Expertise psychiatrique pénale - Rapport de la commission d'audition
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<strong>Expertise</strong> <strong>psychiatrique</strong> <strong>pénale</strong><br />
ou non observants, quand ils abusent d’alcool ou <strong>de</strong> drogue, qu’ils présentent une clinique<br />
paranoï<strong>de</strong> productive avec idées <strong>de</strong> persécution ou syndrome d’influence et hallucinations<br />
impérieuses ou une clinique pseudo-neurologique, ou encore quand on retrouve chez eux<br />
une personnalité psychopathique sous-jacente.<br />
L’évaluation clinique <strong>de</strong> <strong>la</strong> dangerosité en termes <strong>psychiatrique</strong>s propose plusieurs axes :<br />
- mieux prendre en compte les comportements violents <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s mentaux en<br />
s’appuyant sur une clinique <strong>psychiatrique</strong> médico-légale précise telle qu’elle a été<br />
développée <strong>de</strong> façon très mo<strong>de</strong>rne par les aliénistes du XIX e siècle ;<br />
- confronter le pronostic clinique, s’appuyant éventuellement sur <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong><br />
jugement clinique semi-structuré (HCR-20) et <strong>la</strong> prédiction statistique (ou actuarielle) ;<br />
- préciser les pathologies et les facteurs <strong>de</strong> risque en utilisant <strong>de</strong> préférence un<br />
jugement clinique structuré, mais il faut souligner que <strong>la</strong> prédiction absolue <strong>de</strong> gestes<br />
<strong>de</strong> violence <strong>de</strong>meure impossible.<br />
Les recherches actuelles s’orientent vers une utilisation judicieuse <strong>de</strong> ces données, <strong>de</strong>s<br />
instruments d’évaluation en articu<strong>la</strong>tion avec le souci <strong>de</strong> fournir les meilleurs soins possible à<br />
cette popu<strong>la</strong>tion.<br />
Des travaux cliniques approfondis éc<strong>la</strong>irent les rapports psychodynamiques entre le passage<br />
à l’acte violent et <strong>la</strong> vulnérabilité i<strong>de</strong>ntitaire. Ces étu<strong>de</strong>s (C. Balier) 66 intègrent dans ces<br />
approches <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence les dimensions dynamiques du fonctionnement du cadre<br />
thérapeutique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong>s soins.<br />
■ Dangerosité criminologique<br />
La « dangerosité criminologique » a été définie par <strong>la</strong> <strong>commission</strong> Santé-Justice 67 comme<br />
« un phénomène psychosocial caractérisé par les indices révé<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />
probabilité <strong>de</strong> commettre une infraction contre les personnes ou les biens ».<br />
L’expertise psychocriminologique, telle qu’elle est <strong>de</strong> plus en plus souvent attendue par les<br />
juridictions, inclut dans les questions posées un ensemble d’items concernant l’évaluation <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> dangerosité à venir du sujet, quel que soit son statut psychopathologique. Elle présuppose<br />
une évaluation pluridisciplinaire (psychocriminologique, sociocriminologique, socioéducative,<br />
anthropologique, etc.) et surtout une prospective <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge à venir <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> personne, <strong>la</strong>quelle pourrait nécessiter un suivi sociojudiciaire encadré et bien codifié.<br />
L’appréciation d’une telle dangerosité criminologique implique un dispositif <strong>de</strong> prise en<br />
charge adapté <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne repérée comme comportant un risque social i<strong>de</strong>ntifié.<br />
Une expertise psychocriminologique ne <strong>de</strong>vrait être réalisée que par un praticien (psychiatre<br />
psychologue) ayant une qualification supplémentaire confirmée par une formation<br />
universitaire pluridisciplinaire en criminologie telle qu’elle est en train <strong>de</strong> se développer<br />
actuellement dans <strong>de</strong>s villes comme Lille, Lyon, Poitiers, ou Rennes.<br />
II. QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES SUR LES QUESTIONS TYPES ?<br />
Les questions types, reposant pour <strong>la</strong> plupart d’entre elles sur une circu<strong>la</strong>ire du CPP<br />
66 C. Balier. Psychanalyse <strong>de</strong>s comportements violents, le fil rouge. PUF, 1988.<br />
67 Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice et ministère <strong>de</strong>s Solidarités, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Famille. <strong>Rapport</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>commission</strong> Santé-Justice<br />
présidée par Jean-François Burgelin. Santé, justice et dangerosités : pour une meilleure prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> récidive. Juillet 2005.<br />
<strong>Rapport</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>commission</strong> d’audition / Mai 2007<br />
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