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BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère

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désigne cet acte comme essentiel dans le processus d’autonomisation de<br />

l’enfant. Et son vrai désir ne s’exprimera que lors de la rencontre avec<br />

H. emmu, lorsqu’elle lui posera ses conditions avant de l’e´ p<strong>ou</strong>ser. Ainsi estelle,<br />

dans les deux cercles familiaux, l’enjeu des de´ sirs de ces c<strong>ou</strong>ples.<br />

– Si ces c<strong>ou</strong>ples ne sont que les deux versants du c<strong>ou</strong>ple parental, on dira<br />

alors que le conte met en sce` ne la bonne et la mauvaise me` re ainsi que le bon et<br />

le mauvais pe` re p<strong>ou</strong>r une fille.<br />

En v<strong>ou</strong>lant manger Tanirt, chair fraıˆ che dont il raffole comme on sait,<br />

l’ogre, figure du mauvais pe` re, repre´ senterait le versant incestueux de la<br />

relation pe` re-fille lequel est pre´ sent dans la relation père géniteur-Tanirt<br />

mais sans l’inceste, interdit par la loi de la filiation et des géne´ rations.<br />

En conside´ rant sa fille comme une rivale, la génitrice, figure de la mauvaise<br />

me` re, repre´ senterait le versant incestueux de la relation me` re-fille lequel est<br />

pre´ sent dans la relation ogresse-Tanirt mais, la` aussi, l’inceste est interdit par la<br />

loi, celle de l’hospitalite´ , en l’occurrence, et de l’adoption par les petits ogres<br />

(loi de la filiation donc).<br />

Il y a donc deux modalite´ s de l’inceste p<strong>ou</strong>r la fille selon ce conte. L’origine<br />

est incestueuse, mais <strong>ou</strong> la loi se fait entendre p<strong>ou</strong>r interdire le passage a` l’acte et<br />

introduit la fille dans la filiation humaine <strong>ou</strong> elle est pervertie. Dans le premier<br />

cas, la loi introduit la fille dans la vérite´ de la filiation ; dans le second, elle est<br />

victime d’un marricide par pe` re interpose´ <strong>ou</strong> d’une incorporation parricide.<br />

C’est la` qu’il faut reprendre l’histoire de H. emmu p<strong>ou</strong>r conclure.<br />

CONCLUSIONS<br />

L’histoire de H. emmu contraste avec celle de Tanirt sur un point essentiel<br />

au moins. En effet, la premie` re ne pre´ sente en détail, si j’ose dire, que le<br />

rapport me` re-fils et occulte le rapport père-fils. A moins de conside´ rer que<br />

l’absence de ce rapport signifie le de´ faut de père. On peut suivre cette piste<br />

d’autant plus que deux arguments peuvent l’e´ tayer : (i) la position <strong>«</strong> fe´ minine<br />

» du père a` coˆ te´ de la me` re <strong>«</strong> phallique » tenant le c<strong>ou</strong>teau du sacrificateur<br />

et (ii) le père de Tanirt qui ce` de devant les exigences de son e´ p<strong>ou</strong>se en<br />

abandonnant sa fille. Ces deux arguments narratifs sugge` rent la non-consistance<br />

du pe` re.<br />

Quoi qu’il en soit et jusqu’a` plus ample informe´ , on notera que les deux<br />

histoires insistent sur les points suivants :<br />

1. Les deux me` res de l’un et de l’autre sont dans un rapport incestueux avec<br />

leur proge´ niture. L’expression de cet inceste est la rivalite´ :lamère de H. emmu<br />

rivalise avec Tanirt p<strong>ou</strong>r l’appropriation de son fils en excluant t<strong>ou</strong>te autre<br />

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