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De l'éphémère au permanent - EPFL

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<strong>De</strong> l’éphémère <strong>au</strong> <strong>permanent</strong><br />

Le processus de reconstruction d’une ville après<br />

une catastrophe naturelle


Gachoud Clio, Pham Minh-Luc<br />

Enoncé théorique<br />

Section d’architecture<br />

<strong>EPFL</strong>-ENAC-SAR<br />

Semestre 2011-2012<br />

Equipe de suivi:<br />

Professeur énoncé théorique: November Valérie<br />

Directeur pédagogique: Dietz Dieter<br />

Maître <strong>EPFL</strong>: Schmit Marc<br />

remerciements<br />

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidées dans<br />

notre travail:<br />

Hossein Sarem Kalali, Shelter and Built Environment Advisor, <strong>au</strong> PNUD<br />

Julien Grisel, Architecte, qui a écrit une thèse: Le processus de projet dans<br />

La reconstruction urbaine suite à une catastrophe.<br />

L’équipe de Shelter Center et Rob Fielding, Programme Manager<br />

Cyrus Mechkat, Architecte, pour son expérience dans les projets participatifs.<br />

Marie Schärlig, Directrice ad interim, Centre de Compétences Reconstruction-<br />

CCR, à la DDC.<br />

Marion Bordier, Information Management Consultant, chez OIM.<br />

Peter Van <strong>De</strong>r Auweraert, Head, Land, Property and Reparations Division<br />

<strong>De</strong>partment of Operations and Emergencies, chez OIM.<br />

Ivan Vuarambon, Architecte, Team Leader, Haïti chez SDC.<br />

Fanny Ducommun, Graphic designer.<br />

Jean Du Prés (nom fictif), résident de Port <strong>au</strong> Prince.<br />

Jean-Pierre et Josiane Gachoud, Pham Nam Kim et Pham Van, ainsi que<br />

nos amis pour leur soutien et leur aide.<br />

Au groupe de suivi du diplôme :<br />

Professeur énoncé théorique: Valérie November, Professeure FNS<br />

Directeur pédagogique: Dieter Dietz, Architecte et Professeur associé en<br />

architecture. Faculté ENAC<br />

Maître <strong>EPFL</strong>: Marc Schmit, Architecte


preface<br />

Nous observons ces dernières décennies de plus en plus de catastrophe<br />

naturelle . Elles affectent un nombre croissant de personnes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mondial.<br />

Le droit à un abri convenable fait partie des droits humains, l’architecte doit<br />

se soucier de ce phénomène qui ne cesse d’<strong>au</strong>gmenter et qui actuellement<br />

n’a toujours pas trouvé de solution satisfaisante. Est-il possible de trouver<br />

un processus de reconstruction efficace, c’est-à-dire qui limite les phases<br />

de construction, le temps passé dans les camps de réfugiés et rend les<br />

étapes moins séquentielles? La cohésion urbaine lors de la reconstruction<br />

est l’un des problèmes clé car souvent les premiers abris sont établis de<br />

manière spontanée et ne cohabitent pas bien avec la ville. Quelle part de<br />

liberté devons nous laisser <strong>au</strong>x victimes lors d’une reconstruction, quelle<br />

doit être leur implication?<br />

Chaque reconstruction est unique, cependant les processus sont similaires.<br />

Il f<strong>au</strong>t donc identifier ces processus et en extraire les lignes directrices<br />

et ce à différentes échelles: en effet les réponses proposées ne<br />

doivent pas uniquement se focaliser sur l’échelle de l’habitation, mais se<br />

développer également à l’échelle urbaine.<br />

Nous allons commencer par une approche allant du macro <strong>au</strong> micro, du<br />

monde à l’être humain et examiner comment les catastrophes affectent différemment<br />

l’être humain à chaque échelle. A noter que la catastrophe n’est<br />

pas distribuée de manière égale en terme de territoire ou dans les couches<br />

de la population, ce qui nous amènera à la notion de vulnérabilité.<br />

Dans le relogement après une catastrophe naturelle, ce qui est particulièrement<br />

intéressant ce sont les différentes phases de reconstruction,<br />

bien souvent les enjeux de la catastrophe dépassent la simple reconstruction.<br />

<strong>De</strong>s effets dans les domaines politiques, économiques et de la santé<br />

naissent avec la catastrophe.<br />

Nous aborderons également les différentes problématiques liées <strong>au</strong> relogement<br />

des victimes, <strong>au</strong>x camps de réfugiés (quels sont leur type, leur organisation<br />

et leur temporalité). Nous nous interrogerons sur les conséquences<br />

de ces réponses et comment peuvent-elles être améliorées? En effet, la<br />

sérialité et le manque de flexibilité des camps ne permettent pas une solution<br />

satisfaisante <strong>au</strong>x besoins de la population sinistrée. En réponse à<br />

cette problématique, des théoriciens de la reconstruction ont proposé une<br />

approche participative <strong>au</strong> projet, elle fera l’objet d’un chapitre dans lequel<br />

nous mettrons en évidence les enjeux d’un projet participatif.<br />

D’un point de vue plus général, il est important de tenir compte de l’échelle<br />

de la reconstruction, si celle-ci se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’une ville, il ne s’agit<br />

pas uniquement de reconstruire des maisons individuelles. Le nombre de<br />

personnes touchées lors de désastres naturels représentent parfois l’équivalent<br />

d’une ville entière, de ce fait, il f<strong>au</strong>t reconstruire un centre d’activité<br />

et redévelopper une économie locale. C’est pourquoi nous allons également<br />

utiliser des notions d’urbanisme afin de bien comprendre les éléments<br />

structurels des lieux de vie d’une commun<strong>au</strong>té. L’une des problématiques<br />

de la reconstruction est la rigidité des plans. Nous ferons un parallèle avec<br />

les villes informelles, tels que les slums afin de mieux comprendre les degrés<br />

de liberté que nous devons accorder dans notre plan urbain ainsi que<br />

la part de participation des victimes. A l’échelle de l’habitat, nous verrons<br />

que les logements spontanés ont des caractéristiques similaires à celles de<br />

la reconstruction post catastrophe.<br />

Cette approche théorique sera confrontée à un cas d’étude, celui d’Haïti.<br />

Ceci permettra d’avoir une vision plus précise quant <strong>au</strong>x difficultés du terrain,<br />

de la gestion de crise, des enjeux de la reconstruction, des procédures<br />

qui ont fonctionné et celles qui ont échoué.<br />

Nous avons choisi Haïti pour deux raisons: pour son environnement urbain<br />

qui a été fortement touché, et par la forte présence de quartiers spontanés<br />

<strong>au</strong> sein de la ville.<br />

Nous conclurons notre travail par une synthèse de tous les sujets abordés<br />

sous la forme de lignes directrices pour la reconstruction.


La structure de notre énoncé ainsi que la relation entre les différents thèmes<br />

abordés, est illustrée dans la figure 1. Elle est divisée en quatre parties qui<br />

contiennent chacunes les thématiques abordées. Leur nive<strong>au</strong> d’importance<br />

est représenté par leur taille. Les couleurs indiquent les interactions entre<br />

les différentes parties.<br />

L’utilisation de notre énoncé peut se faire comme un manuel. Une série<br />

de pictogramme à été conçu pour faciliter une navigation thématique (cf.<br />

schéma ci-dessous).<br />

A la fin de chaque chapitre une page est dédiée <strong>au</strong>x points clés de celui-ci.<br />

pictogrammes<br />

Catastrophe naturelle<br />

Ville<br />

Société<br />

Reconstruction<br />

Participation<br />

Camps<br />

Processus de reconstruction<br />

Cas d’étude<br />

Points clés<br />

abreviations<br />

CCCM : Camp Coordination Camp Management<br />

CICR : Comité International de la Croix Rouge<br />

CCR : Commission Coordination Romande<br />

DDC : Direction du Développement et de la Coopération<br />

DTM : Displacement Tracking Matrix<br />

GHRAP : Groupe Haïtien de Recherches et d’Actions Pédagogiques<br />

IFRC : Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge<br />

IDP : International Displaced Person<br />

MTPTC : Ministère des Transports Publics, Transport et Communication<br />

NRC : Norwegian Refugee Council<br />

OCHA : Office for the Coordination of Humanitarian Affairs<br />

OIM : Organisation Internationale pour les Migrations<br />

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement<br />

SERTIT : Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection<br />

UN-HABITAT : United Nations Habitat<br />

UNHCR : United Nations High Commissioner for Refugees<br />

UNITAR : United Nations Institute for Training and Research


figure 1. «mind map»<br />

Les désastres<br />

Interactions sociales<br />

La reconstruction<br />

Urbanisme<br />

Vulnérabilité<br />

ciété<br />

Aspectpsycho<br />

o<br />

ogique<br />

Lieux<br />

Victimes<br />

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Besoins<br />

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Non-Planifié<br />

Planifié<br />

Camps<br />

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Relogement<br />

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Permanent<br />

Urgence<br />

Temporaire<br />

Type de logement<br />

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Temps<br />

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Relocalisation<br />

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Nive<strong>au</strong> d’importance<br />

L’ être humain<br />

La catastrophe<br />

naturelle<br />

La théorie<br />

Réponse à la<br />

catastrophe<br />

Processus de<br />

reconstrcution


table des matieres<br />

introduction ............................................................1<br />

du macro <strong>au</strong> micro ......................................................3<br />

Le monde et les désastres naturels ..............................................4<br />

La catastrophe <strong>au</strong> sein de la ville ...............................................14<br />

Relation entre la catastrophe et l’être humain .....................................18<br />

Points clés .................................................................21<br />

les differentes phases du relogement apres<br />

une catastrophe naturelle ........................................23<br />

Une reconstruction en trois phases .............................................24<br />

Les différentes phases du relogement ..........................................28<br />

La temporalité ..........................................................28<br />

Le lieu .................................................................32<br />

Les problèmes fonciers ...................................................33<br />

Les méthodes de reconstruction ...........................................34<br />

Points clés .................................................................43<br />

le processus participatif ............................................45<br />

La participation .............................................................46<br />

Les types de participation .................................................48<br />

La dynamique du pouvoir .................................................48<br />

Les techniques de communication .........................................52<br />

L’architecte et la participation ..............................................54<br />

La gradation de la participation ............................................56<br />

Points clés .................................................................59<br />

la problematique des camps ........................................61<br />

Les camps .................................................................62<br />

Les camps planifiés ......................................................68<br />

Les camps spontanés ....................................................74<br />

Points clés .................................................................81<br />

planifie versus non planifie .......................................83<br />

La ville .....................................................................84<br />

Les bidonvilles ..............................................................88<br />

Points clés .................................................................93<br />

cas d’etude: haïti ......................................................95<br />

Haïti avant le 12.01.2010 .....................................................96<br />

Contexte historique .....................................................96<br />

Une centralisation des pouvoirs ............................................96<br />

L’urbanisme informel de Port-<strong>au</strong>-Prince .........................................100<br />

Haïti après le 12.1.2010 .....................................................106<br />

Les répercutions matérielles ..............................................106<br />

Répercutions sociales, politiques .........................................106<br />

Une capitale après désastre ..............................................106<br />

Les migrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110<br />

Analyse de la réponse post-catastrophe ........................................112<br />

Typologie des camps à Haïti .............................................112<br />

Naissance et évolution du camp ..........................................122<br />

Composition des camps ................................................130<br />

La problématique foncière ...............................................136<br />

La reconstruction en milieu urbain .........................................140<br />

La participation ........................................................140<br />

Les visions futures d’Haïti ................................................141<br />

Points clés ............................................................145<br />

conclusion: vers une reconstruction<br />

evolutive et durable ...............................................147<br />

Processus de reconstruction .................................................148<br />

La temporalité et flexibilité du projet .......................................149<br />

Proctocole de la reconstruction ...........................................158<br />

references ..............................................................163<br />

Bibliographie ..............................................................164<br />

Iconographie ..............................................................167


introduction<br />

La catastrophe est faite d’un avant et d’un après. C’est un « achèvement<br />

brutal », c’est également un tournant dans l’évolution et amène à un questionnement<br />

sur la situation passée, actuelle et future. Julien Grisel parle de<br />

la catastrophe comme d’une opportunité <strong>au</strong> renouve<strong>au</strong> et <strong>au</strong> développement<br />

de nouvelles idées ou techniques. Elle permet d’imaginer de nouve<strong>au</strong>x<br />

scénarios, parfois utopistes, qui dans une situation normale ne le permettrait<br />

pas ou ne viendrait pas à l’esprit. Pour James K.Mitchell, les désastres<br />

naturels sont une forme « d’antidote » contre les éléments fabriqués en<br />

série et une uniformisation du contexte urbain et social.<br />

Les catastrophes naturelles semblent être des déclencheurs de projets<br />

d’urbanisation, cependant cette reconstruction est très délicate et engendre<br />

bien plus de problèmes qu’il n’y paraît, car ces projets sont souvent<br />

trop ambitieux et malheureusement peu d’entres eux voient le jour. C’est<br />

pour cela que notre recherche se concentre sur la reconstruction et essaye<br />

d’extraire les problématiques principales et d’y trouver une alternative, afin<br />

de réduire le temps du relogement et le rendre plus accessible.<br />

1


2<br />

du macro <strong>au</strong><br />

micro<br />

Dans ce premier chapitre nous allons définir ce que représente un désastre<br />

naturel à l’échelle mondiale, puis de la ville et ensuite de l’être humain. Ceci<br />

permettra de mieux comprendre les enjeux génér<strong>au</strong>x afin d’avoir une vue<br />

d’ensemble de la situation et d’obtenir un processus de reconstruction<br />

mieux adapté.<br />

3


4<br />

le monde et les desastres<br />

naturels<br />

Désastre naturel :<br />

«a situation or event which overwhelms local capacity, necessitating<br />

a request to a national or international level for external assistance;<br />

an unforeseen and often sudden event that c<strong>au</strong>ses great<br />

damage,destruction and human suffering.<br />

For a disaster to be entered into the database, at least one of the<br />

following criteria must be fulfilled:<br />

10 or more people reported killed;<br />

100 or more people reported affected;<br />

declaration of a state of emergency;<br />

call for international assistance.»<br />

(D. Guha-Sapir et al., 2011)<br />

Il existe différents types de risques, (cf. table<strong>au</strong>1) et leurs répercutions ne<br />

sont pas toujours égales, celles-ci dépendent de nombreux facteurs : de<br />

l’environnement construit, du type de construction, du terrain, de la capacité<br />

de la population à réagir contre une catastrophe.<br />

Pour mieux comprendre les répercutions des catastrophes naturelles dans<br />

le monde, nous avons produit différentes cartes qui représentent la localisation<br />

et le nombre de désastres <strong>au</strong> cours de ces dix dernières années. Les<br />

différents types de catastrophe ne sont pas répartis équitablement <strong>au</strong>tour<br />

du globe.<br />

Nous observons également que le nombre de victimes n’est pas comparable,<br />

par exemple une catastrophe qui touche les pays du nord <strong>au</strong>ra un<br />

impact moindre que dans les pays du sud.<br />

A noter que la majorité des désastres qui se sont produits lors de ces dix<br />

dernières années sont d’ordre hydrologique, mais ces derniers ne sont pas<br />

les plus meurtriers: les tremblements de terre font en général plus de victimes.<br />

Nous remarquons que la sensibilité <strong>au</strong>x catastrophes dépend de la<br />

richesse du pays: des pays avec des constructions précaires seront plus<br />

affectés par un désastre qu’un pays ayant une construction selon des<br />

normes parasismiques.<br />

Les cartes suivantes (cf. figures 2 et 3) montrent que les pays répondent<br />

différemment <strong>au</strong>x catastrophes: le nombre de victimes ne dépend pas uniquement<br />

de la fréquence des désastres, mais <strong>au</strong>ssi de la vulnérabilité du<br />

pays.<br />

Table<strong>au</strong> 1: les types de catastrophes naturelles<br />

Géophysique<br />

Tremblement de terre<br />

Volcan<br />

Glissement de terrain<br />

Météorologique<br />

Tempête<br />

Cyclone<br />

Ourgan<br />

Hydrologique<br />

Inondation<br />

Coulée de boue<br />

(Table<strong>au</strong> fait à partir des données de D. Guha-Sapir et al., 2011)<br />

Les pays « riches » <strong>au</strong>ront un ratio victime/catastrophe plus bas que celui<br />

des pays en voie de développement.<br />

Nous ne sommes donc pas tous ég<strong>au</strong>x devant la catastrophe, que ce soit<br />

par la localisation ou par la précarité des constructions tous les pays ont<br />

une vulnérabilité différente quant à la catastrophe. Cette constatation nous<br />

a amené à nous intéresser <strong>au</strong>x types de populations qui étaient le plus gravement<br />

touché, les populations des pays défavorisés.<br />

Il est important de distinguer deux situations: les catastrophes cycliques<br />

et les catastrophes ponctuelles. Bien souvent les pays qui sont touchés<br />

de manière régulière ne sont pas les mieux équipés et la population reste<br />

sur les lieux à risque dans la majorité des cas. (Centre for Research on the<br />

Epidemiology of Disaster (CRED) s. d.)<br />

5<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


6<br />

figure 2. nombre de desastres naturels<br />

Désastres naturels<br />

de 2000 à 2010<br />

Index de vulnérabilité des<br />

risques de désastres naturels<br />

Très élévé<br />

Elévé<br />

Moyen<br />

Faible<br />

Très faible<br />

Pas de données<br />

Nombre de désastres naturels de 2000 à 2010<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

Accumulation des désastres naturels<br />

Météorologique<br />

Hydroligique<br />

Géophysique<br />

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />

Géophysique<br />

Hydrologique<br />

Météorologique<br />

2000-2011<br />

2000-2011<br />

2000-2011<br />

Cette carte nous montre le nombre de catastrophe dans le monde <strong>au</strong> cours<br />

de 2000-2010. Les pays les plus vulnérables se trouvent dans les pays du<br />

sud, <strong>au</strong>tour de la bande équatoriale. Les Etats Unies, la Chine, l’Inde ainsi que<br />

l’Indonésie sont les zones les plus touchées.<br />

Prendant la période étudiée, nous ne voyons pas une <strong>au</strong>gmentation significative<br />

du nombre de catastrophe, cependant, nous savons que ces dernières ont<br />

<strong>au</strong>gmenté depuis les années 50.<br />

7<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


8<br />

figures 3. population affectee par les catastrophes<br />

800Mio<br />

700Mio<br />

600Mio<br />

500Mio<br />

400Mio<br />

300Mio<br />

200Mio<br />

100Mio<br />

7Mio<br />

6Mio<br />

5Mio<br />

4Mio<br />

3Mio<br />

2Mio<br />

1Mio<br />

0<br />

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011<br />

Nombre de désastres naturels par années<br />

Accumulation des désastres naturels<br />

Personnes affectées<br />

Personnes sans abri<br />

Morts<br />

Index de vulnérabilité des<br />

risques de désastres naturels<br />

Très élévé<br />

Elévé<br />

Moyen<br />

Faible<br />

Très faible<br />

Pas de données<br />

>100<br />

>10000<br />

>100000<br />

>1Mio<br />

>100Mio<br />

>400Mio<br />

Cette carte nous montre les nombres de personnes affectées par<br />

les catastrophes entre 2000 et 2010. Nous voyons clairement que<br />

les populations touchées sont majoritairement celles des pays<br />

proche de la ceinture équatoriale. En comparant cette carte avec<br />

la précédente, nous observons que les pays du sud sont plus fortement<br />

affectés.<br />

9<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


10<br />

«En 1950, 30 % des humains<br />

étaient urbains, la moitié<br />

l’était en 2007, et 60 % le<br />

seront probablement en<br />

2030 (surtout dans les pays<br />

en développement qui selon<br />

les prospectivistes devaient<br />

accueillir 4 milliards d’urbains<br />

en 2030, soit 80 % des<br />

citadins de la planète).»<br />

(ONU, Banque mondiale, 2007)<br />

11<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


12<br />

30 MILLIONS de personnes<br />

affectées en 2010 par des désastres naturels<br />

2,5 MILLIONS de sans abris<br />

en 2010 dù <strong>au</strong>x désastres naturels<br />

360’390 morts en 2010 dûs<br />

<strong>au</strong>x désastres naturels<br />

4X<br />

0.3X<br />

2X GENEVE<br />

13<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


14<br />

la catastrophe<br />

<strong>au</strong> sein de la ville<br />

«La catastrophe place la collectivité face à sa capacité de résilience.<br />

Elle défie ainsi la solidité de ses valeurs, sa cohésion et révèle sa<br />

vulnérabilité <strong>au</strong> sein de son environnement naturel.»<br />

(J.Grisel, 2010)<br />

La ville est un équilibre dynamique, nous y retrouvons la plupart des activités<br />

humaines. Elle est parcourue par une grande quantité d’événements.<br />

Il existe une certaine stabilité entre la destruction et la reconstruction, qu’<br />

elle soit planifiée ou non. La croissance d’une ville n’est pas linéaire, en effet<br />

des facteurs externes vont modifier son comportement. Elle devra s’adapter<br />

à ces nouvelles conditions afin de protéger les activités humaines qu‘elle<br />

renferme.<br />

Que se passe-t-il quand cet équilibre est ébranlé lors d’un événement naturel<br />

?<br />

Comment réagir lorsque un tiers du pays est inondé ?<br />

Julien Grisel met en évidence la « rupture » que cet événement crée et<br />

fait ressortir la vulnérabilité de la ville, ainsi qu’un questionnement sur son<br />

emplacement ou même son passé et son futur. La ville doit désormais « survivre<br />

». Cette problématique se situe à plusieurs échelles, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du « développement<br />

physique de la ville», de « son environnement » et de l’individu.<br />

Le facteur temps est un élément prédominant dans la reconstruction de la<br />

ville après une catastrophe naturelle. Comment reconstruire ce qui a été<br />

construit en plusieurs années, voir décennies, en un laps de temps des plus<br />

réduit ?<br />

Nous parlons à ce moment d’un phénomène de ville spontanée, ou alors de<br />

ville dans la ville. Quel est ce phénomène et comment peut-il nous aider à<br />

trouver des outils architectur<strong>au</strong>x pour mieux comprendre le processus de<br />

reconstruction d’une ville après un désastre naturel. Nous retrouvons deux<br />

nouvelles sociétés : les victimes et les non victimes, il f<strong>au</strong>dra également<br />

prendre en compte cette relation, comprendre ses limites et comment intégrer<br />

ces deux entités l’une dans l’<strong>au</strong>tre.<br />

Selon Ian Davis, la catastrophe est perçue différemment selon le lieu d’impact,<br />

si elle est située dans une zone qui n’est pas peuplée, le désastre<br />

est vécu différemment, ce n’ est plus un désastre, mais une catastrophe<br />

naturelle. Par contre dans une zone construite, la catastrophe sera transformée<br />

en désastre. Nous pouvons distinguer trois situations : non construit,<br />

figure 4. relation entre le site et la catastrophe et les dommages<br />

engendrés:<br />

Non construit<br />

Bonne construction<br />

Ville de m<strong>au</strong>vaise construction, sur un site à risque<br />

0<br />

Dommages urbains<br />

de bonne construition, de m<strong>au</strong>vaise construction sur un site à risque (cf.<br />

figure 4).<br />

L’approche du désastre est passablement différente entre les pays en voie<br />

de développement et ceux développés. Par exemple, les pays développés<br />

ont tendance à prévoir, à essayer de contrôler la catastrophe naturelle, les<br />

bâtiments sont construits avec des normes antisismiques ou alors, une<br />

série de barrage contre des écoulements sont planifiés, etc. En Suisse,<br />

les mesures préventives contre tout type de catastrophe sont nombreuses,<br />

alors que le pays est rarement touché par celles-ci.<br />

A noter que la plupart du temps les populations p<strong>au</strong>vres se retrouvent avec<br />

des logements vulnérables et en plus dans des zones à risque plus prononcé,<br />

ce qui accentue les dégâts lors de catastrophes naturelles. Dans<br />

ce cas, ce sont en général des actions individuelles qui sont prises pour<br />

combattre le désastre, les habitants solidifient leur construction, ou alors<br />

décident d’aller vivre ailleurs.<br />

«In very broad terms the distinction can be summarized by saying that<br />

in the developed world we seek for material solutions, while in the<br />

developing world the solutions are primarily social mechanisms.»<br />

(I.Davis, 1978)<br />

15<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


16<br />

Le modèle de vulnérabilité qu’il f<strong>au</strong>t considérer est le “pressure and release<br />

model”(cf. figure 5), dans ce dernier, le désastre est la résultante de deux<br />

forces opposées, d’une part les processus qui créent une vulnérabilité et<br />

de l’<strong>au</strong>tre les désastres naturels. Selon Blaikie et al (1994), le modèle fonctionne<br />

comme un casse noix, lorsque les pressions sont exercées sur les<br />

deux côtés, nous avons une <strong>au</strong>gmentation du risque. L’idée de “release”<br />

permet de conceptualiser l’idée de réduction du désastre, en mettant<br />

moins de pression, la vulnérabilité peut être diminuée.<br />

«More than 98 percent of people affected by disaster are from<br />

developing countries. »<br />

(Red Cross, 2008)<br />

Le modèle présuppose que les conditions à risque naissent de pressions<br />

dynamiques (provoquées par des facteurs politiques, économiques et/ou<br />

soci<strong>au</strong>x), elles-mêmes créées par des circonstances politiques ou économiques<br />

nommées « root c<strong>au</strong>se ».<br />

Ce modèle permet de comprendre la catastrophe comme une accumulation<br />

de conditions à risque. Il explique <strong>au</strong>ssi les différentes vulnérabilités<br />

qu’il peut y avoir <strong>au</strong> sein d’une ville. Si la catastrophe va toucher l’entier<br />

d’une ville, nous verrons qu’il y a de grandes différences de vulnérabilité,<br />

ainsi les populations les plus défavorisées seront <strong>au</strong>ssi les populations les<br />

plus fortement touchées, car plus vulnérables.<br />

«The study of disasters is almost by definition a study of poverty<br />

within the developing world»<br />

(I.Davis, 2008)<br />

figure 5. “pressure and release model”<br />

THE PROGRESSION OF VULNERABILITY<br />

Limited access to<br />

Power<br />

Structures<br />

Ressources<br />

1 2 3<br />

ROOT CAUSES DYNAMIC<br />

PRESSURE<br />

Ideologies<br />

Political systems<br />

Economic systems<br />

Lack of<br />

Local institutions<br />

Training<br />

Appropriate skills<br />

Local investments<br />

Local markets<br />

Press Freedom<br />

Ethical standards<br />

in public life<br />

Macro-forces<br />

Rapid population<br />

growth<br />

Rapid urbanisation<br />

Arms expediture<br />

<strong>De</strong>bt repayment<br />

schedules<br />

<strong>De</strong>forestation<br />

<strong>De</strong>cline in soil<br />

productivity<br />

UNSAFE<br />

CONDITIONS<br />

Fragile<br />

Physical<br />

Environment<br />

Dangerous locations<br />

unprotected building<br />

and infrastructure<br />

Fragile local economy<br />

Livelihood at risk<br />

Low income level<br />

Vulnerable society<br />

Special groups at risk<br />

Lack of local institutions<br />

Public actions<br />

Lack of disaster<br />

preparedness<br />

Prevalence<br />

of endemic<br />

disease<br />

DISASTER<br />

RISK =<br />

Hazard +<br />

Vulnerability<br />

HAZARDS<br />

Earthquake<br />

High winds<br />

(cyclone/hurricane/<br />

typhoon)<br />

Flooding<br />

Volcanic eruption<br />

Landslide<br />

Drought<br />

Virus and pests<br />

(Blaikie et al., 1994)<br />

17<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


18<br />

relation entre<br />

la catastrophe et<br />

l’etre humain<br />

Nous allons nous concentrer sur l’échelle locale de la catastrophe,<br />

notamment sur son impact chez l’homme, ainsi que sur ses habitudes et<br />

son comportement.<br />

« Alors que la préoccupation du danger n’est pas formulée dans un<br />

discours où ne prend pas forme dans des pratiques propre, elle se<br />

lit dans les faits et gestes des habitants et situations quotidiennes.»<br />

(J.Lagumier, 2009)<br />

J.Lagumier montre que la catastrophe va modifier les habitudes de la population.<br />

Par exemple, certains parcours vont être changés, nous verrons<br />

<strong>au</strong>ssi naître de nouvelles pratiques. Ainsi les victimes d’inondation <strong>au</strong>ront<br />

tendance à être be<strong>au</strong>coup plus attentives <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la rivière organisant<br />

même des rondes lors de fortes pluies. Ce changement d’habitude<br />

et de pratique <strong>au</strong>ra <strong>au</strong>ssi un impact architectural, certains habitants vont<br />

construire des chambres spéciales afin de se protéger de la catastrophe<br />

en cas de récidive.<br />

Ce changement de moeurs a <strong>au</strong>ssi été observé par Sandrine Revêt qui<br />

analyse le cas de Vargas, où elle note des changements d’habitude, de<br />

pratique de la part de certains habitants.<br />

«Cette perte s’accompagne de la disparition de certaines pratiques.<br />

Par exemple, Carolina, une jeune femme de la classe moyenne,<br />

ne parcours plus le matin, comme elle avait l’habitude de faire le<br />

kilomètre de plage qui séparait son immeuble du centre de la ville<br />

pour aller y acheter le journal et qui <strong>au</strong>jourd’hui est un terrain vague<br />

encombré de troncs d’arbres et de pierre. Elle vit plus enfermée et<br />

affirme se sentir plus isolée.»<br />

(Sandrine Revêt, 2007)<br />

Selon Lagumier les attitudes des sinistrés oscillent entre le déni, matérialisé<br />

par le silence, ils ne veulent pas parler de la catastrophe et une peur qui<br />

modifie leur quotidien.<br />

Le tr<strong>au</strong>matisme psychologique doit être pris en compte lors du processus<br />

de reconstruction. La population touchée devra être rassurée, se sentir à<br />

l’abri dans son nouvel habitat. La relation <strong>au</strong> terrain sera à considérer, ainsi<br />

que les méthodes de constructions pour sécuriser le nouve<strong>au</strong> ou l’ancien<br />

terrain.<br />

Il est important que la commun<strong>au</strong>té puisse se recréer afin de consolider les<br />

bases de la reconstruction durable.<br />

19<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


20<br />

points cles<br />

1. La vulnérabilité des pays par rapport à la catastrophe est inégale, ceux<br />

en voie de développement sont les plus touchés : il existe plus de<br />

construction dans des zones à risque, les moyens techniques contre<br />

les catastrophes sont peu développés. Le potentiel d’action sur place<br />

est réduit.<br />

2. Nous pouvons réduire ce degré de vulnérabilité avec des constructions<br />

mieux adaptées et réévaluer le degré de risque des terrains.<br />

3. La relation <strong>au</strong> territoire est très importante.<br />

4. Chaque catastrophe est unique et nécessite une réponse adaptée.<br />

5. Les catastrophes entrainent des mouvements migratoires <strong>au</strong> sein du<br />

pays et vers l’étranger, mais la population essaye de rester sur sa terre.<br />

6. La gestion du risque est cruciale <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’habitat ainsi que du<br />

territoire.<br />

7. La catastrophe peut être un déclencheur d’urbanisation.<br />

8. La catastrophe détruit une commun<strong>au</strong>té.<br />

9. La catastrophe chez l’être humain détruit son habitat, donc ses repères<br />

et crée un sentiment d’insécurité. Nous pouvons aider les victimes en<br />

proposant un lieu où la population touchée pourra reconstruire une<br />

nouvelle vie, retrouver une commun<strong>au</strong>té et un sentiment de sécurité.<br />

10. La structure sociale est importante.<br />

21<br />

Du macro <strong>au</strong> micro


22<br />

les<br />

differentes<br />

phases du<br />

relogement<br />

apres une<br />

catastrophe<br />

naturelle<br />

Le relogement est une partie importante de notre travail. Nous essayerons<br />

de faire une liste exh<strong>au</strong>stive des différents moyens de relogement et de<br />

comprendre ses différentes phases, ainsi que l’importance du lieu et de la<br />

notion de temps. Ceci permettra d’enrichir notre stratégie pour le processus<br />

de reconstruction.<br />

« Un abris est plus qu’un toit: c’est un moyen de garantir la santé, la<br />

sécurité, l’intimité et la dignité des habitants du camp.»<br />

(NRC, 2008)<br />

23


24<br />

une reconstruction en trois<br />

phases<br />

la phase de l’urgence<br />

C’est la première qui se met en place, elle consiste <strong>au</strong> relogement rapide<br />

des sinistrés dans des structures d’accueil ou des tentes. En général<br />

comme l’a remarqué Cassidy Johnson, cette phase permet <strong>au</strong> gouvernement<br />

de montrer qu’il est présent et sait agir dans une situation de crise.<br />

Cette phase est temporaire et ne dure qu’un laps de temps très court.<br />

la phase de transition<br />

La réalité du terrain ainsi que la complexité des enjeux de la reconstruction<br />

font que le temps nécessaire pour une reconstruction <strong>permanent</strong>e est relativement<br />

long. Une solution de transition est donc mise en place, elle offre<br />

plus de confort que les tentes en attendant la reconstruction des habitations.<br />

Cette réponse est parfois mal adaptée <strong>au</strong>x besoins des utilisateurs,<br />

car bien souvent ce sont des modules préfabriqués produits en séries, et<br />

les coûts de ces habitations peuvent dans certains cas être <strong>au</strong>ssi chers que<br />

le coût de la reconstruction <strong>permanent</strong>e. <strong>De</strong> plus ces logements de transitions<br />

tendent à devenir <strong>permanent</strong>s <strong>au</strong> fils du temps, car les matéri<strong>au</strong>x utilisés<br />

dans les logements transitoires ont des durées de vie de l’ordre de 10<br />

ans. Nous sommes dans une temporalité qui se rapproche du <strong>permanent</strong>.<br />

Le terme abris de transition signifie que c’est un élément qui peut être déplacé,<br />

adapté ou agrandi (NRC,2008).<br />

la phase <strong>permanent</strong>e<br />

C’est la dernière phase. Les réponses proposées sont des constructions<br />

en dur qui doivent perdurer et offrir un environnement adéquat pour le développement<br />

de la vie futur d’une famille.<br />

Ces phases sont illustrées en figure 6.<br />

25<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


26<br />

figure 6. table<strong>au</strong> des differentes solutions de relogements apres<br />

desastre<br />

Semaines<br />

3-4<br />

6-8<br />

~24<br />

~24<br />

?<br />

?<br />

?<br />

?<br />

Utilisation de bâtiments existants<br />

Chez des proches<br />

Plan d’évacuation du gouvernement<br />

Tentes<br />

Logement d’urgence<br />

Squats<br />

Logement <strong>permanent</strong><br />

Solution indigène<br />

Déplacement vers des zones<br />

moins vulnérables<br />

Solution importée<br />

Savoir faire local,<br />

matéri<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x<br />

Savoir faire local,<br />

matéri<strong>au</strong>x loc<strong>au</strong>x,<br />

design de l’ ouest<br />

Unité Individuelle<br />

Fondation de la maison<br />

et services<br />

Unité à multiple familles<br />

<strong>De</strong>sign et construction fait<br />

par un entrepreneur<br />

Sur leur propre propriété<br />

Camps de réfugiés<br />

Dans des centres<br />

de réfugiés<br />

Nouvelle division des villes<br />

et vilages existants<br />

Basé sur des plans militaire<br />

Plan informel<br />

Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009<br />

27<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


28<br />

les differentes phases<br />

du relogement<br />

«La planification est une tentative de « remise en ordre » des<br />

choses, des aménagements humains, des éléments constitutifs du<br />

territoire.»<br />

(J.Grisel, 2010)<br />

Selon Ian Davis, nous imaginons que le gouvernement se doit de fournir un<br />

maximum de logements de premier secours, mais il f<strong>au</strong>t se rendre à l’évidence,<br />

les personnes essayeront de trouver d’<strong>au</strong>tres moyens avant d’aller<br />

dans des abris fournit par les différents organismes. Ils vont d’abord aller :<br />

1. Chez des proches parents ou amis.<br />

2. Improviser eux-mêmes leur abri.<br />

3. Aller dans des lieux qui <strong>au</strong>ront été convertis, tels que des écoles, des<br />

centres sportifs etc...<br />

4. Dans les abris fournis.<br />

Par la suite, il est important de distinguer deux approches différentes qui<br />

sont directement liées <strong>au</strong> temps. Après la venue d’une catastrophe naturelle,<br />

il existe une phase que nous pourrions appeler « de survie »: le plus<br />

important est de trouver un logement pour s’y abriter et de survivre à cet<br />

événement, dès lors la perception et l’approche du logement est tout <strong>au</strong>tre.<br />

Une fois cette période révolue, nous entrons dans la période de reconstruction<br />

d’une vie, il ne s’agit plus de survivre, mais de retrouver un quotidien<br />

rassurant qui permette un développement à long terme. Il f<strong>au</strong>dra promouvoir<br />

les échanges soci<strong>au</strong>x et également retrouver une place <strong>au</strong> sein de la<br />

commun<strong>au</strong>té.<br />

la temporalite<br />

Le temps est un facteur important dans le processus de reconstruction (cf.<br />

figure 7 et 8). Il intervient à de multiples nive<strong>au</strong>x. Il est divisé en fonction<br />

d’une échelle de temps plus ou moins précise et prédictible. La reconstruction<br />

se fait en plusieurs phases clés, essentiellement trois : urgence, transition,<br />

reconstruction. Cependant elles s’entrelacent fréquemment. L’une des<br />

difficultés lors de la planification de la reconstruction est que les besoins<br />

d’<strong>au</strong>jourd’hui ne sont pas les mêmes que demain et ce problème est fréquent<br />

dans les villes d’<strong>au</strong>jourd’hui. La différence essentielle dans notre cas<br />

est que le temps de construction est accéléré, de ce fait la différence de<br />

temps entre le plan établi et le développement final est considérablement<br />

réduit, néanmoins le problème subsiste. Dans notre processus de reconstruction,<br />

nous partions de l’idée que le plan final ne pourra pas être connu<br />

et nous tiendrons compte de la part d’incertitude et de spontanéité qui va<br />

s’ajouter <strong>au</strong> plan initial. Il est important de proposer un plan qui incorpore <strong>au</strong><br />

mieux les éléments externes et non prévisibles issus de la commun<strong>au</strong>té, tels<br />

que les conflits, les désastres naturels, les crises économiques qui peuvent<br />

être pris en compte lors de l’établissement du plan, mais à un faible degré<br />

car ce sont des éléments imprévisibles.<br />

«Time is another factor that is difficult to anticipate. It is a familiar but<br />

devilish dilemma: a design is made using today’s data for the city of<br />

tomorrow. Naturally, every designer tries to take it into account, but<br />

in reality this is impossible.»<br />

(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />

figure 7. modele de l’activite de retablissement post-catastrophe.<br />

(Vale et al., 2005)<br />

29<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


30<br />

figure 8. duree du processus de reconstruction<br />

et taille de logement<br />

En moyenne la mise en place des éléments de transitioins prennent six mois et<br />

la reconstruction à long terme se fait sur plusieurs années. 3 ans<br />

Pérou<br />

Pérou<br />

Pérou<br />

Honduras<br />

Haïti<br />

Pérou<br />

Pérou<br />

Pérou<br />

Honduras<br />

Haïti<br />

Mozambique<br />

Congo<br />

Mozambique<br />

Kenya<br />

Congo<br />

Kenya<br />

Amériques<br />

Amériques<br />

Afrique<br />

Afrique<br />

Processus de reconstruction<br />

accompli jusqu’<strong>au</strong>x habitats de<br />

transitions<br />

Processus de reconstruction<br />

accompli jusqu’<strong>au</strong>x habitats<br />

<strong>permanent</strong>s<br />

2 ans<br />

3 ans<br />

1 an<br />

2 ans<br />

1 an<br />

6 mois<br />

6 mois<br />

Europe<br />

Europe<br />

Asie<br />

Asie<br />

Indonésie<br />

Chine<br />

Bengladesh<br />

Inde<br />

Indonésie<br />

Sri Lanka<br />

Indonésie<br />

Myanma<br />

Pakistan<br />

Pakistan<br />

Turquie<br />

Italie<br />

Indonésie<br />

Chine<br />

Bengladesh<br />

Inde<br />

Indonésie<br />

Sri Lanka<br />

Indonésie<br />

Myanma<br />

Pakistan<br />

Pakistan<br />

Turquie<br />

Italie<br />

(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)<br />

Honduras 11m2<br />

Haïti 18m2<br />

Honduras 11m2<br />

Mozambique 12m2<br />

Haïti 18m2<br />

Somalie 13.5m2<br />

Mozambique 12m2<br />

Eritrée 16m2<br />

Somalie 13.5m2<br />

Soudan 20m2<br />

Eritrée 16m2<br />

Congo 24m2<br />

Soudan 20m2<br />

Kenya 18-25m2<br />

Congo 24m2<br />

Liberia 25m2<br />

Kenya 18-25m2<br />

Rwanda 48m2<br />

Liberia 25m2<br />

Afrique<br />

Rwanda 48m2<br />

Afrique<br />

Amerique du sud<br />

Amerique du sud<br />

2 Pers<br />

6 Pers<br />

2 Pers<br />

4 Pers<br />

8 Pers<br />

4 Pers<br />

8 Pers<br />

6 Pers<br />

Europe<br />

Europe<br />

Asie<br />

Asie<br />

Pérou 9-18m2<br />

Indonésiem2<br />

Pérou<br />

Jogyakarta<br />

9-18m2<br />

24m2<br />

Indonésiem2<br />

Afganistan 21m2<br />

Jogyakarta 24m2<br />

Sri Lanka 18-20.5m2<br />

Afganistan 21m2<br />

Pakistan 18m2<br />

Sri Lanka 18-20.5m2<br />

Thaïland16m2<br />

Pakistan 18m2<br />

Inde 10m2<br />

Thaïland16m2<br />

Italie 74m2<br />

Inde 10m2<br />

Italie 74m2<br />

(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)<br />

31<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


32<br />

le lieu<br />

L’appartenance <strong>au</strong> territoire est très présente. Julien Grisel fait référence <strong>au</strong><br />

lieu comme « une composante identitaire de la collectivité ». C’est <strong>au</strong>ssi un<br />

lieu de commémoration.<br />

Lors des différentes phases du relogement la relation <strong>au</strong> territoire pose souvent<br />

des problèmes, car malgré le fait que la zone soit à h<strong>au</strong>t risque les<br />

gens souhaitent retourner sur leur terrain. C’est un phénomène qui peut<br />

s’expliquer de différentes manières et qui doit être pris en compte dans<br />

notre processus de reconstruction.<br />

L’ importance dû lieu est du <strong>au</strong> fait que dans les pays en voie de développement,<br />

le terrain est une des seules richesses dont la population dispose.<br />

Souvent l’emplacement de l’habitat est fortement lié <strong>au</strong> travail et un déplacement<br />

dans des zones plus sûres, souvent éloignées est un problème<br />

considérable. Par exemple, pour une famille de pêcheurs ou de fermiers<br />

en Asie, se déplacer dans une zone éloignée, mais sécurisée, représente<br />

parfois un grand sacrifice. Ils s’éloignent de leurs proches, de leurs repères.<br />

Cela a un impact économique, les gens se retrouvent loin de leur travail et<br />

le prix du déplacement est trop conséquent comparé à leur salaire.<br />

<strong>De</strong> ce fait, nous pouvons comprendre la réflexion suivante: il est préférable<br />

de rester <strong>au</strong> même endroit et prendre le risque qu’une catastrophe réapparaisse,<br />

sachant que celle-ci pourrait se reproduire que dans 5 ans voir 10<br />

ans, ou même jamais. La relocalisation est un problème majeur en soi et<br />

reconstruire sur le lieu de la catastrophe dans la plupart des situations est<br />

nécessaire.<br />

Le questionnement de l’emplacement de la reconstruction est également<br />

lié à «la mémoire collective du lieu ». Un groupe qui habite un lieu, s’approprie<br />

l’espace et le module selon ses besoins et parfois il se soumet<br />

<strong>au</strong>x éléments physiques qu’il contient. C’est en même temps un lieu de<br />

confiance car il est familier et sert de repère <strong>au</strong> quotidien. « L’image » du<br />

lieu prend une place prédominante, il a une « empreinte du groupe», les<br />

différents éléments du lieu ont un sens bien précis pour ses habitants, ce<br />

sont des facteurs parfois invisibles. Le lien particulier <strong>au</strong> lieu se précise et<br />

ressort lorsque le désastre naturel soumet une cassure avec celui-ci. Cet<br />

événement crée une cassure et fait paraitre un nouve<strong>au</strong> rapport <strong>au</strong> lieu,<br />

il est découvert sous un <strong>au</strong>tre angle et les éléments, les souvenirs qui le<br />

lient à ses habitants se transforment. La mémoire collective sera également<br />

ébranlée et transformée. Les structures physiques du lieu sont changées<br />

et possèdent dorénavant des traces de l’événement. Le choix du site peut<br />

<strong>au</strong>ssi être perturbé par l’illustration physique de la catastrophe. D’ailleurs<br />

Julien Grisel se questionne sur la position de la reconstruction par rapport<br />

à la mémoire collective et de ce fait où se positionne la reconstruction, en<br />

tant que « rupture », dans la « continuité », comme une « commémoration »<br />

ou alors en tant que « compromis » avec le milieu urbain préexistant.<br />

Comme le dit <strong>au</strong>ssi Cambrézy)<br />

« L’enracinement d’un groupe ou d’une commun<strong>au</strong>té dans son<br />

territoire ou son espace de vie est la manifestation la plus tangible<br />

de l’existence de ce groupe. Le territoire produit l’identité en même<br />

temps qu’il en est le produit.»<br />

(L.Cambrézy, 2001 )<br />

les problemes fonciers<br />

Il existe un <strong>au</strong>tre élément à ne pas négliger dans la reconstruction et qui<br />

prend du temps, c’est l’acquisition de terrain. Souvent les problèmes fonciers<br />

ralentissent énormément ou même empêchent le développement du<br />

projet.<br />

«La planification de grandes zones dévastées suppose que les<br />

<strong>au</strong>torités publiques soient suffisamment puissantes pour pouvoir<br />

exproprier ou racheter de grandes zones urbaines. Mais même<br />

dans ce cas, les <strong>au</strong>torités doivent trouver des compromis afin que<br />

les propriétaires ne quittent pas la ville, car une des conséquences<br />

d’une catastrophe est engendrer des changements importants des<br />

prix des terrains et des matéri<strong>au</strong>x de construction.»<br />

(J.Grisel, 2010)<br />

Cette thématique est un problème en soi très vaste que nous avons choisi<br />

de ne pas traiter en détail dans notre recherche.<br />

33<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


34<br />

les methodes de reconstruction<br />

Selon Ian Davis, il est important de comprendre la culture locale ainsi que<br />

sa relation avec la forme construite qui l’entoure. Comprendre le vernaculaire,<br />

nous permettra de mieux comprendre les besoins existants et de<br />

mieux s’adapter <strong>au</strong> lieu. Le vernaculaire doit être une source d’inspiration<br />

pour le processus de reconstruction. Souvent les techniques constructives<br />

parasismiques sont amenées par les ONG, mais ces méthodes sont<br />

très difficiles à reproduire dans le pays. Dans ce cas, le vernaculaire peut<br />

nous être utile. Il nous f<strong>au</strong>dra trouver un compromis entre le vernaculaire et<br />

les constructions contemporaines. Julien Grisel note d’ailleurs.<br />

«En se plaçant en rupture complète avec le modèle de l’ancienne<br />

ville, on a sans doute permis l’émergence d’un modèle basé sur des<br />

contraintes nouvelles liées à une société nouvelle, mais on a perdu<br />

également des éléments qui faisaient la force de la collectivité,<br />

dans sa manière de vivre ensemble et de construire le territoire.»<br />

(J.Grisel 2010)<br />

Une <strong>au</strong>tre question est celle d’une maison inadéquate <strong>au</strong>x normes sismiques,<br />

qui va prendre en charge l’adaptation de l’habitat? Comment changer<br />

la méthode de construction, faire que celle-ci devienne partie intégrante<br />

des mœurs et ne reste pas un cas isolé et étrange qui n’appartient pas à la<br />

société qui l’habite? Il f<strong>au</strong>t trouver un compromis entre l’habitant et sa sécurité,<br />

puis déterminer les connaissances et outils qu’il maitrise, pour créer<br />

un dialogue constructif. C’est un point qui sera abordé plus précisément<br />

lors du développement sur la participation et la relation entre le «bottom up»<br />

et le «top down».<br />

Selon Ian Davis il existe trois types de reconstructions :<br />

1. Celle qui décide d’ignorer complètement l’aspect culturel et ne s’intéresse<br />

pas <strong>au</strong> vernaculaire, et apporte une solution étrangère à ce qui<br />

existe habituellement et espère changer les mœurs.<br />

2. Celle qui essaie de trouver une solution universelle et qui met également<br />

de côté l’aspect culturel et pense que la manière de vivre de<br />

l’individu est plus ou moins identique dans le monde entier.<br />

3. Celle qui a tenu compte de toutes les contraintes culturelles et essaie<br />

de modifier la technique constructive des maisons pour les rendre plus<br />

sûres.<br />

Les éléments reconstruits ou même la fortification des maisons non détruites<br />

est un thème très important dans une situation post-désastre. Souvent<br />

les gens reconstruisent de la même manière, même si ils ont eu la preuve<br />

que cette solution est inadéquate. Un travail important de prévention et<br />

de formation est à faire pour prévenir les incidents futurs. (Entretien, DDC,<br />

Marie Schärlig, 2011)<br />

Actuellement, la situation a changé. Les différents organismes essayent de<br />

mieux prendre en compte les besoins de fortification des habitations, mais<br />

cela ne se fait pas partout ni spontanément.<br />

Les ONG se heurtent également à des facteurs externes lors de la prévention<br />

et de la formation de la population pour une construction plus sûre. Ils<br />

retrouvent des obstacles culturels et économiques qui viennent entraver la<br />

sensibilisation à la prévention, car dans la majorité des cas le groupe social<br />

concerné est passablement p<strong>au</strong>vre et la reconstruction d’une maison plus<br />

sûre coûte plus cher, il est donc difficile de les en persuader. Cette situation<br />

pousse les personnes à rester sur place et empêche de reconstruire dans<br />

une zone plus sûre.<br />

35<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


36<br />

37<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


38<br />

«First, people build their homes<br />

in response to their everyday<br />

needs their occupations,<br />

their wealth, their traditional<br />

construction techniques<br />

and their cultural patterns.<br />

Secondly, the return period<br />

of most forms of disaster is<br />

so infrequent that it has no<br />

influence whatsoever on local<br />

construction techniques or<br />

the siting of settlements»<br />

(I.Davis,1978)<br />

39<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


40<br />

L’un des <strong>au</strong>tres facteurs essentiel est l’évaluation des besoins des sinistrés.<br />

Après un désastre, il f<strong>au</strong>t établir quels sont les besoins minim<strong>au</strong>x de<br />

chacun. Nous avons: les besoins des personnes sans abris; un besoin immédiat,<br />

ce qui ne correspond pas forcément à ce qu’ils veulent ou <strong>au</strong>ront<br />

besoin à long terme; les exigences du gouvernement, des associations et<br />

les besoins qui nous semblent nécessaires, qui sont souvent liés à des préjugés<br />

et pas forcément les mieux adaptés; les besoins soci<strong>au</strong>x et matériels,<br />

comme nous l’avons vu <strong>au</strong>paravant. Les besoins soci<strong>au</strong>x dans des pays en<br />

voie de développement seront plus adéquats que des solutions matérielles.<br />

(I.Davis, 1978)<br />

La relation <strong>au</strong>x besoins est liée <strong>au</strong> temps. Les exigences évoluent avec celui-ci.<br />

Vivre dans une tente est acceptable pour une durée limitée et répond<br />

à des besoins immédiats, mais devient inadéquat après 6 mois. Pour la<br />

reconstruction, il f<strong>au</strong>t trouver un système qui comprend et différencie les<br />

besoins immédiats et futurs (cf. figure 9). Il f<strong>au</strong>t trouver un arrangement qui<br />

permette de répondre à ces différentes nécessités de manière continue en<br />

évitant les s<strong>au</strong>ts d’échelle et de temps trop radical.<br />

Exemples d’extensions observées<br />

à Sigli, de la plus simples à la<br />

plus sophistiquées. Ce registre<br />

d’extensions se rencontre sur<br />

tous les types de maisons reconstruites<br />

par l’aide humanitaire (ici:<br />

Architectes de l’Urgence).<br />

figure 9. exemples d’extensions<br />

Maison donnée<br />

Commerce à l’avant de la parcelle<br />

Gazebo et support pour les plantations<br />

Extension en bois (cuisine)<br />

Clôture et avant-toit<br />

Extension de la terrasse<br />

Terrasse à demi fermée par des<br />

cloisons en bois<br />

Terrasse à demi fermée par un mue<br />

en maçonnerie<br />

Remplacement de l’escalier et de<br />

la balustrade par des modèles plus<br />

décoratifs<br />

Clôture de la parcelle et cages pour<br />

l’élevage de poules ou de canards<br />

Extension en maçonnerie et parking<br />

couvert<br />

Multilples extensions qui métamorphosent<br />

la maison d’origine et<br />

doublent la surface habitable<br />

41<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


42<br />

points cles<br />

1. Il y a trois phases dans le relogement: l’urgence, la transition, la<br />

permanence. Le but est de réduire la durée et la discontinuité de ces<br />

trois phases et n’en créer plus qu’une seule.<br />

2. Le temps d’exécution des différentes phases est important. Les<br />

éléments transitoires prennent en moyenne 6 mois à être établis, la<br />

reconstruction <strong>permanent</strong>e ne commence en général pas avant un<br />

ans après la catastrophe et prend souvent plusieurs années pour être<br />

achevée. Les camps peuvent exister pendant de nombreuses années.<br />

Il f<strong>au</strong>t donc être conscient du développement à long terme et essayer<br />

d’incorporer cette notion le plus tôt possible dans la reconstruction.<br />

3. Les victimes vont généralement se réfugier en premier lieu chez leurs<br />

proches, dans des lieux publics transformés pour l’occasion ou à côté<br />

de leurs maisons détruites. Les camps sont leur dernier recourt.<br />

4. L’importance du lieu: les gens sont très attachés à leur terrain,<br />

souvent c’est leur seule richesse. Il f<strong>au</strong>t privilégier le relogement et la<br />

reconstruction, sur le terrain touché, lorsque cela est possible.<br />

5. L’adaptation et la flexibilité des solutions proposées <strong>au</strong>x victimes sont<br />

très importantes.<br />

6. La notion de participation lors de la reconstruction est essentielle. Il<br />

f<strong>au</strong>t être capable d’intégrer <strong>au</strong> mieux les besoins de la population. La<br />

réponse sera mieux adaptée si nous associons à la reconstruction un<br />

processus de participation, mais il f<strong>au</strong>t savoir que la participation a ses<br />

limites et peut rapidement être ingérable. Il f<strong>au</strong>t clairement établir les<br />

domaines et les limites de chacun, afin d’éviter des conflits d’intérêts<br />

supplémentaires.<br />

7. La reconstruction est essentiellement du cas par cas, elle doit être<br />

flexible pour permettre une meilleure appropriation de l’habitat.<br />

43<br />

Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle


44<br />

le processus<br />

participatif<br />

L’aspect social de la réponse à la catastrophe est un élément important<br />

de la reconstruction. La notion de participation est <strong>au</strong>jourd’hui incontournable<br />

dans les projets de reconstruction. Nous verrons dans ce chapitre<br />

les enjeux de la participation, ses types, sa mise en place et introduirons la<br />

notion de gradation de la participation.<br />

45


46<br />

la participation<br />

Comme nous l’avons vu <strong>au</strong>paravant et comme le montre Lizzaralde, nous<br />

somme face à deux approches dans la reconstruction : le « top down » et<br />

le « bottom up ».<br />

L’approche top down :<br />

C’est une approche qui est apparue dans les années 70-80, en plein boom<br />

des techniques d’industrialisation et de production en série. Elle se caractérise<br />

par une standardisation de l’habitat. Ce système ne prend pas en<br />

compte les réels besoins des sinistrés ainsi que l’aspect social, elle s’est<br />

révélée être un échec. En réponse à cela, les ONG et des spécialistes de<br />

la reconstruction ont favorisé une approche be<strong>au</strong>coup plus participative.<br />

L’approche bottom up :<br />

Il n’y a pas de réponse standardisée, mais une pluralité de réponses <strong>au</strong>x différents<br />

besoins de chaque sinistré. Les acteurs sont également multiples.<br />

<strong>De</strong> nos jours, il est clair qu’<strong>au</strong>x réponses des approches «top down<br />

», doivent être associées les réponses « bottom up » <strong>au</strong>x processus de<br />

reconstruction. Les nombreuses directives collectées et résumées par «<br />

Shelter Center » mettent un poids très important sur l’aspect participatif<br />

dans les projets de reconstruction<br />

Comme décrit précédemment, les solutions formelles de part leurs rigidités<br />

peinent à répondre <strong>au</strong>x besoins des usagers. Comme solution à ces<br />

problèmes, les organisations onusiennes ainsi que les ONG se focalisent<br />

sur une approche participative. Cette approche permet en effet d’établir un<br />

dialogue avec la population touchée. Celle-ci pourra identifier <strong>au</strong> mieux ses<br />

besoins mais <strong>au</strong>ssi la meilleure manière d’y répondre. Elle permet de créer<br />

une synergie entre les organisations et les populations afin d’améliorer l’efficacité<br />

et la pertinence du projet. Anderson et Woodrow démontrent d’ailleurs<br />

l’importance de la participation dans le processus de reconstruction<br />

qui permet de renforcer les commun<strong>au</strong>tés locales et favoriser leur <strong>au</strong>tonomisation<br />

(M.Anderson,1989).<br />

La reconstruction après un désastre est un processus social qui implique<br />

des notions symboliques, politiques et économiques (I.Davis, 1978).<br />

L’aspect social de la réponse à la catastrophe devient donc un élément<br />

important de la reconstruction. Comme nous allons le voir, la participation<br />

tout comme la reconstruction est un processus complexe qui va évoluer<br />

<strong>au</strong> cours du temps. Une grande flexibilité des projets est donc nécessaire<br />

dans un projet participatif ce qui exclut toute solution standardisée.<br />

Il est <strong>au</strong>jourd’hui reconnu que la participation est un élément clé de la reconstruction<br />

:<br />

« The joint strategy of government and the humanitarian agencies<br />

should involve and support the entire population affected by the<br />

disaster, fairly and equitably, responding to the different needs<br />

of different groups and with special attention given to those who<br />

are most vulnerable. The strategy and its implementation must be<br />

accountable and include ways of redressing grievances.»<br />

(Shelter Center, 2010)<br />

Comme le note le manuel de l’URD,<br />

«Les organisations humanitaires internationales fonctionnent<br />

souvent à l’écart des institutions et des structures locales.»<br />

(Groupe Urgence, réhabilitation, développement 2004)<br />

Ce dernier décrit les buts d’une approche participative:<br />

1. Prolonger l’impact de l’aide humanitaire.<br />

2. Rendre le projet plus pertinent.<br />

3. Eviter ou réduire les impacts des réponses humanitaires.<br />

4. Accroître l’efficacité du projet.<br />

5. Aider à établir une relation basée sur le respect et la compréhension<br />

mutuelle.<br />

6. Rendre le projet plus réactif <strong>au</strong>x changements des besoins.<br />

7. Augmenter les ressources disponibles pour le projet.<br />

8. Améliorer l’efficience d’un projet.<br />

9. Aider à acquérir de nouvelles compétences.<br />

10. Respecter le mandat et les principes de votre organisation.<br />

Nous constatons que les buts sont multiples, le point clé de cette approche<br />

est : une véritable synergie entre la population locale et les organisations.<br />

La participation permet d’utiliser <strong>au</strong> mieux les ressources locales, que ce<br />

soit en termes d’informations, de moyens ou de forces de travail. Lors d’une<br />

47<br />

Le processus participatif


48<br />

conférence donnée à l’<strong>EPFL</strong> sur les projets participatifs <strong>au</strong> Brésil («Crise du<br />

logement ?» ,Réponse des mouvements soci<strong>au</strong>x Brésilien 8.11.11, <strong>EPFL</strong>),<br />

Angela Godinho décrit la participation comme un apprentissage des deux<br />

parties, chaque partie apprend l’une de l’<strong>au</strong>tre. Nous sommes à l’opposé<br />

d’une position colonialiste des organisations dans laquelle celles-ci imposent<br />

leur système de pensée et leurs méthodes. Nous nous trouvons<br />

dans une approche qui privilégie l’écoute et le partage de l’information. Il<br />

est nécessaire de poser un cadre dans lequel ces échanges peuvent se<br />

produire et fonder une collaboration à partir d’une notion d’égalité. Il est<br />

alors important de ne pas considérer les victimes uniquement comme des<br />

victimes, mais comme des acteurs de la reconstruction.<br />

les types de participation<br />

Il existe différentes manières de participer pendant le projet.<br />

La participation est vue comme un processus évolutif dans le temps.<br />

« La participation n’est pas statique mais dynamique et changeante:<br />

le nive<strong>au</strong> de participation dans les réponses humanitaires<br />

d’urgence peut être assez faible <strong>au</strong> départ mais être <strong>au</strong>gmenté et<br />

amélioré <strong>au</strong> fil du temps. »<br />

(Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)<br />

Il en découle différentes approches :<br />

1. Instrumentale: atteindre les objectifs d’un programme.<br />

2. Collaboratrice: mise des ressources en commun pour atteindre un<br />

même objectif.<br />

3. <strong>De</strong> soutien: soutenir la population en réalisant ses initiatives.<br />

Ces différentes approches correspondent à différents besoins du projet<br />

et interviennent à des moments différents. Il sera donc important de bien<br />

distinguer dans quel cas telle ou telle approche sera la plus utile<br />

la dynamique du pouvoir<br />

Les dynamiques du pouvoir sont des éléments incontournables de la participation.<br />

Un des enjeux de la compréhension est l’analyse des dynamiques<br />

du pouvoir. Il f<strong>au</strong>t être capable de reconnaître et atteindre les populations<br />

marginalisées et leur offrir la possibilité de s’exprimer. Ces dynamiques sont<br />

complexes et doivent être gérées avec doigté. Le fait de travailler uniquement<br />

avec un groupe donné risque de provoquer des conflits ou le manque<br />

d’intérêt des <strong>au</strong>tres groupes. Par exemple, travailler qu’avec des minorités<br />

ou des margin<strong>au</strong>x peut engendrer un désintérêt des commun<strong>au</strong>tés favorisées<br />

ou ayant du pouvoir. Ils risquent alors de retirer leurs soutient.<br />

Les relations humaines sont cruciales, la participation peut être un moyen<br />

de reconstruction du tissu social après la crise. Il est nécessaire d’établir<br />

une relation de confiance entre les organisations et les populations locales.<br />

Cet échange ne doit pas être unilatéral.<br />

Ainsi A Sliwinski souligne, dans son article «the politics of participation,<br />

Rebuilding After Disasters from Emergency to Sustainability. 2010», la<br />

composante politique de la participation. Il met en garde les adeptes d’une<br />

idéalisation des termes de commun<strong>au</strong>té et de participation. Il f<strong>au</strong>t comprendre<br />

que les décisions prisent servent un contexte politico-économique<br />

qui dépasse le cadre de la catastrophe. Un <strong>au</strong>tre point important est qu’une<br />

commun<strong>au</strong>té n’est pas un groupe homogène, il existe des tensions internes<br />

à ne pas négliger. La population d’un camp est composée de personnes<br />

issues de quartiers, villes ou villages, différents et peuvent avoir des pratiques<br />

religieuses différentes, certaines commun<strong>au</strong>tés peuvent avoir été<br />

scindées pendant la catastrophe. Elles n’ont pas choisi de vivre ensemble.<br />

Cette pluralité d’origines et de groupes soci<strong>au</strong>x est importante à prendre en<br />

compte. Comme le préconise l’URD, les populations minoritaires ou marginales<br />

doivent faire l’objet d’une attention particulière car elles sont plus<br />

vulnérables <strong>au</strong>x situations de crises.<br />

La catastrophe génère <strong>au</strong>ssi un grand nombre de personnes handicapées.<br />

Il est nécessaire de penser à intégrer ce groupe à la participation. Il est fort<br />

possible que la participation passe par un système d’élection de représentant,<br />

dans ce cas il est d’<strong>au</strong>tant plus important de faire attention à ce que<br />

tout le monde soit représenté, y compris les groupes minoritaires, qui par<br />

définition risquent d’être évincés du processus de décision.<br />

49<br />

Le processus participatif


50<br />

«L’expérience montre qu’une<br />

approche participative est<br />

plus efficace si elle est utilisée<br />

systématiquement tout <strong>au</strong><br />

long du projet.»<br />

(Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)<br />

51<br />

Le processus participatif


52<br />

les techniques de communication<br />

La manière de communiquer est <strong>au</strong>ssi un des points essentiel mit en évidence<br />

par l’URD. Les technologies et l’apparence des organisations<br />

peuvent nuire à la communication. Il f<strong>au</strong>t installer un climat de dialogue<br />

entre les organisations et les populations locales. Une trop grande sophistication<br />

des réunions ou des moyens technologiques utilisés (téléphone<br />

satellite, GPS, ordinateur) peuvent impressionner et décourager les populations<br />

locales à donner leur opinon.<br />

Les connaissances locales sont cruciales pour les différentes phases du<br />

projet, que ce soit dans l’identification des besoins, la priorisation des objectifs<br />

ou la réalisation des objectifs.<br />

Le processus participatif décrit par l’URD se révèle être un processus qui<br />

pour fonctionner nécessite une adaptation constante, les besoins et priorités<br />

des sinistres évoluant avec le temps. Il est donc difficile, voire impossible<br />

d’avoir une solution unique adaptable à toutes les situations.<br />

Un aspect important de la participation est le partage avec la culture locale.<br />

En effet c’est la population qui sera le plus à même de connaître ses besoins<br />

ainsi que son territoire.<br />

« Pour mettre en place ses activités dans les camps de réfugiés ou<br />

dans les zones de reconstruction, le personnel humanitaire peut<br />

protéger les réfugiés en engageant un processus participatif à tous<br />

les nive<strong>au</strong>x de gestion, de la planification à la mise en œuvre des<br />

programmes d’assistance. Les réfugiés connaîtront ainsi mieux<br />

leurs lois et leurs propres commun<strong>au</strong>tés. Ce processus peut <strong>au</strong>ssi<br />

créer un sentiment de confiance mutuelle. Au final, le personnel<br />

humanitaire <strong>au</strong>ra un meilleur et plus riche accès à la population des<br />

réfugiés.»<br />

(Protect Refugees : Field guide for NGOs, publié conjointement par le HCR et des ONG partenaires, matériel<br />

de formation pour le Reach Out – Refugee Protection Training project.)<br />

La participation est donc une notion complexe dans laquelle be<strong>au</strong>coup de<br />

facteurs sont à prendre en compte. Il est nécessaire d’inst<strong>au</strong>rer un dialogue<br />

entre les organisations et les commun<strong>au</strong>tés locales. Chacunes des<br />

parties doivent se mettre sur un pied d’égalité afin d’établir une plate forme<br />

d’échange dans laquelle chacunes puissent apprendre de l’<strong>au</strong>tre. Cet aspect<br />

est très important car les projets qui fonctionnent le mieux sont ceux<br />

où ce travail à été fait.<br />

«Très peu d’ONG nous demandent ce que nous voulons faire…<br />

Nous avons une vision à long terme et ils n’arrivent pas à voir plus<br />

loin que douze ou même six mois… On était juste censés être là<br />

un an ! Quand vont-ils nous laisser faire quelque chose par nousmêmes<br />

? Nous sommes là depuis 1993 !»<br />

(Réfugié du Sierra Leone vivant dans le camp de réfugiés d’Albadaria, Guinée Forestière)<br />

53<br />

Le processus participatif


54<br />

l’architecte et la participation<br />

Nous avons vu que la participation est définie comme la création d’un espace<br />

de dialogue entre les différentes parties qui composent un projet. La<br />

question qui est légitime de se poser est la position de l’architecte dans ce<br />

processus. Selon Yvan Vuarambon, la main de l’architecte ne se voit pas<br />

dans un projet participatif. En effet le rôle de l’architecte dans un tel projet<br />

est celui de médiateur objectif entre les différentes parties.<br />

«Architect can no longer be the lone developers and designers who<br />

attempt to impose preconceived structural or formal solutions onto<br />

reality. Rather, they must fonction as moderators in a wide range<br />

of decision-making processes that define the result little by little.»<br />

(A. Schmeddind, 2011)<br />

La capacité de synthèse et la vision à différentes échelles fait de l’architecte<br />

un bon intermédiaire entre les utilisateurs, les politiques et les financiers.<br />

L’architecte va construire un cadre dans lequel les différentes parties<br />

peuvent trouver un terrain d’entente. Ce processus est plus long et plus<br />

compliqué que celui d’un projet non participatif. Cependant cette approche<br />

répond à un enjeu de taille qui est l’appropriation du projet par les usagers.<br />

L’intégration de ces derniers dans la reconstruction <strong>au</strong>ra pour effet de renforcer<br />

le lien qu’ils entretiennent avec le projet. L’appropriation de celui-ci<br />

sera meilleure ce qui permet <strong>au</strong> projet de s’inscrire dans une demarche de<br />

développement durable (cf. figure10).<br />

figure 10. exemples d’extension<br />

(Simon <strong>De</strong>prez, Eléonore Labattut, 2010)<br />

55<br />

Le processus participatif


56<br />

la gradation de la participation<br />

Le processus que nous voulons développer <strong>au</strong> cours de<br />

cet énoncé théorique va inst<strong>au</strong>rer une gradation de la participation.<br />

Cette gradation se fera de manière différenciée<br />

selon l’échelle de l’intervention. Le degré de participation de<br />

la population sera inversement proportionnel à l’échelle du<br />

projet. En effet alors que les habitants <strong>au</strong>ront un degré élevé<br />

de participation à l’échelle de la maison, ce degré va diminuer<br />

avec l’échelle du projet. Le nombre d’interlocuteurs va<br />

diminuer avec l’échelle du projet, alors que chaque ménage<br />

sera représenté lors de la reconstruction de leur propre maison,<br />

la reconstruction d’un quartier ou de plusieurs quartiers<br />

se fera avec une participation représentative.<br />

La gradation selon la taille du projet est justifiée par le fait<br />

que les usagers ont plus de difficulté à percevoir un projet<br />

dans sa totalité et à sortir de l’échelle de l’habitat (cf. figure<br />

11 et 12).<br />

La taille du projet n’est pas le seul paramètre qui fait varier le<br />

degré de participation. Le temps est une variable essentielle<br />

des projets de reconstruction. Les différentes temporalités<br />

des trois phases de reconstruction, urgence, temporaire et<br />

permanant suscitent <strong>au</strong>ssi un nive<strong>au</strong> de participation différent.<br />

Lors de la phase d’urgence, alors qu’il f<strong>au</strong>t prendre<br />

des décisions rapides, il sera difficile de mettre en place un<br />

processus participatif,car comme nous l’avons vu la mise<br />

de place de ce genre de pratique est relativement longue.<br />

Le degré de participation va <strong>au</strong>gmenter avec la temporalité<br />

du projet.<br />

La variabilité du degré de participation selon la taille et la<br />

temporalité du projet, permettra d’intégrer <strong>au</strong> mieux le processus<br />

participatif dans la reconstruction.<br />

Les avantages de la participation sont l’implication des habitants<br />

et dont une meilleure appropriation du projet, une reduction<br />

de coûts de main-d’oeuvre, une liberté plus grande<br />

figure 11.<br />

la gradation de<br />

la participation<br />

Extension<br />

Usagers:<br />

participation des usagers élevée<br />

Habitat<br />

Architecte et usagers:<br />

participation des usagers et architrecte<br />

plus ou moins égale<br />

Infrastructures<br />

Architecte et usagers:<br />

participation des usagers faible<br />

participation de l’ architecte élevée<br />

57<br />

Le processus participatif


58<br />

figure 12. evolulution d’habitat dans la favela da mare,<br />

rio de janeiro<br />

(Varella et al., 2002 in New Towns for the 21st Century the Planned Vs. the<br />

Unplanned City, 2010)<br />

points cles<br />

1. L’ approche participative permet de renforcer les commun<strong>au</strong>tés locales<br />

et favoriser leur <strong>au</strong>tonomisation.<br />

2. Elle exclu les solutions architecturales standardisées<br />

3. Il y a différents types de participation selon les étapes du projet.<br />

4. La participation est un apprentissage entre les deux parties impliquées.<br />

5. Il f<strong>au</strong>t prêter une attention particulière <strong>au</strong>x populations marginales.<br />

6. Notre démarche intègre une gradation de la participation.<br />

59<br />

Le processus participatif


60<br />

la<br />

problematique<br />

des camps<br />

Les camps sont un point majeur dans le relogement des victimes. Il est<br />

intéressant de noter où se forment les camps, quelle est leur rapidité de<br />

croissance, quelle typologie ont-ils? Comment gérer la durée des camps<br />

et leurs emplacements pour permettre un passage plus efficace à l’habitat<br />

<strong>permanent</strong>? Le camp évolue <strong>au</strong> cour des trois phases de reconstruction :<br />

urgence, transition, <strong>permanent</strong>.<br />

61


62<br />

les camps<br />

Premièrement, il f<strong>au</strong>t distinguer les camps créés par des catastrophes naturelles<br />

qui sont souvent situés proche de la ville détruite contrairement <strong>au</strong>x<br />

camps de réfugiés dûs à un conflit qui sont généralement situés à l’extérieur<br />

du pays et créent des problèmes supplémentaires tels que la relation avec<br />

le pays d’accueil ou l’impossibilité de rentrer chez soi sous peine de mort.<br />

Lorsque la création d’un camp est due à des éléments externes tels que<br />

des conflits armés, des raisons économiques ou des désastres naturels,<br />

le site et la taille du camp ainsi que sa durée sont tout <strong>au</strong>tre. Les volontés<br />

et les choix des habitants sont différents. Habiter un lieu par obligation ou<br />

par choix change notre façon d’appréhender l’espace et d’y vivre. Une des<br />

problématiques lors de la reconstruction après un désastre naturel est la<br />

notion de liberté et d’<strong>au</strong>tonomie que l’on perd.<br />

Nous nous concentrerons sur les camps des victimes des catastrophes<br />

naturelles bien que le fonctionnement et l’organisation à l’intérieur du camp<br />

soitent similaires à ceux formés par des conflits.<br />

«I had always thought of camps as ephemeral things, as fleeting<br />

event spaces. Certainly the summer camp season passes and<br />

images of disaster areas fade, but camp spaces endure. In fact,<br />

we are immersed in this camping world, both ideological and<br />

experimental. We camp with kids in our backyards, we arrange<br />

ourselves in partisan camps, we watch as camps overflow with<br />

twenty millions refugees, we fill arenas with disaster victims, we<br />

speculate about the locations of terrorist camps, and we marvel<br />

at North American’s burgeoning RV culture. Camp spaces have<br />

become our environment.»<br />

(C.Hailey, 2009)<br />

Initialement les camps étaient installés et dirigés par des militaires, ces derniers<br />

avaient l’expérience nécessaire pour gérer de grands mouvements<br />

de masse et ceci s’accompagnait de quelques contraintes <strong>au</strong>toritaires: ils<br />

imposaient des couvres feux, des rations alimentaires et l’aide en soi <strong>au</strong>x<br />

victimes venait par la suite. L’objectif premier était de contrôler les différents<br />

groupes de population afin d’éviter d’éventuels conflits. (J.Grisel, 2010)<br />

<strong>De</strong> nos jours, l’aide militaire est toujours utile notamment pour maintenir la<br />

sécurité <strong>au</strong> sein des camps. L’organisation des camps nécessite occasionnellement<br />

de regrouper les gens de même religions ou ethnies afin que le<br />

déroulement de la vie quotidienne soit plus simple, ceci crée parfois des<br />

conflits éthiques <strong>au</strong> sein des organisations. (I.Vuarambon, entretient, 2011)<br />

Selon C.Hailey, les espaces des camps sont à la fois « ouverts et fermés »,<br />

ce qui particularise leur organisation.<br />

Si nous nous référons à une notion de camp qui nous est plus familière,<br />

c’est-à-dire les campings, nous pouvons voir qu’ils suggèrent un espace<br />

libre et ouvert, cependant la plupart du temps c’est le contraire. Les limites<br />

sont précises avec un agencement interne plus ou moins libre et ceci même<br />

dans les campings publics. La grande différence entre le camping que nous<br />

connaissons et les camps de réfugiés est le libre choix, l’obligation domine<br />

la volonté dans les camps de réfugiés.<br />

Le camp est donc à la fois un espace ouvert, mais délimité selon des règles<br />

strictes, l’individu a un certain degré de liberté <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de son habitation.<br />

Hailey souligne que les victimes sont souvent devenues plus vulnérables<br />

avec l’apport d’une aide, car la vulnérabilité insinue que la population touchée<br />

ne peut pas se débrouiller seule et nous pousse à tout organiser et<br />

gérer à sa place, ce qui ne convient pas <strong>au</strong>x habitants du camp et ôte leur<br />

capacité d’<strong>au</strong>togestion. Nous avons remarqué dans les différents témoignages<br />

que malheureusement les camps sont souvent synonymes de mise<br />

à l’écart, de ségrégation et tendent à enfermer les habitants dans un milieu<br />

informel.<br />

Dans l’exemple du tremblement de terre de Gibellina en Italie en 1968,<br />

nous retrouvons des témoignages qui comparent les camps de réfugiés à<br />

des camps de concentration.<br />

«The barrack cities have been called concentration camps by their<br />

inhabitants, and while that may be an exaggeration, the comparison<br />

is not without some validity. These 45’000 people are living surrogate<br />

lives in surrogate towns.<br />

It has been seven years of fire and ice. In the summer the scorching<br />

Sicilian sun turns the barracks into ovens, especially the metal<br />

Quonset huts. In the winter the cold wind whips through the thin walls<br />

of the wooden barracks and rattles the metal sheet of the Quonset<br />

huts, making it difficult to sleep. The only source of heat is a small<br />

electric heater; it must be small and therefore inadequate bec<strong>au</strong>se<br />

the insufficient electrical lines will not support heavier loads.<br />

For seven years the barracks dwellers have known no privacy in their<br />

tiny homes […]. Cardboard-thin walls provide the only separation<br />

63<br />

La problématique des camps


64<br />

between one family and another, and the least sound can be heard<br />

in the adjoining living unit. […] Under these conditions there is no<br />

possibility, not even even structurally, to concentrate, to escape,<br />

simply to be alone.»<br />

(L. Baldassaro, 1975)<br />

Les camps ont une durée de vie parfois très longue et créent une nouvelle<br />

dynamique dans la société. La taille des camps varie, dans certain cas<br />

nous retrouvons une « ville dans la ville », c’est une nouvelle ville avec une<br />

nouvelle dynamique, de nouvelles méthodes de logements et de nouve<strong>au</strong>x<br />

repères. <strong>De</strong>s commerces et <strong>au</strong>tres activités peuvent naître <strong>au</strong>x coeur des<br />

camps. La vie dans les camps est rhytmée par les distributions des ONG<br />

ou recensement. Hors de ces périodes, le camp vit <strong>au</strong> rhytme des pendulaires,<br />

les résidents quittent le camp le matin pour aller travailler et rentrent<br />

le soir pour aller dormir. (entretien, chez OIM, M. Bordier, 2011)<br />

La relation entre les camps et la ville est importante, des échanges se font<br />

régulièrement entre ceux-ci que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du travail ou alors des rapports<br />

soci<strong>au</strong>x, c’est pour cela que l’emplacement des camps par rapport à<br />

la ville est un point crucial (M. K. Doraï,2008). Il existe be<strong>au</strong>coup de camps<br />

ou même de reconstructions durables qui ont été construits trop à l’extérieur<br />

de la ville et qui sont inhabités actuellement.(S. <strong>De</strong>prez et al., 2010).<br />

Les camps ne sont normalement pas faits pour durer, l’un des problèmes<br />

lors du « durcissement » des logements à l’intérieur d’un camp est la transformation<br />

de celui-ci en bidonville. Après un certain temps la population du<br />

camp ne diminue plus car les personnes relogées ont été remplacées par<br />

d’<strong>au</strong>tres qui avant la catastrophe ne disposaient pas de logement convenable.<br />

Les camps servent parfois de second refuge pour les migrants. (entretien<br />

chez OIM, P. Van <strong>De</strong>r Auweraert, 2011), ils sont également des lieux<br />

vulnérables, ils ne sont pas ég<strong>au</strong>x à la ville, des asymétries se développent<br />

et ne permettent pas une acceptation de ce tissu urbain <strong>au</strong> sein de la ville.<br />

<strong>De</strong>s limites immatérielles subsistent et les droits des personnes touchées<br />

ne sont pas les mêmes que celles épargnées, ceci se remarque essentiellement<br />

dans le cas de camps établis dans d’<strong>au</strong>tres pays, où les réfugiés n’ont<br />

pas les même droits que les citoyens du pays. (M. K. Doraï, 2008)<br />

Les camps nous aident à mieux comprendre les besoins des victimes, ainsi<br />

que leur développement et leur impact social. La structure du camp est intéressante<br />

de part son nive<strong>au</strong> informel, elle nous permet de mieux assimiler<br />

l’implication de la population dans la reconstruction ainsi que leurs astuces<br />

pour améliorer leur habitat.<br />

Le camp comporte trois notions importantes : <strong>au</strong>tonomie, contrôle et nécessité.<br />

Un camp est sensé être éphémère, si celui-ci perdure, quelles sont les<br />

conséquences sur le développement social et de l’habitat? Si des méthodes<br />

dites de “camping“ deviennent des éléments du quotidien, quelles<br />

sont leurs répercutions sur l’espace environnant, privé ou public?<br />

La notion du temps est élémentaire, en effet le camp se situe entre l’éphémère<br />

et la permanence, il est impossible de déterminer avec exactitude sa<br />

durée. Les éléments qui constituent le camp influencent la notion de temporalité,<br />

les accès <strong>au</strong>x besoins vit<strong>au</strong>x, les échanges soci<strong>au</strong>x et la connexion<br />

du camp à son environnement extérieur. Il existe passablement de « va et<br />

vient» entre les camps, le nive<strong>au</strong> de sécurité n’est pas le même, ces différents<br />

facteurs interviennent dans la longévité du camp. (entretien, chez<br />

l’OIM, M. Bordier, 2011)<br />

«Camps are not intended to be sustainable settlements, but every<br />

effort should be made to create and support livelihood opportunities<br />

for displaced populations, to empower them by increasing their<br />

self-sufficiency, and to reduce demands upon the aid community.»<br />

(C.Hailey, 2009)<br />

La plupart des camps sont construits pendant les jours qui suivent la catastrophe,<br />

et ont un fort t<strong>au</strong>x d’occupation, puis la population <strong>au</strong> sein du camp<br />

diminue progressivement. La majorité des camps, sont des camps spontanés.<br />

Ce qui nous intéresse c’est les différences entre les camps planifiés<br />

organisés par des ONG et les camps spontanés formés par la population<br />

affectée.<br />

65<br />

La problématique des camps


66<br />

«<strong>De</strong> par leur hétérogénéité<br />

même, les camps peuvent être<br />

la genèse de villes imprévues,<br />

de nouve<strong>au</strong>x contextes de<br />

socialisation, de relations et<br />

d’identification.»<br />

(M.Agier, 2002)<br />

67<br />

La problématique des camps


68<br />

les camps planifies<br />

Idéalement le camp devrait être établi en premier lieu par les ONG, malheureusement<br />

ceci est quasi impossible (cf. figure 13). Selon C.Hailey, le<br />

camp organisé, facilite l’accessibilité à la sécurité ainsi qu’<strong>au</strong>x besoins des<br />

victimes, ils sont souvent organisés en quadrillage. C’est un modèle simple,<br />

préconçu et qui s’adapte facilement à tout type de terrain, par contre il<br />

génère des problèmes <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la standardisation qui souvent met<br />

de côté les modes de vie loc<strong>au</strong>x qui sont indispensables <strong>au</strong> bon fonctionnement<br />

de la société relogée. (Y. Miara, 2009) Nous observons souvent<br />

un mélange entre une base qui ressemble à une structure militaire et des<br />

éléments d’<strong>au</strong>to-organisation qui viennent des réfugiés. Il f<strong>au</strong>t également<br />

considérer la nécessité d’une certaine contrainte organisationnelle, par<br />

exemple <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du plan de masse qui peut être difficilement perçu par<br />

les habitants du camp. Le camp est souvent fermé afin de contrôler l’accès<br />

et la population qui habite les lieux, c’est ce qui distingue un camp informel<br />

de celui des ONG. (I.Vuarambon, entretient, 2011). Il existe une base de<br />

données établie par les associations telle que : « UNHCR » et « sphère<br />

project » (cf. figure 14)<br />

1. Les camps sont limités à 20 milles personnes.<br />

2. Le camp doit fournir un espace suffisant et une protection contre le<br />

froid, l’humidité, la chaleur, la pluie, le vent ou d’<strong>au</strong>tres menaces pour la<br />

santé, notamment les risques structurels et les vecteurs de maladies.<br />

3. Il f<strong>au</strong>t prévoir des coupes feux de 30 m tous les 300 mètres et un<br />

minimum de 2m entre les logements, mais de préférence deux fois la<br />

h<strong>au</strong>teur de l’habitat.<br />

4. L’espace minimum pour chaques personne est de 4,5 mètre carré et<br />

de 3,5 mètre carré de surface couverte.<br />

5. La distance maximum séparant tout ménage du point d’e<strong>au</strong> le plus<br />

proche est de 500 mètres.<br />

6. Le temps passé à faire la queue <strong>au</strong> point d’e<strong>au</strong> ne doit pas dépasser<br />

30 minutes.<br />

7. 250 personnes pour un robinet, ceci est établi en fonction du débit et<br />

de la disponibilité de l’e<strong>au</strong> avec une accessibilité à l’e<strong>au</strong> d’environ 8<br />

heures par jour.<br />

8. Zones de défécation : durant la phase initiale d’une catastrophe et si<br />

du terrain est disponible, il f<strong>au</strong>t délimiter une zone de défécation et/ou<br />

construire des latrines en tranchées.<br />

9. Les toilettes sont situées de manière à réduire <strong>au</strong> minimum les risques<br />

pour la sécurité des utilisateurs, en particulier des femmes et des filles,<br />

à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit.<br />

10. 20 personnes <strong>au</strong> maximum se servent de chaque toilette.<br />

11. Les toilettes se situent tout <strong>au</strong> plus à 50 m des habitations.<br />

figure 13. couverture des agences de gestion de camp (cma)<br />

51%<br />

17%<br />

83%<br />

Nombre de camps gérés par un CMA<br />

Nombre de camps spontanés sans CMA<br />

Nombre de déplacés internes dans<br />

des camps gérés par un CMA<br />

Seulement 17% des camps après le tremblement<br />

de terre à Haïti en 2010, étaient pris en<br />

charge par des CMA. Ceci est du entre <strong>au</strong>tre<br />

à la rapidité de la création de camps spontanés<br />

ainsi qu’<strong>au</strong>x nombre exeptionnellement<br />

élevé de camps (plus de 1200 camps).<br />

Par contre plus de la moitié des déplacés<br />

internes se trouvent dans les camps géré<br />

par un CMA, car l’organisation et l’accès à<br />

l’aide y est plus facile. Une <strong>au</strong>tre raison est<br />

également la fermeture des camps spontanés<br />

formés sur des terrains à risque ou illég<strong>au</strong>x,<br />

sans CMA.<br />

(Graphique fait à partir des données d’OIM)<br />

69<br />

La problématique des camps


70<br />

figure 14. camp de 20’000 personnes etablit selon les normes des ong<br />

Tranchée coupe<br />

feu de 30m tous<br />

les 300 m<br />

Abris de 4<br />

personnes avec<br />

18m2, espacés<br />

les uns des <strong>au</strong>tres<br />

par 2m<br />

Point d’e<strong>au</strong> à<br />

moins de 500m<br />

pour 250 personnes<br />

12 toilettes pour<br />

250 personnes, à<br />

moins de 50m des<br />

abris<br />

650 m<br />

450 m<br />

(Graphique fait à partir des données de Sphere Project)<br />

71<br />

La problématique des camps


72<br />

Un camp doit fournir: un logement, une protection,<br />

un lieu de développement pour les gens<br />

affectés.<br />

Il est important d’aborder le camp sous différentes<br />

échelles (cf.figure 15 et 16). Il f<strong>au</strong>t<br />

observer le camp dans son contexte, c’est-àdire<br />

par rapport à la ville, le lieu qui l’entoure<br />

ce qui nous ramène à l’échelle du master plan,<br />

ensuite voir le camp en lui-même, puis en un<br />

groupement de logement ce qui correspond à<br />

l’échelle du quartier et pour finir son unité d’habitation<br />

qui revient à l’échelle humaine.<br />

L’organisation du camp est souvent faite en<br />

secteur, (module de famille, commun<strong>au</strong>té). Les<br />

recommandations ne sont souvent pas respectées<br />

et l’organisation du camp devient difficile<br />

à gérer. Ce que nous retrouvons comme<br />

éléments de base dans les camps sont: les<br />

points d’e<strong>au</strong>, les moyens d’accès qui se font<br />

essentiellement à pied, des services d’éducation<br />

et de santé, une structure sécuritaire,<br />

un système d’évacuation des déchets et e<strong>au</strong>x<br />

usées. (entretien, I .Vuarambon, 2011)<br />

figure 15. trois plans commun<strong>au</strong>taires<br />

pour des abris transitoires<br />

«Hollow square plan»<br />

«Staggered plan»<br />

«Community Road plan»<br />

figure 16. subdivision d’un camp en secteurs,<br />

ilots et commun<strong>au</strong>tes<br />

Camp d’approximativement 20’000 habitants<br />

4 secteurs:<br />

1. Coupe feu de 30m tous les 300m<br />

2. Les routes suivent le contour et amènent<br />

du centre vers l’extérieur<br />

3. La canalisation suit également le contour<br />

4. Centre administratif situé <strong>au</strong> centre du<br />

camp<br />

5. Eléments utilisés pour empêcher la répéti-<br />

tion de l’agencement du camp<br />

Secteur d’approximativement 5’000 habitants<br />

4 îlots:<br />

1. Coupe feu de 15m entre les blocs<br />

2. Doit contenir des espaces centr<strong>au</strong>x com-<br />

merci<strong>au</strong>x ou de loisirs<br />

Ilots d’approximativement 1250 habitants<br />

16 commun<strong>au</strong>tés:<br />

1. Coupe feu de 6m (chemin)<br />

Commun<strong>au</strong>té d’approximativement 80 habitants<br />

16 emplacements avec 16 abris:<br />

1. Coupe feu de 2m entre chaque abris<br />

2. Le drainage doit être bien établis et bien<br />

maintenu<br />

3. Les e<strong>au</strong>x usées ne doivent pas polluer les<br />

sources d’e<strong>au</strong>x ou créer de l’érosion<br />

(Shelterproject,1997, in <strong>De</strong>sign like you give a<br />

Damn, 2008)<br />

73<br />

La problématique des camps


74<br />

les camps spontanes<br />

Les camps spontanés sont une réponse directe à la nécessité du logement<br />

d’urgence, c’est <strong>au</strong>ssi une réaction innée, parfois les gens n’ont pas besoin<br />

d’aide externe car ils peuvent très bien s’organiser et trouver des solutions<br />

efficaces. Rendre la population dépendante d’une aide externe n’est pas<br />

nécessairement la meilleure des solutions. (I.Davis,1978)<br />

Il est vrai que dans une situation de crise, les victimes ne vont pas attendre<br />

qu’ont leur fournisse de l’aide, elles réagissent avec les moyens qui les<br />

entourent. Il ne f<strong>au</strong>t pas sous-estimer l’instinct de survie de chacun. La<br />

population touchée va s’installer « de proche en proche » sans réel sens<br />

de l’organisation (Y.Miara, 2009). Les problèmes apparaissent essentiellement<br />

lorsque la situation perdure, dès lors des aides externes sont nécessaires<br />

pour un développement durable. L’effet de spontanéité peut <strong>au</strong>ssi<br />

engendrer des problèmes supplémentaires tels que des risques sanitaires,<br />

des emplacements ou des structures non sécurisées, ou alors des confits<br />

internes entre les populations ou les gens avoisinant. Néanmoins, il est intéressant<br />

de considérer cette organisation car certains points pourraient être<br />

implémentés dans les camps organisés. Ces camps s’organisent également<br />

en quartier avec leur propre commun<strong>au</strong>té, parfois cette commun<strong>au</strong>té<br />

ne découvrira pas l’entier du camp car elle restera surtout dans son quartier.<br />

(entretien chez OIM, M.Bordier, 2011). La formation de ces camps<br />

nous aide à comprendre les déplacements de la population ainsi que son<br />

organisation, en repérant les lieux de rencontre ou alors de distribution de<br />

vivres ou de médicaments. Malheureusement, il est très difficile de distinguer<br />

ces différents éléments <strong>au</strong> sein d’un camp spontané.<br />

75<br />

La problématique des camps


76<br />

Les camps pour réfugiés peuvent également servir <strong>au</strong>x ONG de moyens de<br />

pression sur différentes organisations gouvernementales afin d’obtenir une<br />

reconstruction <strong>permanent</strong>e plus rapide.<br />

La question est comment intégrer dans un camp des éléments de base<br />

pour la construction du <strong>permanent</strong> et ainsi éviter des phases de reconstructions<br />

séparées? Dans bien des cas, les différentes phases de reconstruction<br />

qui se veulent discontinues ne le sont jamais réellement, car la population<br />

fait des «va et vient» entre la zone détruite, le camp et la nouvelle zone<br />

de relogement <strong>permanent</strong>e. Les différents matéri<strong>au</strong>x (toile de tente) sont<br />

souvent utilisés de multiples manières <strong>au</strong> cour des différentes phases de<br />

reconstruction.<br />

Par exemple, dans le cas du tremblement de terre de 1968 à Gibellina<br />

en Italie, le gouvernement lors de la planification percevait ces trois zones<br />

comme, « une ville perdue », « une ville à supprimer » et enfin « une ville<br />

nouvelle ». La notion d’échange que pouvait subsister entre ces éléments<br />

n’était pas prise en compte. La commun<strong>au</strong>té s’était recréée <strong>au</strong>tour de ces<br />

trois zones. La proposition du gouvernement pour la nouvelle planification<br />

de la ville,était celle de la « tabula rasa », ce qui laissait croire que le lieu<br />

n’avait <strong>au</strong>cune « spécificité » et que par là, un modèle universel pouvait être<br />

proposé. (J.Grisel, 2010)<br />

Lorsque les gouvernements donnent de nouve<strong>au</strong>x emplacements éloignés<br />

les uns des <strong>au</strong>tres, le lien social est dissolu une seconde fois et tout est à<br />

recommencer. La vie sociale <strong>au</strong> sein du camp est importante pour le bon<br />

fonctionnement de la reconstruction.<br />

Dans la situation du camp de Gibellina en1968, les réfugiés sont restés 14<br />

ans dans les camps.<br />

Le parcours de la reconstruction après le tremblement de terre de Gibellina<br />

est un des seuls exemples détaillé où nous pouvons observer l’entier de la<br />

phase de reconstruction (cf. figure 17)<br />

Pour de notre travail, nous souhaitons trouver des éléments <strong>au</strong> sein du<br />

camp qui soient capables de lier les différentes phases de reconstruction<br />

entre elles de manière plus concrète afin de redynamiser le relogement <strong>permanent</strong><br />

des victimes avec un processus participatif et également relancer<br />

l’économie locale.<br />

77<br />

La problématique des camps


78<br />

figure 17. tremblement de terre de gibellina, sicile<br />

185 morts<br />

190 blessés<br />

Gibellina avant et après la catastrophe<br />

1er mars, Marche à<br />

Rome<br />

pour protester contre le<br />

retard de la reconstruction<br />

janvier 1968<br />

TREMBLEMENT DE<br />

TERRE<br />

L’armée déclare la<br />

ZONE SINISTREE,<br />

monte des TENTES<br />

pour abriter les victimes<br />

L’état facilite<br />

l’émigration à l’étranger,<br />

il fournit des VISA.<br />

9 juillet, <strong>au</strong>tre manifestation<br />

devant le parlement<br />

Sicilien pour<br />

solliciter une action<br />

rapide du<br />

gouvernement local<br />

pour la reconstruction<br />

L’état décide de raser<br />

certaines villes passablement<br />

détruites<br />

janvier 1969 janvier 1970<br />

Proposition d’un plan<br />

de développement<br />

démocratique pour la<br />

vallée du Belice, du<br />

Carboi et du Jato.<br />

Idée d’avoir une ville<br />

territoriale composée<br />

de plusieurs centralités.<br />

Tentes et baraquements<br />

Décide de transferer<br />

la ville de<br />

Gibellina sur un<br />

AUTRE SITE.<br />

Le gouvernement<br />

construit finalement des<br />

BARAQUES de 16m2<br />

par famille dans des<br />

camps.<br />

Fragmentation des<br />

baraques afin de mieux<br />

contrôler les gens et<br />

éviter des révoltes.<br />

Carte présentant les positions des centres anciens<br />

et nouve<strong>au</strong>x ainsi que les baraquements<br />

1972<br />

Apparition de plans<br />

détailés pour chacunes<br />

des communes.<br />

Exemple de sité jardin qui ont inspirée la<br />

proposition pour les villes du Belice.<br />

Comparaison à la même echelle entre<br />

l’ancienne et la nouvelle ville.<br />

Construction en<br />

premier des infrastructures<br />

routièes<br />

principales, puis des<br />

zones industrielles.<br />

Pourquoi ne pas<br />

reconstruire en<br />

premier les logements<br />

et services<br />

soci<strong>au</strong>x?<br />

1976<br />

1977 1979 1980<br />

1976-1977<br />

Construction des<br />

premières structures<br />

de DEVELOPPE-<br />

MENT URBAIN<br />

1977-1980<br />

Construction de<br />

MAISONS en rangée<br />

et d’écoles<br />

TRANSFERT de la<br />

population dans les<br />

baraquements vers la<br />

nouvelle ville.<br />

1er initiative du<br />

conseil communal<br />

pour corriger les<br />

orientations du plan<br />

initial suite <strong>au</strong>x<br />

revendications de la<br />

population.<br />

Exemple de différence morphologique à la<br />

même echelle, entre la ville ancienne de<br />

Poggioreale et la ville nouvelle.<br />

Système de voiries<br />

différenciées et habitation en<br />

rangées.<br />

A g<strong>au</strong>che projet construit<br />

par l’état, à droite<br />

construction individualisées,<br />

répondant <strong>au</strong> même principe<br />

urbanistique.<br />

Graphique fait à Partir des données de Grisel, Julien.<br />

79<br />

La problématique des camps


80<br />

1. Fournir un abri sûr.<br />

points cles<br />

2. La formation des camps est essentiellement spontanée.<br />

3. Très peu de camps sont gérés par des ONG.<br />

4. La formation des camps est inévitable.<br />

5. Il est admis que les déplacements de la population sur des sites éloignés<br />

sont à éviter.<br />

6. La plupart des camps sont construits pendant les quelques jours qui<br />

suivent la catastrophe, et ont un fort t<strong>au</strong>x d’occupation, puis la population<br />

<strong>au</strong> sein du camp diminue petit à petit.<br />

7. La population <strong>au</strong> sein du camp varie selon les différentes activités du<br />

jour et de la nuit.<br />

8. Il existe différents types de camps : <strong>au</strong> sein, <strong>au</strong>x frontières et à l’extérieur<br />

de la ville.<br />

9. Les camps se forment surtout sur des zones dégagées et faciles d’accès:<br />

parcs, bordure de forêts, bordure de routes, terrain de sport.<br />

10. Il est important de différencier chaques types de camps : à court<br />

terme, à moyen terme et à long terme, car la réponse <strong>au</strong> relogement<br />

est différente ainsi que le type d’habitat à fournir.<br />

11. Les camps ne sont pas sensés être <strong>permanent</strong>s, le but est de diminuer<br />

leur nombre par le biais de la reconstruction et du relogement.<br />

12. Les camps de grandes tailles fonctionnent comme des villes, la structure<br />

<strong>au</strong> sein du camp est similaire à celle-ci, il y existe des structures<br />

scolaires, des commences. Les camps s’organisent en quartier avec<br />

une commun<strong>au</strong>té qui lui correspond.<br />

13. Les échanges entre la ville et les camps sont importants, que ce soit <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> du travail, de la vie sociale ou lors du relogement.<br />

14. A long terme les logements <strong>au</strong> sein du camp peuvent se « durcir » et<br />

devenir <strong>permanent</strong>s. <strong>De</strong> ce fait, ils deviennent partie intégrante de la<br />

ville.<br />

81<br />

La problématique des camps


82<br />

planifie<br />

versus<br />

non planifie<br />

Pour mieux comprendre le processus de reconstruction, il est essentiel<br />

d’introduire quelques notions de planifications urbaines, nous abordons<br />

la reconstruction comme un phénomène global qui comprend la<br />

reconstruction d’une ville, d’une société et non pas uniquement de logements<br />

individuels. C’est avant tout la reconstruction d’une collectivité.<br />

Nous parlerons du courant actuel des différents types d’organisation urbaine,<br />

qui nous semble utile dans notre recherche pour le processus de<br />

relogement.<br />

Dans ce chapitre, nous nous intéressons également <strong>au</strong> monde de l’informel.<br />

Notre analyse portera sur l’échelle de l’habitat et nous verrons comment les<br />

réponses informelles peuvent être utiles à notre problématique.<br />

83


84<br />

la ville<br />

Avant d’établir une stratégie pour le relogement, il nous f<strong>au</strong>t comprendre les<br />

bases de la constitution d’une ville, comprendre ce qui permet à la société<br />

de s’y développer. Nous partons également de l’idée qu’il est possible de<br />

planifier une ville jusqu’à un certain nive<strong>au</strong> de finalité, étant donné que nous<br />

ne pouvons que partiellement déterminer comment les gens vont réagir.<br />

F.Ascher montre l’importance de la polyvalence et de la multiplicité, et non<br />

pas l’idée de répétition et de production à grande échelle utilisé parfois par<br />

les ONG pour la reconstruction urbaine. Les lieux de connections entre<br />

les différents rése<strong>au</strong>x sont importants. Ils sont des enjeux clé dans la dynamique<br />

urbaine.<br />

Le néo-urbanisme comporte certains éléments qui pourraient nous être<br />

utiles. Il admet la complexité et propose une variété de formes, d’ambiances<br />

architecturales et urbaines à une société de plus en plus différenciée dans<br />

sa composition, ses pratiques et ses goûts.<br />

Définition du néo-urbanisme:<br />

«Le néo-urbanisme doit s’efforcer d’aménager ces possibilités,<br />

de concevoir des espaces multiples à n dimensions sociales et<br />

fonctionnelles, des hyperespaces combinant le réel et le virtuel,<br />

propices tant à l’intimité qu’à des sociabilités variées.»<br />

(F.Ascher, 2010)<br />

Il f<strong>au</strong>t trouver un système qui ait une structure et procure une liberté à l’habitant,<br />

pour occuper <strong>au</strong> mieux l’espace mit à sa disposition, s’y développer et<br />

engager une dynamique sociale positive. Nous retrouvons certains de ces<br />

critères dans le néo-urbanisme.<br />

Nous pouvons distinguer les points importants suivants pour une reconstruction<br />

après un désastre :<br />

1. Multiplicité des solutions<br />

2. Flexibilité des espaces<br />

3. Adaptation dans le temps<br />

Il existe <strong>au</strong>ssi l’idée d’une coopération du “bottom up” et “top down” qui<br />

nous est indispensable.<br />

«Dans les pays en développements, les villes planifiées génèrent<br />

en parallèle des villes informelles, ce sont deux phénomènes<br />

indissociables de nos jours. L’un est une réponse à l’<strong>au</strong>tre. Le<br />

problème est que les villes ne sont pas construites pour des gens<br />

qui ont de faibles revenus, elles ne sont également pas conçues<br />

pour le bon nombre de personne.»<br />

(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />

Ceci nous fait penser qu’il f<strong>au</strong>t dorénavant considérer le planifié et l’informel<br />

comme un tout et non des facteurs indépendants.<br />

«Both the New town and the Free Town might be interpreted as<br />

symbols of segregation. However, they can also be viewed as<br />

a disproof of the “identity crisis” of the welfare city, as well as a<br />

proof of its possible adaptation by contemporary society with all its<br />

complexities and challenges.»<br />

(Ibid.)<br />

Lors de la reconstruction l’informel et le formel ne devront former qu’un.<br />

La structure du formel devra aider l’informel et ce dernier aidera le formel<br />

afin d’<strong>au</strong>gmenter la rapidité de construction et surtout correspondre <strong>au</strong>x<br />

problèmes du foncier.<br />

«La ville n’est jamais simplement l’organisation spatiale de la<br />

mosaïque de territoires : les territoires de deuxième implantation<br />

viennent tôt ou tard bousculer cette organisation pour fabriquer un<br />

moral bien plus confus, composés d’hybrides culturels produits par<br />

la succession des populations migrantes, appartenant à la même<br />

commun<strong>au</strong>té ou à des commun<strong>au</strong>tés différentes.»<br />

(J.Jureidini, 1998)<br />

85<br />

Planifié vs. non planifié


86<br />

Cette image illustre les milliards d’interactions sociales quotidiennes.<br />

«La performance voire la<br />

durabilité s’obtiennent plutôt<br />

par la variété, la flexibilité, la<br />

réactivité.»<br />

(F.Ascher, 2010)<br />

87<br />

Planifié vs. non planifié


88<br />

les bidonvilles<br />

Lizzaralde propose une approche qui se base sur des formes d’habitats<br />

<strong>au</strong>togérés et constate qu’ils ont des contraintes matérielles, financières et<br />

temporelles proche de la reconstruction après un désastre. L’analyse des<br />

habitats spontanés montre <strong>au</strong>ssi un phénomène de durcissement de certaines<br />

habitations. A la base temporaires, elles évoluent pour devenir des<br />

logements <strong>permanent</strong>s. Les conclusions de cette étude sur les différences<br />

entre design informel et solutions standardisées sont les suivantes:<br />

Il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts. Toutes les activités<br />

sociales se déroulent en général dans des espaces semi-fermés, à l’extérieur<br />

de la maison, ceci surtout dans les pays ch<strong>au</strong>ds. Ainsi les activités,<br />

telles que la lessive, les repas, le jeux avec les enfants, se déroulent dans un<br />

espace semi cloisonné. Le déplacement de ces activités dans des espaces<br />

extérieurs ou semi extérieurs permet de réduire le coût de construction.<br />

Dans la solution planifiée, il y a soit un extérieur, soit un intérieur, mais rarement<br />

un entre-deux.<br />

Dans le secteur informel, les habitants conçoient leur habitat de manière<br />

dynamique en y intégrant la possibilité d’évolution selon leurs besoins et<br />

leurs moyens. Contrairement <strong>au</strong>x solutions proposées dans le secteur<br />

formel, les types d’habitats ne se limitent pas à un seul étage. Selon les<br />

moyens des familles, les habitations peuvent s’agrandir, soit de manière<br />

horizontale ou verticale. En effet dans certains cas, comme <strong>au</strong> Vietnam, un<br />

surdimensionnement des murs porteurs permet une possibilité d’agrandissement<br />

futur. (R.Metzger, 2000)<br />

Les solutions habituelles pour des raisons économiques et de simplicité de<br />

construction, se limitent souvent à un seul étage.<br />

Il y a un soin particulier apporté <strong>au</strong>x espaces intérieurs. Ces derniers sont<br />

équipés du confort moderne, Tv, DVD, ordinateurs, et... Les espaces ont<br />

une grande flexibilité et pièce peut avoir plusieurs fonctions <strong>au</strong> cours de la<br />

journée. Dans le design occidental, il y a par contre plus souvent une subdivision<br />

claire des espaces pour une activité spécifique.<br />

Il est difficile de distinguer la construction originelle des parties qui ont été<br />

ajoutées. Les matéri<strong>au</strong>x utilisés rendent cette distinction difficile. Ce type<br />

de construction utilise le même type de matéri<strong>au</strong>x, en général des matéri<strong>au</strong>x<br />

légers ou recyclés dont la mise en œuvre permet une grande flexibilité.<br />

Il y a également une ambiguité entre ce qui est temporaire et <strong>permanent</strong>.<br />

Dans le processus informel, nous notons une solidification des habitations<br />

temporaires.<br />

Il n’ existe pas de réelle temporalité, car c’est une évolution de l’espace bâti,<br />

selon les besoins et moyens des habitants. C’est un processus progressif<br />

avec une première construction très rapide, puis une évolution sans fin distincte.<br />

La variabilité des unités d’habitation est grande, les façades ne sont pas<br />

uniformes, contrairement à ce que nous imaginons, une attention élevée<br />

est apportée à l’esthétique des façades des logements informels avec<br />

une grande variété de couleurs, de matières et de textures. Le manque de<br />

moyens ne rime pas forcément avec une limitation de l’esthétique des logements.<br />

Nous notons le contraire dans les solutions adoptées par l’approche<br />

formelle, les maisons préfabriquées ont une uniformté de la façade. La<br />

préfabrication offre le même module à chacun avec peu de possibilités de<br />

personnalisation et présuppose que les besoins sont les mêmes pour tous.<br />

Comme nous l’avons vu précédemment, les espaces intérieurs sont conçus<br />

avec une flexibilité pour accueillir plusieurs types d’activité. Ainsi, il n’est pas<br />

rare que le programme soit mixte, nous observons alors une transformation<br />

de certains espaces domestiques en espaces commerci<strong>au</strong>x la journée.<br />

C’est souvent le choix des femmes qui veulent travailler et en même temps<br />

s’occuper de leurs enfants.<br />

La multiplicité du programme est négligée dans les reconstructions où les<br />

associations préfèrent définir clairement les programmes commerci<strong>au</strong>x et<br />

résidentiels.<br />

Nous retrouvons une diversité dans les espaces publics, c’est important<br />

pour les interactions sociales. Ces espaces se forment vers des points<br />

d’intérêts, tels que des arbres qui offrent de l’ombre ou des châte<strong>au</strong>x<br />

d’e<strong>au</strong>x.<br />

L’utilisation des produits et du savoir faire local est en effet essentiel dans<br />

le processus de reconstruction. Cependant la préfabrication de petits<br />

éléments légers (à la différence de la préfabrication d’éléments lourds<br />

dans les années 80) peut s’avérer économiquement viable et peut aider<br />

considérablement la reconstruction.<br />

89<br />

Planifié vs. non planifié


90<br />

Un des moyens pour réduire les coûts est la réutilisation des matéri<strong>au</strong>x<br />

de construction. Cette pratique est pourtant peu utilisée par les ONG qui<br />

peinent à se distancier de la construction standard, be<strong>au</strong>coup de matéri<strong>au</strong>x<br />

sont perdus lors des catastrophes alors qu’ils pourraient être recyclés.<br />

Un <strong>au</strong>tre problème est le recyclage des éléments de manière efficace,<br />

c’est-à-dire ne pas réutiliser des briques mal adaptées dès le départ et qui<br />

risquent de se casser à la moindre secousse, mais de les réutiliser dans<br />

des éléments qui n’ont pas de fonction sécuritaire, comme des éléments de<br />

cuisine, ou salle de bain ou même de revêtement de sol. (entretien, DDC,<br />

M. Schärlig, 2011)<br />

<strong>De</strong> part la disparité des éléments trouvés et réutilisés, nous retrouvons dans<br />

les constructions une combinaison de différentes technologies. Il n’est<br />

d’ailleurs pas rare de voir des technologies légères se transformer en technologies<br />

lourdes dès que les moyens le permettent.<br />

Les avantages des bidonvilles:<br />

• les liens soci<strong>au</strong>x<br />

«… One hears the slums praised as a social construct. Briefly, what<br />

this amounts to is that the people in these slums may be poor,<br />

but nonetheless they are very happy. They have one another, the<br />

social structures are strong, and the alienation and the loneliness<br />

of modern life have yet make themselves felt here.»<br />

(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />

• Le design répond immédiatement <strong>au</strong>x besoins des habitants. Ceci permet<br />

de redonner une échelle architecturale qui correspond réellement<br />

à la société qui habite les lieux.<br />

• Les structures urbaines sont bien établies, par exemple, les écoles<br />

sont placées en bon nombre et <strong>au</strong> bon endroit (entretien, I. Vuarembon,<br />

2011). Les infrastructures spontanées répondent correctement<br />

<strong>au</strong>x besoins des usagers.<br />

• Urbanisation <strong>au</strong>togérée<br />

91<br />

Planifié vs. non planifié


92<br />

«Self-organization is of course one of the key elements of the informal<br />

city that could inspire the formal city.»<br />

(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)<br />

Les inconvenient des bidonvilles:<br />

• Insalubrité et insécurité<br />

«Research shows that slum dwellers die earlier, experience more<br />

hunger, have less education, have fewer chances of employment<br />

and suffer more ill-health than the rest of the urban population…The<br />

prevalence of killer diseases in slums is associated with very poor<br />

and inadequate living and housing conditions rather than income<br />

levels.»<br />

(Ibid.)<br />

• Il est difficile de placer des infrastructures, les espaces entres les différentes<br />

maisons sont très petits voir inexistants.<br />

points cles<br />

1. L’urbanisme formel peut être utile à l’échelle d’une planification urbaine,<br />

car nous avons besoin de structures de bases bien organisées et qui<br />

soient également capables d’accueillir un degré de flexibilité élevé.<br />

2. La structure des bidonvilles est un bon exemple d’<strong>au</strong>togestion et est<br />

un exemple de structure informelle qui peut être utile lors de planification<br />

urbaine pour des projets de reconstruction, ainsi que le développement<br />

des habitations qui répondent <strong>au</strong>x besoins essentiels de<br />

l’habitant.<br />

3. Les méthodes de « planification » des bidonvilles et du logement nous<br />

permettent de travailler sur la flexibilité du plan à l’échelle du master<br />

plan ainsi qu’à l’échelle de l’habitat.<br />

4. Dans les slums, il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts.<br />

5. Il f<strong>au</strong>t faire attention à l’ambiguité entre ce qui est temporaire et permanant.<br />

6. Il f<strong>au</strong>t s’inspirer de l’usage intensif du recyclage des matéri<strong>au</strong>x de<br />

construction.<br />

7. Prendre en compte l’importance de la mixité des activités.<br />

8. Prendre en compte l’importance de la variété des espaces publics.<br />

93<br />

Planifié vs. non planifié


94<br />

cas d’etude:<br />

haïti<br />

Nous examinerons ici l’impact d’une catastrophe sur une région très vulnérable.<br />

Nous considérerons dans un premier temps le contexte dans lequel<br />

elle s’est produite, puis nous aborderons les effets de cette catastrophe et<br />

la réponse proposée par les organisations sur place. Nous nous concentrerons<br />

plus particulièrement sur Port <strong>au</strong> Prince.<br />

95


96<br />

haïti avant le 12.01.2010<br />

Contexte historique<br />

Haïti a été fondé en 1804 suite à une révolution d’esclaves contre les<br />

troupes de Bonaparte. Elle devient alors la première république indépendante<br />

dont la population est majoritairement noire. L’histoire politique<br />

d’Haïti est une succession de dictateurs, et de coup d’Etat.<br />

«Haiti’s political, judicial and security institutions have been riven<br />

by dictatorship, military intervention and instability, and remain<br />

extremely weak. Political structures are prey to personal ambition<br />

and factionalism among politicians, while the judicial system suffers<br />

from inadequate resources, inefficiency and corruption.»<br />

(Economist Intelligence Unit ,2006)<br />

Haïti est une des régions les plus p<strong>au</strong>vres du monde. La p<strong>au</strong>vreté n’est pas<br />

seulement matérielle, l’IDH (Indice de Développement Humain) est relativement<br />

bas 0.54 (en comparaison, la suisse est à 0.96). C’est <strong>au</strong>ssi l’un des<br />

pays dans lequel les différences sociales sont les plus prononcées.<br />

«Haiti is one of the wolrd’s most unequal societies. The richest 10%<br />

has almost 50% of the country’s total income, whereas the prrorest<br />

10% only has 0,7% of the income.»<br />

(United Nations Human Settlements Programme et Forsman, 2010)<br />

Une centralisation des pouvoirs<br />

Haïti est caractérisé par une centralisation des pouvoirs dans la capitale<br />

(Port <strong>au</strong> Prince). La majorité des institutions, qu’elles soient politiques ou<br />

économique s’y trouvent.<br />

La zone métropolitaine de Port-<strong>au</strong>-Prince est devenue le centre de toutes<br />

les décisions politiques et administratives, le monopole de l’administration<br />

publique (75 % de fonctionnaires et d’employés) – un centre du point de<br />

vue économique et financier comprenant 80 % des installations industrielles,<br />

commerciales et bancaires. La capitale dispose également du<br />

nive<strong>au</strong> le plus élevé d’équipements et de services avec plus de la moitié<br />

des hôpit<strong>au</strong>x du pays, plus d’un quart des écoles primaires, secondaires<br />

haïti<br />

Population en 2009 9’923243 hab<br />

<strong>De</strong>nsité 367 hab/km2<br />

Superficie 27’750 km2<br />

Amérique du nord<br />

Haïti Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

(carte, United Nation cartographic)<br />

97<br />

Cas d’étude: Haïti


98<br />

figure 18. <strong>au</strong>gmentation de la population de port-<strong>au</strong>-prince<br />

et techniques, plus de 3/4 des écoles supérieures et facultés.(Haïti PDNA,<br />

2010)<br />

La concentration de toutes les activités dans la métropole a provoqué un<br />

exode rural important.<br />

«Around 30% of Haiti’s population live in metropolitan Port-<strong>au</strong>-<br />

Prince, where 90% of the country’s total investments and formal<br />

jobs are found.»<br />

(Republic of Haiti, 2003)<br />

La population de Port-<strong>au</strong>-Prince a donc <strong>au</strong>gmenté fortement surtout à partir<br />

des années 80 (cf. figure 18.), la crise aidant, une grande partie de la population<br />

rurale a cherché un emploi dans la capitale. Face à cet accroissement<br />

rapide de la population le gouvernement a eut de la peine à fournir des<br />

logements adéquats pour tous, surtout pour la population p<strong>au</strong>vre. L’incapacité<br />

de l’Etat à contrôler cette expansion a donné naissance à un important<br />

secteur informel, que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du logement ou du travail.<br />

«More than half of today’s population in metropolitan Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

originally lived elsewhere, and in the informal areas more than 70%<br />

of the inhabitants came from the countryside.»<br />

(GHRAP, 2008).<br />

99<br />

Cas d’étude: Haïti


100<br />

l’urbanisme informel de<br />

port-<strong>au</strong>-prince<br />

A partir des années 80, l’accroissement de la population a provoqué un<br />

tournant dans l’urbanisation de Port-<strong>au</strong>-Prince. Le développement de la<br />

ville se fait selon deux directions, d’une part un urbanisme contrôlé avec<br />

un accès <strong>au</strong>x infrastructures et de l’<strong>au</strong>tre, une urbanisation chaotique (cf.<br />

figure 19). Nous observons alors le début de la « bidonvilisation » de Port<strong>au</strong>-Prince.<br />

Les logements informels sont souvent situés <strong>au</strong>x abords de la ville. Ils vont<br />

s’installer sur des terrains non constructibles, ou à risque. Ce phénomène<br />

est renforcé par une législation floue: il n’y a pas de cadastre à Haïti, de<br />

zonage, de directives ou restrictions dans l’utilisation du sol. Ceci permet à<br />

la population de construire ou bon lui semble. La conséquence de ce développement<br />

anarchique est la colonisation des zones à risques.<br />

«Port-<strong>au</strong>-Prince is a densely populated city, characterised by what<br />

many Haitians call wild urbanization (urbanization s<strong>au</strong>vage). The<br />

small hills surrounding the city are being covered with dwellings<br />

of different quality, many of them situated precariously on steep<br />

slopes and in danger of being washed away by the next torrent or<br />

hurricane. Other slum dwellers, in the centre of the city, risk flooding<br />

due to their location in the bottom of the basin of Port-<strong>au</strong>-Prince.»<br />

(United Nations Human Settlements Programme. et Forsman, 2010)<br />

La deuxième conséquence de ce type d’implantation est celle de l’inaccessibilité<br />

<strong>au</strong>x services de base (cf. figure 20). Le manque d’infrastructure<br />

touche <strong>au</strong>ssi la gestion des déchets, et l’accessibilité à des toilettes dont<br />

seul la moitié des habitants des bidonvilles ont accès. Les solutions de<br />

fortunes trouvées par les résidents, fosses septiques et <strong>au</strong>tres toilettes<br />

improvisées, ne sont pas reliées <strong>au</strong>x égouts. Les risques de débordement<br />

de ces derniers peuvent provoquer une contamination des e<strong>au</strong>x de la ville.<br />

Il en est de même pour les déchets: il n y a pas de réel traitement des déchets<br />

ou du moins pas adapté à une ville de près de 3 millions d’habitants,<br />

par exemple, le t<strong>au</strong>x de collecte des déchets est de 7 à 40% (République<br />

d’Haïti). Face à ce manque de moyens de l’Etat, les habitants se tournent<br />

vers des solutions informelles qui sont dangereuses pour l’environnement.<br />

L’incinération en plein air des déchets est fréquente et non réglementée.<br />

«In many places in Port-<strong>au</strong>-Prince, basic services (water, sanitation,<br />

roads) are not provided for the population due to difficult access<br />

to the area. In some informal areas the houses are built too close<br />

together for any pipes to be laid, sewers or drainage to be installed<br />

or roads to be built. In other areas the access problem is related to<br />

the hilly topography. Some slums are so prone to flooding that any<br />

infrastructure built would be destroyed by heavy rainfall.»<br />

(United Nations Human Settlements Programme. et Forsman 2010)<br />

101<br />

Cas d’étude: Haïti


e<br />

102<br />

, périphérie<br />

figure 19. typologie des quartiers de port-<strong>au</strong> prince<br />

Au centre ville:<br />

Une trame orthogonale définit des îlots<br />

à l’interieur desquels grandissent une<br />

forte densité de bâtiment. La rigeur<br />

de la trame des rues contraste avec<br />

le chaos apparent de l’organisation<br />

interne de l’îlot.<br />

Il est rare de voir des constructions de<br />

plus de 2-3 étages.<br />

En périphérie, quartier résidentiel:<br />

<strong>De</strong> manière similaire <strong>au</strong> centre ville, on<br />

retrouve une trame de rues orthogonales<br />

qui forment des îlots. L’organisation<br />

est plus ordonée qu’<strong>au</strong> centre<br />

ville et moins dense. Les constructions<br />

comportent 1-2 étages.<br />

En périphérie, bidonville:<br />

Il est difficile de distinguer les accès.<br />

Le quartier spontané se développe en<br />

général sur les h<strong>au</strong>teurs, l’organisation<br />

des habitation semble suivre les<br />

courbes de nive<strong>au</strong> de la colline. Il y a<br />

une forte densité et très peu, voir pas<br />

d’espace entre les construction. Elles<br />

dépassent rarement les 2 étages et<br />

sont faites en matéri<strong>au</strong>x legers.<br />

Graphique fait à partir des<br />

données de Goolgle earth<br />

Sources: ICOMOS<br />

103<br />

Cas d’étude: Haïti


104<br />

figure 20. densite de population et bidonville de port-<strong>au</strong>-prince<br />

La carte suivante nous montre la<br />

localisation des bidonvilles dans<br />

Port-<strong>au</strong>-Prince. Ils sont généralement<br />

placés à des endroits difficiles<br />

à construire; sur les reliefs et dans<br />

les zones à risque de la ville.<br />

Route principale<br />

Route secondaire<br />

Route tertiaire<br />

Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

Cours d’e<strong>au</strong><br />

H<strong>au</strong>te densité de population<br />

<strong>De</strong>nsité moyenne de population<br />

Bidonville<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />

105<br />

Cas d’étude: Haïti


106<br />

haïti apres le 12.1.2010<br />

Haïti<br />

Le tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010 a été le désastre<br />

le plus important que le pays ait connu depuis 170 ans. Il a provoqué<br />

plus de 220’000 morts et plus d’un million de sans abris.<br />

les repercutions materielles<br />

Population en 2009<br />

<strong>De</strong>nsité<br />

9’923 243 hab<br />

367 hab/km2<br />

Superficie 27 750 km2<br />

Environ 105’000 résidences ont été totalement détruites, plus de 208’000<br />

endommagées, plus de 1’300 établissements scolaires et environ 50 hôpit<strong>au</strong>x<br />

et centres de santé se sont effondrés ou sont inutilisables (cf. figure<br />

21). Le port principal du pays est devenu partiellement inopérant. Le palais<br />

présidentiel, le parlement, le palais de justice et la majorité des bâtiments<br />

des ministères et de l’administration publique sont détruits.<br />

Selon l’organisation “Haïti Earthquake”, le séisme a produit environ 40 millions<br />

de m3 de débris.<br />

repercutions sociales, politiques<br />

Tremblement de terre en janvier 2010<br />

Personnes affectées ~3,7 millions hab<br />

Personnes sans abri ~1, 5 millions hab<br />

Personnes décédées ~316000 hab<br />

Que ce soit <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des soins, de l’éducation ou de la culture, tous ces<br />

secteurs ont subi de nombreuses pertes. La situation était déjà difficile<br />

<strong>au</strong>paravant, elle a pris ici des proportions énormes. Le pourcentage de<br />

ménages en situation d’insécurité alimentaire est passé de 40 à 50%, la<br />

région touchée par le séisme accueillait 50% de l’effectif scolaire du pays,<br />

30 hôpit<strong>au</strong>x sur 49 ont été détruits ou endommagés. La crise a touché à<br />

tous les nive<strong>au</strong>x les infrastructures sociales.<br />

une capitale apres desastre<br />

Les administrations et les services publics ont été fortement atteints, ce<br />

qui a accru la faiblesse politique du pays. Selon un témoignage d’un représentant<br />

de l’Etat, il était très difficile pour eux de réagir, car ils n’avaient pas<br />

l’infrastructure minimum nécessaire, ils n’avaient pas de téléphones, ni de<br />

photocopieuses, bon nombre de dossiers et registres ont été détruits. La<br />

perte matérielle et humaine <strong>au</strong> sein du gouvernement a considérablement<br />

ralentis les processus de décisions. Il a alors été difficile pour les ONG de<br />

pouvoir collaborer avec le gouvernement.<br />

Amérique du nord Haïti Port <strong>au</strong> Prince<br />

port-<strong>au</strong>-prince Port <strong>au</strong> Prince<br />

Dommages très visibles à généralisés >40%<br />

Dommages localement bien visibles 11-40%<br />

Dommages peu ou pas visibles 0-10%<br />

Population en 2009<br />

<strong>De</strong>nsité<br />

Superficie<br />

0,5 X<br />

0,2 X<br />

2 X Genève<br />

875 978 hab<br />

24 305,7 hab/km2<br />

36,04 km2<br />

Tremblement de terre en janvier 2010<br />

Personnes sans abri 609000 hab<br />

Personnes décédées 112250 hab<br />

= personnes affectées par le tremblement de terre à Haïti<br />

= personnes sans abri dû <strong>au</strong> tremblement de terre à Haïti<br />

= personnes décédées dû <strong>au</strong> tremblement de terre à Haïti<br />

Fort<br />

<strong>De</strong>structeur<br />

Désastreux<br />

Catastrophique<br />

3 4 5 6 7 8 9<br />

Haïti<br />

107<br />

Cas d’étude: Haïti


108<br />

figure 21. carte des degats et emplacements des camps a port-<strong>au</strong>-prince<br />

Nous voyons ci-contre en rouge l’ampleur des dégats<br />

provoqué par le tremblement de terre à Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />

Toute la ville a été sévèrement touchée. Notre première<br />

intuition était que les quartier les plus défavorisés seraient<br />

les plus touchés. En réalité, certains d’entres eux<br />

ont été épargnés par la catastrophe. Cela est majoritairement<br />

dû <strong>au</strong> mode de construction en structure légère qui<br />

resiste mieux <strong>au</strong> tremblement de terre que des structures<br />

en béton de piètre qualité.<br />

Courbes de nive<strong>au</strong><br />

Route primaire<br />

Route secondaire<br />

Route tertiaire<br />

Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

Cours d’e<strong>au</strong><br />

Zone industrielle<br />

Végetation<br />

Bidonville<br />

Bâtiments princip<strong>au</strong>x<br />

Camps<br />

Bâtiments partiellement endommagés<br />

Bâtiments très endommagés<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />

109<br />

Cas d’étude: Haïti


110<br />

les migrations<br />

Environ 1,3 millions de personnes vivent dans des abris provisoires dans la<br />

zone métropolitaine de Port-<strong>au</strong>-Prince et plus de 500’000 personnes ont<br />

quitté les zones sinistrées pour trouver refuge dans le reste du pays.<br />

Selon les statistiques d’OIM, environ trois quart des personnes déplacées<br />

sont restées dans la même commune et un quart sont parties dans une<br />

<strong>au</strong>tre commune. La plupart des personnes sont restées près de leur habitat<br />

que ce soit sur leur terrain ou dans des camps à proximité. (cf. figure 22 et<br />

23)<br />

figure 22. lieu de deplacement signales<br />

par les deplaces enregistres<br />

27’105 2’293 11’987<br />

Même commune, même section<br />

communale<br />

Même commune, Même Section Communale<br />

Même commune, <strong>au</strong>tre section<br />

communale<br />

Nombre de ménages<br />

Autre section communale<br />

Même commune, Autre Section Communale Autre commune,<br />

Petit-Goave<br />

12,250<br />

2,098<br />

figure 23. comparaison du nombre de menages deplaces par communes<br />

en juillet 2010, mai 2011 et juillet 2011<br />

1,507<br />

<strong>De</strong>lmas<br />

Port <strong>au</strong> Prince<br />

70,856<br />

Grand-Goave<br />

8157<br />

602 321<br />

Juillet 2010<br />

Mai 2011<br />

Juillet 2011<br />

82,086<br />

49,790<br />

49584<br />

39,530<br />

37,350<br />

Leogane<br />

Cité Soleil<br />

16,535<br />

39,260<br />

4,777<br />

Gressier<br />

10,014<br />

3,727<br />

5,603 5268<br />

951 927<br />

Jacmel<br />

6,145<br />

1,169 1,178<br />

48,273<br />

Carrefour<br />

12,228<br />

10,624<br />

Tabarre<br />

17,177<br />

11,948<br />

10,533<br />

24,604Piéton-Ville<br />

10,015 9,709<br />

Ganthier<br />

1,436<br />

380304<br />

Croix des Bouquets<br />

24,772 19,346<br />

18,365<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

111<br />

Cas d’étude: Haïti


112<br />

808<br />

analyse de la reponse<br />

post-catastrophe<br />

typologie des camps a haïti<br />

Dès le lendemain de la catastrophe, des camps spontanés se sont organisés.<br />

Ils étaient situés en général dans les h<strong>au</strong>teurs (cf. figure 26). La population<br />

craignait la venue d’un tsunami, elle a donc préféré se réfugier sur<br />

les collines avoisinantes. Les sinistrés se sont ensuite réunis soit sur leur<br />

terrain, à côté de leur maison, où il y avait de la place: dans les espaces<br />

publics.<br />

La majorité des camps se sont établis dès le lendemain de la catastrophe.<br />

Après le mois de janvier, le nombre de formation de nouve<strong>au</strong>x camps à bien<br />

diminué (cf.figure 24)<br />

figure 24. etablissement et evolution de la taille des camps<br />

Nb Sites<br />

45<br />

1’555<br />

Nb Individus<br />

1’536447<br />

JUL ‘10 SEP‘10 NOV‘10 JAN‘11 MAR‘11 MAY‘11 JUL‘11 SEP‘11<br />

10<br />

1’374’273<br />

1’356<br />

12<br />

1’068’882<br />

1’199 1152 1152<br />

1061<br />

680’494 634’807 594’811<br />

550,560<br />

894 802<br />

JAN ‘10 FEB’10 MAR’10 APR’10 MAY’10 JUL’10 SEP’10 OCT’10 Etablis en 2011<br />

2<br />

806’377<br />

4<br />

2<br />

5<br />

6<br />

Il y a une grande diversité dans la forme des camps de même que dans leur<br />

taille. La majorité des camps se composent de 20 à 99 familles et la variabilité<br />

de la taille des camps est grande (cf. figure 24 et 29).<br />

figure 25. dimension des camps par famille<br />

1 à 9 familles<br />

10 à 19 familles<br />

20 à 99 familles<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

1000 familles<br />

et plus<br />

500 à 999<br />

familles<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM) (Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

100 à<br />

499<br />

familles<br />

113<br />

Cas d’étude: Haïti


114<br />

figure 26. carte des camps dans port-<strong>au</strong>-prince<br />

La carte ci-contre nous montre les différents camps à Port-<strong>au</strong>-<br />

Prince. Nous remarquons que les camps se sont développés<br />

dans les espaces vides. Les grands camps se situent <strong>au</strong> nord sur<br />

un ancien aéroport et <strong>au</strong> centre sur une grance place publique.<br />

Le reste des camps est dispersé dans la ville.<br />

Courbes de nive<strong>au</strong><br />

Route primaire<br />

Route secondaire<br />

Route tertiaire<br />

Limite de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

Cours d’e<strong>au</strong><br />

Zone industrielle<br />

Végetation<br />

Bidonville<br />

Bâtiments Princip<strong>au</strong>x<br />

Camps<br />

PDI<br />

1km<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)<br />

115<br />

Cas d’étude: Haïti


116<br />

Les camps spontanés sont organisés en commun<strong>au</strong>té de quartier dans le<br />

cas des plus grands camps. Ils s’installent dans les espaces vides, terrains<br />

de sports, place publique, cour d’école. (cf. figure 27). Il est difficile de<br />

distinguer une réelle trame. Les éléments structurants les camps sont des<br />

routes, des rivières ou des bâtiments qui empêchent leur croissance.<br />

figure 27. exemple de camp spontane dans port-<strong>au</strong>-prince<br />

(ecole nationale dumerlin)<br />

Dans les camps organisés par les ONG, l’organisation est plus stricte (cf.<br />

figure 28). En effet, les camps sont soumis à différentes règles afin de garantir<br />

un espace de vie minimum. En général ces derniers sont placés en<br />

périphérie de la ville.<br />

figure 28. exemple de camp organise (tabarre isa)<br />

(Image Google Earth) (Image Google Earth)<br />

117<br />

Cas d’étude: Haïti


118<br />

figure 29. typologie des camps par taille<br />

1000 familles et plus<br />

500 à 999 familles<br />

100 à 499 amilles<br />

1 à 9 familles<br />

10à 19 familles<br />

20 à 99 familles<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM et Google Earth)<br />

119<br />

Cas d’étude: Haïti


120<br />

L’établissement de camp de grande taille provoque des « effets secondaires»<br />

: la population est attirée par l’aide fournie dans les camps et s’installe<br />

en périphérie de celui-ci, ce qui donne naissance à des camps spontanés<br />

supplémentaires (cf. figure 30).<br />

figure 30. exemple de camps spontanes <strong>au</strong>tour du<br />

camp corail<br />

Camp spontané Camp Corail (organisé)<br />

(Image Google Earth)<br />

121<br />

Cas d’étude: Haïti


122<br />

naissance et evolution du camp<br />

Nous avons suivi l’évolution d’un camp. Cela nous a permis d’ observer qu’il<br />

y avait plusieurs éléments qui structurent les camps à l’échelle de la ville :<br />

les routes, les cours d’e<strong>au</strong>, le consrtuit. (cf. figure 31).<br />

figure 31. evolution d’un camp (terrain toto)<br />

T1<br />

13.01.2010<br />

T2<br />

23.02.2010<br />

T3<br />

09.03.2010<br />

T4<br />

09.04.2010<br />

L’évolution du camp est très rapide, seulement quelques mois séparent la<br />

première image de la dernière, ce qui nous montre l’ampleur du phénomène.<br />

Nous avons ensuite regardé de plus près quel était le processus<br />

d’évolution de ce camp et quels sont les éléments qui lui ont donné sa<br />

forme finale (cf.figure 32).<br />

T5<br />

08.07.2010<br />

T6<br />

08.11.2010<br />

(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />

123<br />

Cas d’étude: Haïti


124<br />

figure 32. formation d’un camp<br />

Le camp est né de trois plus petits camps spontanés qui se sont étendus en longeant les rues. Après<br />

une période de trois mois, on voit l’apparition d’une quatrième entité, probablement une ONG qui<br />

vient réorganiser le camp. Cette dernière va exercer son influence par rayonnement en se plaçant <strong>au</strong><br />

centre des trois camps spontanés.<br />

T1<br />

Naissance de trois<br />

pôles spontanés en<br />

fonction des accès<br />

depuis les routes<br />

T2<br />

Développement<br />

des trois pôles<br />

spontanés<br />

T3<br />

Intervention des ONG<br />

et développement des<br />

trois pôles spontanés<br />

T4<br />

Développement des ONG<br />

et développement des trois<br />

pôles spontanés<br />

T3<br />

Développement des ONG<br />

(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />

125<br />

Cas d’étude: Haïti


126<br />

figure 33. structure d’un camp ( terrain toto)<br />

Construction légère, tente<br />

Construction légère, tôle<br />

Construction durable<br />

Eléments structurants<br />

Structure spontanée<br />

Organisation avec les ONG<br />

Il existe différents types de constructions <strong>au</strong> sein de ce camp et<br />

différentes formes d’organisation. Certaines parties sont de type<br />

spontané et qui est majoritairement composée de tentes.<br />

Lorsqu’une ONG va intervenir pour organiser le camp, nous allons<br />

voir apparaître des constructions plus durables, en tôles. Les<br />

parties organisées par les ONG se distinguent par une structure<br />

plus visible et une proportion de construction en tôle ou durable<br />

plus grande.<br />

Nous voyons dans toutes les formes d’organisation des éléments<br />

plus grands que nous identifions comme élément structurel. Il<br />

peut s’agir de centre de soin, ou de tentes plus grandes dans<br />

lesquelles se passent les réunions ou les distributions.<br />

Début d’organisation avec les ONG<br />

(<strong>De</strong>ssin fait à partir des mages de Google Earth)<br />

127<br />

Cas d’étude: Haïti


128<br />

Sur les photos de g<strong>au</strong>che, nous pouvons<br />

distinguer les différentes parties<br />

du camp. Nous voyons entre sur<br />

la dernière image les terrassements<br />

établis par les ONG.<br />

En regardant de plus près la structure même des camps, nous notons<br />

qu’<strong>au</strong> sein même de celui-ci se trouvent différents types d’organisations<br />

(cf. figure 33). Les ‘’quartiers‘’ ne vont pas évoluer de la même façon ni <strong>au</strong><br />

même rythme.<br />

Les parties spontanées du camps ne sont pas pour <strong>au</strong>tant complètement<br />

chaotiques, les personnes se réunissent essentiellement par quartier ou<br />

rése<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x.<br />

Nous remarquons également différents types de construction, nous avons<br />

identifié des constructions qui paraissent être les plus <strong>permanent</strong>es, des<br />

construction en tôle et les tentes. Le type de construction change <strong>au</strong>ssi<br />

avec le type d’organisation: les parties gérées par les ONG sont plus durables<br />

que les parties spontanées.<br />

129<br />

Cas d’étude: Haïti


130<br />

composition des camps<br />

Le gouvernement (Ministère des Trav<strong>au</strong>x Public, Transport et Communication)<br />

a établit un système de notification des maisons des personnes<br />

déplacées. Les maisons endommagées sont classées selon leur dommage.<br />

Dans la figure 33, la majorité des personnes ayant eut leur maison complètement<br />

détruite sont locataires et il y a très peu de propriétaires. La grande<br />

proportion d’inconnu concernant le statut MTPTC est du fait que la majorité<br />

des ménages interrogés ne pouvaient pas fournir d’information sur le statut.<br />

L’intention principale des sinistrés est d’aller dans un camp planifié, cela<br />

s’explique par les conditions de vie difficile dans les camps spontanés. Ces<br />

dernières sont les raisons principales évoquées par les personnes interrogées<br />

pour quitter le camp, car les constructions sont mal adaptées <strong>au</strong>x<br />

intempéries, c’est une <strong>au</strong>ssi une raison qui les poussent à partir du camp<br />

(cf. figure 34 et 35).<br />

Selon un sondage d’OIM, 94% des PDI vivant <strong>au</strong> sein des sites d’hébergement<br />

veulent les quitter. Il est probable que ces derniers restent car ils n’ont<br />

pas d’<strong>au</strong>tres alternatives. En effet près de la moitié des personnes sondées<br />

(53%) ne s<strong>au</strong>raient pas ou aller s’il devaient quitter le camp immédiatement.<br />

Cependant à la question « Quelles seraient vos inquiétudes si vous quittiez<br />

le camp <strong>au</strong>jourd’hui ?» 68% des personnes interrogées indiquent ne pas<br />

avoir d’inquiétudes particulière. Selon le rapport d’OIM, cela pourrait ce lire<br />

comme un désir de quitter le camp, indépendamment de leur condition matérielle<br />

(OIM, 2011). Toujours selon ce sondage, les princip<strong>au</strong>x besoins des<br />

PDI s’il avaient à sortir du site seraient, de l’argent(57%), des opportunités<br />

économiques(53%), un abris transitoire(37%). Ces chiffres nous montrent<br />

que la problématique de la reconstruction ne touche pas uniquement la<br />

reconstruction de logement mais <strong>au</strong>ssi la reconstruction d’une économie<br />

locale.<br />

131<br />

Cas d’étude: Haïti


132<br />

Les camps ne sont pas la seule réponse lors d’une catastrophe, il existe<br />

d’<strong>au</strong>tres lieux de refuge pour les sinistrés. Dans la figure 35, nous présentons<br />

les différentes solutions adoptées par les déplacés internes.<br />

La moitié des personnes ont trouvé refuge dans des maisons sans dommages.<br />

Pour les personnes dont la maison a été détruite la tendance<br />

semble être de continuer d’y habiter si elle n’est pas trop détruite ou de<br />

chercher un abri de fortune sur son terrain. Dans les cas de logement de<br />

fortune ou de tente sur un terrain, nous observons que le statut de propriété<br />

n’est pas clair. La tendance à rester sur son terrain malgrès une destruction<br />

partielle ou complète de l’habitat s’explique par le risque de pillage des maisons<br />

laissées vides. Selon le temoignage d’une victime de la catastrophe,<br />

les voyoux volent tout ce qu ils peuvent trouver. (entretien, Jean Du Prés,<br />

2012)<br />

figure 34. types d’abris occupes par statut de propriete, 2011<br />

2%<br />

3%<br />

19%<br />

35%<br />

5%<br />

7%<br />

5%<br />

30%<br />

9%<br />

5%<br />

38%<br />

18%<br />

Maison détruite Maison<br />

3 %<br />

partiellement<br />

détruite<br />

26 %<br />

?<br />

Ne sait pas Locataires Propriétaires<br />

?<br />

Maison intacte Abris de<br />

Ne sait pas Tentes<br />

52 %<br />

fortune sur<br />

le terrain<br />

8 %<br />

4% 7 %<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

3%<br />

4%<br />

2%<br />

67%<br />

40%<br />

8%<br />

133<br />

Cas d’étude: Haïti


134<br />

figure 35. statuts mtptc, statuts de proprietes et intentions<br />

19%<br />

Statut des maisons<br />

Intentions<br />

15%<br />

Statut MTPTC<br />

2%<br />

5%<br />

4%<br />

16%<br />

3 % 10 %<br />

Statut des maisons<br />

10 %<br />

3 % 10 %<br />

77%<br />

48%<br />

47%<br />

Statut MTPTC<br />

29%<br />

19%<br />

15%<br />

Intentions<br />

15%<br />

2%<br />

5%<br />

4%<br />

16%<br />

Raisons pour quitter un camp:<br />

Maison détruite Maison partiellement<br />

détruite<br />

Propriétaire peut<br />

réparer<br />

77%<br />

48%<br />

Retourne <strong>au</strong> lieu<br />

d’origine<br />

47%<br />

29%<br />

10 %<br />

15%<br />

Propriétaire ne<br />

peut pas réparer<br />

Va dans des sites<br />

planifiés<br />

Retourne <strong>au</strong> lieu<br />

d’origine<br />

T-Abri Raisons pour quitter 1% un camp:<br />

Pluie / Cyclone<br />

21%<br />

M<strong>au</strong>vaise Conditions<br />

T-Abri 1%<br />

Pluie / Cyclone<br />

Autre<br />

3%<br />

Nul<br />

M<strong>au</strong>vaise Conditions<br />

1%<br />

Pas décole<br />

Autre<br />

0,2%<br />

3%<br />

Nul<br />

Ma maisona été réparle<br />

3%<br />

1%<br />

Pas décole<br />

Manque Général de Services<br />

4%<br />

0,2%<br />

Ma maisona été réparle<br />

Support offert par la Famille / les amis<br />

5%<br />

3%<br />

Eviction<br />

Manque Général de Services<br />

7%<br />

4%<br />

Emploi<br />

Support offert par 1% la Famille / les amis<br />

5%<br />

Crime / Insecurité Eviction<br />

13%<br />

7%<br />

Cholera<br />

Emploi<br />

1%<br />

1%<br />

Pacquet d’assistance<br />

Crime / Insecurité<br />

3%<br />

Cholera<br />

1%<br />

Pacquet d’assistance<br />

3%<br />

Maison intacte Ne sait pas<br />

Maison détruite Maison partiellement<br />

détruite<br />

Propriétaire peut<br />

réparer<br />

?<br />

Locataire Ne sait pas<br />

Propriétaire ne<br />

peut pas réparer<br />

Famille d’acceuil Reste où il est Part hors de la<br />

commune<br />

Va dans des sites<br />

planifiés<br />

13%<br />

Maison intacte Ne sait pas<br />

32%<br />

21%<br />

?<br />

Locataire Ne sait pas<br />

Ne sait pas<br />

Famille d’acceuil Reste où il est Part hors de la<br />

commune<br />

32%<br />

77%<br />

3 %<br />

10 %<br />

10 %<br />

47%<br />

Ne sait pas<br />

15%<br />

5%<br />

16%<br />

15%<br />

2%<br />

77%<br />

3 %<br />

10 %<br />

10 %<br />

47%<br />

15%<br />

5%<br />

16%<br />

15%<br />

2%<br />

48%<br />

49% 30% 16% 4%<br />

29% 55% 12% 3%<br />

75% 17% 5% 1%<br />

75% 17% 5% 1%<br />

17% 24% 50% 8%<br />

48%<br />

29%<br />

48%<br />

29%<br />

19%<br />

49% 30% 16% 4%<br />

29% 55% 12% 3%<br />

17% 24% 50% 8%<br />

48%<br />

29%<br />

19%<br />

29%<br />

44% 35% 16% 3%<br />

44% 35% 16% 3%<br />

47% 20% 25% 5%<br />

47% 20% 25% 5%<br />

55% 22% 17% 4%<br />

55% 22% 17% 4%<br />

51% 21% 21% 4%<br />

51% 21% 21% 4%<br />

58% 19% 16% 6%<br />

58% 19% 16% 6%<br />

51% 28% 15% 3%<br />

51% 28% 15% 3%<br />

4%<br />

4%<br />

19%<br />

19%<br />

4%<br />

4%<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

135<br />

Cas d’étude: Haïti


136<br />

Privé<br />

Public<br />

Total<br />

la problematique fonciere<br />

Selon un relevé d’OIM de septembre 2011 environ 73% (584 sites) des<br />

camps sont localisés sur des terrains privés et 25%(203 site) sur des terrains<br />

publics. L’évolution dans le temps montre que les sites privés disparaissent<br />

(les camps ferment) be<strong>au</strong>coup plus rapidement que les sites<br />

publics (cf. figure 36). Les b<strong>au</strong>x accordés sont en général be<strong>au</strong>coup plus<br />

courts. Dans la période de novembre 2010 à septembre 2010, les camps<br />

privés sont passés de 882 à 584 soit 34% de diminution contre une diminution<br />

de 9% pour les sites publics de 222 à 203 sites. Nous voyons en<br />

effet une <strong>au</strong>gmentation des camps sous menace d’expulsion (cf. figure 38).<br />

Très peu de camps sont équipés avec des abris provisoires de type T-Shelter<br />

(constructions plus durables), seulement 1% des camps sont équipés<br />

avec ces abris (cf. figure 37). Ce sont en général des organisations comme<br />

OIM, Concern Worldwide ou World Vision par exemple, qui mettent en<br />

place ce type de construction. Ces abris offrent de meilleures conditions<br />

de vie <strong>au</strong>x sinistrés. La grande majorité des sites (90%) possèdent des<br />

abris de fortune et des tentes. La précarité de ces constructions rend les<br />

conditions de vie très difficiles. Les tentes et abris de fortune ne sont pas<br />

faits pour perdurer et résistent mal <strong>au</strong>x intempéries.<br />

figure 36. comparaison du statut foncier des sites d’hebergement de<br />

novembre 2011 a septembre 2011<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

100.0<br />

98.5<br />

98.1<br />

100.9<br />

92.2<br />

222<br />

222 224 224<br />

882 865 794 731<br />

NOV’11 JAN’11 MAR’11 MAY’11<br />

90<br />

100.9<br />

86.5<br />

82.9<br />

92.3<br />

78.0<br />

74.1<br />

91.4<br />

71.3<br />

66.2<br />

205 203<br />

656 584<br />

JUL’11 SEP’11<br />

figure 37. presence d’abris de transition sur le site<br />

JAN<br />

MAR<br />

MAI<br />

64<br />

9<br />

685<br />

Structures mélangées<br />

(entre 1-90% des abris sont des<br />

T-Shelters)<br />

Pratiquement que des T-Shelters<br />

(<strong>au</strong> moins 91% des habitations sur<br />

le site sont des T-Shelters)<br />

Pas de T-shelter sur le site de<br />

déplacés<br />

figure 38. nombre de camps sous<br />

menace d’explusion vs<br />

nombre total de camps<br />

existants, janvier-mai,<br />

2011<br />

128<br />

178<br />

187<br />

1,150<br />

1,061<br />

1,001<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

137<br />

Cas d’étude: Haïti


138<br />

Nombre total d’abris<br />

Petit-Goave<br />

31%<br />

1279 327<br />

Ces difficultés font que certaines personnes quittent le camp pour aller<br />

vivre ailleurs, mais gardent une tente dans le camp. Ils font cela pour bénéficier<br />

de l’aide des organisations. Ce phénomène est fréquent et touche<br />

un certain pourcentage d’abris, entre 1-30%. et c’est souvent dans les<br />

communes rurales que le phénomène est le plus important notemment à<br />

Grand-Goave, Petit-Goave, Leogane et Gressier (cf. figure 39).<br />

figure 39. nombre et pourcentage de tentes vides par communes<br />

Nombre total d’abris vides<br />

Pourcentage approximatif d’abris<br />

vides<br />

Port <strong>au</strong> Prince<br />

33,039<br />

Grand-Goave<br />

440 163<br />

612 2%<br />

37%<br />

<strong>De</strong>lmas<br />

16,732<br />

5%<br />

762<br />

Leogane<br />

23%<br />

3,559<br />

827<br />

Cité Soleil<br />

3,138<br />

200<br />

Gressier<br />

652153<br />

Jacmel<br />

6%<br />

644 36<br />

6%<br />

23%<br />

Carrefour<br />

8,085 7%<br />

553<br />

Tabarre<br />

5134<br />

5%<br />

263<br />

8,075<br />

Piéton-Ville<br />

3%<br />

249<br />

Ganthier<br />

55 3<br />

Croix des Bouquets<br />

15,287<br />

5%<br />

2637<br />

17%<br />

(Graphique fait à partir des données de l’OIM)<br />

Photo de tente vide dans un camp à Grand goave<br />

139<br />

Cas d’étude: Haïti


140<br />

la reconstruction en milieu urbain<br />

La reconstruction est un défi dans le contexte d’Haïti. Nous distinguons, la<br />

reconstruction dans les zones urbaines et dans les zones rurales. Chacune<br />

de ces localisations imposent des contraintes différentes et des solutions<br />

différentes. Pour rappel, les camps ont différentes formes, les camps organisés<br />

se situent en général en périphérie de la ville alors que les camps<br />

spontanés sont en ville.<br />

«On ne peut même pas rebâtir <strong>au</strong>x mêmes endroits où il y avait des<br />

bâtiments, parce qu’il y a des gens qui disent que c’est leur terrain.<br />

Le cadastre, là-bas, c’est le bordel. [... Alors] les grands gestes<br />

d’éclat en urbanisme [comme faire passer un boulevard quelque<br />

part] sont impossibles en ce moment, et même à moyen terme. [...]<br />

Il y a tout ce monde-là qui empêche de développer. Ce ne sont pas<br />

des terrains vacants sur lesquels on doit construire: il y a des gens<br />

qui vivent dessus, dans des tentes. Alors les grands trav<strong>au</strong>x ne sont<br />

pas évidents à faire.»<br />

(Y.Langevin, 2011)<br />

Nous voyons par ce témoignage une des difficultés symptomatiques de<br />

la situation foncière d’Haïti: l’absence de cadastre et de titres lég<strong>au</strong>x de<br />

propriété, ou la passation des titres due à la mort du propriétaire, rend la<br />

reconstruction très difficile. <strong>De</strong> plus, le contexte urbain laisse peu de place<br />

<strong>au</strong> passage des machines de chantier.<br />

«An assumption made was that working in urban contexts would be<br />

easier than working in rural ones; which in fact was the opposite.»<br />

(Acting Country Director, member agency, 2010)<br />

la participation<br />

Nous avons peu parlé de l’approche participative dans ce chapitre, car<br />

nous n’avons pas trouvé suffisamment de données. Par contre lors de notre<br />

entretien avec Marie Schärlig de la DDC, celle-ci nous a dit qu’une campagne<br />

de formation pour des méthodes de reconstruction plus sûres avait<br />

été implantée. Nous avons également rencontré M. Jean Du Prés (haïtien<br />

en séjour en Suisse pour visiter sa famille) et qui préfère garder l’anonymat,<br />

qui nous a dit que malheureusement ce type d’initiative était sujette à<br />

corruption et que l’accessibilité à cette formation était difficile sans «passedroit»<br />

<strong>au</strong> préalable.<br />

les visions futures d’haïti<br />

Haïti est un pays fortement centralisé <strong>au</strong>tour de sa capitale, le tremblement<br />

de terre a touché de plein fouet cette dernière ce qui a rendu difficile le rôle<br />

du gouvernement dans sa réponse à la crise.<br />

La catastrophe a provoqué de nombreuses migrations de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

vers les villes voisines.<br />

Une des stratégies du gouvernement haïtien est de profiter de cet exode<br />

pour développer les villes secondaires, créant de nouve<strong>au</strong>x pôles économiques<br />

en accélérant le processus de décentralisation.<br />

141<br />

Cas d’étude: Haïti


142<br />

«Le risque, c’est que les tentes,<br />

que les maisons cheap qu’on<br />

a construites rapidement, que<br />

les containers qu’on a envoyés<br />

deviennent des habitations<br />

<strong>permanent</strong>es. Ça va nous<br />

empêcher de construire pour<br />

de vrai. [...] On est en train de<br />

refaire des bidonvilles.»<br />

(Y.Langevin interview dans Le Soleil. « Haïti un an plus tard:<br />

l’urbanisme en plein chaos | Séisme en Haïti », 2011)<br />

143<br />

Cas d’étude: Haïti


144<br />

points cles<br />

1. Population d’Haïti : 9’923’243 hab.<br />

2. Tremblement de terre le 12 janvier 2010.<br />

3. Le tremblement de terre a touché : 3,7 millions de personnes dont 1,5<br />

millions de sans abris et 316’000 de décès.<br />

4. La situation de Haïti est particulière car le gouvernement ainsi que la<br />

majorité des structures du pays étaient regroupées à Port <strong>au</strong> Prince et<br />

ont été passablement touchées par le tremblement de terre, ce qui a<br />

compliqué l’organisation de la reconstruction.<br />

5. Du fait du nombre élevé d’ONG impliquées, l’organisation et la communication<br />

a été très difficile.<br />

6. <strong>De</strong>ux ans après la catastrophe, il reste énormément à faire. Il reste<br />

encore be<strong>au</strong>coup de camps.<br />

7. La pression démographique à Port <strong>au</strong> Prince ne facilite pas la reconstruction.<br />

8. La reconstruction en milieu urbain est difficile, car il manque de place<br />

et les débris n’ont pas encore été complètement déblayés.<br />

9. Les solutions sont très différentes en périphérie ou <strong>au</strong> centre ville.<br />

10. Il est nécessaire de ne pas uniquement penser <strong>au</strong>x logment mais <strong>au</strong>ssi<br />

développer des opportunités économiques dans le processus de reconstruction.<br />

145<br />

Cas d’étude: Haïti


146<br />

conclusion:<br />

vers une<br />

reconstruction<br />

evolutive et durable<br />

«Shelter and resettlement should fit into a comprehensive urban<br />

strategy and development plan supported by the government and<br />

people of Haiti. That plan must take into account the availability of land<br />

and improved security of tenure; land use and environmental issues;<br />

the improved delivery of basic services, including water, sanitation,<br />

health services and transportation; national economic development<br />

and job-creation opportunities; measures to reduce disaster risks;<br />

input from those who have lost their homes and communities; and<br />

the needs of renters, who make up the majority of the population in<br />

spontaneous settlements.»<br />

(Habitat for humanity, 2010)<br />

147


148<br />

3 PHASES<br />

Catastrophe<br />

URGENCE<br />

“GAP”<br />

RECONSTRUCTION<br />

?<br />

Reconstruction<br />

achevée<br />

processus de<br />

reconstruction<br />

Les conséquences de la catastrophe sont nombreuses. La destruction<br />

n’est pas seulement physique, elle détruit <strong>au</strong>ssi les commun<strong>au</strong>tés. Comme<br />

nous l’avons vu, le processus de reconstruction est un processus complexe<br />

qui engage un grand nombre de variables.<br />

figure 40. etapes du processus de reconstruction<br />

GUIDE LINES<br />

PROCESSUS DE RECONSTRUCTION<br />

APRES DESASTRE NATUREL<br />

Catastrophe<br />

URGENCE<br />

PROCESSUS DE RECONSTRUCTION<br />

APRES DESATRE NATUREL<br />

“1 PHASE”<br />

la temporalite et flexibilite du projet<br />

Le temps est une variable importante dans le projet de reconstruction.<br />

La démarche dans laquelle nous nous inscrivons tend vers une approche<br />

incrémentale. Au contraire de la tripartition urgence, transition et reconstruction,<br />

nous cherchons une approche en une seule phase (cf. figure 40).<br />

Notre approche va donc s’implémenter après la phase d’urgence et évoluer<br />

jusqu’à la reconstruction.<br />

Les camps dans ce processus sont inévitables. Les temps de séjours dans<br />

les camps dits transitoires dépassent souvent la période dite d’urgence<br />

de 3-6mois (à Haïti des personnes sont dans des camps depuis 2ans).<br />

Cet état de fait nous pousser à rechercher une solution pour améliorer la<br />

condition de vie dans les camps (par consolidation de ceux-ci) ou par des<br />

solutions permettant un retour plus rapide des sinistrés chez eux.<br />

La participation est un élément important du projet de reconstruction. Elle<br />

permet une meilleure appropriation du projet. Cependant cette approche<br />

ne peut, selon nous, pas avoir les mêmes degrés d’importance selon la<br />

taille et la temporalité du projet. Les besoins de l’urgence nécessitent une<br />

participation moindre que le design du futur habitat. L’échelle du projet <strong>au</strong>ra<br />

<strong>au</strong>ssi une incidence sur le degré de participation. Un projet urbain ne peut<br />

pas prendre en compte l’avis de chacun et utilisera plutôt une participation<br />

représentative. Ce type d’approche nécessite donc une grande flexibilité<br />

du projet.<br />

Reconstruction<br />

achevée<br />

149<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


150<br />

La flexibilité du projet est inspirée du néo-urbanisme ainsi que par l’étude<br />

de l’architecture spontanée. Notre démarche intégrera donc une médiation<br />

entre des éléments planifiés et d’<strong>au</strong>tres éléments non planifiés (cf. figure<br />

41). Par rapport à la participation, la démarche que nous proposons est une<br />

négociation entre l’élément contrôlé à une certaine échelle, proposé par<br />

l’architecte, intégrant un cadre dans lequel le spontané peut se produire.<br />

Notre réflexion repose sur une analyse des flux engendrés par la catastrophe.<br />

<strong>De</strong>s flux se créent entre la ville et les camps (cf. figure 42) et ce à<br />

différentes échelles temporelles.<br />

Un afflux massif va se produire <strong>au</strong> lendemain de la catastrophe, puis va<br />

s’estomper <strong>au</strong> fils du temps. Les retours <strong>au</strong> logement <strong>permanent</strong> sont relativement<br />

longs.<br />

Cependant des flux continuent à exister. Les habitants des camps continuent<br />

à aller travailler ce qui provoque un flux de «pendulaires» entre le<br />

camp et la ville.<br />

Ces changements de flux <strong>au</strong> cours du temps sont des éléments à prendre<br />

en compte lors du design du camp, notamment dans la gestion de sa croissance,<br />

mais <strong>au</strong>ssi dans sa décroissance.<br />

Notre processus s’implante dès l’apparition des camps (cf. figure 43).<br />

Dans le cas d’étude d’Haïti, un relevé est fait en fonction du nive<strong>au</strong> de destruction<br />

des habitations et des personnes qui vivent dans le camp. Le système<br />

de classement a quatre degrés: maison complétement détruite, partiellement<br />

détruite, intacte et non identifié. Cette information nous permet<br />

d’organiser le camp avec une vision dans le temps.<br />

Notre intervention va donc se produire après l’apparition des camps spontanés<br />

et <strong>au</strong>ra pour but, dans un premier temps, de « remettre de l’ordre »<br />

dans le camp afin de faciliter l’organisation des secours et de l’aide et le<br />

développement à long terme.<br />

figure 41. parametres de la plannification<br />

Ville et société<br />

Planifier<br />

Spontané, Auto-géré<br />

Compromis entre Top Down<br />

& Bottom Up<br />

Top Down<br />

Bottom Up<br />

Auto-géré<br />

?<br />

151<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


152<br />

figure 42. flux entre la ville et les camps<br />

Il y a des flux de migration constant entre la ville<br />

et les camps. Au lendemain de la catastrophe, on<br />

voit un grand mouvement qui part de la ville vers<br />

les camps (t0).<br />

Après quelques semaines cet afflux diminue, mais des échanges<br />

continuent à se faire. Les habitants des camps travaillent<br />

en général en ville. Le camp quant à lui a besoin de certaines<br />

ressources que peut lui apporter la ville.<br />

Quelques mois après la catastrophe il est possible que certains<br />

habitants des camps puissent rentrer chez eux et le quittent définitivement.<br />

Plus la reconstruction avance, plus le nombre de personnes quittant<br />

définitivement le camp va <strong>au</strong>gmenter. Mais les échanges entre la ville<br />

et le camp vont rester.<br />

153<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


154<br />

Les différents degrés de dommage des maisons correspondent <strong>au</strong>x temps<br />

de séjour des personnes sur le camp. Les personnes ayant leurs maisons<br />

intactes partirons dès que le danger sera écarté, puis les personnes qui ont<br />

réparé leur maison et ainsi de suite.<br />

Ce flux de personne qui quitte le camp va libérer de la place, et laisser plus<br />

d’espace <strong>au</strong>x personnes qui doivent rester plus longtemps. Ces derniers<br />

figure 43. processus de reconstruction a long terme<br />

Phase d’urgence<br />

Camp spontané<br />

organisation par commun<strong>au</strong>té<br />

Personnes avec des maisons très<br />

endommagées ou va être détruite<br />

Personnes avec des maisons partiellement<br />

endommagées<br />

Personnes avec des maisons intactes<br />

Ne sais pas<br />

Personnes ayant quitté le site<br />

Nouvelle institution publique<br />

sont les plus vulnérables car ils habitaient dans des régions à risque et ne<br />

peuvent donc plus rentrer chez eux.<br />

La place laissée par les sinistrés rentrés chez eux va permettre d’installer<br />

des équipements et <strong>au</strong>x ménages restant d’améliorer leur confort en consolidant<br />

et agrandissant leur habitat. A terme l’ancien camp se transforme en<br />

un nouve<strong>au</strong> quartier.<br />

T1 T2 T3 T4<br />

Camp organisé<br />

organisation par commun<strong>au</strong>té<br />

et par statut de<br />

maison<br />

Transformations ajoutées par l’habitant<br />

Départ des premiers ménages et<br />

durcification des tentes des personnes<br />

qui resteront à long terme<br />

Départ d’<strong>au</strong>tres ménages,<br />

durcification et création<br />

d’espace public<br />

Mise en place d’infrastructures<br />

155<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


156<br />

Chaque famille a des besoins spécifiques. Afin d’y répondre <strong>au</strong> mieux, il est<br />

important d’offrir une grande flexibilité du logement.<br />

A l’échelle de l’habitat, notre proposition, inspirée par la démarche de<br />

Cyrrus Meshcat fonctionnera avec des matéri<strong>au</strong>x durs et mous. Le dur étant<br />

défini comme un élément plus difficile à construire pour la population locale,<br />

tel que un mur sanitaire, <strong>au</strong>tour duquel les ménages construiront leur logement<br />

avec leur propre moyen. Les leçons tirées de l’analyse des bidonvilles<br />

prennent forme dans une structure adaptable et évolutive (cf. figure 46).<br />

figure 46. processus d’evolution du bati<br />

Ce schéma représente l’évolution d’un habitat post désastre, de la tente à l’habitat <strong>permanent</strong>.<br />

La durcification du bâti commence avec un mur <strong>au</strong>tour duquel vont successivement s’ajouter<br />

les différents éléments de la maison.<br />

157<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


158<br />

proctocole de la reconstruction<br />

Nous concluons notre travail par l’élaboration d’un table<strong>au</strong> (en annexe) qui<br />

définit les différentes situations territoriales ainsi que les interventions qui<br />

leur correspondent.<br />

Nous distinguons trois environnements construits: urbain, en périphérie<br />

immédiat de la ville et rural.<br />

Ces différentes situations nécessitent des réponses adaptées.<br />

milieu urbain<br />

Echelle de l’intervention<br />

La difficulté de la reconstruction dans un environnement urbain est le<br />

manque de place. Il est difficile de faire de grands trav<strong>au</strong>x dans ce contexte.<br />

Il est rare qu’une grande partie de la ville soit entièrement détruite, c’est<br />

pourquoi l’échelle d’intervention se situe en général <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du quartier<br />

ou de l’habitat.<br />

Participation<br />

Au nive<strong>au</strong> de l’habitat: l’intervention est prioritairement participative et<br />

d’une grande flexibilité afin de satisfaire <strong>au</strong> mieux les besoins des usagers.<br />

Au nive<strong>au</strong> du quartier : l’organisation est plus structurée. L’architecte <strong>au</strong><br />

travers d’une participation représentative, décide des éléments qui structurent<br />

le quartier et laisse un espace de liberté <strong>au</strong>x usagers quant <strong>au</strong> design<br />

de leur habitat.<br />

Infrastructure<br />

L’environnement urbain doit faciliter l’accès <strong>au</strong>x différentes infrastructures,<br />

route, e<strong>au</strong>, électricité, etc...<br />

Evolution et variabilité<br />

Nous avons observé à Haïti, que les premiers endroits colonisés par les<br />

sinistrés sont les espaces publics, il f<strong>au</strong>t donc les prendre en compte dans<br />

le cadre du projet de reconstruction. Les espaces occupés par les camps<br />

peuvent-ils redevenir des espaces publics? Dans le cas contraire, il est<br />

important de prévoir des espaces publics qui les remplacent.<br />

Nous distinguons deux cas en ce qui concerne la temporalité du projet. Le<br />

premier est celui du terrain appartenant <strong>au</strong>x sinistrés, dans lequel il sera<br />

possible d’obtenir une consolidation du logement temporaire.<br />

Le deuxième est celui du camp situé sur un espace privé ou public. Nous<br />

savons que ces camps ne pourront pas durer éternellement. Le camp<br />

devra donc être pensé en terme de croissance, mais <strong>au</strong>ssi en terme de<br />

décroissance. Dans le cas d’un espace public, comment se transforme-t-il<br />

en camp, puis redevient espace public?<br />

Le manque de place ne permettra que rarement une extension horizontale<br />

du projet, la variabilité du projet et son évolution dans le temps doivent se<br />

concevoir dans une dimension verticale.<br />

milieu en peripherie immediate de la ville<br />

Echelle d’intervention<br />

Les possibilités de développement dans les zones périurbaines sont<br />

plus grandes que dans le milieu urbain. Il est possible d’intervenir sur des<br />

échelles plus grandes, celle du quartier et du groupement de quartier.<br />

Ce sont en général dans ces zones que se trouvent les plus grands camps<br />

ainsi que les camps gérés par les organisations.<br />

Participation<br />

La participation est dominante <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’habitat. Comme dans le cas<br />

du milieu urbain, elle sera représentative à l’échelle du quartier et à l’ensemble<br />

de quartier.<br />

La population peut être hétéroclite. Il f<strong>au</strong>t respecter les besoins de chacunes<br />

des commun<strong>au</strong>tés et éviter les situations conflictuelles.<br />

Infrastructure<br />

L’accès <strong>au</strong>x infrastructures est peut-être plus difficile qu’<strong>au</strong> centre ville, mais<br />

159<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


160<br />

il est toujours possible de se raccorder <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> de la ville.<br />

Evolution et variabilité<br />

La possibilité d’évolution et de développement est différente par rapport<br />

<strong>au</strong>x projets urbains. La possibilité d’extension horizontale est plus grande.<br />

La proximité avec la ville permet <strong>au</strong>x habitants des camps de continuer à travailler<br />

et à conserver leurs rése<strong>au</strong>x soci<strong>au</strong>x. Il est donc possible de consolider<br />

le camp pour qu’il devienne partie intégrante de la ville.<br />

milieu rural<br />

Echelle d’intervention<br />

Les reconstructions dans le milieu rural sont très différentes de celles du<br />

milieu urbain. La place est plus grande ce qui permet, comme dans la solution<br />

périurbaine, un développement horizontal du projet.<br />

L’emplacement de la reconstruction doit être suffisamment accessible, afin<br />

d’éviter un isolement de la population et de permettre un développement<br />

durable.<br />

Participation<br />

<strong>De</strong> manière générale dans les projets en milieux rur<strong>au</strong>x, il est important de<br />

respecter les commun<strong>au</strong>tés locales et de les intégrer dans le processus<br />

du projet. Cela permet <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x arrivants de créer des liens avec la<br />

population locale et de créer ainsi une cohésion sociale.<br />

Infrastructure<br />

Les infrastructures ne sont en général pas présentes. Une des priorités<br />

sera de les incorporer dans le plan urbanistique.<br />

Evolution et variabilité<br />

Comme dans le milieu périurbain, le développement horizontal est possible.<br />

La particularité du projet dans un contexte rural est la possibilité de créer<br />

une économie locale. Dans le cas d’Haïti, la tendance est de maintenir la<br />

population dans les villages en périphérie de la capitale. En faisant cela, il<br />

serait possible de développer l’économie locale et de lutter contre l’exode<br />

rural.<br />

Nous tenons à préciser que ce travail n’<strong>au</strong>rait pas pu être réalisé sans les<br />

entretiens que nous avons eus avec les différentes ONG. Effectivement,<br />

l’expérience sur le terrain est indissociable à ce type de travail, l’apport<br />

théorique est utile, cependant nous avons remarqué que depuis 30 ans il<br />

n’y a pas eu d’évolution particulière dans le processus de reconstruction si<br />

ce n’est <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du processus de participation qui devient de plus en plus<br />

important. La situation après une catastrophe naturelle est très complexe,<br />

elle comprend énormément de variables, c’est pour cette raison que l’évolution<br />

du processus de reconstruction n’est pas évident.<br />

Les réponses invraisemblables que nous avons observées <strong>au</strong> court de nos<br />

recherches sont difficiles à comprendre étant donné que toutes les erreurs<br />

commises sont décrites dans une grande partie des ouvrages. Ceci est dû<br />

entre <strong>au</strong>tre à la formation de nouvelles ONG qui interviennent sans expérience.<br />

Nous nous sommes également rendu compte lors de notre entretien<br />

avec Jean Du Prés que la sécurité est un facteur très important <strong>au</strong> sein<br />

du camp.<br />

Malgré le fait que la situation après une catastrophe naturelle soit complexe,<br />

nous avons noté des solutions prometteuses qui nous permettent de<br />

rester confiants par rapport à l’évolution de la reconstruction et à l’approche<br />

participative.<br />

Face à toutes ces interrogations, nous allons proposer des solutions qui<br />

répondent <strong>au</strong> mieux à celles-ci dans la deuxième partie patrique de notre<br />

travail.<br />

161<br />

Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable


162<br />

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« HAITI Camp Coordination Camp, Management<br />

Cluster ,DTM v2.0 Displacement<br />

Tracking Matrix v2.0 Update,<br />

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Report_May%2711/DTM_V2_Report_<br />

May_2011_English_FINAL.doc.<br />

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Management Cluster ,DTM v2.0<br />

Displacement Tracking Matrix v2.0<br />

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« HAITI Camp Coordination Camp, Management<br />

Cluster ,DTM v2.0 Displacement<br />

Tracking Matrix v2.0 Update,<br />

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DTM%20Report_Nov%2711/DTM_<br />

V2_Report_November2011_English_<br />

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« HAITI Camp Coordination Camp,<br />

Management Cluster ,DTM v2.0<br />

Displacement Tracking Matrix v2.0<br />

Update, May, 2011 », mai 2011. http://<br />

iomhaitidataportal.info/dtm/downloads.<br />

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Report_May%2711/DTM_V2_Report_<br />

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Entretiens<br />

Juillet 2011, Hossein Sarem Kalali, Shelter<br />

and Built Environment Advisor, <strong>au</strong><br />

PNUD<br />

Juillet 2011, L’équipe de Shelter Center et<br />

Rob Fielding, Programme Manager<br />

Août 2011, Angela Godinho, Crise du logement<br />

?» ,Réponse des mouvements<br />

soci<strong>au</strong>x Brésilien <strong>EPFL</strong><br />

Septembre 2011, Julien Grisel, Architecte,<br />

a écrit une thèse: Le processus de projet<br />

dans La reconstruction urbaine suite<br />

à une catastrophe.<br />

Novembre 2011, Marie Schärlig, Directrice<br />

ad interim, Centre de Compétences<br />

Reconstruction- CCR, à la DDC<br />

Novembre 2011Cyrus Mechkat, Architecte,<br />

pour son expérience dans les projets<br />

participatifs<br />

<strong>De</strong>cembre 2011 ,Marion Bordier, Information<br />

Management Consultant, chez<br />

OIMPeter Van <strong>De</strong>r Auweraert, Head,<br />

Land, Property and Reparations Division<br />

<strong>De</strong>partment of Operations and<br />

Emergencies, chez OIM<br />

<strong>De</strong>cembre 2011, Ivan Vuarambon, Architecte,<br />

Team Leader, Haïti chez SDC<br />

Janvier 2012, Jean Du Prés (nom fictif,<br />

l’interlocuteur préfère garder son anonymat),<br />

résident de Port <strong>au</strong> Prince<br />

Page 5, table<strong>au</strong> 1 : Les types de catastrophes<br />

naturelles<br />

Photographies (de g<strong>au</strong>che à droite) :<br />

AFP,http://gdb.rferl.<br />

org/91183241-3F91-4ADE-9945-<br />

BCE98E325BA1_s.jpg<br />

http://globalvoicesonline.org/wpcontent/uploads/2010/08/001zhouqu.jpg<br />

http://www.webquest.hawaii.edu/<br />

kahihi/sciencedictionary/images/volcano.jpghttp://flatrock.org.nz/static/frontpage/assets/environment/tornado_<br />

miami.jpg<br />

http://1.bp.blogspot.com/-<br />

W36fJHeOkII/TwAzMI0B6KI/<br />

AAAAAAAACkM/6FSjB7DX5n0/<br />

s1600/flood+7.jpg<br />

http://s1.lemde.fr/image/2011/01/<br />

17/540x270/1466433_3_df64_<strong>au</strong>bresil-la-ville-de-nova-friburgo-detruite.jpg<br />

Pages 6-9, figure 2. Nombre de desastres<br />

naturels,<br />

figures 3. Population affectee par les<br />

catastrophes,<br />

Carte du monde: http://www.worldgeographics.com/cfg/public/_lib/<br />

img/maps/world/worldmap.png<br />

Index de vulnerabilité <strong>au</strong>x désastres<br />

naturels: Bündnis Entwicklung<br />

Hilft (worldriskreport.<br />

com), http://www.dw-world.de/<br />

image/0,,15161215_1,00.jpg<br />

Données sur le nombre de catastrophes:<br />

http://www.emdat.be<br />

Page 10, Photographie : http://www.<br />

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and_future/Cohesion_Policy_in_<br />

the_past_2000_2006_Making_<br />

enlargement_a_succes/URBAN_II<br />

iconographie<br />

Page 13,<br />

Données : http://www.emdat.be<br />

Carte de Suisse :http://www.dididou.fr/coloriage/cartes/suisse-region.gif<br />

Page 17, figure5. Pressure ans release<br />

model :<br />

Graphique fait à partir des données<br />

de Blaikie, Piers M., etc, Terry<br />

Cannon, Ian Davis, et Ben Wisner.<br />

At Risk: Natural Hazards, People’s<br />

Vulnerability, and Disasters. Routledge,<br />

1994.<br />

Page 25, en h<strong>au</strong>t :Tentes du Camp de<br />

Grand Goave, Haïti, Photographie<br />

de Marion Bordier, OIM, 2010,<br />

<strong>au</strong> milieu : http://www.humanitarianinfo.org/srilanka/images/shelter/Jaffna%20-%20Temporary%20shelter%202006%20stage%20III.jpg,<br />

en bas : Joseph Ashmore, Indonesia,<br />

Aceh, 2004, UN Habitat, et IFRC.<br />

Shelter Projects 2009. UN Habitat,<br />

2009. http://sheltercentre.org/sites/<br />

def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />

Pages 26-27, figure 6. Table<strong>au</strong> des différentes<br />

solutions de relogement<br />

après désastre :<br />

Graphique fait à Partir des données<br />

et Photographies de UN Habitat, et<br />

IFRC. Shelter Projects 2009. UN<br />

Habitat, 2009. http://sheltercentre.<br />

org/sites/def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />

Photographies tirée de Google<br />

Earth.<br />

Page 29, figure 7. Modèle de l’activité de<br />

rétablissement post-catastrophe.<br />

Vale, Lawrence J. et Campanella,<br />

Thomas J.(dir.), The Resilient City.<br />

How Modern Cities recover from<br />

Disasters, Oxford University Press,<br />

2005: Fig. 7.<br />

167<br />

Pages 30-31, figure 8. Durée du processus<br />

de reconstruction et taille des logements.<br />

Graphique fait à partir des donnée<br />

de UN Habitat, et IFRC. Shelter<br />

Projects 2009. UN Habitat, 2009.<br />

http://sheltercentre.org/sites/<br />

def<strong>au</strong>lt/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf.<br />

Pages 36-37, Photographie différents types<br />

de logements (de g<strong>au</strong>che à droite):<br />

Isaac Boyd, Darfur, 2004; Agostino<br />

Pacciani(IFRC/CRI), Italie,2009; Xavier<br />

Génot, IFRC,Bengladesh, 2009<br />

; Dave Hodgkin, Bengladesh, 2009;<br />

Melisa Tan, China (Sichuan),2009;<br />

Low tech balloon<br />

system,TechnoCraft,1999; Sh<strong>au</strong>n<br />

Scales, Afganistan,2009; Xavier<br />

Génot, IFRC, Bengladesh,2009;<br />

IFRC, Ugenda, 2007; Paper Log<br />

houses Shigeru Ban, Japan, 1995;<br />

Dave Hodgkin, Bengladesh 2007;<br />

Dave Hodgkin, Bengladesh 2007;<br />

Joseph Ashmore, Somalia, Somaliland,<br />

2009; Jake Zarins, Kenya, Dadaab,<br />

2009; Dave Hodgkin, Jogyakarta,<br />

2006; Varatharajah Ramesh et<br />

Glenn Costes, Sri Lanka, 2007<br />

Dave Hodgkin, Bengladesh, 2007;<br />

Mia.y Ferrara/Ferrara <strong>De</strong>sign, ;<br />

Joseph Ashmore, Somalia, 2008;<br />

oseph Ashmore, Somalia, 2008; Milton<br />

Funes , Honduras, 1998;<br />

Joseph Ashmore, Indonesia, Aceh,<br />

2004; Safe (R) House,Ellen Chen,<br />

Sri Lanka, 2005; Xavier Génot,<br />

IFRC, Bangladesh, 2007; Varatharajah<br />

Ramesh et Glenn Costes, Sri<br />

Lanka, 2007; Jake Zarins, Sri Lanka,<br />

2007;<br />

Joseph Ashmore, Somalia, Somaliland,<br />

2009;Chris Cattaway, India,<br />

Gujarat 2001; Ombretta Tempra,


168<br />

Somalia, 2007; Core housing, Relief<br />

International,1995-2001 ; Xavier<br />

Génot, IFRC,Bengladesh, 2009<br />

Page 38, Photographies de Dave Hodgkin,<br />

Bengladesh 2007<br />

Page 41, 55, figure 9,10. Exemples d’extensions,<br />

<strong>De</strong>prez, Simon, et Eléonore LABAT-<br />

TUT. Après le tsunami, reconstruire<br />

l’habitat en Aceh. Karthala, 2010.<br />

Page 50, Photographie, Quinta Monroy,<br />

Elemental Chile,2004, http://www.<br />

elementalchile.cl/viviendas/quintamonroy/quinta-monroy/<br />

Page 58, figure 12. Evolution d’habitat dans<br />

la favela da mare, rio de janeiro.<br />

<strong>De</strong>ssin tiré de New Towns for the<br />

21st Century the Planned Vs. the<br />

Unplanned City. Amsterdam: SUN<br />

architecture, 2010.<br />

Page 66, Activités des les camps de Grand<br />

Goave et Leogane,<br />

Page 75, Activités des les camps de Grand<br />

Goave et Parc heritier,<br />

Page 110, Camp Corail, Haïti,<br />

Page 128, Terrain ToTo,<br />

Page 131, Tentes vides <strong>au</strong>x camps de Parc<br />

Héritier et Grand , Haïti,<br />

Page 139, Tentes vides <strong>au</strong> camp de Grand<br />

Goave , Haïti,<br />

Page 142, Camp de Leogane, Haïti,<br />

Photographies de Marion Bordier,<br />

OIM, 2010<br />

Page 69, figure 13. Couverture des<br />

agences de gestion de camp (CMA).<br />

« HAITI Camp Coordination Camp,<br />

Management Cluster ,DTM v2.0<br />

Displacement Tracking Matrix<br />

v2.0 Update, May, 2011 », mai<br />

2011. http://iomhaitidataportal.<br />

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downloads\4.DTM%20Report_<br />

May%2711/DTM V2_Report_<br />

May_2011_English_FINAL.doc.<br />

Pages 70-71, figure 14. Camp de 20’000<br />

personnes établit selon les normes<br />

des ONG.<br />

<strong>De</strong>ssin fait à partir des données de<br />

Le Projet Sphère. « Le projet sphère,<br />

La Charte humanitaire et les standards<br />

minimumss de l’intervention<br />

humanitaire », 2011. www.sphereproject.org.<br />

Page 72, Figure 15. Trois plans commun<strong>au</strong>taire<br />

pour des abris transitoire<br />

Page 73, Figure 16. Subdivision d’un camp<br />

en secteur, block et commun<strong>au</strong>té.<br />

Shelterproject,1997, in Architecture,<br />

for Humanity. <strong>De</strong>sign Like You Give<br />

a Damn Architectural Responses to<br />

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Thames & Hudson, 2008.<br />

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terre de Gibellina, Sicile<br />

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de Grisel, Julien. Le Processus<br />

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0e398220def8833011570b5899<br />

7970b-pi<br />

Page 90, Photographie de jan kudlicka,<br />

http://www.archdaily.com/146314/<br />

regeneration-of-the-favela-de-rocinha-slum-jan-kudlicka/picture-2-5/<br />

Page 97, Carte, OCHA, http://www.docstoc.com/docs/43987677/Haiti---Population-<strong>De</strong>nsity-and-Earthquake-<br />

Epicentre<br />

Page 98, Figure 18. <strong>au</strong>gmentation de la<br />

population de Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

Graphique: source Republic of Haïti<br />

(2003), Républic of Haïti (2007), The<br />

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of metropolitan Port-<strong>au</strong>-Prince,<br />

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Programme (UN-HABITAT), 2010.<br />

Pages 102-103, figure 19. Typologie des<br />

quartiers de Port-<strong>au</strong> Prince<br />

<strong>De</strong>ssins fait à partir des données<br />

de Google Earth, Images:<br />

Pictometry Corporation, http://<br />

www.conservationtech.com/<br />

PROJECTS/2010HAITI/Haiti-Gingerbread.htm<br />

Page 107, Carte des dommages de Port-<strong>au</strong><br />

Prince.<br />

Carte faite à partir des données GIS<br />

de la base de donnée ESRI (http://<br />

www.esri.com),<br />

Haiti Basemap Data from the United<br />

Nation, MINUSTAH and United Nations<br />

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RMS/2010/01_rms_haiti_2010/<br />

mid/SERTIT_CHARTE287-290_<br />

SAFER_ERCS024_P03B_Haiti_<br />

PortAuPrince_Damage_30k_en_<br />

midres.jpg<br />

Pages 104-105, figure 20. <strong>De</strong>nsité de<br />

population et bidonville de Port-<strong>au</strong>-<br />

Prince.<br />

Pages 108-109, figure 21. Carte des dégats<br />

et emplacement des camps a<br />

Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />

Pages 114-115, figure 26. Carte des<br />

camps dans Port-<strong>au</strong>-Prince.<br />

Carte faite à partir des données :<br />

GIS de la base de donnée ESRI<br />

(http://www.esri.com), Haiti Basemap<br />

Data from the United Nation,<br />

MINUSTAH and United Nations Cartographic<br />

Section United Nations<br />

Institute for Training and Research<br />

(UNITAR), Haiti- Port-<strong>au</strong>-Prince,<br />

Leogane, Carrefour- Ground survey<br />

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with WFP<br />

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Operational Satellite Applications<br />

Programme (UNOSAT) and<br />

European Commission (EC) Joint<br />

Research Centre (JRC) and The<br />

World Bank<br />

Hospital Locations, Dipsplaced<br />

Persons Sites, UNOSAT(01-2010),<br />

MINUSHAT-UN/OSOCC, U.S.<br />

Health and human Services/CDC,<br />

U.S. Agency for International <strong>De</strong>velopment-Health<br />

Office<br />

Page 110, figure 22. Lieu de deplacement<br />

signales par les déplacés enregistrés.<br />

Graphiques fait à partir des données<br />

d’OIM, « HAITI Camp Coordination<br />

Camp, Management Cluster ,DTM<br />

v2.0 Displacement Tracking Matrix<br />

v2.0 Update, March , 2011 », mars<br />

2011. http://iomhaitidataportal.<br />

info/dtm/downloads.aspx?file=~/<br />

downloads\3.DTM%20Report_<br />

Mar%2711/DTM_V2_Report_<br />

March_2011_English_FINAL.pdf.<br />

Page 111, figure 23. Comparaison du<br />

nombre de ménages déplacés par<br />

communes en juillet 2010, mai 2010<br />

et juillet 2010<br />

Carte faite à partir des données:<br />

carte: GIS de la base de donnée ESRI<br />

(http://www.esri.com),<br />

Haiti Basemap Data from the United<br />

Nation, MINUSTAH and United Nations<br />

Cartographic Section<br />

United Nations Institute for Training<br />

and Research (UNITAR)<br />

Graphique:« HAITI Camp Coordination<br />

Camp, Management Cluster<br />

,DTM v2.0 Displacement Tracking<br />

Matrix v2.0 Update, May, 2011 »,<br />

mai 2011. http://iomhaitidataportal.<br />

info/dtm/downloads.aspx?file=~/<br />

downloads\4.DTM%20Report_<br />

May%2711/DTM_V2_Report_<br />

May_2011_English_FINAL.doc.<br />

Page 112, figure 24. Etablissement et évolution<br />

de la taille des camps.<br />

Page 113, figure 25. Dimension des camps<br />

par famille.<br />

Graphiques fait à partir des données<br />

d’OIM,« HAITI Camp Coordination<br />

Camp, Management Cluster ,DTM<br />

v2.0 Displacement Tracking Matrix<br />

v2.0 Update, November, 2011 »,<br />

novembre 2011. http://iomhaitidataportal.info/dtm/downloads.<br />

aspx?file=~/downloads\7.DTM%20<br />

Report_Nov%2711/DTM_V2_Report_November2011_English_Final.<br />

pdf.<br />

Page 116, figure 27. Exemple de camp<br />

spontanes dans Port-<strong>au</strong>-Prince<br />

(Ecole Nationale Dumerlin)<br />

Page 117, figure 28. Exemple de camp<br />

organisé (Tabarre ISA)<br />

Page 121, figure 30. Exemple de camps<br />

spontanés <strong>au</strong>tour de camp corail.<br />

Pages 122-123, figure 31. Evolution d un<br />

camp (Terrain Toto).<br />

Pages 124-125, figure 32. Formation d’un<br />

camp.<br />

Pages 126-127, figure 33. Structure d’un<br />

camp ( terrain toto)<br />

<strong>De</strong>ssin fait à partir des<br />

Photographie de Google Earth<br />

(http://www.google.fr/intl/fr/earth/<br />

index.html)<br />

169<br />

Pages 118-119, figure 29. Typologie des<br />

camps par taille.<br />

Photographie de Google Earth<br />

(http://www.google.fr/intl/fr/earth/<br />

index.html)<br />

Géométrie d’OIM,DTM Camps<br />

(KMZ File), Last Update : September<br />

19, 2011, http://www.<br />

eshelter-cccmhaiti.info/kmz/DTM_<br />

V2_0_30092011.kmz<br />

Pages 133,134-135,136,137,138,<br />

figure 34. Types d’abris occupes par<br />

statut de propriété, 2011<br />

figure 35. Statut mtptc, statut de<br />

propriete et intentions,<br />

figure 36. Comparaison du statut<br />

foncier des sites d’hebergement de<br />

novembre 2011 à septembre 2011,<br />

figure 37. Présence d’abris de transition<br />

sur le site,<br />

figure 38. Nombre de camps sous<br />

menace d’explusion vs nombre total<br />

de camps existants, janvier-mai, 201<br />

figure 39. Nombre et pourcentage<br />

de tentes vide par communes.<br />

Graphiques fait à partir des données<br />

d’OIM, « HAITI Camp Coordination<br />

Camp, Management Cluster ,DTM<br />

v2.0 Displacement Tracking Matrix<br />

v2.0 Update, July, 2011 », juillet<br />

2011. http://iomhaitidataportal.<br />

info/dtm/downloads.aspx?file=~/<br />

downloads\4.DTM%20Report_<br />

May%2711/DTM_V2_Report_<br />

May_2011_English_FINAL.doc.

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