Télécharger - Parc naturel régional de Camargue
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Tour du Tampan ou Tourvieille Arles (Bouches-‐du-‐Rhône) 12<br />
De nombreuses tours sont datées du XVIe siècle et ont laissé penser qu’une idée <strong>de</strong> prestige<br />
avait pu motiver leur construction au cœur <strong>de</strong>s mas 5 . Cette hypothèse serait à étayer tout<br />
autant que la datation <strong>de</strong>s bâtisses 6 .<br />
À ces multiples raisons d’édifier une tour, le Fort <strong>de</strong> Pâques apporte une motivation encore<br />
différente (fig. 19). Il fut édifié en 40 jours à partir <strong>de</strong> Pâques 1593, avec la participation <strong>de</strong> la<br />
Ligue arlésienne. Les protestants s’étaient emparés du château <strong>de</strong> Trinquetaille et il s’agissait<br />
<strong>de</strong> les contenir tout en assurant les communications avec la <strong>Camargue</strong> 7 .<br />
Une étu<strong>de</strong> systématique <strong>de</strong>s archives pourrait probablement apporter quelques<br />
éclaircissements sur les fonctions prévalant initialement à la construction d’une tour, ainsi que<br />
sur les commanditaires et leurs motivations.<br />
L’observation <strong>de</strong> la carte <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s tours montre néanmoins que ces constructions<br />
sont particulièrement <strong>de</strong>nses en <strong>Camargue</strong> et qu’elles sont essentiellement situées en bordure<br />
<strong>de</strong>s diverses branches du Rhône 8 (fig. 11). L’économie du territoire dépend en gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong> ce fleuve, dont le <strong>de</strong>lta n’a cessé d’évoluer au fil <strong>de</strong>s siècles.<br />
Avant la mise en place <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux bras actuels : Grand Rhône et Petit Rhône, le paysage<br />
<strong>de</strong>ltaïque a connu <strong>de</strong> nombreuses évolutions et défluviations, induites par les crues, les<br />
inondations, l’instabilité <strong>de</strong>s berges et les apports sédimentaires 9 . Durant l’époque médiévale,<br />
le bras principal était le Grand-Passon, complété <strong>de</strong> bras secondaires comme ceux <strong>de</strong> Saint-<br />
Ferréol, <strong>de</strong> Peccaïs, d’Albaron et d’Ulmet (fig. 11). L’assèchement <strong>de</strong>s marais, la mise en<br />
place et l’entretien <strong>de</strong>s digues – chaussées ou leva<strong>de</strong>s -, les drainages et l’évacuation <strong>de</strong>s eaux<br />
<strong>de</strong> crues, constituent autant <strong>de</strong> sujets qui n’ont cessé <strong>de</strong> mobiliser les occupants <strong>de</strong> ce territoire<br />
si mobile. En 1542-1543, les gran<strong>de</strong>s associations territoriales arlésiennes se mettent en place<br />
pour gérer, non sans difficultés, ces diverses préoccupations 10 . Au milieu du XVIe siècle, <strong>de</strong>s<br />
projets, mais aussi <strong>de</strong>s réalisations, concernent l’ensemble <strong>de</strong> la Provence. Le canal <strong>de</strong><br />
Craponne, <strong>de</strong>stiné à l’irrigation, est creusé en 1550 et l’ouverture <strong>de</strong> sa branche arlésienne<br />
débutera en 1581.<br />
En 1587, une crue – gros Rhône - provoque le détournement du fleuve vers l’ouest, dans les<br />
terres dites <strong>de</strong> Fumemorte (Femme morte). Le nouveau chenal, le Bras <strong>de</strong> Fer, se formera<br />
progressivement avec un débouché au Gras du midy. Dans l’intervalle, pour assurer la<br />
5 . Paul-Albert Février - Tours <strong>de</strong> <strong>Camargue</strong>, Provence Historique, 1992, p.467-472.<br />
6 . Nos quelques visites nous ont révélées <strong>de</strong>s tours qui semblent plus sûrement être à l’origine <strong>de</strong> la<br />
construction <strong>de</strong>s mas. Seule la tour <strong>de</strong> Para<strong>de</strong>, avec son plan hexagonal et son raffinement, pourrait<br />
émaner d’un souci esthétique <strong>de</strong> son commanditaire.<br />
7 . Fassin (Emile) - Bulletin archéologique d’Arles, 1891 n° 4, pages 60-64.<br />
8 . Les tours <strong>de</strong> Montmeillan, d’Amphoux et le fort <strong>de</strong> Pâques défendaient la brassière <strong>de</strong> Montlong.<br />
La tour d’Amphoux possè<strong>de</strong> d’appréciables dimensions et tous les niveaux sont dédiés à la<br />
surveillance (figs. 15 – 16). Le château d’Albaron est construit au XIIIe siècle pour assurer la défense<br />
d’Arles sur le petit Rhône (la première mention serait <strong>de</strong> 1040, voir Courrier du parc <strong>naturel</strong> <strong>régional</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Camargue</strong>, n° 33, 1989, Les mas <strong>de</strong> <strong>Camargue</strong>).<br />
9 . Provansal (Mireille) – Le contexte physique : Du Rhône aux plaines, <strong>de</strong> la ville à la <strong>Camargue</strong>,<br />
dans Arles, histoire, territoires et cultures, 2008, p.33 à 51, avec <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> l’évolution du <strong>de</strong>lta.<br />
10 . Pichard (Georges) – L’environnement <strong>naturel</strong> et matériel : les fon<strong>de</strong>ments agraires <strong>de</strong> la vie<br />
arlésienne à l’époque mo<strong>de</strong>rne, dans Arles, histoire, territoires et cultures, 2008, p.524-525.