02.07.2013 Views

Télécharger le livre (PDF) - Éditions Entremonde

Télécharger le livre (PDF) - Éditions Entremonde

Télécharger le livre (PDF) - Éditions Entremonde

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

PRÉPARATION<br />

cosmopolite et de son génie universel, <strong>le</strong> vieux Gœthe était resté<br />

fermé dans <strong>le</strong>s classiques jardins de son abstraite majesté. Chez<br />

Klopstock, chez Lessing et <strong>le</strong> jeune Schil<strong>le</strong>r, on avait vu jaillir, en<br />

revanche, <strong>le</strong>s premières étincel<strong>le</strong>s d’un amour du nouveau prêtes<br />

à allumer la flamme révolutionnaire. Le monde social avait fourni<br />

sa nourriture à Chamisso. Platen, Saint Georges du dragon de la<br />

réaction, s’était fièrement attaqué à la corruption et au régime du<br />

knout. Grabbe s’était cabré enfin en rugissant comme un Titan<br />

contre l’avilissante mesquinerie de la petite vil<strong>le</strong> qu’était l’Al<strong>le</strong>magne.<br />

Puis, de 1830 à 1850, quand de jeunes pousses se mirent à surgir<br />

de partout sur <strong>le</strong> rempart croulant de la réaction al<strong>le</strong>mande, tendant<br />

<strong>le</strong>ur tête vers <strong>le</strong> ciel et défiant la répression dans <strong>le</strong>ur assurance<br />

de vaincre, on vit tomber sur la forêt germaine tout un essaim de<br />

fiers chanteurs, bardes bruyants de la liberté. Georges Herwegh,<br />

« l’Alouette d’Acier », publia ses Chants d’un Vivant et, dans sa course<br />

triompha<strong>le</strong> à travers toute l’Al<strong>le</strong>magne, enflamma <strong>le</strong>s cœurs par<br />

milliers. Franz Dingelstedt fouailla sans pitié dans ses Chansons<br />

d’un noctambu<strong>le</strong> cosmopolite police, prêtres, ministres et toute la<br />

« clique ». Robert Prutz, écrivant ses Caquets de l’Accouchée, livra<br />

<strong>le</strong>s princes al<strong>le</strong>mands à la rail<strong>le</strong>rie et au mépris du peup<strong>le</strong>, esclave<br />

enchaîné de ces tyrans. Pour avoir publié ses Chants Apolitiques,<br />

Hoffmann de Fal<strong>le</strong>rs<strong>le</strong>ben, accusé de scanda<strong>le</strong>, perdit sa situation<br />

avec son gagne-pain. Ferdinand Freiligrath, dont <strong>le</strong>s lions, <strong>le</strong>s déserts,<br />

l’exotisme et la poésie avaient déchaîné l’enthousiasme, mit sa<br />

rhétorique enflammée au service de la révolution. Gottfried Kinkel,<br />

Karl Beck, Moritz Hartmann, Alfred Meissner, Jung et bien d’autres,<br />

complétèrent par <strong>le</strong>urs chants de guerre, <strong>le</strong>urs hymnes à la liberté,<br />

<strong>le</strong>urs poèmes de feu et <strong>le</strong>urs appels aux armes, <strong>le</strong> programme<br />

du chœur des bardes qui devaient réveil<strong>le</strong>r l’Al<strong>le</strong>magne de son<br />

sommeil moyenâgeux. D’autres, de l’étranger, Heine et Börne<br />

surtout, harcelèrent sans paix ni trêve, à coups de pamph<strong>le</strong>ts, de<br />

polémiques et de critiques corrosives la réaction qui se manifestait<br />

en Prusse. Derrière Heine, mais indépendamment de lui, tout un<br />

groupe, la Jeune Al<strong>le</strong>magne, se déchaînait contre l’esprit de routine<br />

qui voulait étouffer dans l’œuf toute nouveauté. Les Gutzkow, <strong>le</strong>s<br />

41

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!