BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
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TEXTES TRADUITS 1<br />
I<br />
HMAD UNAMIR<br />
(Version Zohra Amah<strong>ou</strong>, re´gion de Tar<strong>ou</strong>dant, 1992/1993)<br />
Une femme avait un garc¸ on qui s’appelait Hmad Unamir. Chaque matin, au réveil,<br />
il tr<strong>ou</strong>vait ses mains teintes de henne´ . A l’e´ cole coranique, le maître vit le henne´ dans<br />
ses mains et lui dit : <strong>«</strong> Ce ne sont que les filles qui mettent le henne´ .»<br />
Hmad Unamir lui dit :<br />
– C’est que, Maître, a` chaque réveil, je tr<strong>ou</strong>ve le henne´ dans mes mains.<br />
– Il ne faut pas que tu t’endormes la nuit p<strong>ou</strong>r que tu saches qui te mets le henne´ .<br />
Il prit des amandes, les mangea p<strong>ou</strong>r ne pas s’endormir. Accompagne´ de son<br />
esclave, un ange descendit du ciel. L’esclave prend la main de Hmad Unamir p<strong>ou</strong>r<br />
que l’ange lui mette le henne´ . Il la laissa jusqu’a` ce qu’elle ait presque fini, puis il lui prit<br />
la main. Elle lui dit :<br />
– Laisse-moi, tu es incapable de re´ aliser mes désirs.<br />
– Quels sont-ils ?<br />
–Outue´ gorges p<strong>ou</strong>r moi un m<strong>ou</strong>ton chaque j<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> tu me construis sept chambres<br />
dont chacune communique avec l’autre. Et que personne ne me voie.<br />
– Je suis incapable d’e´ gorger p<strong>ou</strong>r toi un m<strong>ou</strong>ton chaque j<strong>ou</strong>r, mais je peux te<br />
construire sept chambres dont chacune communique avec l’autre.<br />
Il bâtit une maison de sept chambres <strong>ou</strong>` elle habita. A chacune de ses sorties, il<br />
fermait les chambres et cachait la clé dans la paille. A l’heure des repas, il emportait à<br />
manger dans la chambre de l’ange. Quand sa me` re pose le c<strong>ou</strong>vert, elle dispose deux<br />
parts dans le plat. Mais elle fut envahie par la curiosite´ . Elle se disait : <strong>«</strong> Que cache<br />
Hmad Unamir dans sa chambre ? P<strong>ou</strong>rquoi la ferme-t-il t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ? »<br />
Un j<strong>ou</strong>r, une p<strong>ou</strong>le f<strong>ou</strong>illait dans la paille et tomba sur la cle´ et la prit. La me` re vit la<br />
clé, lare´ cupéra et <strong>ou</strong>vrit les chambres une a` une. Quand elle les <strong>ou</strong>vrit t<strong>ou</strong>tes, elle<br />
tr<strong>ou</strong>va l’ange en train de se peigner les cheveux. Elle lui dit :<br />
– Ah bon ! c’est c¸ a que Hmad Unamir cache dans sa chambre !<br />
Alors, elle referma les chambres et remit la cle´ a` sa place dans la paille. Quand Hmad<br />
Unamir fut de ret<strong>ou</strong>r, il prit la clé et <strong>ou</strong>vrit les chambres.<br />
L’ange lui dit :<br />
– Je veux que tu me fasses une petite <strong>ou</strong>verture car je suffoque beauc<strong>ou</strong>p ici. Il<br />
s’exe´ cuta ; elle se transforma en pigeon, s’envola et sortit par le tr<strong>ou</strong>. Quand Unamir<br />
fut de ret<strong>ou</strong>r, il ne la tr<strong>ou</strong>va pas. Elle lui avait laisse´ une bague qu’il mit au doigt.<br />
Il sortit, il marcha longtemps jusqu’a` une colline verte sur laquelle perchait un aigle.<br />
Il dit :<br />
– Aigle, colline verte, un pigeon blanc, n’est-il pas passe´ par la` ?<br />
Il re´ pe´ ta trois fois sa demande et l’aigle lui répondit :<br />
– Ce pigeon est au septie` me ciel.<br />
Hmad Unamir lui dit :<br />
1. Je tiens a` remercier M me Paillet qui m’a remis ces versions à Agadir apre` s ma confe´ rence a` l’Universite´<br />
comme signe de bienvenue et elle a dit publiquement que je p<strong>ou</strong>vais en faire l’usage que je v<strong>ou</strong>lais. En les<br />
publiant auj<strong>ou</strong>rd’hui, apre` s un remaniement assez important, j’espe` re contribuer a` faire connaître un des<br />
plus grands mythes <strong>berbère</strong>s et la re´ gion de ses jeunes étudiants si sympathiques.<br />
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