Expertise psychiatrique pénale - Rapport de la commission d'audition
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<strong>Expertise</strong> <strong>psychiatrique</strong> <strong>pénale</strong><br />
C’est à ces conditions qu’elle pourra revêtir une véritable utilité tant pour le magistrat que<br />
pour le condamné et que l’expert jouera pleinement son rôle.<br />
II. L’EXPERTISE DE RESPONSABILITÉ : L’ARTICLE 122-1 DU CODE PÉNAL<br />
En droit pénal, lorsqu’une infraction est commise, <strong>la</strong> responsabilité <strong>pénale</strong> <strong>de</strong> l’agent ne peut<br />
être reconnue que si trois conditions sont réunies :<br />
- d’abord <strong>la</strong> qualification <strong>de</strong> l’acte ;<br />
- ensuite <strong>la</strong> culpabilité <strong>de</strong> l’auteur ;<br />
- enfin l’imputabilité <strong>de</strong> l’acte, c’est-à-dire <strong>la</strong> vérification que l’auteur a <strong>la</strong> capacité<br />
nécessaire pour répondre <strong>pénale</strong>ment <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> son comportement.<br />
Comme l’a analysé J. Pra<strong>de</strong>l 26 , c’est au travers <strong>de</strong> l’intentionnalité du crime et du délit qu’est<br />
étudiée en droit pénal français l’irresponsabilité <strong>pénale</strong>. L’article 121-3 du CP prévoit qu’il n’y<br />
a ni crime ni délit sans intention <strong>de</strong> le commettre. Tout crime est donc intentionnel, tout délit<br />
est normalement intentionnel sauf impru<strong>de</strong>nce, négligence ou mise en danger, et il n’y a<br />
point <strong>de</strong> contravention en cas <strong>de</strong> force majeure. Les exclusions <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute sont décrites en<br />
droit pénal français avec les causes objectives d’irresponsabilité (justification fondée sur une<br />
injonction ou justification fondée sur une permission) et les causes subjectives<br />
d’irresponsabilité.<br />
Les principes <strong>de</strong> l’irresponsabilité <strong>pénale</strong> <strong>de</strong> l’article 122-1 du CP sont donc précis : leur<br />
nature juridique est <strong>la</strong> non-imputabilité qu’il convient <strong>de</strong> déterminer au moment <strong>de</strong>s faits. Le<br />
CP rappelle que les juges <strong>de</strong> répression apprécient souverainement l’état mental <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
personne poursuivie et que l’irresponsabilité <strong>pénale</strong> découle <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte du libre arbitre,<br />
quelle que soit <strong>la</strong> nature du trouble mental qui en est à l’origine.<br />
L’expertise <strong>psychiatrique</strong> <strong>de</strong> responsabilité a ainsi pour but <strong>de</strong> déterminer si, au moment <strong>de</strong>s<br />
faits, le sujet présentait ou non une pathologie <strong>psychiatrique</strong> et si, en conséquence, <strong>la</strong><br />
juridiction saisie peut prononcer ou non une peine et éventuellement <strong>la</strong> moduler. Comme le<br />
souligne J. Pra<strong>de</strong>l, <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> l’expertise <strong>psychiatrique</strong> <strong>pénale</strong> est diagnostique et<br />
justifie qu’elle soit réalisée par un psychiatre qui a compétence pour rédiger le certificat<br />
d’hospitalisation d’office (HO) éventuelle.<br />
L’article 64 <strong>de</strong> l’ancien CP énonçait « il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état<br />
<strong>de</strong> démence au temps <strong>de</strong> l’action ». Cette formu<strong>la</strong>tion était directement inspirée <strong>de</strong>s travaux<br />
<strong>de</strong> Pinel insistant sur l’opposition radicale entre le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> mental, irresponsable et relevant<br />
d’une prise en charge <strong>psychiatrique</strong>, et le criminel, responsable et donc punissable.<br />
La remise en cause par nombre d’auteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> simplicité <strong>de</strong> <strong>la</strong> clinique <strong>de</strong> l’aliénation établie<br />
par Pinel a amené à une complexification <strong>de</strong> l’expertise <strong>psychiatrique</strong>. Est ainsi apparu le<br />
concept <strong>de</strong> « responsabilité semi-atténuée <strong>de</strong>s semi-aliénés ». La circu<strong>la</strong>ire Chaumier du<br />
20 décembre 1905 traduit cette évolution en <strong>de</strong>mandant à l’expert « <strong>de</strong> dire si l’examen<br />
<strong>psychiatrique</strong> ne révèle point chez l’accusé <strong>de</strong>s anomalies mentales ou psychiques <strong>de</strong><br />
nature à atténuer, dans une certaine mesure, sa responsabilité ».<br />
26 Jean Pra<strong>de</strong>l (Poitiers). En droit pénal, quels sont les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> l'expertise <strong>psychiatrique</strong> <strong>pénale</strong>, quelles en sont les<br />
évolutions dans le procès pénal, et quels sont les objectifs différentiels <strong>de</strong> l'expertise <strong>psychiatrique</strong> et l'examen médicopsychologique<br />
? Audition publique. L’expertise <strong>psychiatrique</strong> <strong>pénale</strong> (rapport d’expert).<br />
<strong>Rapport</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>commission</strong> d’audition / Mai 2007<br />
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