27 janvier 1910 - Bibliothèque de Toulouse

Itudi Î7 Jairrier Î913
LE BUDCET DES BEAUX-ARTS
La OfraimihTe aborde la discussion, du budget
des beaux-arts.
M. Georges Berry. — Je proteste contre
1 augmentation du prix des places à l'Opéra.
M. Dujardin-Beaumetz. — La question est
intéressante et je suis tout disposé à l'étudier.
(Très bien ! Très hien !)
M. Marin. — C'est bien le moment, ma toi,
do parler de l'Opéra. (AppUaudissements.)
M. l'abbé Lemire. — Je suis voisin du Pan-
théon.
M. Compère-Morei. — Vous irez un jour.
(Ri nos.)
M. l'abbé Lemire. — Et à oe titre je viens le
déteindre (Nouveaux rires.), parce qu'il est au-
jourd'hui menacé d'humiliation par l'exploita-
tion capitaliste. (Exclamations applaudisse-
memts a l'oxitrème-gauche.)
Si M. le sous-secrétaire d'Etat n'a pas le
pouvoir de détendre l'ambiance de dos momi-'
ments, qu'il s'adresse* aux ministres comipé-'
tents ot ipriil obtienne d'eux qn'om oe mette
pas le Panthéon dans une cuve. (Très bien 1
Très bien I)
fin oe qui touche les églises, je demande au
sous-secrétaire d'Etat de ne pas se montrer
exclusif et de ne pas partager les préjugés
des arriiitectes sur certaines églises locales.
Tout moniiiment qui répond aux sentiments
et aux trti litions populaires doit èitre pieuse-
ment wMMvrvé. (Applaudissements.)
M. Sembat. — Vous parlez en ecclésiastique.
(Exclamations. )
M. l'abbé Lemire. — Non, je parle en Fran-
çais. (Applaudissements.)
Je demande au sous-secrétaire d'Etat de veil-
ler a la conservation des tradtions de bon
pont et de mesure de l'art français dans l'in-
térêt du peuple surtout
M. Dujardin-Beaumetz. — Mon administra-
tJOin vieille avec un soin jaloux SUT lies vesti-
ges du passé, et sur tout oe qui doit élever ja
démocKitie vers l'art et la beauté. »
Ixs ruapitre 1 à 16 sont adoptés.
M. Buyat. — Je présente, siur le chapitre 18,
uri projet de résohriiioin invitant le gouverne-
ment à ne pas tolérer l'augmentation dm prix
oes places dans les théâtres IIHIIIII HIHIUII du
foi» dtu droit des pauvres. •
M Constant (Gironde) appuie cet amende-
lïîjfifn t, *
Le ministre. — On a fait un grief aux direc-
teurs des théâtre subventionnés d'avoir wreu,
en sus du prix de la place, le droit des pau-
vres.
La mesure est légal- (Protestations.)
la loi du 7 frimaire an v, sur laquelle s'ap-
pupeint les directeurs, dispose qu'il sera perçu,
dans tous les théâtres, un dixième en sus du
biTirtt.
le deimtamde à la Cnairtbre do repousser
l'auruemiftemient. (Très bien 1 très bien ')
Le président. — J'ai reçu de MM. Klootz et
Sembat un nouveau projet de résolution invi-
tant le rniinisitre à ne pas permettre 'fajouter
le droit des pauvres aux faces inférieures à
5 francs
Le ministre. — Je m'inspirerai de l'esprit du
proije* do MM. Klootz et Sembat. qw i'accepte.»
Lo projet de résolution «st adopté S mams
levées, amsi que lo chapitre 29, et la suite de
3a discussion est renvoyée a domain mtatin
9 heures.
La séance est levée a 6 h. 20.
mandé l'application dm. code de Justice mili-
taire, article 229. , , '.
Saisi de l'incident, le ministre de la çuerro
B donné l'ordre au conseil de guerre ou lu
corps d'informer.
M» Henri Robert défendra le colonel.
NOTRE IVIA.FIIIME
Explosion dans un établissement de
pyrotechnie
Lorient, 26 janvier.
Une explosion s'est produite aujourd'hui
dans un établissement de pyrotechnie mariti-
me de l'île Saint-Michel.
Une capsule de cartouche de dynamite a
éclaté, blessant au visage l'officier d'adminis-
tration Braucourt ; celui-ci a été transporté a
l'hôpital maritime.
Paris, 26 janvier.
La séance est ouverte à 2 h. 45, sous la pré-
sidence de, M. Dubost.
LES RETRAITES OUVRIERES
Le Sénat reprend à l'article 17, rôle des so-
ciétés ou unions de sociétés de secours mu-
tuels, la discussion de la proposition de loi
relative aux retraites ouvrières.
M. Viviani vient défendre une contre-pro-
position die M. Monis qui diffère légèrement
du texte de la commission et aooepté d'aifllerurs
par oeiine-ci.
M. Viviani. — Llarticle qui vous est soumis
admet les sociétés ou unions dé sociétés de
secours mutuels libres ou approuvées à assu-
rer directement à leurs sociétaires le bénéfice
des retraites prévues par la loi.
Je prie le Sénat d'accepter le texte de M.
Munis qui est plus explicite. »
Ge texte est adopte et devient l'article pre-
mier.
L'électricité disparait
Gomme l'orateur descend de la tribune, le
lustre qui éclaire la salle des séances s'éteint.
Piiuisdeurs sénateurs demandent une suspen-
sion do séance.
Au milieu du brouhaha qui se produit, on
entend une voix qui dit : « Après avoir éteint
les étoiles, M. Viviani éteint 1 "électricité. »
M. Lourties, qui est monté à la tribune, dé-
veloppe cependant une disposition addition-
nellilie qui a pour objet de rendre plus aisée
l'irUiorventiion de la mutualité, mais on ne
l'nrcbenrt pas.
Lo gaz remplace l'électricité nt, coronie on
persiste à demander une siusroansion uta séan-
ce, le président déclare : » Nous y voyons
assez pour entendre notre collègue. »
M. Viviani combat l'amendement.
M. Lourties. — U y a on France 8.000 socié-
tés de sac-ours mmiueils ; c'est une force «nor-
me, vouléz-vôrùs- les détruire, voulez-vous
vous on servir ? Tout est Sa,
M. Cochery. — Le système dé M. Lourties
aurait pour conséquence de Caire aruiuAar par
les sociétés do secours mutuels les avantages
financiers quo leur assurent les lois sur la
mutualité et tes avantages nouveaux que la
toi sur les retraites nrévoit ot organisa
L'aggravation des charges qui en résulte-
raient pour le Trésor seraient immenses. En
réalité, l'Etat paierait des deux mains.
M. Audiffred. — Si l'amendement da M.
Lourties est rejeté, le Sénat aura prononcé
l'arrêt de mort de la mutualité.
11 serait sage, cependant, de se servir d'ins-
truments sûrs et éprouvés au moment où
nous entreprenons l'opération la plus difficile
et te. plus hasardeuse que la démocratie ait
encore tentée.» (Vifs applaudissements sur di-
vers bancs).
L'amendement Lourties, mis aux voix, est
repousse par 169 voix contre 101 ; l'ensemble
de l'article 17 est, adopté.
Le Sénat aborde l'article 18 stipulant qu'in-
dépendamment de la location de 1 franc pré
vue à l'article 13. les sociétés de secours mu-
tuels doivent, recevoir de l'Etat une allocation
annuelSe de 1 fr. 50, qui sera affectée à un.
dégrèvement de pare Ole somme sur la cotisa-
tion maladie de l'assujetti
Toutefois, cette allocation n'est pas attri-
buée si la cotisation versée par rassurante
contre la maladie est inférieure à 12 francs,
6 francs si l'assuré à moins do 18 ans.
La première partie est adoptée ; pour la
deuxième partie, M. Boudenoot propose la li-
mite de 16 francs et 3 francs.
Cette partie, ainsi modifiée, est adoptée.
M. Lintilhac développe une proposition ad-
ditionnelle qui, en dehors des rembourse -
ments des frais, accorde une allocation de un
franc à titre d'eneouragearient aux sociétés et
unions de sociétés de secours mutuels.
Gette proposition, oombattuo par M. Coche-
ry, est mise aux voix ; elle est Tepoussée,
après pointage, par 142 voix contre 134.
L'ensemble de l'article 18 est adopté.
L* prochaine séance est fixée à demain qua-
tre heures pour la nomination de la conimis-
Hton d'instruction de la Haute-Gour.
Le Sénat se réunira à 2 heures et demie
dans ses bureaux pour procéder à la nomina-
tion dés grandes commissions.
La séance est levée à 6 h. 10.
M. CLEMENCEUI ET LES UVDIC4UX
Paris. 26 janvier.
M. Clemenceau a renouvelé par lettre à M.
Vallé sa démission de membre du parti ra-
dical.
Voici le texte de la lettre adressée par M. Cle-
menceau à M. Vallé :
« Mon cher Président,
» En vous retournant votre dossier de 1 élec-
tion municipale de Toulon et en vous remer-
ciant do la communication que vous avez
bien voulu me faire, ]e ne puib, a mon grand
regret, que vous confirmer ma décision, plei-
nement justifiée tant par les pièces mêmes
du dossier que par l'enquête faite dans le var.
» Sans vouloir soulever ici aucune discus-
sion, le me borne à constater que la munici-
palité toulonnaise, contre laquelle vous avez
pris parti, a mis à sa tète exclusivement des
républicains éprouvés et des radicaux-socialis-
tes adhérents au parti, dont le premier acte
a été d'envoyer leur adhésion à la politique
du gouvernement.
» Croyez-moi tout à vous.
» G. CLEMENCEAU. •
M. Vallé a communiqué cette lettre aux
membres du comité exécutif.
Nous crovons savoir que le bureau a décide,
à l'unanimité, de proposer au comité, lors de
la prochaine réunion, d'accepter la démission
de M. Clemenceau.
Les Iiitiïei France
Un viliage ravagé. — Familles disparues
Epernay, 2b janvier.
Dans le -sud die rarrond'isisemieiit lia situa-
tion, est très grave.
A Couillans, quatorze maisons se sont
écroulées. Le •service de la poste ee fait en
barqiuo.
Le sous-préfet a été mandé à Saint-Just, où
la situation des liafaiants esl criruque. Le canal
de l'Aube s'est rompu, inondant tout le vïlâa-
ge. On est sans nouvelles de plusieurs famil-
les habitant des formes submergées.
A Marcilly, vingt-cinq maisons viennent d'ê-
tre évacuées
Toutes les populations sont sur pied.
L'émoi est œnsidérable.
Dans la Côte-d'Or. — Un barrage démoli
a coups de canon
Dijon, 26 janvier.
La crue persistante de ia Tille cause des
dégâts qui s'aigigravent d'heure en Heure.
A Lux, le maire a informe ia préfecture que
le barrage de la rivière retenant une énorme
masse d'eau causait un dangtj- pour la partie
haute du village ; U demandait un canon avec
quelques obus pour le faire sauter.
On reconnut que cette demande était justi-
fiée et qu'il y avait urgence.
Une pièce fut donc mise en batterie par les
artilleurs du 1er régiment , après trois coups
de canon de 75 te barrage était enlevé.
Le prem ier coup ne fit qu'un large trou rond
ne permettant pas à l'eau de »'écouler assez
rapidement ; le second enleva une planche et
enfin lo troisième, tiré en plein centre, l'em-
porta tout entier.
Le niveau baissa rapidement et les soldats
prodiguèrent encore leurs secours.
Des cavaliers la 26 e dragons étaient prin-
cipaûientent occupés au ravitaillenieiTt des per-
sonnes dont les habitations étaient cernées
par l'eau ; ils firent également le service de
distribution des correspondances dans les
maisons où on ne pouvait approcher enrà
cheval.
Crue de la Loire
NOUVELLES MILITAIRES
MUTATIONS
Parts, 26 janvier.
Infanterie. — Passent : MM. Roca, colonefl,
du 63 e au 15° ; Domart, chef de bataiEon du
159° au 81 e : Bordeaux, chef de bataillon du.
81e au 159 e ; Thevenet. chef de bataillon du
9 e au 24° ; Milhavwt, capitaine du 9" au 47 e ;
Meritto, capitaine du 88 e au 131° : de Lamy,
lieutenant du 90 e au 122°.
Génie. — M. Villloolore, olief do bataillon à
Nice, est nommé chef du génie à Perpignan.
Cavalerie. — M. des Monsttères-Ménnvirle,
lieutenant-colonel du 16» dragons, passe au
13" chasseurs.
Artillerie. — Passent : les chefs d'escadron
Pierre, du 3« régiment (major) au 14» : les
INCIDENTS"MÏLITAIRES
Un colonel en conseil aB guerre
Le colonel Route*, en deomier iten S mm «',n
Uant supérieur des troupes d» la Martmuim .B
eut des difficultés avec un médeom-major au
sujet d'un soldat en danger de mort dont u
prenait la défense.
Or, le rencontrant dans une réunion, te ma-
jor refusa de serrer la main au colonel, qui
le souffleta.
Le médecin a refusé de se battre et a de-
Nantes, 26 janvier.
La Loire monte rapidement. Les quartiers
les plus bas commencent à être inondés autour
de Nantes. .
Dans la vallée, ce ne sont que d'immenses '
nappes d'eau. *
Scènes tragiques sur le Doubs
1
Chalon-sur-Saône, 26 janvier. i
Des scènes émouvantes se sont produites
sur ie Doubs ; une famille de mariniers com- i
posée du père, èe lia mère et de six enfants, a
été emportée sur un radeau au milieu des ,
flots.
1
Le père, voyant que ses enfants et sa fam- ,
ras Allaient être engloutis, fut sur le point de
les tuer à wups do revolver pour né pas les ,
voir se noyer sous ses ysux.
Au même tiu.bant, le radeau fut jeté sur la
rive et la famille a été sauvée ea entier.
A Pouïlans, des bateliers ont sauvé (.rois en- |
fants dans une maison inondée au imneu du
Doubs.
Aux dernières nouvelles, la situation sem-
ble .moins alarmante à Navifiy, Lays, Louge-
piorro. Verdun, Vorjux, où le Doubs et La
Saône décroissent lentement, mais à mesure
que les eaux se rôtiront, plusieurs maisons
s'ébranlent.
Le tac des Settons
. . . Parte. 26 janvier.
Le ministre (les travaux publics fait savoir
que. contrairement au bruit qui avait couru,
le lac des Settons est intact.
S PARIS
.. .. Paris, 26 janvier.
La situaucn va sans cesse s'aggravant • la
. Sein e continue ea marche ascendante ; ce ma-
tin, tes cotes étaient tes .suivantes : Pont d'Aus-
terllilz, 7 m. 21, pont de la Touraelie, 7 m. Si,
Pont Royal, 8 m. 29.
La période la plus critique sera la nuit de
mercredi à jeudi.
Le service liydrométri que communique à ce
propos, sous réserves, les renseignements sui-
vants : crue de la Seine, d'ici demain jeudi
27 janvier • Cote au pont d'Austerlitz, 8 m. 30;
cote a.u pont de la Tournolle, 8 m. 10; au pont
Royal, 9 m. 10 : cote à Dezons, 8 m. 10.
Baisse légère de la Haute-Seine à Bray et
de l'Yonne à Sens, montée de la Seine à MOÏI-
tereau et montée rapide de la Manne à Ctnali-
fert ; la crue actuelle dépassera de 0 m. 35
environ celle de 1802.
Le ministère des affaires étrangères en péril
Paris, 26 janvier.
La situation du ministère des affaires étran-
gères était assez critique depuis hier soir par
suite de l'inondiation des rues avoisinantes.
Après avoir inspecté les bâtiments en com-
pagnie de l'architecte du département. M. Pi-
chon vient de faire évacuer l'aile en bordure
de la rue die Constantine qui renferme tous
l es bureaux du ministère.
Le service des affaires étrangères reste pro-
visoirement assuré par le cabinet du minis-
tre.
Paris, 26 janvier, 8 h. soir.
Vers 6 heures, la Seine a dépassé les para-
pets entre le pont de Solférino et le pont de
l'Aima et a inondé le trottoir du quai d'Orsay.
Une compagnie du 5" génie, qui venait d'ar-
river de Versailles, s'est mise aussitôt au tra-
vail ; les soldats ont creusé la terre autour
des arbres et ont édifié un remblai d'une
soixantaine de centimètres de haut, suffisant
pour empêcher momentanéement l'envahisse-
ment de la chaussée et leur permettre de cons-
truire une barrière plus résistante.
A la Chambre
| Au PaJaie-Boarbon, la perturbation est com-
plète : les calorifères étant, on le sait, com-
i piètrement submergés, on est contraint de gar-
der chapeaux et manteaux pour circuler
dans les couloirs,' car il y fait un froid sibé-
rien.
La saille deis séances a un aspect togubre :
tout le monde y commente les méfaits de ia
'Henri trie inondation.
Les caves du Palais-Bourbon sont mainte-
- SMS. £ n *èrernom inondées et l'eau n'est plus
qtm« m. ,o du plafond de la cour de BOUT-
J '^Y^wr'fe Sy° ,ws ^errompue; seul
tenu. ^ |ar te saz peut encore être main
i cède Sa ïïgSStte?* .J* &3&*& ne
tuons ent été irises A „„ e . s *î.H K ot des wvicaii-
En cas d'interruption du gaz, on allumera
des lampes préparées à cet effet afin qu il ffy <
ait aucun arrêt dans les délibérations de 1 us- I
Le bruit avait couru que la Chambre son- i
geait à se transporter à Versailles ; ce bruit
n'est pas exact, du moins pour le moment. i
Ajoutons que le bureau de poste du Palais
Bourbon a été envahi par l'eau ce matin ; rien
ne fonctionne plus maintenant, ni le télé-
phone, ni te télégraphe,, ni les tubes pneuma-
tiques. • ,
Paris, 5 h. 50.
Le Palais-Bourbon est cerné par les eaux,
qui ne permettent l'accès que par le quai
d'Orsay.
Ce quai s'affaisse d'ailleurs depuis une
heure ; on construit un mur do fortune de-
vant les grilles du Palais-Bourbon.
Il est question de suspendre momentané-
ment les séances ; la Chambre n'a plus au-
cune communication télégraphique ou télé-
phonique avec le reste de Paris.
Les caissiers de la Ghambro, dont les bu-
reaux sont au rez-de-chaussée, sont obliges
de se transporter dans une autre partie du
palais avec le coffre-fort .
Le bureau de poste de la Chambre, installe
rue de Bourgogne au rez-de-ohaussce du Pa-
lais-Bourbon, ne fonctionne plus ; tout le
service postal et télégraphique de la Chambre
a été reporté au Central, rue de Grenelle. .
Paris, 6 heures.
L',eau n'est plus qu'à 0 m. 70 dm sol de la
saille des séances du Palais-Bourbon ; une
équipe de 50 garçons déménage en hâte tes
archives qui commençaient à être inon-
dées.
Les questeurs se sont réunis pour discuter
des mesures à prendre si la crue augmente ;
la question a été agitée de savoir s'il n'y au-
rait pas lieu de transporter la Chambre a
Versailles, mais comme il faudrait abroger
la loi de 1881 et faire une autre loi pour per-
mettre ce déménagement, l'idée a été aban-
donnée.
Certains députés proposent d'aller siégor
dans un théâtre, voire même à l'Hippodrome.
Les pince-sans-iirc proposent le nouveau
cirque.
La Chambre étant transformée en glacière,
il est question d'installer des poêles mobiles
et de faire siéger les députés en pardessus
et en chapeau.
Au Palais de Justice
Paris, 2fi janvier.
Au Palais de Justice, tous les couloirs do la
Coociergerie sont envahis par l'eau ; on a dû
évacuer les cleteuus sur la prison de la Santé;
il en est oe même pour le Dépôt, où la porte
n'est plus accessible : force a été de transférer
les détenus a Saint-Lazare et à la Santé, mai-
sons dans lesquelles on a installé un cabinet
de juge d'instruction pour procéder aux pre-
miers interrogatoires qui, aux termes de la loi, :
doivent avoir lieu dans les 24 heures.
La. salle du tribunal de simple police bai-
gnant, ctans l'eau, c'est dans- la salle des déli-
bérations qu'a été tenue l'audience des contra-
ventions.
Le buffet du pala.is, inondé, a dû fermer ses
portes.
Paris, 26 janvier, 5 h. 35.
L'eau envahit de plus en plus le Palais : le
dépôt des journaux, le petit parquet, le casier
judiciaire sont inabordables.
A noter qu'à l'audience du tribunal de sim-
ple police, tenue dans la salle des délibéra-
tions, Alexandre Wolff a été condamné par
défaut a plusieurs amendes de 5 francs, pour
défaut d'éclairage de son attelage.
Détail non moins curieux le juge qui Ta
ainsi condamné n'est autre que M' Benjamin
Landowski, juge suppléant au tribunal de
simple police, et avocat... en second de Mme
Steinheil.
Au Louvre
Les soldats du génie sont occupés, quai du
Louvre, à maçonner diverses ouvertures du
Louvre donnant sur te quai pour empêcher,
te cas échéant, son envahi s&ament par l'eau.
Le Journal officiel n'a pas paru ce matin ;
les machines sont .envahies par les eaux ; des
mesures ont été prises pour assurer sa publi-
cation dès cet après-midi ; ie format en sera
légèrement modifié.
Les usines élévatoires
L'usine élévatoirie des eaux de Neuilly-sÎLir-
Marne, la seule de la banlieue qui fonctionne
enooire, est menacée ; elfe va être ferméie cet
après-midi. . .
La Compagnie -ta prévenu -tes -industriels
qu'il ne leur sera plus fourni d'eau.
Les maires des communes desservies par
l'usine ont invité tes habitants à faire bouillir
tour eau.
Les chemins de fer. — L'Orléans coupé
Toutefois, cette organisation o.'vtraînera né-
cessairement un retard dan's l'arrivée et la
livraison à Parts.
Sur l'Est, la circulation est toujours inter-
rompue entre les gares de ITnmboin et Ro-
milly. d'une part ; celles de Jessains et Bar-
sur-Aube, coupant ainsi les lignes Paris-Bel-
fort et Troyes-Brienne.
L'Ouest-Etat souffre grandement de l'état de
choses actuel rla section Invalides-Champ-de-
Mars est totalement inondée et pendant long-
temps les trains à destination de Saint-Lazare
vid Henri-Martin partiront du Champ-de-
Mars. , , . .
A la gare Saint-Lazare, ou lo service a fonc-
tionné jusqu'ici normalement, on craint que
les voies Tie soient bientôt coupées, auquel
cas les relations entre Paris-le Havre, Paris-
Cherbourg seraient interrompues.
Paris, 5 heures.
A la gare des Invalides, les eaux montent
à la hauteur de la salle d'attente et commen-
cent à se déverser à l'extérieur.
Le service des voyageurs de Paris-Saint-
Lazare aux Invalides par Henri-Martin a dû
être limité.
A la gare de Boulainvilliers, on n'est pas
sans inquiétude sur le sort des murs de la
gare, qui ont à subir le poids de l'immense
nappe d'eau. , j*.
Paris. 26 janvier, 7 h. 10.
La Compagnie d'Orléans fait charger la
voûte de la ligne d'Orsay pour éviter le sou-
lèvement.
Les communications postales
Paris, 26 janvier.
Les trains-poste sont arrivés jusqu'à ce jour
assez régulièrement, mais avec de grands re-
tards , c'est ainsi 'pie, depuis le 24 janvier, les
courriers des lignes d'Orléans et de Lyon sont
à peu près tous rejetôs d'une distribution sur
une autre.
Les communications télégraphiques inté-
rieures ot internationales continuent d'être
assurées dans d'assez bonnes conditions, à
; l'exception de la banlieue de Paris, qui est in-
terrompue.
Le service est rétabli entre Paris-Londres
par quatre circuits.
A Paris, 4.1a! abonnés ont leur service in-
terrompu.-^ •
Les ponts
Paris, 26 janvier.
Une fissure vient de se produire dans la
première, pile du viaduc d'Auteuil.
Depuis ce matin, la Seine, qui a envahi les
entrepôts de Bercy, ue charrie plus seulement
des bûches et des madriers, mais aussi d'énoy-
mes fûts, qui vont parfois, avec fracas, heur-
ter les piles des ponts.
Certaines inquiétudes s'étant manifestées à
propos de la solidité de divers ponts de Paris,
il y a lieu do faire connaître qu'il n'y a au-
cune crainte à avoir en ce qui concerne ceux
construits cn maçonnerie, même pour celui
de l'Aima, sur lequel la circulation va être
rétablie.
Seuls les ponts métalliques, comme les ponts
, des Arts.et de Solférino, pourraient être sus-
ceptibles d'ébranlement par suite d'accumu-
lation de bois ou par le choc des gros corps
flottants.
U est donc probable que le pont de Solférino
sera interdit au public et aux véhicules.
Paris, 5 h. M.
La circulation vient d'être interdite sur te
pont dos Arts et sur te pont du Carrousel.
Los arches du pont de l'Archevêché com-
1 meneent à ne plus laisser passer l'eau ; les
stationnements sont interdits sur le pont.
Paris, 26 janvier, 6 h. 10.
Sauf l'arche centrale où le fleuve passe avec
. violence, les auires arches du pont Solférino
• sont atteintes par les eaux, qui rasent la voûte
de fer et dont des jets ricochent par les jours
qui séparent, les. pièces métalliques.
On travaille à dégager le pont d'Arcole, obs-
trué par les bois flottants.
A travers les quartiers
cède sous la pr^^TL^^ Avantage ne
tuons ont été >ri * ^L U . K «.deswtou.
uiuiis «m ete prises à cêV effet . 05 P'récau-
ce qui concerne la aavte û%[ âaoeÎÈ*' cn
Les chemins de fer. — L'Orléans coupé r
Paris, 26 janvier. I
Malgré l'inondation, le P.-L.-M. a pu main- t
tenir trois voies entre Paris et Villeneuve-
Saint-Georges, ce qui lui permet de ne rien «
changer â la marche do ses grands trains et I
le service du retour tend à redevenir régulier.
Un trahi en navette fonctionne toute la i £
journée pour desservir la banlieue.
En résume, la circulation est normale sur i
l'ensemble du réseau P.-L.-M. <
L'accès de la gare de Lyon, presque entou-
rée d'eau, devient toutefois difficile.
Sur l'Orléans, ia situation est franchement n
mauvaise.
La Compagnie, qui avait pu jusqu'à ce ma-
tin continuer le service des trains à la gare 1
d'Austerlitz, vient de voir ses craintes se réa- i
liser , la grande ligne dô Paris-Orléans est,
en effet, coupée par les eaux à Choisy-le-Roi i
et à Vitry. ,
Dans c.Me situation, ia Compagnie a pris
diverses dispositions qui seront appliquées
des demain
Pour les voyageurs en provenance ou â
destination de son réseau, il- sera mis en
marche au départ de Juvisy vers Ortèans les
trains ci-après qui, au départ des Aubrais ou
d'Orléans, se trouveront en correspondance
avec ceux venant de Juvisy.
Départ Je Juvisy 7 h. 4û matin, arrivée aux :
Aubrais 8 h. 12 matin, en corresyondunee avec
les trat.is 3 .ouTS du génie d'Arras.
de
du
LES SECOURS
Un scandale au Palais-Bourbon
Paris, 26 janvier.
Un scandalo écœurant s'est produit â la
Chambre au début de la séance du soir.
On avait remarqué lo peu d'empressement
des députés à participer à la souscription na-
tionale ouverte pour les sinistrés.
Bien que M. Fallières, d'ordinaire si ladre,
se fût inscrit dès hier, la matinée so passa
sans que les Quinze Mille, on présence des
désastres et des misères accumulés, eussent
la pensée d'une initiative généreuse.
A 2 heiues, le bruit se répandit dans les
couloirs que M. Clémentel. vice-président,
allait proposer, au nom du bureau de la Cham-
bre, une souscription uniforme de 50 francs
qui serait prélevée sur te traitement de cha-
que député ; cette nouvelle vite colportée eut
un effet foudroyant et. on a assisté à un spec-
laclo inouï ; M. Clémentel, s'étant hasardé
ter un secours immédiat aux victimes de
l'Inondation.
M. Berry a proposé de porter l'ordre du
jour suivant à la tribune :
« La Chambre adresse toutes ses félicita
lions et l'expression de son admiration
agents des services publics et aux trounes
pour le zèle et le dévouement dont ils font
preuve dans les circonstances actuelles, et qui
honorent l'armée française. »
Le groupe s'est inscrit pour une somme glo-
bale de 10.0D0 francs à la souscription générale
de la Chambre.
Les députés se sont ensuite rendus au minis.
tère de l'intérieur pour examiner avec le pré-
sident du conseil les mesures les plus urgen-
tes ; il serait question de licencier les lycées
de Paris pour loger les victimes.
On assure qu'il y a, à l'heure qu'il est, à
Paris, six à sept mille réfugiés sans asile et
sans pain.
. M Briand, qui attendait les députés de Pa-
ris, les a immédiatement reçus : il les a infor
més qu'une nouvelle crue* de 60 centimètres
était annoncée par les services compétents ;
quUa'y avait cependant rien à redouter poul-
ies ponts de Paris, sauf pour le pont de Solfé-
rino, dont l'eau bat le tablier métallique qui
est très menacé.
Le président du conseil a ajouté qu'il avait
demandé aux liquidateurs des congrégations
de mettre tous les couvents désaffectés à la
disposition de la ville pour loger les victimes,
dont le nombre dépasse vingt mille.
Si ça ne suffit pas, on emploiera le Pan-
théon, les lycées, les écoles et les casernes.
Des renforts de troupes vont être prélevés
sur les garnisons de province.
Telles sont tes premières mesures prises •
on en prendra d'autres demain, si c'est néces-
saire.
Au conseil municipal de Paris
T . Paris, 26 janvier.
Le conseil municipal de Paris, réuni cet
après-midi en séance extraordinaire, sur la
proposition du préfet de la Seine et du préfet
de police, a voté un crédit de 150.000 francs
pour venir en aide aux victimes des inonda-
tions.
Le président a annoncé qu'il a reçu des dé-
pêches des municipalités de Toulouse et de
Rome, - qui témoignent de la grande part qu'eb
les prennent au malheur qui frappe la ville da
Paris.
Le préfet de police déclare que, devant l'i-
nondation qui menace les quartiers bas de
Paris, il est nécessaire d'organiser très promp-
tement le sauvetage, le ravitaillement et l'hos-
pitalisation.
Les fonds recueillis jusqu'ici suffisent provi-
soirement ; des lits et des appareils de chauf-
fage vont être installés dans tous les bâti-
ments vacants.
M. Heppenheimer proteste contre le renché-
rissement du prix des denrées.
L'échéance des effets de commerce
Paris, 26 janvier.
Voici te texte dé la proposition do loi ten-
dant à proroguar tes échéances des effets die
icoinmeroe dans toutes les localités victimes
des inondations et présenté par tes députés
du groupe socialiste unifié.
« Les échéances du 31 janvier au 15 février
1910 sont reportées à un mois. »
Cette proposition est précédée de l'exposé
des motifs suivants :
« Les inondations, dont malheureusement
nous ne pouvons encore mesurer tes ravages,
! vont placer une foule de nos concitoyens, dans
l une telle situation que le Parlement ne sau-
I irait se refuser à adopter toutes Jes mesures
; en son pouvoir de nature à teur venir en
aide. »
ï M. Berry et plusieurs de ses collègues de-
j mandent la suppression des échéances.
Télégrammes officiels
Paris, 26 janvier.
M. Rubini, ministre des travaux publics
î d'Italie, a adressé à M. Millerand le télégram-
me suivant :
« Sincèrement affligé des tristes nouvelles
des grands malheurs qui assaillent tant de
i belles régions de France, je vous envoie, avec
i l'expression de ma profonde sympathie, mes
: souhaits les plus ardents pour que sous peu
j cesse toute cause d'angoisse et de douleur.
» Ministre RUBINI ».
M. Millerand a répondu par le télégramme
suivant :
« Profondément touché des sentiments de
sympathie et des souhaits dont vous voulez
bien m'adresser l'expression à l'occasion des
ravages causés en France par les inondations,
je vous prie de trouver ici l'assurance de ma
sincère gratitude et de mes vifs remercie-
ments. » 'MILLERAND T>.
Prières publiques
Paris, 26 janvier.
Mgr Amette vient d'adresser au clergé et
aux fidèles du diocèse une lettre pour ordon-
ner des prières publiques à l'occasion des
inondations et prescrivant des quêtes pour les
victimes.
De .plus, Mgr Amette, qui avait visité, hier,
les quartiers de Paris atteints par l'inonda-
tion, et cela sans faire sonner, comme M. Fal-
; lières, toutes les trompettes de la renommée,
a parcouru, cet après-midi, Choisy-le-Roi, Ivry
'. et IVTy-Port.
Il a été partout respectueusement accueilli.
A L'ÉTRANGER
i Terribles avalanches. — Un village enseveli
t Genève, 26 janvier.
Six avalanches consécurtiives ont totalement
î encerclé le village de Goppenstein ; l'amas de
; neige et de maitteriaux descendus de la raonta-
1 gne couvre une superficie de 10,000 mètres
carrés ; l'épaisseur de la masse atteint par
t endroits 50 mètres.
La Lonaa, qui coule au fond de la vallée, a
été complètement comiblliée et les eaux se sont
amassées de 11 heures du matin à 10 heures
du soir faute d'un débouchié suffisant ; eftles
ont fini par so créer un passage en provo-
quant un bruit si foamidiaibli© que les habi-
tants crurent à une fin imminente,
a On a dû interrompre les travaux du tunnel
du Loantsûliberg.
Lt Les ouvriers, effrayés par tes désastres qui
1- îles menacent, quittent en parti© le pays ; il a
faite créer un passage souterrain dans la
masse éboulée giur une longueur de plusieurs
a centaines de mètres,
!S Des maisons ont été démolies, un homme
Lt a été tué, plusieurs personnes blessées.
Sur plus d'un kilomètre, la neige atteint
îs
une hauteur considérante de chaque côté de
t la rivière.
1'. Les populations, terrorisées, ne peuvent sor-
:s tir de leurs villages depuis plusieurs jours.
- . — . ~ , v «.-iiau^to , ,c vuiiiLci ue ia. laiiiu uiuui , wi. i_,ieiiiem.ui, s étant uustiiue
nnn » U r? ^r^ar 18 est entièrement inondé, dans les couloirs intérieurs voisins de la salle
quai aes Lirands-Augustins. des séances, fut bientôt entouré par une cen-
éer -,7,iA , ' i n £ an de mur de clôture s'est taine de députés qui éclatèrent en récrfmi-
in S»? .a p , ass y. sur une longueur de nations.
Don? dl r\i n „ le P2 n l de ,s Invalides et le — Vous n'avez pas le droit de disposer de
face de in ^ aé , t,or f ie s «r le «"ai, on notre bourse, disaient les plus acharnés, nous
est en cont^Lr est ,t,^ ce t l u artjer, qui voulons rester maîtres de donner ce que nous
esu en contrebas, est monde, et rue Surcoût voudrons »
a ,°, ^i°J m ^TT su - bmer ?A eant la chaussée jus- Parmi les plus violents dans teur indigna-
q \ a lîUe de ,
1 Umvers ité. tion, se signalait M. Saumande. député de la
Le colonel des sapeurs pompiers a décidé de Dordogne, qui est questeur, c'est-à-dire logé
taire évacuer toutes les maisons situées au chauffé et blanchi aux frais des contribuables
carrefour des rues Saint-Honoré, Saint-Flo- auxquels il coûte annuellement de 30 à 35.O0C
rentin et Richepanse, où, on le sait, un égout francs.
et une galerie en construction se sont effon- Des récriminations, les Quinze Mille ameu
dl'és. tés nassèrent aux nires violences de lnnracrA
Les égouts
Paris, 27 janvier.
A midi 15, le grand collecteur de Cîichy a
crevé près de la Porte de Clichy, qui menace
de .s'effondrer.
L'égout dl le. rv*e Saint-Honoré, la conduite
de la vanne, une galerie en construction pour
1e service de l'électricité se soin écroulés
Dans le 4 8 am-ondissement, les égouts saut
pleins et débordent ; l'eau se répand dans la
rue et menace certaines maisons.
Dans d'autres arrondissements, te service
municipal a fait établir autour de chaque bou-
che d'égout des cheminées cimentées qui, mo-
mentanément, empêchent l'envahissement de
la chaussée.
Paris, 27 janvier.
L'égout de la rue de Bourgogne a éclaté
avec un bruit formidable.
Place de la Concorde, un égout s'est rom-
pu ; on travaille à aveugler la voie d'eau ;
tes pompiers sont sur" les lieux.
DANS LA BANLIEUE OE PARIS
Paris, 27 janvier.
Ivry-Port présente un aspect de désolation.
De rimmeirrae lac jaunâtre qui couvre te ter-
ritoire de cette lociaJWté, n'émergenl plus que
les toits des iimineubles et des bouquets d'ar-
bres. .
Les malheureux habitants chassés de leurs
maisons errent par groupes lamentables et se
d-mandent où s'arrêtera Le fléau,
taine de députés qui éclatèrent en récrimi-
nations.
— Vous n'avez pas le droit de disposer de
notre bourse, disaient les plus acharnés, nous
voulons rester maîtres de donner ce que nous '
voudrons. »
Parmi les plus violents dans leur indigna-
tion, se signalait M. Saumande, député de la
Dordogne, qui est questeur, c'est-à-dire logé
chauffé et blanchi aux frais des contribuables
auxquels il coûte annuellement de 30 à 35.000
francs.
Des récriminations, les Quinze Mille ameu-
tés passèrent aux pires violences de langage.
M. Clémentel fut littéralement hué ; certains
allèrent dans leur rage contre celui qui vou-
lait s'attaquer à leur bourse jusqu'à l'insulter
dans sa vie privée.
Plusieurs députés qui venaient d'assister à
ce spectacle déclaraient qu'il était ignoble
Force fut bien cependant de donner satis-
faction aux Quinze Mille révoltés ; complète
ment démonté, M. Clémentel retira sa propo-
sition ; on la remplaça par une nouvelle di-
sant qu'une souscription était ouverte entre
les députés qui resteraient libres de donner
ce qu'ils voudraient.
Ajoutons que lors des inondations de 1875,
le bureau de la Chambre avait, fait voter un
prélèvement à la caisse de 50 francs par tête
de député, donnant ainsi une preuve de géné-
reuse solidarité qui n'est plus dans les mœurs
parlementaires.
A la fin de la séance, la souscription libre,
ouverte après rejet de la proposition Clémen-
tel atteignait à peine te pauvre total de 5,500
lrancs, soit quatre francs cinquante par dé-
puté.
Devant ce nouveau scandale, le bureau de
la Chambre a décidé de fixer d'ores et déjà le
chiffre global de la souscription à 30 000
francs ; si tes souscriptions des députés n'at-
teignent pas ce chiffre, le déficit sera comblé
au moyen du budget de la Chambre.
Les députés de Paris chez M. Briand
Paris, 26 Janvier.
Les députés de Parts, réunis à la Chair.hro,
ont recherché les mesures à pTendre pour por-
I~«@3 Grèves
La grève de l'alcool
Lille, 26 janvier.
A Tourcoing et à Roubaix, la Fédération des
cabaretiers et débitants de boissons vient de
décider la grève de l'alcool.
Les percepteurs ayant lancé des contraintes
et des commandements contre tous les caba-
retiers, ceux-ci ont, à l'unanimité, refusé de
payer le premier trimestre de leur licence à
dater d'aujourd'hui.
Les débitants, dans une grande affiche, s'en-
gagent à ne plus vendre un verre d'alcool :
ils demandent aux consommateurs ouvriers
de ne plus leur en demander et aux commer-
çants en gros d'arrêter la vente.
La grève continuera jusqu'à la suppression
de la licence et du rejet des nouveaux impôts
proposés au Parlement.
Montpellier, 26 janvier.
Une grande animation se manifeste parmi
les marchands de boissons de notre région a
cause de la surélévation projetée de l'impôt-
Les habitants protestent énerglquement con-
tre le principe même de la licence et projet-
tent une grève générale de l'impôt, qui provo-
que les plus sérieuses inquiétudes.
Les Elections anglaises
Londres, 26 janvier.
A midi, la situation électorale était la sui-
vante : „. .
Unionistes, 243 ; libéraux, 214 ; travaillistes,
37 ; nationalistes, 71.
Les unionistes gagnent 113 sièges, les libé-
raux 15 et les travaillistes 1.
Londres, 26 janvier.
M. Asquith, premier ministre, est réélu avec
5,245 voix, contre 3,183 données au colonel
Sprot, candidat unioniste.
M Haldane, ministre de la guerre, est réélu
par 3?770 voix contre 3,026 à M. Hall Blyth.
ÀTine e heure., les résultats connus sont les
suivants : Unionistes, 255 ; libéraux, 23 ; tra-
vaillistes, 36 ; nationalistes 72.
Les unionistes gagnent 117 sièges, les libé-
raux 17 et les travailistes 1.
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