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remarques stylistiques sur les lettres de jeanne d'arc

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maniere tout a fait differente <strong>de</strong> celle employee envers le roi et <strong>les</strong> soldats anglais qui veulent faire<br />

mainmise <strong>sur</strong> le royaume francais. La lettre reflete bien sa conscience et son sentiment. Cette lettre,<br />

composee <strong>de</strong> trois paragraphes et d' un post-scriptum comporte <strong>de</strong>s tons assez varies; on y rencontre<br />

tour a tour <strong>de</strong>s accents <strong>de</strong> persuasion, supplication, assertion, meme <strong>de</strong> contrainte imperative.<br />

Pour commencer Jeanne emploie aussi la tria<strong>de</strong>; mais cette fois-ci, elle commence par faire un<br />

appel avec reverence, et c'est plutot une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d' arbitrage entre le roi et le duc qu'une supplique<br />

ou une persuasion qu' on trouve ici:<br />

A="Hault et redoubte prince, duc <strong>de</strong> Bourgoingne,"<br />

B="Jehanne la Pucelle vous requiert <strong>de</strong> par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain<br />

seigneur, que le roy <strong>de</strong> France et vous, faciez bonne paix ferme, qui dure longuement,<br />

pardonnez l'un a 1'autre <strong>de</strong> bon cuer, entierement, ainsi que doivent faire loyaulx<br />

christians;"<br />

C="et s'il vous plaist a guerroier, si alez <strong>sur</strong> <strong>les</strong> Sarazins."<br />

Jeanne change <strong>de</strong> registre dans le <strong>de</strong>uxieme paragraphe; la persuasion pour exiger 1'evacuation<br />

s'exalte et 1'expression <strong>de</strong>vient subjective:<br />

"Prince <strong>de</strong> Bourgoingne , je vous prie, supplie et requiers, tant humblement que requerir vous<br />

puis que ne guerroiez plus au saint Royaume <strong>de</strong> France, et faictez retraire incontinent et<br />

briefment vos gens qui sont en aucunes places et forteresses du dit saint Royaume;"<br />

Cet appel manque <strong>de</strong> reverence; le sujet passe a la premiere personne au lieu <strong>de</strong> la troisieme<br />

personne du paragraphe prece<strong>de</strong>nt; elle insiste en employant trois verbes. "la France" est<br />

accompagnee d'une epithete unilaterale: "saint Royaume <strong>de</strong>".<br />

Elle annonce la possibilite d'une proposition <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> la part du roi <strong>de</strong> France, et en meme<br />

temps elle ajoute sa conclusion dogmatique <strong>sur</strong> le caractere <strong>de</strong> l'armee francaise:<br />

"et <strong>de</strong> la part du gentil Roy <strong>de</strong> France , it est prest <strong>de</strong> faire paiz a vous, sauve son honneur,<br />

son<br />

s'il ne tient en vous, et vous faiz a savoir <strong>de</strong> par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain<br />

seigneur, pour vostre bien et pour vostre honneur et <strong>sur</strong> voz vie, que vous n'y gaignerez<br />

point bataille a l'encontre <strong>de</strong>s loyaulx Francois, et que tous ceulx qui guerroient ou dit saint<br />

Royaume <strong>de</strong> France, guerroient contre le roy Jhesus, Roy du ciel et <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>, mon<br />

droicturier et souverain seigneur."<br />

Au troisieme paragraphe Jeanne repete une troisieme fois sa supplication ou s'epanche mieux<br />

cceur dans une expression concise:<br />

"Et vous prie et requiers a jointes mains , que ne faictes nulle bataille ne ne guerroiez contre<br />

nous, vous, voz gens ou subgiez;"<br />

La peroraison <strong>de</strong> cette lettre est mise en un imperatif qui <strong>de</strong>bor<strong>de</strong> <strong>de</strong> vigueur:<br />

"et croiez seurement que , quelque nombre <strong>de</strong> gens que vous amenez contre nous, qu'iz n'y<br />

gaigneront mie, et sera grant pitie <strong>de</strong> la grant bataille et du sang qui y sera respendu <strong>de</strong> ceux<br />

qui y vendront contre nous."<br />

La teneur du post-scriptum nous legue le sentiment <strong>de</strong> Jeanne qui regrette l' absence du duc <strong>de</strong><br />

Bourgogne au sacre <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> VII, et sa personnalite qui s'inquiete du sort <strong>de</strong> son heraut qui ne<br />

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