Annonces classées - L'Hôtellerie Restauration
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22<br />
Les artisans de l’excellence<br />
Saint-Antoine (25) Responsable pour les fromageries Marcel Petite du site d’affinage du fort<br />
Lucotte, Claude Querry et son équipe travaillent le comté comme nul autre. Ce caséologue<br />
défend une idée très exigeante de son métier.<br />
Claude Querry,<br />
un affineur qui se dépense sans compter<br />
Il prend son temps pour prendre du<br />
goût”. Voilà comment le maître affineur<br />
Claude Querry parle du comté, à qui<br />
il va faire vivre une véritable transformation<br />
des mois durant. Tout se passe<br />
dans la fraîcheur et la pénombre de la<br />
cave du fort de Saint-Antoine (25). Une<br />
forteresse souterraine, construite par<br />
l’armée en 1882, à 1 100 m d’altitude. Ici,<br />
100 000 meules de comté sont affinées<br />
lentement et à basse température par<br />
les fromageries Marcel Petite. Chaque<br />
année, l’entreprise vieille de soixantedix<br />
ans commercialise 7 000 tonnes de<br />
fromage, soit 15 % de la production de<br />
comté AOC en France. Claude Querry,<br />
fils de paysan et responsable du site depuis<br />
vingt-cinq ans, intervient au terme<br />
d’un processus long et délicat. “Nous<br />
n’oublions jamais la valeur d’une meule<br />
de comté : 400 litres de lait payés au producteur<br />
et un fromager qui a travaillé<br />
des semaines pour pré-affiner les pâtes.<br />
La filière comté, c’est un ménage à trois.”<br />
“ÊTRE AFFINEUR, C’EST D’ABORD<br />
ÊTRE TANNEUR”<br />
Le comté, fromage à pâte pressée de la<br />
même famille que le gruyère ou le beaufort,<br />
demande en effet une fabrication<br />
très minutieuse. Première étape : la collecte<br />
des meules, auprès des 35 fruitières<br />
fournissant la fromagerie Marcel Petite.<br />
Chacune d’entre elles, pesant 40 kg, a<br />
été réalisée avec du lait de vache de race<br />
Montbéliard. “Notre cahier des charges est<br />
très strict : du lait exclusivement cru, des<br />
vaches nourries au foin ou au pâturage,<br />
sans aucun complément alimentaire autre<br />
que des céréales, du lait travaillé dans des<br />
cuves en cuivre - et non en inox - , aucun<br />
adjuvant dans la fabrication, etc. C’est le<br />
gage de qualité de nos produits.” “Être affineur,<br />
c’est d’abord être tanneur”, poursuit<br />
le caséologue pour expliquer la seconde<br />
<br />
étape d’affinage du comté. En clair, il s’agit<br />
là de créer une croûte naturelle. Pour<br />
cela, les meules sont retournées chaque<br />
semaine et brossées avec de l’eau salée. Ce<br />
sel pénètre peu à peu à cœur. On dit que<br />
les fromages sont ‘carottés’. Six mois plus<br />
tard, chaque meule est auscultée pour<br />
vérifier l’évolution de sa pâte, de sa structure,<br />
de son arôme. Ce contrôle, qui décide<br />
de l’avenir du comté, est réalisé avec une<br />
sonde. “On sonne la surface du fromage et,<br />
par résonance, les cavistes devinent l’élasticité<br />
et la consistance du fromage. C’est un<br />
peu comme un scanner qui donnerait une<br />
lecture de l’intérieur de la meule.”<br />
DOUZE À QUATORZE MOIS<br />
POUR VIEILLIR UN FROMAGE<br />
Le chef de cave trace alors un signe cabalistique<br />
sur la croûte, code tenu secret et<br />
déterminant le futur du fromage. Cueillir<br />
chaque meule à son optimum, c’est-à-dire<br />
à sa meilleure maturité, tel est l’objectif des<br />
affineurs d’excellence. “Les gens jugent généralement<br />
les fromages comme leurs voisins<br />
: par leur apparence. Ils recherchent<br />
“J’écoute ce<br />
que le Comté<br />
me raconte”,<br />
<br />
Claude Querry.<br />
le côté lisse, esthétique et moelleux de la<br />
croûte. En fabrication industrielle, c’est<br />
jouable, mais en fabrication artisanale,<br />
c’est justement le caractère de la croûte qui<br />
est intéressant. Celle-ci est constituée d’une<br />
série d’arômes et d’un équilibre qui est bien<br />
plus difficile à obtenir au bout de quatorze<br />
mois d’affinage et sans exhausteur de goût.”<br />
Ainsi, lorsqu’on porte un comté à maturité<br />
en bouche, il doit y avoir équilibre entre<br />
le sucré, le salé, l’acide et l’amer. “Si le fromage<br />
a encore du potentiel, on le garde en<br />
replaçant le bouchon de croûte découpé et<br />
en ‘cicatrisant’ la plaie avec un peu de pâte<br />
écrasée en surface.” Autrement, la meule<br />
part en commercialisation, auprès de l’un<br />
des mille clients de la fromagerie Petite.<br />
Des clients répartis dans douze pays du<br />
monde. Et qui, chacun, découvriront un<br />
fromage au goût fort et différent. <br />
MYLÈNE SACKSICK<br />
Fromagerie Marcel Petite<br />
<br />
<br />
contact@comte-petite.com