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BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère

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– S’il n’y avait pas de raison, je ne me serais point abandonne´ e aux larmes. Je t’avais<br />

pre´ venu que tu ne seras pas apte à me satisfaire.<br />

En tendant la main p<strong>ou</strong>r la saisir, celle-ci se me´ tamorphosa en colombe. Le plafond<br />

s’<strong>ou</strong>vrit p<strong>ou</strong>r la laisser s’envoler. Elle prit la direction de l’empyre´ e t<strong>ou</strong>t en laissant une<br />

bague dans la main du roi. M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> pleura, meˆ lant ainsi ses larmes a` celles de<br />

sa bien-aime´ e.<br />

Le roi résolut d’aller à sa recherche. Il enf<strong>ou</strong>rcha sa monture et prit son viatique.<br />

Il rencontra sur son chemin un chasseur auquel il fit part de sa situation. Le<br />

chasseur s’excusa de ne pas avoir rencontre´ de colombe. Le roi continua son<br />

chemin jusqu’a` ce qu’il tr<strong>ou</strong>va, au pic d’un rocher, un aigle en train de dresser<br />

ses petits. M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> l’appela. Un aiglon l’entendit et interrompit son père<br />

qui le jeta du haut du rocher. M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> se pre´ cipita et prit au vol le petit<br />

qui allait s’écraser sur le sol. Il le coiffa et lui offrit une datte. La sce` ne se répéta<br />

jusqu’a` ce que l’aigle ait jete´ son sixième fils. Ce fut alors qu’il entendit l’appel du<br />

roi.<br />

L’aigle vit alors ses enfants t<strong>ou</strong>s coiffe´ setsere´ galant de dattes. C’est ainsi qu’il dit<br />

au roi :<br />

– Si tu n’avais pas agi ainsi, je t’aurais réduit en eau sale´ e. Maintenant, que veux-tu<br />

de moi ?<br />

Le roi l’interroge a` son t<strong>ou</strong>r :<br />

– As-tu vu une colombe dans le firmament ?<br />

Et a` l’aigle de re´ pondre :<br />

– Celle que j’ai vue, je l’ai suivie mais en vain.<br />

Le roi lui relata la véritable histoire de la colombe.<br />

M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> implora ensuite l’aigle :<br />

– Par Allah, peux-tu me conduire jusqu’a` l’empyre´ e auprès de ma femme ?<br />

L’aigle accepta. Mais p<strong>ou</strong>r ce faire, il lui dit :<br />

– Il te faut t<strong>ou</strong>t d’abord immoler ton cheval, en retrancher sept languettes de viande<br />

et sept gorgées de sang. Chaque fois qu’on traversera un ciel, tu m’offriras une tranche<br />

de chair et une gorge´ e de sang.<br />

M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> ne put sacrifier sa monture. Mais son am<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r sa femme<br />

l’emporta. Il ne put s’empeˆ cher de pleurer au moment du sacrifice. Mais apre` s, lui et<br />

l’aigle prirent le chemin du ciel.<br />

Parvenu au premier ciel, le roi tendit a` l’aigle la pitance pre´ vue. Au second ciel, la<br />

meˆ me sce` ne se répe´ ta ; il en fut ainsi jusqu’au sixie` me ciel lorsqu’une languette de<br />

viande échappa au roi. Ce dernier la compensa en tranchant une de son bras. Au<br />

septie` me ciel, M’hnd <strong>ou</strong> <strong>Namir</strong> tendit sa pitance à l’aigle qui, ne la tr<strong>ou</strong>va pas aussi<br />

délicieuse que les pre´ ce´ dentes, répliqua :<br />

– P<strong>ou</strong>rquoi ce morceau de viande est-il aussi sale´ ?<br />

Le roi lui re´ véla la vérite´ ; et l’aigle de l’avertir :<br />

– Si ta bonté n’avait pas pre´ cédé la mienne, je t’aurais re´ duit en sel et en eau.<br />

Ils atteignirent l’empyre´ e et l’aigle prit le chemin du ret<strong>ou</strong>r. Quant au roi, il s’installa<br />

sur un figuier au bord d’une s<strong>ou</strong>rce <strong>ou</strong>` s’abreuvaient les habitants. T<strong>ou</strong>t esclave qui<br />

venait remplir sa jarre apercevait l’image du roi dans l’eau et croyait qu’il s’agissait de<br />

la sienne propre ; il jette ensuite la jarre t<strong>ou</strong>t en disant :<br />

– Dieu ! Je suis aussi belle ! P<strong>ou</strong>rquoi continuerais-je de vivre en esclavage ?<br />

L’esclave de la femme vint chercher l’eau. Aussitoˆ t qu’elle jeta la jarre, le roi se<br />

dévoila et s’empressa de s’informer aupre` s d’elle au sujet de son ép<strong>ou</strong>se. L’esclave lui<br />

affirma :<br />

– Maître, votre femme s’est remarie´ e avec un juif, et elle a un enfant.<br />

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