dossier | travailler <strong>2.0</strong> 12 / <strong>Le</strong> <strong>Monde</strong> Campus lundi 18 mars2013 Deslieux de travail d’un nouveau genre proposentaux indépendants de mettre en commun leurs compétences en se regroupantdans un même espace. <strong>Le</strong> succès est, pour l’heure, au rendez-vous. <strong>Le</strong> coworking, ou l’utopie communautaireenmarche O naccède àson bureau par un petit escalier, enfaisant attention ànepas entrer en collision avec lespoutrelles métalliques qui structurent l’édifice. Fériel s’est installée, il yapeu, dans la mezzanine boisée d’une ancienne usine de fabrication de matériel électrique, àMontreuil (Seine-Saint-Denis). La trentaine créative, ladirectrice artistique indépendante est ainsi devenuel’un des 80 résidents d’ICI Montreuil, centre de coworking ouvert en octobre 2012, vaste ruche qui se développe àvive allure. «Je travaillais auparavant dans mon apparte- amsterdam, uneville àlapointedutravail collaboratif Un taUx detravailleUrs àtemps partiel (45 %)très supérieur à la moyenne européenne (18 %), surtout parmi les femmes et les jeunes. Un indéniable esprit entrepreneurial combiné àun taux d’équipement enmoyens technologiques qui frise, lui aussi, des sommets. Une forte densité de population et, par conséquent, des appartements de taille très réduite : si Amsterdam peut être présentée comme l’une des capitales européennes ducoworking, c’est sans doute en raison del’addition de ces différents facteurs. Auxquels ont peut ajouter l’aide fournie par les pouvoirs publics àcette forme de travail en commun, censée favoriser la créativité et le lancement d’activités innovantes. <strong>Le</strong> secteur privéavitemesuré le potentieldecettenouvelle ment, ce qui pouvait grandementfavoriser en moi des phénomènes de procrastination, observe-t-elle. Ici, je suis plus productive,lefait que tout le monde arrive le matin et reparte le soir est structurant, il ya une ambiance de travail...» Segmenter les espaces privé etprofessionnel, et éviter ainsi de placer son bureau quelque part entre son lit etsacuisine :voilà la préoccupation principale des adeptes de ces espaces de travail d’un nouveau genre. «Ilyaici une énergie productive, une belle dynamique qui me donne une impulsion pour avancer sur mes projets», confirme Pauline, 34 ans, co- «niche»etils’emploie àdiversifier, améliorer et amplifier l’offre d’espacesdetravail temporaires. Appsterdam, De Balie, The CoWorking Amsterdam ou le pionnier HubAmsterdam :aux quatre coins de la métropole néerlandaise, designers, concepteurs, créateurs ou artistes trouverontnon seulementun bureaumais, souvent aussi, un lieu d’accueil. Si certains espacesproposentseulement l’indispensable –une table de travail, un téléphone, une connexionWi-Fi… –et, comme De Werkkamer,neveulentoffrir qu’une alternativeà«l’appartement transformé en pouponnière» d’une jeune famille, d’autressoignent l’accueil. Deskowitzmisesur les matériaux écologiquesetdurables, Beehivesdispose d’un service juridique et d’un… salondecoiffure. <strong>Le</strong>vKaupas, installédans un immeuble récompensé par un prix pour sesqualités architecturales, possèdeunespace de relaxation. Si un bureau coûte 75 euros par jour au Business Park Amsterdam, les tarifs sont variables en d’autresendroits, plus originaux ou «branchés». Seats2Meeta, elle, innové en offrantilya quelquesannéesunaccès gratuit àses locaux en échange d’un paiementen«capital social»:les visiteurs sont seulementtenus de créer un profil reprenantleurs donnéespersonnelles,leur réseau relationnel, leur fonction, leurs centresd’intérêts, etc. Ils sont aussi incités àéchanger projets, idées et réflexions avec leurs autres visiteurs. La société atoutefois d’autressourcesderevenus, comme médienne et récemment arrivée dans l’open space francilien. <strong>Le</strong> concept est on ne peut plus simple : les structures de coworking proposent tous les services nécessaires au travail «IlyaIcI uneénergIe productIve, unebelle dynamIquequI me donne une ImpulsIon pour avancer» Pauline, résidente d’un centre de coworking d’indépendants, de créateurs de start-up ou de télétravailleurs, du haut débitàl’imprimante. Professionnels du Web, du conseil, de la formation ou encore de la location de bureaux privés et insonorisés (10euros par jour)oude salles de réunions et d’auditoriums. Desespacesplusrécents combinent bureaux et lieuxd’exposition ou de vente. Enfin, la déjà longue expérience néerlandaise du coworking aentraîné d’autres innovations. Descommerçants, desentreprises,des clubs sportifs offrentunespace de travail en échange d’une réflexiondes participants surunproblème qu’elles rencontrent… et de la solution àcelui-ci. Cette «intelligence collective»est égalementsollicitée lors de séances improviséesdequestions :les participants mobilisentleurs savoirs et leur réseaurelationnel pour yrépondre. Jean-Pierre StroobantS, bruxelleS, correSPondant
lundi 18 mars2013 <strong>Le</strong> <strong>Monde</strong> Campus /13