Travailler 2.0 - Le Monde
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Simon RouSSin<br />
premiers rangs des candidats aux<br />
plans de départs volontaires que<br />
lesentreprises peuvent mettre en<br />
place en cas de crise.<br />
Consultante au sein du cabinet<br />
de conseil Cegos, Valérie Jaunasse<br />
se souvient ainsi d’un plan où les<br />
premiers partis étaient dejeunes<br />
ingénieurs. «Unplan social peut<br />
parfois permettre aux jeunes<br />
cadres de s’interroger : “Suis-je<br />
bien dans mon travail?” En début<br />
de carrière, on peut plus facilement<br />
rebondir ailleurs, on ne se<br />
sentpas attaché àune entreprise.»<br />
Cette attitude n’est toutefois<br />
pas une règleabsolue. La réaction<br />
des jeunes cadres variera selon<br />
leur propre situation. Comme<br />
celle deClara, ingénieure, qui a<br />
connudans son entreprise d’électronique<br />
un plan social alors<br />
qu’elleétaitenceinte. Elleaspirait<br />
à une stabilité professionnelle.<br />
D’autant qu’il n’y avait guère de<br />
sociétés similaires à la sienne<br />
dans la région où elle travaillait.<br />
Elle a finalement conservé son<br />
poste, mais se souvient avoir été<br />
très stressée àlamaternité, se demandantcequi<br />
allaitlui arriver.<br />
«Endébut dE carrièrE,<br />
on pEut rEbondir<br />
aiLLEurs,onnEsEsEnt<br />
pasattaché<br />
àunE EntrEprisE»<br />
Valérie Jaunasse, consultante<br />
du cabinet de conseil Cegos<br />
Quel que soit le degré d’angoisse<br />
des jeunes cadres face àla<br />
perspective d’un licenciement, un<br />
PSE n’en reste pas moins pour eux<br />
une expérience délicate àmener<br />
lorsqu’ils encadrent des équipes.<br />
Cette gestion en temps de crise<br />
demande un doigté qu’ils ne maîtrisent<br />
pas forcément, du fait de<br />
leur inexpérience. «Ils ne sontpas<br />
toujours armés face àune telle si-<br />
tuation, note ValérieJaunasse. <strong>Le</strong>s<br />
diplômés d’école de commerce ont<br />
toutefois souvent un peu plus de<br />
connaissances sur la sociologie des<br />
organisations que n’en ont les<br />
jeunes ingénieurs.»<br />
<strong>Le</strong> manageur devra trouver sa<br />
place pour accompagner des collaborateurs<br />
dont les postes sont<br />
supprimés. Une situation où les<br />
sentiments peuvent avoir toute<br />
leur place. «Cela peut être très<br />
complexe àgérer, reconnaît Sylvie,<br />
ingénieure de 39 ans. Lors<br />
d’un plan social qui atouché mon<br />
entreprise, un manageur aproposé<br />
discrètement des postes à<br />
l’extérieur àdes collègues. L’intention<br />
était bonne, mais des syndicalistes<br />
le lui ont reproché, estimant<br />
qu’il fallait d’abord sauver<br />
les emplois en interne au lieu d’organiser<br />
les départs.»<br />
Pour aider les manageurs, des<br />
«kitsd’information»sontparfois<br />
diffusés par le service des ressources<br />
humaines. De même, des<br />
cabinets de conseil pourront être<br />
sollicités pour guider les cadres<br />
dans la gestion de la crise.<br />
«<strong>Le</strong>premier des relais »<br />
«Ils doivent avant tout s’informer<br />
pour comprendre autant<br />
qu’ils le peuvent la situation :ampleur<br />
du plan, secteurs d’activité<br />
concernés, conseille Valérie Jaunasse.<br />
<strong>Le</strong>s jeunes manageurs<br />
constituenteneffet le premier des<br />
relais vers lequel les collaborateurs<br />
vont se tourner pour poser de<br />
nombreuses questions. Ils seront<br />
particulièrementsollicités.»<br />
Une situation d’autantplusdifficile<br />
àgérer que le poste qu’on<br />
occupe impose de garder sa motivation<br />
et de donner l’exemple...<br />
Alors qu’on se retrouve soi-même<br />
plongé dans l’incertitude.<br />
François Desnoyers<br />
lundi 18 mars2013 <strong>Le</strong> <strong>Monde</strong> Campus /35