Villégiature en Côte d'Azur - EPFL
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<strong>Villégiature</strong> <strong>en</strong> <strong>Côte</strong> d’Azur<br />
Le village de vacances Le Merlier<br />
de l’Atelier de Montrouge, 1959-1965<br />
Charlotte Glatt<br />
Enoncé théorique de Master - Architecture<br />
Professeur Franz Graf, Directeur pédagogique<br />
Yvan Delemontey, Maître epfl<br />
Laboratoire des Techniques et de la Sauvegarde de l’Architecture Moderne<br />
Environnem<strong>en</strong>t Naturel Architectural et Construit<br />
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne<br />
16 Janvier 2012
L’architecture c’est mouler une t<strong>en</strong>dresse sur une contrainte.<br />
Louis Arretche<br />
Couverture: Etude de l’élévation vers la mer<br />
Collage Jean-Louis Véret, nd, vers 1960<br />
ATM-D-59 162ifa 467 (CL-10-07-07-37)<br />
dim<strong>en</strong>sion d’origine 50x75 cm<br />
3
4<br />
Table des matières<br />
1INTRODUCTION & METHODOLOGiE<br />
1SITUATION<br />
1.1 - CO N T e x T e HIs T O r Iq U e<br />
1.1.1 Les vacances pour tous<br />
1.1.2 Scène architecturale<br />
1.1.3 Architecture de loisir<br />
1.2 - L’AT e L I e r d e MO N T r O U g e<br />
1.2.1 Les protagonistes<br />
1.2.2 Les études aux Beaux-Arts; affiliations et influ<strong>en</strong>ces<br />
1.2.3 Le diplôme et les premières affaires<br />
1.2.4 Création de l’ATM; éthique et fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
1.2.5 Quelques réalisations et études significatives<br />
1<br />
8<br />
12<br />
18<br />
30<br />
40<br />
46<br />
52<br />
56
2 LE DOMAINE VOLTERRA<br />
2.1 - CO N T e x T e<br />
2.1.1 Situation géographique<br />
2.1.2 La commande<br />
2.1.3 Enquête de terrain et rapport préliminaire<br />
2.2 - Le P r O j e T d’e N s e M b L e<br />
2.2.1 Lignes directrices<br />
2.2.2 Conception générale de l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
2.3 - Le v I L L A g e d U Me r l i e r<br />
2.3.1 Caractères particuliers et référ<strong>en</strong>ces<br />
2.3.2 Elém<strong>en</strong>ts du village<br />
2.3.3 Implantation des habitations<br />
2.3.4 Déroulem<strong>en</strong>t du chantier<br />
2.3.5 Système constructif et matériaux<br />
2.3.6 Décoration extérieure et végétation<br />
2.3.7 Aménagem<strong>en</strong>ts du bord de mer<br />
2.3.8 Réception<br />
1<br />
72<br />
74<br />
76<br />
80<br />
82<br />
88<br />
104<br />
118<br />
138<br />
142<br />
150<br />
154<br />
162<br />
3 PROBLEMATIQUE ACTUELLE<br />
3.1 - AC T U A L I Té T O U r Is T Iq U e e N Cô T e d’Az U r<br />
3.2 - Le v I L L A g e A U j O U r d’H U I<br />
3.2.1 Id<strong>en</strong>tité et esprit d’origine<br />
3.2.2 Etat actuel et changem<strong>en</strong>ts majeurs<br />
3.2.3 Recommandations pour la sauvegarde<br />
3.3 - Pr é M I s s e s d U Pr O j e T d e MA s T e r<br />
3.2.1 Lignes d’interv<strong>en</strong>tion<br />
3.2.2 Pot<strong>en</strong>tiels et manques<br />
3.4 - CO N C L U s I O N<br />
1BIBLIOGRAPHIE<br />
5<br />
1<br />
164<br />
166<br />
168<br />
174<br />
176<br />
178<br />
180
6<br />
• Photo: cliché anonyme,<br />
non daté, <strong>en</strong>v. 1938-44<br />
Bundesarchiv,<br />
Image 146-1988-019-16<br />
• Photo: E. Zühldorf, août<br />
1958<br />
Bundesarchiv,<br />
Image 183-57446-0001<br />
•Billet de train à prix réduit<br />
avec image de la baie de<br />
Nice, Chemins de fer Paris-<br />
Lyon-Méditerranée (PLM),<br />
vers 1914<br />
INTRODUCTION ET METHODOLOGIE<br />
Après la guerre le bouleversem<strong>en</strong>t est énorme et tous les<br />
domaines de la société connaiss<strong>en</strong>t des révolutions, dans<br />
un climat d’expansion sociale et économique, de questionnem<strong>en</strong>t<br />
nouveau. L’architecture est impliquée dans la vie sociale<br />
et politique et le mouvem<strong>en</strong>t moderne -dont les CIAM<br />
sont les représ<strong>en</strong>tants- est <strong>en</strong> pleine effervesc<strong>en</strong>ce.<br />
La civilisation des loisirs voit le jour dans ce contexte. Le<br />
nouveau mode de vie, le temps libéré pour les loisirs, modifie<br />
le paysage. Impliquant des constructions nouvelles, le tourisme<br />
de villégiature s’impose comme un terrain particulièrem<strong>en</strong>t<br />
propice et innovant pour l’architecture moderne.<br />
La côte d’Azur est un lieu d’interv<strong>en</strong>tion capital à la compréh<strong>en</strong>sion<br />
de ce mouvem<strong>en</strong>t. Parmi de nombreuses réalisations<br />
parfois célèbres, le village du Merlier -installé sur un<br />
versant face à la mer au Cap Camarat- expose une attitude<br />
des plus percutantes dans la variété des constructions de<br />
l’époque.<br />
Réalisation égalem<strong>en</strong>t majeure dans la production d’un atelier<br />
parisi<strong>en</strong>, l’Atelier de Montrouge (ATM); protagoniste important<br />
d’une nouvelle modernité et association heureuse de<br />
quatre jeunes architectes: Jean R<strong>en</strong>audie, Pierre Riboulet,<br />
Gérard Thurnauer et Jean-Louis Véret. Le projet du Merlier<br />
témoigne, comme nous le verrons, de la dim<strong>en</strong>sion sociale<br />
de l’habitat que matérialise leur architecture, du modèle<br />
d’éthique professionnelle qui caractérise leur production ainsi<br />
que de leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t particulier <strong>en</strong>vers le site.<br />
Le travail s’organise <strong>en</strong> trois parties:<br />
La première partie propose de situer la réalisation; au regard<br />
de son contexte tout d’abord -afin de compr<strong>en</strong>dre le climat<br />
politique, les préoccupations sociales et l’aménagem<strong>en</strong>t des<br />
loisirs-, ainsi que du point de vue de l’architecture moderne<br />
europé<strong>en</strong>ne.<br />
Puis c’est au regard de la production de l’Atelier que nous<br />
t<strong>en</strong>terons de situer le village du Merlier.
La prés<strong>en</strong>tation des architectes de l’Atelier<br />
de Montrouge permettra de mieux s<strong>en</strong>tir leur<br />
démarche; leur formation, tout d’abord, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
digne d’intérêt, puis leur parcours<br />
professionnel, tant collectif qu’individuel -et les<br />
relations qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ces deux parts de<br />
leur production.<br />
Le développem<strong>en</strong>t de l’analyse ciblera le projet<br />
du Merlier <strong>en</strong> particulier, rappelant toutefois l’importance<br />
du projet d’<strong>en</strong>semble auquel il aurait<br />
dû appart<strong>en</strong>ir. Les qualités d’ordre conceptuel<br />
de l’œuvre seront mises <strong>en</strong> lumière, puis<br />
les particularités construites seront décrites;<br />
la conception des espaces du village et des<br />
tr<strong>en</strong>te-cinq villas.<br />
Enfin il sera traité de l’actualité; la région, le village,<br />
et la situation économique, sociale et politique<br />
qui le concern<strong>en</strong>t. Il s’agira d’établir à quels<br />
besoins programmatiques devra faire face un<br />
projet d’interv<strong>en</strong>tion. En vue d’un projet, nous<br />
essaierons de tirer de cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ses<br />
prolongem<strong>en</strong>ts dans le prés<strong>en</strong>t; afin de proposer<br />
une interv<strong>en</strong>tion qui poursuit la digne<br />
logique qui prévalait à cette réflexion, que l’on<br />
découvrira «fortem<strong>en</strong>t inachevée».<br />
Afin d’établir la possibilité d’un projet d’interv<strong>en</strong>tion,<br />
il s’agit de réunir les fondem<strong>en</strong>ts de<br />
connaissances solides afin de compr<strong>en</strong>dre<br />
l’esprit d’origine. C’est sur la base de docum<strong>en</strong>ts<br />
d’archives, du fonds des architectes,<br />
de reportages photographiques et égalem<strong>en</strong>t<br />
d’un relevé de l’existant et de r<strong>en</strong>contres avec<br />
certains des protagonistes, que se compr<strong>en</strong>d<br />
la réalisation, son contexte, son programme,<br />
sa réception. Pourront alors être établies quelques<br />
pistes pour la conception d’un projet de<br />
sauvegarde et d’aménagem<strong>en</strong>ts futurs.<br />
7
Notre but simple et humain,<br />
est de permettre aux masses<br />
de la jeunesse française de<br />
trouver dans la pratique des<br />
sports, la joie et la santé et<br />
de construire une organisation<br />
des loisirs telle que les<br />
travailleurs puiss<strong>en</strong>t trouver<br />
une dét<strong>en</strong>te et une récomp<strong>en</strong>se<br />
à leur dur labeur.<br />
Léo Lagrange, sous-secrétaire<br />
d’État à la jeunesse et<br />
aux loisirs, lors d’un discours<br />
radiodiffusé, le 10 juin 1936<br />
8<br />
• Affiche publicitaire de la<br />
Confédération Générale du<br />
Travail (CGT) pour la semaine<br />
de quarante heures<br />
mai 1936<br />
1<br />
SITUATION<br />
1.1 - CO N T e x T e HIs T O r Iq U e<br />
1.1.1 Les vacances pour tous<br />
Après la guerre, le traumatisme se dissipe l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. Le pays,<br />
dévasté, <strong>en</strong>tame une période de reconstruction des villes détruites<br />
et le gouvernem<strong>en</strong>t a bi<strong>en</strong>tôt à faire face à une pénurie de<br />
logem<strong>en</strong>t sans précéd<strong>en</strong>t. Malgré ce climat difficile, le pays s’industrialise<br />
et s’urbanise à un rythme sout<strong>en</strong>u et, petit à petit, une<br />
période d’essor économique voit à nouveau le jour.<br />
La deuxième partie des années cinquante voit naître un phénomène<br />
nouveau: les vacances balnéaires pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de l’ampleur.<br />
Le tourisme et les loisirs -réservés à l’élite auparavant- se<br />
démocratis<strong>en</strong>t et se généralis<strong>en</strong>t jusqu’à dev<strong>en</strong>ir un phénomène<br />
de masse. La villégiature, dont les prémisses apparaiss<strong>en</strong>t déjà<br />
dans des sociétés plus anci<strong>en</strong>nes, comm<strong>en</strong>ce réellem<strong>en</strong>t à se<br />
développer au 19 ème siècle 1 , destinée uniquem<strong>en</strong>t à la classe sociale<br />
la plus élevée, souv<strong>en</strong>t à des fins médicales. La côte d’Azur<br />
accueille ainsi une villégiature d’aristocratie et haute bourgeoisie<br />
europé<strong>en</strong>ne, anglaise et russe <strong>en</strong> particulier.<br />
La villégiature demeure ainsi réservée aux catégories privilégiées<br />
jusqu’à l’<strong>en</strong>tre deux-guerre et les mouvem<strong>en</strong>ts ouvriers, les réfor-<br />
1 voir Maisons de vacances <strong>en</strong> Europe, Bernard Wolg<strong>en</strong>singer,<br />
Ed. Office du Livre, Fribourg, 1968, p.6: «(...) ainsi naiss<strong>en</strong>t les châteaux,<br />
les palais, les hôtels, les pavillons de chasse, les demeures diverses<br />
plus ou moins somptueuses qui transform<strong>en</strong>t le visage de l’Europe.<br />
Cet état de choses, dont seules jouiss<strong>en</strong>t les classes privilégiées,<br />
durera jusqu’au 19ème siècle. L’éclatem<strong>en</strong>t des structures politiques,<br />
la naissance de l’industrie, port<strong>en</strong>t alors <strong>en</strong> germe, la mutation vers le<br />
bi<strong>en</strong>-être, promis à beaucoup d’hommes du siècle actuel»
• Photographies actuelles des<br />
côtes -touristiques- espagnoles;<br />
Costa Brava, plage de<br />
Marbella, B<strong>en</strong>idorm<br />
«Dans la région de Val<strong>en</strong>ce<br />
(est) et de Huelva (sudouest),<br />
la zone côtière, à savoir<br />
la bande de terre de 2 kilomètres<br />
longeant la mer, est<br />
construite à <strong>en</strong>viron 50%.»<br />
Première Loi Littoral 1969.<br />
«La loi Littoral espagnole<br />
de 1988 avait été prés<strong>en</strong>tée<br />
comme l’instrum<strong>en</strong>t juridique<br />
capable de réintégrer<br />
dans le domaine public les<br />
espaces côtiers urbanisés<br />
illégalem<strong>en</strong>t et d’ét<strong>en</strong>dre<br />
s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les périmètres<br />
non constructibles. Deux déc<strong>en</strong>nies<br />
plus tard, le bilan est<br />
mitigé, <strong>en</strong> particulier sur la<br />
façade méditerrané<strong>en</strong>ne. En<br />
effet, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce d’une politique<br />
intégrée du littoral, il<br />
est très difficile de mettre <strong>en</strong><br />
œuvre cette loi d’une grande<br />
complexité technique et juridique,<br />
suscitant <strong>en</strong> outre<br />
une forte résistance sociale.<br />
Plus globalem<strong>en</strong>t, les aléas<br />
de la loi Littoral mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
lumière les <strong>en</strong>jeux, les modalités<br />
et les difficultés de la<br />
gestion de l’urbanisme côtier<br />
<strong>en</strong> Espagne.»<br />
Extrait de l’article «Vingt ans<br />
d’application de la loi Littoral<br />
<strong>en</strong> Espagne. Un bilan mitigé»<br />
de Francisco José Torres<br />
Alfosea dans Méditerranée<br />
n°115, p.9-19<br />
10<br />
mes sociales initiées par le Front populaire 2 : réduction du temps<br />
de travail, apparition des congés payés,... Ce droit accordé aux<br />
citoy<strong>en</strong>s induit une nouvelle conception du temps libre et un<br />
changem<strong>en</strong>t des pratiques sociales; la demande formulée dépasse<br />
largem<strong>en</strong>t la capacité des stations existantes; le secteur<br />
des services explose, les vacances balnéaires, amorcées avant la<br />
guerre, sont maint<strong>en</strong>ant une préoccupation pour la société française<br />
3 .<br />
Le développem<strong>en</strong>t du chemin de fer 4 est un déterminant important<br />
de la création et du fonctionnem<strong>en</strong>t des premières stations,<br />
balnéaires et thermales. Ensuite la diffusion de l’automobile 5 -et<br />
des infrastructures routières- permett<strong>en</strong>t à la cellule familiale de se<br />
déplacer individuellem<strong>en</strong>t, hors des limites imposées jusqu’alors<br />
par la position des voies ferrées et des gares. Les vacances<br />
sont dev<strong>en</strong>ues accessibles. Certaines stations balnéaires, témoins<br />
du modèle de la station du second empire <strong>en</strong> front de mer<br />
-comme Nice, Deauville, ou Brighton,...- devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />
à ce mom<strong>en</strong>t là des destinations estivales, d’ailleurs <strong>en</strong>core <strong>en</strong><br />
vogue aujourd’hui. Néanmoins il n’y a pas, au niveau national,<br />
d’offre touristique suffisante pour l’hébergem<strong>en</strong>t d’une «cli<strong>en</strong>tèle<br />
<strong>en</strong> puissance de deux millions et demi de touristes qui traverse<br />
2 Le Front populaire qui arrive au pouvoir <strong>en</strong> 1936, doit répondre<br />
aux aspirations du monde ouvrier qui a salué sa victoire par des<br />
grèves générales. Les accords Matignon, de juin 1936, donn<strong>en</strong>t aux<br />
Français de nombreuses réformes sociales dont notamm<strong>en</strong>t 15 jours de<br />
congés payés et l’augm<strong>en</strong>tation immédiate des salaires.<br />
3 «Le droit aux vacances va de pair avec cette accélération<br />
du rythme de la vie, ainsi que l’<strong>en</strong>jeu économique non négligeable à<br />
l’échelle du pays», la Docum<strong>en</strong>tation française, Le tourisme, un phénomène<br />
économique, Pierre Py, 2002.<br />
4 1860 Paris Lyon Méditerranée PLM, 1879 Nouvelles lignes locales,<br />
1885 Companie des chemins de fer du Sud SF, 1905 Ligne Toulon<br />
St Raphaël, Compagnie des chemins de fer de la Prov<strong>en</strong>ce CP.<br />
5 La voiture individuelle est <strong>en</strong> Europe le premier mode de<br />
transport pour les vacances. Depuis une vingtaine d’années un changem<strong>en</strong>t<br />
brusque s’est opéré dans le mode de transport: l’avion, presque<br />
inaccessible au début des années 80, est aujourd’hui démocratisé. Accessible,<br />
confortable, rapide,... (Aéroports de Nice, Marseilles, Montpellier,<br />
Nantes) Tourismes <strong>en</strong> Europe, Action touristique, Jean-Pierre<br />
Pasqualini, Bruno Jacquot, Ed. Dunod, 1992.
chaque année la France pour aller chercher<br />
(<strong>en</strong> Espagne) les installations et équipem<strong>en</strong>ts<br />
qui manqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core sur la côte française 6 ».<br />
La région méditerrané<strong>en</strong>ne possède un énorme<br />
capital touristique. Par sa position c<strong>en</strong>trale<br />
<strong>en</strong> Europe, elle se révèle une destination<br />
idéale pour un grand nombre de vacanciers à<br />
la recherche du soleil, europé<strong>en</strong>s de classe<br />
moy<strong>en</strong>ne. La politique française de développem<strong>en</strong>t<br />
t<strong>en</strong>d à spécialiser les différ<strong>en</strong>tes régions.<br />
En Languedoc-Roussillon s’<strong>en</strong>suit une<br />
politique d’aménagem<strong>en</strong>t et le développem<strong>en</strong>t<br />
d’unités touristiques de grande ampleur, destinées<br />
à tous. Tandis que la <strong>Côte</strong> d’Azur, déjà<br />
très urbanisée, va continuer à servir un tourisme<br />
plus haut de gamme et <strong>en</strong> plus petites<br />
unités.<br />
L’arrivée massive et grandissante de vacanciers<br />
implique diverses structures d’accueil<br />
et projets d’aménagem<strong>en</strong>ts. De nombreuses<br />
constructions fleuriss<strong>en</strong>t et, assez vite,<br />
le principe d’urbanisation adopté ailleurs 7 est<br />
réfuté. C’est <strong>en</strong> Espagne que les premières<br />
infrastructures balnéaires ont vu le jour (Costa<br />
Brava, Costa del Sol); le littoral est urbanisé<br />
de manière continue, et le résultat, une mince<br />
bande d’édifices d<strong>en</strong>se le long de la plage, est<br />
exclu par le gouvernem<strong>en</strong>t français, qui veut<br />
développer ses propres programmes de loisirs<br />
autrem<strong>en</strong>t.<br />
6 «L’aménagem<strong>en</strong>t touristique du littoral<br />
du Languedoc-Roussillon» Notes et études docum<strong>en</strong>taires<br />
n° 3326, octobre 1966, La Docum<strong>en</strong>tation<br />
Française.<br />
7 Alignem<strong>en</strong>t d’hôtels le long de la plage;<br />
Espagne, Mer Noire (Bulgarie,Roumanie),<br />
USA. Tant an LR qu’<strong>en</strong> PACA, on cherche dès lors<br />
d’autres modèles d’implantation, moins destructeurs<br />
du territoire littoral.<br />
11
• Couverture de l’ouvrage de<br />
Le Corbusier Manière de p<strong>en</strong>ser<br />
l’urbanisme / Urbanisme<br />
des CIAM<br />
ASCORAL, Paris, éd. de<br />
l’Architecture d’Aujourd’hui,<br />
1946<br />
Illustration dans La Modernité<br />
critique, Autour du CIAM9<br />
d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, sous la<br />
direction de Jean-luci<strong>en</strong> Bonillo,<br />
Claude Massu et Daniel<br />
Pinson, éd.Ibernon,2006,<br />
L’écho des CIAM, p.22<br />
12<br />
• Croquis pris sur le vif par<br />
Guy Rottier à l’occasion de<br />
la fête donnée le 25 juillet<br />
1953, sur le toit terrasse<br />
de l’Unité d’habitation de<br />
Marseille, pour clôturer le<br />
CIAM9.<br />
• Photo: les congressistes au<br />
travail à l’école des arts et<br />
métiers d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce,<br />
archives FLC, photo: L.<br />
Sciarli<br />
Ces deux images illustr<strong>en</strong>t le<br />
texte de Jean-Luci<strong>en</strong> Bonillo,<br />
«La Modernité <strong>en</strong> héritage:<br />
mythes et réalités du CIAM9<br />
d’Aixx-<strong>en</strong>-prov<strong>en</strong>ce» issu du<br />
même ouvrage.<br />
1.1.2 Scène architecturale<br />
La seconde moitié du 20 ème siècle, période de mutations importantes,<br />
se traduit du point de vue de la théorie architecturale, par<br />
à un bouleversem<strong>en</strong>t dans le mode de p<strong>en</strong>sée. Dans l’aprèsguerre,<br />
faisant écho aux chantiers de reconstruction 8 et aux réalisations<br />
de grands <strong>en</strong>sembles, on assiste à un changem<strong>en</strong>t des<br />
perspectives qui mènera les architectes à une révision, plus ou<br />
moins radicale, des principes modernes -puristes- de la ville et de<br />
l’habitat.<br />
La démographie explose, les villes se d<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t, les banlieues<br />
grandiss<strong>en</strong>t. Les villes dévastées sont reconstruites et c’est<br />
l’occasion de rep<strong>en</strong>ser leur urbanisme 9 . Comme au coeur du<br />
débat politique de l’époque, la question des mal-logés français<br />
<strong>en</strong>vahit la scène architecturale. L’habitat de masse marque<br />
l’époque, mais les architectes de la nouvelle génération comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />
à dénoncer la monotonie et la rigidité des réalisations -faites<br />
dans un contexte d’urg<strong>en</strong>ce et d’économie maximale- <strong>en</strong> s’ori<strong>en</strong>tant<br />
vers des pistes plus humanisées, subjectives et moins<br />
universelles. Les théories de l’<strong>en</strong>tre-deux-guerre sont sujettes à<br />
critique 10 , le débat se r<strong>en</strong>ouvelle et une variété formelle et conceptuelle<br />
nouvelle apparaît.<br />
8 Un appareil d’Etat se met <strong>en</strong> place, avec la création <strong>en</strong> 1944<br />
du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, le MRU, dirié par<br />
Raoul Dautry puis Eugène Claudius-Petit.<br />
L’ASCORAL, grille CIAM d’urbanisme, reconstruction rénovations,<br />
grands <strong>en</strong>sembles ou unité de voisinage, ZUP / tours et barres / procédés<br />
d’industrialisation, préfabrication, béton léger -procédé Camus-<br />
cf. Shape village<br />
9 Le comité d’urbanisme au sein du MRU rassemble des figures<br />
de l’époque; Auguste Perret, André Leconte, Pierre Paquet, André<br />
Lurçat et Le Corbusier <strong>en</strong> font partie. Auguste Perret au Havre, André<br />
Lurçat à Maubeuge et Saint-D<strong>en</strong>is, le Corbusier et Saint-Dié, Louis<br />
Arretche à Saint-Malo AA n°2 «solutions d’urg<strong>en</strong>ce»; André Bruyère,<br />
Prouvé-Jeanneret voûte sans charp<strong>en</strong>te.<br />
10 «l’utopie technici<strong>en</strong>ne poussée a l’extrême dans l’<strong>en</strong>tre-deux<br />
guerre cède sa place naturellem<strong>en</strong>t au caractère de la réalité: on ne<br />
nourrit plus l’aspiration à un ordre parfait, mais un monde perfectible.<br />
La dim<strong>en</strong>sion du temps, du changem<strong>en</strong>t, de la conting<strong>en</strong>ce historique<br />
est réintroduite dans le projet,...» cf Mangeat
L’histoire de l’architecture du 20 ème siècle est<br />
indissociable des celle des CIAM 11 . Cette crise<br />
de la modernité se manifeste fortem<strong>en</strong>t lors<br />
du CIAM9 d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1953, qui<br />
sera défini comme «un congrès de transition»<br />
par les histori<strong>en</strong>s et qui reflète cette volonté<br />
de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des théories architecturales.<br />
A propos du CIAM9 dont le thème est «la charte<br />
de l’habitat», la citation suivante explique le<br />
climat contestataire de la nouvelle génération:<br />
«Au lieu d’être un événem<strong>en</strong>t destiné à confirmer<br />
délibérém<strong>en</strong>t l’hégémonie de l’architecture<br />
moderne, le congrès s’est achevé dans<br />
la confusion. Aucune décision ne fut prise<br />
concernant une nouvelle Charte de l’habitat, et<br />
une nouvelle génération de membres jeunes<br />
se révéla être très critique <strong>en</strong>vers l’avant-garde<br />
désormais institutionnalisée de l’architecture<br />
moderne 12 .»<br />
11 Congrès Internationaux d’Architecture<br />
Moderne<br />
Les CIAM d’avant guerre: 1928 - CIAM I, La Sarraz,<br />
Suisse, Fondation du CIAM, 1929 - CIAM II,<br />
Francfort-sur-le-Main, Allemagne: Habitat à loyer<br />
modéré,1930 - CIAM III, Bruxelles, Belgique: méthodes<br />
rationnelles pour la construction de groupem<strong>en</strong>ts<br />
d’habitation, 1933 - CIAM IV, Athènes,<br />
Grèce; la ville fonctionnelle (ou la Charte d’Athènes),<br />
1937 - CIAM V, Paris, France, 1947 - CIAM VI,<br />
Bridgwater, Royaume-Uni.<br />
Et les CIAM d’Après guerre: 1949 - CIAM VII, Bergame,<br />
Italie,1951 - CIAM VIII, Hoddesdon, Royaume-Uni,<br />
The Core, processus de rec<strong>en</strong>tralisation,<br />
1953 - CIAM IX, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, France, 1956 -<br />
CIAM X, Dubrovnik, Yougoslavie, 1959 - CIAM XI,<br />
Otterlo, Pays-Bas, dissolution des CIAM organisée<br />
par Team X<br />
12 Le prés<strong>en</strong>t de l’utopie: la grille de réid<strong>en</strong>tification<br />
urbaine d’Alison et Peter Smithson,<br />
Dirk van d<strong>en</strong> Heuvel (texte ds LA MOD CRIT)<br />
13
• «Recherches des normes<br />
particulières aux populations<br />
musulmanes permettant<br />
de déterminer utilem<strong>en</strong>t<br />
certains élém<strong>en</strong>ts de base,<br />
échelle des constructions,<br />
équipem<strong>en</strong>ts du logis, hauteur<br />
des vues, rangem<strong>en</strong>ts,<br />
qualité des sols»,<br />
Analyse du bidonville de Mahieddine,<br />
Roland Simounet,<br />
groupe CIAM-Alger, docum<strong>en</strong>t<br />
prés<strong>en</strong>té au CIAM9 d’Aix-<strong>en</strong>-<br />
Prov<strong>en</strong>ce, 1953.<br />
• Etraits de la grille de «réid<strong>en</strong>tification<br />
urbaine», Alison<br />
et Peter Smithson, prés<strong>en</strong>tée<br />
par TEM10, 1953.<br />
ömerg<strong>en</strong>ce de la notion de<br />
jeux dans la ville; photographies<br />
de Nigel H<strong>en</strong>derson.<br />
• Alison et Peter Simthson,<br />
Projet de concours pour<br />
la Gold<strong>en</strong> Lane, Londres,<br />
esquisse de façade et coupe,<br />
1952.<br />
14<br />
La nouvelle génération d’architectes remet <strong>en</strong> question les principes<br />
de la Chartes d’Athènes, mais la polémique qui a lieu ne réfute<br />
néanmoins pas totalem<strong>en</strong>t les idées du Mouvem<strong>en</strong>t moderne,<br />
auquel on reste tout de même fidèle. La modernité architecturale<br />
de l’avant-garde vantait les pot<strong>en</strong>tiels du monde industriel, pour<br />
ses possibilités de standardisation et de rationalisation. La t<strong>en</strong>dance<br />
purem<strong>en</strong>t fonctionnelle est reconsidérée, le progrès<br />
hygiéniste s’humanise. En matière de logem<strong>en</strong>t, la transition<br />
qui se fait s<strong>en</strong>tir au début des années cinquante est due à la<br />
recherche de l’épanouissem<strong>en</strong>t de l’individu dans la collectivité.<br />
On met <strong>en</strong> avant la qualité de la vie pour l’habitant, son confort,<br />
son bi<strong>en</strong>-être, avec des int<strong>en</strong>tions de plus de finesse dans la<br />
socialisation.<br />
Le thème du congrès est précisém<strong>en</strong>t «la Charte de l’habitat» 13 . De<br />
nouvelles propositions sont prés<strong>en</strong>tées 14 , une distance évid<strong>en</strong>te<br />
pr<strong>en</strong>d corps <strong>en</strong>tre deux générations. Des groupes se constitu<strong>en</strong>t<br />
et propos<strong>en</strong>t de nouvelles pistes de réflexions et ori<strong>en</strong>tations pour<br />
la création architecturale: ATBAT-Afrique 15 , CIAM-Alger 16 , Team10,<br />
MARS, GAMMA,... . Leur membres partag<strong>en</strong>t des critiques <strong>en</strong>vers<br />
les positions établies par la modernité de l’<strong>en</strong>tre-deux-guerre.<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t l’Art Brut de Jean Dubuffet «qui ne rev<strong>en</strong>dique ri<strong>en</strong><br />
de moins que de dépasser les conv<strong>en</strong>tions de l’art dit culturel 17 »,<br />
semble attester dans l’art, des aspirations semblables de remise<br />
<strong>en</strong> question des dogmes établis.<br />
13 voir la Charte de l’habitat de Vladimir Bodiansky, qui traite de<br />
«l’aspect précaire, temporaire et variable du domaine bâti, tandis que<br />
la charte d’Athènes considère son aspect durable sinon perman<strong>en</strong>t» cf.<br />
«CIAM IX, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, juillet 1953», AA n°49, octobre 1953<br />
14 31 pays sont représ<strong>en</strong>tés par 250 participants<br />
15 Atelier des bâtisseurs, fondé <strong>en</strong> 1947 par Le Corbusier au mom<strong>en</strong>t<br />
de l’obt<strong>en</strong>tion du mandat pour la cité radieuse, dirigé par Bodiansky,<br />
qui <strong>en</strong>suite crée une filiale, l’ATBAT-Afrique, dont font partie<br />
Georges Candilis, . (cf. §1.2.2)<br />
16 Quelques interprétations réc<strong>en</strong>tes assimil<strong>en</strong>t la participation<br />
de Roland Simounet et la proposition du groupe CIAM_Alger (...) à<br />
l’émerg<strong>en</strong>ce de la critique des préceptes corbusé<strong>en</strong>s qui régissai<strong>en</strong>t<br />
les CIAM depuis leur création. cf. L’expéri<strong>en</strong>ce du bidonville: Roland<br />
Simounet et le CIAM-Alger, texte de Richard Klein, dans La Modernité<br />
critique, Autour du CIAM9 d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce.<br />
17 cf Lucan p.154
«L’homme peut aisém<strong>en</strong>t<br />
s’id<strong>en</strong>tifier à son propre<br />
foyer, mais malaisém<strong>en</strong>t<br />
avec la ville dans laquelle il<br />
est situé. “L’appart<strong>en</strong>ance”<br />
est un besoin affectif<br />
primordial – les associations<br />
<strong>en</strong> sont l’ordre le plus simple.<br />
De “l’appart<strong>en</strong>an-<br />
ce” – l’id<strong>en</strong>tité – vi<strong>en</strong>t le<br />
s<strong>en</strong>s <strong>en</strong>richissant du voisinage.<br />
La rue étroite et courte<br />
des taudis réussit là où des<br />
rénovations sans d<strong>en</strong>sité<br />
échou<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t.»<br />
A. et P. Smithson cités par K.<br />
Frampton, Histoire critique<br />
de l’architecture moderne,<br />
Philippe Sers, Paris, 1985, p.<br />
253-254.<br />
à gauche:<br />
• schéma d’organisation<br />
«agglutinant» et cellulaire<br />
de l’orphelinat d’Amsterdam<br />
(1955-60), Aldo van Eyck<br />
16<br />
• vue aéri<strong>en</strong>ne du marché<br />
couvert <strong>en</strong> Tunisie<br />
• maquette de l’orphelinat<br />
d’Amsterdam 1960-61 d’Aldo<br />
van Eyck<br />
à droite:<br />
• Alison et Peter Smithson.<br />
étude pour Londres, 1953,<br />
développem<strong>en</strong>t du projet<br />
pour Gold<strong>en</strong> Lane, figure<br />
extraite de l’article de Théo<br />
Crosby «Alison&Peter Smithson»,<br />
Uppercase n°3 1960<br />
• Alison et Peter Smithson,<br />
concours de Berlin Hauptstadt,<br />
1957<br />
• Candilis, Josic et Woods:<br />
plan d’<strong>en</strong>-<br />
semble de Toulouse-Le Mirail<br />
projet 1961<br />
Ce sont donc toutes les règles de composition, structurant la<br />
base du projet, qui sont au c<strong>en</strong>tre des explorations.<br />
Concrètem<strong>en</strong>t, les conv<strong>en</strong>tions -dev<strong>en</strong>ues presque «classiques»-<br />
d’analyse urbaine sont remises <strong>en</strong> question par Alison et Peter<br />
Smithson, qui propos<strong>en</strong>t une réid<strong>en</strong>tification des échelles d’interactions<br />
sociales; ils substitu<strong>en</strong>t aux quatre catégories de la ville<br />
fonctionnelle -habiter, travailler, se cultiver et circuler- établies<br />
par Le Corbusier pour la Charte d’Athènes 18 , quatre niveaux d’association<br />
humaine; la maison, la rue, le quartier et la ville.<br />
De la richesse des grilles prés<strong>en</strong>tées 19 au congrès d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce,<br />
émerg<strong>en</strong>t de nouvelles structurations de l’<strong>en</strong>semble; les<br />
parties s’articul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> unités de voisinages, regroupant les cellules<br />
d’habitation. Des projets de nappes et mégastructures<br />
sont prés<strong>en</strong>tés, des trames, des approches sociologiques et anthropologiques,<br />
l’émerg<strong>en</strong>ce de la notion de jeux, d’espaces<br />
de socialisation, d’espaces de transition. La recherche s’ori<strong>en</strong>te<br />
vers des principes d’une architecture ouverte, flexible et évolutive.<br />
Des formes d’organisation sont développées; Ainsi de nouveaux<br />
concepts d’assemblage sont mis <strong>en</strong> avant, le cluster, le web, le<br />
stem (tige).<br />
Nous évoquerons par la suite les t<strong>en</strong>dances qui apparaiss<strong>en</strong>t<br />
alors; brutalisme, régionalisme, vernaculaire 20 (§2.3.1).<br />
Au fil des chapitres, certaines de ces t<strong>en</strong>dances sont évoquées<br />
afin de compr<strong>en</strong>dre le contexte dans lequel les membres de l’ATM<br />
évolu<strong>en</strong>t au début de leur carrière, afin de déceler les notions qui<br />
peuv<strong>en</strong>t se trouver dans leur production à v<strong>en</strong>ir.<br />
18 La Charte d’Athènes, publiée par Le Corbusier <strong>en</strong> 1943 acquiert<br />
une influ<strong>en</strong>ce considérable; ses principes, définis lors du 4 ème<br />
CIAM 1933 énonc<strong>en</strong>t des principes d’ori<strong>en</strong>tation, d’implantation, de<br />
logem<strong>en</strong>t révolutionné s<strong>en</strong>sé être appliqués à toute conception de logem<strong>en</strong>ts.<br />
19 Nous revi<strong>en</strong>drons sur l’analyse prés<strong>en</strong>tée par le groupe CIAM-<br />
Paris sur l’étude de Boulogne-Billancourt.<br />
20 Le régionalisme comme réponse à l’universalisme et du style<br />
international de l’architecture occid<strong>en</strong>tale contemporaine. Universalisme<br />
et régionalisme, Lewis Mumford et The regional approach, Siegfried<br />
Giedon.
• carte des régions françaises<br />
avec indication des axes<br />
routiers principaux<br />
pages suivantes<br />
• cartes postales d’époque,<br />
Nice et Cannes<br />
http://cartesplm.canalblog.<br />
com/<br />
18<br />
1.1.3 Architecture de loisir<br />
L’architecture de loisir -et du temps libéré- s’<strong>en</strong>tame par de nouveaux<br />
programmes d’équipem<strong>en</strong>ts lancés dès la fin des années<br />
cinquante; maisons de jeunes, théâtres ou c<strong>en</strong>tres culturels. Dès<br />
le début des années soixante l’échelle d’interv<strong>en</strong>tion s’élargit considérablem<strong>en</strong>t<br />
et c’est au niveau national que des programmes de<br />
grande ampleur sont planifiés: aménagem<strong>en</strong>ts touristiques, villages<br />
de vacances et clubs, complexes hôteliers,...<br />
L’architecture qui se dessine au profit de cette civilisation du<br />
loisir naissante, compose avec l’arrivée massive de vacanciers<br />
-<strong>en</strong> répondant à leur besoin <strong>en</strong> urbanisation- tout <strong>en</strong> essayant de<br />
sauvegarder le lieu.<br />
Le projet de loisir est un terrain d’expéri<strong>en</strong>ces qui fait appel à plus<br />
d’imaginaire et de rêve que d’autres programmes de logem<strong>en</strong>t;<br />
les vacances -pause dans le quotidi<strong>en</strong> laborieux- propos<strong>en</strong>t une<br />
manière d’aborder différemm<strong>en</strong>t la question de l’habitat. La maison<br />
de vacances est moins conv<strong>en</strong>tionnelle que la maison traditionnelle<br />
car elle réfère à un mom<strong>en</strong>t d’exception. Les réalisations<br />
reflèt<strong>en</strong>t les divers courants qui sont <strong>en</strong> train de faire évoluer l’architecture.<br />
La suite de ce chapitre propose d’<strong>en</strong>trevoir la variété des réponses<br />
des architectes sur le thème de l’hébergem<strong>en</strong>t -collectif-<br />
de villégiature afin de situer le village du Merlier au regard de<br />
réalisations qui lui sont contemporaines et proches.<br />
Le choix, non exhaustif, est porté sur des réalisations célèbres;<br />
de grande ampleur et sculpturales, ou alors plus intégrées localem<strong>en</strong>t.<br />
Les maisons individuelles ont été exclues de la sélection,<br />
ainsi les opérations choisies sont:<br />
1° Le domaine du Gaou-Bénat; le village des Fourches (1958-<br />
75) qui s’efface devant la nature. (PACA - Var)<br />
2° La Grande Motte (1962-67), mégastructure lyrique. (LR -<br />
Hérault)<br />
3° Port-Grimaud (1966-72), cité lacustre au style prov<strong>en</strong>çal,<br />
régionalisme «rétrograde» (PACA - Var)<br />
4° L’ hôtel Caravelle: réalisation «baroque» d’André Bruyère<br />
81960-62) (Guadeloupe)
Br e ta g n e<br />
Basse<br />
No r m a N d i e<br />
Pay s d e<br />
Lo i r e<br />
AquitAine<br />
Po i to u<br />
Ch a r e n t e s<br />
Ha u t e<br />
No r m a N d i e<br />
Ce n t r e<br />
Limousin<br />
Mi d i Pyrénées<br />
No r d<br />
Pa s-d e-Ca l a i s<br />
Pi c a r d i e<br />
Ile-d e-f r a n c e<br />
Au v e r g n e<br />
La n g u e d o c<br />
Ro u s s iL L o n<br />
Ch a m pa g n e<br />
ar d e n n e<br />
Bo u r g o g n e<br />
Lo r r a i n e<br />
f r a n c h e<br />
co m t é<br />
Rh ô n e Al p e s<br />
PR o v e n c e<br />
aL P e s<br />
cô t e d’a z u R<br />
Al s A c e<br />
Le MerLier<br />
19
• Andé Lefèvre-Devaux et<br />
Jean Aubert, Domaine du<br />
Gaou-Bénat (1958-1975)<br />
Vue générale de l’un des<br />
hameaux, image parue dans<br />
L’architecture du XXème<br />
siècle dans le Var, La patrimoine<br />
protégé et labellisé,<br />
Ed. Ibernon, 2010<br />
• vue vers l’est du Village<br />
des Fourches,<br />
voir http://www.gaou-b<strong>en</strong>at.<br />
com/<br />
• dessin élévation d’une villa<br />
inplantée latéralem<strong>en</strong>t dans<br />
la p<strong>en</strong>te, voir http://www.<br />
gaou-b<strong>en</strong>at.com/<br />
• Plaquette publicitaire<br />
du promoteur François<br />
Leredu&Cie pour le Domaine<br />
du Gaou-Bénat, au Cap Bénat,<br />
Bormes-les-Mimosas.<br />
Vue intérieure du séjour.<br />
22<br />
La côte française sur la Méditerranée s’ét<strong>en</strong>d de Perpignan à<br />
M<strong>en</strong>ton sur plus de 600km et traverse des régions bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />
les unes des autres. A la fin des années cinquante, leur<br />
aménagem<strong>en</strong>t n’a pas subi la même évolution ; <strong>en</strong> <strong>Côte</strong> d’Azur<br />
on m<strong>en</strong>tionne une «urbanisation galopante», bi<strong>en</strong> que la région<br />
ress<strong>en</strong>te, dans l’immédiat après-guerre, un certain essoufflem<strong>en</strong>t<br />
économique. La <strong>Côte</strong> d’Azur retrouve à peine sa cli<strong>en</strong>tèle.<br />
André Lefèvre et Jean Aubert, deux jeunes architectes varois 21 ,<br />
apport<strong>en</strong>t une réflexion sur le mode de vie contemporain dans<br />
leur région. Ils développ<strong>en</strong>t une architecture <strong>en</strong> grand respect du<br />
paysage, <strong>en</strong> relation étroite avec la nature. Au Do m a i n e D u Ga o u-<br />
Bé n at 22 (Bormes-les-Mimosas) ils réalis<strong>en</strong>t (1958-1975) un plan<br />
d’aménagem<strong>en</strong>t pour 600 maisons sur un terrain de 160ha de<br />
pinède <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te douce vers la mer; certaines maisons sont regroupées<br />
<strong>en</strong> un village -Le village des Fourches, labellisé patrimoine<br />
du XX ème .<br />
Les deux architectes intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur un site objectivem<strong>en</strong>t beau<br />
qu’ils veul<strong>en</strong>t ne pas blesser par des constructions trop arrogantes<br />
-à l’instar de tant de réalisations de la région. Leur démarche<br />
est subtile et cherche la discrétion par tous les moy<strong>en</strong>s; utilisation<br />
de la pierre locale pour des volumes bas et intégrés dans la<br />
p<strong>en</strong>te, sol naturel qui recouvre les toitures,...<br />
Leur interv<strong>en</strong>tion évoque une architecture de la disparition qui<br />
s’intègr<strong>en</strong>t au paysage par camouflage.<br />
Cette démarche architecturale révèle une proximité avec le village<br />
du Merlier (implantation dans la p<strong>en</strong>te, emboîtem<strong>en</strong>t de cellules<br />
<strong>en</strong> duplex, pierre locale et béton appar<strong>en</strong>t); le projet instaure toutefois<br />
un zoning (zone de parcelles individuelles, zone réservée à<br />
un c<strong>en</strong>tre commercial et un club, zone de village) et sa volonté<br />
d’amoindriss<strong>en</strong>t maximal de l’impact des constructions est bi<strong>en</strong><br />
plus radical.<br />
21 Elèves de Louis Arretche é l’instar de Pierre Riboulet, Gérard<br />
Thurnauer et Jean-Louis Véret<br />
22 voir http://www.gaou-b<strong>en</strong>at.com/ et film: «Les terrasses du<br />
Gaou-Bénat», Odile Jaquemin, Jean-Louis Paccitto, et Christian Girier,<br />
2001, 21’, MALTAE. Exposition à la villa Noailles <strong>en</strong> 2009.<br />
Les terrains sont achetés <strong>en</strong> 1956 par le promoteur François Leredu, le<br />
même qu’à Camarat...
A quelques kilomètres de là, au fond du golfe<br />
de Saint-Tropez, une ét<strong>en</strong>due marécageuse<br />
et infestée de moustiques, sera transformée<br />
<strong>en</strong> village maritime; Po r t-Gr i m a uD , réalisé à<br />
partir de 1966 23 par l’architecte français François<br />
Spoerri qui voulait <strong>en</strong> faire la cité lacustre<br />
de ses rêves.<br />
Chaque maison, de ce village construit de toutes<br />
pièces, est desservie par voie terrestre et<br />
par un quai à l’arrière de la maison, où l’on peut<br />
ancrer son bateau. Entièrem<strong>en</strong>t dédié aux plaisanciers,<br />
le site compr<strong>en</strong>d plusieurs commerces<br />
-sous les arcades- et une église. Le site<br />
n’était pas ici accueillant de prime abord, mais<br />
son pot<strong>en</strong>tiel était certain. Après de lourds<br />
travaux d’assainissem<strong>en</strong>t et d’aménagem<strong>en</strong>t,<br />
l’<strong>en</strong>droit a été transformé <strong>en</strong> cité lacustre, inscrite<br />
aujourd’hui au Patrimoine du XX ème . Surommée<br />
aujourd’hui «la V<strong>en</strong>ise Prov<strong>en</strong>çale»,<br />
le ville, dev<strong>en</strong>u une attraction touristique,<br />
attire quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t un grand nombre de<br />
visiteurs.<br />
«Loin de l’architecture dite contemporaine, Port<br />
Grimaud, s’intègre pleinem<strong>en</strong>t au paysage,<br />
comme s’il s’était construit spontaném<strong>en</strong>t, afin<br />
d’apporter à ses habitants une harmonie totale<br />
24 ». Ce point de vue discutable atteste d’un<br />
choix qui diffère franchem<strong>en</strong>t de laproblématique<br />
du village du Merlier étudié plus loin; à<br />
Port-Grimaud sont importées des référ<strong>en</strong>ces<br />
à des figures traditionnelles et vernaculaires<br />
prov<strong>en</strong>çales.<br />
23 Les premières maisons sont livrées <strong>en</strong><br />
juillet 1967<br />
24 Note publicitaire de l’office du tourisme<br />
du village<br />
23
• Plaquette publicitaire<br />
du promoteur François<br />
Leredu&Cie pour le Domaine<br />
du Gaou-Bénat, au Cap Bénat,<br />
Bormes-les-Mimosas.<br />
Vue intérieure du séjour.<br />
24<br />
• vue de Barcarès<br />
pix: http://archipostcard.<br />
blogspot.com/2008_07_15_<br />
archive.html<br />
• Vue aéri<strong>en</strong>ne de Barcarès<br />
vers 1964, cliché anonyme:<br />
http://albogdan.perso.sfr.fr/<br />
barcareshistoriq.html
Parallèlem<strong>en</strong>t à ces deux projets d’ampleur <strong>en</strong>core<br />
raisonnable, des opérations de stations<br />
balnéaires sont m<strong>en</strong>ées -par l’Etat- dans la<br />
région voisine du Languedoc-Roussillon. Six<br />
«unités touristiques» y ont été prévues et se<br />
destin<strong>en</strong>t à accueillir un million d’estivants.<br />
Les terrains choisis pour l’implantation sont inhospitaliers;<br />
plats, vierges et infestés de moustiques<br />
-marécages, forets, agriculture ext<strong>en</strong>sive<br />
à faible r<strong>en</strong>tabilité. Il s’agit de les r<strong>en</strong>dre<br />
habitables et de les transformer <strong>en</strong> sites destinés<br />
aux loisirs; de véritables villes accueillantes<br />
et dynamiques. Le site offre le soleil, une mer<br />
chaude, des plages, mais manque de toute<br />
infrastructure d’accueil pour ses vacanciers.<br />
La région, défavorisée et presque désertique,<br />
sera donc vouée aux loisirs de masse, afin de<br />
satisfaire le droit aux vacances «populaire<br />
et digne 25 ». Ce projet social est destiné aux<br />
classes moy<strong>en</strong>nes françaises et étrangères.<br />
Dès 1959 une étude marque les premières<br />
démarches étatiques 26 . En 1963 est établi et<br />
25 Echo des préoccupations sociales de la<br />
période gaulli<strong>en</strong>ne.<br />
26 Les solutions adoptées par la <strong>Côte</strong> d’Azur<br />
(le littoral espagnol, itali<strong>en</strong>, grec ou bulgare) sont<br />
réfutées. «Ne pas occuper de manière désordonnée<br />
et continue le littoral» et préserver dans la même<br />
idée les sites naturels et historiques <strong>en</strong> instaurant<br />
<strong>en</strong> «alternance des zones vouées à l’accueil de vacanciers<br />
avec des zones laissées à l’état de nature,<br />
inaccessibles et préservées». Ne pas submerger la<br />
côte ou «violer l’innoc<strong>en</strong>ce d’une nature <strong>en</strong>core<br />
intacte». Les stations de montagne sont d’ailleurs<br />
définies comme «fonctionnellem<strong>en</strong>t perfomantes<br />
mais urbanistiquem<strong>en</strong>t défici<strong>en</strong>tes».<br />
Extraits tirés de L’av<strong>en</strong>ture du balnéaire. La Grande<br />
Motte de Jean Balladur, Claude Prelor<strong>en</strong>zo et<br />
Antoine Picon, Ed. Par<strong>en</strong>thèses, 1999<br />
approuvé le plan d’aménagem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>semble<br />
du Littoral. L’Etat 27 prévoit la création ex nihilo<br />
de nouvelles stations balnéaires -<strong>en</strong>globant<br />
parfois les petites stations existantes-, véritables<br />
villes auto-suffisantes destinées au<br />
loisir, et pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge les équipem<strong>en</strong>ts généraux:<br />
autoroutes, rocades d’accès et terrassem<strong>en</strong>ts,<br />
19 ports de plaisance, démoustications<br />
(dès 1958), <strong>en</strong>digage et assèchem<strong>en</strong>t,<br />
boisem<strong>en</strong>t... La nouvelle vocation touristique<br />
de la région se précise 28 , une véritable industrie<br />
du tourisme se met <strong>en</strong> place.<br />
«De mois <strong>en</strong> mois, le paysage du littoral se modifie.<br />
Partout, des voies rapides de liaison sont<br />
construites, des voies secondaires <strong>en</strong> doigts<br />
de gants permettant <strong>en</strong>suite de pénétrer dans<br />
les futures stations. Une fois les infrastructures<br />
réalisées, les premières constructions démarr<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> septembre 1966 à la Grande Motte,<br />
<strong>en</strong> 1968 à Port-Camargue, Port-Leucate et<br />
à Port-Barcarès, <strong>en</strong> 1970 à Carnon, à Cap<br />
d’Agde et Saint-Cypri<strong>en</strong>, <strong>en</strong> 1974 à Gruissan<br />
29 ».<br />
27 Voir la Mission interministérielle (1963-<br />
1983) d’aménagem<strong>en</strong>t touristique du littoral du<br />
Languedoc-Roussillon, «mission Racine». Port-Camargue,<br />
la Grande-Motte, Le Cap d’Agde, Gruissan,<br />
Port Leucate, Port Barcarès et Saint Cypri<strong>en</strong>.<br />
28 L’aménagem<strong>en</strong>t touristique du littoral<br />
du Lanquedoc-Roussillon, Notes et Etudes Docum<strong>en</strong>taires,<br />
n°3326, 13 octobre 66, La Docum<strong>en</strong>tation<br />
francaise et «Aménagem<strong>en</strong>t touristique du<br />
Littoral languedoc-Roussillon», Techniques et Architecture,<br />
série 31, n°2 novembre 1969<br />
29 Voir L’aménagem<strong>en</strong>t touristique de la<br />
côte du golfe du lion, texte paru dans Deux siècles<br />
de tourisme <strong>en</strong> France (direction Jean Sagnes),<br />
Presses universitaires de Perpignan, 2001.<br />
25
• Les zones d’aménagem<strong>en</strong>t<br />
de la région Languedoc-<br />
Roussillon, illustration dans<br />
L’av<strong>en</strong>ture du balnéaire, La<br />
Grande Motte de Jean Balladur,<br />
Claude Prelor<strong>en</strong>zo et<br />
Antoine Picon, 1999, p.34<br />
•plan d’aménagm<strong>en</strong>t de la<br />
vill<strong>en</strong>ouvelle de la Grande<br />
Motte, 1963, illustration dans<br />
La Grande Motte, l’architecture<br />
<strong>en</strong> fête ou la naissance<br />
d’une ville, Jean Balladur,<br />
Ed. Espace SUD, 1994<br />
Page de droite<br />
• Esquisse définitive de<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t de la Grande<br />
Motte, avant sa traduction<br />
par un plan masse, 1966<br />
• Portrait de l’architecte<br />
Jean Balladur, cliché anonyme,<br />
1994, (373ifa111/7)<br />
extrait d’un interview dans<br />
le magazine économique et<br />
financier du Languedoc-Roussillon,<br />
n°7, automne 1994,<br />
p.37<br />
,• Dessins d’étude pour la<br />
Grande Motte (du couchant)<br />
,• Dessins d’étude pour la<br />
Grande Motte - recherche de<br />
la modénature à la grande<br />
échelle, vue du port depuis<br />
la mer.<br />
• Deux dessins d’étude de la<br />
silhouette générale, aquarelles<br />
réalisée par l’architecte<br />
,• Le nord du port, cliché<br />
anonyme, dans La Grande<br />
Motte, l’architecture <strong>en</strong> fête<br />
ou la naissance d’une ville,<br />
Jean Balladur, Ed. Espace<br />
SUD, 1994<br />
26
Jean Balladur, d’origine turque<br />
est un contemporain des<br />
protagonistes de l’ATM; né<br />
<strong>en</strong> 1924, il <strong>en</strong>tre aux Beaux-<br />
Arts de Paris <strong>en</strong> 1945 et est<br />
diplômé <strong>en</strong> 1954. D’abord<br />
séduit par l’esthétique des<br />
architectes du Bauhaus,<br />
notamm<strong>en</strong>t par Mies van der<br />
Rohe, son travail évolue vers<br />
des solutions plus formelles.<br />
A la Grande Motte son<br />
architecture s’inscrit dans<br />
un courant inspiré de formes<br />
libres (il visite Brasilia et les<br />
temples précolombi<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />
1962). Sa démarche, offre<br />
une architecture vouée aux<br />
loisirs, équilibrant tourisme<br />
et habitat, conciliant<br />
structures d’accueil et sites<br />
naturels, est «proche de<br />
celle d’un visionnaire.»<br />
cf. Fiche descriptive Jean<br />
Balladur (1924-2002), Cité de<br />
l’architecture et du patrimoine,<br />
(Fonds 373 ifa)<br />
Page de droite<br />
,• Le nord du port, cliché<br />
anonyme, dans La Grande<br />
Motte, l’architecture <strong>en</strong> fête<br />
ou la naissance d’une ville,<br />
Jean Balladur, Ed. Espace<br />
SUD, 1994<br />
• Dessin perspectif de l’hôtel<br />
et vue de la maquette. Clichés<br />
anonymes, non datés.<br />
Fonds André Bruyère (407ifa)<br />
Cité de l’architecture et du<br />
patrimoine<br />
• Carte postale de Castellaras-le-Neuf<br />
(1963-71),<br />
Jacques Couëlle<br />
http://archipostcard.blogspot.<br />
com/2011_12_02_archive.html,<br />
voir Jacques Couëlle. Par<strong>en</strong>thèse<br />
architecturale, Gilbert Luigim<br />
Ed. Pierre Mardaga, 1982<br />
28<br />
On confie 30 l’aménagem<strong>en</strong>t de ces nouvelles villes de vacances<br />
à plusieurs architectes: Jean Balladur pour la Grande Motte,<br />
Georges Candilis pour Leucate-Barcarès (1962-76), Jean Le<br />
Couteur pour Le Cap d’Agde, Raymond Gleize et Edouard Hartané<br />
pour Gruissan,...<br />
Jean Balladur, architecte <strong>en</strong> chef de la La Gr a n D e motte (1962-<br />
67), s’exprime <strong>en</strong> découvrant les 450ha du site de sa future interv<strong>en</strong>tion:<br />
«Ce rivage abandonné aux caprices des v<strong>en</strong>ts et de<br />
la mer, à peine sorti des eaux qui le baignai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core de toutes<br />
parts, infesté de moustiques, couvert par un maigre tapis de plantes<br />
rabougries, (...) Le contraste avec les paysages de la <strong>Côte</strong><br />
d’Azur (...) avec ses reliefs vigoureux et animés, avec sa végétation<br />
somptueuse, m’effraya et jeta le doute dans mon esprit. (...)<br />
C’est du ciel cep<strong>en</strong>dant que v<strong>en</strong>ait le réconfort le plus immédiat.<br />
A la place de la lumière étincelante de la côte d’Azur, au lieu de<br />
ses bleus, de ses verts, de ses rouges puissants mais criards,<br />
les choses flottai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la mer et les Cév<strong>en</strong>nes dans un air<br />
transpar<strong>en</strong>t d’une incontestable douceur. Les eaux dormantes<br />
détrempai<strong>en</strong>t la lumière du soleil et rompai<strong>en</strong>t par la caresse de<br />
leurs reflets la vivacité des couleurs. Leurs effusions unissai<strong>en</strong>t le<br />
ciel et cette terre désolée dans des harmonies pleines de promesses<br />
31 ». On compr<strong>en</strong>d par ces quelques lignes, l’opposition<br />
qui marque les deux régions méditerrané<strong>en</strong>nes; PACA et LR.<br />
Le programme est fondé sur l’explosion du tourisme et son succès<br />
est d’ailleurs garanti par la variété de l’offre <strong>en</strong> hébergem<strong>en</strong>t;<br />
camping, logem<strong>en</strong>ts dans les c<strong>en</strong>tres de vacances, appartem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> terrasse ou villas. La silhouette donnée à l’<strong>en</strong>semble<br />
de la ville (rues, places, équipem<strong>en</strong>ts, commerces et logem<strong>en</strong>ts)<br />
recrée une modénature; pyramides et les conques dépass<strong>en</strong>t<br />
l’austérité d fonctionnalisme pur et dur, «lyrisme rationnel».<br />
La façade sur mer; position frontale de la ville, résultant d’un urbanisme<br />
ordonné par la géographie (prom<strong>en</strong>ade, bord de mer)<br />
et modèle révolu de la station balnéaire, est remplacé ici par une<br />
30 Jacques Maziol, ministre de la Construction<br />
31 Extraits divers des propos t<strong>en</strong>us par Jean Balladur, collectés<br />
dans L’av<strong>en</strong>ture du balnéaire, La Grande Motte de Jean Balladur,<br />
Claude Prelor<strong>en</strong>zo et Antoine Picon, 1999
frange de transition piétonne. La ville se lie différemm<strong>en</strong>t<br />
avec la mer.<br />
Ces opérations de grande ampleur -que l’on<br />
peut corréler avec la réalisation de stations<br />
montagnes comme Tignes (dès 1965)- attest<strong>en</strong>t<br />
de l’optimisme social de l’époque malgré<br />
la difficulté de la création ex nihilo d’espaces<br />
urbains et architecturaux à grande échelle.<br />
Bi<strong>en</strong> qu’ayant à déchaîné les critiques les plus<br />
viol<strong>en</strong>tes, ces réalisations mérit<strong>en</strong>t d’avoir permis<br />
à tous l’accès aux vacances balnéaires, et<br />
<strong>en</strong> l’espace de quelques années seulem<strong>en</strong>t.<br />
L’Hô t e L Ca r av e L L e 32 , réalisé <strong>en</strong>tre 1960 et<br />
1963 par André Bruyère (1912-1998) pour le<br />
Club Med à la Guadeloupe, illustre une synthèse<br />
de l’architecture avec l’art, autre champs<br />
de réflexion marquant le doutes des années<br />
soixante. Certains architectes sont attirés vers<br />
des formes plus organiques, des «<strong>en</strong>veloppes<br />
sculpturales» dont l’évolution formelle dissimule<br />
la frontière <strong>en</strong>tre architecture et arts plastiques.<br />
La longue barre épouse les contours de la<br />
plage, la toiture de l’espace c<strong>en</strong>tral ressemble<br />
à une imm<strong>en</strong>se voile blanche t<strong>en</strong>due <strong>en</strong>tre les<br />
troncs d’arbres. On peut voir une référ<strong>en</strong>ce à<br />
la construction vernaculaire dans l’emploi de<br />
formes primordiales -archétypiques- r<strong>en</strong>du<br />
possible par les possibilités plastiques du béton,<br />
qui «coule» et qui permet de dépasser un<br />
stricte usage structurel d’ossature.<br />
32 AA n°112 «dét<strong>en</strong>te-loisirs-évasion», Hôtel<br />
<strong>en</strong> Guadeloupe, février-mars 1964<br />
29
• Photographie des quatre<br />
protagonistes à l’Atelier de<br />
Montrouge, rue Eti<strong>en</strong>ne d’Orves,<br />
1968, 162ifa1702/1<br />
De gauche à droite: Pierre<br />
Riboulet, Gérard Thurnauer.<br />
Jean R<strong>en</strong>audie et <strong>en</strong> face:<br />
Jean-Louis Véret<br />
• Thurnauer, Véret, Jacques<br />
Ehrmann et son fils, Roland<br />
Gottfrois, Riboulet et R<strong>en</strong>audie<br />
à l’aéroport d’Orly, sept.<br />
1960 archives JLV<br />
30<br />
1.2 - L’AT e L I e r d e MO N T r O U g e<br />
1.2.1 Les protagonistes<br />
Les quatre architectes qui fond<strong>en</strong>t l’Atelier de Montrouge (ATM)<br />
sont de la même génération; parisi<strong>en</strong>s, ils sont issus de milieux un<br />
peu différ<strong>en</strong>ts. Ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t tous aux Beaux-Arts après la guerre <strong>en</strong><br />
1945, partageant déjà l’idéal de «reconstruire le monde, un monde<br />
résolum<strong>en</strong>t tourné vers l‘av<strong>en</strong>ir afin de conjurer le passé 33 ».<br />
Leur parcours est parallèle, avant de dev<strong>en</strong>ir commun. Liés au<br />
Mouvem<strong>en</strong>t Moderne, ils collabor<strong>en</strong>t durant deux déc<strong>en</strong>nies au<br />
sein de l‘ATM; animés par la même éthique, ils amèn<strong>en</strong>t néanmoins<br />
chacun une personnalité propre. Leur pratique collective<br />
est unique et mouvem<strong>en</strong>tée, <strong>en</strong>richie par ces quatre personnalités<br />
complém<strong>en</strong>taires.<br />
33 Voir L’Atelier de Montrouge, la Modernité à l’Oeuvre, 1858-<br />
1981, Catherine Blain, Arles, Ed. Actes Sud-Cité de l’architecture et du<br />
patrimoine, 2008, p.11
32<br />
• Jean R<strong>en</strong>audie sur le site<br />
du village de vacances à<br />
Dourdan, cliché anonyme,<br />
non daté, vers 1960-61,<br />
162ifa 1702/1<br />
• Portrait de Jean R<strong>en</strong>audie<br />
cliché André Lejarre, non<br />
daté<br />
203ifa<br />
• Jean R<strong>en</strong>audie à sa table<br />
de travail, cliché anonyme,<br />
1967 162ifa1702/1<br />
• JRénovation du vieux Givors<br />
(1974-1981)<br />
L’<strong>en</strong>semble qui compose<br />
avec la p<strong>en</strong>te du site, comporte<br />
270 logem<strong>en</strong>ts, des<br />
commerces et des équipem<strong>en</strong>ts.<br />
Cliché G. Walusinsky<br />
• Rénovation du c<strong>en</strong>tre ville<br />
d’Ivry-sur-Seine, <strong>en</strong> collaboration<br />
avec R<strong>en</strong>ée Gailhoustet<br />
(1969-81). Un projet<br />
urbain réalisé <strong>en</strong> plusieurs<br />
phases<br />
Service des Archives Municipales<br />
d’Ivry-sur-Seine<br />
«...position exceptionnelle<br />
dans le panorama de l’architecture<br />
française. Jean<br />
R<strong>en</strong>audie n’a réalisé qu’un<br />
nombre restreint d’opérations<br />
chacune étant m<strong>en</strong>ée<br />
individuellem<strong>en</strong>t et faisant<br />
l’objet d’une att<strong>en</strong>tion et<br />
d’un soin extraordinaires.»<br />
Architecture <strong>en</strong> France<br />
(1940-2000), Jacques Lucan,<br />
Ed. du Moniteur, 2001, p.226<br />
Jean R<strong>en</strong>audie (1925-1981)<br />
Il <strong>en</strong>tre aux Beaux-Arts juste après la guerre dans l’atelier d’Auguste<br />
Perret, puis de Marcel Lods 34 . Issu d’une famille modeste il travaille<br />
pour financer ses études et ne prés<strong>en</strong>te son diplôme qu’<strong>en</strong><br />
1958.<br />
Il se retire de l’ATM <strong>en</strong> juillet 1968 pour poursuivre seul sa carrière;<br />
l’ess<strong>en</strong>tiel de sa production porte sur le logem<strong>en</strong>t social et<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t urbain. Il a été un «partisan d’une architecture<br />
de la découverte, qui par ses imbrications fonctionnelles et<br />
par sa géométrie complexe, offre un modèle d’habitat permettant<br />
à la fois la différ<strong>en</strong>ciation des espaces et la socialisation<br />
<strong>en</strong>tre individus.» 35 «Sa première mission importante est le projet<br />
de rénovation du c<strong>en</strong>tre d’Ivry-sur-Seine, conçu <strong>en</strong> collaboration<br />
avec R<strong>en</strong>ée Gailhoustet et Nina Schuch. Réalisés <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />
phases, les <strong>en</strong>sembles de logem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> «étoiles» d’Ivry, auxquels<br />
s’adjoign<strong>en</strong>t des commerces, des bureaux et équipem<strong>en</strong>ts, sont<br />
rapidem<strong>en</strong>t salués pour leurs formes novatrices. Les projets ultérieurs<br />
prolong<strong>en</strong>t cette recherche: rénovation du c<strong>en</strong>tre du vieux<br />
Givors (à partir de 1974), la ZAC de Villetaneuse (1974-1981) et<br />
le c<strong>en</strong>tre-ville de Saint-Martin-d’Hères (1975-1982).» 36<br />
En 1978, lui est décerné le Grand Prix national d’architecture pour<br />
l’<strong>en</strong>semble de son œuvre. Il décède à l’âge de 56 ans <strong>en</strong> octobre<br />
1981. En 1993, une exposition La Logique de la complexité dans<br />
l’œuvre de Jean R<strong>en</strong>audie, lui est consacré à l’IFA.<br />
34 Atelier extérieur, «de gauche», que fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t Jean R<strong>en</strong>audie,<br />
R<strong>en</strong>ée Gailhoustet, Roland Simounet, ou <strong>en</strong>core Jean Deroche. A<br />
l’instar de l’Atelier d’André Lurçat, ces ateliers «pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le contrepied<br />
de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t traditionnel des Beaux-Arts <strong>en</strong> prêtant une<br />
att<strong>en</strong>tion inhabituelle à la rigueur constructive et programmatique»<br />
Lucan, p.161<br />
35 Biographie des architectes de l’ATM, dans Atelier de Montrouge<br />
(1958-1981), La Modernité à l’oeuvre, Catherine Blain, p.240-<br />
245<br />
36 Voir biographie complète de l’architecte dans Portraits d’architectes,<br />
Exposition virtuelle, Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
http://www.citechaillot.fr/exposition/expositions_virtuelles/portraits_<br />
architectes/03-liste-architectes.html
34<br />
• Pierre Riboulet sur le site<br />
du village de vacances à<br />
Dourdan, cliché anonyme,<br />
non daté (1960-61)<br />
162ifa 1702/1<br />
• Portrait de Pierre Riboulet<br />
dans Pierre Riboulet, De la<br />
légitimité des formes, Œuvres<br />
1979-2003, Catherine<br />
Blain, Ed. Le Moniteur, Paris,<br />
2004<br />
• Maquette d’étude pour<br />
l’Immeuble-villas, 1987,<br />
cliché J.Biaugeaud<br />
Recherche théorique sur le<br />
thème corbusé<strong>en</strong>, applicable<br />
aux <strong>en</strong>sembles de logem<strong>en</strong>ts<br />
d’échelles différ<strong>en</strong>tes.<br />
• Hôpital pour <strong>en</strong>fants Robert-Debré,<br />
Paris (1980-88)<br />
Un grand amphithéatre,<br />
ouvert au sur tournant le dos<br />
au périphérique<br />
Cliché: La Docum<strong>en</strong>tation<br />
française<br />
Voir film: Naissance d’un hôpital,<br />
de Jean-Louis Comolli,<br />
INA, 90’, 1991<br />
• Bibliotheque Universitaire<br />
Toulouse Le Mirail<br />
cliché: ARCHI-TLSE<br />
http://archi-tlse.over-blog.fr/<br />
article-31703298.html<br />
«Pierre Riboulet était de<br />
ceux pour qui l’architecture<br />
doit tout <strong>en</strong>tière se trouver<br />
au service de l’homme. Il<br />
p<strong>en</strong>sait qu’il fallait d’abord<br />
s’inspirer de la ville dans son<br />
âme, dans ses profondeurs,<br />
d’essayer d’<strong>en</strong> pénétrer le<br />
dessein social.»<br />
Hommage à Pierre Riboulet,<br />
avril 2009<br />
Site dédié à Pierre Riboulet:<br />
http://www.pierreriboulet.org<br />
Pierre Riboulet (1928-2003)<br />
Il grandit à Boulogne-Billancourt, issu d’une famille modeste. Son<br />
père était peintre, son grand-père maçon. Il passe le bac philosophie-lettres,<br />
et est introduit auprès de l’atelier de Louis Arretche,<br />
Par la suite, il conserve son intérêt pour la philosophie; parallèlem<strong>en</strong>t<br />
à ses études d’architecture il suit des cours de Maurice<br />
Merleau-Ponty à la Sorbonne; il fréqu<strong>en</strong>te égalem<strong>en</strong>t les cours<br />
d’histoire de l’art de Pierre Francastel. Tout au long de sa carrière<br />
professionnelle il conserve une activité intellectuelle int<strong>en</strong>se et publie<br />
de nombreux articles. Il prés<strong>en</strong>te un doctorat <strong>en</strong> sociologie et<br />
<strong>en</strong>seigne à l’École nationale des Ponts et Chaussées.<br />
Les principaux projets de son activité <strong>en</strong> son nom propre -de<br />
1979 à 2003- font partie de grandes commandes publiques, hôpitaux<br />
et bibliothèques; tels l’hôpital Robert-Debré à Paris (1980-<br />
88), le conservatoire de musique et de danse d’Évry (1984-87),<br />
le siège social de la Caisse des dépôts et consignations à Paris<br />
(1988), ainsi que des études urbaines (porte de Pantin et de Vinc<strong>en</strong>nes,<br />
la presqu’île portuaire à Ca<strong>en</strong>, quartier du Marcreux à<br />
Aubervilliers, l’étude pour la plaine Saint-D<strong>en</strong>is, l’aménagem<strong>en</strong>t du<br />
port de la Joliette à Marseille.<br />
«Outre le Grand Prix national d’architecture dédié <strong>en</strong> 1981 à<br />
l’ATM, Pierre Riboulet a reçu la médaille de l’Académie d’architecture<br />
pour l’<strong>en</strong>semble de son œuvre <strong>en</strong> 1988 et est lauréat du<br />
Palmarès de l’habitat <strong>en</strong> 1990. Il élabore d’autres importants projets;<br />
l’Institut français d’urbanisme à Marne-la-Vallée (1989-91), le<br />
bâtim<strong>en</strong>t pour la chirurgie de la tête à la Salpêtrière à Paris (1888-<br />
96), bibliothèque de l’Université Paris 8 (1991-97), bibliothèque<br />
de la ville de Limoges (1993-98), bibliothèque de l’Université du<br />
Mirail à Toulouse (2003), la Faculté des sci<strong>en</strong>ces économiques<br />
de l’université Paris12 à Créteil (1998-2001), l’école des Beauxarts<br />
de Montpellier (2001), l’hôpital de la Mère et de l’<strong>en</strong>fant à<br />
Toulouse (1995-2001), le lycée technique Le Corbusier à Aubervilliers<br />
(1997-2003), la cité Chantilly à Saint-D<strong>en</strong>is (2003) 37 ».<br />
37 http://www.citechaillot.fr/exposition/expositions_virtuelles/portraits_architectes/biographie_ATM-RIBOULET.html
• Discussion avec les ouvriers<br />
sur chantier de la bibliothèque<br />
de Clamart,<br />
illustration dans Espace à<br />
lire, la bibliothèque pour<br />
<strong>en</strong>fants à Clamart, textes de<br />
Gérard Thurnauer, G<strong>en</strong>eviève<br />
Patte et Catherine Blain, Ed.<br />
Gallimard, 2006, p.80<br />
• Gérard Thurnauer dans une<br />
confér<strong>en</strong>ce sur une expéri<strong>en</strong>ce<br />
d’architecture participative<br />
au Pavillon de l’Ars<strong>en</strong>al,<br />
juin 2000,<br />
cliché: http://pfrunner.<br />
wordpress.com/category/<br />
portraits-portraits/portraitsdarchitectes-architects-portraits/<br />
• Gérard Thurnauer à Paris<br />
<strong>en</strong> 2000, cliché: 12082543460<br />
Pfrunner /1-d<br />
http://www.1d-photo.org/?<br />
lg=fr&fc=_b&re=q8dt421&so<br />
=2ydao71&ru=a63xqy1&do=d<br />
fmh1p1<br />
• Plan d’<strong>en</strong>semble de<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t touristique<br />
de la baie de Tarhazoute,<br />
Maroc, 1987-88, avec<br />
D.Morax(architecte-urbaniste)<br />
et D. Ch<strong>en</strong>ot (ingénieur)<br />
• Quartier Nord de la Vilette,<br />
Paris 1984-90, façade de<br />
l’<strong>en</strong>semble de logem<strong>en</strong>ts<br />
donnant vers la grande halle,<br />
cliché: O. Wog<strong>en</strong>sky<br />
Illustrations dans L’Atelier de<br />
Montrouge, la Modernité à<br />
l’Oeuvre, 1858-1981, Catherine<br />
Blain, Arles, Ed. Actes<br />
Sud-Cité de l’architecture et<br />
du patrimoine, 2008, p.226<br />
36<br />
Gérard Thurnauer (1926)<br />
Né <strong>en</strong> septembre 1926, Gérard Thurnauer est issu d’un milieu<br />
«libéral et progressiste 38 ». Il fréqu<strong>en</strong>te les milieux intellectuels parisi<strong>en</strong>s,<br />
<strong>en</strong>tre à l’Ecole des Beaux-Arts <strong>en</strong> 45 chez Louis Arretche. Il<br />
y développe «de nombreuses amitiés avec des étudiants d’autres<br />
disciplines, (et) s’intéresse alors d’avantage à une démarche<br />
constructive qui puisse allier différ<strong>en</strong>tes approches méthodologiques.<br />
Il trouvera une réponse à cette recherche <strong>en</strong> s’intéressant<br />
de plus près aux travaux de Marcel Lods, et, plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />
de Jean Prouvé 39 ». Il développe donc un intérêt particulier<br />
pour les questions constructives et les procédés d’industrialisation<br />
de la construction. Il manifeste égalem<strong>en</strong>t une connaissance de<br />
l’étranger, débutant sa carrière 40 avec Michel Ecochard et Pierre<br />
Riboulet.<br />
Après la dissolution de l’Atelier de Montrouge, il travaille seul, puis<br />
<strong>en</strong> association de 1989 à 2001. Ses principaux projets sont,<br />
comme pour ses anci<strong>en</strong>s associés d’ailleurs, des logem<strong>en</strong>ts sociaux<br />
et des équipem<strong>en</strong>ts publics, à Paris et <strong>en</strong> banlieue; comme<br />
le complexe de logem<strong>en</strong>ts, bureaux, hôtels, commerces et place<br />
publique de La Villette-Nord (Paris 19e, 1986-1990), et le plan<br />
directeur de réhabilitation et de rénovation de la Goutte-d’Or (Paris<br />
18e, 1984-1999). Il a à son actif égalem<strong>en</strong>t quelques importantes<br />
études d’urbanisme (Bagnolet zone verte, 1986-1990 ;<br />
plan d’aménagem<strong>en</strong>t de la baie de Tarhazoute au nord d’Agadir<br />
au Maroc, 2000). Vice-présid<strong>en</strong>t de l’association Paris 75021, il<br />
publie des articles dans différ<strong>en</strong>tes revues, milite pour la place de<br />
l’architecture dans la Cité, son rôle social et ses relations avec la<br />
formation et la culture. Architecte conseil du chantier de la Déf<strong>en</strong>se<br />
(86-90), il vit actuellem<strong>en</strong>t à Paris, où il poursuit ses activités.<br />
38 Biographie des architectes de l’ATM, dans l’Atelier de Montrouge<br />
(1958-1981), La Modernité à l’oeuvre, Catherine Blain, p.26<br />
39 idem<br />
40 Càd. Liban, Pakistan, et Maroc (cf. §1.2.3) Gérard Thurnauer<br />
est rapidem<strong>en</strong>t chargé de l’assistance technique de Karachi (1953-<br />
1954), puis appelé à collaborer avec Michel Écochard et Pierre Riboulet<br />
pour la nouvelle université de Karachi; association E-R-T (1955-1958).
• Portrait de Jean-Louis<br />
Véret<br />
http://www.archpaper.com/<br />
news/articles.asp?id=5729<br />
38<br />
• Jean-Louis Véret à la fondation<br />
Maeght, 1997<br />
ifa 808/6,<br />
• Jean-Louis Véret et Jean<br />
R<strong>en</strong>audie à l’Atelier, clichés<br />
anonymes, non daté, vers<br />
1968,<br />
ifa 826/1<br />
• Boutique et siège social<br />
Shu Uemura, Boulevard<br />
Saint-Germain à Paris (1986)<br />
• Archives du film à Boisd’Arcy<br />
CNC dans les Yvelines,<br />
(1985-1992)<br />
Illustrations: http://www.archpaper.com/news/articles.<br />
asp?id=5729<br />
Jean-Louis Véret (1927-2011)<br />
I s’intéresse à la peinture et suit des cours à l’Académie de Montmartre;<br />
il fait égalem<strong>en</strong>t de la musique. A dix-huit ans, <strong>en</strong> 1945,<br />
il <strong>en</strong>tre à l’ENSBA de Paris dans l’atelier Gromort-Arretche, sur un<br />
conseil donné à son père par Auguste Perret 41 . Il est le «s<strong>en</strong>sible»<br />
de la bande, selon Gérard Thurnauer! Il travaille auprès de Le<br />
Corbusier (1953-55) à Paris et sur les chantiers indi<strong>en</strong>s d’Ahmedabad.<br />
En 1981, après s’être retiré de l’ATM, il fonde sa propre<br />
ag<strong>en</strong>ce et devi<strong>en</strong>t Architecte <strong>en</strong> Chef des Bâtim<strong>en</strong>ts Civils et Palais<br />
Nationaux. Il <strong>en</strong>seigne parallèlem<strong>en</strong>t l’architecture 42 .<br />
Parmis ses réalisations particulièrem<strong>en</strong>t saluées par la critique, on<br />
reti<strong>en</strong>t le bâtim<strong>en</strong>t des Archives du film à Bois-d’Arcy CNC dans<br />
les Yvelines, (1985-1992), la boutique et le siège social Shu Uemura,<br />
Boulevard Saint-Germain à Paris (1986) et les laboratoires<br />
de l’hôpital Avic<strong>en</strong>ne de Bobigny, réalisés pour l’Assistance Publique<br />
(1982-1990).<br />
Dans le cadre de son activité, il est responsable notamm<strong>en</strong>t du<br />
théâtre de l’Est parisi<strong>en</strong> (à partir de 1982), du service des Archives<br />
du Film à Bois-d’Arcy (C<strong>en</strong>tre National du Cinéma), et de la<br />
Villa Savoye de Le Corbusier à Poissy dont il sera responsable de<br />
plusieurs campagnes de restauration de 1985 à 1992.<br />
Ces deux dernières missions donn<strong>en</strong>t lieu au réaménagem<strong>en</strong>t de<br />
l’<strong>en</strong>semble du site, à la restauration des bâtim<strong>en</strong>ts existants et à la<br />
construction de bâtim<strong>en</strong>ts neufs pour les Archives du Film d’une<br />
part (1985-1992) et à plusieurs campagnes de restauration pour<br />
la Villa Savoye d’autre part. Il cesse ses activités d’architecte <strong>en</strong><br />
1999.<br />
Il est décédé <strong>en</strong> septembre 2011 à l’âge de 84 ans.<br />
41 Catherine Blain, p.16<br />
42 Jean-Louis Véret a été « visiting critic » à l’école d’architecture<br />
de l’université Harvard (1977-1978), professeur invité à l’école<br />
d’architecture de Nancy (1981), professeur à l’école d’architecture<br />
de Paris-la-Villette (1985 à 1993), et a participé à des commissions<br />
ministérielles tant <strong>en</strong> France qu’à l’étranger. Cf. Fonds d’archives ifa
40<br />
1.2.2 Les études aux Beaux-Arts; affiliations et influ<strong>en</strong>ces<br />
Gérard Thurnauer, Jean-Louis Véret et Pierre Riboulet font leurs<br />
éudes <strong>en</strong>semble à l’atelier Gromort-Arretche, principal atelier «extérieur»<br />
de l’Ecole des Beaux-Arts. Louis Arretche 43 les pr<strong>en</strong>d<br />
<strong>en</strong> affection et leur <strong>en</strong>seigne son approche personnelle de l’architecture,<br />
à mi-chemin <strong>en</strong>tre les t<strong>en</strong>dances régionalistes et modernisatrices.<br />
Louis Arretche -avec lequel ils s’associeront plus tard aux débuts<br />
de l’ATM, pour certaines réalisations, notamm<strong>en</strong>t Le Merlier- est<br />
un professionnel influ<strong>en</strong>t 44 , un <strong>en</strong>seignant réputé et un architecte<br />
prolifique, qui est d’ailleurs trop méconnu.<br />
«Arretche a édifié le cadre de vie de dizaines de milliers de Français,<br />
jeté les bases de l’aménagem<strong>en</strong>t de plusieurs quartiers de<br />
Paris, façonné durablem<strong>en</strong>t l’organisation de métropoles régionales<br />
comme R<strong>en</strong>nes et Rou<strong>en</strong>. Il a aussi conçu la ville nouvelle d’Or-<br />
43 Louis Arretche (1905-1991), rejoint son anci<strong>en</strong> patron Gromort<br />
à l’atelier de l’ENSBA <strong>en</strong> 1936 à titre de collaborateur. Il devi<strong>en</strong>t<br />
Professeur Chef d’Atelier <strong>en</strong> 1949 et, pr<strong>en</strong>ant la succession de son<br />
maître (qui demeure professeur de théorie jusqu’<strong>en</strong> 1959 à l’ENSBA)<br />
à la tête de l’atelier <strong>en</strong> 1949, lui conserve le nom d’«atelier Gromort-<br />
Arretche» jusqu’à l’éclatem<strong>en</strong>t des Beaux-Arts <strong>en</strong> 1968.<br />
Prés<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>tes les structures — membre de la Société C<strong>en</strong>trale<br />
des Architectes et du Cercle d’études architecturales 1951, de<br />
l’Académie d’architecture 1952 et de la Commission Nationale des<br />
Secteurs sauvegardés du Ministère des affaires culturelles — et Architecte<br />
<strong>en</strong> Chef BCPN (1955), est souv<strong>en</strong>t appelé comme urbaniste-conseil,<br />
notamm<strong>en</strong>t par le Ministère de la Reconstruction.<br />
Voir Thierry Roze, Louis Arretche, architectes 1905-1991, DEA Histoire<br />
de l’architecture moderne et contemporaine, Université de Paris I-<br />
Panthéon Sorbonne (sous la dir. G. Monnier), septembre 1997.<br />
44 Il est nommé architecte <strong>en</strong> chef de Coutances et de Saint-<br />
Malo par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU).<br />
Architecte <strong>en</strong> chef des bâtim<strong>en</strong>ts civils et palais nationaux à partir<br />
de 1955, il reçoit la commande de nombreux édifices publics pour les<br />
ministères des Postes ou des Finances, ou de l’Éducation nationale<br />
(universités de R<strong>en</strong>nes et de Nantes).<br />
Urbaniste et urbaniste-conseil des villes de R<strong>en</strong>nes, Rou<strong>en</strong>, Cachan,<br />
Orléans-La Source, de l’opération des Halles ou des abords de la gare<br />
de Lyon à Paris, il est responsable de vastes opérations de rénovation<br />
urbaine («Le Colombier» à R<strong>en</strong>nes, «C<strong>en</strong>tre 2» à Saint-Éti<strong>en</strong>ne)
léans-La source et réalisé plusieurs c<strong>en</strong>taines<br />
d’édifices, formé de nombreux professionnels<br />
français reconnus: cela n’a pourtant pas suffi à<br />
assurer sa postérité, et il est le plus oublié des<br />
architectes français du 20ème siècle 45 ».<br />
Il est associé à l’ATM pour la réalisation du village<br />
de Cap Camarat notamm<strong>en</strong>t.<br />
Les années p<strong>en</strong>dant lesquelles les quatre<br />
jeunes g<strong>en</strong>s font leurs études sont <strong>en</strong>richies<br />
d’appr<strong>en</strong>tissages parallèles au cursus classique.<br />
Cet appr<strong>en</strong>tissage dépasse le strict <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
de l’Ecole, au sein de laquelle ne<br />
sont pas abordés les grands thèmes de l’époque,<br />
comme le relogem<strong>en</strong>t<br />
Les jeunes étudiants architectes sont fascinés<br />
par le Mouvem<strong>en</strong>t Moderne, par la personnalité<br />
de Le Corbusier, les publications de l’Architecture<br />
d’Aujourd’hui...<br />
Cet intérêt, partagé par beaucoup de jeunes à<br />
l’époque, pousse d’ailleurs certains étudiants à<br />
formuler leur déception face à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
académique, qui n’est plus <strong>en</strong> accord avec<br />
son temps. Jean R<strong>en</strong>audie <strong>en</strong> fait partie (à<br />
l’instar de Roland Simounet, Paul Chemetov,<br />
Jean Deroche ou R<strong>en</strong>ée Gailhoustet). Ils fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
l’atelier d’Auguste Perret, quand est<br />
créé -<strong>en</strong> réponse à leurs reproches- un nouvel<br />
atelier extérieur; l’atelier de Marcel Lods 46 qui<br />
propose de «pr<strong>en</strong>dre le contre-pied de l’<strong>en</strong>-<br />
45 Carnets d’architectes, Louis Arretche,<br />
Dominique Amouroux, Ed. du Patrimoine Infolio,<br />
2010, p.13<br />
46 Voir Marcel Lods, L’industrialisation<br />
du bâtim<strong>en</strong>t, AA n°1, mai-juin 1945. Il s’agit du<br />
premier numéro de l’Architecture d’Aujourd’hui,<br />
juste après la Libération; les opérations de reconstruction<br />
sont à peine <strong>en</strong>tamées.<br />
seignem<strong>en</strong>t traditionnel (...) <strong>en</strong> prêtant une att<strong>en</strong>tion<br />
inhabituelle à la rigueur constructive et<br />
programmatique. 47 »<br />
Les trois autres partag<strong>en</strong>t beaucoup de ces<br />
rev<strong>en</strong>dications mais décid<strong>en</strong>t de rester fidèles<br />
à Louis Arretche. Ils interromp<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />
provisoirem<strong>en</strong>t leurs études pour voyager <strong>en</strong><br />
Afrique du Nord, de septembre 1949 à mars<br />
1950 avec deux de leur compagnons d’atelier,<br />
Philippe Canac et Michel Bataille.<br />
Le voyage <strong>en</strong> Afrique du Nord va donner à la<br />
suite de leur parcours une influ<strong>en</strong>ce déterminante;<br />
notamm<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>contre avec Michel<br />
Ecochard, membre des CIAM, avec lequel ils<br />
travaill<strong>en</strong>t quelques semaines et garderont des<br />
relations professionnelles par la suite.<br />
Ce voyage est un premier événem<strong>en</strong>t<br />
marquant de leurs années de formation;<br />
ils y seront confrontés à la misère, à l’imm<strong>en</strong>sité<br />
des bidonvilles, à la réalité de la colonisation,<br />
ainsi qu’à l’extraordinaire dynamique de<br />
ce pays <strong>en</strong> cours de modernisation, avec des<br />
moy<strong>en</strong>s de planification exceptionnels 48 .<br />
Chez ces jeunes g<strong>en</strong>s se dessine déjà l’ori<strong>en</strong>tation<br />
qu’ils donneront par la suite à leur pratique<br />
de l’architecture.<br />
47 France architecture, 1960-1968, Jacques<br />
Lucan, 1989, p.19<br />
48 Cf. <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Pierre Riboulet décembre<br />
1996, cité par Catherine Blain dans L’Atelier<br />
de Montrouge (1958-1981), Prolégomènes à<br />
une autre modernité, Catherine Blain, Thèse de<br />
doctoral de l’Université de Paris, 2001<br />
41
• Philippe Bataille, Philippe<br />
Canac, Pierre Riboulet,<br />
Jean-Louis Véret et Gérard<br />
Thurnauer, dans la Cadillac à<br />
Oran, cliché anonyme 1949,<br />
ifa 826/1<br />
• Philippe Canac, Pierre<br />
Riboulet, Gérard Thurnauer,<br />
Philippe Bataille, et Jean-<br />
Louis Véret après le retour<br />
de leur voyage <strong>en</strong> Afrique,<br />
clicé anonyme, mars 1950<br />
ifa 826/1<br />
42
Michel Ecochard 49 leur inculque cette<br />
consci<strong>en</strong>ce sociale, abs<strong>en</strong>te de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
traditionnel, mais qui sera <strong>en</strong>suite la marque<br />
de fabrique de l’Atelier. Ils cern<strong>en</strong>t mieux<br />
les <strong>en</strong>jeux de leur génération et les capacités<br />
de l’architecture.<br />
Gérard Thurnauer dira plus tard que c’est au<br />
Maroc qu’ils ont approché les «deux aspects<br />
concrets du travail de l’architecte, la partie professionnelle<br />
et les connaissances générales<br />
auxquelles le métier fait référ<strong>en</strong>ce sans cesse.<br />
C’était à la fois une connaissance très large<br />
de tous les problèmes urbains, pris dans une<br />
optique d’urg<strong>en</strong>ce, et un travail de transformation<br />
territoriale, avec tout ce que cela pouvait<br />
comporter; la géographie, l’économie, les problèmes<br />
de transport, les problèmes sociologiques,<br />
les spécificités des populations locales,<br />
etc. 50 »<br />
Au fil de leurs voyages successifs, ils <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
des relations avec d’autres protagonistes<br />
des CIAM, notamm<strong>en</strong>t des membres de<br />
l’ATBAT-Afrique. L’été suivant, <strong>en</strong> 1951, ils travaill<strong>en</strong>t<br />
sur le plan d’urbanisme de Casablanca,<br />
au sein du Service de l’urbanisme et de l’Ar-<br />
49 (1905-1985) Architecte et urbaniste -et<br />
archéologue- français, il est détaché après ses<br />
études <strong>en</strong> 1932 au Service des antiquités de Syrie<br />
et du Liban, où il découvre la civilisation islamique<br />
<strong>en</strong> travaillant au plan d’urbanisme des villes<br />
de Beyrouth (1932-1942) et Damas (1941-46). De<br />
1946 à 1953, il dirige le Service de l’Urbanisme et<br />
conçoit les plans des grandes villes marocaines;<br />
c’est dans ce contexte qu’il accueille les jeunes<br />
architectes français <strong>en</strong> voyage.<br />
50 Voir <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> réalisé par Catherine Blain<br />
avec Gérard Thurnauer, octobre 2004, dans La Modernité<br />
Critique, Autour du CIAM9 d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce,<br />
voir bibliographie.<br />
chitecture et particip<strong>en</strong>t au travail pour les immeubles<br />
de logem<strong>en</strong>ts Sémiramis (1951-52)<br />
et Nid d’abeille (1951-53) 51 .<br />
A propos de la méthode d’Ecochard, Gérard<br />
Thurnauer ajoute que celui-ci «emprunt<br />
des recommandations de la Charte d’Athènes<br />
et du mouvem<strong>en</strong>t progressiste de l’urbanisme<br />
dans une certaine rupture avec l’administration<br />
locale, leur <strong>en</strong>seigna la réalité urbaine et ses<br />
problèmes de masse, les bidonvilles, les problèmes<br />
d’aménagem<strong>en</strong>t du territoire, toutes<br />
ces questions urg<strong>en</strong>tes auxquelles il avait à<br />
faire face 52 »<br />
Michel Ecochard prône l’emboîtem<strong>en</strong>t des<br />
échelles, le système de trame -qui doit être<br />
souple et flexible dans le temps, sanitaire, pour<br />
laisser le bidonville se refaire au dessus 53 .<br />
Cette réalité concrète fascine les étudiants;<br />
ils appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le temps,<br />
le contexte, à procéder à des <strong>en</strong>quêtes de<br />
terrain afin de déceler la morphologie sociale<br />
et bâtie.<br />
Au printemps de l’année suivante, <strong>en</strong> 1952, ils<br />
particip<strong>en</strong>t à la réunion préparatoire au CIAM9,<br />
la r<strong>en</strong>contre de Sigtuna (juin 1952); puis rejoign<strong>en</strong>t<br />
le CIAM-Paris (qui prés<strong>en</strong>tera une analyse<br />
de Boulogne-Billancourt au CIAM9).<br />
51 Projet des Carrières c<strong>en</strong>trales, le plus<br />
anci<strong>en</strong> bidonville de Casablanca, ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t<br />
les jeunes Candilis et Woods qui font preuve d’un<br />
regard nouveau au c<strong>en</strong>tre des débats des CIAM.<br />
52 Voir note 50.<br />
53 Voir Casablanca, le roman d’une ville,<br />
1955.<br />
43
• Photo: Casbah d’Alger vers<br />
1900, tiré de Ed. Maurice Culot<br />
et Jean-Marie Thiveaud,<br />
ifa, Mission des travaux<br />
historiques de la Caisse des<br />
dépôts et consignations,<br />
Architectures Françaises :<br />
Outre-Mer, Ed. Pierre Mardaga,<br />
Collection Villes, 1992<br />
• Les immeubles «Semiramis»<br />
et «Nid d’abeille», vers<br />
1955,<br />
voir AA n°57, décembre 1954<br />
«Les architectes mett<strong>en</strong>t<br />
ainsi <strong>en</strong> place un contrôle<br />
climatique des bâtim<strong>en</strong>ts<br />
(...) définis par des circulations,<br />
comme les coursives<br />
et les escaliers, ou par (...)<br />
les balcons, les loggias, les<br />
patios couverts qui cré<strong>en</strong>t<br />
des red<strong>en</strong>ts, un jeu de<br />
saillies et de r<strong>en</strong>foncem<strong>en</strong>ts,<br />
où la profondeur est acc<strong>en</strong>tuée<br />
par la lumière solaire.»<br />
dans Habitat collectif méditerrané<strong>en</strong><br />
et dynamique des<br />
espaces ouverts. Cas d’étude<br />
<strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> Afrique du<br />
Nord (1945-1970), Letizia<br />
Campanini<br />
à droite<br />
• Coupes transversales des<br />
immeubles «nid d’abeille»<br />
1952-53 et «Semiramis»<br />
1951-52, premières réalisations<br />
de Georges Candilis<br />
et Shadrach Woods. Projet<br />
pour un bidonville appliquant<br />
les principes urbanistiques<br />
d’Ecochard; unités de<br />
voisinage, nappe d’<strong>en</strong>tités<br />
cellulaires, trame 8m x 8m;<br />
maisons à patio; et ces immeubles<br />
«alvéolaires».<br />
44
Georges Candilis et Shadrach Woods (1923-<br />
1973) se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1946 chez Le Corbusier;<br />
ils rejoign<strong>en</strong>t l’ATBAT pour le suivi du<br />
chantier de l’Unité d’habitation de Marseille<br />
(inaugurée <strong>en</strong> 1952) avant de créer l’ATBAT-<br />
Afrique, dont les réalisations marqu<strong>en</strong>t la théorie<br />
de l’architecture, <strong>en</strong> matérialisant la r<strong>en</strong>contre<br />
<strong>en</strong>tre modèle traditionnel d’habitat et principes<br />
constructifs modernes; une meilleure adaptation<br />
de la condition de vie des habitants, <strong>en</strong><br />
l’occurr<strong>en</strong>ce le mode de vie islamique, dans<br />
un climat très chaud. L’exemple de la casbah<br />
est étudié pour trouver la juste mesure à donner<br />
aux volumes.<br />
Ces projets, d’affiliation corbusé<strong>en</strong>ne si l’on <strong>en</strong><br />
considère Roq et Roc comme étant le prototype,<br />
matérialis<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre l’idée<br />
de trame et l’exemple de villages traditionnels.<br />
Un autre projet, algéri<strong>en</strong> cette fois,<br />
mais tout autant publié, La Cité de Dj<strong>en</strong>an-El<br />
Hassan (1959) de Roland Simounet illustre<br />
tout particulièrem<strong>en</strong>t la composition modulaire,<br />
par trame; une troisième dim<strong>en</strong>sion lui<br />
étant intégrée, donnée par la topographie du<br />
site. Le village du Merlier s’inscrit dans ce type<br />
de composition modulaire, à l’instar de la Siedlung<br />
Hal<strong>en</strong> de l’Atelier 5 ou <strong>en</strong>core de l’Université<br />
d’Urbino de Giancarlo di Carlo; nous y<br />
revi<strong>en</strong>drons §2.3.1.<br />
45
à gauche<br />
• Les trois protagonistes à<br />
l’atelier des Beaux-Arts,<br />
sur le travail de diplôme <strong>en</strong><br />
1952<br />
archives personnelles JLV<br />
• Installation des panneaux<br />
à l’ENSBA et équipe d’amis<br />
v<strong>en</strong>us aider, cliché: ATM,<br />
novembre 1952; archives<br />
personnelles JLV<br />
voir grille d’assemblage des<br />
panneaux du diplôme<br />
nov. 1952 (ifa 1576)<br />
• Vue aéri<strong>en</strong>ne du site avec<br />
croquis perspectif de Michel<br />
Ecochard, non daté<br />
archives personnelles JLV<br />
à droite<br />
• Quatre panneaux de<br />
prés<strong>en</strong>tation du diplôme,<br />
titre 10 “la ville” Analyse<br />
confrontant le plan d’ext<strong>en</strong>sion<br />
de la ville marocaine de<br />
Fès et la situation du terrain<br />
proposé pour la cité universitaire,<br />
et une vue aéri<strong>en</strong>ne de<br />
Fès, une vue aéri<strong>en</strong>ne et le<br />
plan de la mosquée-université<br />
Krawiyine<br />
46<br />
• Panneaux de prés<strong>en</strong>tation<br />
du diplôme: parties<br />
individuelles; l’auditoire et<br />
bâtim<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
• Panneaux de prés<strong>en</strong>tation<br />
du diplôme: vue planimétrique<br />
de la maquette 121.4<br />
NB.Les docum<strong>en</strong>ts relatifs au<br />
diplômes sont classés dans<br />
ATM/A/4<br />
1.2.3 Le diplôme et les premières affaires<br />
Au retour du Maroc, les amis repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t leurs études. Ils partag<strong>en</strong>t<br />
le refus de se plier à la logique du Grand Prix de Rome et<br />
décid<strong>en</strong>t de prés<strong>en</strong>ter leur diplôme <strong>en</strong> commun. En novembre<br />
1952 ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t leur projet pour une nouvelle université islamique<br />
à Fès au Maroc, pour 7000 étudiants. On leur accorde<br />
une dérogation, chacun s’<strong>en</strong>gageant malgré tout à effectuer<br />
une partie du programme individuellem<strong>en</strong>t; Riboulet se charge de<br />
la bibliothèque, Véret des résid<strong>en</strong>ces étudiantes, et Thurnauer du<br />
lycée et des parties secondaires.<br />
Selon la méthode arrêtée avec Ecochard, ils fix<strong>en</strong>t eux-mêmes<br />
le programme -donné par de l’analyse du contexte urbain et des<br />
facteurs économiques et sociaux-. La prés<strong>en</strong>tation de leur projet<br />
de diplôme se conforme à la grille CIAM d’urbanisme. Le projet est<br />
réglé sur une trame Nord-Sud adoptant les mesures du modulor;<br />
ils respect<strong>en</strong>t néanmoins les cinq points de l’architecture moderne<br />
et organis<strong>en</strong>t les fonctions d’après le principe de zonage.<br />
Ils collabor<strong>en</strong>t avec Nikos Chatzidakis, ingénieur d’origine crétoise<br />
r<strong>en</strong>contré au sein de l’ATBAT, et avec lequel ils mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des<br />
relations professionnelles et amicales tout au long de leurs carrières<br />
respectives.<br />
Ils obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le Prix du Meilleur diplôme pour l’année<br />
1952, publié par l’ENSBA et dans un numéro de l’Architecture<br />
d’Aujourd’hui 54 .<br />
Le sujet du projet «traduit le parcours parallèle des étudiants; leur<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t au sein de CIAM et l’originalité de leur démarche 55 ».<br />
Son succès est redevable à leur bonne <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te et semble indiquer<br />
leur collaboration future.<br />
54 AA n° 47, Contributions françaises à l’évolution de l’architecture.<br />
Constructions diverses, mai 1953, p.94-95<br />
55 L’Atelier de Montrouge (1958-1981), Prolégomènes à une<br />
autre modernité, Catherine Blain, Thèse de doctoral de l’Université<br />
de Paris, 2001, p.37
• Vues de la maquette du<br />
campus universitaire (2e<br />
solution), illustration dans<br />
dans L’Atelier de Montrouge<br />
(1958-1981), Prolégomènes<br />
à une autre modernité,<br />
Catherine Blain, Thèse de<br />
l’Université de Paris, 2001,<br />
Catalogue raisonné, p. 47<br />
• Photo des protagonistes à<br />
Karachi: à gauche, Michel<br />
Ecochard; au c<strong>en</strong>tre: le commanditaire,<br />
à droite, Gérard<br />
Thurnauer, lors d’une visite<br />
de l’Université de Karachi,<br />
cliché anonyme, non daté,<br />
1954-59<br />
162 ifa801/3<br />
• Vue de la maquette d’<strong>en</strong>semble<br />
montrant à gauche<br />
la bibliothèque (<strong>en</strong> forme<br />
de double pyramide) et à<br />
droite, le bâtim<strong>en</strong>t du secrétariat<br />
et de l’administration<br />
“recouvert d’un toit <strong>en</strong> voile<br />
mince assurant aux terrasses<br />
et à la salle du syndicat de<br />
l’Université une bonne protection<br />
contre le soleil.»<br />
Album 2 de l’ATM<br />
162Ifa 1705/1<br />
• Vue des bâtim<strong>en</strong>ts d’habitation<br />
des professeurs de<br />
l’ Université de Karachi,<br />
cliché: Holzman ?, décembre<br />
1960, 162ifa801/3<br />
48<br />
Le diplôme obt<strong>en</strong>u, ils poursuiv<strong>en</strong>t leur formation <strong>en</strong> travaillant<br />
auprès d’architectes de r<strong>en</strong>om. Les années 1952 à 1958 sont<br />
marquées par diverses collaborations; tout <strong>en</strong> restant étroitem<strong>en</strong>t<br />
liés, chacun des quatre futurs membres poursuit ses propres impératifs.<br />
Pierre Riboulet travaille chez Pierre Colboc, Gérard Thurnauer<br />
(avec Michel Bataille) chez Jean Prouvé, et Jean-Louis Véret chez<br />
Le Corbusier (1953-55), à la rue de Sèvres puis <strong>en</strong> Inde. Le<br />
Corbusier, qui avait vu leur diplôme avant sa prés<strong>en</strong>tation, recrute<br />
l’un des trois; Jean-Louis Véret collabore de 1953 à 1955<br />
aux chantiers Corbusé<strong>en</strong>s à Ahmedabad: le Musée de la<br />
connaissance, Bâtim<strong>en</strong>t des Millowners, et les maisons Shodan<br />
et Sarabhai.<br />
En 1952 Riboulet et Thuranauer ils particip<strong>en</strong>t à l’étude de Boulogne-Billancourt<br />
conduite <strong>en</strong> vue du CIAM9 par l’équipe du<br />
CIAM-Paris 56 . Ils font l’analyse des conditions d’habitation de cette<br />
banlieue parisi<strong>en</strong>ne par le biais d’<strong>en</strong>quête de terrain qui révèl<strong>en</strong>t la<br />
topographie et le climat, la démographie, l’affectation des sols, les<br />
typologies de logem<strong>en</strong>ts; avec l’ambition de faire apparaître l’influ<strong>en</strong>ce<br />
du milieu sur l’habitat. L’étude <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d démontrer le postulat:<br />
«Habitat, point de r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre la sociologie et l’architecture.<br />
Pas de logis valable sans milieu organisé 57 ».<br />
En 1954 Pierre Riboulet, Gérard Thurnauer et Jean-Louis Véret<br />
collabor<strong>en</strong>t au sein de L’ATIC 58 pour réaliser un Ensemble de<br />
190 logem<strong>en</strong>ts d’urg<strong>en</strong>ce pour Emmaüs à Arg<strong>en</strong>teuil 59 .<br />
56 CIAM-Paris formé <strong>en</strong> 1951avec Edith Schneider-Aujame, Roger<br />
Aujame, Guy Rottier, D<strong>en</strong>ise Creswell, Jean Le Lann, Paul Raccoursier<br />
et Pirkko Hirvela-Chatzidakis et Nikos Chatzidakis.<br />
57 Voir L’Atelier de Montrouge, la Modernité à l’Oeuvre, 1858-<br />
1981, Catherine Blain, Arles, Ed. Actes Sud-Cité de l’architecture et du<br />
patrimoine, 2008, p.86<br />
58 L’Atelier pour l’Industrialisation de la Construction; constitué<br />
<strong>en</strong> 1953 et composé de Roger Aujame, Edith Schreiber-Aujame, Nikos<br />
Chatdzidakis, Pirko Hirvela-Chatzidakis -qui ont travaillé <strong>en</strong>semble à<br />
l’ATBAT sur l’Unité d’habitation de Marseille- Pierre Riboulet, Gérard<br />
Thurnauer, Michel Bataille, Maurice Silvy, et Jean Prouvé.<br />
59 cf. AA, n° 74, 1957, pp. 26-27
Suite à l’appel de l’abbé Pierre l’hiver 1954,<br />
un concours est lancé par le Groupe d’HLM<br />
Emmaüs. L’<strong>en</strong>semble, réalisé avec peu de<br />
moy<strong>en</strong>s et aujourd’hui démoli, est conçu sur<br />
une trame de deux largeurs, où les logem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> duplex sont distribués par une coursive extérieure<br />
et prolongés par des loggias.<br />
En 1954, après avoir brièvem<strong>en</strong>t collaboré<br />
avec l’Atelier ATIC 60 , Riboulet et Thurnauer rejoign<strong>en</strong>t<br />
Écochard au Pakistan. En 1955 est<br />
fondée l’association Ecochard-Riboulet-Thurnauer<br />
61 pour une première mission : le projet de<br />
Nouvelle Université fédérale à Karachi 62<br />
(1954-1959). Dès 1956, R<strong>en</strong>audie -après<br />
avoir fait un stage chez Candilis- collabore à<br />
ce projet d’<strong>en</strong>vergure. Véret rejoint l’équipe dès<br />
1957, à son retour du service militaire. La naissance<br />
de l’Atelier est alors une évid<strong>en</strong>ce!<br />
La cité universitaire est destinée à accueillir<br />
7000 étudiants; outre les bâtim<strong>en</strong>ts d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,<br />
de secrétariat et d’administration, le<br />
programme comporte des services (bibliothèque,<br />
auditorium de 2500 places), une zone<br />
de sport et de loisirs (gymnase, piscine, club<br />
sportif, terrains de cricket, basket ball, volley<br />
60 Atelier pour l’Industrialisation de la<br />
Construction, créé sous l’égide de Jean Prouvé.<br />
61 La date de 1954 correspond à une mission<br />
de l’ONU, où Gérard Thurnauer et Pierre Riboulet<br />
rejoign<strong>en</strong>t Michel Ecochard, Expert de l’Assistance<br />
technique française au Pakistan; la mission se<br />
conclut <strong>en</strong> avril 1955 sur la perspective du contrat<br />
pour les plans d’exécution du projet. Contrat partiellem<strong>en</strong>t<br />
rempli <strong>en</strong> association avec Ecochard<br />
(association E-R-T instituée le 1er janvier 1956,<br />
est dissoute le 31 mai 1959, à la livraison de la<br />
première tranche du chantier.<br />
62 AA, n° 67-68, octobre 1956, p. 198-199.<br />
49
à gauche<br />
• Etude analytique pour<br />
Boulogne-Billancourt, CIAM-<br />
Paris, prés<strong>en</strong>tée à Aix-<strong>en</strong>-<br />
Prov<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1953<br />
Sélections de planches,<br />
archives personnelles Roger<br />
Aujame<br />
• Photographie de Jean-Louis<br />
Véret avec Le Corbusier sur<br />
le chnatier de la villa Shodan<br />
<strong>en</strong> décembre 1954<br />
à droite<br />
• Diplôme de Jean R<strong>en</strong>audie<br />
novembre 1958: Maison<br />
des jeunes et de la culture,<br />
Limoges<br />
•Vue extérieure de la maison<br />
Le Sémaphore d’Etretat<br />
50<br />
• Perspective d’<strong>en</strong>semble;<br />
planche de prés<strong>en</strong>tation du<br />
concours<br />
cf. AA n° 74, 162ifa315<br />
• Détail de deux types de<br />
“logem<strong>en</strong>ts économiques de<br />
première nécessité” (type D<br />
et E), signés de l’IBA (Bureau<br />
d’étude pour l’industrialisation<br />
du bâtim<strong>en</strong>t), accompagnant<br />
la Notice explicative<br />
[archives personnelles JLV,<br />
dossier ATIC]
all, hockey et t<strong>en</strong>nis), des équipem<strong>en</strong>ts (club<br />
des étudiants, hôtel international) et des secteurs<br />
d’habitation (résid<strong>en</strong>ces pour étudiants,<br />
logem<strong>en</strong>ts des professeurs)<br />
En marge du projet pour Karachi, ils travaill<strong>en</strong>t<br />
sur les plans d’urbanisme de la ville nouvelle<br />
de Saïda au Liban. Puis Thurnauer prés<strong>en</strong>te le<br />
projet pour l’église de Beyrouth -réalisée plus<br />
tard.<br />
Gérard Thurnauer réalise pour un ami, la<br />
maison Le Sémaphore, à Etretat (1957-<br />
58). Implantée sur un terrain vierge, la petite<br />
construction de béton brut et de pierre domine<br />
la falaise.<br />
Lauréats du concours pour l’édification d’une<br />
petite église jésuite, la Chapelle Notre-Dame-de-Jambrour<br />
à Beyrouth, ils sont am<strong>en</strong>és,<br />
égalem<strong>en</strong>t au Liban, à travailler avec<br />
Ecochard au plan d’urbanisme pour la Ville<br />
nouvelle de Saïda (1957-58); détail du<br />
c<strong>en</strong>tre civique et commercial, aménagem<strong>en</strong>t<br />
de la Place principale, bâtim<strong>en</strong>t administratif,<br />
immeuble de bureaux, c<strong>en</strong>tre commercial,<br />
salle de spectacles et marché ainsi qu’un <strong>en</strong>semble<br />
d’habitation de 600 logem<strong>en</strong>ts.<br />
Enfin Jean R<strong>en</strong>audie prés<strong>en</strong>te son diplôme<br />
pour la Maison de jeunes et de la culture 63<br />
à Limoges <strong>en</strong> 1958, avant l’inauguration de<br />
leur propres locaux à Montrouge <strong>en</strong> juin.<br />
63 Diplôme publié dans Pas à pas, n°101,<br />
février 1960<br />
51
• Vue du bâtim<strong>en</strong>t de fond de<br />
jardin, transformé par l’ATM<br />
pour l’ATM <strong>en</strong> atelier d’architecture,<br />
à la rue d’Esti<strong>en</strong>ne d’Orves<br />
à Montrouge<br />
cliché: anonyme et non daté<br />
162 Ifa 801/4. (Doc. AR-22-06-<br />
11-01).<br />
• L’équipe de l’Atelier de Montrouge<br />
dans le jardin, juin 1963<br />
Ils ont eu jusqu’à une quinzaine<br />
de collaborateurs.<br />
Jean-Louis Véret et Gérard<br />
Thurnauer sur la gauche, Jean<br />
R<strong>en</strong>audie au milieu et Pierre<br />
Riboulet sur la droite.<br />
Cliché: ATM<br />
52<br />
1.2.4 Création de l’ATM; éthique et fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
Les quatre jeunes architectes -R<strong>en</strong>audie, Riboulet, Thurnauer et<br />
Véret- s’install<strong>en</strong>t <strong>en</strong> juin 1958 à la rue d’Esti<strong>en</strong>ne d’Orves à<br />
Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, au fond du jardin de la<br />
résid<strong>en</strong>ce du frère aîné de Jean-Louis Véret 64 .<br />
L’ATM sera actif durant une vingtaine d’années 65 , p<strong>en</strong>dant lesquelles<br />
ils oeuvreront <strong>en</strong>semble à une architecture considérée<br />
comme emblématique de l’époque. Christian Devilliers signe un<br />
article, «Les derniers puritains», dans lequel il site le rôle joué par<br />
l’Atelier pour faire «avancer la p<strong>en</strong>sée urbaine». Par leur prés<strong>en</strong>ce<br />
sur la scène architecturale, ils déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t un r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t de la<br />
théorie et du modèle de la ville. Ils dénonc<strong>en</strong>t la monotonie des<br />
grands <strong>en</strong>sembles, sans pour autant r<strong>en</strong>ier les acquis fonctionnalistes<br />
de la première modernité. Leur architecture est <strong>en</strong>gagée<br />
et novatrice; marquée fortem<strong>en</strong>t par les travaux de Le Corbusier,<br />
elle s’y réfère et témoigne de l’admiration de ses membres<br />
pour le chef de file des modernes.<br />
Leur mode d’exercice s’inscrit dans une rigueur de p<strong>en</strong>sée,<br />
tant éthique qu’esthétique, et porte une att<strong>en</strong>tion grande à<br />
la dim<strong>en</strong>sion sociale de la construction. La pratique de l’ATM<br />
trouve ses assises sur des <strong>en</strong>quêtes de terrain, t<strong>en</strong>ant compte de<br />
la réalité sociale et bâtie, du temps. «Elle t<strong>en</strong>d à faire aussi bi<strong>en</strong>,<br />
sinon mieux, que le cadre de vie existant, à lui donner une qualité,<br />
une id<strong>en</strong>tité, par la mise <strong>en</strong> oeuvre de nouvelles morphologies, de<br />
64 Les premiers relevés de l’état existant dat<strong>en</strong>t de 1956. Avant-<br />
projet d’aménagem<strong>en</strong>t de la propriété de Pierre Véret: transformation<br />
du pavillon, jardin et bâtim<strong>en</strong>t sur rue «La Cheminée préfabriquée»,<br />
JLV octobre 1956 (162 Ifa 680/10). Cet atelier est mis <strong>en</strong> chantier <strong>en</strong><br />
1957, achevé le 1er mai 1958 et inauguré <strong>en</strong> juin. Il est <strong>en</strong>suite agrandi<br />
par l’adjonction d’une portion du bâtim<strong>en</strong>t industriel sur rue <strong>en</strong> 1962,<br />
où l’ATM déménage finalem<strong>en</strong>t pour avoir une superficie passant de<br />
150 à 250 m2. Le premier atelier a été récupéré par Pierre Véret (il habite<br />
toujours le pavillon <strong>en</strong> 2001) source: <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de Catherine Blain<br />
avec JLV, Carnets JLV. cf. Catherine Blain, catalogue raisonné p.65<br />
L’Atelier est leur première réalisation commune!<br />
65 ATM 1 1958-1968: «Association R<strong>en</strong>audie-Riboulet-Thurnauer-<br />
Véret» et ATM 2 1968-1981: «Association Riboulet-Thurnauer-Véret»
54<br />
nouvelles typologies, d’une nouvelle esthétique 66 »<br />
La «Note sur la constitution, l’organisation et les possibilités<br />
de l’Atelier d’architecture, Montrouge, novembre<br />
1958» témoigne de leur démarche originale:<br />
«L’Atelier d’Architecture, par volonté de rompre avec une tradition<br />
artisanale de la profession, est organisé de manière<br />
à grouper, au sein d’une seule équipe, les différ<strong>en</strong>tes disciplines<br />
et activités qui se rapport<strong>en</strong>t au domaine bâti, et ce,<br />
à tous les stades du travail, depuis les études préliminaires<br />
jusqu’à la finition des constructions. (…) Cette organisation<br />
permet à l’Atelier d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre toutes les études nécessaires<br />
et de suivre la réalisation de programmes très divers.<br />
(...) Ces études sont m<strong>en</strong>ées dans le s<strong>en</strong>s général des recherches<br />
de l’architecture contemporaine : résolution des<br />
problèmes de fonctionnem<strong>en</strong>t interne, de structure, d’économie<br />
générale, d’accord avec le site et le climat, dans l’esprit<br />
d’une conception esthétique nouvelle. 67 »<br />
Cette pluridisciplinarité se matérialisera au fil de leur production<br />
et dép<strong>en</strong>dra des besoins spécifiques de chaque<br />
projet; ils <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi, au fil de leurs carrières, des<br />
relations avec des artisans, urbanistes, sculpteurs ou ingénieurs,<br />
dont Nikos Chatzidakis et Jean-Pierre Tohier.<br />
La création de leur ag<strong>en</strong>ce, et son mode de fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
associatif -association nominative-, fait figure d’exception<br />
68 ; mise <strong>en</strong> commun des contrats, signature<br />
collective des projets et mutualisation des ressources<br />
(équipem<strong>en</strong>ts, rev<strong>en</strong>us, salaires). Cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t solidaire,<br />
marginal, reflète l’idéal de la création collective, et réfute le<br />
système du grand «patron», dans un système de confiance<br />
66 Voir Notes sur l’Atelier de Montrouge et l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
du littoral, Catherine Blain, archives personnelles.<br />
67 Extrait de la Note sur la constitution, l’organisation et<br />
les possibilités de l’Atelier d’architecture, Montrouge, novembre<br />
1958.<br />
68 Déjà nouveaux modèles d’atelier associatif: Candilis-<br />
Josic-Woods et «Atelier 5» <strong>en</strong> 1955, AUA <strong>en</strong> 1960, mais peu d’architectes<br />
adhèr<strong>en</strong>t à cet idéal de partage.
partagée, grâce à une véritable mise <strong>en</strong> commun<br />
«d’un tas de choses 69 ».<br />
Catherine Blain explique le fond de leur démarche,<br />
qu’elle nomme réalisme social: «(...)<br />
fédérée par le thème de combinatoire, elle<br />
cond<strong>en</strong>se les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, convoque les<br />
outils de trame, s’intéresse aux jeux d’articulation<br />
dans l’espace, expérim<strong>en</strong>te différ<strong>en</strong>ts assemblages.<br />
Constamm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouvelée, inscrite<br />
dans un mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant, elle vi<strong>en</strong>t perpétuellem<strong>en</strong>t<br />
questionner la modernité 70 »<br />
Lieu de création et de production d’une<br />
œuvre collective, tel que les statuts le m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t<br />
71 à propos de la «propriété artistique»,<br />
l’organisation interne est à la fois collective et<br />
individuelle; car un des quatre membres est<br />
tout de même nommé responsable par affaire,<br />
et est <strong>en</strong>suite <strong>en</strong> charge du suivi de chantier.<br />
C’est une organisation communautaire, de<br />
discussions et de partage.<br />
«On a toujours travaillé de la même façon,<br />
à Montrouge. C’est-à-dire: chacun faisait le<br />
même projet, était responsable d’un projet. Et<br />
chacun faisait à sa façon. Mais dans la mesure<br />
où on était dans la même pièce et où, évidemm<strong>en</strong>t,<br />
on se voyait constamm<strong>en</strong>t, il est clair<br />
69 Entreti<strong>en</strong> de Catherine Blain avec Gérard<br />
Thurnauer, cité dans la thèse p.79<br />
70 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Universitl de Paris,<br />
2001, p. 433<br />
71 Depuis 1968, losque R<strong>en</strong>audie quitte Montrouge,<br />
il est m<strong>en</strong>tionné «responsable de l’étude»<br />
sur les projets dont il avait eu la charge.<br />
A partir du 1er janvier 1979, Riboulet, Thurnauer<br />
et Véret décid<strong>en</strong>t de se répartir les nouveaux projets.<br />
ATM 2 «atelier Riboulet, Thurnauer et Véret<br />
architectes» officiellem<strong>en</strong>t dissout <strong>en</strong> 1981.<br />
que l’on discutait sans arrêt de ce que faisai<strong>en</strong>t<br />
les trois autres. On était quand même chacun<br />
responsable d’un bâtim<strong>en</strong>t, d’une étude, d’un<br />
projet ; donc, <strong>en</strong> dernier ressort, s’il y avait<br />
une hésitation, un débat ou quelque chose<br />
comme cela, on décidait quand même pour<br />
soi. Mais on avait toujours l’avis des autres sur<br />
le sujet, <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce. Il y avait aussi le fait<br />
que, quand il y avait un gros dossier à faire,<br />
tout le monde travaillait sur le gros dossier : le<br />
dossier d’exécution, les détails, tout cela, on<br />
se partageait la tâche; [...] aussi, certaines études<br />
ont été comm<strong>en</strong>cées par l’un et, après,<br />
poursuivies par l’autre. Donc c’était assez souple.<br />
Mais il y avait cette idée que chacun faisait<br />
quand même son projet. Je crois que cela,<br />
c’est une chose qui était indisp<strong>en</strong>sable. (...)<br />
C’est une histoire heureuse qui devrait<br />
rester, dans l‘histoire de l’architecture,<br />
une petite pierre, à un mom<strong>en</strong>t et à un<br />
<strong>en</strong>droit important 72 .»<br />
Leur champs de préoccupations n’est pas celui<br />
de la grande commande; les quatre idéalistes<br />
recherch<strong>en</strong>t avant tout la qualité, par un<br />
soin infini porté au détail, à toutes les échelles<br />
de leur pratique. Ils condamn<strong>en</strong>t d’ailleurs «l’affairisme»<br />
de certains grands cabinets, jugeant<br />
préférable de construire moins mais mieux.<br />
Cette éthique exceptionnelle mérite d’être relevée.<br />
L’Atelier de Montrouge est récomp<strong>en</strong>sé<br />
<strong>en</strong> 1965 par le prix du Cercle d’Études Architecturales,<br />
et <strong>en</strong> 1981 lauréat du Grand prix<br />
national de l’architecture pour l’<strong>en</strong>semble de<br />
son oeuvre.<br />
72 Pierre Riboulet, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Caterine<br />
Blain, décembre 1996<br />
55
ATM<br />
Domaine Volterra<br />
Etudes, concours et réalisations<br />
Projets varois<br />
56<br />
1.2.5 Quelques réalisations, études et concours significatifs<br />
L’oeuvre construite de l’ATM est relativem<strong>en</strong>t restreinte; sa qualité<br />
est énorme. Catherine Blain explique pourquoi, dans leur production,<br />
certaines réalisations ont eu un impact plus fort que les<br />
autres: «En règle générale, ce sont les projets issus de la première<br />
époque qu’a ret<strong>en</strong>u l’histoire. Ainsi, l’image d’Épinal de Montrouge<br />
est constituée d’un petit nombre de réalisations, telles le village<br />
du Merlier à Cap Camarat (1959-65) et la bibliothèque La<br />
Joie par les Livres de Clamart (1963-65), la Crèche départem<strong>en</strong>tale<br />
de Montrouge (1960-64) et les logem<strong>en</strong>ts de fonction<br />
EDF à Ivry-sur-Seine (1963-67). On m<strong>en</strong>tionnera souv<strong>en</strong>t<br />
les traits «brutalistes» de ces projets, la rigueur et la cohér<strong>en</strong>ce de<br />
leur recherche plastique (béton brut de décoffrage, lignes pures,<br />
att<strong>en</strong>tion extrême portée aux détails). Quelques études urbaines<br />
ont été égalem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>ues par les histori<strong>en</strong>s, comme le projet<br />
de résorption du bidonville des Francs-Moisins (1964-65)<br />
et la recherche pour la ville nouvelle du Vaudreuil (1967-72).<br />
Les projets d’après 1968, développés à trois, sont quant à eux<br />
souv<strong>en</strong>t passés sous sil<strong>en</strong>ce; on évoquera le fait que l’unité des<br />
ateliers comme l’ATM ou l’AUA 73 est ébranlée par la remise <strong>en</strong><br />
cause des modes d’exercice et les changem<strong>en</strong>ts introduits dans<br />
le système de production. 74 »<br />
Pour Jacques Lucan 75 , le projet pour la ville nouvelle du Vaudreuil,<br />
«nappe homogène indiffér<strong>en</strong>ciée» qui «veut délibérém<strong>en</strong>t s’éloigner<br />
de l’urbanisme des grands <strong>en</strong>sembles <strong>en</strong> même temps que<br />
73 AUA- Atelier d’Urbanisme et d’Architecture, qui a rassemblé<br />
une vingtaine de professionnels de 1960 - 1986 sous la forme d’une<br />
coopérative. Installé rue Bailly à Paris, cette association sous la forme<br />
d’une société civile coopérative, favorisait la collaboration <strong>en</strong>tre architectes,<br />
urbanistes, ingénieurs, décorateurs et offrait à de jeunes<br />
professionnels de disposer au sein de grands locaux, des équipem<strong>en</strong>ts<br />
«bureautiques» communs.<br />
74 L’Atelier de Montrouge (1958-1981), Prolégomènes à une<br />
autre modernité, Catherine Blain, Thèse de doctoral de l’Université<br />
de Paris, 2001, p.6<br />
75 Voir Architecture <strong>en</strong> France (1940-2000), Jacques Lucan, Ed.<br />
du Moniteur, 2001; diverses citations, p.149-150
d’un urbanisme d’îlots traditionnels», peut être<br />
regardé comme «l’aboutissem<strong>en</strong>t de toute<br />
une suite de réflexions m<strong>en</strong>ées par l’Atelier de<br />
Montrouge mais aussi par l’AUA au début des<br />
années soixante».<br />
Au début de la création de l’ATM, Riboulet<br />
et Thurnauer rest<strong>en</strong>t liés à Michel Ecochard<br />
pour les affaires précédemm<strong>en</strong>t citées et quelques<br />
concours, dont le concours pour la<br />
CECA -projet d’habitation unifamiliale et collective<br />
pour le personnel-, un <strong>en</strong>semble de 400<br />
logem<strong>en</strong>ts et le C<strong>en</strong>tre culturel à Léopoldville<br />
au Congo.<br />
Puis c’est avec Louis Arretche qu’ils collabor<strong>en</strong>t<br />
tous les quatre, d’abord sur un concours<br />
pour l’Ecole Navale <strong>en</strong> décembre 1958, puis<br />
sur l’Ensemble Immobilier de la sous-préfecture<br />
à Bastia (1959-60). Ensuite intervi<strong>en</strong>t<br />
la commande pour le Domaine de Volterra.<br />
Suivront les projets varois -urbanisme de la<br />
zone du Batailler, de Pampelonne, de Bonne<br />
Terrasse, et à plus grande échelle pour l’urbanisme<br />
de la ville de Rou<strong>en</strong>.<br />
Loin des programmes de logem<strong>en</strong>ts de masses<br />
une démarche se dessine clairem<strong>en</strong>t à<br />
l’Atelier.<br />
A différ<strong>en</strong>tes échelles, les préoccupations des<br />
premières années d’exercice sont ori<strong>en</strong>tées<br />
vers le thème du logem<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t le<br />
logem<strong>en</strong>ts de vacances qui nous intéress<strong>en</strong>t<br />
tout particulièrem<strong>en</strong>t ici. Les <strong>en</strong>sembles<br />
d’habitation ont de commun trois objectifs pour<br />
l’ATM: s’intégrer harmonieusem<strong>en</strong>t au paysage<br />
(naturel ou construit), favoriser la vie sociale<br />
tout <strong>en</strong> protégeant la vie privée, proposer des<br />
espaces et des groupem<strong>en</strong>ts mixtes, «d’une<br />
esthétique moderne r<strong>en</strong>ouant avec l’esprit de<br />
l’architecture traditionnelle 76 ».<br />
L’ATM milite pour un mode de conception «répondant<br />
au contexte et offrant des paysages<br />
diversifiés, se prés<strong>en</strong>tant comme support au<br />
développem<strong>en</strong>t d’une vie de qualité 77 »<br />
La suite de ce chapitre expose très brièvem<strong>en</strong>t<br />
une sélection des projets les plus emblématiques<br />
dans l’oeuvre construite de l’ATM. Bi<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du l’<strong>en</strong>semble de l’oeuvre mérite un approfondissem<strong>en</strong>t,<br />
qui peut être fait sur la base<br />
des ouvrages cités <strong>en</strong> bibliographie.<br />
76 L’atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.355<br />
77 L’Atelier de Montrouge, la Modernité à<br />
l’Oeuvre, 1858-1981, Catherine Blain, Arles, Ed.<br />
Actes Sud-Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
2008<br />
57
1945<br />
1950<br />
1955<br />
1960<br />
58<br />
1945 Entrée des quatre architectes à l’ENSBA à Paris<br />
1949 (-50) Voyage <strong>en</strong> Afrique du Nord (PR,GT,JLV)<br />
1951 (-52) voyages successifs au Maroc, collaborations diverses<br />
1952 Diplôme (PR, GT, JLV) Université islamique de Fès - Prix du Meilleur diplôme<br />
1952 Etude de Boulogne-Billancourt avec l’équipe du CIAM-Paris<br />
1953 (-55) JLV à Ahmedabad, Inde sur les chantiers de Le Corbusier<br />
1954 (-57) Logem<strong>en</strong>ts Emmaüs (PR et GT avec CIAM-Paris)<br />
1954 (-59) Chantier de l’université de Karachi, Pakistan (associatio ERT)<br />
1956 (-58) Aménagem<strong>en</strong>t de l’Atelier à Montrouge<br />
1957 (-58) Ville nouvelle de Saïda, chapelle Notre-Dame de Jambrour à Beyrouth<br />
1958 Fondation de l’Atelier de Montrouge<br />
1958 (-59) Concours CECA<br />
1959 (-62) Moulin Messagier<br />
1959 (-79) Hôpital de Nouakchott, Mauritanie<br />
1959 (-62) Plan directeur de Rou<strong>en</strong> (ATM 1 avec LA)<br />
1959 (-64) Crèche départem<strong>en</strong>tale Hippolyte Mulin de Montrouge<br />
1959 (-62) Etude pour le domaine Volterra, Cap camarat<br />
1959 (-60) Concours SCIC<br />
1960 (-62)Aménagem<strong>en</strong>t de la galerie Knoedler, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris<br />
1960 (-79) SITIn°1, logem<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>semble administratif EDF, Issy-les-Moullineaux<br />
1960 (-68) C<strong>en</strong>tre aéré de Villelouvette<br />
Chronologie: Production Atelier de Montrouge<br />
1958-1981<br />
1961 Etude pour un musée d’art contemporain à La Chaux de Fonds<br />
1961 (-65) Plan d’urbanisme de détail secteur Est de Rou<strong>en</strong><br />
1961 (-64) Plan d urbanisme de détail de la zone du Batailler, Le Lavandou<br />
1961 (-65) Etude pour la SCIC, 1000 logem<strong>en</strong>ts à Goussainville<br />
1962 (-64) Agrandissem<strong>en</strong>t de l’Atelier de Montrouge
1965<br />
1970<br />
1975<br />
1980<br />
1962 (-66) Bibliothèque des <strong>en</strong>fants La Joie par les Lives à Clamart<br />
1962 Etude pour un c<strong>en</strong>tre urbain / complexe hôtelier, domaine de Tralicetto, Corse<br />
1962 (-63) Plan d’urbanisme de détail pour la plage de Pampelonne, Ramatuelle<br />
1962 (-64) Etude pour le village de vacance Bonne Terrasse, domaine Coumipez<br />
1962 (-65) Village de vacances Le Merlier et maison du gardi<strong>en</strong>, domaine Volterra<br />
1963 (-67) C<strong>en</strong>tre médico-social et logem<strong>en</strong>ts de fonction EDF, Ivry-sur-Seine<br />
1963 (-68) EDF Wagram : Aménagem<strong>en</strong>t d’un immeuble de bureaux, Paris 8e<br />
1963 (-64) Etude pour le village de vacances Gigaro, La Croix-Valmer<br />
1964 (-65) Etude pour la ville de Rou<strong>en</strong>, quartier du Saint-Sever<br />
1964 (-65) Etude pour la résorbtion du bidonville des Francs-Moisins, Saint-D<strong>en</strong>is<br />
1965 Grand Prix du Cercle d’études architecturales<br />
1966 (-69) C<strong>en</strong>tre de premier secours contre l’inc<strong>en</strong>die, Montrouge<br />
1966 (-69) EDF, Orléans-La Source : SITI n° 3 et logem<strong>en</strong>ts de fonction<br />
1967 (-72) Recherches pour la ville nouvelle du Vaudreuil<br />
1969 (-74) Foyer de jeunes filles, rue de Tolbiac, Paris 13e<br />
1970 (-77) CEC « Les heures claires » Istres et CES «Elie-Coutarel»<br />
1972 (-80) Immeuble résid<strong>en</strong>tiel de l’Aiguille et <strong>en</strong>semble «Les Trois évêchés» La Foux-d’Allos<br />
1972 (-78) C<strong>en</strong>tre d’études catalanes, Paris 4e<br />
1972 (-80) C<strong>en</strong>tre de perfectionnem<strong>en</strong>t EDF, Les Mureaux<br />
1973 (-74) Etude pour la c<strong>en</strong>trale nucléaire EDF, Gravelines<br />
1973 (-83) C<strong>en</strong>tre de quartier «L’Arche Guédon», Noisiel, Marne-la-Vallée<br />
1975 (-78) Aménagem<strong>en</strong>t Cour d’appel et salle des pas-perdus, Palais de justice, Reims<br />
1975 (-81) Quartier du parc, Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines : Plan d’aménagem<strong>en</strong>t (81-85 GT)<br />
1976 (-77) Concours pour l’aménagem<strong>en</strong>t du site des abattoirs de la Vilette, Paris<br />
1977 (-78) Concours pour un <strong>en</strong>semble de buraux pour la RATP, Noisy-le-Grand<br />
1977 (-78) Concours pour l’hôpital Sainte-Périne, Paris<br />
1979 Protocole de séparation de l’Atelier<br />
1981 Grand Prix national d’architecture<br />
1982 1er janvier - Dissolution officielle de l’ATMGrand<br />
59
Moulin Messagier<br />
Colombier-Fontaine<br />
1959-1962<br />
Ils réalis<strong>en</strong>t pour le peintre Jean Messagier, un ami<br />
intime de Jean-Louis Véret, l’un de leur premiers<br />
projets.<br />
Fortem<strong>en</strong>t publié <strong>en</strong> 62-63 1 , il s’agit d’une interv<strong>en</strong>tion<br />
de réaménagem<strong>en</strong>t et d’agrandissem<strong>en</strong>t<br />
d’un petit moulin <strong>en</strong> pierre, datant de 1821, auquel<br />
s’adjoign<strong>en</strong>t de nouveaux volumes d’habitation. La<br />
toiture exprime sa contemporanéité par un jeu de<br />
lignes répondant aux collines <strong>en</strong>vironnantes; la toiture<br />
évoque le Pavillon Phillips de Le Corbusier.<br />
L’originalité de ce projet est la recherche de symbiose<br />
<strong>en</strong>tre art et architecture; l’idée de «synthèse<br />
des arts» est à la base de la conception.<br />
«La grande beauté des toiles de Messagier est de<br />
transposer la lumière et les mouvem<strong>en</strong>ts du paysage<br />
: le projet répond à cette volonté de dynamisme<br />
par une architecture légère, constituée de volumes<br />
autonomes, articulés autour d’un noyau c<strong>en</strong>tral. 2 »<br />
Ce projet s’inscrit dans la filière artistique, à l’instar<br />
de l’aménagem<strong>en</strong>t de la galerie Knoedler à Paris<br />
(1960-62).<br />
Cf. ATM/C/59/18<br />
1 Fortune critique: Abitare (Italie) n° 17,<br />
juin 1963, p.2 ; AD (USA) n° 1, janv. 1965, p. 42<br />
; Jardin des arts, n° 104-105, juil.-août 1963, pp.<br />
18-19 ; Maison Française (La), hors série, numéro<br />
spécial hiver 1964-1965, pp. 96-101 ; Moebel interior<br />
design, mai 1963, p. 222-227 ; Nouveau journal<br />
de charp<strong>en</strong>te m<strong>en</strong>uiserie parquets (Le) n° 11,<br />
déc 1962, p. 58-63 ; Oeil (L’), n° 93, sept. 1962,<br />
pp. 64- 69<br />
2 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.115<br />
60<br />
coupe transversale 162ifa802/7<br />
façade ouest 162ifa802/7<br />
façade angle sud-ouest 162ifa306<br />
étude pour la toiture t 162ifa306
L’Hôpital National de Nouakchott 1<br />
Mauritanie<br />
1959-1979<br />
Initié au l<strong>en</strong>demain de la proclamation de la République<br />
islamique de Mauritanie, l’hôpital fait partie d’un<br />
projet ambitieux de nouvelle capitale de Nouakchott.<br />
Ce projet les ramène à l’étranger. Ils collabor<strong>en</strong>t<br />
avec Nikos Chatzidakis pour ce complexe hospitalier<br />
réalisé <strong>en</strong> plusieurs phases. Le projet «qui révèle<br />
hâtivem<strong>en</strong>t les traits de la démarche montrougi<strong>en</strong>ne.<br />
(...) Ce contexte spécifique (...) soulève un<br />
questionnem<strong>en</strong>t plus vaste que celui des projets<br />
précéd<strong>en</strong>ts. L’attitude privilégiée par l’ATM dans le<br />
cadre de cette mission consiste donc, d’une part,<br />
à r<strong>en</strong>ouer avec la démarche analytique héritée<br />
d’Ecochard et, d’autre part, à faire appel à l’aide<br />
d’un spécialiste extérieur, le Docteur Ferrand, <strong>en</strong><br />
vue d’aborder la question du programme.(...)<br />
Ces données permett<strong>en</strong>t d’esquisser quelques<br />
schémas d’organisation de l’hôpital, dont les principes<br />
de composition sont les suivant:<br />
1- un «bloc-hôpital» où tout est incorporé dans un<br />
volume <strong>en</strong> vertical(...);<br />
2- une hospitalisation <strong>en</strong> vertical, tous les autres<br />
élém<strong>en</strong>ts à l’horizontal;<br />
3- élém<strong>en</strong>ts à rez-de-chaussée organisés sur un<br />
grand plan carré avec des cours patios intérieurs;<br />
un grand bâtim<strong>en</strong>t sur pilotis <strong>en</strong>jambe ces élém<strong>en</strong>ts<br />
horizontaux;<br />
4- plan dit «<strong>en</strong> croix» composé d’un bloc d’hospitalisation<br />
de 8 étages et un bloc horizontal de deux<br />
niveaux pour l’<strong>en</strong>semble des services techniques.<br />
2 »<br />
Cf. ATM/G/59, G/65, G/75<br />
1 Cf. 162ifa 710/3 et 1492/12<br />
2 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.134 et 135<br />
Esquisse du plan masse ; Etude préliminaire, avril 1960<br />
162ifa710/1<br />
Etude du « bloc technique », nd 162ifa1325/2<br />
Etudes du « village » et de l’école d’infirmières, nd<br />
162ifa334<br />
61
La crèche départem<strong>en</strong>tale Hippolyte Mulin<br />
1 , Montrouge<br />
1960-1964<br />
«Substitut de la maison et premier lieu de socialbilité<br />
des <strong>en</strong>fants, la crèche se doit d’être<br />
un cocon délicieux, à la fois fermé et ouvert<br />
sur le monde. Plusieurs avants-projets illustr<strong>en</strong>t<br />
le processus d’élaboration de ce programme;<br />
(...) c’est, plus assurém<strong>en</strong>t, le traitem<strong>en</strong>t architectural<br />
de l’<strong>en</strong>semble et, notamm<strong>en</strong>t, le<br />
dessin des façades, plus largem<strong>en</strong>t ouvertes<br />
sur l’extérieur, qui révèl<strong>en</strong>t l’évolution de la recherche<br />
au cours de cet intervalle de deux<br />
ans. La force du projet réside, <strong>en</strong> effet, dans<br />
la mise <strong>en</strong> valeur de la figure du plan <strong>en</strong> aile<br />
de moulin : dans le fait d’avoir souligné, par<br />
un <strong>en</strong>semble de dispositifs architecturaux réalisés<br />
à l’aide de matériaux nobles (béton brut<br />
de décoffrage, pierre et bois; l’<strong>en</strong>semble des<br />
m<strong>en</strong>uiseries étant <strong>en</strong> chêne verni), à la fois la<br />
raison constructive et la dim<strong>en</strong>sion dynamique<br />
de la composition. 2 »<br />
Cf. ATM/C/59/19<br />
1 Fortune critique; l’Atelier de Montrouge<br />
(1958-1981), prolégomènes à une autre modernité,<br />
2001 catalogue raisonné, Catherine Blain,<br />
thèse de doctorat: AA n° 123, dec 1965-janv 1966,<br />
p.6 ; Aujourd’hui n° 54 «France 1», sept 1966, p.<br />
19 ; Architect & Building news (The, Angleterre),<br />
n° 17, 26 avril 1967, pp. 727-730 ; Baumeister n°<br />
6, juin 1966, p. 656 ; Detail n° 1, janvier 1966,<br />
p. 22 ; TA (25e série) n°2 Hôpitaux, constructions<br />
sociales, fev 1965, pp. 144-145 ; Vie collective (La<br />
revue de l’économe) vol. 31, n° 362, sept 1965. p.<br />
1140-1144<br />
2 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.119<br />
62<br />
plan de toiture 162ifa622/7<br />
vue d’une aile depuis un patio, 1992 162ifa802/7<br />
dessins sur calques 1959-60 162ifa622/1
Le c<strong>en</strong>tre aéré de Villelouvette,<br />
Domaine de Villelouvette, Egly<br />
1960-1968<br />
Ce projet fait partie des programmes publics<br />
élaborés pour la commune de Montrouge,<br />
cette fois directem<strong>en</strong>t mandaté par le maire.<br />
Le Domaine de 40ha, acquis par la ville, est<br />
destiné aux loisirs de tous les habitants. Le<br />
chateau prés<strong>en</strong>t sur le domaine sera transformé<br />
<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de loisirs; tandis qu’il est demandé<br />
aux architectes de prévoir une structure<br />
<strong>en</strong> plein air. Ce mandat s’insère dans le<br />
cadre d’un Arrêté de l’Education Nationale,<br />
visant à «soustraire les <strong>en</strong>fants aux conditions<br />
des villes 1 »<br />
«Cet avant-projet (peu de changem<strong>en</strong>ts dans<br />
sa forme définitive) montre la proximité de la<br />
démarche de l’ATM avec de la jeune génération<br />
CIAM et, plus précisém<strong>en</strong>t, avec Aldo<br />
Van Eyck qui, l’Orphelinat pour <strong>en</strong>fants d’Amsterdam<br />
(1955-59), met <strong>en</strong> avant trois idées<br />
: composer la globalité du projet sur la base<br />
d’un «idiome constructif» (ou élém<strong>en</strong>t primaire)<br />
; instaurer, par l’assemblage des élém<strong>en</strong>ts, «la<br />
diversité dans l’unité et l’unité dans la diversité»<br />
; donner au projet une clarté labyrinthique 2 ».<br />
Il est prévu d’accueillir quelques 425 <strong>en</strong>fants;<br />
le programme prévoit des services communs<br />
(cuisine, réfectoires, services) et une administration.<br />
Le chantier s’<strong>en</strong>gage <strong>en</strong> 1966 et<br />
s’achève deux ans plus tard.<br />
Cf. ATM/C/60/13<br />
1 Cf. Réglem<strong>en</strong>tation des «c<strong>en</strong>tres aérés»<br />
du 19 mai 1960<br />
2 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.124<br />
plan masse 162ifa670/7<br />
plan du rez-de-chaussée 162ifa670/7<br />
plan du niveau 162ifa670/7<br />
63
Les projets EDF;<br />
L’immeubles de bureaux et restaurant de<br />
l’av<strong>en</strong>ue de Messine, 1959-1964<br />
Le service de traitem<strong>en</strong>t de l’information<br />
d’Issy-les-Moulineaux; SITI n°1, 1960-65<br />
«L’ATM est sollicité pour interv<strong>en</strong>ir sur le site<br />
EDF. Une première étude lui est confiée, par<br />
l’intermédiaire de Paul Ehrmann, secrétaire général<br />
d’EDF dont le fils est un ami du collectif<br />
d’architectes.<br />
Il s’agit de transformer une c<strong>en</strong>trale de pulvérisation<br />
du charbon de 1927 <strong>en</strong> un bâtim<strong>en</strong>t<br />
moderne pour le traitem<strong>en</strong>t de l’information.<br />
(...) Pour des raisons économiques, l’ossature<br />
du bâtim<strong>en</strong>t est conservée. Une contrainte<br />
saura stimuler la créativité <strong>en</strong>tre architectes et<br />
ingénieurs. Aux premiers balbutiem<strong>en</strong>ts de l’informatique,<br />
tout est à concevoir et à inv<strong>en</strong>ter,<br />
même si Marcel Breuer, (...) construit dans le<br />
même temps le c<strong>en</strong>tre de recherche IBM à la<br />
Gaude (1960-63). 1 »<br />
Les logem<strong>en</strong>ts de fonction et CMC à Ivrysur-Seine,<br />
1963-67<br />
Ensemble de logem<strong>en</strong>ts constitué de deux<br />
tours de six et huit étages compr<strong>en</strong>ant un appartem<strong>en</strong>t<br />
par étage. Les appartem<strong>en</strong>ts sont<br />
prolongés de généreuses terrasses et, largem<strong>en</strong>t<br />
ouverts sur l’extérieur. La forme générale<br />
résulte de la superposition par rotation des logem<strong>en</strong>ts;<br />
le jeu géométrique complexifie l’appar<strong>en</strong>ce<br />
de l’<strong>en</strong>semble, tout <strong>en</strong> exprimant sa<br />
vérité constructive.<br />
Le SITI n°3, Orléans-la-Source, 1966-68<br />
Cf. ATM/F/59, 60, 63/5, 63/6, 63/7, 66, ...<br />
Illustrations: Fonds Cardot-Joly<br />
1 Le SITI, Lucie Cometta-Colas, Ed. Jean-<br />
Michel Place, 2007, p.21<br />
64
La Bibliothèque pour <strong>en</strong>fants<br />
La Joie des Livres<br />
Clamart<br />
1962-66<br />
La bibliothèque pour <strong>en</strong>fants La Joie par les<br />
livres, qui soulève l’<strong>en</strong>thousiasme unanime des<br />
critiques dès sa livraison, est classée <strong>en</strong> 1993<br />
à l’inv<strong>en</strong>taire supplém<strong>en</strong>taire des Monum<strong>en</strong>ts<br />
Historiques. Les salles de lecture sont toutes<br />
circulaires, et leurs dim<strong>en</strong>sions adaptées aux<br />
âges des <strong>en</strong>fants. Ces espaces sont greffés<br />
les uns aux autres et form<strong>en</strong>t un tout organique.<br />
«La reconnaissance accordée à ce projet ti<strong>en</strong>t<br />
à deux facteurs intimem<strong>en</strong>t liés : au caractère<br />
novateur de son programme d’une part, à la<br />
spécificité de son architecture d’autre part. 1 »<br />
Initialem<strong>en</strong>t prévu à Viry-Châtillon, le projet est<br />
déplacé à Clamart, au sein de la cité de la Plaine<br />
de Robert Auzelle. «Le nouveau fondem<strong>en</strong>t<br />
du projet est trouvé par l’émerg<strong>en</strong>ce, au fil des<br />
dessins exploratoires, de la figure du cercle,<br />
matérialisant au mieux l’image de cocon intimiste<br />
sinon d’élém<strong>en</strong>t plastique à fort pot<strong>en</strong>tiel<br />
id<strong>en</strong>titaire. 2 »<br />
Cf. ATM/C/63/3<br />
Les illustrations sont tirées de; Espace à lire, la<br />
bibliothèque pour <strong>en</strong>fants à Clamart, textes de<br />
Gérard Thurnauer, G<strong>en</strong>eviève Patte et Catherine<br />
Blain, Ed. Gallimard, 2006<br />
1 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.213<br />
2 Idem, p.216<br />
65
Les projets <strong>en</strong> zone de villégiature;<br />
les projets varois<br />
«Comm<strong>en</strong>t arrêter de détruire ce que l‘on vi<strong>en</strong>t<br />
chercher?» Louis Arretche<br />
Dès 1959 l’ATM est am<strong>en</strong>é, <strong>en</strong> collaboration avec<br />
Louis Arretche, à travailler sur différ<strong>en</strong>ts site de développem<strong>en</strong>t<br />
de groupem<strong>en</strong>ts de vacances, dans<br />
le Var et ailleurs; la presqu’île de Saint-Tropez, la<br />
Corse, la côte Aquitaine.<br />
Cette thématique met <strong>en</strong> exergue la notion de protection<br />
des espaces naturels, impliquant une problématique<br />
inédite à l’époque, sur des sites alors<br />
très convoités. Le projet pour le Domaine de Volterra,<br />
Ramatuelle, (1959-1965) n’est pas évoqué<br />
ici; se référer à la deuxième partie de ce travail.<br />
Etude: c<strong>en</strong>tre urbain et complexe hôtelier,<br />
Domaine de Tralicetto Corse, 1962<br />
Plan d’<strong>en</strong>semble d’aménagem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre urbain<br />
et d’un hôtel de 54 chambres, «constitué par un<br />
assemblage de petits volumes sur la p<strong>en</strong>te; d’autre<br />
part, un village structuré par un réseau de parcours<br />
piétonnier et regroupant habitations, commerces et<br />
équipem<strong>en</strong>ts dans une combinatoire de volumes<br />
de taille différ<strong>en</strong>te. Non réalisé, ce projet contribuera<br />
cep<strong>en</strong>dant à débouter le plan d’urbanisation et à<br />
<strong>en</strong>gager le débat sur la création de réserves naturelles<br />
<strong>en</strong> Corse 1 » Cf.ATM/C/62/6<br />
Etude pour le Domaine de Gigaro,<br />
La Croix-Valmer, 1963-1964<br />
Il s’agit pour ce projet d’une autre démarche (décomposition<br />
de la figure du cercle, constituant le<br />
plan de 150 maisons «dans une combinatoire de<br />
disques de dim<strong>en</strong>sions variables s’étageant sur la<br />
1 L’Atelier de Montrouge, la Modernité à<br />
l’Oeuvre, 1858-1981, Catherine Blain, Arles, Ed.<br />
Actes Sud-Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
2008, p. 152<br />
66<br />
domaine de Tralicetto<br />
domaine de Gigaro
p<strong>en</strong>te 2 » mais la thématique est la même. Un <strong>en</strong>semble<br />
d’équipem<strong>en</strong>t complète l’usage du village;<br />
situé <strong>en</strong> bord de mer (c<strong>en</strong>tre commercial, commerces<br />
et base de loisirs) il garantit une urbanisation<br />
durable du site. Cf.ATM/D/63<br />
Plan d’urbanisme de détail de la zone du<br />
Batailler, Le Lavandou, 1961-1964<br />
Plan d’urbanisme d’un <strong>en</strong>semble d’<strong>en</strong>viron 1000<br />
logem<strong>en</strong>ts et équipem<strong>en</strong>ts cherchant à s’opposer<br />
à une urbanisation d’équipem<strong>en</strong>ts touristiques dev<strong>en</strong>ue<br />
trop «classique» dans la région: bord de mer<br />
<strong>en</strong>vahi par des construction et mitage de l’arrièrepays<br />
par des lotissem<strong>en</strong>ts. (cf. «Groupem<strong>en</strong>t d’urbanisme<br />
des Maures 3 ») Cf.ATM/C/61/2<br />
Plan d’urbanisme de détail de la plage de<br />
Pampelonne et village de vacances Bonne<br />
terrasse 4 , 1962-64<br />
Là aussi, l’ATM cherche à protéger les espaces<br />
naturels tout <strong>en</strong> permettant à tous d’<strong>en</strong> profiter. Le<br />
plan prévoit de regrouper les habitation et équipem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> deux villages aux deux extrémités de la<br />
plage (Bonne Terrasse et Tahiti). L’ATM propose<br />
«pour cet <strong>en</strong>semble de 170 maisons une architecture<br />
complexe qui, accroché au flanc de la line des<br />
crêtes, procède d’un savant jeu d’emboitem<strong>en</strong>t et<br />
d’articulation des constructions les unes dans les<br />
autres 5 » Cf.ATM/C/62/2<br />
2 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.154<br />
3 Crée <strong>en</strong> 1963, réunit les communes de<br />
Saint-Tropez, Gassin, Ramatuelle, La Croix-valmer<br />
dans une législation commune<br />
4 voir ATM D-62-2<br />
5 L’Atelier de Montrouge, la Modernité à<br />
l’Oeuvre, 1858-1981, Catherine Blain, Arles, Ed.<br />
Actes Sud-Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
2008, p.206<br />
Avant-projet du plan d’aménagem<strong>en</strong>t, 1962 (1/5000)<br />
ATM-D-61-2, 162ifa 608/7<br />
Schéma d’aménagem<strong>en</strong>t de la plage de Pampelonne<br />
(1/10000) n.d. ATM-D-62-2, 162ifa 620/11<br />
Plan masse (dessin de Jean R<strong>en</strong>audie)162ifa 318<br />
67
Plan directeur d’urbanisme de Rou<strong>en</strong><br />
1959-65<br />
«Parmi les différ<strong>en</strong>tes missions confiées à l’ATM <strong>en</strong><br />
1959, c’est, sans conteste celle du Plan directeur<br />
de Rou<strong>en</strong> qui permet à l’ATM d’affiner sa démarche<br />
urbanistique 1 »<br />
A l’automne 1959, l’équipe travaille pour une autre<br />
mission confiée par Louis Arretche; L’ATM mène<br />
une <strong>en</strong>quête de terrain très précise, afin d’établir différ<strong>en</strong>ts<br />
aspects de la ville (démographie, circulation,<br />
histoire, morphologie bâtie, etc.) et constate 2 une<br />
ville «gravem<strong>en</strong>t malade» dont le c<strong>en</strong>tre, <strong>en</strong>dommagé<br />
par la guerre, est dev<strong>en</strong>u <strong>en</strong> grande partie<br />
insalubre. L’<strong>en</strong>quête fine m<strong>en</strong>ée du terrain d’interv<strong>en</strong>tion<br />
les conduit au plan directeur dont la spécificité<br />
est de «laisser aux études ultérieures la charge<br />
de préciser la nature exacte des interv<strong>en</strong>tions 3 »<br />
Cf. ATM/E/59<br />
1964-1965. Etude de principe de la reconquête du<br />
secteur Saint-Séver pour l’ext<strong>en</strong>sion du c<strong>en</strong>tre ville sur<br />
la rive gauche, Rou<strong>en</strong> (Seine-Maritime) : plan d’aménagem<strong>en</strong>t,<br />
n.d. (Objet ATM-E-64-1. Dossier 162 Ifa 308.<br />
Doc. AR-06-10-04-11)<br />
1 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.163<br />
2 cf. rapport d’analyse Etude analytique<br />
de la ville de Rou<strong>en</strong>, mai 1960<br />
3 L’Atelier de Montrouge (1958-1981),<br />
Prolégomènes à une autre modernité, Catherine<br />
Blain, Thèse de doctoral de l’Université de Paris,<br />
2001, p.170<br />
68
La ville nouvelle du Vaudreuil<br />
Les recherches pour le Vaudreuil mérit<strong>en</strong>t à elles-seules<br />
une étude approfondie...<br />
Premières recherches ATM 1<br />
1966-68<br />
Les membres de l’ATM sont <strong>en</strong>gagés de plus<br />
<strong>en</strong> plus au sein du débat sur l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
du territoire. Trois <strong>en</strong>jeux d’av<strong>en</strong>ir sont id<strong>en</strong>tifié 1 :<br />
éviter l’urbanisation continue de Paris, stopper<br />
le mitage du territoire, et mettre <strong>en</strong> place un<br />
urbanisme nouveau offrant une alternative au<br />
mode de vie urbain.<br />
L’ATM produit des dessin volontairem<strong>en</strong>t schématiques<br />
«de système de trame urbaine, de<br />
structures complexes à différ<strong>en</strong>ts niveaux, de<br />
combinatoires où se mélangerai<strong>en</strong>t les fonctions<br />
et les espaces. (...) Prés<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> avril<br />
1968, cette recherche décont<strong>en</strong>ance quelque<br />
peu ses commanditaires,qui espérai<strong>en</strong>t<br />
malgré tout des réponses un peu plus concrètes.<br />
Elles seront fournies par l’équipe à partie<br />
de l’automne, mais sans Jean R<strong>en</strong>audie qui<br />
quittera l’Atelier sur ce projet. 2 »<br />
Propositions d’organisation urbaine ATM 2<br />
1968-1972<br />
Cf. ATM/H/67/1, 67/2, 68, 72<br />
1 Cf. L’Av<strong>en</strong>ir de la Basse-Seine, janvier<br />
1967. Le projet émane d’une mission d’étude<br />
(MEBS) crée <strong>en</strong> décembre 1965.<br />
2 L’Atelier de Montrouge, la Modernité à<br />
l’Oeuvre, 1858-1981, Catherine Blain, Arles, Ed.<br />
Actes Sud-Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
2008, p.182<br />
69
70<br />
«Des diverg<strong>en</strong>ces de vues, exprimées à l’occasion du projet du<br />
Vaudreuil (67-68), auxquelles s’ajout<strong>en</strong>t les événem<strong>en</strong>ts de Mai<br />
68, conduis<strong>en</strong>t Jean R<strong>en</strong>audie à quitter Montrouge. Les trois<br />
autres continu<strong>en</strong>t l’av<strong>en</strong>ture, tout <strong>en</strong> s’investissant dès lors d’avantage<br />
au sein de différ<strong>en</strong>ts groupes de réflexion.<br />
Durant la seconde période de l’Atelier (ATM 2 ), la production<br />
se nourrit de ces <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts individuels. Elle se place sous le<br />
signe de la maturité, avec des projets répondants concrètem<strong>en</strong>t<br />
aux nouvelles problématiques de l’heure, comme les villes nouvelles<br />
et les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, l’industrialisation de la construction,<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t du territoire et le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t urbain.<br />
L’étude du Vaudreuil, développée dans le cadre de la mission<br />
pluridisciplinaire <strong>en</strong> charge de sa réalisation (1968-78), permet<br />
aux architectes de préciser leurs int<strong>en</strong>tions théoriques <strong>en</strong> matière<br />
de création urbaine. En dehors de cette étude, d’une grande richesse,<br />
omniprés<strong>en</strong>te (...) l’Atelier conçoit et réalise un certain<br />
nombre de projets d’<strong>en</strong>vergure, dont la mise <strong>en</strong> oeuvre s’étale sur<br />
plusieurs années. C’est le cas, notamm<strong>en</strong>t, des projets d’Istres<br />
(Les Heures Claires 1970-77 et de Marne-la-Vallée (l’Arche<br />
Guédon 1973-83, ainsi que du parc à Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-<br />
Yvelines 1975-80.<br />
Dans le fil de ces projets, l’Atelier <strong>en</strong>richit sa démarche <strong>en</strong> approfondissant<br />
quelques idées (...) Lors de ces réalisations, mais<br />
aussi de celles répondant à des programmes moins complexes<br />
-comme le SITI n°3 (1966-69), le foyer de jeunes filles à Tolbiac<br />
(1969-74) ou le C<strong>en</strong>tre d’études catalanes (1972-77), il<br />
poursuit par ailleurs sa recherche d’une expression architecturale<br />
qui, <strong>en</strong>tre l’acte héroïque et la banalité, s’inscrive dans le temps<br />
prés<strong>en</strong>t. Enfin par ses études d’urbanisme, aussi bi<strong>en</strong> au cap<br />
Ferret (UPA4) (1971-72) qu’à Istres (Croissance du c<strong>en</strong>tre urbain<br />
(1972-77) ou à Paris (la Vilette 1976-77), il réaffirme sa volonté de<br />
planifier durablem<strong>en</strong>t l’av<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aménageant dès maint<strong>en</strong>ant les<br />
conditions de vie de la société dans son <strong>en</strong>semble.» 78<br />
78 L’Atelier de Montrouge, la Modernité à l’Oeuvre, 1858-1981,<br />
Catherine Blain, Arles, Ed. Actes Sud-Cité de l’architecture et du patrimoine,<br />
2008, p.86, Texte de Catherine Blain, p.241
72<br />
2<br />
LE DOMAINE VOLTERRA<br />
2.1 - CO N T e x T e<br />
2.1.1 Situation géographique<br />
Le domaine de Volterra, terrain d’une c<strong>en</strong>taine d’hectares, est situé<br />
sur la presqu’île de Ramatuelle au Cap Camarat. A quelques<br />
kilomètres de la mondaine Saint-Tropez, c’est ici une nature<br />
préservée que l’on trouve. En effet la morphologie du Cap a<br />
contribué à épargner la zone -de l’arrivée du chemin de fer ou de<br />
la route; sa situation est presque reculée, on s’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>d compte<br />
aujourd’hui <strong>en</strong>core. Le lieu est idéal car isolé de l’effervesc<strong>en</strong>ce et<br />
des nuisances dues à la fréqu<strong>en</strong>tation excessive de la région.<br />
Le site, exposé plein sud, est protégé des v<strong>en</strong>ts et intempéries<br />
par le massif des Maures au Nord -et par l’Estérel un peu plus loin.<br />
Le village du Merlier est lui égalem<strong>en</strong>t protégé par les hauteurs du<br />
Cap.<br />
L’accès y est discret. La parcelle est desservie par une route<br />
qui mène au Phare de Camarat. Un seul point d’accès mène<br />
au Domaine et à son château -et aux petites constructions annexes-<br />
d’où un tracé <strong>en</strong> boucle dessert les parties est et ouest,<br />
desc<strong>en</strong>dant légèrem<strong>en</strong>t vers la mer. Cette boucle existante est<br />
prédestinée à la desserte des futures habitations. (cf. schémas<br />
p.86)<br />
La côte d’Azur s’ét<strong>en</strong>d sur les départem<strong>en</strong>ts du Var et des Alpes<br />
Maritimes, de la presqu’île de Gi<strong>en</strong>s. L’urbanisation y est très<br />
diversifiée, due à des situations géographies et historiques mouvem<strong>en</strong>tées;<br />
dans l’<strong>en</strong>semble la côte varoise est restée un peu<br />
plus longtemps à l’écart de l’arrivée massive d’estivants, protégée<br />
par les forêts du Massif des Maures et de l’Estérel. Le golfe de<br />
Saint-Tropez et la baie de Saint-Raphaël y sont pourtant vite remarqués,<br />
car plus accueillants et faciles. Longtemps fréqu<strong>en</strong>tée<br />
par un tourisme hivernal haut de gamme et une cli<strong>en</strong>tèle aisée,
l’<strong>en</strong>semble de la côte d’Azur est cloisonné <strong>en</strong><br />
petites unités paysagères variées.<br />
A partir de 1876 arrive le chemin de fer; la route<br />
traversant le massif des Maures est ouverte <strong>en</strong><br />
1887 et la route de l’Esterel <strong>en</strong> 1903; le tourisme<br />
peut dès lors s’y développer. Jusque là,<br />
les ports de Hyères, Saint-Tropez ou Fréjus ne<br />
communiquai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux que par voie maritime.<br />
La frange littorale, <strong>en</strong>core presque vierge<br />
au début du siècle, voit foisonner les constructions<br />
dans l’<strong>en</strong>tre-deux-guerres. Mais contrairem<strong>en</strong>t<br />
à la situation <strong>en</strong> Languedoc-Roussillon,<br />
le peuplem<strong>en</strong>t y est anci<strong>en</strong>, l’agriculture<br />
int<strong>en</strong>sive et les terroirs diversifiés.<br />
Les habitudes touristiques, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
hivernales jusqu’aux années vingt, se répartiss<strong>en</strong>t<br />
petit à petit tout au long de l’année et la<br />
riviera se spécialise vers la villégiature estivale.<br />
Au départ, la résid<strong>en</strong>ce de plaisance se greffe<br />
par «petites quantités additionnelles 79 » sur des<br />
agglomérations existantes; petits villages<br />
et ports de pêcheurs, préservant l’ess<strong>en</strong>tiel<br />
de leur structure urbaine. La viabilisation progressive<br />
de l’<strong>en</strong>semble de la côte Méditerrané<strong>en</strong>ne<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre rapidem<strong>en</strong>t des spéculations<br />
immobilières. La deuxième guerre gèle<br />
la situation, mais aussitôt finie, la <strong>Côte</strong> d’Azur,<br />
déjà largem<strong>en</strong>t construite, recomm<strong>en</strong>ce à accueillir<br />
ses touristes; des lotissem<strong>en</strong>ts voi<strong>en</strong>t le<br />
jour, de nombreuses villas et immeubles hétéroclites,<br />
et des campings.<br />
79 L’av<strong>en</strong>ture du balnéaire. La Grande Motte<br />
de Jean Balladur, Claude Prelor<strong>en</strong>zo et Antoine<br />
Picon, Ed. Par<strong>en</strong>thèses, 1999, p.58<br />
to u L o n<br />
vA u C L u s e<br />
(84)<br />
b o u C h e-d u-r h ô n e<br />
(13)<br />
hyères<br />
Le L AvA n d o u<br />
A L P e s d e h A u t e-<br />
f r é j u s<br />
P r o v e n C e (04)<br />
vA r<br />
(83)<br />
st-r A P h A ë L<br />
st-M A x iM e<br />
st-t r o P e z<br />
PACA<br />
h A u t e s A L P e s<br />
(05)<br />
A n t i b e s<br />
C A n n e s<br />
A L P e s M A r i t iM e s<br />
n i C e<br />
(06)<br />
M e n to n<br />
M o n A C o<br />
73
à droite<br />
• Carte de situation, Dossier<br />
préliminaire, août 1959<br />
Cf. 162ifa 703/6<br />
• Photographie: vue depuis<br />
la mer vers le château de<br />
Volterra,<br />
rapport d’étude ATM: Camarat,<br />
contribution à l’urbanisation<br />
de la <strong>Côte</strong> d’Azur,<br />
1959, cf. 162ifa1003/1<br />
• Conv<strong>en</strong>tion signée Louis<br />
Arretche, Jean R<strong>en</strong>audie,<br />
Pierre Riboulet, Gérard Thurnauer,<br />
Jean-Louis Véret<br />
avec François Leredu,<br />
mai 1961<br />
Cf.162ifa 1003/2<br />
74<br />
2.1.2 La commande<br />
«200 maisons de vacances pour le Domaine de Volterra»<br />
Simone Volterra, propriétaire du Domaine de Volterra à Camarat,<br />
souhaite développer un projet d’hébergem<strong>en</strong>t de villégiature<br />
sur son terrain, la propriété étant trop grande pour son <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.<br />
Elle sollicite Louis Arretche, qui confie la mission <strong>en</strong> juin 1959 au<br />
jeune Atelier de Montrouge. Ce sera pour ses collaborateurs un<br />
des premiers réels terrains de recherche sur le thème de l’habitat,<br />
ainsi que l’une des réalisation les plus remarquable, qui «s’érige <strong>en</strong><br />
manifeste de la Modernité 80 ».<br />
La commande qui émane de la propriétaire -du groupe financier<br />
qu’elle constitue 81 - est un <strong>en</strong>semble de 200 maisons de vacances<br />
sur ce terrain bordé par a mer.<br />
On leur demande dès lors de faire <strong>en</strong> sorte que les futures habitations<br />
ne se voi<strong>en</strong>t pas depuis le château, situé au c<strong>en</strong>tre du<br />
terrain. Une autre conting<strong>en</strong>ce demande être étudiée; la zone se<br />
trouve sous interdiction de construire.<br />
Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, l’équipe de<br />
l’ATM convoque la notion du respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t dès ses<br />
premières esquisses. Cette ligne de conduite stricte les pouss<strong>en</strong>t<br />
à rechercher une solution capable d’assurer la sauvegarde<br />
de ce site, malgré la construction de 200 villas. L’<strong>en</strong>jeu des<br />
premières études est alors de convaincre les autorités de la viabilité<br />
et de la bonne éthique du projet, de sa capacité à protéger<br />
durablem<strong>en</strong>t le site.<br />
80 L’Atelier de Montrouge (1958-1981), Prolégomènes à une<br />
autre modernité, Catherine Blain, Thèse de doctoral de l’Université<br />
de Paris, 2001, p.155<br />
81 Société foncière du Château de Volterra
Page de droite<br />
• Divers dessins de l’<strong>en</strong>quête<br />
de terrain, août 1959<br />
Cf. Etude préliminaire;<br />
162ifa 1003<br />
76<br />
2.1.3 Enquête de terrain et rapport préliminaire<br />
Le début du travail consiste <strong>en</strong> une étude in-situ du terrain et de<br />
son contexte. Cette méthode, apprise auprès Ecochard 82 et à<br />
laquelle ils recour<strong>en</strong>t pour de manière systématique à différ<strong>en</strong>tes<br />
échelles de projet, vise à tirer les lignes directrices capables d’assurer<br />
une juste interv<strong>en</strong>tion:<br />
«C’est ainsi ancré dans le réel que le projet peut <strong>en</strong>suite trouver sa<br />
matérialité par le biais, cette fois, d’un minutieux travail de conception,<br />
s<strong>en</strong>sible cette fois aux données du programme, s’attelant à<br />
instaurer des relations harmonieuses <strong>en</strong>tre les choses, <strong>en</strong>tre les<br />
parties, les élém<strong>en</strong>ts, s’attachant à donner aux formes une id<strong>en</strong>tité,<br />
une spécificité (...) 83 »<br />
Les membres de l’ATM décid<strong>en</strong>t de passer le mois d’août de<br />
cette année là à parcourir le site, pour le compr<strong>en</strong>dre fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />
et affiner les données de leur recherche. Ils effectu<strong>en</strong>t<br />
une étude minutieuse du lieu, cherch<strong>en</strong>t à <strong>en</strong> déceler les caractéristiques<br />
«géographiques, typologiques et sociales»<br />
et établiss<strong>en</strong>t une cartographie du site. Ils ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l‘étude à la<br />
région et à certains villages -Ramatuelle et Gassin- desquels ils<br />
font une appréciation plus qualitative. Ils effectu<strong>en</strong>t des relevés,<br />
repèr<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ts points de vue, sur la mer et depuis le château,<br />
étudi<strong>en</strong>t la topographie et la végétation du terrain, repèr<strong>en</strong>t<br />
les particularités locales.<br />
Cela les amène à arrêter les principes d’interv<strong>en</strong>tion, et à définir,<br />
par exemple, les zone susceptibles de recevoir les constructions;<br />
ils décid<strong>en</strong>t d’ores et déjà de répartir les maisons <strong>en</strong> plusieurs<br />
<strong>en</strong>droits.<br />
82 Ils le feront d’abord pour Karachi avec Ecochard, puis simultaném<strong>en</strong>t<br />
pour les logem<strong>en</strong>ts de masse à Thiais 1959-69 (SCIC) et la<br />
rénovation urbaine de la ville de Rou<strong>en</strong> 1959-61; Ces recherches demeureront<br />
à l’état projectuel, et seul le Merlier démontre de cette<br />
période sur le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du cadre de vie.<br />
83 Espace à lire, la bilbiothèque des <strong>en</strong>fants à Clamart, p.133
Relief Possibilités d’implantation 1°<br />
Végétation Possibilités d’implantation 2°<br />
Plantations Impossibilités d’implantation<br />
77
A la suite de cette analyse du site, l’équipe<br />
remet un rapport aux commanditaires et à la<br />
Commission de Sites; Camarat, contribution<br />
à l’urbanisation de la <strong>Côte</strong> d’Azur 84 :<br />
Une ligne de crête sépare les deux versants,<br />
l’un abrupt vers la mer; <strong>en</strong> forte dénivellation,<br />
d’une grande beauté, il se termine <strong>en</strong> calanques.<br />
L’autre, plus doux et plus humanisé, s’ori<strong>en</strong>te<br />
vers la terre. «Pas moins beau» il est boisé et<br />
domine la plaine qui s’ét<strong>en</strong>d au pied de la colline<br />
de Ramatuelle merveilleux village de 300<br />
ans accroché aux colline; à l’horizon la chaîne<br />
des Maures et au nord l’anse de Pampelonne<br />
jusqu’au cap de Saint-Tropez.<br />
De grosses masses boisées de pins et de<br />
chênes-liège altern<strong>en</strong>t avec des clairières dans<br />
les forêts, des vignes et des zones de taillis; de<br />
beaux arbres isolés habit<strong>en</strong>t le terrain.<br />
Des lotissem<strong>en</strong>ts sont déjà construits depuis<br />
la Croix Valmer et à l’Escalet; de l’autre côté,<br />
toute l’anse de Pampelonne est égalem<strong>en</strong>t<br />
fortem<strong>en</strong>t construite.<br />
Les architectes y synthétis<strong>en</strong>t leur réflexion<br />
sur l’aménagem<strong>en</strong>t pour les vacances.<br />
Ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t position <strong>en</strong> dénonçant<br />
les constructions mal v<strong>en</strong>ues qui sont <strong>en</strong> train<br />
d’abîmer la <strong>Côte</strong> et m<strong>en</strong>ac<strong>en</strong>t son av<strong>en</strong>ir.<br />
Ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’évolution socio-économique<br />
qui conduit chaque année une population<br />
grandissante au bord de la mer; et malgré<br />
un certain progrès apporté à la région, ils <strong>en</strong><br />
énonc<strong>en</strong>t surtout une série de nuisances.<br />
84 Rapport d’étude ATM faisant suite à<br />
l’étude du site: Camarat, contribution à l’urbanisation<br />
de la <strong>Côte</strong> d’Azur, 1959, cf. 162ifa1003/1<br />
Ils déplor<strong>en</strong>t l’émerg<strong>en</strong>ce de nombreux projets<br />
irrespectueux de leur contexte; des villas de<br />
pur style de la banlieue parisi<strong>en</strong>ne ou d’un style<br />
aggravé par le désir d’imiter la Prov<strong>en</strong>ce dans<br />
ses aspects les plus artificiels v<strong>en</strong>ant miter le<br />
territoire. (...) Cette villa prov<strong>en</strong>çale, multipliée<br />
à des millions d’exemplaires, a <strong>en</strong>vahi la <strong>Côte</strong><br />
et une partie de l’arrière-pays, au point que l’on<br />
peut dire paradoxalem<strong>en</strong>t que ce pays qui attire<br />
tant de monde n’existe pratiquem<strong>en</strong>t plus.<br />
Le rêve de la petite maison tranquille a été<br />
détruit par le nombre de petites maisons<br />
tranquilles, le bord de mer est pratiquem<strong>en</strong>t<br />
inaccessible, l’intimité n’est pas sauvegardée,<br />
la circulation automobile est très d<strong>en</strong>se et donc<br />
dangereuse et polluante, l’architecture locale<br />
s’appauvrit. Leur volonté est alors d’arrêter d’<br />
anéantir ce pays calme et parfumé (...) par l’ext<strong>en</strong>sion<br />
de lotissem<strong>en</strong>ts monstrueux dont les<br />
infrastructures év<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t le paysage.<br />
Trois possibilités d’aménagem<strong>en</strong>t y sont énoncées<br />
pour l’av<strong>en</strong>ir d’une telle région;<br />
1° Continuer comme par le passé; mais c’est<br />
voué à trop d’échec;<br />
2° appliquer une servitude non-aedificandi;<br />
mais c’est très arbitraire, non garanti, et pas<br />
forcém<strong>en</strong>t plus durable;<br />
3° ou chercher une solution qui permette d’utiliser<br />
un site tout <strong>en</strong> le sauvegardant.<br />
Cette solution, justifiée par les architectes,<br />
participe à l’argum<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> faveur d’une<br />
modification de la réglem<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> vigueur.<br />
L’intérêt est évidemm<strong>en</strong>t de concilier la volonté<br />
de construire avec le désir impératif de sauvegarder<br />
l’intégrité du terrain; la valorisation de<br />
cette vaste emprise foncière -mal <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue à<br />
l’époque- peut comm<strong>en</strong>cer.<br />
79
Page de droite<br />
• Articles de journaux locaux<br />
La sauvegarde du Littoral<br />
Méditerrané<strong>en</strong>, Le Monde, 4<br />
juillet 1959<br />
• et La Protection du Littoral<br />
Priv<strong>en</strong>ce-<strong>Côte</strong> d’Azur, Le<br />
Monde, 20 avril 1960<br />
80<br />
2.2 - Le P r O j e T d’e N s e M b L e<br />
2.2.1 Lignes directrices<br />
On choisit donc de profiter d’un site, jusqu’alors interdit, pour accueillir<br />
une population saisonnière de vacanciers. Le mode de vie<br />
et l’architecture des loisirs sont p<strong>en</strong>sés conjointem<strong>en</strong>t à la question<br />
de la préservation des espaces naturels. Ce débat, s<strong>en</strong>sible<br />
à la valeur patrimoniale de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, conduit l’ATM à une<br />
interv<strong>en</strong>tion modeste et respectueuse et sage, capable de<br />
constituer un modèle nouveau d’habitat de vacances. La<br />
sauvegarde du paysage naturel s’impose à la base du projet.<br />
Le rapport de l’ATM, cité au chapitre précéd<strong>en</strong>t, se conclut <strong>en</strong><br />
une liste de cinq points, capables de guider les choix d’interv<strong>en</strong>tion<br />
et synthétisant les principes d’aménagem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>semble;<br />
«1° la volonté de toucher le moins possible au paysage par<br />
les constructions ou les routes, <strong>en</strong> conservant les plantations ou<br />
<strong>en</strong> les ét<strong>en</strong>dant.<br />
2° la recherche de groupem<strong>en</strong>ts de maisons <strong>en</strong> nombre variable,<br />
s’inspirant des villages méditerrané<strong>en</strong>s pour l’échelle, les matériaux<br />
et les circulations, ainsi que pour la sauvegarde de l’intimité<br />
dans chaque habitation.<br />
3° la recherche d’une architecture véritablem<strong>en</strong>t moderne,<br />
c’est à dire l’expression exacte des grandes sources de beauté:<br />
volumes simples, matériaux naturels, échelle humaine, pénétrations<br />
d’espace et de soleil; l’<strong>en</strong>semble le plus solidem<strong>en</strong>t établi<br />
sur les traditions les plus valables des constructions anci<strong>en</strong>nes<br />
locales, à l’exclusion de toute décoration gratuite.<br />
4° la volonté d’arrêter les automobiles à l’<strong>en</strong>trée des groupem<strong>en</strong>ts<br />
et de circuler à pied, afin de proscrire le bruit et les dangers<br />
du trafic routier.<br />
5° le souci de ne ri<strong>en</strong> interposer <strong>en</strong>tre les maisons et la mer<br />
pour les groupem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> bordure de littoral.»
Cet «autre modèle d’<strong>en</strong>semble de vacances,<br />
référant aux villages traditionnels méditerrané<strong>en</strong>s,<br />
susceptible d‘être ét<strong>en</strong>du ou adapté<br />
à un autre lieu, garantirait que le passage de<br />
l’homme, au contraire d’avoir détruit la nature<br />
méditerrané<strong>en</strong>ne, aurait contribué à lui apporter<br />
quelque chose; ne serait-ce que «le rythme<br />
du paysage <strong>en</strong>tre parties sauvages et parties<br />
urbanisées 85 ».<br />
Selon Catherine Blain, ces considérations font<br />
écho aux recherches de Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin,<br />
qui, une dizaine d’années<br />
auparavant, énonce des volontés semblables;<br />
«constituer par un urbanisme sage<br />
des réserves de nature» et «adopter les règles<br />
de composition des anci<strong>en</strong>nes petites villes<br />
qui occup<strong>en</strong>t les hauteurs de la côte 86 ».<br />
Nous revi<strong>en</strong>drons plus loin sur ce point.<br />
85 Rapport d’étude de l’ATM: Camarat,<br />
contribution à l’urbanisation de la <strong>Côte</strong> d’Azur,<br />
1959, cf. 162ifa1003/1<br />
86 Voir Oeuvres complètes, vol 1946-52,<br />
p.55-57<br />
81
82<br />
2.2.2 Conception générale de l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
En poursuivant dans cet esprit de respect du site, de sa beauté<br />
objective, ils établiss<strong>en</strong>t un plan d’aménagem<strong>en</strong>t provisoire de<br />
l’<strong>en</strong>semble 87 . Ils y démontr<strong>en</strong>t leur idée directrice qui réunit les 200<br />
unités <strong>en</strong> 5 groupem<strong>en</strong>ts -de 35 à 50 maisons- et les place<br />
dans les «<strong>en</strong>droits les plus dissimulés», isolés les uns des aux<br />
autres, de sorte que la prés<strong>en</strong>ce du groupe voisin ne soit pas<br />
dénaturante et de sorte que e reste du site soit préservé.<br />
Un lotissem<strong>en</strong>t traditionnel aurait divisé le terrain <strong>en</strong> 200 parts et<br />
l’aurait ainsi massacré «il ne reste plus alors que des routes et des<br />
maisons et plus de site 88 ». Les cinq villages sont desservi par une<br />
seule route. Ainsi deux positions se démarqu<strong>en</strong>t; les trois groupem<strong>en</strong>ts<br />
du bas (La Quessine, la Pinède et le Merlier) sont installés<br />
<strong>en</strong> bord de mer dans les calanques des petits vallons; latéralem<strong>en</strong>t<br />
protégé par une ligne de crête, ils sont invisibles sitôt celle-ci<br />
franchie. Les deux groupem<strong>en</strong>ts du haut (La Grande Vigne et La<br />
Forêt) profit<strong>en</strong>t des clairières existantes dans la partie boisée vers<br />
les terres, et s’ouvr<strong>en</strong>t sur la plaine, la baie de Saint-Tropez et les<br />
montagnes au loin.<br />
Des service collectifs -non réalisés- (piscine, boutique, restaurant)<br />
sont groupés près de l’<strong>en</strong>trée de l’<strong>en</strong>semble, où est égalem<strong>en</strong>t<br />
prévue la maison du gardi<strong>en</strong> -réalisée. Quelques s<strong>en</strong>tiers<br />
de prom<strong>en</strong>ade sont réaménagés, de même que le s<strong>en</strong>tier Littoral.<br />
En bord de mer sont projetés des accès à l’eau, un port et une<br />
petite plage -partiellem<strong>en</strong>t réalisés; un peu plus haut, un garage à<br />
bateaux. Enfin des groupes de garages et parkings sont prévus à<br />
proximité de chaque groupe, aux abords des routes existantes.<br />
87 Plan d’aménagem<strong>en</strong>t provisoire 1960 (162ifa1003/1)<br />
Travaux d’aménagem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>semble du site, débutant par l’<strong>en</strong>trée<br />
du Domaine, où se trouve un bureau de v<strong>en</strong>te (provisoire), une station<br />
électrique et la maison du gardi<strong>en</strong>. Sont égalem<strong>en</strong>t prévus: au c<strong>en</strong>tre<br />
du terrain, un club house comportant une salle commune, une piscine<br />
et des chambres individuelles; <strong>en</strong> bord de mer, un garage à bateaux.<br />
En association avec Louis Arretche, et collaboration avec Nikos Chatzidakis,<br />
ingénieur structure.<br />
88 Rapport d’étude de l’ATM: Camarat, contribution à l’urbanisation<br />
de la <strong>Côte</strong> d’Azur, 1959, cf. 162ifa1003/1
Le plan directeur d’aménagem<strong>en</strong>t date d’avril<br />
1962 89 . La disposition de l’<strong>en</strong>semble est résolum<strong>en</strong>t<br />
économe; les voies d’accès sont<br />
réduites au minimum, ainsi ils parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />
«ne pas toucher à la ligne de crête ou abîmer<br />
le rivage par des routes 90 ».<br />
Le paysage garde son caractère et sa beauté.<br />
L’<strong>en</strong>trée de l’<strong>en</strong>semble est située sur la route<br />
m<strong>en</strong>ant au phare; <strong>en</strong>suite un tracé dessert<br />
les groupem<strong>en</strong>ts de maisons et les services<br />
collectifs; latéralem<strong>en</strong>t pour les deux groupem<strong>en</strong>ts<br />
hauts, <strong>en</strong> dessous de cette boucle<br />
existante, ils seront desservi par le haut et les<br />
côtés. Outre l’utilisation des routes existantes,<br />
le chemin rural est r<strong>en</strong>du carrossable<br />
et deux portions de route sont à ajouter, «la<br />
route du phare à la route intérieure» et « l’autre<br />
reliant cette dernière à la route de l’ouest v<strong>en</strong>ant<br />
des Tournels».<br />
Les plans détaillés de l’<strong>en</strong>trée du Domaine sont<br />
finalisés <strong>en</strong> février 1963. La Maison du gardi<strong>en</strong><br />
(dont le permis est approuvé <strong>en</strong> juin 1963) est<br />
réalisée (1963-64).<br />
Les équipem<strong>en</strong>t esquissés dès 1961 et pris<br />
<strong>en</strong> compte dans le planning général des travaux<br />
font l’objet d’études détaillées <strong>en</strong> (1964-<br />
1965): club house, du secteur des garage à<br />
bateaux et du groupe de chambres individuelles.<br />
89 Mission pour le plan d’<strong>en</strong>semble (Conv<strong>en</strong>tion<br />
signée <strong>en</strong> mai 1961; avant-projets février 1962,<br />
plan masse provisoire avril 1962; Plan directeur<br />
d’aménagem<strong>en</strong>t du Domaine, mai 1962, approuvé<br />
par Arrêté le 1 avril 1963), plans d’exécution des<br />
autres villages: la Grande Vigne, la Forêt, la Quessine.<br />
La Pinède (1962-1963) (162ifa1003/2)<br />
90 Rapport d’étude de l’ATM: Camarat,<br />
contribution à l’urbanisation de la <strong>Côte</strong> d’Azur,<br />
1959, cf. 162ifa1003/1<br />
Avec de la faillite du premier promoteur, François<br />
Leredu, le plan d’aménagem<strong>en</strong>t sera r<strong>en</strong>du<br />
caduc; les projets des autres villaes et des<br />
équipem<strong>en</strong>ts collectifs sont abandonnée.<br />
Un nouveau groupe de promoteurs repr<strong>en</strong>d<br />
l’affaire pour m<strong>en</strong>er à son terme le chantier du<br />
village du Merlier. Le site, dont l’interdiction de<br />
construire avait provisoirem<strong>en</strong>t été levée est<br />
réinscrit au titre des «espaces naturels protégés»<br />
83
à gauche<br />
• Schémas des voiries<br />
éxistantes <strong>en</strong> 1959 et telles<br />
que projetées dans le plan<br />
d’aménagem<strong>en</strong>t.<br />
(Situation <strong>en</strong>core actuelle)<br />
à droite<br />
• Plan d’aménagem<strong>en</strong>t du<br />
domaine du Château Volterra<br />
Ensemble de 200 habitations<br />
de vacances, groupées <strong>en</strong> 5<br />
villages, auxquels s’adjoign<strong>en</strong>t<br />
des équipem<strong>en</strong>ts collectifs<br />
(club house, piscine,<br />
garages à bateaux…) et une<br />
maison pour le gardi<strong>en</strong>.<br />
Plan masse provisoire, février<br />
1962<br />
Cf. ifa/600<br />
84<br />
• Planning général pour<br />
l’étude et a réalisation de<br />
l’<strong>en</strong>semble , janvier 1963<br />
162ifa 600<br />
La Grande Vigne<br />
37 maisons<br />
La Quessine<br />
50 maisons<br />
La Pinède<br />
35 maisons<br />
La Forêt<br />
43 maisons<br />
Le Merlier<br />
35 maisons
à gauche<br />
• Entrée du domaine,<br />
Dossier d’exécution 1962-63;<br />
<strong>en</strong>trée et club house<br />
162ifa 601/2<br />
• Axonométrie du Club House<br />
et de la piscine, 1962<br />
162ifa 301 et 601/5<br />
• Plan de toiture du Club<br />
House,<br />
Dossier d’exécution 1962-63;<br />
<strong>en</strong>trée et club house<br />
162ifa 601/2<br />
à droite<br />
• Plans des cinq villages<br />
1- la Quessine: 50 maisons<br />
2- la Pinède: 35 maisons<br />
3- le Merlier: 35 maisons<br />
4- la Grande Vine: 37 maisons<br />
5- la Forêt: 43 maisons<br />
source: Catherine Blain,<br />
archives personnelles<br />
86
La Pinède<br />
35 maisons<br />
La Forêt<br />
43 maisons<br />
Le Merlier<br />
35 maisons<br />
La Quessine<br />
50 maisons<br />
La Grande Vigne<br />
37 maisons<br />
87
• Vue des maisons 1, 2, 4, 5<br />
depuis le toit de la 10.<br />
Cliché: Cardot-Joly, 1965<br />
162ifa 808<br />
et Fonds Cardot-Joly, Bilbliothèque<br />
Kandinsky<br />
http://bibliothequekandinsky.c<strong>en</strong>trepompidou.fr<br />
page suivante<br />
• Vue de la maquette du village<br />
du Merlier, cliché ATM,<br />
non daté<br />
162ifa 1703/1<br />
88<br />
2.3 – Le v I L L A g e d U Me r l i e r<br />
2.3.1 Caractères particuliers et référ<strong>en</strong>ces<br />
Le Merlier est finalem<strong>en</strong>t l’unique village exécuté, seul témoin qui<br />
manifeste cette nouvelle position <strong>en</strong> matière d’aménagem<strong>en</strong>t du<br />
territoire. Etagé sur un terrain de p<strong>en</strong>te Nord-Sud, au creux d’un<br />
vallon, le village se compose de 35 maisons groupées le long de<br />
ruelles et autour de places servant d’espaces collectifs et permettant<br />
l’accès au maisons. Le jeux des matériaux et des volumes<br />
forme un <strong>en</strong>semble, tout <strong>en</strong> individualisant les parties; chaque<br />
maison est liée à la p<strong>en</strong>te pour constituer, <strong>en</strong> quelque sorte, des<br />
terrasses m<strong>en</strong>ant à la mer, des strates habitables.<br />
Cette réalisation apparti<strong>en</strong>t à une époque mouvem<strong>en</strong>tée du point<br />
de vue architectural (§1.1.2) et certains des ses courants s’y reflèt<strong>en</strong>t.<br />
Plusieurs clés de lecture -théorique et non exhaustives- se<br />
combin<strong>en</strong>t et permett<strong>en</strong>t de mieux compr<strong>en</strong>dre la g<strong>en</strong>èse du projet.<br />
Ci-après ces influ<strong>en</strong>ces sont dissociées et mises <strong>en</strong> regard<br />
avec une réalisation qui les exprime particulièrem<strong>en</strong>t.<br />
- R<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre modernité et tradition; Le Corbusier et la<br />
voûte catalane.<br />
- Brutalisme; nouveau esthétique de l’expression des matériaux.<br />
- Habitat groupé; l’individuel dans le collectif.<br />
- Régionalisme et architecture vernaculaire; caractère traditionnel<br />
et moderne de K<strong>en</strong>neth Frampton.<br />
- Construire dans la p<strong>en</strong>te; la dénivellation comme type d’implantation<br />
pour l’hébergem<strong>en</strong>t.
à gauche<br />
• La Maison de week-<strong>en</strong>d, La<br />
Celle-Saint-Cloud, Le Corbusier,<br />
1934<br />
croquis d’étude<br />
http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
• La Maison de week-<strong>en</strong>d, La<br />
Celle-Saint-Cloud, Le Corbusier,<br />
1935photoraphie depuis<br />
le jardin,<br />
http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
• Elévation et coupe longitudinale<br />
de la maison Sarabhaï,<br />
Ahmedabad, Le Corbusier,<br />
dans Le Corbusier, Oeuvre<br />
Complète, Vol.5, 1946-1952<br />
92<br />
• Coupe constructive des<br />
voûtes de la maison Sarabhaï,<br />
dans Le Corbusier,<br />
Oeuvre Complète, Vol.5,<br />
1946-1952<br />
à droite<br />
• Plans des villas Jaoul, et<br />
coupe constructive de la<br />
voûte dans dans Le Corbusier,<br />
Oeuvre Complète,<br />
Vol.5, 1946-1952 , p.175 et<br />
177<br />
• Photographie de la maquette<br />
d’étude pour Roq et<br />
Rob, 1949<br />
http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
• Vue intérieure d’un module<br />
de la maison Sarabhaï,<br />
cliché: Arvind J.Talati, 1958<br />
http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
On met <strong>en</strong> oeuvre de la pierre, du bois, du cim<strong>en</strong>t; on <strong>en</strong> fait des<br />
maisons, des palais, c’est la construction. L’ingéniosité travaille.<br />
Mais tout à coup vous me pr<strong>en</strong>ez au coeur, vous me faites du<br />
bi<strong>en</strong>, je suis heureux. Je dis: c’est beau. Voilà l’architecture. L’art<br />
est ici. 91<br />
Dans la production d’après guerre, on remarque une certaine attirance<br />
vers des pratiques constructives traditionnelles. Les acquis<br />
modernes ne sont pas pour autant abandonnés.<br />
Cette r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre des principes traditionnels et modernes<br />
s’exprime au Merlier égalem<strong>en</strong>t; nous y revi<strong>en</strong>drons. Néanmoins,<br />
la référ<strong>en</strong>ce immédiate de ce «courant» pr<strong>en</strong>d corps dans la fascination<br />
corbusé<strong>en</strong>ne pour le principe de la voûte catalane.<br />
Figure dominante de la modernité, il soulève de vives réactions <strong>en</strong><br />
formulant un nouveau langage, conjuguant utilisation de matériaux<br />
traditionnels et mise <strong>en</strong> oeuvre dans un contexte nouveau.<br />
C’est <strong>en</strong> 1934, pour la maison de week-<strong>en</strong>d de la Celle-<br />
Saint-Cloud, que Le Corbusier initie sa recherche sur les structures<br />
à voûtes -juxtaposées et réalise pour la voûte catalane. En<br />
1949 il développe Roq et Rob, un projet d’hébergem<strong>en</strong>t à Roquebrune-Cap-Martin.<br />
Il cherche alors un moy<strong>en</strong> raisonnable de<br />
profiter du climat de la <strong>Côte</strong> d’Azur et de sa grande beauté sans<br />
m<strong>en</strong>acer son paysage 92 . La voûte individualise les cellules, qui,<br />
étagées dans la p<strong>en</strong>te, offr<strong>en</strong>t à la vue des toitures plantées. En<br />
1955 pour la villa Sarabhaï à Ahmedabad il met <strong>en</strong> oeuvre une<br />
luxueuse; réalisée d’un «berceau de tuiles plates montées au plâtre<br />
sans coffrage, doublées d’un rang de briques hourdées au cim<strong>en</strong>t.<br />
Ces demi-cylindres port<strong>en</strong>t sur des murs par l’intermédiaire<br />
d’un linteau de béton brut. 93 » Les maisons Jaoul, à Neuilly-sur-<br />
Seine (1951-1955), s’impos<strong>en</strong>t comme l’un des exemples les<br />
plus emblématiques; la brique appar<strong>en</strong>te et le béton brut formant<br />
des volumes purs qui exprim<strong>en</strong>t leur composition.<br />
91 Vers une architecture, Le Corbusier, Ed. Crès, 1924, p. 123<br />
92 Voir à ce sujet Le Corbusier, oeuvre complète, volume 5,<br />
1946-1952, p.54-61 et Le Corbusier à Cap-Martin, Bruno Chiambretto<br />
93 Le Corbusier, oeuvre complète, volume 6, 1952-1957, p.114
• Pignon de la villa B, composé<br />
de panneaux de bois et<br />
d’élém<strong>en</strong>ts vitrés de natures<br />
différ<strong>en</strong>tes.<br />
La structure se compose<br />
de trois murs porteurs <strong>en</strong><br />
briques formant deux travées<br />
parallèles de largeur inégales<br />
et de géométrie différ<strong>en</strong>te:<br />
l’une de 3,66 mètres et<br />
l’autre de 2,26 mètres.<br />
Ceintrés au niveau de chaque<br />
plancher par des poutraisons<br />
de béton armé (70x33<br />
cm), elles form<strong>en</strong>t à la fois<br />
le chaînage et le linteau au<br />
dessus de la baie.<br />
94<br />
source: Fondation Le Corbusier<br />
Couvertes sur trois niveaux de deux voûtes d’inégales largeur<br />
(226 et 326), elles étai<strong>en</strong>t «nécessaire au confort qu’il cherchait<br />
à offrir 94 ». La voûte catalane est employée pour couvrir les nefs,<br />
telles des «modules-compartim<strong>en</strong>ts».<br />
Ces maisons, au delà de représ<strong>en</strong>ter une symbiose <strong>en</strong>tre tradition<br />
et modernisme, donn<strong>en</strong>t aussi un premier «emblème» à l’architecture<br />
brutaliste. Leur expression «rustique» et leur esthétique<br />
ayant éveillé beaucoup d’intérêt; voûte, linteau de béton brut de<br />
décoffrage exprimant la construction, briques appar<strong>en</strong>tes.<br />
«Les maisons Jaoul (...) auront influ<strong>en</strong>cé, par le statut de modèle<br />
de New Brutalism, des architectes comme Paul Chemetov, Jean<br />
Deroche, l’ATM, Roland Simounet, les architectes de l’Atelier 5, et<br />
bi<strong>en</strong> d’autres <strong>en</strong>core 95 » à la fin des années cinquante et au début<br />
des années soixante.<br />
Le brutalisme, théorisé par Reyner Banham 96 , marque une architecture<br />
qui appelle plus d’auth<strong>en</strong>ticité. Les traits brutalistes se<br />
manifest<strong>en</strong>t par l’utilisation de matériaux laissés appar<strong>en</strong>ts, mettant<br />
<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la vérité constructive et la «recherche de ce qu<br />
l’on peut appeler un élém<strong>en</strong>tarisme des parties qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans la<br />
composition de bâtim<strong>en</strong>ts souv<strong>en</strong>t fragm<strong>en</strong>tés, juxtaposition, articulation<br />
d’espaces aux usages définis, individualisation des pièces<br />
97 ». Jacques Lucan explique que le brutalisme est un courant<br />
de la ligne «antimonum<strong>en</strong>taliste» et «anticompositionnelle», dont<br />
l’origine remonte aux les Smithson <strong>en</strong> Grande Bretagne. L’Unité<br />
d’habitation de Marseille (1945-52) s’impose <strong>en</strong> France comme<br />
«bâtim<strong>en</strong>t-repère» du brutalisme; Le Corbusier faisant des malfaçons<br />
du béton brut des «élém<strong>en</strong>ts constitutifs d’une symphonie<br />
plastique 98 ».<br />
94 Le Corbusier et les maisons Jaoul, Projets et fabrique, Caroline<br />
Maniaque, Ed. Picard, 2005, p.7<br />
95 idem, p.113<br />
96 The New Brutalism, Reyner Banham, The Architectural Review<br />
n°708, déc. 1955 et Le brutalisme <strong>en</strong> architecture, Ethique ou<br />
esthétique?, Reyner Banham, 1966<br />
97 France architecture, 1960-1968, Jacques Lucan, 1989, p.154<br />
98 Le Corbusier, oeuvre complète, volume 5, 1946-52
à gauche<br />
Roq et Rob<br />
• Croquis d’étude et élévation<br />
pour le projet Roq,<br />
1949.<br />
Source: Fondation Le Corbusier,<br />
n°18686<br />
http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
• Plans des appartem<strong>en</strong>ts<br />
Quatre typesSource: Fondation<br />
Le Corbusier, n°18745<br />
• Elévation pour Rob,<br />
Source: Fondation Le Corbusier,<br />
n°18683<br />
• Perspective intérieure d’un<br />
appartem<strong>en</strong>t, projet Roq<br />
Source: Fondation Le Corbusier,<br />
n°18758<br />
à droite<br />
• Façade sur la mer, intégration<br />
dans le paysage<br />
• Coupe transversale indiquant<br />
l’accès par asc<strong>en</strong>ceur<br />
à la salle à manger dans Le<br />
Corbusier, oeuvre complète,<br />
volume 5, 1946-52, p.59<br />
96<br />
• Plan masse<br />
Illustrations dans Le Corbusier,<br />
oeuvre complète,<br />
volume 5, 1946-52, p.54-61<br />
La question de l’échelle et du groupem<strong>en</strong>t est une autre dim<strong>en</strong>sion<br />
qui touche les réflexions de l’époque. L’unité de voisinage<br />
est introduite comme alternative à l’unité d’habitation. Dans ce<br />
contexte s’établiss<strong>en</strong>t de nouvelles articulations à des échelles<br />
appréh<strong>en</strong>dables pour l’homme.<br />
Dans cette idée, on peut nommer la Siedlung Hal<strong>en</strong> de Atelier 5<br />
(1955-61), l’Université d’Urbino, de Giancarlo di Carlo (1962-65),<br />
les recherches de Candillis, Josic et Woods, ou Dj<strong>en</strong>an-El Hassan<br />
ou la citéuniversitaire de Tananarive à Madagaskar (1962-71)<br />
de Roland Simounet. Dans la thématique de la villégiature, on<br />
p<strong>en</strong>se au Village Air France de Gassin, de Paul Chemetov et Jean<br />
Deroche (1967-70). Ces référ<strong>en</strong>ces font écho par exemple aux<br />
expérim<strong>en</strong>tations marocaines, aux recherches d’Aldo van Eyck<br />
sur les villages Dogon du Niger ou, plus anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t, à l’expéri<strong>en</strong>ce<br />
du Mzab algéri<strong>en</strong> de Le Corbusier <strong>en</strong> 1931 99 .<br />
Les projets Roq et Rob sont considérés par les théorici<strong>en</strong>s de l’architecture<br />
comme les prototypes d’habitat cellulaire tramé,<br />
s’adaptant à la morphologie, «<strong>en</strong> croûte», formant une structure<br />
«agglutinante», une «ruche ouverte vers la mer». L’<strong>en</strong>jeux de l’après<br />
guerre est de construire les «nouveaux logem<strong>en</strong>ts» on préfère rétrécir<br />
l’échelle et décomposer l’<strong>en</strong>semble <strong>en</strong> parts plus raisonnables.<br />
Plusieurs projets adopt<strong>en</strong>t et rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t ce procédé<br />
de composition d’habitat individuel groupé, fragm<strong>en</strong>tation de<br />
l’<strong>en</strong>semble.<br />
Le village du Merlier se situe dans une lignée de projet, presque<br />
pittoresque cette fois, s’adapte à un site vallonné et mainti<strong>en</strong>t une<br />
échelle relativem<strong>en</strong>t restreinte. La combinatoire pr<strong>en</strong>d comme<br />
point de départ «l’unité» pour former la totalité. Ce n’est pas un<br />
grand tout que l’on décompose, mais une combinaison s<strong>en</strong>sible<br />
d’unités répétées qui constitue un <strong>en</strong>semble ouvert et non rigide.<br />
Au Merlier le principe d’adaptation au site est poussé à un degré<br />
extrême -tant il est caractérisé- mais ce principe de «croissance<br />
par prolifération» s’y reconnaît bi<strong>en</strong>.<br />
99 Le Corbusier et la Méditerranée, Jean-Luci<strong>en</strong> Bonillo et Gérard<br />
Monnier, Publications de l’Université de Prov<strong>en</strong>ce-Aix-Marseille 1,<br />
1991; l’influ<strong>en</strong>ce du monde islamique et du M’Zab d’Alger.
98<br />
•Images de l’expo au MOMA<br />
de New York, Architecture<br />
without architects<br />
Marrakesh (Maroc),<br />
Anticoli dans les Sabines<br />
(près de Rome), et<br />
Ville Dogon au sud de Tombouctou<br />
(Mali)<br />
Le Corbusier, pour les projets Roq et Rob, formule un certain<br />
nombre de recommandations quant à la construction sur le Littoral;<br />
«l’exam<strong>en</strong> des anci<strong>en</strong>nes petites villes qui occup<strong>en</strong>t les hauteurs<br />
de la côte fournit une information excell<strong>en</strong>te; le site architectural<br />
y est fait de maisons toutes accolées les unes aux autres,<br />
mais dont les yeux (les f<strong>en</strong>êtres) ouvr<strong>en</strong>t tous sur l’horizon infini.<br />
Le paysage contigu est demeuré libre, consacré à l’agriculture ou<br />
constituant simplem<strong>en</strong>t des réserves naturelles 100 ».<br />
Il est intéressant de compr<strong>en</strong>dre quelle est la dim<strong>en</strong>sion de l’intérêt<br />
pour ces villages, réalisations vernaculaires, dont l’imaginaire et<br />
la poétique est une source directe d’inspiration.<br />
Lors de l’étude préliminaire au projet de Volterra, les architectes de<br />
l’ATM cit<strong>en</strong>t, à l’instar de Le Corbusier pour Roquebrune, Ramatuelle<br />
«village médiéval, à flanc de colline, dominant la plaine et ses<br />
vignobles aux ruelles étroites et arcades» et Gassin «village-piton,<br />
perché, avec des remparts, ruelles et passages charmants, escaliers,<br />
pierre et portes <strong>en</strong> bois, façades cachées sous les bougainvilliers».<br />
Ils établiss<strong>en</strong>t, dès lors, que le projet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>dra des<br />
relations étroites avec ces villages méditerrané<strong>en</strong>s, pour «l’échelle,<br />
des matériaux et des circulations 101 ».<br />
Il est évid<strong>en</strong>t que la ressemblance ne s’établit pas de manière<br />
mimétique ou littérale; elle est bi<strong>en</strong> plus de l’ordre de l’emprunt,<br />
de la réadaptation, de l’évocation. Cette nuance se situe dans<br />
le concept de régionalisme critique, théorisé par K<strong>en</strong>neth<br />
Frampton et que l’architecture Moderne devrait adopter pour ses<br />
qualités progressistes universelles; <strong>en</strong>visager des formulations att<strong>en</strong>tives<br />
au contexte, à la topographie, au climat, à la lumière, aux<br />
formes tectoniques.<br />
Le Merlier emprunte certains thèmes à la tradition locale; le langage<br />
de son architecture, et son rapport int<strong>en</strong>se avec le site et<br />
son économie générale, pourrai<strong>en</strong>t le qualifier de vernaculaire<br />
moderne.<br />
100 Le Corbusier, oeuvre complète, volume 5, 1946-52, p.54<br />
101 Rapport d’étude de l’ATM: Camarat, contribution à l’urbanisation<br />
de la <strong>Côte</strong> d’Azur, 1959, cf. 162ifa1003/1
L’architecture vernaculaire une architecture<br />
propre à un pays, à un lieu donné; emploi de<br />
matériaux locaux, techniques souv<strong>en</strong>t ancestrales<br />
de mises <strong>en</strong> oeuvres, codes esthétiques<br />
qui s’insèr<strong>en</strong>t dans une tradition,...<br />
Le terme vernaculaire, utilisé dans son s<strong>en</strong>s<br />
actuel, peut se définir par une inspiration des<br />
architectures anci<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>vironnantes.<br />
«La régression vers des formes primordiales,<br />
(...) est parallèle à un véritable r<strong>en</strong>ouveau<br />
primitiviste dont l’une des manifestations les<br />
plus fameuses est, <strong>en</strong> 1964.65, la prés<strong>en</strong>tation<br />
au MOMA d’une exposition organisée<br />
par Bernard Rudofsky, Architecture without<br />
architects.» 102<br />
Lewis Mumford, histori<strong>en</strong> de l’architecture<br />
américaine, évoque déjà cette volonté régionaliste<br />
face à la t<strong>en</strong>dance universalisante, <strong>en</strong><br />
1924 dans Sticks and stones. A study of<br />
american architecture and civilization. Il montre<br />
l’importance de la dim<strong>en</strong>sion sociale de l’habitat;<br />
de l’influ<strong>en</strong>ce du milieu sur les formes, les<br />
principes, sans pour autant être réfractaire au<br />
progrès technique.<br />
102 France architecture, 1960-1968, Jacques<br />
Lucan, 1989, p.123<br />
99
Dj<strong>en</strong>an El Hassan<br />
• Plan d’<strong>en</strong>semble du site<br />
<strong>en</strong> forte p<strong>en</strong>te, 50%, circulation<br />
extérieure, escaliers,<br />
trame parfaitem<strong>en</strong>t orthogonale,<br />
cellules individuelles,<br />
circulation horizontale,<br />
parallèle aux courbes de<br />
niveau, coupées transversalem<strong>en</strong>t<br />
par les escaliers<br />
100<br />
• «Tous les logis ont une<br />
vue id<strong>en</strong>tique»<br />
• Vues du site, front est,<br />
appropriation de l’espace<br />
par les habitants, vue d’un<br />
escalier, perp<strong>en</strong>diculaire à<br />
la p<strong>en</strong>te.<br />
Illustrations: Roland Simounet,<br />
d’une architecture<br />
juste, Monographie d’architecture,<br />
Ed. le Moniteur,<br />
1997
101
102<br />
à gauche<br />
Maison pour personne<br />
âgées, Beausoleil, Pierre<br />
Riboulet, 1989<br />
• Coupe transversale indiquant<br />
la succession des<br />
niveaux <strong>en</strong> toits-terrasses.<br />
• Façade sur la mer<br />
• Plan masse<br />
• Plan des étages<br />
Illustrations dans Pierre Riboulet,<br />
de la légitimité des<br />
forme, Oeuvres 1979-2003,<br />
Monographie d’architecture,<br />
Ed. du Moniteur, 2004, p.64-<br />
65<br />
à droite<br />
Siedlun Hal<strong>en</strong>, Atelier 5,<br />
• Plan<br />
• Coupe transversale<br />
• Images<br />
Illustrations: http://www.<br />
hal<strong>en</strong>.ch/<br />
Construire dans la p<strong>en</strong>te est un thème récurr<strong>en</strong>t de l’architecture<br />
moderne. «Les p<strong>en</strong>tes offr<strong>en</strong>t d’elles-mêmes la solution: la<br />
coupe assure les vues 103 » et la vue est précicém<strong>en</strong>et ce que l’on<br />
vi<strong>en</strong>t chercher <strong>en</strong> <strong>Côte</strong> d’Azur.<br />
La forte dénivellation, au contraire de s’avérer une contrainte insurmontable,<br />
sert dans certains cas la réussite du projet. Le site<br />
d’implantation du village du Merlier est fortem<strong>en</strong>t déterminé par la<br />
p<strong>en</strong>te.<br />
L’archétype de ce principe d’étagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> gradins, semble à<br />
nouveau être le projet Roq et Rob de Le Corbusier. On le retrouve<br />
égalem<strong>en</strong>t à la cité Dj<strong>en</strong>an-El Hassan de Roland Simounet, ou à<br />
la Siedlung Hal<strong>en</strong> de Berne:<br />
Le Merlier exploite la dénivellation -pour atteindre la d<strong>en</strong>sité recherchée-<br />
avec beaucoup de finesse <strong>en</strong> disposant les maisons,<br />
au cas par cas, dans le site.<br />
La p<strong>en</strong>te du terrain au Merlier est de l’ordre de 20%, ainsi la vue<br />
depuis chaque maison échappe au dessus de la terrasse du<br />
voisin, ce qui garantit sa privacité. De plus, le terrain n’est pas régulier,<br />
et c’est cette fine adaptation de la maison qui r<strong>en</strong>d le village<br />
si convainquant.<br />
103 Le Corbusier, oeuvre complète, volume 5, 1946-52, p.54
103
page suivante:<br />
NB. Les photographies qui ne<br />
serai<strong>en</strong>t pas spécifiquem<strong>en</strong>t<br />
lég<strong>en</strong>dées sont des clichés<br />
personnels, réalisés courant<br />
2011.<br />
• Vue de l’escalier (F) avec,<br />
au loin <strong>en</strong> bas, les bancs de<br />
la place (B).<br />
• Vue d’une impasse dans la<br />
partie basse du village, géométrie<br />
de la composition.<br />
104<br />
2.3.2 Elém<strong>en</strong>ts du village<br />
La prom<strong>en</strong>ade architecturale<br />
Le chapitre précéd<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>te de démêler la sous jac<strong>en</strong>ce théorique<br />
du Merlier. Le résultat mouvem<strong>en</strong>té, dynamique, riche et<br />
varié, est, malgré tout, très unitaire. L’<strong>en</strong>semble résulte de jeux<br />
d’imbrication et d’articulation géométrique, permettant de<br />
«sculpter» le village. Le projet ouvre la recherche de l’Atelier sur ce<br />
mode d’assemblage combinatoire des élém<strong>en</strong>ts de l’architecture.<br />
Afin de compr<strong>en</strong>dre cette <strong>en</strong>semble complexe et d’<strong>en</strong> m<strong>en</strong>er<br />
l’analyse, il est impératif de décomposer les élém<strong>en</strong>ts architecturaux<br />
-qui lui confèr<strong>en</strong>t sa substance de village. La conception<br />
résulte d’une démarche concrète d’alternance du plein -les<br />
maisons- et du vide -les espaces collectifs. Dans ce chapitre<br />
seront traités les espaces extérieurs, classés par nature. Le<br />
chapitre suivant (§2.3.3) id<strong>en</strong>tifie la masse bâtie, les maisons.<br />
Un réseau de circulation est s’établit au sein du village par le décalage<br />
des maisons les unes par rapport aux autres sur une trame<br />
orthogonale. Une voie carrossable permet d’y accéder occasionnellem<strong>en</strong>t<br />
(inc<strong>en</strong>die, accid<strong>en</strong>t, livraison), mais c’est une circulation<br />
piétonne qui est d’avantage souhaitée. La connexion à «l’espace<br />
public» passe par une succession inatt<strong>en</strong>due de lieux dont la nature,<br />
la configuration et les dim<strong>en</strong>sions vari<strong>en</strong>t. Au fil du parcours,<br />
-vers chez soi ou vers la mer- l’appart<strong>en</strong>ance à l’<strong>en</strong>semble est<br />
indéniable; pourtant les perceptions sont sans cesse nouvelles.<br />
Des rues larges succèd<strong>en</strong>t à des rues plus fines, l’espace s’ouvre<br />
parfois sur une place ou se referme sur une courette, puis continue<br />
dans une autre direction. La perspective fuit parfois vers un<br />
escalier ou bute contre une maison...<br />
Les volumes cadr<strong>en</strong>t le paysage, et offr<strong>en</strong>t des vues soigneusem<strong>en</strong>t<br />
calculées. «L’effet certain obt<strong>en</strong>u par ces contrastes d’espaces<br />
peut-être vérifié dans des villages tels Ramatuelle où les<br />
rues de deux mètres de large altern<strong>en</strong>t avec des places de belles<br />
proportions où l’on joue à la pétanque 104 »<br />
104 Rapport d’étude de l’ATM: Camarat, contribution à l’urbanisation<br />
de la <strong>Côte</strong> d’Azur, 1959, cf. 162ifa1003/1
Le village est desservi par la route d’accès de<br />
l’<strong>en</strong>semble dans sa partie haute (L) .Perp<strong>en</strong>diculairem<strong>en</strong>t<br />
aux courbes de niveau se trouve<br />
un escalier principal, colonne vertébrale du village<br />
(F). Raide, il file <strong>en</strong> direction de la mer et<br />
débouche dans le tiers supérieur du village à<br />
l’angle de la place numéro 2° (B).<br />
Un second escalier pr<strong>en</strong>d le relais un peu plus<br />
bas. Latéralem<strong>en</strong>t, à l’Ouest du village, un<br />
autre grand escalier sert égalem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trée<br />
directe au village (G). Des deux côtés, une<br />
route d’accès passe par une zone de garage<br />
(N) avant de s’affiner pour se permettre d’<strong>en</strong>trer<br />
dans le village; ces accès sont situés l’un<br />
sur la partie ouest de l’<strong>en</strong>semble (I) -desservant<br />
directem<strong>en</strong>t la place numéro 1° (A) par<br />
son angle inférieur; l’autre (H) à l’opposé, dans<br />
l’angle Nord-Est du village. Il est connecté lui à<br />
la place 2° (B) par une longue ruelle, carrossable.<br />
Les places (A, B), lieux c<strong>en</strong>traux de l’activité<br />
sociale du village, sont reliées <strong>en</strong>tre elles par<br />
une rampe, qui apparti<strong>en</strong>t à la prom<strong>en</strong>ade au<br />
c<strong>en</strong>tre du village. Deux blocs de chambres individuelles<br />
sont intégrées à l’<strong>en</strong>semble (O).Un<br />
réseau secondaire connecte <strong>en</strong>suite chaque<br />
maison par un système de rues et de ruelles,<br />
s’affinant et s’élargissant parfois pour créer de<br />
petites placettes (C,D,E) de caractère semblables<br />
mais toutes différ<strong>en</strong>tes; parfois <strong>en</strong><br />
p<strong>en</strong>tes, plus personnelles et au caractère plus<br />
privé car m<strong>en</strong>ant à l’<strong>en</strong>trée basse des maisons,<br />
mais toujours communes. Dans la partie<br />
basse du village sont aménagés des cheminem<strong>en</strong>ts<br />
vers la mer (M et K), le jardin partagé<br />
(J) et le t<strong>en</strong>nis (P).<br />
N’<br />
P<br />
L<br />
G<br />
I<br />
K<br />
D<br />
B C<br />
Les places communes<br />
A place 1°<br />
B place 2°<br />
C-D-E les «placettes»<br />
La circulation<br />
F «rue-escaliers» 1°<br />
G «rue-escaliers» 2°<br />
H accès 1°<br />
I accès 2°<br />
Autres<br />
J le jardin partagé<br />
K aménagem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> bord de mer<br />
L accès principal<br />
M cheminem<strong>en</strong>ts<br />
N garages groupe A et B<br />
O chambres individuelles groupe A et B<br />
P t<strong>en</strong>nis<br />
F<br />
N<br />
O<br />
A<br />
O’<br />
M<br />
J<br />
H<br />
E<br />
105
106
107
Place 1°<br />
A<br />
Les places sont aménagées pour être<br />
agréables pour les jeux et la dét<strong>en</strong>te; traitée<br />
<strong>en</strong> terrain de pétanque, elle est capable<br />
d’accueillir diverses fêtes.<br />
108<br />
1/500
Place 2°<br />
B<br />
La seconde place, plus petite et introvertie,<br />
est agrém<strong>en</strong>tée d’une fontaine <strong>en</strong> céramique<br />
bleues, et est destinée aux <strong>en</strong>fants.<br />
1/500<br />
109
Placettes<br />
C-D-E<br />
110<br />
placettes E, vue vers le nord-ouest, cliché: nov 2011<br />
placettes E, vue vers le nord, cliché: juin 2011<br />
placettes E, 162ifa 809 placettes E, vue vers le sud, cliché: juin 2011
Escaliers<br />
F et G<br />
Deux «rues-escaliers» permett<strong>en</strong>t d’accéder<br />
au c<strong>en</strong>tre du village.<br />
1:500<br />
axe E-O escalier G, cliché:1978<br />
axe N-S escalier F, cliché:1978<br />
axe N-S escalier F, cliché: novembre 2011<br />
111
Accès 1° et 2°<br />
H-I<br />
112<br />
Accès H<br />
accès H, cliché: JLV, août 1978, 162ifa 808<br />
Accès I, angle des maisons 20 et 21, cliché: sept 2011<br />
Accès I, cliché: novemnre 2011<br />
Accès I, sous la place (A), cliché: juin 2011
Garages<br />
N<br />
Groupe A (24+24) et groupe B (11+11)<br />
Utilisation au maximum de la p<strong>en</strong>te naturelle,<br />
accès direct au village.<br />
détail acrotère des garages, 162ifa 1017/2<br />
détail porte des garages, 162ifa 1017/2<br />
coupe sur garages groupe A, 162ifa 1017/2<br />
garages groupe A, 1965, 162ifa 808/6<br />
garages groupe A, cliché: juin 2011<br />
garages groupe B, cliché: novembre 2011<br />
garages groupe B, cliché: novembre 2011<br />
113
Chambres<br />
individuelles<br />
O et O’<br />
Deux groupes de cinq chambres; un premier<br />
qui donne sur la place 1° (A), le second <strong>en</strong><br />
dessous de celle-ci, plus privé, donne sur le<br />
jardin partagé (J).<br />
114<br />
chambres sous la maison 16, cliché: juin 2011<br />
chambres B, vues depuis le jardin partagé,162ifa 806<br />
chambres B, coupe sur maisons 27 et 28, 162 ifa 1019<br />
chambres B, plan, 162 ifa 1019<br />
coupe et maisons 28 <strong>en</strong> vue, 162 ifa 1019<br />
chambres B, façade sur jardin partagé, 162 ifa 1019
Jardin partagé<br />
J<br />
Chaque groupem<strong>en</strong>t dispose d’une partie de<br />
terrain qui est la propriété commune des habitants<br />
du groupe. Les architectes établiss<strong>en</strong>t<br />
ce jardin collectif «<strong>en</strong> priant sur l‘intellig<strong>en</strong>ce des<br />
futurs occupants face au goût inné de posséder<br />
un jardin bi<strong>en</strong> a soi»<br />
les trois palmiers du jardin<br />
citronier<br />
abricotier<br />
figuier<br />
laurier<br />
115
• Coupes sur le terrain,<br />
dessin d’après plan d’origine<br />
échelle d’origine 1:500<br />
• Plan altimétrique du site<br />
d’implantation du village du<br />
Merlier (groupem<strong>en</strong>t 3)<br />
Etabli par le géomètre <strong>en</strong><br />
octobre 1961<br />
162 ifa 1003<br />
• Elévation façade sud du<br />
Merlier,<br />
plan modificatifs d’exécution,<br />
échelle d’origine 1:200<br />
162ifa 1014<br />
116<br />
• Coupe transversale du<br />
Merlier,<br />
dessins provisoires,<br />
162ifa 605/9<br />
• Coupe transversale du<br />
Merlier,<br />
plan modificatifs d’exécution,<br />
échelle dôrigine 1:200<br />
162ifa 1014<br />
• Coupe transversale du Merlier,<br />
publication de l’ENSBA,<br />
162ifa 11018/3
117
118
119
120<br />
2.3.3 Implantation des maisons<br />
L’implantation générale assure à chaque habitation vue et intimité.<br />
La silhouette de l’<strong>en</strong>semble est animée par la variation de niveau<br />
résultant de l’assemblage combinatoire. L’<strong>en</strong>semble, dans sa<br />
tridim<strong>en</strong>sionnalité, reflète l’att<strong>en</strong>tion extrême portée aux détails;<br />
cette rigueur plastique, rigoureuse mais discrète, confère à l’<strong>en</strong>semble<br />
sa belle harmonie.<br />
La p<strong>en</strong>te sert le plan type de la maison; étage inférieur partiellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>terré, accès différ<strong>en</strong>ts selon la position dans l’espace public,<br />
patios variés, hauteurs différ<strong>en</strong>ciées selon le programme,...<br />
Les maisons dériv<strong>en</strong>t d’un même type; implantées sur un<br />
plan carré (12.5m x 12.5m), elles se compos<strong>en</strong>t de volumes<br />
id<strong>en</strong>tiques (rez-de-chaussée, salle de séjour voûtée, bloc de<br />
chambres). Le plan-type (B -B1, B2, B3-) est une maison à deux<br />
niveaux dans lequel sont introduites deux variantes; une à trois niveaux<br />
avec chambres superposées (type C), l’autre sans aucune<br />
chambres à l’étage (type A).<br />
Disposées selon la topographie -et la relation avec l’espace commun-,<br />
chacune des maisons possède une <strong>en</strong>trée principale haute.<br />
Une <strong>en</strong>trée au rez inférieur par la cour permet un accès plus<br />
direct à l’extérieur; selon l’implantation de la maison dans le terrain<br />
le dispositif d’<strong>en</strong>trée varie légèrem<strong>en</strong>t.<br />
Sur les 35 maisons, on retrouve un maximum de maisons du<br />
type B2 et B1 (65% à eux deux); et beaucoup de maisons du<br />
type A (23%). Trois maisons sont du type C, qui propose trois<br />
niveaux d’habitation, avec deux chambre de plus que les autres.<br />
Une seule exception représ<strong>en</strong>te le type B3 105 , adossée à une<br />
forte p<strong>en</strong>te. Le plan permet à la maison d’être disposée <strong>en</strong> miroir,<br />
selon les conting<strong>en</strong>ces du terrain. C’est le cas pour 1/3 d’<strong>en</strong>tre<br />
elles <strong>en</strong>viron.<br />
Le plan est composé sur une trame de trois parties; le rez-dechaussée<br />
propose deux chambres et des sanitaires, ainsi que<br />
quelques espaces de services (hall, buanderie et rangem<strong>en</strong>ts).<br />
Un escalier <strong>en</strong> bois relie le niveau bas avec la salle de séjour.<br />
105 La maison n°14 dispose de deux chambres supplém<strong>en</strong>taires au<br />
rez-de-chaussée, autour d’un patio.
Type % m 2 hab. Niveaux°<br />
T / A 8/35 105m 2 2 rez, séjour et grande terrasse<br />
T+2 / B1 11/35 127m 2 2 rez, séjour, terrasse et chambres parallèles<br />
T+3 / B2 12/35 127m 2 2 rez, séjour, terrasse et chambres perp<strong>en</strong>diculaires<br />
T+4 / B3 1/35 127m 2 2 rez avec 4 chambres et patio, séjour et terrasse<br />
T1+3 / C 3/35 160m 2 3 rez, séjour, terrasses, chambres perp<strong>en</strong>diculaires<br />
et chambres superposées<br />
ma i s o n 1 2 bureau de v<strong>en</strong>te et appartem<strong>en</strong>t familial<br />
D u G a r D i e n<br />
121
122<br />
• Patio extérieur<br />
Fonds Cardot-Joly, 1965<br />
Composé sur la même largeur (trame de 5.14m) il est recouvert<br />
de la voûte catalane, caractéristique «paysagère» du village.<br />
Disposé latéralem<strong>en</strong>t ou perp<strong>en</strong>diculairem<strong>en</strong>t, un volume de<br />
chambres -et sanitaires- complète cet étage autour d’une terrasse<br />
dont la dim<strong>en</strong>sion varie. La maison à trois niveaux (type C)<br />
possède <strong>en</strong>core deux chambres, au dessus du séjour.<br />
Le séjour de forme longitudinale, id<strong>en</strong>tique pour toutes les maisons,<br />
s’ouvre largem<strong>en</strong>t vers la mer, offrant à chacune des maisons<br />
une baie sur la Méditerrannée. Le côtés latéraux sont eux<br />
beaucoup moins ouverts, et assur<strong>en</strong>t ainsi l’intimité à l’intérieur de<br />
la pièce à vivre.<br />
La loggia du séjour est v<strong>en</strong>tilée par deux f<strong>en</strong>tes latérale, <strong>en</strong>tre le<br />
remplissage et l’ossature <strong>en</strong> béton armé ainsi que par le vide sous<br />
la jardinière. Jardinière qui garantit la sécurité et qui offre à la vue<br />
un premier plan planté d’herbes folles tout <strong>en</strong> évitant les regards<br />
gênants, chez le voisin ou chez soi.<br />
Ce volume s’avance est recouvre une partie de l’espace extérieur<br />
de la maison (cour, patio), ce qui lui confère cette coupe si particulière.<br />
La pièce à vivre est agrém<strong>en</strong>tée d’une cheminée pour un meilleurs<br />
confort hivernal, dans la tradition des maisons méditerrané<strong>en</strong>nes.<br />
Ameublem<strong>en</strong>t et matériaux (sols <strong>en</strong> carrelage de terre cuite et<br />
murs <strong>en</strong> béton peint); armoires intégrés dans les chambres, escalier<br />
<strong>en</strong> pin d’Oregon, cuisine <strong>en</strong> bois ajouré,...<br />
De nombreux espace de r<strong>en</strong>contre ouverts, v<strong>en</strong>tilés -grands volumes,<br />
terrasses sont prévus pour le soir (différ<strong>en</strong>cier nuit-petites<br />
surfaces, ms bcp!- et jour grande surface du séjour et esp. ext).<br />
Cuisine au niveau des terrasses, patio coté mer soleil -et la prom<strong>en</strong>ade-<br />
<strong>en</strong> été composition avec le jardin et composition visuelle<br />
avec celui des voisins...<br />
vues généreuses recherche de la fraicheur,
123
à gauche<br />
• Premières études des villas<br />
schémas d’organisation spatiale,<br />
décalage des volumes<br />
162ifa 605/1<br />
• Etude pour la villa type B<br />
1961<br />
162ifa 605/3<br />
124<br />
• Etude pour la villa 2<br />
162ifa 605/3<br />
et pour une villa à trois<br />
niveaux, futur type C<br />
162ifa 605/3<br />
• Etude pour une villa type;<br />
par plans décalés<br />
162ifa 605/2<br />
à droite<br />
• Vues intérieures des villas<br />
Fonds Cardot-Joly, Bilbliothèque<br />
Kandinsky<br />
http://bibliothequekandinsky.c<strong>en</strong>trepompidou.fr<br />
pages suivantes<br />
• Photographie de la maquette<br />
du Merlier<br />
cliché: ATM, non daté, dans<br />
162ifa 805/5<br />
• plan du village,<br />
d’après plans du dossier<br />
d’exécution,<br />
1962-1964<br />
162 ifa1014
125
126
127
128<br />
à gauche<br />
• Plans du niveau 1°<br />
et du rez-de-chaussée<br />
sans échelle<br />
échelle d’origine 1/200<br />
août 1962<br />
à droite<br />
• Les 5 types de villas<br />
Schéma de répartition des<br />
espaces<br />
(dessin d’après les plans<br />
d’origine des maisons,<br />
voir 162ifa 1014: dossier<br />
d’exécuion 1962-1963)
129
Type A<br />
130<br />
Plan du rez-de-chaussée - 1:200<br />
Villa Type A<br />
Plan de l’étage - 1:200<br />
Villa Type A
Type B<br />
Plan du rez-de-chaussée - 1:200<br />
Villa Type B<br />
Plan de l’étage - 1:200<br />
Villa Type B<br />
131
Type B2<br />
132<br />
Plan du rez-de-chaussée - 1:100<br />
Villa Type B2
Plan de l’étage - 1:100<br />
Villa Type B2<br />
133
134<br />
Elévation Sud - 1:100<br />
Villa Type B2<br />
Elevation Est - 1:100<br />
Villa Type B2
Type B3<br />
Plan du rez-de-chaussée - 1:200<br />
Villa Type B3<br />
Plan de l’étage - 1:200<br />
Villa Type B3<br />
135
Type C<br />
136<br />
Plan rez-de-chaussée - 1:200<br />
Villa Type C
Plan étage 1° - 1:200<br />
Villa Type C<br />
Plan étage 2° - 1:200<br />
Villa Type C<br />
137
La maison du gardi<strong>en</strong><br />
138<br />
Plans des niveaux bas et hauts, janvier 1963 - échelle d’origine 1/200<br />
Dossier du permis de construire - 162ifa 1012/1<br />
Elévations et coupes, janvier 1963<br />
162ifa604/7
photographies de la maison du gardi<strong>en</strong> mai 1964, 162ifa 808<br />
terrain avant le début du chantier, mai 1963, vues pdnt le chantier de 1963-64, Fonds ATM, 162ifa 808<br />
139
• vue aéri<strong>en</strong>ne du Domaine,<br />
1963<br />
cliché: IGN dans 162ifa 808/6<br />
140<br />
2.3.4 Déroulem<strong>en</strong>t du chantier<br />
L’étude géologique, d’avril 1963, révèle des point intéressants: il<br />
y est détaillé le taux de travail admissible des fondations des villas,<br />
le risque de glissem<strong>en</strong>t de terrain, les précautions -relatives aux<br />
eaux superficielles- à pr<strong>en</strong>dre. Il <strong>en</strong> ressort qu’il est «possible de<br />
fonder à peu près partout 106 »:<br />
Le rocher de type granite, a un réseau de plan de fissuration orthogonaux<br />
bi<strong>en</strong> défini. L’une des familles de ses plans a sa ligne<br />
de plus grande p<strong>en</strong>te à 80° sur l’horizontale vers la mer et l’autre a<br />
10° vers le contin<strong>en</strong>t ce qui assure une grande stabilité à un bloc<br />
isolé étant donné la p<strong>en</strong>te du terrain naturel. Le rocher est très<br />
franc et les fissures propres, une seule zone altérée dans l’axe du<br />
thalweg, sous l’action des eaux de ruissellem<strong>en</strong>t.<br />
Il est recommandé, étant donné l’action néfaste des eaux courantes<br />
sur le granite de collecter les eaux de ruissellem<strong>en</strong>t, celles du<br />
thalweg proprem<strong>en</strong>t dit, et apports latéraux, à l’amont du village<br />
de manière à éviter une dégradation l<strong>en</strong>te du rocher de fondation,<br />
ce qui ne manquerait pas d’<strong>en</strong>trainer des désordres de la superstructure<br />
des villas.<br />
Suite au plan d’aménagem<strong>en</strong>t 107 , le dossier de permis de<br />
construire est remis le 1er avril 1963. La réalisation est approuvée<br />
le 11 juillet 1963. Le chantier débute avec travaux de terrassem<strong>en</strong>t<br />
et les premiers aménagem<strong>en</strong>ts du site. Le schéma<br />
de phasage des villas du Merlier est établi par le promoteur, François<br />
Leredu. La faillite du promoteur n’empêchera pas la mise<br />
<strong>en</strong> service du village le 15 avril 1967; certaines maisons ne sont<br />
pourtant pas terminées. Le nouveau groupe rachète la propriété<br />
foncière du Merlier, et poursuit la réalisation -apportant quelques<br />
modifications aux villas (§3.2.2)- jusqu’<strong>en</strong> 1970.<br />
106 Voir étude géologique, Fonds ATM - 162ifa 1017/3. Les citations<br />
suivantes <strong>en</strong> sont extraites égalem<strong>en</strong>t.<br />
107 demande d’accord préalable le 24 décembre 1962
141
142<br />
à gauche<br />
• Planning du chantier du<br />
Merlier, ATM<br />
• Schéma phases du chantier<br />
pour le village du Merlier,<br />
(maisons terminées TCE, et<br />
exécutées <strong>en</strong> gros oeuvre)<br />
François Leredu, 1963<br />
ifa 1017/1<br />
• vue du chantier depuis la<br />
mer<br />
François Leredu, 1964ifa<br />
703/7<br />
à droite<br />
reportage photographique de<br />
1963 à 1965, fonds ATM,<br />
162ifa 808/6<br />
• terrassem<strong>en</strong>ts, 2 août 1963<br />
vue depuis le coté ouest<br />
et terrassem<strong>en</strong>ts, 2 août<br />
1963<br />
vue depuis le sud<br />
• vue sur les maisons<br />
15,16,29,33,35,34<br />
et vue sur les maisons<br />
15,16,28,33,35,34<br />
• vue de la rue m<strong>en</strong>ant à<br />
la place (B) <strong>en</strong>tre les villas<br />
5,6,7 et 9,10,11,12<br />
juillet 1964<br />
et vue de la même rue avec<br />
les ouvriers <strong>en</strong> premier plan<br />
• vue des maisons 1,2 et 4<br />
et maisons 1,2,4,5,6,7<br />
mai 1964
143
144<br />
• Vue des briques plates<br />
de la surface interne de la<br />
voûte, 1964<br />
162ifa 808/6<br />
• Coffrage de l’ossature <strong>en</strong><br />
béton armé, porte-à-faux du<br />
séjour<br />
162ifa 808/6<br />
• vue sur la toiture de la villa<br />
30, les «reins» de la voûte<br />
sont remplis et vont bi<strong>en</strong>tôt<br />
accueillir leur revêtem<strong>en</strong>t<br />
final, la végétation.<br />
162ifa 808/6<br />
2.3.5 Système constructif et matériaux<br />
Le village est construit à partir de quatre matériaux principaux; le<br />
béton, la pierre, le bois et la terre cuite. L’utilisation logique et<br />
la mise <strong>en</strong> valeur des matériaux fait l’objet d’un soin particulier.<br />
Les élém<strong>en</strong>ts verticaux des villas sont constitués de béton coulé<br />
sur place, de murs de remplissage de maçonnerie, parfois<br />
de pierre appar<strong>en</strong>te -pour les murets-, laissés bruts ou <strong>en</strong>duits<br />
de chaux.<br />
L’ossature est <strong>en</strong> béton armé -brut de décoffrage à l’origine mais<br />
très vite crépi. La maison témoigne d’une recherche sur la vérité<br />
constructive et l’expression de la matière <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ciant structure<br />
porteuse et remplissage qui s’exprime comme une surface; cadre<br />
tridim<strong>en</strong>tionnel du séjour, linteaux soulignés et crépi lisse des<br />
murs.<br />
La solution de la toiture allie égalem<strong>en</strong>t tradition et confort. Le séjour,<br />
nef longitudinale, est couvert par une voûte de référ<strong>en</strong>ce catalane.<br />
Ce module, id<strong>en</strong>tique pour chaque maison, est l’élém<strong>en</strong>t<br />
phare de la composition de la maison.<br />
La mise <strong>en</strong> oeuvre de la voûte catalane de la maison Sarabhaï<br />
est décrite ainsi: «Comme structure, des voûtes catalanes : berceaux<br />
de tuiles plates montées au plâtre sans coffrage, doublés<br />
d’un rang de briques hourdées au cim<strong>en</strong>t. Ces demi-cylindres<br />
port<strong>en</strong>t sur des murs par l’intermédiaire d’un linteau de béton brut.<br />
La composition consiste à ouvrir des trous dans ces murs, tout<br />
parallèles, <strong>en</strong> jouant des pleins et des vides. Mais <strong>en</strong> jouant int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t<br />
le jeu architectural. 108 »<br />
Dans les maisons Jaoul, les voûtes, mises <strong>en</strong> oeuvre par Bertocchi,<br />
sont réalisées à l’aide d’un cintre mobile, déplacé à chaque<br />
rangée de brique (plates d’une dim<strong>en</strong>sion précise de 29 x 14 x<br />
1.5 cm). Plusieurs strates de ces briques plates sont necéssaires<br />
à assurer la stabilité de l’<strong>en</strong>semble. Afin d’absorber la pousée laté-<br />
108 Le Corbusier, Oeuvre complète, Volume 6 1952-1957, Willi<br />
Boesiger, Ed. Artémis, p.126
ale des voûtes, des tirants ont du être ajoutés;<br />
dans la méthode traditionnelle l’épaisseur des<br />
murs suffit à absorber cette force.<br />
Dans le cas du Merlier, les voûtes sembl<strong>en</strong>t<br />
avoir été construites selon un procédé alliant<br />
tradition et avantages du béton armé (cf. plan<br />
des ferraillages 162ifa1017/3). Elles sont<br />
particulièrem<strong>en</strong>t surbaissées et carrelées de<br />
terre cuite. Le doute concernant le mode la<br />
construction des voûte s’illustre particulièrem<strong>en</strong>t<br />
par la prés<strong>en</strong>ce de tirants sur les plans<br />
de l’ATM, et leur abs<strong>en</strong>ce concrète dans les<br />
maisons.<br />
Une fois l’étanchéité assurée, les voûtes sont<br />
recouvertes de terre arable et le dessus de la<br />
maison est traités <strong>en</strong> jardin, garantissant une<br />
bonne régulation thermique intérieure.<br />
Les m<strong>en</strong>uiseries sont <strong>en</strong> pin d’Oregon (boiseries,<br />
contrev<strong>en</strong>ts plaqués, persi<strong>en</strong>nes accordéons,<br />
protection solaire, volets...).<br />
Dissociation des fonctions de la f<strong>en</strong>être;<br />
ouvrant, fixe, moustiquaire derrière les ouvertures<br />
de v<strong>en</strong>tilation,....<br />
Les revêtem<strong>en</strong>ts intérieurs sont simples et<br />
chaleureux; catelles de terre cuite pour les sols<br />
des chambres et des séjours; <strong>en</strong>duits de plâtre<br />
blancs pour les murs.<br />
A l’extérieur de chaque maison, près de l’<strong>en</strong>trée,<br />
est fixé un élém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> terre cuite montrant<br />
son numéro; c’est une tradition prov<strong>en</strong>çale<br />
égalem<strong>en</strong>t.<br />
145
à gauche<br />
• cheminée <strong>en</strong> construction<br />
et vue de la composition<br />
du mur (briques<br />
creuses isolantes)<br />
162ifa 808/6<br />
• vue extérieure de la<br />
composition de la maison;<br />
porteur et gardecorps<br />
<strong>en</strong> béton coulés sur<br />
place, remplissage.<br />
162ifa 808/6<br />
à droite<br />
• extraits de plans<br />
Dossier: plan de fondation<br />
et détail de béton,<br />
plan des feraillages<br />
Coupes de détail,<br />
Echelle des dessins d’origine<br />
1:10<br />
Coupe EE longitudinale,<br />
coupe CC transversale,<br />
détail de deux acrotères<br />
août 1963, schéma<br />
constructif JLV, août 1963<br />
162ifa 1017/3<br />
146
147
à gauche<br />
Détail matériaux<br />
Photographies personnelles,<br />
novembre 2011<br />
• catelles de terre cuite<br />
de sol des chambres du<br />
rez-de-chausée<br />
maison 32<br />
• briques de terre cuite,<br />
face interne de la voûte,<br />
séjour, maison 9<br />
• porte d’<strong>en</strong>trée, cadre<br />
<strong>en</strong> pin d’Oregon, et<br />
vitrage protecteur d’origine,<br />
maison 4<br />
• desc<strong>en</strong>te d’escalier<br />
depuis le séjour vers le<br />
hall du rez-de-chaudssée,<br />
maison 32<br />
• détail du claustra, patio<br />
de la maison 21, le long<br />
de la ruelle qui mène à la<br />
place (A)<br />
à droite<br />
• vue intérieure du séjour<br />
qui s’ouvre vers le sud;<br />
plaquette publicitaire<br />
F.Leredu,<br />
archives personelles<br />
• vue de la loggia du<br />
séjour de la maison 9;<br />
jardinière dôrigine,<br />
élém<strong>en</strong>t préfabriqué <strong>en</strong><br />
béton, volets coulissants<br />
<strong>en</strong> pin d’oregon et face<br />
interne de la oûte <strong>en</strong><br />
briques appar<strong>en</strong>tes.<br />
• vue «<strong>en</strong> coupe» de la<br />
baie du séjour, maison 9<br />
148
149
à gauche<br />
Détail matériaux<br />
Photographies personnelles,<br />
novembre 2011<br />
• crépi de l’ossature ,<br />
maison 8<br />
150<br />
• crépi fin du mur de<br />
remplissage, maison 17<br />
• pierre naturelle du<br />
Vaucluse, revêtem<strong>en</strong>t des<br />
espaces extérieurs; ici<br />
impasse <strong>en</strong>treles maisons<br />
14 et 15<br />
• traitem<strong>en</strong>t du mur de<br />
remplissage de la maison<br />
du gardi<strong>en</strong>; cailloux du<br />
site même, incrustés dans<br />
le mortier clair; Jean-<br />
Louis Véret faisait «un<br />
essai de façade» selon<br />
les propos de Gérard<br />
Thurauer, novembre<br />
2011,Paris<br />
• vue rapprochée de<br />
l’appar<strong>en</strong>ce du béton<br />
d’origine sur le bloc de<br />
transformation, d’origine,<br />
situé au dessus des<br />
garages du groupe B.<br />
(peint à l’heure actuelle<br />
de la même couleur que<br />
l’ossature des maisons)<br />
à droite<br />
• les trois matériaux principaux,<br />
vue de l’accès<br />
Est p<strong>en</strong>dant le chantier;<br />
séjour de la maison 7,<br />
cliché JLV,<br />
162ifa 808
151
152<br />
• point d’eau à l’angle<br />
des maisons 10 et 11<br />
cliché: juin 2011<br />
• plan du plan d’eau par<br />
J.A Perrier, 162ifa 1010/1<br />
• arrière de la maison 16,<br />
bac planté, traité <strong>en</strong><br />
banc public, revêtu de<br />
carreaux de céramiques,<br />
cliché: septembre 2011<br />
• toiture «caillou» de la<br />
maison12<br />
cliché: septembre 2011<br />
• fontaine de la place (B)<br />
reportage de fin de chanti<strong>en</strong>,<br />
Cardot-Joly, 1965<br />
162ifa 808/6<br />
• vue actuelle de la fontaine,<br />
vidée de son eau<br />
cliché: juin 2011<br />
• banc sur la place (B),<br />
adossé à la maison 9<br />
revêtem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> carreaux<br />
de céramique<br />
• portillon pour les poubelless;<br />
chaque maison<br />
possède un portillon de<br />
ce g<strong>en</strong>re, donnant dans le<br />
patio de chaque maison<br />
et permettant de stocker<br />
les déchets avant que le<br />
gardi<strong>en</strong> ne les récupère<br />
par la rue.<br />
2.3.6 Décoration extérieure et végétation<br />
Dé C o r at i o n e t moBiLier e x t é r i e u r<br />
Plusieurs point d’eau ou fontaines ponctu<strong>en</strong>t le village; la plus<br />
grande est située sur la place 2° (B); dessinée par le sculpteurcéramiste<br />
Jean-Ambroise Perrier, elles sont revêtues de carreaux<br />
de céramiques bleues (20x20cm).<br />
Une petite fontaine est située à l’angle des maisons n° 10 et 11.<br />
Certains murs sont parés de ces catelles décoratives -bleues,<br />
vertes, et blanches, parfois avec des motifs. La surface externe<br />
des bancs <strong>en</strong> est revêtue égalem<strong>en</strong>t; dessinées par les architectes,<br />
ils intègr<strong>en</strong>t une partie de l’éclairage public. L’éclairage nocturne<br />
est p<strong>en</strong>sé de manière à être très doux pour ne pas éblouir,<br />
afin qu’on puisse voir les étoiles, «que l’on ne peut pas voir quand<br />
la lumière vi<strong>en</strong>t du haut». La lumière est diffusée sur le sol et éclaire<br />
de manière plus douce, <strong>en</strong> se réflectant sur les façades.<br />
so L s<br />
Le revêtem<strong>en</strong>t des sols est fait de plaques de pierre naturelle;<br />
pierre locale ou du Vaucluse. Les ruelles sont pavées avec des<br />
pierres de deux largeurs; 86 cm et ... cm; séparés par les 15 cm<br />
de la canalisation (eaux pluviales) qui parcourt tout le village de<br />
haut <strong>en</strong> bas 109 .<br />
to i t u r e s e t e a u<br />
Les pièces s’ouvr<strong>en</strong>t sur des terrasses plantées, traitées dans<br />
l’esprit des restanques 110 . Les toitures végétalisées, assurant le<br />
confort thermique été comme hiver, sont animées par élém<strong>en</strong>ts<br />
techniques traités de manière sculpturale; conduit de cheminée<br />
et p<strong>en</strong>te d’évacuation de l’eau pluviale (gaine technique <strong>en</strong>tre la<br />
cuisine et le séjour) et le trop plein d’eau évacué par une gargouille<br />
latétale. Ces formes contrast<strong>en</strong>t avec les lignes régulières et pures<br />
des maisons.<br />
109 cf. réseaux et évacuation de l’eau; ifa 1017/2, devis 62-63<br />
110 Généralisées <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce a partir du 18 ème , mur de ret<strong>en</strong>ue<br />
<strong>en</strong> pierres sèches, laissant passer l’eau pour la culture <strong>en</strong> terrasse.
153
• croquis pour le projet<br />
de végétalisation du<br />
village du Merlier, Etablissem<strong>en</strong>ts<br />
horticoles et<br />
pépinières H.Fisch, 1964<br />
162ifa 1010/1<br />
• mûrier platane jeune,<br />
planté dans le bac d’origine<br />
de la placette (E)<br />
cliché: novembre 2011<br />
154<br />
• plantes grasses dans<br />
une jardinière<br />
cliché: juin 2011<br />
• vigne grimpante sur la<br />
villa 31, dont le crépi de<br />
l’ossature n’a pas été<br />
repeint<br />
cliché: novembre 2011<br />
• fontaine de la place (B)<br />
reportage de fin de chantier,<br />
Cardot-Joly, 1965<br />
162ifa 808/6<br />
• deux mûriers-platanes,<br />
côté Ouest de la place (A)<br />
cliché: juin 2011<br />
• bougainvillées de la<br />
maison 17, donnant sur la<br />
place (A)<br />
cliché: septembre 2011<br />
• vue du village (maisons<br />
30 et 34) depuis la pinère<br />
à l’Ouest du village<br />
cliché: juin 2011<br />
double page<br />
• 162ifa 809<br />
vé G é tat i o n e t P L a n tat i o n s<br />
Le climat tempéré local permet toute l’année de profiter d’une<br />
végétation sans cesse verte et <strong>en</strong> fleur.<br />
Bordé par une belle pinède, le village accueille une végétation<br />
savamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue -par les gardi<strong>en</strong>s et les résid<strong>en</strong>ts euxmêmes-;<br />
ess<strong>en</strong>ces méditerrané<strong>en</strong>nes, balcons et jardins fleuris,<br />
toitures à herbes folles; sa prés<strong>en</strong>ce foisonnante r<strong>en</strong>force judicieusem<strong>en</strong>t<br />
le caractère local du village.<br />
Les plantations à l’intérieur du village font l’objet d’une att<strong>en</strong>tion<br />
particulière. En voici quelques exemples, <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>ts<br />
aujourd’hui;<br />
«Pour le village: pins parasols, platanes, mûrier platanifolia, lauriersroses<br />
tiges forts, cyprès pyramide, mimosas floribundas, cyprès<br />
pyramide pour haies, plantes grimpantes variées -bougainvillées,<br />
bignonia, rosiers grimpants, lierres, jasmins, chèvrefeuilles, volubilis,<br />
polygonum-, arbustes à fleurs -lauriers-rose, laurier-cerise,<br />
pittosporum, abelia, buddleya-, lagerstroemia.<br />
Pour les zones à replanter: mimosas 4 saisons, faux-poivriers,<br />
eucalyptus pots, pin d’Alep, tamaris.<br />
Pour les zones des maquis et arbres: arbousiers, chênes verts,<br />
pin d’Alep, romarins, g<strong>en</strong>êtes, cyprès, crataegus et cotoneasters,<br />
pins parasols et oliviers 111 ».<br />
111 cf. devis descriptif et estimatif pour l’aménagem<strong>en</strong>t des<br />
espaces verts et plantations, Etablissem<strong>en</strong>ts horticoles et pépinières<br />
H.Fisch Antibes - montant total du devis 10614000 VF, cf. 162ifa<br />
1010/1
155
156
157
aménagem<strong>en</strong>ts du bord<br />
de mer<br />
• vue vers le village<br />
depuis les rochers au sud;<br />
le village, situé dans un<br />
creux se terminant <strong>en</strong> calanque<br />
disparaît presque<br />
déjà.<br />
cliché: JLV, 1985, 162ifa<br />
808/6<br />
158<br />
• vue de la calanque<br />
«sauvage» <strong>en</strong> 1961<br />
cliché: ATM, mai 1961<br />
162ifa 808/5<br />
• et vue du cap Camarat<br />
avec son phare;<br />
cliché: ATM, mai 1961<br />
162ifa 808/5<br />
• vue des aménagem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> bord de mer depuis la<br />
«terrasse» du village, situé<br />
<strong>en</strong> avant des maisons<br />
30 et 31, donc sur la ligne<br />
de crête.<br />
cliché: J.Pelletier, 1996,<br />
162ifa 809<br />
2.3.7 Aménagem<strong>en</strong>ts du bord de mer<br />
cf. § 2.3.2 «accès à l’eau (K)»<br />
Il était prévu que le bord de mer, au pied des trois villages<br />
bas, soit aménagé pour permettre un accès facile à l’eau et<br />
disposer d’un petit port pour les bateaux.<br />
La côte est ici relativem<strong>en</strong>t hostile; quelques accès à l’eau<br />
aménagés dans la roche permett<strong>en</strong>t une baignade presque<br />
sauvage. Il s’agit <strong>en</strong> fait de raccords faits à même la roche<br />
naturelle -faits de cette même roche. Quelques marches<br />
complèt<strong>en</strong>t un escalier naturel, ou r<strong>en</strong>dant possible l’accès<br />
à la mer; ainsi que prom<strong>en</strong>ade du Littoral réhabilité.<br />
Les étude géologiques 112 relèv<strong>en</strong>t le point important que les<br />
rochers du bord de mer, <strong>en</strong> bas du site du village du Merlier,<br />
sont particulièrem<strong>en</strong>t beaux; il est dès lors prévu que l’accès<br />
à l’eau sera amélioré dans ces rochers existants. On travaille<br />
donc par petites interv<strong>en</strong>tions; quelques marches et de petites<br />
plateformes au raz de l’eau, permettant la baignade et<br />
les bains de soleil.<br />
Le chemin principal de desc<strong>en</strong>te -depuis le village <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong>droits (M)- sera lui aussi aménagé avec la plus grande<br />
douceur/parcimonie, et quelques consolidation dans la<br />
p<strong>en</strong>te. Il suffit que sa largeur avoisine au max les 1.50m et le<br />
chemin <strong>en</strong> terra battue sera amélioré de «quelques marches<br />
construites aux <strong>en</strong>droits où des obstacles ne peuv<strong>en</strong>t êtres<br />
franchis avec une p<strong>en</strong>te aisém<strong>en</strong>t praticable».<br />
112 Voir étude géologique, Fonds ATM - 162ifa 1017/3.
159
aménagem<strong>en</strong>ts du bord<br />
de mer aujourd’hui<br />
à gauche<br />
• vue au pied de la ligne<br />
de crête délimitant le<br />
village à l’Ouest; marches<br />
d’escaliers aménagées<br />
dans la roche<br />
cliché: septembre 2011<br />
• rochers naturels permettant<br />
de s’installer au<br />
bord de mer<br />
clichés: juin 2011<br />
160<br />
à droite<br />
• clôture de la STEP à<br />
l’Est du village,<br />
cliché: novembre 2011<br />
• ligne de crête à l’Est du<br />
village,<br />
cliché: novembre 2011<br />
pages suivantes<br />
à gauche<br />
• plateforme pour les<br />
bateaux, abîmée actuellem<strong>en</strong>t<br />
cliché: juin 2011<br />
• vue d’<strong>en</strong>semble de la<br />
calanque aménagée pour<br />
le bain de mer<br />
cliché: novembre 2011<br />
à droite<br />
• vue du cap Cartaya<br />
depuis la route d’accès<br />
au Merlier<br />
cliché: novembre 2011<br />
• vue dans le même<br />
direction , au pied du<br />
village<br />
cliché: novembre 2011<br />
double page<br />
• vue rapprochée des<br />
rochers du bord de mer<br />
cliché: septembre 2011
161
162
163
164
165
•Le Domaine duchâteau<br />
de Volterra <strong>en</strong>tr’ouvre ses<br />
portes à quelques demeures<br />
de haute qualité, Le Monde<br />
4 juillet 1963<br />
• «4 amis bâtiss<strong>en</strong>t le «paradis»<br />
Candide, 6-11 septembre<br />
1964<br />
Cf. dossier de presse 162ifa<br />
1018/3<br />
166<br />
2.3.8 Réception<br />
La réalisation saluée assez vite par la critique pour ses qualités<br />
urbanistiques et architecturales; pour son esthétique moderne,<br />
pour ses installations luxueuses, pour sa capacité à avoir préservé<br />
le reste du site,...<br />
Publié dès la fin de 1964 par des revues françaises et étrangères<br />
(voir bibliographie), le village du Merlier semble plaire à tous; architectes<br />
et acteurs locaux.<br />
Projet phare de l’histoire de l’architecture (....), recherche qui<br />
constituait une «sorte de modèle d’éthique professionnelle 113 »<br />
pour le milieu architectural français.<br />
«Le projet s’inscrit dans le cadre d’une réflexion qui, à l’époque<br />
des grands <strong>en</strong>sembles, condamnait ouvertem<strong>en</strong>t la tradition académique<br />
incapable de répondre aux données du temps prés<strong>en</strong>t<br />
et les solutions universelles conduisant aux projets de tours et<br />
de barres 114 », et proposait une «architecture remarquable faisant<br />
avancer la p<strong>en</strong>sée urbaine 115 ».<br />
113 Voir article de François Chaslin, l’atelier des trois mousquetaires,<br />
le Moniteur des TPB, supplém<strong>en</strong>t au n°6, février 1982<br />
114 France Architecture 1965-1988. Jacques Lucan, collection<br />
T<strong>en</strong>dances de l’architecture contemporaine, Ed. Electa Moniteur, 1989<br />
p.19<br />
115 Voir article de Christian Devilliers, histoire de l’architecture<br />
contemporaine: cinq étapes, Urbanisme n°288, mai/juin 1996, p.42
167
168<br />
3PROBLEMATIQUE ACTUELLE<br />
3.1 Actualité touristique <strong>en</strong> <strong>Côte</strong> d’Azur<br />
Le tourisme s’est développé et a pris, au fil du siècle passé, une<br />
place importante dans la société, représ<strong>en</strong>tant aujourd’hui un<br />
secteur économique de première importance pour la France 116 .<br />
Les côtes – dont le littoral méditerrané<strong>en</strong> - sont les principales<br />
destinations estivales 117 . Elles subiss<strong>en</strong>t chaque été une véritable<br />
invasion touristique, dont les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales<br />
sont très importantes: urbanisation d<strong>en</strong>se et grandissante (98%<br />
du littoral du départem<strong>en</strong>t des Alpes-Maritimes est construit), problèmes<br />
écologiques dus à la pollution terrestre et aquatique, nuisances<br />
diverses,…<br />
Le départem<strong>en</strong>t du Var accueille plus de dix millions de touristes<br />
chaque année, ce qui <strong>en</strong> fait la deuxième plus importante destination<br />
touristique <strong>en</strong> France (la première étant la capitale). Sa forte<br />
attractivité s’explique notamm<strong>en</strong>t par la beauté des paysages, par<br />
la notoriété de nombreux sites ainsi que la diversité de ses modes<br />
d’hébergem<strong>en</strong>ts et de villégiature.<br />
116 Le Tourisme <strong>en</strong> France édition 2008, p.11-31 Vue d’<strong>en</strong>semble<br />
«Le tourisme : un secteur économique porteur», Marie-Anne Le Garrec<br />
Il s’agit d’un chiffre basé sur l’estimation de la consommation touristique<br />
<strong>en</strong> France. Un tiers de cette consommation est effectué par les<br />
touristes étrangers. Le tourisme est le premier secteur contributeur<br />
dans les échanges extérieurs de la France (...) Le tourisme est l’un des<br />
premiers secteurs créateurs d’emplois depuis 2004.<br />
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/FRATOUR08a.PDF<br />
117 Le bord de mer est l’espace privilégié des français pour les<br />
vacances d’été; il y pass<strong>en</strong>t la moitié de leur nuitées. (espaces touristiques<br />
pris <strong>en</strong> compte: mer 49.6%, montagne 18,8%, campagne 29.9%,<br />
ville 24.2%, et «autre espace» 8.9%) source: SDT - Eté 2009, direction<br />
du tourisme, TNS-Sofres- Les activités favorites sont la prom<strong>en</strong>ade,<br />
la plage, ainsi que la visite de villes, de monum<strong>en</strong>ts ou de sites naturels.
En ce qui concerne les choix des Français<br />
pour leur vacances d’été, ils «choisiss<strong>en</strong>t<br />
d’abord des hébergem<strong>en</strong>ts non marchands:<br />
ils résid<strong>en</strong>t chez leur famille (30% des nuitées<br />
de vacances) ou leurs amis (6%) ou <strong>en</strong>core<br />
dans leur résid<strong>en</strong>ce secondaire (17%).<br />
Parmi les hébergem<strong>en</strong>ts marchands, ce sont<br />
les locations et les campings qui arriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
tête avec chacun 11 % des nuitées d’été ;<br />
vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite les hôtels (9 %), les villages<br />
de vacances et les résid<strong>en</strong>ces de tourisme<br />
(7% à eux deux), puis les gîtes et chambres<br />
d’hôtes (4%).<br />
La prom<strong>en</strong>ade et la randonnée sont les activités<br />
les plus pratiquées et concern<strong>en</strong>t 55<br />
% des séjours de vacances. La baignade et<br />
la plage vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deuxième position (30%<br />
des séjours <strong>en</strong> 2007, (…)). La visite de ville<br />
est la troisième activité pratiquée, <strong>en</strong> légère<br />
hausse <strong>en</strong> 2007 (27%). La visite de sites naturels,<br />
quatrième activité, est de plus <strong>en</strong> plus<br />
pratiquée <strong>en</strong> vacances (20%), et passe devant<br />
les visites de musées, expositions, sites historiques<br />
(16%). Enfin, le shopping <strong>en</strong> ville arrive<br />
<strong>en</strong> cinquième position: il concerne 12 % des<br />
séjours de vacances. 118 »<br />
La <strong>Côte</strong> d’Azur prés<strong>en</strong>te donc une santé<br />
économique liée au tourisme, que l’on<br />
peut juger durable et offre un style de villégiature<br />
que beaucoup recherch<strong>en</strong>t.<br />
118 Le Tourisme <strong>en</strong> France édition 2008 ,<br />
«Les vacances des français depuis quarante ans»,<br />
Laur<strong>en</strong>ce Dauphin, Marie-Anne Le Garrec et Frédéric<br />
Tardieu, http://insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/<br />
ref/fratour08c.PDF<br />
Les départem<strong>en</strong>ts des Alpes maritimes et du<br />
Var (côte d’Azur) sont réputés pour leur douceur<br />
de vivre, mais égalem<strong>en</strong>t pour la rudesse<br />
de ces élém<strong>en</strong>ts : massifs <strong>en</strong>chevêtrées, vallées<br />
étroites et profondes,… De la frontière itali<strong>en</strong>ne<br />
à Toulon, l’urbanisation est constante et<br />
int<strong>en</strong>sive. Autour de Nice, les Alpes tomb<strong>en</strong>t<br />
abruptem<strong>en</strong>t dans la mer; plus à l’Est, la côte<br />
est ponctuée de dépressions dans lesquelles<br />
se sont développées les stations balnéaires<br />
-Cannes par exemple- et qui se termin<strong>en</strong>t sinon<br />
<strong>en</strong> plages idylliques dans la Méditerrannée.<br />
Le littoral varois -de Fréjus à Toulon- la côte<br />
est rocheuse (l’Estérel desc<strong>en</strong>d dans la mer);<br />
les plages, et les stations, y sont plus petites.<br />
L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t y est plus sauvage et hostile<br />
de prime abord. Ces falaises abruptes lui ont<br />
donc évité une urbanisation trop invasive 119 . Le<br />
village du Merlier est d’autant plus à l’écart de<br />
l’urbanisation du littoral qu’il est niché sur un<br />
versant isolé du Cap Camarat.<br />
La note publicitaire qui prés<strong>en</strong>te le village de<br />
Ramatuelle cerne bi<strong>en</strong> le climat qu’offre la région:<br />
«Ramatuelle rassemble sur son territoire<br />
des atouts qu’affectionn<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t<br />
les touristes : un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t de qualité<br />
et préservé, des installations variées dédiées<br />
aux sports et aux loisirs, une animation culturelle<br />
riche et séduisante. Ramatuelle côté tourisme,<br />
c’est un patrimoine naturel exceptionnel<br />
qui façonne un paysage que beaucoup<br />
<strong>en</strong>vi<strong>en</strong>t(...) 120 »<br />
119 Tourismes <strong>en</strong> Europe, Action touristique,<br />
J.-P.Pasqualini et B.Jacquot, Ed. Dunod, 1992<br />
120 cf. Site officiel de la commune de Ramatuelle;http://www.ramatuelle.fr/-La-vie-touristique-<br />
169
170<br />
• vue du Merlier depuis la<br />
mer,<br />
cliché JLV, août 1963<br />
162 ifa 809/2<br />
• vue du village depuis la<br />
route d’accès,<br />
cliché: JLV non daté, 162ifa<br />
809<br />
3.2 – Le v I L L A g e A U j O U r d’H U I<br />
3.2.1 Id<strong>en</strong>tité et esprit d’origine<br />
Le village du Merlier accueille depuis près de cinquante ans ses<br />
habitants sur ce bord de mer. Le village possède un caractère<br />
préservé; l’<strong>en</strong>droit est d’une grande beauté, calme et reposant. Il<br />
s’y dégage une ambiance de réel r<strong>en</strong>dez-vous avec la Méditerranée.<br />
La demande actuelle <strong>en</strong> hébergem<strong>en</strong>t dans la région étant très<br />
forte, ces maisons connaiss<strong>en</strong>t aujourd’hui un succès <strong>en</strong>core<br />
plus grand qu’à l’époque de leur mise sur le marché immobilier.<br />
(La valeur d’un des maisons se chuchote actuellem<strong>en</strong>t autour du<br />
million d’euros.)<br />
Le caractère exceptionnel de cette réalisation mérite une att<strong>en</strong>tion<br />
sur un long terme. Malgré son intérêt patrimonial, il ne doit pas se<br />
figer <strong>en</strong> un musée, et doit continuer à s’abîmer et à être réparé...<br />
Le Label semble être un bon point de départ pour sa «conservation<br />
vivante ». Les habitations form<strong>en</strong>t un village, presque «traditionnel».<br />
Peut être un jour ne saura-t’on plus si c’est un village<br />
vernaculaire ou s’il a été conçu de toute pièce!<br />
Plusieurs personnes y travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui. Le premier<br />
gardi<strong>en</strong> à s’y être installé <strong>en</strong> juin 1967, Honoré Carabin, était le<br />
père -dont l’épouse t<strong>en</strong>ait le bureau de v<strong>en</strong>te à l’<strong>en</strong>trée du Domaine-<br />
de l’actuelle gardi<strong>en</strong>ne, qui <strong>en</strong> a repris la responsabilité avec<br />
son époux -Marie-Paule et Gilbert Quevedo. Cette histoire familiale<br />
a certainem<strong>en</strong>t fait perdurer beaucoup de l’esprit d’origine.<br />
Ils ont habité la maison du gardi<strong>en</strong>, puis le reste du projet étant<br />
abandonné ils ont déménagé dans une construction nouvelle à<br />
l’<strong>en</strong>trée du Merlier.<br />
L’état actuel du village -jugé très bon dans l’<strong>en</strong>semble- est détaillé<br />
ci-après; un conseil syndical gère la copropriété (Cabinet Jacques<br />
Réveille, Résid<strong>en</strong>ce du Port à Saint-Tropez); une charte d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />
(confid<strong>en</strong>tielle) a été établie.
171
• vue depuis le chemin d’accès<br />
(L) au village; la barrière<br />
et la maison (nouvelle) du<br />
gardi<strong>en</strong>,<br />
cliché: septembre 2011<br />
• vue du groupe A de garages,<br />
et de la maison actuelle<br />
du gardi<strong>en</strong> dans son prolongem<strong>en</strong>t,<br />
cliché: novembre 2011<br />
• plan schématique de<br />
l’implantation de la nouvelle<br />
maison du gardi<strong>en</strong><br />
172<br />
• vue des façades, cliché:<br />
Fonds Cardot-Joly, 1965<br />
162 ifa 808/6<br />
• vue du village <strong>en</strong> décembre<br />
2007, cliché: D.Delaunay,<br />
dans L’Atelier de Montrouge,<br />
la Modernité à l’Oeuvre,<br />
1858-1981, Catherine Blain,<br />
Arles, Ed. Actes Sud-Cité de<br />
l’architecture et du patrimoine,<br />
2008, p.34<br />
3.2.2 Etat actuel et changem<strong>en</strong>ts majeurs<br />
Les points mis <strong>en</strong> avant dans ce chapitre sont le résultat de recherches<br />
docum<strong>en</strong>taires permettant de recréer l’histoire et la g<strong>en</strong>èse<br />
du projet et d’une analyse visuelle du site et de ses abords.<br />
aj o u t D e La n o u v e L L e m a i s o n D u G a r D i e n<br />
de la maison actuelle des gardi<strong>en</strong>s ainsi que d’un portail<br />
d’<strong>en</strong>trée, transformant fortem<strong>en</strong>t la séqu<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>trée. Lorsque<br />
la réalisation du projet d’<strong>en</strong>semble est abandonnée, une petite<br />
maison est construite à leur int<strong>en</strong>tion à l’<strong>en</strong>trée du village. La réalisation<br />
-d’un architecte local- s’intègre assez respectueusem<strong>en</strong>t<br />
dans le prolongem<strong>en</strong>t des garages; le traitem<strong>en</strong>t extérieur est<br />
id<strong>en</strong>tique.<br />
Ex p r E s s i o n d E s m at é r i a u x<br />
La question de la réversibilité se pose pour les ossatures; <strong>en</strong><br />
béton brut à l’origine elles sont très vite <strong>en</strong>duites à la chaux par les<br />
deuxièmes promoteurs (1965-67)qui peinai<strong>en</strong>t à faire apprécier à<br />
leurs acheteurs de l’époque l’appar<strong>en</strong>ce brutaliste des maisons.<br />
Lors de la première campagne d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (au début des années<br />
2000 selon <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec les gardi<strong>en</strong>s), les dégradations du béton<br />
sont réparées et un crépi est alors posé ; celui-ci, de couleur<br />
beige (légèrem<strong>en</strong>t rosé) réfère plus aux constructions <strong>en</strong>vironnantes<br />
que la volonté d’origine. L’empreinte du coffrage (planches de<br />
bois fines), «sans revêtem<strong>en</strong>t ni fioriture» n’est plus du tout visible;<br />
l’aspect était <strong>en</strong> effet bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>t.<br />
L’év<strong>en</strong>tualité d’un retour à l’appar<strong>en</strong>ce initiale mériterait d’être approfondi;<br />
dans la mesure d’une nouvelle campagne d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, il<br />
importerait d’<strong>en</strong>visager des travaux sur les ossatures afin qu’elles<br />
retrouv<strong>en</strong>t leur langage de béton brut gris. En aucun cas cette<br />
mesure n’est obligatoire, et il s’agit de vérifier sa faisabilité avant<br />
tout pour ne pas mettre <strong>en</strong> danger la structure des villas.
aj o u t D e La m a i s o n a C t u e L L e D e s G a r D i e n s<br />
aP Pa r e n C e G é n é r a L e<br />
173
• chambre du rez-de-chaussée,<br />
cliché:Fonds Cardot-<br />
Joly, 1965<br />
Bilbliothèque Kandinsky<br />
http://bibliothequekandinsky.c<strong>en</strong>trepompidou.fr<br />
•garde corps ajouré <strong>en</strong> élém<strong>en</strong>ts<br />
de briques d’origine<br />
(selon les gardi<strong>en</strong>s)<br />
cliché: juin 2011<br />
• système de fermeture des<br />
volets<br />
cliché: novembre 2011<br />
• STEP au bas du village cliché<br />
anonyme et non daté,<br />
(1964 ou 1965)<br />
162 ifa 808/6<br />
174<br />
eL é m e n t s C o n s t r u C t i f s<br />
Les boiseries prés<strong>en</strong>tes sont d’une très belle qualité et extrêmem<strong>en</strong>t<br />
bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues (certaines maisons les ont remplacé<br />
par des stores <strong>en</strong> métal). Les coulissants couliss<strong>en</strong>t toujours; les<br />
persi<strong>en</strong>nes sont intactes,... seules quelques moustiquaires sont<br />
régulièrem<strong>en</strong>t remplacées, mais cela ne remet pas <strong>en</strong> cause la<br />
conception. La fermeture des volets ets d’ailleurs impressionnante;<br />
il s’agit simplem<strong>en</strong>t d’une sorte de clou qui se fiche au travers<br />
du volet et de la paroi intérieure, et que l’on sécurise de l’intérieur.<br />
Ce verrou est d’une simplicité magnifique et son efficacité n’a<br />
jamais été mise à mal!<br />
Les catelles de terre cuite des sols et plafonds -sauf de rares<br />
exceptions- sont <strong>en</strong> bon état et ont été <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues, soit par les<br />
propriétaires eux-mêmes soit par les gardi<strong>en</strong>s.<br />
Les chambres, initialem<strong>en</strong>t peintes <strong>en</strong> blanc ont été, pour la plupart,<br />
repeintes maintes fois depuis; inévitablem<strong>en</strong>t y on trouve<br />
aujourd’hui de nombreuses couleurs...<br />
Les élém<strong>en</strong>ts architecturaux «décoratif» sont d’origine et égalem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> bon état; claustras des patios; garde-corps <strong>en</strong> élém<strong>en</strong>ts<br />
de briques des terrasses, portillons d’<strong>en</strong>trée, niches techniques<br />
<strong>en</strong> bois,... Dans le village, les élém<strong>en</strong>ts d’agrém<strong>en</strong>t (bancs et fontaines)<br />
sont d’origine; les catelles <strong>en</strong> céramique ne sont par contre<br />
plus fabriquées et la marque qui les remplace ne propose pas<br />
exactem<strong>en</strong>t la même gamme de couleur; le problème se posera<br />
lors d’év<strong>en</strong>tuels dégâts à v<strong>en</strong>ir.<br />
ex t é r i e u r s<br />
L’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> des extérieurs est continuel; les gardi<strong>en</strong>s s’y attell<strong>en</strong>t au<br />
quotidi<strong>en</strong>; réparation des murets <strong>en</strong> pierre, des marches d’escalier,<br />
des plaques de pierres qui revêtiss<strong>en</strong>t le sol,... les aménagem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> bord de mer, bi<strong>en</strong> que succincts, demand<strong>en</strong>t chaque<br />
année une interv<strong>en</strong>tion particulière. Le revêtem<strong>en</strong>t du court de<br />
t<strong>en</strong>nis a été remplacé récemm<strong>en</strong>t. Et plusieurs jardiniers <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
la végétation exubérante prés<strong>en</strong>te dans le village.
fo n C t i o n e t C o n f o r t<br />
Les dispositions générales des maisons rest<strong>en</strong>t<br />
adaptées et correspond<strong>en</strong>t aux modes<br />
de villégiature au Merlier. Le confort du point<br />
de vue des exig<strong>en</strong>ces actuelles y est modeste<br />
mais raisonnable, même dans le cas d’une<br />
habitation annuelle.<br />
Le climat intérieur est bon et les maisons sont<br />
confortables à l’année -grâce à la cheminée.<br />
Certaines maisons serai<strong>en</strong>t un peu trop chaudes,<br />
selon leurs habitants, mais ce sont celles<br />
dont les baies ont été avancées (voir le cas<br />
particulier des « Jardinières »). L’aménagem<strong>en</strong>t<br />
de la toiture régule et rafraîchit la température.<br />
Les maisons sont parfaitem<strong>en</strong>t fonctionnelles<br />
pour un usage actuel. (Poubelles,...)<br />
On peut faire une seule grande chambre des<br />
deux qui se situ<strong>en</strong>t au rez-de-chaussée si nécessaire.<br />
La salle de bain du rez-de-chaussée<br />
a été refaite dans certaines maisons, au gré<br />
des volontés des propriétaires.<br />
in s ta L L at i o n s<br />
Les canalisations sont <strong>en</strong> bon état 121 ; la STEP<br />
(traitem<strong>en</strong>t des eaux usées) d’origine fonctionne.<br />
Les réseaux électriques prévus à l’origine<br />
ont été facilem<strong>en</strong>t adaptés aux exig<strong>en</strong>ces actuelles<br />
(cf. cabanon de transformation électrique<br />
sur le haut du parking B).<br />
121 information prov<strong>en</strong>ant de la discussion<br />
avec les gardi<strong>en</strong>s, novembre 2011<br />
175
176<br />
• croquis illustrant le courrier<br />
de JLV<br />
162ifa1019<br />
•vue du séjour tel que dessiné<br />
par l’ATM<br />
cliché: novembre 2011<br />
• vue du séjour tel que<br />
modifié par le groupe de<br />
promoteur<br />
cliché: juin 2011<br />
• vue du séjour tel que Véret<br />
le propose comme «compromis»<br />
<strong>en</strong>tre les deux autres<br />
solutions<br />
cliché: juin 2011<br />
Le C a s Pa r t iC u L i e r D e s « ja r D i n i è r e s »<br />
(cf. dossier 162 ifa 1019)<br />
La société foncière du Château Volterra procède à quelques modifications<br />
sur la partie sud des séjours, regrettant que le «manque<br />
de vue vers la mer lorsqu’on est assis»: ils déplac<strong>en</strong>t «une pile de<br />
maçonnerie réalisée de part et d’autre de la baie, et plus <strong>en</strong> avant<br />
de 60 cm, ne laissant plus qu’un espace de 60cm de retrait<br />
du nu extérieur de la façade 122 ». En réponse à ce modifications,<br />
Jean-Louis Véret énonce, dans un courrier daté de juillet 1970,<br />
les conséqu<strong>en</strong>ces fâcheuses de cette modification:<br />
« 1° impossibilité de placer un dispositif efficace de protection<br />
des vues plongeantes et montantes vu l’espace trop réduit laissé<br />
à la loggia.<br />
2° Mauvaise protection des vitrages contre l’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t aux<br />
heures les plus chaudes. Cet inconvéni<strong>en</strong>t est d’autant plus important<br />
qu’une réduction des ouvertures de la salle de séjour est<br />
prévue<br />
3° la suppression des f<strong>en</strong>tes latérales de v<strong>en</strong>tilation de la loggia<br />
dont la fonction était d’éviter l’accumulation d’air chaud (égalem<strong>en</strong>t<br />
sous le bac a fleur)<br />
4° sur le plan technique, la modification de répartition des charges<br />
sur le porte-à-faux devrait être réexaminé: surtout pour les<br />
maisons dont les bacs ont été réalisés puis supprimés.<br />
5° Enfin sur le plan esthétique l’appar<strong>en</strong>ce de l’extrémité sud des<br />
salles de séjour est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t modifiée par le manque de<br />
profondeur des loggias. La suppression corollaire des dispositifs<br />
de protection des vues et des f<strong>en</strong>tes latérales de v<strong>en</strong>tilation accuse<br />
<strong>en</strong>core la modification. »<br />
La position de l’ATM est claire face à cette modification «inutile qui<br />
122 Cf. propos de Véret d’après les plans modifiés par le Bureau<br />
d’Etudes et de Coordination du Bâtim<strong>en</strong>t de Nice, dossier complet ifa<br />
1019
compromet le bon fonctionnem<strong>en</strong>t de la villa».<br />
Véret propose que chaque maison soit examinée<br />
au cas par cas, afin de définir la nécessité<br />
de ce dispositif de protection des vues. Pour<br />
certaines maisons, il est impératif de le maint<strong>en</strong>ir:<br />
celles qui ont des vues plongeantes dans<br />
les patios et terrasses des maisons voisines<br />
et des vues montantes depuis les ruelles et<br />
les places, afin de ne pas nuire à l’intimité tant<br />
recherchée dans la conception originale.<br />
Malgré tout, Jean-Louis Véret propose, pour<br />
les maisons pour lesquelles le mainti<strong>en</strong> du dispositif<br />
est catégorique:<br />
1° mainti<strong>en</strong> du principe du bac à fleur, mais<br />
diminution de sa hauteur de 82 cm à 70 cm<br />
afin qu’il reste <strong>en</strong> conformité avec le règlem<strong>en</strong>t<br />
de sécurité contre les risques de chute.<br />
2° adoption d’un dispositif ajouré dans le<br />
s<strong>en</strong>s de la vue vers la mer et barreaudage ou<br />
vitrage «triple» à la face intérieure (voir le croquis<br />
de Véret).<br />
L’ATM note <strong>en</strong>fin que, si la société juge ce<br />
dispositif proposé pas nécessaire, elle puisse<br />
toutefois garantir sa réalisation ultérieure, ce<br />
que la position avancée de la baie de la salle<br />
de séjour ne permet plus.<br />
Une simple barrière métallique «même pas<br />
digne du métro parisi<strong>en</strong> 123 » a remplacé bon<br />
nombre des jardinières <strong>en</strong> béton.<br />
123 voir film MALTAE<br />
177
• façade est de la maison du<br />
gardi<strong>en</strong><br />
cliché: JLV, 1965<br />
162ifa809<br />
178<br />
•vue de l’état actuel de la<br />
maison du gardi<strong>en</strong>;<br />
l’<strong>en</strong>trée du domaine sur la<br />
route du phare<br />
cliché: septembre 2011<br />
• vue intérieure du séjour de<br />
la maison 32, tel que modifié<br />
par le groupe de promoteur;<br />
la jardinière a disparu et est<br />
remplacées par une barrière<br />
métallique; la baie est<br />
avancée au delà de la f<strong>en</strong>te<br />
prévue pour la v<strong>en</strong>tilation<br />
de l aloggia; elle est fermée<br />
avec des pavés de verre.<br />
cliché: juin 2011<br />
• vue du séjour tel que Véret<br />
le propose comme «compromis»<br />
<strong>en</strong>tre les deux autres<br />
solutions<br />
cliché: juin 2011<br />
3.2.3 Recommandations pour la sauvegarde<br />
L’état général étant bon, peu de réparations sont nécessaires.<br />
Certains travaux localisés doiv<strong>en</strong>t toutefois être <strong>en</strong>treprises. Le<br />
principe de sauvegarde implique des interv<strong>en</strong>tions non destructrice<br />
de l’existant et fidèles aux choix d’origine.<br />
La m a i s o n D u G a r D i e n D e L’atm<br />
La maison du gardi<strong>en</strong> construite à l’<strong>en</strong>trée du domaine par l’ATM<br />
<strong>en</strong> 1965, délabrée et pillée quand elle a cessé d’être habitée, méritait<br />
assurém<strong>en</strong>t d’être restaurée; elle aurait pu servir de logem<strong>en</strong>t<br />
ou être vouée à dev<strong>en</strong>ir un petit lieu d’exposition -et à visiter pour<br />
elle-même. Une bonne nouvelle à son sujet vi<strong>en</strong>t de se décider<br />
à la municipalité de Ramatuelle, et des travaux -<strong>en</strong> contact avec<br />
l’architecte- pourrai<strong>en</strong>t débuter bi<strong>en</strong>tôt.<br />
vé G é tat i o n D e s toitures<br />
Certaines toitures manqu<strong>en</strong>t de végétation; ce serait du à une année<br />
particulièrem<strong>en</strong>t froide, certaines plantes n’ont pas survécu;<br />
il s’agit de revégétaliser les toitures pour assurer leur fonctions<br />
esthétiques et thermiques.<br />
Bé t o n B r u t e t a P Pa r e n C e D e L’o s s at u r e<br />
Comme cité dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t, une étude mérite d’être<br />
m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> vue de la prochaine campagne d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sur la question<br />
du traitem<strong>en</strong>t des bétons de l’ossature. Les dégâts dus à la<br />
carbonatation du béton doiv<strong>en</strong>t faire l’objet de réparation respectueuses<br />
de l’existant. Dans la mesure du possible, l’expression<br />
des matériaux <strong>en</strong> façade doit être retrouvée afin de na pas dénaturer<br />
le caractère initial voulu par les architectes. Les argum<strong>en</strong>ts<br />
liés à l’auth<strong>en</strong>ticité permett<strong>en</strong>t de justifier un tel retour, et devront<br />
être mis <strong>en</strong> avant lors des discussions avec les propriétaires.
aP Pa r e n C e G é n é r a L e D u v o L u m e D e s é-<br />
j o u r<br />
Le cas particulier des jardinières, expliqué<br />
plus haut, a fortem<strong>en</strong>t modifié l’appar<strong>en</strong>ce du<br />
volume du séjour; non seulem<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong><br />
danger de l’équilibre thermique est à déplorer,<br />
mais visuellem<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces sont immédiates.<br />
Pour poursuivre vers un év<strong>en</strong>tuel retour à l’état<br />
initialem<strong>en</strong>t projeté (loggia avec jardinière et position<br />
du vitrage), il est indisp<strong>en</strong>sable de faire<br />
appel à diagnostic d’un ingénieur spécialisé,<br />
afin d’attester la résistance de la structure à un<br />
tel changem<strong>en</strong>t.<br />
in t e r v e n t i o n s f u t u r e s<br />
Une conception qui protège et valorise Le<br />
Merlier doit être une priorité dans toute interv<strong>en</strong>tion<br />
future. Ne ri<strong>en</strong> faire qui mette <strong>en</strong> danger<br />
la réalisation <strong>en</strong> nuisant aux int<strong>en</strong>tions de<br />
bases de son implantation, à sa substance.<br />
Maint<strong>en</strong>ir une claire distinction <strong>en</strong>tre la réalisation<br />
préexistante et les év<strong>en</strong>tuels ajouts, même<br />
si ceux-ci sont à proximité.<br />
Dans cette idée, la sauvegarde dép<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t<br />
des activités proposées. Celles-ci<br />
doiv<strong>en</strong>t garantir que l’usage reste autant que<br />
possible fidèle; la prom<strong>en</strong>ade, la plage ou la<br />
baignade, l’accès pour les bateaux, la visite du<br />
site naturel.<br />
179
180<br />
3.3 – Pr é M I s s e s d U P r O j e T d e M A s T e r<br />
Ce chapitre explore les possibilités d’une ext<strong>en</strong>sion, relevant de<br />
la capacité du projet à établir des bases intemporelles d’implantation<br />
et de l’étude programmatique de l’existant dans le contexte<br />
actuel.<br />
3.3.1 Lignes d’interv<strong>en</strong>tion<br />
L’expéri<strong>en</strong>ce du Merlier était certainem<strong>en</strong>t destinée à une catégorie<br />
sociale privilégiée, mais l’int<strong>en</strong>tion était que «si elle réussit»<br />
ri<strong>en</strong> n’empêcherait de r<strong>en</strong>ouveler cette expéri<strong>en</strong>ce, dans des<br />
proportions à définir, pour continuer dans cet id<strong>en</strong>tique souci de<br />
préservation. En tant que modèle, la conception du village permet<br />
d’être r<strong>en</strong>ouvelée, déclinée. Les lignes générales qui doiv<strong>en</strong>t guider<br />
un projet actuel doiv<strong>en</strong>t être établies au regard des volontés<br />
de 1959.<br />
- att<strong>en</strong>tion particulière au territoire; dessertes collectives, installations<br />
communes, définition des zones à bâtir et des espaces<br />
qui rest<strong>en</strong>t dans leur état naturel.<br />
- échelle raisonnable et habitat groupé; unité qui se répète<br />
et forme un tout. Entre la villa individuelle et l’immeuble collectif<br />
exist<strong>en</strong>t toutes les variations possibles!<br />
- intimité à garantir: le mode de vie des vacances balnéaires<br />
n’a pas réellem<strong>en</strong>t changé et les conditions sont à peu près les<br />
mêmes; beaucoup de la vie se passe <strong>en</strong> extérieur. Ainsi les projections<br />
d’espaces demand<strong>en</strong>t à être protégées de la vue des<br />
voisins...<br />
- refus du style néo-prov<strong>en</strong>çal mais «justesse actuelle». De la<br />
même manière qu’il <strong>en</strong> avait été décidé cinquante ans auparavant.
181
182<br />
• Croquis perspectif de la<br />
«place du haut» (place B),<br />
Jean-Louis Véret, 1960,<br />
162ifa302<br />
3.3.2 Pot<strong>en</strong>tiels et manques programmatiques<br />
Le temps semblerait presque s’y être arrêté. Il manque finalem<strong>en</strong>t<br />
un peu de vie dans ses ruelles et sur ses places. Un petit commerce<br />
et/ou un café sur une des place du village permettrait<br />
de réactiver un peu la vie sociale; une interv<strong>en</strong>tion de telle sorte<br />
devrait être légère et capable d’être discrète, avec un impact modéré.<br />
L’échelle de ces interv<strong>en</strong>tion peut être définie par le nombre<br />
moy<strong>en</strong> de résid<strong>en</strong>ts du Merlier. On peut compter <strong>en</strong>tre 4 et 6<br />
habitants par maison <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne; donc une capacité totale de<br />
140 à 210 personnes <strong>en</strong> pleine saison.<br />
Une dizaine de chambres individuelles -<strong>en</strong> relation avec l’espace<br />
public- sont réparties <strong>en</strong> deux groupes dans le village; (cf.<br />
§2.3.2 ). Le groupe B d’<strong>en</strong>tre elles est quasim<strong>en</strong>t à l’abandon.<br />
Elles sont de plus petites, et celles du groupe B manqu<strong>en</strong>t peutêtre<br />
d’un peu de lumière. Elles sont la propriété de l’<strong>en</strong>semble,<br />
chacune des maison <strong>en</strong> possède donc 1/35ème. Elles se prêterai<strong>en</strong>t<br />
facilem<strong>en</strong>t à une reconversion.<br />
L’idée d’aménagem<strong>en</strong>t qui a prévalu était de regrouper la totalité<br />
des maisons <strong>en</strong> 5 groupes, afin de préserver l’intégrité du site. A<br />
fin de garantir la viabilité de l’<strong>en</strong>semble, étai<strong>en</strong>t prévus égalem<strong>en</strong>t<br />
des équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Finalem<strong>en</strong>t les quatre autres villages<br />
et les équipem<strong>en</strong>ts n’ont pas vu le jour; ainsi le Merlier est<br />
dépourvu de certains de ses attributs publics.<br />
Aujourd’hui, il semble nécessaire de reconsidérer ce fait et d’<strong>en</strong>visager<br />
certains complém<strong>en</strong>ts pour les activités, à partager <strong>en</strong>tre<br />
les habitants: la construction d’une piscine, d’un débarcadère<br />
ou hangar pour bâteaux,... La réalisation d’un club house serait<br />
égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageable, selon le nombre d’utilisateurs pot<strong>en</strong>tiel<br />
à définir.<br />
Quelques hébergem<strong>en</strong>ts sont <strong>en</strong>visageables dans cette même<br />
logique; il s’agit de conserver l’échelle «restreinte» du village du<br />
Merlier pour proposer un type d’implantation. Le type d’hébergem<strong>en</strong>t<br />
quant à lui peut être varié; hôtel ou résid<strong>en</strong>ce, voire<br />
quelques maisons individuelles, <strong>en</strong> continuité directe / ou pas<br />
avec le village.
183
184<br />
3.3 – CO N C L U s I O N<br />
La prés<strong>en</strong>te étude permet d’établir les constats et les perspectives<br />
d’av<strong>en</strong>ir suivants :<br />
Le Village du Merlier répond de manière convaincante à de nombreuses<br />
att<strong>en</strong>tes actuelles : Il offre le dépaysem<strong>en</strong>t qu’un usager<br />
souhaite trouver dans sa résid<strong>en</strong>ce de vacances ; la protection<br />
adéquate à l’homme dans un site rude de bord de mer ; une<br />
élégance et expression <strong>en</strong> adéquation complète avec le cadre<br />
exceptionnel dans lequel il se déploie.<br />
A travers sa situation dans le contexte historique et architectural,<br />
son importance du Merlier a été confirmée et représ<strong>en</strong>te un aspect<br />
majeur de la compréh<strong>en</strong>sion actuelle que l’on doit avoir du<br />
village : Non seulem<strong>en</strong>t un précieux témoignage de la richesse<br />
des réflexions architecturales et urbanistiques d’après-guerre,<br />
mais aussi une œuvre décisive pour la connaissance de l’Atelier<br />
de Montrouge : projet tout à fait représ<strong>en</strong>tatif du mode de p<strong>en</strong>sée<br />
de ses architectes -dont c’est l’une des premières réalisations-<br />
qui convoque beaucoup des principes qu’ils affectionneront par<br />
la suite.<br />
L’intérêt de ce site est fort heureusem<strong>en</strong>t reconnu par les acteurs<br />
de son av<strong>en</strong>ir. Son classem<strong>en</strong>t au patrimoine <strong>en</strong> est l’action emblématique.<br />
Certains propriétaires qui sièg<strong>en</strong>t au conseil syndical<br />
sont égalem<strong>en</strong>t tout à fait consci<strong>en</strong>ts de sa valeur. Son état à<br />
priori bon, l’abs<strong>en</strong>ce d’ext<strong>en</strong>sion qui aurait pu compromettre ses<br />
qualités originales, sont des élém<strong>en</strong>ts positifs pour sa sauvegarde.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, la perte de l’expression du béton brut dénature<br />
fortem<strong>en</strong>t l’idée initiale. Dans la perspective de la sauvegarde, ce<br />
type de transformation est à proscrire – la prés<strong>en</strong>ce des matériaux<br />
bruts étant un élém<strong>en</strong>t fondam<strong>en</strong>tal de ce type d’architecture.<br />
Il est évid<strong>en</strong>t que toute interv<strong>en</strong>tion sur un ouvrage de ce type<br />
est susceptible de nuire voire même d’anéantir un patrimoine<br />
précieux : les interv<strong>en</strong>tions individuelles du type ajout de pot de<br />
fleur, etc. devrai<strong>en</strong>t être clairem<strong>en</strong>t recommandées par un dossier<br />
d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.
Malgré ces premiers aspects positifs concernant<br />
l’état de conservation du village, la prés<strong>en</strong>te<br />
étude a égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> lumière un aspect<br />
fortem<strong>en</strong>t regrettable. L’idée fondam<strong>en</strong>tale de<br />
ce village est finalem<strong>en</strong>t inaccomplie : conçu<br />
pour être la partie d’un tout, il est dev<strong>en</strong>u le<br />
tout. Partiellem<strong>en</strong>t fidèle à l’idée de départ il ne<br />
possède pas la totalité de ses pot<strong>en</strong>tiels <strong>en</strong><br />
terme d’activités. L’Atelier de Montrouge avait<br />
conçu ce village comme un point dans un réseau<br />
– ce qui lui confère un statut bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>t<br />
de celui d’aujourd’hui.<br />
L’étude de la situation actuelle, qu’elle soit sociale,<br />
politique, économique, … a permis de<br />
confirmer la popularité de la région <strong>en</strong> termes<br />
de villégiature et l’évid<strong>en</strong>t besoin d’hébergem<strong>en</strong>t<br />
-notamm<strong>en</strong>t dans la région de Ramatuelle-<br />
qui <strong>en</strong> découle. L’augm<strong>en</strong>tation de ces<br />
possibilités permettrait d’ouvrir ce lieu privilégié<br />
à un plus grand nombre, sans toutefois compromettre<br />
un rapport d’exception à la nature.<br />
Si le village du Merlier est déjà très attrayant,<br />
certains équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t pourrai<strong>en</strong>t<br />
insuffler plus de vie au village. Le r<strong>en</strong>dant<br />
ainsi plus proche de l’idée d’un « village » que<br />
d’un « <strong>en</strong>semble de résid<strong>en</strong>ces privatives ».<br />
idée de l’individuel dans le global ...<br />
Il est fondam<strong>en</strong>tal, dans un tel cas, de parv<strong>en</strong>ir<br />
à une connaissance approfondie de la réalisation;<br />
par l’étude des fonds d’archives, des<br />
plans d’origine et photographies, du contexte<br />
social et géographique,... La «substance» du<br />
village ne pas mettre être mise <strong>en</strong> danger et<br />
l’étude permet les bases pour établir la nature<br />
d’un prolongem<strong>en</strong>t. Une ext<strong>en</strong>sion s<strong>en</strong>sible qui<br />
convoquera forcém<strong>en</strong>t de nombreux type d’interv<strong>en</strong>tion<br />
différ<strong>en</strong>ts : de la juxtaposition d’une<br />
ext<strong>en</strong>sion ou d’une interv<strong>en</strong>tion « à l’intérieur de<br />
», de la réalisation d’un dossier de docum<strong>en</strong>tation/de<br />
recommandations à l’att<strong>en</strong>tion des<br />
résid<strong>en</strong>ts/de la commune, ou d’un projet <strong>en</strong><br />
relation étroite mais à distance - « <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />
» ou <strong>en</strong> relation paysagère – év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t<br />
sur un ou plusieurs des sites que les architectes<br />
avai<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiés comme partie d’un réseau<br />
projeté.<br />
La conception de ce village comme un modèle<br />
capable d’être ét<strong>en</strong>du ou comme point d’un<br />
réseau porte déjà le germe d’un prolongem<strong>en</strong>t.<br />
Sur la base de ces études historiques et actuelles,<br />
ce dossier fournit les points d’accroche<br />
indisp<strong>en</strong>sable pour un projet d’interv<strong>en</strong>tion, qui<br />
constitue la seconde partie de ce travail.<br />
185
BIBLIOGRAPHIE<br />
Fonds d’archives ATM<br />
Le fonds d’archives de l’Atelier est conservé par le C<strong>en</strong>tre d’archives d’architecture du XXe siècle de l’Institut<br />
Français d’Architecture (IFA); les référ<strong>en</strong>ces sont citées «162ifa...» dans le texte.<br />
Ouvert à la consultation, le fonds d’archives a été une base fondam<strong>en</strong>tale pour l’étude et la compréh<strong>en</strong>sion<br />
du projet, à sa chronologie et à sa g<strong>en</strong>èse., principalem<strong>en</strong>t ATM D-59: «plan d’aménagem<strong>en</strong>t d’un <strong>en</strong>semble<br />
de 200 habitations de vacancesm domaine Volterra, cap Camarat, Ramatuelle (Var), 1959-1963<br />
et D-61-1: «Village de vacances du Merlier et maison du gardi<strong>en</strong>, domaine Volterra, cap Camarat, Ramatuelle<br />
(Var), 1961-1967<br />
Livres<br />
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Cité de l’architecture et du patrimoine, 2008<br />
L’Atelier de Montrouge (1958-1981), Prolégomènes à une autre modernité, Catherine Blain, thèse<br />
de Doctorat de l’Université Paris 8, discipline: aménagem<strong>en</strong>t et urbanisme, m<strong>en</strong>tion Projet architectural et<br />
urbain (sous la dir. de J.-L. Coh<strong>en</strong>), décembre 2001, Paris, 2 tomes, 437 pages (texte)+ 689 p. (catalogue<br />
raisonné)<br />
Pierre Riboulet, de la légitimité des formes, oeuvres 1979-2003, direction de l’ouvrage Catherine<br />
Blain, collection Architextes, monographie d’architecture, Ed. Le Moniteur, 2004<br />
Le SITI, Atelier de Montrouge 1960-1967, Paris/Issy-les-Moulineaux, Lucie Cometta-Colas, Ed. Jean-<br />
Michel Place, 2007<br />
Espace à lire, la bibliothèque pour <strong>en</strong>fants à Clamart, textes de Gérard Thurnauer, G<strong>en</strong>eviève Patte et<br />
Catherine Blain, Ed. Gallimard, 2006<br />
Carnets d’architectes, Louis Arretche, Dominique Amouroux, Ed. du Patrimoine Infolio, 2010<br />
Le Corbusier, Oeuvre Complète, volume 5 1946-1952 et volume 6 1952-1957, Wiili Boesiger, Ed.<br />
Artémis, Zürich (date?)<br />
La Méditerranée de Le Corbusier, Jean-Luci<strong>en</strong> Bonillo et Gérard Monnier , Publication de l’Université de<br />
Prov<strong>en</strong>ce Aix-Marseille, 1991<br />
Le Temps de Le Corbusier, Michel Ragon, Ed. Hermé Tribune, 1987<br />
Le Corbusier et les maisons Jaoul, Projets et fabrique, Caroline Maniaque, Ed. Picard, 2005<br />
Le Corbusier à Cap-Martin, Bruno Chiambretto, Mongraphies d’architecture, Ed. Par<strong>en</strong>thèses,1988<br />
Atelier 5, Amman Verlag, Zürich, 1986<br />
Roland Simounet, d’une architecture juste, oeuvres 1951-1996, collection Architextes, monographie<br />
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Dialogues sur l’inv<strong>en</strong>tion Roland Simounet; textes réunis et prés. par Richard Klein, collection<br />
Questions d’architecture, , Ed. Le Moniteur, 2005<br />
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France Architecture 1965-1988. Jacques Lucan, collection T<strong>en</strong>dances de l’architecture contemporaine,<br />
Ed. Electa Moniteur, 1989<br />
La Modernité critique, autour du CIAM9 d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, Jean-Luci<strong>en</strong> Bonillo, Claude Massu,<br />
Daniel Pinson, Ed. Ibernon, 2006<br />
L’architecture du XX ème siècle dans le Var, Le patrimoine protégé et labellisé, Jean-Luci<strong>en</strong> Bonillo,<br />
Ed.Ibernon, 2010<br />
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Maisons de vacances <strong>en</strong> Europe, Bernard Wolg<strong>en</strong>singer, Ed. Office du Livre, Fribourg, 1968<br />
Recherches sur l’architecture des loisirs, Georges Candilis, Ed. Eyrolles - Paris, 1973<br />
La <strong>Côte</strong> d’Azur des années 20 et 30, Textes charles Bilas et Luci<strong>en</strong> Rosso, photographies Thomas<br />
Bilanges, Ed. Telleri, Paris, 1999<br />
Balnéaire, une histoire des bains de mer, Raphael Pic, Ed.LBM, 2004<br />
L’av<strong>en</strong>ture du balnéaire, La Grande Motte de Jean Balladur, Claude Prelor<strong>en</strong>zo & Antoine Picon, coll.<br />
eupalinos, Ed. Par<strong>en</strong>thèses, 1999<br />
La Grande Motte, l’architecture <strong>en</strong> fête ou la naissance d’une ville, Jean Balladur, Ed. Espace SUD,<br />
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Tourismes <strong>en</strong> Europe, Action touristique, Jean-Pierre Pasqualini, Bruno Jacquot, Ed. Dunod, 1992<br />
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- François Chaslin, «l’Atelier des trois mousquetaires» Le Moniteur des TPB, suppl. au n° 6, février<br />
1982, pp. 26–31.<br />
- P. Dejean et S.Méchine. Une communauté d’idées pour une architecture <strong>en</strong>gagée: L’atelier de<br />
montrouge, première période (1958-1969). Faces, n°46,1999, p. 64-69.<br />
«Les derniers puritains », Christian Devillers, AMC, n° 11, avril 1986, pp. 118–127. Urbanisme n°288<br />
- «Atelier de montrouge: Les tours EDF d’ivry (1963-1967), un prototype d’habitat urbain.», Catherine<br />
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aujourd’hui. p. 289-302.<br />
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région de Saint-Tropez.», Juillard Eti<strong>en</strong>ne. Revue de géographie alpine. 1957, T45 n°2. p. 289-350.<br />
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1948, T. 57, n°308. p. 289-297.<br />
- «Habiter <strong>en</strong> camping ou l’art de se nicher dans le paysage». Sirost Olivier. Communications, 73,<br />
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R.Courtot, C.Durbiano, M.Joannon, J.Nicod, A.Reparaz, C.Spill, J.-M. Spill, N.Vaudour, A.Keller, J.Sarran<br />
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Le site de la fondation Le Corbusier: http://www.fondationlecorbusier.fr<br />
Le site de l’association Pierre Riboulet: http://www.pierreriboulet.org/<br />
Cité de l’architecture et du patrimoine: http://www.citechaillot.fr<br />
Cartes de France: http://www.cartesfrance.fr<br />
Portail officiel du tourisme de la Riviera <strong>Côte</strong> d’Azur: http://www.cotedazur-tourisme.com/<br />
Le site de l’Institut Nationnal de la Statistique et des Etudes Economiques: http://www.insee.fr/fr/themes/<br />
theme.asp?theme=13&sous_theme=5 et les articles <strong>en</strong> ligne «Tourisme <strong>en</strong> France», réalisé par la direction<br />
du Tourisme, édition 2008.<br />
188
Films et reportages<br />
«Le domaine Volterra, une architecture <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce», film MALTAE réalisé par Odile Jacquemin et<br />
Jean-Louis Pacitto, réalisation Christian Girier, collection Archives d’Architecture, 2004, 50min<br />
«Languedoc-Roussillon : nouvelle Floride?» sept jours du monde - 12/07/1963 - 10min44<br />
Reportage consacré au projet d’aménagem<strong>en</strong>t touristique du littoral languedoci<strong>en</strong>. Des images de la région,<br />
<strong>en</strong> alternance avec des interviews de responsables politiques et d’habitants, illustr<strong>en</strong>t le sujet.<br />
production: radiodiffusion television francaise<br />
Fortune critique pour le village Le Merlier, Cap Camarat<br />
source: Catherine Blain, mise à jour juillet 2006, archives personelles<br />
AA n° 118, dec 64-fev 1965. pp. 36-38<br />
AA n° 124 «habitations actuelles», fév-mars 1966, pp. 74-75<br />
AD n° 1,janv 1965, p. 41-42<br />
Arkitekt<strong>en</strong><strong>en</strong> n° 25, 1972 «De nye franscke feriebyer», pp. 526-527<br />
Arts (quotidi<strong>en</strong>) n° 944 du 8-14 janvier 1964, p. 14<br />
Arts ménagers, n° 185, mai 1965, pp. 103-107<br />
Aujourd’hui, n° 54 «France 1», sept 1966, pp. 22-23<br />
Bauwelt (Allemagne fédérale), n° 33, août 1964, p. 894<br />
Baumeister (allemagne fédérale), n° 6, juin 1966, pp. 653655<br />
Cahiers du CSTB, n° 93, août 1968 (cahier «Le détail des architectes, 25 pages)<br />
Candide (quotidi<strong>en</strong>), 4-11 septembre 1963, p. 4 («quatre amis bâtiss<strong>en</strong>t le ‘paradis’ 1964»)<br />
Detail (Allemagne fédérale), n° 4, 1965, pp. 578-579<br />
Detail (Allemagne fédérale), n° 4, 1966, pp. 674679<br />
Express (L’, quotidi<strong>en</strong>), n° 686, 6 août 1964, section «loisirs», p. 32 («les villages de Camarat»)<br />
Logem<strong>en</strong>t CIL-CPL, n° 178, juin-juillet 1966<br />
Maison Française (La), dec 1965<br />
Maison et Jardin, n° 166, août-septembre 1970. «Village grand ouvert»<br />
Oeil (L’) n° 120, dec 1964. pp. 60-67<br />
Schöner Wohn<strong>en</strong> (allemagne fédérale) n° 9, septembre 1964. pp. 132-133<br />
Sci<strong>en</strong>ce et Vie n° 588, sept. 1966, pp. 86-89<br />
TA (26e série), n° 1 «Construction 65, recherches», octobre 1965. pp. 126-131<br />
Times (quotidi<strong>en</strong>, USA), 21 août 1964, p. 35<br />
Toshi-Jutako (Japon), n° 6808, août 1968<br />
189