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Le batelier, comme un pierrot de corvée, tire les rames qui<br />
rappellent les battements d’ailes d’une libellule. L’alouette<br />
monte au ciel vers le jour. Avril fait crier l’insecte dans les<br />
herbes ! Fantôme perdu en ces fantaisies fantasques le long de<br />
la rivière aux ondes prolifiques, le souverain est bercé comme<br />
un enfant qui rêve et glisse sur les eaux parmi les roseaux et la<br />
brume. Il s’étonne de tout ce bonheur d’un jour qui se lève<br />
encore même si après avoir d’abord reconnu au loin deux<br />
chênes dans un long champ, passant devant un hameau brûlé, il<br />
peut lire, écrit à la craie, sur un mur noirci :<br />
Il va mourir, ce traître roi !<br />
Il va mourir, ô l’hypocrite !<br />
Il va mourir en désarroi,<br />
Vêtu de son fait inique !<br />
Il va mourir, ô le méchant !<br />
Toujours transpirant écarlate dans une fièvre cathartique qui<br />
est tantôt quarte, tantôt continue, cette plaie sanguinolente de<br />
<strong>Charly</strong> 9 – jeune homme stigmate – étend ses bras en croix.<br />
Extrémité des doigts dans l’eau de chaque côté de la barque, la<br />
lumière, entre les feuillages des arbres, peint sur sa peau des<br />
vitraux.<br />
Allez, batelier, rame, remonte la Seine ! Tu accosteras juste<br />
devant le Louvre où des soldats porteront le roi sur leurs<br />
épaules afin de le conduire en son palais. Pour l’instant, le<br />
monarque prend son cor et y souffle une pauvre plainte :<br />
— Couiiic…<br />
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