27 janvier 1910 - Bibliothèque de Toulouse
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DU MIDI<br />
LE NUMERO 5CENTIMES<br />
Organe qnoticiteja ele Détona©<br />
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :<br />
Religieuse<br />
<strong>Toulouse</strong>, Rue Roquelaine, 25<br />
LE NUMERO 5 CENTIMES<br />
lOIa3^^Eî1M:ï^^aT*,<br />
Tr«tj mois Sot mmm tm m<br />
lADTE-GABOrCNK ET DÉPARTEMENTS LIMITROPHES ... 6 * *»<br />
KTEME^S NON LIMITROPHES 7- «3 2*<br />
Ci RANGER (Union post«!r) ••. » - -*w —"<br />
î^a abonnements, partent dos i" et 16 <strong>de</strong> chaque mpls et sont payables d'avance<br />
Xeui* r*J*i b mfm O * 89<br />
frxAMKS — — 11 II; Ll'li'U, IJA Ulll'O-J.LI \AR7 SHX UClLli U U/C. U.G'O<br />
^XrMarTs'â Sft wft! Èswr r f?té b^-V<br />
_ , ., introduits d,ans les maisons désertes et,<br />
Pour M. Briand, il n est jamais trop smis prétexte d'ai<strong>de</strong>r au sauvetage, ont<br />
tard. piue <strong>de</strong>s appartements, les gredims 1<br />
Pas <strong>de</strong> monopole ; mais ne soyons pas TJne petite maison. Au premier, à la fe-<br />
dupes ; en échange, nous aurons une légis- jjêtre, un bon gros papa, UD grand-père, la<br />
laiton qui me vaudra pas mieux... yiejje grand'mère ; sous l'appui passe la<br />
La gauche, dit-on, n a pas compris immé- fwre mutine et futée d'un gamin <strong>de</strong> huit<br />
diaiement cet artifice et manifesta sa co- ainiS _<br />
16r "f' . . . . —-Un renseignement, s'il vous plaît,<br />
Ges primaires se peuvent pas se faire aux f,ai,t^il en s'adressant aux rameurs.<br />
habiletés <strong>de</strong> leur chef. Volontiers.<br />
Et c'est pourquoi nous pensons que les _ De C10!mbien l'eau doit-elle encore mon-<br />
déolarations <strong>de</strong> M. Briand n ont pas une ter ?<br />
inmortance capitale. _ Uj3 mètre m mè , lre cinquante preba.<br />
U ne dépend plus du gouvernement <strong>de</strong> se blement.<br />
refuser au conflit scalaire. Ei tandis que l'enfant frappe <strong>de</strong>s mains<br />
La question est. posée, et restera posée. et crie : « Oh ! chic ! » nous voyons le vieil-<br />
M. Briand qu'il le veuille ou non, sera ]ard m tourner vers sa vieille compagne et<br />
condamné, s il reste au pouvoir, a légiférer l'entendons dire •<br />
contre nous et à nous enlever les <strong>de</strong>rnières _ Xu vois }1 n '. y a pai5 besoin & s'Inquié-<br />
libertés <strong>de</strong> renseignement. ter.<br />
Et si ce n'est pas lui, ce sera son frère , c > eSi t la terreur !<br />
qui légiférera... une maisonnette au millen d'un jardin.<br />
Paul J. DE CASSAGNAC.<br />
L'&ctualité<br />
POLITIQUE A DOUBLE F1CE :<br />
Le Couloumé, par Plaisance-du-Gers. ^<br />
Le discours <strong>de</strong> M. Briand SUT l'enseigne-<br />
ment n'engage que le prési<strong>de</strong>nt du conseil<br />
actuel ; c'est dire qu'il n'a pas une bien<br />
gran<strong>de</strong> importance.<br />
Ce discours montre, une fois <strong>de</strong> plus, que<br />
M. Briand est absolument incapable <strong>de</strong><br />
prendre une attitu<strong>de</strong> nette et résolue, et<br />
d'exercer sur la ^majorité l'autorité néces-<br />
saire pour conserver le pouvoir.<br />
Un ministre a besoin, pour se maintenir<br />
au gouvernement, <strong>de</strong> témoigner d'un auto-<br />
ritarisme absolu.<br />
On a connu, en France, v le temps où les<br />
cabinets duraient quinze jours. Combes, et,<br />
après lui, Clemenceau, ont prolongé ce bail<br />
à court terme, en brutalisant le Parlement.<br />
M. Briand rompt ouvertement avec cette<br />
manière ; il continue à prononcer <strong>de</strong>s dis-<br />
cours dont les pério<strong>de</strong>s appellent successi-<br />
vement les applaudissements <strong>de</strong> tous les<br />
partis.<br />
A l'en croire, les évêques sont responsa-<br />
bles <strong>de</strong> l'agitation qui trouble le pays, parce<br />
qu'ils ont fait ooUectivem«nt, et par une<br />
lettre retentissante, appel à la résistance<br />
active <strong>de</strong>a calJiodkrues, au moment où 1-ui-<br />
rnôino prononçait die» paroles do pacifica-<br />
tion.<br />
U a fait ressortir ensuite, et cela dans<br />
l'intention do fomenter <strong>de</strong>s scissions entre<br />
catholiques, l'antagonisme entre cette atti-<br />
tu<strong>de</strong> belliqueuse et les dispositions conci-<br />
liantes d'une partie <strong>de</strong> l'opposition parler<br />
rnentairo, qui aurait accepté volontiers la<br />
législation que l'Eglise a rejetée.<br />
M. Briand n'a pas renoncé à l'espérance<br />
qu'il nourrissait <strong>de</strong> provoquer une crise<br />
dans les milieux catholiques, malgré les<br />
échecs qu'il a subis dans ses tentatives suc-<br />
cessives.<br />
Cet homme méconnaît absolument la dis-<br />
cipline qui règne parmi nous.<br />
L'échec que recueillit son essai <strong>de</strong> cul-<br />
tuelles ne l'a pas averti.<br />
U no veut et ne peut comprendre que<br />
malgré les divergences politiques les plus*<br />
aiguës, malgré les dissentiments <strong>de</strong> métho-<br />
<strong>de</strong>s, malgré les préférences individuelles<br />
les catholiques suivront toujours, sans dé-<br />
fection, sans défaillance, la voie tradition-<br />
nelle ouverte <strong>de</strong>vant eux, et dans laquelle<br />
ils seront encourages par les avertissements<br />
<strong>de</strong> leurs chefs.<br />
. M. Briand, qni s'accommo<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout ot<br />
s adapte à n'importa quoi, no peut com-<br />
prendre quo tout le moiiiliMio soit pas doué<br />
d'uuo souplesse d'éelmio égale à lu sienne.<br />
Croquis d'Inondation ]<br />
Un rédacteur du Figaro s'est rendu en bar- ]<br />
que à Alfortville. aux portes <strong>de</strong> Paris, où<br />
cinquante mille personnes ont été surprises<br />
par l'inondation. Nous reproduisons son émou-<br />
vant récit .<br />
Je veux aller au cœur <strong>de</strong> la ville inondée.<br />
Une barque vient <strong>de</strong> déposer un vieillard<br />
que, sur son <strong>de</strong>s, un homme <strong>de</strong> bonne vo-<br />
lonté a porté jusqu'à terre ; je hèle les ma-<br />
riniers, f ais un prix, les embauche ,et nous<br />
partons.<br />
Durant une heure, j'ai navigué par les<br />
rues d'Alfortville inondé, et au fur et à me-<br />
sure que nous allions l'horreur ©t l'émotion<br />
croissaient en moi.<br />
L'eau à perte <strong>de</strong> vue, une eau furieuse<br />
lâchait par les rues ses flots tumultueux,<br />
suivant <strong>de</strong>s courants violents, parfois 'tor-<br />
rentuieux, forçant les sauveteurs à <strong>de</strong>s ef-<br />
forts désespérés pour éviter d'être mis en<br />
dérive et d'être entraînés vers le grand<br />
fleuve démonté.<br />
x<br />
Un silence immense, effrayant, avec ce<br />
bruit <strong>de</strong> cauchemar <strong>de</strong> l'eau qui coule, dé-<br />
gouline, envahit, triomphe. Nous allons par<br />
un désert liqui<strong>de</strong> , une barque par-ci par-là<br />
apparaît lour<strong>de</strong>ment chargée, avançant pé-<br />
niblement à coups <strong>de</strong> rames ou <strong>de</strong> gaffes ;<br />
sur la nappe <strong>de</strong>s eaus, les voix ont une<br />
gran<strong>de</strong> et étrange sonorité une sonorité<br />
impressionnanto dans le silence lourd et<br />
terrorisé.<br />
Il se dégage une impression poignante<br />
<strong>de</strong> tristesse et <strong>de</strong> mort ; auelques maisons<br />
ont les volets fermés ; on les a clos soigneu-<br />
sement avant l'abandon, mais la plupart<br />
ont été quittées avec hâte : les portes, co-<br />
chères ou pas, sont <strong>de</strong>meurées béantes,<br />
ainsi que les fenêtres <strong>de</strong>s rez-<strong>de</strong>-chaussée •<br />
par lesquelles l'eau se précipite } <strong>de</strong>s meu-<br />
bles, <strong>de</strong>s bibelots flottent,, tourbillonnent<br />
ainsi dans las appartements.<br />
Nous passons <strong>de</strong>vant une boucherie, dé-<br />
sertée naturellleiment ; aux crochets pen-<br />
<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> mouton et <strong>de</strong> bœuf dont<br />
certaines plongent dans l'eau. Sur l'une<br />
d'elles, un rat qui a fui la noya<strong>de</strong>.<br />
Beaucoup <strong>de</strong> maisons sont encore habi-<br />
tées ; <strong>de</strong>s vieilles gens et <strong>de</strong>s familles n'ont<br />
pas osé fuir ; elles ont hésité, et mainte-<br />
nant il est trop tard. Ils atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s se-<br />
cours qui viennent lentement. Il aurait<br />
i fallu cent, <strong>de</strong>ux cents fourragères pour met-<br />
tre vivement à l'abri toutes ces pauvres<br />
i exisienoea.<br />
Hommes, femmes et enfants, et aussi les<br />
; chiens dont les museaux s'alloneent in-'<br />
Des murs, <strong>de</strong> l'eau ; <strong>de</strong>vant, une grille, une i<br />
grille qui ne s'ouvre que par une porte trop i<br />
étroite pour laisser passer un bateau. Grou. 4<br />
pée sur le perron, toute une famille est là 1<br />
affolée, terrifiée. Ils sont trois ou quatre les 1<br />
pieds dans l'eau, — qui monte ; il n'y a 1<br />
pas d'étage ; ils se sentent perdus. Depuis *<br />
le matin ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt du secours, mois<br />
comme ils sont loin <strong>de</strong> la rue on ne les a }<br />
pas vus et on ne les a pas entendus.<br />
Dieu merci 1 Des sauveteurs qui passaient<br />
les ont enfin aperçus. Us amarrent leur bar-<br />
que et, à coups <strong>de</strong> marteau <strong>de</strong>scellent, abat-<br />
tent la grille, entrent dans le jardin, accos- :<br />
tent au perron, sauvent les pauvres gens,<br />
soudain fous <strong>de</strong> joie.<br />
Des débris roulent autour <strong>de</strong> nous ; <strong>de</strong>s<br />
cadavres d'animaux passant en tourbillon-<br />
nant, le poil luisant comme huilé ; à. un<br />
haut soupirail grillagé <strong>de</strong>s chats miaulent<br />
; d'une façon affreuse. Nous allons ainsi par<br />
<strong>de</strong>s rues et par <strong>de</strong>s rues désolées avec cette<br />
vision tragique <strong>de</strong> tous ces gens aux fenê-<br />
tres, qui muets, stupéfaits, noms voient ar-<br />
river comme une espérance et nous regar-<br />
<strong>de</strong>nt avec effroi passer et nous éloigner!<br />
— Halte !<br />
Un artilleur nous barre Je chemin. A 40<br />
mètres <strong>de</strong>vant nous, en face <strong>de</strong> la mairie,<br />
le courant fait cataracte, une formidable<br />
cataracte, dont le courant est si violent qu'il<br />
est impossible d'y résister ; il y a là un<br />
gouffre. Non sans peine nous faisons <strong>de</strong>mi-<br />
tour.<br />
Rencontre rue <strong>de</strong> Seine d'un naufragé fa-<br />
rouche. H a attendu un secouirs qui n'est<br />
pas venu, et alors brusquement il s'est, mis<br />
à l'eau. Coiffé d'un chapeau melon, enve-<br />
loppé <strong>de</strong> son par<strong>de</strong>ssus, correct, élégant<br />
même, mais blême, v furieux, désespéré, il<br />
marche comme s'il était dans l'allée <strong>de</strong> quel-<br />
que parc, avec une désinvoltuiro dont an<br />
n'ose sourire. Il a peut-être perdu la rai-<br />
son.<br />
Le ciel est abominablement noir ; il pleut<br />
encore, et l'eau ne cesse <strong>de</strong> monter. Les rues<br />
inondées d'AIfortvilIle s'enténèbrent <strong>de</strong> té-<br />
nèbres d'épouvante. Les sauveteurs ont<br />
beau se hâter, se prodiguer, ils ne peuvent<br />
suffire à la tâche ; certains sont à bout <strong>de</strong><br />
force. Depuis le matin ils sont à l'ouvrage.<br />
Dangereux dans le jour, le sauvetage l'est<br />
plus encore dans l'ombre et la nuit ; les<br />
uhevaux ont peur maintenant, l'eau est trop<br />
! haute ; la terreur les gagne.<br />
Des barques circulent dans le noir, pru-<br />
<strong>de</strong>mment le long <strong>de</strong>s murs ; certaines ont<br />
<strong>de</strong>s lanternes à l'avant, quelques-unes <strong>de</strong>s,<br />
' phares d'automobiles qui éclairent prodi-<br />
gieusement les eaux dont les flote furieux<br />
1 miroitent tragiquement.<br />
Nous avons rejoint notre point <strong>de</strong> départ.<br />
; Des scènes émouvantes se produisent. Des<br />
' gens partis <strong>de</strong> grand matin, avant que<br />
' j'inondation ait gagné leur <strong>de</strong>meure, veu-<br />
3 lent aller retrouver ceux qu'ils ont laissés ;<br />
lement la terre, mais le ciel. Encore quel- . <<br />
ques années <strong>de</strong> recherches et d'efforts, et t<br />
le savant, vainqueur <strong>de</strong> la mort, allait en- <<br />
fin vaincre Dieu lui-même, déchu <strong>de</strong> sa j<br />
puissance et supplanté par l'homme. Inter- i<br />
rogez aujourd'hui ces orgueilleux négateurs <<br />
<strong>de</strong> la Puissance impondérable. Deman<strong>de</strong>z- «<br />
leur d'ordonner à la Seine <strong>de</strong> rentrer dans j<br />
son- lit I Aujourd'hui taciturnes, colères, us <<br />
montrent le poing au fleuve rebelle à. leur i<br />
arrogance et sourd à leur f ureur. Mais n'at- <<br />
ten<strong>de</strong>z pas <strong>de</strong> nos athées qu'ils confessent <<br />
leur contingence. Frappés par la foudre, ils i<br />
n'avoueront jamais que la- science a fait s<br />
f aillite et que la République ne peut rien<br />
contre la Volonté éternelle. En vain Dieu s<br />
nous envoie avertissements sur avertisse- ]<br />
ments. C'est à peine si quelques âmes ré- i<br />
fractaires au respect humain osent appe- i<br />
1er l'attention <strong>de</strong> leurs frères sur rinflexi-<br />
bilité du fléau et la souveraineté <strong>de</strong> Dieu.<br />
Il f audra d'autres leçons encore pour ins-<br />
truire et humilier les insolents glorifioa- ;<br />
teurs <strong>de</strong> rhomme. La Seine apaisée, la Lan-<br />
terne, VAction, le Temps, l'Humanité, Jau-<br />
rès, Ribot, Méline, Coûtant d'Ivry, Maurice<br />
Allard, Viviani, Briand, etc., riront <strong>de</strong>s soi-<br />
perstitions catholiques, bafoueront l'Eglise<br />
et. persifleront nos croyances.<br />
L'année <strong>de</strong>rnière, presque à la même épo-<br />
que, un tremblement <strong>de</strong> terre ébranlait la<br />
Calabre et détruisait Messine. Quelles ré-<br />
flexions suggérait ce cataclysme à nos ad-<br />
versaires ? Les géologues balbutièrent <strong>de</strong><br />
puériles explications. — pendant que les<br />
hommes d'Etat <strong>de</strong> l'Italie livraient les or-<br />
phelins' <strong>de</strong>s familles catholiques anéanties<br />
aux sectes maçonniques et les refusaient<br />
aux congrégations catholiques. Dans le ca-<br />
taclysme <strong>de</strong> Messine, la Révolution ne vit<br />
qu'un encouragement à ses méfaits.<br />
**#<br />
La physionomie <strong>de</strong> Paris est <strong>de</strong>s plus cu-<br />
rieuses. Sur les quais défilent, sous la pluie<br />
et sous la neige, <strong>de</strong>s, milliers d'hommes, <strong>de</strong><br />
femmes et d'enfants appartenant à toutes<br />
. les conditions sociales, tous également avi-<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong> voir le fleuve débordé. Sur les eaux<br />
limoneuses flottent d'innombr ables épaves :<br />
traverses <strong>de</strong> bois, poutres, charrettes, toi-<br />
tures, lits, bateaux défoncés. Les conversa-<br />
tions sont peu animées, les réflexions rares.<br />
Les promeneurs s'arrêtent quelques ins-<br />
tants <strong>de</strong>vant la gare d'Orsay, complètement<br />
fermée. Derrière le palais, la Seine roule<br />
ses eaux dans la rue <strong>de</strong> Lille. Cinq canots<br />
transportent les locataires <strong>de</strong>s maisons en-<br />
vahies dans les hôtels <strong>de</strong>s ruas avoisinan-<br />
tes. Plusieurs voitures <strong>de</strong> déménagement<br />
enlèvent déjà les meubles.<br />
Au numéro 67, l'hôtel d'Aligre, habité par<br />
le marquis <strong>de</strong> Pomereu, se dépeuple. C'est<br />
le canal <strong>de</strong> Venise : il n'y manque que <strong>de</strong>s<br />
gondoles. Plus loin, la rue <strong>de</strong> Constantine,<br />
sur laquelle l'ancien hôtel <strong>de</strong> Talleyrand-<br />
Sagan dresse sa faça<strong>de</strong> latérale, est égale<br />
ment envahie par la Seine. En face, la gare<br />
<strong>de</strong>s Invali<strong>de</strong>s ne f onctionne plus ; les sous-<br />
sols sont inondés : aucun train n'est mis<br />
en mouvement.<br />
La foule se dirige obstinément vers le<br />
pont <strong>de</strong> l'Aima. Ge matin, vers 5. heures,<br />
toute la rive gauche était réveillée par une<br />
explosion formidable : « Voilà le pont <strong>de</strong><br />
TAlma qui saute ! » se sont écriés les Pa-<br />
risiens. Erreur ! Ce n'était qu'un coup <strong>de</strong><br />
tonnerre. Le pont était intact. Néanmoins,<br />
comme le tablier trépi<strong>de</strong>, les ingénieurs ont<br />
interdit la circulation <strong>de</strong>s piétons et <strong>de</strong>s voi-<br />
tures. Si la crue s'aggravait, peut-être fe-<br />
rait-on appel à la dynamite, mais mous<br />
n'en sommes pas encore là.<br />
Lo bruit court, pourtant, que les soldats<br />
du génie stationnent sur les quais, tout<br />
prêts h agir en cas <strong>de</strong> complication. Le<br />
plus grand danger que courrait la capitale<br />
— si la Seine grossissait encore — ce serait<br />
la rupture <strong>de</strong>s égouts. Le désastre serait<br />
incalculable. On redoute aussi l'envahisse-<br />
| ment du réseau métropolitain, la chute du<br />
! quai d'Orsay, rinondiation <strong>de</strong>s quartiers po-<br />
i pulaires, etc. Mais espérons que ces af-<br />
[ freux malheurs nous seront épargnés.<br />
Plusieurs lignes d'omnibus et <strong>de</strong> tram-<br />
[ ways ne fom'CliŒKnteint plus. On s'arrache <strong>de</strong>s<br />
fiacres et les taxis, qui sont hors <strong>de</strong> prix.<br />
eelle <strong>de</strong> Darwin. Récernmenit, un ecclésias-<br />
tique n'écrivait-il pas que, s'il est prouvé<br />
que le premier homme est issiu du <strong>de</strong>rniei<br />
pithécanthrope, il suffira <strong>de</strong> dire que Dieu<br />
n'est pas étranger à cette transformation î<br />
« Le transformisme a donc conquis les Pères<br />
<strong>de</strong> l'Eglise », conclut Reinach. Si le fait esi<br />
vrai, l'ecclésiastique en question s'est beau-<br />
coup trop pressé. La doctrine <strong>de</strong>s transfor-<br />
mistes ne jouit plus, en effet, du crédit dont<br />
on l'avait tout d'abord favorisée. De l'avis<br />
<strong>de</strong>s savants les plus autorisés, le transfor-<br />
misme périclite et c'est la doctrine, <strong>de</strong> la<br />
stabilité <strong>de</strong>s espèces qui réimporte.<br />
L'illustre Cuvier, conspué pendant qua-<br />
rante ans, est en train <strong>de</strong> reconquérir la<br />
place dont Darwin avait voulu le dépossé-<br />
<strong>de</strong>r. Le transformisme est considéré main-<br />
tenant comme une fantasmagorie et comme<br />
une hypothèse. On laisse <strong>de</strong> côté l'histoire<br />
fabuleuse du pithécanthrope. Cette stupi<strong>de</strong><br />
invention <strong>de</strong> la science alleman<strong>de</strong> et juive<br />
a perdu tout prestige.<br />
MENALOUE.<br />
S so O nt mass^^n4^' L0 T G,ENT >-<br />
,<br />
gens partis <strong>de</strong> grand matin, avant que<br />
quiets, sont masses aux fenêtres. Les mines f inondation ait gagné leur <strong>de</strong>meure, veu-<br />
l^ Vu^Li r?3' an 4 xleusè , s - éprouvées ent aller retrouver ceux qu'ils ont laissés ;<br />
loi '^S 0 ^ ^ e . la # I»f»ee. torturées ^ p^t, supplient ; personne ne veut les<br />
par 1 angoisse <strong>de</strong> la nuit qui vient. conduire. Ce serait folie dans Alfortville, où<br />
qu'on Z mïïmt 1 * ^ a crue se répand en torrents à travers' les<br />
qU -^Vous allez^eveS ' rues attaquées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux côtes par les cou-<br />
J'ai en moi un remords douloureux 1« rants coi ^ T ' a , lr ^. et «T M heurtent, <strong>de</strong> la<br />
remords <strong>de</strong> ma curiosité professionnelle<br />
Setne et .^ e la Marne ;<br />
cotte barque, je rimmobiiise, et cela i„ ù J« qnnte ce lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>sespéranoe, avec<br />
conduire. Ce serait folie dans Alfortville, où<br />
la crue se répand en torrents à travers les<br />
mes attaquées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux côtes par les cou-<br />
rants contraires, et qui se heurtent, <strong>de</strong> la<br />
Seine et <strong>de</strong> la Marne.<br />
Je quitte oe lieu <strong>de</strong> désespérance, avec<br />
un hom-<br />
qués dans leurs maisons aux fondations sa-<br />
pées par les eaux, vont passer une nuit ef-<br />
froyable, sans lumière, dans 1© silence ter-<br />
rible <strong>de</strong>s catastrophes, sans vivres, les nerfs<br />
tendus, avec l'angoisso pour compagne.<br />
...C'est un tableau in<strong>de</strong>scriptible.<br />
FRANTZ-REICHEL.<br />
seins, est en cette circonstance quelque peu l'horrible pensée <strong>de</strong> tous ces gens qui, blo<br />
criminel. ^ * qués dans leurs maisons aux fondations sa<br />
Assis sur l'appui d'une fenêtre un hnm P^es par les eaux, vont passer unie nuit ef<br />
me nous interpelle : 1U " froyable, sans lumière, dans lo silence, ter<br />
— Hep ! ribi© <strong>de</strong>s catastrophes, sans vivres, les nerf<br />
Mes rameurs répon<strong>de</strong>nt L'homm*. tondus, avec l'angoisse pour campagne.<br />
parier ; mais l'émotion J'étouffe H ne 1 -C'est un tableau in<strong>de</strong>scriptible.<br />
Alors 11 lève la main, les cinq do gte éear- FRANTZ-REICHEL.<br />
lrois^aZ mP ~ * M > - f — «t -* cœ<br />
— On va, l'ami, vous envoyer une hir<br />
irfïs»^^«è»»< lit» LLlu Q6 rai lîj<br />
Une grand'mère est au premier ; elle tient ~<br />
— Ile là 1 messieurs ! vous ne voudriez<br />
pas porter ce pain à ma fille, à ma petite- Paris, 25 <strong>janvier</strong>,<br />
fille, 16, rue Pelletan, c'est là, la première Jamais l'homme ne se sent plus près <<br />
rue à gauche, <strong>de</strong>rrière vous. la niato do Dieu que pendant ces jours 1<br />
— Donn-ez-le, crie l'équipage d'une autre gubres ou la science se déclare elte-mèu<br />
barque qui passe ; nous allons <strong>de</strong> ce côte. to^'P^ 10 d« nous protéger contre les fc<br />
Nous lo remettrons ; <strong>de</strong>là part <strong>de</strong> qui ? ces do la nature. Vous souvenez-vous d<br />
— Do la mère Julie. I . blasphèmes que provoquèrent dans toute<br />
La môro Julie lance som pain, manque la presse républicaine les envolées <strong>de</strong> n<br />
barqruo ; le pain tombe à l'eau, maie d'une aviateurs vers les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l'Kthen<br />
«ccousso <strong>de</strong> lu cor<strong>de</strong> à l'extrémité d« laquelle L'homme avait décidément rlon^i ô 7,,TJ<br />
Les accumulateurs du Palais-Bourbon<br />
étant noyés, le service <strong>de</strong> l'électricité est<br />
suspendu. Voici qu'on vient d'installer dans<br />
la salle <strong>de</strong>s Pas-Perdus six lampes qu'on<br />
dit provenir <strong>de</strong>s églises cambrio'lées. Quel-<br />
ques-uns <strong>de</strong> nos confrères les reconnaissent.<br />
Elles sont alimentées par un dérivé <strong>de</strong> la<br />
benzine et nous donnent une magnifique lu-<br />
mière, qui doit porter ombrage au roi Pa-<br />
taud.<br />
M. Fallières est monté cet après-midi en<br />
automobile et s'est fait transporter aux en-<br />
droits qui lui étaient désignés paT l'illustre<br />
Ramondou. Personne ne s'est aperçu <strong>de</strong> ce<br />
j déplacement superflu. Seule, l'Agence Ha-<br />
vas t'a signalé. En ce moment — cinq heu-<br />
reg — ie service <strong>de</strong> la navigation fait sa-<br />
voir ,aux journaux que la crue va s'aggra-<br />
ver. C'est la première fois que cet avis nous<br />
est communiqué. Le Syndicat <strong>de</strong> la marine<br />
fluviale se plaint vivement <strong>de</strong> l'insuffisance<br />
et <strong>de</strong> l'incurie du service hydrométrique.<br />
Ce servico a été complètement au-<strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong> sa tâche. S'il avait transmis à la batel-<br />
lerie les renseignements nécessaires, bien<br />
<strong>de</strong>s ruines et bien <strong>de</strong>s sinistres auraient été<br />
épargnés. Là aussi, la science a fait com-<br />
plètement faillite.<br />
tettFe<strong>de</strong>Paris<br />
Les Négations <strong>de</strong> nos adversaires. — Phy-<br />
sionomie <strong>de</strong> Paris<br />
Paris, 25 <strong>janvier</strong>.<br />
Jamais l'homme ne se sent plus près do<br />
la main do Dieu que pendant ces jours lu-<br />
gubres où la science so déclare elle-même<br />
fneapaWo do nous protéger contre les for-<br />
do la nature. Vous souvenez-vous <strong>de</strong>s<br />
blasphèmes que provoquèrent dans toute la<br />
presse républicaine les envolées <strong>de</strong> nos<br />
aviateurs vers les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l'Ether?<br />
L'homme avait décidément dompté nou seu-<br />
Vous savez comment s'est dénoué le débat<br />
scolaire. Les catholiques sont encore une<br />
fois menacés <strong>de</strong>s plus graves représailles.<br />
La République ne désarme pas et ne dé-<br />
sarmera jamais. Dams quelques jours, la<br />
Seine aura repris son cours normal. La Ré-<br />
volution, elle, reste toujours le fusil au<br />
pied, prête à faire feu sur nous. Et dire que<br />
certains catholiques comptent déjà sur un<br />
armistice et nous annoncent comme une<br />
mesure préliminaire le rétablissement <strong>de</strong><br />
l'ambassa<strong>de</strong> auprès du Vatican !<br />
On cite même le nom du futur diplomate.<br />
Ces sornettes trouvent créance daims beau-<br />
coup d'esprits. Un journal que commandite<br />
un Juif multimillionnaire, et auquel colla-<br />
borent <strong>de</strong>s prêtres défroqués, <strong>de</strong>s hugue-<br />
nots et <strong>de</strong>s dames, s'applique, tous les ma-<br />
tins à leurrer <strong>de</strong> fables puériles les cathn<br />
Mques qui le lisent. Je me gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong><br />
vous transmettre ces histoires. De tels roi.<br />
tes no soutiennent pas l'examen<br />
Ce matin le Juif Théodore Reinach a dai<br />
gne nous faire connaître son on , ù ' r<br />
es Manuels scolaires. Plein <strong>de</strong> n<br />
LgliKc. l'orateur a daigné ,vr-<br />
I raietre lie temps d'étudier la quiesrtàon,. » Très<br />
I bien I Très bien I)<br />
Les etaapiiwes 108 et 109 sont adosptés ; le<br />
I ohapiitre 110, y compris un relèvement <strong>de</strong><br />
I 20.000 traînes pour T inspection médicale <strong>de</strong>s<br />
I écoles est adopté, ainsi qiue lie etiapltoo 111.<br />
M. Louis Co<strong>de</strong>t. — Il est neeesisaiwe d.'argantt-<br />
I ser les taibtoofthèqiuies, saoforreis, qiuii sont <strong>de</strong>s 1)1-<br />
1 lAotbèqiueB populaires par exoelHiemoe.<br />
I M. Lecointe. — Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. te mitais-<br />
I tre <strong>de</strong> nie pais permettre aux miuaiicipalites,<br />
I mèanio lorsqu'elllies fournissent les manuecs<br />
I scoûaireis, d r intervenir dans le dhoto. <strong>de</strong> ces<br />
I manuels et dans 1» «hoitx <strong>de</strong>s votomes mus<br />
I aux moins <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong>s bi-bltothèques po-<br />
I puiaires. .<br />
Tout récemment encore:, à Amiens, <strong>de</strong>s cam-<br />
brioleuirs se sont introduits dans une école at<br />
I oint détauiit Oie© livres condamnés par les évê-<br />
I qwee.<br />
I U y a au moins une coïncdi<strong>de</strong>nce singuiTLere.<br />
I (Trié® bien ! Très bien I à garaahe. rtectteowi-<br />
I tiens indflgmées à dmoite et aiu cenitre.)<br />
M. Doumergue. — Je tiieodiral le plius grand<br />
I compte <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> M. Codiat -, quant<br />
J au fait sigiruallé par M. IjeiooiUiite, iû relevé <strong>de</strong> Da.<br />
I Les chapitres 112 à 117 sont adoptés.<br />
M. <strong>de</strong> Cailhard"Bancel. — Je propose sur le<br />
I ohapitre 118, service <strong>de</strong>is œmistruictioin-s sar><br />
I laires, une réduetion <strong>de</strong> 500.000 finaiiics ;<br />
I faut un oredat aussi éilevé au ohapitre 118,<br />
I c'est parce que les écoles c-oiigireguinlstes ont<br />
I été fermées, en exécution die la loi diu 4 Juil-<br />
I liett 1904 ; en présence <strong>de</strong> lia nécessite <strong>de</strong> lairo<br />
I <strong>de</strong>s éoanoniiies, je propose à la aiamtore <strong>de</strong><br />
• I proroger jusqu'en 1920 1© déliai <strong>de</strong> dix. ans pré-.<br />
I vu pair lie® artiiidDes 1er et 3 <strong>de</strong> la toi d» 1904<br />
I pour l'apptocatiion initegrale <strong>de</strong> nette loi.<br />
I Le gouvernement pourra ainsi s'abstenir <strong>de</strong><br />
I fermer les écoles liitares. quand, par exemple,<br />
les municipalités sfy apposeront. (Iiiaerirup-<br />
I tions à gauche.)<br />
1 I Le rapporteur. — Votre amen<strong>de</strong>ment est en<br />
' I fait inapplicable ; le crédit est <strong>de</strong>stiné à payer<br />
< I <strong>de</strong>s dépenses engagées.<br />
- I M. Doumergue. — L'économie que vous pro-<br />
I posez consistera à ne pas payer nos <strong>de</strong>ttes.<br />
I (Très bien I Très bien I à gauohe.)<br />
' I M. Berteaux. — Ge que vous voulez, c'est<br />
s I arrêter les constructions <strong>de</strong> nos écoles ; ce<br />
e I n'est pus à l'heure où vous nous déclarez la •<br />
6 I guerre qu'il faut attendre <strong>de</strong>s concessions.<br />
!. I Vous voulez reculler te moment où nos éco-<br />
s I les laïques s'ouvriront largement aux enfante<br />
i I du peuple ; nous p,réitendoîis nous hâter<br />
I Plus tard, la question du monopole so po-<br />
I sera ; pour le présent, nous entendons lutter<br />
* I <strong>de</strong> tous nos moyens contre l'enseignement<br />
i- I ecngirégoniste. (Applaudissements à gauchie ;<br />
I interruptions à droite.)<br />
I M. <strong>de</strong> Cailhard-Bancel. — 11 ne vous suffit<br />
I pas d'avoir fermé 20,000 écoles , vous prétai-<br />
a,t I d'ez encore faire sujpporter aux contribuables<br />
ie I -lies trais <strong>de</strong> votre eiiseignomenit. (Applaudisse-<br />
„ I menits a. droite.)<br />
J Ce n'est plus la guerre à l'ignorance , c'est<br />
ô " I lia guerre a la religion et à la liberté. (Très<br />
'a I bien I Très bien l a droite.)<br />
é- I M. Violette. — Je piésente un projet, <strong>de</strong> ro-<br />
m 1 solution tendant à oe que les projets <strong>de</strong> cerna,<br />
ue tractions scolaires soient définitivement éta-<br />
in blis au fur ot à mesure <strong>de</strong> leur arrivée an mi-<br />
ne ni stère et à ce que la subvention soit Immé-<br />
diatement déterminée.<br />
M. <strong>de</strong> Caîlhard-Bançei. - Je remercie M<br />
Violette <strong>de</strong> l'appui anticipé qu'il a apporté<br />
releveirueiit die crédit. » Vl0,ie un<br />
'Si m»<br />
riifrèfmi?u