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Tome 1 : Au bord de la tombe

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ubrique « contenu », Bones avait écrit « Tofu ». Il avait parfois un<br />

sacré sens <strong>de</strong> l’humour. Nous n’embarquâmes donc qu’avec nos<br />

bagages à main. Bones me <strong>la</strong>issa une nouvelle fois le siège près du<br />

hublot, et je sentis <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong>s réacteurs qui montaient à plein<br />

régime. Il avait les yeux fermés et je remarquai que ses doigts se<br />

crispèrent légèrement sur l’accoudoir lorsque l’avion se mit à<br />

accélérer.<br />

— Tu n’aimes pas l’avion, on dirait ? <strong>de</strong>mandai-je, surprise.<br />

C’était <strong>la</strong> première fois que je le voyais avoir peur.<br />

— Non, pas trop. Les acci<strong>de</strong>nts d’avion constituent l’une <strong>de</strong>s<br />

rares morts acci<strong>de</strong>ntelles dont peut être victime un vampire.<br />

Ses yeux étaient toujours fermés au moment du décol<strong>la</strong>ge,<br />

lorsque <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong>s réacteurs nous p<strong>la</strong>qua contre le dossier <strong>de</strong><br />

nos sièges. Une fois passé le moment le plus intense, je soulevai<br />

l’une <strong>de</strong> ses paupières et je le vis jeter un coup d’œil torve sur mon<br />

expression amusée.<br />

— Tu n’y connais rien en statistiques. C’est le moyen <strong>de</strong><br />

transport le plus sûr si l’on s’en tient aux seuls chiffres.<br />

— Pas pour un vampire. On peut sortir vivant <strong>de</strong> n’importe quel<br />

genre d’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture, <strong>de</strong> catastrophe ferroviaire ou <strong>de</strong><br />

naufrage. Mais quand un avion s’écrase, même les vampires en sont<br />

réduits à prier pour ne pas y rester. J’ai perdu un copain il y a<br />

quelques années dans un acci<strong>de</strong>nt d’avion, en Flori<strong>de</strong>. Le pauvre<br />

vieux, tout ce qu’ils ont retrouvé <strong>de</strong> lui, c’est sa rotule.<br />

Contrairement à ce qu’il craignait, l’avion atterrit sans<br />

encombre à 16 h 30. Bones était aussi très utile lorsqu’il s’agissait <strong>de</strong><br />

trouver un taxi. Il lui suffisait <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong> son regard vert le<br />

chauffeur pour que ce <strong>de</strong>rnier s’arrête. Ce<strong>la</strong> marchait chaque fois,<br />

même lorsque le taxi transportait déjà <strong>de</strong>s passagers. Ce fut le cas à<br />

<strong>de</strong>ux reprises, pour ma plus gran<strong>de</strong> gêne. Bones en harponna enfin<br />

un qui était libre et nous prîmes <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> mes<br />

grands-parents. Depuis notre <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> l’avion, il était<br />

étrangement silencieux. Ce ne fut qu’à cinq minutes <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />

qu’il rompit soudain le silence.<br />

— J’imagine que tu n’as pas envie que je te raccompagne<br />

jusqu’à <strong>la</strong> porte et que je te donne un baiser d’adieu <strong>de</strong>vant ta<br />

mère ?<br />

— Bien sûr que non !<br />

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