BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
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– Jure-moi que tu ne laisseras personne me voir : ni celui qui demande à boire, ni ton<br />
père, ni ta me` re. Seul toi et celui qui n<strong>ou</strong>s a cre´ e´ s, pre´ cisa l’ange.<br />
– Je suis d’accord, dit l’e´ colier.<br />
Il l’emmena dans une chambre de sept portes p<strong>ou</strong>r que l’ange fut a` l’abri de t<strong>ou</strong>te<br />
curiosite´ humaine et qu’il fut à l’abri des regards des enfants, des adultes, de son père et<br />
de sa me` re.<br />
Il continua ses e´ tudes et son apprentissage du Coran. Les j<strong>ou</strong>rs fe´ riés, il partait à la<br />
chasse juche´ sur sa monture. Il revenait avec un gibier abondant : des gazelles et<br />
d’autres bêtes.<br />
Il avait averti sa me` re de ne pas entrer dans la demeure de l’ange :<br />
– Attention ! Ne va pas dans cette c<strong>ou</strong>pole et ne laisse personne, petit <strong>ou</strong> grand, y<br />
entrer.<br />
Un j<strong>ou</strong>r, cependant, la curiosite´ p<strong>ou</strong>ssa sa me` re a` chercher la cle´ et <strong>ou</strong>vrit la<br />
chambre interdite alors que son fils e´ tait a` la chasse à cheval. Elle entra dans la<br />
pie` ce et y tr<strong>ou</strong>va une personne d’une beaute´ sans pareille ; elle devint folle par cette<br />
déc<strong>ou</strong>verte impre´ vue. P<strong>ou</strong>r se venger de l’intruse, elle la p<strong>ou</strong>rchassa en vue de s’en<br />
saisir et de la chaˆ tier :<br />
– Hum ! C’est toi qui occupe cette c<strong>ou</strong>pole ! Très bien, s’écria la me` re rongée par la<br />
rancune.<br />
Elle quitta la pie` ce et laissa l’ange triste et me´ lancolique. Il se mit à pleurer,<br />
longtemps, à chaudes larmes au point que la pie` ce devint un étang.<br />
L’e´ colier fut de ret<strong>ou</strong>r. Il s’introduit dans la pie` ce et fut ent<strong>ou</strong>re´ d’eau jusqu’aux<br />
gen<strong>ou</strong>x.<br />
A sa vue, l’ange s’envola dans l’air et s’installa sur une baie :<br />
– C’est fini entre n<strong>ou</strong>s à partir de ce j<strong>ou</strong>r, dit l’ange.<br />
– Comment ? D’<strong>ou</strong>` vient cette eau ?, s’e´ tonna l’écolier.<br />
– Le serment que j’ai eu de toi, ta me` re l’a casse´ . T<strong>ou</strong>t ce qui est entre n<strong>ou</strong>s est fini<br />
auj<strong>ou</strong>rd’hui, aj<strong>ou</strong>ta l’ange.<br />
Et il prit son envol dans les airs s<strong>ou</strong>s la forme d’une colombe ; il monta jusqu’au<br />
septie` me ciel <strong>ou</strong>` il re´ sida.<br />
L’e´ colier se retr<strong>ou</strong>va dans un e´ tat d’hébétude extreˆ me ; il ne savait plus quoi faire. Il<br />
enf<strong>ou</strong>rcha sa monture et se mit à la recherche de sa bien-aime´ e. Il se déplaçait<br />
constamment d’un lieu à un autre, par monts et par vaux, le j<strong>ou</strong>r comme la nuit,<br />
sans preˆ ter attention au temps que durait sa queˆ te.<br />
Un j<strong>ou</strong>r, dans son errance a` travers la forêt, il fut devant un monticule bizarre sur<br />
lequel il y avait un rocher <strong>ou</strong>` p<strong>ou</strong>ssait une herbe verdoyante et pleine de fraîcheur ;<br />
c’était un paysage captivant. Son attention fut attire´ e par le contraste entre la<br />
se´ cheresse de la re´ gion et la fraîcheur de cette herbe.<br />
Devant ce paysage et cette herbe, l’e´ colier se laissa aller dans une longue me´ ditation<br />
et puis il se dit :<br />
– Comment cette herbe a-t-elle pu p<strong>ou</strong>sser sur ce rocher sans qu’il y ait ni s<strong>ou</strong>rce ni<br />
pluie ?<br />
S<strong>ou</strong>dain, une cre´ ature de Dieu passa au-dessus de lui en l’interpellant :<br />
– Eh ! Toi qui me´ dites ! Regarde cette herbe qui a p<strong>ou</strong>sse´ sur ce rocher sans qu’il y ait<br />
d’eau. Seule la volonte´ divine l’a fait p<strong>ou</strong>sser. Fais comme elle et ne pense pas. T<strong>ou</strong>t est<br />
a` s<strong>ou</strong>haiter de Dieu.<br />
A l’improviste, un faucon surgit du ciel en t<strong>ou</strong>rnoyant au-dessus de l’e´ colier a` qui il<br />
dit :<br />
– Eh ! Toi qui me´ dites ! Veux-tu rejoindre ta bien-aime´ e dans les cieux ?<br />
– Qui va m’emmener chez elle ?, demanda l’e´ colier.<br />
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