De l'éphémère au permanent - EPFL
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<strong>De</strong> l’éphémère <strong>au</strong> <strong>permanent</strong><br />
Le processus de reconstruction d’une ville après<br />
une catastrophe naturelle
Gachoud Clio, Pham Minh-Luc<br />
Enoncé théorique<br />
Section d’architecture<br />
<strong>EPFL</strong>-ENAC-SAR<br />
Semestre 2011-2012<br />
Equipe de suivi:<br />
Professeur énoncé théorique: November Valérie<br />
Directeur pédagogique: Dietz Dieter<br />
Maître <strong>EPFL</strong>: Schmit Marc<br />
remerciements<br />
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidées dans<br />
notre travail:<br />
Hossein Sarem Kalali, Shelter and Built Environment Advisor, <strong>au</strong> PNUD<br />
Julien Grisel, Architecte, qui a écrit une thèse: Le processus de projet dans<br />
La reconstruction urbaine suite à une catastrophe.<br />
L’équipe de Shelter Center et Rob Fielding, Programme Manager<br />
Cyrus Mechkat, Architecte, pour son expérience dans les projets participatifs.<br />
Marie Schärlig, Directrice ad interim, Centre de Compétences Reconstruction-<br />
CCR, à la DDC.<br />
Marion Bordier, Information Management Consultant, chez OIM.<br />
Peter Van <strong>De</strong>r Auweraert, Head, Land, Property and Reparations Division<br />
<strong>De</strong>partment of Operations and Emergencies, chez OIM.<br />
Ivan Vuarambon, Architecte, Team Leader, Haïti chez SDC.<br />
Fanny Ducommun, Graphic designer.<br />
Jean Du Prés (nom fictif), résident de Port <strong>au</strong> Prince.<br />
Jean-Pierre et Josiane Gachoud, Pham Nam Kim et Pham Van, ainsi que<br />
nos amis pour leur soutien et leur aide.<br />
Au groupe de suivi du diplôme :<br />
Professeur énoncé théorique: Valérie November, Professeure FNS<br />
Directeur pédagogique: Dieter Dietz, Architecte et Professeur associé en<br />
architecture. Faculté ENAC<br />
Maître <strong>EPFL</strong>: Marc Schmit, Architecte
preface<br />
Nous observons ces dernières décennies de plus en plus de catastrophe<br />
naturelle . Elles affectent un nombre croissant de personnes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mondial.<br />
Le droit à un abri convenable fait partie des droits humains, l’architecte doit<br />
se soucier de ce phénomène qui ne cesse d’<strong>au</strong>gmenter et qui actuellement<br />
n’a toujours pas trouvé de solution satisfaisante. Est-il possible de trouver<br />
un processus de reconstruction efficace, c’est-à-dire qui limite les phases<br />
de construction, le temps passé dans les camps de réfugiés et rend les<br />
étapes moins séquentielles? La cohésion urbaine lors de la reconstruction<br />
est l’un des problèmes clé car souvent les premiers abris sont établis de<br />
manière spontanée et ne cohabitent pas bien avec la ville. Quelle part de<br />
liberté devons nous laisser <strong>au</strong>x victimes lors d’une reconstruction, quelle<br />
doit être leur implication?<br />
Chaque reconstruction est unique, cependant les processus sont similaires.<br />
Il f<strong>au</strong>t donc identifier ces processus et en extraire les lignes directrices<br />
et ce à différentes échelles: en effet les réponses proposées ne<br />
doivent pas uniquement se focaliser sur l’échelle de l’habitation, mais se<br />
développer également à l’échelle urbaine.<br />
Nous allons commencer par une approche allant du macro <strong>au</strong> micro, du<br />
monde à l’être humain et examiner comment les catastrophes affectent différemment<br />
l’être humain à chaque échelle. A noter que la catastrophe n’est<br />
pas distribuée de manière égale en terme de territoire ou dans les couches<br />
de la population, ce qui nous amènera à la notion de vulnérabilité.<br />
Dans le relogement après une catastrophe naturelle, ce qui est particulièrement<br />
intéressant ce sont les différentes phases de reconstruction,<br />
bien souvent les enjeux de la catastrophe dépassent la simple reconstruction.<br />
<strong>De</strong>s effets dans les domaines politiques, économiques et de la santé<br />
naissent avec la catastrophe.<br />
Nous aborderons également les différentes problématiques liées <strong>au</strong> relogement<br />
des victimes, <strong>au</strong>x camps de réfugiés (quels sont leur type, leur organisation<br />
et leur temporalité). Nous nous interrogerons sur les conséquences<br />
de ces réponses et comment peuvent-elles être améliorées? En effet, la<br />
sérialité et le manque de flexibilité des camps ne permettent pas une solution<br />
satisfaisante <strong>au</strong>x besoins de la population sinistrée. En réponse à<br />
cette problématique, des théoriciens de la reconstruction ont proposé une<br />
approche participative <strong>au</strong> projet, elle fera l’objet d’un chapitre dans lequel<br />
nous mettrons en évidence les enjeux d’un projet participatif.<br />
D’un point de vue plus général, il est important de tenir compte de l’échelle<br />
de la reconstruction, si celle-ci se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’une ville, il ne s’agit<br />
pas uniquement de reconstruire des maisons individuelles. Le nombre de<br />
personnes touchées lors de désastres naturels représentent parfois l’équivalent<br />
d’une ville entière, de ce fait, il f<strong>au</strong>t reconstruire un centre d’activité<br />
et redévelopper une économie locale. C’est pourquoi nous allons également<br />
utiliser des notions d’urbanisme afin de bien comprendre les éléments<br />
structurels des lieux de vie d’une commun<strong>au</strong>té. L’une des problématiques<br />
de la reconstruction est la rigidité des plans. Nous ferons un parallèle avec<br />
les villes informelles, tels que les slums afin de mieux comprendre les degrés<br />
de liberté que nous devons accorder dans notre plan urbain ainsi que<br />
la part de participation des victimes. A l’échelle de l’habitat, nous verrons<br />
que les logements spontanés ont des caractéristiques similaires à celles de<br />
la reconstruction post catastrophe.<br />
Cette approche théorique sera confrontée à un cas d’étude, celui d’Haïti.<br />
Ceci permettra d’avoir une vision plus précise quant <strong>au</strong>x difficultés du terrain,<br />
de la gestion de crise, des enjeux de la reconstruction, des procédures<br />
qui ont fonctionné et celles qui ont échoué.<br />
Nous avons choisi Haïti pour deux raisons: pour son environnement urbain<br />
qui a été fortement touché, et par la forte présence de quartiers spontanés<br />
<strong>au</strong> sein de la ville.<br />
Nous conclurons notre travail par une synthèse de tous les sujets abordés<br />
sous la forme de lignes directrices pour la reconstruction.
La structure de notre énoncé ainsi que la relation entre les différents thèmes<br />
abordés, est illustrée dans la figure 1. Elle est divisée en quatre parties qui<br />
contiennent chacunes les thématiques abordées. Leur nive<strong>au</strong> d’importance<br />
est représenté par leur taille. Les couleurs indiquent les interactions entre<br />
les différentes parties.<br />
L’utilisation de notre énoncé peut se faire comme un manuel. Une série<br />
de pictogramme à été conçu pour faciliter une navigation thématique (cf.<br />
schéma ci-dessous).<br />
A la fin de chaque chapitre une page est dédiée <strong>au</strong>x points clés de celui-ci.<br />
pictogrammes<br />
Catastrophe naturelle<br />
Ville<br />
Société<br />
Reconstruction<br />
Participation<br />
Camps<br />
Processus de reconstruction<br />
Cas d’étude<br />
Points clés<br />
abreviations<br />
CCCM : Camp Coordination Camp Management<br />
CICR : Comité International de la Croix Rouge<br />
CCR : Commission Coordination Romande<br />
DDC : Direction du Développement et de la Coopération<br />
DTM : Displacement Tracking Matrix<br />
GHRAP : Groupe Haïtien de Recherches et d’Actions Pédagogiques<br />
IFRC : Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge<br />
IDP : International Displaced Person<br />
MTPTC : Ministère des Transports Publics, Transport et Communication<br />
NRC : Norwegian Refugee Council<br />
OCHA : Office for the Coordination of Humanitarian Affairs<br />
OIM : Organisation Internationale pour les Migrations<br />
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement<br />
SERTIT : Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection<br />
UN-HABITAT : United Nations Habitat<br />
UNHCR : United Nations High Commissioner for Refugees<br />
UNITAR : United Nations Institute for Training and Research
figure 1. «mind map»<br />
Les désastres<br />
Interactions sociales<br />
La reconstruction<br />
Urbanisme<br />
Vulnérabilité<br />
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Aspectpsycho<br />
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Permanent<br />
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Type de logement<br />
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Nive<strong>au</strong> d’importance<br />
L’ être humain<br />
La catastrophe<br />
naturelle<br />
La théorie<br />
Réponse à la<br />
catastrophe<br />
Processus de<br />
reconstrcution
table des matieres<br />
introduction ............................................................1<br />
du macro <strong>au</strong> micro ......................................................3<br />
Le monde et les désastres naturels ..............................................4<br />
La catastrophe <strong>au</strong> sein de la ville ...............................................14<br />
Relation entre la catastrophe et l’être humain .....................................18<br />
Points clés .................................................................21<br />
les differentes phases du relogement apres<br />
une catastrophe naturelle ........................................23<br />
Une reconstruction en trois phases .............................................24<br />
Les différentes phases du relogement ..........................................28<br />
La temporalité ..........................................................28<br />
Le lieu .................................................................32<br />
Les problèmes fonciers ...................................................33<br />
Les méthodes de reconstruction ...........................................34<br />
Points clés .................................................................43<br />
le processus participatif ............................................45<br />
La participation .............................................................46<br />
Les types de participation .................................................48<br />
La dynamique du pouvoir .................................................48<br />
Les techniques de communication .........................................52<br />
L’architecte et la participation ..............................................54<br />
La gradation de la participation ............................................56<br />
Points clés .................................................................59<br />
la problematique des camps ........................................61<br />
Les camps .................................................................62<br />
Les camps planifiés ......................................................68<br />
Les camps spontanés ....................................................74<br />
Points clés .................................................................81<br />
planifie versus non planifie .......................................83<br />
La ville .....................................................................84<br />
Les bidonvilles ..............................................................88<br />
Points clés .................................................................93<br />
cas d’etude: haïti ......................................................95<br />
Haïti avant le 12.01.2010 .....................................................96<br />
Contexte historique .....................................................96<br />
Une centralisation des pouvoirs ............................................96<br />
L’urbanisme informel de Port-<strong>au</strong>-Prince .........................................100<br />
Haïti après le 12.1.2010 .....................................................106<br />
Les répercutions matérielles ..............................................106<br />
Répercutions sociales, politiques .........................................106<br />
Une capitale après désastre ..............................................106<br />
Les migrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110<br />
Analyse de la réponse post-catastrophe ........................................112<br />
Typologie des camps à Haïti .............................................112<br />
Naissance et évolution du camp ..........................................122<br />
Composition des camps ................................................130<br />
La problématique foncière ...............................................136<br />
La reconstruction en milieu urbain .........................................140<br />
La participation ........................................................140<br />
Les visions futures d’Haïti ................................................141<br />
Points clés ............................................................145<br />
conclusion: vers une reconstruction<br />
evolutive et durable ...............................................147<br />
Processus de reconstruction .................................................148<br />
La temporalité et flexibilité du projet .......................................149<br />
Proctocole de la reconstruction ...........................................158<br />
references ..............................................................163<br />
Bibliographie ..............................................................164<br />
Iconographie ..............................................................167
introduction<br />
La catastrophe est faite d’un avant et d’un après. C’est un « achèvement<br />
brutal », c’est également un tournant dans l’évolution et amène à un questionnement<br />
sur la situation passée, actuelle et future. Julien Grisel parle de<br />
la catastrophe comme d’une opportunité <strong>au</strong> renouve<strong>au</strong> et <strong>au</strong> développement<br />
de nouvelles idées ou techniques. Elle permet d’imaginer de nouve<strong>au</strong>x<br />
scénarios, parfois utopistes, qui dans une situation normale ne le permettrait<br />
pas ou ne viendrait pas à l’esprit. Pour James K.Mitchell, les désastres<br />
naturels sont une forme « d’antidote » contre les éléments fabriqués en<br />
série et une uniformisation du contexte urbain et social.<br />
Les catastrophes naturelles semblent être des déclencheurs de projets<br />
d’urbanisation, cependant cette reconstruction est très délicate et engendre<br />
bien plus de problèmes qu’il n’y paraît, car ces projets sont souvent<br />
trop ambitieux et malheureusement peu d’entres eux voient le jour. C’est<br />
pour cela que notre recherche se concentre sur la reconstruction et essaye<br />
d’extraire les problématiques principales et d’y trouver une alternative, afin<br />
de réduire le temps du relogement et le rendre plus accessible.<br />
1
2<br />
du macro <strong>au</strong><br />
micro<br />
Dans ce premier chapitre nous allons définir ce que représente un désastre<br />
naturel à l’échelle mondiale, puis de la ville et ensuite de l’être humain. Ceci<br />
permettra de mieux comprendre les enjeux génér<strong>au</strong>x afin d’avoir une vue<br />
d’ensemble de la situation et d’obtenir un processus de reconstruction<br />
mieux adapté.<br />
3
4<br />
le monde et les desastres<br />
naturels<br />
Désastre naturel :<br />
«a situation or event which overwhelms local capacity, necessitating<br />
a request to a national or international level for external assistance;<br />
an unforeseen and often sudden event that c<strong>au</strong>ses great<br />
damage,destruction and human suffering.<br />
For a disaster to be entered into the database, at least one of the<br />
following criteria must be fulfilled:<br />
10 or more people reported killed;<br />
100 or more people reported affected;<br />
declaration of a state of emergency;<br />
call for international assistance.»<br />
(D. Guha-Sapir et al., 2011)<br />
Il existe différents types de risques, (cf. table<strong>au</strong>1) et leurs répercutions ne<br />
sont pas toujours égales, celles-ci dépendent de nombreux facteurs : de<br />
l’environnement construit, du type de construction, du terrain, de la capacité<br />
de la population à réagir contre une catastrophe.<br />
Pour mieux comprendre les répercutions des catastrophes naturelles dans<br />
le monde, nous avons produit différentes cartes qui représentent la localisation<br />
et le nombre de désastres <strong>au</strong> cours de ces dix dernières années. Les<br />
différents types de catastrophe ne sont pas répartis équitablement <strong>au</strong>tour<br />
du globe.<br />
Nous observons également que le nombre de victimes n’est pas comparable,<br />
par exemple une catastrophe qui touche les pays du nord <strong>au</strong>ra un<br />
impact moindre que dans les pays du sud.<br />
A noter que la majorité des désastres qui se sont produits lors de ces dix<br />
dernières années sont d’ordre hydrologique, mais ces derniers ne sont pas<br />
les plus meurtriers: les tremblements de terre font en général plus de victimes.<br />
Nous remarquons que la sensibilité <strong>au</strong>x catastrophes dépend de la<br />
richesse du pays: des pays avec des constructions précaires seront plus<br />
affectés par un désastre qu’un pays ayant une construction selon des<br />
normes parasismiques.<br />
Les cartes suivantes (cf. figures 2 et 3) montrent que les pays répondent<br />
différemment <strong>au</strong>x catastrophes: le nombre de victimes ne dépend pas uniquement<br />
de la fréquence des désastres, mais <strong>au</strong>ssi de la vulnérabilité du<br />
pays.<br />
Table<strong>au</strong> 1: les types de catastrophes naturelles<br />
Géophysique<br />
Tremblement de terre<br />
Volcan<br />
Glissement de terrain<br />
Météorologique<br />
Tempête<br />
Cyclone<br />
Ourgan<br />
Hydrologique<br />
Inondation<br />
Coulée de boue<br />
(Table<strong>au</strong> fait à partir des données de D. Guha-Sapir et al., 2011)<br />
Les pays « riches » <strong>au</strong>ront un ratio victime/catastrophe plus bas que celui<br />
des pays en voie de développement.<br />
Nous ne sommes donc pas tous ég<strong>au</strong>x devant la catastrophe, que ce soit<br />
par la localisation ou par la précarité des constructions tous les pays ont<br />
une vulnérabilité différente quant à la catastrophe. Cette constatation nous<br />
a amené à nous intéresser <strong>au</strong>x types de populations qui étaient le plus gravement<br />
touché, les populations des pays défavorisés.<br />
Il est important de distinguer deux situations: les catastrophes cycliques<br />
et les catastrophes ponctuelles. Bien souvent les pays qui sont touchés<br />
de manière régulière ne sont pas les mieux équipés et la population reste<br />
sur les lieux à risque dans la majorité des cas. (Centre for Research on the<br />
Epidemiology of Disaster (CRED) s. d.)<br />
5<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
6<br />
figure 2. nombre de desastres naturels<br />
Désastres naturels<br />
de 2000 à 2010<br />
Index de vulnérabilité des<br />
risques de désastres naturels<br />
Très élévé<br />
Elévé<br />
Moyen<br />
Faible<br />
Très faible<br />
Pas de données<br />
Nombre de désastres naturels de 2000 à 2010<br />
500<br />
400<br />
300<br />
200<br />
100<br />
0<br />
Accumulation des désastres naturels<br />
Météorologique<br />
Hydroligique<br />
Géophysique<br />
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />
Géophysique<br />
Hydrologique<br />
Météorologique<br />
2000-2011<br />
2000-2011<br />
2000-2011<br />
Cette carte nous montre le nombre de catastrophe dans le monde <strong>au</strong> cours<br />
de 2000-2010. Les pays les plus vulnérables se trouvent dans les pays du<br />
sud, <strong>au</strong>tour de la bande équatoriale. Les Etats Unies, la Chine, l’Inde ainsi que<br />
l’Indonésie sont les zones les plus touchées.<br />
Prendant la période étudiée, nous ne voyons pas une <strong>au</strong>gmentation significative<br />
du nombre de catastrophe, cependant, nous savons que ces dernières ont<br />
<strong>au</strong>gmenté depuis les années 50.<br />
7<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
8<br />
figures 3. population affectee par les catastrophes<br />
800Mio<br />
700Mio<br />
600Mio<br />
500Mio<br />
400Mio<br />
300Mio<br />
200Mio<br />
100Mio<br />
7Mio<br />
6Mio<br />
5Mio<br />
4Mio<br />
3Mio<br />
2Mio<br />
1Mio<br />
0<br />
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011<br />
Nombre de désastres naturels par années<br />
Accumulation des désastres naturels<br />
Personnes affectées<br />
Personnes sans abri<br />
Morts<br />
Index de vulnérabilité des<br />
risques de désastres naturels<br />
Très élévé<br />
Elévé<br />
Moyen<br />
Faible<br />
Très faible<br />
Pas de données<br />
>100<br />
>10000<br />
>100000<br />
>1Mio<br />
>100Mio<br />
>400Mio<br />
Cette carte nous montre les nombres de personnes affectées par<br />
les catastrophes entre 2000 et 2010. Nous voyons clairement que<br />
les populations touchées sont majoritairement celles des pays<br />
proche de la ceinture équatoriale. En comparant cette carte avec<br />
la précédente, nous observons que les pays du sud sont plus fortement<br />
affectés.<br />
9<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
10<br />
«En 1950, 30 % des humains<br />
étaient urbains, la moitié<br />
l’était en 2007, et 60 % le<br />
seront probablement en<br />
2030 (surtout dans les pays<br />
en développement qui selon<br />
les prospectivistes devaient<br />
accueillir 4 milliards d’urbains<br />
en 2030, soit 80 % des<br />
citadins de la planète).»<br />
(ONU, Banque mondiale, 2007)<br />
11<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
12<br />
30 MILLIONS de personnes<br />
affectées en 2010 par des désastres naturels<br />
2,5 MILLIONS de sans abris<br />
en 2010 dù <strong>au</strong>x désastres naturels<br />
360’390 morts en 2010 dûs<br />
<strong>au</strong>x désastres naturels<br />
4X<br />
0.3X<br />
2X GENEVE<br />
13<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
14<br />
la catastrophe<br />
<strong>au</strong> sein de la ville<br />
«La catastrophe place la collectivité face à sa capacité de résilience.<br />
Elle défie ainsi la solidité de ses valeurs, sa cohésion et révèle sa<br />
vulnérabilité <strong>au</strong> sein de son environnement naturel.»<br />
(J.Grisel, 2010)<br />
La ville est un équilibre dynamique, nous y retrouvons la plupart des activités<br />
humaines. Elle est parcourue par une grande quantité d’événements.<br />
Il existe une certaine stabilité entre la destruction et la reconstruction, qu’<br />
elle soit planifiée ou non. La croissance d’une ville n’est pas linéaire, en effet<br />
des facteurs externes vont modifier son comportement. Elle devra s’adapter<br />
à ces nouvelles conditions afin de protéger les activités humaines qu‘elle<br />
renferme.<br />
Que se passe-t-il quand cet équilibre est ébranlé lors d’un événement naturel<br />
?<br />
Comment réagir lorsque un tiers du pays est inondé ?<br />
Julien Grisel met en évidence la « rupture » que cet événement crée et<br />
fait ressortir la vulnérabilité de la ville, ainsi qu’un questionnement sur son<br />
emplacement ou même son passé et son futur. La ville doit désormais « survivre<br />
». Cette problématique se situe à plusieurs échelles, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du « développement<br />
physique de la ville», de « son environnement » et de l’individu.<br />
Le facteur temps est un élément prédominant dans la reconstruction de la<br />
ville après une catastrophe naturelle. Comment reconstruire ce qui a été<br />
construit en plusieurs années, voir décennies, en un laps de temps des plus<br />
réduit ?<br />
Nous parlons à ce moment d’un phénomène de ville spontanée, ou alors de<br />
ville dans la ville. Quel est ce phénomène et comment peut-il nous aider à<br />
trouver des outils architectur<strong>au</strong>x pour mieux comprendre le processus de<br />
reconstruction d’une ville après un désastre naturel. Nous retrouvons deux<br />
nouvelles sociétés : les victimes et les non victimes, il f<strong>au</strong>dra également<br />
prendre en compte cette relation, comprendre ses limites et comment intégrer<br />
ces deux entités l’une dans l’<strong>au</strong>tre.<br />
Selon Ian Davis, la catastrophe est perçue différemment selon le lieu d’impact,<br />
si elle est située dans une zone qui n’est pas peuplée, le désastre<br />
est vécu différemment, ce n’ est plus un désastre, mais une catastrophe<br />
naturelle. Par contre dans une zone construite, la catastrophe sera transformée<br />
en désastre. Nous pouvons distinguer trois situations : non construit,<br />
figure 4. relation entre le site et la catastrophe et les dommages<br />
engendrés:<br />
Non construit<br />
Bonne construction<br />
Ville de m<strong>au</strong>vaise construction, sur un site à risque<br />
0<br />
Dommages urbains<br />
de bonne construition, de m<strong>au</strong>vaise construction sur un site à risque (cf.<br />
figure 4).<br />
L’approche du désastre est passablement différente entre les pays en voie<br />
de développement et ceux développés. Par exemple, les pays développés<br />
ont tendance à prévoir, à essayer de contrôler la catastrophe naturelle, les<br />
bâtiments sont construits avec des normes antisismiques ou alors, une<br />
série de barrage contre des écoulements sont planifiés, etc. En Suisse,<br />
les mesures préventives contre tout type de catastrophe sont nombreuses,<br />
alors que le pays est rarement touché par celles-ci.<br />
A noter que la plupart du temps les populations p<strong>au</strong>vres se retrouvent avec<br />
des logements vulnérables et en plus dans des zones à risque plus prononcé,<br />
ce qui accentue les dégâts lors de catastrophes naturelles. Dans<br />
ce cas, ce sont en général des actions individuelles qui sont prises pour<br />
combattre le désastre, les habitants solidifient leur construction, ou alors<br />
décident d’aller vivre ailleurs.<br />
«In very broad terms the distinction can be summarized by saying that<br />
in the developed world we seek for material solutions, while in the<br />
developing world the solutions are primarily social mechanisms.»<br />
(I.Davis, 1978)<br />
15<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
16<br />
Le modèle de vulnérabilité qu’il f<strong>au</strong>t considérer est le “pressure and release<br />
model”(cf. figure 5), dans ce dernier, le désastre est la résultante de deux<br />
forces opposées, d’une part les processus qui créent une vulnérabilité et<br />
de l’<strong>au</strong>tre les désastres naturels. Selon Blaikie et al (1994), le modèle fonctionne<br />
comme un casse noix, lorsque les pressions sont exercées sur les<br />
deux côtés, nous avons une <strong>au</strong>gmentation du risque. L’idée de “release”<br />
permet de conceptualiser l’idée de réduction du désastre, en mettant<br />
moins de pression, la vulnérabilité peut être diminuée.<br />
«More than 98 percent of people affected by disaster are from<br />
developing countries. »<br />
(Red Cross, 2008)<br />
Le modèle présuppose que les conditions à risque naissent de pressions<br />
dynamiques (provoquées par des facteurs politiques, économiques et/ou<br />
soci<strong>au</strong>x), elles-mêmes créées par des circonstances politiques ou économiques<br />
nommées « root c<strong>au</strong>se ».<br />
Ce modèle permet de comprendre la catastrophe comme une accumulation<br />
de conditions à risque. Il explique <strong>au</strong>ssi les différentes vulnérabilités<br />
qu’il peut y avoir <strong>au</strong> sein d’une ville. Si la catastrophe va toucher l’entier<br />
d’une ville, nous verrons qu’il y a de grandes différences de vulnérabilité,<br />
ainsi les populations les plus défavorisées seront <strong>au</strong>ssi les populations les<br />
plus fortement touchées, car plus vulnérables.<br />
«The study of disasters is almost by definition a study of poverty<br />
within the developing world»<br />
(I.Davis, 2008)<br />
figure 5. “pressure and release model”<br />
THE PROGRESSION OF VULNERABILITY<br />
Limited access to<br />
Power<br />
Structures<br />
Ressources<br />
1 2 3<br />
ROOT CAUSES DYNAMIC<br />
PRESSURE<br />
Ideologies<br />
Political systems<br />
Economic systems<br />
Lack of<br />
Local institutions<br />
Training<br />
Appropriate skills<br />
Local investments<br />
Local markets<br />
Press Freedom<br />
Ethical standards<br />
in public life<br />
Macro-forces<br />
Rapid population<br />
growth<br />
Rapid urbanisation<br />
Arms expediture<br />
<strong>De</strong>bt repayment<br />
schedules<br />
<strong>De</strong>forestation<br />
<strong>De</strong>cline in soil<br />
productivity<br />
UNSAFE<br />
CONDITIONS<br />
Fragile<br />
Physical<br />
Environment<br />
Dangerous locations<br />
unprotected building<br />
and infrastructure<br />
Fragile local economy<br />
Livelihood at risk<br />
Low income level<br />
Vulnerable society<br />
Special groups at risk<br />
Lack of local institutions<br />
Public actions<br />
Lack of disaster<br />
preparedness<br />
Prevalence<br />
of endemic<br />
disease<br />
DISASTER<br />
RISK =<br />
Hazard +<br />
Vulnerability<br />
HAZARDS<br />
Earthquake<br />
High winds<br />
(cyclone/hurricane/<br />
typhoon)<br />
Flooding<br />
Volcanic eruption<br />
Landslide<br />
Drought<br />
Virus and pests<br />
(Blaikie et al., 1994)<br />
17<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
18<br />
relation entre<br />
la catastrophe et<br />
l’etre humain<br />
Nous allons nous concentrer sur l’échelle locale de la catastrophe,<br />
notamment sur son impact chez l’homme, ainsi que sur ses habitudes et<br />
son comportement.<br />
« Alors que la préoccupation du danger n’est pas formulée dans un<br />
discours où ne prend pas forme dans des pratiques propre, elle se<br />
lit dans les faits et gestes des habitants et situations quotidiennes.»<br />
(J.Lagumier, 2009)<br />
J.Lagumier montre que la catastrophe va modifier les habitudes de la population.<br />
Par exemple, certains parcours vont être changés, nous verrons<br />
<strong>au</strong>ssi naître de nouvelles pratiques. Ainsi les victimes d’inondation <strong>au</strong>ront<br />
tendance à être be<strong>au</strong>coup plus attentives <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la rivière organisant<br />
même des rondes lors de fortes pluies. Ce changement d’habitude<br />
et de pratique <strong>au</strong>ra <strong>au</strong>ssi un impact architectural, certains habitants vont<br />
construire des chambres spéciales afin de se protéger de la catastrophe<br />
en cas de récidive.<br />
Ce changement de moeurs a <strong>au</strong>ssi été observé par Sandrine Revêt qui<br />
analyse le cas de Vargas, où elle note des changements d’habitude, de<br />
pratique de la part de certains habitants.<br />
«Cette perte s’accompagne de la disparition de certaines pratiques.<br />
Par exemple, Carolina, une jeune femme de la classe moyenne,<br />
ne parcours plus le matin, comme elle avait l’habitude de faire le<br />
kilomètre de plage qui séparait son immeuble du centre de la ville<br />
pour aller y acheter le journal et qui <strong>au</strong>jourd’hui est un terrain vague<br />
encombré de troncs d’arbres et de pierre. Elle vit plus enfermée et<br />
affirme se sentir plus isolée.»<br />
(Sandrine Revêt, 2007)<br />
Selon Lagumier les attitudes des sinistrés oscillent entre le déni, matérialisé<br />
par le silence, ils ne veulent pas parler de la catastrophe et une peur qui<br />
modifie leur quotidien.<br />
Le tr<strong>au</strong>matisme psychologique doit être pris en compte lors du processus<br />
de reconstruction. La population touchée devra être rassurée, se sentir à<br />
l’abri dans son nouvel habitat. La relation <strong>au</strong> terrain sera à considérer, ainsi<br />
que les méthodes de constructions pour sécuriser le nouve<strong>au</strong> ou l’ancien<br />
terrain.<br />
Il est important que la commun<strong>au</strong>té puisse se recréer afin de consolider les<br />
bases de la reconstruction durable.<br />
19<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
20<br />
points cles<br />
1. La vulnérabilité des pays par rapport à la catastrophe est inégale, ceux<br />
en voie de développement sont les plus touchés : il existe plus de<br />
construction dans des zones à risque, les moyens techniques contre<br />
les catastrophes sont peu développés. Le potentiel d’action sur place<br />
est réduit.<br />
2. Nous pouvons réduire ce degré de vulnérabilité avec des constructions<br />
mieux adaptées et réévaluer le degré de risque des terrains.<br />
3. La relation <strong>au</strong> territoire est très importante.<br />
4. Chaque catastrophe est unique et nécessite une réponse adaptée.<br />
5. Les catastrophes entrainent des mouvements migratoires <strong>au</strong> sein du<br />
pays et vers l’étranger, mais la population essaye de rester sur sa terre.<br />
6. La gestion du risque est cruciale <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’habitat ainsi que du<br />
territoire.<br />
7. La catastrophe peut être un déclencheur d’urbanisation.<br />
8. La catastrophe détruit une commun<strong>au</strong>té.<br />
9. La catastrophe chez l’être humain détruit son habitat, donc ses repères<br />
et crée un sentiment d’insécurité. Nous pouvons aider les victimes en<br />
proposant un lieu où la population touchée pourra reconstruire une<br />
nouvelle vie, retrouver une commun<strong>au</strong>té et un sentiment de sécurité.<br />
10. La structure sociale est importante.<br />
21<br />
Du macro <strong>au</strong> micro
22<br />
les<br />
differentes<br />
phases du<br />
relogement<br />
apres une<br />
catastrophe<br />
naturelle<br />
Le relogement est une partie importante de notre travail. Nous essayerons<br />
de faire une liste exh<strong>au</strong>stive des différents moyens de relogement et de<br />
comprendre ses différentes phases, ainsi que l’importance du lieu et de la<br />
notion de temps. Ceci permettra d’enrichir notre stratégie pour le processus<br />
de reconstruction.<br />
« Un abris est plus qu’un toit: c’est un moyen de garantir la santé, la<br />
sécurité, l’intimité et la dignité des habitants du camp.»<br />
(NRC, 2008)<br />
23
24<br />
une reconstruction en trois<br />
phases<br />
la phase de l’urgence<br />
C’est la première qui se met en place, elle consiste <strong>au</strong> relogement rapide<br />
des sinistrés dans des structures d’accueil ou des tentes. En général<br />
comme l’a remarqué Cassidy Johnson, cette phase permet <strong>au</strong> gouvernement<br />
de montrer qu’il est présent et sait agir dans une situation de crise.<br />
Cette phase est temporaire et ne dure qu’un laps de temps très court.<br />
la phase de transition<br />
La réalité du terrain ainsi que la complexité des enjeux de la reconstruction<br />
font que le temps nécessaire pour une reconstruction <strong>permanent</strong>e est relativement<br />
long. Une solution de transition est donc mise en place, elle offre<br />
plus de confort que les tentes en attendant la reconstruction des habitations.<br />
Cette réponse est parfois mal adaptée <strong>au</strong>x besoins des utilisateurs,<br />
car bien souvent ce sont des modules préfabriqués produits en séries, et<br />
les coûts de ces habitations peuvent dans certains cas être <strong>au</strong>ssi chers que<br />
le coût de la reconstruction <strong>permanent</strong>e. <strong>De</strong> plus ces logements de transitions<br />
tendent à devenir <strong>permanent</strong>s <strong>au</strong> fils du temps, car les matéri<strong>au</strong>x utilisés<br />
dans les logements transitoires ont des durées de vie de l’ordre de 10<br />
ans. Nous sommes dans une temporalité qui se rapproche du <strong>permanent</strong>.<br />
Le terme abris de transition signifie que c’est un élément qui peut être déplacé,<br />
adapté ou agrandi (NRC,2008).<br />
la phase <strong>permanent</strong>e<br />
C’est la dernière phase. Les réponses proposées sont des constructions<br />
en dur qui doivent perdurer et offrir un environnement adéquat pour le développement<br />
de la vie futur d’une famille.<br />
Ces phases sont illustrées en figure 6.<br />
25<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
26<br />
figure 6. table<strong>au</strong> des differentes solutions de relogements apres<br />
desastre<br />
Semaines<br />
3-4<br />
6-8<br />
~24<br />
~24<br />
?<br />
?<br />
?<br />
?<br />
Utilisation de bâtiments existants<br />
Chez des proches<br />
Plan d’évacuation du gouvernement<br />
Tentes<br />
Logement d’urgence<br />
Squats<br />
Logement <strong>permanent</strong><br />
Solution indigène<br />
Déplacement vers des zones<br />
moins vulnérables<br />
Solution importée<br />
Savoir faire local,<br />
matéri<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x<br />
Savoir faire local,<br />
matéri<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x,<br />
design de l’ ouest<br />
Unité Individuelle<br />
Fondation de la maison<br />
et services<br />
Unité à multiple familles<br />
<strong>De</strong>sign et construction fait<br />
par un entrepreneur<br />
Sur leur propre propriété<br />
Camps de réfugiés<br />
Dans des centres<br />
de réfugiés<br />
Nouvelle division des villes<br />
et vilages existants<br />
Basé sur des plans militaire<br />
Plan informel<br />
Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009<br />
27<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
28<br />
les differentes phases<br />
du relogement<br />
«La planification est une tentative de « remise en ordre » des<br />
choses, des aménagements humains, des éléments constitutifs du<br />
territoire.»<br />
(J.Grisel, 2010)<br />
Selon Ian Davis, nous imaginons que le gouvernement se doit de fournir un<br />
maximum de logements de premier secours, mais il f<strong>au</strong>t se rendre à l’évidence,<br />
les personnes essayeront de trouver d’<strong>au</strong>tres moyens avant d’aller<br />
dans des abris fournit par les différents organismes. Ils vont d’abord aller :<br />
1. Chez des proches parents ou amis.<br />
2. Improviser eux-mêmes leur abri.<br />
3. Aller dans des lieux qui <strong>au</strong>ront été convertis, tels que des écoles, des<br />
centres sportifs etc...<br />
4. Dans les abris fournis.<br />
Par la suite, il est important de distinguer deux approches différentes qui<br />
sont directement liées <strong>au</strong> temps. Après la venue d’une catastrophe naturelle,<br />
il existe une phase que nous pourrions appeler « de survie »: le plus<br />
important est de trouver un logement pour s’y abriter et de survivre à cet<br />
événement, dès lors la perception et l’approche du logement est tout <strong>au</strong>tre.<br />
Une fois cette période révolue, nous entrons dans la période de reconstruction<br />
d’une vie, il ne s’agit plus de survivre, mais de retrouver un quotidien<br />
rassurant qui permette un développement à long terme. Il f<strong>au</strong>dra promouvoir<br />
les échanges soci<strong>au</strong>x et également retrouver une place <strong>au</strong> sein de la<br />
commun<strong>au</strong>té.<br />
la temporalite<br />
Le temps est un facteur important dans le processus de reconstruction (cf.<br />
figure 7 et 8). Il intervient à de multiples nive<strong>au</strong>x. Il est divisé en fonction<br />
d’une échelle de temps plus ou moins précise et prédictible. La reconstruction<br />
se fait en plusieurs phases clés, essentiellement trois : urgence, transition,<br />
reconstruction. Cependant elles s’entrelacent fréquemment. L’une des<br />
difficultés lors de la planification de la reconstruction est que les besoins<br />
d’<strong>au</strong>jourd’hui ne sont pas les mêmes que demain et ce problème est fréquent<br />
dans les villes d’<strong>au</strong>jourd’hui. La différence essentielle dans notre cas<br />
est que le temps de construction est accéléré, de ce fait la différence de<br />
temps entre le plan établi et le développement final est considérablement<br />
réduit, néanmoins le problème subsiste. Dans notre processus de reconstruction,<br />
nous partions de l’idée que le plan final ne pourra pas être connu<br />
et nous tiendrons compte de la part d’incertitude et de spontanéité qui va<br />
s’ajouter <strong>au</strong> plan initial. Il est important de proposer un plan qui incorpore <strong>au</strong><br />
mieux les éléments externes et non prévisibles issus de la commun<strong>au</strong>té, tels<br />
que les conflits, les désastres naturels, les crises économiques qui peuvent<br />
être pris en compte lors de l’établissement du plan, mais à un faible degré<br />
car ce sont des éléments imprévisibles.<br />
«Time is another factor that is difficult to anticipate. It is a familiar but<br />
devilish dilemma: a design is made using today’s data for the city of<br />
tomorrow. Naturally, every designer tries to take it into account, but<br />
in reality this is impossible.»<br />
(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />
figure 7. modele de l’activite de retablissement post-catastrophe.<br />
(Vale et al., 2005)<br />
29<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
30<br />
figure 8. duree du processus de reconstruction<br />
et taille de logement<br />
En moyenne la mise en place des éléments de transitioins prennent six mois et<br />
la reconstruction à long terme se fait sur plusieurs années. 3 ans<br />
Pérou<br />
Pérou<br />
Pérou<br />
Honduras<br />
Haïti<br />
Pérou<br />
Pérou<br />
Pérou<br />
Honduras<br />
Haïti<br />
Mozambique<br />
Congo<br />
Mozambique<br />
Kenya<br />
Congo<br />
Kenya<br />
Amériques<br />
Amériques<br />
Afrique<br />
Afrique<br />
Processus de reconstruction<br />
accompli jusqu’<strong>au</strong>x habitats de<br />
transitions<br />
Processus de reconstruction<br />
accompli jusqu’<strong>au</strong>x habitats<br />
<strong>permanent</strong>s<br />
2 ans<br />
3 ans<br />
1 an<br />
2 ans<br />
1 an<br />
6 mois<br />
6 mois<br />
Europe<br />
Europe<br />
Asie<br />
Asie<br />
Indonésie<br />
Chine<br />
Bengladesh<br />
Inde<br />
Indonésie<br />
Sri Lanka<br />
Indonésie<br />
Myanma<br />
Pakistan<br />
Pakistan<br />
Turquie<br />
Italie<br />
Indonésie<br />
Chine<br />
Bengladesh<br />
Inde<br />
Indonésie<br />
Sri Lanka<br />
Indonésie<br />
Myanma<br />
Pakistan<br />
Pakistan<br />
Turquie<br />
Italie<br />
(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)<br />
Honduras 11m2<br />
Haïti 18m2<br />
Honduras 11m2<br />
Mozambique 12m2<br />
Haïti 18m2<br />
Somalie 13.5m2<br />
Mozambique 12m2<br />
Eritrée 16m2<br />
Somalie 13.5m2<br />
Soudan 20m2<br />
Eritrée 16m2<br />
Congo 24m2<br />
Soudan 20m2<br />
Kenya 18-25m2<br />
Congo 24m2<br />
Liberia 25m2<br />
Kenya 18-25m2<br />
Rwanda 48m2<br />
Liberia 25m2<br />
Afrique<br />
Rwanda 48m2<br />
Afrique<br />
Amerique du sud<br />
Amerique du sud<br />
2 Pers<br />
6 Pers<br />
2 Pers<br />
4 Pers<br />
8 Pers<br />
4 Pers<br />
8 Pers<br />
6 Pers<br />
Europe<br />
Europe<br />
Asie<br />
Asie<br />
Pérou 9-18m2<br />
Indonésiem2<br />
Pérou<br />
Jogyakarta<br />
9-18m2<br />
24m2<br />
Indonésiem2<br />
Afganistan 21m2<br />
Jogyakarta 24m2<br />
Sri Lanka 18-20.5m2<br />
Afganistan 21m2<br />
Pakistan 18m2<br />
Sri Lanka 18-20.5m2<br />
Thaïland16m2<br />
Pakistan 18m2<br />
Inde 10m2<br />
Thaïland16m2<br />
Italie 74m2<br />
Inde 10m2<br />
Italie 74m2<br />
(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)<br />
31<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
32<br />
le lieu<br />
L’appartenance <strong>au</strong> territoire est très présente. Julien Grisel fait référence <strong>au</strong><br />
lieu comme « une composante identitaire de la collectivité ». C’est <strong>au</strong>ssi un<br />
lieu de commémoration.<br />
Lors des différentes phases du relogement la relation <strong>au</strong> territoire pose souvent<br />
des problèmes, car malgré le fait que la zone soit à h<strong>au</strong>t risque les<br />
gens souhaitent retourner sur leur terrain. C’est un phénomène qui peut<br />
s’expliquer de différentes manières et qui doit être pris en compte dans<br />
notre processus de reconstruction.<br />
L’ importance dû lieu est du <strong>au</strong> fait que dans les pays en voie de développement,<br />
le terrain est une des seules richesses dont la population dispose.<br />
Souvent l’emplacement de l’habitat est fortement lié <strong>au</strong> travail et un déplacement<br />
dans des zones plus sûres, souvent éloignées est un problème<br />
considérable. Par exemple, pour une famille de pêcheurs ou de fermiers<br />
en Asie, se déplacer dans une zone éloignée, mais sécurisée, représente<br />
parfois un grand sacrifice. Ils s’éloignent de leurs proches, de leurs repères.<br />
Cela a un impact économique, les gens se retrouvent loin de leur travail et<br />
le prix du déplacement est trop conséquent comparé à leur salaire.<br />
<strong>De</strong> ce fait, nous pouvons comprendre la réflexion suivante: il est préférable<br />
de rester <strong>au</strong> même endroit et prendre le risque qu’une catastrophe réapparaisse,<br />
sachant que celle-ci pourrait se reproduire que dans 5 ans voir 10<br />
ans, ou même jamais. La relocalisation est un problème majeur en soi et<br />
reconstruire sur le lieu de la catastrophe dans la plupart des situations est<br />
nécessaire.<br />
Le questionnement de l’emplacement de la reconstruction est également<br />
lié à «la mémoire collective du lieu ». Un groupe qui habite un lieu, s’approprie<br />
l’espace et le module selon ses besoins et parfois il se soumet<br />
<strong>au</strong>x éléments physiques qu’il contient. C’est en même temps un lieu de<br />
confiance car il est familier et sert de repère <strong>au</strong> quotidien. « L’image » du<br />
lieu prend une place prédominante, il a une « empreinte du groupe», les<br />
différents éléments du lieu ont un sens bien précis pour ses habitants, ce<br />
sont des facteurs parfois invisibles. Le lien particulier <strong>au</strong> lieu se précise et<br />
ressort lorsque le désastre naturel soumet une cassure avec celui-ci. Cet<br />
événement crée une cassure et fait paraitre un nouve<strong>au</strong> rapport <strong>au</strong> lieu,<br />
il est découvert sous un <strong>au</strong>tre angle et les éléments, les souvenirs qui le<br />
lient à ses habitants se transforment. La mémoire collective sera également<br />
ébranlée et transformée. Les structures physiques du lieu sont changées<br />
et possèdent dorénavant des traces de l’événement. Le choix du site peut<br />
<strong>au</strong>ssi être perturbé par l’illustration physique de la catastrophe. D’ailleurs<br />
Julien Grisel se questionne sur la position de la reconstruction par rapport<br />
à la mémoire collective et de ce fait où se positionne la reconstruction, en<br />
tant que « rupture », dans la « continuité », comme une « commémoration »<br />
ou alors en tant que « compromis » avec le milieu urbain préexistant.<br />
Comme le dit <strong>au</strong>ssi Cambrézy)<br />
« L’enracinement d’un groupe ou d’une commun<strong>au</strong>té dans son<br />
territoire ou son espace de vie est la manifestation la plus tangible<br />
de l’existence de ce groupe. Le territoire produit l’identité en même<br />
temps qu’il en est le produit.»<br />
(L.Cambrézy, 2001 )<br />
les problemes fonciers<br />
Il existe un <strong>au</strong>tre élément à ne pas négliger dans la reconstruction et qui<br />
prend du temps, c’est l’acquisition de terrain. Souvent les problèmes fonciers<br />
ralentissent énormément ou même empêchent le développement du<br />
projet.<br />
«La planification de grandes zones dévastées suppose que les<br />
<strong>au</strong>torités publiques soient suffisamment puissantes pour pouvoir<br />
exproprier ou racheter de grandes zones urbaines. Mais même<br />
dans ce cas, les <strong>au</strong>torités doivent trouver des compromis afin que<br />
les propriétaires ne quittent pas la ville, car une des conséquences<br />
d’une catastrophe est engendrer des changements importants des<br />
prix des terrains et des matéri<strong>au</strong>x de construction.»<br />
(J.Grisel, 2010)<br />
Cette thématique est un problème en soi très vaste que nous avons choisi<br />
de ne pas traiter en détail dans notre recherche.<br />
33<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
34<br />
les methodes de reconstruction<br />
Selon Ian Davis, il est important de comprendre la culture locale ainsi que<br />
sa relation avec la forme construite qui l’entoure. Comprendre le vernaculaire,<br />
nous permettra de mieux comprendre les besoins existants et de<br />
mieux s’adapter <strong>au</strong> lieu. Le vernaculaire doit être une source d’inspiration<br />
pour le processus de reconstruction. Souvent les techniques constructives<br />
parasismiques sont amenées par les ONG, mais ces méthodes sont<br />
très difficiles à reproduire dans le pays. Dans ce cas, le vernaculaire peut<br />
nous être utile. Il nous f<strong>au</strong>dra trouver un compromis entre le vernaculaire et<br />
les constructions contemporaines. Julien Grisel note d’ailleurs.<br />
«En se plaçant en rupture complète avec le modèle de l’ancienne<br />
ville, on a sans doute permis l’émergence d’un modèle basé sur des<br />
contraintes nouvelles liées à une société nouvelle, mais on a perdu<br />
également des éléments qui faisaient la force de la collectivité,<br />
dans sa manière de vivre ensemble et de construire le territoire.»<br />
(J.Grisel 2010)<br />
Une <strong>au</strong>tre question est celle d’une maison inadéquate <strong>au</strong>x normes sismiques,<br />
qui va prendre en charge l’adaptation de l’habitat? Comment changer<br />
la méthode de construction, faire que celle-ci devienne partie intégrante<br />
des mœurs et ne reste pas un cas isolé et étrange qui n’appartient pas à la<br />
société qui l’habite? Il f<strong>au</strong>t trouver un compromis entre l’habitant et sa sécurité,<br />
puis déterminer les connaissances et outils qu’il maitrise, pour créer<br />
un dialogue constructif. C’est un point qui sera abordé plus précisément<br />
lors du développement sur la participation et la relation entre le «bottom up»<br />
et le «top down».<br />
Selon Ian Davis il existe trois types de reconstructions :<br />
1. Celle qui décide d’ignorer complètement l’aspect culturel et ne s’intéresse<br />
pas <strong>au</strong> vernaculaire, et apporte une solution étrangère à ce qui<br />
existe habituellement et espère changer les mœurs.<br />
2. Celle qui essaie de trouver une solution universelle et qui met également<br />
de côté l’aspect culturel et pense que la manière de vivre de<br />
l’individu est plus ou moins identique dans le monde entier.<br />
3. Celle qui a tenu compte de toutes les contraintes culturelles et essaie<br />
de modifier la technique constructive des maisons pour les rendre plus<br />
sûres.<br />
Les éléments reconstruits ou même la fortification des maisons non détruites<br />
est un thème très important dans une situation post-désastre. Souvent<br />
les gens reconstruisent de la même manière, même si ils ont eu la preuve<br />
que cette solution est inadéquate. Un travail important de prévention et<br />
de formation est à faire pour prévenir les incidents futurs. (Entretien, DDC,<br />
Marie Schärlig, 2011)<br />
Actuellement, la situation a changé. Les différents organismes essayent de<br />
mieux prendre en compte les besoins de fortification des habitations, mais<br />
cela ne se fait pas partout ni spontanément.<br />
Les ONG se heurtent également à des facteurs externes lors de la prévention<br />
et de la formation de la population pour une construction plus sûre. Ils<br />
retrouvent des obstacles culturels et économiques qui viennent entraver la<br />
sensibilisation à la prévention, car dans la majorité des cas le groupe social<br />
concerné est passablement p<strong>au</strong>vre et la reconstruction d’une maison plus<br />
sûre coûte plus cher, il est donc difficile de les en persuader. Cette situation<br />
pousse les personnes à rester sur place et empêche de reconstruire dans<br />
une zone plus sûre.<br />
35<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
36<br />
37<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
38<br />
«First, people build their homes<br />
in response to their everyday<br />
needs their occupations,<br />
their wealth, their traditional<br />
construction techniques<br />
and their cultural patterns.<br />
Secondly, the return period<br />
of most forms of disaster is<br />
so infrequent that it has no<br />
influence whatsoever on local<br />
construction techniques or<br />
the siting of settlements»<br />
(I.Davis,1978)<br />
39<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
40<br />
L’un des <strong>au</strong>tres facteurs essentiel est l’évaluation des besoins des sinistrés.<br />
Après un désastre, il f<strong>au</strong>t établir quels sont les besoins minim<strong>au</strong>x de<br />
chacun. Nous avons: les besoins des personnes sans abris; un besoin immédiat,<br />
ce qui ne correspond pas forcément à ce qu’ils veulent ou <strong>au</strong>ront<br />
besoin à long terme; les exigences du gouvernement, des associations et<br />
les besoins qui nous semblent nécessaires, qui sont souvent liés à des préjugés<br />
et pas forcément les mieux adaptés; les besoins soci<strong>au</strong>x et matériels,<br />
comme nous l’avons vu <strong>au</strong>paravant. Les besoins soci<strong>au</strong>x dans des pays en<br />
voie de développement seront plus adéquats que des solutions matérielles.<br />
(I.Davis, 1978)<br />
La relation <strong>au</strong>x besoins est liée <strong>au</strong> temps. Les exigences évoluent avec celui-ci.<br />
Vivre dans une tente est acceptable pour une durée limitée et répond<br />
à des besoins immédiats, mais devient inadéquat après 6 mois. Pour la<br />
reconstruction, il f<strong>au</strong>t trouver un système qui comprend et différencie les<br />
besoins immédiats et futurs (cf. figure 9). Il f<strong>au</strong>t trouver un arrangement qui<br />
permette de répondre à ces différentes nécessités de manière continue en<br />
évitant les s<strong>au</strong>ts d’échelle et de temps trop radical.<br />
Exemples d’extensions observées<br />
à Sigli, de la plus simples à la<br />
plus sophistiquées. Ce registre<br />
d’extensions se rencontre sur<br />
tous les types de maisons reconstruites<br />
par l’aide humanitaire (ici:<br />
Architectes de l’Urgence).<br />
figure 9. exemples d’extensions<br />
Maison donnée<br />
Commerce à l’avant de la parcelle<br />
Gazebo et support pour les plantations<br />
Extension en bois (cuisine)<br />
Clôture et avant-toit<br />
Extension de la terrasse<br />
Terrasse à demi fermée par des<br />
cloisons en bois<br />
Terrasse à demi fermée par un mue<br />
en maçonnerie<br />
Remplacement de l’escalier et de<br />
la balustrade par des modèles plus<br />
décoratifs<br />
Clôture de la parcelle et cages pour<br />
l’élevage de poules ou de canards<br />
Extension en maçonnerie et parking<br />
couvert<br />
Multilples extensions qui métamorphosent<br />
la maison d’origine et<br />
doublent la surface habitable<br />
41<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
42<br />
points cles<br />
1. Il y a trois phases dans le relogement: l’urgence, la transition, la<br />
permanence. Le but est de réduire la durée et la discontinuité de ces<br />
trois phases et n’en créer plus qu’une seule.<br />
2. Le temps d’exécution des différentes phases est important. Les<br />
éléments transitoires prennent en moyenne 6 mois à être établis, la<br />
reconstruction <strong>permanent</strong>e ne commence en général pas avant un<br />
ans après la catastrophe et prend souvent plusieurs années pour être<br />
achevée. Les camps peuvent exister pendant de nombreuses années.<br />
Il f<strong>au</strong>t donc être conscient du développement à long terme et essayer<br />
d’incorporer cette notion le plus tôt possible dans la reconstruction.<br />
3. Les victimes vont généralement se réfugier en premier lieu chez leurs<br />
proches, dans des lieux publics transformés pour l’occasion ou à côté<br />
de leurs maisons détruites. Les camps sont leur dernier recourt.<br />
4. L’importance du lieu: les gens sont très attachés à leur terrain,<br />
souvent c’est leur seule richesse. Il f<strong>au</strong>t privilégier le relogement et la<br />
reconstruction, sur le terrain touché, lorsque cela est possible.<br />
5. L’adaptation et la flexibilité des solutions proposées <strong>au</strong>x victimes sont<br />
très importantes.<br />
6. La notion de participation lors de la reconstruction est essentielle. Il<br />
f<strong>au</strong>t être capable d’intégrer <strong>au</strong> mieux les besoins de la population. La<br />
réponse sera mieux adaptée si nous associons à la reconstruction un<br />
processus de participation, mais il f<strong>au</strong>t savoir que la participation a ses<br />
limites et peut rapidement être ingérable. Il f<strong>au</strong>t clairement établir les<br />
domaines et les limites de chacun, afin d’éviter des conflits d’intérêts<br />
supplémentaires.<br />
7. La reconstruction est essentiellement du cas par cas, elle doit être<br />
flexible pour permettre une meilleure appropriation de l’habitat.<br />
43<br />
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
44<br />
le processus<br />
participatif<br />
L’aspect social de la réponse à la catastrophe est un élément important<br />
de la reconstruction. La notion de participation est <strong>au</strong>jourd’hui incontournable<br />
dans les projets de reconstruction. Nous verrons dans ce chapitre<br />
les enjeux de la participation, ses types, sa mise en place et introduirons la<br />
notion de gradation de la participation.<br />
45
46<br />
la participation<br />
Comme nous l’avons vu <strong>au</strong>paravant et comme le montre Lizzaralde, nous<br />
somme face à deux approches dans la reconstruction : le « top down » et<br />
le « bottom up ».<br />
L’approche top down :<br />
C’est une approche qui est apparue dans les années 70-80, en plein boom<br />
des techniques d’industrialisation et de production en série. Elle se caractérise<br />
par une standardisation de l’habitat. Ce système ne prend pas en<br />
compte les réels besoins des sinistrés ainsi que l’aspect social, elle s’est<br />
révélée être un échec. En réponse à cela, les ONG et des spécialistes de<br />
la reconstruction ont favorisé une approche be<strong>au</strong>coup plus participative.<br />
L’approche bottom up :<br />
Il n’y a pas de réponse standardisée, mais une pluralité de réponses <strong>au</strong>x différents<br />
besoins de chaque sinistré. Les acteurs sont également multiples.<br />
<strong>De</strong> nos jours, il est clair qu’<strong>au</strong>x réponses des approches «top down<br />
», doivent être associées les réponses « bottom up » <strong>au</strong>x processus de<br />
reconstruction. Les nombreuses directives collectées et résumées par «<br />
Shelter Center » mettent un poids très important sur l’aspect participatif<br />
dans les projets de reconstruction<br />
Comme décrit précédemment, les solutions formelles de part leurs rigidités<br />
peinent à répondre <strong>au</strong>x besoins des usagers. Comme solution à ces<br />
problèmes, les organisations onusiennes ainsi que les ONG se focalisent<br />
sur une approche participative. Cette approche permet en effet d’établir un<br />
dialogue avec la population touchée. Celle-ci pourra identifier <strong>au</strong> mieux ses<br />
besoins mais <strong>au</strong>ssi la meilleure manière d’y répondre. Elle permet de créer<br />
une synergie entre les organisations et les populations afin d’améliorer l’efficacité<br />
et la pertinence du projet. Anderson et Woodrow démontrent d’ailleurs<br />
l’importance de la participation dans le processus de reconstruction<br />
qui permet de renforcer les commun<strong>au</strong>tés locales et favoriser leur <strong>au</strong>tonomisation<br />
(M.Anderson,1989).<br />
La reconstruction après un désastre est un processus social qui implique<br />
des notions symboliques, politiques et économiques (I.Davis, 1978).<br />
L’aspect social de la réponse à la catastrophe devient donc un élément<br />
important de la reconstruction. Comme nous allons le voir, la participation<br />
tout comme la reconstruction est un processus complexe qui va évoluer<br />
<strong>au</strong> cours du temps. Une grande flexibilité des projets est donc nécessaire<br />
dans un projet participatif ce qui exclut toute solution standardisée.<br />
Il est <strong>au</strong>jourd’hui reconnu que la participation est un élément clé de la reconstruction<br />
:<br />
« The joint strategy of government and the humanitarian agencies<br />
should involve and support the entire population affected by the<br />
disaster, fairly and equitably, responding to the different needs<br />
of different groups and with special attention given to those who<br />
are most vulnerable. The strategy and its implementation must be<br />
accountable and include ways of redressing grievances.»<br />
(Shelter Center, 2010)<br />
Comme le note le manuel de l’URD,<br />
«Les organisations humanitaires internationales fonctionnent<br />
souvent à l’écart des institutions et des structures locales.»<br />
(Groupe Urgence, réhabilitation, développement 2004)<br />
Ce dernier décrit les buts d’une approche participative:<br />
1. Prolonger l’impact de l’aide humanitaire.<br />
2. Rendre le projet plus pertinent.<br />
3. Eviter ou réduire les impacts des réponses humanitaires.<br />
4. Accroître l’efficacité du projet.<br />
5. Aider à établir une relation basée sur le respect et la compréhension<br />
mutuelle.<br />
6. Rendre le projet plus réactif <strong>au</strong>x changements des besoins.<br />
7. Augmenter les ressources disponibles pour le projet.<br />
8. Améliorer l’efficience d’un projet.<br />
9. Aider à acquérir de nouvelles compétences.<br />
10. Respecter le mandat et les principes de votre organisation.<br />
Nous constatons que les buts sont multiples, le point clé de cette approche<br />
est : une véritable synergie entre la population locale et les organisations.<br />
La participation permet d’utiliser <strong>au</strong> mieux les ressources locales, que ce<br />
soit en termes d’informations, de moyens ou de forces de travail. Lors d’une<br />
47<br />
Le processus participatif
48<br />
conférence donnée à l’<strong>EPFL</strong> sur les projets participatifs <strong>au</strong> Brésil («Crise du<br />
logement ?» ,Réponse des mouvements soci<strong>au</strong>x Brésilien 8.11.11, <strong>EPFL</strong>),<br />
Angela Godinho décrit la participation comme un apprentissage des deux<br />
parties, chaque partie apprend l’une de l’<strong>au</strong>tre. Nous sommes à l’opposé<br />
d’une position colonialiste des organisations dans laquelle celles-ci imposent<br />
leur système de pensée et leurs méthodes. Nous nous trouvons<br />
dans une approche qui privilégie l’écoute et le partage de l’information. Il<br />
est nécessaire de poser un cadre dans lequel ces échanges peuvent se<br />
produire et fonder une collaboration à partir d’une notion d’égalité. Il est<br />
alors important de ne pas considérer les victimes uniquement comme des<br />
victimes, mais comme des acteurs de la reconstruction.<br />
les types de participation<br />
Il existe différentes manières de participer pendant le projet.<br />
La participation est vue comme un processus évolutif dans le temps.<br />
« La participation n’est pas statique mais dynamique et changeante:<br />
le nive<strong>au</strong> de participation dans les réponses humanitaires<br />
d’urgence peut être assez faible <strong>au</strong> départ mais être <strong>au</strong>gmenté et<br />
amélioré <strong>au</strong> fil du temps. »<br />
(Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)<br />
Il en découle différentes approches :<br />
1. Instrumentale: atteindre les objectifs d’un programme.<br />
2. Collaboratrice: mise des ressources en commun pour atteindre un<br />
même objectif.<br />
3. <strong>De</strong> soutien: soutenir la population en réalisant ses initiatives.<br />
Ces différentes approches correspondent à différents besoins du projet<br />
et interviennent à des moments différents. Il sera donc important de bien<br />
distinguer dans quel cas telle ou telle approche sera la plus utile<br />
la dynamique du pouvoir<br />
Les dynamiques du pouvoir sont des éléments incontournables de la participation.<br />
Un des enjeux de la compréhension est l’analyse des dynamiques<br />
du pouvoir. Il f<strong>au</strong>t être capable de reconnaître et atteindre les populations<br />
marginalisées et leur offrir la possibilité de s’exprimer. Ces dynamiques sont<br />
complexes et doivent être gérées avec doigté. Le fait de travailler uniquement<br />
avec un groupe donné risque de provoquer des conflits ou le manque<br />
d’intérêt des <strong>au</strong>tres groupes. Par exemple, travailler qu’avec des minorités<br />
ou des margin<strong>au</strong>x peut engendrer un désintérêt des commun<strong>au</strong>tés favorisées<br />
ou ayant du pouvoir. Ils risquent alors de retirer leurs soutient.<br />
Les relations humaines sont cruciales, la participation peut être un moyen<br />
de reconstruction du tissu social après la crise. Il est nécessaire d’établir<br />
une relation de confiance entre les organisations et les populations locales.<br />
Cet échange ne doit pas être unilatéral.<br />
Ainsi A Sliwinski souligne, dans son article «the politics of participation,<br />
Rebuilding After Disasters from Emergency to Sustainability. 2010», la<br />
composante politique de la participation. Il met en garde les adeptes d’une<br />
idéalisation des termes de commun<strong>au</strong>té et de participation. Il f<strong>au</strong>t comprendre<br />
que les décisions prisent servent un contexte politico-économique<br />
qui dépasse le cadre de la catastrophe. Un <strong>au</strong>tre point important est qu’une<br />
commun<strong>au</strong>té n’est pas un groupe homogène, il existe des tensions internes<br />
à ne pas négliger. La population d’un camp est composée de personnes<br />
issues de quartiers, villes ou villages, différents et peuvent avoir des pratiques<br />
religieuses différentes, certaines commun<strong>au</strong>tés peuvent avoir été<br />
scindées pendant la catastrophe. Elles n’ont pas choisi de vivre ensemble.<br />
Cette pluralité d’origines et de groupes soci<strong>au</strong>x est importante à prendre en<br />
compte. Comme le préconise l’URD, les populations minoritaires ou marginales<br />
doivent faire l’objet d’une attention particulière car elles sont plus<br />
vulnérables <strong>au</strong>x situations de crises.<br />
La catastrophe génère <strong>au</strong>ssi un grand nombre de personnes handicapées.<br />
Il est nécessaire de penser à intégrer ce groupe à la participation. Il est fort<br />
possible que la participation passe par un système d’élection de représentant,<br />
dans ce cas il est d’<strong>au</strong>tant plus important de faire attention à ce que<br />
tout le monde soit représenté, y compris les groupes minoritaires, qui par<br />
définition risquent d’être évincés du processus de décision.<br />
49<br />
Le processus participatif
50<br />
«L’expérience montre qu’une<br />
approche participative est<br />
plus efficace si elle est utilisée<br />
systématiquement tout <strong>au</strong><br />
long du projet.»<br />
(Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)<br />
51<br />
Le processus participatif
52<br />
les techniques de communication<br />
La manière de communiquer est <strong>au</strong>ssi un des points essentiel mit en évidence<br />
par l’URD. Les technologies et l’apparence des organisations<br />
peuvent nuire à la communication. Il f<strong>au</strong>t installer un climat de dialogue<br />
entre les organisations et les populations locales. Une trop grande sophistication<br />
des réunions ou des moyens technologiques utilisés (téléphone<br />
satellite, GPS, ordinateur) peuvent impressionner et décourager les populations<br />
locales à donner leur opinon.<br />
Les connaissances locales sont cruciales pour les différentes phases du<br />
projet, que ce soit dans l’identification des besoins, la priorisation des objectifs<br />
ou la réalisation des objectifs.<br />
Le processus participatif décrit par l’URD se révèle être un processus qui<br />
pour fonctionner nécessite une adaptation constante, les besoins et priorités<br />
des sinistres évoluant avec le temps. Il est donc difficile, voire impossible<br />
d’avoir une solution unique adaptable à toutes les situations.<br />
Un aspect important de la participation est le partage avec la culture locale.<br />
En effet c’est la population qui sera le plus à même de connaître ses besoins<br />
ainsi que son territoire.<br />
« Pour mettre en place ses activités dans les camps de réfugiés ou<br />
dans les zones de reconstruction, le personnel humanitaire peut<br />
protéger les réfugiés en engageant un processus participatif à tous<br />
les nive<strong>au</strong>x de gestion, de la planification à la mise en œuvre des<br />
programmes d’assistance. Les réfugiés connaîtront ainsi mieux<br />
leurs lois et leurs propres commun<strong>au</strong>tés. Ce processus peut <strong>au</strong>ssi<br />
créer un sentiment de confiance mutuelle. Au final, le personnel<br />
humanitaire <strong>au</strong>ra un meilleur et plus riche accès à la population des<br />
réfugiés.»<br />
(Protect Refugees : Field guide for NGOs, publié conjointement par le HCR et des ONG partenaires, matériel<br />
de formation pour le Reach Out – Refugee Protection Training project.)<br />
La participation est donc une notion complexe dans laquelle be<strong>au</strong>coup de<br />
facteurs sont à prendre en compte. Il est nécessaire d’inst<strong>au</strong>rer un dialogue<br />
entre les organisations et les commun<strong>au</strong>tés locales. Chacunes des<br />
parties doivent se mettre sur un pied d’égalité afin d’établir une plate forme<br />
d’échange dans laquelle chacunes puissent apprendre de l’<strong>au</strong>tre. Cet aspect<br />
est très important car les projets qui fonctionnent le mieux sont ceux<br />
où ce travail à été fait.<br />
«Très peu d’ONG nous demandent ce que nous voulons faire…<br />
Nous avons une vision à long terme et ils n’arrivent pas à voir plus<br />
loin que douze ou même six mois… On était juste censés être là<br />
un an ! Quand vont-ils nous laisser faire quelque chose par nousmêmes<br />
? Nous sommes là depuis 1993 !»<br />
(Réfugié du Sierra Leone vivant dans le camp de réfugiés d’Albadaria, Guinée Forestière)<br />
53<br />
Le processus participatif
54<br />
l’architecte et la participation<br />
Nous avons vu que la participation est définie comme la création d’un espace<br />
de dialogue entre les différentes parties qui composent un projet. La<br />
question qui est légitime de se poser est la position de l’architecte dans ce<br />
processus. Selon Yvan Vuarambon, la main de l’architecte ne se voit pas<br />
dans un projet participatif. En effet le rôle de l’architecte dans un tel projet<br />
est celui de médiateur objectif entre les différentes parties.<br />
«Architect can no longer be the lone developers and designers who<br />
attempt to impose preconceived structural or formal solutions onto<br />
reality. Rather, they must fonction as moderators in a wide range<br />
of decision-making processes that define the result little by little.»<br />
(A. Schmeddind, 2011)<br />
La capacité de synthèse et la vision à différentes échelles fait de l’architecte<br />
un bon intermédiaire entre les utilisateurs, les politiques et les financiers.<br />
L’architecte va construire un cadre dans lequel les différentes parties<br />
peuvent trouver un terrain d’entente. Ce processus est plus long et plus<br />
compliqué que celui d’un projet non participatif. Cependant cette approche<br />
répond à un enjeu de taille qui est l’appropriation du projet par les usagers.<br />
L’intégration de ces derniers dans la reconstruction <strong>au</strong>ra pour effet de renforcer<br />
le lien qu’ils entretiennent avec le projet. L’appropriation de celui-ci<br />
sera meilleure ce qui permet <strong>au</strong> projet de s’inscrire dans une demarche de<br />
développement durable (cf. figure10).<br />
figure 10. exemples d’extension<br />
(Simon <strong>De</strong>prez, Eléonore Labattut, 2010)<br />
55<br />
Le processus participatif
56<br />
la gradation de la participation<br />
Le processus que nous voulons développer <strong>au</strong> cours de<br />
cet énoncé théorique va inst<strong>au</strong>rer une gradation de la participation.<br />
Cette gradation se fera de manière différenciée<br />
selon l’échelle de l’intervention. Le degré de participation de<br />
la population sera inversement proportionnel à l’échelle du<br />
projet. En effet alors que les habitants <strong>au</strong>ront un degré élevé<br />
de participation à l’échelle de la maison, ce degré va diminuer<br />
avec l’échelle du projet. Le nombre d’interlocuteurs va<br />
diminuer avec l’échelle du projet, alors que chaque ménage<br />
sera représenté lors de la reconstruction de leur propre maison,<br />
la reconstruction d’un quartier ou de plusieurs quartiers<br />
se fera avec une participation représentative.<br />
La gradation selon la taille du projet est justifiée par le fait<br />
que les usagers ont plus de difficulté à percevoir un projet<br />
dans sa totalité et à sortir de l’échelle de l’habitat (cf. figure<br />
11 et 12).<br />
La taille du projet n’est pas le seul paramètre qui fait varier le<br />
degré de participation. Le temps est une variable essentielle<br />
des projets de reconstruction. Les différentes temporalités<br />
des trois phases de reconstruction, urgence, temporaire et<br />
permanant suscitent <strong>au</strong>ssi un nive<strong>au</strong> de participation différent.<br />
Lors de la phase d’urgence, alors qu’il f<strong>au</strong>t prendre<br />
des décisions rapides, il sera difficile de mettre en place un<br />
processus participatif,car comme nous l’avons vu la mise<br />
de place de ce genre de pratique est relativement longue.<br />
Le degré de participation va <strong>au</strong>gmenter avec la temporalité<br />
du projet.<br />
La variabilité du degré de participation selon la taille et la<br />
temporalité du projet, permettra d’intégrer <strong>au</strong> mieux le processus<br />
participatif dans la reconstruction.<br />
Les avantages de la participation sont l’implication des habitants<br />
et dont une meilleure appropriation du projet, une reduction<br />
de coûts de main-d’oeuvre, une liberté plus grande<br />
figure 11.<br />
la gradation de<br />
la participation<br />
Extension<br />
Usagers:<br />
participation des usagers élevée<br />
Habitat<br />
Architecte et usagers:<br />
participation des usagers et architrecte<br />
plus ou moins égale<br />
Infrastructures<br />
Architecte et usagers:<br />
participation des usagers faible<br />
participation de l’ architecte élevée<br />
57<br />
Le processus participatif
58<br />
figure 12. evolulution d’habitat dans la favela da mare,<br />
rio de janeiro<br />
(Varella et al., 2002 in New Towns for the 21st Century the Planned Vs. the<br />
Unplanned City, 2010)<br />
points cles<br />
1. L’ approche participative permet de renforcer les commun<strong>au</strong>tés locales<br />
et favoriser leur <strong>au</strong>tonomisation.<br />
2. Elle exclu les solutions architecturales standardisées<br />
3. Il y a différents types de participation selon les étapes du projet.<br />
4. La participation est un apprentissage entre les deux parties impliquées.<br />
5. Il f<strong>au</strong>t prêter une attention particulière <strong>au</strong>x populations marginales.<br />
6. Notre démarche intègre une gradation de la participation.<br />
59<br />
Le processus participatif
60<br />
la<br />
problematique<br />
des camps<br />
Les camps sont un point majeur dans le relogement des victimes. Il est<br />
intéressant de noter où se forment les camps, quelle est leur rapidité de<br />
croissance, quelle typologie ont-ils? Comment gérer la durée des camps<br />
et leurs emplacements pour permettre un passage plus efficace à l’habitat<br />
<strong>permanent</strong>? Le camp évolue <strong>au</strong> cour des trois phases de reconstruction :<br />
urgence, transition, <strong>permanent</strong>.<br />
61
62<br />
les camps<br />
Premièrement, il f<strong>au</strong>t distinguer les camps créés par des catastrophes naturelles<br />
qui sont souvent situés proche de la ville détruite contrairement <strong>au</strong>x<br />
camps de réfugiés dûs à un conflit qui sont généralement situés à l’extérieur<br />
du pays et créent des problèmes supplémentaires tels que la relation avec<br />
le pays d’accueil ou l’impossibilité de rentrer chez soi sous peine de mort.<br />
Lorsque la création d’un camp est due à des éléments externes tels que<br />
des conflits armés, des raisons économiques ou des désastres naturels,<br />
le site et la taille du camp ainsi que sa durée sont tout <strong>au</strong>tre. Les volontés<br />
et les choix des habitants sont différents. Habiter un lieu par obligation ou<br />
par choix change notre façon d’appréhender l’espace et d’y vivre. Une des<br />
problématiques lors de la reconstruction après un désastre naturel est la<br />
notion de liberté et d’<strong>au</strong>tonomie que l’on perd.<br />
Nous nous concentrerons sur les camps des victimes des catastrophes<br />
naturelles bien que le fonctionnement et l’organisation à l’intérieur du camp<br />
soitent similaires à ceux formés par des conflits.<br />
«I had always thought of camps as ephemeral things, as fleeting<br />
event spaces. Certainly the summer camp season passes and<br />
images of disaster areas fade, but camp spaces endure. In fact,<br />
we are immersed in this camping world, both ideological and<br />
experimental. We camp with kids in our backyards, we arrange<br />
ourselves in partisan camps, we watch as camps overflow with<br />
twenty millions refugees, we fill arenas with disaster victims, we<br />
speculate about the locations of terrorist camps, and we marvel<br />
at North American’s burgeoning RV culture. Camp spaces have<br />
become our environment.»<br />
(C.Hailey, 2009)<br />
Initialement les camps étaient installés et dirigés par des militaires, ces derniers<br />
avaient l’expérience nécessaire pour gérer de grands mouvements<br />
de masse et ceci s’accompagnait de quelques contraintes <strong>au</strong>toritaires: ils<br />
imposaient des couvres feux, des rations alimentaires et l’aide en soi <strong>au</strong>x<br />
victimes venait par la suite. L’objectif premier était de contrôler les différents<br />
groupes de population afin d’éviter d’éventuels conflits. (J.Grisel, 2010)<br />
<strong>De</strong> nos jours, l’aide militaire est toujours utile notamment pour maintenir la<br />
sécurité <strong>au</strong> sein des camps. L’organisation des camps nécessite occasionnellement<br />
de regrouper les gens de même religions ou ethnies afin que le<br />
déroulement de la vie quotidienne soit plus simple, ceci crée parfois des<br />
conflits éthiques <strong>au</strong> sein des organisations. (I.Vuarambon, entretient, 2011)<br />
Selon C.Hailey, les espaces des camps sont à la fois « ouverts et fermés »,<br />
ce qui particularise leur organisation.<br />
Si nous nous référons à une notion de camp qui nous est plus familière,<br />
c’est-à-dire les campings, nous pouvons voir qu’ils suggèrent un espace<br />
libre et ouvert, cependant la plupart du temps c’est le contraire. Les limites<br />
sont précises avec un agencement interne plus ou moins libre et ceci même<br />
dans les campings publics. La grande différence entre le camping que nous<br />
connaissons et les camps de réfugiés est le libre choix, l’obligation domine<br />
la volonté dans les camps de réfugiés.<br />
Le camp est donc à la fois un espace ouvert, mais délimité selon des règles<br />
strictes, l’individu a un certain degré de liberté <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de son habitation.<br />
Hailey souligne que les victimes sont souvent devenues plus vulnérables<br />
avec l’apport d’une aide, car la vulnérabilité insinue que la population touchée<br />
ne peut pas se débrouiller seule et nous pousse à tout organiser et<br />
gérer à sa place, ce qui ne convient pas <strong>au</strong>x habitants du camp et ôte leur<br />
capacité d’<strong>au</strong>togestion. Nous avons remarqué dans les différents témoignages<br />
que malheureusement les camps sont souvent synonymes de mise<br />
à l’écart, de ségrégation et tendent à enfermer les habitants dans un milieu<br />
informel.<br />
Dans l’exemple du tremblement de terre de Gibellina en Italie en 1968,<br />
nous retrouvons des témoignages qui comparent les camps de réfugiés à<br />
des camps de concentration.<br />
«The barrack cities have been called concentration camps by their<br />
inhabitants, and while that may be an exaggeration, the comparison<br />
is not without some validity. These 45’000 people are living surrogate<br />
lives in surrogate towns.<br />
It has been seven years of fire and ice. In the summer the scorching<br />
Sicilian sun turns the barracks into ovens, especially the metal<br />
Quonset huts. In the winter the cold wind whips through the thin walls<br />
of the wooden barracks and rattles the metal sheet of the Quonset<br />
huts, making it difficult to sleep. The only source of heat is a small<br />
electric heater; it must be small and therefore inadequate bec<strong>au</strong>se<br />
the insufficient electrical lines will not support heavier loads.<br />
For seven years the barracks dwellers have known no privacy in their<br />
tiny homes […]. Cardboard-thin walls provide the only separation<br />
63<br />
La problématique des camps
64<br />
between one family and another, and the least sound can be heard<br />
in the adjoining living unit. […] Under these conditions there is no<br />
possibility, not even even structurally, to concentrate, to escape,<br />
simply to be alone.»<br />
(L. Baldassaro, 1975)<br />
Les camps ont une durée de vie parfois très longue et créent une nouvelle<br />
dynamique dans la société. La taille des camps varie, dans certain cas<br />
nous retrouvons une « ville dans la ville », c’est une nouvelle ville avec une<br />
nouvelle dynamique, de nouvelles méthodes de logements et de nouve<strong>au</strong>x<br />
repères. <strong>De</strong>s commerces et <strong>au</strong>tres activités peuvent naître <strong>au</strong>x coeur des<br />
camps. La vie dans les camps est rhytmée par les distributions des ONG<br />
ou recensement. Hors de ces périodes, le camp vit <strong>au</strong> rhytme des pendulaires,<br />
les résidents quittent le camp le matin pour aller travailler et rentrent<br />
le soir pour aller dormir. (entretien, chez OIM, M. Bordier, 2011)<br />
La relation entre les camps et la ville est importante, des échanges se font<br />
régulièrement entre ceux-ci que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du travail ou alors des rapports<br />
soci<strong>au</strong>x, c’est pour cela que l’emplacement des camps par rapport à<br />
la ville est un point crucial (M. K. Doraï,2008). Il existe be<strong>au</strong>coup de camps<br />
ou même de reconstructions durables qui ont été construits trop à l’extérieur<br />
de la ville et qui sont inhabités actuellement.(S. <strong>De</strong>prez et al., 2010).<br />
Les camps ne sont normalement pas faits pour durer, l’un des problèmes<br />
lors du « durcissement » des logements à l’intérieur d’un camp est la transformation<br />
de celui-ci en bidonville. Après un certain temps la population du<br />
camp ne diminue plus car les personnes relogées ont été remplacées par<br />
d’<strong>au</strong>tres qui avant la catastrophe ne disposaient pas de logement convenable.<br />
Les camps servent parfois de second refuge pour les migrants. (entretien<br />
chez OIM, P. Van <strong>De</strong>r Auweraert, 2011), ils sont également des lieux<br />
vulnérables, ils ne sont pas ég<strong>au</strong>x à la ville, des asymétries se développent<br />
et ne permettent pas une acceptation de ce tissu urbain <strong>au</strong> sein de la ville.<br />
<strong>De</strong>s limites immatérielles subsistent et les droits des personnes touchées<br />
ne sont pas les mêmes que celles épargnées, ceci se remarque essentiellement<br />
dans le cas de camps établis dans d’<strong>au</strong>tres pays, où les réfugiés n’ont<br />
pas les même droits que les citoyens du pays. (M. K. Doraï, 2008)<br />
Les camps nous aident à mieux comprendre les besoins des victimes, ainsi<br />
que leur développement et leur impact social. La structure du camp est intéressante<br />
de part son nive<strong>au</strong> informel, elle nous permet de mieux assimiler<br />
l’implication de la population dans la reconstruction ainsi que leurs astuces<br />
pour améliorer leur habitat.<br />
Le camp comporte trois notions importantes : <strong>au</strong>tonomie, contrôle et nécessité.<br />
Un camp est sensé être éphémère, si celui-ci perdure, quelles sont les<br />
conséquences sur le développement social et de l’habitat? Si des méthodes<br />
dites de “camping“ deviennent des éléments du quotidien, quelles<br />
sont leurs répercutions sur l’espace environnant, privé ou public?<br />
La notion du temps est élémentaire, en effet le camp se situe entre l’éphémère<br />
et la permanence, il est impossible de déterminer avec exactitude sa<br />
durée. Les éléments qui constituent le camp influencent la notion de temporalité,<br />
les accès <strong>au</strong>x besoins vit<strong>au</strong>x, les échanges soci<strong>au</strong>x et la connexion<br />
du camp à son environnement extérieur. Il existe passablement de « va et<br />
vient» entre les camps, le nive<strong>au</strong> de sécurité n’est pas le même, ces différents<br />
facteurs interviennent dans la longévité du camp. (entretien, chez<br />
l’OIM, M. Bordier, 2011)<br />
«Camps are not intended to be sustainable settlements, but every<br />
effort should be made to create and support livelihood opportunities<br />
for displaced populations, to empower them by increasing their<br />
self-sufficiency, and to reduce demands upon the aid community.»<br />
(C.Hailey, 2009)<br />
La plupart des camps sont construits pendant les jours qui suivent la catastrophe,<br />
et ont un fort t<strong>au</strong>x d’occupation, puis la population <strong>au</strong> sein du camp<br />
diminue progressivement. La majorité des camps, sont des camps spontanés.<br />
Ce qui nous intéresse c’est les différences entre les camps planifiés<br />
organisés par des ONG et les camps spontanés formés par la population<br />
affectée.<br />
65<br />
La problématique des camps
66<br />
«<strong>De</strong> par leur hétérogénéité<br />
même, les camps peuvent être<br />
la genèse de villes imprévues,<br />
de nouve<strong>au</strong>x contextes de<br />
socialisation, de relations et<br />
d’identification.»<br />
(M.Agier, 2002)<br />
67<br />
La problématique des camps
68<br />
les camps planifies<br />
Idéalement le camp devrait être établi en premier lieu par les ONG, malheureusement<br />
ceci est quasi impossible (cf. figure 13). Selon C.Hailey, le<br />
camp organisé, facilite l’accessibilité à la sécurité ainsi qu’<strong>au</strong>x besoins des<br />
victimes, ils sont souvent organisés en quadrillage. C’est un modèle simple,<br />
préconçu et qui s’adapte facilement à tout type de terrain, par contre il<br />
génère des problèmes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la standardisation qui souvent met<br />
de côté les modes de vie loc<strong>au</strong>x qui sont indispensables <strong>au</strong> bon fonctionnement<br />
de la société relogée. (Y. Miara, 2009) Nous observons souvent<br />
un mélange entre une base qui ressemble à une structure militaire et des<br />
éléments d’<strong>au</strong>to-organisation qui viennent des réfugiés. Il f<strong>au</strong>t également<br />
considérer la nécessité d’une certaine contrainte organisationnelle, par<br />
exemple <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du plan de masse qui peut être difficilement perçu par<br />
les habitants du camp. Le camp est souvent fermé afin de contrôler l’accès<br />
et la population qui habite les lieux, c’est ce qui distingue un camp informel<br />
de celui des ONG. (I.Vuarambon, entretient, 2011). Il existe une base de<br />
données établie par les associations telle que : « UNHCR » et « sphère<br />
project » (cf. figure 14)<br />
1. Les camps sont limités à 20 milles personnes.<br />
2. Le camp doit fournir un espace suffisant et une protection contre le<br />
froid, l’humidité, la chaleur, la pluie, le vent ou d’<strong>au</strong>tres menaces pour la<br />
santé, notamment les risques structurels et les vecteurs de maladies.<br />
3. Il f<strong>au</strong>t prévoir des coupes feux de 30 m tous les 300 mètres et un<br />
minimum de 2m entre les logements, mais de préférence deux fois la<br />
h<strong>au</strong>teur de l’habitat.<br />
4. L’espace minimum pour chaques personne est de 4,5 mètre carré et<br />
de 3,5 mètre carré de surface couverte.<br />
5. La distance maximum séparant tout ménage du point d’e<strong>au</strong> le plus<br />
proche est de 500 mètres.<br />
6. Le temps passé à faire la queue <strong>au</strong> point d’e<strong>au</strong> ne doit pas dépasser<br />
30 minutes.<br />
7. 250 personnes pour un robinet, ceci est établi en fonction du débit et<br />
de la disponibilité de l’e<strong>au</strong> avec une accessibilité à l’e<strong>au</strong> d’environ 8<br />
heures par jour.<br />
8. Zones de défécation : durant la phase initiale d’une catastrophe et si<br />
du terrain est disponible, il f<strong>au</strong>t délimiter une zone de défécation et/ou<br />
construire des latrines en tranchées.<br />
9. Les toilettes sont situées de manière à réduire <strong>au</strong> minimum les risques<br />
pour la sécurité des utilisateurs, en particulier des femmes et des filles,<br />
à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit.<br />
10. 20 personnes <strong>au</strong> maximum se servent de chaque toilette.<br />
11. Les toilettes se situent tout <strong>au</strong> plus à 50 m des habitations.<br />
figure 13. couverture des agences de gestion de camp (cma)<br />
51%<br />
17%<br />
83%<br />
Nombre de camps gérés par un CMA<br />
Nombre de camps spontanés sans CMA<br />
Nombre de déplacés internes dans<br />
des camps gérés par un CMA<br />
Seulement 17% des camps après le tremblement<br />
de terre à Haïti en 2010, étaient pris en<br />
charge par des CMA. Ceci est du entre <strong>au</strong>tre<br />
à la rapidité de la création de camps spontanés<br />
ainsi qu’<strong>au</strong>x nombre exeptionnellement<br />
élevé de camps (plus de 1200 camps).<br />
Par contre plus de la moitié des déplacés<br />
internes se trouvent dans les camps géré<br />
par un CMA, car l’organisation et l’accès à<br />
l’aide y est plus facile. Une <strong>au</strong>tre raison est<br />
également la fermeture des camps spontanés<br />
formés sur des terrains à risque ou illég<strong>au</strong>x,<br />
sans CMA.<br />
(Graphique fait à partir des données d’OIM)<br />
69<br />
La problématique des camps
70<br />
figure 14. camp de 20’000 personnes etablit selon les normes des ong<br />
Tranchée coupe<br />
feu de 30m tous<br />
les 300 m<br />
Abris de 4<br />
personnes avec<br />
18m2, espacés<br />
les uns des <strong>au</strong>tres<br />
par 2m<br />
Point d’e<strong>au</strong> à<br />
moins de 500m<br />
pour 250 personnes<br />
12 toilettes pour<br />
250 personnes, à<br />
moins de 50m des<br />
abris<br />
650 m<br />
450 m<br />
(Graphique fait à partir des données de Sphere Project)<br />
71<br />
La problématique des camps
72<br />
Un camp doit fournir: un logement, une protection,<br />
un lieu de développement pour les gens<br />
affectés.<br />
Il est important d’aborder le camp sous différentes<br />
échelles (cf.figure 15 et 16). Il f<strong>au</strong>t<br />
observer le camp dans son contexte, c’est-àdire<br />
par rapport à la ville, le lieu qui l’entoure<br />
ce qui nous ramène à l’échelle du master plan,<br />
ensuite voir le camp en lui-même, puis en un<br />
groupement de logement ce qui correspond à<br />
l’échelle du quartier et pour finir son unité d’habitation<br />
qui revient à l’échelle humaine.<br />
L’organisation du camp est souvent faite en<br />
secteur, (module de famille, commun<strong>au</strong>té). Les<br />
recommandations ne sont souvent pas respectées<br />
et l’organisation du camp devient difficile<br />
à gérer. Ce que nous retrouvons comme<br />
éléments de base dans les camps sont: les<br />
points d’e<strong>au</strong>, les moyens d’accès qui se font<br />
essentiellement à pied, des services d’éducation<br />
et de santé, une structure sécuritaire,<br />
un système d’évacuation des déchets et e<strong>au</strong>x<br />
usées. (entretien, I .Vuarambon, 2011)<br />
figure 15. trois plans commun<strong>au</strong>taires<br />
pour des abris transitoires<br />
«Hollow square plan»<br />
«Staggered plan»<br />
«Community Road plan»<br />
figure 16. subdivision d’un camp en secteurs,<br />
ilots et commun<strong>au</strong>tes<br />
Camp d’approximativement 20’000 habitants<br />
4 secteurs:<br />
1. Coupe feu de 30m tous les 300m<br />
2. Les routes suivent le contour et amènent<br />
du centre vers l’extérieur<br />
3. La canalisation suit également le contour<br />
4. Centre administratif situé <strong>au</strong> centre du<br />
camp<br />
5. Eléments utilisés pour empêcher la répéti-<br />
tion de l’agencement du camp<br />
Secteur d’approximativement 5’000 habitants<br />
4 îlots:<br />
1. Coupe feu de 15m entre les blocs<br />
2. Doit contenir des espaces centr<strong>au</strong>x com-<br />
merci<strong>au</strong>x ou de loisirs<br />
Ilots d’approximativement 1250 habitants<br />
16 commun<strong>au</strong>tés:<br />
1. Coupe feu de 6m (chemin)<br />
Commun<strong>au</strong>té d’approximativement 80 habitants<br />
16 emplacements avec 16 abris:<br />
1. Coupe feu de 2m entre chaque abris<br />
2. Le drainage doit être bien établis et bien<br />
maintenu<br />
3. Les e<strong>au</strong>x usées ne doivent pas polluer les<br />
sources d’e<strong>au</strong>x ou créer de l’érosion<br />
(Shelterproject,1997, in <strong>De</strong>sign like you give a<br />
Damn, 2008)<br />
73<br />
La problématique des camps
74<br />
les camps spontanes<br />
Les camps spontanés sont une réponse directe à la nécessité du logement<br />
d’urgence, c’est <strong>au</strong>ssi une réaction innée, parfois les gens n’ont pas besoin<br />
d’aide externe car ils peuvent très bien s’organiser et trouver des solutions<br />
efficaces. Rendre la population dépendante d’une aide externe n’est pas<br />
nécessairement la meilleure des solutions. (I.Davis,1978)<br />
Il est vrai que dans une situation de crise, les victimes ne vont pas attendre<br />
qu’ont leur fournisse de l’aide, elles réagissent avec les moyens qui les<br />
entourent. Il ne f<strong>au</strong>t pas sous-estimer l’instinct de survie de chacun. La<br />
population touchée va s’installer « de proche en proche » sans réel sens<br />
de l’organisation (Y.Miara, 2009). Les problèmes apparaissent essentiellement<br />
lorsque la situation perdure, dès lors des aides externes sont nécessaires<br />
pour un développement durable. L’effet de spontanéité peut <strong>au</strong>ssi<br />
engendrer des problèmes supplémentaires tels que des risques sanitaires,<br />
des emplacements ou des structures non sécurisées, ou alors des confits<br />
internes entre les populations ou les gens avoisinant. Néanmoins, il est intéressant<br />
de considérer cette organisation car certains points pourraient être<br />
implémentés dans les camps organisés. Ces camps s’organisent également<br />
en quartier avec leur propre commun<strong>au</strong>té, parfois cette commun<strong>au</strong>té<br />
ne découvrira pas l’entier du camp car elle restera surtout dans son quartier.<br />
(entretien chez OIM, M.Bordier, 2011). La formation de ces camps<br />
nous aide à comprendre les déplacements de la population ainsi que son<br />
organisation, en repérant les lieux de rencontre ou alors de distribution de<br />
vivres ou de médicaments. Malheureusement, il est très difficile de distinguer<br />
ces différents éléments <strong>au</strong> sein d’un camp spontané.<br />
75<br />
La problématique des camps
76<br />
Les camps pour réfugiés peuvent également servir <strong>au</strong>x ONG de moyens de<br />
pression sur différentes organisations gouvernementales afin d’obtenir une<br />
reconstruction <strong>permanent</strong>e plus rapide.<br />
La question est comment intégrer dans un camp des éléments de base<br />
pour la construction du <strong>permanent</strong> et ainsi éviter des phases de reconstructions<br />
séparées? Dans bien des cas, les différentes phases de reconstruction<br />
qui se veulent discontinues ne le sont jamais réellement, car la population<br />
fait des «va et vient» entre la zone détruite, le camp et la nouvelle zone<br />
de relogement <strong>permanent</strong>e. Les différents matéri<strong>au</strong>x (toile de tente) sont<br />
souvent utilisés de multiples manières <strong>au</strong> cour des différentes phases de<br />
reconstruction.<br />
Par exemple, dans le cas du tremblement de terre de 1968 à Gibellina<br />
en Italie, le gouvernement lors de la planification percevait ces trois zones<br />
comme, « une ville perdue », « une ville à supprimer » et enfin « une ville<br />
nouvelle ». La notion d’échange que pouvait subsister entre ces éléments<br />
n’était pas prise en compte. La commun<strong>au</strong>té s’était recréée <strong>au</strong>tour de ces<br />
trois zones. La proposition du gouvernement pour la nouvelle planification<br />
de la ville,était celle de la « tabula rasa », ce qui laissait croire que le lieu<br />
n’avait <strong>au</strong>cune « spécificité » et que par là, un modèle universel pouvait être<br />
proposé. (J.Grisel, 2010)<br />
Lorsque les gouvernements donnent de nouve<strong>au</strong>x emplacements éloignés<br />
les uns des <strong>au</strong>tres, le lien social est dissolu une seconde fois et tout est à<br />
recommencer. La vie sociale <strong>au</strong> sein du camp est importante pour le bon<br />
fonctionnement de la reconstruction.<br />
Dans la situation du camp de Gibellina en1968, les réfugiés sont restés 14<br />
ans dans les camps.<br />
Le parcours de la reconstruction après le tremblement de terre de Gibellina<br />
est un des seuls exemples détaillé où nous pouvons observer l’entier de la<br />
phase de reconstruction (cf. figure 17)<br />
Pour de notre travail, nous souhaitons trouver des éléments <strong>au</strong> sein du<br />
camp qui soient capables de lier les différentes phases de reconstruction<br />
entre elles de manière plus concrète afin de redynamiser le relogement <strong>permanent</strong><br />
des victimes avec un processus participatif et également relancer<br />
l’économie locale.<br />
77<br />
La problématique des camps
78<br />
figure 17. tremblement de terre de gibellina, sicile<br />
185 morts<br />
190 blessés<br />
Gibellina avant et après la catastrophe<br />
1er mars, Marche à<br />
Rome<br />
pour protester contre le<br />
retard de la reconstruction<br />
janvier 1968<br />
TREMBLEMENT DE<br />
TERRE<br />
L’armée déclare la<br />
ZONE SINISTREE,<br />
monte des TENTES<br />
pour abriter les victimes<br />
L’état facilite<br />
l’émigration à l’étranger,<br />
il fournit des VISA.<br />
9 juillet, <strong>au</strong>tre manifestation<br />
devant le parlement<br />
Sicilien pour<br />
solliciter une action<br />
rapide du<br />
gouvernement local<br />
pour la reconstruction<br />
L’état décide de raser<br />
certaines villes passablement<br />
détruites<br />
janvier 1969 janvier 1970<br />
Proposition d’un plan<br />
de développement<br />
démocratique pour la<br />
vallée du Belice, du<br />
Carboi et du Jato.<br />
Idée d’avoir une ville<br />
territoriale composée<br />
de plusieurs centralités.<br />
Tentes et baraquements<br />
Décide de transferer<br />
la ville de<br />
Gibellina sur un<br />
AUTRE SITE.<br />
Le gouvernement<br />
construit finalement des<br />
BARAQUES de 16m2<br />
par famille dans des<br />
camps.<br />
Fragmentation des<br />
baraques afin de mieux<br />
contrôler les gens et<br />
éviter des révoltes.<br />
Carte présentant les positions des centres anciens<br />
et nouve<strong>au</strong>x ainsi que les baraquements<br />
1972<br />
Apparition de plans<br />
détailés pour chacunes<br />
des communes.<br />
Exemple de sité jardin qui ont inspirée la<br />
proposition pour les villes du Belice.<br />
Comparaison à la même echelle entre<br />
l’ancienne et la nouvelle ville.<br />
Construction en<br />
premier des infrastructures<br />
routièes<br />
principales, puis des<br />
zones industrielles.<br />
Pourquoi ne pas<br />
reconstruire en<br />
premier les logements<br />
et services<br />
soci<strong>au</strong>x?<br />
1976<br />
1977 1979 1980<br />
1976-1977<br />
Construction des<br />
premières structures<br />
de DEVELOPPE-<br />
MENT URBAIN<br />
1977-1980<br />
Construction de<br />
MAISONS en rangée<br />
et d’écoles<br />
TRANSFERT de la<br />
population dans les<br />
baraquements vers la<br />
nouvelle ville.<br />
1er initiative du<br />
conseil communal<br />
pour corriger les<br />
orientations du plan<br />
initial suite <strong>au</strong>x<br />
revendications de la<br />
population.<br />
Exemple de différence morphologique à la<br />
même echelle, entre la ville ancienne de<br />
Poggioreale et la ville nouvelle.<br />
Système de voiries<br />
différenciées et habitation en<br />
rangées.<br />
A g<strong>au</strong>che projet construit<br />
par l’état, à droite<br />
construction individualisées,<br />
répondant <strong>au</strong> même principe<br />
urbanistique.<br />
Graphique fait à Partir des données de Grisel, Julien.<br />
79<br />
La problématique des camps
80<br />
1. Fournir un abri sûr.<br />
points cles<br />
2. La formation des camps est essentiellement spontanée.<br />
3. Très peu de camps sont gérés par des ONG.<br />
4. La formation des camps est inévitable.<br />
5. Il est admis que les déplacements de la population sur des sites éloignés<br />
sont à éviter.<br />
6. La plupart des camps sont construits pendant les quelques jours qui<br />
suivent la catastrophe, et ont un fort t<strong>au</strong>x d’occupation, puis la population<br />
<strong>au</strong> sein du camp diminue petit à petit.<br />
7. La population <strong>au</strong> sein du camp varie selon les différentes activités du<br />
jour et de la nuit.<br />
8. Il existe différents types de camps : <strong>au</strong> sein, <strong>au</strong>x frontières et à l’extérieur<br />
de la ville.<br />
9. Les camps se forment surtout sur des zones dégagées et faciles d’accès:<br />
parcs, bordure de forêts, bordure de routes, terrain de sport.<br />
10. Il est important de différencier chaques types de camps : à court<br />
terme, à moyen terme et à long terme, car la réponse <strong>au</strong> relogement<br />
est différente ainsi que le type d’habitat à fournir.<br />
11. Les camps ne sont pas sensés être <strong>permanent</strong>s, le but est de diminuer<br />
leur nombre par le biais de la reconstruction et du relogement.<br />
12. Les camps de grandes tailles fonctionnent comme des villes, la structure<br />
<strong>au</strong> sein du camp est similaire à celle-ci, il y existe des structures<br />
scolaires, des commences. Les camps s’organisent en quartier avec<br />
une commun<strong>au</strong>té qui lui correspond.<br />
13. Les échanges entre la ville et les camps sont importants, que ce soit <strong>au</strong><br />
nive<strong>au</strong> du travail, de la vie sociale ou lors du relogement.<br />
14. A long terme les logements <strong>au</strong> sein du camp peuvent se « durcir » et<br />
devenir <strong>permanent</strong>s. <strong>De</strong> ce fait, ils deviennent partie intégrante de la<br />
ville.<br />
81<br />
La problématique des camps
82<br />
planifie<br />
versus<br />
non planifie<br />
Pour mieux comprendre le processus de reconstruction, il est essentiel<br />
d’introduire quelques notions de planifications urbaines, nous abordons<br />
la reconstruction comme un phénomène global qui comprend la<br />
reconstruction d’une ville, d’une société et non pas uniquement de logements<br />
individuels. C’est avant tout la reconstruction d’une collectivité.<br />
Nous parlerons du courant actuel des différents types d’organisation urbaine,<br />
qui nous semble utile dans notre recherche pour le processus de<br />
relogement.<br />
Dans ce chapitre, nous nous intéressons également <strong>au</strong> monde de l’informel.<br />
Notre analyse portera sur l’échelle de l’habitat et nous verrons comment les<br />
réponses informelles peuvent être utiles à notre problématique.<br />
83
84<br />
la ville<br />
Avant d’établir une stratégie pour le relogement, il nous f<strong>au</strong>t comprendre les<br />
bases de la constitution d’une ville, comprendre ce qui permet à la société<br />
de s’y développer. Nous partons également de l’idée qu’il est possible de<br />
planifier une ville jusqu’à un certain nive<strong>au</strong> de finalité, étant donné que nous<br />
ne pouvons que partiellement déterminer comment les gens vont réagir.<br />
F.Ascher montre l’importance de la polyvalence et de la multiplicité, et non<br />
pas l’idée de répétition et de production à grande échelle utilisé parfois par<br />
les ONG pour la reconstruction urbaine. Les lieux de connections entre<br />
les différents rése<strong>au</strong>x sont importants. Ils sont des enjeux clé dans la dynamique<br />
urbaine.<br />
Le néo-urbanisme comporte certains éléments qui pourraient nous être<br />
utiles. Il admet la complexité et propose une variété de formes, d’ambiances<br />
architecturales et urbaines à une société de plus en plus différenciée dans<br />
sa composition, ses pratiques et ses goûts.<br />
Définition du néo-urbanisme:<br />
«Le néo-urbanisme doit s’efforcer d’aménager ces possibilités,<br />
de concevoir des espaces multiples à n dimensions sociales et<br />
fonctionnelles, des hyperespaces combinant le réel et le virtuel,<br />
propices tant à l’intimité qu’à des sociabilités variées.»<br />
(F.Ascher, 2010)<br />
Il f<strong>au</strong>t trouver un système qui ait une structure et procure une liberté à l’habitant,<br />
pour occuper <strong>au</strong> mieux l’espace mit à sa disposition, s’y développer et<br />
engager une dynamique sociale positive. Nous retrouvons certains de ces<br />
critères dans le néo-urbanisme.<br />
Nous pouvons distinguer les points importants suivants pour une reconstruction<br />
après un désastre :<br />
1. Multiplicité des solutions<br />
2. Flexibilité des espaces<br />
3. Adaptation dans le temps<br />
Il existe <strong>au</strong>ssi l’idée d’une coopération du “bottom up” et “top down” qui<br />
nous est indispensable.<br />
«Dans les pays en développements, les villes planifiées génèrent<br />
en parallèle des villes informelles, ce sont deux phénomènes<br />
indissociables de nos jours. L’un est une réponse à l’<strong>au</strong>tre. Le<br />
problème est que les villes ne sont pas construites pour des gens<br />
qui ont de faibles revenus, elles ne sont également pas conçues<br />
pour le bon nombre de personne.»<br />
(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />
Ceci nous fait penser qu’il f<strong>au</strong>t dorénavant considérer le planifié et l’informel<br />
comme un tout et non des facteurs indépendants.<br />
«Both the New town and the Free Town might be interpreted as<br />
symbols of segregation. However, they can also be viewed as<br />
a disproof of the “identity crisis” of the welfare city, as well as a<br />
proof of its possible adaptation by contemporary society with all its<br />
complexities and challenges.»<br />
(Ibid.)<br />
Lors de la reconstruction l’informel et le formel ne devront former qu’un.<br />
La structure du formel devra aider l’informel et ce dernier aidera le formel<br />
afin d’<strong>au</strong>gmenter la rapidité de construction et surtout correspondre <strong>au</strong>x<br />
problèmes du foncier.<br />
«La ville n’est jamais simplement l’organisation spatiale de la<br />
mosaïque de territoires : les territoires de deuxième implantation<br />
viennent tôt ou tard bousculer cette organisation pour fabriquer un<br />
moral bien plus confus, composés d’hybrides culturels produits par<br />
la succession des populations migrantes, appartenant à la même<br />
commun<strong>au</strong>té ou à des commun<strong>au</strong>tés différentes.»<br />
(J.Jureidini, 1998)<br />
85<br />
Planifié vs. non planifié
86<br />
Cette image illustre les milliards d’interactions sociales quotidiennes.<br />
«La performance voire la<br />
durabilité s’obtiennent plutôt<br />
par la variété, la flexibilité, la<br />
réactivité.»<br />
(F.Ascher, 2010)<br />
87<br />
Planifié vs. non planifié
88<br />
les bidonvilles<br />
Lizzaralde propose une approche qui se base sur des formes d’habitats<br />
<strong>au</strong>togérés et constate qu’ils ont des contraintes matérielles, financières et<br />
temporelles proche de la reconstruction après un désastre. L’analyse des<br />
habitats spontanés montre <strong>au</strong>ssi un phénomène de durcissement de certaines<br />
habitations. A la base temporaires, elles évoluent pour devenir des<br />
logements <strong>permanent</strong>s. Les conclusions de cette étude sur les différences<br />
entre design informel et solutions standardisées sont les suivantes:<br />
Il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts. Toutes les activités<br />
sociales se déroulent en général dans des espaces semi-fermés, à l’extérieur<br />
de la maison, ceci surtout dans les pays ch<strong>au</strong>ds. Ainsi les activités,<br />
telles que la lessive, les repas, le jeux avec les enfants, se déroulent dans un<br />
espace semi cloisonné. Le déplacement de ces activités dans des espaces<br />
extérieurs ou semi extérieurs permet de réduire le coût de construction.<br />
Dans la solution planifiée, il y a soit un extérieur, soit un intérieur, mais rarement<br />
un entre-deux.<br />
Dans le secteur informel, les habitants conçoient leur habitat de manière<br />
dynamique en y intégrant la possibilité d’évolution selon leurs besoins et<br />
leurs moyens. Contrairement <strong>au</strong>x solutions proposées dans le secteur<br />
formel, les types d’habitats ne se limitent pas à un seul étage. Selon les<br />
moyens des familles, les habitations peuvent s’agrandir, soit de manière<br />
horizontale ou verticale. En effet dans certains cas, comme <strong>au</strong> Vietnam, un<br />
surdimensionnement des murs porteurs permet une possibilité d’agrandissement<br />
futur. (R.Metzger, 2000)<br />
Les solutions habituelles pour des raisons économiques et de simplicité de<br />
construction, se limitent souvent à un seul étage.<br />
Il y a un soin particulier apporté <strong>au</strong>x espaces intérieurs. Ces derniers sont<br />
équipés du confort moderne, Tv, DVD, ordinateurs, et... Les espaces ont<br />
une grande flexibilité et pièce peut avoir plusieurs fonctions <strong>au</strong> cours de la<br />
journée. Dans le design occidental, il y a par contre plus souvent une subdivision<br />
claire des espaces pour une activité spécifique.<br />
Il est difficile de distinguer la construction originelle des parties qui ont été<br />
ajoutées. Les matéri<strong>au</strong>x utilisés rendent cette distinction difficile. Ce type<br />
de construction utilise le même type de matéri<strong>au</strong>x, en général des matéri<strong>au</strong>x<br />
légers ou recyclés dont la mise en œuvre permet une grande flexibilité.<br />
Il y a également une ambiguité entre ce qui est temporaire et <strong>permanent</strong>.<br />
Dans le processus informel, nous notons une solidification des habitations<br />
temporaires.<br />
Il n’ existe pas de réelle temporalité, car c’est une évolution de l’espace bâti,<br />
selon les besoins et moyens des habitants. C’est un processus progressif<br />
avec une première construction très rapide, puis une évolution sans fin distincte.<br />
La variabilité des unités d’habitation est grande, les façades ne sont pas<br />
uniformes, contrairement à ce que nous imaginons, une attention élevée<br />
est apportée à l’esthétique des façades des logements informels avec<br />
une grande variété de couleurs, de matières et de textures. Le manque de<br />
moyens ne rime pas forcément avec une limitation de l’esthétique des logements.<br />
Nous notons le contraire dans les solutions adoptées par l’approche<br />
formelle, les maisons préfabriquées ont une uniformté de la façade. La<br />
préfabrication offre le même module à chacun avec peu de possibilités de<br />
personnalisation et présuppose que les besoins sont les mêmes pour tous.<br />
Comme nous l’avons vu précédemment, les espaces intérieurs sont conçus<br />
avec une flexibilité pour accueillir plusieurs types d’activité. Ainsi, il n’est pas<br />
rare que le programme soit mixte, nous observons alors une transformation<br />
de certains espaces domestiques en espaces commerci<strong>au</strong>x la journée.<br />
C’est souvent le choix des femmes qui veulent travailler et en même temps<br />
s’occuper de leurs enfants.<br />
La multiplicité du programme est négligée dans les reconstructions où les<br />
associations préfèrent définir clairement les programmes commerci<strong>au</strong>x et<br />
résidentiels.<br />
Nous retrouvons une diversité dans les espaces publics, c’est important<br />
pour les interactions sociales. Ces espaces se forment vers des points<br />
d’intérêts, tels que des arbres qui offrent de l’ombre ou des châte<strong>au</strong>x<br />
d’e<strong>au</strong>x.<br />
L’utilisation des produits et du savoir faire local est en effet essentiel dans<br />
le processus de reconstruction. Cependant la préfabrication de petits<br />
éléments légers (à la différence de la préfabrication d’éléments lourds<br />
dans les années 80) peut s’avérer économiquement viable et peut aider<br />
considérablement la reconstruction.<br />
89<br />
Planifié vs. non planifié
90<br />
Un des moyens pour réduire les coûts est la réutilisation des matéri<strong>au</strong>x<br />
de construction. Cette pratique est pourtant peu utilisée par les ONG qui<br />
peinent à se distancier de la construction standard, be<strong>au</strong>coup de matéri<strong>au</strong>x<br />
sont perdus lors des catastrophes alors qu’ils pourraient être recyclés.<br />
Un <strong>au</strong>tre problème est le recyclage des éléments de manière efficace,<br />
c’est-à-dire ne pas réutiliser des briques mal adaptées dès le départ et qui<br />
risquent de se casser à la moindre secousse, mais de les réutiliser dans<br />
des éléments qui n’ont pas de fonction sécuritaire, comme des éléments de<br />
cuisine, ou salle de bain ou même de revêtement de sol. (entretien, DDC,<br />
M. Schärlig, 2011)<br />
<strong>De</strong> part la disparité des éléments trouvés et réutilisés, nous retrouvons dans<br />
les constructions une combinaison de différentes technologies. Il n’est<br />
d’ailleurs pas rare de voir des technologies légères se transformer en technologies<br />
lourdes dès que les moyens le permettent.<br />
Les avantages des bidonvilles:<br />
• les liens soci<strong>au</strong>x<br />
«… One hears the slums praised as a social construct. Briefly, what<br />
this amounts to is that the people in these slums may be poor,<br />
but nonetheless they are very happy. They have one another, the<br />
social structures are strong, and the alienation and the loneliness<br />
of modern life have yet make themselves felt here.»<br />
(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />
• Le design répond immédiatement <strong>au</strong>x besoins des habitants. Ceci permet<br />
de redonner une échelle architecturale qui correspond réellement<br />
à la société qui habite les lieux.<br />
• Les structures urbaines sont bien établies, par exemple, les écoles<br />
sont placées en bon nombre et <strong>au</strong> bon endroit (entretien, I. Vuarembon,<br />
2011). Les infrastructures spontanées répondent correctement<br />
<strong>au</strong>x besoins des usagers.<br />
• Urbanisation <strong>au</strong>togérée<br />
91<br />
Planifié vs. non planifié
92<br />
«Self-organization is of course one of the key elements of the informal<br />
city that could inspire the formal city.»<br />
(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />
Les inconvenient des bidonvilles:<br />
• Insalubrité et insécurité<br />
«Research shows that slum dwellers die earlier, experience more<br />
hunger, have less education, have fewer chances of employment<br />
and suffer more ill-health than the rest of the urban population…The<br />
prevalence of killer diseases in slums is associated with very poor<br />
and inadequate living and housing conditions rather than income<br />
levels.»<br />
(Ibid.)<br />
• Il est difficile de placer des infrastructures, les espaces entres les différentes<br />
maisons sont très petits voir inexistants.<br />
points cles<br />
1. L’urbanisme formel peut être utile à l’échelle d’une planification urbaine,<br />
car nous avons besoin de structures de bases bien organisées et qui<br />
soient également capables d’accueillir un degré de flexibilité élevé.<br />
2. La structure des bidonvilles est un bon exemple d’<strong>au</strong>togestion et est<br />
un exemple de structure informelle qui peut être utile lors de planification<br />
urbaine pour des projets de reconstruction, ainsi que le développement<br />
des habitations qui répondent <strong>au</strong>x besoins essentiels de<br />
l’habitant.<br />
3. Les méthodes de « planification » des bidonvilles et du logement nous<br />
permettent de travailler sur la flexibilité du plan à l’échelle du master<br />
plan ainsi qu’à l’échelle de l’habitat.<br />
4. Dans les slums, il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts.<br />
5. Il f<strong>au</strong>t faire attention à l’ambiguité entre ce qui est temporaire et permanant.<br />
6. Il f<strong>au</strong>t s’inspirer de l’usage intensif du recyclage des matéri<strong>au</strong>x de<br />
construction.<br />
7. Prendre en compte l’importance de la mixité des activités.<br />
8. Prendre en compte l’importance de la variété des espaces publics.<br />
93<br />
Planifié vs. non planifié
94<br />
cas d’etude:<br />
haïti<br />
Nous examinerons ici l’impact d’une catastrophe sur une région très vulnérable.<br />
Nous considérerons dans un premier temps le contexte dans lequel<br />
elle s’est produite, puis nous aborderons les effets de cette catastrophe et<br />
la réponse proposée par les organisations sur place. Nous nous concentrerons<br />
plus particulièrement sur Port <strong>au</strong> Prince.<br />
95
96<br />
haïti avant le 12.01.2010<br />
Contexte historique<br />
Haïti a été fondé en 1804 suite à une révolution d’esclaves contre les<br />
troupes de Bonaparte. Elle devient alors la première république indépendante<br />
dont la population est majoritairement noire. L’histoire politique<br />
d’Haïti est une succession de dictateurs, et de coup d’Etat.<br />
«Haiti’s political, judicial and security institutions have been riven<br />
by dictatorship, military intervention and instability, and remain<br />
extremely weak. Political structures are prey to personal ambition<br />
and factionalism among politicians, while the judicial system suffers<br />
from inadequate resources, inefficiency and corruption.»<br />
(Economist Intelligence Unit ,2006)<br />
Haïti est une des régions les plus p<strong>au</strong>vres du monde. La p<strong>au</strong>vreté n’est pas<br />
seulement matérielle, l’IDH (Indice de Développement Humain) est relativement<br />
bas 0.54 (en comparaison, la suisse est à 0.96). C’est <strong>au</strong>ssi l’un des<br />
pays dans lequel les différences sociales sont les plus prononcées.<br />
«Haiti is one of the wolrd’s most unequal societies. The richest 10%<br />
has almost 50% of the country’s total income, whereas the prrorest<br />
10% only has 0,7% of the income.»<br />
(United Nations Human Settlements Programme et Forsman, 2010)<br />
Une centralisation des pouvoirs<br />
Haïti est caractérisé par une centralisation des pouvoirs dans la capitale<br />
(Port <strong>au</strong> Prince). La majorité des institutions, qu’elles soient politiques ou<br />
économique s’y trouvent.<br />
La zone métropolitaine de Port-<strong>au</strong>-Prince est devenue le centre de toutes<br />
les décisions politiques et administratives, le monopole de l’administration<br />
publique (75 % de fonctionnaires et d’employés) – un centre du point de<br />
vue économique et financier comprenant 80 % des installations industrielles,<br />
commerciales et bancaires. La capitale dispose également du<br />
nive<strong>au</strong> le plus élevé d’équipements et de services avec plus de la moitié<br />
des hôpit<strong>au</strong>x du pays, plus d’un quart des écoles primaires, secondaires<br />
haïti<br />
Population en 2009 9’923243 hab<br />
<strong>De</strong>nsité 367 hab/km2<br />
Superficie 27’750 km2<br />
Amérique du nord<br />
Haïti Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
(carte, United Nation cartographic)<br />
97<br />
Cas d’étude: Haïti
98<br />
figure 18. <strong>au</strong>gmentation de la population de port-<strong>au</strong>-prince<br />
et techniques, plus de 3/4 des écoles supérieures et facultés.(Haïti PDNA,<br />
2010)<br />
La concentration de toutes les activités dans la métropole a provoqué un<br />
exode rural important.<br />
«Around 30% of Haiti’s population live in metropolitan Port-<strong>au</strong>-<br />
Prince, where 90% of the country’s total investments and formal<br />
jobs are found.»<br />
(Republic of Haiti, 2003)<br />
La population de Port-<strong>au</strong>-Prince a donc <strong>au</strong>gmenté fortement surtout à partir<br />
des années 80 (cf. figure 18.), la crise aidant, une grande partie de la population<br />
rurale a cherché un emploi dans la capitale. Face à cet accroissement<br />
rapide de la population le gouvernement a eut de la peine à fournir des<br />
logements adéquats pour tous, surtout pour la population p<strong>au</strong>vre. L’incapacité<br />
de l’Etat à contrôler cette expansion a donné naissance à un important<br />
secteur informel, que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du logement ou du travail.<br />
«More than half of today’s population in metropolitan Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
originally lived elsewhere, and in the informal areas more than 70%<br />
of the inhabitants came from the countryside.»<br />
(GHRAP, 2008).<br />
99<br />
Cas d’étude: Haïti
100<br />
l’urbanisme informel de<br />
port-<strong>au</strong>-prince<br />
A partir des années 80, l’accroissement de la population a provoqué un<br />
tournant dans l’urbanisation de Port-<strong>au</strong>-Prince. Le développement de la<br />
ville se fait selon deux directions, d’une part un urbanisme contrôlé avec<br />
un accès <strong>au</strong>x infrastructures et de l’<strong>au</strong>tre, une urbanisation chaotique (cf.<br />
figure 19). Nous observons alors le début de la « bidonvilisation » de Port<strong>au</strong>-Prince.<br />
Les logements informels sont souvent situés <strong>au</strong>x abords de la ville. Ils vont<br />
s’installer sur des terrains non constructibles, ou à risque. Ce phénomène<br />
est renforcé par une législation floue: il n’y a pas de cadastre à Haïti, de<br />
zonage, de directives ou restrictions dans l’utilisation du sol. Ceci permet à<br />
la population de construire ou bon lui semble. La conséquence de ce développement<br />
anarchique est la colonisation des zones à risques.<br />
«Port-<strong>au</strong>-Prince is a densely populated city, characterised by what<br />
many Haitians call wild urbanization (urbanization s<strong>au</strong>vage). The<br />
small hills surrounding the city are being covered with dwellings<br />
of different quality, many of them situated precariously on steep<br />
slopes and in danger of being washed away by the next torrent or<br />
hurricane. Other slum dwellers, in the centre of the city, risk flooding<br />
due to their location in the bottom of the basin of Port-<strong>au</strong>-Prince.»<br />
(United Nations Human Settlements Programme. et Forsman, 2010)<br />
La deuxième conséquence de ce type d’implantation est celle de l’inaccessibilité<br />
<strong>au</strong>x services de base (cf. figure 20). Le manque d’infrastructure<br />
touche <strong>au</strong>ssi la gestion des déchets, et l’accessibilité à des toilettes dont<br />
seul la moitié des habitants des bidonvilles ont accès. Les solutions de<br />
fortunes trouvées par les résidents, fosses septiques et <strong>au</strong>tres toilettes<br />
improvisées, ne sont pas reliées <strong>au</strong>x égouts. Les risques de débordement<br />
de ces derniers peuvent provoquer une contamination des e<strong>au</strong>x de la ville.<br />
Il en est de même pour les déchets: il n y a pas de réel traitement des déchets<br />
ou du moins pas adapté à une ville de près de 3 millions d’habitants,<br />
par exemple, le t<strong>au</strong>x de collecte des déchets est de 7 à 40% (République<br />
d’Haïti). Face à ce manque de moyens de l’Etat, les habitants se tournent<br />
vers des solutions informelles qui sont dangereuses pour l’environnement.<br />
L’incinération en plein air des déchets est fréquente et non réglementée.<br />
«In many places in Port-<strong>au</strong>-Prince, basic services (water, sanitation,<br />
roads) are not provided for the population due to difficult access<br />
to the area. In some informal areas the houses are built too close<br />
together for any pipes to be laid, sewers or drainage to be installed<br />
or roads to be built. In other areas the access problem is related to<br />
the hilly topography. Some slums are so prone to flooding that any<br />
infrastructure built would be destroyed by heavy rainfall.»<br />
(United Nations Human Settlements Programme. et Forsman 2010)<br />
101<br />
Cas d’étude: Haïti
e<br />
102<br />
, périphérie<br />
figure 19. typologie des quartiers de port-<strong>au</strong> prince<br />
Au centre ville:<br />
Une trame orthogonale définit des îlots<br />
à l’interieur desquels grandissent une<br />
forte densité de bâtiment. La rigeur<br />
de la trame des rues contraste avec<br />
le chaos apparent de l’organisation<br />
interne de l’îlot.<br />
Il est rare de voir des constructions de<br />
plus de 2-3 étages.<br />
En périphérie, quartier résidentiel:<br />
<strong>De</strong> manière similaire <strong>au</strong> centre ville, on<br />
retrouve une trame de rues orthogonales<br />
qui forment des îlots. L’organisation<br />
est plus ordonée qu’<strong>au</strong> centre<br />
ville et moins dense. Les constructions<br />
comportent 1-2 étages.<br />
En périphérie, bidonville:<br />
Il est difficile de distinguer les accès.<br />
Le quartier spontané se développe en<br />
général sur les h<strong>au</strong>teurs, l’organisation<br />
des habitation semble suivre les<br />
courbes de nive<strong>au</strong> de la colline. Il y a<br />
une forte densité et très peu, voir pas<br />
d’espace entre les construction. Elles<br />
dépassent rarement les 2 étages et<br />
sont faites en matéri<strong>au</strong>x legers.<br />
Graphique fait à partir des<br />
données de Goolgle earth<br />
Sources: ICOMOS<br />
103<br />
Cas d’étude: Haïti
104<br />
figure 20. densite de population et bidonville de port-<strong>au</strong>-prince<br />
La carte suivante nous montre la<br />
localisation des bidonvilles dans<br />
Port-<strong>au</strong>-Prince. Ils sont généralement<br />
placés à des endroits difficiles<br />
à construire; sur les reliefs et dans<br />
les zones à risque de la ville.<br />
Route principale<br />
Route secondaire<br />
Route tertiaire<br />
Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
Cours d’e<strong>au</strong><br />
H<strong>au</strong>te densité de population<br />
<strong>De</strong>nsité moyenne de population<br />
Bidonville<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />
105<br />
Cas d’étude: Haïti
106<br />
haïti apres le 12.1.2010<br />
Haïti<br />
Le tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010 a été le désastre<br />
le plus important que le pays ait connu depuis 170 ans. Il a provoqué<br />
plus de 220’000 morts et plus d’un million de sans abris.<br />
les repercutions materielles<br />
Population en 2009<br />
<strong>De</strong>nsité<br />
9’923 243 hab<br />
367 hab/km2<br />
Superficie 27 750 km2<br />
Environ 105’000 résidences ont été totalement détruites, plus de 208’000<br />
endommagées, plus de 1’300 établissements scolaires et environ 50 hôpit<strong>au</strong>x<br />
et centres de santé se sont effondrés ou sont inutilisables (cf. figure<br />
21). Le port principal du pays est devenu partiellement inopérant. Le palais<br />
présidentiel, le parlement, le palais de justice et la majorité des bâtiments<br />
des ministères et de l’administration publique sont détruits.<br />
Selon l’organisation “Haïti Earthquake”, le séisme a produit environ 40 millions<br />
de m3 de débris.<br />
repercutions sociales, politiques<br />
Tremblement de terre en janvier 2010<br />
Personnes affectées ~3,7 millions hab<br />
Personnes sans abri ~1, 5 millions hab<br />
Personnes décédées ~316000 hab<br />
Que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des soins, de l’éducation ou de la culture, tous ces<br />
secteurs ont subi de nombreuses pertes. La situation était déjà difficile<br />
<strong>au</strong>paravant, elle a pris ici des proportions énormes. Le pourcentage de<br />
ménages en situation d’insécurité alimentaire est passé de 40 à 50%, la<br />
région touchée par le séisme accueillait 50% de l’effectif scolaire du pays,<br />
30 hôpit<strong>au</strong>x sur 49 ont été détruits ou endommagés. La crise a touché à<br />
tous les nive<strong>au</strong>x les infrastructures sociales.<br />
une capitale apres desastre<br />
Les administrations et les services publics ont été fortement atteints, ce<br />
qui a accru la faiblesse politique du pays. Selon un témoignage d’un représentant<br />
de l’Etat, il était très difficile pour eux de réagir, car ils n’avaient pas<br />
l’infrastructure minimum nécessaire, ils n’avaient pas de téléphones, ni de<br />
photocopieuses, bon nombre de dossiers et registres ont été détruits. La<br />
perte matérielle et humaine <strong>au</strong> sein du gouvernement a considérablement<br />
ralentis les processus de décisions. Il a alors été difficile pour les ONG de<br />
pouvoir collaborer avec le gouvernement.<br />
Amérique du nord Haïti Port <strong>au</strong> Prince<br />
port-<strong>au</strong>-prince Port <strong>au</strong> Prince<br />
Dommages très visibles à généralisés >40%<br />
Dommages localement bien visibles 11-40%<br />
Dommages peu ou pas visibles 0-10%<br />
Population en 2009<br />
<strong>De</strong>nsité<br />
Superficie<br />
0,5 X<br />
0,2 X<br />
2 X Genève<br />
875 978 hab<br />
24 305,7 hab/km2<br />
36,04 km2<br />
Tremblement de terre en janvier 2010<br />
Personnes sans abri 609000 hab<br />
Personnes décédées 112250 hab<br />
= personnes affectées par le tremblement de terre à Haïti<br />
= personnes sans abri dû <strong>au</strong> tremblement de terre à Haïti<br />
= personnes décédées dû <strong>au</strong> tremblement de terre à Haïti<br />
Fort<br />
<strong>De</strong>structeur<br />
Désastreux<br />
Catastrophique<br />
3 4 5 6 7 8 9<br />
Haïti<br />
107<br />
Cas d’étude: Haïti
108<br />
figure 21. carte des degats et emplacements des camps a port-<strong>au</strong>-prince<br />
Nous voyons ci-contre en rouge l’ampleur des dégats<br />
provoqué par le tremblement de terre à Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />
Toute la ville a été sévèrement touchée. Notre première<br />
intuition était que les quartier les plus défavorisés seraient<br />
les plus touchés. En réalité, certains d’entres eux<br />
ont été épargnés par la catastrophe. Cela est majoritairement<br />
dû <strong>au</strong> mode de construction en structure légère qui<br />
resiste mieux <strong>au</strong> tremblement de terre que des structures<br />
en béton de piètre qualité.<br />
Courbes de nive<strong>au</strong><br />
Route primaire<br />
Route secondaire<br />
Route tertiaire<br />
Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
Cours d’e<strong>au</strong><br />
Zone industrielle<br />
Végetation<br />
Bidonville<br />
Bâtiments princip<strong>au</strong>x<br />
Camps<br />
Bâtiments partiellement endommagés<br />
Bâtiments très endommagés<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />
109<br />
Cas d’étude: Haïti
110<br />
les migrations<br />
Environ 1,3 millions de personnes vivent dans des abris provisoires dans la<br />
zone métropolitaine de Port-<strong>au</strong>-Prince et plus de 500’000 personnes ont<br />
quitté les zones sinistrées pour trouver refuge dans le reste du pays.<br />
Selon les statistiques d’OIM, environ trois quart des personnes déplacées<br />
sont restées dans la même commune et un quart sont parties dans une<br />
<strong>au</strong>tre commune. La plupart des personnes sont restées près de leur habitat<br />
que ce soit sur leur terrain ou dans des camps à proximité. (cf. figure 22 et<br />
23)<br />
figure 22. lieu de deplacement signales<br />
par les deplaces enregistres<br />
27’105 2’293 11’987<br />
Même commune, même section<br />
communale<br />
Même commune, Même Section Communale<br />
Même commune, <strong>au</strong>tre section<br />
communale<br />
Nombre de ménages<br />
Autre section communale<br />
Même commune, Autre Section Communale Autre commune,<br />
Petit-Goave<br />
12,250<br />
2,098<br />
figure 23. comparaison du nombre de menages deplaces par communes<br />
en juillet 2010, mai 2011 et juillet 2011<br />
1,507<br />
<strong>De</strong>lmas<br />
Port <strong>au</strong> Prince<br />
70,856<br />
Grand-Goave<br />
8157<br />
602 321<br />
Juillet 2010<br />
Mai 2011<br />
Juillet 2011<br />
82,086<br />
49,790<br />
49584<br />
39,530<br />
37,350<br />
Leogane<br />
Cité Soleil<br />
16,535<br />
39,260<br />
4,777<br />
Gressier<br />
10,014<br />
3,727<br />
5,603 5268<br />
951 927<br />
Jacmel<br />
6,145<br />
1,169 1,178<br />
48,273<br />
Carrefour<br />
12,228<br />
10,624<br />
Tabarre<br />
17,177<br />
11,948<br />
10,533<br />
24,604Piéton-Ville<br />
10,015 9,709<br />
Ganthier<br />
1,436<br />
380304<br />
Croix des Bouquets<br />
24,772 19,346<br />
18,365<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
111<br />
Cas d’étude: Haïti
112<br />
808<br />
analyse de la reponse<br />
post-catastrophe<br />
typologie des camps a haïti<br />
Dès le lendemain de la catastrophe, des camps spontanés se sont organisés.<br />
Ils étaient situés en général dans les h<strong>au</strong>teurs (cf. figure 26). La population<br />
craignait la venue d’un tsunami, elle a donc préféré se réfugier sur<br />
les collines avoisinantes. Les sinistrés se sont ensuite réunis soit sur leur<br />
terrain, à côté de leur maison, où il y avait de la place: dans les espaces<br />
publics.<br />
La majorité des camps se sont établis dès le lendemain de la catastrophe.<br />
Après le mois de janvier, le nombre de formation de nouve<strong>au</strong>x camps à bien<br />
diminué (cf.figure 24)<br />
figure 24. etablissement et evolution de la taille des camps<br />
Nb Sites<br />
45<br />
1’555<br />
Nb Individus<br />
1’536447<br />
JUL ‘10 SEP‘10 NOV‘10 JAN‘11 MAR‘11 MAY‘11 JUL‘11 SEP‘11<br />
10<br />
1’374’273<br />
1’356<br />
12<br />
1’068’882<br />
1’199 1152 1152<br />
1061<br />
680’494 634’807 594’811<br />
550,560<br />
894 802<br />
JAN ‘10 FEB’10 MAR’10 APR’10 MAY’10 JUL’10 SEP’10 OCT’10 Etablis en 2011<br />
2<br />
806’377<br />
4<br />
2<br />
5<br />
6<br />
Il y a une grande diversité dans la forme des camps de même que dans leur<br />
taille. La majorité des camps se composent de 20 à 99 familles et la variabilité<br />
de la taille des camps est grande (cf. figure 24 et 29).<br />
figure 25. dimension des camps par famille<br />
1 à 9 familles<br />
10 à 19 familles<br />
20 à 99 familles<br />
50%<br />
40%<br />
30%<br />
20%<br />
10%<br />
1000 familles<br />
et plus<br />
500 à 999<br />
familles<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM) (Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
100 à<br />
499<br />
familles<br />
113<br />
Cas d’étude: Haïti
114<br />
figure 26. carte des camps dans port-<strong>au</strong>-prince<br />
La carte ci-contre nous montre les différents camps à Port-<strong>au</strong>-<br />
Prince. Nous remarquons que les camps se sont développés<br />
dans les espaces vides. Les grands camps se situent <strong>au</strong> nord sur<br />
un ancien aéroport et <strong>au</strong> centre sur une grance place publique.<br />
Le reste des camps est dispersé dans la ville.<br />
Courbes de nive<strong>au</strong><br />
Route primaire<br />
Route secondaire<br />
Route tertiaire<br />
Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
Cours d’e<strong>au</strong><br />
Zone industrielle<br />
Végetation<br />
Bidonville<br />
Bâtiments Princip<strong>au</strong>x<br />
Camps<br />
PDI<br />
1km<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />
115<br />
Cas d’étude: Haïti
116<br />
Les camps spontanés sont organisés en commun<strong>au</strong>té de quartier dans le<br />
cas des plus grands camps. Ils s’installent dans les espaces vides, terrains<br />
de sports, place publique, cour d’école. (cf. figure 27). Il est difficile de<br />
distinguer une réelle trame. Les éléments structurants les camps sont des<br />
routes, des rivières ou des bâtiments qui empêchent leur croissance.<br />
figure 27. exemple de camp spontane dans port-<strong>au</strong>-prince<br />
(ecole nationale dumerlin)<br />
Dans les camps organisés par les ONG, l’organisation est plus stricte (cf.<br />
figure 28). En effet, les camps sont soumis à différentes règles afin de garantir<br />
un espace de vie minimum. En général ces derniers sont placés en<br />
périphérie de la ville.<br />
figure 28. exemple de camp organise (tabarre isa)<br />
(Image Google Earth) (Image Google Earth)<br />
117<br />
Cas d’étude: Haïti
118<br />
figure 29. typologie des camps par taille<br />
1000 familles et plus<br />
500 à 999 familles<br />
100 à 499 amilles<br />
1 à 9 familles<br />
10à 19 familles<br />
20 à 99 familles<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM et Google Earth)<br />
119<br />
Cas d’étude: Haïti
120<br />
L’établissement de camp de grande taille provoque des « effets secondaires»<br />
: la population est attirée par l’aide fournie dans les camps et s’installe<br />
en périphérie de celui-ci, ce qui donne naissance à des camps spontanés<br />
supplémentaires (cf. figure 30).<br />
figure 30. exemple de camps spontanes <strong>au</strong>tour du<br />
camp corail<br />
Camp spontané Camp Corail (organisé)<br />
(Image Google Earth)<br />
121<br />
Cas d’étude: Haïti
122<br />
naissance et evolution du camp<br />
Nous avons suivi l’évolution d’un camp. Cela nous a permis d’ observer qu’il<br />
y avait plusieurs éléments qui structurent les camps à l’échelle de la ville :<br />
les routes, les cours d’e<strong>au</strong>, le consrtuit. (cf. figure 31).<br />
figure 31. evolution d’un camp (terrain toto)<br />
T1<br />
13.01.2010<br />
T2<br />
23.02.2010<br />
T3<br />
09.03.2010<br />
T4<br />
09.04.2010<br />
L’évolution du camp est très rapide, seulement quelques mois séparent la<br />
première image de la dernière, ce qui nous montre l’ampleur du phénomène.<br />
Nous avons ensuite regardé de plus près quel était le processus<br />
d’évolution de ce camp et quels sont les éléments qui lui ont donné sa<br />
forme finale (cf.figure 32).<br />
T5<br />
08.07.2010<br />
T6<br />
08.11.2010<br />
(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />
123<br />
Cas d’étude: Haïti
124<br />
figure 32. formation d’un camp<br />
Le camp est né de trois plus petits camps spontanés qui se sont étendus en longeant les rues. Après<br />
une période de trois mois, on voit l’apparition d’une quatrième entité, probablement une ONG qui<br />
vient réorganiser le camp. Cette dernière va exercer son influence par rayonnement en se plaçant <strong>au</strong><br />
centre des trois camps spontanés.<br />
T1<br />
Naissance de trois<br />
pôles spontanés en<br />
fonction des accès<br />
depuis les routes<br />
T2<br />
Développement<br />
des trois pôles<br />
spontanés<br />
T3<br />
Intervention des ONG<br />
et développement des<br />
trois pôles spontanés<br />
T4<br />
Développement des ONG<br />
et développement des trois<br />
pôles spontanés<br />
T3<br />
Développement des ONG<br />
(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />
125<br />
Cas d’étude: Haïti
126<br />
figure 33. structure d’un camp ( terrain toto)<br />
Construction légère, tente<br />
Construction légère, tôle<br />
Construction durable<br />
Eléments structurants<br />
Structure spontanée<br />
Organisation avec les ONG<br />
Il existe différents types de constructions <strong>au</strong> sein de ce camp et<br />
différentes formes d’organisation. Certaines parties sont de type<br />
spontané et qui est majoritairement composée de tentes.<br />
Lorsqu’une ONG va intervenir pour organiser le camp, nous allons<br />
voir apparaître des constructions plus durables, en tôles. Les<br />
parties organisées par les ONG se distinguent par une structure<br />
plus visible et une proportion de construction en tôle ou durable<br />
plus grande.<br />
Nous voyons dans toutes les formes d’organisation des éléments<br />
plus grands que nous identifions comme élément structurel. Il<br />
peut s’agir de centre de soin, ou de tentes plus grandes dans<br />
lesquelles se passent les réunions ou les distributions.<br />
Début d’organisation avec les ONG<br />
(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />
127<br />
Cas d’étude: Haïti
128<br />
Sur les photos de g<strong>au</strong>che, nous pouvons<br />
distinguer les différentes parties<br />
du camp. Nous voyons entre sur<br />
la dernière image les terrassements<br />
établis par les ONG.<br />
En regardant de plus près la structure même des camps, nous notons<br />
qu’<strong>au</strong> sein même de celui-ci se trouvent différents types d’organisations<br />
(cf. figure 33). Les ‘’quartiers‘’ ne vont pas évoluer de la même façon ni <strong>au</strong><br />
même rythme.<br />
Les parties spontanées du camps ne sont pas pour <strong>au</strong>tant complètement<br />
chaotiques, les personnes se réunissent essentiellement par quartier ou<br />
rése<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x.<br />
Nous remarquons également différents types de construction, nous avons<br />
identifié des constructions qui paraissent être les plus <strong>permanent</strong>es, des<br />
construction en tôle et les tentes. Le type de construction change <strong>au</strong>ssi<br />
avec le type d’organisation: les parties gérées par les ONG sont plus durables<br />
que les parties spontanées.<br />
129<br />
Cas d’étude: Haïti
130<br />
composition des camps<br />
Le gouvernement (Ministère des Trav<strong>au</strong>x Public, Transport et Communication)<br />
a établit un système de notification des maisons des personnes<br />
déplacées. Les maisons endommagées sont classées selon leur dommage.<br />
Dans la figure 33, la majorité des personnes ayant eut leur maison complètement<br />
détruite sont locataires et il y a très peu de propriétaires. La grande<br />
proportion d’inconnu concernant le statut MTPTC est du fait que la majorité<br />
des ménages interrogés ne pouvaient pas fournir d’information sur le statut.<br />
L’intention principale des sinistrés est d’aller dans un camp planifié, cela<br />
s’explique par les conditions de vie difficile dans les camps spontanés. Ces<br />
dernières sont les raisons principales évoquées par les personnes interrogées<br />
pour quitter le camp, car les constructions sont mal adaptées <strong>au</strong>x<br />
intempéries, c’est une <strong>au</strong>ssi une raison qui les poussent à partir du camp<br />
(cf. figure 34 et 35).<br />
Selon un sondage d’OIM, 94% des PDI vivant <strong>au</strong> sein des sites d’hébergement<br />
veulent les quitter. Il est probable que ces derniers restent car ils n’ont<br />
pas d’<strong>au</strong>tres alternatives. En effet près de la moitié des personnes sondées<br />
(53%) ne s<strong>au</strong>raient pas ou aller s’il devaient quitter le camp immédiatement.<br />
Cependant à la question « Quelles seraient vos inquiétudes si vous quittiez<br />
le camp <strong>au</strong>jourd’hui ?» 68% des personnes interrogées indiquent ne pas<br />
avoir d’inquiétudes particulière. Selon le rapport d’OIM, cela pourrait ce lire<br />
comme un désir de quitter le camp, indépendamment de leur condition matérielle<br />
(OIM, 2011). Toujours selon ce sondage, les princip<strong>au</strong>x besoins des<br />
PDI s’il avaient à sortir du site seraient, de l’argent(57%), des opportunités<br />
économiques(53%), un abris transitoire(37%). Ces chiffres nous montrent<br />
que la problématique de la reconstruction ne touche pas uniquement la<br />
reconstruction de logement mais <strong>au</strong>ssi la reconstruction d’une économie<br />
locale.<br />
131<br />
Cas d’étude: Haïti
132<br />
Les camps ne sont pas la seule réponse lors d’une catastrophe, il existe<br />
d’<strong>au</strong>tres lieux de refuge pour les sinistrés. Dans la figure 35, nous présentons<br />
les différentes solutions adoptées par les déplacés internes.<br />
La moitié des personnes ont trouvé refuge dans des maisons sans dommages.<br />
Pour les personnes dont la maison a été détruite la tendance<br />
semble être de continuer d’y habiter si elle n’est pas trop détruite ou de<br />
chercher un abri de fortune sur son terrain. Dans les cas de logement de<br />
fortune ou de tente sur un terrain, nous observons que le statut de propriété<br />
n’est pas clair. La tendance à rester sur son terrain malgrès une destruction<br />
partielle ou complète de l’habitat s’explique par le risque de pillage des maisons<br />
laissées vides. Selon le temoignage d’une victime de la catastrophe,<br />
les voyoux volent tout ce qu ils peuvent trouver. (entretien, Jean Du Prés,<br />
2012)<br />
figure 34. types d’abris occupes par statut de propriete, 2011<br />
2%<br />
3%<br />
19%<br />
35%<br />
5%<br />
7%<br />
5%<br />
30%<br />
9%<br />
5%<br />
38%<br />
18%<br />
Maison détruite Maison<br />
3 %<br />
partiellement<br />
détruite<br />
26 %<br />
?<br />
Ne sait pas Locataires Propriétaires<br />
?<br />
Maison intacte Abris de<br />
Ne sait pas Tentes<br />
52 %<br />
fortune sur<br />
le terrain<br />
8 %<br />
4% 7 %<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
3%<br />
4%<br />
2%<br />
67%<br />
40%<br />
8%<br />
133<br />
Cas d’étude: Haïti
134<br />
figure 35. statuts mtptc, statuts de proprietes et intentions<br />
19%<br />
Statut des maisons<br />
Intentions<br />
15%<br />
Statut MTPTC<br />
2%<br />
5%<br />
4%<br />
16%<br />
3 % 10 %<br />
Statut des maisons<br />
10 %<br />
3 % 10 %<br />
77%<br />
48%<br />
47%<br />
Statut MTPTC<br />
29%<br />
19%<br />
15%<br />
Intentions<br />
15%<br />
2%<br />
5%<br />
4%<br />
16%<br />
Raisons pour quitter un camp:<br />
Maison détruite Maison partiellement<br />
détruite<br />
Propriétaire peut<br />
réparer<br />
77%<br />
48%<br />
Retourne <strong>au</strong> lieu<br />
d’origine<br />
47%<br />
29%<br />
10 %<br />
15%<br />
Propriétaire ne<br />
peut pas réparer<br />
Va dans des sites<br />
planifiés<br />
Retourne <strong>au</strong> lieu<br />
d’origine<br />
T-Abri Raisons pour quitter 1% un camp:<br />
Pluie / Cyclone<br />
21%<br />
M<strong>au</strong>vaise Conditions<br />
T-Abri 1%<br />
Pluie / Cyclone<br />
Autre<br />
3%<br />
Nul<br />
M<strong>au</strong>vaise Conditions<br />
1%<br />
Pas décole<br />
Autre<br />
0,2%<br />
3%<br />
Nul<br />
Ma maisona été réparle<br />
3%<br />
1%<br />
Pas décole<br />
Manque Général de Services<br />
4%<br />
0,2%<br />
Ma maisona été réparle<br />
Support offert par la Famille / les amis<br />
5%<br />
3%<br />
Eviction<br />
Manque Général de Services<br />
7%<br />
4%<br />
Emploi<br />
Support offert par 1% la Famille / les amis<br />
5%<br />
Crime / Insecurité Eviction<br />
13%<br />
7%<br />
Cholera<br />
Emploi<br />
1%<br />
1%<br />
Pacquet d’assistance<br />
Crime / Insecurité<br />
3%<br />
Cholera<br />
1%<br />
Pacquet d’assistance<br />
3%<br />
Maison intacte Ne sait pas<br />
Maison détruite Maison partiellement<br />
détruite<br />
Propriétaire peut<br />
réparer<br />
?<br />
Locataire Ne sait pas<br />
Propriétaire ne<br />
peut pas réparer<br />
Famille d’acceuil Reste où il est Part hors de la<br />
commune<br />
Va dans des sites<br />
planifiés<br />
13%<br />
Maison intacte Ne sait pas<br />
32%<br />
21%<br />
?<br />
Locataire Ne sait pas<br />
Ne sait pas<br />
Famille d’acceuil Reste où il est Part hors de la<br />
commune<br />
32%<br />
77%<br />
3 %<br />
10 %<br />
10 %<br />
47%<br />
Ne sait pas<br />
15%<br />
5%<br />
16%<br />
15%<br />
2%<br />
77%<br />
3 %<br />
10 %<br />
10 %<br />
47%<br />
15%<br />
5%<br />
16%<br />
15%<br />
2%<br />
48%<br />
49% 30% 16% 4%<br />
29% 55% 12% 3%<br />
75% 17% 5% 1%<br />
75% 17% 5% 1%<br />
17% 24% 50% 8%<br />
48%<br />
29%<br />
48%<br />
29%<br />
19%<br />
49% 30% 16% 4%<br />
29% 55% 12% 3%<br />
17% 24% 50% 8%<br />
48%<br />
29%<br />
19%<br />
29%<br />
44% 35% 16% 3%<br />
44% 35% 16% 3%<br />
47% 20% 25% 5%<br />
47% 20% 25% 5%<br />
55% 22% 17% 4%<br />
55% 22% 17% 4%<br />
51% 21% 21% 4%<br />
51% 21% 21% 4%<br />
58% 19% 16% 6%<br />
58% 19% 16% 6%<br />
51% 28% 15% 3%<br />
51% 28% 15% 3%<br />
4%<br />
4%<br />
19%<br />
19%<br />
4%<br />
4%<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
135<br />
Cas d’étude: Haïti
136<br />
Privé<br />
Public<br />
Total<br />
la problematique fonciere<br />
Selon un relevé d’OIM de septembre 2011 environ 73% (584 sites) des<br />
camps sont localisés sur des terrains privés et 25%(203 site) sur des terrains<br />
publics. L’évolution dans le temps montre que les sites privés disparaissent<br />
(les camps ferment) be<strong>au</strong>coup plus rapidement que les sites<br />
publics (cf. figure 36). Les b<strong>au</strong>x accordés sont en général be<strong>au</strong>coup plus<br />
courts. Dans la période de novembre 2010 à septembre 2010, les camps<br />
privés sont passés de 882 à 584 soit 34% de diminution contre une diminution<br />
de 9% pour les sites publics de 222 à 203 sites. Nous voyons en<br />
effet une <strong>au</strong>gmentation des camps sous menace d’expulsion (cf. figure 38).<br />
Très peu de camps sont équipés avec des abris provisoires de type T-Shelter<br />
(constructions plus durables), seulement 1% des camps sont équipés<br />
avec ces abris (cf. figure 37). Ce sont en général des organisations comme<br />
OIM, Concern Worldwide ou World Vision par exemple, qui mettent en<br />
place ce type de construction. Ces abris offrent de meilleures conditions<br />
de vie <strong>au</strong>x sinistrés. La grande majorité des sites (90%) possèdent des<br />
abris de fortune et des tentes. La précarité de ces constructions rend les<br />
conditions de vie très difficiles. Les tentes et abris de fortune ne sont pas<br />
faits pour perdurer et résistent mal <strong>au</strong>x intempéries.<br />
figure 36. comparaison du statut foncier des sites d’hebergement de<br />
novembre 2011 a septembre 2011<br />
100<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
100.0<br />
98.5<br />
98.1<br />
100.9<br />
92.2<br />
222<br />
222 224 224<br />
882 865 794 731<br />
NOV’11 JAN’11 MAR’11 MAY’11<br />
90<br />
100.9<br />
86.5<br />
82.9<br />
92.3<br />
78.0<br />
74.1<br />
91.4<br />
71.3<br />
66.2<br />
205 203<br />
656 584<br />
JUL’11 SEP’11<br />
figure 37. presence d’abris de transition sur le site<br />
JAN<br />
MAR<br />
MAI<br />
64<br />
9<br />
685<br />
Structures mélangées<br />
(entre 1-90% des abris sont des<br />
T-Shelters)<br />
Pratiquement que des T-Shelters<br />
(<strong>au</strong> moins 91% des habitations sur<br />
le site sont des T-Shelters)<br />
Pas de T-shelter sur le site de<br />
déplacés<br />
figure 38. nombre de camps sous<br />
menace d’explusion vs<br />
nombre total de camps<br />
existants, janvier-mai,<br />
2011<br />
128<br />
178<br />
187<br />
1,150<br />
1,061<br />
1,001<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
137<br />
Cas d’étude: Haïti
138<br />
Nombre total d’abris<br />
Petit-Goave<br />
31%<br />
1279 327<br />
Ces difficultés font que certaines personnes quittent le camp pour aller<br />
vivre ailleurs, mais gardent une tente dans le camp. Ils font cela pour bénéficier<br />
de l’aide des organisations. Ce phénomène est fréquent et touche<br />
un certain pourcentage d’abris, entre 1-30%. et c’est souvent dans les<br />
communes rurales que le phénomène est le plus important notemment à<br />
Grand-Goave, Petit-Goave, Leogane et Gressier (cf. figure 39).<br />
figure 39. nombre et pourcentage de tentes vides par communes<br />
Nombre total d’abris vides<br />
Pourcentage approximatif d’abris<br />
vides<br />
Port <strong>au</strong> Prince<br />
33,039<br />
Grand-Goave<br />
440 163<br />
612 2%<br />
37%<br />
<strong>De</strong>lmas<br />
16,732<br />
5%<br />
762<br />
Leogane<br />
23%<br />
3,559<br />
827<br />
Cité Soleil<br />
3,138<br />
200<br />
Gressier<br />
652153<br />
Jacmel<br />
6%<br />
644 36<br />
6%<br />
23%<br />
Carrefour<br />
8,085 7%<br />
553<br />
Tabarre<br />
5134<br />
5%<br />
263<br />
8,075<br />
Piéton-Ville<br />
3%<br />
249<br />
Ganthier<br />
55 3<br />
Croix des Bouquets<br />
15,287<br />
5%<br />
2637<br />
17%<br />
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />
Photo de tente vide dans un camp à Grand goave<br />
139<br />
Cas d’étude: Haïti
140<br />
la reconstruction en milieu urbain<br />
La reconstruction est un défi dans le contexte d’Haïti. Nous distinguons, la<br />
reconstruction dans les zones urbaines et dans les zones rurales. Chacune<br />
de ces localisations imposent des contraintes différentes et des solutions<br />
différentes. Pour rappel, les camps ont différentes formes, les camps organisés<br />
se situent en général en périphérie de la ville alors que les camps<br />
spontanés sont en ville.<br />
«On ne peut même pas rebâtir <strong>au</strong>x mêmes endroits où il y avait des<br />
bâtiments, parce qu’il y a des gens qui disent que c’est leur terrain.<br />
Le cadastre, là-bas, c’est le bordel. [... Alors] les grands gestes<br />
d’éclat en urbanisme [comme faire passer un boulevard quelque<br />
part] sont impossibles en ce moment, et même à moyen terme. [...]<br />
Il y a tout ce monde-là qui empêche de développer. Ce ne sont pas<br />
des terrains vacants sur lesquels on doit construire: il y a des gens<br />
qui vivent dessus, dans des tentes. Alors les grands trav<strong>au</strong>x ne sont<br />
pas évidents à faire.»<br />
(Y.Langevin, 2011)<br />
Nous voyons par ce témoignage une des difficultés symptomatiques de<br />
la situation foncière d’Haïti: l’absence de cadastre et de titres lég<strong>au</strong>x de<br />
propriété, ou la passation des titres due à la mort du propriétaire, rend la<br />
reconstruction très difficile. <strong>De</strong> plus, le contexte urbain laisse peu de place<br />
<strong>au</strong> passage des machines de chantier.<br />
«An assumption made was that working in urban contexts would be<br />
easier than working in rural ones; which in fact was the opposite.»<br />
(Acting Country Director, member agency, 2010)<br />
la participation<br />
Nous avons peu parlé de l’approche participative dans ce chapitre, car<br />
nous n’avons pas trouvé suffisamment de données. Par contre lors de notre<br />
entretien avec Marie Schärlig de la DDC, celle-ci nous a dit qu’une campagne<br />
de formation pour des méthodes de reconstruction plus sûres avait<br />
été implantée. Nous avons également rencontré M. Jean Du Prés (haïtien<br />
en séjour en Suisse pour visiter sa famille) et qui préfère garder l’anonymat,<br />
qui nous a dit que malheureusement ce type d’initiative était sujette à<br />
corruption et que l’accessibilité à cette formation était difficile sans «passedroit»<br />
<strong>au</strong> préalable.<br />
les visions futures d’haïti<br />
Haïti est un pays fortement centralisé <strong>au</strong>tour de sa capitale, le tremblement<br />
de terre a touché de plein fouet cette dernière ce qui a rendu difficile le rôle<br />
du gouvernement dans sa réponse à la crise.<br />
La catastrophe a provoqué de nombreuses migrations de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
vers les villes voisines.<br />
Une des stratégies du gouvernement haïtien est de profiter de cet exode<br />
pour développer les villes secondaires, créant de nouve<strong>au</strong>x pôles économiques<br />
en accélérant le processus de décentralisation.<br />
141<br />
Cas d’étude: Haïti
142<br />
«Le risque, c’est que les tentes,<br />
que les maisons cheap qu’on<br />
a construites rapidement, que<br />
les containers qu’on a envoyés<br />
deviennent des habitations<br />
<strong>permanent</strong>es. Ça va nous<br />
empêcher de construire pour<br />
de vrai. [...] On est en train de<br />
refaire des bidonvilles.»<br />
(Y.Langevin interview dans Le Soleil. « Haïti un an plus tard:<br />
l’urbanisme en plein chaos | Séisme en Haïti », 2011)<br />
143<br />
Cas d’étude: Haïti
144<br />
points cles<br />
1. Population d’Haïti : 9’923’243 hab.<br />
2. Tremblement de terre le 12 janvier 2010.<br />
3. Le tremblement de terre a touché : 3,7 millions de personnes dont 1,5<br />
millions de sans abris et 316’000 de décès.<br />
4. La situation de Haïti est particulière car le gouvernement ainsi que la<br />
majorité des structures du pays étaient regroupées à Port <strong>au</strong> Prince et<br />
ont été passablement touchées par le tremblement de terre, ce qui a<br />
compliqué l’organisation de la reconstruction.<br />
5. Du fait du nombre élevé d’ONG impliquées, l’organisation et la communication<br />
a été très difficile.<br />
6. <strong>De</strong>ux ans après la catastrophe, il reste énormément à faire. Il reste<br />
encore be<strong>au</strong>coup de camps.<br />
7. La pression démographique à Port <strong>au</strong> Prince ne facilite pas la reconstruction.<br />
8. La reconstruction en milieu urbain est difficile, car il manque de place<br />
et les débris n’ont pas encore été complètement déblayés.<br />
9. Les solutions sont très différentes en périphérie ou <strong>au</strong> centre ville.<br />
10. Il est nécessaire de ne pas uniquement penser <strong>au</strong>x logment mais <strong>au</strong>ssi<br />
développer des opportunités économiques dans le processus de reconstruction.<br />
145<br />
Cas d’étude: Haïti
146<br />
conclusion:<br />
vers une<br />
reconstruction<br />
evolutive et durable<br />
«Shelter and resettlement should fit into a comprehensive urban<br />
strategy and development plan supported by the government and<br />
people of Haiti. That plan must take into account the availability of land<br />
and improved security of tenure; land use and environmental issues;<br />
the improved delivery of basic services, including water, sanitation,<br />
health services and transportation; national economic development<br />
and job-creation opportunities; measures to reduce disaster risks;<br />
input from those who have lost their homes and communities; and<br />
the needs of renters, who make up the majority of the population in<br />
spontaneous settlements.»<br />
(Habitat for humanity, 2010)<br />
147
148<br />
3 PHASES<br />
Catastrophe<br />
URGENCE<br />
“GAP”<br />
RECONSTRUCTION<br />
?<br />
Reconstruction<br />
achevée<br />
processus de<br />
reconstruction<br />
Les conséquences de la catastrophe sont nombreuses. La destruction<br />
n’est pas seulement physique, elle détruit <strong>au</strong>ssi les commun<strong>au</strong>tés. Comme<br />
nous l’avons vu, le processus de reconstruction est un processus complexe<br />
qui engage un grand nombre de variables.<br />
figure 40. etapes du processus de reconstruction<br />
GUIDE LINES<br />
PROCESSUS DE RECONSTRUCTION<br />
APRES DESASTRE NATUREL<br />
Catastrophe<br />
URGENCE<br />
PROCESSUS DE RECONSTRUCTION<br />
APRES DESATRE NATUREL<br />
“1 PHASE”<br />
la temporalite et flexibilite du projet<br />
Le temps est une variable importante dans le projet de reconstruction.<br />
La démarche dans laquelle nous nous inscrivons tend vers une approche<br />
incrémentale. Au contraire de la tripartition urgence, transition et reconstruction,<br />
nous cherchons une approche en une seule phase (cf. figure 40).<br />
Notre approche va donc s’implémenter après la phase d’urgence et évoluer<br />
jusqu’à la reconstruction.<br />
Les camps dans ce processus sont inévitables. Les temps de séjours dans<br />
les camps dits transitoires dépassent souvent la période dite d’urgence<br />
de 3-6mois (à Haïti des personnes sont dans des camps depuis 2ans).<br />
Cet état de fait nous pousser à rechercher une solution pour améliorer la<br />
condition de vie dans les camps (par consolidation de ceux-ci) ou par des<br />
solutions permettant un retour plus rapide des sinistrés chez eux.<br />
La participation est un élément important du projet de reconstruction. Elle<br />
permet une meilleure appropriation du projet. Cependant cette approche<br />
ne peut, selon nous, pas avoir les mêmes degrés d’importance selon la<br />
taille et la temporalité du projet. Les besoins de l’urgence nécessitent une<br />
participation moindre que le design du futur habitat. L’échelle du projet <strong>au</strong>ra<br />
<strong>au</strong>ssi une incidence sur le degré de participation. Un projet urbain ne peut<br />
pas prendre en compte l’avis de chacun et utilisera plutôt une participation<br />
représentative. Ce type d’approche nécessite donc une grande flexibilité<br />
du projet.<br />
Reconstruction<br />
achevée<br />
149<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
150<br />
La flexibilité du projet est inspirée du néo-urbanisme ainsi que par l’étude<br />
de l’architecture spontanée. Notre démarche intégrera donc une médiation<br />
entre des éléments planifiés et d’<strong>au</strong>tres éléments non planifiés (cf. figure<br />
41). Par rapport à la participation, la démarche que nous proposons est une<br />
négociation entre l’élément contrôlé à une certaine échelle, proposé par<br />
l’architecte, intégrant un cadre dans lequel le spontané peut se produire.<br />
Notre réflexion repose sur une analyse des flux engendrés par la catastrophe.<br />
<strong>De</strong>s flux se créent entre la ville et les camps (cf. figure 42) et ce à<br />
différentes échelles temporelles.<br />
Un afflux massif va se produire <strong>au</strong> lendemain de la catastrophe, puis va<br />
s’estomper <strong>au</strong> fils du temps. Les retours <strong>au</strong> logement <strong>permanent</strong> sont relativement<br />
longs.<br />
Cependant des flux continuent à exister. Les habitants des camps continuent<br />
à aller travailler ce qui provoque un flux de «pendulaires» entre le<br />
camp et la ville.<br />
Ces changements de flux <strong>au</strong> cours du temps sont des éléments à prendre<br />
en compte lors du design du camp, notamment dans la gestion de sa croissance,<br />
mais <strong>au</strong>ssi dans sa décroissance.<br />
Notre processus s’implante dès l’apparition des camps (cf. figure 43).<br />
Dans le cas d’étude d’Haïti, un relevé est fait en fonction du nive<strong>au</strong> de destruction<br />
des habitations et des personnes qui vivent dans le camp. Le système<br />
de classement a quatre degrés: maison complétement détruite, partiellement<br />
détruite, intacte et non identifié. Cette information nous permet<br />
d’organiser le camp avec une vision dans le temps.<br />
Notre intervention va donc se produire après l’apparition des camps spontanés<br />
et <strong>au</strong>ra pour but, dans un premier temps, de « remettre de l’ordre »<br />
dans le camp afin de faciliter l’organisation des secours et de l’aide et le<br />
développement à long terme.<br />
figure 41. parametres de la plannification<br />
Ville et société<br />
Planifier<br />
Spontané, Auto-géré<br />
Compromis entre Top Down<br />
& Bottom Up<br />
Top Down<br />
Bottom Up<br />
Auto-géré<br />
?<br />
151<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
152<br />
figure 42. flux entre la ville et les camps<br />
Il y a des flux de migration constant entre la ville<br />
et les camps. Au lendemain de la catastrophe, on<br />
voit un grand mouvement qui part de la ville vers<br />
les camps (t0).<br />
Après quelques semaines cet afflux diminue, mais des échanges<br />
continuent à se faire. Les habitants des camps travaillent<br />
en général en ville. Le camp quant à lui a besoin de certaines<br />
ressources que peut lui apporter la ville.<br />
Quelques mois après la catastrophe il est possible que certains<br />
habitants des camps puissent rentrer chez eux et le quittent définitivement.<br />
Plus la reconstruction avance, plus le nombre de personnes quittant<br />
définitivement le camp va <strong>au</strong>gmenter. Mais les échanges entre la ville<br />
et le camp vont rester.<br />
153<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
154<br />
Les différents degrés de dommage des maisons correspondent <strong>au</strong>x temps<br />
de séjour des personnes sur le camp. Les personnes ayant leurs maisons<br />
intactes partirons dès que le danger sera écarté, puis les personnes qui ont<br />
réparé leur maison et ainsi de suite.<br />
Ce flux de personne qui quitte le camp va libérer de la place, et laisser plus<br />
d’espace <strong>au</strong>x personnes qui doivent rester plus longtemps. Ces derniers<br />
figure 43. processus de reconstruction a long terme<br />
Phase d’urgence<br />
Camp spontané<br />
organisation par commun<strong>au</strong>té<br />
Personnes avec des maisons très<br />
endommagées ou va être détruite<br />
Personnes avec des maisons partiellement<br />
endommagées<br />
Personnes avec des maisons intactes<br />
Ne sais pas<br />
Personnes ayant quitté le site<br />
Nouvelle institution publique<br />
sont les plus vulnérables car ils habitaient dans des régions à risque et ne<br />
peuvent donc plus rentrer chez eux.<br />
La place laissée par les sinistrés rentrés chez eux va permettre d’installer<br />
des équipements et <strong>au</strong>x ménages restant d’améliorer leur confort en consolidant<br />
et agrandissant leur habitat. A terme l’ancien camp se transforme en<br />
un nouve<strong>au</strong> quartier.<br />
T1 T2 T3 T4<br />
Camp organisé<br />
organisation par commun<strong>au</strong>té<br />
et par statut de<br />
maison<br />
Transformations ajoutées par l’habitant<br />
Départ des premiers ménages et<br />
durcification des tentes des personnes<br />
qui resteront à long terme<br />
Départ d’<strong>au</strong>tres ménages,<br />
durcification et création<br />
d’espace public<br />
Mise en place d’infrastructures<br />
155<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
156<br />
Chaque famille a des besoins spécifiques. Afin d’y répondre <strong>au</strong> mieux, il est<br />
important d’offrir une grande flexibilité du logement.<br />
A l’échelle de l’habitat, notre proposition, inspirée par la démarche de<br />
Cyrrus Meshcat fonctionnera avec des matéri<strong>au</strong>x durs et mous. Le dur étant<br />
défini comme un élément plus difficile à construire pour la population locale,<br />
tel que un mur sanitaire, <strong>au</strong>tour duquel les ménages construiront leur logement<br />
avec leur propre moyen. Les leçons tirées de l’analyse des bidonvilles<br />
prennent forme dans une structure adaptable et évolutive (cf. figure 46).<br />
figure 46. processus d’evolution du bati<br />
Ce schéma représente l’évolution d’un habitat post désastre, de la tente à l’habitat <strong>permanent</strong>.<br />
La durcification du bâti commence avec un mur <strong>au</strong>tour duquel vont successivement s’ajouter<br />
les différents éléments de la maison.<br />
157<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
158<br />
proctocole de la reconstruction<br />
Nous concluons notre travail par l’élaboration d’un table<strong>au</strong> (en annexe) qui<br />
définit les différentes situations territoriales ainsi que les interventions qui<br />
leur correspondent.<br />
Nous distinguons trois environnements construits: urbain, en périphérie<br />
immédiat de la ville et rural.<br />
Ces différentes situations nécessitent des réponses adaptées.<br />
milieu urbain<br />
Echelle de l’intervention<br />
La difficulté de la reconstruction dans un environnement urbain est le<br />
manque de place. Il est difficile de faire de grands trav<strong>au</strong>x dans ce contexte.<br />
Il est rare qu’une grande partie de la ville soit entièrement détruite, c’est<br />
pourquoi l’échelle d’intervention se situe en général <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du quartier<br />
ou de l’habitat.<br />
Participation<br />
Au nive<strong>au</strong> de l’habitat: l’intervention est prioritairement participative et<br />
d’une grande flexibilité afin de satisfaire <strong>au</strong> mieux les besoins des usagers.<br />
Au nive<strong>au</strong> du quartier : l’organisation est plus structurée. L’architecte <strong>au</strong><br />
travers d’une participation représentative, décide des éléments qui structurent<br />
le quartier et laisse un espace de liberté <strong>au</strong>x usagers quant <strong>au</strong> design<br />
de leur habitat.<br />
Infrastructure<br />
L’environnement urbain doit faciliter l’accès <strong>au</strong>x différentes infrastructures,<br />
route, e<strong>au</strong>, électricité, etc...<br />
Evolution et variabilité<br />
Nous avons observé à Haïti, que les premiers endroits colonisés par les<br />
sinistrés sont les espaces publics, il f<strong>au</strong>t donc les prendre en compte dans<br />
le cadre du projet de reconstruction. Les espaces occupés par les camps<br />
peuvent-ils redevenir des espaces publics? Dans le cas contraire, il est<br />
important de prévoir des espaces publics qui les remplacent.<br />
Nous distinguons deux cas en ce qui concerne la temporalité du projet. Le<br />
premier est celui du terrain appartenant <strong>au</strong>x sinistrés, dans lequel il sera<br />
possible d’obtenir une consolidation du logement temporaire.<br />
Le deuxième est celui du camp situé sur un espace privé ou public. Nous<br />
savons que ces camps ne pourront pas durer éternellement. Le camp<br />
devra donc être pensé en terme de croissance, mais <strong>au</strong>ssi en terme de<br />
décroissance. Dans le cas d’un espace public, comment se transforme-t-il<br />
en camp, puis redevient espace public?<br />
Le manque de place ne permettra que rarement une extension horizontale<br />
du projet, la variabilité du projet et son évolution dans le temps doivent se<br />
concevoir dans une dimension verticale.<br />
milieu en peripherie immediate de la ville<br />
Echelle d’intervention<br />
Les possibilités de développement dans les zones périurbaines sont<br />
plus grandes que dans le milieu urbain. Il est possible d’intervenir sur des<br />
échelles plus grandes, celle du quartier et du groupement de quartier.<br />
Ce sont en général dans ces zones que se trouvent les plus grands camps<br />
ainsi que les camps gérés par les organisations.<br />
Participation<br />
La participation est dominante <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’habitat. Comme dans le cas<br />
du milieu urbain, elle sera représentative à l’échelle du quartier et à l’ensemble<br />
de quartier.<br />
La population peut être hétéroclite. Il f<strong>au</strong>t respecter les besoins de chacunes<br />
des commun<strong>au</strong>tés et éviter les situations conflictuelles.<br />
Infrastructure<br />
L’accès <strong>au</strong>x infrastructures est peut-être plus difficile qu’<strong>au</strong> centre ville, mais<br />
159<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
160<br />
il est toujours possible de se raccorder <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> de la ville.<br />
Evolution et variabilité<br />
La possibilité d’évolution et de développement est différente par rapport<br />
<strong>au</strong>x projets urbains. La possibilité d’extension horizontale est plus grande.<br />
La proximité avec la ville permet <strong>au</strong>x habitants des camps de continuer à travailler<br />
et à conserver leurs rése<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x. Il est donc possible de consolider<br />
le camp pour qu’il devienne partie intégrante de la ville.<br />
milieu rural<br />
Echelle d’intervention<br />
Les reconstructions dans le milieu rural sont très différentes de celles du<br />
milieu urbain. La place est plus grande ce qui permet, comme dans la solution<br />
périurbaine, un développement horizontal du projet.<br />
L’emplacement de la reconstruction doit être suffisamment accessible, afin<br />
d’éviter un isolement de la population et de permettre un développement<br />
durable.<br />
Participation<br />
<strong>De</strong> manière générale dans les projets en milieux rur<strong>au</strong>x, il est important de<br />
respecter les commun<strong>au</strong>tés locales et de les intégrer dans le processus<br />
du projet. Cela permet <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x arrivants de créer des liens avec la<br />
population locale et de créer ainsi une cohésion sociale.<br />
Infrastructure<br />
Les infrastructures ne sont en général pas présentes. Une des priorités<br />
sera de les incorporer dans le plan urbanistique.<br />
Evolution et variabilité<br />
Comme dans le milieu périurbain, le développement horizontal est possible.<br />
La particularité du projet dans un contexte rural est la possibilité de créer<br />
une économie locale. Dans le cas d’Haïti, la tendance est de maintenir la<br />
population dans les villages en périphérie de la capitale. En faisant cela, il<br />
serait possible de développer l’économie locale et de lutter contre l’exode<br />
rural.<br />
Nous tenons à préciser que ce travail n’<strong>au</strong>rait pas pu être réalisé sans les<br />
entretiens que nous avons eus avec les différentes ONG. Effectivement,<br />
l’expérience sur le terrain est indissociable à ce type de travail, l’apport<br />
théorique est utile, cependant nous avons remarqué que depuis 30 ans il<br />
n’y a pas eu d’évolution particulière dans le processus de reconstruction si<br />
ce n’est <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du processus de participation qui devient de plus en plus<br />
important. La situation après une catastrophe naturelle est très complexe,<br />
elle comprend énormément de variables, c’est pour cette raison que l’évolution<br />
du processus de reconstruction n’est pas évident.<br />
Les réponses invraisemblables que nous avons observées <strong>au</strong> court de nos<br />
recherches sont difficiles à comprendre étant donné que toutes les erreurs<br />
commises sont décrites dans une grande partie des ouvrages. Ceci est dû<br />
entre <strong>au</strong>tre à la formation de nouvelles ONG qui interviennent sans expérience.<br />
Nous nous sommes également rendu compte lors de notre entretien<br />
avec Jean Du Prés que la sécurité est un facteur très important <strong>au</strong> sein<br />
du camp.<br />
Malgré le fait que la situation après une catastrophe naturelle soit complexe,<br />
nous avons noté des solutions prometteuses qui nous permettent de<br />
rester confiants par rapport à l’évolution de la reconstruction et à l’approche<br />
participative.<br />
Face à toutes ces interrogations, nous allons proposer des solutions qui<br />
répondent <strong>au</strong> mieux à celles-ci dans la deuxième partie patrique de notre<br />
travail.<br />
161<br />
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
162<br />
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Tracking Matrix v2.0 Update,<br />
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Management Cluster ,DTM v2.0<br />
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Cluster ,DTM v2.0 Displacement<br />
Tracking Matrix v2.0 Update,<br />
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V2_Report_November2011_English_<br />
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« HAITI Camp Coordination Camp,<br />
Management Cluster ,DTM v2.0<br />
Displacement Tracking Matrix v2.0<br />
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Report_May%2711/DTM_V2_Report_<br />
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and Built Environment Advisor, <strong>au</strong><br />
PNUD<br />
Juillet 2011, L’équipe de Shelter Center et<br />
Rob Fielding, Programme Manager<br />
Août 2011, Angela Godinho, Crise du logement<br />
?» ,Réponse des mouvements<br />
soci<strong>au</strong>x Brésilien <strong>EPFL</strong><br />
Septembre 2011, Julien Grisel, Architecte,<br />
a écrit une thèse: Le processus de projet<br />
dans La reconstruction urbaine suite<br />
à une catastrophe.<br />
Novembre 2011, Marie Schärlig, Directrice<br />
ad interim, Centre de Compétences<br />
Reconstruction- CCR, à la DDC<br />
Novembre 2011Cyrus Mechkat, Architecte,<br />
pour son expérience dans les projets<br />
participatifs<br />
<strong>De</strong>cembre 2011 ,Marion Bordier, Information<br />
Management Consultant, chez<br />
OIMPeter Van <strong>De</strong>r Auweraert, Head,<br />
Land, Property and Reparations Division<br />
<strong>De</strong>partment of Operations and<br />
Emergencies, chez OIM<br />
<strong>De</strong>cembre 2011, Ivan Vuarambon, Architecte,<br />
Team Leader, Haïti chez SDC<br />
Janvier 2012, Jean Du Prés (nom fictif,<br />
l’interlocuteur préfère garder son anonymat),<br />
résident de Port <strong>au</strong> Prince<br />
Page 5, table<strong>au</strong> 1 : Les types de catastrophes<br />
naturelles<br />
Photographies (de g<strong>au</strong>che à droite) :<br />
AFP,http://gdb.rferl.<br />
org/91183241-3F91-4ADE-9945-<br />
BCE98E325BA1_s.jpg<br />
http://globalvoicesonline.org/wpcontent/uploads/2010/08/001zhouqu.jpg<br />
http://www.webquest.hawaii.edu/<br />
kahihi/sciencedictionary/images/volcano.jpghttp://flatrock.org.nz/static/frontpage/assets/environment/tornado_<br />
miami.jpg<br />
http://1.bp.blogspot.com/-<br />
W36fJHeOkII/TwAzMI0B6KI/<br />
AAAAAAAACkM/6FSjB7DX5n0/<br />
s1600/flood+7.jpg<br />
http://s1.lemde.fr/image/2011/01/<br />
17/540x270/1466433_3_df64_<strong>au</strong>bresil-la-ville-de-nova-friburgo-detruite.jpg<br />
Pages 6-9, figure 2. Nombre de desastres<br />
naturels,<br />
figures 3. Population affectee par les<br />
catastrophes,<br />
Carte du monde: http://www.worldgeographics.com/cfg/public/_lib/<br />
img/maps/world/worldmap.png<br />
Index de vulnerabilité <strong>au</strong>x désastres<br />
naturels: Bündnis Entwicklung<br />
Hilft (worldriskreport.<br />
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image/0,,15161215_1,00.jpg<br />
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and_future/Cohesion_Policy_in_<br />
the_past_2000_2006_Making_<br />
enlargement_a_succes/URBAN_II<br />
iconographie<br />
Page 13,<br />
Données : http://www.emdat.be<br />
Carte de Suisse :http://www.dididou.fr/coloriage/cartes/suisse-region.gif<br />
Page 17, figure5. Pressure ans release<br />
model :<br />
Graphique fait à partir des données<br />
de Blaikie, Piers M., etc, Terry<br />
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<strong>au</strong> milieu : http://www.humanitarianinfo.org/srilanka/images/shelter/Jaffna%20-%20Temporary%20shelter%202006%20stage%20III.jpg,<br />
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2009. http://sheltercentre.org/sites/<br />
def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />
Pages 26-27, figure 6. Table<strong>au</strong> des différentes<br />
solutions de relogement<br />
après désastre :<br />
Graphique fait à Partir des données<br />
et Photographies de UN Habitat, et<br />
IFRC. Shelter Projects 2009. UN<br />
Habitat, 2009. http://sheltercentre.<br />
org/sites/def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />
Photographies tirée de Google<br />
Earth.<br />
Page 29, figure 7. Modèle de l’activité de<br />
rétablissement post-catastrophe.<br />
Vale, Lawrence J. et Campanella,<br />
Thomas J.(dir.), The Resilient City.<br />
How Modern Cities recover from<br />
Disasters, Oxford University Press,<br />
2005: Fig. 7.<br />
167<br />
Pages 30-31, figure 8. Durée du processus<br />
de reconstruction et taille des logements.<br />
Graphique fait à partir des donnée<br />
de UN Habitat, et IFRC. Shelter<br />
Projects 2009. UN Habitat, 2009.<br />
http://sheltercentre.org/sites/<br />
def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />
Pages 36-37, Photographie différents types<br />
de logements (de g<strong>au</strong>che à droite):<br />
Isaac Boyd, Darfur, 2004; Agostino<br />
Pacciani(IFRC/CRI), Italie,2009; Xavier<br />
Génot, IFRC,Bengladesh, 2009<br />
; Dave Hodgkin, Bengladesh, 2009;<br />
Melisa Tan, China (Sichuan),2009;<br />
Low tech balloon<br />
system,TechnoCraft,1999; Sh<strong>au</strong>n<br />
Scales, Afganistan,2009; Xavier<br />
Génot, IFRC, Bengladesh,2009;<br />
IFRC, Ugenda, 2007; Paper Log<br />
houses Shigeru Ban, Japan, 1995;<br />
Dave Hodgkin, Bengladesh 2007;<br />
Dave Hodgkin, Bengladesh 2007;<br />
Joseph Ashmore, Somalia, Somaliland,<br />
2009; Jake Zarins, Kenya, Dadaab,<br />
2009; Dave Hodgkin, Jogyakarta,<br />
2006; Varatharajah Ramesh et<br />
Glenn Costes, Sri Lanka, 2007<br />
Dave Hodgkin, Bengladesh, 2007;<br />
Mia.y Ferrara/Ferrara <strong>De</strong>sign, ;<br />
Joseph Ashmore, Somalia, 2008;<br />
oseph Ashmore, Somalia, 2008; Milton<br />
Funes , Honduras, 1998;<br />
Joseph Ashmore, Indonesia, Aceh,<br />
2004; Safe (R) House,Ellen Chen,<br />
Sri Lanka, 2005; Xavier Génot,<br />
IFRC, Bangladesh, 2007; Varatharajah<br />
Ramesh et Glenn Costes, Sri<br />
Lanka, 2007; Jake Zarins, Sri Lanka,<br />
2007;<br />
Joseph Ashmore, Somalia, Somaliland,<br />
2009;Chris Cattaway, India,<br />
Gujarat 2001; Ombretta Tempra,
168<br />
Somalia, 2007; Core housing, Relief<br />
International,1995-2001 ; Xavier<br />
Génot, IFRC,Bengladesh, 2009<br />
Page 38, Photographies de Dave Hodgkin,<br />
Bengladesh 2007<br />
Page 41, 55, figure 9,10. Exemples d’extensions,<br />
<strong>De</strong>prez, Simon, et Eléonore LABAT-<br />
TUT. Après le tsunami, reconstruire<br />
l’habitat en Aceh. Karthala, 2010.<br />
Page 50, Photographie, Quinta Monroy,<br />
Elemental Chile,2004, http://www.<br />
elementalchile.cl/viviendas/quintamonroy/quinta-monroy/<br />
Page 58, figure 12. Evolution d’habitat dans<br />
la favela da mare, rio de janeiro.<br />
<strong>De</strong>ssin tiré de New Towns for the<br />
21st Century the Planned Vs. the<br />
Unplanned City. Amsterdam: SUN<br />
architecture, 2010.<br />
Page 66, Activités des les camps de Grand<br />
Goave et Leogane,<br />
Page 75, Activités des les camps de Grand<br />
Goave et Parc heritier,<br />
Page 110, Camp Corail, Haïti,<br />
Page 128, Terrain ToTo,<br />
Page 131, Tentes vides <strong>au</strong>x camps de Parc<br />
Héritier et Grand , Haïti,<br />
Page 139, Tentes vides <strong>au</strong> camp de Grand<br />
Goave , Haïti,<br />
Page 142, Camp de Leogane, Haïti,<br />
Photographies de Marion Bordier,<br />
OIM, 2010<br />
Page 69, figure 13. Couverture des<br />
agences de gestion de camp (CMA).<br />
« HAITI Camp Coordination Camp,<br />
Management Cluster ,DTM v2.0<br />
Displacement Tracking Matrix<br />
v2.0 Update, May, 2011 », mai<br />
2011. http://iomhaitidataportal.<br />
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downloads\4.DTM%20Report_<br />
May%2711/DTM V2_Report_<br />
May_2011_English_FINAL.doc.<br />
Pages 70-71, figure 14. Camp de 20’000<br />
personnes établit selon les normes<br />
des ONG.<br />
<strong>De</strong>ssin fait à partir des données de<br />
Le Projet Sphère. « Le projet sphère,<br />
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minimumss de l’intervention<br />
humanitaire », 2011. www.sphereproject.org.<br />
Page 72, Figure 15. Trois plans commun<strong>au</strong>taire<br />
pour des abris transitoire<br />
Page 73, Figure 16. Subdivision d’un camp<br />
en secteur, block et commun<strong>au</strong>té.<br />
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Epicentre<br />
Page 98, Figure 18. <strong>au</strong>gmentation de la<br />
population de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
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quartiers de Port-<strong>au</strong> Prince<br />
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Pictometry Corporation, http://<br />
www.conservationtech.com/<br />
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Page 107, Carte des dommages de Port-<strong>au</strong><br />
Prince.<br />
Carte faite à partir des données GIS<br />
de la base de donnée ESRI (http://<br />
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mid/SERTIT_CHARTE287-290_<br />
SAFER_ERCS024_P03B_Haiti_<br />
PortAuPrince_Damage_30k_en_<br />
midres.jpg<br />
Pages 104-105, figure 20. <strong>De</strong>nsité de<br />
population et bidonville de Port-<strong>au</strong>-<br />
Prince.<br />
Pages 108-109, figure 21. Carte des dégats<br />
et emplacement des camps a<br />
Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />
Pages 114-115, figure 26. Carte des<br />
camps dans Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />
Carte faite à partir des données :<br />
GIS de la base de donnée ESRI<br />
(http://www.esri.com), Haiti Basemap<br />
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Operational Satellite Applications<br />
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Research Centre (JRC) and The<br />
World Bank<br />
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MINUSHAT-UN/OSOCC, U.S.<br />
Health and human Services/CDC,<br />
U.S. Agency for International <strong>De</strong>velopment-Health<br />
Office<br />
Page 110, figure 22. Lieu de deplacement<br />
signales par les déplacés enregistrés.<br />
Graphiques fait à partir des données<br />
d’OIM, « HAITI Camp Coordination<br />
Camp, Management Cluster ,DTM<br />
v2.0 Displacement Tracking Matrix<br />
v2.0 Update, March , 2011 », mars<br />
2011. http://iomhaitidataportal.<br />
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Mar%2711/DTM_V2_Report_<br />
March_2011_English_FINAL.pdf.<br />
Page 111, figure 23. Comparaison du<br />
nombre de ménages déplacés par<br />
communes en juillet 2010, mai 2010<br />
et juillet 2010<br />
Carte faite à partir des données:<br />
carte: GIS de la base de donnée ESRI<br />
(http://www.esri.com),<br />
Haiti Basemap Data from the United<br />
Nation, MINUSTAH and United Nations<br />
Cartographic Section<br />
United Nations Institute for Training<br />
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mai 2011. http://iomhaitidataportal.<br />
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May%2711/DTM_V2_Report_<br />
May_2011_English_FINAL.doc.<br />
Page 112, figure 24. Etablissement et évolution<br />
de la taille des camps.<br />
Page 113, figure 25. Dimension des camps<br />
par famille.<br />
Graphiques fait à partir des données<br />
d’OIM,« HAITI Camp Coordination<br />
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Report_Nov%2711/DTM_V2_Report_November2011_English_Final.<br />
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Page 116, figure 27. Exemple de camp<br />
spontanes dans Port-<strong>au</strong>-Prince<br />
(Ecole Nationale Dumerlin)<br />
Page 117, figure 28. Exemple de camp<br />
organisé (Tabarre ISA)<br />
Page 121, figure 30. Exemple de camps<br />
spontanés <strong>au</strong>tour de camp corail.<br />
Pages 122-123, figure 31. Evolution d un<br />
camp (Terrain Toto).<br />
Pages 124-125, figure 32. Formation d’un<br />
camp.<br />
Pages 126-127, figure 33. Structure d’un<br />
camp ( terrain toto)<br />
<strong>De</strong>ssin fait à partir des<br />
Photographie de Google Earth<br />
(http://www.google.fr/intl/fr/earth/<br />
index.html)<br />
169<br />
Pages 118-119, figure 29. Typologie des<br />
camps par taille.<br />
Photographie de Google Earth<br />
(http://www.google.fr/intl/fr/earth/<br />
index.html)<br />
Géométrie d’OIM,DTM Camps<br />
(KMZ File), Last Update : September<br />
19, 2011, http://www.<br />
eshelter-cccmhaiti.info/kmz/DTM_<br />
V2_0_30092011.kmz<br />
Pages 133,134-135,136,137,138,<br />
figure 34. Types d’abris occupes par<br />
statut de propriété, 2011<br />
figure 35. Statut mtptc, statut de<br />
propriete et intentions,<br />
figure 36. Comparaison du statut<br />
foncier des sites d’hebergement de<br />
novembre 2011 à septembre 2011,<br />
figure 37. Présence d’abris de transition<br />
sur le site,<br />
figure 38. Nombre de camps sous<br />
menace d’explusion vs nombre total<br />
de camps existants, janvier-mai, 201<br />
figure 39. Nombre et pourcentage<br />
de tentes vide par communes.<br />
Graphiques fait à partir des données<br />
d’OIM, « HAITI Camp Coordination<br />
Camp, Management Cluster ,DTM<br />
v2.0 Displacement Tracking Matrix<br />
v2.0 Update, July, 2011 », juillet<br />
2011. http://iomhaitidataportal.<br />
info/dtm/downloads.aspx?file=~/<br />
downloads\4.DTM%20Report_<br />
May%2711/DTM_V2_Report_<br />
May_2011_English_FINAL.doc.