Télécharger - Parc naturel régional de Camargue

Tour du Tampan ou Tourvieille Arles (Bouches-­‐du-­‐Rhône) 26
En ce qui concerne la tour du Tampan, devenue Tourvieille à la suite de sa transformation à
usage agricole puis d’habitation, la documentation recueillie permet d’appréhender une vision
assez complète depuis son état originel jusqu’à nos jours. La comparaison, rendue possible
par l’ensemble de l’étude, montre qu’entre le prix-fait de 1607 et la réalisation effective dans
le courant de l’année 1614, une grande majorité des préconisations a été respectée. Seules
quelques divergences sont à noter, dont la plus importante réside dans l’agrandissement du
volume de la tour, passant d’une surface totale couverte prévue de 166 m2 avec une terrasse
d’environ 84 m2 à une surface totale couverte de 206 m2 avec une terrasse d’environ 110 m2.
L’observation minutieuse des vestiges montre que les formules utilisées dans le prix-fait,
telles que « Sera tenu le dit Me Barthélémy Juran, prisfachier, de faire toute la besogne bien et
dument, et en bon père de famille » « Ainsi l’ont promis et juré sur les Écritures », ne
reflètent que partiellement le travail effectivement réalisé. On constate par exemple que la
structure même manque singulièrement de cohésion, que les linteaux des ouvertures sont
dimensionnés au plus juste, que la cloison nord-sud est d’une épaisseur minimaliste pour
soutenir les poussées des voûtes et qu’elle est à peine rattachée aux murs porteurs. Certaines
concessions pourraient être le fait des commanditaires plutôt que des exécutants, comme par
exemple la forme des voûtes dangereusement surbaissées. Un souci d’économie pourrait être
à l’origine de ces malfaçons, d’autant plus que six années séparent le prix-fait de la réalisation
et que la communauté connaît alors d’importantes difficultés financières. Une contradiction
majeure réside cependant dans le substantiel agrandissement de la bâtisse, dont il est difficile
de préciser les raisons. Quoiqu’il en soit, la construction telle qu’elle fut achevée, reçut
l’approbation de l’architecte de la ville d’Arles et les bâtisseurs touchèrent leur solde.
Les derniers effondrements ont obstrué plusieurs espaces et la dangerosité du site contribue
encore à limiter les observations. Si la mise hors péril le permet, les possibilités pourraient
devenir intéressantes et permettre d’enrichir le dossier par comparaison avec les termes des
prix-faits. Par exemple, une vision des arases sommitales rendue possible permettrait de
repérer les conduits de cheminée, les éventuels chêneaux et autres bouches d’évacuation des
eaux pluviales. Par la suite, si l’intérieur de la tour est vidé, un inventaire in situ des blocs
taillés permettrait de déterminer la forme, le nombre et l’emplacement approximatif des
ouvertures intérieures, ainsi que de repérer les éventuels traces du four, les possibles vestiges
des cloisons est-ouest et de collecter d’une façon plus générale l’ensemble des données qui
échappent aujourd’hui au regard.