br />

déterminants pour l’avenir du pays. En résumé :<br />

- Il sera à l’écoute de l’état-major –toujours composé des mêmes génér<strong>au</strong>x royalistes- de<br />

l’ancienne Royal <strong>Népal</strong> Army devenue la <strong>Népal</strong> army. Il ne placera que bien plus tard à<br />

la tête de l’armée un colonel tribal, une personnalité falote bien peu représentative.<br />

- Il refusera de livrer à la justice <strong>les</strong> génér<strong>au</strong>x de cette armée que l’O.N.U. a déclarés<br />

coupab<strong>les</strong> de crimes contre l’humanité et que l’armée protège et tient cachés.<br />

- Il refusera d’intégrer <strong>les</strong> soldats de la People Libération Army maoïste. Cela, malgré<br />

<strong>les</strong> propositions des représentants de l’O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

- Quant à la rédaction de la constitution elle est bloquée. Aucune des parties de<br />

l’Assemblée n’étant capable de réunir la majorité des 2/3.<br />

- Enfin, il conserve avec l’Inde <strong>les</strong> mêmes rapports de vassalité que ceux qui existaient<br />

avant la révolution...<br />

- Le Premier Ministre parle d’Etat laïc mais l’hindouiste Président de la République<br />

Yadav est présent <strong>au</strong>x manifestations religieuses de cette religion. On le verra en tenue<br />

entièrement blanche s’incliner devant déesse Nawadurga Bhawani. Quant <strong>au</strong> Viceprésident<br />

il affirmera dans un discours, le plus sérieusement du monde, que seul un<br />

retour à la religion peut résoudre <strong>les</strong> problèmes soci<strong>au</strong>x du <strong>Népal</strong>. Monsieur Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> membre du parti communiste Marxist Leninist c<strong>au</strong>tionne. Sait-il ce que<br />

signifient <strong>les</strong> <strong>mots</strong> : matérialisme dialectique ?<br />

298


Les présidents du conseil de la quatrième République française in<strong>au</strong>guraient <strong>les</strong><br />

chrysanthèmes. Monsieur le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> in<strong>au</strong>gure <strong>les</strong> siens.<br />

299<br />

Dans cette phase de son histoire décisive pour l’avenir du pays, il ne se passera pas de<br />

jour sans qu’il ne se présente à quelque in<strong>au</strong>guration d’école, d’hôpital, de terrains de<br />

sport, à quelque remise de médail<strong>les</strong>...Le voici :<br />

- à la <strong>Sherpa</strong> association. Sans crainte du ridicule il s’est coiffé d’un schrinkinkop !<br />

- qui vient honorer (sic) le plus vieux grimpeur de l’Everest.<br />

- à l’Université de Dulhikel. Il remet des médail<strong>les</strong> à des étudiants. Il est coiffé du topi à<br />

toit plat mode british.<br />

- qui in<strong>au</strong>gure un centre de Technology Research à Kabre.<br />

- qui n’oublie pas <strong>les</strong> forces de l’ordre : il in<strong>au</strong>gure le Nepal’s National Interest Polices<br />

and recommandations.<br />

- qui s’est déguisé en scout (sic) pour une visite <strong>au</strong> siège de cette association.<br />

- qui in<strong>au</strong>gure, sans rire ! le début de la construction du tunnel sous Shiwapuri qui doit<br />

permettre l’alimentation de la capitale en e<strong>au</strong> potable du torrent Melamchi. On attend<br />

toujours le début des trav<strong>au</strong>x.<br />

- qui a fait poser <strong>sur</strong> son front un tika himalayen<br />

- qui lève son poing fermé. Ne f<strong>au</strong>t-il pas rappeler <strong>au</strong>x fidè<strong>les</strong> qu’il est l’élu du parti<br />

communiste Union Marxixt Leninist.<br />

S’il n’est pas déguisé, il porte presque toujours le costume népalais cher <strong>au</strong>x Bahuns.<br />

On le verra même ainsi vêtu devant le Président de la République et le Premier ministre<br />

chinois, qui eux, portent d’impeccab<strong>les</strong> costumes occident<strong>au</strong>x !<br />

Ne se déguisera-t-il pas un jour en trekkeur-alpiniste ! Ce sera lors de l’invraisemblable<br />

exhibition que fera le gouvernement <strong>au</strong> Kala Patar, cette antécime du pic Pumori très<br />

visitée par <strong>les</strong> trekkeurs. Le gouvernement veut en effet :<br />

Combattre le réch<strong>au</strong>ffement de la planète.<br />

Que pensent <strong>les</strong> Dalits-Kamalaris du réch<strong>au</strong>ffement de la planète ? Des <strong>Népal</strong>ais<br />

sourient. Sourient-ils vraiment ? Des rumeurs de mécontentement sourdent. Les<br />

journ<strong>au</strong>x, <strong>les</strong> télévisions annoncent cette fantastique opération. Elle est nommée :<br />

Opération Base Camp Everest.<br />

299


Vous avez bien lu : Everest. Si encore le nom népalais de Sagarmatha était choisi. Si<br />

encore ils indiquaient Opération Kala Patar. Cette :<br />

Operation Cabinet –gouvernement- meet to attract world attention.<br />

300<br />

World attention !<br />

Cette opération n’<strong>au</strong>ra d’ailleurs pas lieu <strong>au</strong> camp de base de Sagarmatha-Everest, ni <strong>au</strong><br />

sommet trop étroit du Kala Patar. Elle <strong>au</strong>ra lieu <strong>sur</strong> le replat, bien connu des aficionados<br />

du <strong>Népal</strong> grands trekkeurs devant Buddha, qui est situé flanc est de l’itinéraire. Des<br />

tab<strong>les</strong> et des sièges ont été placés là pour accueillir <strong>les</strong> membres du conseil et leur<br />

Premier ministre. Un Conseil des ministres à quelques 5200 mètres d’altitude, ça en<br />

jette.<br />

Premier ministre et ministres, <strong>les</strong> voilà assis. Ils se sont acclimatés à Lukla et à<br />

Khumjung (sic). Ils portent quand même des masques à oxygène qu’ils vont baisser<br />

quand sera leur tour de parler. Les journalistes sont là, micro et carnet en main. Les<br />

caméras filment. Le staff d’accompagnement tourne <strong>au</strong>tour de la scène. Les hélicoptères<br />

sont stationnés plus loin, plus bas, <strong>les</strong> gens commentent :<br />

- Mais combien d’hélicoptères y a-t-il ?<br />

- Ils sont nombreux.<br />

- Qui a payé ?<br />

Qu’importe le prix, qu’importe le ridicule, quand il f<strong>au</strong>t refroidir la planète et dorer le<br />

gouvernement. Le soleil s’est levé <strong>sur</strong> <strong>les</strong> membres du cabinet et leur Premier ministre,<br />

malgré cela l’air est frais. Il est presque toujours frais, l’air à 5000 mètres d’altitude. Les<br />

<strong>Sherpa</strong>s sont-ils heureux de cette lutte contre le réch<strong>au</strong>ffement de la planète ? Eux qui se<br />

<strong>les</strong> caillent plus de six mois par an ! Des voix :<br />

- Pour combattre <strong>les</strong> effets du réch<strong>au</strong>ffement de la Planète on pourrait faire monter toute la<br />

population de la Terre à 5000 mètres d’altitude ? Nous leur ferions de la place.<br />

- Si la terre se réch<strong>au</strong>ffe on va pouvoir cultiver davantage de légumes.<br />

L’humour des <strong>Sherpa</strong>s est connu.<br />

Quelques mois plus tard le Premier ministre et quelques élus heureux se rendent à<br />

Copenhague. Un plein avion ! Au sommet cette fois de la lutte contre le fameux<br />

300


éch<strong>au</strong>ffement. Là, le plus sérieusement du monde monsieur Madhav Kumar <strong>Népal</strong><br />

déclare devant <strong>les</strong> Présidents et <strong>les</strong> Premiers ministres des grands pays du monde :<br />

Five key-points for the success of Copenhagen…<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> donne des leçons <strong>au</strong>x ténors mondi<strong>au</strong>x ! Qui doivent sourire. Les<br />

<strong>Népal</strong>ais, eux, ne sourient pas, ils parlent coût de voyage.<br />

La comédie n’est pas terminée, le 15 juin 2009 Madhav Kumar <strong>Népal</strong> part en Egypte. Là<br />

se rassemblent <strong>les</strong> membres du :<br />

Non-aligment-Movement.<br />

301<br />

Il sera encore question de problèmes écologiques.<br />

Que retire le gouvernement de toutes ces démarches et voyages dont certains sont<br />

grotesques ? Rien. Les pays riches ont d’<strong>au</strong>tres soucis que celui d’un Premier ministre<br />

népalais en recherche de consécration. Si on parle réch<strong>au</strong>ffement, l’Occident a d’<strong>au</strong>tres<br />

préoccupations, il se refait une santé financière.<br />

Malgré cela se poursuit la comédie, le 21 septembre, Madhav Kumar <strong>Népal</strong> se rend à<br />

New York. Le quotidien Rising Nepal titre :<br />

Prime Minister to raise climate change issue at U.N.<br />

Ne croyez pas qu’il abandonne <strong>les</strong> problèmes népalais qui sont qualifiés de : deadlock :<br />

- celui du pouvoir civil qui doit supplanter le pouvoir militaire.<br />

- celui de l’intégration de l’armée maoïste <strong>au</strong> sein de la <strong>Népal</strong> Army.<br />

- celui de la rédaction et de l’approbation de la constitution. Date limite : 28 mai 2010 !<br />

A chaque nouve<strong>au</strong> discours il intercale :<br />

- Our first priority is on ending the deadlock.<br />

Même le Président de la Constituant Assembly déclare:<br />

- Que la constitution sera rédigée à temps...<br />

5 octobre 2009, titre du quotidien Rising <strong>Népal</strong> :<br />

Top leaders vow to clear impasse in the next three days.<br />

Le 7 octobre 2009 le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> déclare<br />

Deadlock to end soon<br />

La tragi-comédie continue. Le 5 novembre 2009, Sharma Oli leader du parti communiste<br />

U.M.L. fidèle <strong>au</strong> chef du gouvernement reste optimiste, il déclare :<br />

301


Political Deadlock will end soon.<br />

Des <strong>mots</strong>, rien n’évolue. Tout va-t-il si bien ? La misère, elle, reste. Le Premier ministre<br />

avoue que 67 % du peuple népalais est dépendant de l’agriculture mais que le pays est<br />

obligé d’importer de l’étranger du riz et du blé !<br />

302<br />

Intermède grotesque : en décembre 2009 : le gouvernement propose Girija Prasad<br />

Koirala pour le Prix Nobel de la Paix. Sans doute en souvenir des années de <strong>guerre</strong> où ce<br />

monsieur Premier ministre dirigeait <strong>les</strong> forces de l’ordre et <strong>les</strong> opérations Research and<br />

Kill et Kilo Sierra... contre <strong>les</strong> maoïstes. Que de grondements de colère se feraient<br />

entendre chez <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous, <strong>les</strong> Dalits-Kamalaris, <strong>les</strong> gens de basse caste, s’ils<br />

savaient.<br />

- 23 décembre 2009, on lit :<br />

Government decides to resolve crisis through dialogue.<br />

- 29 décembre le Premier ministre as<strong>sur</strong>e :<br />

- In ways of timely statute.<br />

C’est à dire que la constitution sera rédigée à temps.<br />

En réalité il compose. Il est placé entre <strong>les</strong> exigences de l’O.N.U._U.N.M.I.N. qui veut<br />

une rapide intégration de l’armée maoïste, la People Liberation Army dans l’armée<br />

nationale, le refus d’obéissance des militaires de la <strong>Népal</strong> Army, <strong>les</strong> exigences de l’Inde,<br />

et son propre sentiment. Il choisit d’obéir <strong>au</strong>x militaires et à l’Inde mais il oublie que<br />

l’O.N.U.-U.N.M.I.N. est dans le camp de ceux qui distribuent <strong>les</strong> aides.<br />

Heureusement madame la Ministre des Affaires étrangères Sujata Koirala est là qui vient<br />

à son secours et déclare le 24 octobre 2009 :<br />

Urge the United Nations and the International Commun<strong>au</strong>ty to continue to extend their generous<br />

support and assistance so as to enable Nepal to accomplish and institutionaling democraty<br />

maintaining peace and accelarating social and economic developpment.<br />

Soit dit en d’<strong>au</strong>tres termes :<br />

- Aboulez le fric et ne vous occupez pas de nos affaires.<br />

En décembre 2009, le gouvernement prolonge la mission de l’O.N.U.-UNMIN, c’est la<br />

nième fois que cela se produit, il y en <strong>au</strong>ra d’<strong>au</strong>tres. L’état-major de la <strong>Népal</strong> Army, la<br />

N.A., manifeste toujours son <strong>au</strong>torité, elle refuse :<br />

302


303<br />

- de livrer <strong>les</strong> génér<strong>au</strong>x recherchés pour crimes contre l’humanité<br />

- d’intégrer <strong>les</strong> maoïstes déclarés compétents par l’O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

Cette résistance de l’armée <strong>au</strong>x ordres du gouvernement démontre que la première<br />

désobéissance <strong>au</strong> gouvernement manifestée dans le cas Rookmangud Katawal était bien<br />

une décision concertée. On verra un jour l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army exiger du<br />

gouvernement qu’il achète des avions et des hélicoptères, coût 118 milliards ! Les<br />

avertissements réitérés de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. sont sans effets. Le gouvernement dirigé<br />

par un communiste de l’Union Marxist Leninist, l’U.M.L., suit <strong>les</strong> directives des partis<br />

de droite, <strong>Népal</strong>i Congres... et d’extrême droite.<br />

Seule une coalition du parti U.M.L. avec <strong>les</strong> maoïstes pourrait :<br />

- obliger l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army composée à démissionner.<br />

- de faire rapidement approuver la Constitution qui précisera le fonctionnement de<br />

la République népalaise dans l’avenir.<br />

GOUVERNEMNET DE COALITION : OUT.<br />

Il f<strong>au</strong>drait pour que Madhav Kumar <strong>Népal</strong> démissionne qu’une campagne internationale soit lancée<br />

contre lui. On rêve à des trekkeurs manifestant dans <strong>les</strong> rues de Katmandu comme ils ont si bien su<br />

le faire pour un Tibet libre. Mais <strong>les</strong> nantis de la Terre dont nous sommes sont trop heureux de voir<br />

la révolution népalaise arrêtée. Ils ont dépensé leur capital grogne et mécontentement pour <strong>les</strong><br />

Tibétains, ils se foutent pas mal des 20 à 25 millions de misérab<strong>les</strong> népalais.<br />

Nous l’avons dit plusieurs fois, il existe une opposition <strong>au</strong> Premier ministre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> <strong>au</strong> sein du parti communiste U.M.L., elle est animée, par le leader de ce<br />

parti : Jhana Nath Khanal. Celui-ci manifeste régulièrement son opposition à la politique<br />

suivie par le gouvernement. Il avertit :<br />

The moment is to draft a new constitution.<br />

Le 12 août 2009, il annonce qu’un gouvernement national englobant des maoïstes doit<br />

voir le jour...Il déclare :<br />

303


The present government laid by UML should be given a shape of National government by including<br />

the maoïsts.<br />

Le 27 novembre il propose la création d’un bloc de g<strong>au</strong>che avec <strong>les</strong> maoïstes.<br />

Il est mis en minorité dans son parti. Il déclare que son parti U.M.L. :<br />

Is infected with factionalism.<br />

Mais affirme que des :<br />

Groups in the party ask socialism path.<br />

Il parle de :<br />

Mission de révolution.<br />

En vain. La droite dirige le gouvernement. Les ministres <strong>Népal</strong>i Congres sont toujours<br />

304<br />

là. Symbole : Sujata Koïrala est non seulement Ministre des Affaires étrangères mais<br />

<strong>au</strong>ssi Deputy du Premier ministre communiste. Pourtant rien ne va dans le pays, malgré<br />

une évidente expansion économique localisée –qui ne bénéficie qu’à quelques uns :<br />

- mise en chantier de quelques routes,<br />

- dans Katmandu, des immeub<strong>les</strong> de plus de dix étages s’élèvent –certains atteignent dixsept<br />

étages !<br />

La cuvette de Katmandu manque d’e<strong>au</strong>, elle est soumise à des coupures de courant<br />

inadmissib<strong>les</strong> : 16 heures par 24 heures ! L’anarchie règne dans la circulation des<br />

véhicu<strong>les</strong>. Pire : des quotidiens kathmandouistes n’hésitent pas à écrire que dans la<br />

région de Karnali:<br />

The people have to sit with their hungry stomach...<br />

Quelle est l’attitude des maoïstes dans l’opposition ? Toutes <strong>les</strong> revendications sont<br />

orientées vers :<br />

Le rétablissement du pouvoir civil qui doit être supérieur <strong>au</strong> militaire<br />

Qui cache : quel sera le nombre de combattants maoïstes qui vont être incorporés dans la<br />

<strong>Népal</strong> Army. Des manifestations se succèdent. Aucune n’a un gros impact :<br />

- Des maoïstes saisissent des terres dans 11 districts –ce qui est en contradiction<br />

avec l’Accord peace agreement. No comment !<br />

- Défilé nocturne <strong>au</strong> flambe<strong>au</strong> : des centaines de motos (maoïstes) sillonnent <strong>les</strong><br />

grandes artères. Spectacle impressionnant<br />

304


305<br />

- Quelques grèves. Quelques barrages de pneus enflammés. Les maoïstes jouent la<br />

carte pacifique. Même si, dans <strong>les</strong> premières heures, quelques heurts avec la police<br />

spéciale se produisent. Des membres du parti <strong>Népal</strong>i Congres se moquent. La branche<br />

extrémiste des maoïstes, la Young Force (jeunes U.M.L.) est mécontente. Le quotidien<br />

Republica :<br />

(Y.F.) Young Force cadres attack Maoïsts leaders.<br />

Il est plus logique de parler de mécontentement.<br />

Le bloc maoïste reste monolithe.<br />

- Le 27 novembre 2009, <strong>les</strong> maoïstes annoncent la création de treize :<br />

Federal states.<br />

Le 21 octobre 2009, Prachanda déclare que :<br />

Toppling government is not our priority.<br />

Leurs exigences : le rétablissement de la suprématie du pouvoir civil <strong>sur</strong> le militaire,<br />

c'est-à-dire, l’élimination de l’état major de la <strong>Népal</strong> Army, mais <strong>sur</strong>tout l’intégration<br />

des combattants de la People libération Army maoïste dans la <strong>Népal</strong> Army,<br />

conformément <strong>au</strong>x directives de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. Ce qui conduirait à la rapide<br />

rédaction dans <strong>les</strong> délais prévus –fin mai 2010- de la Constitution.<br />

L’O.N.U.-U.N.M.I.N. poursuit sa mission Des associations de Droits de l’homme jugent<br />

illégale la confiscation de terres par <strong>les</strong> maoïstes. Ce qui est logique dans une société<br />

apaisée, ce qui l’est moins lorsque cette confiscation de terres s’effectue en période de<br />

révolution qui a été c<strong>au</strong>sée par une intense misère, par le désir de la population<br />

d’acquérir une dignité que l’ancien régime lui a toujours refusé. En 1789, en France, la<br />

confiscation de biens des nob<strong>les</strong> était-elle une juste c<strong>au</strong>se ? De plus, de simp<strong>les</strong><br />

incidents sont présentés comme actes de barbarie par la presse Kathmandouite :<br />

Des membres de l’U.M.L. sont sévèrement battus par des Young Communist League.<br />

Sévèrement battus ou simplement mo<strong>les</strong>tés ? Mais sans doute s’agit-il d’un simple<br />

affrontement verbal. On connaît <strong>les</strong> exagérations de la presse anglophone.<br />

Les maoïstes continuent de s’élever contre l’ingérence de l’Inde. Le chef de l’état- major<br />

des armées indiennes a déclaré que <strong>les</strong> maoïstes ne doivent pas être intégrés dans la<br />

<strong>Népal</strong> Army. Dans un discours, le leader des maoïstes déclare :<br />

305


Indian naked interference in Nepal’s affairs... Indian Army Chief has no right to speak against<br />

integration… Nepali Congress and U.M.L. are puppets of India.<br />

306<br />

Le 5 novembre : <strong>les</strong> Maoïstes ferment <strong>les</strong> administrations.<br />

Le 5 décembre 2009, dans le sud-ouest, des Dalits, anciens serfs ou paysans sans terres<br />

occupent des terres domania<strong>les</strong>. La police intervient : 5 morts. Ces occupations de terre<br />

sont contraires <strong>au</strong>x 12 Points Agreement. No comments.<br />

Le 7 nov. 2009, <strong>les</strong> maoïstes annoncent la création d’Etats <strong>au</strong>tonomes qui sont nommés :<br />

Autonomous Republican States.<br />

Cela se fera pacifiquement disent-ils. Baburam Bhattaraï le numéro deux du parti<br />

maoïste parle de :<br />

Autonomy key to federal states.<br />

Royalistes, membres du <strong>Népal</strong>i Congres et du parti communiste Union Marxist Leninist<br />

s’indignent :<br />

Maoïst actions violating states, peace agrement.<br />

Le 14 novembre 2009. La protestation Maoïste entre dans une nouvelle phase. Des<br />

grèves-bandha accompagnées de sit-ins : Manifestants assis formant barrages. Au cours<br />

d’un de ces sit-ins on verra le leader des maoïstes effectuer un pas de danse. On dit que<br />

jeune, il était bon danseur. La télévision filme. Critiques de la droite.<br />

Le 26 août 2009, l’O.N.U.-U.N.M.I.N. formule des critiques contre <strong>les</strong> maoïstes qui<br />

Violent <strong>les</strong> Peace accords.<br />

Qu’ont-ils faits ? Madame Karin Landgren qui dirige l’U.N.M.I.N. indique que des<br />

maoïstes ont sorti des armes à feu de leur cantonnement de Nawalparasi-Kapilvastu. Ces<br />

armes n’étaient toutefois pas sous scellés, el<strong>les</strong> étaient pour la sécurité du camp.<br />

Madame Landgren rencontre Nanda Kisher et Pun qui a pour nom de <strong>guerre</strong> Pasang, <strong>les</strong><br />

commanders of People’s Liberation Army pour parler de cet incident. Incident réglé.<br />

Prachanda avertit que la troisième révolution est en route.<br />

- The party has declared a month long protest both in the street and the House.<br />

House est l’Assemblée constituante, elle est impuissante. La majorité des deux tiers ne<br />

peut toujours pas être obtenue. Sur la question de la confiscation des terres, Prachanda<br />

déclare :<br />

306


307<br />

Every times, we are asked to give lock confiscated properties and we have also asserted that let’s<br />

solve the peasants’ problems along with the turn of the seized lands, we are ready to implement the<br />

agrement but when the constituent assembly election failed to take place in mid-june 2007.<br />

Le parti maoïste continue de clamer l’inconstitutionnalité de la décision du Président de la<br />

République Yadav qui a accordé la suprématie du pouvoir <strong>au</strong> militaire <strong>sur</strong> le civil.<br />

A signaler, parce qu’il rend compte des vieil<strong>les</strong> animosités du peuple newar contre<br />

l’ancien régime et le gouvernement actuel : le 26 décembre, dans la cuvette de<br />

Katmandu a lieu un énorme rassemblement newar pour la constitution d’un état fédéral<br />

Newar. Tous partis politiques confondus. Impressionnant ! <strong>Sig</strong>nificatif des vieil<strong>les</strong><br />

haines contre le pouvoir central des gens de caste......<br />

Pendant que se produit cet événement, imperturbable, le Premier ministre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> assiste à une cérémonie donnée pat l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army. Au<br />

cours de celle-ci, <strong>les</strong> militaires lui apposent <strong>sur</strong> le front un tika qui devient <strong>au</strong>x yeux des<br />

spectateurs un signe de soumission<br />

L’O.N.U.-U.N.M.I.N., même si elle critique <strong>les</strong> maoïstes pour certains manquements<br />

<strong>au</strong>x droits de l’Homme commis par <strong>les</strong> Young Communist League, continue de <strong>les</strong><br />

défendre.<br />

SUR LES COSTUMES DES POLITIQUES.<br />

Quel humoriste écrira un texte <strong>sur</strong> <strong>les</strong> costumes portés par <strong>les</strong> hommes politiques de la Terre.<br />

Observez <strong>les</strong> ch<strong>au</strong>s<strong>sur</strong>es de nos députés à l’Assemblée nationale : tous portent de magnifiques<br />

souliers vernis noirs. Là, un dictateur d’un pays d’Afrique du Nord rend visite <strong>au</strong> Président de la<br />

République française, il est vêtu en bédouin. Là, des chefs d’états africains se rendent en Europe, à<br />

New York, ils portent leur costume national. Ici un Premier ministre indien, fier d’appartenir à une<br />

h<strong>au</strong>te caste apparaît éternellement coiffé de son turban (le quitte-t-il la nuit ?). Ici, <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong><br />

membres des h<strong>au</strong>tes castes, <strong>sur</strong>tout <strong>les</strong> membres de la caste Bahuns sont coiffés d’un topi, ils<br />

portent le costume népalais daoura-<strong>sur</strong>wal. Pantalon : <strong>sur</strong>wal, et chemise croisée sans col : daoura,<br />

et une veste occidentale.<br />

Lors de sa première apparition en chef de gouvernement Prachanda-Puhspa Kamal Dahal est coiffé<br />

d’un topi népalais, il porte un costume noir occidental, une chemise occidentale blanche, une<br />

cravate rouge, des souliers noirs vernis. Il ne sera pas toujours habillé ainsi, on le verra la plupart<br />

307


du temps : chemise ouverte, sans veste. Il apparaîtra une fois dans <strong>les</strong> montagnes habillé en Bothe,<br />

portant chuba. Les maoïstes portent chemise, pull over ou veste occidentale ou cagoule quelconque.<br />

Baburam Bhattaraï le second du parti communiste maoïste s’habille en hiver d’un pull-over à col<br />

roulé. Nombreux sont <strong>les</strong> membres du parti communiste Union Marxist Leninist qui s’habillent à<br />

l’occidentale. Mais l’amusant poussé jusqu’<strong>au</strong> comique est venu lorsque Madhav Kumar <strong>Népal</strong> a été<br />

nommé Premier ministre. Jusqu’alors il était vêtu à l’Occidentale comme <strong>les</strong> membres de son parti<br />

mais voici que, dans sa nouvelle fonction, il apparaît vêtu du costume népalais. Le refus de porter ce<br />

costume était un signe symbolique d’opposition, la marque de la volonté d’indiquer que tous <strong>les</strong><br />

membres d’ethnies, <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous, habillés de leurs costumes sont <strong>au</strong>ssi des <strong>Népal</strong>ais à part<br />

entière. Ce même Madhav Kumar <strong>Népal</strong> a d’ailleurs le goût des uniformes, il apparaîtra, véritable<br />

caméléon, déguisé en scout, en universitaire britannique, coiffé d’un parcha sherpa... On le verra<br />

même en trekkeur alpiniste lorsqu’il sera sous le sommet du Kala Patar, masque d’oxygène <strong>au</strong> nez,<br />

ou sous le nez lorsqu’il prononcera un discours.... et qu’il tentera de séduire <strong>les</strong> membres de<br />

l’Assemblée de Copenhague, transi mais luttant contre le réch<strong>au</strong>ffement de notre vieille bonne<br />

Terre, qui regroupe de nombreux bailleurs de fond<br />

Où sont <strong>les</strong> limites du folklore, de l’amusement, du ridicule ?<br />

Répétons que lorsque <strong>les</strong> dirigeants chinois ont reçu Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, le Premier ministre<br />

<strong>Népal</strong>ais vêtu d’un costume népalais, ils étaient tous habillés d’un costume occidental d’une coupe<br />

parfaite.<br />

GOUVERNEMENT DE COALITION<br />

308<br />

ET PAYS ETRANGERS<br />

Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> relations du gouvernement de coalition Union Marxist Leninist,<br />

l’U.M.L. associé <strong>au</strong> parti <strong>Népal</strong>i Congres avec <strong>les</strong> pays étrangers ? Le <strong>Népal</strong> reste un<br />

pays politiquement, économiquement, religieusement, virtuellement colonisé par l’Inde.<br />

Les partis Congres –h<strong>au</strong>te caste et hindouisme- dirigent <strong>les</strong> deux pays. Le 19 août 2009.<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, le premier ministre du gouvernement népalais se rend à Dehli<br />

accompagné d’une délégation de 38 membres (sic). Au retour, il déclare que :<br />

His India visit was purely a good will visit aimed at strengthening the century-long historical<br />

relationship between the two close neighbours.<br />

308


L’Inde promet que le traité de 1950 sera révisé (Arlésienne) et elle offre 32 milliards<br />

pour équiper le <strong>Népal</strong>. L’Inde soutient le gouvernement dans son effort pour refuser<br />

l’intégration des combattants de la People Liberation Army maoïste dans la <strong>Népal</strong> Army<br />

dont l’état-major de la Royal <strong>Népal</strong> Army est toujours en place.<br />

309<br />

Les relations du gouvernement Union Marxist Leninist allié <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>i Congres avec la<br />

Chine sont plus ambiguës. Les dirigeants chinois ont récemment rencontré <strong>les</strong> dirigeants<br />

indiens à Delhi. Que se sont-ils dits ? Ont-ils réglé leur différend ? Ont-ils abordé le<br />

problème népalais ? Certainement. La Chine bien qu’elle sache que le déclin de<br />

l’Occident est amorcé, que sa suprématie est proche, veut apparaître comme étant, <strong>au</strong>x<br />

yeux des démocraties occidenta<strong>les</strong>, un pays fréquentable. Peut-elle soutenir des<br />

révolutionnaires qui ont été, qui sont encore, malgré <strong>les</strong> déclarations, nommés<br />

terroristes ? Il ne f<strong>au</strong>t jamais oublier que la Chine a fourni des armes <strong>au</strong> roi Gyanendra<br />

<strong>au</strong> moment où tous <strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x et l’Inde l’abandonnaient ? Comme elle a aidé<br />

le roi Gyanandra, elle aide le gouvernement de coalition anti-maoïste dirigé par Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong>. Le 30 décembre 2009, la Chine reçoit ce Premier ministre en grande<br />

pompe. Il a droit à tous <strong>les</strong> honneurs y compris à un défilé militaire impressionnant...<br />

Déclaration finale :<br />

- La Chine est prête à entretenir des relations avec le nouve<strong>au</strong> gouvernement du <strong>Népal</strong><br />

- La Chine va <strong>au</strong>gmenter ses aides de 100 à 150 millions de yuans par an.<br />

A la suite de quoi Zhang Jiuhvan, ancien Ambassadeur de Chine <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, membre du<br />

Politburo du Communist Party of China invite Sujata Koirala, ministre des Affaires<br />

étrangères népalaises en Chine. Cette visite est également un grand succès. La Ministre<br />

des Affaires étrangères népalaises Sujata Koirala déclare <strong>au</strong> retour :<br />

Nepal would not allow anti-China activities in its lands.<br />

Terminées, à Katmandu, <strong>les</strong> manifestations antichinoises de défense du Tibet libre. La<br />

frontière <strong>au</strong> col Nangpala, demain, sera bien gardée.<br />

Les dirigeants chinois jouent-ils un double jeu ? Financent-ils secrètement <strong>les</strong> maoïstes<br />

népalais ? A h<strong>au</strong>teur de combien ? Ces dirigeants savent combien la masse des <strong>Népal</strong>ais<br />

déteste <strong>les</strong> Indiens mais ils savent <strong>au</strong>ssi que géographiquement le <strong>Népal</strong> est indien, que<br />

le <strong>Népal</strong> est comme l’Inde un pays hindou.<br />

309


L’attitude des U.S.A., celle du nouve<strong>au</strong> président, le démocrate monsieur Obama et donc<br />

de l’Angleterre, celle du travailliste Gordon est simple : ils ne veulent pas que le <strong>Népal</strong><br />

tombe dans le clan chinois. Le 30 juin le Secrétaire d’Etat anglais for Foreign and<br />

Commonwealth Office, David Miliband, a demandé à son Gouvernement :<br />

To support Nepal to take the peace process to a logical end and in drafting new constitution.<br />

C’est à dire d’aider le gouvernement de coalition anti-maoïste.<br />

310<br />

Mais il ne f<strong>au</strong>t pas se le cacher ces pays suivent avec attention <strong>les</strong> événements népalais.<br />

Si le <strong>Népal</strong> doit être dirigé par des maoïstes, <strong>les</strong> U.S.A. doivent rester présents dans le<br />

pays. On sait pourquoi. Les femmes de ménage...<br />

Demain ? Que sera-t-il ? Le gouvernement de coalition anti-maoïste peut-il se<br />

maintenir longtemps encore ? Pourra-t-il faire voter l’acceptation d’une Constitution ?<br />

Une alliance des forces de g<strong>au</strong>che : l’aile g<strong>au</strong>che du parti communiste Union Marxist<br />

Leninist rejoignant <strong>les</strong> maoïstes mettra-t-elle en place un gouvernement qui serait la<br />

seule solution politiquement, socialement, humainement logique. Obtiendrait-elle <strong>les</strong> 2/3<br />

des suffrages qui permettraient de faire approuver à temps la Constitution du pays ? Si<br />

<strong>les</strong> maoïstes reviennent <strong>au</strong> pouvoir, que fera l’Inde ? Que feront <strong>les</strong> U.S.A. et<br />

l’Angleterre, qui veulent décider des politiques en Asie du sud ? Ces pays trouveraientils<br />

un <strong>au</strong>tre biais pour chasser <strong>les</strong> maoïstes et remettre en place un gouvernement<br />

népalais de droite ? Utiliseraient-ils le mot démocratie avec lequel ils ont géré <strong>les</strong><br />

problèmes indochinois et irakien, avec lequel ils gèrent si élégamment et efficacement le<br />

problème afghan.<br />

Un régime dictatorial maoïste est-il concevable ? Non. Même un gouvernement maoïste<br />

vraiment démocratique (sens égalité) qui prendrait de sérieuses me<strong>sur</strong>es contre la misère<br />

serait critiqué par l’Occident et l’Inde. Ah ! Les cris d’orfraie que pousseraient <strong>les</strong><br />

médias anglophones de Katmandu si un gouvernement confisquait même quelques ana<br />

(un ana = 30 m2.) à un propriétaire qui possède des centaines de biga (un biga = 6240<br />

m2) !<br />

La Chine aiderait-elle vraiment un <strong>Népal</strong> dirigé par des maoïstes ?<br />

310


Un <strong>Népal</strong> devenu colonie de l’Inde, comme le Ladak ou le Sikkim, est-il concevable ?<br />

Oui et l’Occident approuverait ou fermerait <strong>les</strong> yeux : tout plutôt qu’un <strong>Népal</strong> dans le<br />

clan chinois. Economiquement le <strong>Népal</strong> <strong>au</strong>rait-il à gagner à devenir une colonie<br />

indienne ? Les capit<strong>au</strong>x indiens afflueraient dans le business népalais, mais la misère<br />

népalaise serait-elle atténuée ? Non. Les Indiens sont incapab<strong>les</strong> de gérer leur problème<br />

de misérab<strong>les</strong> qui se sont soulevés sous le nom de Naxalites dans <strong>les</strong> provinces du nord.<br />

Les Naxalites formeraient certainement avec <strong>les</strong> maoïstes népalais une nouvelle armée<br />

révolutionnaire Les membres des h<strong>au</strong>tes castes <strong>au</strong>raient-ils moins de pouvoirs ? Non.<br />

Les Trib<strong>au</strong>x Indigenous occuperaient-ils de nombreuses places dans la h<strong>au</strong>te<br />

administration, <strong>les</strong> états-majors de la police et de l’armée ? Non. Qu’importe tout cela à<br />

l’Occident, il appl<strong>au</strong>dirait en mettant à toutes <strong>les</strong> s<strong>au</strong>ces le mot démocratie enfin installé<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Et ils traiteraient <strong>les</strong> révolutionnaires Naxalites indiens et maoïstes népalais de<br />

nouve<strong>au</strong>x terroristes. Et <strong>les</strong> trekkeurs iraient gémissant, irrités contre ces empêcheurs de<br />

trekker en rond qui leur ont prélevé 1000 ou 2000 roupies indiennes !<br />

CONSTITUTION<br />

Titre des journ<strong>au</strong>x qui revient régulièrement :<br />

Nepal peace process to end logically.<br />

Cela signifie deux choses :<br />

311<br />

REDACTION ET APPROBATION<br />

- l’intégration de la People Liberation Army dans la <strong>Népal</strong> Army va être terminée,<br />

- la rédaction de la Constitution est terminée et va être prochainement votée.<br />

C’est ce que déclarent plusieurs fois par semaine <strong>les</strong> membres du gouvernement placés sous la<br />

bannière du parti communiste Union Marxist Leninist, tous anti-maoïstes. Mais, en réalité, <strong>les</strong><br />

choses n’avancent pas. Les mêmes journ<strong>au</strong>x annoncent :<br />

House impass. House deadlock.<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, lui, affirme imperturbable que :<br />

New constitution to be drafted after integration of People Liberation Army into Nepal Army.<br />

La Palice <strong>au</strong> secours. Puis il rajoute :<br />

Govt firm to bring statute in time.<br />

311


Il est évident que l’intégration des combattants maoïstes dans la <strong>Népal</strong> Army -ou dans d’<strong>au</strong>tres<br />

services nation<strong>au</strong>x de sécurité en respectant <strong>les</strong> prescriptions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. conduirait <strong>au</strong><br />

vote de la Constitution. Mais le gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> ne veut pas appliquer <strong>les</strong><br />

prescriptions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. Et l’Inde ne veut pas non plus que ces prescriptions soient<br />

appliquées.<br />

Pour que la nouvelle constitution soit votée il f<strong>au</strong>t obtenir une majorité des 2/3 des voix, or le total<br />

des voix des membres des partis ralliés <strong>au</strong> parti communiste Union Marxist Leninist n’atteint pas<br />

cette valeur. Il en est de même d’ailleurs du total des voix obtenues par <strong>les</strong> maoïstes et leurs<br />

sympathisants, <strong>les</strong> mao-badi.<br />

Les médias anglophones l’écrivent régulièrement : Madhav Kumar <strong>Népal</strong> ou quelque membre du<br />

<strong>Népal</strong>i Congress ou du parti communiste U.M.L.<br />

Invite <strong>les</strong> maoïstes à rentrer <strong>au</strong> gouvernement. Si <strong>les</strong> choses n’avancent pas, c’est de la f<strong>au</strong>te des<br />

maoïstes.<br />

Mais ces derniers restent fermes. Ils indiquent qu’ils ne rentreront <strong>au</strong> gouvernement que lorsque :<br />

- le pouvoir civil <strong>au</strong>ra repris sa place <strong>au</strong> dessus du pouvoir militaire, c'est-à-dire qu’ils feront le<br />

ménage à l’intérieur de la <strong>Népal</strong> Army,<br />

- <strong>les</strong> combattants de la People Liberation Army (nombre défini par l’O.N.U.-U.NM.I.N.) <strong>au</strong>ront été<br />

intégrés dans la <strong>Népal</strong> Army –éventuellement dans différents services de sécurité-<br />

Prachanda-Pushpa Kamal Dahal :<br />

Joindre le gouvernement actuel serait une insulte <strong>au</strong> peuple népalais.<br />

Ce serait <strong>au</strong>ssi une insulte <strong>au</strong>x Sans-culottes de la People Liberation Army qui, pendant dix ans ont<br />

lutté contre cette <strong>Népal</strong> Army qui était alors la Royal <strong>Népal</strong> Army, l’armée du roi.<br />

Une coalition des maoïstes avec <strong>les</strong> partis royalistes et le <strong>Népal</strong>i Congres est contre nature mais elle<br />

n’est pas à éliminer. La solution logique est quand même celle d’une coalition de l’U.M.L. avec <strong>les</strong><br />

maoïstes. Est-elle possible ? Répétons qu’<strong>au</strong> sein de l’U.M.L. existe le clan dirigé par Jana Nath<br />

Khanal qui est favorable à cette solution. Mais il n’est pas assez puissant pour s’imposer, le clan<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> étant rigidement tourné vers la droite.<br />

Ajoutons à cela que <strong>les</strong> membres du gouvernement actuel (et ceux de l’Assemblée constituante) ne<br />

veulent pas perdre leur place ce qui serait le cas si le Premier ministre changeait.<br />

312<br />

312


TITRE VIII<br />

EVENEMENTS<br />

SURVENUS DEBUT 2010<br />

GENERALITES.<br />

313<br />

Début 2010, le gouvernement de coalition anti-maoïste dirigé par Madhav Kumar <strong>Népal</strong><br />

du parti communiste Union Marxist Leninist est toujours en place. Il maintient son<br />

alliance avec l’Inde. La main dans la main avec l’état-major de la <strong>Népal</strong> Army, il agit<br />

pour que <strong>les</strong> demandes de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. concernant l’intégration des combattants<br />

de la People Liberation Army dans la <strong>Népal</strong> Arm ne soient pas réalisées. La presse<br />

anglophone, toujours partiale, répète <strong>les</strong> méfaits des maoïstes :<br />

- refus de se plier <strong>au</strong>x exigences du gouvernement quant <strong>au</strong> nombre de leurs<br />

combattants à intégrer dans la <strong>Népal</strong> Arm.<br />

- manquements <strong>au</strong>x Droits de l’homme : confisquassions de terres...<br />

- dissolution de milices Y.C.L.<br />

Les maoïstes tentent par une série de manifestations et de bandhas d’obtenir la<br />

démission du Premier ministre. En vain. Les discussions se poursuivent.<br />

Mi-mai des représentants des Etats-Unis d’Amérique, de l’United Kingdom (Roy<strong>au</strong>me<br />

uni), de l’Union européenne (E.U.), viennent questionner <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> membres du<br />

gouvernement népalais et ceux de l’opposition. Anti-maoïstes <strong>au</strong> début, ils finissent par<br />

déclarer qu’ils ne seraient pas opposés à un gouvernement dirigé par <strong>les</strong> maoïstes. Ceci<br />

certainement sous l’influence de l’O.N.U.-U.N.M.I.N. Mais le gouvernement ne veut<br />

rien entendre. N’a-t-il pas l’Inde qui le soutient ?<br />

La partialité de la presse reste constante. Elle n’hésite pas à fabriquer de f<strong>au</strong>sses affaires.<br />

Republica :<br />

313


314<br />

Un docteur, Bhakta Man Sherstha du parc de Chitwan est kidnappé puis séquestré par <strong>les</strong><br />

maoïstes.<br />

Ce titre revient pendant plusieurs jours, <strong>les</strong> journalistes indiquent que ce docteur est<br />

maoïste, ils demandent qu’une enquête soit promptement menée et que <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong><br />

soient punis. Le 6 juin 2010, le Rising <strong>Népal</strong> titre :<br />

Abducted doc released.<br />

Il <strong>au</strong>rait été enlevé par des membres du <strong>Népal</strong> Hindu Janata Party. Des intégristes<br />

hindous !<br />

DANS LE CAMP GOUVERNEMENTAL<br />

Le parti communiste Union Marxist Leninist qui s’est honteusement allié avec le parti<br />

<strong>Népal</strong>i Congres pour diriger le pays n’est toujours pas monolithe. Le leader du parti Jana<br />

Nath Khanal continue de demander que soit formé un gouvernement d’union nationale.<br />

Il a admis que pour que la constitution soit rédigée à temps il fallait <strong>au</strong> plus vite intégrer<br />

l’armée des maoïstes dans la <strong>Népal</strong> Arm. Il demande <strong>au</strong>ssi que des terres soient<br />

distribuées <strong>au</strong>x Dalits-Indigenous-serfs qui n’en possèdent pas. Il voudrait que soit<br />

lancée une révolution sociale. Mais il n’obtient pas la majorité dans son parti composé<br />

de quelques révolutionnaires mais <strong>au</strong>ssi de nombreux membres de la société libérale, de<br />

businessmen qui ne veulent absolument pas changer la société et se moquent des<br />

misérab<strong>les</strong>. Le gouvernement d’union anti-maoïste est toujours sous la coupe de l’Inde.<br />

Le vieux leader Girija Prasad Koirala vient de mourir. Il représentait certes l’opposition<br />

<strong>au</strong> pouvoir absolu de la monarchie mais il était <strong>sur</strong>tout un homme de caste défendant <strong>les</strong><br />

privilèges de sa caste et l’hindouisme... Il était là pour systématiquement contrer <strong>les</strong><br />

forces démocratiques, il n’avait que faire des misérab<strong>les</strong> de son pays. N’était-il pas Chef<br />

de cabinet du roi Gyanendra, quand <strong>les</strong> opérations des forces de l’ordre Research,<br />

Destruction... ont été déclenchées contre la People Libération Arm. Ces forces de l’ordre<br />

faisant fuir <strong>les</strong> paysans, tuant, torturant, violant puis mettent leurs forfaits <strong>sur</strong> le dos des<br />

maoïstes. Oublieux de tout cela le gouvernement dirigé par monsieur Madhav Kumar<br />

<strong>Népal</strong> membre du parti communiste Union Marxist Leninist décrète pour sa mort :<br />

- A National holiday on Sunday.<br />

314


- Three day national Mourning.<br />

- Funeral procession…<br />

Il déclare sans honte :<br />

315<br />

The South Asia’s leader after Gandhi (sic)... His strong and continuous presence at the helm of<br />

political affairs for three decades after 1990 can be said to have helped Nepal ease to elf into the<br />

model democratic area.<br />

Etablir une comparaison entre Gandhi et Koirala !<br />

Encore plus risible et immoral : des membres du gouvernement demandent que Koirala<br />

obtienne le Prix Nobel de la Paix.<br />

- Fin avril. Des pourparlers entre des leaders de différents partis ont lieu. Extraordinaire<br />

photo qui montre Sushil Koirala, leader du parti <strong>Népal</strong>i Congres, Prachanda-Phuspa<br />

Kamal Dahal, leader du parti communist unified Maoist et Jhana Nath Khanal leader du<br />

parti communiste Union Marxist Leninist, la main dans la main. L’accord entre ces<br />

leaders va-t-il conduire à la mise en place d’un nouve<strong>au</strong> gouvernement ? Hélas, non, du<br />

moins pas immédiatement. Nouvel impasse.<br />

Les maoïstes préparent une manifestation pour le Premier mai. Le gouvernement déclare<br />

que la police et l’armée :<br />

- resteront calmes si la manifestation se déroule pacifiquement.<br />

- frapperont <strong>les</strong> manifestants avec des bâtons si ceux-ci font actes de violence.<br />

- si <strong>les</strong> incidents sont plus sérieux, ils utiliseront la pompe à e<strong>au</strong> (ils n’en ont qu’une).<br />

- ensuite ils tireront en l’air.<br />

- puis, si <strong>les</strong> événements deviennent graves ils tireront dans <strong>les</strong> jambes.<br />

Le ministre des armées :<br />

L’armée interviendra si nécessaire.<br />

- 7 Mai. Une contremanifestation <strong>au</strong>x manifestations et <strong>au</strong>x grèves maoïstes du 1° mai<br />

ont lieu à Durbar Square. Elle est présentée comme une réussite par <strong>les</strong> quotidiens<br />

anglophones. L’un titre en lettres de 2 cm :<br />

Triumph of people power.<br />

Pouvoir du peuple ! Que diable ! Drôle de peuple ! Il indique :<br />

Tens of thousands rally for peace.<br />

315


Celle des maoïstes, dans le parc de Thundikel, réunissait des centaines de<br />

mil<strong>les</strong> manifestants ! Définition du mot peuple ? On lit que cette manifestation était<br />

organisée par <strong>les</strong> :<br />

Chambres de commerce et d’industrie et qu’étaient présents :<br />

Entrepreneurs and professionals including doctors, engineers, journalists, professors, teachers,<br />

rights activists, artists and people from various walks….<br />

Où étaient <strong>les</strong> Dalits, <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> paysans, <strong>les</strong> coolies, <strong>les</strong> Serfs-Kamalaris, <strong>les</strong><br />

Intouchab<strong>les</strong>... ? Point n’est besoin d’en dire plus. Une Française résidant <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> :<br />

- Je <strong>les</strong> ai vus. J’étais triste. J’ai comparé ces notab<strong>les</strong> bien gras, bien habillés et <strong>les</strong> jeunes maoïstes<br />

mal vêtus, maigres, qui montaient la garde <strong>au</strong>x carrefours. (Voir ci-dessous <strong>au</strong> titre : Activités chez<br />

<strong>les</strong> maoïstes.).<br />

Les photos des médias anglophones sont merveilleuses, el<strong>les</strong> donnent l’impression que<br />

<strong>les</strong> manifestants étaient plus nombreux que ceux du 1° mai. M<strong>au</strong>vaise foi journalistique :<br />

le 1° mai c’était le parc de Thundikel de plusieurs hectares qui était plein, alors que la<br />

316<br />

manifestation des notab<strong>les</strong> n’a rempli que le Dubar Square.<br />

Quelques affrontements ont eu lieu. A signaler : un maoïste a été b<strong>les</strong>sé par un groupe de<br />

personnes affichant leur volonté d’imposer l’hindouisme comme religion d’Etat. Une<br />

assemblée d’hindouistes demande en effet que le <strong>Népal</strong> redevienne un pays hindou.<br />

- 20 mai. Sous la pression des pays occident<strong>au</strong>x qui, certainement éclairés par<br />

l’O.N.U.-U.N.M.I.N., ont compris la situation et ont déclaré qu’ils n’étaient pas<br />

opposés à un gouvernement dirigé par <strong>les</strong> maoïstes, le Premier ministre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> envisage de démissionner.<br />

- 10 juin. Les pourparlers pour que soit créé un nouve<strong>au</strong> gouvernement qui intégrerait<br />

<strong>les</strong> maoïstes se poursuivent. Mais le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> refuse de<br />

démissionner. Amusant, son deuxième deputy (adjoint-porte parole) et Ministre for<br />

Physical Planning and Works monsieur Bijay Gachchhadar, part ce jour a Delhi. Motif<br />

indiqué : « Consultation avec un oculiste ! » Chaque fois qu’un ress<strong>au</strong>t politique doit<br />

être franchi une personnalité politique du parti <strong>Népal</strong>i Congres ou du party Union<br />

316


Marxist Leninist se rend en Inde pour un problème médical. Par ailleurs l’ancien<br />

Ambassadeur indien <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> monsieur K.V. Rajan déclare :<br />

India’s interference in Nepal was just an allegation. It is not true…<br />

Le politique a son humour !<br />

317<br />

- 25 juin. Nous, Français, devions-nous réhabiliter <strong>les</strong> Chouans, Brienne, Cavaignac, de<br />

L<strong>au</strong>nay, ceux qui ont été assassinés par <strong>les</strong> révolutionnaires de 1789, de 1830, de 1848 ?<br />

Une incroyable déclaration, le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> :<br />

As<strong>sur</strong>es justice to maoists victims. Those killed by maoists recognised as martyrs.<br />

Le politique a ses horreurs !<br />

- 26 juin. Des déclarations de leaders politiques permettent de penser que le Premier<br />

ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> va démissionner. Ce dernier, pour justifier sa politique,<br />

parle d’essor économique, il affirme que :<br />

The Nepali Congress which is a democratic movement…<br />

Le mot démocratique a-t-il jamais inspiré <strong>les</strong> membres des h<strong>au</strong>tes castes ? C’est quand<br />

même <strong>au</strong>ssi contre lui que se sont révoltés <strong>les</strong> maoïstes. Ce sont <strong>les</strong> leaders du <strong>Népal</strong>i<br />

Congres qui ont envoyé <strong>les</strong> forces de l’ordre pour combattre ces maoïstes avec <strong>les</strong> excès<br />

que nous avons dit. Mais peut-être que Madhav Kumar <strong>Népal</strong> a du mot démocratie la<br />

même définition que celle des Occident<strong>au</strong>x qui néglige le volet égalité.<br />

INAUGURER LES CHRYSANTHEMES<br />

Le Premier Ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> est partout présent. Lui <strong>au</strong>ssi, comme le<br />

nôtre, est une sorte d’omni-président. Mais ses attitudes sont critiquées par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais<br />

de la rue.<br />

A Katmandu, faisant suite <strong>au</strong> Conseil des ministres qui s’est tenu <strong>au</strong> camp de base de<br />

l’Everest, le nom népalais Sagarmatha n’étant même pas utilisé, <strong>sur</strong> le replat qui est situé<br />

sous le Kala Pattar, antécime du pic Pumori, le Premier ministre :<br />

Madhav Kumar Nepal unveiling the stone inscription commemorating the historic cabinet meeting<br />

at the Everest base camp.<br />

317


Une plaque commémorative pour célébrer cette honteuse comédie ! Alors que le pays est<br />

en crise, qu’il est possible qu’une nouvelle <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> débute ?<br />

318<br />

Le 6 juin 2010, alors que la constitution n’est pas votée, que le problème d’intégration<br />

des militaires maoïstes n’est pas résolu, alors que <strong>les</strong> tas de détritus s’amoncellent dans<br />

Katmandu, que cette ville manque d’e<strong>au</strong>, d’électricité, le Premier ministre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> préside une réunion <strong>sur</strong> l’environnement et déclare qu’un :<br />

New environment policy to be introduce soon.<br />

Nota : fin juin : il n’est toujours pas là et il ne sera jamais !<br />

Le 6 juin, alors qu’il a annoncé sa démission il s’accroche <strong>au</strong> pouvoir. Le nombre de<br />

combattants maoïstes qui seront intégrés dans la <strong>Népal</strong> Arm n’est pas encore déterminé.<br />

Mais pour la première fois <strong>les</strong> médias donnent des chiffres. On lit que 3999 combattants<br />

maoïstes seraient intégrés dans la police. 4800 dans l’armée.<br />

Indifférent <strong>au</strong>x problèmes, on voit en photo le Premier ministre passant :<br />

A jovial moment with members of a team of R<strong>au</strong>tes a nomad tribu<br />

CORRUPTION. PREVARICATION.<br />

FORFAITURES. IRREGULARITES<br />

Les médias restent discrets <strong>sur</strong> <strong>les</strong> irrégularités commises par <strong>les</strong> membres du<br />

gouvernement. Quelques lignes, des insinuations... El<strong>les</strong> sont pourtant nombreuses ces<br />

irrégularités :<br />

- 58 millions disparaissent de sept banques.<br />

-. La police est impliquée dans le meurtre d’un patron de presse.<br />

- Le Premier ministre se plaint de l’incompétence de la police :<br />

Incompetent Nepal Police personnel were responsible for the increasing law<strong>les</strong>ness and lack of<br />

security in the country.<br />

Incompétence, refus d’obéissance ou complicités ?<br />

- Le ministre de l’éducation Ram Chandra Kushwalha du parti Tarai Madesh Democratic<br />

Congres est accusé de corruption.<br />

318


International donnors have demanded action against Kushwalha.<br />

- Le chef de la police de Durbar Marg est impliqué.<br />

- Un article du Rising <strong>Népal</strong>:<br />

319<br />

Advocacy Forum Nepal revealed, Police torture Kids.<br />

The Forum visited 67 detention centres… the Forum interviewed nearly 1000 children in<br />

detention…One of every four children arrested by police are tortured…Dalits and Indigenous<br />

children are at the peak when it commes to tortures and ill treatment… Common methods of<br />

torture and ill treatment.in police detention included brutal beating with canes, pipes and rif<strong>les</strong><br />

butts on the body, having their fingers nails squeezed with pliers, beating on the so<strong>les</strong> of their feet<br />

with sticks or plastic pipes and at extreme killing the minors if they do not confess theirs crimes or<br />

sign the doctored statements.<br />

- L’Etat paye <strong>les</strong> soins médic<strong>au</strong>x de l’ancien Premier ministre Girija Prasad Koirala :<br />

Koirala hospitalisé à Singapour.<br />

Former Prime Minister Giriji Prasad Koirala trip to Singapore... for treatment approximately cost<br />

the national coffers 14 millions roupies. However, the expenses are yet to be settled as the receipts<br />

are missing.<br />

A cabinet meeting had decided that all the expenses for Koirala’s treatment would be covered by the<br />

government.<br />

A signaler que cet ancien Premier ministre est riche, que dans le gouvernement<br />

intérimaire il avait cumulé ses fonctions de Premier ministre avec cel<strong>les</strong> de Ministre de<br />

la santé !<br />

- 8 milliards de roupies népalaises s’envolent à Hong Kong.<br />

- Démission du Minister of Local Development qui a détourné plusieurs millions de<br />

roupies. Cinq fonctionnaires supérieurs sont inculpés.<br />

- Le ministre for Home Ansari est démissionné pour c<strong>au</strong>se de corruption.<br />

- Enorme scandale bancaire. Les comptes de l’Unity Bank sont vides ! Manifestations<br />

dans <strong>les</strong> rues de Katmandu.<br />

- Des promoteurs immobiliers –ces <strong>mots</strong> apparaissent- sont accusés de fr<strong>au</strong>de par la<br />

Cour de Lalitpur (Patan).<br />

- Les h<strong>au</strong>ts secrétaires ministériels magouillent. Le Premier ministre <strong>les</strong> convoque :<br />

Curb corruption boldly, Prime Minister tells secretaries. The Prime Minister said that the<br />

government would take action to punish dishonnet…<br />

319


AUTRES SCANDALES :<br />

Du côté maoïste cette fois : <strong>les</strong> maoïstes ont confisqué des terres.<br />

320<br />

The former rebels seized 175 bighas of land in Morang and Sunsari districts in the last months.<br />

They captured over 145 bighas of private and public plots in Sunsari and 29 bighas in Morang.<br />

Le Peace agreement interdit ces captures de terres que <strong>les</strong> maoïstes prennent pour <strong>les</strong><br />

distribuer <strong>au</strong>x Dalits-Serfs-Kamalaris, Intouchab<strong>les</strong>.<br />

- Janvier.<br />

580 ropani dans le district de Kabre sont confisqués par <strong>les</strong> maoïstes.<br />

ACTIVITES CHEZ LES MAOISTES<br />

La maintient en place du gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> ne décourage pas <strong>les</strong><br />

maoïstes. Ils ont accepté l’idée de fédérer le <strong>Népal</strong>. Ils continuent de manifester pour que<br />

le pouvoir civil prime le pouvoir militaire. Leurs manifestations d’opposition <strong>au</strong> pouvoir<br />

restent toutefois peu efficaces. C’est ce qui va apparaître <strong>au</strong> fil des jours, <strong>sur</strong>tout <strong>au</strong><br />

moment des manifestations et des grèves qui succèderont à celle du Premier mai. Dans<br />

ce qui suit, s<strong>au</strong>f notation, l’origine des citations n’est plus précisée. La plupart<br />

proviennent cependant des quotidiens Rising <strong>Népal</strong>, journal du pouvoir en place, donc<br />

actuellement porte-parole de la coalition U.M.L.-<strong>Népal</strong>i Congres, de Republica, nouve<strong>au</strong><br />

journal certes profondément anti-maoïste mais qui indique parfois <strong>les</strong> manquements <strong>au</strong>x<br />

Droits de l’homme des chefs militaires ou de policiers, de l’hebdomadaire <strong>Népal</strong>i Times.<br />

Côté maoïstes <strong>les</strong> hebdomadaires ou mensuels anglophones : Red Star et The Worker et<br />

quelquefois le New <strong>Népal</strong> qui exprime <strong>les</strong> idées des maoïstes.<br />

- Mohan Baidya, dit Kiran (son nom de <strong>guerre</strong>), un des représentants de l’aile g<strong>au</strong>che des<br />

maoïstes déclare que l’Inde est la principale ennemie et demande une révolte immédiate.<br />

- Prachanda-Pushpa Kamal Dahal, le leader des maoïstes indique que son parti est prêt :<br />

To l<strong>au</strong>nch the People’s war for another decade if obstac<strong>les</strong> were created in the implementation<br />

Peace Agreement and Constitution writing process. The maoists will not hesitate to sacrifice<br />

hundreds of thousands of lives for the c<strong>au</strong>se of the national independence.<br />

- Prachanda-Pushpa Kamal Dahal reçoit des menaces de mort. Il déclare qu’el<strong>les</strong><br />

proviennent des :<br />

320


Forces impérialistes.<br />

Et il rappelle la mort du roi Birendra et de madame Bandari assassinés par des agents<br />

étrangers. Ceci mérite d’être mentionné car des rumeurs –des résidents-business<br />

occident<strong>au</strong>x ne sont pas <strong>les</strong> derniers à <strong>les</strong> répandre- prétendent que Prachanda était un<br />

planqué, qu’il a fait toute la <strong>guerre</strong> en Inde. Cela rappelle, à des personnes de ma<br />

génération, <strong>les</strong> discours des antis g<strong>au</strong>llistes qui, en 1945, répétaient que de G<strong>au</strong>lle avait<br />

321<br />

fait la <strong>guerre</strong> à Londres. Ces Occident<strong>au</strong>x-business oublient de signaler que Prachanda<br />

était pendant la <strong>guerre</strong> dans le centre du <strong>Népal</strong> et que sa tête était mise à prix 5.000.000<br />

de roupies (somme colossale) par <strong>les</strong> gouvernements du roi Gyanendra.<br />

- 30 avril. Je rencontre des maoïstes dans un local qui leur sert de lieu de réunion en<br />

ville. Un jeune m’affirme :<br />

- Demain nous serons dix laks de manifestants.<br />

Dix laks = un million.<br />

Un <strong>au</strong>tre corrige :<br />

- Non, cinq cent mille !<br />

Un troisième :<br />

- C’est la troisième Jana-Andolan (révolution) qui commence.<br />

La première a eu lieu en 1990, la deuxième en 2006.<br />

- Premier mai.<br />

Défilé. Manifestations sans Bandha-grève.<br />

Les maoïstes ont décidé qu’une grande manifestation <strong>au</strong>rait lieu dans Katmandu le<br />

Premier mai. Elle serait suivie, à partir du 2 mai, d’une grève-bandha de durée illimitée.<br />

La fin de cette grève-bandha serait décidée si :<br />

- le Premier ministre démissionnait.<br />

- le pouvoir civil dominait le pouvoir militaire. C'est-à-dire si l’intégration des<br />

combattants de la People Liberation Arm (maoïste) dans la <strong>Népal</strong> Arm<br />

(gouvernementale) ou dans différents services de sécurité était terminée.<br />

- la rédaction de la constitution était reprise pour être votée dans <strong>les</strong> délais prévus.<br />

321


Pour la manifestation du 1° mai et <strong>les</strong> bandha-grèves qui vont suivre, <strong>les</strong> maoïstes vont<br />

faire venir des manifestants mao-badi des régions entourant la cuvette de Katmandu. Ils<br />

ferment <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> privées. Ils demandent de l’argent <strong>au</strong>x commerçants, <strong>au</strong>x industriels...<br />

Les journ<strong>au</strong>x anglophones parlent évidemment d’extorsions et de racket. Ils indiquent<br />

<strong>au</strong>ssi que <strong>les</strong> maoïstes se préparent à livrer une grande bataille. Gros titre dans <strong>les</strong><br />

journ<strong>au</strong>x :<br />

A maoïst combattant was arrested with a grenade.<br />

S’il n’y a qu’une grenade !<br />

Plus grave (!) : <strong>les</strong> policiers saisissent 500 bâtons stockés par <strong>les</strong> maoïstes. Pas des<br />

bâtons de dynamite, des bâtons en bois. Les policiers saisissent <strong>au</strong>ssi du petrol pour<br />

fabriquer des bombes. Le pétrole sert <strong>au</strong>ssi à faire marcher des <strong>au</strong>tomobi<strong>les</strong>.<br />

Le Premier ministre :<br />

Urges maoist not to terrorise population.<br />

Même Khanal le leader du parti Union Marxist Leninist pourtant proche des maoïstes<br />

dénonce :<br />

The maoist are terrorising the masses by brandishing khukuris and swords.<br />

Khanal a de l’humour ! Si <strong>les</strong> maoïstes n’ont que des bâtons, des koukouris et des épées,<br />

<strong>les</strong> supers-policiers, <strong>les</strong> policiers et l’armée qui sont super bien équipés n’en feront<br />

322<br />

qu’une bouchée.<br />

Journée du Premier mai. Les manifestants partent de dix-huit différents points de la<br />

capitale pour converger vers le centre ville <strong>au</strong> Parc Thundikel. Avec Danzi, ma femme,<br />

nous en serons, ma belle-sœur a peur, en nous voyant partir, elle pleure, <strong>les</strong> enfants sont<br />

inquiets. Nous allons à Gongabu pour rejoindre le groupe de manifestants de la région<br />

nord de Katmandu –région Tamsaling-dans laquelle nous avons de nombreux amis :<br />

nous avons construit quelques sal<strong>les</strong> de classe et aidons des éco<strong>les</strong> dans cette région. Des<br />

sourires népalais nous accueillent, un membre des Human Rights Defenders, tenue<br />

bleue clair, vient nous dire bonjour : une connaissance. Nous sommes dans la foule :<br />

paro<strong>les</strong>, sourires, plaisanteries, des exclamations. Be<strong>au</strong>coup de Thulo nak (Bahuns), ce<br />

qui nous étonne. Nombreux regards étonnés vers moi, sahib <strong>au</strong>x cheveux blancs. Laxmi,<br />

toujours impassible, dirige le groupe venu de la région de Nuwakot, elle vient nous<br />

322


saluer. Emotion. Nombreux porteurs de drape<strong>au</strong>x rouges portant f<strong>au</strong>cille et marte<strong>au</strong>.<br />

Certains stylisés, certains de fabrication artisanale. Une femme porte un drape<strong>au</strong> rouge<br />

<strong>sur</strong> lequel figure en h<strong>au</strong>t à g<strong>au</strong>che l’étoile à cinq branches symbole du communisme<br />

népalais et en son centre un grand point d’interrogation. Je questionne : « Qu’est-ce ? »<br />

On me répond : « C’est le drape<strong>au</strong> des disparus. » On m’explique : Son mari n’a jamais<br />

été retrouvé. L’armée et la police, on le sait <strong>au</strong>jourd’hui, n’étaient pas des fervents<br />

applicateurs des Droits de l’homme. Tout à coup un cri :<br />

- Des Newars ! Des Newars sont venus !<br />

Les Newars sont toujours anti-h<strong>au</strong>tes castes, mais ils ne sont pas toujours pour le peuple<br />

323<br />

et la révolution.<br />

Le défilé commence, direction le parc de Thundikel. Au moins trois heures de marche <strong>au</strong><br />

pas lent d’une manifestation. Que de monde ! Moi, le solitaire, c’est la première fois de<br />

ma vie que je défile dans une manifestation et je pense <strong>au</strong>x <strong>mots</strong> de Victor Hugo :<br />

Une foule a trop de têtes pour avoir une pensée.<br />

Mais en moi, qui fais oublier ces <strong>mots</strong>, une sorte d’enthousiasme. Nous sommes<br />

canalisés entre deux fi<strong>les</strong> de membres de la Young Communist League qui se tiennent<br />

par la main. Nous allons en ordre parfait –ce qui démontre d’ailleurs que, si on l’éduque,<br />

le <strong>Népal</strong>ais est capable de discipline- le long des rues étroites. Cris, coups de sifflets,<br />

slogans :<br />

- Mourdabad Rastrapati.<br />

Mort <strong>au</strong> Président de la République. C’est lui qui, soutenu par l’Inde et <strong>les</strong> pays<br />

occident<strong>au</strong>x, a donné priorité <strong>au</strong> pouvoir civil <strong>sur</strong> le militaire.<br />

- Janta zindabad.<br />

Peuple vive (le).<br />

- Prachanda zindabad.<br />

Prachanda vive.<br />

- Ekikrit Nekapa mao-badi zindabad.<br />

Unis <strong>Népal</strong>ais maoïstes vive (<strong>les</strong>)<br />

Le long de la rue, devant <strong>les</strong> magasins, des personnes nous regardent défiler. Des rires,<br />

des saluts, des se<strong>au</strong>x d’e<strong>au</strong> : il fait ch<strong>au</strong>d. Mais <strong>au</strong>ssi des visages fermés, des regards de<br />

glace ou chargés de haine ! Les cortèges se rejoignent <strong>au</strong> parc de Tundikel. Foule<br />

323


énorme. Demain, <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x anglophones montreront des photos tronquées. La<br />

télévision agira de la même façon. Demain commencent <strong>les</strong> bandha à durée illimitée. La<br />

femme de mon ami maoïste membre du bure<strong>au</strong> politique :<br />

- Les jours suivants, ne sors pas. La violence va aller en croissant.<br />

Nous sortirons, nous irons à pied <strong>au</strong>x carrefours de Chakrapath –Maharajganj chok- à<br />

celui de Tridevi Marg ; à Gongabu, à Chabahil. Les maoïstes occupent le centre des<br />

carrefours, l’Armed police, la super-police, gilets matelassés, casques, boucliers, bâtons<br />

durçis <strong>au</strong> feu, se tiennent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bords. On leur a demandé d’observer, ils observent mais<br />

tous savent que si on leur demande de tuer ils tueront. Pendant dix ans ils se sont<br />

324<br />

entraînés.<br />

- Deux mai. La grève-bandha commence. Ville morte. Aux carrefours, <strong>au</strong>x points<br />

caractéristiques, des piquets de maoïstes. Des camions leur apportent de l’e<strong>au</strong>. Passent<br />

quelques ambulances. Danses. Les maoïstes crient :<br />

Démission du Premier ministre.<br />

La presse kathmandouite :<br />

Le gouvernement ne démissionnera pas.<br />

A signaler un article dans le quotidien Republica dont le titre est :<br />

UCPN-Maoist not true communist.<br />

Suit :<br />

Le Président du parti Workers and Peasants Narayan Bijukchhe déclare que le parti communiste<br />

maoïste est un parti de pouvoir. Qu’il ne peut donc être un parti révolutionnaire.<br />

Il existe dans l’extrême g<strong>au</strong>che népalaise plusieurs tendances dont une qui pense que la<br />

<strong>guerre</strong> et la révolution ne sont pas terminées. Ont-ils tort quand des membres du <strong>Népal</strong>i<br />

Congres sont <strong>au</strong> gouvernement.<br />

- Trois mai. Pas de changements. S<strong>au</strong>f <strong>les</strong> danses qui deviennent plus nombreuses. La<br />

police spéciale est moins visible. Au carrefour Chakrapath. Un homme vient questionner<br />

<strong>les</strong> cadres maoïstes <strong>sur</strong> la religion.<br />

- Il n’y a qu’une religion...<br />

Les cadres refusent de rentrer dans son jeu, ils restent évasifs. Celui qui semble être le<br />

leader des maoïstes, certainement un intellectuel : jeune, lunettes, costume, décoré, petit<br />

324


edon, observe, muet, visage impassible, non pas froid mais désintéressé. Un jeune me<br />

questionne : « Tapaï ? » Je réponds : « Dharma chaïna. » Sourires. Danses. Un jeune<br />

maoïste :<br />

-Danse.<br />

Peur du ridicule mais l’ambiance est <strong>au</strong>x rires. J’imite une danse népalaise.<br />

Appl<strong>au</strong>dissements, rires, claques dans le dos. Un jeune maoïste ému :<br />

- Thank you.<br />

D’être avec eux, bien sûr.<br />

- Quatre mai. Plus de trois cent maoïstes malades, ils ont bu de l’e<strong>au</strong> de Katmandu !<br />

La voix d’un homme de droite :<br />

325<br />

- Demain fini le bandha, ils sont tous malades.<br />

E<strong>au</strong> volontairement polluée ? Les maoïstes annoncent un durcissement de leur action. Ils<br />

annoncent qu’ils vont empêcher la circulation des véhicu<strong>les</strong> officiels : ministres se<br />

rendant à leur bure<strong>au</strong>... Une information à la radio :<br />

Les maoïstes vont tuer deux enfants.<br />

Des personnes croient cela !<br />

- Cinq mai. La police vient d’indiquer le nombre de manifestants pour la journée du 1°<br />

mai : 10.000 à 150.000. Au vu des photos prises à Thundikel il semble que le chiffre de<br />

500.000 indiqué par <strong>les</strong> maoïstes est le minimum Des ministres se sont fait conduire à<br />

leur bure<strong>au</strong> de très bonne heure. Ils n’ont pas été interceptés par <strong>les</strong> maoïstes. Des<br />

journalistes en ont questionné quelques uns :<br />

Nous avons lu, nous avons regardé la télévision.<br />

Des membres de la Young Force, <strong>les</strong> jeunes communistes du parti Union Marxist<br />

Leninist ont tenté de faire ouvrir des magasins, ils se sont heurtés à des membres de la<br />

Young Communist League. Une bagarre a eu lieu. Un membre de la Young force <strong>au</strong>rait<br />

été tué ( ?) A Thamel, dans un rest<strong>au</strong>rant français, des touristes refusent d’obéir <strong>au</strong>x<br />

maoïstes venus leur demander d’évacuer <strong>les</strong> lieux. Les maoïstes cassent quelques<br />

assiettes. Des Français crient :<br />

Scandale, ces maoïstes sont des tueurs !<br />

Chacun reste <strong>sur</strong> ses positions on ne dénote <strong>au</strong>cune fatigue apparente chez <strong>les</strong> maoïstes.<br />

325


326<br />

- Six mai. Des pourparlers entre <strong>les</strong> trois princip<strong>au</strong>x partis <strong>au</strong>raient lieu. Des politiciens<br />

sont optimistes, ils parlent de :<br />

Deadlock will end soon.<br />

Circulation plus intense que le cinq semble-t-il. Davantage de véhicu<strong>les</strong> à plaques<br />

minéralogiques bleues (véhicu<strong>les</strong> d’Ambassades). Le matin, des magasins sont ouverts,<br />

l’après-midi ils sont tous fermés, des maoïstes sont passés. Les maoïstes armés de bâtons<br />

sont plus nombreux. Scènes de vie : carrefour de Chakra-path : des maoïstes sont alignés<br />

<strong>sur</strong> trois fi<strong>les</strong>, ils se rendent vers Dhumbaraï. En file indienne, chaque colonne déboitant<br />

<strong>les</strong> unes après <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres : gestes militaires. Toujours à Chakra-path : deux cordons de<br />

superflics, L’un est côté Maharaganj, l’<strong>au</strong>tre côté Pepol Bot. Un maoïste armé d’un<br />

bâton passe devant <strong>les</strong> policiers à <strong>les</strong> frôler. Pas un regard. Au carrefour de Gongabu,<br />

musique par h<strong>au</strong>ts parleurs et chants népalais. Plus loin deux passionarias crient, el<strong>les</strong><br />

appellent un groupe de maoïstes et leur indiquent une direction. Les maoïstes courent<br />

dans la direction indiquée... Ici, <strong>au</strong>cun signe de fatigue chez <strong>les</strong> maoïstes.<br />

La télévision, un speaker :<br />

A X un camion citerne portant de l’e<strong>au</strong> a été arrêté. Le conducteur tué d’un coup de bâton, le<br />

camion a poursuivi sa route et à écrasé un motocycliste.<br />

Aucun écho de cet accident dans <strong>les</strong> journ<strong>au</strong>x du 7 avril. Bluff classique, on fait courir<br />

un bruit....Par contre des incidents <strong>au</strong>raient eu lieu à Dhankuta et Simikot. On parle de<br />

couvre-feu.<br />

Le représentant des Ambassadeurs de l’Union européenne <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, son Excellence<br />

monsieur Gar<strong>au</strong>lt, a rencontré le Premier ministre népalais Madhav Kumar <strong>Népal</strong>. Ontils<br />

parlé du pouvoir civil qui, dans une démocratie, doit toujours être placé <strong>au</strong>-dessus du<br />

pouvoir militaire ? Et des génér<strong>au</strong>x de la <strong>Népal</strong> Arm soupçonnés de crimes contre<br />

l’humanité ? Intox : deux journalistes <strong>sur</strong> une motocyclette mo<strong>les</strong>tés. Indignation des<br />

journalistes. En réalité ils ont simplement été arrêtés ! Des touristes questionnés, on<br />

entend :<br />

- Katmandu sans voiture, sans pollution, nous en profitons.<br />

- On peut circuler en vélo.<br />

Les touristes bénéficient de bus. Les <strong>Népal</strong>ais vont à pied.<br />

326


327<br />

- 7 mai. Carrefour de Chakrapat, 10 heures. Un nouve<strong>au</strong> drape<strong>au</strong>, <strong>sur</strong> fond rouge, un arc<br />

et une flèche engagée, un nom d’ethnie : Gurungs. Des maoïstes arrêtent un<br />

motocycliste.<br />

- Vous n’avez pas le droit. La prochaine fois on brûle votre moto.<br />

Tridevi Marg. 11 heures 30. La rue Kanthi Path fermée par des barbelés. Une jeune fille<br />

maoïste b<strong>les</strong>sée –coup de bâton- est emportée dans une ambulance. Deux jeunes<br />

maoïstes s’entraînent avec des bâtons : gestes de professionnels. Un super-policier en<br />

super tenue regarde, visage impassible. Un chef maoïste court vers un groupe :<br />

- Suivez-moi.<br />

Tous le suivent en courant vers Durbar Marg. Vers quel but ? Une diversion ?<br />

Des cris :<br />

<strong>Népal</strong> démission.<br />

Un h<strong>au</strong>t parleur :<br />

- Chacun à sa place, rejoignez votre groupe.<br />

- Le bandha continue. On va continuer longtemps.<br />

Durbar Marg. Midi. Devant l’entrée du palais Narayanhiti : 23 super-policiers.<br />

- 8, 9, 10 mai. Nouvelle tactique des maoïstes, ils entourent Singh Durbar où se trouvent<br />

<strong>les</strong> ministères, ils en interdisent <strong>les</strong> entrées. Les 10 énormes titres dans Republica :<br />

Maoits attack media persons.<br />

Dans Rising <strong>Népal</strong> il n’est fait mention que d’incidents. Une photo montre un journaliste<br />

qui a posé sa main <strong>sur</strong> ses cheveux ! Republica devient décidément le journal de la droite<br />

business sans <strong>au</strong>cune objectivité. Les présidents des Chambres de commerce et<br />

d’industrie se sont fait photographier dans ses bure<strong>au</strong>x. Ont-ils promis des publicités ?<br />

Les maoïstes indiquent qu’ils reprendront <strong>les</strong> pourparlers quand Madhav Kumar <strong>Népal</strong><br />

<strong>au</strong>ra démissionné. Mais celui-ci déclare qu’il ne quittera son poste que lorsque <strong>les</strong><br />

membres de la People Liberation Arm moïstes <strong>au</strong>ront été intégrés dans <strong>les</strong> services de<br />

sécurité. Humour, il fait tout pour freiner cette intégration. Mais la vraie question est :<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> serait-il si ferme, s’il ne savait qu’il a avec lui l’Inde... et<br />

l’Occident !<br />

327


Les maoïstes parlent Nouvelle tactique. Tristesse, en réalité ils ont perdu. La<br />

coalition de partis défenseurs de l’ancien régime soutenus par l’Occident et l’Inde<br />

sortent victorieux de cette confrontation.<br />

-13 mai. Les maoïstes ont admis leur échec.<br />

Avis d’échec gouvernemental celui là :<br />

Le gouvernement demande que soit repoussée la date limite de rédaction de la constitution.<br />

YOUNG COMMUNIST LEAGUE<br />

328<br />

Ces Y.L.C. sont un rassemblement de jeunes communistes (maoïstes). La presse affirme que ce<br />

rassemblement est une milice armée. –avec quel<strong>les</strong> armes ? Ils n’ont que des bâtons !- La presse <strong>les</strong><br />

accuse de nombreux méfaits. Lesquels leur sont presque toujours imputés à tort ou sont des<br />

inventions. Mais qui parle des Associations de Youth Force (tendance U.M.L.) ou des membres d’un<br />

groupe formé en terres Madesh par le ministre Madesh Yadav, qui, lui, reçoit une formation<br />

vraiment militaire.<br />

RELATIONS U.N.M.I.N. GOUVERNEMENT.<br />

Les relations entre l’O.N.U.-U.N.M.I.N. ne s’améliorent pas. Karin Landgren, chef de la<br />

mission U.N.M.I.N. :<br />

Has taken strong exception to recent remarks by Defense Minister Bidya Bhandari againts the<br />

United National mission in Nepal, U.N.M.I.N. and asked Prime Minister Madhav Kumar Nepal to<br />

officialy retract Bandari’s remarks.<br />

Le gouvernement freine <strong>les</strong> décisions de l’organisme international, il ergote, délaye,<br />

conteste.<br />

Prime minister urges U.N.M.I.N. to provide P.L.A. (People Liberation Army-maoïste) details.<br />

Ce à quoi madame Karin Landgren répond qu’elle ne peut le faire, ces documents étant<br />

confidentiels, et elle cite le:<br />

A.M.M.R.A. Agrement on Monitoring the Management of Arms and Armies.<br />

328


Relations Government –U.N.M.I.N. share a fundamental difference over the issue of sharing the<br />

information related to name, adress, age, and picture of the combattants.<br />

En réalité c’est le gouvernement qui refuse de prendre en considération le nombre de<br />

combattants maoïstes à intégrer, dans la <strong>Népal</strong> Arm nationale et dans des services de<br />

sécurité, indiqué par l’O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

La Ministre des armées madame Bidyia Devi Bhandari déclare:<br />

329<br />

Reject mass integration (des maoïstes) of Army.<br />

Le Premier ministre dont la franchise ne semble pas avoir été la qualité première,<br />

toujours jouant son rôle grotesque :<br />

Gvt firm to logical end of peace process. Combattants management at final stade.<br />

No comment !<br />

La <strong>Népal</strong> Arm important des armes, <strong>les</strong> maoïstes demandent qu’el<strong>les</strong> soient mises sous<br />

scellés sous le contrôle de l’U.N.M.I.N. Respect du Peace agreement. Refus de l’étatmajor.<br />

Le gouvernement ne dit rien.<br />

Le gouvernement relance une campagne pour redorer la réputation de l’armée. Un film<br />

<strong>les</strong> montre ramassant <strong>les</strong> ordures dans Katmandu alors que <strong>les</strong> ouvriers sont en grève !<br />

Une photo montre un soldat de la <strong>Népal</strong> Arm en mission UN à Haïti soignant un enfant<br />

b<strong>les</strong>sé <strong>au</strong> cours du séisme.<br />

Un titre : le Prime Minister Madhav Kumar <strong>Népal</strong> affirme :<br />

P.L.A. integration soon.<br />

Comédie ! L’état major de la <strong>Népal</strong> Arm cherche 118 milliards pour établir :<br />

A Strategic plan !<br />

Ils veulent acquérir : une douzaine de choppers, des avions, des terrains pour construire<br />

des forts et créer deux armées de l’air.<br />

Un titre:<br />

Arm integration inconclusive.<br />

- Août. Meeting U.N.M.I.N en fin de mission avec <strong>les</strong> leaders des trois princip<strong>au</strong>x<br />

partis. Rising <strong>Népal</strong> :<br />

Landgren told the reporters after a meeting:<br />

I urged the political parties to come up with theirs views… She said she sought suggestions from<br />

parties to make U.N.M.I.N.’s role effective in peace process.<br />

329


- Nepali Congress said that it was up to the government to decide the extension of U.N.M.I.N. term.<br />

- U.M.L. said that the government should consult with the parties.<br />

Le N.C. et <strong>les</strong> communistes ’U.M.L. have been critical of the U.N.M.I.N.’ role in the peace process. The<br />

two parties accuse the agency of being impartial.<br />

- Maoists was for extending mission.<br />

Tout est là.<br />

CRIMES CONTRE L’HUMANITE<br />

330<br />

Rappelons : <strong>les</strong> médias Kathmandouites très prolixes quand il s’agit de dénoncer (ou de<br />

fabriquer) <strong>les</strong> exactions commises par <strong>les</strong> maoïstes reste discrète <strong>sur</strong> cel<strong>les</strong> commises par<br />

<strong>les</strong> militaires et <strong>les</strong> policiers.<br />

- Janvier 2009. Crimes contre l’humanité, un titre :<br />

Supreme court had issued an interim order to not implement the promotion of general S… to<br />

lieutenant general.<br />

Le Conseil des ministres a en effet promu le général S... alors qu’il a été reconnu<br />

coupable par l’O.N.U. et qu’il est recherché par la Suprême Cour de justice népalaise.<br />

Kabre district court has ordered the arrest of general B… and three other army officers for their<br />

alleged involvement in the torture and killing of Maina Sunar in custody in the army’s Panchdikhal<br />

barracks.<br />

The Defense Minister and the NA. chief have already stated that there is no case against …<br />

No comment.<br />

- Mars. Un gros titre :<br />

Police atrocity in Janakpur.<br />

Des journalistes sont battus par la police. Il était vraiment impossible d’imputer cet<br />

incident <strong>au</strong>x maoïstes.<br />

Crime dans le parc de Bardiya. Rappel : <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, deux femmes et une<br />

gamine sont abattues par des membres des forces de l’ordre, alors qu’el<strong>les</strong> ramassaient<br />

du bois (ou de l’herbe) dans le parc de Bardiya. L’armée déclare d’abord que ces<br />

330


femmes étaient des braconniers et qu’el<strong>les</strong> ont tiré <strong>sur</strong> <strong>les</strong> militaires. Mais la <strong>Népal</strong><br />

Human Rights Commission, la N.H.R.C. précise :<br />

That the allegation that the deceased had opened fire cannot be substantiated. It has also accused<br />

the army of destroying evidence.<br />

331<br />

- Nota : plus personne ne parlera de cet assassinat ni des génér<strong>au</strong>x qui sont accusés par<br />

l’O.N.U. de crimes contre l’humanité commis <strong>au</strong> cours de la <strong>guerre</strong> ! Par contre la presse<br />

anglophone continuera ses campagnes contre <strong>les</strong> maoïstes.<br />

- 26 juin 2010. National Human Rights Commission. Tortures.<br />

Sur 96 tortures :<br />

- 76 sont à imputer <strong>au</strong>x forces de l’ordre.<br />

- 10 <strong>au</strong>x maoïstes.<br />

- 10 <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres partis.<br />

- Août 2010. National Human Rights Commission, N.H.R.C. Critiques <strong>au</strong><br />

gouvernement et <strong>au</strong>x partis politiques. Rising <strong>Népal</strong> :<br />

The government has mainly remained indifferent in meeting our punishment to the criminals of the<br />

human rights… serious criminal cases…<br />

The N.H.R.C. informed that during the past ten years out of 407 recommandations made by the<br />

N.H.R.C. , only 8,8 % made to a commission.<br />

Out of 386 cases of human rights violation :<br />

- the state <strong>au</strong>thority was held responsible for 262 cases.<br />

- maoist : 88 cases.<br />

- various : 36…<br />

Quand <strong>les</strong> membres des partis du gouvernement indiquent qu’ils refusent de<br />

dialoguer avec <strong>les</strong> maoïstes parce qu’ils ne respectent pas <strong>les</strong> Droits de l’Homme, ils<br />

se gardent bien de citer ces chiffres.<br />

331


REDACTION DE LA CONSTITUTION<br />

- Février. Monsieur Subas Nemwang, Président de l’Assemblée Nationale, déclare :<br />

Drafting of new constitution in final phase.<br />

- Mars. Les leaders déclarent que la constitution sera rédigée à temps. Le Premier<br />

Ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> à des sénateurs américains :<br />

New constitution within time<br />

332<br />

- 29 MAI 2010. Date limite pour la rédaction de la Constitution. La constitution n’a<br />

pas été approuvée ! L’Assemblée Constituante vote une prolongation de son activité<br />

pour un an !<br />

Un titre :<br />

Le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> démissionnerait dans une semaine.<br />

Encore un bobard ! 25 juin il est toujours là.<br />

INFLUENCES OCCIDENTALES, INDIENNES<br />

- Début avril. Des personnalités, des politiques, des militaires du monde occidental<br />

défilent à Katmandu :<br />

L’admiral Robert F Willard Commander of the US Pacific<br />

rend visite <strong>au</strong> général en chef de la <strong>Népal</strong> Arm. Ils ne parlent certainement ni de dal bhat,<br />

ni de trekking. The European Union, l’Union européenne s’éveille :<br />

The European Union Ambassadors have expressed serious concerns at the lack of process<br />

Viennent-ils <strong>au</strong>ssi pour demander <strong>au</strong> gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> d’être<br />

ferme, de résister ? En lui affirmant qu’ils le soutiennent ? L’Inde elle, ne tergiverse pas,<br />

elle :<br />

- Reiterates supports to incumbent govt.<br />

Le Premier ministre du <strong>Népal</strong> reçoit le général en chef des forces britanniques David<br />

Richards. Celui-ci déclare que <strong>les</strong> Britanniques sont prêts :<br />

To assist with military logistic the Nepa<strong>les</strong>e Army.<br />

Ces Anglais, qui ont été un grand peuple, qui ont été parmi <strong>les</strong> premiers à parler<br />

démocratie, habeas corpus, à couper la tête d’un de leurs rois, à inst<strong>au</strong>rer une monarchie<br />

332


constitutionnelle, à lutter contre le fascisme dès 1939, sont devenus de véritab<strong>les</strong><br />

guignols. Comme le dit Prachanda :<br />

Ils sont de véritab<strong>les</strong> puppets dans <strong>les</strong> mains de l’Inde et de l’United States.<br />

Le général en chef de l’armée indienne Deepak Kapoor, lui, vient visiter le <strong>Népal</strong>. Il<br />

rencontre le Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong> puis il est reçu par le général S....<br />

Oui, celui-là même qui est soupçonné par l’O.N.U. d’être responsable de crimes contre<br />

l’humanité. La démocratie <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> international, c’est be<strong>au</strong> !<br />

- Janvier. Vient à son tour le Ministre des Affaires étrangères indien :<br />

333<br />

Indian Minister Khrisna who paid an official visit to Nepal… returned home terming the visit :<br />

“Very fruitful and successful.”<br />

La Ministre des Affaires étrangères népalaise, madame Sujata Koirala fille de Girija<br />

Koirala précise gentiment qu’<strong>au</strong> cours de la réunion la révision du traité de paix de 1950<br />

a été évoquée.<br />

To discuss and review the 1950 Treaty of Peace and friendship with a view to further strengthen the<br />

bilatéral relations.<br />

Modifier le traité de 1950 : l’Arlésienne, encore !<br />

Les maoïstes, contrairement à certaines déclarations des précédents Ambassadeurs des<br />

U.S.A. sont toujours considérés comme des terroristes. Pour que cette appellation soit<br />

supprimée ils doivent :<br />

- Renounce violence.<br />

- Demonstrate commitmen to peace process.<br />

- End violence by Y.C.L. Young Communist League.<br />

- Provide facts about killing of two U.S. mission and American bomb…<br />

C’est ce que déclare le nouvel Ambassadeur de monsieur le Président Obama son<br />

Excellence Scott H. De Lisi. Sur la mort de deux américains morts : pendant la <strong>guerre</strong>,<br />

une bombe avait été placée devant l’Ambassade des E.U. Cela se passait <strong>au</strong> temps de la<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, l’Ambassadeur de l’époque monsieur Moriarty prononçait tous <strong>les</strong> jours<br />

des discours injurieux du plus bas nive<strong>au</strong> contre <strong>les</strong> maoïstes. Pendant ce temps, des<br />

militaires de l’U.S.A. conseillaient la Royal <strong>Népal</strong> Arm et équipaient cette armée.<br />

333


- Fevrier.<br />

334<br />

U.S Ambassador to Nepal Scott H. De Lisi said that he views Nepal’s Maoïsts as a mixed bag as they<br />

have changed their conduct since their in<strong>sur</strong>gency ended but have not renounced violence.<br />

Lesquel<strong>les</strong> ? Encore une fois, cet Ambassadeur ne dit pas un mot des génér<strong>au</strong>x<br />

impliqués, du refus de l’armée d’accepter <strong>les</strong> prescriptions de l’O.N.U.-U.N.M.I.N...<br />

L’Inde, il est inutile de le rappeler est le plus grand pays démocratique de la Terre. Son<br />

Premier Ministre avait déclaré que le mouvement naxalite –analogue <strong>au</strong> mouvement<br />

maoïste <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>- qui manifestait de nouve<strong>au</strong>x signes de vitalité, ne serait combattu que<br />

par la police, que l’intervention de l’armée ne serait pas nécessaire. Pourtant on lit<br />

(Avril) :<br />

Maoist Naxalites kill 75 troops in India.<br />

-11 mai. Le gouvernement indien déclare :<br />

Ceux qui aideront <strong>les</strong> Naxalites seront punis de 10 ans de prison. Pour quand une loi<br />

népalaise infligeant dix ans de prison à ceux qui aident <strong>les</strong> maoïstes népalais. Ces<br />

derniers ont obtenu 38 % des voix <strong>au</strong>x dernières élections. 38 % de 30 millions cela fait<br />

11,4 millions de personnes à mettre en prison. Cela posera problème. Quant à moi si,<br />

pour avoir aidé des éco<strong>les</strong> dans des villages maoïstes, je chope 10 ans, je ne sortirai des<br />

prisons népalaises qu’à 86 ans !<br />

- Les maoïstes chassent <strong>les</strong> Indiens de l’entreprise G.M.R. de la centrale hydr<strong>au</strong>lique<br />

Upper Karnali en cours de construction, pour protester contre :<br />

Indians interferences in <strong>Népal</strong>.<br />

On sait <strong>au</strong>jourd’hui que <strong>les</strong> contrats signés entre l’Inde et le <strong>Népal</strong> sont extrêmement<br />

favorab<strong>les</strong> <strong>au</strong>x Indiens.<br />

Sujata Koirala ministre des Affaires étrangères a rencontré <strong>les</strong> Ambassadeurs de l’Union<br />

européenne. Elle déclare sans rire que :<br />

Tout sera réglé quand la Young Communist League sera dissoute, quand <strong>les</strong> terres confisquées par<br />

<strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong>ront été rendues à leurs propriétaires, quand <strong>les</strong> maoïstes proposeront un plan<br />

d’intégration des combattants maoïstes dans la <strong>Népal</strong> Arm acceptable.<br />

334


L’article ne précise pas si, après cette déclaration, <strong>les</strong> Ambassadeurs ont souri. Mais non,<br />

335<br />

<strong>les</strong> membres des corps diplomatiques savent ne pas exprimer leur opinion, ils savent<br />

cacher leurs sentiments. Pourtant...<br />

- 13 Mai. ENORME. Les U.S.A. changent de cap : l’Ambassadeur des Etats-Unis,<br />

Son Excellence monsieur Scott H DeLisi déclare :<br />

The USA would fully cooperate with Nepal even if the next<br />

government is led by the maoists.<br />

Ceci est écrit dans un petit article en troisième page du Rising <strong>Népal</strong>. On devine<br />

pourquoi cette citation n’est pas en première page sous un gros titre ! Voilà qui<br />

pourrait changer <strong>les</strong> choses. Si... mais... donc...<br />

- 16 mai. En Inde, Sonia Gandhi, représentant l’aile g<strong>au</strong>che du parti Congres indien<br />

déclare :<br />

Fight poverty before war on Maoists.<br />

Elle parle des Maoïstes indiens qui sont <strong>les</strong> Naxalites. Belle phrase mais qui sera sans<br />

doute peu écoutée par <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres membres du Congres indien et le Premier ministre.<br />

Au <strong>Népal</strong> Jhala Nath Khanal, le plus à g<strong>au</strong>che des leaders de l’Union Marxist Leninist,<br />

le parti qui dirige le gouvernement déclare :<br />

Govt formation immediately after written agreement on army integration, YCL (Young communist<br />

Leage) return of property. YCL : disbanding paramilitary structure…<br />

Rendre <strong>les</strong> terres confisquées à des riches propriétaires dans le but de <strong>les</strong> distribuer à des<br />

Dalits-Intouchab<strong>les</strong>-Paysans sans terre, Serfs-Kamalaris... voilà qui choquerait nos Sansculottes.<br />

Désarmer <strong>les</strong> Young Communiste League de leurs bâtons ! Et pourquoi pas <strong>les</strong><br />

enfants maoïstes de leurs lance pierres !<br />

- 19 mai. Enfin du positif dans la presse anglophone, le Premier ministre Madhav<br />

Kumar <strong>Népal</strong> déclare, ce qui est connu de tous, que c’est le nombre de combattants<br />

maoïstes à intégrer dans la <strong>Népal</strong> Arm et <strong>les</strong> services de sécurité qui empêche tout<br />

accord. Il indique que le gouvernement ne veut pas dépasser 3000 intégrations. Le<br />

335


chiffre des maoïstes serait de 7000. Mais il ne donne pas le nombre proposé par<br />

336<br />

l’O.N.U.-U.N.M.I.N. On sait seulement que cette O.N.U.-U.N.M.I.N. a, lorsque <strong>les</strong><br />

armes ont été déposées, enregistré 19.602 combattants et que le nombre d’armes mises<br />

dans des containers scellés a été de 3475. Le Premier ministre indique <strong>au</strong>ssi qu’il y a un<br />

<strong>au</strong>tre point qui achoppe : la Young Communist League qu’il dit être une organisation<br />

paramilitaire, devra être dissoute et désarmée. Des guerriers armés de bâtons qui<br />

mettraient en danger la prestigieuse <strong>Népal</strong> Arm, voilà qui étonne.<br />

Inde. Les Naxalites indiens combattent toujours <strong>les</strong> forces de l’ordre de leur pays. 31<br />

policiers viennent d’être tués. Le Premier ministre Sing avait déclaré il y a quelques<br />

mois que l’in<strong>sur</strong>rection Naxalite serait combattue par la seule police indienne et voilà<br />

qu’<strong>au</strong>jourd’hui il annonce qu’il va envoyer l’armée de l’air pour <strong>les</strong> combattre.<br />

- 20 mai. Ce qui se disait de bouche à oreil<strong>les</strong> devient officiel : il n’y a pas eu que <strong>les</strong><br />

U.S.A. qui ont déclaré qu’ils ne seraient pas opposés à un gouvernement conduit<br />

par <strong>les</strong> maoïstes, <strong>les</strong> représentants de l’Union Européenne ont fait la même<br />

déclaration. Mais la presse anglophone n’a rien dit. C’est par un petit article du Rising<br />

<strong>Népal</strong> qu’est découverte la vérité. Titre de l’article :<br />

Foreign diplomats in <strong>Népal</strong> crossing boundary.<br />

Soit dit en d’<strong>au</strong>tres termes, <strong>les</strong> Ambassadeurs se mêlent de ce qui ne <strong>les</strong> regarde pas.<br />

Curieux, lorsque <strong>les</strong> Indiens s’occupent de ce qui ne <strong>les</strong> regarde pas, le Premier ministre<br />

Madhav Kumar <strong>Népal</strong> et <strong>les</strong> membres du gouvernement trouvent la chose normale,<br />

mieux, ils appl<strong>au</strong>dissent. Fallait-il démontrer que ce gouvernement est <strong>au</strong>x ordres de<br />

l’Inde ? Voilà chose faite. Ceci étant, <strong>les</strong> U.S.A. et <strong>les</strong> représentants de l’Union<br />

européenne peuvent rétorquer que finançant une forte part du budget du <strong>Népal</strong> ils<br />

ont le droit de donner leur opinion.<br />

Il reste cette chose qui risque de changer <strong>les</strong> données du problème :<br />

Les pays occident<strong>au</strong>x ne sont pas opposés à un gouvernement conduit par <strong>les</strong><br />

maoïstes, mais...<br />

Mais que dit l’Inde ?<br />

336


- 29 mai. L’Assemblée constituante voit son séjour <strong>au</strong>gmenté de un an. No<br />

337<br />

comment !<br />

Obtenu à la quasi-unanimité de l’Assemblée constituante. Les maoïstes ont voté pour<br />

cette prolongation !<br />

- Fin mai. Gros titres dans la presse : Madhav Khumar <strong>Népal</strong> va démissionner.<br />

- 22 juin. Mahav Kumar <strong>Népal</strong> n’a toujours pas démissionné. Les Ambassadeurs<br />

japonais, chinois et anglais viennent le questionner pour savoir où en est la situation<br />

politique. Il répond :<br />

That he was taking initiatives to forge concensus...<br />

ROLE DE L’O.N.U.-U.N.M.I.N.<br />

Un jour on connaîtra le rôle exact qu’a joué l’O.N.U.-U.N.M.I.N. dans la démission du Premier<br />

ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong>. Cette organisation inutile pour certains, dépensière pour d’<strong>au</strong>tres –<br />

j’ai été de ceux qui disaient cela- vient de démontrer sa puissance, son incontestable utilité.<br />

FEDERALISME<br />

- Janvier. 23 propositions de découpage du pays sont proposées. Les maoïstes ont la<br />

leur : la région qui entoure Katmandu est celle des Tamangs. La cuvette de Katmandu<br />

est celle des Newars. Bonne solution pour écraser la puissance des gens des h<strong>au</strong>tes castes<br />

qui détiennent toujours le pouvoir ? Mais ne f<strong>au</strong>t-il pas, nécessité première, que le <strong>Népal</strong><br />

devienne enfin une véritable Nation ! Le fédéralisme va-t-il y conduire ?<br />

337


338<br />

FEDERALISME – Proposée par <strong>les</strong> Maoïstes.<br />

Fédération de Tamangs : on remarque que cette fédération entoure la cuvette de Katmandou. Ce<br />

qui est un moyen pour la contrôler. La cuvette proprement dite constitue une fédération Newar.<br />

338


RETOUR DU ROI<br />

- Mars.<br />

Supporters of the pro-monarchy Rastryia Prajatantra party Nepal participate in a torch rally to<br />

339<br />

Kathmandu. The party demands that republicanism, secularism and federalism should be decided<br />

only through a referendum.<br />

Le roi Gyanendra déclare que la monarchie n’est pas terminée, il ajoute :<br />

I want to live in Nepal and serve the people<br />

339


EVENEMENTS<br />

SURVENUS EN JUILLET<br />

ET EN DEBUT AOUT<br />

2010<br />

340<br />

- 1° juillet. Madhav Kumar <strong>Népal</strong> démissionne. Son gouvernement reste en place pour<br />

as<strong>sur</strong>er <strong>les</strong> affaires courantes.<br />

- Au cours du mois de juillet et début août, <strong>les</strong> partis tentent de former un ministère qui<br />

obtiendrait <strong>les</strong> 50 % des voix de l’Assemblée Constituante :<br />

Rappel :<br />

- <strong>les</strong> maoïstes représentent un peu moins de 40 % des voix.<br />

- le parti communiste U.M.L. un peu plus de 20 % des voix.<br />

- le parti <strong>Népal</strong>i Congres à peine plus de 20 % des voix.<br />

- s’il f<strong>au</strong>t obtenir 50 % des voix pour mettre en place un ministère, il f<strong>au</strong>t 2/3 des<br />

voix pour voter la constitution. Soit 2/3 x 602 (nombre de sièges) = 401 voix.<br />

- le <strong>Népal</strong>i Congres choisit Poudel, membre du gouvernement K.M. <strong>Népal</strong>, pour réunir<br />

une majorité. Poudel est évidemment fortement soutenu par l’Inde. Il cherche l’appui du<br />

parti communiste U.M.L. Mais le chef de la branche g<strong>au</strong>che de cet U.M.L. Khanal<br />

refuse de lui apporter <strong>les</strong> voix de son parti. L’Angleterre travailliste, sans pudeur, envoie<br />

340


à Poudel un diplomate qui l’as<strong>sur</strong>e de son soutien. Le Madesh déclare soudain apporter<br />

ses voix à Poudel. Il est facile de voir qui est derrière cette décision.<br />

- Le parti communiste U.M.L. dont Khanal est devenu le leader est évidemment<br />

soutenu par l’Occident. Mais Khanal refuse de prendre position dans <strong>les</strong> élections. Il<br />

déclare que le problème de l’élection du Premier ministre et la mise en place d’un<br />

gouvernement n’est pas la première des priorités, que la première des nécessités est de<br />

réunir une majorité (des 2/3) pour voter la Constitution.<br />

- Le parti maoïste cherche une majorité. Il l’obtient presque, il lui manque 42 voix <strong>sur</strong><br />

602. Mais le parti communiste U.M.L. reste neutre et <strong>sur</strong>tout, le Madesh, soumis à une<br />

énorme pression de l’Inde ( <strong>les</strong> <strong>mots</strong> corruption sont utilisés) lui refuse ses voix.<br />

341<br />

NOTES.<br />

Il ne f<strong>au</strong>t jamais oublier que derrière ces élections se cache le problème de l’intégration<br />

des militaires de la P.L.A., la People Liberation Arm, qui doivent être intégrés dans la<br />

nationale <strong>Népal</strong> Arm. L’état major de celle-ci ne pouvant être royaliste est devenu<br />

<strong>Népal</strong>i Congres et Communiste U.M.L. Pour contrer <strong>les</strong> maoïstes, bien que la Cour de<br />

justice s’y oppose, cette <strong>Népal</strong> Arm commence –mi-août- à recruter 3000 soldats. La<br />

P.L.A. réplique en déclarant qu’elle va <strong>au</strong>ssi recruter 3000 soldats.<br />

Camouflet <strong>au</strong>x anti-maoïstes, l’O.N.U. (14 juillet) déclare qu’elle soutient l’U.N.M.I.N.<br />

dans le processus de Paix. Cela signifie-t-il qu’elle maintient le chiffre de combattants<br />

maoïstes que cette U.N.M.I.N. a déclaré compétents et donc susceptib<strong>les</strong> d’être intégrés<br />

dans la <strong>Népal</strong> Arm ?<br />

Il semble parfois que, contraint et forcé, l’Occident accepterait un gouvernement<br />

maoïste, Obama n’est pas Bush. Mais cet Occident préférerait un gouvernement<br />

centriste. L’Ambassadeur des Etats-Unis De Lisi demande à Khanal leader de l’U.M.L.<br />

de «Jouer un rôle ». L’Inde, évidemment, appuie grossièrement et de toute son<br />

influence :<br />

- visite de diplomates <strong>au</strong>x chefs du <strong>Népal</strong>i Congres,<br />

341


- campagnes de médias avertissant <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais qu’en cas de vote maoïste le pays ne<br />

serait plus approvisionné en combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong>...<br />

- on entend parler de pots du vin,<br />

La Chine reste silencieuse.<br />

DES PARTIS EN RECHERCHE DE POUVOIR<br />

342<br />

- Les partis raprapa veulent le retour du roi. Ils accepteraient sans doute une forme de monarchie<br />

constitutionnelle. Il est peu probable que la politique suivie par des gouvernements royalistes<br />

apporte dans le pays de profonds changements dans le domaine social... Le protectionnisme ancien<br />

serait certainement renforcé, <strong>les</strong> castes resteraient toutes puissantes. Ces gouvernements seraient<br />

aidés par l’Inde et <strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x. La lutte maoïste reprendrait donc.<br />

- Le parti <strong>Népal</strong>i Congres. Si nécessaire, il s’accommoderait d’une monarchie constitutionnelle. Il<br />

reprendrait ses anciennes méthodes : le pouvoir <strong>au</strong>x membres des h<strong>au</strong>tes castes, le total oubli de la<br />

misère, du social, le dédain pour <strong>les</strong> Basses castes-Dalits-Kamalaris et <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-Indigenous, la<br />

condition féminine... L’intense corruption reviendrait. Les maoïstes reprendraient la lutte. Mais le<br />

parti <strong>Népal</strong>i Congres <strong>au</strong>rait le total appui de l’Inde et des pays occident<strong>au</strong>x.<br />

- Le parti communiste U.M.L. :<br />

- la branche de droite dirigée par Madhav Kumar <strong>Népal</strong> pratiquerait la même politique que celle<br />

qu’il a suivie lorsque <strong>au</strong> pouvoir, début 2010, il s’est allié avec <strong>les</strong> forces de la droite dure :<br />

- des membres du parti <strong>Népal</strong>i Congres seraient dans le gouvernement.<br />

- <strong>au</strong>cun changement profond de la société. Quelques me<strong>sur</strong>ettes socia<strong>les</strong> mais oubli des<br />

p<strong>au</strong>vres.<br />

- application des théories keynésiennes, forte incitation <strong>au</strong> business.<br />

- gouvernement <strong>au</strong>x ordres de l’Inde.<br />

- la branche de g<strong>au</strong>che dirigée par Khanal choisirait sans doute une politique de type démocratie<br />

libérale, mélange d’un peu de social <strong>sur</strong> fond de busines. La misère profonde du pays ne serait<br />

certainement pas supprimée. Que feront <strong>les</strong> maoïstes : se lanceront-ils dans une nouvelle forme de<br />

lutte armée ou choisiront-ils l’opposition parlementaire ?<br />

- Le parti maoïste. Il tenterait de modifier fondamentalement la société.<br />

- vote de lois socia<strong>les</strong>, droit du travail, de la femme...<br />

- confiscation de terres pour <strong>les</strong> distribuer <strong>au</strong>x dalits-kamalaris-intouchab<strong>les</strong>.<br />

342


Il est évident que la parti maoïste <strong>au</strong> pouvoir serait le seul parti qui pourrait modifier profondément<br />

le pays, as<strong>sur</strong>er <strong>les</strong> réformes indispensab<strong>les</strong>, éteindre le vieux <strong>Népal</strong> oligarchique, féodal,<br />

fondamentalement antidémocratique.<br />

- ...<br />

Mais l’Inde ferait TOUT pour le déstabiliser. Elle fermerait ses frontières. Elle serait à l’origine<br />

d’un Madesh <strong>au</strong>tonome ou même d’un Madesh colonie type Ladhak...<br />

Le gouvernement maoïste <strong>au</strong>rait-il l’appui de la Chine ? Quel type d’appui ? Est-il possible<br />

d’envisager un <strong>Népal</strong> tombant dans le clan Chinois ? Les gens des Basses castes, <strong>les</strong> Trib<strong>au</strong>x-<br />

Indigenous... n’y seraient certainement pas opposés.<br />

LA SUITE DES EVENEMENTS PARAITRA<br />

SOUS LE TITRE MISCELLANEES DU SITE :<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

343<br />

343


TITRE IX.<br />

CONCLUSIONS.<br />

MONOLOGUE ET REDONDANCES.<br />

Je répète que rien ne me prédisposait à m’intéresser à la politique. En France d’abord, <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong> ensuite. Quelques mois de mon ado<strong>les</strong>cence <strong>au</strong>x Jeunesses communistes –années<br />

1950- ne m’ont laissé que le souvenir de quelques lectures, de quelques <strong>mots</strong>, de<br />

344<br />

quelques vers de l’Internationale. Ma passion pour l’alpinisme, puis pour l’himalayisme,<br />

mes responsabilités de père de famille, l’exercice d’une profession de type libéral, m’ont<br />

fait vivre dans un monde où la politique avait peu de place. Il f<strong>au</strong>t ajouter à cela un<br />

constant besoin de solitude qui m’a éloigné des groupes, des clubs et des associations, à<br />

plus forte raison des partis politiques.<br />

En France, le spectacle de nantis parlant de lendemains qui chantent, la lecture de<br />

quelques pages de livres de Raymond Aron, m’ont appris que la stratification sociale<br />

française avait changé, que <strong>les</strong> <strong>mots</strong> peuple, lutte des classes, révolution... étaient, non<br />

pas devenus obsolètes, mais qu’ils ne s’appliquaient plus qu’à un minuscule fragment<br />

de la population. Ce qui explique d’ailleurs le déclin des véritab<strong>les</strong> partis de g<strong>au</strong>che. La<br />

constatation que <strong>les</strong> so-called partis de g<strong>au</strong>che, ceux qui sont en recherche de pouvoir, se<br />

désintéressent des véritab<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> pour ne défendre que <strong>les</strong> classes moyennes<br />

constituant un puissant électorat, et l’acceptation, par ces partis, de l’inhumain et<br />

immoral capitalisme rebaptisé mondialisme, érigé en la seule politique possible, m’a elle<br />

<strong>au</strong>ssi éloigné de la politique.<br />

Je pensais <strong>au</strong>ssi, et l’échec soviétique le confirmait, que la stricte application de théories<br />

pour résorber la misère, conduisait à des fiascos. Et qu’il en était de même pour <strong>les</strong><br />

églises, la nôtre, depuis 2010 ans, se contentant de gérer ses immenses biens, de gémir<br />

ses ps<strong>au</strong>mes <strong>au</strong> lieu d’agir.<br />

Surtout, je pensais, et je pense <strong>au</strong>jourd’hui encore, qu’avant de vouloir changer de<br />

système politique, il fallait d’abord changer l’Homme. Que sont devenus <strong>les</strong> soviets<br />

344


usses ? Une élite s’est groupée dans une nomenklatura qui a façonné un peuple de<br />

345<br />

fainéants qui ont conduit le pays à la faillite.<br />

Mes critiques d’une g<strong>au</strong>che rose-champagne, invertébrée, sournoisement ralliée <strong>au</strong><br />

capitalisme, ont fait croire à certains que j’avais des idées de droite. Il est vrai que<br />

d’<strong>au</strong>tres ont prétendu que j’étais anarchiste, d’<strong>au</strong>tres que j’étais bouddhiste, d’<strong>au</strong>tres<br />

enfin que j’étais franc-maçon ! Mon Buddha : des idées de droite ! Anarchiste ! Francmaçon<br />

! Pourtant je pense toujours, malgré <strong>les</strong> idées qui sont <strong>au</strong>jourd’hui <strong>les</strong> miennes,<br />

qu’il y a une droite estimable. Ce n’est certes pas celle qui gouverne la France<br />

<strong>au</strong>jourd’hui : je hais cette droite du fric par le fric, du clinquant, des riches et des<br />

puissants. Je trouve par contre estimable une certaine droite scrupuleusement honnête,<br />

parfois catholique, souvent cultivée et une droite de gens d’entreprises qui conçoivent,<br />

qui créent. Cette droite étant d’ailleurs méprisée par celle du fric par le fric. Je me flatte<br />

d’avoir des amis dans ces droites propres.<br />

Je suis d’ailleurs curieux de certains grands politiques de droite et le personnage qui m’a<br />

le plus fasciné –je n’en admire <strong>au</strong>cun s<strong>au</strong>f Gandhi qui n’était d’ailleurs pas un homme<br />

politique mais un chef de <strong>guerre</strong> sans armes- est celui de Char<strong>les</strong> de G<strong>au</strong>lle. J’ai admiré<br />

en lui, le rebelle qui, dès 1936, dans ses écrits, s’opposait à sa hiérarchie militaire -il<br />

demandait de création d’un corps de blindés <strong>au</strong>tonomes-, le pragmatique de droite qui, à<br />

la libération, nationalisait, créait la Sécurité nationale, l’homme paradoxal qui, même si<br />

son temps de décision a été long, a décolonisé. Mais j’ai <strong>sur</strong>tout apprécié en lui,<br />

l’écrivain. Quel style ! J’ai été moins heureux dans le choix d’<strong>au</strong>tres hommes politiques<br />

de droite, loc<strong>au</strong>x ou nation<strong>au</strong>x, dont je pensais le plus grand bien mais qui ont<br />

rapidement démontré qu’ils n’étaient intéressés que par le pouvoir ou l’argent.<br />

Installé <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, je m’imaginais anachorète en alpinisme et himalayisme. Sans<br />

condescendance, évidemment, je n’ai jamais été un grand alpiniste et j’ai toujours été un<br />

peu misanthrope. Honte <strong>sur</strong> moi, découvrant le <strong>Népal</strong> <strong>au</strong> cours de mes expéditions, je<br />

n’avais pas vu la misère qui régnait dans le pays. Comme tous, j’étais subjugué par la<br />

be<strong>au</strong>té des paysages, la placidité et la courtoisie du peuple népalais, j’étais amusé par sa<br />

naïve religiosité. Je répétais : « Ils vivent une misère souriante. » Myopie hypocrite,<br />

345


façon de me tenir à l’écart, je le sais <strong>au</strong>jourd’hui : j’étais un be<strong>au</strong> sal<strong>au</strong>d. Je n’ai compris<br />

le pays que plus tard. Je le répète, ce sont ma femme Dawa Yangzi et ma belle famille<br />

346<br />

qui m’ont fait découvrir ce que <strong>les</strong> décors somptueux, <strong>les</strong> sourires des hommes et des<br />

femmes, la courtoisie, le merveilleux visage et le nez morveux des enfants, cachaient<br />

d’intenses misères. Misères physiques : trav<strong>au</strong>x sans l’assistance d’<strong>au</strong>cun engin<br />

mécanique, portages inhumains dus à l’absence de routes, carences alimentaires, disettes<br />

et famines..., méconnaissance des lois de l’hygiène, épidémies, absence de Droits du<br />

travail, non respect des Droits de l’homme... Tout cela conduisant à une espérance de vie<br />

de vingt ans inférieure à la nôtre. Misères mora<strong>les</strong> résultant de la stratification sociale en<br />

dominants : personnes de h<strong>au</strong>tes castes, et en dominés : membres des basses castes,<br />

Dalits-paysans sans terre, Serfs-Kamalaris, Parias-Intouchab<strong>les</strong> de toutes sortes,<br />

Trib<strong>au</strong>x-Indigenous... Gens analphabètes en majorité, asservis de ce fait, à des religions,<br />

à des religieux.<br />

Installé <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, ma condition d’émigré ne m’a pas incité à m’intéresser <strong>au</strong>x problèmes<br />

politiques du pays. La condition d’émigré interdit toute action politique. Pourtant,<br />

malgré moi, j’étais mêlé <strong>au</strong>x événements. J’apprenais tous <strong>les</strong> jours que le <strong>Népal</strong> était un<br />

pays politiquement instable, qu’il abritait des révolutionnaires –le mot maoïste me faisait<br />

<strong>au</strong> début sourire- dont certains se battaient, tuaient et se faisaient tuer. Les<br />

manifestations, <strong>les</strong> grèves-bandhas, la présence pléthorique de forces de l’ordre, <strong>les</strong><br />

barrages <strong>sur</strong> <strong>les</strong> routes, <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> incessants, le couvre-feu, tout me le rappelait à tous<br />

<strong>les</strong> instants –j’avais vécu, tout petit, des expériences analogues pendant la <strong>guerre</strong> de<br />

1940-. C’est ainsi que, sensibilisé par cette ambiance, j’ai commencé à lire quelques<br />

journ<strong>au</strong>x, à m’intéresser <strong>au</strong>x événements politiques. Et peu à peu l’horizon politique<br />

népalais s’est élargi, a dévoilé ses mystères. Un jour j’ai lu le livre de Michelle Kergoat<br />

(voir encadré), j’ai lu dans une note de l’O.N.U. que le pays dans lequel je vivais était le<br />

plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie. Ces découvertes ont été un choc. El<strong>les</strong> ont fait de moi un <strong>au</strong>tre<br />

homme.<br />

Point de palinodie, en politique j’étais neuf ! J’ai simplement compris ! J’ai compris<br />

qu’il n’y avait <strong>au</strong>cune comparaison possible entre la politique en pays de nantis comme<br />

le nôtre et la politique dans un pays où sévit une intense misère physique et une<br />

346


intolérable misère morale. J’ai admis que, du point de vue évolution politique et<br />

sociale le <strong>Népal</strong> était plus jeune que l’Europe de 100 à 200 ans. J’ai ainsi compris ce<br />

qu’était le mouvement maoïste, pourquoi il était né, contre quoi et qui il luttait. Ces gens<br />

n’étaient pas de simp<strong>les</strong> trublions, des empêcheurs de trekker en rond, c’étaient des<br />

hommes qui se battaient contre un méprisable régime, contre <strong>les</strong> misères, pour la dignité<br />

des leurs. J’ai <strong>au</strong>ssi appris que <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> du <strong>Népal</strong> se chiffraient par près de trois<br />

347<br />

dizaines de millions. Et j’ai analysé <strong>les</strong> intensités des misères en France et <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> :<br />

rien n’était comparable. Alors, j’ai établi un parallèle entre notre nob<strong>les</strong>se de 1789 et<br />

<strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes et entre <strong>les</strong> maoïstes et nos Sans-culottes.<br />

COMPARAISON DES MISERES.<br />

Lire, relire le cahier : Comparaison des misères en France et <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, paru dans ce site :<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

Les derniers éléments du puzzle étaient en place, j’ai obtenu une image complète, tout<br />

devenait clair. Tout étant clair, je ne pouvais hésiter, <strong>les</strong> indifférents, <strong>les</strong> lâches, <strong>les</strong><br />

hypocrites, <strong>les</strong> cupides étant assez nombreux, j’ai admis le courage et la nécessité de ces<br />

hommes qui luttaient, méconnus, critiqués, souvent honnis. Vieil alpiniste ayant le goût<br />

du risque et de l’action, je <strong>les</strong> ai enviés<br />

GAUCHE FRANCAISE, LUTTES MAOISTES<br />

Misérable g<strong>au</strong>che française qui :<br />

- en France n’a pas su changer la société, modifier <strong>les</strong> aspirations des hommes.<br />

- qui, <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>, ne s’est pas manifestée, qui ne se démarque pas de la politique que pratiquent <strong>les</strong><br />

U.S.A., l’United Kingdom., l’Inde... Son attitude est un crachat <strong>sur</strong> nos Sans-culottes, nos<br />

révolutionnaires de 1830 et de 1848. Par ses silences, en s’alignant <strong>sur</strong> <strong>les</strong> politiques occidenta<strong>les</strong>, en<br />

laissant faire l’Inde, elle a perdu l’occasion de prouver son existence, sa vitalité, son originalité. Elle<br />

n’en sort pas grandie.<br />

347


Mon patronyme est <strong>Sig</strong>ayret qui vient de segaïre, celui qui scie, qui f<strong>au</strong>che, qui est un<br />

simple paysan. Une consultation des registres à l’église du village natal de ma famille<br />

paternelle m’a appris que mes ancêtres étaient brassiers, nom alors donné à ceux qui<br />

travaillaient avec leurs bras. C’étaient des ouvriers agrico<strong>les</strong>, des paysans sans terre, des<br />

manants, des Dalits, peut-être dans un temps ancien des sortes de Serfs-Kamalaris.<br />

Portant un tel nom, pouvais-je c<strong>au</strong>tionner un régime de monarchie absolue ? Quel parti<br />

était estimable ? Au <strong>Népal</strong>, le parti <strong>Népal</strong>i Congres rassemblait <strong>les</strong> partisans de l’ancien<br />

348<br />

régime, le parti communiste Union Marxist Leninist, U.M.L., n’était pas, malgré son<br />

appellation, un parti de g<strong>au</strong>che. Il était comparable à nos socialistes des années 1960<br />

qui, avec la droite, lamentablement, poursuivait la <strong>guerre</strong> colonialiste d’Indochine puis<br />

celle d’Algérie. Ce parti U.M.L, une fois la révolution proclamée, n’a pas hésité à<br />

honteusement s’allier avec le parti <strong>Népal</strong>i Congres, le parti de l’hindouisme, le parti qui<br />

lutte pour conserver l’ancienne stratification sociale, pour conserver ses privilèges. Je ne<br />

pouvais pas croire en lui. J’ai alors dirigé mon regard vers <strong>les</strong> maoïstes, ce qui m’a<br />

conduit à me rapprocher d’eux. Suis-je pour <strong>au</strong>tant devenu un inconditionnel maoïste ?<br />

Peut-on le devenir à 76 ans alors que l’âge conduit à sourire des théories, à refuser la<br />

violence, fait aspirer à des sociétés sans heurts, voire à des idées centristes ?<br />

Ai-je l’âge d’agiter des drape<strong>au</strong>x, de crier des slogans ? De lever mon poing en guise de<br />

salut ? Le lèverai-je un jour ce poing ? Peut-être si j’en viens à considérer ce geste<br />

comme un symbole. Je suis par contre certain que je le lèverai si j’avais à choisir entre<br />

cette forme de salut et de partage d’amitié et <strong>les</strong> attitudes de ces Occident<strong>au</strong>x récemment<br />

convertis <strong>au</strong> bouddhisme. Ceux qui, le plus sérieusement du monde, et pour certains sans<br />

peur du ridicule, enchaînent : circumambulations <strong>au</strong>tour de stupas, de chortens, de<br />

manis-simp<strong>les</strong> cailloux gravés, prosternations, méditations, récitations d’oraisons, gestes<br />

d’adoration ou de vénération devant des pictogrammes ésotériques. Je ne me vois pas<br />

affublé de soungti-amulettes <strong>au</strong> cou et <strong>au</strong>x poignets, oublieux de la misère du monde,<br />

parlant compassion tout en n’ayant qu’un but : détruire mon égo pour atteindre un<br />

nirvana-grand-vide et sans souffrances. Alors que la misère <strong>au</strong>tour de moi fait souffrir et<br />

tue annuellement des centaines de millions d’individus, des dizaines de millions<br />

348


d’enfants. Je trouve moins ridicule un geste qui sous-entend le combat, la lutte contre la<br />

p<strong>au</strong>vreté et <strong>les</strong> injustices socia<strong>les</strong> :<br />

Gémir, prier, pleurer, circumambuler <strong>au</strong>tour e stupas, réciter des mantras, ne penser qu’à détruire son<br />

moi, sont également lâches.<br />

Comprenant <strong>les</strong> maoïstes suis-je entièrement crédule ? Non, je sais que pour être<br />

appliquées victorieusement <strong>les</strong> théories <strong>les</strong> plus bel<strong>les</strong> supposent des dirigeants<br />

possédant des qualités humaines que l’homme d’<strong>au</strong>jourd’hui ne possède pas ou qu’il<br />

possède exceptionnellement. Les expériences dites communistes ont conduit à des<br />

absolutismes bure<strong>au</strong>cratiques, des féodalités de membres dirigeant un parti unique<br />

pratiquant banalement l’arbitraire et le favoritisme. El<strong>les</strong> ont fabriqué des nomenklaturas<br />

qui ont dictatorialement dirigé des peup<strong>les</strong> désillusionnés, ayant perdu tout goût pour le<br />

349<br />

travail. Ce n’est pas parce que le capitalisme est économiquement meilleur que le<br />

communisme que celui-ci a fait faillite, c’est parce que le communisme stalinien a<br />

façonné un peuple désenchanté qui ne produisait que lentement et peu, un peuple non<br />

motivé par le travail. Ce communisme a fabriqué un peuple fainéant.<br />

Que suis-je alors ? Je suis un pion négligeable qui lutte contre la misère qui avilit des<br />

hommes considérés comme des sous-hommes n’ayant droit à <strong>au</strong>cune existence, à <strong>au</strong>cune<br />

considération sociale, qui lutte contre la misère qui tue. C’est <strong>au</strong>jourd’hui le but des<br />

maoïstes en lutte.<br />

Je serais naïf si j’affirmais que je suivrais toujours le chemin des maoïstes népalais,<br />

<strong>sur</strong>tout si un jour ils sont <strong>au</strong> pouvoir, mais je me considérerais comme un lâche si,<br />

<strong>au</strong>jourd’hui, je n’étais pas à leur côté.<br />

Les partis de g<strong>au</strong>che français étant ce qu’ils sont, je suis presque seul. Il n’y a pas la<br />

foule <strong>sur</strong> <strong>les</strong> chemins où vont ceux qui, sans théories, luttent contre la seule p<strong>au</strong>vreté.<br />

Mes critiques d’un bouddhisme cuisiné à la mode occidentale, adopté en guise de faire<br />

valoir, cel<strong>les</strong> portant <strong>sur</strong> une écologie, certes, en soi, puissante forme d’opposition, de<br />

contestation à une pensée unique, mais qui reste quand même mineure dans l’échelle des<br />

luttes socia<strong>les</strong> mondia<strong>les</strong>, ont éloigné des amis potentiels. Mes récentes prises de<br />

position en politique éloignent de moi des anciennes amitiés. De droite comme de<br />

349


g<strong>au</strong>che ! Autour de moi le vide, mais qui n’est pas intégral, des complicités se<br />

manifestent. Un photographe aficionado du <strong>Népal</strong> dans un mail :<br />

Je découvre ton site, chouette, enfin du nouve<strong>au</strong>.<br />

Des trekkeurs :<br />

- On veut te connaître.<br />

Des trekkeurs passent :<br />

Nous pensons comme toi.<br />

Ces assentiments sont rares. Que m’importe, mes idées sont nettes et bien rangées dans<br />

ma tête. Je prends mes responsabilités : <strong>au</strong>jourd’hui je pense que <strong>les</strong> maoïstes sont <strong>les</strong><br />

seuls qui défendent <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong>. Pourtant si on me questionnait : « De quel parti es-<br />

tu ? » Je répéterai le même phrase : « Je ne suis d’<strong>au</strong>cun parti, je suis avec ceux qui<br />

luttent contre la p<strong>au</strong>vreté. Les maoïstes luttent contre la misère, je me range à leur côté »<br />

350<br />

Et je m’amuse de me retrouver soudain un homme engagé à g<strong>au</strong>che. Dans une g<strong>au</strong>che<br />

fondée <strong>sur</strong> <strong>les</strong> sentiments humains et l’indignation et non <strong>sur</strong> des textes ou le verbiage ou<br />

la réussite économique.<br />

Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais je trouve dans mon nouvel état, un fort<br />

sentiment d’exister. Exister n’étant pas, à mes yeux, dans la recherche du dépaysement<br />

et du folklore, dans le désir de prendre, dans le besoin d’emporter : folklore, souvenirs,<br />

pacotil<strong>les</strong> décoratives, amitiés de passage, admirations benoïtes, spiritualités de<br />

substitution. Ni dans le désir d’apprendre : <strong>mots</strong> et phrases liés à ce spirituel. Ils sont<br />

trop nombreux ceux qui, en recherche de sacré oublient que le sacrum, fut-il asiatique,<br />

est placé juste <strong>au</strong>-dessus du trou de balle !<br />

Exister, pour moi, n’est pas rechercher ce que, dans d’<strong>au</strong>tres textes, j’ai coiffé des noms<br />

de <strong>Népal</strong> gnian gnian !<br />

Aujourd’hui, je découvre l’International. Le National, la Nation, et <strong>les</strong> récentes<br />

campagnes <strong>sur</strong> l’identité française, me rappellent ce qu’a pu percevoir et retenir m’a<br />

comprenette d’enfant : celle d’un temps où <strong>les</strong> Juifs, <strong>les</strong> G<strong>au</strong>llistes et <strong>les</strong> Résistants, qui<br />

n’étaient pas de bons Français, étaient des terroristes. Ils étaient persécutés, on <strong>les</strong><br />

350


exécutait sans jugement. Et c’est pourquoi j’ai tracé un parallèle avec <strong>les</strong> terroristes<br />

351<br />

népalais.<br />

Je suis par ailleurs honteux quand j’entends parler de Solidarités nationa<strong>les</strong>. Les<br />

solidarités nationa<strong>les</strong> françaises ne s’appliquent qu’<strong>au</strong> un centième des habitants de la<br />

Terre, <strong>les</strong> Solidarités occidenta<strong>les</strong> qu’<strong>au</strong> un sixième. C’est ce qui m’amène à prêcher<br />

pour que naisse une solidarité internationale. Pour qu’elle se dévoile dans le discours<br />

mais <strong>sur</strong>tout dans des actes.<br />

Trois milliards d’Hommes à défendre, nom de Buddha, ce n’est pas rien !<br />

D’<strong>au</strong>tant plus que cette identité, cette solidarité internationa<strong>les</strong> seront un jour, quand <strong>les</strong><br />

hommes <strong>au</strong>ront abandonné ce pour quoi ils luttent <strong>au</strong>jourd’hui : la domination par le fric<br />

et l’avoir, enfants du ridicule et malsain besoin de puissance, du désir de possession.<br />

L’international n’est pas une notion utopique, il a existé. Les hommes de la préhistoire<br />

issus d’une même origine africaine ont été unis dans une mondialisation. Hélas ils ont<br />

oublié cela, ils ont créé de maléfiques clivages nation<strong>au</strong>x. Edgar Morin :<br />

Ils ont oublié leur identité commune et sont devenus étrangers <strong>les</strong> uns <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres.<br />

Avec la notion d’Etat est venu, toujours du même <strong>au</strong>teur :<br />

La notion d’espèce et d’identité métisse.<br />

Des rois, des empereurs sont loués pour avoir édifié des nations : nos rois, Prithvi <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>... Mais ne peut-on imaginer ce qu’il serait advenu des hommes si des politiques<br />

avaient créé d’immenses collectivités continenta<strong>les</strong>, trouvant d’<strong>au</strong>tres moyens de<br />

protection que celle des frontières entraînant des contre nature identités nationa<strong>les</strong>, une<br />

compétition malsaine, des contrô<strong>les</strong> douaniers et une incessante course à la<br />

militarisation ! Avec la frontière, <strong>les</strong> conséquences négatives des <strong>mots</strong> xénophobie,<br />

ostracisme se sont matérialisées. Imaginons ce qui serait advenu si le mot xénophilie<br />

avait remplacé le mot xénophobie. L’Europe a joué un de ses pires rô<strong>les</strong> dans cette<br />

course à la stupidité nationale. Les fruits de cette politique d’enfermement, de<br />

cloisonnement, de domination, d’exploitation, se nommant : traite des noirs, esclavage,<br />

colonisation, exportation de religion, exploitation de biens d’<strong>au</strong>trui, <strong>guerre</strong>s d’annexions,<br />

de possession ou de conservation de terres....<br />

351


Pourtant, un temps, en France <strong>les</strong> <strong>mots</strong> Internationale socialiste ont rassemblé des<br />

révolutionnaires. En Russie, Trotski l’opposant à Lénine et à Staline ne croyait qu’en<br />

une révolution permanente et internationale. Tout cela est oublié, tout <strong>au</strong> moins de<br />

l’Occidental. Cet Occidental égotique s’est ridiculement enfermé dans un <strong>au</strong>tisme<br />

dominateur. On sait ce qu’est devenu l’esprit socialiste français! Englobé, dissous dans<br />

une pensée unique nationaliste, dans un capitalisme-mondialiste meurtrier, dans une<br />

352<br />

politique de recherche de pouvoir, le mot socialiste n’est plus qu’une appellation<br />

mensongère.<br />

Peut-on être optimiste ? Edgar Morin l’était qui écrivait :<br />

On peut également penser que <strong>les</strong> aspirations qui ont nourri <strong>les</strong> grandes espérances révolutionnaires<br />

du XXe siècle, mais qui ont été bafouées, détournées, vaincues, sont en cours de renaissance sous<br />

forme d’une nouvelle recherche de solidarité et de responsabilité.<br />

Rêvons. Rêvons comme lui que :<br />

Le monde n’est pas une marchandise.<br />

En attendant l’argent dirige. Capitalisme et capitaliste, du Petit Robert :<br />

Capitalisme : Régime économique et social dans lequel <strong>les</strong> capit<strong>au</strong>x, source de revenu,<br />

n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui <strong>les</strong> mettent en œuvre par leur propre travail.<br />

Capitaliste : celui qui possède des capit<strong>au</strong>x, notamment des capit<strong>au</strong>x engagés dans une entreprise et<br />

qui en tire un revenu.<br />

Lu dans un Nouvel Observateur, une définition du capitaliste donnée par un Mercier<br />

écrivain -1740-1814- :<br />

Monstre de fortune, homme <strong>au</strong> cœur d’airain qui n’a que des affections métalliques.<br />

Les choses ont-el<strong>les</strong> changé ? Le capitalisme a été remplacé par le mot mondialisme, non<br />

seulement il est toujours là mais il a phagocyté le socialisme. C’est lui qui inspire, à<br />

l’intérieur des pays, comme en politique internationale parmi <strong>les</strong> plus grandes saloperies<br />

de l’histoire moderne. Et qui <strong>les</strong> coiffe toutes. Ce capitalisme est à l’origine de trois<br />

milliards de misérab<strong>les</strong> ! D’<strong>au</strong>tant plus misérab<strong>les</strong> que le un sixième de l’humanité<br />

jamais satisfait vit confortablement, douillettement, est en recherche de toujours plus.<br />

Nous Français, sommes comme tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> riches, porteurs et exportateurs de<br />

vérités et de principes. Notre église catholique nous en a apporté des centaines. Elle nous<br />

a ainsi inculqué la notion de bien et de mal. Et bien, en politique, nous savons que le<br />

352


ien est dans <strong>les</strong> <strong>mots</strong> démocratie et Droits de l’Homme. Démocratie limitée <strong>au</strong> droit de<br />

vote et à quelques valeurs secondaires mais qui néglige l’essentiel ! Droits de l’Homme<br />

limités <strong>au</strong> droit mais qui sont interdits d’application pour le mot égalité. Nous savons<br />

<strong>au</strong>ssi que c’est nous, nous seuls Occident<strong>au</strong>x, qui sont dépositaires du bien. Le mal est<br />

ailleurs, dans <strong>les</strong> pays non démocratiques. Le mot démocratie dicte nos manières de<br />

penser, nos comportements et nos jugements politiques. Avec ce mot <strong>sur</strong> leurs bannières<br />

la plupart des pays occident<strong>au</strong>x, fidè<strong>les</strong> toutous des Américains, ont combattu en<br />

Indochine, en Corée, en Irak. Par personnes interposées ils ont <strong>au</strong>ssi combattu <strong>les</strong><br />

maoïstes du <strong>Népal</strong>. Ils combattent <strong>au</strong>jourd’hui en Afghanistan. Une lutte pour la<br />

démocratie ? Immense bobard. Il s’agit en réalité de contrer le colosse Chinois qui était<br />

<strong>au</strong>ssi peu militariste qu’on peut l’être mais qui va sans doute le devenir poussé par...<br />

Hélas, pour <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x, la Chine, mammouth impavide, suit son chemin qui va la<br />

conduire à la première place économique mondiale. Si pour la démocratie nous,<br />

353<br />

Occident<strong>au</strong>x, sommes <strong>les</strong> meilleurs, pour le business <strong>les</strong> Chinois, en bons asiatiques,<br />

nous laissent <strong>sur</strong> place.<br />

C’est tout cela qui a fait que nous, Occident<strong>au</strong>x, anciens dominants de la Terre<br />

flageolants <strong>sur</strong> nos assises, en sommes venu à considérer comme secondaire, comme<br />

inéluctable, la misère de trois milliards d’individus. Trois milliards d’hommes, de<br />

femmes, d’enfants ! La moitié de l’Humanité !<br />

Notre droite est logique avec elle-même, elle n’est certainement pas, si elle l’a jamais<br />

été, la plus bête du monde. Mais qu’est la g<strong>au</strong>che ? Qu’est devenue la g<strong>au</strong>che ? Une<br />

g<strong>au</strong>che qui a adopté <strong>les</strong> modes de gestion préconisés par la droite est-elle toujours une<br />

g<strong>au</strong>che ? Sont-ils de g<strong>au</strong>che ceux qui se complaisant dans l’immobilisme, reprenant le<br />

discours des politiques de droite, affirment :<br />

Le mondialisme (-capitaliste) conduit à la résolution de la misère.<br />

Oui ? Alors on peut considérer qu’une grève de la faim constitue un régime amaigrissant<br />

conseillé ! Cependant, admettons cela, mais demandons : « En combien de décennies, de<br />

sièc<strong>les</strong> ? »<br />

353


Le Tiers monde a-t-il changé depuis que le mot mondialisme a été introduit dans <strong>les</strong><br />

354<br />

années 1980 dans <strong>les</strong> pages des médias ? Ce Tiers monde a changé de nom, le<br />

capitalisme a <strong>au</strong>ssi changé de nom mais de combien de morts s’est-il rendu coupable ce<br />

mondialisme depuis que le mot a été introduit dans le langage ? Combien d’enfants, tous<br />

<strong>les</strong> jours <strong>au</strong>jourd’hui, meurent des conséquences de malnutritions ou de faim ? Qui parle<br />

du nombre d’enfants qui meurent en effectuant un travail d’adulte ? Les trekkeurs ne<br />

voient plus d’enfants porteurs ? Lire <strong>au</strong> titre Etat du <strong>Népal</strong> le récit des ces hommesenfants<br />

terrassiers qui ont été ensevelis sous un éboulement dans la banlieue de<br />

Katmandu.<br />

Le philosophe Alain, a dit qu’une g<strong>au</strong>che en recherche systématique de pouvoir ne<br />

pouvait être une véritable g<strong>au</strong>che. Les partis qui recherchent le pouvoir ne s’intéressent<br />

jamais à la véritable misère. C’est le cas de notre g<strong>au</strong>che qui n’a jamais lutté contre <strong>les</strong><br />

misères résiduelle en France comprenant celle, majeure, des immigrés. Elle justifie ses<br />

fornications d’impuissants soci<strong>au</strong>x par le discours, l’utilisation de <strong>mots</strong>, quelques<br />

slogans, quelques réformettes, et, pour des nostalgiques qui ont une culture politique,<br />

quelques citations de Jean J<strong>au</strong>rès ou de Léon Blum.<br />

Il y a pourtant de bel<strong>les</strong> choses que la g<strong>au</strong>che <strong>au</strong>rait pu inscrire dans ses programmes,<br />

puis réaliser quand elle était <strong>au</strong> pouvoir -15 ans ! Ce n’est pas rien !-. Elle <strong>au</strong>rait pu par<br />

exemple dans le domaine politique supprimer le ridicule des campagnes électora<strong>les</strong>.<br />

L’électeur juge <strong>sur</strong> des discours, des affrontements verb<strong>au</strong>x, jamais <strong>sur</strong> des écrits, jamais<br />

<strong>sur</strong> des études, <strong>sur</strong> des engagements liés à des responsabilités :<br />

Supprimer la fracture sociale... !<br />

Elle <strong>au</strong>rait pu supprimer le financement des partis par le contribuable ! Le nombre<br />

maximum de cotisants des plus grands partis politiques en France est inférieur à<br />

200.000 ! A quoi sert le financement des campagnes électora<strong>les</strong> ? Il sert à financer de<br />

groupes de 200.000 personnes, moins, certainement, que le total des membres des clubs<br />

de Questions pour un champion dans <strong>les</strong> Sous-préfectures. Cet argent sert à payer, des<br />

permanents, leurs Présidents ou Secrétaires, <strong>les</strong> frais génér<strong>au</strong>x et leurs voitures, <strong>les</strong><br />

ridicu<strong>les</strong> campagnes électora<strong>les</strong>... S’amuseront <strong>les</strong> historiens du futur en constatant que<br />

354


500.000 personnes décidaient du sort de 60.000.000 de Français. En admirant le folklore<br />

355<br />

qui avait lieu en temps d’élection : des centaines de milliers d’affiches <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils<br />

lisaient :<br />

La force tranquille.<br />

Tous pour la France.<br />

...<br />

Chacune portant la tronche –fortement maquillée- de celui qui se présentait. Ces<br />

historiens glousseront : « Ils élisaient leurs Présidents de la République <strong>sur</strong> des photos de<br />

gueu<strong>les</strong> maquillées ! Au XXIème siècle ! Les Présidents de la République de la<br />

cinquième puissance économique de la Terre ! » Et ils concluront : « C’est <strong>au</strong>ssi à c<strong>au</strong>se<br />

de cela que la France est <strong>au</strong>jourd’hui la trentième puissance mondiale ! »<br />

Que de choses une véritable g<strong>au</strong>che <strong>au</strong> pouvoir <strong>au</strong>rait pu faire. Elle <strong>au</strong>rait pu supprimer<br />

<strong>les</strong> stocks options, <strong>les</strong> n<strong>au</strong>séabonds tripatouillages boursiers, diminuer certaines<br />

immora<strong>les</strong> retraites, imposer, par le vote de quelques simp<strong>les</strong> lois (voilà de la vraie<br />

démocratie), des limites <strong>au</strong>x écarts de revenus, honoraires, salaires..., l’<strong>au</strong>gmentation de<br />

la taxe des gros héritages –l’héritage n’est-il pas un droit de naissance, ne doit-il pas être<br />

considéré comme un privilège ?- , frapper d’indignité nationale et retirer <strong>les</strong> passeports<br />

de ceux qui planquent leur fric à l’étranger... Elle <strong>au</strong>rait pu arrêter de fabriquer et de<br />

vendre des armes.<br />

Récréation : imaginons une France qui arrête ses productions militaires ! Certes, elle<br />

passerait du cinquième rang <strong>sur</strong> l’échelle de la puissance mondiale <strong>au</strong> dixième ou <strong>au</strong><br />

quinzième rang. Certes, cela entraînerait une diminution du pouvoir d’achat des classes<br />

moyennes mais, en compensation, quelle image nous présenterions <strong>au</strong>x peup<strong>les</strong> de la<br />

Terre, <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres de la Terre ! Imaginons : suppression de la puissance établie <strong>sur</strong><br />

claquement de culasses d’armes <strong>au</strong>tomatiques, <strong>sur</strong> fond de capital atomique inactif, de<br />

grondements de moteurs d’engins volants ou terrestres servant à tuer des hommes. Tout<br />

cela stocké, quasiment jamais utilisés s’oxydant lentement. Vendus parfois !<br />

Prestige militaire annulé mais quel gain en prestige humain !<br />

355


La g<strong>au</strong>che française <strong>au</strong>rait pu également donner l’exemple de la générosité. Celle qui<br />

permettait de résorber la misère résiduelle étale dans notre pays, celle permettant de la<br />

supprimer à plus long terme dans le Tiers monde. Les deux sont liées. Non pas la<br />

356<br />

générosité verbale à laquelle nous sommes habitués mais la générosité effective. De<br />

quelle lueur la France éclairerait le monde si elle réduisait vraiment ses misères, si elle<br />

participait à réduire la misère du Tiers monde ! Non pas à la façon de l’aide africaine qui<br />

est une aide politique à des corrompus. Impossible ? Mais non : le discours de la g<strong>au</strong>che<br />

est :<br />

C’est <strong>au</strong>x riches de payer.<br />

Ce qui ne conduit à rien. Ce n’est pas <strong>au</strong>x riches de payer, le riche se fout de la misère, il<br />

ne paye jamais, il garde, il thés<strong>au</strong>rise, il planque son fric. Il le porte en Suisse, dans<br />

quelque île où il est à l’abri des virus nommés Contributions directes ou indirectes. La<br />

devise du riche est : <strong>sur</strong>tout participer le moins possible <strong>au</strong>x frais de la collectivité,<br />

<strong>sur</strong>tout ne rien donner <strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres.<br />

Ce n’est pas non plus à l’Etat de payer, il fait ce qu’il peut l’Etat.<br />

C’est tout simplement <strong>au</strong>x classes moyennes des pays occident<strong>au</strong>x de payer. D’abord<br />

parce que ceux qui <strong>les</strong> composent font partie des nantis de la Terre, ensuite parce<br />

qu’el<strong>les</strong> constituent la majorité dans un peuple occidental d’<strong>au</strong>jourd’hui. Ces classes<br />

moyennes prélèveraient simplement <strong>sur</strong> l’inutile, le ridicule. Qu’un économiste fasse le<br />

calcul :<br />

- M, nombre de riches <strong>sur</strong> Terre (chiffre peu élevé) multiplié par F1 (leur fortune) = A<br />

- N nombre de personnes des classes moyennes <strong>sur</strong> Terre (chiffre très élevé) multiplié<br />

par F2 (petite somme) = B.<br />

Il vérifiera que B est non seulement énormément plus grand que A mais qu’il est<br />

renouvelé.<br />

Sur le plan international la générosité reviendrait à prendre en charge <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> du<br />

Tiers monde. Impossible ? Allons ! Un nanti occidental pour trois misérab<strong>les</strong> du Tiers<br />

monde. Si vous saviez combien il f<strong>au</strong>t peu pour sortir une personne de la merde ! Pour<br />

empêcher un ado<strong>les</strong>cent de travailler, un petit enfant de mourir.<br />

356


Le don ! Simple dépense ? On entend :<br />

Argent mal placé ? C’est à eux, seuls, de s’en sortir !<br />

Réponse : « Non ! Souvenez-vous du Plan Marshall en 1945. » De Emmanuel Todd :<br />

Le plan Marshall, qui a fourni à l’Europe <strong>les</strong> moyens de sa reconstruction et <strong>au</strong>x Etats-Unis ceux<br />

d’échapper à une nouvelle crise économique du type 1929, reste un acte d’intelligence politique et<br />

économique comme on a peu d’exemp<strong>les</strong> dans l’histoire.<br />

Les U.S.A. soutenant <strong>les</strong> économies européennes et Japonaises en faillite. Bon calcul<br />

357<br />

pour <strong>les</strong> U.S.A. Cette aide a procuré à ce pays des admirateurs, des clients et des alliés<br />

indéfectib<strong>les</strong>.<br />

Ne rêvons pas à un monde figé. Imaginons des évolutions immédiates. Edgar Morin :<br />

Les nations devraient être intégrées dans une commun<strong>au</strong>té planétaire... Dans ce sens, il serait<br />

nécessaire que puisse se constituer un Gobal Commons, ensemble de biens communs à toute<br />

l’humanité ; le patrimoine mondial comprend <strong>les</strong> fonds marins, Antarctique, Lune, à titre<br />

symbolique, des paysages et des monuments, il devrait comprendre non seulement <strong>les</strong> monuments<br />

du passé et la biodiversité, mais <strong>au</strong>ssi l’e<strong>au</strong> et l’information, devenus l’une et l’<strong>au</strong>tre vita<strong>les</strong>.<br />

Lisez la lettre du ministre de la culture brésilien <strong>sur</strong> <strong>les</strong> biens internation<strong>au</strong>x (reproduite<br />

dans le site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/ <strong>au</strong> titre F.A.N.). Je rajoute à ce texte, qui fera<br />

hurler <strong>les</strong> nationalistes dans <strong>les</strong>quels figurent <strong>les</strong> directeurs des musées de France : dans<br />

un geste symbolique, solennel, rendons <strong>au</strong>x hommes des pays qui <strong>les</strong> ont créés ou<br />

produits, même si nous <strong>les</strong> avons achetées, <strong>les</strong> œuvres d’art qui sont en dépôt chez nous :<br />

la colonne Vendôme, la Joconde... Qu’avons-nous à faire d’une tour que nous ne voyons<br />

plus, du portrait d’une joufflue hors de mode, même pas baisable ! Si nous faisions cela<br />

le Français, <strong>au</strong>jourd’hui ignoré des uns, moqué, méprisé des <strong>au</strong>tres, deviendrait soudain<br />

un être <strong>au</strong>-dessus de tous.<br />

Quelle puissance dans <strong>les</strong> <strong>mots</strong> : international, identité, humanité internationale. Edgar<br />

Morin :<br />

Ce qui manque, c’est le Droit de l’Humanité... La déclaration des Droits de l’homme demeure un<br />

vœu. Le Droit universel n’est pas sorti des limbes... Ce qui manque c’est une société <strong>civile</strong> planétaire.<br />

Et<br />

Peut-être la plus grande menace qui pèse <strong>sur</strong> la planète résulte-t-elle de l’alliance de deux<br />

barbaries : la première vient du fond des âges historiques et apporte la <strong>guerre</strong>, le massacre, la<br />

357


déportation, le fanatisme. La seconde, glacée, anonyme, vient de notre civilisation techno-<br />

358<br />

industrielle : elle ne connaît que le calcul et ignore <strong>les</strong> individus, leurs chairs, leurs sentiments, leurs<br />

âmes.<br />

Edgar Morin en vient à parler de l’avènement d’une société monde. Rêve ?<br />

Aujourd’hui ? Oui. Demain ? Non.<br />

D’ailleurs, ce à quoi ne nous a pas conduit la générosité nous sera peut-être imposé par<br />

notre déclin.<br />

ANNEE 2030. C.14.<br />

Dans le domaine économique la France continue à progresser.<br />

Revenons à nos maoïstes népalais. Les <strong>mots</strong> sont des êtres vivants. C’est connu, ils<br />

vieillissent, changent de vêtements : orthographe- de sens : ce ne sont que des<br />

récipients... Ils disparaissent d’un pays mais peuvent reparaître dans un <strong>au</strong>tre en gardant<br />

ou en changeant leur sens. Le mot maoïste est de ceux-là. Pour nous, il est rattaché <strong>au</strong><br />

ridicule des occident<strong>au</strong>x maoïstes des années 1975, qui, déçus par la politique des<br />

soviétiques, se sont précipités <strong>sur</strong> la miraculeuse société chinoise en éveil. Pour la<br />

majorité des Français d’<strong>au</strong>jourd’hui, le mot maoïste contient <strong>les</strong> erreurs de gestion de<br />

Mao Zedong et <strong>les</strong> excès d’un régime totalitaire. Entre parenthèses : l’analyse des<br />

358


359<br />

erreurs commises par nos politiques français dans l’histoire contemporaine :<br />

colonisation, deux <strong>guerre</strong>s internationa<strong>les</strong>, deux longues <strong>guerre</strong>s colonialistes, création<br />

d’une force de frappe qui mourra de sa belle mort sans avoir jamais servi, sans avoir rien<br />

apporté <strong>au</strong>x équilibres politiques, participation à une <strong>guerre</strong> comme celle qui a lieu en<br />

Afghanistan, chômage, misère résiduelle, mépris des jeunes... ne sont jamais pris en<br />

compte. Mais pour le misérable du Tiers monde le mot maoïste est porteur d’espoir.<br />

Pour ce misérable, le maoïsme est la victoire d’un peuple <strong>sur</strong> une féodalité et une<br />

monarchie centenaires et il est <strong>au</strong>ssi le signe de la réussite économique.<br />

Il en est ainsi pour <strong>les</strong> maoïstes népalais.<br />

COMPASSIONS RELIGIEUSES,<br />

COMMUNISME ET MAOISME<br />

Paraphrasant Einstein et son célèbre :<br />

Le mot progrès n’<strong>au</strong>ra <strong>au</strong>cun sens tant qu’il y <strong>au</strong>ra <strong>sur</strong> terre un enfant malheureux.<br />

J’écris :<br />

Les <strong>mots</strong> : compassions religieuses, chrétienne, bouddhique,... communisme en Occident, maoïste en<br />

Asie, malgré leur ridicule apparent, garderont un sens profond tant qu’il y <strong>au</strong>ra <strong>sur</strong> la Terre une<br />

famille misérable, un enfant qui travaille, des gens qui ont faim, des personnes qui ont une<br />

espérance de vie inférieure de 20 ans à la nôtre. !<br />

J’en croise des Français qui me disent :<br />

- Tes amis <strong>au</strong>raient pu choisir un <strong>au</strong>tre nom.<br />

Oui, ils <strong>au</strong>raient pu, par exemple, se dénommer Jacobins, Montagnards, Sans-culottes.<br />

Leur révolte <strong>au</strong>rait (peut-être) été c<strong>au</strong>tionnée par <strong>les</strong> Français, mais <strong>au</strong>rait-elle, sous ce<br />

sigle, été comprise par <strong>les</strong> Américains, <strong>les</strong> Allemands, <strong>les</strong> Anglais... ? Qu’importe le<br />

nom, le maoïsme, pour <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais, est le moyen de donner la victoire <strong>au</strong>x misérab<strong>les</strong>.<br />

Il sous-entend :<br />

- établissement d’une République.<br />

- fin de la féodalité.<br />

- partage des terres.<br />

359


360<br />

- laïcité.<br />

- Droits de la femme.<br />

- Droits du travail.<br />

-...<br />

Toutes choses que l’Occidental, individu nanti, ne peut plus comprendre puisqu’il <strong>les</strong><br />

possède, et que, <strong>les</strong> possédant, il ne voit plus. D’ailleurs, que de <strong>mots</strong> obsolètes ou ayant<br />

changé de sens pour cet Occidental ! Le mot révolution s’applique à un soulèvement<br />

d’étudiants –nantis, fils de nantis- qui s’est produit il y a quelques 42 ans. Les <strong>mots</strong><br />

prolétariat, peuple, font sourire. Le mot lutte des classes se rapporte à quelques<br />

manifestations-grèves qui tiennent plus de la flânerie que de la lutte. Le mot féodalité ne<br />

signifie plus rien. Le mot arbitraire encore moins. Les <strong>mots</strong> marxisme, léninisme,<br />

maoïsme sont des <strong>mots</strong> du passé : des <strong>mots</strong> qui étaient utilisés <strong>au</strong>x temps anciens de<br />

l’histoire française. Je répète ce que j’ai écrit dans un article pour le site Montagne de la<br />

ville de Grenoble :<br />

L’Occident ne réalise pas que <strong>les</strong> noms de Marx, Lénine, Mao Zedong, et même Staline<br />

(sic), sont <strong>au</strong> misérable d’<strong>au</strong>jourd’hui –trois milliards d’individus- ce que <strong>les</strong> noms de<br />

Rousse<strong>au</strong>, Voltaire, Diderot... étaient à nos révolutionnaires de 1789, 1830, 1848.<br />

Le <strong>Népal</strong>, répétons-le, en politique, a cent à deux cents ans de retard d’évolution <strong>sur</strong> <strong>les</strong><br />

pays européens. Les voitures, <strong>les</strong> computeurs, <strong>les</strong> supermarchés de Katmandu sont des<br />

masques. Le <strong>Népal</strong>ais est un être misérable. Les révolutionnaires népalais ne sont pas<br />

des révolutionnaires occident<strong>au</strong>x qui luttent pour leur pouvoir d’achat. Les<br />

révolutionnaires népalais luttent contre la misère, la féodalité, l’arbitraire. Les<br />

révolutionnaires népalais vivent dans une société moyenâgeuse dominée par des gens de<br />

caste et des prêtres. Les révolutionnaires népalais se sont battus non pas comme <strong>les</strong><br />

nôtres en 1789 pendant quelques jours de juillet mais pendant 10 ans. Pendant dix ans ils<br />

ont fait la <strong>guerre</strong> <strong>au</strong>x forces de l’ordre –armée comprise- de la monarchie et des féod<strong>au</strong>x.<br />

Une voix : « Demain ils commettront des erreurs. Le communisme –qui n’avait de<br />

communisme que le nom- a tué des millions d’individus. » Oui, mais combien de<br />

misérab<strong>les</strong> a-t-il s<strong>au</strong>vé ? D’<strong>au</strong>tres part, de combien de morts, <strong>au</strong> fil des sièc<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />

360


anciens régimes se sont rendus coupab<strong>les</strong> ? Combien de nos manants, combien de<br />

moujiks russes, combien de coolies chinois mouraient tous <strong>les</strong> jours ? Car ces régimes<br />

361<br />

tuaient. Ils tuaient par misère, malnutrition, famines, coups, bal<strong>les</strong>, tortures et<br />

emprisonnements, par arbitraire. On sait <strong>au</strong>jourd’hui combien de morts sont c<strong>au</strong>sés par<br />

la misère, la F.A.O., l’O.N.U., <strong>les</strong> O.N.G. nous l’apprennent. Le total se chiffre par<br />

dizaine de millions de morts annuellement. Je répète : par dizaines de millions de morts !<br />

De morts dont on parle bien peu alors qu’on parle be<strong>au</strong>coup des <strong>au</strong>tres. Dans le même<br />

ordre d’idées, la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> népalaise a fait 14.000 à 16.000 morts, c’est une chose<br />

terrible, mais la misère népalaise combien de personnes tuaient-elle, tue-t-elle encore<br />

annuellement ? Dont des femmes, des enfants, des innocents ?<br />

Une chose presque jamais exprimée, c’est qu’il y a une <strong>au</strong>tre façon pour une révolution<br />

de mal tourner. De René Viennet :<br />

Un peu partout dans le Monde <strong>les</strong> révolutions prolétariennes ont été jusqu’ici écrasées et le<br />

prolétariat qui croyait enfin arriver <strong>au</strong> pouvoir ne faisait qu’y déposer une nouvelle classe<br />

dirigeante.<br />

Le <strong>Népal</strong> est-il en train de s’inscrire dans ces échecs ? Etant donné la présence de l’Inde<br />

et de l’Occident cela est à craindre.<br />

Jeunes Occident<strong>au</strong>x en recherche de révoltes, le politique vous a éloigné de la politique,<br />

mais ne vous égarez pas dans des chemins secondaires ou des rêveries. Observez,<br />

hiérarchisez, classez <strong>les</strong> luttes à entreprendre par ordre d’importance. La lutte<br />

écologique, la lutte pour la défense des anim<strong>au</strong>x, celle contre le réch<strong>au</strong>ffement de la<br />

Terre sont intéressantes parce qu’el<strong>les</strong> peuvent conduire à une modification de nos<br />

ridicu<strong>les</strong> et souvent stupides façons de vivre. Mais ce sont des luttes de nantis, des erzats<br />

de lutte. La lutte pour un Tibet libre était une chose sympathique en soi mais elle <strong>au</strong>rait<br />

dû débuter en 1950 <strong>au</strong> moment où la Chine envahissait le Tibet. Chose impossible, à ce<br />

moment là, nous Français, luttions pour conserver l’Indochine puis l’Afrique du Nord.<br />

S’in<strong>sur</strong>ger contre la Chine eut été indécent. Quant <strong>au</strong>x U.S.A. ils avaient <strong>sur</strong> le dos le<br />

problème des Noirs, du K.K.K.<br />

361


Jeunes, restez méfiants, ne vous joignez pas <strong>au</strong>x moutons de Panurge qui se laissent<br />

mener puis se jettent à l’e<strong>au</strong> d’un marigot en chantant : « Oh ! Une vaste mer. » Jeunes :<br />

il y a <strong>sur</strong> <strong>les</strong> rives de ces marigots de malins chefs d’orchestres !<br />

362<br />

Hiérarchisez : <strong>les</strong> luttes prioritaires sont :<br />

- la lutte contre <strong>les</strong> misères.<br />

- la lutte contre la course <strong>au</strong>x armements, la lutte pour éliminer le nucléaire militaire.<br />

- la lutte pour défendre <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> martyrisés.<br />

Ces luttes passent par des chemins que nous avons, nous Occident<strong>au</strong>x, oubliés, jeunes de<br />

tous <strong>les</strong> pays, redécouvrez-<strong>les</strong>. Les ayant découvertes agissez. Votre regard ne restera<br />

pas figé <strong>sur</strong> des choses minuscu<strong>les</strong>, il ira <strong>au</strong> loin. En choisissant des nob<strong>les</strong> buts vous<br />

donnerez de la dimension à vos vies.<br />

Eliminez <strong>au</strong>ssi ce qui entraîne <strong>au</strong>jourd’hui <strong>les</strong> enthousiasmes et qui ne sont que<br />

pourriture sociale, <strong>les</strong> sports avilissants : le foot, le tour de France... Détournez-vous des<br />

chemins de l’argent, de la possession. Où conduisent-ils ? A posséder ? Posséder des<br />

biens ! Laissez cela <strong>au</strong>x commerçants. Il y a d’<strong>au</strong>tres valeurs que celle-là. Il y a la mort<br />

<strong>au</strong> bout de votre vie. Sur un lit de mort, pense-t-on <strong>au</strong>x biens que l’on a accumulés ? Si<br />

vous avez choisi de nob<strong>les</strong> buts, si vous avez lutté pour eux –même sans victoire- alors<br />

vous quitterez le monde avec le sentiment d’avoir eu une vie utile et pleine.<br />

Jeunes, tournez le dos <strong>au</strong>x vieux bavards qui vous conduisent <strong>au</strong> stupide, <strong>au</strong> mièvre.<br />

Ecoutez Victor Hugo, lisez ces vers à peine modifiés par moi, faites-<strong>les</strong> vôtres :<br />

Ö jeunes gens ! Elus ! Fleurs du monde vivant<br />

Maîtres du mois d’avril et du soleil levant<br />

N’écoutez pas ces gens qui disent soyez sages !<br />

La sagesse est de fuir tous ces mornes visages !<br />

Ô doux amis, vivez. Aimez, défiez-vous<br />

De tous ces conseillers douçâtres et sinistres<br />

De ces brebis qui vont suivant la même piste<br />

Et se jettent dans l’e<strong>au</strong> des stupides sophistes<br />

Hiérarchisez, ayant choisi, luttez, démenez-vous<br />

Soyez jeunes, gais, vifs, amoureux, soyez fous !<br />

Vous avez l’air joyeux ce qui déplait <strong>au</strong>x cuistres.<br />

362


LETTRE AUX TREKKEURS.<br />

LES NEPALAIS NE NOUS AIMENT PAS<br />

Non, je l’ai écrit maintes fois, je le confirme malgré <strong>les</strong> cris de mécontentement que cette phrase a<br />

fait pousser à des trekkeurs gnian gnian :<br />

« Les <strong>Népal</strong>ais ne nous aiment pas. »<br />

Tous <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais n’ont pas d’emplois dans le tourisme. Que retire le <strong>Népal</strong>ais lambda de ce<br />

tourisme ? Rien ! De plus, le spectacle de nos comportements, des quartiers et des régions que nous<br />

avons colonisés, est loin d’être admirable ?<br />

Le trekkeur peut lire le livre de Ziegler : La haine de l’Occident. S’il est honnête, s’il possède une<br />

sensibilité à l’Humain, une once d’esprit critique, il ajoutera cette phrase <strong>au</strong>x explications que<br />

donne ce livre.<br />

363<br />

Nous, Occident<strong>au</strong>x venons <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> le plus souvent pour prendre, prélever, rarement<br />

pour comprendre, offrir, aider, Nous, Occident<strong>au</strong>x, nous contentons d’images<br />

caricatura<strong>les</strong> du <strong>Népal</strong> : <strong>Népal</strong> courtoisie, <strong>Népal</strong> Himalaya, <strong>Népal</strong> bouddhique, <strong>Népal</strong><br />

folklore, <strong>Népal</strong> gnian gnian. Nous, Occident<strong>au</strong>x, moutons de Panurge habillés en<br />

trekkeur, nous jetons dans la mare des engouements et des insignifiances. Tout le<br />

folklore asiatique est évidemment un faire valoir mais il y a des frontières <strong>au</strong> ridicule !<br />

Nous, Occident<strong>au</strong>x lucides, devrions cesser de répéter <strong>les</strong> refrains, <strong>les</strong> <strong>mots</strong> hypocrites<br />

des marchands de tourisme : équitab<strong>les</strong>, solidaires..., ceux des colonels de Y’a qu’à, de<br />

Y devraient, de Y f<strong>au</strong>drait...<br />

Nous, Occident<strong>au</strong>x, devrions sourire des ps<strong>au</strong>mes que récitent des spécialistes du <strong>Népal</strong><br />

<strong>au</strong> savoir gonflette, <strong>les</strong> week-ends dans leurs clubs, <strong>au</strong> cours de marches en montagne ou<br />

dans <strong>les</strong> sous-bois.<br />

Combien de trekkeurs sont lucides, sont allés <strong>au</strong>-delà des bavardages. Des dires de leurs<br />

cadres de trek qui sont des nantis, des opinions des patrons de leur agence de trekking<br />

népalaise qui défendent leur petit intérêt et leurs gros petits sous. Ces trekkeurs <strong>au</strong>raient<br />

pourtant à dire, à faire.<br />

363


SOLIDAIRES. C.15.<br />

364<br />

Ils pourraient remplacer leurs jérémiades, leurs discours lénifiants et redondants, par des<br />

critiques constructives. Un trekkeur <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> a le droit de demander que l’e<strong>au</strong> parvienne<br />

<strong>au</strong> robinet de sa chambre, que le courant électrique alimente <strong>les</strong> ampou<strong>les</strong> de sa chambre<br />

24 heures <strong>sur</strong> 24. Il a le droit d’imposer, brassard Tourist <strong>sur</strong> un bras :<br />

- l’interdiction de circuler de tout engin à moteur dans Thamel ou dans tout <strong>au</strong>tre lieu<br />

touristique.<br />

- qu’en ville et <strong>sur</strong> <strong>les</strong> routes, la circulation des véhicu<strong>les</strong> soit réglementée, que <strong>les</strong><br />

vitesses ne soient pas excessives, que <strong>les</strong> nuisances sonores produites par <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong><br />

soient interdites.<br />

- que, dans <strong>les</strong> sites où il évolue, ne se dressent pas d’odieux et nocifs tas d’immondices.<br />

- ...<br />

Il a le droit de manifester dans <strong>les</strong> rues de Katmandu et dans <strong>les</strong> bure<strong>au</strong>x des décideurs<br />

contre tout cela. Il a le droit d’aller manifester devant <strong>les</strong> Ambassades des pays qui ont<br />

c<strong>au</strong>tionné et aidé l’ancien odieux régime qui a conduit des hommes à se battre. Tout cela<br />

de la manière dont il l’a fait en manifestant pour un Tibet libre, mais cette fois avec<br />

l’espoir d’être entendu.<br />

364


LAMENTATIONS DE TREKKEURS<br />

Trekkeurs, arrêtez vos lamentations, ne parlez pas pour ne rien faire. Vous êtes sensib<strong>les</strong> à la<br />

misère des coolies, c’est bien, mais ne tentez pas de résoudre verbalement <strong>les</strong> problèmes que vous<br />

apercevez. Ces problèmes sont comme l’arbre qui cache la forêt. Vous ne résoudrez pas le problème<br />

des enfants qui travaillent, vous ne résoudrez pas le problème des charges inhumaines que portent<br />

trop souvent des coolies. Ce n’est pas un cri de colère, une lettre à une revue de trek, qui améliorera<br />

leur sort. Tous ces problèmes sont des m<strong>au</strong>x de la société népalaise qui ne peuvent être résolus que<br />

par la politique. Si vous êtes de droite allez en parler avec des hommes de droite : celle des membres<br />

des partis Raprapa, du parti <strong>Népal</strong>i Congres, de la branche de droite des communistes U.M.L. Si<br />

vous êtes de g<strong>au</strong>che, si la misère vous émeut, s’il vous plaît, ne vous contentez pas de <strong>mots</strong>,<br />

rapprochez-vous des membres de g<strong>au</strong>che des communistes U.M.L. et des maoïstes népalais. Au<br />

cours des treks faites-vous connaître d’eux. Apportez quelque chose à leurs éco<strong>les</strong>, à leurs villages...<br />

365<br />

Mais il a <strong>au</strong>ssi le devoir d’apprendre, de comprendre le pays et ses hommes. Au lieu de<br />

réciter le bla bla bla lénifiant, il doit approfondir ses connaissances en politique. Il doit<br />

par exemple être capable de classer <strong>les</strong> partis politiques de l’extrême g<strong>au</strong>che à l’extrême<br />

droite, pour, en fonction de leurs programmes, établir une opinion solidement fondée.<br />

S’il est de droite, qu’il c<strong>au</strong>tionne l’ancien régime, mais s’il est de g<strong>au</strong>che, c'est-à-dire si<br />

la lutte contre la misère et un ancien régime à structures féoda<strong>les</strong> le motive, il doit<br />

montrer sa compréhension, son intérêt, ou mieux, son amitié à ceux qui se sont battus<br />

pendant dix ans et qui poursuivent la lutte. P<strong>au</strong>vres Sans-culottes népalais,<br />

malencontreusement nommés maoïstes !<br />

NEPAL DEMAIN<br />

365


Un retour du roi est-il concevable ? Oui. Le pays est resté hindouiste. Hindouisme et<br />

royalisme sont fortement liés. Pour l’analphabète, l’<strong>au</strong>-delà a un sens plus fort que des<br />

366<br />

Lendemains qui chantent. Il f<strong>au</strong>t garder en tête que la <strong>Népal</strong> Arm –comme l’armée<br />

indienne- abrite des hindouistes intégristes –l’attentat à la bombe dans l’église<br />

catholique de Patan nous l’a rappelé- Le cafouillage politique actuel peut entraîner une<br />

lassitude de la République, le roi apparaissant comme la solution la moins pire.<br />

Est-il possible de revoir un gouvernement maoïste diriger le pays ? Oui, mais que de<br />

difficultés ce gouvernement devra affronter ! Il pourra sans doute réformer. Pourra-t-il<br />

changer la société népalaise en profondeur ? Certainement pas. L’Occident et l’Inde<br />

veilleront ! Comme cela s’est déjà produit en 2006, il verra se dresser contre lui<br />

l’Occident capitaliste-mondialiste-démocratique-applicateur de Droits de l’Homme.<br />

Aux cris de : Nous agissons pour la Démocratie et <strong>les</strong> Droits de l’Homme cet Occident<br />

trouvera un moyen –si nécessaire contraire <strong>au</strong>x règ<strong>les</strong> démocratiques, comme cela s’est<br />

produit en 2007- pour l’éliminer.<br />

Verra-t-on un gouvernement maoïste persuadant la Chine de se substituer à l’Occident et<br />

à l’Inde pour <strong>les</strong> aides sans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le <strong>Népal</strong> n’existe pas, le <strong>Népal</strong> tombant dans la<br />

zone d’influence chinoise en faisant la nique à l’Occident ?<br />

Un gouvernement maoïste pourrait-il voir se dresser contre lui un mouvement extrémiste<br />

composé de maoïstes déçus qui déclarerait que la révolution n’est pas terminée ? Qu’il<br />

f<strong>au</strong>t reprendre <strong>les</strong> armes ? Oui, évidemment. Prachanda-Pushpa Kamal Dahal jouant la<br />

carte de la seule économie, pourrait-il être <strong>au</strong> communisme népalais ce que Tony Blair a<br />

été <strong>au</strong> travaillisme anglais ?<br />

Les maoïstes pourront-ils enrichir le pays pour qu’il ne soit plus le pays le plus p<strong>au</strong>vre<br />

de l’Asie ? Qu’il devienne un jour indépendant des aides extérieures ?<br />

Peut-on imaginer un nouve<strong>au</strong> gouvernement de droite gouverner le pays ? Evidemment,<br />

oui. Et on peut même imaginer une dictature d’extrême droite. L’Occident et l’Inde<br />

appl<strong>au</strong>diraient : Enfin un <strong>Népal</strong> stable ! Tout ne serait-il pas préférable à un<br />

gouvernement dirigé par des maoïstes ! Surtout si ceux-ci ont un regard tourné vers la<br />

Chine.<br />

366


Comment <strong>les</strong> maoïstes vont-ils résoudre le problème du Madesh ? Cette riche région <strong>au</strong><br />

regard tourné vers l’Inde. Peut-on imaginer un <strong>Népal</strong> qui se scinde en deux –la Corée est<br />

ainsi depuis 60 ans- : le Madesh devenant indien, <strong>les</strong> Pahads et <strong>les</strong> piémonts himalayens<br />

devenant chinois ?<br />

367<br />

Quoi qu’il en soit <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> pouvoir <strong>au</strong>ront-ils le temps et <strong>les</strong> moyens de réaliser<br />

grâce <strong>au</strong> fédéralisme une véritable Nation ? D’écarter définitivement du pouvoir <strong>les</strong><br />

h<strong>au</strong>tes castes ? Pourront-ils réduire <strong>les</strong> inégalités socia<strong>les</strong> <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> qu’el<strong>les</strong> ont dans <strong>les</strong><br />

pays occident<strong>au</strong>x ? Prélever des terres <strong>au</strong>x grands propriétaires pour <strong>les</strong> donner <strong>au</strong>x<br />

Dalits-Indigenous-Kamalaris-membres des basses castes ? Pourront-ils réaliser un Etat<br />

laïc, <strong>les</strong> puissances des clergés des différentes églises écrasées par le savoir donné par<br />

l’Ecole, le Collège, l’Université ?<br />

L’Occident accepterait, sans un murmure, que le <strong>Népal</strong> devienne une colonie indienne.<br />

On ne verrait <strong>au</strong>cun Occidental s’in<strong>sur</strong>ger contre cette colonisation. On n’entendrait pas<br />

de cris inspirés par ceux que l’Occident a poussés pour défendre le Tibet : Free <strong>Népal</strong>,<br />

<strong>Népal</strong> libre. Il est vrais que <strong>les</strong> Indiens ne détruiraient rien, <strong>au</strong> contraire, ils<br />

renforceraient l’ancien pouvoir de castes et, si nécessaire, remettraient en place la<br />

monarchie des Shah. Les intelligences des pays occident<strong>au</strong>x n’<strong>au</strong>raient pas à financer de<br />

courageux manifestants défendant vingt millions de misérab<strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais. Vingt millions<br />

de p<strong>au</strong>vres cons <strong>sur</strong> <strong>les</strong> trois milliards de p<strong>au</strong>vres cons du Tiers monde, est-ce la peine<br />

d’en parler ?<br />

TITRE X<br />

367


ANNEXES.<br />

Lexique.<br />

Auteurs cités dans ce texte.<br />

Medias.<br />

Artic<strong>les</strong> politiques écrits par l’<strong>au</strong>teur.<br />

LEXIQUE.<br />

368<br />

368


MOTS, NOMS PROPRES<br />

D’USAGE COURANT EN POLITIQUE<br />

GENERALITES<br />

369<br />

- Le népali et le français ont une origine commune, ce sont des langues indo-aryennes<br />

mais <strong>les</strong> alphabets sont différents. Le dévanagari, celui du népali, utilise des signes qui<br />

n’ont rien de commun avec <strong>les</strong> nôtres. Il comporte 36 consonnes et 12 voyel<strong>les</strong>. Vouloir<br />

avec nos lettres reproduire <strong>les</strong> phonèmes du népali est une tâche difficile souvent<br />

impossible pour le trekkeur lambda.<br />

- Les Trekkeurs qui s’intéressent simplement à l’origine des noms peuvent lire la préface<br />

de mon livre : Toponymie et lexique en Himalaya. Les plus exigeants, ceux qui ne se<br />

satisfont pas de textes de vulgarisation, doivent chercher dans <strong>les</strong> parutions<br />

Universitaires ou dans cel<strong>les</strong> de la Recherche scientifique.<br />

- Combien d’orthographes différentes pour <strong>les</strong> noms communs et <strong>les</strong> noms propres !<br />

Gorkha ou Gorka ou Gurkha ou Gourkha. Kot ou Khot. Patan ou Pathan...<br />

- Comme dans mes <strong>au</strong>tres textes destinés à des trekkeurs j’ai adopté une liberté totale en<br />

ce qui concerne l’orthographe. J’ai le plus souvent choisi l’orthographe la plus simple.<br />

C’est pourquoi cette orthographe n’est pas toujours conforme à celle des citations.<br />

- Mieux v<strong>au</strong>t ne pas parler du pluriel des noms : mettre un s ou un x à des <strong>mots</strong> népalais<br />

constitue une ab<strong>sur</strong>dité s<strong>au</strong>f si ces <strong>mots</strong> sont passés dans le langage français courant :<br />

des sherpas, des Himalayas... Pourtant je n’ai pas respecté cette règle, deux raisons :<br />

solution de facilité et incompétence. En général le s final ne se prononce pas, ex :<br />

kamalaris et non kamalar-is.<br />

- Les <strong>Népal</strong>ais roulent <strong>les</strong> r, façon Bourguignons et Catalans.<br />

- Je n’ai jamais indiqué la prononciation des voyel<strong>les</strong> lourdes, cel<strong>les</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> porte<br />

l’accent de tonalité.<br />

369


- Au se lit a-ou. ainsi D<strong>au</strong>lagiri se lit Da-oulaguiri. (voir ci-dessous à gi).<br />

- Eu se lit é-ou. Ainsi Deuba, patronyme d’un homme du parti <strong>Népal</strong>i Congres, se lit Dé-<br />

370<br />

ou-ba.<br />

- U et w se lisent ou. Gurka se lit Gourka. Annapurna se lit Annapourna. Jannu se lit<br />

Jannou. Matuali ou matwali se lisent matouali.<br />

- Ai se lit aï (a-i), ainsi dans maïthili, la langue des Madeshis. Le patronyme Batarai<br />

(Battarai), patronyme courant se lit Bataraï (Batara-i.).<br />

- La prononciation des lettres b et v sont diffici<strong>les</strong> à distinguer.<br />

- Oi se lit oï (o-i). Le patronyme Koirala porté par de nombreux hommes politiques se<br />

lit : Koïrala (Ko-i-rala).<br />

- Gi, ge, ga... se lisent gui, gue, gua. Ainsi le prénom Girija se lit Guirija., D<strong>au</strong>lagiri se lit<br />

D<strong>au</strong>laguiri,<br />

- Prachanda, le <strong>sur</strong>nom de <strong>guerre</strong> du leader maoïste se lit Prachénda, mais on entend<br />

différentes prononciations.<br />

- Terai, la région frontière avec l’Inde se lit Téra-i, Tara-i, Teura-i.<br />

CORPS DU LEXIQUE<br />

- ANDOLAN. Révolution. Jana Andolan signifie : Peuple révolution.<br />

370


- ASSEMBLY. Assemblée nationale, le parlement. L’Assembly des années 2010 est une<br />

assemblée constituante, elle est chargée de rédiger la Constitution. Voir House.<br />

- BADI. Partisan, sympathisant, ami.<br />

- Les mao-badi sont <strong>les</strong> partisans maoïstes, <strong>les</strong> amis des maoïstes, <strong>les</strong> sympathisants<br />

371<br />

maoïstes.<br />

- Les Kao-badi (kao du verbe kanou-ounsa = :manger), <strong>au</strong> contraire, sont <strong>les</strong> f<strong>au</strong>x<br />

maoïstes, ceux qui sont maoïstes pour en retirer quelque chose. De nombreux bandits de<br />

faisaient passer pour des maoïstes.<br />

- BAHUN. Nom népalais de brahmane, la plus h<strong>au</strong>te caste. Mais dans le Teraï, comme<br />

en Inde, le mot brahmane est utilisé.<br />

- BAIDYA MOHAN. Baïdya, Ba-i-dyia... Nom de <strong>guerre</strong> : KIRAN. Leader de l’aile<br />

g<strong>au</strong>che de l’Union Communist Party <strong>Népal</strong>- Maoïste, U.C.P.N.-M, dernier nom du<br />

parti communiste maoïste. Pour des membres de cette aile g<strong>au</strong>che : « La proclamation de<br />

la République n’a été que la première étape, la révolution n’est pas terminée. »<br />

- BANDHA. Grève. Du verbe bandha-garnou qui signifie fermer. Les jours de grève tout<br />

est fermé : <strong>les</strong> magasins, <strong>les</strong> entreprises, <strong>les</strong> bure<strong>au</strong>x... De plus, <strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> à moteur<br />

n’ont pas le droit de circuler. Pris en train de rouler ils sont brûlés.<br />

- BASSES CLASSES (quelques). Kami : forgerons (et non serruriers), damai :<br />

couturiers, souvent musiciens, sarki : tanneurs, cordonniers, kumhalé : potiers, gaïné :<br />

chanteurs-musiciens (de rues), badi : danseurs, maghi, magi, madgi : pêcheurs<br />

bateliers... Et Dalits-Intouchab<strong>les</strong>, Serfs-Kamalaris...<br />

- BATARAI. BATTARAI. Se lit Batara-i. Patronyme de personnes de la caste des<br />

Bahuns. Nom courant dans la politique, le business, la h<strong>au</strong>te administration...<br />

- BATARAI BABURAM. Il est le numéro deux du mouvement maoïste, le bras droit de<br />

Prachanda. Il est architecte diplômé de l’école d’architecture de Chandi Garth en Inde et<br />

docteur en urbanisme (urban planning) de l’Université Jawaharlal Nehru. Etudiant, il<br />

créa le All Indian <strong>Népal</strong>i Student’s. Puis il fit partie du parti Masal avant de se joindre <strong>au</strong><br />

mouvement de Prachanda.Visage sévère corrigé parfois par un sourire d’une étrange<br />

douceur. Il a été Ministre des finances du premier gouvernement maoïste dirigé par<br />

371


Prachanda-Pushpa Kamal Dahal. A laissé une forte impression par sa gestion rigoureuse<br />

372<br />

<strong>au</strong>x employés de ce ministère.<br />

- BHARAT. Barat. L’Inde pour la plupart des <strong>Népal</strong>ais.<br />

- BIDESHI. Etranger. Bi <strong>au</strong>tre, desh : pays, I : une personne. Voir I.<br />

- BIKRAM. Qualificatif élogieux, <strong>les</strong> rois Shah se font nommer Bikram Shah.<br />

- BIR. Grand, puissant. Les rois Shah font précéder leur nom de Bir. Le Bir Hospital de<br />

Katmandu est le plus grand des hôpit<strong>au</strong>x de la ville.<br />

- BIRTAS. Privilège royal, terre octroyée en échange d’un service rendu.<br />

- BOURGEOIS. Ce mot a disparu du vocabulaire social français. Le nive<strong>au</strong> de vie des<br />

classes moyennes s’étant élevé, de très nombreux Français sont, bien qu’ils s’en<br />

défendent, devenus de véritab<strong>les</strong> bourgeois. Ces néo-bourgeois oublient, font semblant<br />

d’oublier, qu’il existe dans leur pays de véritab<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> et ils n’arrivent pas à<br />

concevoir que d’<strong>au</strong>tres misérab<strong>les</strong> <strong>sur</strong> terre sont obligés de prendre <strong>les</strong> armes pour se<br />

faire entendre.<br />

- CABINET. Dans la presse anglophone Conseil des ministres.<br />

- CAPITALISME BUREAUCRATQUE. FEODALISME BUREAUCRATIQUE.<br />

Expressions souvent utilisées par <strong>les</strong> maoïstes et des membres du parti communiste<br />

Union Marxist Leninist pour indiquer le rôle que jouaient <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts fonctionnaires de<br />

l’administration dans l’ancien régime monarchique.<br />

- CASTES HAUTES. Les castes supérieures dirigent toujours le <strong>Népal</strong> (comme l’Inde<br />

d’ailleurs). On distingue :<br />

- Les Bahuns, brahmanes népalais (s<strong>au</strong>f dans le Teraï où ils se nomment brahmanes)<br />

dirigent toujours la h<strong>au</strong>te administration. Ils sont de plus <strong>les</strong> prêtres de l’hindouisme.<br />

Sachant que l’hindouisme -ancienne religion d’état dans <strong>les</strong> textes et toujours dans <strong>les</strong><br />

faits- est la religion la plus pratiquée <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> (80 à 90% suivant son degré de pureté) on<br />

comprend l’importance qu’a cette caste dans la vie sociale, économique, politique,<br />

religieuse.<br />

- Les Chétri, eux, dirigent la <strong>Népal</strong> Arm –ancienne Royal <strong>Népal</strong> Arm- et la police. Ils<br />

continuent de commander ces corps même après la proclamation de la République. Ces<br />

deux castes constituent un état dans l’état. Le refus d’obéissance de l’état-major de la<br />

372


<strong>Népal</strong> Arm <strong>au</strong> ministère dirigé par Prachanda-Pushpa Kamal Dahal -caractéristique du<br />

373<br />

pouvoir civil placé <strong>au</strong>-dessous du pouvoir militaire- a entraîné la démission de ce<br />

dernier.<br />

- CASTES, DISSOLUTION. La proclamation de la dissolution de ces castes en 1963 a<br />

été une merveilleuse trouvaille des politiques. Elle a fait croire que le <strong>Népal</strong> se<br />

modernisait, se démocratisait. Demandez <strong>au</strong>jourd’hui, 47 ans plus tard, pour le vérifier, à<br />

un Bahuns ou à un Chétri (même membre d’un des partis communistes, s<strong>au</strong>f celui des<br />

maoïstes) d’inviter chez lui un Dalit, un Intouchable, un simple Tribal. Quand je venais<br />

<strong>au</strong> <strong>Népal</strong> gravir des sommets, le Ministère du Tourisme me déléguait un officier de<br />

liaison. Je demandais d’avoir toujours le même : K. C’est à c<strong>au</strong>se de cela qu’est né entre<br />

lui et moi une sincère et forte amitié. Elle dure toujours 25 ans après que nous avons fait<br />

connaissance. Cet officier, pur Bahuns <strong>au</strong>x qualités humaines indéniab<strong>les</strong>, <strong>au</strong>x idées<br />

avancées m’invitait tous <strong>les</strong> ans chez lui. Cela s’est poursuivi lorsque j’ai arrêté <strong>les</strong><br />

expéditions et effectué des trekkings. Mais quand j’ai commencé à aider Dawa Yangzi<br />

<strong>Sherpa</strong>, celle qui est devenue ma femme, quand je l’ai conduite chez lui pour assister <strong>au</strong>x<br />

repas, <strong>les</strong> problèmes ont commencé. A c<strong>au</strong>se de sa femme plus que de la sienne. Une<br />

tribale chez des Bahuns ! Une Bouddhiste, illettrée, qui se mouchait à l’aide de ses<br />

doigts ! Imaginez le scandale ! Combien de fois madame K. a-t-elle dû nettoyer ses<br />

cassero<strong>les</strong> et ses assiettes pour enlever l’impureté, la souillure, apportées par la tribale<br />

Dawa Yangzi !<br />

- CASTES, GENERALITES..<br />

- Il existe une alliance indéfectible entre Bahuns et Chétri lorsqu’il est question de<br />

défendre leurs privilèges. Ceci dans la société féodale passée et dans la société actuelle.<br />

Mais il existe <strong>au</strong>ssi entre eux une haine affleurante lorsque <strong>les</strong> Bahuns tentent d’imposer<br />

leurs lois <strong>au</strong>x Chétri.<br />

- Qui indique la puissance des castes : le code civil népalais qui date de 1854 a été signé<br />

par près de 80 % de Bahuns Chétri, <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres voix appartenant à quelques Newars,<br />

Magars et Gurungs. Ce même pourcentage s’est retrouvé dans <strong>les</strong> votes des lois. Rien<br />

n’avait changé avant la révolution de 2006.<br />

- Noms de Bahuns : Bataraï, Bandari, Ghimire, Koirala, Pande, Pandé, Pokarel...,<br />

373


- Noms de Chétri : Katri, Thapa, Shah (le roi est un Chétri)... . Lorsqu’une personne fait<br />

suivre son nom des lettres K.C. cela signifie qu’elle est Ksatrya-Chétri.<br />

- CHAND. Lokendra Bahadur Chand. Un des leaders du parti royaliste. Choisi par le<br />

roi Gyanendra pour diriger le gouvernement pendant la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Son concurrent<br />

374<br />

royaliste se nomme Thapa.<br />

- CHAPARI. Courtisans de la cour. Qualificatif utilisé pour désigner un opportuniste,<br />

un individu lèche-cul, un fayot.<br />

- CHINE-U.S.A. RELATIONS. Il f<strong>au</strong>t toujours garder en tête que la Chine et <strong>les</strong><br />

U.S.A. sont des pays voisins comme le sont <strong>les</strong> pays d’Europe et <strong>les</strong> U.S.A. Les océans<br />

Atlantique et Pacifique ne sont rien de nos jours. Ceci explique que ces deux pays sont<br />

depuis la création des U.S.A. en concurrence et que <strong>les</strong> U.S.A. font tout pour éviter la<br />

montée en puissance de la Chine.<br />

- C.I.A.A. Commission for Invesigation of Abuse of Authority. Cette commission a été<br />

créée par le roi Gyanendra pour combattre la corruption.<br />

- COMMUNIST. Ce mot s’applique à la vingtaine de partis communistes népalais<br />

regroupés sous le sigle U.M.L. et U.C.P.N.-Maoiste.<br />

- COMPREHENSIVE PEACE AGREEMENT. C.P.A. Accord conclu entre <strong>les</strong> sept<br />

princip<strong>au</strong>x partis népalais et <strong>les</strong> maoïstes pour mettre fin à la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>. Cet accord a<br />

été le premier pas vers : la fin de la <strong>guerre</strong>, la fin de la monarchie, la proclamation de la<br />

République.<br />

- DALITS. Intouchab<strong>les</strong>, ouvriers agrico<strong>les</strong>, coolies, paysans sans terre souvent liés à<br />

leur employeur par des rapports de servage (voir Kamalaya).<br />

- DESH. Pays. Ainsi dans Benglha-desh (lha étant <strong>les</strong> dieux). Ainsi dans Uttar Pra-desh<br />

Uttar signifiant nord. L’Uttar Pradesh est la région qui est <strong>au</strong> nord de l’Inde.<br />

- DEUBA. Sher Bahadur Deuba. Homme politique des années 1990-2010. Ancien<br />

panchayat qui a intégré le <strong>Népal</strong>i Congres. Ce parti l’a chassé lorsqu’il a, à la demande<br />

du roi Gyanandra, dissous l’Assemblée nationale du moment. A alors créé le Democratic<br />

<strong>Népal</strong>i Congres. Il a réintégré à nouve<strong>au</strong> le parti <strong>Népal</strong>i Congres après <strong>les</strong> résultats<br />

catastrophiques que ce parti a obtenu <strong>au</strong>x élections qui ont suivi la fin de la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>.<br />

Il était le Premier ministre du roi Gyanendra <strong>au</strong> moment de l’opération Roméo, de<br />

374


sinistre mémoire, qui avait pour but de combattre <strong>les</strong> maoïstes <strong>sur</strong> leurs terres. Est<br />

375<br />

actuellement un des princip<strong>au</strong>x leaders du parti <strong>Népal</strong>i Congres.<br />

- DEUKI PRATHA. Pratha : coutume. On abandonne une fille devant un temple ou on<br />

donne sa fille à une famille riche qui l’utilise comme fille à tout faire.... Classique<br />

encore. Comment se nomme la pratique de parents qui vendent leur fille –drame de la<br />

misère et non opération lucrative- à des proxénètes sachant qu’elle est destinée à aller<br />

dans un bordel indien ?<br />

- DEV, DEVA. Dieu, déesse. Les rois Shah qui disent être une réincarnation de Vishnu<br />

sont donc des dieux vivants. Ils se font appeler Bir Bikram Shah Dev.<br />

- DOUZE POINTS AGREEMENTS. <strong>Sig</strong>né le 22 novembre 2005 entre <strong>les</strong> sept partis<br />

politiques népalais et <strong>les</strong> maoïstes. Marche vers le Comprehensive Peace Agreement<br />

qui mettra fin à la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>.<br />

- DJI. Qualificatif de distinction, placé à l’avant du patronyme.<br />

- ELECTIONS. Tsounab. Difficile tâche l’organisation d’élections dans un pays où le<br />

t<strong>au</strong>x d’illettrisme est très important où des habitants d’un village, d’une région ont pour<br />

patronyme le nom, de leur ethnie : Tamang, Raï, Bothe, <strong>Sherpa</strong>...<br />

- ETHNIES NOMADES. Il existe encore des ethnies dont <strong>les</strong> membres vivent en<br />

nomade dans <strong>les</strong> forêts Ainsi <strong>les</strong> R<strong>au</strong>te -lire raouté-, <strong>les</strong> Kusunda. Tous sont des<br />

misérab<strong>les</strong> parmi <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong>. Question : Comment seront-ils représentés dans le<br />

fédéralisme si celui-ci est adopté ?<br />

- ETUDIANTS. Les étudiants sont très politisés. Dans <strong>les</strong> syndicats d’étudiants on<br />

distingue le syndicat A.N.I.S.U. qui regroupe des étudiants de tendance maoïste et le<br />

syndicat A.N.N.F.S.U. de tendance modérée : parti Union Marxist Leninist, U.M.L.<br />

- EXODE DE NEPALAIS. La misère favorise l’exode. On dit que 10 millions de<br />

<strong>Népal</strong>ais vivent en Inde ! Les fil<strong>les</strong> misérab<strong>les</strong>, parfois vendues par leur père, qui<br />

finissent dans des bordels indiens ne se comptent pas. Au Sikkim vivent de nombreux<br />

Bothes. Des <strong>Népal</strong>ais vont dans des pays anglophones : U.S.A. pays de l’U.K. ou <strong>au</strong><br />

Japon, en Corée du sud. Des ouvriers ou des manœuvres se rendent dans <strong>les</strong> Emirats.<br />

Des élites quittent le <strong>Népal</strong> !<br />

375


- FEDERALISME. Ganatantra. C’est Jimmy Carter, l’ancien Président de l’U.S. qui,<br />

semble-t-il, a introduit l’idée de fédéralisme <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Cette idée est contraire à la<br />

conception jacobine qui <strong>au</strong>rait permis de créer rapidement La Nation népalaise qui n’a<br />

jamais existé. Pourtant <strong>les</strong> maoïstes ont adopté cette idée. Ils ont créé des zones triba<strong>les</strong>.<br />

Par exemple la cuvette de Katmandu est attribuée <strong>au</strong>x Newars, <strong>au</strong>tour de Katmandu est<br />

une zone attribuée <strong>au</strong>x Tamangs... Moyen de réduire la puissance des h<strong>au</strong>tes castes ?<br />

Mais comment seront représentés <strong>les</strong> Magi peuple pêcheur-batelier ? Les membres des<br />

376<br />

basses castes ? Les nomades ?<br />

- FEODALISM. FEUDAL. Mots très utilisé par <strong>les</strong> maoïstes et <strong>les</strong> membres du parti<br />

communiste Union Marxist Leninist, U.M.L. Ce mot s’applique <strong>au</strong> régime monarchique<br />

s’appuyant <strong>sur</strong> <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes bénéficiant de privilèges.<br />

- GANATANTRA. Fédéralisme.<br />

- GORKHA. GORKA, GURKA, GOURKA… Bourgade importante située entre<br />

Katmandu et Pokhara <strong>au</strong> pied du pic Manaslu et du Buddha Himal. Dans une région où<br />

<strong>les</strong> Gurungs sont nombreux. Ancienne ville des rois Gorkha (Shah). Le châte<strong>au</strong> royal<br />

existe toujours. C’est de Gorkha que le roi Prithvi Shah s’est lancé à la conquête de la<br />

cuvette de Katmandu et des <strong>au</strong>tres régions du <strong>Népal</strong>.<br />

- GORKHA. GURKHAS. Dynastie des Gorkhas. Celle des rois Shah.<br />

- GURKHAS. Mercenaires, très souvent choisis dans l’ethnie des Gurungs. Ils étaient<br />

certainement nombreux ces Gurungs dans <strong>les</strong> troupes du roi Prithvi qui a unifié le <strong>Népal</strong>.<br />

Ces Gurkhas sont célèbres pour leur bravoure.<br />

- GURUNGS. Membres d’une ethnie très connue qui est située <strong>au</strong>tour de la ville de<br />

Gurkha. Après <strong>les</strong> événements de 1986 ils décident de reprendre leur nom d’origine qui<br />

est Tamu.<br />

- GUTHI. Lire Gouti... Privilège. Un roi donne des terres à un de ses fidè<strong>les</strong>, personne<br />

de caste, qui s’y installe et <strong>les</strong> exploite. Ces personnes ont évidemment pratiqué le<br />

servage. Voir kamalaya.<br />

- HALYIA. Halïas, voir Kamalaya.<br />

- HAUTE ADMINISTRATION. (Puissance de). Exemple : il a fallu à l’<strong>au</strong>teur, qui n’a<br />

pas voulu passer par <strong>les</strong> services administratifs (pour éviter la corruption), 6 ans pour<br />

376


électrifier le village de Pangbotché –<strong>au</strong> pied de Sagarmatha-, plus de 20 ans pour réaliser<br />

une petite école de montagne comprenant trois sal<strong>les</strong> de classes et un mur d’escalade à<br />

377<br />

Kakani, village <strong>sur</strong> la route de Trisuli-Dunche.<br />

- HINDOUISME. Religion d’état dans <strong>les</strong> faits de nos jours encore, malgré <strong>les</strong> dires. Et<br />

ce n’est pas demain que le <strong>Népal</strong> deviendra un état laïc. Y a-t-il des intégristes<br />

hindouistes ? Oui. On lit que ce sont des militaires indiens hindouistes intégristes qui<br />

ont placé une bombe dans l’église catholique de Patan. Pourquoi n’y <strong>au</strong>rait-il pas des<br />

hindouistes intégristes dans l’armée népalaise, la police...<br />

- HOLI. Fête hindouiste (<strong>au</strong>ssi nommée Falgun Purnima) <strong>au</strong> cours de laquelle on<br />

barbouille <strong>les</strong> visages des personnes de poudre rouge. Cette coutume n’a rien à voir<br />

avec une fête communiste.<br />

- HOUSE. Assemblée nationale, Assemblée constituante, Parlement...<br />

- I. Deux sens :<br />

- en terres sherpas, I est le dieu du Khumbu, région située sous le pic Sagarmatha-<br />

Everest.<br />

- I, placé à la fin d’un nom signifie : gens de ... Ainsi <strong>les</strong> Madeshi sont <strong>les</strong> habitants du<br />

Teraï oriental. Le mot Bideshi désigne un étranger, le mot Pahadi désigne <strong>les</strong> habitants<br />

des collines, le Pahad...<br />

- INDIGENOUS. Nom donné <strong>au</strong>x Trib<strong>au</strong>x, membres d’ethnies, dans la littérature<br />

anglophone. Les Bothes, <strong>les</strong> Gurungs, <strong>les</strong> Tamangs... sont des Trib<strong>au</strong>x-Indigenous.<br />

- JAGIR. Privilège. Le roi confie des terres à des soldats méritants.<br />

- JANA. JANAJATI. Peuple, population. De Jana : le peuple, Jati : <strong>les</strong> castes, <strong>les</strong><br />

ethnies.<br />

- JANA ANDOLAN. Jana : peuple, Andolan : mouvement de protestation ou<br />

révolution. Jana Andolan = peuple révolution.<br />

- JANA KALAKAR. Peuple artistes. Nombreux artistes dans le milieu maoïste. Très<br />

présents lors des sit-in de novembre 2009. Ils offrent des spectac<strong>les</strong> de grande qualité.<br />

- JANA YDDHA. Peuple <strong>guerre</strong>. Elle a été menée par la People Liberation Arm, la<br />

P.L.A. Elle a duré dix ans et <strong>au</strong>rait fait entre 14.000 et 16.000 morts.<br />

377


- JHAPELI. JAPELI. Le mouvement Jhapéli est un des premiers mouvements de lutte<br />

contre la monarchie absolue et le pouvoir des gens des h<strong>au</strong>tes castes. De Jhapa ville du<br />

378<br />

Teraï oriental.<br />

- JUNGLE MANCHE. Parfois nommés BAN MANCHE. Homme des bois : nom que<br />

se donnaient <strong>les</strong> maoïstes pendant la <strong>guerre</strong>. Ils se cachaient en effet dans <strong>les</strong> forêts. En<br />

anglais Wood men. Autre nom que se donnaient <strong>les</strong> maoïstes : Khali Khouta : pieds<br />

nus.<br />

- KAMALAYA Pratha. HALYIA PRATHA. KAMLARI ou KAMALARI...<br />

Kamalaya pratha : pratique des kamalaya. Un ouvrier agricole emprunte à son patron<br />

une somme pour acheter une chose indispensable à sa famille. Son patron lui prête en<br />

utilisant volontairement un t<strong>au</strong>x d’u<strong>sur</strong>e excessivement élevé. L’opération se répète. Au<br />

fil des ans cet ouvrier agricole et ses descendants sont devenus de véritab<strong>les</strong> esclaves de<br />

leur employeur. Ils deviennent des Kamalaris. Théoriquement émancipés en 2000 mais<br />

on connaît le sens du mot réforme <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> : <strong>les</strong> castes ont été abolies en 1963 ! En juin<br />

2010 il y a toujours des Kamalaris <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

- KATHMANDOUITES. Nom donné <strong>au</strong>x habitants de la cuvette de Katmandu par<br />

quelques quotidiens anglophones<br />

- KHALI KHUTA. Pieds nus, noms qu’on donne parfois <strong>au</strong>x maoïstes.<br />

- KHANAL JHALA NATH. Numéro deux du parti communiste Union Marxiste<br />

Leniniste. Il est le leader de la branche g<strong>au</strong>che de ce parti U.M.L. Il serait prêt, car il se<br />

rend compte qu’il est impossible de gouverner sans eux, à s’intégrer dans un<br />

gouvernement dirigé par <strong>les</strong> maoïstes réalisant ainsi le vœu de Prachanda de créer un<br />

Front de la g<strong>au</strong>che népalaise. Il s’oppose discrètement mais parfois fermement <strong>au</strong><br />

Premier ministre Madhav Kumar <strong>Népal</strong>, Premier ministre du gouvernement de coalition<br />

anti-maoïste. Sans résultats <strong>au</strong> 28 juin 2010. Mais il est possible que...<br />

- KHAS. Peuplades qui ont envahi, <strong>au</strong> VIII ème siècle, le nord de l’Inde, l’Ouest<br />

népalais, et dont quelques membres ont formé des roy<strong>au</strong>mes dans ces régions.<br />

- KISAN SANIRI. Mouvement in<strong>sur</strong>rectionnel de paysans. Kisan signifie paysan. Ce<br />

mouvement est <strong>au</strong>ssi nommé Peasant’s Gury en anglais.<br />

- KOIRALA GIRIJA PRASAD. Voir encadré.<br />

378


- KOIRALA SUJATA. Fille de Girija. A plusieurs fois été ministre et à chaque fois le<br />

mot népotisme a été prononcé. A été, malgré <strong>les</strong> nombreux murmures et quelques fortes<br />

oppositions <strong>au</strong> sein du parti <strong>Népal</strong>i Congres, nommée Ministre des Affaires étrangères<br />

du gouvernement de Madhav Kumar <strong>Népal</strong> (U.M.L.) qui a succédé à celui des maoïstes.<br />

Puis elle a été nommée Deputy de ce Premier ministre. Certains ont vu dans ces<br />

379<br />

nominations la puissance du parti <strong>Népal</strong>i Congres et la main de l’Inde.<br />

- KSATRYIA. KSATRIA... Autre nom pour <strong>les</strong> Chétri dont certains signent K.C.<br />

Ksatria-Chetri.<br />

- KUO-MIN-TANG. Gouvernement qui soutenait Tchang Kaï-Che le général qui<br />

combattait Mao Zedong. Les Soviétiques dans <strong>les</strong> débuts de cette <strong>guerre</strong> étaient proches<br />

de ce Kuo-Min-Tang ! Les U.S.A. l’ont été jusqu’<strong>au</strong> bout ! La <strong>guerre</strong> perdue, <strong>les</strong> U.S.A.<br />

ont installé l’armée de Tchang Kaï-Che dans l’île de Formose qui est devenue Thaïwan.<br />

- LANDGREN. Madame Karin Landgren. A succédé à Ian Martin à la tête de l’O.N.U.-<br />

U.N.M.I.N. Ce qu’elle pourrait dire <strong>sur</strong> <strong>les</strong> agissements des uns et des <strong>au</strong>tres et en<br />

particulier <strong>sur</strong> ceux qui ont la faveur des pays occident<strong>au</strong>x et <strong>sur</strong> la plus grande<br />

Démocratie du monde, l’Inde, étonnerait certainement bien des spécialistes de la<br />

politique asiatique.<br />

- LOKTANTRA. Démocratie. Composé de look : public et tantra : la loi. Voir<br />

Prajatantra...<br />

- LONGUE MARCHE. Celle qu’ont effectué <strong>les</strong> troupes de Mao Zedong fuyant<br />

l’armée de Tchang Kaï-Che. Les U.S.A. conseillaient, armaient, finançaient l’armée de<br />

Tchang Kaï-Che, comme ils ont conseillé, armé, financé <strong>les</strong> forces de l’ordre du roi<br />

Gyanendra. Evidemment un parallèle a été tracé avec <strong>les</strong> troupes de la People Liberation<br />

Arm népalaise luttant contre <strong>les</strong> forces de l’ordre du roi Gyanendra. Les soldats de cette<br />

People Liberation Arm ont <strong>au</strong>ssi été de grands marcheurs. Et <strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> leaders Prachanda<br />

et Battarai qui ont sillonné le pays pendant <strong>les</strong> dix ans qu’a duré la <strong>guerre</strong>. - MADESH,<br />

MADESHI. Voir Téraï.<br />

- MADESHI PEOPLE’S RIGHT FORUM. Parti qui regroupe des Madeshi. Les<br />

Madeshi qui habitent la région la plus riche, la plus industrialisée du <strong>Népal</strong> ont le regard<br />

tourné vers l’Inde. Nombreux sont ceux qui se sentent plus indiens que népalais. <strong>Sig</strong>ne<br />

379


caractéristique, le premier Vice-président de la République népalaise, qui est un<br />

Madeshi, a prononcé son discours d’investiture en Maïthili langue Madesh proche de l’<br />

hindi ce qui a été très critiqué par <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais et condamné par la H<strong>au</strong>te cour de justice<br />

380<br />

de Katmandu.<br />

- MAHABARAT. Collines <strong>au</strong> nord des Siwalik. Est à lire (ou du moins à parcourir) :<br />

Mahabarata, le grand livre de l’hindouisme, dans lequel sont racontées <strong>les</strong> luttes entre<br />

Brahamanes et Chétri. Lecture ou du moins parcours très instructif si l’on veut<br />

comprendre <strong>les</strong> complexes relations entre <strong>les</strong> deux castes dominantes du <strong>Népal</strong>.<br />

- MAHARAJA. Maha Grand. Raja roi. Les Maharadja sont <strong>les</strong> grands rois, <strong>les</strong> rois des<br />

rois.<br />

- MAHATMA. Maha : grand. Atma : âme. Grande âme en sanscrit. Surnom de Gandhi.<br />

A signaler que Rachad le numéro Un des maoïstes est un grand admirateur de Gandhi.<br />

- MALLA. Rois de la cuvette de Katmandu à qui on doit <strong>les</strong> monuments de cette ville.<br />

Artistes, lettrés mais divisés, ils se sont fait battre par <strong>les</strong> troupes de Prêchi Narayanan<br />

Shah mieux équipées. Le nom de Malla est rattaché à celui de Newar.<br />

- MAOISTES. Nom choisi par <strong>les</strong> révolutionnaires népalais par analogie à la <strong>guerre</strong> que<br />

Mao Zadons a livrée contre l’armée de Tchang Kai-check soutenue par <strong>les</strong> U.S.A. La<br />

lutte des maoïstes népalais a été également une Longue marche. Les combattants<br />

maoïstes se nommaient : Ban manche (Wood men en anglais, Hommes des forêts en<br />

français). L’appellation Jungle manche (jungle : la forêt) remplace parfois celui de Ban<br />

manche. Au <strong>Népal</strong>, <strong>au</strong>jourd’hui, <strong>les</strong> maoïstes se nomment Mao-badin. Voir ce mot. Les<br />

maoïstes népalais se sont inspirés de la tactique utilisée par Mao Zadons fuite devant <strong>les</strong><br />

troupes de Tchang Kai-Tcheka quand il est plus fort, attaque quand l’ennemi est plus<br />

faible. Le parti maoïste est <strong>au</strong>jourd’hui, 2010, le parti qui compte le plus grand nombre<br />

de voix.<br />

- MASAL. Un des premiers partis communistes népalais.<br />

- MASHAL. Mouvement révolutionnaire ou parti communiste d’inspiration maoïste.<br />

- MATWALI. MATOUALI... Buveur d’alcool. C’est ainsi que <strong>les</strong> gens de caste<br />

nomment <strong>les</strong> trib<strong>au</strong>x comme <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s qui consomment du Tchang et du Rashi. Un<br />

jeune bahut à l’<strong>au</strong>teur :<br />

380


- Tu aides <strong>les</strong> <strong>Sherpa</strong>s mais ce sont des illettrés, des mat wali !<br />

Nota : on ne compte plus <strong>au</strong>jourd’hui <strong>les</strong> gens des h<strong>au</strong>tes castes qui se sont mis à boire<br />

381<br />

de l’alcool.<br />

- MEDIAS ANGLOPHONES AU NEPAL. Médias du business, de la société libérale,<br />

ils sont tous anti-maoïstes. Sans pudeur, avec une constante partialité, ils s’acharnent à<br />

imputer <strong>au</strong>x maoïstes tous <strong>les</strong> méfaits y compris ceux qu’ils inventent : confiscations de<br />

terres, Young Communiste Elague militarisée, assassinats, enlèvements.... Rares <strong>les</strong><br />

journ<strong>au</strong>x qui donnent des détails <strong>sur</strong> <strong>les</strong> cas de corruption ou <strong>les</strong> excès de la police ou <strong>les</strong><br />

crimes contre l’humanité commis par des militaires de la Royal <strong>Népal</strong> Arm.<br />

- MORTS PENDANT LA GUERRE CIVILE NEPALAISE. Voir table<strong>au</strong> dans texte.<br />

On attribue à cette <strong>guerre</strong> 14.000 à 16.000 morts. Influencés par la propagande des partis<br />

de droite, centristes, et la presse anglophone, <strong>les</strong> Occident<strong>au</strong>x croient que <strong>les</strong> maoïstes<br />

ont tué 14 à 16.000 personnes. Cela est f<strong>au</strong>x. Ce sont <strong>les</strong> maoïstes qui ont eu le plus<br />

grand nombre de morts. Ils revendiquent 14.000 morts. Les occident<strong>au</strong>x ne tiennent<br />

d’ailleurs jamais compte des exactions de l’armée et de la police : assassinats, tortures,<br />

disparitions, viols.... Voir Opérations Romeo, Kilo Sierra... Rappelons que la Guerre<br />

d’Espagne, années 1930, 1939 –à cette époque l’Espagne était peuplée comme le <strong>Népal</strong><br />

<strong>au</strong>jourd’hui d’environ 28 millions d’habitants- a c<strong>au</strong>sé la mort de 500.000 à 800.000<br />

morts et la disparition de 30.000 à 50.000 personnes. Lire <strong>au</strong>ssi dans le corps du texte<br />

l’encadré <strong>sur</strong> le nombre de morts c<strong>au</strong>sés par la misère pendant <strong>les</strong> dix ans qu’a duré cette<br />

<strong>guerre</strong>.<br />

- NARAYAN-HITHI. Dans le centre de Katmandu, palais royal des rois Shah : Bi<br />

rendra, puis Gynandre après l’assassinat de Bi rendra. Vaste espace clos de murs qui<br />

contient <strong>les</strong> appartements roy<strong>au</strong>x, des bure<strong>au</strong>x, des casernes. Il est <strong>au</strong>jourd’hui<br />

transformé en musée national, une aile contient le Ministère des Affaires étrangères et la<br />

mère des deux rois Gynandre et Bi rendra habite toujours une des habitations intérieures.<br />

- NATIONAL HUMAN RIGHT COMMISSION. N.H.R.C. Groupe très actif <strong>au</strong><br />

<strong>Népal</strong>.<br />

381


- NAXALITES. Mouvement de révolte indien. Créé initialement par des paysans<br />

misérab<strong>les</strong> <strong>au</strong>quel se sont rapidement ralliés des étudiants. De N’axa ville du Bihâr.<br />

Croquis 9. Encore très actif de nos jours. Le leader est Kan Santal.<br />

- NEPAL FEDERATION OF INDIGENOUS NATIONALITES. N.E.F.I.N.<br />

Groupement de Trib<strong>au</strong>x dont le but est de lutter contre le pouvoir des gens de caste. Ses<br />

membres étaient évidemment partisans de la limitation du pouvoir du roi et de la h<strong>au</strong>te<br />

administration. Ce groupement a une grande valeur symbolique, le Tribal, le Dali étant<br />

considéré <strong>au</strong> même titre que le serf (Kamala ri), le manuel (artisan, ouvrier...),<br />

382<br />

l’hérétique (le bouddhiste ou le chamaniste)... Auras procurements d’Indigenous :<br />

- W.I.N. Federation of Women Indigenous.<br />

- N. I. N. Nepa<strong>les</strong>e Indigenous Nationalite.<br />

-...<br />

La L.A.H.R.N.I.P. Lawyers Association for Human Rights of Nepa<strong>les</strong>e Indigenous<br />

People défend ces Indigenous..<br />

- NEPAL. Madhav Kumar. Voir encadré.<br />

- NEPAL ARMY. Nouve<strong>au</strong> nom de la Royal <strong>Népal</strong> Arm. L’état major a peu changé. Il<br />

est majoritairement composé des mêmes officiers supérieurs et génér<strong>au</strong>x de la classe<br />

Chétri. Même si le nom de Gurung apparaît (2010) quelquefois dans la liste de la h<strong>au</strong>te<br />

hiérarchie militaire. Cette armée était dévouée corps et âme à la roy<strong>au</strong>té, <strong>les</strong> rois Shah<br />

sont de la classe Chétri. Après la proclamation de la République l’état major Chétri a<br />

évidemment choisi de défendre le parti <strong>Népal</strong>i Congres qui représente l’ancien régime et<br />

le pouvoir des gens de caste.<br />

Le roi Birendra ne voulait pas engager l’armée contre <strong>les</strong> maoïstes <strong>au</strong> prétexte qu’elle<br />

était là pour défendre la patrie. Cela a c<strong>au</strong>sé sa mort et celle de presque tous <strong>les</strong> membres<br />

de sa famille. L’Inde, <strong>les</strong> U.S.A., l’Angleterre, inspirateurs de l’attentat, ont cru que<br />

l’armée équipée par leurs soins allait en quelques semaines défaire le mouvement<br />

maoïste ! Souvenir des G.I en Indochine, <strong>au</strong> Pakistan ! Au <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong> maoïstes ont été<br />

victorieux !<br />

- NEPAL HINDU JANATA PARTY. Parti regroupant des intégristes hindous.<br />

382


- NEPALI CONGRES. NEPAL CONGRES. Congres devrait s’écrire avec deux s,<br />

Congress mais dans ce texte Congres a été écrit avec un seul s. Parti créé dans <strong>les</strong> années<br />

1950 pour s’opposer <strong>au</strong>x Rana. Ce parti s’est ensuite transformé en parti de notab<strong>les</strong><br />

désirant activement participer à la vie politique népalaise. Il est <strong>au</strong>jourd’hui le grand<br />

parti conservateur, pilier de l’hindouisme, défenseur des privilèges des gens de h<strong>au</strong>tes<br />

383<br />

castes. Encore <strong>au</strong>jourd’hui, la h<strong>au</strong>te administration est essentiellement composée de<br />

Bahuns, <strong>les</strong> h<strong>au</strong>ts grades de l’armée et de la police par des Chétri (ou des Rana). A<br />

signaler : nombreux sont <strong>les</strong> Chétri qui ont rejoint le parti communiste Union Marxist<br />

Leninist, <strong>les</strong> rancunes ancestra<strong>les</strong> ne sont pas oubliées.<br />

- NEWARS. Très anciens habitants, on entend souvent dire : <strong>les</strong> plus anciens de la<br />

cuvette de Katmandu. Leurs rois ont été éliminés par <strong>les</strong> rois Shah. Les Newars s<strong>au</strong>f<br />

quelques cas sont farouchement contre <strong>les</strong> castes hindouistes. Ce qui ne <strong>les</strong> empêche pas<br />

d’avoir leur système de caste très élaboré. Shrestha, Dongol ....<br />

- OPERATIONS DE FORCES DE L’ORDRE CONTRE LES MAOISTES.<br />

Accomplies alors que Sher Bahadur Deuba, Girija Prasad Koirala, Chand et Thapa<br />

dirigeaient le Cabinet du roi Gyanendra. Citons <strong>les</strong> opérations Roméo, Kilo Sierra Un et<br />

Deux, Special Shock Campaign Activités, Terrorist and Destruction, Activities Control<br />

and Punishment, Research and Kill. Au cours de ces opérations <strong>les</strong> pires exactions <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> paysans ont été commises par la police et l’armée : disparitions, tortures, assassinats,<br />

viols... Les coupab<strong>les</strong> restent impunis à ce jour.<br />

- OUAÏCIEL. Prononciation par des <strong>Népal</strong>ais des lettres Y.C.L. Young Communist<br />

League. Ces Y.C.L. rassemblent des jeunes communistes qui peuvent être considérés<br />

comme l’aile g<strong>au</strong>che extrémiste des maoïstes.<br />

- OUTCAST. Les Parias, <strong>les</strong> Intouchab<strong>les</strong>. Ce mot anglais est parfois utilisé pour<br />

désigner <strong>les</strong> Dalits.<br />

- PANCHAYAT. Ce mot contient le mot panch = cinq. Cinq politiciens sont élus à<br />

chaque strate de découpage politique vertical du pays. Ils forment ensuite une pyramide<br />

conduisant <strong>au</strong> sommet du pouvoir : le roi. En réalité ce système n’a jamais rien eu de<br />

démocratique, <strong>les</strong> Panchayat, <strong>les</strong> Pancha étaient des hommes du roi. Aujourd’hui on<br />

assimile ce mot à royaliste.<br />

383


- PARISHAD. Par le peuple.<br />

- PARTI COMMUNISTE MAOISTE. Son dernier nom est Unified Communist<br />

384<br />

Party- Maoist. U.C.P.-M-<br />

- PARTI COMMUNISTE UNION MARXIST LENINIST. Parti composé de gens de<br />

g<strong>au</strong>che et de conservateurs. Ils sont, malgré leurs discours, liés à l’Inde. Madhav Kumar<br />

<strong>Népal</strong> leader de ce parti qui a succédé à Prachanda comme Premier ministre s’est<br />

honteusement allié avec le parti <strong>Népal</strong>i Congres, il a pratiqué une politique de droite.<br />

Jana Nath Khanal <strong>au</strong>tre leader, n’est pas opposé à une alliance avec <strong>les</strong> maoïstes.<br />

- PATRIARCAL. La société népalaise est une société patriarcale. La filiation est<br />

donnée par le père. Les Droits de la Femme y sont réduits ou inexistants. Les maoïstes<br />

luttent pour <strong>les</strong> droits de la femme.<br />

- PATRONYMES (GENS DE CASTE). Ceux qu’on retrouve souvent en politique,<br />

dans la h<strong>au</strong>te administration, <strong>les</strong> états majors de l’armée et de la police, certains depuis le<br />

règne du roi Tribhuwan : Bandari-, Basnet, Thapa, Katri, Koirala, Battarai... et ceux des<br />

Rana : Kunwar, Shamsher...<br />

- PEOPLE’S DEMOCRATIC FRONT. Un des premiers partis révolutionnaires.<br />

- PEOPLE LIBERATION ARMY. P.L.A. Créée par Prachanda-Pushpa Kamal Dahal<br />

après que le gouvernement de Sher Bahadur Deuba a refusé de répondre à une demande<br />

envoyée par <strong>les</strong> maoïstes. Dans <strong>les</strong> premiers combats, <strong>les</strong> maoïstes se lançaient à l’ass<strong>au</strong>t<br />

des postes de police armés de koukouris et de bâtons. Puis ils ont pris des armes <strong>au</strong>x<br />

forces de l’ordre. A la fin des combats ils possédaient des armes <strong>au</strong>tomatiques et des<br />

mortiers. Ils n’ont jamais eu des armes chinoises, ce sont <strong>au</strong> contraire <strong>les</strong> forces de<br />

l’ordre du roi Gyanendra qui en ont bénéficié.<br />

- PEUPLE FRANCAIS. Ce mot qui était <strong>au</strong>ssi nommé Classes laborieuses ou Classes<br />

dangereuses ne peut plus être appliqué qu’à une minuscule partie de la société française.<br />

Ce qui explique d’ailleurs que <strong>les</strong> partis d’extrême g<strong>au</strong>che n’obtiennent plus de<br />

nombreuses voix <strong>au</strong>x élections. Et si cette classe est toujours laborieuse elle n’est plus<br />

dangereuse. S<strong>au</strong>f à considérer <strong>les</strong> immigrés comme de véritab<strong>les</strong> Français, parce qu’eux<br />

constituent une classe dangereuse.<br />

- PRACHANDA. Voir encadré.<br />

384


- PRACHANDA PATH. Le chemin que Prachanda a tracé. Il a conduit <strong>les</strong> maoïstes à la<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, il a décidé des tactiques à employer, et victoire insoupçonnée, à la<br />

385<br />

proclamation de la République.<br />

- PRAJATANTRA. Démocratie. Ce mot contient le mot Praja : peuple et tantra : loi.<br />

Prajatantra est donc la loi du peuple, la démocratie.<br />

- PRATHNA. PRATHA. Coutume. On dit ainsi la Pratha-Kamalaya (voir ce mot).<br />

- PRESIDENT DE LA PREMIERE REPUBLIQUE NEPALAISE. Monsieur Ram<br />

Baram Yadav le premier président de la République népalaise est membre du <strong>Népal</strong>i<br />

Congres. Il a été élu, ce qui est incroyable, grâce à l’apport des voix du parti communiste<br />

Union Marxist Leninist. Des Jacobins votant pour des Girondins et des nob<strong>les</strong> émigrés !<br />

- PRIVILEGES. Classiques sous tous <strong>les</strong> régimes de monarchie absolue. Voir <strong>les</strong> <strong>mots</strong><br />

guti, birta...<br />

- PUSHPA KAMAL Prénoms de Prachanda-Dahal le leader des maoïstes. Ils signifient<br />

Fleur de lotus. Dahal est le patronyme de Prachanda<br />

- RAKHJADAL. Un des premiers mouvements de révolte populaire (1955).<br />

- RAJTANTRA. La roy<strong>au</strong>té. On trouve dans ce mot <strong>les</strong> racines, raj : roi et tantra : la<br />

loi. Rajtantra est la loi du roi, la monarchie absolue.<br />

- RAJYA. Privilège. Terre offerte par le roi.<br />

- RANA. Titre honorifique choisi par <strong>les</strong> dictateurs ayant pris le pouvoir pendant un peu<br />

plus de 100 ans. Le patronyme des Rana était Kunwar puis Shamsher. Mais <strong>les</strong><br />

descendants de ceux-ci se font encore <strong>au</strong>jourd’hui nommer Rana. Les Rana sont<br />

nombreux dans <strong>les</strong> états-majors de la police et de l’armée.<br />

- RASTRYA. La nation. On retrouve ce mot dans des noms de partis, la banque<br />

nationale népalaise porte ce nom...<br />

- RASTRYA BANDHA. La grève générale.<br />

- RASTRYA JANA MORCHA. Parti politique de droite du Teraï qui regroupe des<br />

adversaires <strong>au</strong> fédéralisme, ils désirent un Madesh <strong>au</strong>tonome.<br />

- RASTRYA PRAJA TANTRA. Voir partis royalistes.<br />

- ROOKMANGUD KATAWAL. Ou ROOKMANGAD. Chef de l’état-major de<br />

l’armée <strong>au</strong> moment du gouvernement maoïste. Il n’a pas obéi <strong>au</strong>x ordres du<br />

385


386<br />

gouvernement qui demandait, conformément à la sélection effectuée par <strong>les</strong> spécialistes<br />

de l’O.N.U.- U.N.M.I.N., l’intégration des combattants maoïstes dans la <strong>Népal</strong> Arm. Il a<br />

recruté, avec l’accord du Président de la République, des civils pour ne pas avoir à<br />

intégrer ces combattants maoïstes. Ce refus d’obéissance <strong>au</strong> pouvoir civil –un des<br />

premiers principes démocratiques- entériné par le Président de la République a entraîné<br />

la démission du Premier ministre maoïste Prachanda-Pushpa Kamal Dahal.<br />

- ROMEO (OPERATION). Le roi et son Premier ministre Sher Bahadur Deuba lancent<br />

la première opération des forces de l’ordre dans le centre-ouest népalais où <strong>les</strong> maoïstes<br />

sont installés. Militaires et policiers avec de grands moyens : troupes héliportées... vont<br />

tenter d’éliminer <strong>les</strong> maoïstes implantés dans cette région. Echec et honte pour <strong>les</strong><br />

attaquants équipés par l’Inde, <strong>les</strong> U.S.A., l’Angleterre... Les maoïstes fuient dans la forêt<br />

(tactique maoïste). Les militaires, <strong>les</strong> policiers s’attaquent <strong>au</strong>x civils sans défense restés<br />

là. Ils torturent, tuent, violent des femmes... (rapports Amnesty International et O.N.U.).<br />

Atrocités qui seront adroitement présentées par le gouvernement et la presse<br />

Kathmandouite comme des crimes commis par <strong>les</strong> maoïstes. Et ces mensonges seront<br />

gobés par <strong>les</strong> médias occident<strong>au</strong>x et <strong>les</strong> trekkeurs !<br />

- ROYALISTES (PARTIS ROYALISTES). Les princip<strong>au</strong>x partis royalistes ont<br />

fusionné en 2010. Ce sont <strong>les</strong> parti R.J.P. Rastryia Janashaki (Rastryia : nation, jana :<br />

peuple, Shaki : pouvoir) et R.P.P. Rastryia Prajatantra (praja : peuple, tantra :<br />

pouvoir). Les <strong>Népal</strong>ais nomment ces partis Raprapa. Parmi <strong>les</strong> leaders qui ont été<br />

plusieurs fois ministres on retrouve <strong>les</strong> noms de : Lokendra Bahadur Chand et Surya<br />

Bahadur Thapa, qui sont des anciens Pancha. On trouve <strong>au</strong>ssi le nom de Kamal Tapa<br />

ministre du roi Gyanendra qui s’est caractérisé par la violence de ses propos pendant la<br />

<strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et qui a été emprisonné à la fin de la <strong>guerre</strong> pour détournements de fonds.<br />

- SADBHAVANA. Parti maoïste du Teraï qui regroupe <strong>les</strong> paysans et <strong>les</strong> travailleurs.<br />

- SALAIRES. (2010). Celui mensuel du smicar (valeur non codifiée <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>) des<br />

collines est encore inférieur à 2000 roupies par mois. Celui du coolie des vil<strong>les</strong> est<br />

d’environ 4000 à 5000 roupies. Le salaire des professeurs varie de 5000 à 12.000. Les<br />

émoluments du Président de la République, valeur 2009, sont de 70.000 roupies par<br />

mois. Somme modeste si on la compare à celle des businessmen qui roulent dans des<br />

386


véhicu<strong>les</strong> à 5.000.000 roupies. Par ailleurs, le Président de la République bénéficie<br />

d’avantages multip<strong>les</strong> : logement de fonction, complète prise en charge de ses besoins,<br />

387<br />

véhicu<strong>les</strong> de fonction, ch<strong>au</strong>ffeurs, gardes.......<br />

- SHREE. Forme très polie de Monsieur pour désigner une personne respectée.<br />

- SIWALIK ou CHURIA. Collines situées à l’aplomb de la jonction des plaques<br />

tectoniques indienne et tibétaine. Cette jonction est donc matérialisée, elle est visible <strong>sur</strong><br />

le terrain. Que rêvent <strong>les</strong> poètes géologues, dont certains viennent parfois faire des<br />

sondages <strong>au</strong> droit de cette ligne !<br />

- S.L.C. School Leaving Certificate. Certificat de fin de scolarité. Nive<strong>au</strong> correspondant<br />

à celui de la seconde en France<br />

- SWATANTRA. Indépendant. Composé des <strong>mots</strong> swa : moi et tantra : loi.<br />

-TAMSALING. De Tamang. Regroupement des Tamangs en vue de la création d’une<br />

fédération. Le leader des Tamsaling est un leader maoïste : Hit Bahadur Tamang.<br />

Activement recherché par la police népalaise pendant la <strong>guerre</strong>, pris par <strong>les</strong> Indiens, il a<br />

passé treize mois dans leur prison.<br />

- TANTRA. La loi.<br />

- TARAI. Taraï, Teraï... Plaine méridionale du <strong>Népal</strong> dans le prolongement des plaines<br />

indiennes du nord. On distingue un Teraï occidental en général p<strong>au</strong>vre, peuplé de<br />

membres de l’ethnie Tharu (8% de la population du <strong>Népal</strong>), et un Teraï oriental riche<br />

nommé Madesh (desh = pays) et peuplé de Madeshi (41% de la population). Il y a des<br />

madeshi de la caste des Bahuns, ils sont nommés brahmanes. Le Parc de Chitwan est<br />

dans le Teraï central. Le pouvoir des gens de caste, centralisé dans la cuvette de<br />

Katmandu, ne s’est jamais inquiété de ces riches Madesh. Ceux-ci ne s’en sont inquiétés<br />

que lorsque <strong>les</strong> maoïstes ont été vainqueurs <strong>au</strong>x élections.<br />

- TCHANG KAÏ-CHEK. Général dont <strong>les</strong> armées, financées par <strong>les</strong> U.S.A., ont<br />

combattu Mao Zedong et l’ont obligé à fuir <strong>au</strong> cours de ce qui a été appelé la Longue<br />

marche. Les troupes de Mao Zedong ont été victorieuses, Tchang Kaï-Che s’est réfugié<br />

dans l’île de Formose qui, prise en charge par <strong>les</strong> U.S.A. est devenue Thaï Wan.<br />

387


- THAPA. TAPA. Vieux nom Chetri. On le trouve dans <strong>les</strong> membres de l’entourage du<br />

roi Tribhuwan. Très présents dans l’ouest et le centre où des famil<strong>les</strong> entières l’ont pour<br />

388<br />

patronyme.<br />

- THAPA TAMANG. Nom patronyme classique en terres Tamangs. Ce nom est porté<br />

par un enfant de père Chétri et de mère Tamang. L’inverse n’est pas. Doit-on en<br />

conclure que <strong>les</strong> gens de caste bénéficiaient de privilèges spéci<strong>au</strong>x en terres triba<strong>les</strong> ?<br />

- TRIBHUWAN SHAH. Premier roi du <strong>Népal</strong> de retour <strong>sur</strong> le trône après l’éviction des<br />

Rana. Cela s’est passé <strong>au</strong> moment où l’Inde est devenue indépendante.<br />

- TIERS MONDE. Et non Pays en voie de développement ou Pays émergeant,<br />

appellations ridicu<strong>les</strong> qui font croire que <strong>les</strong> choses changent dans ces pays alors que la<br />

misère y est toujours étale. L’Inde est un pays émergent, combien de misérab<strong>les</strong> abrite-til<br />

?<br />

- TSOUNAB. Elections.<br />

- TUBERCULOSE. 45 % de la population népalaise serait infestée. Elle tue 5000 à<br />

7000 personnes par an. Trois à Dix fois plus que la <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> ....<br />

- U.C.P.N.-M- Union Communist Party <strong>Népal</strong>-Maoïste- Nouve<strong>au</strong> nom du parti<br />

communiste maoïste.<br />

- UNITE NEPALAISES. Le <strong>Népal</strong> a du mal à utiliser le S.I., Système international de<br />

me<strong>sur</strong>es qui comprend : le mètre, le newton... Voici quelques unités qui ont la vie dure :<br />

- crore : 10.000.000.<br />

- lak : 100.000. Dix laks = 1.000.000.<br />

- caro : environ 30 cm X 30 cm.<br />

- ana : 30 mètres carrés.<br />

- ropani : 480 mètres carrés.<br />

- biga : 13 ropanis. 6240 m2.<br />

- UNITED PEOPLE FRONT. Un des premiers mouvements révolutionnaires. S’est<br />

divisé en deux :<br />

- une branche maoïste dont <strong>les</strong> membres pensaient que seule la lutte violente pourrait<br />

faire changer <strong>les</strong> choses,<br />

388


389<br />

- une branche non violente dont <strong>les</strong> membres étaient partisans de la lutte<br />

démocratique.<br />

Les partis communistes maoïstes et Union Marxist Leninist en sont <strong>les</strong> enfants.<br />

- U.N.M.I.N. United Nation Mission In <strong>Népal</strong> émanation de l’ONU. Son intervention a<br />

été longtemps refusée par <strong>les</strong> gens de caste et <strong>les</strong> partis de droite et fortement réclamée<br />

par <strong>les</strong> maoïstes. Cette U.N.M.I.N. possède un puissant argument dans <strong>les</strong> négociations,<br />

elle détient <strong>les</strong> clefs des aides internationa<strong>les</strong> sans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le <strong>Népal</strong> ne peut subsister. -<br />

-<br />

- VAIDYA MOHAN. VAIDYIA. Nom de <strong>guerre</strong> KIRAN. Un des leaders du parti<br />

communiste maoïste. Partisan d’une politique dure, voire de la reprise de la <strong>guerre</strong>. Le<br />

mot vaidya signifie médecin chez <strong>les</strong> Newars.<br />

- YADAV. Nom de brahmanes madesh, très courant. Le Premier Président de la<br />

République népalaise porte ce nom. Quelques ministres, tous du Madesh, également.<br />

- YAMI HISILA. Femme de Battaraï, le numéro deux du mouvement maoïste. A été<br />

Ministre du tourisme sous le gouvernement dirigé par Prachanda. Sa désignation a donné<br />

lieu à l’utilisation du mot népotisme. Mot mal choisi puisque madame Yami, a toujours<br />

été <strong>au</strong> cours de la Longue <strong>guerre</strong> népalaise à côté de son mari. Elle est un personnage<br />

politique et un des acteurs de la révolution.<br />

- YOUNG COMMUNIST LEAGUE. Y.C.L. Jeunesses communistes. Aile g<strong>au</strong>che des<br />

maoïstes. Ils sont réputés pour leurs actions violentes. Un bien connu : jets de pierres <strong>sur</strong><br />

<strong>les</strong> voitures du leader <strong>Népal</strong>i Congres Deuba et de ses accompagnateurs lors d’une de ses<br />

visites dans le Teraï. L’<strong>au</strong>teur <strong>les</strong> a quand même vus à l’œuvre pour nettoyer des rues,<br />

régler la circulation dans Katmandu. Ou à Dumré bourg où se trouve l’embranchement<br />

de la route qui conduit à Bésisahar, départ du tour des Annapurna. Cette bourgade est<br />

depuis toujours un lieu épouvantable. Elle est traversée en permanence par <strong>les</strong> bus et <strong>les</strong><br />

camions effectuant le trajet Katmandu Pokhara, Inde Katmandu, Dumré Besisahar. Elle<br />

est lieu d’arrêt des véhicu<strong>les</strong> libérant leurs passagers. Klaxons stridents, véhicu<strong>les</strong> arrêtés<br />

en deuxième et troisième file, piétons en groupes ou isolés, tout est visible. Pourtant<br />

quelques jours avant que <strong>les</strong> maoïstes soient déclarés majoritaires <strong>au</strong>x élections de 2006,<br />

dans <strong>les</strong> rues du bourg <strong>les</strong> bus et <strong>les</strong> camions sont parfaitement alignés en bout du<br />

389


village. Un jeune homme portant blouson <strong>sur</strong> lequel sont imprimées <strong>les</strong> lettres Y.C.L me<br />

fait signe d’aller me garer plus loin et contre le bord de la ch<strong>au</strong>ssée. J’obtempère.<br />

Revenu à pied je le questionne. Il m’informe qu’ils sont là pour réglementer la<br />

circulation. Lui demandant à quoi servent <strong>les</strong> trois policiers qui observent la scène il<br />

m’indique (sans rire) qu’ils sont <strong>au</strong>ssi là pour <strong>les</strong> éduquer. A signaler l’attitude<br />

respectueuse des conducteurs. Le maoïste n’est pas un plaisantin, il s’est battu...il a des<br />

390<br />

opinions fermes er rigides. Les Y.C.L. se battent souvent avec la Young force, des<br />

jeunes communistes tendance U.M.L. Les journ<strong>au</strong>x ne parlent que des méfaits des<br />

Y.C.L., lorsqu’ils n’en ont pas ils en inventent. Ils ne parlent jamais de leurs actes<br />

d’entraides, des opérations de nettoyage...<br />

- YOUNG FORCE. Rassemblement de jeunes communistes se réclamant du parti<br />

Union Marxist Leninist.<br />

- ZINDABAD. ZINDABADH. Vive. Cri qui s’adresse à une personne victorieuse ou<br />

que l’on désire voir victorieuse Pendant la marche de retour, après qu’ils aient gravi<br />

Sagarmatha, la foule, tournant le dos à Hillary, acclamaient Tensing par ce mot.<br />

PREMIERS MINISTRES<br />

390


DE LA REPUBLIQUE NEPALAISE<br />

- GIRIJA PRASAD KOIRALA<br />

NOTA :<br />

391<br />

Lire Ko-i-rala. Patronyme Bahuns. On trouve de nombreux personnages politiques<br />

népalais qui, à partir de l’indépendance indienne, portent ce nom.<br />

- M.P. Koirala, parti <strong>Népal</strong>i Congres branche de droite : chef du cabinet du roi Tribhuwan<br />

- B.P. Koirala parti <strong>Népal</strong>i Congress ½ frère de M.P. Koirala : directeur de cabinet de Mahendra<br />

En réalité Girija Prasad Koirala n’a pas été Premier ministre de la République népalaise,<br />

il n’a été que Premier ministre du gouvernement intérimaire formé après la destitution du<br />

roi et qui a été dissous après <strong>les</strong> élections de 2006. Koirala était un homme grand,<br />

osseux, <strong>au</strong> nez puissant, à l’<strong>au</strong>stère visage d’inquisiteur. Il était nommé Girija Babu,<br />

babu le maître à penser. Il a été un des princip<strong>au</strong>x leaders du parti <strong>Népal</strong>i Congres. Il a<br />

été très souvent Premier ministre-chef de Cabinet des roi Birendra et Gyanendra.<br />

Farouchement anti-maoïste, c’est sous son gouvernement qu’ont eu lieu <strong>les</strong> opérations<br />

contre <strong>les</strong> maoïstes Kilo Sierra... Bien que très âgé et malade il est resté longtemps le<br />

chef du parti <strong>Népal</strong>i Congres. Il a fallu que son parti subisse une sévère défaite <strong>au</strong>x<br />

élections qui ont suivi la révolution pour qu’il affirme qu’il va se retirer de la scène<br />

politique. Encore restait-il présent. Il a été un farouche défenseur des castes et de la<br />

politique conservatrice. Il était profondément hindouiste et royaliste de cœur.<br />

Tristement et ridiculement amusant, à sa mort, <strong>les</strong> membres du gouvernement d’union<br />

anti-maoïste voulaient qu’il obtienne le Prix Nobel de la Paix<br />

Sujata Koirala. Fille de Girija Prasad Koirala. Elle a été Ministre des affaires étrangères !!<br />

Son prénom est lié <strong>au</strong> mot népotisme.<br />

- NEPAL MADHAV KUMAR<br />

391


<strong>Népal</strong> est le patronyme du Premier ministre qui a succédé <strong>au</strong> maoïste Prachanda-Pushpa<br />

392<br />

Kamal Dahal à la tête du deuxième gouvernement de la République népalaise. C’est un<br />

Bahuns. Un homme rond, certainement un bon vivant. En lui, un mélange de bonhomie,<br />

d’humour, de duplicité –combien de fois, étant chef du gouvernement, a-t-il déclaré <strong>au</strong>x<br />

délégations étrangères que <strong>les</strong> problèmes allaient être réglés alors qu’il savait qu’il n’en<br />

était rien- Cela avec des attitudes dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> affleurait parfois le ridicule. Courageux<br />

certainement, il a fait de la prison (douce)... C’est, malgré son appartenance <strong>au</strong> parti<br />

communiste Marxist Leninist, un homme de droite ou <strong>au</strong> mieux un réformiste centriste<br />

utilisant un langage révolutionnaire. Au pouvoir, il pratique une ferme politique<br />

d’expansion économique car il pense qu’une économie en expansion améliore le sort de<br />

tous. Mais, ce faisant, il oublie totalement <strong>les</strong> misérab<strong>les</strong> de son pays. Anti-maoïste<br />

inconditionnel il s’est honteusement allié avec l’extrême droite : le parti <strong>Népal</strong>i Congres,<br />

l’état-major de la Royal <strong>Népal</strong> Arm et évidemment l’Inde.<br />

- 1953. Naissance dans le district de R<strong>au</strong>tahat, centre-sud.<br />

- Années 1963... Employé de banque.<br />

- 1969. Devient membre d’un des partis communistes.<br />

- 1973. Diplômé en management de la Tribhuvan University.<br />

- 1974... Poursuit sa carrière politique <strong>au</strong> sein du Parti communiste<br />

- 1976. Emprisonné <strong>au</strong> motif d’actes de trahison par le gouvernement du roi Gyanendra<br />

pendant deux ans.<br />

- 1978. Participe à la création du parti communiste U.M.L. qui choisit la branche<br />

d’action non violente.<br />

- 1978... Poursuit sa carrière politique.<br />

- 1993. Est nommé secrétaire général du parti communiste Union.Marxist.Leninist,<br />

U.M.L.<br />

- 1994. Secrétaire des ministres de la Défense et des Affaires étrangères.<br />

- 1999. Députy à l’Assemblée.<br />

- 2008. Quitte après le résultat catastrophique des élections son poste de Secrétaire<br />

général du parti communiste U.M.L.<br />

392


- 2009. Est nommé Premier ministre après la démission du maoïste Prachanda-Pushpa<br />

393<br />

Kamal Dahal.<br />

Quel souvenir gardera de lui l’histoire ? Celle d’un politicien ayant donné à la cuvette de<br />

Katmandu un grand essor économique ou celle d’un politicien ayant honteusement trahi<br />

<strong>les</strong> idées de g<strong>au</strong>che de son parti pour, par anti-maoïsme, adopter une politique de droite<br />

et avoir accepté la honteuse servitude du <strong>Népal</strong> vis-à-vis de l’Inde ?<br />

- PRACHANDA-PUSHPA KAMAL DAHAL<br />

393


Prachanda, <strong>sur</strong>nom de <strong>guerre</strong>, est un homme de la caste des Bahuns. Il est issu d’une<br />

394<br />

famille de p<strong>au</strong>vres paysans. Son patronyme est Dahal. Son premier prénom est Chabihal<br />

et non Pushpa Kamal (Fleur de Lotus).<br />

Physiquement il n’a rien de l’homme rude, du rebelle barbu vivant et se cachant dans <strong>les</strong><br />

forêts. Ossature moyenne, tendance à l’embonpoint, be<strong>au</strong> visage d’Indo-<strong>Népal</strong>ais, nez<br />

busqué, moustaches, lunettes d’intellectuel. On l’imagine mal en chef de <strong>guerre</strong>, encore<br />

plus mal en dictateur. Du journaliste Anirban Roy :<br />

Pour be<strong>au</strong>coup de gens Prachanda est une impitoyable personne. Un homme qui a versé le sang du<br />

peuple pendant dix ans, à qui on doit la mort de 13.000 personnes. Pour d’<strong>au</strong>tres, le chef des<br />

maoïstes est un héros –un <strong>au</strong>thentique prolétaire- qui est la voix de millions de p<strong>au</strong>vres dans un des<br />

plus p<strong>au</strong>vres pays de la terre.<br />

Prachanda (parfois prononcé Parchénda ou Prachandra...) signifie le Courageux, si l’on<br />

veut : le Pugnace, the Valiant one dit Arniban Roy, mais certainement pas le Féroce<br />

comme l’indique la presse internationale. Cet homme, ce révolutionnaire et cela en dit<br />

long <strong>sur</strong> ce qu’il est, admire be<strong>au</strong>coup le Mahatma Gandhi, son successeur Jawaharlal<br />

Nehru et <strong>au</strong>ssi Bisherwor Prasad Koirala –ne pas confondre avec Girija Prasad Koiralaqui<br />

a été le Premier Ministre communiste du <strong>Népal</strong> sous le roi Tribhuwan.<br />

Il est né, naissance prématurée, le 11 décembre 1954, dans le village de Bhavani à trois<br />

kilomètres de N<strong>au</strong>danda -région de Lamjung, croquis 8. N<strong>au</strong>-danda : <strong>les</strong> Neufs collines,<br />

est un lieu bien connu des trekkeurs qui font le tour des Annapurnas, ou qui suivent le<br />

chemin dit Balcon de l’Himalaya. Ce village est situé <strong>sur</strong> la route qui conduit à Naya<br />

Pull <strong>au</strong>-dessous du bourg de Birethenti.<br />

Son père, paysan, se nomme Muktiram Dahal. Sa mère Bhavan Dahal, elle travaille<br />

également dans <strong>les</strong> champs. Ce sont des paysans p<strong>au</strong>vres. Sept enfants suivent la<br />

naissance de Pushpa. Ils vivent dans une maison couverte de ch<strong>au</strong>me. Son père coupe<br />

des fagots de bois et <strong>les</strong> vend <strong>au</strong> marché. Il trouve ensuite un emploi près de Chitwan.<br />

Chabihal-Phuspa Dahal a alors 8 ans. Il fréquente l’école gouvernementale, c’est :<br />

Au début un élève médiocre qui se met ensuite <strong>au</strong> travail. Il est deuxième en classe IV, il sera<br />

premier en classe V. Ses professeurs le disent enfant respectueux, émotif. Honnête et timide.<br />

Pour son père :<br />

394


Il passait be<strong>au</strong>coup de temps à lire mais il participait <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x des champs : il conduisait <strong>les</strong><br />

bêtes <strong>au</strong> champ, il leur coupait de l’herbe...<br />

Son père possède alors 2,5 bigas (près de un hectare et demi). A 15 ans Chabihal-Phuspa<br />

se marie à Sita Poudel. Il poursuit ses études, obtient son S.L.C., School Leaving<br />

Certificate en 1970 Le S.L.C. est un brevet de fin d’études, nive<strong>au</strong> seconde. Ce qui le<br />

395<br />

conduit à devenir un révolutionnaire est :<br />

- d’abord sa condition de fils de paysan p<strong>au</strong>vre,<br />

- puis sa condition d’étudiant, <strong>les</strong> étudiants dans des pays où sévit une grande misère ont<br />

souvent des idées extrémistes,<br />

- enfin parce que, enfant :<br />

One day a sawa moneylender (u<strong>sur</strong>ier) insulting my father… The moneylender (u<strong>sur</strong>ier) kicked<br />

(frappe) him. It lit a fire inside me. It was a political <strong>les</strong>son. I would never forget. It changed the<br />

course of my life.<br />

Autres influences :<br />

Celle d’un professeur, la lecture de livres traitant d’économie, de livres révolutionnaires,<br />

de textes décrivant le mouvement Naxalite.<br />

Il est attiré par <strong>les</strong> sciences, il suit des cours à l’Institut d’Agriculture et de sciences<br />

anima<strong>les</strong> de Rampur près de Chitwan. Puis il rentre à l’Université de Pathan où il obtient<br />

son brevet scientifique en agriculture. C’est alors, dit un de ses professeurs :<br />

Un garçon jovial, plein d’humour, extroverti. Il fait déjà figure de leader budding (en herbe).<br />

Il va ensuite à l’Université Tribhuwan (sud-ouest de Katmandu) où il obtient un Master<br />

en administration publique. Professeur, il est apprécié par ses élèves, l’un d’eux déclare :<br />

Helping others was his highest quality as a teacher. So he was very popular among the students and<br />

people.<br />

Ensuite il travaille pour une O.N.G. (U.S.). C’est en 1979, il est rentré <strong>au</strong> parti<br />

communiste en 1975, qu’il abandonne son métier de professeur et son travail dans<br />

l’O.N.G. et qu’il devient à temps plein un des leaders du parti communiste. Il est salarié<br />

du All <strong>Népal</strong> Youth Organisation. Il a alors trois enfants.<br />

Les Panchayats lancent un mandat d’arrêt contre lui. En juin 1981 une forte équipe<br />

policière envahit la maison de son père. Heureusement Pushpa et sa femme ne sont pas<br />

là. Muktiram raconte :<br />

395


L’arme <strong>au</strong> poing, ils me demandent où est mon fils aîné. Je leur dis qu’il n’est pas là et que je ne sais<br />

pas où il est. Ils fouillent toute la maison, cassent des cadenas. Ils prennent sa carte d’identité et ses<br />

diplômes.<br />

396<br />

Ils arrêtent son père comme complice.<br />

A 27 ans, Pushpa Kamal Dahal, il a abandonné son prénom de Chabihal, prend le<br />

chemin de la clandestinité avec sa femme et ses quatre jeunes enfants (!). Manque<br />

d’argent, il ne peut se cacher dans Katmandu. Alors il va de villages en villages jusqu’à<br />

Narayangar où il rejoint le All <strong>Népal</strong> National Force Students’s Union Revolutionnary.<br />

Il y rencontre Mohan Vaidya que <strong>les</strong> <strong>Népal</strong>ais découvrent à ses côtés, à Katmandu, lors<br />

de la proclamation de la République et des événements qui suivront.<br />

Lorsque <strong>sur</strong>vient la scission des communistes, il choisit la branche partisane de<br />

l’utilisation de la violence, celle du Mashal. Cette branche est conduite par Mohan<br />

Bikram Singh. Elle deviendra le Communist Party of <strong>Népal</strong> Mashal. Il est alors nommé<br />

Comrad Biswas. Il a 29 ans. Ce nouve<strong>au</strong> parti prépare l’in<strong>sur</strong>rection armée contre le<br />

régime des Pancha. Leur programme : Détruire des postes de police dans la cuvette de<br />

Katmandu. Ce qu’ils réussissent à Thamel, à Indra Chok. Récréation : ils barbouillent la<br />

statue de Tribhuwan à Tripureswor. Mais un membre de la bande est arrêté, torturé il<br />

parle. Des membres du parti sont arrêtés par la police.<br />

L’idée de Jana Yuddha, la <strong>guerre</strong> du peuple est lancée en 1986. Biswas, le futur<br />

Prachanda conduit 15 membres à Siranchchok pour un premier entraînement. Le parti est<br />

p<strong>au</strong>vre, Il demande de l’argent à son père qui vend un ropani et demi. Les noms de<br />

<strong>guerre</strong> sont changés, Phuspa-Biswas devient Prachanda, le Courageux, l’Audacieux. En<br />

1990 il habite Pathan avec sa femme Sita. Il gagne 550 roupies par mois.<br />

1996 : il lance véritablement l’in<strong>sur</strong>rection maoïste, la véritable Guerre du peuple. Il<br />

créé, en 1994, la P.L.A., la People Liberation Arm. Celle qui un jour revendiquera 5000<br />

gradés, 7 brigades, 19 bataillons. Sa tête est mise à prix mais la police, la National<br />

Investigation Department, la N.I.D. et la National Police n’ont pas de bonnes photos de<br />

lui. De plus, parfois il porte barbe et moustache, parfois il est glabre, parfois il porte des<br />

lunettes, parfois non. Des affiches, <strong>les</strong> politiques de droite dans leurs discours indiquent :<br />

Bring their head in a bag and take money.<br />

396


Ses compagnons se font du souci pour lui. Il change constamment de domicile. Interpol<br />

lance un mandat de recherches contre lui, la police indienne commence à s’intéresser à<br />

lui.<br />

Puis viendra le jour, <strong>au</strong> moment des pourparlers avec <strong>les</strong> membres des partis qui se sont<br />

élevés contre le roi, ou Prachanda fera son apparition. Il a passé des années dans la<br />

clandestinité la plus complète. Le chef du gouvernement du moment, le royaliste Chand<br />

déclare :<br />

397<br />

Though I had never meet him until then. I nonethe<strong>les</strong>s believes that he was a tall leader and had<br />

total control of the movement.<br />

Après l’échec des négociations la tête de Prachanda est remise à prix : 50.000 dollars<br />

cette fois ! Mais <strong>les</strong> troupes de la P.L.A. répondent par des attaques. Puis, après 8 ans de<br />

<strong>guerre</strong>, le 21 octobre 2003, Prachanda, signe de bonne volonté, déclare que <strong>les</strong> Maoïstes<br />

vont diminuer l’intensité et le nombre de leurs attaques. Ces maoïstes nouent des<br />

relations avec quelques partis communistes : <strong>les</strong> partis communistes Sud-Américains, le<br />

parti communiste des U.S.A. ... (avec le parti communiste français ?), mais il refuse<br />

l’offre du Pakistan Intelligency qui recherche tous <strong>les</strong> moyens de nuire à l’Inde.<br />

En juin 2006, il rentre <strong>au</strong> <strong>Népal</strong> et fait ses premières apparitions en public. La foule le<br />

découvre : visage d’intellectuel placide, petite taille, bedon de père tranquille. Rien du<br />

baroudeur, du Staline impénétrable, rien de l’Hitler hystérique...<br />

On imagine sa fierté lorsque, le 28 mai 2008, la République <strong>Népal</strong>aise est proclamée.<br />

Plus tard il sera le premier Premier ministre de la République népalaise jusqu’<strong>au</strong><br />

complot ourdi par <strong>les</strong> partis de droite, l’état-major de l’armée et le parti communiste<br />

Union Marxiste Léniniste. Tous inspirés, soutenus, financés par l’Inde. Ce qui l’obligera<br />

à démissionner.<br />

Un mot <strong>sur</strong> sa femme Sita Poudel, visage d’institutrice effacée, même dans ses longues<br />

marches, même lorsqu’il était recherché par <strong>les</strong> polices, elle ne l’a jamais quitté.<br />

397


NOTA : <strong>au</strong> titre Miscellanées du site :<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr<br />

la suite des événements politiques que traverse le <strong>Népal</strong>.<br />

398<br />

398


AUTEURS ET TEXTES CITES<br />

LIVRES ET ETUDES.<br />

399<br />

- Brunel Sylvie. A qui profite le développement durable ? Ed. Larousse. A dire vrai.<br />

- Denis Jean. Les clefs de l’Himalaya. Ed. CERF.<br />

- Dreyfus P<strong>au</strong>l. Histoire de la Résistance française. Ed. Arth<strong>au</strong>d.<br />

- Duflo Esther. Lutter contre la p<strong>au</strong>vreté dans : Le développement humain, La politique<br />

de l’<strong>au</strong>tonomie. Ed. Seuil.<br />

- Duhamel Alain. Les peurs françaises.<br />

- Gaborie<strong>au</strong> Marc. Les populations du <strong>Népal</strong>.<br />

- George Pierre. Géographie des inégalités. Que sais-je. Ed. P.U.F.<br />

- Gorz André. Un penseur pour le XXIe siècle. Ed. La découverte.<br />

- Grosbel P<strong>au</strong>l. Ascensions <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Ed. Glénat<br />

- Gurung Harka. Docteur universitaire. On lui doit de nombreux ouvrages <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>.<br />

La plupart des chiffres de ce livre <strong>Népal</strong>, dix ans de <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>, pourquoi ? provient de<br />

son livre : <strong>Népal</strong>, Atlas and Statistics<br />

- Kergoat Michelle. Histoire politique du <strong>Népal</strong>. Ed. Karthala. Les septiques, <strong>les</strong> socalled<br />

spécialistes du <strong>Népal</strong>, <strong>les</strong> aficionados qui savent tout, tous ceux qui doutent de la<br />

nécessité d’une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et de deux révolutions doivent impérativement lire ce livre<br />

qui décrit parfaitement la stratification sociale du pays et permet de comprendre<br />

pourquoi une <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> et deux révolutions se sont succédées. Ce livre est un<br />

rigoureux travail d’historien mais la sensibilité de l’<strong>au</strong>teur pour ce qui touche <strong>au</strong>x<br />

injustices socia<strong>les</strong> et à la misère est partout présente.<br />

- Lévi Sylvain. Le <strong>Népal</strong>. Ed. Kailash.<br />

- Maintenant Gérard. Les Jacobins. Que sais-je ? Ed. P.U.F.<br />

- Meys Simon. Les vêtements neufs du Président Mao. Ed. Champ libre.<br />

- Mithiviers, Hubert de. La France de l’ancien régime. Que sais-je ? Ed. P.U.F.<br />

399


- P<strong>au</strong>gam Serge. Repenser la solidarité. Ed. P.U.F.<br />

- Rieffel Robert. Le <strong>Népal</strong>. Ed. P.U.F. Que sais-je ?<br />

- Roy Anirban. Prachanda. Ed. Mandala, <strong>Népal</strong>.<br />

- <strong>Sig</strong>ayret Henri. Misères comparées France <strong>Népal</strong> dans le site :<br />

http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/.<br />

- Todd Emmanuel. Après l’Empire. Ed. Gallimard.<br />

- Todd Olivier. André Malr<strong>au</strong>x. Gallimmard, N.R.F.<br />

- Toffin Gérard. Les Newars. Ed. C.N.R.S.<br />

400<br />

400


GUIDES DE TREK ET D’HIMALAYISME<br />

401<br />

Carisse et Gérard Busquet, Lonely Planet, Guides Bleus, Grosbel, Razzeti, Routard, Bill<br />

O’Connor, de Milleville, Hugh Swift, Robert Rieffel, Uprety...<br />

MEDIAS CITES<br />

Les journ<strong>au</strong>x anglophones népalais <strong>les</strong> plus cités sont :<br />

- Les quotidiens :<br />

Katmandu Post, organe du business.<br />

Himalayan, journal indien.<br />

Republica. Tendance U.M.L.<br />

Rising <strong>Népal</strong>, journal gouvernemental (quel que soit ce gouvernement.).<br />

- Les hebdomadaires. Tous sont, à des degrés divers, des journ<strong>au</strong>x de la société <strong>civile</strong>,<br />

farouchement anti-maoïstes.<br />

<strong>Népal</strong>i Time.<br />

- Les hebdomadaires ou mensuels maoïstes :<br />

The Worker.<br />

Red Star.<br />

Parmi <strong>les</strong> médias français: Le Monde, Le Nouvel Obs, l’Express...<br />

401


TEXTES DE L’AUTEUR<br />

SUR LA POLITIQUE AU NEPAL<br />

Ont été reproduits dans le site :<br />

402<br />

http:/<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

- Un article paru à la page réservée <strong>au</strong> Groupe de h<strong>au</strong>te montagne dans la revue La<br />

montagne du Club Alpin Français.<br />

- Un article paru dans la revue de trekking, <strong>au</strong>jourd’hui disparue : Road book...<br />

- Un texte pour le site Maison de la montagne de la ville de Grenoble. Pourquoi le nom<br />

maoïste ?<br />

AUTRES.<br />

- Namasté sab. Ed de Belledonne.<br />

- Journal d’un sahib <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Ed. Glénat.<br />

- Un <strong>au</strong>tre <strong>Népal</strong>. Ed Oros.<br />

- <strong>Sherpa</strong>s, <strong>Sherpa</strong>nis. Ed. Glénat.<br />

- Nouvel<strong>les</strong> abruptes. Ed Vajra.<br />

- Treks <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>. Collect. Espaces naturels. Ed. Nathan.<br />

- Le Khumbu. Ed Vajra.<br />

- Lexique, toponymie dans l’Himalaya du <strong>Népal</strong>. Ed.Vajra.<br />

- <strong>Sherpa</strong>s bouddhistes. Ed. Vajra.<br />

- Cahiers <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>. Séismes, Conduire, Ecologie, Tourisme, Lexiques franco sherpa,<br />

franco népalais, Misères comparées France <strong>Népal</strong>, Pêche, Expéditions... Dans le site :<br />

http:/<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

...Les alpinistes sont <strong>au</strong>ssi des hommes. Roman (alpinisme). Dans le site ci-dessus.<br />

- Pilier 17. Roman (alpinisme). Dans le site ci-dessus.<br />

Consulter également site http:/www.<strong>nepal</strong>sherpasig.fr/<br />

402


FILMS, EMISSIONS<br />

AUXQUELS L’AUTEUR A PARTICIPE<br />

- Annapurna premier 8000 à skis.<br />

- Retour à Pangbotché. FR3. Sanfourche.<br />

- <strong>Sherpa</strong>nis. FR3. Cl<strong>au</strong>de Andrieux.<br />

- Emission FR3 Lyon.<br />

- Emission FR3 Montpellier.<br />

- Portrait de chasseur avec chamois. FR3. Montagne.<br />

- <strong>Sherpa</strong>sig. Productions Chorten.<br />

403<br />

403


TITRES DE L’OUVRAGE<br />

- GENERALITES.<br />

- Sur <strong>les</strong> <strong>mots</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>.<br />

- Sur le mot maoïste.<br />

- Avertissements.<br />

PREMIERRE PARTIE.<br />

404<br />

- TITRE I. MOI-JE ET LA POLITIQUE.<br />

- Encadré : Livre de Michelle Kergoat.<br />

- Digressions.<br />

- La misère <strong>sur</strong> la Terre.<br />

- Encadré : Misères comparées.<br />

- Intellectualiser la misère.<br />

- Encadré : Liberté.<br />

- Les trois D occident<strong>au</strong>x. Droits de l’Homme, devoirs de<br />

l’Homme, démocratie.<br />

- Sur la France.<br />

- Sur <strong>les</strong> Français.<br />

- Politique en France. Un article New <strong>Népal</strong>.<br />

- Les droites en France.<br />

- Les g<strong>au</strong>ches en France.<br />

- Des trekkeurs <strong>au</strong> <strong>Népal</strong>.<br />

TITRE II. SUR LE NEPAL.<br />

- Géographie physique.<br />

- Géographie humaine.<br />

- Sur <strong>les</strong> Hommes.<br />

- Encadré : <strong>Népal</strong>, pays p<strong>au</strong>vre.<br />

- Religions.<br />

- Encadré : <strong>Népal</strong> pays hindou.<br />

- Les h<strong>au</strong>tes castes.<br />

- Encadré : H<strong>au</strong>tes castes, richesse et pouvoir.<br />

404


405<br />

- Basses castes.<br />

- Les Newars.<br />

- Les Indo-<strong>Népal</strong>ais. Ethnies des plaines.<br />

- Les Kirats.<br />

- Les Trib<strong>au</strong>x : Pahadis ou Indigenous.<br />

- Magars, Gurungs, Tamangs...<br />

- Bothes des piémonts himalayens :<br />

Dol-pa, Mustang-pa, Manang-pa, Larkya-pa, <strong>Sherpa</strong>,<br />

Takalis, Khampas.<br />

- Population : pourcentages.<br />

- Vil<strong>les</strong> et campagnes.<br />

- Encadré : Influence du tourisme.<br />

TITRE III. DES MONARQUES NEPALAIS.<br />

- Notes préalab<strong>les</strong>.<br />

- De 700 à 1980.<br />

- Sur <strong>les</strong> rois.<br />

- Généralités.<br />

- Dynasties de 700 à 1200.<br />

- Kiranti.<br />

- Licchavi.<br />

- Malla.<br />

- Encadré : Sur la richesse du <strong>Népal</strong>.<br />

- Les premiers rois Shah.<br />

- Le roi Prithvi Narayan Shah.<br />

- La période Rana.<br />

- Le retour des rois Shah.<br />

- Le roi Mahendra.<br />

- Le roi Birendra, première Révolution népalaise et monarchie<br />

constitutionnelle.<br />

- Encadré : Bandha.<br />

- Encadré : Naissance du mouvement maoïste.<br />

- Condamnab<strong>les</strong> incompréhensions occidenta<strong>les</strong>.<br />

- Le roi Gyanendra. La deuxième Révolution <strong>Népal</strong>aise.<br />

TITRE IV. ANNEES 1996. ETAT DU PAYS.<br />

- Quelques chiffres.<br />

405


Espérance de vie. Morts infanti<strong>les</strong>. T<strong>au</strong>x d’alphabétisation.<br />

- Sur <strong>les</strong> monarques.<br />

- Encadré : Un pays fermé.<br />

- Sur <strong>les</strong> castes dominantes.<br />

- Supériorité des gens des h<strong>au</strong>tes castes.<br />

- H<strong>au</strong>tes castes dans l’administration.<br />

- H<strong>au</strong>tes castes dans la police et l’armée.<br />

- H<strong>au</strong>tes castes dans la politique.<br />

- Corruption, prévarication, concussion, népotisme...<br />

- Influence des clergés.<br />

- Economie et social.<br />

- Les équipements du pays.<br />

- Infrastructures.<br />

- Encadré : Routes en zones touristiques.<br />

- E<strong>au</strong> et hygiène.<br />

- Pollution.<br />

- Encadré : Incurie des gouvernants.<br />

- Sur la santé.<br />

- Sur l’habitat.<br />

- Sur l’éducation.<br />

- Sur le manque de cadres, de spécialistes.<br />

- Sur l’agriculture, l’industrie, <strong>les</strong> énergies.<br />

- Sur le tourisme.<br />

- Sur le commerce.<br />

- Encadré : Le <strong>Népal</strong> Suisse de l’Asie.<br />

TITRE V. INFLUENCES ETRANGERES.<br />

- Influence de l’Inde.<br />

- Influence de la Chine.<br />

- Encadré : Un <strong>Népal</strong> colonisé.<br />

- Influence de l’U.S.A.<br />

- Influence du Japon, des î<strong>les</strong> du Pacifique.<br />

- Influence d’Israël.<br />

- Influence des pays européens :<br />

- Angleterre (et United Kingdom).<br />

- Belgique.<br />

- France.<br />

- Encadré : Misère et mondialisation.<br />

406<br />

406


- Médias français. Discours, écrits.<br />

- Guides de trekking.<br />

- Encadré : Médias népalais, O.N.U., Maoïstes : partialités.<br />

- Encadré : Sur <strong>les</strong> morts pendant la <strong>guerre</strong>.<br />

DEUXIEME PARTIE.<br />

TITRE VI. VERS LA GUERRE CIVILE.<br />

- Généralités.<br />

- Encadré : Des <strong>mots</strong>.<br />

- Mouvements de contestation.<br />

- sous le règne du roi Tribhuwan.<br />

- sous le règne du roi Mahendra.<br />

- sous le règne du roi Birendra.<br />

- Première Révolution népalaise.<br />

- La <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong>.<br />

- Quelques dates.<br />

- Encadré : Sur le nombre de maoïstes tués.<br />

- Encadré : Réflexions <strong>sur</strong> la <strong>guerre</strong>.<br />

- Sur <strong>les</strong> maoïstes combattants.<br />

- Un film <strong>sur</strong> la <strong>guerre</strong>.<br />

- Critiques contre <strong>les</strong> maoïstes.<br />

- Encadré : O.N.U.-U.N.M.I.N. et partis politiques népalais.<br />

- Deuxième Révolution népalaise.<br />

TITRE VII. L’APRES GUERRE.<br />

- Sur <strong>les</strong> partis politiques après la <strong>guerre</strong>.<br />

- Un gouvernement provisoire.<br />

- Des élections.<br />

- Election du Président de la République.<br />

- Un gouvernement maoïste.<br />

- Fédéralisme.<br />

- Calendrier des évènements.<br />

- Rôle de l’état-major de l’armée.<br />

407<br />

407


- Quelques <strong>mots</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> droits de l’Homme.<br />

- Encadré : Droits à la vie : rappel.<br />

- Encadré : Re-Droits de l’Homme.<br />

- Gouvernement de coalition anti-maoïste.<br />

- Encadré : Gouvernement de coalition out.<br />

- Encadré : Sur <strong>les</strong> costumes en politique.<br />

- Gouvernement de coalition et <strong>les</strong> pays étrangers.<br />

- Encadré : Sur la Constitution.<br />

TITRE VIII. EVENEMENTS DEBUTS 2010.<br />

- Résumé des événements précédents.<br />

- Dans le camp gouvernemental.<br />

- In<strong>au</strong>gurer <strong>les</strong> chrysanthèmes.<br />

- Corruption...<br />

- Chez <strong>les</strong> maoïstes.<br />

- Young Communist League.<br />

- Relations U.N.M.I.N. Gouvernement de coalition.<br />

- Crimes contre l’humanité.<br />

- Rédaction de la Constitution.<br />

- Influences occidenta<strong>les</strong> et indiennes.<br />

- Encadré : Rôle de l’U.N.M.I.N.<br />

- Fédéralisme.<br />

- Retour du roi.<br />

TITRE IX. CONCLUSION.<br />

- Monologue et redondances.<br />

- Encadré : g<strong>au</strong>ches françaises, luttes maoïstes.<br />

- Lettre <strong>au</strong>x trekkeurs.<br />

- <strong>Népal</strong> demain.<br />

TITRE X. ANNEXES.<br />

- Lexique politique.<br />

- Auteurs cités.<br />

- Textes politiques et livres de l’<strong>au</strong>teur.<br />

- Titres de l’ouvrage.<br />

408<br />

408


409<br />

QUATRIEME DE COUVERTURE.<br />

AUX TREKKEURS<br />

Ce dernier livre est un livre politique <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>. Il témoigne de mon éveil en politique, j’ai 76 ans !<br />

Un âge où on n’agite plus <strong>les</strong> armes où le simple acte de contestation est même considéré comme<br />

déraisonnable. De plus, immigré, je ne peux manifester mes opinions qu’en privé, verbalement.<br />

Qualité de l’écrit ! Rêve : bénéficier de l’assistance d’un véritable spécialiste ! La qualité est celle<br />

que peut offrir un bac moins deux ! Pourtant, ce livre, je l’<strong>au</strong>rais voulu irréprochable <strong>sur</strong> la forme,<br />

il ne l’est évidemment pas. Je connais mes faib<strong>les</strong>ses, je connais ses faib<strong>les</strong>ses, ses lacunes, ses<br />

déf<strong>au</strong>ts. Les nombreuses redondances qu’il contient seront pour de nombreux lecteurs d’<strong>au</strong>tres<br />

imperfections, el<strong>les</strong> sont pourtant volontaires. Ce livre pourra-t-il émouvoir, le verbe convaincre est<br />

trop fort, quelques aficionados, quelques lecteurs? Je le souhaite sans le croire, tant est fort, chez <strong>les</strong><br />

uns, la certitude de tout savoir, d’être dépositaire de la vérité, chez <strong>les</strong> <strong>au</strong>tres, la conviction que le<br />

sujet dont il traite est bien peu important : <strong>les</strong> spiritualités philosophiques asiatiques dont ils<br />

viennent s’abreuver étant un sujet plus valorisant, plus vaste et bien plus complexe.<br />

Mais je me dis : « N’y a-t-il que ceux-là ? N’existe-t-il pas des touristes et des trekkeurs simplement<br />

curieux, des himalayistes capab<strong>les</strong> de sortir de leurs rêves d’ascension, pour pénétrer dans ce sujet ?<br />

Ne peut-on trouver des aficionados qui sont restés avides de choses jamais dites ? » Et ce livre dit<br />

des choses jamais dites. « Ne trouve-t-on pas des trekkeurs français qui se méfient de ce que leur<br />

enseignent <strong>les</strong> revues de montagne et de tourisme, <strong>les</strong> gurus de salons, <strong>les</strong> lama-tchés de clubs, <strong>les</strong><br />

sadhous de montagne ? » Parmi ces leaders, nombreux sont ceux qui disent parler d’expérience,<br />

mais quelle expérience ont-ils ? Au <strong>Népal</strong>, qui fréquentent-ils ? Quel<strong>les</strong> sont leurs sources<br />

d’information ? En politique, savent-ils que tout est fait pour leur cacher la vérité ? Les <strong>au</strong>tochtones<br />

nantis qu’ils fréquentent défendent leur intérêt, <strong>les</strong> médias anglophones Kathmandouite sont d’une<br />

grossière partialité, <strong>les</strong> médias français, sont presque toujours d’une himalayenne et lamentable et<br />

sans cesse renouvelée incompétence.<br />

Le cas népalais est pourtant limpide : le peuple le plus misérable de l’Asie s’est révolté et s’est battu<br />

contre une monarchie, une aristocratie de caste, une bure<strong>au</strong>cratie féodale, qui était assistée<br />

financièrement et militairement par <strong>les</strong> pays occident<strong>au</strong>x se qualifiant de démocratiques. Il a<br />

remporté une victoire militaire, il a chassé la monarchie archaïque, il a installé une République.<br />

Enorme victoire ! Mais il n’a pas pour <strong>au</strong>tant remporté une victoire totale.<br />

Comment vont évoluer <strong>les</strong> rebel<strong>les</strong> ? Au pouvoir, s’ils y accèdent que feront-ils ? Que pourront-ils<br />

faire ? L’observation des expériences révolutionnaires qui ont eu lieu dans d’<strong>au</strong>tres pays conduit <strong>au</strong><br />

pessimisme, le scepticisme <strong>sur</strong> la nature humaine fait douter d’une fin heureuse. Que sera<br />

demain pour le peuple le plus p<strong>au</strong>vre de l’Asie ?<br />

- SUR L’AUTEUR.<br />

- AGE : 76 ans. Un âge où la chose révolutionnaire se limite <strong>au</strong> verbal.<br />

- LIEU DE RESIDENCE. <strong>Népal</strong>, banlieue de Katmandu.<br />

- SITUATION DE FAMILLE. Marié, divorcé, 3 enfants. Remarié avec une <strong>Népal</strong>aise de l’ethnie<br />

sherpa. Un enfant : Sonam <strong>Sig</strong>ayret-<strong>Sherpa</strong>. 16 ans.<br />

- ETUDES. Bac moins deux, cancre de h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong>.<br />

- PROFESSIONS. Dessinateur, ingénieur conseil en structures, enseignant vacataire dans un I.U.T.<br />

- PASSION. Alpinisme puis himalayisme. Refus de gravir le plus grand nombre de sommets de plus<br />

8000 mètres Tentatives d’ouvertures de voies nouvel<strong>les</strong> <strong>sur</strong> des h<strong>au</strong>ts sommets de l’Himalaya. Peu<br />

de réussites : l’<strong>au</strong>teur a eu la chance de ne pas avoir été un professionnel de la montagne et un grand<br />

alpiniste, tout <strong>au</strong> plus a-t-il été un bon alpiniste.<br />

- ECRITS. Une dizaine de livres : romans, nouvel<strong>les</strong>, poésies, traitant de l’alpinisme, de<br />

l’himalayisme, d’études <strong>sur</strong> le <strong>Népal</strong>. L’<strong>au</strong>teur est un touche à tout non génial.<br />

409

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