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La vie dans nos résidences
L’Analyse des pratiques professionnelles
L’analyse des pratiques professionnelles a été réalisée par Virginie
Merle, psychologue et Hervé Helle, ergothérapeute à la Presqu’île,
à travers une formation : « Le prendre soin de nos résidents dans
les actes de la vie quotidienne ».
La toilette, les actes de nursing, les
changes, la surveillance ou l’aide au
repas, le lever, les transferts, le brancardage,
l’aide à la locomotion… font partie
intégrante du « prendre soin »
duquel va dépendre l’amélioration ou le
maintien en bonne santé de nos résidents,
induisant une qualité de travail
des équipes soignantes.
Nous avons donc souhaité mettre en
place une formation ayant pour référence
la mise en humanitude de Gineste-
Marescotti & Pelissier. Elle est un savoirfaire
naturel, comme nous faisons avec
le nouveau-né. Un savoir-faire qui existe
depuis des siècles et qui nous donne des
clés afin de « prendre soin » au mieux
de nos résidents. Il passe par la parole,
le regard et le toucher ; trois outils
nécessaires pour faire du temps passé
avec nos résidents un temps de vie, de
confirmation de ce qu’ils sont : des Etres
Humains. Pour ce faire, nous avons
constitué quatre sessions, chacune
durant environ 1 heure et demi et
regroupant 5 à 8 personnes. Chacune
des sessions a été une mise en situation
soignant / soigné pour sensibiliser
aux handicaps. Nous avons donc installé
les participants dans un fauteuil
roulant. Afin de renforcer le sentiment
de handicap, nous les avons privés de
certains sens ; à savoir la vue diminuée
à l’aide de compresses posées sur les
yeux, l’ouïe par le biais de coton mis
dans les oreilles et nous leur avons attaché
le membre supérieur dominant. Le
« soignant » devait brancarder au sein
de l’établissement, le « soigné » sur un
trajet prédéfini. La mise en situation a
permis aux participants de comprendre
de l’intérieur ce que vit l’autre, soit le
résident. Ainsi ils ont pu exprimer leur
vécu (perte de contrôle et de maîtrise,
présence d’inconnu, perte de repère,
passage de l’état de valide à celui d’invalide,
dépendance, sentiment d’impuissance,
vitesse éprouvée lors des
déplacements, manque de dialogue...)
lequel nous a permis d’échanger sur des
outils simples et à la disposition de chacun.
Chacune des sessions évoque leur
besoin d’information et de sécurité,
émerge alors la nécessité du toucher et
de la parole. En revanche, le regard qui
bien que primordial et tellement naturel,
n’est pas considéré immédiatement.
Néanmoins, une fois la prise de
conscience de l’intérêt du regard établi,
chaque session en admet et en reconnaît
sa primordialité.
Paradoxalement, le regard est utilisé
quotidiennement et à bon escient mais
son caractère si évident l'amène à passer
inaperçu à la longue. Il s’agit donc
de trois outils (regard, parole, toucher)
que le personnel utilise naturellement,
mais en minimise l’impact positif. C’est
un savoir-faire qui est à la disposition de
chacun d’entre nous, dont l’utilisation
demande à être professionnelle au
même titre que peuvent l’être, par
exemple, les techniques des toilettes.
Brigitte Ihuel et Jahida Bounoua ont joué le jeu.
Si l’on fait un parallèle avec le
domaine de l’enfance, nous constatons
qu’il est naturel de s’approcher, de
regarder l’enfant à la hauteur de son
visage, face à lui et ce durant plusieurs
secondes. Au cours des soins, nous parlons
à l’enfant sur un ton mélodieux et
doux. Quand nous le touchons, les
gestes sont doux et amples. Puis l’enfant
est mis à contribution. Et lorsque
les soins sont terminés, l’enfant est félicité.
Tout ceci va participer à son développement.
La personne âgée n’est
pas un enfant, elle a fait son développement
et se trouve en fin de vie. Le
vieillissement normal et pathologique
l’amène à avoir ses capacités diminuées,
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Virginie Merle, psychologue
et Hervé Helle, ergothérapeute.
rendant ainsi plus difficiles les actes de
la vie quotidienne. Le « prendre soin »
des nourrissons est donc une source de
savoir-faire applicable à la personne
âgée. Tout comme le nourrisson, la personne
âgée a besoin que son environnement
soit le plus stimulant possible,
afin que son autonomie psychique et
physique soit préservée. Nous intervenons
dans un domaine, la gérontologie,
qui n’est qu’à ses débuts et ne demande
qu’à évoluer. A travers ce type de
formation, nous avons souhaité d’une
part fournir des outils mais aussi amener
l’équipe à réfléchir sur leur pratique
et qu’ensemble nous fassions évoluer
cette manière de travailler auprès de
personnes âgées.
Nous avons donc pu échanger sur ce
savoir-faire à travers des situations
concrètes rencontrées sur le terrain.
Ainsi, il apparaît clair qu’il n’y a pas de
méthode unique dans le prendre soin
de nos résidents, qu’il y a un savoirfaire,
des techniques qui doivent être
adaptées aux besoins et aux capacités
de la personne. Toutefois, les outils sont
toujours les mêmes mais ils sont utilisés
de façons différentes.
Cette formation, outre l'intérêt de
remettre en mémoire les acquis, outre le
fait de redonner confiance aux compétences
de chacun, et outre l'intérêt de
se voir sensibilisé aux handicaps liés à
l'âge, avait pour vocation première de
mettre en évidence qu'au cours de chacune
de nos interventions, quelle que
soit notre fonction, il est important,
pour ne pas dire primordial, d’utiliser
chacun de ces outils. Et ce, afin de remplir
au mieux notre mission commune :
prendre soin de nos résidents dans
les actes de la vie quotidienne.
Article rédigé par Virginie Merle, Psychologue, Hervé Helle, Ergothérapeute et Jahida Bounoua CorCom de la Presqu’Ile - Port-de-Bouc (BdR)