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Dexter-2-Le Passager Noir - Zamster

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la lune se fait entendre de plus en plus fort dans mes veines<br />

tandis que la nuit se glisse sur la ville, et toute pensée ayant trait<br />

à la nourriture devient soudain triviale.<br />

Aussi, au lieu de déguster tranquillement un dîner riche en<br />

protéines, je me retrouvai à arpenter mon appartement, pressé<br />

de commencer, mais assez calme tout de même pour attendre,<br />

et permettre au <strong>Dexter</strong> Diurne de passer au second plan,<br />

éprouvant un sentiment de puissance enivrante tandis que le<br />

<strong>Passager</strong> <strong>Noir</strong> se mettait tranquillement au volant et vérifiait les<br />

commandes. C‘est toujours une sensation grisante de se laisser<br />

entraîner sur la banquette arrière et de regarder le <strong>Passager</strong><br />

conduire. <strong>Le</strong>s ombres semblent avoir des contours plus nets, et<br />

l‘obscurité prend une jolie teinte grise qui rend les formes<br />

autour beaucoup plus distinctes. <strong>Le</strong>s bruits infimes deviennent<br />

clairs et sonores, ma peau est parcourue de picotements, mon<br />

souffle est un rugissement, et l‘air se remplit d‘odeurs en aucun<br />

cas perceptibles durant la journée si ennuyeuse. Je n‘étais<br />

jamais aussi vivant que lorsque le <strong>Passager</strong> <strong>Noir</strong> prenait le<br />

volant.<br />

Je m‘obligeai à m‘asseoir dans mon fauteuil et à me<br />

maîtriser, sentant le Besoin déferler sur moi et laisser derrière<br />

lui une marée haute bouillonnante. Chaque inspiration me<br />

faisait l‘effet d‘un souffle d‘air froid qui me traversait et me<br />

dilatait, et je devenais énorme et luisant, tel l‘invincible faisceau<br />

d‘acier d‘un phare prêt à fendre la ville, à présent plongée dans<br />

la nuit. Mon fauteuil se transforma alors en une pauvre chose<br />

ridicule, une cachette pour souris, et seule la nuit était<br />

suffisamment vaste.<br />

<strong>Le</strong> moment était enfin venu.<br />

Nous sortîmes donc, dans la nuit claire, avec la lune qui me<br />

martelait les tympans, et la brise nocturne chargée du parfum<br />

de roses fanées, propre à Miami, qui caressait ma peau, et en un<br />

rien de temps je fus sur place, dans l‘ombre projetée par la haie<br />

de MacGregor, occupé à guetter, à attendre et à écouter – pour<br />

l‘instant – la prudence qui s‘enroulait autour de mon poignet et<br />

murmurait « patience ». Je trouvais navrant qu‘il ne puisse voir<br />

une lame qui luisait autant que moi dans l‘obscurité et, à cette<br />

-20-

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