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— Moi !<br />
C’est le timbre vocal de Catherine de Médicis sous un voile<br />
noir bordé d’un fil de laiton qui forme autour de sa tête une<br />
sorte d’auréole épinglée aux épaules. Toute pleine de reliqueries<br />
accrochées aux habits pour des vœux et devant une grande<br />
fenêtre, elle descend les dernières marches d’un escalier :<br />
— Après les lapins puis une autre fois le héron, c’est ce matin<br />
un cervidé que tu chasses dans le Louvre. Ce n’est plus<br />
possible !… Si tu tiens à courir le cerf dans un appartement, va<br />
faire ça chez ta maîtresse ! Je ne sais d’ailleurs pas trop ce que<br />
tu fiches rue du Monceau-Saint-Gervais où parfois paraît-il, lors<br />
de tes visites à la huguenote, du sang gicle sur ses vitres.<br />
Malade !<br />
La reine mère, altière, descend la dernière marche :<br />
— Mais enfin… heureusement pour la France et surtout pour<br />
Mes Chers Yeux, ce n’est pas ta femme mais elle qui, le 28 avril<br />
dernier dans le plus grand secret au château du Fayet à Barraux,<br />
t’a fait un fils.<br />
Le roi surpris met pied à terre :<br />
— Tu as eu connaissance de la naissance de Charles, comte<br />
d’Auvergne ?<br />
— Ah, parce que tu as anobli ton bâtard ?<br />
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