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Les banques marocaines devancent leurs consœurs maghrébines

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Chaque mercredi en kiosques<br />

dès septembre 2007<br />

MESSAGE<br />

AUX LECTEURS<br />

Voici la première ébauche de ce<br />

qui deviendra, au fil des semaines,<br />

à partir de septembre 2007,<br />

le premier journal financier<br />

africain. Egalement le premier<br />

hebdomadaire panafricain<br />

rédigé par des journalistes basés<br />

en Afrique. Toutes vos<br />

remarques ou propositions<br />

sont bienvenues à l’adresse<br />

direction@lesafriques.com.<br />

Lire le message des fondateurs<br />

en Page 8<br />

BOURSE<br />

<strong>Les</strong> Bourses africaines performent.<br />

L’AI 40, l’indice qui rassemble<br />

les 40 va<strong>leurs</strong> les plus<br />

importantes du continent, est<br />

passé en un an de 110 à 158, soit<br />

un gain supérieur à 40 %.<br />

Détails en page 10<br />

BANQUES<br />

ET ASSURANCES<br />

Privatisation du CPA en Algérie,<br />

tentatives de prise de contrôle<br />

du groupe Eco Bank, ouverture<br />

de la banque Atlantique à des<br />

partenaires : les <strong>banques</strong> africaines<br />

sont l’objet de toutes les<br />

attentions. Pages 5 et 7<br />

La Tunisie, en février 2007, et<br />

le Maroc, un mois plus tard,<br />

ont ouvert <strong>leurs</strong> réglementations<br />

bancaires aux produits<br />

islamiques. <strong>Les</strong> premières formules<br />

halal arrivent sur le<br />

marché au courant de ce mois<br />

de juillet. Page 11<br />

Première assurance vie abordable<br />

pour les séropositifs. La<br />

compagnie sud-africaine AllLife<br />

propose des produits d’assurance-vie<br />

à destination spécifique<br />

des malades du sida.<br />

Page 7<br />

INVESTISSEMENT<br />

Réalisé par <strong>Les</strong> Afriques sur la<br />

base des rapports de la Banque<br />

mondiale, du PNUD, de la<br />

CNUCED, du WEF et des notes<br />

de synthèse de Standard &<br />

Poor’s, le classement des dix<br />

économies les plus performantes<br />

d’Afrique. Page 12<br />

<strong>Les</strong> Emirats lancent une grande<br />

offensive sur les ports africains.<br />

Ils viennent de remporter Dakar<br />

et sont en passe de gérer Alger.<br />

Leur stratégie en page 15<br />

<strong>Les</strong> pays émergents investissent<br />

à leur tour en Afrique.<br />

L’offensive de la Chine est spectaculaire.<br />

Mais il faut également<br />

compter avec l’Inde, l’Afrique<br />

du Sud ou les Etats du Golfe…<br />

Tour d’horizon en page 15<br />

ECONOMIE<br />

En 2050, les Africains constitueront<br />

22% de la population<br />

mondiale active. Une étude réalisée<br />

par la Société Générale<br />

remet en question les politiques<br />

européennes d’immigration,<br />

présentée en page 21<br />

Diasporas. L’économie française<br />

tarde à s’adapter à sa nouvelle<br />

population pluriculturelle. <strong>Les</strong><br />

besoins spécifiques des consommateurs<br />

afro-européens sont<br />

encore ignorés. Page 20<br />

POLITIQUE<br />

Africom, le projet de renforcement<br />

de la présence militaire<br />

américaine en Afrique rencontre<br />

une grande perplexité sur le<br />

continent. Page 23<br />

Le journal de la finance africaine. Paraît le mercredi<br />

N o 1: Juillet - Août 2007 www.lesafriques.com<br />

<strong>Les</strong> <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />

<strong>devancent</strong> <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />

<strong>maghrébines</strong><br />

Par l’intégration des nouveaux métiers de la banque et, surtout, par le<br />

développement à l’international, les Marocaines prennent une longueur<br />

d’avance. <strong>Les</strong> Tunisiennes et les Algériennes jouent pour l’heure la carte<br />

nationale.<br />

Avec un total bilan de 20,16 milliards<br />

de dollars, la marocaine<br />

Attijariwafa Bank, vient au premier<br />

rang des <strong>banques</strong> <strong>maghrébines</strong>.<br />

L’année 2006, deuxième<br />

exercice post fusion, a vu l’institution<br />

faire progresser son produit<br />

net bancaire de 19,9 % par<br />

rapport à 2005, le hissant à 6,76<br />

milliards de dirhams. Celui-ci<br />

repose certes sur les composantes<br />

classiques que sont la marge<br />

d’intérêts (4,28 milliards de dirhams,<br />

en progression de 6,3 %),<br />

la marge sur commission (1, 35<br />

milliard, en hausse de 46,7 %),<br />

mais connaît aussi le développement<br />

rapide d’une troisième<br />

composante : le produit des<br />

opérations de marché. Ce nouveau<br />

pôle a rapporté à la première<br />

banque marocaine 740<br />

millions de dirhams, en augmentation<br />

de 87,1 %.<br />

C’est là, sur les salles de marché,<br />

que les <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />

ont pris le plus d’avance<br />

par rapport à <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />

des autres pays du Maghreb.<br />

Chez BMCE aussi, les opérations<br />

de marché sont en très<br />

forte progression (84%), soit<br />

une contribution de 22% à la<br />

formation du PNB (16,3%).<br />

Même ordre de croissance de<br />

cette rubrique « Marchés » portée<br />

à 325 millions de dirhams<br />

(+63 %) chez la BCP, filiale<br />

cotée du Groupe Banque<br />

Populaire, troisième banque<br />

dans notre classement. Ce<br />

niveau d’ingéniosité financière<br />

constitue avec le développement<br />

à l’international, les<br />

caractéristiques des <strong>banques</strong><br />

<strong>marocaines</strong>, engagées dans la<br />

recherche de nouveaux relais de<br />

croissance. Lire en page 5.<br />

Côte d’Ivoire :<br />

l’éléphant est de retour<br />

L’économie avait décidément hâte de reprendre ses droits en Côte d’Ivoire.<br />

Il a suffi d’un espoir de paix pour que s’annonce le retour de l’éléphant<br />

d’Afrique.<br />

En route pour la paix, la Côte d’Ivoire joue une<br />

grande partie de son avenir ce mois de juillet à<br />

Washington. Le conseil d’administration du<br />

Fonds monétaire international va étudier les<br />

programmes financiers ivoiriens pour 2007 et<br />

d'Assistance d'urgence post-conflit (AUPC).<br />

Certes, les consultations électorales programmées<br />

pour le premier trimestre de l’année prochaine<br />

demeurent le préalable à tout, mais, la<br />

relance de l’économie concourra à la paix. Le<br />

pays aura besoin d’importantes ressources<br />

pour se reconstruire et relancer une économie<br />

qui a fait preuve, il est vrai, d’une remarquable<br />

vitalité avec un taux de croissance de 1,2% en<br />

2006 après 1,8 % en 2005 malgré la crise politico-militaire<br />

qui a abouti à la division du pays<br />

depuis septembre 2002.<br />

Lire en page 3.<br />

Franc CFA, craintes de dévaluation<br />

Omar Bongo Odimba<br />

Dans la crainte d’une nouvelle chute du franc<br />

CFA, à défaut de pouvoir fuir massivement vers<br />

des placements sécurisés, l’épargne s’investit,<br />

localement, de plus en plus dans des secteurs à<br />

faible risque comme l’immobilier qui connaît<br />

un boum extraordinaire. Certaines institutions<br />

internationales basées dans la zone n’ont plus<br />

de comptes locaux qu’en euro. Au début du<br />

mois de mai, le président Abdoulaye Wade du<br />

Classement des Banque Maghreb<br />

Banques Total Bilan Crédits Dépôts PNB Résultat net<br />

En millions de dollars (au cours moyen du mois de<br />

mars 2007). Maroc : 1 dollar = 8, 25. Tunisie :<br />

1 dollar = 1,30 dinars tunisien. Algérie : 1 dollar =<br />

68,157 dinars algériens. En raison de la non disponibilité<br />

de tous les éléments des <strong>banques</strong> algériennes,<br />

généralement publiques et non tenues aux<br />

mêmes règles de diffusion d’informations que les<br />

entreprises cotées, nous dressons ce classement sur<br />

la base du critère Total Bilan, retraité au cours du dollar<br />

durant le mois de mars 2007.<br />

Le quartier d’affaires de Casablanca<br />

Attijariwafa Bank (Maroc) 20 165 10 259 16 236 819,0 245,0<br />

Banque Extérieure d’Algérie 16 032 34,0<br />

BMCE (Maroc) 9 418 4 627 7 922 354,5 89,9<br />

BCP 9 078 799 590 108,6 70,0<br />

BADR 7 310<br />

Sté Tunisienne de Banque (STB) 6 119 4 774 3 974,5 2 37,5 28,0<br />

Banque Nat. Agricole (Tunisia) 5 839 4 350 4 291,3 229,0 22,0<br />

Banque de l’Habitat (Tunisie) 4 842,5 3 714 3028 189,0 48,7<br />

Lachemi Siagh<br />

Un retour au pays qui profite grandement<br />

à l’Algérie.<br />

Après un brillant parcours<br />

dans la finance internationale,<br />

il revient en Algérie en 2000<br />

pour contribuer à moderniser<br />

le secteur financier de son<br />

pays. En quelques années, il<br />

met sur pied un marché obligataire<br />

qui permet aux entreprises<br />

algériennes de lever<br />

plus de deux milliards de dollars<br />

sur l’épargne locale. Et<br />

aujourd’hui, il introduit la<br />

Deutsche Bank à Alger en lui<br />

cédant 51% de son cabinet de<br />

conseil Strategica.<br />

Lire en page 24.<br />

Quinze ans après la brutale dévaluation de 1994, une rumeur s’amplifie<br />

« Bercy préparerait une nouvelle dévaluation ».<br />

Sénégal, est revenu à la charge pour démentir<br />

cette rumeur persistante. Quant au président<br />

du Gabon, Omar Bongo Odimba, il avertit<br />

pour sa part :« Il faut être clair, si par malheur<br />

une autre dévaluation du CFA devait intervenir,<br />

je ferais tout pour que l’Afrique centrale et<br />

l’Afrique de l’Ouest abandonnent le franc CFA et<br />

créent leur propre monnaie ».<br />

Lire le dossier en page 19<br />

Afrique CFA 1500 F CFA. - Algérie 110 DA. - Belgique 1,9 a..- Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT.<br />

Lachemi Siagh


2<br />

CONDENSÉ<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet / août 2007


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 ACTUALITÉ<br />

3<br />

Programme d’urgence<br />

en Côte d’Ivoire<br />

<strong>Les</strong> enjeux sont énormes. Ils sont d’abord financiers. Et le programme d’urgence, évalué à 400 millions de dollars, pose ses conditions.<br />

Par Chérif Elvalide Seye<br />

Pour sa part, le Document de<br />

stratégie de réduction de la<br />

pauvreté intérimaire, adopté<br />

en janvier 2002, évaluait les<br />

dépenses publiques hors<br />

salaires à une moyenne<br />

annuelle de 400 milliards de<br />

CFA.<br />

Le poids de la dette ivoirienne<br />

participe également des<br />

enjeux d’un accord avec<br />

Bretton Woods. En mai dernier<br />

la dette était évaluée par<br />

le Fonds monétaire international<br />

à 102,2 milliards d’euros<br />

en 2007, dont 3,54 milliards<br />

d’euros d'arriérés vis-àvis<br />

des bail<strong>leurs</strong> de fonds. Son<br />

effacement, dans le cadre des<br />

pays pauvres très endettés,<br />

soulagerait donc grandement<br />

le pays qui fait partie des 42<br />

nations éligibles au pro-<br />

Le café et le cacao<br />

ont toujours<br />

constitué des<br />

pommes de discordes<br />

entre les institutions<br />

de Bretton Woods<br />

et la Côte d’Ivoire.<br />

gramme des pays pauvres très<br />

endettés, adopté par les<br />

ministres des Finances du G8<br />

le 11 juin 2005.<br />

Dans une déclaration faite le<br />

29 mai dernier, à la suite d’une<br />

mission de deux jours à<br />

Abidjan, le directeur du<br />

département Afrique du FMI,<br />

M. Abdoulaye Bio-Tchané,<br />

soulignait, en langage diplomatique<br />

les conditions d’un<br />

accord avec les bail<strong>leurs</strong> : «Au<br />

cœur des politiques économiques<br />

discutées avec les autorités<br />

ivoiriennes on trouve la rigueur<br />

et la transparence dans la gestion<br />

des finances publiques… »<br />

<strong>Les</strong> conditions posées par les<br />

institutions de Bretton Woods<br />

sont plus abruptement énoncées<br />

dans la lettre adressée le<br />

22 février dernier par M.<br />

James P. Bond, directeur des<br />

opérations pour la Côte<br />

d’Ivoire de la Banque mondiale,<br />

au Premier ministre de<br />

l’époque, Charles Konan<br />

Banny « sur les mesures de<br />

Par Ihsane El Kadi<br />

Ce n’est pas un hasard, dans le<br />

contexte actuel de compétition<br />

portuaire de l’Afrique de<br />

l’Ouest : le projet vitrine de la<br />

réconciliation ivoirienne est un<br />

terminal à containers, celui de<br />

l’île de Boulay, dans la lagune<br />

d’Abidjan. Un projet audacieux<br />

couplé à un autopont que le<br />

gouvernement va réaliser et<br />

qui, en arrière de la nouvelle<br />

aire portuaire, ouvre à l’aménagement<br />

une zone d’activité de<br />

plusieurs milliers d’hectares.<br />

Trop à l’étroit<br />

Le clip promotionnel du nouveau<br />

terminal, qui passe à la<br />

télévision ivoirienne avec des<br />

réformes structurelles dans les<br />

secteurs de l’énergie et du<br />

café/cacao ».<br />

Pommes de discordes<br />

Le café et le cacao ont toujours<br />

constitué des pommes<br />

de discordes entre les institutions<br />

de Bretton Woods et la<br />

Côte d’Ivoire. Déjà, pour être<br />

éligible à l’initiative pays pauvres<br />

très endettés, la Côte<br />

d’Ivoire avait dû s’engager à la<br />

libéralisation complète du<br />

secteur du café pour la récolte<br />

1998-99.<br />

Cette libéralisation n’a pas<br />

encore répondu à l’attente de<br />

la Banque. Dans son courrier,<br />

M. Bond souligne qu’à la<br />

CAISATAB, « s’est substitué un<br />

système composé d’institutions<br />

multiples, moins transparentes,<br />

aux responsabilités mal<br />

définies, ayant des statuts<br />

conformes ni avec l’OHADA ni<br />

avec la loi ivoirienne…». Ce<br />

système, note le courrier de la<br />

Banque mondiale, « est quatre<br />

fois plus élevé que celui de<br />

l’ancienne CAISTAB. [et] le<br />

producteur touche actuellement<br />

à peu près 30-35 %<br />

du prix fob (contre 90 % en<br />

Indonésie et 70 % au Ghana)».<br />

Le secteur de l’énergie pose<br />

également problème. En particulier,<br />

les recettes et leur<br />

utilisation demeurent inconnues<br />

des partenaires de coopération.<br />

<strong>Les</strong> audits convenus<br />

lors de la mission conjointe<br />

de la Banque mondiale et du<br />

Fonds monétaire international<br />

du 2 au 16 mai 2006, ont<br />

été impossibles en raison du<br />

refus des ministères des<br />

Mines et de l’Energie et de<br />

l’Economie et des Finances,<br />

des responsables de la<br />

PETROCI et de la Compagnie<br />

ivoirienne d’électricité de<br />

fournir les informations pertinentes.<br />

L’effort de guerre<br />

<strong>Les</strong> exigences de la Banque<br />

mondiale ne sont pas faciles à<br />

satisfaire. La nébuleuse des<br />

transactions financières sur<br />

les matières premières reste<br />

une vieille et tenace réalité<br />

dans la plupart des pays africains.<br />

« En Côte d’Ivoire, soulignait<br />

Anna Bedknik, chercheuse<br />

à l’université de Paris-<br />

VIII, dans Le Monde diploma-<br />

Abidjan, un « Rotterdam<br />

africain » pour sceller la paix<br />

Le grand projet ivoirien de terminal à containers a le feu vert du pouvoir, de l’ex- rébellion et de<br />

l’opposition. Un montage en BOT en assurerait le financement<br />

allures de pré-campagne électorale<br />

de Laurent Gbagbo, parle<br />

tout simplement d’un<br />

« Rotterdam africain ». <strong>Les</strong> études<br />

de faisabilité et de rentabilité<br />

ont donné le feu vert. L’exrébellion<br />

et l’opposition aussi.<br />

Il fallait se mettre d’accord sur<br />

le nom d’un promoteur. C’est<br />

Pierre Fakhouri, l’architecte<br />

ivoirien qui a construit la basilique<br />

de Yamoussoukro, qui a<br />

hérité du projet. Il a continué à<br />

travailler en Côte d’Ivoire lorsque<br />

ceux qui étaient plus<br />

importants que lui sont partis.<br />

En conséquence, il peut, de son<br />

bureau parisien, téléphoner à<br />

Guillaume Sorro, Alassane<br />

Ouattara ou Henry Konan<br />

Béidé pour régler un détail<br />

tique de juillet 2006, le cacao<br />

alimente un système clientéliste<br />

“éclairé” où la rente profite<br />

au plus grand nombre et<br />

fait partie intégrante du<br />

<strong>Les</strong> hommes<br />

d’affaires ont déjà<br />

senti le vent tourner.<br />

“ miracle ivoirien ” des vingt<br />

premières années de l’indépendance.<br />

En effet, en plus de<br />

financer les principales infrastructures<br />

du pays, l’argent du<br />

cacao est largement distribué<br />

selon des règles tacites d’équilibre<br />

politique, catégoriel, régional<br />

et ethnique. <strong>Les</strong> partisans<br />

du parti unique sont récompensés,<br />

les opposants encouragés<br />

à calmer <strong>leurs</strong> ardeurs, les<br />

tensions naissantes contrôlées<br />

dès leur apparition. »<br />

Le président Gbagbo, après<br />

avoir longtemps ferraillé<br />

contre ce système, y a trouvé<br />

dans l’avancée de son projet,<br />

même si c’est le président qui<br />

l’a choisi pour lancer le terminal<br />

à conteneurs de l’île de<br />

Boulay. Le port d’Abidjan n’a<br />

pas beaucoup souffert de la<br />

L’actuel terminal de<br />

Vridi ne peut plus<br />

accompagner la<br />

croissance qui<br />

s’accélère. <strong>Les</strong> grands<br />

porte-conteneurs<br />

de plus de 4 000<br />

boîtes n’y entrent pas<br />

guerre civile. Son tonnage, parti<br />

de 14,2 millions de tonnes en<br />

2001, a fléchi une seule fois en<br />

Le pays aura besoin d’importantes ressources pour se reconstruire.<br />

les ressources nécessaires à<br />

l’effort de guerre. L’Ong<br />

« Global Witness », dans un<br />

rapport de juin dernier intitulé<br />

« Chocolat chaud : comment<br />

le cacao a alimenté le<br />

conflit en Côte d’Ivoire » les<br />

estime à 58 millions de dollars.<br />

Dos au mur<br />

Mais la Côte d’Ivoire n’a<br />

guère le choix. Pays phare de<br />

l’Afrique de l’Ouest, elle ne<br />

demande qu’à reprendre la<br />

place que lui confèrent ses<br />

énormes potentialités. Premier<br />

producteur mondial de cacao<br />

avec 40 % du total, 5 è pour le<br />

café et 3 è pour les noix de<br />

coco, sans compter la banane,<br />

l’ananas, le coton, le caoutchouc,<br />

l’huile de palme, le<br />

bois et le pétrole devenu, en<br />

2006, avec mille milliards de<br />

CFA, la première ressource<br />

financière devant le cacao. Le<br />

port d’Abidjan est le deuxième<br />

de l’Afrique subsaharienne et<br />

les infrastructures ivoiriennes<br />

2003 à 14 millions de tonnes,<br />

pour se redresser en 2004 (16<br />

millions de tonnes) et en 2005<br />

(17 millions). Mais l’actuel terminal<br />

de Vridi ne peut plus<br />

accompagner la croissance qui<br />

s’accélère. <strong>Les</strong> grands porteconteneurs<br />

de plus de 4 000<br />

boîtes n’y entrent pas. Pas assez<br />

de tirant d’eau à quai. L’activité<br />

la plus prometteuse, celle du<br />

transbordement des grands<br />

vers les petits porte-conteneurs,<br />

a déjà commencé à migrer vers<br />

d’autres ports d’Afrique de<br />

l’Ouest.<br />

Rassurer les gros armateurs<br />

<strong>Les</strong> écueils sont légions devant<br />

le « bijou » de la réconciliation<br />

ivoirienne : tout d’abord le ris-<br />

de transport et de télécommunications<br />

sont parmi les<br />

meilleures du continent. Le<br />

potentiel économique est<br />

encore là pour que l’éléphant<br />

La reprise de<br />

l’économie aura lieu<br />

parce que beaucoup<br />

y ont intérêt, dans<br />

le pays et ail<strong>leurs</strong>.<br />

de l’Union économique et<br />

monétaire ouest-africaine,<br />

représentant à lui seul 40 %<br />

de l’économie régionale et<br />

36 % de la masse monétaire,<br />

se redresse. <strong>Les</strong> hommes<br />

d’affaires ont déjà senti le<br />

vent tourner.<br />

<strong>Les</strong> entreprises françaises qui<br />

fournissaient, avant la crise, la<br />

moitié des recettes fiscales,<br />

ont dépêché une délégation<br />

du Mouvement des entreprises<br />

de France (Medef),<br />

que politique qui peut, avec<br />

l’échéance des élections présidentielles,<br />

« tout compliquer »,<br />

ensuite les investissements<br />

corollaires ; il y a également<br />

l’autopont bien sûr, mais aussi<br />

le dragage – sur des fonds<br />

publics aussi - du canal de Vridi<br />

pour gagner deux ou trois<br />

mètres de tirant d’eau indispensables<br />

au passage des gros<br />

tonnages visés, et encore le long<br />

processus d’indemnisation –<br />

« le déguerpissement », comme<br />

on dit là-bas - des villages de<br />

pêcheurs qui occupent l’île.<br />

Mais surtout, c’est l’économie<br />

générale du projet qui pour<br />

l’heure manque de visibilité. Il<br />

faudra sans doute autour de<br />

120 millions d’euros pour livrer<br />

conduite par Michel Roussin<br />

et Patrick Lucas, à la mi-avril<br />

à Abidjan. Signe de confiance,<br />

le groupe libanais Comium a<br />

acquis en mai dernier la quatrième<br />

licence d'exploitation<br />

de téléphonie mobile pour 40<br />

milliards de FCFA (6,1 millions<br />

d’euros).<br />

Pour la paix, le processus a dû<br />

attendre l’épuisement de toutes<br />

les possibilités pour trouver<br />

sa voie. La reprise de<br />

l’économie aura lieu parce<br />

que beaucoup y ont intérêt,<br />

dans le pays et ail<strong>leurs</strong>, et que<br />

le précipice n’est plus loin.<br />

Aussi, les conditionnalités<br />

imposées - remboursement<br />

des arriérés de la dette, fourniture<br />

des informations sur<br />

les filières énergétiques- ontelles<br />

commencé à être satisfaites.<br />

Le pactole escompté<br />

vaut bien quelques sacrifices.<br />

les 600 premiers mètres de quai<br />

au démarrage en 2012 – il en est<br />

prévu 1 500 mètres.<br />

Pierre Fakhouri, assuré d’un<br />

contrat BOT en gré à gré, ne<br />

cherche pas pour l’heure de<br />

partenaire « poids lourd » de<br />

l’exploitation portuaire. Il<br />

compte sans doute mener le<br />

plus loin possible la réalisation<br />

du terminal avant de s’ouvrir à<br />

un opérateur qui « rassure les<br />

gros armateurs » quant au transit<br />

par l’île de Boulay. Bolloré<br />

s’apprête à reconduire l’exploitation<br />

du terminal à conteneurs<br />

actuel acquise en gré à gré en<br />

2003. Mais peut-être verronsnous<br />

poindre bientôt un autre<br />

Dubaï Ports World dans la rade<br />

d’Abidjan ?


4<br />

CONDENSÉ<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet / août 2007


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 BANQUES ET ASSURANCES<br />

5<br />

En attendant l’Algérie…<br />

Le paysage bancaire maghrébin évolue. Si, pour l’instant le Maroc fait la course en tête, l’ouverture du marché algérien ouvre de vastes perspectives.<br />

Par Adam Wade<br />

Attijariwafa Bank poursuit sa<br />

politique d’expansion à l’international,<br />

avec l’ouverture, courant<br />

2006, de quatre agences au<br />

Sénégal. La filiale de l’Omnium<br />

Nord Africain, est aussi devenue<br />

durant la même année<br />

actionnaire à hauteur de<br />

66,6 % de la BST Banque<br />

C’est sur les salles<br />

de marché que les<br />

<strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />

ont pris le plus<br />

d’avance par rapport<br />

à <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />

des autres pays<br />

du Maghreb.<br />

Sénégalo Tunisienne (7 % des<br />

parts du marché sénégalais).<br />

Des milieux d’affaires ouest<br />

africains la voient déjà au<br />

Burkina Faso, au Gabon et en<br />

Guinée Equatoriale, trois pays<br />

qui entretiennent des relations<br />

commerciales intenses avec le<br />

Maroc.Dans le Maghreb, le<br />

partenaire de Banco Santander<br />

a repris 33,5 % du capital de la<br />

Banque du Sud (redevenue<br />

depuis Attijari Bank), en<br />

novembre 2005, suite à sa privatisation<br />

par l’Etat Tunisien.<br />

Troisième banque maghrébine<br />

en termes de total bilan, la<br />

BMCE est engagée dans la<br />

même voie de l’international.<br />

L’agrément pour l’exploitation<br />

de la filiale londonienne, Medi<br />

Capital Bank, obtenue début<br />

mai, est ainsi le dernier acte<br />

d’une politique bien ancrée.<br />

Faisant suite à l’entrée en force<br />

(à hauteur de 35 %) dans le<br />

Capital de Bank Of Africa, cette<br />

position acquise outre manche<br />

<strong>Les</strong> championnes de la rentabilité<br />

Entamée depuis quatre ans, le mouvement<br />

de restructuration du secteur<br />

bancaire marocain a porté ses<br />

fruits. En 2006, le ROE consolidé du<br />

La palme de<br />

la rentabilité<br />

revient à la BCP<br />

secteur se chiffrait à 15,9% contre<br />

8,2% en 2004. La palme de la rentabilité<br />

revient à la BCP, prise en<br />

tant que structure indépendante de<br />

son groupe. Avec un ROE de 24%,<br />

en gain de 11 points entre 2005 et<br />

2006, la Banque centrale populaire<br />

a de quoi entretenir le bon moral de<br />

ses actionnaires. Qui plus est, la<br />

banque marocaine fait preuve d’une<br />

remarquable maîtrise des charges,<br />

en comprimant de 3,4% son coefficient<br />

d’exploitation, établi à 48,<br />

6%. Des performances que l’on ne<br />

retrouve pas chez la BMCE où le<br />

coefficient d’exploitation (effort<br />

d’investissement dans les agences)<br />

est de 58, 9%, pour un ROE de 13,<br />

4%. Chez Attijariwafa Bank, ce dernier<br />

ratio frôle les 20% (19, 5%),<br />

avec un coefficient d’exploitation<br />

de 49, 2%.<br />

A l’entame de l’exercice 2006, le<br />

système bancaire marocain affichait<br />

globalement un taux de couverture<br />

des risques de 74%, soit quatre<br />

points au dessus de l’objectif fixé<br />

par l’autorité centrale tunisienne<br />

pour 2008. Concernant l’efficience<br />

de gestion, le taux d’exploitation<br />

moyen du secteur bancaire tunisien<br />

était de 56% au premier semestre<br />

2006. Le rapprochement, sur le sillage<br />

de celui opéré entre l’Union<br />

Internationale des Banques (UIB)<br />

et la Société Générale, contribuerait<br />

à donner au secteur la concentration<br />

nécessaire pour les défis de<br />

demain.<br />

donne à la BMCE plus d’atouts<br />

pour exporter son expertise<br />

dans les montages financiers en<br />

Afrique et au Maghreb.<br />

Dans cette dernière zone, l’institution<br />

présidée par Othman<br />

Benjelloun est déjà présente en<br />

Tunisie, à travers la banque<br />

d’affaires Axis. La transaction<br />

s’est faite en 2005 via la banque<br />

d’affaires BMCE Capital. Si<br />

l’institution marocaine qui a<br />

fêté en 2006 ses dix ans de privatisation,<br />

a réduit la voilure au<br />

Mali, elle demeure en revanche<br />

très présente au Sénégal, à travers<br />

la BMCE Capital, conseiller<br />

de l’Etat du Sénégal et<br />

architecte du montage financier<br />

du nouvel aéroport international<br />

de Dakar.<br />

<strong>Les</strong> deux <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />

sont toutes deux demandeuses<br />

d’un agrément en Algérie.<br />

Reproduire le modèle<br />

Contrairement à la BMCE et à<br />

Attijariwafa Bank, la Banque<br />

Centrale Populaire (BCP),<br />

filiale cotée du Groupe Banque<br />

Populaire, est peu engagée dans<br />

les acquisitions, préférant plutôt<br />

à cette formule « jugée risquée<br />

» par un cadre du Groupe,<br />

une demande de licence en<br />

bonne et due forme. <strong>Les</strong> négociations<br />

sont d’ail<strong>leurs</strong> fort<br />

engagées dans ce cadre avec la<br />

Mauritanie où la BCP veut,<br />

selon les informations issues<br />

du milieu bancaire mauritanien,<br />

reproduire le même<br />

modèle de <strong>banques</strong> populaires<br />

régionales.<br />

Marché marocain satisfait<br />

Cette course à l’international<br />

des <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong>,<br />

contrairement à <strong>leurs</strong><br />

<strong>consœurs</strong> <strong>maghrébines</strong>, s’explique<br />

par la nature même du<br />

marché marocain : « Le paysage<br />

bancaire marocain est en phase<br />

de maturité. <strong>Les</strong> gains de parts<br />

de marché y deviennent de plus<br />

en plus coûteux, ce qui laisse<br />

présager des mouvements de<br />

concentration en dehors du<br />

marché marocain, et surtout<br />

vers l’Afrique subsaharienne où<br />

il y a tant à faire », explique<br />

Abdelaziz Lahlou, analyste<br />

senior à Attijari<br />

Intermédiation. De plus, ayant<br />

déjà parachevé de larges mouvements<br />

de recapitalisation ces<br />

dernières années, les institutions<br />

<strong>marocaines</strong> présentent<br />

une assise financière solide.<br />

Ouverture en vue<br />

A l’inverse, les <strong>banques</strong> algériennes<br />

n’ont pas encore parachevé<br />

leur développement sur<br />

le plan national. Deuxième<br />

dans notre classement, la<br />

Banque Extérieure d’Algérie<br />

La Banque Extérieure<br />

d’Algérie, dont 60%<br />

des financements<br />

vont à la Sonatrach,<br />

s’est engagée dans<br />

une stratégie<br />

de diversification.<br />

dont 60 % des financements<br />

vont à la Sonatrach s’est engagée<br />

dans une stratégie de diversification.<br />

Dans le pipe, un<br />

projet de développement dans<br />

le leasing et une société de<br />

capital risque à monter avec un<br />

partenaire étranger durant le<br />

premier semestre 2008. Pour sa<br />

part, le Crédit Populaire<br />

Algérien, première banque<br />

publique à inaugurer le bal des<br />

privatisations, réalise 65 à<br />

70 % de son produit net bancaire<br />

(PNB) dans le secteur du<br />

bâtiment, travaux publics et<br />

hydraulique.<br />

D’une manière générale, si la<br />

force du secteur bancaire algé-<br />

rien repose sur le dépôt des<br />

entreprises d’hydrocarbures, il<br />

pâtit aussi d’un faible niveau de<br />

développement du marché<br />

financier. Le poids de l’Etat<br />

(90 % des parts de marché) est<br />

prévu diminuer au terme du<br />

processus de privatisation.<br />

Le désengagement de l’Etat,<br />

l’arrivée de nouveaux acteurs<br />

de renom ainsi que l’assouplissement<br />

de la règlementation<br />

(les entreprises publiques peuvent<br />

désormais héberger <strong>leurs</strong><br />

comptes dans les <strong>banques</strong> privées)<br />

devront aider les <strong>banques</strong><br />

algériennes à combler les<br />

retards accumulés par des<br />

années de gestion étatique.<br />

Quant aux <strong>banques</strong> tunisiennes,<br />

elles sont d’abord victimes<br />

de l’atomicité du secteur : 20<br />

établissements de crédit, huit<br />

<strong>banques</strong> offshores, neuf représentations<br />

étrangères et une<br />

forte présence de l’Etat. Le tout<br />

dans un marché relativement<br />

réduit par rapport au Maroc et<br />

à l’Algérie.<br />

« L’utilisation non optimale des<br />

fonds propres et un réseau<br />

d’agences peu étendu » constituent<br />

les points faibles du secteur,<br />

déplorait le Diagnostic de<br />

Malgré <strong>leurs</strong> poids, la STB et la<br />

Banque Tunisienne de l’Habitat ne<br />

jouent pas les premiers rôles du secteur<br />

bancaire tunisien en Bourse. A<br />

la date du 22 juin 2007, la plus<br />

grosse capitalisation boursière dans<br />

cette catégorie, est détenue par la<br />

Banque de Tunisie, avec 705 millions<br />

de DT, suivie de la BIAT (625 millions<br />

de DT), et de la Banque de l’Habitat,<br />

avec 405 millions de DT. Bien que<br />

prédominant en termes d’actifs, la<br />

STB a une présence moins forte à la<br />

cote (280 Millions de DT).La qualité<br />

<strong>Les</strong> enchères montent<br />

pour l’acquisition du CPA<br />

La première banque algérienne améliore son bilan. Le gouvernement monte la barre des exigences pour les candidats à l’acquisition.<br />

Par Ihsane El Kadi<br />

La cession de 51% du capital<br />

social du crédit populaire<br />

algérien (CPA), lancée en<br />

2006 et prévue avant la fin de<br />

l’année pourrait connaître un<br />

autre glissement sur le calendrier.<br />

« Tout le monde devra<br />

revoir sa copie » explique un<br />

conseil accompagnant un des<br />

six prétendants étrangers à<br />

l’acquisition du leader public<br />

des <strong>banques</strong> algériennes, la<br />

première dans ce pays depuis<br />

l’ouverture du secteur financier<br />

en 1990. C’est la première<br />

conséquence de l’annonce<br />

le 17 juin dernier par le<br />

gouvernement algérien de la<br />

levée d’une circulaire interdisant<br />

depuis 2004 les dépôts<br />

des entreprises publiques<br />

chez les <strong>banques</strong> privées. La<br />

privatisation du CPA aurait<br />

fait perdre à son nouvel<br />

acquéreur 25% de son chiffre<br />

d’affaire par migration mécanique<br />

des dépôts publics, « un<br />

manque à gagner intégré dans<br />

l’ébauche des offres ». La levée<br />

de l’interdiction – instaurée<br />

dans la tourmente de la faillite<br />

de Khalifa Bank- « rend<br />

plus belle la mariée, mais aussi<br />

plus chère la dot » explique, en<br />

images, un cadre du CPA qui<br />

ajoute : « nous avons réalisé<br />

un bilan 2006 en forte croissance.<br />

<strong>Les</strong> enchères ne font que<br />

Photo©Wassim Ignes<br />

monter. Il faudra être costaud<br />

pour l’emporter ». La privatisation<br />

de CPA était déjà<br />

« bien compliquée » sans ces<br />

évolutions.<br />

<strong>Les</strong> concurrents en lice<br />

<strong>Les</strong> autorités algériennes qui<br />

regardent peu désormais du<br />

côté de l’offre financière de<br />

reprise, souhaitent diversifier<br />

l’offre bancaire dans un paysage<br />

privé dominé par les<br />

<strong>banques</strong> françaises depuis<br />

l’effondrement du secteur<br />

bancaire privé national dans<br />

L’ouverture du marché bancaire algérien suscite un intérêt croissant.<br />

le sillage du gigantesque<br />

scandale Khalifa. Mais l’espagnol<br />

Banco Santander (l’une<br />

des deux <strong>banques</strong> non françaises<br />

en lice pour acquérir le<br />

CPA, l’autre est Citibank) ne<br />

rassure plus Alger sur son<br />

projet industriel depuis<br />

qu’elle a fait ouvertement de<br />

ABN Amro sa cible prioritaire.<br />

« Si Banco de Santander<br />

n’est pas retenu ce ne sera pas<br />

faute d’envie des autorités<br />

algériennes malgré la crise<br />

actuelle entre Madrid et Alger»<br />

autour de la part du gaz algé-<br />

rien sur le marché ibérique,<br />

que l’Espagne veut réduire,<br />

assure un diplomate algérien.<br />

Société Générale et BNP<br />

Paribas, autres sérieux prétendants,<br />

ont développé leur<br />

réseau en Algérie et<br />

n’apportent pas pour cela la<br />

diversification recherchée par<br />

l’actionnaire public du CPA.<br />

Natixis, troisième banque<br />

française en compétition, a<br />

prévu également un plan B en<br />

ouvrant sa première agence<br />

propre ce mois de juin à<br />

Alger. C’est pour toutes ces<br />

Tunisie Va<strong>leurs</strong> consacré au<br />

secteur en 2006. D’autre part,<br />

les <strong>banques</strong> tunisiennes sont<br />

sommées d’améliorer <strong>leurs</strong><br />

Quant aux <strong>banques</strong><br />

tunisiennes,<br />

elles sont d’abord<br />

victimes de<br />

l’atomicité<br />

du secteur.<br />

taux de couverture des créances<br />

classées par les provisions.<br />

Ce taux qui était de 57 % à<br />

l’entame de l’exercice 2006<br />

devra atteindre 70 % à la fin<br />

2008. Globalement, les institutions<br />

du public comme du privé<br />

adhèrent à cette feuille de route,<br />

comme le montre la diminution<br />

du coefficient d’exploitation,<br />

passé de 64,7 % en 2004 à 56 %<br />

en juin 2006. Si la STB et la<br />

Banque de l’Habitat sont les<br />

deux poids lourds du secteur<br />

tunisien, il n’en demeure pas<br />

que c’est la Banque Tunisienne<br />

(BT) qui dispose de la meilleure<br />

qualité d’actifs, avec un niveau<br />

de couverture des créances classées<br />

qui atteint déjà les objectifs<br />

de 2008.<br />

Capitalisation boursière :<br />

les tunisiennes sous valorisées<br />

raisons sans doute, que le<br />

nom du Crédit Agricole est le<br />

plus cité pour la reprise du<br />

CPA, même si l’opération,<br />

conduite par la banque<br />

Le Crédit Populaire d'Algérie<br />

(CPA) a réalisé un bénéfice net<br />

de 7,9 milliards de DA (environ<br />

110 millions de dollars) en 2006,<br />

sur un bilan total établi à<br />

487,86 milliards de DA. Le capital<br />

social du CPA est de 25,3 millions<br />

de dinars divisé en 2530<br />

de ses actifs (bonne notation par<br />

Fitch Rating), un ROE supérieur aux<br />

normes (19%), donnent un attrait à<br />

la valeur. Cela même si la BT traite à<br />

un PER en général supérieur à la<br />

moyenne de son secteur d’activité.<br />

Pour leur part, les <strong>banques</strong> ont largement<br />

surperformé l’indice général de<br />

la Bourse de Casablanca entre le 31<br />

décembre 2004 et le 11 mai 2007.<br />

Sur cette période, l’indice du secteur<br />

a augmenté de 242% contre 154%<br />

pour le MASI, l’indice de toutes les<br />

actions cotées<br />

Rothschild pour le gouvernement<br />

algérien, est entourée du<br />

plus grand secret. Le Crédit<br />

Agricole a fait un forcing<br />

médiatique pour afficher sa<br />

Le Crédit Agricole<br />

a fait un forcing<br />

médiatique pour<br />

afficher sa<br />

détermination.<br />

détermination. Ses responsables<br />

ont présenté le CPA<br />

comme « une place forte»<br />

de leur déploiement en<br />

Méditerranée du sud. « Cela<br />

ne suffira pas pour emporter<br />

la décision » assure-t-on à<br />

Alger car l’arbitrage final<br />

« sera transcendé par la<br />

politique ».<br />

Le CPA en quelques chiffres<br />

actions détenus entièrement par<br />

l’Etat. Le CPA dispose de 129<br />

agences dans toutes les wilayas<br />

du pays. Il emploie 4054 agents<br />

dont 75 % affecté au réseau<br />

d’exploitation.


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<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 BANQUES ET ASSURANCES<br />

7<br />

Des <strong>banques</strong><br />

africaines<br />

dans la ligne<br />

de mire<br />

des investisseurs<br />

La récente tentative de contrôle d’Eco Bank, premier groupe bancaire de l’Afrique de l’Ouest et du<br />

Centre, par un fonds d’investissement russe, n’est pas un phénomène isolé. Plusieurs institutions de la<br />

zone sont dans l’agenda des investisseurs. Zoom.<br />

«Eco Bank entend garder son<br />

identité africaine, voire panafricaine<br />

! ». Exprimée par l’un des<br />

membres du top management<br />

du groupe, cette profession de<br />

foi sera difficile à défendre<br />

dans les mois à venir pour la<br />

première banque de l’Afrique<br />

de l’Ouest et du Centre. <strong>Les</strong><br />

repreneurs potentiels défilent.<br />

En témoigne, la récente tentative<br />

de contrôle exercée par<br />

Renaissance Capital, un fonds<br />

d’investissement russe, présent<br />

à hauteur de 25 % dans le capital<br />

d’Eco Bank et qui n’entend<br />

pas en rester là.<br />

« Normal, poursuit notre interlocuteur,<br />

que nous intéressions<br />

nos actionnaires et, au-delà, les<br />

investisseurs : la valeur Eco Bank<br />

s’apprécie de jour en jour. Nous<br />

avons le plus vaste réseau bancaire<br />

de l’Afrique de l’Ouest et du<br />

« Notre dynamisme<br />

est illustré par notre<br />

total bilan qui a<br />

atteint 4 milliards de<br />

dollars en 2006 »<br />

Centre avec des perspectives de<br />

développement géographiques ;<br />

notre dynamisme est illustré par<br />

notre total bilan qui a atteint 4<br />

milliards de dollars en 2006 pour<br />

un bénéfice net de 86 millions de<br />

dollars, en augmentation de<br />

69%»,<br />

La visibilité de l’institution sur<br />

la scène continentale s’est renforcée<br />

depuis le 11 septembre<br />

2006 avec l’introduction simultanée<br />

en Bourse dans les places<br />

financières africaines d’Abidjan<br />

(Bourse commune à tous les<br />

Etats de l’Union Monétaire<br />

Ouest Africaine), d’Accra et de<br />

Lagos. Résumée par une source<br />

proche de la Direction, la stratégie<br />

pour le futur proche est<br />

claire : « installer les filiales d’Eco<br />

Bank sur l’une des trois marches<br />

du podium dans les 18 pays où<br />

elle est présente en optant pour<br />

un développement par croissance<br />

organique ». La porte n’est pas<br />

pour autant fermée aux alliances,<br />

comme celle encore infructueuse<br />

engagée avec la First<br />

Bank Of Nigeria.<br />

Banque Atlantique en<br />

discussion avancée<br />

Cet intérêt des grandes <strong>banques</strong><br />

nigérianes pour l’Afrique francophone<br />

marque, avec l’arrivée<br />

des <strong>banques</strong> nord-africaines,<br />

«une nouvelle donne » aux yeux<br />

de Dominique Demarquette,<br />

Directeur Général de Phoenix<br />

Capital Management, également<br />

administrateur de la<br />

Banque Atlantique basée en<br />

Cote d’Ivoire pour sa partie<br />

opérationnelle. «Le paysage<br />

bancaire Ouest africain est dans<br />

une phase de développement<br />

intense. Cela se fait beaucoup<br />

plus avec les acteurs régionaux<br />

qu’avec les filiales des grandes<br />

<strong>banques</strong> comme BNP Paribas,<br />

Société Générale ou Citibank ».<br />

Ce n’est visiblement pas dans le<br />

cercle de ces puissants qu’on<br />

retrouvera le futur partenaire<br />

stratégique d’Atlantique<br />

Finance Holding, actionnaire<br />

majoritaire de la Banque<br />

Atlantique. Basée à Lomé, la<br />

holding est actuellement en<br />

phase de discussion avancée<br />

avec différents acteurs en vue<br />

d’un rapprochement. «Il s’agit<br />

d’une ouverture de capital et non<br />

d’une cession » tient-on à rassurer.<br />

Reste à modérer l’appétit<br />

des nombreux candidats.<br />

De même, précise Dominique<br />

Demarquette, la Banque<br />

Atlantique (basée en Côte<br />

d’Ivoire pour la partie opérationnelle)<br />

qui connaît un développement<br />

accéléré avec l’implantation<br />

dans six pays nouveaux<br />

n’est pas à vendre. Après<br />

une période difficile, l’institution<br />

est désormais sur une<br />

pente ascendante, s’étant<br />

implantée dans six pays. «Le<br />

dernier conseil d’administration<br />

a prévu un renforcement des<br />

fonds propres à partir de l’actionnaire<br />

principal ».<br />

Banque chinoise en<br />

difficulté<br />

Pendant que l’Afrique de<br />

l’Ouest vibre aux rythmes des<br />

fusions, sur l’Océan Indien, la<br />

mer est encore calme. «Pas de<br />

<strong>banques</strong> à reprendre à priori »,<br />

rétorque le gestionnaire d'un<br />

fonds de capital risque qui se<br />

dit toutefois incertain sur<br />

le sort de la Banque<br />

Internationale Chine Madagascar<br />

(BICM, anciennement Banque<br />

Industrielle et Commerciale de<br />

Madagascar et CMB), la première<br />

banque malgache entièrement<br />

privée.<br />

Lancée sur les fonts baptismaux<br />

en 2002 avec l’appui de l’ancien<br />

chef d’Etat, Didier Ratsiraka,<br />

la Banque Industrielle et<br />

Commerciale de Madagascar<br />

s’est retrouvée en 2004 face à<br />

des pertes d’exploitations et des<br />

dettes élevées. S’en est suivi<br />

une sollicitation infructueuse<br />

auprès des partenaires et<br />

actionnaires. La bouée de sauvetage<br />

viendra, en août 2005,<br />

d’un homme d’affaires d’origine<br />

chinoise qui a repris 70%<br />

du capital de BICM (anciennement<br />

CMB).<br />

Ce ne seront là ni le dernier<br />

changement de nom, ni la fin<br />

des difficultés de la BICM.<br />

Suite à des sanctions de l’autorité<br />

centrale malgache, celle<br />

qui est devenue la<br />

Banque Internationale Chine<br />

Madagascar enclenche en 2006<br />

une opération « accordéon »<br />

afin de résorber les pertes d’exploitation<br />

et de reconstituer son<br />

capital. Du résultat de cette<br />

opération bouclée le 15 mai<br />

dernier dépendra l’avenir de la<br />

BICM. C’est dire l’importance<br />

de l’Assemblée générale extraordinaire<br />

programmée entre la<br />

fin juin et le début de ce mois<br />

de juillet.<br />

Cette rencontre qui verra la restitution<br />

des résultats finaux de<br />

cette opération accordéon<br />

pourrait aussi attiser les divergences<br />

entre actionnaires. La<br />

majorité de ceux-ci, à entendre<br />

un observateur averti de la<br />

scène financière Malgache, souhaiteraient<br />

un changement<br />

d’actionnaire majoritaire développant<br />

une stratégie axée sur<br />

un «objectif de retour sur investissement<br />

financier ». Ce n’est<br />

pas là le souci premier des<br />

Chinois, lesquels, en parallèle à<br />

d’autres initiatives, notamment<br />

dans les secteurs du pétrole et<br />

de l’agro-business, semblent<br />

vouloir sécuriser une filière de<br />

financement et une capacité de<br />

mouvement de fonds plutôt<br />

que de développer une stratégie<br />

commerciale classique. A.W<br />

Assurance vie pour les malades<br />

du sida<br />

Par Christelle Marot<br />

Depuis quelques mois, le secteur<br />

de l’assurance-vie en Afrique du<br />

Sud se détend à l’endroit des<br />

malades du sida. Dans un mouvement<br />

qualifié de victoire par les<br />

associations de soutien aux malades,<br />

les compagnies d’assurance<br />

ont accepté de lever, en avril dernier,<br />

les restrictions portant sur<br />

les contrats vie de <strong>leurs</strong> clients<br />

devenus séropositifs. Désormais,<br />

souligne The Life Offices’<br />

Association of South Africa<br />

(LOA), qui regroupe 95 % des<br />

intervenants du secteur, il ne sera<br />

plus possible de s’opposer au versement<br />

du capital décès, au prétexte<br />

que l’assuré a contracté le<br />

VIH après la signature de son<br />

contrat.<br />

Dans la même veine, la<br />

compagnie AllLife, dirigée par<br />

Ross Beerman, propose depuis<br />

un an et demi des produits<br />

d’assurance-vie, avec ou sans<br />

durée limite, à destination<br />

spécifique des malades du sida<br />

sous anti-rétroviraux. « Nous<br />

comptons environ un millier<br />

d’assurés, mais recevons, en ce<br />

moment, près de 350 demandes<br />

chaque semaine », indique<br />

M. Beerman. L’acceptation d’un<br />

dossier se fait en fonction du statut<br />

sérologique.<br />

A partir de 20 dollars par mois, le<br />

capital couvert peut atteindre 10<br />

à 20 000 dollars. La couverture<br />

maximale pouvant aller jusque<br />

420 000 dollars. Entre AllLife et<br />

les compagnies sud-africaines<br />

déjà positionnées sur le segment,<br />

à l’instar de Sanlam, Old Mutual<br />

ou Metropolitan, la différence<br />

majeure est le prix, ainsi que la<br />

durée de couverture. En dehors,<br />

d’AllLife, Altrisk, branche du<br />

groupe Hollard, est la seule autre<br />

compagnie d’assurance en<br />

Afrique du Sud offrant des produits<br />

vie à des tarifs abordables<br />

pour les séropositifs. Dans le<br />

pays, le sida touche près de 5,5<br />

millions de personnes sur une<br />

population totale de 47 millions<br />

d’habitants<br />

Le secret d’AllLife c’est le suivi<br />

Un taux de mortalité<br />

quasiment comparable<br />

à celui d’un diabétique.<br />

rigoureux de l’évolution de la<br />

maladie de ses assurés, qui lui<br />

confère la maîtrise d’un risque<br />

jugé trop élevé par ses pairs.<br />

« Nous téléphonons, envoyons<br />

des SMS ou des emails à nos<br />

Du résultat de<br />

cette opération<br />

« accordéon »<br />

dépendra l’avenir<br />

de la BICM.<br />

clients pour s’assurer qu’ils font<br />

bien leur prise de sang ou prennent<br />

<strong>leurs</strong> médicaments correctement<br />

». « En quelque sorte,<br />

nous apprenons à nos clients à<br />

gérer leur maladie», explique<br />

Ross Beerman. Ainsi, grâce aux<br />

traitements, le taux de mortalité<br />

d’un individu atteint du sida<br />

serait quasiment comparable à<br />

celui d’un diabétique. Le<br />

marché, M. Beerman, l’évalue<br />

à près de deux millions de<br />

malades, gagnant plus de 400<br />

dollars par mois. Si le dirigeant<br />

d’AllLife concède que sa compagnie<br />

ne peut pas répondre aux<br />

demandes parvenues du Japon,<br />

d’Amérique ou d’Europe, en<br />

revanche la Namibie voisine est<br />

un marché potentiel. AllLife a<br />

déjà déposé une demande auprès<br />

des autorités financières locales,<br />

afin de distribuer ses produits.<br />

L’actualité avec<br />

X-Afrique<br />

<strong>Les</strong> Polytechniciens qui aiment l’Afrique<br />

http://x-afrique.polytechnique.org<br />

En s’inspirant des plantes qui se reproduisent par marcottage, X-Afrique et ses<br />

partenaires cherchent à développer des activités économiques en Afrique.<br />

Ils ont créé www.marcottage.fr la place de marché du codéveloppement<br />

Finances.Com choisit Cartesis<br />

Cartesis, le spécialiste mondial des logiciels dédiés au pilotage de la<br />

performance (Business Performance Management) annonce le<br />

choix, par le groupe Finance.com (filiale de la BMCE), de la solution<br />

Cartesis Finance pour la mise en place et le développement d’une<br />

solution de reporting unifié, de consolidation financière et de mise<br />

en conformité aux normes <strong>marocaines</strong> et IFRS. Finance.com, parmi<br />

les groupes leaders privés marocains, est une holding disposant de<br />

plus de 20 filiales et affichant de fortes ambitions de développement<br />

régionales et internationales. Ce groupe occupe aujourd’hui une<br />

position de force dans quatre métiers complémentaires : L’assurance<br />

avec la RMA Watanya, la banque et les métiers para- bancaires avec<br />

un centre de gravité que constitue la BMCE-Bank, les télécoms,<br />

médias et technologies (TMT), l’industrie et les services.<br />

Vers un rapprochement<br />

entre Casablanca et Tunis<br />

Le Conseil Déontologique des Va<strong>leurs</strong> Mobilières (CDVM), gendarme<br />

de la Bourse de Casablanca, et son homologue tunisien, le<br />

Conseil du Marché Financier (CMF) viennent de signer une<br />

convention portant sur la consultation, la coopération et l’échange<br />

d’informations. Ce protocole va plus loin que les classiques accords<br />

sur les échanges d’informations pour les besoins d’enquête. <strong>Les</strong><br />

deux partenaires veulent favoriser une future intégration financière<br />

régionale maghrébine. Parmi les pistes envisagées, la double cotation<br />

des entreprises des deux pays sur les places de Casablanca et de<br />

Tunis, la possibilité des investisseurs des deux pays d’acquérir des<br />

titres indépendamment de leur lieu de cotation.<br />

Santander prévoit un<br />

bénéfice net dépassant<br />

8 milliards d'euros<br />

Santander prévoit un bénéfice net supérieur à huit milliards d'euros<br />

en 2007, a indiqué samedi son président Emilio Botin lors de l'assemblée<br />

générale du premier groupe bancaire de la zone euro. Cela<br />

représenterait une hausse de 21% par rapport aux 6,58 milliards<br />

d'euros réalisés en 2006 et serait conforme à la croissance de son<br />

bénéfice au premier trimestre. Botin a ajouté que Santander convoquerait<br />

une assemblée générale extraordinaire le 27 juillet pour<br />

obtenir le feu vert des actionnaires au plan de financement du<br />

rachat d'ABN Amro. Santander a fait une offre conjointe de 71 milliards<br />

d'euros sur ABN Amro avec Royal Bank of Scotland et Fortis.<br />

Santander envisage une augmentation de capital de quatre milliards<br />

d'euros et une émission obligataire pour cinq milliards d'euros.<br />

L’UEMOA bascule dans l’ère<br />

de la carte interbancaire<br />

La suprématie du chèque comme moyen privilégié de paiement<br />

dans la zone CFA est en train de prendre fin. En effet, les banquiers<br />

de l’Union se sont enfin mis d’accord, le 15 juin 2007 à Dakar, sur<br />

les modalités de la carte interbancaire. Celle-ci permet d’opérer des<br />

retraits et des paiements auprès des 71 établissements financiers,<br />

monétaires et postaux membres du Groupement Interbancaire.<br />

Toutefois, cette opération ne sera effective qu’une fois toutes les<br />

<strong>banques</strong> connectées au réseau GMI du Centre de Traitement<br />

Monétique Interbancaire (CTMI) sous la direction de la Bceao<br />

(Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest).<br />

BCEAO : opération<br />

d’injection de liquidités<br />

La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a<br />

procédé, valeur 25 juin 2007, à une injection de liquidités de<br />

30 820 millions de FCFA au taux marginal de 4,0000 %, dans le<br />

cadre de ses opérations d'adjudications régionales au titre du<br />

marché monétaire. Cette opération de refinancement arrive à<br />

échéance le 1er juillet 2007. L'appel d'offres, d'un montant<br />

maximum de 40 000 millions de FCFA, a enregistré des soumissions<br />

de quatre (4) établissements de crédit de l'Union<br />

Monétaire Ouest Africaine (UMOA). <strong>Les</strong> taux d'intérêt proposés<br />

par les soumissionnaires se sont inscrits dans une fourchette<br />

comprise entre 4,0000 % et 4,200 0%.<br />

Fitch confirme les notes<br />

de la Banque de Tunisie<br />

et des Emirats<br />

Fitch Ratings a confirmé en date du 19 juin 2007, les notes<br />

suivantes attribuées à la Banque de Tunisie et des Emirats<br />

(BTE) : notes de défaut émetteur à long terme en devises ‘BBB-’<br />

(BBB moins) et en monnaie locale ‘BBB’ perspective stable,<br />

notes de défaut émetteur à court terme en devises et en monnaie<br />

locale ‘F3’, note intrinsèque ‘D’, note nationale à long terme ‘AA-<br />

(tun)’ (AA moins(tun)), perspective stable et note nationale à<br />

court terme ‘F1+(tun)’. L’agence a également confirmé la note<br />

plancher de soutien extérieur ‘BBB-‘ (BBB moins). Toutes ces<br />

notes ont ensuite été retirées. L’agence a par ail<strong>leurs</strong> confirmé la<br />

note de soutien extérieur ‘2’. Le capital de la BTE est contrôlé à<br />

parts égales par l’Etat tunisien et l'Abu Dhabi Investment<br />

Authority (« ADIA ») qui détiennent chacun 38,9 % des actions<br />

et 50 % des droits de votes.


Chaque mercredi<br />

en kiosques dès<br />

septembre 2007<br />

Combler le déficit de confiance<br />

L’Afrique a changé. Un groupe de financiers a décidé de le faire savoir en supportant la création de ce journal.<br />

Philippe Séchaud, Président<br />

du Conseil d’administration.<br />

Il pourrait sembler étonnant<br />

de voir des professionnels de<br />

la finance de Johannesburg,<br />

Genève, Paris, Abidjan, Tunis<br />

ou Barcelone s’associer dans<br />

un projet de presse. Ce n’est<br />

pas leur métier. Et cela n’était<br />

pas, a priori, leur ambition.<br />

S’ils ont toutefois choisi de<br />

passer à l’acte, c’est parce<br />

qu’ils sont convaincus qu’un<br />

journal financier africain est<br />

devenu une nécessité. Car<br />

l’Afrique est riche de son<br />

immense capital humain, de<br />

ses ressources naturelles bien<br />

connues, mais également<br />

Devenez abonné fondateur du premier journal financier<br />

africain en souscrivant dès aujourd’hui.<br />

Tarif de base Tarif Abonné fondateur<br />

(papier et web) (papier et web)<br />

Afrique 160 a 130 a<br />

Europe 135 a 115 a<br />

Autres pays 210 a 185 a<br />

WEB uniquement 50 a<br />

OUI, je souscris dès aujourd’hui un abonnement au tarif « abonné fondateur »<br />

� Afrique 130 a � Autres pays 185 a<br />

� Europe 115 a � WEB uniquement 50 a<br />

Nom Prénom<br />

Société ou institution Fonction<br />

Adresse BP<br />

Code postal Ville<br />

Pays<br />

Tél.<br />

E-mail<br />

Je règle la somme de a<br />

d’une épargne dormante<br />

gigantesque, d’une diaspora<br />

financièrement puissante et<br />

d’un potentiel de croissance<br />

dont on commence seulement<br />

à entrevoir les prémices. Pour<br />

réaliser toutes ces richesses,<br />

pour mobiliser ces capitaux,<br />

le continent africain doit prioritairement<br />

combler son déficit<br />

d’information, et plus<br />

encore, son abyssal déficit de<br />

confiance.<br />

Le journal <strong>Les</strong> Afriques sera<br />

le reflet d’une réalité du<br />

continent encore peu connue :<br />

celle qui entreprend, qui<br />

innove et qui gère, bien souvent<br />

avec talent et rigueur.<br />

Celle qui travaille sans exclusive<br />

avec des Européens, des<br />

Chinois, des Indiens, des<br />

Brésiliens… Celle qui fait<br />

réellement avancer l’intégration<br />

économique par le développement<br />

de grandes entreprises<br />

continentales.<br />

Une meilleure information<br />

Au cours de la dernière<br />

décennie, l’Afrique a réalisé<br />

des progrès considérables en<br />

� Par chèque ci-joint à l’ordre de « Editions Financières du Sud »<br />

� Dès réception de la facture sur mon adresse e-mail.<br />

No 1 - juillet août 2007 www.lesafriques.com<br />

matière de bonne gouvernance,<br />

comme en témoignent<br />

les nombreux exercices de<br />

transition politique transparente<br />

et démocratique, les cas<br />

récents les plus exemplaires<br />

étant le Bénin et la<br />

Mauritanie. Sur le plan économique<br />

et financier, les<br />

efforts réalisés par la plupart<br />

des pays africains, notamment<br />

anglophones, en matière<br />

de libéralisation des échanges<br />

commerciaux et financiers,<br />

les mesures prises pour développer<br />

les marchés financiers<br />

et les privatisations dont la<br />

plupart ont été couronnées de<br />

succès, ont considérablement<br />

amélioré les conditions d’investissement.<br />

Ce dispositif est<br />

complété par des mesures<br />

courageuses prises pour lutter<br />

contre le blanchiment et la<br />

corruption, même si, naturellement,<br />

des améliorations<br />

doivent encore intervenir<br />

dans leur application.<br />

De toutes ces évolutions<br />

résulte l’affirmation incontestable<br />

que, sous réserve bien<br />

sûr de quelques foyers d’in-<br />

stabilité, le climat des affaires<br />

en Afrique -le fameux<br />

« investment climate »- s’est<br />

globalement amélioré, et il<br />

reviendra à <strong>Les</strong> Afriques<br />

d’en expliquer le fondement<br />

et l’évolution, le but ultime<br />

étant de contribuer à cette<br />

meilleure gouvernance et de<br />

favoriser l’accroissement<br />

des investissements par une<br />

meilleure information.<br />

Une mission claire<br />

Pour mener à bien cette<br />

entreprise, vont se conjuguer<br />

le professionnalisme d’un<br />

opérateur franco-genevois<br />

qui a déjà dirigé plusieurs<br />

publications financières, et<br />

d’une équipe de journalistes<br />

africains dont le sérieux et<br />

l’acuité se sont maintes fois<br />

révélés dans la presse du<br />

continent. Leur mission est<br />

claire : rendre compte de<br />

l’actualité économique et<br />

financière africaine avec un<br />

souci permanent d’objectivité<br />

et de précision, créer un<br />

espace de rencontres d’affaires<br />

et de réflexion sur le<br />

Coupon à poster à Editions Financières du Sud, 11 rue de Bassano, F-75116 Paris ou à faxer au +41 22 301 96 10<br />

L’abonnement par carte bancaire est possible sur www.lesafriques.com<br />

Pour les abonnements multiples, contacter abos@lesafriques.com<br />

développement économique<br />

africain et faire connaître les<br />

acteurs les plus intéressants<br />

de l’économie africaine.<br />

Convaincus de leur total<br />

engagement et de <strong>leurs</strong> capacités,<br />

nous avons choisi de<br />

leur faire confiance, sans<br />

toutefois mésestimer la difficulté<br />

de leur tâche et le courage<br />

qu’il leur faudra<br />

déployer pour vaincre les<br />

scepticismes et les idées<br />

reçues qui jalonneront<br />

immanquablement leur parcours.<br />

Philippe Séchaud.<br />

<strong>Les</strong> actionnaires fondateurs<br />

Michel Abrogoua, Abidjan.<br />

Président de Phoenix Capital<br />

Management.<br />

Alain Fénéon, Paris.<br />

Spécialiste en droit du<br />

commerce International en<br />

Afrique<br />

Dominique Flaux, Genève.<br />

Associé Sequence Média SA.<br />

Michel Juvet, Genève.<br />

Directeur de la banque<br />

Bordier & Cie<br />

Vincent Le Guennou, Tunis.<br />

Vice-président exécutif et<br />

directeur d’EMP Africa<br />

(private equity).<br />

Gérard Mangoua, Abidjan.<br />

PDG de Laborex (industrie<br />

pharmaceutique).<br />

Cyrille Nkontchou,<br />

Johannesburg.<br />

Fondateur et directeur<br />

général de LiquidAfica.<br />

François-Eric Perquel,<br />

Barcelone.<br />

Prés. de la société holding<br />

Medy Participationes SA.<br />

Carole Ramella, Paris.<br />

Senior Associate Duff &<br />

Phelps.<br />

Philippe Séchaud, Genève.<br />

Administrateur des <strong>banques</strong>.<br />

Ex DG de SIFIDA.<br />

Merci à nos annonceurs fondateurs qui ont<br />

choisi de s’associer à ce premier numéro.<br />

Le Crédit Suisse Group, 2e banque de Suisse, est l'un des leaders internationaux des<br />

services financiers. Il est présent sur les cinq continents et dans les principaux centres<br />

financiers du monde, notamment en Afrique du Sud.<br />

Huit filiales du premier groupe bancaire français ont choisi de soutenir l’initiative éditoriale<br />

du journal <strong>Les</strong> Afriques : BNP Paribas El Djazaïr, UBCI (Tunisie), BMCI (Maroc),<br />

BICICI (Côte d’Ivoire), BICIGUI (Guinée), BICIM (Mali), BICIS (Sénégal) et BNP<br />

Paribas/Sifida (Genève).<br />

La société Osmose Finance est présidée, à Genève, par M. Terence Niba. Elle est<br />

active dans le transfert d’argent, principalement vers l’Afrique (www.moneycach.ch),<br />

l’activité fiduciaire et les services financiers (www.osmose-finances.com).<br />

Dunavant (USA) est le premier négociant privé de coton dans le monde (6 millions<br />

de balles). Il est présent sur les principaux centres de production de coton américain.<br />

Il est également représenté en Suisse, Chine, Brésil, Argentine, Guatemala, Zambie,<br />

Ouganda, Mozambique, Paraguay, Australie, Mexique, Turkménistan et Ouzbékistan.<br />

SGI Consulting SA est un groupe européen d'ingénieurs-conseils établi au Luxembourg et<br />

possédant des filiales en France, au Luxembourg, en Suisse, au Nigéria et au Maroc.<br />

Indépendant de tout entrepreneur, il développe des activités d’ingénierie de haut niveau<br />

en génie civil et bâtiment, eau et environnement, transports, urbanisme et énergie.<br />

Cotecna est l'une des premières entreprises internationales dans le domaine de l'inspection,<br />

de la sécurité et de la certification commerciale. Aujourd'hui, le groupe<br />

Cotecna représente un réseau mondial d'environ 4 000 employés et agents répartis<br />

dans près de 100 bureaux.<br />

Le Salon international multisectoriel d’Abomey se déroulera du 1er au 9 octobre prochain<br />

dans la capitale historique du Bénin. Organisé par la CCI et par Pano Design, l’événement<br />

réunira des entreprises et institutions d’une trentaine de pays.


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

Casablanca<br />

prépare<br />

son marché<br />

à terme<br />

Le Carbon Disclosure Project<br />

s’étend à l’Afrique du Sud<br />

<strong>Les</strong> certificats de réduction des émissions seront échangeables sur le marché international à partir de 2008.<br />

Par Christelle Marot<br />

Pour la première fois, les 40 premières<br />

compagnies cotées sur le<br />

Johannesburg Stock Exchange<br />

sont interrogées par le Carbon<br />

Disclosure Project (CDP), sur<br />

<strong>leurs</strong> efforts en matière de<br />

réduction des émissions de gaz<br />

à effet de serre (GES). Parmi<br />

elles : le groupe pétrochimique<br />

Sasol, les entreprises de télécommunications<br />

MTN et<br />

Telkom ou le groupe Sappi,<br />

dans le secteur papier.<br />

Le rapport du CDP est attendu<br />

en octobre prochain. Initié par<br />

Merrill Lynch, le CDP regroupe<br />

près de 280 investisseurs institutionnels<br />

dans le monde, gérant<br />

des actifs de plus de 41 000<br />

milliards de dollars. Face au<br />

changement climatique, la stratégie<br />

environnementale des<br />

entreprises devient un critère de<br />

notation, un risque à considérer<br />

au même titre que le risque de<br />

change ou de taux ; particulièrement<br />

vrai dans les secteurs de<br />

l’assurance ou du tourisme.<br />

Avec le Brésil et l’Asie, l’Afrique<br />

Le marché du carbone<br />

a quasiment triplé<br />

pour atteindre<br />

30 milliards<br />

de dollars en 2006.<br />

du Sud figure la troisième zone<br />

« émergente » à l’étude. Depuis<br />

5 ans, l’enquête du CDP couvre<br />

les 500 premières entreprises au<br />

monde (FT500), notamment en<br />

Amérique du Nord, en Europe<br />

et en Australie.<br />

L’environnement est devenu<br />

« un business », susceptible<br />

d’influencer les orientations des<br />

grandes <strong>banques</strong> et sociétés.<br />

Dans son rapport State and<br />

Trends of the Carbon Market<br />

BOURSES<br />

Le niveau de liquidité atteint par la place financière casablancaise pousse les autorités à envisager la<br />

mise en place d’un marché à terme. Celui-ci pourrait voir le jour avant la fin de cette année.<br />

Par Adam Wade<br />

Un groupe de travail composé<br />

des cadres du ministère des<br />

Finances, de Bank Al Maghrib,<br />

du Conseil déontologique des<br />

va<strong>leurs</strong> mobilières (CDVM) et<br />

de la Bourse de Casablanca,<br />

travaille actuellement sur un<br />

cadre règlementaire global<br />

pour un marché à terme à<br />

Casablanca. Présidé par le<br />

ministère des Finances, cette<br />

commission doit proposer un<br />

cadre juridique sous forme<br />

d’un projet de loi et des règlements<br />

généraux. «Si l’architecture<br />

générale a été défini, un<br />

certain nombre de questions<br />

sont à résoudre », déclare-t-on<br />

au CDVM. Si pour l’heure le<br />

schéma définitif n’est pas<br />

encore arrêté, il est quasiment<br />

certain, que l’architecture de<br />

ce marché à terme reposera<br />

sur une chambre de compensation<br />

distincte de la société<br />

gestionnaire de ce marché.<br />

La première structure<br />

(Chambre de compensation)<br />

aura des liens capitalistiques<br />

avec les autres intervenants.<br />

En revanche, «elle aura des<br />

organes de gestion indépendants<br />

et des règles de fonctionnement<br />

claires, qui seront prévues<br />

au niveau de son<br />

L’architecture de ce<br />

marché à terme reposera<br />

sur une chambre<br />

de compensation distincte<br />

de la société<br />

gestionnaire de ce<br />

règlement général »,explique<br />

Hicham Elalamy, Directeur<br />

Général adjoint du CDVM.<br />

Cette indépendance est nécessaire<br />

afin que la Chambre de<br />

compensation puisse se consacrer<br />

exclusivement à sa mission<br />

de dénouement des opérations<br />

Hicham Elalamy, Directeur général adjoint du CDVM<br />

dans des conditions sécurisées,<br />

loin de toutes autres considérations<br />

externes.<br />

S’agissant du contrôle, il sera<br />

dual dans la mesure où la<br />

Chambre de compensation est<br />

un acteur à la fois des systèmes<br />

de paiement et des marchés<br />

d’instruments financiers,<br />

lesquels sont respectivement<br />

de la responsabilité de Bank Al<br />

Maghrib et du CDVM.<br />

Quant à la société gestionnaire<br />

marché. du marché à terme, le choix de A noter que le CDVM avait éla-<br />

son modèle définitif n’est pas<br />

encore arrêté. La décision de<br />

confier la gestion de ce nouveau<br />

marché à la Bourse de<br />

Casablanca ou de créer une<br />

nouvelle entité n’a pas encore<br />

été prise.<br />

Dans le cas où cette deuxième<br />

option est retenue, il faudra<br />

alors en arrêter le tour de<br />

table. <strong>Les</strong> arbitrages se feront<br />

en fonction des moyens disponibles<br />

et de la nature du paysage<br />

financier marocain. Le<br />

niveau de réserves, aujourd’hui<br />

important, de la société gestionnaire<br />

de la Bourse de<br />

Casablanca pourrait être<br />

appelé à contribution pour la<br />

constitution du capital de la<br />

société gestionnaire du mar-<br />

boré un projet de loi relatif au<br />

marché à terme il y a de cela de<br />

5 ans. A l’époque, le marché n’offrait<br />

pas la profondeur nécessaire<br />

pour sa mise en place. L’activité<br />

du marché est désormais d’une<br />

toute autre échelle et les conditions<br />

en termes de liquidité sont<br />

aujourd’hui réunies pour nombre<br />

2007, la Banque mondiale indique<br />

que le marché du<br />

carbone, actuellement porté<br />

par les plateformes d’échange<br />

européennes principalement, a<br />

quasiment triplé pour atteindre<br />

30 milliards de dollars en 2006.<br />

Selon UBS, en 2008, la tonne de<br />

CO2, devrait atteindre 30 euros.<br />

En raison d’un système bancaire<br />

et d’un tissu industriel peu<br />

développé, le continent africain<br />

représente pour l’heure seulement<br />

3 % des certificats émis<br />

(20 projets), loin derrière la<br />

Chine (61 %) et l’Inde (12 %).<br />

Mais l’Afrique du Sud pourrait<br />

sortir du lot en raison de la plus<br />

grande sophistication de son<br />

économie. Dans le cadre du<br />

Mécanisme de développement<br />

propre (MDP), six projets écologiques,<br />

générant des crédits<br />

carbone, sont en vigueur en<br />

Afrique du Sud. Ils sont portés<br />

par les autorités publiques à<br />

ché dérivé et de la Chambre de<br />

compensation, elle aussi,<br />

consommatrice en capital.<br />

Gérer les risques<br />

Reste à voir si un marché à<br />

terme, connu pour être amplificateur<br />

des hausses et des<br />

baisses, ne mettra en péril la<br />

Bourse de Casablanca. Pour<br />

minimiser ces risques, le<br />

modèle de marché choisi<br />

comme cadre de référence<br />

s’inspire des expériences<br />

étrangères les plus exigeantes<br />

en matière de sécurité. Ces<br />

mécanismes de sécurisation se<br />

situent à plusieurs niveaux :<br />

les opérateurs du marché<br />

seront soumis à un dispositif<br />

prudentiel qui intègre les postions<br />

prises sur le marché des<br />

produits dérivés ; les variations<br />

des prix sur le marché<br />

seront encadrées par des limites<br />

réglementairement fixées ;<br />

la position ouverte par un<br />

opérateur est soumise à un<br />

principe de «limite d’emprise»,<br />

c'est-à-dire que l’intermédiaire<br />

ne peut prendre de<br />

position au-delà d’un certain<br />

pourcentage afin de limiter<br />

des écarts de cours importants<br />

sur le titre.<br />

En outre, un dispositif d’appel<br />

de marge permet de suivre<br />

rigoureusement les postions<br />

des opérateurs évaluées au<br />

prix de marché et de procéder,<br />

le cas échéant, à la liquidation<br />

des pertes et gains avant l’ouverture<br />

de la séance suivante.<br />

de va<strong>leurs</strong> qui peuvent servir de<br />

sous-jacent. Au stade actuel il<br />

est d’ores et déjà acquis que les<br />

premiers produits dérivés qui<br />

seront lancés sur le marché<br />

réglementé porteront probablement<br />

sur les émissions d’Etat,<br />

précisément sur le 5 ans, soit la<br />

maturité offrant le plus de profondeur.<br />

Durban et Cape Town ou par<br />

des sociétés privées, à l’instar de<br />

South African Breweries et<br />

Sappi Kraft.<br />

Parallèlement, la question de<br />

l’après Kyoto pour les pays<br />

émergents en 2012 reste en suspens.<br />

Pour l’instant, ces derniers<br />

n’ont pas pris l’engagement de<br />

réduire <strong>leurs</strong> GES. A l’exemple<br />

de la Chine, en passe de devenir<br />

le plus gros pollueur de la planète,<br />

l’Afrique du Sud tire plus<br />

de 75 % de son électricité du<br />

charbon. Son électricité, produite<br />

par Eskom, est parmi les<br />

moins chères au monde, mais<br />

elle lui confère aussi le rang de<br />

19 è émetteur de CO2. Si les<br />

objectifs de Kyoto devenaient<br />

contraignants, les pays émergents<br />

ne pourraient guère s’affranchir<br />

longtemps d’une politique<br />

nationale de réduction des<br />

gaz à effet de serre.<br />

9<br />

La Bourse de Nigeria au<br />

dessus des 50 700 points<br />

La Nigérian Stock Exchange (NSE), ’indice global des va<strong>leurs</strong> cotées<br />

à la Bourse de Lagos, a franchi allégrement la barre des 50 770<br />

points le premier juin 2007. Cette progression est forte comparée à<br />

1999, quand le même indice totalisait à peine 5 266, soit une croissance<br />

de 890 % en huit ans. La capitalisation Boursière a augmenté<br />

de 333,19 milliard de nairas en 1999 à 7,51 Trillion au cours de la<br />

même période. La loi sur la réforme des fonds de pension devra<br />

consolider cette croissance. A noter que les actifs Nigérians des<br />

fonds de pension de retraite, actuellement à N 600 milliard, devront<br />

atteindre Ie trillion dans un délai de 5 ans.<br />

Ouganda : des entreprises<br />

sommées de respecter<br />

<strong>leurs</strong> engagements<br />

La Banqua Barclays, le Sheraton Kampala, la société Kakira<br />

Sugar Works et l’Uganda Télécoms se sont vu sommés par les<br />

autorités de Kampala d’honorer <strong>leurs</strong> engagements pris au<br />

moment de <strong>leurs</strong> privatisations, entre 1996 et 2000, de céder<br />

une partie de leur capital en Bourse. Un délai qui a été prorogé<br />

plusieurs fois. La commission de règlementation des comptes<br />

publics a menacé, fin juin, de prendre des sanctions si les entreprises<br />

concernées n’exécutaient pas ce contrat avant la fin de<br />

l’année en cours. Selon l’arrangement, Barclays doit céder 25 %,<br />

Uganda Telecom 49 %, au moins 25 % pour le Sheraton<br />

Kampala et 10 % pour Kakira.<br />

Nouvelle introduction à<br />

la Bourse de Casablanca<br />

Opérant dans le secteur du transport et de la logistique, la société<br />

Timar prépare son introduction à la Bourse de Casablanca par émission<br />

de 45 000 nouvelles actions au prix de souscription unitaire<br />

ferme de 350 dirhams. Montant de l’opération, 15 750 000 dirhams.<br />

La période de souscription est prévue du 2 au 4 juillet 2007. La<br />

croissance soutenue du chiffre d’affaires de Timar (une croissance<br />

annuelle de 19,6 % entre 2004 et 2006) et les perspectives inscrites<br />

dans le business plan (prévision de croissance de 13,6 % du chiffre<br />

d’affaires entre 2007 et 2010) poussent les analystes d’Eurobourse à<br />

recommander l’action Timar au placement.<br />

Cession de 4 %<br />

supplémentaire du capital<br />

de Maroc Télécom<br />

Le ministère marocain des Finances et de la privatisation a<br />

annoncé par communiqué, le 27 juin, la cession effective de 4 %<br />

du capital de Maroc Télécom pour le compte de l’Etat.<br />

L’opération se fera sous la forme d’un placement à la Bourse<br />

réservé uniquement aux institutionnels marocains et étrangers.<br />

Ce sont 35,1 millions d’actions Maroc Télécom qui sont concernées.<br />

Au terme de ce placement, la part de l’Etat marocain dans<br />

le capital de l’opérateur historique sera ramené à 30,1 %, correspondant<br />

aussi au droit de vote. Quant au flottant de Maroc<br />

Télécom, il s’établira à 19 % du capital. La période d’ordre,<br />

d’une durée de deux jours devait être clôturée le 28 juin à la fermeture<br />

à 16h30 mn.<br />

Alliance entre la Bourse<br />

de Casablanca et celle<br />

de l’Afrique centrale<br />

La Bourse des va<strong>leurs</strong> mobilières de l’Afrique Centrale a signé une<br />

convention avec son homologue de la Bourse des va<strong>leurs</strong><br />

Mobilières de Casablanca en date du 11 juin 2007. Il s’agit d’un<br />

contrat d’assistance opérationnelle, qui place ainsi la Bourse de<br />

Casa au rang de partenaire technique privilégié du marché financier<br />

de l’Afrique Centrale. Cette convention s’inscrit dans la<br />

droite ligne du protocole signé avec Euronext et qui permet à la<br />

BVMAC de faire démarrer sa plateforme de cotation du marché<br />

secondaire d’ici la fin de l’année 2007. Ce sera bien après le<br />

démarrage du marché primaire (émission),qui mobilise actuellement<br />

le tout Libreville de la finance.<br />

Incertitudes sur le Douala<br />

Stock Exchange<br />

Le démarrage prochain de la cotation à la Bourse des va<strong>leurs</strong> mobilières<br />

d’Afrique Centrale (la BVMAC, érigée en dépositaire central<br />

du marché financier de la région) soulève beaucoup de question à<br />

la Douala Stock Exchange. En effet, cette perspective ôte à la Bourse<br />

des va<strong>leurs</strong> mobilières l’exclusivité de l’agrément. <strong>Les</strong> scénarios de<br />

rapprochement (fusion ou harmonisation) se profilent déjà à l’horizon.<br />

De l’avis des analystes, les deux places n’auraient pas d’autres<br />

choix qu’un rapprochement, dicté logiquement par la taille et le<br />

potentiel du marché.<br />

Bourse de Tunis : Adwya<br />

transforme l’essai<br />

La journée du mercredi 27 juin 2007 a été marquée à la Bourse de<br />

Tunis par un début en trombe de la valeur « Adwya » qui a connu<br />

son premier cours de négociation à 4 DT pour un prix d’introduction<br />

de 2,550 DT, gagnant sur la journée 5,5 % dans un échange de<br />

plus de 444 mille titres. L’enthousiasme était de mise malgré une<br />

petite erreur de saisie, faisant réserver le cours de l’action à la<br />

baisse, qui a momentanément donné du tournis aux traders. Cette<br />

introduction réussie marque une nouvelle vie pour Adwya, une<br />

société pharmaceutique fondée en 1983 et au capital social de<br />

10 millions de Dinars.


10<br />

158<br />

156<br />

154<br />

152<br />

150<br />

148<br />

146<br />

144<br />

142<br />

140<br />

138<br />

136<br />

134<br />

132<br />

130<br />

128<br />

126<br />

124<br />

122<br />

120<br />

118<br />

116<br />

114<br />

112<br />

110<br />

108<br />

106<br />

104<br />

102<br />

100<br />

jan. 06<br />

fév. 06<br />

mars. 06<br />

avr. 06<br />

mai. 06<br />

Ai40 and Ai100 since inception (base = 100)<br />

juin. 06<br />

juil. 06<br />

août. 06<br />

sep. 06<br />

<strong>Les</strong> performances de l’AI40 au dessus de celles des Bourses africaines<br />

La troisième semaine de juin a<br />

vu l’indice A I40 qui regroupe<br />

les va<strong>leurs</strong> les plus liquides du<br />

Continent s’apprécier de 1,75 %,<br />

à 157,65 points. L’indice poursuit<br />

ainsi un rythme de progression<br />

continue depuis le début de l’année,<br />

avec des performances<br />

cumulées de 34,8 %, bien au dessus<br />

de la plupart des gains des<br />

Bourses nationales et régionales<br />

africaines. Sur la période de janvier<br />

à juin 2007, les actions ont<br />

gagné 21 % au Maroc, contre<br />

17 % en Afrique du Sud et 15%<br />

en Egypte….<br />

Quant à la progression de l’indice,<br />

annoncée à la fermeture<br />

des Bourses le vendredi 22 juin<br />

2007, elle est tirée les télécoms.<br />

L’annonce d’une licence 3 G<br />

pour Mobnil Egypte (une capi-<br />

Source : http://www.commodafrica.com<br />

oct. 06<br />

Matières premières et produits agricoles tropicaux<br />

28.6.2007<br />

CACAO<br />

Côte d'Ivoire, euro/tonne<br />

- juillet/août 1725<br />

- oct./dec. 1725<br />

Nigeria, euro/tonne<br />

- juillet/août 1710<br />

- oct./dec. 1710<br />

Cameroun, euro/tonne<br />

- juillet/août<br />

- oct./dec. 1710<br />

Ghana, £/tonne<br />

- Aoû/septembre 1210<br />

- Janvier/mars 1220<br />

Beurre, £/tonne<br />

départ usine Holl. 3000<br />

VANILLE<br />

Madagascar, euro/kg FOB<br />

- Noire, non fendue 30<br />

- Industrielle, extraction 17-20<br />

Papouasie Nelle Guinée, euro/kg FOB<br />

- Noire, non fendue 18<br />

- Industrielle, extraction 10<br />

Inde, euro/kg, FOB<br />

- Noire, non fendue 30<br />

- Industrielle, extraction 15-20<br />

Tahiti, euro/kg, FOB<br />

- Noire, non fendue 200<br />

CAFE<br />

Robusta embarquement<br />

$/tonne CAF<br />

Côte d'Ivoire grade 1<br />

- Juin/Juillet 2015<br />

- Août/Septembre 2035<br />

Côte d'Ivoire grade 2<br />

- Juin/Juillet 1955<br />

- Août/Septembre 1975<br />

Côte d'Ivoire grade 3<br />

- Juin/Juillet 1885<br />

- Août/Septembre 1905<br />

Madagascar grade 1<br />

- Juin/Juillet 1915<br />

- Août/Septembre 1935<br />

Cameroun grade 1<br />

- Juin/Juillet 1965<br />

- Août/Septembre 1985<br />

RCA Supérieur<br />

- Juin/Juillet 1965<br />

- Août/Septembre 1985<br />

Togo grade 2<br />

- Juin/Juillet 2005<br />

- Août/Septembre 2025<br />

RD Congo HTCM<br />

- Juin/Juillet N .Q<br />

- Août/Septembre N .Q<br />

Ouganda standard<br />

- Juin/Juillet 1995<br />

- Août/Septembre 2015<br />

Vietnam grade 2<br />

- Juin/Juillet 1905<br />

- Août/Septembre 1925<br />

Indonésie EK1<br />

- Juin/Juillet N .Q<br />

- Août/Septembre 1960<br />

nov. 06<br />

déc. 06<br />

jan. 07<br />

talisation de 3,2 milliards de<br />

dollars) a occasionné un rush<br />

sur le titre qui s’est apprécié de<br />

9,5 % sur la semaine. L’autre<br />

grosses cylindrée des télécoms<br />

égyptiens, «Telecom Egypte »,<br />

s’est quant à elle apprécié de<br />

0,6 %, ramenant ses performances<br />

annuelles à 28,4 %.<br />

Pour sa part, la nigériane Zénith<br />

Bank, qui s’est le plus apprécié<br />

depuis le début de l’année<br />

(147,5 %) termine la semaine<br />

avec un gain de 1,8 % à 0,46 dollars<br />

l’action. Outre la Mobnil, les<br />

fortes appréciations hebdomadaires<br />

ont été enregistrées sur le<br />

cours de la Sud Africaine BHP<br />

Billiton (+8,7 % à 27,29 dollars),<br />

de l’égyptien Hermès Holding<br />

Company (+7,9 %, à 8,11 dollars).<br />

A l’inverse, les fortes baisses<br />

28.6.2007<br />

Brésil conilon 4/5<br />

- Juin/Juillet N.Q<br />

- Août/Septembre 2035<br />

ARABICA embarquement<br />

Cts/Lb<br />

Ethiopie Djimma 5<br />

- Juin/Juillet 103<br />

- Août/Septembre 104<br />

Kenya AB<br />

- Juin/Juillet 145<br />

- Août/Septembre 148<br />

Brésil Santos 2 17/18<br />

- Juin/Juillet 106.5<br />

- Août/Septembre 108<br />

Mexique PW<br />

- Juin/Juillet 115<br />

- Août/Septembre 117<br />

Colombie<br />

- Juin/Juillet 118<br />

- Août/Septembre 120<br />

Costa Rica HB<br />

- Juin/Juillet 122<br />

- Août/Septembre 124<br />

POIVRE<br />

$/tonne CAF<br />

Sarawak blanc 5150<br />

Sarawak DW 5550<br />

Muntok Blanc 5150<br />

Brésil Blanc 1 5100<br />

Vietnam noir 3700<br />

Sarawak noir spécial 3875<br />

Brésil noir 1 3700<br />

Madagascar noir<br />

CEREALES Pays africains<br />

FCFA/sac 100 kg (prix moyen national)<br />

Burkina Faso<br />

- Riz importé 24'007<br />

- Mil local 10'607<br />

- Sorgho local 10'000<br />

- Maïs local 8'714<br />

Mali<br />

- Riz local 28'333<br />

- Riz importé 26'500<br />

- Mil local 11'071<br />

- Sorgho local 10'500<br />

- Maïs local 9'666<br />

Niger<br />

- Riz importé 30'500<br />

- Mil local 14'750<br />

- Sorgho local 12'700<br />

- Maïs importé 13'116<br />

RIZ, marché international<br />

Indice Osiriz/Cirad (US$/t FOB)<br />

- IPO (base 100= janvier 2000) 139.4<br />

- USA2:4 410<br />

- Thai 100B 335<br />

- Thai 5 327<br />

- Inde 5 290<br />

- Viet 5 305<br />

- Inde 25 270<br />

- Thai 25 299<br />

- Viet 25 292<br />

- Pak 25 280<br />

fév. 07<br />

mars. 07<br />

avr. 07<br />

mai. 07<br />

juin. 07<br />

COTATIONS<br />

Ai40<br />

Ai100<br />

proviennent de l’Intercontinental<br />

Bank (Nigeria), qui, a cédé<br />

8,5 %, dans une tendance fortement<br />

baissière pour son secteur<br />

d’activité.<br />

<strong>Les</strong> entreprises formant l’Indice<br />

A I40 des 40 va<strong>leurs</strong> les plus liquides<br />

du Continent, ont été sélectionnées<br />

par le mensuel londonien<br />

«Africain Investor », sur la<br />

base d’une capitalisation boursière<br />

de plus de 100 millions de<br />

dollars, avec un flottant excédent<br />

25 % du capital. Ces entreprises<br />

sont concentrées pour<br />

environ 35 % en Afrique du<br />

Sud, 21 % en Egypte, 16 % au<br />

Maroc, 13% au Nigeria, 4 % à<br />

l’ensemble Zimbabwe-Maurice<br />

et 3 % en Tunisie.<br />

A.W<br />

28.6.2007<br />

- A1 Super 260<br />

TOURTEAUX et OLEAGINEUX<br />

Tourteaux de coton en EUR/Tonne 140<br />

Graines de coton en EUR/Tonne INC<br />

Noix de cajou brute<br />

Origine Guinée Bissau, 53 lbs, C&F Cochin 630<br />

51 lbs/80 kg with Nutcount 190 nuts /kg<br />

en US$/Tonne, C+F Inde/Viet. INC<br />

50 lbs with nutcount of 200nuts/kg max<br />

en US$/Tonne INC<br />

Tourteaux d'arachide<br />

Garantie d'aflatoxine, en EUR/Tonne, C+F France INC<br />

Graines de sésames<br />

Whitish Ethiopie Humera, en US$/Tonne<br />

FOB Port Soudan/Djibouti 970<br />

Whitish Soudan, en US$/Tonne<br />

Mixed , FOB Port Soudan 1025<br />

Mixed Nigeria et/ou Burkina Faso<br />

FOB Lagos/Tema<br />

Mixed Tanzanie, Mozambique,<br />

850<br />

FOB Dar es Salam/Macala<br />

COTON<br />

Récolte 2006/07<br />

Embarquement avril/mai 07<br />

Indice A Cotlook, CAF ports Nord Europe<br />

Middling 1.3/32<br />

Euro/tonne 1067.53<br />

Cents /Lb 65.25<br />

Indice A Cotlook, CAF ports Far East<br />

Middling 1.3/32<br />

Euro/tonne 1035.63<br />

Cents /Lb 63.3<br />

Afrique Zone Franc, CAF Ports européens<br />

Middling 1.3/32<br />

Euro/tonne 1030.72<br />

Cents /Lb 63<br />

BOIS TROPICAUX<br />

en Euros le m3, FOB, marché asiatique<br />

Grumes d'Afrique de l'Ouest, LM<br />

- Acajou 221<br />

- Ayous 221<br />

- Iroko 289<br />

- Moabi 297<br />

- Movingui 205<br />

- Padouk 305<br />

- Sapeli 251<br />

- Sipo 274<br />

- Okoumé, Gabon, FAS<br />

- QS (Asie/Europe) 213/219<br />

- CI (Asie/Europe) 171/171<br />

- CE (Asie/Europe) 146/150<br />

- CS (Asie/Europe) 108/111<br />

Sciages Afrique Ouest, a/tFOB, FAS GMS<br />

- Ayous 396<br />

- Okoumé 335<br />

- Sipo 540<br />

- Padouk 600<br />

- Sapeli 550<br />

- Iroko 458<br />

- Khaya 396<br />

- Moabi 630<br />

- Movingui 460<br />

Chaque mercredi<br />

en kiosques dès<br />

septembre 2007<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

AI 40 une selection des 40 va<strong>leurs</strong> les plus importantes du continent africain<br />

Company Sector Country<br />

MKT Cap<br />

USD m<br />

Price<br />

USD<br />

Séléction Morningstar des fonds africains<br />

Séléction Morningstar Or et métaux précieux<br />

Price change Price change Performance<br />

on the week* in 2007 rank 2007<br />

Sonatel Sn Telecommunications Brvm 2'372.56 237.26 1.7% 29.5% 11 8.9<br />

Orascom Construction Construction Egypt 12'131.15 63.66 1.7% 34.2% 9 29.8<br />

Telecom Egypt Telecommunications Egypt 5'405.60 3.17 0.6% 28.4% 12 13.4<br />

Egyptian Financial Group - Hermes Holding Company Banking & finance Egypt 3'145.43 8.11 7.9% 16.1% 20 15.9<br />

El Ezz Aldekhela Steel - Alexandria Chemicals Egypt 2'544.17 186.14 0.9% 11.4% 22 6.2<br />

El Ezz Steel Rebars Construction Egypt 1'835.97 10.07 1.5% 10.0% 25 23.4<br />

Mobinil Telecommunications Egypt 3'238.45 32.38 9.5% 3.0% 31 13.0<br />

Vodafone Telecommunications Egypt 3'791.56 15.80 2.7% -3.8% 35 11.1<br />

East African Breweries Breweries Kenya 1'459.48 2.21 2.1% 12.8% 21 18.1<br />

Kenya Comm. Bank Ltd Banking & finance Kenya 716.86 0.36 0.0% 10.4% 24 18.2<br />

Ken Gen Power Kenya 814.22 0.37 -5.7% -11.7% 36 14.5<br />

Kenya Power and Lighting Co. Industrial Kenya 245.11 3.10 0.5% -20.0% 38 10.0<br />

Kenya Airways (Nse) Transport Kenya 542.27 1.17 6.1% -31.1% 39 7.5<br />

Mumias Sugar Company Food manufacturing Kenya 198.43 0.39 -5.4% -48.8% 40 30.2<br />

Mauritius Comm. Bank Banking & finance Mauritius 821.19 3.28 7.1% 23.9% 17 14.1<br />

Banque Marocaine du Commerce Banking & finance Morocco 5'305.74 334.22 1.6% 127.9% 2 53.9<br />

Lafarge Building materials Morocco 3'219.91 675.84 4.6% 51.2% 7 31.5<br />

Banque Centrale Populaire Banking & finance Morocco 1'688.07 286.69 -0.3% 30.7% 10 33.7<br />

Attijariwafa Bank Banking & finance Morocco 6'406.47 331.95 3.7% 23.0% 18 26.6<br />

Credit Immobiliere et Hotelier Banking & finance Morocco 1'566.11 71.76 2.4% 6.2% 28 n/a<br />

Omnium Nord Africain Holding company Morocco 3'294.48 188.66 -2.9% 5.0% 29 35.6<br />

Maroc Telecom Telecommunications Morocco 13'966.14 15.89 0.7% 4.6% 30 17.3<br />

Zenith Bank Banking & finance Nigeria 2'755.22 0.46 1.8% 147.5% 1 31.1<br />

Guaranty Trust Bank Banking & finance Nigeria 2'167.81 0.27 -6.5% 96.9% 3 19.2<br />

Intercontinental Bank Banking & finance Nigeria 2'111.03 0.20 -8.5% 87.1% 4 38.0<br />

Union Bank Banking & finance Nigeria 2'901.08 0.31 -6.5% 79.3% 5 34.9<br />

United Bank For Africa Banking & finance Nigeria 2'398.84 0.34 -2.1% 77.1% 6 49.7<br />

West African Portland Cement Construction Nigeria 1'451.10 0.52 0.0% 26.1% 13 26.4<br />

First Bank Banking & finance Nigeria 3'262.15 0.31 0.0% 22.5% 19 12.2<br />

BHP Billiton Mining South Africa 67'358.90 27.29 8.7% 48.9% 8 17.7<br />

Impala Platinum Mining South Africa 18'310.45 32.99 6.3% 25.1% 14 28.6<br />

Anglo American Mining South Africa 89'711.23 60.49 1.0% 24.3% 16 25.4<br />

MTN Group Telecommunications South Africa 22'154.31 13.36 -2.0% 10.8% 23 17.4<br />

Sab Miller Beverages South Africa 25'021.67 25.02 4.0% 8.8% 26 24.6<br />

Standard Bank Banking & finance South Africa 19'395.49 14.45 -1.9% 7.8% 27 13.0<br />

Sasol Oil & gas South Africa 25'217.93 37.08 4.5% 0.9% 32 12.1<br />

SFBT Brasseries Tunisie Beverages Tunisia 544.29 53.05 -4.6% 24.3% 15 20.6<br />

Banque De Tunisie Banking & finance Tunisia 247.57 70.74 3.5% -0.8% 33 17.9<br />

Banque Intl Arabe du Tunisie Banking & finance Tunisia 278.49 27.85 1.7% -2.6% 34 20.3<br />

Econet Telecommunications Zimbabwe 224.14 1.50 4.4% -15.8% 37 5649.7<br />

*From 15th June '07 to 22nd June '07<br />

Nom du Fonds Début d'historique<br />

29.12.2006<br />

22.6.2007<br />

23.6.2006<br />

22.6.2007<br />

21.6.2002<br />

22.6.2007<br />

Domicile Promoteur<br />

FTSE All-Wld Sth Africa USD 31.12.1993 9.67 37.33 225.2 FTSE AWI Indices<br />

MSCI South Africa Grs USD 31.12.1992 9.71 35.5 171.81 Morgan Stanley Capital Int<br />

S&P/Citi BMI South Africa 30.6.1994 10.57 38.54 181.64 S&P/Citigroup Indices<br />

Africa Emerging Markets 12.11.1993 27.91 57.9 523.39 Cayman Islands Emerging Markets Management L.L.C.<br />

AlAhli National Inv Fund 16.8.1988 0.28 -2.61 -17.46 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />

AlAhli Saudi Dynamic Trd Fund 25.4.2005 -1.34 -6.42 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />

AlAhli Saudi Riyal Trade Fund 3.4.1995 0.25 -2.67 -17.98 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />

AlAhli Saudi Trd Equity Fund 3.6.1998 -8.97 -45.33 113.45 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />

Atlas Maroc II 28.3.1994 22.84 55.77 205.1 France Financiere Atlas<br />

BAC Mining South Africa CHF 1.10.2004 58.92 105.9 Switzerland FidFund Management S.A.<br />

EMIF South Africa Index Plus C 2.1.2001 8.83 31.58 123.56 Luxembourg Sinopia/BBVA/KBC<br />

Orbis Africa Equity (Rand) 30.6.1998 11.87 47.53 393.57 Bermuda Orbis Investment Management Ltd<br />

UBS (CH) EF-South Africa 4.3.1948 10.74 34.88 150.75 Switzerland UBS Fund Management AG<br />

Plct, Pourc., Init EUR 100.00, Nav-Nav, EUR, Unadj Inc.<br />

Source – © Morningstar France. Tous droits réservés - Juin 2007.<br />

Nom du Fonds Début d'historique<br />

29.12.2006<br />

22.6.2007<br />

23.6.2006<br />

22.6.2007<br />

21.6.20022<br />

2.6.2007<br />

Domicile Promoteur<br />

AIG PB Equity Fund Gold T 19.6.1992 -0.35 11.26 89.89 Switzerland AIG Fondsleitung (Schweiz) AG<br />

BAC Mining South Africa CHF 1.10.2004 58.92 105.9 Switzerland FidFund Management S.A.<br />

BBGI Share Gold (USD) 15.11.2006 -2.45 Switzerland Bearbull Gestion Institutionelle SA<br />

CF Ruffer Baker Steel Fund 1.10.2003 7.45 18.28 England CF Ruffer Investment Funds<br />

CM-CIC Or et Mat 30.6.1986 7.08 18.16 90.11 France Crédit Mutuel-CIC<br />

Craton Capital Prec Metal A 14.11.2003 1.84 20.09 Liechtenstein Global Fund Services AG<br />

CS EF Global Gold 28.2.1986 -7.65 -4.94 35.78 Switzerland Credit Suisse AM Schweiz<br />

DJE-Gold & Ressourcen P 31.1.2003 5.16 7.67 Luxembourg DJE Investment S.A.<br />

DWS Goldminenaktien Typ O 10.11.1997 1.47 12.93 12.39 Germany DWS Investment GmbH<br />

DWS Invest Gold + Prc Ml $ A2 20.11.2006 1.77 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />

DWS Invest Gold + Prc Ml $ LC 20.11.2006 -0.34 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />

DWS Invest Gold + Prc Ml $ NC 20.11.2006 -0.7 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />

Dynalion Or 10.4.1980 -6.38 -0.53 53.11 France LCL<br />

Federal Multi Or et Mat. Pre. 6.1.1984 14.82 24.71 113.23 France Federal Finance<br />

FPIL Merril Lynch World Gold 17.10.2003 0.38 9.06 Isle of Man Friends Provident International Limited<br />

Fructifonds International Or 25.10.1985 -2.47 2.24 54.03 France Banques Populaires<br />

Genus Dynamic Gold Fund A 31.3.2003 5.47 15.26 Cayman Islands Baker Steel Capital Mgrs LLP<br />

Global Gold and Precious 21.7.2000 -0.77 9.22 113.32 France Global Gestion<br />

Gold 2000 Ltd 4.6.1999 12.66 21.55 128.63 Cayman Islands Zimba Inc<br />

Gold Equity Fund (CHF) B 30.6.2005 8.18 18.73 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />

Gold Equity Fund (EUR) B 30.6.2005 8.41 19.18 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />

Gold Equity Fund (USD) B 30.9.2003 8.02 18.39 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />

HPM Invest Sicav-RV Golden Dy 25.10.2002 -19.51 -33.3 Luxembourg HPM Portfolio Management GmbH<br />

IAM Gold & Metals 7.10.2002 27.23 37.62 Switzerland Bank Julius Baer<br />

Investec Global Gold A Acc GBP 10.4.2006 8.61 24.86 England Investec Fund Managers Ltd<br />

Investec GSF Global Gold A 26.11.1990 6.73 20.03 76.47 Guernsey Investec GS<br />

LGT EF Precious Metal USD 29.1.1988 -9.34 -8.68 22.9 Liechtenstein LGT Capital Management Ltd<br />

LODH Inv Wo Gold Exp EUR P A 8.8.2003 3.86 13.35 Luxembourg Lombard Odier Darier Hentsch & Cie<br />

LODH Inv Wo Gold Exp USD P A 8.8.2003 5.53 13.44 Luxembourg Lombard Odier Darier Hentsch & Cie<br />

Merrill LIIF Wld Gold A 30.12.1994 1.73 11.49 90.03 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />

Merrill LIIF Wld Gold E 30.12.1994 1.46 10.93 85.52 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />

Merrill LIIF Wld Gold E ? 6.4.2001 1.22 11.43 84.18 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />

Merrill Lynch Gold & Gen Inc 21.3.1988 7.8 21.5 121.41 England BlackRock M Lynch Inv Mgrs (UK)<br />

Merrill Lynch Intl Gold & Gen 21.5.1993 7.57 19.91 120.77 Jersey BlackRock M Lynch Inv Mgrs (CI)<br />

NESTOR Gold Fonds 3.6.2002 10.41 20.62 80.52 Luxembourg Nestor Investm Managemt S.A.<br />

OMG Aliquot Gold Bullion 24.8.2004 0.78 -1.91 Guernsey Old Mutual Fund Managers (Guernsey)<br />

OMGB Aliquot Gold Bullion 23.8.2004 1.4 -0.73 Guernsey Old Mutual Guernsey Life Accounts<br />

PEH Q-Goldmines 1.11.1996 13.71 29.8 53.44 Luxembourg PEH Quintessenz Sicav<br />

PIA Gold Stock A 14.5.1985 -1.21 9.25 55.27 Austria Pioneer Investments Austria GmbH<br />

Power Capital Gold Edge 31.1.2005 British Virgin Islands Power Capital Management Ltd<br />

R Mines d'Or 4.6.1996 0.48 4.07 32.98 France Rothschild Banque<br />

Royal Skan £ ML Gold & Gen 28.9.2001 6.98 17.02 112.32 Isle of Man Royal Skandia Life Assurance<br />

SGAM Fund Eq Gold Mines A 30.6.1988 -6.63 1.45 60.15 Luxembourg SGAM<br />

SGAM Fund Eq Gold Mines F 8.7.2002 -7.07 0.44 Luxembourg SG Asset Management<br />

SGAM Invest Secteur Or 16.9.1983 -5.58 1.85 43.73 France Société Générale<br />

Share Gold 11.3.2003 -2.38 6.87 Luxembourg Banque Degroof<br />

Sicav Placeuro Global US Eqs 3.2.2006 -16.61 -41.28 Luxembourg Cofigeco<br />

Sicav Placeuro Gold Mines 18.12.1995 3.57 29.03 49.92 Luxembourg Cofigeco<br />

Swisscanto (CH) EF Gold 15.4.1996 -7.48 -4.2 28.58 Switzerland Swissca Fondsleitung AG<br />

UBS (CH) EF-Gold 7.12.1988 -6.98 -3.56 30.31 Switzerland UBS Fund Management AG<br />

UEB Gold Equity Multi-Manager 31.1.2003 4.12 8.81 Bahamas United European Bank<br />

Va<strong>leurs</strong> Or 30.6.1983 2.4 14.95 76.08 France W Finance-AGF<br />

ZI ML IIF WD Gold & Min 1.11.2001 0.64 9.75 89.25 Isle of Man Zurich International Life<br />

ZKB Fonds Gold ETF 16.3.2006 0.89 4.09 Switzerland Zürcher Kantonalbank<br />

Plct, Pourc., Init EUR 100.00, Nav-Nav, EUR, Unadj Inc.<br />

Source – © Morningstar France. Tous droits réservés - Juin 2007.<br />

P/E


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 PRODUITS FINANCIERS<br />

11<br />

<strong>Les</strong> produits islamiques<br />

débarquent au Maghreb<br />

La Tunisie, en février 2007, et le Maroc, un mois plus tard, ont ouvert <strong>leurs</strong> réglementations bancaires aux produits islamiques. <strong>Les</strong> premières formules halal<br />

arrivent sur le marché dans le courant de ce mois de juillet.<br />

Par Adam Wade<br />

C’est durant ce mois de juillet<br />

2007 que les premières offres<br />

sur les produits bancaires islamiques<br />

seront commercialisées<br />

par les <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong>.<br />

Une quasi-révolution dans un<br />

environnement régi jusque-là<br />

par des règles prudentielles et<br />

une tradition de banque<br />

conventionnelle à l’occidentale.<br />

Le feu vert de Bank Al Maghrib<br />

est intervenu le 20 mars 2007,<br />

soit à peine un mois après que<br />

la Banque centrale tunisienne<br />

ait adopté un projet de loi<br />

autorisant la création de la<br />

première banque islamique<br />

pour le développement du<br />

commerce interarabe.<br />

Aussi, des trois pays du<br />

Maghreb central, seule l’Algérie<br />

est pour le moment en retrait<br />

par rapport à ce mouvement.<br />

Produit alternatif<br />

Détail important à préciser,<br />

la commercialisation de ces<br />

produits se fera au Maroc sans<br />

la mention «islamique ». En<br />

lieu et place, l’autorité centrale<br />

a décidé l’usage modéré de<br />

« produit alternatif ». La commercialisation<br />

se fera néanmoins<br />

avec la mention « conforme aux<br />

règles islamiques ». Maigre<br />

consolation pour les directions<br />

marketing d’Attijariwafa Bank,<br />

de BMCE Bank et de BCP, déjà<br />

aux avant-postes dans ce créneau<br />

porteur. Chez les unes<br />

comme chez les autres, la discrétion<br />

est de mise. Pas question de<br />

dévoiler aux concurrents sa<br />

formule. Sobriété de mise aussi<br />

chez le GPBM (Groupement<br />

professionnel bancaire marocain)<br />

où l’on précise sans<br />

trop de détails «que tout<br />

dépendra du traitement fiscal<br />

qu’appliquera Bank Al Maghrib<br />

à ces produits ».<br />

Très prudente dans son approche,<br />

l’institution centrale procède<br />

par petits pas, motivée avant<br />

tout par la volonté d’améliorer<br />

le taux de bancarisation (à peine<br />

24 % actuellement) du royaume.<br />

L’ouverture est graduelle,<br />

entendu que les <strong>banques</strong> isla-<br />

La commercialisation<br />

de ces produits<br />

se fera au Maroc<br />

sans la mention<br />

«islamique ».<br />

miques à proprement parler<br />

n’ont pas encore droit de cité<br />

au Maroc. De plus, sur la<br />

panoplie de produits islamiques<br />

existants, seuls trois seront<br />

commercialisés au Maroc (voir<br />

encadré) pour le moment.<br />

A l’heure où s’écrivaient ces<br />

lignes, le suspens demeurait<br />

donc dans le fameux traitement<br />

fiscal propre à chaque produit<br />

islamique. L’option d’une taxation<br />

de la marge bénéficiaire sur<br />

Salama Assurances Algérie a<br />

annoncé le lancement prochain de<br />

Takaful, une assurance-vie conforme<br />

à la charia, rapporte «Strategica,<br />

Business & Finances », une<br />

publication spécialisée. Ce service<br />

d’assurance-vie commercialisé et<br />

répandu dans certains pays du Golfe<br />

et d’Asie est actuellement en vogue<br />

dans les pays du Sud asiatique<br />

et même en Europe. Il est en passe<br />

de se substituer aux produits<br />

classiques pour lesquels le consommateur<br />

musulman affiche souvent<br />

une certaine réticence. Cité par<br />

Strategica, le directeur du projet,<br />

Abdelhakim Hadjou, précise que<br />

la base des mensualités (dans<br />

le cas de la Mourabaha)<br />

comme l’exigeaient les <strong>banques</strong><br />

était en passe de l’emporter,<br />

précise une source proche de<br />

l’administration fiscale, en lieu<br />

et place d’une imposition au<br />

départ du bien meuble ou<br />

immeuble acquis.<br />

L’après 11 septembre<br />

Cette mutation du Maghreb,<br />

bastion de la banque occidentale<br />

en terre d’islam, s’explique,<br />

au-delà de l’amélioration de la<br />

bancarisation respective des<br />

Diaspora musulmane<br />

en Europe oblige,<br />

le segment des<br />

particuliers est au<br />

cœur de la bataille.<br />

pays concernés, par l’attrait réel<br />

des produits islamiques et <strong>leurs</strong><br />

volumes. <strong>Les</strong> <strong>banques</strong> d’investissement<br />

conformes à la charia<br />

tâtent le terrain maghrébin<br />

depuis l’après 11 septembre<br />

2001 à la recherche de niches à<br />

rendement élevés. C’est ainsi<br />

que selon les préceptes de<br />

l’Islam, Gulf Finance House,<br />

l’un des plus importants fonds<br />

d’investissement bahreini et de<br />

la région du Golfe, a signé en<br />

juilllet 2006 un mémorandum<br />

d’entente de 2 milliards de<br />

dollars pour des projets touristiques<br />

et immobiliers.<br />

Le groupe saoudien Dallal<br />

Baraka, qui compte la première<br />

institution islamique, est également<br />

présent au Maroc depuis<br />

de nombreuses années à travers<br />

des prises de participation dans<br />

des établissements existants et<br />

des investissements directs dans<br />

le tourisme.<br />

Selon une récente étude de<br />

Standard’s & Poor’s, les actifs<br />

financiers conformes à la charia<br />

approchent la barre symbolique<br />

des 500 milliards de dollars (soit<br />

10 fois la capitalisation boursière<br />

de Casablanca) et croissent<br />

à un rythme annuel supérieur à<br />

10 %. Pour sa part, la Banque<br />

islamique de développement (la<br />

BID) évalue la part des<br />

produits alternatifs dans le<br />

système bancaire des pays du<br />

Conseil de coopération du<br />

Golfe (CCG) à 17 % des actifs<br />

totaux. Au nombre de 100<br />

actuellement, le marché des<br />

fonds d'investissement islamiques,<br />

connaît également une forte<br />

progression, avec un total<br />

des actifs excédant les 5 milliards<br />

de dollars.<br />

Musulmans d’Europe<br />

Cette abondance de fonds<br />

islamiques suscite beaucoup<br />

d’intérêt en Europe. <strong>Les</strong> gouvernements<br />

britannique et japonais<br />

ont ainsi indiqué leur intention<br />

d’émettre des « Sukuk », obligations<br />

islamiques, imitant ainsi le<br />

Algérie : une assurance-vie halal<br />

cette nouvelle prestation de services<br />

comprendra trois nouveaux produits<br />

d’assurance-vie : « Takaful épargne<br />

et prévoyance », « Takaful prévoyance<br />

», et «Takaful Crédit ».<br />

A noter que Salama Assurances<br />

Algérie, appelée précédemment El<br />

Baraka Oua Al Amane, est une filiale<br />

du groupe Salam Islamic Arab<br />

Insurance Company, qui est le principal<br />

fournisseur de garanties d’assurance<br />

et de réassurance reposant sur<br />

les principes de la charia dans le<br />

monde. Elle a été agréée par l’arrêté<br />

N° 46 du 2 juillet 2006 par le ministère<br />

algérien des Finances.<br />

Land allemand de Saxe Anhalt,<br />

lequel a émis dès juillet 2004 un<br />

Sukuk de 100 millions d’euros.<br />

Diaspora musulmane en<br />

Europe oblige, le segment des<br />

particuliers est au c?ur de la<br />

bataille. L’innovation est venue<br />

là aussi de Londres, en août<br />

2004, avec une première licence<br />

accordée à l’Islamic Bank of<br />

Britain (IBB) pour favoriser<br />

l’intégration financière d’une<br />

population musulmane (plus de<br />

2 millions) à 70 % favorables<br />

aux produits islamiques. C’est<br />

aussi dans la capitale britannique,<br />

résolument engagée dans la<br />

concurrence des grandes places<br />

fortes de la finance islamique<br />

que sont Dubaï, Kuala Lampur<br />

et Bahrein, qu’opère l’European<br />

Islamic Investment Bank (EIIB)<br />

qui cible des fonds institutionnels<br />

et des grandes familles du<br />

Golfe pour les recycler dans des<br />

pools d’actifs immobiliers,<br />

industriels ou touristiques à<br />

rendement élevé. En France, la<br />

Société Générale a lancé les<br />

premiers fonds alternatifs<br />

compatibles avec la charia permettant<br />

une vente à découvert<br />

sans enfreindre la loi islamique.<br />

HSBC qui propose quant à elle<br />

et depuis 2003 des produits<br />

immobiliers et des comptes<br />

courants, lancera bientôt des<br />

produits alternatifs dans les<br />

fonds de pension et l’assurance.<br />

Partage des risques<br />

Dans le Golfe, c’est le segment<br />

des particuliers qui est le plus<br />

demandeur des produits islamiques.<br />

«<strong>Les</strong> entreprises restent<br />

«La banque islamique<br />

est partenaire<br />

du débiteur et assume<br />

la même part<br />

de risque tandis<br />

que la banque<br />

commerciale est<br />

un simple prêteur »<br />

davantage enclines à optimiser<br />

le couple prix-qualité dans une<br />

transaction financière », constate<br />

le département recherche de<br />

Standard & Poor’s. La tendance<br />

sera-t-elle différente au Maghreb<br />

où nécessairement les rendements<br />

sur le marché des<br />

particuliers seront moindres<br />

comparés aux opulentes pétromonarchies<br />

du Golfe ?<br />

L’intérêt des produits islami-<br />

300<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

1983<br />

1985<br />

ques ne réside pas tant dans<br />

le volume que dans leur<br />

engagement sur le partage<br />

du risque, démarche aux<br />

antipodes des pratiques d’une<br />

banque conventionnelle, laquelle<br />

préférera le choix rationnel<br />

d’un gain fixé d’avance sur<br />

l’intérêt. « La banque islamique<br />

est partenaire du débiteur<br />

et assume la même part de<br />

risque tandis que la banque<br />

commerciale est un simple<br />

prêteur », note une étude<br />

consacrée à la question par la<br />

BMCE Bank, l’une des premières<br />

qui vont commercialiser les<br />

produits alternatifs. Cette<br />

différence d’approche permet<br />

aux <strong>banques</strong> islamiques de<br />

prendre des participations<br />

majoritaires dans des sociétés<br />

en croissance, non cotées et<br />

plus risquées par nature, en<br />

espérant des rendements supérieurs<br />

par une gestion active à<br />

moyen terme des actifs acquis<br />

et l’usage systématique de la<br />

dette tout en demeurant<br />

conforme avec la Charia. Un<br />

exercice d’équilibriste mais<br />

bien loin de tiédir les acteurs<br />

de la finance classique comme le<br />

montre la décision stratégique<br />

prise par la City Bank d’ouvrir<br />

une succursale au Koweit<br />

(opération effective depuis septembre<br />

2006).<br />

Révolution capitaliste<br />

Face à l’intérêt croissant des<br />

produits islamiques, les agences<br />

de notation ont développé<br />

<strong>leurs</strong> propres expertises en la<br />

matière. Standard & Poor’s a<br />

Évolution des produits islamiques entre 1983 et 2005<br />

1987<br />

1989<br />

1991<br />

1993<br />

1995<br />

1997<br />

Source : Rapport sur l'argent dans le monde (2005), Association d'Economie Financière<br />

ainsi mis en place un système<br />

d’analyse des émetteurs et des<br />

émissions de dettes conformes<br />

à la charia tout en évitant<br />

de formuler une opinion sur<br />

le degré de conformité de<br />

ces produits commercialisés<br />

avec la charia .<br />

Si d’aucuns, en Europe, surfent<br />

« Moucharaka », : opération de<br />

capital investissement consistant<br />

en une prise de participation d’un<br />

établissement de crédit dans le<br />

capital d’une société existante ou<br />

en création en vue de réaliser un<br />

profit. Différence fondamentale<br />

par rapport à la prise de participation<br />

classique, les risques et<br />

les profits sont partagés entre les<br />

deux parties selon un prorata<br />

prédéterminé.<br />

« Mourabaha » : la banque acquiert<br />

un bien meuble ou immeuble pour<br />

1999<br />

2001<br />

2003<br />

2005<br />

sur la vague islamique en lançant<br />

<strong>leurs</strong> propres lignes de produits,<br />

d’autres préfèrent leur<br />

substituer les produits de la<br />

« finance équitable ». Même<br />

philosophie, même aspiration<br />

solidaire entre le prêteur et<br />

l’emprunteur au point de faire<br />

dire aux spécialistes que la<br />

finance équitable est une copie<br />

parfaite de la finance islamique.<br />

une chose est sûre en tout cas :<br />

le moins progressiste des économistes<br />

européens considère<br />

aujourd’hui comme indispensable<br />

une révision de l’approche<br />

de la banque classique, plus<br />

portée sur le facteur « solvabilité<br />

du client » que « rendement du<br />

projet ». Nous dirigeons nous<br />

donc vers une nouvelle révolution<br />

du capitalisme ?<br />

<strong>Les</strong> trois formules<br />

de produits alternatifs admises<br />

par Bank Al Maghrib<br />

Premier « hedge fund » pour<br />

l’Afrique<br />

C’est le tout premier « hedge<br />

fund » exclusif pour l’Afrique.<br />

Prévu pour démarrer le 1 er juillet<br />

2007, le fonds Scipion<br />

Capital, d’un capital de 100<br />

millions de dirhams, est dirigé<br />

par Nicolas Clavel, ancien directeur<br />

de la Citibank à Kinshasa.<br />

« L’orientation vers l’Afrique<br />

répond à la logique des tendances<br />

», explique M. Clavel. «<strong>Les</strong><br />

rendements sur les pays émergents,<br />

notamment BRIC (Brésil,<br />

Russie, Inde, Chine), se réduisent<br />

après une forte croissance ces dix<br />

dernières années. Certains investisseurs<br />

sont à la recherche de<br />

nouveautés et l’Afrique est consi-<br />

dérée comme la dernière frontière<br />

». De même, poursuit-il,<br />

« les prix élevés des matières premières<br />

et les investissements soutenus<br />

de la Chine ainsi que les<br />

engagements du G8 rendent la<br />

situation sur le continent intéressante<br />

pour les investisseurs ».<br />

Le fonds est structuré en trois<br />

compartiments, à savoir les<br />

actions cotées (avec un intérêt<br />

certain pour les va<strong>leurs</strong> les plus<br />

liquides du continent), le financement<br />

du commerce international,<br />

et dans un deuxième<br />

temps, les opérations d’introduction<br />

en bourse (IPO).<br />

Sur la première classe de l’offre<br />

D’autres préfèrent<br />

leur substituer<br />

les produits de<br />

la « finance<br />

équitable ». Même<br />

philosophie, même<br />

aspiration solidaire<br />

entre le prêteur et<br />

l’emprunteur.<br />

(les actions cotées), l’arbitrage<br />

sera favorable aux pays comme<br />

l’Afrique du Sud, le Nigeria,<br />

l’Egypte et le Maroc, qui<br />

concentrent le plus de va<strong>leurs</strong><br />

liquides du Continent. «Le<br />

Maroc représente environ 16 %<br />

de l’indice Ai 40, donc pour<br />

chaque million de dollars<br />

investi, 160 000 iront vers ce<br />

pays », explique M. Clavel. Il<br />

s’agit de fonds qui essentiellement<br />

ne seraient pas allés vers<br />

l’Afrique. « Potentiellement,<br />

cela peut faire une différence<br />

non négligeable sur les bourses<br />

africaines et les premiers investis<br />

généralement sont les<br />

un client en vue de le lui revendre<br />

moyennant une marge bénéficiaire<br />

fixée d’avance.<br />

« Ijara » : la banque met un bien<br />

meuble ou immeuble (à l’exclusion<br />

des brevets d’invention, des<br />

droits d’auteurs, des services<br />

professionnels, des droits d’exportation<br />

de ressources naturelles) à<br />

la disposition d’un client à titre<br />

locatif simple ou sous forme d’un<br />

engagement ferme du locataire<br />

d’acquérir le bien après une<br />

période n’excédant pas 48 mois.<br />

Scipion Capital opérera des placements sur les va<strong>leurs</strong> boursières les plus liquides, le financement à<br />

l’export des matières non périssables et les introductions en bourse.<br />

gagnants », précise le manager<br />

de Scipion Capital.<br />

Quant à l’offre sur le commerce<br />

international, elle concerne les<br />

«matières essentiellement non<br />

périssables », telles que le café, le<br />

poivre, le coton, le blé, le riz,<br />

l’huile végétale, les produits<br />

pétroliers raffinés, le blé, le<br />

mais… La première intervention<br />

concernera des avances de<br />

fonds aux exportateurs de tabac<br />

de Malawi. Sur ce compartiment,<br />

les objectifs de rendement<br />

vont de 12 à 15 % sur l’année.<br />

A.W


12<br />

Par Adam Wade<br />

L’évaluation s’est faite sur la<br />

base de sept critères : le PIB<br />

par habitant, l’environnement<br />

des affaires, la notation pays,<br />

l’évolution du PIB sur les quatre<br />

dernières années, la compétitivité,<br />

le flux des IDE et l’indice<br />

de développement humain.<br />

L’avantage de la méthode est de<br />

ne pas se focaliser sur le seul<br />

poids du PIB, mais d’intégrer<br />

des critères plus dynamiques<br />

comme l’appréciation des investisseurs<br />

(environnement des<br />

affaires et compétitivité) ou les<br />

avancées sociales (indice de<br />

développement humain). La<br />

plupart des paramètres, à<br />

l’image de la notation pays réalisée<br />

par Standard & Poor’s,<br />

prennent en compte le risque<br />

politique, le risque-pays et les<br />

perspectives de développement.<br />

Le classement reflète donc plus<br />

le dynamisme des pays concernés<br />

que leur poids réel dans<br />

l’économie africaine.<br />

1Afrique du Sud : un défi<br />

social<br />

Avec un PIB de 256,4 milliards<br />

de dollars, soit 40 % de<br />

celui de l’Afrique, une place<br />

financière référencée dans les<br />

marchés émergents et un marché<br />

de capitaux ouvert, l’Afrique du<br />

Sud est la véritable locomotive du<br />

continent. Après une période<br />

1994-2006 de forte croissance,<br />

menée sous le signe de la discrimination<br />

positive sensée aboutir<br />

à une meilleure répartition des<br />

richesses, le pays n’a toujours<br />

pas résolu le problème de ses<br />

inégalités sociales. Le prochain<br />

gouvernement issu des élections<br />

présidentielles de 2009 devra<br />

mener à terme la diversification<br />

en dehors du secteur minier<br />

et le programme de réduction<br />

du chômage.<br />

Par ail<strong>leurs</strong>, les coûts induits par<br />

la pandémie du sida (qui affecte<br />

12 à 15 % de la population selon<br />

les indications) ne devraient pas<br />

remettre en cause la situation<br />

financière actuelle du pays, mais<br />

une politique de prévention et<br />

de traitement plus systématique<br />

devrait en réduire les impacts.<br />

2Tunisie : le libre-échange<br />

avec l’Europe dans un an<br />

Entamée dans la deuxième<br />

moitié des années 80, l’ère du<br />

développement économique<br />

encadré par l’Etat a incontestablement<br />

porté ses fruits en<br />

Tunisie. Le PIB qui connaît une<br />

croissance de 10 % par an depuis<br />

dix ans a atteint 36, 5 milliards de<br />

dirhams en 2006, exercice qui a<br />

connu une croissance de 4 %.<br />

Contrairement à la plupart des<br />

pays de la région, la Tunisie possède<br />

une économie diversifiée<br />

(agriculture, mines, tourisme,<br />

textile) avec un positionnement<br />

prononcé sur l’export. L’année<br />

2008 verra l’entrée en vigueur de<br />

l’accord de libre signée avec<br />

l’Union européenne en 1995.<br />

Maurice : la future ciber-<br />

3île de l’Afrique<br />

Après l’industrie et les<br />

finances, le secteur des<br />

nouvelles technologies est le<br />

nouveau cap de l’economie<br />

de l’ïle Maurice. En 30 ans,<br />

ce petit pays de 1,2 millions<br />

d’habitants est parvenu<br />

notamment à diminuer la<br />

prépondérance de l’Agriculture<br />

(ramenée à moins de 6 % du<br />

PIB) dans son économie et à<br />

mener une diversification<br />

réussie vers les services. Cette<br />

orientation est dictée aussi par<br />

la fin programmée des accords<br />

préférentiels liant les pays<br />

ACP (Afrique –Caraïbes et<br />

Pacifique) et l’UE. En 2006, le<br />

PIB du tigre de l’Océan Indien<br />

a atteint 6,4 milliards. L’île<br />

Maurice s’attèle désormais à<br />

son projet de cibercité, grâce,<br />

notamment, à l’aide de l’Inde<br />

qui a mis à disposition une<br />

ligne de crédit de 100 millions<br />

de dollars.<br />

4Botswana : que faire après<br />

les Trente Glorieuses ?<br />

L’ex Betchouanaland passe<br />

pour un modèle de réussite<br />

économique en Afrique. Avec<br />

une administration considérée<br />

comme la moins corrompue<br />

d’Afrique et un sous-sol riche<br />

en diamants, en cuivre et en<br />

nickel, c’est le seul pays au<br />

monde à avoir affiché une croissance<br />

annuelle moyenne de 9 %<br />

sur la période 1970-2000. De ce<br />

fait, en 1984, le Botswana est<br />

sorti du groupe des pays les<br />

moins avancés (PMA) pour se<br />

hisser au rang des nations les<br />

plus prospères de la région.<br />

L’ex- colonie britannique s’est<br />

engagée depuis 2004 sur un<br />

vaste programme d’éducation<br />

pour tous censé résoudre le problème<br />

des inégalités sociales.<br />

5Egypte : des réformes<br />

indispensables<br />

Le pays des pharaons<br />

poursuit depuis 2003 un cycle<br />

de croissance au rythme de 5 %<br />

grâce notamment aux bonnes<br />

performances du secteur touristique.<br />

En 2006, le PIB a franchi<br />

INVESTISSEMENT<br />

<strong>Les</strong> dix champions d’Afrique<br />

la barre des 100 milliards de<br />

dollars. La bonne tenue des<br />

rentes (péage sur le Canal de<br />

Suez, transferts des travail<strong>leurs</strong><br />

émigrés, exportations pétrolières<br />

et gazières, aide américaine<br />

de 2 milliards de dollars par an)<br />

conjuguée à l’augmentation des<br />

recettes pétrolières et gazières et<br />

aux investissements en provenance<br />

des pays du Golfe, donne<br />

à l’Egypte une bonne assise<br />

financière. La réussite des réformes<br />

structurelles (baisse de<br />

l’impôt sur le revenu et de<br />

l’impôt sur les sociétés, restructuration<br />

du secteur bancaire)<br />

devrait insuffler une nouvelle<br />

dynamique aux affaires. La mise<br />

en œuvre récente de l’Accord<br />

d’Agadir, projet de libreéchange<br />

liant l’Egypte à la<br />

Tunisie, au Maroc et à la<br />

Jordanie, devrait profiter à l’industrie<br />

du pays.<br />

6Maroc : un plan pour<br />

l’émergence<br />

Avec un PIB de 8,3 % en<br />

2006 et l’une des places financières<br />

les plus dynamiques dans<br />

la région, le Maroc semble s’être<br />

engagé dans un cycle de développement<br />

durable. Bien que ne<br />

disposant pas de pétrole ni de<br />

gaz, le royaume compte 16<br />

entreprises parmi les 50 plus<br />

grandes d’Afrique du Nord.<br />

Sur la période 2003-2007, le<br />

pays a connu une croissance<br />

moyenne de 4 % du PIB.<br />

L’économie reste néanmoins<br />

dépendante du pétrole. Parmi<br />

les réformes en cours, le chantier<br />

de l’INDH (initiative<br />

nationale pour le développement<br />

humain) devrait faire<br />

profiter les dividendes de<br />

l’embellie économique à une<br />

plus large couche sociale.<br />

Egalement dans les projets<br />

d’avenir, le plan Emergence<br />

initié par l’Etat et qui vise sur<br />

une durée de dix ans, d'accroître<br />

de 1,6 point par an le<br />

produit intérieur brut, de<br />

réduire le déficit commercial<br />

et de créer environ 440 000<br />

emplois. <strong>Les</strong> prochaines élections<br />

législatives du mois de<br />

septembre 2007 mettront aux<br />

prises la majorité gouvernementale<br />

actuelle avec des<br />

partis d’opposition dont les<br />

islamistes modérés du PJD<br />

(Parti pour la justice et le<br />

développement).<br />

7Algérie : un confort budgétaire<br />

exceptionnel<br />

Fin mai 2006, l’Algérie<br />

avait multiplié par 12 ses réserves<br />

de changes, lesquelles atteignaient<br />

66 milliards de dollars.<br />

Parallèlement, le gouvernement<br />

poursuit une gestion dynamique<br />

de la dette extérieure avec<br />

un remboursement anticipé<br />

ayant abouti à un accord avec le<br />

Club de Paris. La dette extérieure<br />

du pays est désormais<br />

sous la barre des 15 % du PIB<br />

contre 35 % en 2003. <strong>Les</strong> réformes<br />

sur le plan financier,<br />

notamment la restructuration<br />

du secteur bancaire, un important<br />

programme de privatisations<br />

et la maîtrise de la dépense<br />

publique, devront donner à ce<br />

pays du Maghreb central, plus<br />

d’atouts pour son développement<br />

économique.<br />

Nigeria : un géant aux<br />

pieds d’argile<br />

Huitième exportateur de<br />

l’or noir, le Nigeria est un pays de<br />

paradoxes. Avec une population<br />

estimée à plus de 100 millions<br />

d’habitants, le plus peuplé des<br />

pays d’Afrique compte environ<br />

deux tiers de sa population<br />

vivant en dessous du seuil de<br />

pauvreté contre 43 % en 1985.<br />

Avec 125 milliards de dollars par<br />

an, le PIB du Nigeria n’équivaut<br />

pas la moitié de celui de la Suisse<br />

en parité de pouvoir d’achat.<br />

Bien qu’étant dans une bonne<br />

conjoncture, le secteur pétrolier<br />

nigérian doit faire face à des enlèvements<br />

fréquents de coopérants<br />

et de travail<strong>leurs</strong> étrangers sur<br />

fond de revendications politiques<br />

et sociales. Le gouvernement<br />

nouvellement élu s’est fixé trois<br />

objectifs qui sont l’économie,<br />

l’économie, l’économie. Avis aux<br />

investisseurs.<br />

9Libye : retour de l’état<br />

de grâce<br />

Avec une croissance de<br />

8,4% en 2005, la Libye opére<br />

depuis deux ans un rapprochement<br />

remarqué vers l’économie<br />

de marché. Témoin de ce<br />

changement d’orientation, la<br />

signature, début juin 2007, d’un<br />

contrat record de 9OO millions<br />

de dollars avec la compagnie<br />

pétrolière britannique BP pour<br />

des opérations d’exploration. En<br />

2006, les investissements directs<br />

étrangers y ont atteint 261<br />

millions de dollars. De leur<br />

côté, les exportations libyennes,<br />

composées essentiellement de<br />

pétrole et de gaz, dépassaient<br />

37 milliards de dollars. Le pays<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

Réalisé par <strong>Les</strong> Afriques sur la base des rapports de la Banque Mondiale, du PNUD, de la CNUCED, du WEF et des notes de synthèse de l’agence<br />

Standard & Poor’s, le classement qui suit concerne les dix économies les plus performantes d’Afrique.<br />

Classement critère par critère<br />

Pays<br />

1. PIB par habitant<br />

PIB 2007/Hab<br />

(dollars US)<br />

1 Seychelles 8791 10<br />

2 Botswana 6354 9<br />

3 Libye* 5530 8<br />

4 Afrique du Sud 5516 7<br />

5 Maurice 5260 6<br />

6 Gabon* 5010 5<br />

7 Tunisie 3226 4<br />

8 Algérie* 2730 3<br />

9 Maroc 2264 2<br />

10 Egypte 1577 1<br />

5. Compétitivité<br />

Points<br />

Classement Classement<br />

Pays (Monde) Afrique Points<br />

1 Tunisie 30 1 10<br />

2 Afrique du Sud 45 2 9<br />

3 Maurice 55 3 8<br />

4 Egypte 63 4 7<br />

5 Maroc 70 5 6<br />

6 Algérie 76 6 5<br />

7 Botswana 81 7 4<br />

8 Namibie 84 8 3<br />

9 Kenya 94 9 2<br />

10 Nigeria 101 10 1<br />

Classement général<br />

Pays Note (/70)<br />

1 Afrique du Sud 45<br />

2 Tunisie 42<br />

3 Maurice 33<br />

4 Botswana 32<br />

5 Egypte 29<br />

6 Maroc 23<br />

7 Algérie 23<br />

8 Nigeria 22<br />

9 Libye 17<br />

10 Ghana 15<br />

2. L’environnement des affaires<br />

8<br />

Classement Doing Classement Doing<br />

Pays Business 2007 (Monde) Business 2007 (Afrique) Points<br />

1 Afrique du Sud 29 1 10<br />

2 Maurice 32 2 9<br />

3 Namibie 42 3 8<br />

4 Botswana 48 4 7<br />

5 Tunisie 80 5 6<br />

6 Ghana 94 6 5<br />

7 Ethiopie 97 7 4<br />

8 Zambie 102 8 3<br />

9 Nigeria 108 9 2<br />

10 Malawi 110 10 1<br />

6. Indice de développement humain<br />

Développement humain (rapport du PNUD)<br />

Classement Classement<br />

Pays IDH (Monde) Afrique Points<br />

1 Maurice 0,8 63 1 10<br />

2 Libye 0,79 64 2 9<br />

3 Tunisie 0,76 87 3 8<br />

4 Algérie 0,728 102 4 7<br />

5 Cap-Vert 0,722 106 5 6<br />

6 Egypte 0,702 111 6 5<br />

7 Guinée équ. 0,653 120 7 4<br />

8 Afrique du Sud 0,653 120 7 4<br />

9 Maroc 0, 64 123 9 2<br />

10 Gabon 0, 63 124 10 1<br />

Le point de vue de Roger M. Gaillard,<br />

spécialiste en infrastructures et<br />

partenariats publics privé au département<br />

Infrastructure de la Banque<br />

africaine de développement.<br />

Selon vous, quelles seraient les<br />

cinq économies les plus performantes<br />

d’Afrique ?<br />

Sur la base du produit national brut,<br />

les 5 pays en tête de liste seraient<br />

l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria,<br />

l’Egypte et le Maroc. Mais si le critère<br />

est le produit intérieur brut par habitant,<br />

le classement se répartirait<br />

entre la Guinée équatoriale, Maurice,<br />

l’Afrique du Sud, les Seychelles et la<br />

Lybie… Enfin, si on considère un<br />

3. C Notation du pays<br />

(Standard & Poor’s 2007)<br />

Note à long<br />

Pays terme en devises Points<br />

1 Botswana A 10<br />

2 Afrique du Sud BBB+ 9<br />

3 Tunisie BBB 8<br />

4 Egypte BB+ 7<br />

5 Maroc BB+ 6<br />

6 Nigeria BB- 5<br />

7 Ghana B+ 4<br />

8 Kenya B+ 3<br />

9 Sénégal B+ 2<br />

10 Bénin B 1<br />

7. classement par flux d’IDE<br />

Pays<br />

«Un continent convoité aussi<br />

pour son capital humain…»<br />

indicateur plus dynamique encore<br />

comme le taux moyen de croissance<br />

du produit intérieur brut sur la<br />

période de 1997 à 2005, le palmarès<br />

comprend la Guinée équatoriale, le<br />

Tchad, l’Angola, le Mozambique et….<br />

la Sierra Leone. C’est dire la volatilité<br />

du classement selon l’aulne avec<br />

laquelle il est établi.<br />

Constatez-vous une évolution<br />

positive ?<br />

Si on doit retenir comme signe<br />

encourageant que depuis 2002, le<br />

taux moyen de croissance économique<br />

continue de l’Afrique a été de<br />

4 %, il ne représente que la moitié<br />

de ce qui serait nécessaire. <strong>Les</strong><br />

pays du Maghreb affichent globalement<br />

des performances louables<br />

tout comme l’Afrique du Sud et<br />

certains pays de l’Afrique australe.<br />

Néanmoins, des aspects demeurent<br />

préoccupants, comme le taux de<br />

chômage, la vulnérabilité à des<br />

chocs de nature climatique ou de<br />

conjoncture internationale, comme<br />

IDE ( 2005) en<br />

milliards de dollars US<br />

Points<br />

1 Afrique du Sud 6,40 10<br />

2 Egypte 5,30 9<br />

3 Nigeria 3,40 8<br />

4 Maroc 2,90 7<br />

5 Soudan 2,35 6<br />

6 Guinée Equatoriale 1,86 5<br />

7 RDC 1,08 4<br />

8 Algérie 0,782 3<br />

9 Tunisie 0,705 2<br />

10 Tchad 1<br />

reste demandeur<br />

d’investissements<br />

dans les services et<br />

les infrastructures.<br />

Il se prépare à<br />

de douloureuses<br />

réformes qui ne<br />

manqueront pas<br />

à terme de remettre<br />

en cause la politique de l’Etatprovidence.<br />

10<br />

Ghana : le bout du<br />

tunnel en 2010<br />

L’ancienne Gold Coast<br />

a célébré le cinquantenaire de<br />

son indépendance en mars<br />

dernier. Sur le plan économique,<br />

le pays des Ashanti aligne<br />

des performances répétées<br />

depuis le début des années 2000,<br />

et à l’inverse de la plupart des<br />

pays de la sous-région, connaît<br />

une transition démocratique<br />

sans heurts. Lors de sa récente<br />

visite à Accra, l’ex-président de<br />

la Banque mondiale, Paul<br />

Wolfowitz rappelait qu’au cours<br />

des dix dernières années, l’économie<br />

du Ghana est devenue<br />

l’une des plus dynamiques<br />

d’Afrique, grâce à la combinaison<br />

de la formation du capital<br />

humain et d’une politique<br />

ambitieuse. Pour M. Wolfowitz,<br />

le Ghana pourrait accéder au<br />

statut de pays à revenu intermédiaire<br />

d’ici 2010.<br />

le cours des produits pétroliers ou<br />

agricoles ou des matières premières,<br />

ainsi que les pandémies. L’Afrique<br />

sub-saharienne affiche pour sa part<br />

des chiffres plus disparates. On y<br />

constate des taux de croissance<br />

parfois impressionnants, mais à<br />

interpréter avec la plus grande<br />

prudence, car ils restent très liés aux<br />

cours des matières premières.<br />

Que peut-on attendre des<br />

années à venir ?<br />

Nous assistons à une redistribution<br />

des intérêts à l’échelle de la planète<br />

et l’Afrique est un continent<br />

convoité autant pour ses richesses<br />

naturelles que pour son capital<br />

humain. On doit y voir une opportunité<br />

unique pour le continent de<br />

développer une croissance accélérée.<br />

Mais ce processus étant relativement<br />

récent, 3 à 5 ans seront nécessaires<br />

pour tirer des conclusions et discerner<br />

les pays qui afficheront des<br />

performances significatives.<br />

4. Evolution du PIB 2003/2007<br />

Pays<br />

% d’évolution du PIB<br />

réel 2003-2007 Points<br />

1 Mozambique 7,52 10<br />

2 Nigeria 7,39 9<br />

3 Burkina Faso 6,70 8<br />

4 Madagascar 5,99 7<br />

5 Ghana 5,77 6<br />

6 Algérie 5,60 5<br />

7 Tunisie 5,42 4<br />

8 Mali 5,15 3<br />

9 Botswana 5,09 2<br />

10 Sénégal 5,03 1<br />

Sources :<br />

- Rapport de la Banque mondiale et de la<br />

SFI, Doing Business en 2007.<br />

- Programme du PNUD et son rapport<br />

mondial sur le développement<br />

humain 2006.<br />

-Rapport CNUCED 2006 sur les<br />

Investissements directs étrangers.<br />

-Rapport mondial sur la compétitivité du<br />

Forum de Davos 2006-2007.<br />

-La notation des Etats souverains en<br />

Afrique (avril 2007) : Standard & Poor’s.


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

INVESTISSEMENT<br />

« Le prochain<br />

marché émergent ! »<br />

Directeur de banque à Genève, régulièrement consulté par le gouvernement suisse, en matière d’aide au<br />

développement, Michel Juvet est également un spécialiste des marchés émergents.<br />

« On n’a pas vu un tel frémissement<br />

depuis bien longtemps ».<br />

Propos recueillis<br />

par Adam Wade<br />

<strong>Les</strong> Afriques : Comment, de la<br />

Suisse, un investisseur européen<br />

perçoit-il aujourd'hui la situation<br />

économique en Afrique ?<br />

Michel Juvet : Il y a du nouveau<br />

en Afrique. C’est la première fois<br />

depuis de nombreuses années que<br />

le continent présente des fondamentaux<br />

allant dans le bon sens :<br />

importantes baisses de l’inflation<br />

dans beaucoup de pays, une<br />

baisse des dettes extérieures et des<br />

taux de croissance assez élevés qui<br />

se succèdent dans plusieurs pays.<br />

On n’a pas vu un tel frémissement<br />

depuis bien longtemps. L’Afrique<br />

pourrait bien être le prochain<br />

marché émergent. L’engouement<br />

pour les matières premières sera<br />

tout au bénéfice du développement<br />

de l’Afrique. D'ail<strong>leurs</strong> on<br />

voit bien que certains fonds d'investissement<br />

commencent à s'intéresser<br />

au continent.<br />

Comment expliquer ce paradoxe<br />

africain : des matières premières<br />

abondantes mais une faible présence<br />

dans les échanges mondiaux<br />

?<br />

MJ : C’est un paradoxe qui, à mon<br />

sens, revêt plusieurs niveaux d’explication.<br />

D’abord remarquons<br />

qu’en 1960, la part de l’Afrique<br />

dans le commerce mondial était<br />

de 5 %, au même niveau que celle<br />

de l’Asie. Cette évolution négative<br />

reflète d'abord la différence de<br />

développement économique<br />

entre les deux régions mais s’explique<br />

aussi par le fait que les<br />

matières premières ne sont pas<br />

prépondérantes dans les exportations<br />

mondiales alors qu'elles le<br />

sont pour le continent africain.<br />

L'émergence de la Chine sur le<br />

marché des matières premières a<br />

permis à l'Afrique de participer<br />

un peu plus à la croissance des<br />

échanges. Mais il faut rappeler<br />

que la valeur ajoutée, qui consti-<br />

tue l’essentiel des échanges mondiaux,<br />

réside surtout dans les<br />

produits manufacturés sur lesquels<br />

les pays africains sont peu<br />

présents. Une autre raison explique<br />

la faible présence du continent<br />

dans les échanges, ce sont les<br />

barrières douanières et les politiques<br />

de subventions occidentales<br />

qui rendent les produits agricoles<br />

africains peu compétitifs (par<br />

exemple, le coton).<br />

Pourquoi le continent n'arrive-til<br />

pas, à l'instar de l'Asie, à fabriquer<br />

des économies émergentes<br />

et de grands groupes mondiaux<br />

comme Mittal ?<br />

MJ : Concernant les grands groupes,<br />

il faut distinguer les cas de<br />

l’Afrique du Sud du reste du<br />

continent. De multiples raisons<br />

entravent la naissance de multinationales<br />

africaines. <strong>Les</strong> marchés<br />

sont trop fragmentés. Le manque<br />

d’union économique et douanière<br />

est un premier obstacle<br />

pour les entreprises qui, parvenues<br />

à maturité sur leur marché<br />

national, veulent se développer<br />

dans la sous-région. Un autre<br />

problème qui s’oppose à cette<br />

ambition l’existence des barrières<br />

administratives, douanières ou<br />

fiscales rigides rendant toute<br />

« <strong>Les</strong> barrières<br />

douanières et<br />

les politiques<br />

de subventions<br />

occidentales rendent<br />

les produits<br />

agricoles africains<br />

peu compétitifs. »<br />

expansion coûteuse. En Inde,<br />

marché suffisamment large, de<br />

telles entraves n’existent pas. Il y a<br />

aussi la problématique du développement<br />

des infrastructures, ce<br />

qui fait qu’il est plus cher de produire<br />

et de vendre en Afrique que<br />

d’importer de Chine. Dans l’etat<br />

actuel du développement des<br />

infrastructures, il est difficile d’exporter<br />

de l’Afrique de l’Ouest vers<br />

l’Est, etc.<br />

Puis, sans être exhaustif, il ne faut<br />

pas négliger l’impact négatif des<br />

instabilités politiques, des risques<br />

de nationalisations ou d’expropriation,<br />

des flous dans les lois sur<br />

la propriété privée, des guerres ou<br />

massacres à large échelle, tou-<br />

jours courants en Afrique mais<br />

disparus en Asie depuis longtemps.<br />

Ces éléments pèsent sur la<br />

confiance des investisseurs.<br />

L'émergence de marchés financiers<br />

intégrés peut-elle être une<br />

réponse au financement du<br />

développement du continent ?<br />

MJ : On ne peut pas dire qu’il<br />

s’agit d’une condition suffisante,<br />

mais il est en effet nécessaire<br />

d’avoir un marché financier performant<br />

pour parvenir au développement.<br />

Remarquez qu’en<br />

Asie, le développement du secteur<br />

bancaire a permis l’émergence des<br />

marchés financiers. Il y a une corrélation<br />

certaine entre le développement<br />

économique et celui du<br />

marché financier.<br />

Quelle analyse rationnelle peuton<br />

donner à l’évolution contrastée<br />

du secteur bancaire africain<br />

entre le Maghreb et l’Afrique<br />

subsaharienne ?<br />

MJ : A première vue, le secteur<br />

bancaire en Afrique du Nord<br />

semble plus dynamique.<br />

L’influence de l’Europe et la présence<br />

de groupes bancaires internationaux<br />

y a joué sans doute un<br />

rôle. En Afrique subsaharienne, et<br />

en dehors de l’Afrique du Sud,<br />

c’est la faible croissance du PIB<br />

pendant des décennies qui a<br />

entravé le développement du secteur<br />

bancaire. D’autres facteurs<br />

comme la<br />

corruption entrent aussi en ligne<br />

de compte quand on sait qu’en<br />

Asie, ce sont les Philippines et<br />

l’Indonésie, les deux pays les plus<br />

corrompus, qui accusent les<br />

retards de développement les plus<br />

importants.<br />

Comment se présente l’image de<br />

l’Afrique auprès des investisseurs<br />

?<br />

C’est une question importante<br />

dans l’état actuel des choses. Il<br />

faut absolument que l’Afrique, à<br />

l’instar de ce qu’ont su bien faire<br />

les Chinois, déploie son marketing.<br />

La Chine se développe<br />

depuis des années au même<br />

rythme que l’Inde. Mais nous<br />

n’avons, pendant longtemps,<br />

parlé que de la Chine, du fait d’un<br />

marketing soutenu. Il faut s’en<br />

inspirer pour vendre l’Afrique et<br />

vaincre les clichés négatifs. Il y a<br />

un problème d’image et d’informations.<br />

L’investisseur financier<br />

qui arrive sur le continent se pose<br />

d’abord cette question : où investir<br />

? Difficile d’avoir une information<br />

fiable sachant que, hormis la<br />

bourse sud africaine qui représente<br />

8 % dans l’indice MSCI des<br />

bourses émergentes et le Maroc,<br />

qui y représente 1,6 %, aucune<br />

« Il faut absolument<br />

que l’Afrique, à<br />

l’instar de ce qu’ont<br />

su bien faire<br />

les Chinois, déploie<br />

son marketing. »<br />

des bourses du continent (ni celle<br />

du Cameroun, encore moins celle<br />

du Ghana) n’a une visibilité internationale.<br />

N’y a-t-il pas un problème de<br />

taille qui joue en défaveur des<br />

places financières africaines ?<br />

MJ : Tout à fait. La capitalisation<br />

boursière de l’une des plus grandes<br />

bourses du continent, en l’occurrence<br />

celle du Maroc, et même<br />

après sa récente expansion,<br />

atteint juste, avec 50 milliards de<br />

dollars, le tiers de la valeur totale<br />

de Nestlé. Aujourd'hui, la valeur<br />

totale des actifs financiers détenus<br />

par des privés dans le monde<br />

atteint environ 35 000 milliards<br />

de dollars. Si ces individus investissaient<br />

0,5 % de leur fortune<br />

dans la bourse marocaine cela<br />

représenterait 175 milliards, soit<br />

plus de trois fois sa taille<br />

actuelle…. Il faut donc développer<br />

les places boursières africaines,<br />

et sans doute les regrouper,<br />

pour attirer plus vite les investisseurs<br />

et permettre aux entreprises<br />

locales d'accéder aux financements.<br />

L'Afrique doit apprendre à<br />

développer ses synergies.<br />

Michel Juvet commence sa carrière<br />

comme analyste financier<br />

et gestionnaire de fonds au<br />

début des années 80 et jusqu’au<br />

milieu des années 90 sur les marchés<br />

asiatiques émergents<br />

(Corée, Thaïlande) et sur le<br />

Japon. Il est responsable depuis<br />

dix ans de la stratégie d’investissement<br />

d’une banque privée à<br />

Genève (Bordier et Cie), et membre<br />

depuis quelques années<br />

d’une commission consultative<br />

du gouvernement suisse sur<br />

l’aide au développement.<br />

L’autoroute « la plus<br />

chère » butte sur le<br />

Cerf de barbarie<br />

Une première en Afrique. Une mobilisation écologiste particulièrement déterminée remet en cause le<br />

chantier africain le plus cher, 11 milliards de dollars.<br />

L’autoroute est-ouest qui relie, sur<br />

1200 km en Algérie, la frontière<br />

est avec la Tunisie à la frontière<br />

ouest avec le Maroc, risque de<br />

connaître un surcoût inattendu.<br />

Un appel lancé à la radio publique<br />

algérienne début juin dans une<br />

émission de protection de la<br />

nature a provoqué une mobilisation<br />

écologiste sans précédent : le<br />

tracé de l’autoroute passe pendant<br />

15 km sur le parc national d’El<br />

Kala, une zone humide de 800<br />

km2 au bord de la Méditerranée,<br />

classée réserve naturelle, ou sont<br />

protégés les derniers cervidés<br />

d’Afrique (cerfs de Barbarie), des<br />

loutres et des mangoustes, et ou<br />

vivent et transitent 70 espèces<br />

d’oiseaux parmi 850 espèces végétales.<br />

Devant l’ampleur de la<br />

fronde pour sauver « le parc d’El<br />

Kala », - pétition internationale,<br />

colère de citoyens, montée au créneau<br />

de spécialistes – le ministère<br />

des travaux publics a multiplié les<br />

annonces pour justifier, l’impossibilité<br />

de modifier le tracé alors<br />

que la phase des études est terminée<br />

et que les travaux ont démarré<br />

en certains endroits : « Cela coûterait<br />

350 millions de dollars de plus<br />

pour détourner le tracé plus au sud,<br />

car il faudra creuser deux tunnels<br />

de 12 km au total. Sans compter<br />

que le projet prendra deux ans de<br />

retard ». L’autoroute doit être<br />

livrée avant fin 2009.<br />

Milliards de dollars<br />

L’argument n’a pas arrêté la<br />

montée des contestations.<br />

Conséquence, les services du<br />

ministre algérien des travaux<br />

publics, M Amar Ghoul, ont fait<br />

appel à la partie tunisienne pour<br />

donner plus d’étoffe aux désagréments<br />

que causeraient un<br />

changement de tracé, le parc<br />

d’El Kala étant frontalier : « Il n’y<br />

a pas que l’Algérie qui doit dépenser<br />

plus pour contourner le parc, la<br />

Tunisie qui construit aussi de son<br />

côté l’autoroute trans-maghrébin, a<br />

déjà avancé vers le point de jonction<br />

prévu sur la frontière. Si les<br />

Tunisiens doivent se dérouter plus<br />

au sud cela coûtera au projet tout<br />

simplement deux milliards de dollars<br />

de plus ». <strong>Les</strong> pétitionnaires<br />

contre le passage de l’autoroute<br />

par le parc d’El Kala contestent les<br />

chiffres. Il accuse le ministère de<br />

ne pas avoir confié l’étude d’impact<br />

du passage de l’autoroute «<br />

à moins de deux kilomètres du lac<br />

Tonga » - un joyau ou nichent<br />

des flamands roses - à une «<br />

entité indépendante ». C’est au<br />

consortium d’entreprises japonaises<br />

Cojaal, retenu pour réaliser<br />

les 399 km de ce tronçon de<br />

l’autoroute allant vers la<br />

Tunisie, qu’il reviendra de dire<br />

si le passage par la réserve naturelle<br />

nuit à son écosystème.<br />

I.E.K<br />

Lancement du Fonds<br />

de développement<br />

Chine-Afrique<br />

13<br />

Le 26 juin la Chine a lancé officiellement le Fonds sino-africain pour<br />

encourager ses sociétés à investir en Afrique. Le Fonds, présidé par<br />

Gao Jian, est doté d’un milliard de dollars, de la part de la Banque<br />

chinoise de développement ; un capital qui devrait aller jusqu’à cinq<br />

milliards de dollars. Selon M. Gao, également vice-gouverneur de la<br />

Banque chinoise de développement, le Fonds se concentrera sur les<br />

secteurs susceptibles de développer l'Afrique, comme l'agroalimentaire,<br />

l'électricité, les infrastructures routières et les systèmes<br />

d'adduction d'eau.<br />

Mo Ibrahim lance un fonds<br />

d’investissement pro africain<br />

Mo Ibrahim, le célèbre fondateur de Celtel et homme d’affaires<br />

d’origine soudanaise, lance l’Africa Enterprise Fund, un fonds<br />

d’investissement destiné aux compagnies qui visent un développement<br />

panafricain. Basé à Londres et doté de 150 millions de dollars,<br />

le fonds investira dans les entreprises prometteuses des secteurs<br />

financiers, de l’énergie, de la transformation agricole et des biens de<br />

consommation, selon plusieurs critères de bonne gouvernance.<br />

Actis acquiert 70%<br />

de l’Egyptien Sinai Marble<br />

Le fonds d’investissement britannique Actis, spécialisé dans les<br />

pays émergents et contrôlé par CDC Capital, a annoncé le 21 juin<br />

l’acquisition de 70 % du capital de Sinai Marble, l’un des leaders de l’exportation<br />

de marbre en Egypte, pour un montant non dévoilé. Sinai<br />

Marble exporte dans plus de 40 pays. Actis détient plus de 3,4 milliards<br />

de dollars sous gestion, dont 1 milliard sur le continent africain.<br />

Thermo-solaire : contrat<br />

de 469 millions d’euros<br />

pour Abener<br />

Abener, filiale de l’entreprise espagnole Abengoa, a annoncé fin juin<br />

avoir conclu un accord avec l’Office national marocain d’électricité<br />

(ONE) pour la construction d’une centrale thermo-solaire d’un coût<br />

de 469 millions d’euros. Située à Aïn Beni Mathar, près d’Oujda (nordest),<br />

cette centrale à cycle combiné devrait atteindre une capacité de<br />

470 mégawatts et entrer en fonction début 2009. L’offre d’Abener a été<br />

retenue devant trois autres consortiums : Siemens (Allemagne),<br />

Soluciona/Cegelec (Espagne/France) et SNC-Lavalin (Canada).<br />

Implats prévoit d’investir<br />

2,6 milliards d’euros d’ici 2012<br />

Le Sud-Africain Implats prévoit d’investir 2,6 milliards d’euros, d’ici<br />

2012, pour le développement de ses opérations minières en Afrique<br />

du Sud et au Zimbabwe. Implats vise une production de 2,3 millions<br />

d’onces de platine en 2010, contre 1,84 million pour l’année 2006<br />

(25 % de l’offre mondiale). Depuis plusieurs mois, le cours du platine<br />

atteint des sommets, franchissant le seuil de 1 300 dollars l’once<br />

en moyenne pour le mois de mai 2007 (Johnson Matthey).<br />

Mines : les fonds privés à l’affût<br />

Selon un rapport de PricewaterhouseCoopers fin juin, les fonds<br />

privés seraient à l’affût d’opportunités dans le secteur minier. Anglo<br />

American, première compagnie cotée sur le JSE en Afrique du Sud,<br />

serait dans la ligne de mire. Depuis 2002, indique PwC, les bénéfices<br />

combinés des 40 premières compagnies minières au monde ont été<br />

multipliés par plus de 15 pour atteindre 67 milliards de dollars<br />

l’année dernière.<br />

GPL : Kenya Pipeline<br />

présente une offre<br />

La société pétrolière Kenya Pipeline Company (KPC) a présenté un<br />

projet de construction d'un dépôt de gaz de pétrole liquéfié (GPL)<br />

dans la ville côtière de Mombasa pour un coût de 50 millions de<br />

dollars, ont annoncé fin juin les responsables de KPC. Le candidat<br />

retenu devrait être connu mi-juillet.<br />

Logistique : Mory mise sur<br />

le Maroc<br />

Le groupe Mory a inauguré mi-juin un centre de transportlogistique<br />

de 10 000 m 2 , près du port de Casablanca ; un investissement<br />

évalué à 5 millions d’euros et destiné aux clients du<br />

milieu de la confection, et des industries pharmaceutique et<br />

automobile.<br />

Le groupe, qui réalise un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros,<br />

dont 15 millions au Maroc, est resté dans le Royaume après le<br />

premier démantèlement, en 2005, des quotas sur le textile chinois<br />

par l’Union européenne. Le groupe Mory opère déjà une<br />

plateforme logistique en Tunisie.<br />

Afriqiyah va acquérir<br />

11 Airbus<br />

Afriqiyah Airways va acquérir 11 avions de type Airbus A-320 et<br />

A-350 dont la livraison débutera respectivement à partir de 2011 et<br />

de 2017, a annoncé la compagnie aérienne libyenne. Le protocole<br />

pour l'achat de ces avions a été conclu le 20 juin dernier lors du<br />

Salon du Bourget 2007.


PRESENTATION DE SGI CONSULTING<br />

Le groupe SGI est issu de la Société franco-suisse pour l’industrie hydroélectrique<br />

fondée en 1898 à Genève par un consortium de <strong>banques</strong> et d’industriels.<br />

Renommé « Société Générale pour l’Industrie » (SGI) en 1948, le groupe doit<br />

sa remarquable durabilité à la qualité de ses prestations et sa capacité de trouver,<br />

quelle que soit l’époque, des solutions innovantes, adaptées aux besoins de<br />

ses clients, en s’appuyant sur son expérience acquise sur des projets hors normes,<br />

tels que le barrage de la grande Dixence en Suisse, l’alimentation en eau<br />

de Séoul ou le métro d’Alger.<br />

En 2007, SGI CONSULTING SA est un groupe européen d’ingénieurs conseils<br />

établi au Luxembourg et possédant des filiales en Suisse, au Luxembourg, en<br />

France, en Belgique, au Nigeria, au Maroc, en Algérie et au Cap-Vert.<br />

Ses activités couvrent tout le cycle d’ingénierie et de conseils des grands projets<br />

d’infrastructures, de la conception à la mise en service et à l’assistance à<br />

l’exploitation.<br />

L’objectif de SGI CONSULTING SA, indépendant de tout entrepreneur,<br />

fabricant ou fournisseur, consiste à développer des activités d’ingénierie de<br />

haut niveau dans les domaines suivants :<br />

Génie civil et bâtiment Eau et environnement<br />

Transports<br />

SGI rassemble 150 collaborateurs de formation pluridisciplinaire. Le groupe<br />

réalise un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros dont plus d’un tiers à l’export<br />

et notamment en Afrique dans le cadre de projets financés par des <strong>banques</strong><br />

de développement (BEI, BAD, BID, BM, FED, BADEA, BOAD…)<br />

MARCHES ET SPECIALISATION<br />

Urbanisme et énergie<br />

Conseiller pluridisciplinaire, SGI offre des solutions innovantes et intégrées<br />

dans les domaines suivants :<br />

� Génie civil<br />

- Ponts<br />

- Tunnels<br />

- Barrages<br />

- Travaux spéciaux<br />

� Bâtiments<br />

- Bâtiments privés (résidentiel, commercial, hôtel)<br />

- Bâtiments administratifs (scolaire, hôpital, parking)<br />

- Aéroports et stations de transfert<br />

� Eau et environnement<br />

- Alimentation en eau potable<br />

- Eaux usées et eaux pluviales<br />

- Hydraulique fluviale<br />

- Irrigation et drainage<br />

- Traitement et valorisation des déchets solides<br />

� Transport<br />

- Routes, autoroutes et chemins de fer<br />

- Nœuds et centres de transport (aéroports, ports, terminaux multimodaux)<br />

� Energie<br />

- Systèmes de production d’énergie (hydroélectrique, centrale thermique,<br />

centrale à gaz)<br />

- Systèmes de transport de l’énergie<br />

- Equipements de sécurité et d’exploitation (télémétrie, télétransmission)<br />

� Urbanisme et aménagement du territoire<br />

- Aménagement du territoire<br />

- Plans de développement urbains ou régionaux<br />

- Aménagement paysagers<br />

- Systèmes d’informations géographiques<br />

SERVICES DEVELOPPES<br />

PAR SGI CONSULTING<br />

Planification<br />

- Collecte de données<br />

- Analyse de marchés<br />

- Analyse<br />

de la demande<br />

- Plans stratégiques<br />

- Plans directeurs<br />

- Plans financiers<br />

- Business plan<br />

- Modélisation<br />

informatique<br />

- Mesure de protection<br />

de l’environnement<br />

Projet<br />

- Etudes<br />

de reconnaissance<br />

- Avant-projet<br />

- Projet définitif<br />

- Plans d’exécution<br />

- Documents<br />

d'appel d'offres<br />

- Spécifications pour<br />

la protection de<br />

l'environnement<br />

Assurance qualité<br />

- Programme<br />

et plan qualité<br />

Training<br />

- Formation<br />

des formateurs<br />

- Organisation<br />

de cours de formation<br />

- Séminaires,<br />

conférences<br />

CONTACTS<br />

Laurent Nilles<br />

Président du comité de direction<br />

6 rue Rham<br />

L - 6142 Junglinster / Luxemburg<br />

Tél. +352 49 37 37 1<br />

Fax : +352 49 37 37 255<br />

info@sgiconsulting.com<br />

Faisabilité<br />

- Etudes de préfaisabilité<br />

- Faisabilité technique de projets<br />

- Faisabilité socio-économique<br />

- Faisabilité financière<br />

- Plans d'investissement<br />

et cofinancement de projets (PPP)<br />

- Evaluation des impacts<br />

sur l'environnement<br />

- Analyse des risques<br />

- Evaluation d’actifs<br />

Supervision<br />

- Programme des travaux / contrôle<br />

d’avancement<br />

- Direction générale<br />

et/ou locale des travaux<br />

- Direction pluridisciplinaire de projet<br />

- Comptabilité de construction<br />

et contrôle des coûts<br />

- Réception en usine et sur site<br />

- Contrôle de qualité<br />

- Mise en œuvre de mesures<br />

environnementales<br />

- Mise en œuvre des programmes<br />

de sécurité et santé<br />

- Traitement des conflits et réclamations<br />

Assistance technique<br />

- Arbitrage et expertise<br />

- Audits de projets<br />

- Assistance au renforcement<br />

des institutions<br />

- Assistance à la planification<br />

et à la programmation des projets<br />

- Assistance à l’analyse d’offres<br />

- Assistance à la négociation<br />

et à la mise au point de contrats<br />

(publics ou privés)<br />

- Assistance à la régulation<br />

des contrats d’exploitation<br />

- Communication et promotion<br />

des projets (publics ou privés)<br />

web: www.sgiconsulting.com<br />

Claude Touilloux<br />

Directeur export<br />

46 chemin de l’Etang<br />

CH-1216 Cointrin-Genève / Suisse<br />

Tél. 41 22 920 94 00<br />

Fax : +41 22 920 94 36<br />

info.ch@sgiconsulting.com


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 INVESTISSEMENT<br />

<strong>Les</strong> émirats arrivent à<br />

bon port en Afrique<br />

Dubaï Port World a créé la sensation en s’emparant du port autonome de Dakar. Le port d’Alger lui est<br />

promis aussi. Une « force de conviction » qui engage tout le potentiel d’affaires des émirats.<br />

Par Chérif Elvalide Seye<br />

et Ihsane El Kadi<br />

<strong>Les</strong> émiratis ont beau être éclatés<br />

en émirats, ils jouent collectif<br />

en Afrique. Et ils gagnent.<br />

Souvent derrière un prestigieux<br />

capitaine. Dubai Port World<br />

(DPW), il est vrai 3e opérateur<br />

mondial pour les terminaux à<br />

conteneurs avec 42 concessions<br />

dans 22 pays, est passé devant<br />

Bolloré dans « son fief » du port<br />

autonome de Dakar. La tempête<br />

politique n’est pas tout à fait<br />

retombée. Le syndicat des travail<strong>leurs</strong><br />

du groupe Bolloré-<br />

Sénégal (SATGBS), hostile, est<br />

toujours mobilisé, le groupe<br />

Bolloré a déposé deux recours,<br />

la diplomatie sarkozienne s’en<br />

est mêlée. Sans succès. « C’est<br />

l’offre de DPW qui a recueilli le<br />

plus de points » répond le directeur<br />

du port autonome de<br />

Dakar. Des points qui font<br />

mouche.<br />

Une pluie de projets<br />

Pour remporter l’appel d’offres<br />

pour l’exploitation du terminal<br />

à conteneurs du port de Dakar<br />

DPW a mis sur la table 45 millions<br />

d’euros d’honoraires d’entrée<br />

et une promesse d’investis-<br />

L’Afrique intéresse<br />

les pays émergents<br />

Encore loin derrière le Royaume-Uni, les USA et la France, les pays émergents investissent à leur tour<br />

en Afrique. L’offensive de la Chine est spectaculaire. C’est sans compter avec l’Inde, l’Afrique du Sud ou<br />

les Etats du Golfe.<br />

Par Christelle Marot<br />

L’Afrique serait-elle en passe<br />

de devenir la 23 è province chinoise<br />

? Forte du succès de ses<br />

zones économiques spéciales<br />

(ZES), à l’exemple de<br />

Shenzhen près de Hong-Kong,<br />

la Chine s’active auprès des<br />

gouvernements africains<br />

depuis quelques mois, en vue<br />

de transposer son modèle sur<br />

«Aux Etats-Unis<br />

et en Europe,<br />

il y a une légère<br />

hostilité à l’égard<br />

des investisseurs<br />

du Golfe. L’hospitalité<br />

est plus grande dans<br />

les pays arabes.»<br />

le continent noir. Quatre zones<br />

ont été identifiées et « au cours<br />

des trois prochaines années, ce<br />

sont neuf autres zones qui<br />

devraient être créées, avec<br />

l’appui de la China Exim Bank<br />

», indique Martyn J. Davies,<br />

directeur exécutif du Centre<br />

for Chinese Studies (CCS), à<br />

l’Université de Stellenbosch en<br />

Afrique du Sud.<br />

Offrant des facilités d’investissement<br />

et d’exportation aux<br />

entreprises chinoises, la première<br />

ZES se situe à<br />

Chambishi en Zambie, « la<br />

ceinture de cuivre du pays ».<br />

La Chine a prévu d’y consacrer<br />

900 millions de dollars. La<br />

continuité des activités des<br />

compagnies minières chinoises<br />

opérant en Zambie devrait<br />

être assurée par la création<br />

d’une autre ZES en Tanzanie,<br />

avec le transport maritime<br />

pour vocation. Maurice, de<br />

sement de 76 millions d’euros.<br />

Le vice-président de Dp Word<br />

chargé du développement,<br />

Matthew Leech, a annoncé que<br />

41 millions d’euros seront<br />

consacrés au développement du<br />

terminal à conteneurs pour faire<br />

passer sa capacité de 250.000 à<br />

550.000 tonnes d'ici 2010 et 300<br />

millions pour le nouveau port<br />

dit du Futur qui devrait accueillir<br />

1,5 million de conteneurs en<br />

2011. Le groupe Bolloré affirme<br />

que son offre globale était meilleure.<br />

C’est ici qu’intervient la<br />

cavalerie arabe. Dans un nuage<br />

de promesses de projet : le fonds<br />

d’Abu Dhabi financerait le complexe<br />

de l’OCI qui tient son prochain<br />

sommet à Dakar en mars<br />

2008, un hôtel cinq étoiles, une<br />

route, une université à<br />

Diourbel… plus sûrement,<br />

Emirates va ouvrir une desserte<br />

Dubaï Dakar sur la route de<br />

l’Amérique du sud et DPW,<br />

encore lui, a signé une convention<br />

pour aménager une zone<br />

économique spéciale et son parc<br />

industriel, en fait un port franc.<br />

Et si cela ne suffisait pas pour les<br />

partisans de Karim Wade, le fils<br />

du Président de la République<br />

accusé d’être le vrai bénéficiaire<br />

de ce virage vers les pétro-dol-<br />

son côté, se prépare à accueillir<br />

une quarantaine de sociétés<br />

manufacturières chinoises<br />

tournées vers l’exportation. La<br />

quatrième zone devrait se<br />

situer au Nigeria. Dans le pays,<br />

China National Offshore Oil<br />

Corp (CNOOC) a déjà effectué<br />

l’un de ses plus gros investissements<br />

à l’étranger avec<br />

l’acquisition, en 2006, de 45%<br />

d’un champ pétrolier offshore,<br />

pour 2,2 milliards de dollars.<br />

Si la Chine se veut rassurante<br />

quant aux suites économiques<br />

et politiques éventuelles de sa<br />

présence en Afrique, c’est que<br />

son appétence pour les ressources<br />

naturelles du continent<br />

est considérable. Selon la<br />

Cnuced, la Chine a cumulé 1,6<br />

milliard de dollars d’investissements<br />

directs, fin 2005, à<br />

destination première du<br />

Soudan, de l’Algérie et de la<br />

Zambie. En termes de flux, les<br />

IDE chinois sont passés de 30<br />

millions de dollars en 2002 à<br />

près de 400 millions en 2005,<br />

avec un mode d’entrée qui privilégie<br />

la constitution de jointventures.<br />

Des chiffres qui<br />

sous-évaluent très vraisemblablement<br />

la réalité, si l’on<br />

considère l’accélération des<br />

opérations chinoises sur le<br />

continent ces derniers mois.<br />

L’offensive est spectaculaire. Il<br />

y a le pétrole bien sûr<br />

(CNOOC, CNPC, Sinopec), le<br />

secteur minier (China<br />

Minmetals Corporation,<br />

Sinosteel), mais aussi l’industrie<br />

manufacturière, les télécommunications<br />

ou la<br />

construction (China State<br />

Construction & Engineering<br />

Corporation, China Harbour<br />

Engineering Company).<br />

Aujourd’hui, les sociétés chinoises<br />

remportent près de la<br />

moitié des contrats publics<br />

lars du golfe, l’intérêt national<br />

du Sénégal est évoqué dans une<br />

nouvelle salve d’autres projets<br />

arrivant en parallèle ou dans<br />

le sillage « du débarquement<br />

émirati au port autonome de<br />

Dakar » ; avec les Koweitiens<br />

pour des financements dans<br />

l’immobilier, avec les saoudiens<br />

du groupe Ben Laden pour l’aéroport<br />

de Dakar, la construction<br />

de deux tours, celle du Musée<br />

des civilisations noires et, surtout,<br />

celle du nouvel aéroport<br />

international Blaise Diagne. Le<br />

procédé est éprouvé. Ail<strong>leurs</strong><br />

qu’au Sénégal.<br />

Plus qu’une formalité<br />

« <strong>Les</strong> émiratis négocient un<br />

contrat et font miroiter une<br />

ligne d’affaires collatérale »<br />

témoigne un cadre algérien du<br />

commerce de retour de la réunion<br />

de commission mixte<br />

Algéro-émirati à Abu Dhabi, ce<br />

mois de juin. L’enjeu ? le port<br />

d’Alger, et son terminal à conteneurs.<br />

<strong>Les</strong> émiratis s’impatientent<br />

des résistances du port<br />

d’Alger. Comme celui de Dakar,<br />

son terminal aurait du revenir à<br />

DPW ce mois de juin. Et servir<br />

de pavillon d’affaires dans l’ancienne<br />

capitale de la course en<br />

dans le secteur de la construction<br />

en Afrique, indique<br />

l’OCDE, aidées en cela par des<br />

prix 20 à 30% inférieurs à ceux<br />

proposés par <strong>leurs</strong> concurrents<br />

occidentaux.<br />

L’Inde vise aussi les matières<br />

premières<br />

La Chine n’est pas la seule à<br />

faire montre d’une telle fringale.<br />

La Malaisie détient des<br />

participations conséquentes,<br />

via la compagnie pétrolière<br />

Petronas. Mais si la Chine<br />

semble plus « agressive » dans<br />

sa politique commerciale et<br />

d’investissement à l’égard de<br />

l’Afrique, voire occuper<br />

davantage le<br />

terrain médiatique, son efficacité<br />

ne doit pas occulter la<br />

place prépondérante occupée<br />

par les entreprises à capitaux<br />

indiens. Depuis de nombreuses<br />

années, l’Inde entretient<br />

des relations privilégiées avec<br />

plusieurs pays africains, tels<br />

Maurice, le Kenya et l’Afrique<br />

du Sud. <strong>Les</strong> entreprises indiennes<br />

sont actives dans l’industrie<br />

manufacturière et les services.<br />

Le groupe diversifié<br />

Tata, par exemple, est présent<br />

dans une dizaine de pays africains<br />

et envisage d’investir<br />

directement près de 50 millions<br />

de dollars sur le continent<br />

au cours des trois prochaines<br />

années. En 2006 et<br />

2007, de nouveaux projets ont<br />

notamment été initiés en<br />

Afrique du Sud (ferrochrome,<br />

télécommunications, automobile),<br />

en Ouganda (usine de<br />

café soluble) et en Zambie<br />

(centrale électrique). « Mais ce<br />

qui est nouveau, depuis deux<br />

ou trois ans, c’est que l’Inde<br />

s’intéresse, à son tour, aux<br />

richesses du sous-sol africain<br />

», souligne Stephen Gelb,<br />

méditerranée. DPW a signé une<br />

convention d’exclusivité pour<br />

négocier avec le ministère des<br />

transports algérien de la prise en<br />

concession du terminal d’Alger<br />

et du port en eau profonde de<br />

Djendjen, un mort né à l’est du<br />

pays de l’ère de l’industrialisation<br />

galopante du pays. C’est le<br />

président Boutéflika qui a privilégié<br />

le gré à gré. Au détriment<br />

de nombreux concurrents, intéressés<br />

par le terminal le plus<br />

prometteur de la rive sud méditerranéenne.<br />

Mais surprise, au<br />

premier round de négociation<br />

entre « émiratis » et algériens, le<br />

mardi 20 juin à Alger, la discussion<br />

est loin d’être une formalité.<br />

Le port d’Alger est riche et<br />

prétend pouvoir faire les mêmes<br />

investissements promis par<br />

DPW. Comme pour Dakar,<br />

DPW ne joue pas seule. Derrière<br />

Dubaï, Abu Dhabi se charge de<br />

rappeler les autres engagements<br />

émiratis en Algérie. Ils font le<br />

poids. Le plus gros investissement<br />

émirati, un complexe<br />

d’aluminium à Béni Saf sur la<br />

côte oranaise, pèse à lui seul …<br />

cinq milliards de dollars. Et l’on<br />

est ni dans l’immobilier, ni dans<br />

les services financiers.<br />

directeur du Edge Institute à<br />

Johannesburg, centre de<br />

recherches indépendant sur les<br />

politiques économiques en<br />

Afrique. Ainsi, Arcelor Mittal,<br />

le géant mondial de l’acier, qui<br />

souhaite faire de l’Afrique de<br />

l’Ouest « un pôle majeur »<br />

pour ses approvisionnements<br />

en fer, a signé un accord en<br />

février dernier pour l’exploitation<br />

de minerais dans la région<br />

de Faleme, dans le sud-est du<br />

Sénégal. Le groupe, contrôlé<br />

par le magnat indien Lakshmir<br />

Mittal, est déjà très actif dans<br />

la production d’acier sur le<br />

continent, via ses filiales en<br />

Afrique du Sud et en Algérie.<br />

L’autre pôle majeur d’investissements<br />

est l’Afrique du Sud. «<br />

A la différence de la Chine, qui<br />

est plutôt dans une logique<br />

commerciale, de réexportation,<br />

l’Inde et l’Afrique du Sud<br />

visent davantage les marchés<br />

locaux, encouragées par les<br />

politiques de déréglementations»,<br />

précise Stephen Gelb.<br />

Des mesures libératoires qui<br />

concernent l’Afrique du Sud<br />

elle-même, puisque cette der-<br />

Dans le secteur<br />

de la construction,<br />

les sociétés chinoises<br />

proposent des prix 20<br />

à 30% inférieurs à<br />

ceux de <strong>leurs</strong> concurrents<br />

occidentaux.<br />

nière n’a vu la levée complète<br />

du contrôle des changes portant<br />

sur les flux d’IDE que fin<br />

2004. C’est la grande diversité<br />

géographique et sectorielle qui<br />

caractérise les investissements<br />

sud-africains sur le continent :<br />

secteur minier, bâtiment,<br />

« Il est devenu intéressant pour<br />

les firmes occidentales de prendre<br />

la nationalité arabe »<br />

Le point de vue d’Abderrahmane<br />

Hadj Nacer, expert financier international*<br />

« Depuis la guerre du golfe les émiratis<br />

ont entamé une politique classique<br />

de diversification des risques<br />

dans <strong>leurs</strong> investissements à l’étranger.<br />

Il faut bien voir ici que leur<br />

principale zone d’engagement hors<br />

OCDE est plus asiatique que<br />

Méditerranéenne ou Africaine. Avec<br />

la montée des prix du pétrole, les<br />

excédents sont devenus considérables<br />

et ils n’arrivent plus à les recycler<br />

en Occident. <strong>Les</strong> Emirats Arabes<br />

Unis ont su tourner l’accumulation<br />

de leur savoir faire dans le management<br />

de la globalisation en un<br />

avantage comparatif. Ils l’utilisent<br />

bien comme effet de levier. Leurs<br />

jeunes, formés dans les meilleures<br />

universités anglaises ou américaines,<br />

reviennent tous. Et si l’on rencontre<br />

peu d’arabes dans les négociations<br />

avec les staffs des entreprises<br />

de Dubaï, ils ne sont jamais très<br />

loin au moment des décisions. Cela<br />

dit, il faut bien avoir en tête la forte<br />

influence anglo-saxonne sur la<br />

place de Dubaï. <strong>Les</strong> Anglais et les<br />

Américains ont décidé d’investir<br />

stratégiquement cette place car ils<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

-500<br />

-1000<br />

Flux d’IDE de quatre pays émergents en Afrique<br />

2001 2002 2003 2004 2005<br />

Source : Cnuced; South African Reserve Bank. Données<br />

manquantes 2005 : Inde et Malaisie.<br />

infrastructures, énergie, <strong>banques</strong>,<br />

télécommunications,<br />

distribution, etc.<br />

L’afflux des capitaux arabes<br />

en Afrique du Nord<br />

Autre tendance très récente :<br />

l’afflux massif de capitaux<br />

provenant d’Etats du Golfe, à<br />

destination de l’Afrique du<br />

Nord. L’envolée du prix du<br />

baril a gonflé les réserves<br />

financières des Emirats arabes<br />

unis (EAU), du Koweït, de<br />

Bahreïn et du Qatar, qui cherchent<br />

aujourd’hui à recycler<br />

l’argent du pétrole. « Aux<br />

Etats-Unis et en Europe, il y a<br />

une légère hostilité à l’égard<br />

des investisseurs du Golfe.<br />

L’hospitalité est plus grande<br />

dans les pays arabes comme le<br />

Maroc ou l’Egypte », indique<br />

Waleed Al-Fehaid, président<br />

du Consortium marocokoweitien<br />

de développement<br />

(CMKD). Le Consortium,<br />

détenu à 84 % par l’Etat du<br />

Koweït, vient de lancer les travaux<br />

de construction de plusieurs<br />

résidences touristiques à<br />

la station Ghandouri, dans la<br />

baie de Tanger. Coût du projet<br />

: entre 20 et 22 millions d’euros.<br />

Dans les secteurs touristiques<br />

et immobiliers, au Maroc et en<br />

Tunisie, les montants annoncés<br />

sont colossaux. Ce sont les<br />

capitaux émiratis qui alimenteraient<br />

l’accroissement des<br />

flux à destination de ces pays<br />

en 2006, souligne le Réseau<br />

euro-méditerranéen des agences<br />

de promotion des investissements<br />

(Anima). Selon l’observatoire<br />

Anima-Mipo, les<br />

Emirats représenteraient 30 %<br />

des 5,4 milliards d’euros<br />

annoncés en 2006 vers le<br />

Maroc, tandis qu’ils fourniraient<br />

80 % des 3,8 milliards<br />

Chine Afrique du Sud<br />

Inde Malaisie<br />

15<br />

sentent bien que plus loin à l’est<br />

comme à Singapour ou, à fortiori, à<br />

Hong Kong, ils sont sur un territoire<br />

à domination chinoise. Lorsqu’une<br />

entreprise comme Halliburton<br />

décide d’installer son siège à Dubaï,<br />

ce n’est pas seulement pour échapper<br />

au fisc américain. Il est devenu<br />

intéressant pour des firmes occidentales<br />

de prendre la nationalité<br />

arabe. Cela peut régler beaucoup de<br />

problème. La corruption, par exemple,<br />

n’est plus beaucoup gérable à<br />

partir des pays de l’OCDE. II est,<br />

dans de nombreux africains, plus<br />

facile de gagner des marchés en se<br />

présentant, dans le contexte d’aujourd’hui<br />

sous une bannière arabe.<br />

L’engagement émirati en Afrique<br />

recoupe les intérêts anglo-américains,<br />

sans se réduire tout à fait à<br />

eux. Il va aller en se renforçant.<br />

Surtout si l’on observe bien que<br />

l’Afrique subsaharienne est une<br />

région d’où partent de plus en plus<br />

de tuyaux de pétrole et de gaz.<br />

Comme avant, il s’agit de contrôler<br />

la route des caravanes. C’est la clé<br />

de la puissance ».<br />

Propos recueillis par I. El Kadi<br />

* gouverneur de la banque d’Algérie<br />

de 1989 à 1993<br />

d’euros à destination de la<br />

Tunisie.<br />

Ainsi, au Maroc, Al Qudra<br />

ambitionne d’investir 2,7 milliards<br />

de dollars sur 10 ans,<br />

Dubaï Holding effectue<br />

actuellement la mise en valeur<br />

de la vallée du Bouregreg pour<br />

2 milliards de dollars, tandis<br />

qu’Emaar, autre société émiratie,<br />

devrait consacrer 1,55 milliard<br />

de dollars dans l’aménagement<br />

de la corniche de<br />

Rabat.<br />

Effets d’annonce ? D’après les<br />

données préliminaires de<br />

l’Office des changes marocain,<br />

les IDE des pays du Golfe réalisés<br />

au Maroc en 2006 se<br />

montent à environ 195 millions<br />

d’euros, dont près de 68<br />

millions pour les EAU, c'est-à-<br />

La Malaisie détient<br />

des participations<br />

conséquentes, via<br />

la compagnie<br />

pétrolière Petronas.<br />

dire vingt fois moins importants<br />

que ceux qui ont été affichés.<br />

L’avenir dira si le mouvement<br />

se confirme, auquel cas,<br />

les pays du Golfe pourraient<br />

concurrencer très fortement<br />

les investisseurs français et<br />

espagnols dans le Royaume.<br />

Sources : Asian Foreign Direct<br />

Investment in Africa (Unctad/UNDP,<br />

2007) ; World Investment Report 2006<br />

(Unctad) ; Quarterly Bulletins (South<br />

African Reserve Bank); <strong>Les</strong> IDE dans la<br />

région Meda en 2006 (réseau Anima,<br />

mai 2007).


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 NÉGOCE ET MATIÈRES PREMIÈRES<br />

17<br />

Nouvelle famille d’indices<br />

chez ABN Amro<br />

Pour que les investisseurs puissent bénéficier au mieux de la forte demande sur les matières premières,<br />

ABN Amro lance trois certificats sur indices négociables à la bourse suisse. Un concept nouveau.<br />

Par Adam Wade<br />

Quatre mois après leur lancement,<br />

les nouveaux indices<br />

d’ABN Amro sur les matières<br />

premières obtiennent <strong>leurs</strong> premières<br />

récompenses. C’était lors<br />

des Swiss Derivatives Awards, en<br />

mars 2007, avec le prix du jury et<br />

prix public dans la catégorie<br />

delta One. Cette distinction<br />

concerne trois certificats sur<br />

indices (Long only, Long Short<br />

and Market Neutral), lancés en<br />

novembre 2006 avec une stratégie<br />

innovante: profiter des différentes<br />

structures par termes des<br />

matières premières. Le fonctionnement<br />

est simple.<br />

Sur le marché des futures, les<br />

producteurs de matières premières<br />

reportent le risque de prix<br />

(volatilité) ou incapacité de<br />

stockage de matières premières<br />

sur les acheteurs et sur les investisseurs.<br />

De l’autre côté, les acheteurs<br />

peuvent se couvrir contre<br />

les hausses de prix, la raréfaction<br />

de l’offre ou s’assurer une livraison<br />

en temps voulu sans avoir à<br />

se soucier du stockage. En vue de<br />

se couvrir contre d’éventuelles<br />

fluctuations des prix et d’obtenir<br />

une sécurité de livraison, les producteurs<br />

et consommateurs sont<br />

prêts à payer une prime.<br />

« Ces indices se positionnent<br />

comme des prestataires d’assurance<br />

qui génèrent systématiquement<br />

une prime de risque positive<br />

pour l’investisseur », explique<br />

Marceline Try, du département<br />

Structured Product Sales<br />

de la branche londonienne<br />

d’ABN Amro.<br />

Ces nouveaux indices dynamiques<br />

permettent tout d’abord de<br />

diversifier le portefeuille et les<br />

investissements sur les matières<br />

premières par rapports aux indices<br />

traditionnels ayant une<br />

approche Long Only (Buy and<br />

Hold) passive et fixe.<br />

En plus de cette surperformance<br />

potentielle, ces indices ont une<br />

volatilité plus faible que les indices<br />

classiques, ce qui réduit également<br />

le risque.<br />

Ces indices permettent aux<br />

investisseurs de mieux appré-<br />

hender le marché des matières<br />

premières, une classe d’actifs<br />

encore peu connue même si, ces<br />

dernières annés, la forte<br />

demande portée par la croissance<br />

économique, celle notamment<br />

des pays émergents, attire<br />

de plus en plus l’attention des<br />

investisseurs aussi bien privés<br />

qu’institutionnels.<br />

« <strong>Les</strong> matières premières offrent en<br />

plus l’avantage de diversifier le<br />

portefeuille et ce, sans être corrélées<br />

ni aux actions ni aux obligations<br />

», précise Mme Try.<br />

<strong>Les</strong> investissements sur matières<br />

premières peuvent se faire soit<br />

directement en achetant le sous<br />

jacent physique, soit par le biais<br />

d’un contrat à terme ou future.<br />

Chaque contrat future se caractérise<br />

par une durée de vie limitée,<br />

ainsi que par une date de<br />

livraison convenue d’avance. En<br />

général, les investisseurs optent<br />

pour les futures pour éviter les<br />

frais et difficultés de stockage.<br />

Ne souhaitant généralement pas<br />

la livraison physique des sous<br />

jacents, les investisseurs procè-<br />

dent alors à des roll overs, c'està-dire<br />

à la vente de contrats<br />

arrivant à maturité et à l’achat<br />

de futures avec maturités plus<br />

longues. Selon les tendances du<br />

marché des futures, les roll overs<br />

peuvent être bénéfiques ou<br />

pénalisants pour l’investisseur.<br />

En effet si les futures sont en<br />

backwardation, cas où le future à<br />

échéance plus éloignée est<br />

moins cher que le contrat précédent,<br />

pour l’acquisition du nouveau<br />

contrat, l’investisseur<br />

dépense une somme inférieure à<br />

celle qu’il encaisse lors de la<br />

vente du contrat à échéance plus<br />

rapprochée.<br />

A l’inverse, l’investisseur peut<br />

pâtir d’un roll over négatif en cas<br />

de Contango, cas de figure qui se<br />

présente lorsque le contrat à<br />

échéance plus éloignée est plus<br />

cher que le contrat précédent.<br />

L’investisseur peut percevoir un<br />

rendement positif lors d’un roll<br />

over successif de futures en backwardation<br />

et ce, même si le prix<br />

comptant de la matière première<br />

est inchangé. «Sur les 20 dernières<br />

Rebond des risques<br />

de défaillance<br />

en 2008<br />

<strong>Les</strong> risques de défaillances commerciales dans le monde augmenteront<br />

en 2007-2008, selon les prévisions d’Euler Hermes.<br />

Pour Phillipe Broussard,<br />

directeur de la recherche<br />

d’Euler Hermes (800 milliards<br />

d’euros de risques souscrits),<br />

cette recrudescence du risque<br />

sera la conséquence de l’atterrissage<br />

en douceur de l’économie<br />

mondiale qui a connu<br />

une croissance pondérée (2%)<br />

à la fin du premier semestre .<br />

«<strong>Les</strong> défaillances d’entreprises<br />

suivent le cycle de l’économie<br />

mondiale : elles accélèrent<br />

quand l’économie mondiale<br />

ralentit et décélère quand l’économie<br />

s’améliore ». L’indice<br />

Global des défaillances créées<br />

par Euler Hermes permet de<br />

comparer les défaillances<br />

d’entreprises entre 31 pays.<br />

Selon les projections, la zone<br />

MENA (Afrique du Nord et<br />

Moyen Orient) connaîtra une<br />

évolution des risques assez<br />

éparse, avec une notation BB<br />

pour l’Arabie Saoudite, le<br />

sultanat d’Oman et la Tunisie.<br />

L’Algérie est placée dans la<br />

catégorie C, alors que l’ensemble<br />

Iran, Syrie, Irak,<br />

Bahrein, Liban sont jugés<br />

présentant des risques élevés<br />

(D). Pour le reste, l’Afrique<br />

subsaharienne n’est pas bien<br />

notée à cause de l’instabilité<br />

du climat politique.<br />

A l’exception de l’Afrique du<br />

Sud et du Botswana, logés<br />

dans la catégorie BB, beaucoup<br />

de pays sont notés dans<br />

la catégorie C (Sénégal,<br />

Burkina Faso, Cameroun,<br />

Namibie, Tanzanie) et D<br />

(Mauritanie, Mali, Angola,<br />

Soudan). 66% des pays de la<br />

région présentent le maximum<br />

de risques de défaillance<br />

dans l’échelle d’Euler Hermes.<br />

Seul point positif, l’Afrique<br />

subsaharienne présente selon<br />

les analystes de bonnes perspectives<br />

de croissance pour<br />

2007-2008, soit 4, 9% contre<br />

3, 4% pour les USA.<br />

A.A<br />

années, les futures de nombreuses<br />

matières premières ont été négociés<br />

en backwardation », explique<br />

Mme Try. «En conséquence, les<br />

investisseurs ont pu bénéficier de<br />

roll overs positifs sur les indices de<br />

matières premières, représentant<br />

une composante substantielle du<br />

rendement global ». Depuis, le<br />

marché s’est corrigé et la plupart<br />

des futures génèrent des roll overs<br />

négatifs, ce qui influe sur les<br />

investissements traditionnels sur<br />

indices de matières premières.<br />

L’arrivée des nouveaux certificats<br />

sur indices, moins volatiles,<br />

devrait inverser la tendance.<br />

Découverte de pétrole au Ghana<br />

Le Ghana devra rejoindre le cercle restreint des pays producteurs<br />

de pétrole en Afrique Subsaharienne. La découverte a été<br />

annoncée à la mi-juin par une société américaine d'exploitation<br />

de pétrole, Kosmos Energy, qui a affirmé qu'il s'agit de pétrole<br />

de très haute qualité et en quantité suffisante. « Nous sommes<br />

heureux de constater que le premier puits de notre programme de<br />

forage en Afrique de l'Ouest est un succès », a déclaré lundi au président<br />

Kufuor, le directeur de la société américaine, James<br />

Mussleman.<br />

Guerre de la banane à l’OMC<br />

<strong>Les</strong> Etats-Unis se sont lancés à leur tour dans la « guerre de la<br />

banane » en saisissant l'OMC sur le régime d'importations de<br />

l'Union européenne, jugé discriminatoire par les producteurs<br />

latino-américains. <strong>Les</strong> Etats-Unis ont demandé à un groupe<br />

d'experts de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC)<br />

« d'examiner si le régime d'importations de bananes de l'UE ne<br />

viole pas les obligations » prises il y a plus de dix ans envers l'organisation<br />

multilatérale, ont indiqué vendredi les services de la<br />

Représentante américaine au Commerce (USTR).<br />

Le baril de pétrole à 70 dollars<br />

<strong>Les</strong> cours pétroliers sont stables vendredi mais restent orientés à<br />

la hausse, toujours soutenus par la faiblesse des stocks de carburant<br />

aux Etats-Unis et par la diminution récente des stocks de<br />

brut d'un terminal situé dans l'Oklahoma. Le brut léger U.S a<br />

franchi pour la première fois depuis septembre 2006 le seuil des<br />

70 dollars en séance jeudi sur le Nymex avant de se replier. Depuis<br />

février, le brut léger américain avait enregistré une décote importante<br />

en raison des problèmes enregistrés par de nombreuses raffineries.<br />

Pour Tobin Gorey, stratège matières premières à la<br />

Commonwealth Bank, « les cours devraient se maintenir autour du<br />

cap des 70 dollars dans les prochaines semaines. La principale question<br />

reste celle d'un éventuel relèvement de la production de l'Opep<br />

avant l'hiver ».<br />

<strong>Les</strong> risques de défaillances commerciales dans le monde


18<br />

L’actualité avec<br />

RDC : un nouveau système<br />

comptable bancaire pour 2008<br />

La Banque centrale du Congo (BCC) a entamé depuis le mardi<br />

26 juin 2007 et jusqu’au 13 juillet, une série de séminaires de<br />

formation destinée aux utilisateurs du Guide Comptable des<br />

Etablissements de Crédit (GCEC). Ce document qui recense les<br />

différentes opérations dans la saisie des opérations bancaires<br />

entre en vigueur à partir de janvier 2008. Cinq étapes transitoires<br />

ont été retenues, à savoir la formation des utilisateurs, la distribution<br />

du guide aux établissements de crédit, une période de<br />

test de deux mois et l’application obligatoire.<br />

KBR négocie son indemnité<br />

de départ d’Algérie<br />

L’américain KBR- filiale de Halliburton récemment cédée – est<br />

entrain de quitter l’Algérie ou il détenait 40% du capital de BRC<br />

(Brown, Roots and Condor), une joint venture avec Sonatrach<br />

(49%). <strong>Les</strong> experts estiment que la valeur des 40% de KBR tourne<br />

autour de 20 millions de dollars compte tenu de la dépréciation de<br />

la signature de BRC cette dernière année. En effet, c’est un scandale<br />

aux surfacturations – très médiatisé- qui a précipité la fin du partenariat<br />

KBR-Sonatrach et annoncé la dissolution de BRC sur décision<br />

du président Boutéflika. Une enquête de l’IGF (inspection<br />

générale des impôts) a montré que les factures étaient parfois 100<br />

fois supérieures au prix réel. KBR est impliqué dans un scandale<br />

semblable avec l’armée américaine en Irak.<br />

Codes des impôts<br />

Viennent de paraître les Codes des Impôts de Mauritanie et de<br />

Centrafrique, disponibles sur www.droit-afrique.com . Droit-<br />

Afrique.com est un portail consacré au droit des affaires et à la fiscalité<br />

des pays de l'Afrique francophone.<br />

Le logiciel Alix recommandé<br />

Le logiciel ivoirien Alix qui équipe déjà les douanes de Côte d’Ivoire<br />

et du Ghana a été choisi par l’Organisation Mondiale des Douanes<br />

(OMD) et par le Centre Informatique Régionale de l'Afrique de<br />

l'Ouest pour interconnecter les administrations douanières des<br />

Etats de la région ouest africaine.<br />

Cotecna signe avec la Guinée<br />

Equatoriale<br />

Cotecna, groupe international d’inspection, a signé un contrat d’une<br />

durée de six ans avec le gouvernement de la Guinée Equatoriale. Ce<br />

contrat prévoit l’inspection de marchandises avant embarquement, la<br />

vérification documentaire ainsi que le scanning à destination.<br />

Droit foncier congolais<br />

Le professeur Vincent Kangulumba Mbambi vient de publier à Bruxelles<br />

un « Précis de droit civil des biens » qui traite sur 540 pages de la théorie<br />

générale des biens et de la théorie spéciale des droits réels fonciers et<br />

immobiliers congolais.<br />

Pétrole: « Publiez ce que<br />

vous payez ».<br />

Des organisations non-gouvernementales gabonaises ont lancé à<br />

Libreville la campagne locale de la coalition internationale « Publiez<br />

ce que vous payez (PCQVP) » pour une gestion plus transparente<br />

des revenus pétroliers et miniers. La plate-forme gabonaise, qui<br />

rejoint la coalition d'ONG déjà présente dans de nombreux pays,<br />

s'engage à lutter en faveur d'une « transparence accrue » dans la gestion<br />

des ressources naturelles et de « plus d'équité dans la collecte et<br />

la dépense des revenus des industries extractives ».<br />

Par Abdelatif Lamri<br />

Après plus de dix ans d’existence,<br />

les contributions du<br />

secteur du capital risque au<br />

financement des entreprises<br />

<strong>marocaines</strong> demeurent modestes<br />

eu égard aux besoins énormes<br />

du marché: restructurations,<br />

renforcement des fonds propres<br />

des PME, mise à niveau, lancement<br />

de nouveaux secteurs, etc.<br />

Ainsi, fin 2005, l’actif sous<br />

gestion du secteur s’établissait<br />

à 2,11 milliards de dirhams<br />

pour 250 millions de dirhams<br />

investis dans une soixantaine<br />

d’entreprises.<br />

De ce faible apport de cet instrument<br />

dont les avantages ne<br />

sont plus à démontrer (capitaux<br />

propres, conseils stratégiques,<br />

mise à disposition de réseau,<br />

etc.), plusieurs facteurs sont<br />

avancés. Outre le déficit en<br />

matière de vulgarisation et la<br />

problématique de levées de<br />

fonds auprès des investisseurs,<br />

les principaux obstacles avancés<br />

sont d’ordre règlementaire. Il y<br />

a d’abord l’impact négatif de<br />

l’article 6 de la loi n° 41-05 sur<br />

les OPCR qui oblige les fonds de<br />

capital risque à respecter le<br />

principe d’un ratio d’investissement<br />

minimum de 50 % de l’ac-<br />

DROIT FISC DOUANES<br />

Pour poursuivre cette progression,<br />

les autorités mauriciennes<br />

ont multiplié les mesures incitatives.<br />

Ainsi, par exemple, la<br />

liste de traités de non-double<br />

imposition concerne déjà 32<br />

pays et ne cesse de s’allonger<br />

(déjà la France, la Grande-<br />

Bretagne, l’Allemagne, l’Italie,<br />

l’Inde, la Chine, le Sénégal ou<br />

l’Afrique du Sud…)<br />

Bob Bachun, directeur d’Halifax<br />

Management Ltd répertorie les<br />

atouts de Maurice : « On peut<br />

noter la stabilité politique et<br />

sociale, l’absence de contrôle<br />

des changes, un personnel<br />

bilingue et de solides garanties<br />

légales de confidentialité... ».<br />

Il ajoute à cela un cadre fiscal<br />

avantageux : « Pas de précompte<br />

sur les intérêts, dividendes,<br />

royalties ou d’impôt sur les plusvalues,<br />

pas d’imposition des<br />

intérêts versés sur les dépôts<br />

effectués dans les <strong>banques</strong> offshore,<br />

pas de taxe immobilière,<br />

succursale, sur la fortune ou sur<br />

les donations, pas de droits de<br />

timbre ou d’enregistrement, une<br />

TVA nulle ».<br />

<strong>Les</strong> formes juridiques<br />

Ces structures juridiques proposées<br />

incluent les sociétés<br />

dites Global Business Category<br />

1 (GBC1) et Global Business<br />

Category 2 (GBC2).<br />

<strong>Les</strong> GBC1 sont des sociétés<br />

résidentes constituées à des<br />

fins fiscales. <strong>Les</strong> ayants droit<br />

économiques des GBC1 peuvent<br />

être des non-résidents<br />

mauriciens et peuvent avoir<br />

pour objets sociaux le négoce,<br />

la facturation, des fonds de<br />

placement, l’investissement en<br />

holding, les assurances captives<br />

et les opérations financières<br />

structurées. La société doit<br />

avoir une substance locale en<br />

ayant des directeurs locaux,<br />

comptes bancaires, comptabilités,<br />

audités etc. <strong>Les</strong> comptes<br />

ainsi que les actions, la liste des<br />

directeurs et les autres docu-<br />

ments de la société ne sont pas<br />

ouverts à l’inspection publique.<br />

Une GBC 1 peut émettre des<br />

actions ordinaires ou/et à titres<br />

préférentiels.<br />

<strong>Les</strong> GBC2, par contre, sont des<br />

entités non-résidentes exonérées<br />

d’impôt. Une GBC2 ne<br />

nécessite aucune présence<br />

locale, à l’exception d’un agent<br />

local agréé. Il n’existe pas<br />

d’exigences de la part du<br />

Registre du Commerce quant à<br />

la divulgation de l’identité de<br />

l’ayant droit économique.<br />

L’utilisation d’actionnaires<br />

mandataires est autorisée. <strong>Les</strong><br />

GBC2 peuvent être utilisées<br />

pour l’ouverture des comptes<br />

bancaires dans toutes juridictions<br />

et pour la détention de<br />

possessions ou d’actifs et d’investissements.<br />

Il n’y a aucune<br />

obligation pour une GBC2 de<br />

garder ses comptes, se faire<br />

auditer ou d’avoir des réunions<br />

annuelles générales à Maurice.<br />

<strong>Les</strong> fiducies<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

Centrafrique :<br />

Nationalisation au<br />

forceps du secteur<br />

pétrolier<br />

Le régime du général Bozizé conduit au pas de charge la renationalisation du secteur pétrolier centrafricain.<br />

Le 14 avril dernier l’Assemblée<br />

nationale a voté trois nouvelles<br />

lois relatives au secteur. La première<br />

modifie l’organisation<br />

du sous-secteur pétrolier aval<br />

telle qu’elle résultait de la loi<br />

98.012 du 28 septembre 1998,<br />

qui libéralisait le secteur, et de<br />

l’accord-cadre du 29 octobre<br />

1999 portant privatisation des<br />

activités pétrolières aval.<br />

L’agrément pour l’importation,<br />

le stockage et la distribution<br />

des produits pétroliers<br />

jusque là réservées aux personnes<br />

morales peut désormais<br />

être accordé à des personnes<br />

physiques et l’introduction de<br />

la notion de « centre de redistribution<br />

», « points de vente »<br />

et « station de remplissage »<br />

ouvre la concurrence aux stations<br />

services. Elle étend aussi<br />

le contrôle des prix à des produits<br />

(Jet A1, Avgas et GPL)<br />

auparavant libres.<br />

<strong>Les</strong> deuxième et troisième lois<br />

créent respectivement l’Agence<br />

de Stabilisation et de Régulation<br />

des Prix des Produits pétroliers<br />

(ASRP) et la Société centrafricaine<br />

de Stockage de Produits<br />

pétroliers (SOCASP). Pour alimenter<br />

l’ASRP, de nouveaux<br />

Maurice mise sur l’offshore<br />

En cinq ans, l’offshore mauricien a doublé son volume de sociétés, passant, de 2001 à 2006, de 14 457 à<br />

27 413 entités.<br />

Le capital risque marocain encore entravé<br />

tif du fonds dans des PME limitant<br />

ainsi la marge de manœuvre<br />

de ces sociétés. Ensuite, et pour<br />

nombre de professionnels, le<br />

cadre juridique des sociétés du<br />

secteur est jugé rigide et inadapté.<br />

Par ail<strong>leurs</strong>, l’aspect fiscal<br />

est décrié par les spécialistes qui<br />

le jugent non incitatif même si<br />

le principe de « transparence<br />

fiscale » est acquis. Ils souhaitent<br />

des incitations fiscales<br />

spécifiques pour les fonds, des<br />

taux préférentiels d’imposition<br />

sur les bénéfices des entreprises<br />

qui font appel au capital risque<br />

et une exonération de TVA sur<br />

frais de gestion des sociétés du<br />

impôts, taxes et redevances sont<br />

institués, cependant que la<br />

SOCASP renationalise le<br />

stockage des produits pétroliers<br />

puisqu’elle en a l’exclusivité.<br />

<strong>Les</strong> lois votées, le ministère des<br />

Mines et de l’Energie décide la<br />

convocation d’une assemblée<br />

générale extraordinaire de la<br />

SOGAL, la Société de gestion<br />

des activités de stockage pour<br />

la dissoudre. Total actionnaire<br />

majoritaire (51 %) de la société<br />

dont l’Etat ne détient que<br />

10 % n’est pas consultée. Elle<br />

attaque la décision du ministère<br />

auprès du Tribunal de<br />

grande instance de Bangui et<br />

obtient gain de cause par un<br />

référé en date du 18 juin. Dès<br />

le lendemain, le ministère fait<br />

appel de cette décision. La<br />

cour d’appel fixe l’audience le<br />

jour même avant de consentir<br />

à la renvoyer au lendemain à la<br />

demande de Total. Le 20 juin,<br />

elle infirme le référé du TGI de<br />

Bangui et désigne le chef de<br />

cabinet du Premier ministre, le<br />

sieur Possiti mandataire judiciaire.<br />

Ce dernier ne traîne pas<br />

non plus. Le 21 juin, publication<br />

d’une convocation d’une<br />

assemblée générale extraordi-<br />

secteur. Notons qu’en Tunisie,<br />

les souscripteurs peuvent bénéficier<br />

des dégrèvements fiscaux<br />

compris entre 35 % et 100 % et<br />

les sociétés d’investissement<br />

jouissent des exonérations sur<br />

les dividendes et les plus values<br />

réalisées. Toutefois, les fonds<br />

sont tenus à investir au moins<br />

30 % de <strong>leurs</strong> ressources dans<br />

des domaines jugés prioritaires<br />

(zone de développement régional,<br />

entreprises en difficultés, mise<br />

à niveau, projets nouveaux<br />

promoteurs et secteurs technologiques)<br />

et les investisseurs<br />

obligés à bloquer <strong>leurs</strong> participations<br />

pendant 5 ans.<br />

naire pour le jour même.<br />

N’assistent à l’assemblée que<br />

25 % des actionnaires. L’absence<br />

de quorum n’émeut guère. La<br />

SOGAL est dissoute. La multinationale<br />

ne s’avoue pas vaincue.<br />

Elle saisit la cour constitutionnelle<br />

parce qu’elle estime<br />

la renationalisation inconstitutionnelle<br />

et attaque aussi<br />

l’arrêt de la cour d’appel<br />

devant la Cour commune de<br />

Justice et d’Arbitrage d’Abidjan...<br />

Son dossier semble béton.<br />

Dans la forme, la convocation<br />

de l’assemblée a violé toutes<br />

les dispositions en la matière,<br />

notamment le délai de quinze<br />

jours, mais aussi l’absence de<br />

quorum. Quant au fond, les<br />

nouvelles dispositions centrafricaines<br />

se sont faites au<br />

mépris des engagements de<br />

l’Etat. Le plus évident étant<br />

que la SOGAL bénéficie d’un<br />

droit à bail de 20 ans signé<br />

avec le gouvernement le 20<br />

novembre 2001.<br />

Tentations<br />

Officiellement, le gouvernement<br />

centrafricain invoque la<br />

baisse des recettes tirées des<br />

taxes pétrolières. La réalité est<br />

Enfin, côté investisseurs, les<br />

compagnies d’assurances <strong>marocaines</strong><br />

qui disposent d’importants<br />

fonds qu’elles souhaitent mieux<br />

rémunérées en les plaçant dans<br />

cette nouvelle classe d’actifs qui<br />

procure de bons rendements<br />

sont freinées par le cadre<br />

règlementaire qui régie <strong>leurs</strong><br />

placements. Du coup, celles<br />

d’entre elles qui investissent<br />

dans les fonds le font en puisant<br />

dans <strong>leurs</strong> capitaux propres tout<br />

en sachant qu’elles sont tenues<br />

au respect scrupuleux des règles<br />

prudentielles du secteur. Un<br />

assouplissement de la réglementation<br />

permettant l’admission<br />

moins avouable. Le ministre<br />

de l’Economie et des Finances<br />

qui gérait auparavant le dossier<br />

a été dessaisi au profit du ministre<br />

de l’Energie, le lieutenantcolonel<br />

N’Doutingaï, par ail<strong>leurs</strong><br />

neveu du président Bozizé.<br />

Il semble bien que la cargaison<br />

de pétrole offerte par le leader<br />

libyen Kadhafi et les profits<br />

attendus d’importations sauvages<br />

aient aiguisé des appétits.<br />

La République centrafricaine<br />

n’a pas craint l’ire de la Banque<br />

mondiale puisque la privatisation<br />

de ces activités figurait<br />

parmi les conditionnalités<br />

du programme d’ajustement<br />

structurel. Ce n’est pas la seule<br />

remise en question de ses engagements<br />

vis-à-vis de la Banque.<br />

La Centrafrique vient de lancer<br />

un emprunt obligataire de<br />

45 milliards CFA (68,6 millions<br />

d’euros) à la nouvelle<br />

Bourse régionale des va<strong>leurs</strong> de<br />

Libreville au grand dam de ses<br />

partenaires (FMI, Banque<br />

mondiale, BAD, AFD) qui<br />

estiment que cet emprunt<br />

compromet le redressement<br />

financier entrepris depuis 2004...<br />

<strong>Les</strong> fiducies concernent la<br />

protection d’actifs et la gestion<br />

de fortune privée. La loi mauricienne<br />

autorise la présence sur<br />

place d’un seul fidéicommis(*)<br />

et contient des dispositions<br />

excluant les parts réservataires<br />

en cas d’héritage et la limitation<br />

sur les réclamations à l’égard<br />

des créditeurs. La loi mauricienne<br />

sur les fiducies autorise<br />

la création de fiducies à objectif<br />

déterminé, les fiducies caritatives<br />

et les fiducies discrétionnaires.<br />

<strong>Les</strong> fiducies non-résidentes sont<br />

exemptées d’impôts.<br />

APr<br />

(*) Fideicomis désigne une disposition<br />

testamentaire par laquelle le<br />

stipulant transmet un bien, ou tout<br />

ou partie de son patrimoine, à<br />

un bénéficiaire apparent, en le<br />

chargeant de retransmettre ce ou ces<br />

biens à une tierce personne spécifiquement<br />

désignée dans l'acte.<br />

La contribution du capital risque au financement de l’économie marocaine est encore modeste. Plusieurs contraintes règlementaires freinent son développement.<br />

d’une partie de <strong>leurs</strong> engagements<br />

représentation des réserves<br />

techniques faciliterait la levée<br />

d’importants fonds par les<br />

capitaux risqueurs.<br />

Répartition des investissements<br />

de l’industrie du capital risque<br />

marocain par secteur<br />

Agroalimentaire 7%<br />

Distribution 7%<br />

Immobilier 6%<br />

Industrie 35%<br />

Services 35%<br />

Tourisme 10%<br />

C.E.S.


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

Par Amadou FALL<br />

Depuis 2004, la valeur de la monnaie<br />

européenne n'a pas cessé<br />

d'augmenter face au billet vert,<br />

passant de 0,83 à 1,31 dollar fin<br />

novembre 2006, pour atteindre<br />

1,36 dollar en avril 2007. Pour les<br />

argentiers européens, il n’y a pas<br />

lieu de s'inquiéter. Le seuil critique<br />

est encore loin. Par contre,<br />

l’on apprécie autrement ce bras<br />

de fer du côté des pays de<br />

l’Afrique de l’Ouest et du Centre<br />

dont la monnaie est liée à l'euro<br />

par une parité fixe. Dévaluer ou<br />

pas ? <strong>Les</strong> positions divergent en<br />

fonction des intérêts des uns et<br />

des autres.<br />

Facture pétrolière<br />

<strong>Les</strong> partisans du statu quo font<br />

remarqués que l’ascendant de<br />

l’euro sur le dollar a, dans une<br />

certaine mesure, amorti l’impact<br />

de la flambée continue<br />

des cours du baril et abaissé le<br />

coût des importations payées<br />

en dollar. <strong>Les</strong> exportations de<br />

la Zone franc vers les pays de<br />

l'Union européenne - plus<br />

50 % de ses échanges extérieurs,<br />

selon le FMI - s'en<br />

trouvent normalement favorisées.<br />

Le service de la dette<br />

extérieure a aussi baissé, mécaniquement.<br />

Selon la Banque<br />

africaine de Développement, la<br />

flambée des cours du brut a<br />

A moins que la demande formulée<br />

par le président<br />

Abdoulaye Wade du Sénégal, au<br />

nom de ses pairs du Mali et du<br />

Burkina Faso au président français<br />

Nicolas Sarkozy le 11 juin<br />

dernier à Paris ne prospère,<br />

Dagris sera privatisé. Paris avait<br />

« oublié » d’en informer les<br />

sociétés cotonnières africaines<br />

dont Dagris est actionnaire.<br />

Le groupe Dagris est une entreprise<br />

publique française (l'Etat<br />

détient 64,7% du capital) intervenant<br />

en Afrique, en Amérique<br />

en Asie centrale et dans l’océan<br />

indien, dans les domaines de la<br />

production et de la commercialisation<br />

du coton et d’oléagineux.<br />

Sa privatisation a été décidée<br />

par le gouvernement français<br />

en janvier 2006 dans le<br />

cadre des privatisations décidées<br />

à l’époque.<br />

Bon marché<br />

Cette privatisation a fait désordre<br />

en France. Bien plus que le<br />

principe, c’est le montant pour<br />

lequel, il a été concédé au<br />

consortium Sodaco, 7,7 millions<br />

d'euros, qui a heurté. En janvier<br />

2006, l’annonce de la privatisation<br />

n’avait soulevé aucune<br />

vague. Pour le comité d’entreprise,<br />

pas de doute, Dagris a été<br />

bradé puisque les capitaux propres<br />

de la société étaient évalués<br />

en 2005 à 105 millions d’euros,<br />

sans compter le patrimoine<br />

immobilier dont le siège à Paris<br />

est estimé entre 35 et 50 mil-<br />

certes effacé une bonne partie<br />

du bénéfice des annulations de<br />

la dette des pays de la Zone<br />

CFA, mais cela aurait été pire<br />

sans la hausse de l'euro.<br />

Importations facilitées<br />

Toutefois, l’euro trop fort comporte<br />

également des conséquences<br />

négatives pour la Zone<br />

CFA. Le coût de la main-d'œuvre,<br />

déjà élevé en comparaison<br />

avec les pays asiatiques, en est<br />

artificiellement gonflé. Il<br />

encourage les importations, au<br />

détriment des productions<br />

lions d’euros. La valeur des 7%<br />

du capital détenus par le personnel<br />

est ainsi divisée huit.<br />

D’autres actionnaires qui se font<br />

plus discrets n’en sont pas<br />

moins émus. Certains évoquent<br />

même une distribution de dividende<br />

fictive. Dagris en a distribué<br />

en 2005 pour annoncer<br />

l’année suivante une perte de 70<br />

millions d’euros.<br />

La décision du gouvernement<br />

français accroît les incertitudes<br />

de maintes sociétés cotonnières<br />

africaines dont Dagris est<br />

actionnaire. Paris n’a pas exigé<br />

la moindre assurance du repreneur<br />

sur ses intentions quant au<br />

sort des sociétés africaines dont<br />

il devient actionnaire. La<br />

Sodaco s’est contentée d’annoncer<br />

sa volonté « de redresser les<br />

comptes pour aboutir à l’équilibre,<br />

par diminution des charges<br />

d’exploitation des effectifs et des<br />

frais généraux ». Un projet suffisamment<br />

vague pour tout permettre,<br />

y compris de se contenter<br />

de réaliser une simple opération<br />

immobilière et d’oublier les<br />

sociétés africaines.<br />

Une page se tourne<br />

Economiquement, c’est une<br />

autre histoire. <strong>Les</strong> sociétés<br />

cotonnières africaines, qui accusent<br />

un déficit cumulé estimé à<br />

plus de 53 millions d’euros, sont<br />

en partie responsables des mauvais<br />

résultats de Dagris. Mais en<br />

partie seulement. La Banque<br />

mondiale, se fondant sur une<br />

ÉCONOMIE AFRICAINE<br />

La polémique enfle<br />

autour du CFA fort<br />

La dévaluation du CFA fait débat. Depuis 2004, la valeur de l’euro s’est appréciée de 63 % face au dollar.<br />

En Afrique de l’ouest et du centre dont la monnaie, le CFA, est liée à la monnaie européenne par une<br />

parité fixe, la côte d’alerte est atteinte.<br />

Pour les argentiers<br />

européens, il n’y a<br />

pas lieu de<br />

s'inquiéter.<br />

Le franc CFA fait partie des 41<br />

monnaies, pour la plupart non<br />

convertibles, en circulation sur le<br />

continent africain. En fait, il n’y a<br />

pas un seul franc CFA mais deux.<br />

L’un, dénommé « franc de la<br />

Communauté financière africaine »,<br />

est commun aux huit Etats de<br />

l’Union économique et monétaire<br />

de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) :<br />

Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire,<br />

Guinée-Bissau, Mali, Niger,<br />

Sénégal et Togo. L’autre, appelé<br />

« franc de la Coopération financière<br />

en Afrique Centrale », a<br />

cours entre les six pays de la<br />

Communauté économique et<br />

monétaire de l’Afrique Centrale<br />

(CEMAC) : Cameroun, Centrafrique,<br />

Congo, Gabon, Guinée équatoriale<br />

et Tchad).<br />

Gérée par deux <strong>banques</strong> centrales<br />

distinctes, la Banque centrale des<br />

Etats de l’Afrique de l’Ouest pour<br />

l’UEMOA et la Banque centrale des<br />

Etats de l’Afrique Centrale pour la<br />

CEMAC, chacune de ces unités<br />

monétaires est, depuis 1993,<br />

locales, y compris l'importation<br />

de biens qui ne sont pas<br />

nécessairement indispensables.<br />

A l’exportation, les productions<br />

locales deviennent moins<br />

compétitives que celles qui<br />

concurrencent des pays hors<br />

Zone euro. Il en est ainsi du<br />

coton béninois, de la banane<br />

camerounaise, du café ou du<br />

cacao ivoirien face aux produits<br />

analogues américains et latinoaméricains<br />

qui s’exportent en<br />

dollar, et qui sont, de surcroît,<br />

subventionnés. Le revenu des<br />

exportations de matières pre-<br />

Une si vieille histoire<br />

exclusivement utilisable dans sa<br />

zone d’émission. Depuis, les transferts<br />

légaux entre les deux régions<br />

se font uniquement par voie bancaire.<br />

A l’origine, le franc CFA était le<br />

« franc des colonies françaises »,<br />

une monnaie unique et commune à<br />

toutes les possessions françaises<br />

d’Afrique et de Madagascar. Elle<br />

avait été lancée le 26 décembre<br />

1945, date de la première réforme<br />

monétaire française d’après-guerre.<br />

En 1958, son sens est modifié. CFA<br />

signifie désormais « communautés<br />

françaises d’Afrique. »<br />

A l’aube de l’indépendance, en<br />

1959, le franc colonial sera remplacé<br />

par les deux actuels francs<br />

CFA, comme signes de la nouvelle<br />

forme de coopération monétaire<br />

entre la France et ses anciennes<br />

colonies : mise en commun des<br />

réserves de change, garantie de<br />

convertibilité, parité fixe. Certains<br />

pays ont choisi, lors de l'indépendance<br />

ou après, de quitter la Zone<br />

franc : Algérie, Maroc, Tunisie,<br />

étude conduite par Pursell et<br />

Diop (Cotton Policies in<br />

Francophone Africa, World Bank,<br />

1998), démontre que les prix<br />

libres sont plus favorables aux<br />

producteurs que la stabilisation<br />

des cours. Derrière l’argument<br />

se cache mal la volonté de la<br />

mières africaines facturées en<br />

dollars affaibli est diminue<br />

conséquemment.<br />

<strong>Les</strong> « pro-dévaluation » invoquent<br />

aussi les difficultés des<br />

principales filières agricoles de<br />

la zone. Argument balayé par<br />

nombre d’experts africains qui<br />

estiment que leur fragilité et<br />

vulnérabilité sont bien plus à<br />

leur imputer une récurrente<br />

mauvaise gestion à la faible<br />

productivité, mais également<br />

aux subventions européennes<br />

et américaines.<br />

Mauritanie, Madagascar, Guinée.<br />

Le Mali l'a quittée en 1962 pour la<br />

réintégrer en 1984. La lusophone<br />

Guinée-Bissau l’a intégrée le<br />

2 mai 1997.<br />

Durant ses 62 années d’existence,<br />

le franc CFA a connu quatre temps<br />

forts. En 1948, avec la dévaluation<br />

du franc métropolitain, sa valeur<br />

est passée à 2 FF, contre 1,70 FF<br />

en 1945, soit une réévaluation de<br />

17,65 %. En 1960, avec la création<br />

du nouveau franc ou « franc<br />

lourd » (1 NF = 100 anciens francs),<br />

le franc CFA a été maintenu dans sa<br />

valeur : 1 NF = 50 FCFA. Le 11 janvier<br />

1994, il a été dévalué de 50 %<br />

par rapport au franc français : 1 NF<br />

= 100 FCFA. En 1999, avec la disparition<br />

du franc français et la création<br />

de la monnaie unique européenne,<br />

le franc CFA a été rattaché<br />

à l'euro selon la même parité fixe, la<br />

garantie de convertibilité étant toujours<br />

à la charge de l'État français :<br />

1 euro = 655,957 FCFA.<br />

Paris privatise unilatéralement<br />

Dagris<br />

Un moment retardée par le référé introduit par le personnel auprès du Tribunal de grande instance de<br />

Paris, la privatisation de la Société de Développement des Agro-industries du Sud (Dagris) semble<br />

désormais irréversible.<br />

banque de casser les liens postcoloniaux<br />

qu’elle reproche à<br />

la France de perpétuer. En<br />

revanche, ce libéralisme ignore<br />

superbement les subventions<br />

américaines et européennes. En<br />

2002, un producteur américain<br />

a touché 1,5 dollar par kilo,<br />

<strong>Les</strong> Etats-Unis continueront à<br />

laisser délibérément le billet vert<br />

se déprécier pour diminuer leur<br />

énorme déficit commercial<br />

envers la Chine et accroître la<br />

compétitivité extérieure de <strong>leurs</strong><br />

produits. Ils y resteront également<br />

contraints par la flambée<br />

des cours du brut qui serait à<br />

tous égards, insoutenable pour<br />

leur balance des paiements avec<br />

un dollar plus fort qui, de surcroît,<br />

rendrait les produits américains<br />

encore plus chers et<br />

moins compétitifs.<br />

Bénéfice incertain<br />

Par ail<strong>leurs</strong>, pour produire les<br />

effets bénéfiques escomptés,<br />

principalement en termes de<br />

compétitivité extérieure, d’augmentation<br />

des exportations et<br />

de <strong>leurs</strong> revenus, et d’atténuation<br />

de la pression des importations,<br />

la dévaluation doit pouvoir<br />

s’adosser à une industrie et<br />

une agriculture modernes, performantes<br />

et dynamiques, avoir<br />

des débouchés avérés et la capacité<br />

de les élargir, un secteur<br />

privé à même de répondre à la<br />

demande, un régime politique<br />

stable et enfin un environnement<br />

technique, administratif<br />

et juridique propice à l'essor des<br />

affaires. Or, ces atouts ne sont<br />

pas les mieux partagés dans la<br />

Zone CFA. Elle ne pourrait<br />

donc tirer que faiblement partie<br />

d’une nouvelle dévaluation,<br />

comme ce fut le cas de la première<br />

dont les effets bénéfiques<br />

se sont très rapidement effrités<br />

et résorbés.<br />

Aujourd’hui, une dévaluation<br />

du FCFA aurait pour conséquence<br />

une hausse vertigineuse<br />

du coût des importations, un<br />

surenchérissement de la facture<br />

pétrolière, une inflation galopante.<br />

Et le chômage qui a déjà<br />

atteint des niveaux inacceptables,<br />

s'accroîtrait davantage. Un<br />

abrupt changement de parité<br />

remettrait en question la pertinence<br />

des politiques de convergence<br />

que les pays de l’UEMOA<br />

et de la CEMAC s’évertuent à<br />

respecter, tant bien que mal,<br />

pour consolider et renforcer les<br />

processus d’intégration économique<br />

et monétaire dans lesquels<br />

ils se sont engagés, plus<br />

alors que le prix mondial s’élève<br />

à 88 cents. Malgré l’Organisation<br />

mondiale du Commerce, les<br />

intérêts de 25 000 agriculteurs<br />

nord-américains pèsent plus<br />

lourd que ceux de millions de<br />

paysans africains.<br />

Le sort du coton africain ne se<br />

19<br />

<strong>Les</strong> risques à ne<br />

pas courir<br />

Dévaluer le franc CFA en raison de l’euro fort c’est<br />

aujourd’hui, prendre le risque, de s’engager dans<br />

une course-poursuite sans fin.<br />

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La commande par carte bancaire est possible sur www.lesafriques.com<br />

Cette annonce paraîtra début septembre dans le premier numéro hebdomadaire du journal <strong>Les</strong> Afriques.<br />

résolument depuis une douzaine<br />

d’années et qui ne<br />

devraient point être réversibles.<br />

Une illusion d’équilibre<br />

Toutefois, la valeur d'une monnaie<br />

ne peut pas être éternellement<br />

fixe. L’immuabilité monétaire,<br />

dans un monde en mutation<br />

permanente, est un artifice antiéconomique.<br />

Elle est dangereuse<br />

car elle donne l'illusion que l’on<br />

est dans un équilibre économique<br />

parfait, alors qu’en réalité l’on est<br />

confronté à d’immenses problèmes<br />

à la fois structurels et<br />

conjoncturels.<br />

<strong>Les</strong> pays de la Zone CFA devront<br />

nécessairement se mettre dans<br />

les conditions de sortir de cette<br />

situation illusoire. Une des solutions<br />

préconisée passerait par la<br />

création d’une nouvelle unité de<br />

compte avec le rapatriement des<br />

réserves de changes de la Zone<br />

CFA auprès du Trésor public<br />

français, en les renforçant par<br />

<strong>Les</strong> gains ou<br />

les pertes de<br />

compétitivité seraient<br />

engrangés ou payés<br />

en temps réel.<br />

les avoirs des pays, notamment<br />

anglophones qui appartiennent<br />

à la CEDEAO mais pas à<br />

l’UEMOA. La nouvelle monnaie<br />

qui serait créée sur cette base<br />

régionale élargie et homogène<br />

ne serait plus unilatéralement<br />

reliée à l’euro comme l’est le<br />

CFA, mais à un panier de monnaies<br />

choisies en fonction des<br />

principaux partenaires de commerce<br />

extérieur des pays<br />

de cette nouvelle union monétaire.<br />

Ce système permettrait<br />

de faire l'économie à la fois de<br />

dévaluations en cascades et de la<br />

multiplication des traumatismes<br />

qu'elles causent aux populations.<br />

<strong>Les</strong> distorsions monétaires<br />

seraient corrigées en douceur,<br />

puisque les gains ou les<br />

pertes de compétitivité seraient<br />

engrangés ou payés en temps<br />

réel. Le problème pour les pays<br />

concernés est de s’accorder sur<br />

le franchissement du Rubicon.<br />

A.F.<br />

jouera donc plus à Paris.<br />

Désormais c’est à New York,<br />

Bruxelles et Pékin et dans une<br />

moindre mesure à Genève que<br />

se décidera le sort du coton et<br />

des millions de cotonculteurs<br />

africains.<br />

C.E.S.<br />

50 w<br />

en noir blanc<br />

59 w<br />

en couleur<br />

Tarif du module de 30 mm<br />

de large sur 35 mm de haut


20<br />

1,24 million d’Africains<br />

aux USA<br />

Une étude de l’institut Brookings a recensé plus de 1,25 million de<br />

personnes nées en Afrique et résidant aux Etats-Unis. 43 % d’entre<br />

eux sont allez de niveau universitaire. <strong>Les</strong> nationalités plus<br />

représentés sont les Nigérians, les Ethiopiens et les Ghanéens.<br />

Leur niveau socio-économique est sensiblement supérieur à la<br />

moyenne américaine. A Atlanta, Seattle ou Minneapolis, plus de<br />

15 % de la population est aujourd’hui africaine.<br />

Fuite des cerveaux<br />

L’Association des universités africaines réunira les dirigeants de<br />

ses 199 universités membres à Tripoli, en Libye, du 21 au 25<br />

octobre 2007 sur le thème « Gérer la fuite des cerveaux africains<br />

en travaillant en collaboration avec la diaspora ».<br />

Kofi Annan revient à Genève<br />

L’ex-No 1 des Nations Unies se déplace à Genève, siège de l’Africa<br />

Progress Panel qu’il préside. Il revient ainsi dans la ville où il avait<br />

étudié et avec laquelle il avait conservé de nombreux liens. Son<br />

objectif est d’y produire un forum annuel humanitaire mondial.<br />

Discrimination raciale sur<br />

les Champs Elysées<br />

Suite à une série de tests effectués en 2005 à la sortie des boîtes de nuit<br />

sur les Champs Elysées, des physionomistes du Queen, du Milliardaire<br />

et du Club 79 ont été condamnés à 1 500 euros d’amende avec sursis.<br />

Celui du Man Ray a écopé de 1 000 euros d’amende.<br />

Condamnation du frère<br />

cadet de Jean-Pierre Bemba<br />

Jean-Pierre Bemba Pollet, l’un des frères cadets de l’ex-vice-président<br />

et sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo en exil au Portugal, a été<br />

condamné par la justice belge à un an de prison avec sursis et à 5 500<br />

euros d’amende pour escroquerie et tentatives d’escroqueries.<br />

Le message de Lilian Thuram<br />

Le footballeur Lilian Thuram s'est rendu en Guinée, en Sierra-Leone<br />

et au Liberia pour délivrer son message : « En tant que footballeur,<br />

j'ai découvert qu'il faut compter sur ses propres efforts et compter sur<br />

soi même pour réussir dans la vie. Quand les choses vont mal dans une<br />

société, les jeunes doivent se demander quel rôle ils peuvent jouer pour<br />

aider à résoudre le problème ».<br />

Le Sénégal et l’Espagne<br />

reconduisent leur dispositif<br />

anti-émigration<br />

<strong>Les</strong> ministres de l’Intérieur du Sénégal et de l’Espagne ont prolongé<br />

pour un an le dispositif Frontex en lui ajoutant un volet d’aide au développement.<br />

Selon les autorités des deux pays, Frontex aurait permis de<br />

diviser par dix les départs pour les îles Canaries. L’accord prévoit la<br />

création d’écoles destinées à fournir aux Sénégalais une formation professionnelle<br />

adaptée aux besoins du marché du travail espagnol.<br />

DIASPORAS<br />

En France, l’émergence d’un<br />

marché afro-européen<br />

Par Bénédicte Châtel<br />

Le vendredi 29 juin, 100 hôtesses<br />

habillées aux cou<strong>leurs</strong> de la<br />

banque marocaine Attijariwafa<br />

Bank ont distribué dans les<br />

rues de Paris des exemplaires<br />

du quotidien gratuit Métro.<br />

Objectif : sensibiliser aux vertus<br />

de la carte de crédit rechargeable<br />

à l’international, la carte<br />

Kesma, les 2,5 millions de<br />

Marocains vivant en France et<br />

qui vont bientôt partir en<br />

vacances dans leur « pays<br />

d’origine ».<br />

20% de la population<br />

Car aujourd’hui, aborder en<br />

France l’immense marché de la<br />

diaspora au sens large du terme,<br />

c’est-à-dire les immigrés, <strong>leurs</strong><br />

enfants, petits-enfants, voire les<br />

personnes qui leur sont très<br />

proches, signifie se positionner<br />

à l’égard d’environ 20% de la<br />

population totale de<br />

l’Hexagone. Un marché considérablement<br />

plus important<br />

numériquement que les quelque<br />

5 millions d’immigrés au sens<br />

strict du terme, que la France<br />

compte actuellement (et dont<br />

37% se trouverait en Ile de<br />

France). Un marché plus complexe<br />

aussi car une personne qui<br />

est française depuis deux générations<br />

a des références de<br />

consommation totalement différentes<br />

que l’étranger fraîchement<br />

débarqué.<br />

« En matière de comportements<br />

de consommation, le changement<br />

arrive maintenant avec la<br />

diversification de la société française<br />

», explique Jean-Christophe<br />

Desprès dont l’agence Sopi<br />

Communication (« changement »<br />

en wolof), spécialisée dans le<br />

marketing ethnique, vient<br />

de fusionner avec l’agence<br />

de communication Draftfcb,<br />

créant Specifik. « Du point de<br />

vue des offres marketing, pour<br />

des raisons de taille critique de<br />

population, il faut pouvoir proposer<br />

un produit qui capte<br />

l’attention d’un<br />

immigré, d’un<br />

Français de première<br />

génération<br />

et de seconde<br />

génération. Ils<br />

sont très différents<br />

en termes<br />

de niveaux de<br />

vie, de comportements<br />

à l’égard<br />

de la consommation,<br />

ce qui aura<br />

un impact sur l’emballage, la<br />

qualité du produit, le prix, etc. »<br />

Dépasser l’informel<br />

S’agissant des produits alimentaires,<br />

l’authentique semble primer,<br />

que ce soit en terme de<br />

packaging, de goût et de qualité.<br />

Mais parmi les produits cosmé-<br />

tiques par exemple, un immigré,<br />

voire un Français de première<br />

génération, sera fortement tenté<br />

par des produits de grande<br />

consommation (MGC) alors<br />

que la deuxième génération ira<br />

plutôt chercher un produit de<br />

marque, comme Black Up. Un<br />

marché du cosmétique non<br />

négligeable, avec un chiffre d’affaires<br />

représentant quelques<br />

centaines de millions d’euros<br />

par an en France.<br />

<strong>Les</strong> produits financiers et de services<br />

commencent, eux aussi, à<br />

évoluer. Rappelons qu’en 2006,<br />

plus de 4 milliards d’euros ont<br />

été acheminés par la seule diaspora<br />

marocaine vers le<br />

Royaume. Pendant très longtemps,<br />

ces transferts d’argent<br />

ont relevé du circuit informel.<br />

Aujourd’hui - et la démarche de<br />

l’Attijariwafa Bank en témoigne<br />

- apparaissent des « produits<br />

transgénérationnels ». « Ce sont<br />

des produits un peu sophistiqués<br />

qui peuvent être souscrits par les<br />

enfants, donc les Afro-<br />

Européens, pour le compte de<br />

<strong>leurs</strong> parents », explique encore<br />

le nouveau co-responsable de<br />

Specifik. Il s’agit de produits<br />

d’assurance décès pour le rapatriement<br />

du corps ou encore de<br />

ces cartes de crédit comme<br />

Kesma ou encore la carte Flouss,<br />

affiliée au réseau MasterCard.<br />

Rechargeable depuis l’étranger<br />

et mise à la disposition de la<br />

personne bénéficiaire restée au<br />

pays d’origine, elle peut être uti-<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

L’économie française tarde à s’adapter à sa nouvelle population pluriculturelle. <strong>Les</strong> besoins spécifiques des<br />

consommateurs afro-européens sont encore largement ignorés.<br />

Des besoins en<br />

matière de tourisme,<br />

d’assurance en général,<br />

d’investissements,<br />

notamment<br />

immobiliers.<br />

Jean-Christophe Desprès (Sopi) et Stéphane Pocrain (Draftfcb) se sont associés pour créer l’agence Specifik.<br />

L’« islamic banking »<br />

existe au Royaume-<br />

Uni et non en France.<br />

lisée par cette dernière pour<br />

retirer de l’argent ou effectuer<br />

des paiements.<br />

En revanche, des produits<br />

répondant spécifiquement aux<br />

besoins de la diaspora tardent à<br />

venir en matière de tourisme,<br />

d’assurance en général, d’investissements,<br />

notamment immobiliers<br />

dans le pays d’origine.<br />

« L’idée de banque de migrants<br />

qui consiste à favoriser l’ouverture<br />

de doubles comptes avec<br />

une réduction notable des frais<br />

de transfert existe, mais<br />

demeure embryonnaire. En<br />

France du moins », note encore<br />

M. Desprès. En revanche, la<br />

téléphonie est assez performante,<br />

avec une offre abondante<br />

de cartes prépayées à<br />

tarifs compétitifs pour des pays<br />

ciblés.<br />

Voisins plus dynamiques<br />

Mais d’une façon globale, en<br />

matière de produits ciblés pour<br />

la diaspora, la France accuserait<br />

un retard face à d’autres pays<br />

européens. Le Royaume Uni,<br />

qui compte des « minorités ethniques<br />

» deux fois moins importantes<br />

qu’en France, dispose par<br />

exemple d’un réseau média<br />

ciblé qui est dense et bien rodé.<br />

L’ « islamic banking » existe et<br />

non en France. Des statistiques<br />

nationales précises sont régulièrement<br />

mises à jour et constituent<br />

des outils de mesure permettant<br />

de mieux appréhender<br />

ce marché. Par ail<strong>leurs</strong>, certains<br />

pays du sud de l’Europe commencent<br />

depuis peu à s’intéresser<br />

à ce segment de marché et<br />

certains, comme l’Italie, semblent<br />

se structurer beaucoup<br />

plus vite que la France qui risque<br />

de perdre son avance en la<br />

matière.<br />

« Actuellement, on en est à une<br />

étape de maturité du marché. ce<br />

qui fait que les entreprises s’interrogent<br />

sans savoir quelles réponses<br />

apporter », conclut l’analyste<br />

de marché.<br />

Nombre de familles d'immigrés selon le pays<br />

d'origine de la personne de référence de la famille<br />

Pays de naissance de la personne de<br />

référence de la famille<br />

Ensemble des familles<br />

Total dont couples<br />

Espagne 65 904 51 630<br />

Italie 73 046 57 110<br />

Portugal 189 461 167 060<br />

Autres pays de l'Union européenne à 15 56 058 43 748<br />

Autres pays d'Europe 54 211 41 659<br />

Algérie 156 595 115 847<br />

Maroc 144 308 119 417<br />

Tunisie 57 347 47 205<br />

Autres pays d'Afrique 97 102 68 954<br />

Turquie 58 266 53 447<br />

Cambodge, Laos, Vietnam 45 980 37 363<br />

Autres pays d'Asie 48 938 42 204<br />

Amérique, Océanie 20 121 13 659<br />

Ensemble des familles d'immigrés 1 067 337 859 303<br />

Population totale 16 096 782 14 112 183<br />

Source : Insee, Recensement de la population, 1999.<br />

Famille d'immigrés : famille dont la personne de référence et son<br />

éventuel conjoint sont immigrés.


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 MARKETING ET MÉDIAS<br />

21<br />

En 2050, les Africains constitueront 22 %<br />

de la population mondiale active<br />

« Le monde connaîtra des bouleversements démographiques considérables d’ici 2050 », avertit une étude réalisée en avril 2007 par le Département des études<br />

économiques de la Société Générale.<br />

Par Yassin Temlali<br />

Non seulement la population<br />

mondiale passera de 6,7 milliards<br />

en 2005 à 9,2 en 2050,<br />

mais de formidables modifications<br />

affecteront aussi sa structure<br />

d’âge. Le nombre de personnes<br />

en âge de travailler (15-<br />

64 ans) passera de 4,2 milliards<br />

en 2005 à 5,9 milliards en 2050.<br />

L’étude se base sur trois hypothèses<br />

élaborées par la Division<br />

de la population de l’ONU. La<br />

première est la baisse tendancielle<br />

des taux de fécondité<br />

dans les pays où ils sont élevés<br />

(l’Amérique latine, l’Afrique,<br />

notamment l’Afrique subsaharienne,<br />

etc.). La deuxième est<br />

l’allongement et la convergence<br />

à terme de l’espérance de vie à<br />

la naissance, résultat du recul<br />

de la mortalité infantile dans<br />

certaines régions de la planète.<br />

La troisième est la réduction de<br />

moitié, en 30 ans, du nombre<br />

de nouveaux individus affectés<br />

par le virus du SIDA et la baisse<br />

de l’intensité de l’épidémie.<br />

Vieux Européens et jeunes<br />

Africains<br />

Le monde est ainsi en pleine<br />

transition démographique :<br />

« Dans la première phase de cette<br />

transition, la mortalité, en particulier<br />

des enfants, diminue de<br />

telle sorte que la population augmente<br />

fortement et rajeunit.<br />

Dans un deuxième temps, le taux<br />

La part de la Chine<br />

dans la population<br />

mondiale active,<br />

22,2 % en 2005,<br />

ne sera plus en 2050<br />

que de 14,6 %.<br />

de fécondité fléchit. Enfin, dans<br />

un troisième stade, la conjonction<br />

Population en âge de travailler (15-64 ans)<br />

Évolution de la population par tranches d’âge<br />

de la hausse de l’espérance de vie<br />

et de la baisse du taux de fécondité<br />

entraîne un vieillissement<br />

accéléré de la population. »<br />

<strong>Les</strong> différentes régions du globe<br />

se trouvent à des stades différents<br />

de cette transition démographique<br />

: l’Afrique subsaharienne,<br />

par exemple, en est au<br />

tout premier stade alors que les<br />

pays industrialisés en sont déjà<br />

au troisième. Conséquence :<br />

l’augmentation de la population<br />

mondiale et celle de la<br />

population active se concentreront<br />

dans les pays émergents.<br />

« A la dépression démographique,<br />

conjuguée à un vieillissement<br />

accéléré que connaîtront<br />

l’Europe et certains pays asiatiques<br />

avancés (Japon, Corée du<br />

Sud) s’opposera la croissance<br />

rapide de la jeunesse de l’Afrique<br />

subsaharienne et, dans une<br />

moindre mesure, de certains pays<br />

asiatiques émergents », prédit la<br />

Société Générale.<br />

Le poids démographique<br />

futur de l’Afrique<br />

La part de l’Europe dans la<br />

population mondiale active,<br />

11,9 % en 2005, baissera à<br />

8,2 % en 2030, pour atteindre<br />

seulement 6,5 % en 2050, ce<br />

qui ne manquera pas d’induire<br />

des besoins grandissants en<br />

main-d’œuvre immigrée.<br />

Résultat tardif de sa politique<br />

anti-nataliste, la Chine verra<br />

baisser, à partir de 2020, sa<br />

population en âge de travailler :<br />

sa part dans la population<br />

mondiale active, 22,2 % en<br />

2005, ne sera plus en 2050 que<br />

de 14,6 %.<br />

La part de l’Afrique dans la<br />

population mondiale en âge de<br />

travailler évoluera de 12,1 % en<br />

2005 à 17 % en 2030, pour<br />

atteindre 22,1 % en 2050 ! On<br />

notera avec les rédacteurs de<br />

l’étude qu’entre 2030 et 2050, la<br />

croissance de la population du<br />

continent africain ainsi que de<br />

En Europe la baisse<br />

de la population<br />

active induira des<br />

besoins grandissants<br />

en main-d’œuvre<br />

immigrée.<br />

sa population active faiblira<br />

quelque peu mais restera assez<br />

élevée comparativement à<br />

d’autres régions du monde.<br />

Le rythme de cette croissance<br />

ne sera naturellement pas le<br />

même en Afrique subsaharienne<br />

et en Afrique du Nord,<br />

les deux zones étant à des<br />

stades différents de leur transition<br />

démographique.<br />

Politiques d’immigration<br />

<strong>Les</strong> évolutions démographiques<br />

mondiales posent le problème<br />

de l’orientation et de<br />

l’origine des flux migratoires<br />

« La communauté des bloggers » égyptiens<br />

En Egypte, la libre expression a trouvé un canal. <strong>Les</strong> grands médias et les responsables politiques doivent maintenant compter avec ce phénomène.<br />

Par Daikha Dridi<br />

Il y a presque un an, une centaine<br />

de manifestants se sont<br />

regroupés sur les marches de<br />

l'imposant bâtiment du<br />

Syndicat des journalistes, au<br />

centre du Caire, pour protester<br />

contre l’agression aux forts<br />

relents sexuels de dizaines de<br />

jeunes femmes par des meutes<br />

de jeunes gens déchaînés, en<br />

plein centre-ville. Fait intéressant,<br />

ceux qui étaient venus<br />

manifester ne l'ont pas fait à<br />

l'initiative d'associations féministes,<br />

d'organisations de<br />

défense des droits de l'homme<br />

ou de partis politiques ; ils<br />

avaient spontanément répondu<br />

à un appel de la « communauté<br />

des bloggers ». Une première<br />

au Caire, mais qui s'expliquait<br />

aussi sans doute par le<br />

rôle crucial qu'ont joué les<br />

bloggers dans l'information<br />

sur cet événement : sans eux,<br />

aucun grand média égyptien<br />

n'aurait évoqué l’« incident ».<br />

En effet, c’est un des bloggers<br />

les plus célèbres de la blogosphère<br />

cairote, qui se trouvait<br />

là par hasard au moment de<br />

ces agressions spectaculaires,<br />

qui a posté sur son blog le<br />

récit de ce qu'il a vu, des photos,<br />

des vidéos ainsi que les<br />

témoignages de ceux qui ont<br />

volé au secours des filles attaquées.<br />

L'information, qui a<br />

immédiatement circulé sur<br />

des dizaines d'autres blogs, a<br />

fini par être répercutée par les<br />

grands quotidiens indépendants<br />

et les télévisions satellitaires.<br />

Aujourd'hui encore,<br />

l'Egypte est hantée par le<br />

trauma de cet événement qui,<br />

sans doute, a aussi marqué<br />

dans ce pays un passage dans<br />

l'usage du blog et donné une<br />

nouvelle coloration au label «<br />

blogger ».<br />

Efficacité redoutable<br />

C'est à partir de 2005 que les<br />

blogs ont connu une très forte<br />

popularité en Egypte, une<br />

mode qui s'est répandue au<br />

fur et à mesure que l'accès à<br />

un ordinateur et à une<br />

connexion Internet devenait<br />

moins coûteux. Une popularité<br />

probablement nourrie, au<br />

départ, par la quantité faramineuse<br />

de sites et de forums liés<br />

à l'industrie du show business,<br />

dans un pays où les événements,<br />

commérages et scandales<br />

relatifs aux « people » font<br />

partie de l'air qu’on respire. La<br />

frénésie du blog a très vite<br />

contaminé tous ceux - jeunes<br />

L’Egypte est le seul<br />

pays où l'on parle<br />

de la « communauté<br />

des bloggers »,<br />

comme l'on parlerait<br />

d'un parti politique<br />

ou d'une organisation.<br />

femmes, Coptes, jeunes révoltés,<br />

artistes ou souhaitant le<br />

devenir, militants politiques<br />

ou en voie de l'être - qui, avides<br />

d'espaces d'expression<br />

non contrôlés, entendaient<br />

échapper à l'autorité politique<br />

ou religieuse. Et si, dans de<br />

nombreux pays, les militants<br />

politiques et les défenseurs des<br />

droits de l'homme ont fait du<br />

blog un outil de diffusion de<br />

l'information, l'usage qui en a<br />

été fait en Egypte est vite<br />

devenu redoutable.<br />

Sources d’information<br />

Après les agressions collectives<br />

contre les femmes, les bloggers<br />

ont fait éclater une cascade<br />

d'autres scandales relatifs à la<br />

pratique, devenue courante, de<br />

la torture. <strong>Les</strong> premiers à poster<br />

les images de sévices glanées<br />

auprès des citoyens, les bloggers<br />

ont servi de source d'information<br />

à la presse, et de nombreux<br />

journalistes ont été probablement<br />

enhardis par leur<br />

audace et leur liberté de ton et<br />

ont fini par mener des campagnes<br />

médiatiques étonnantes<br />

de férocité contre le gouvernement.<br />

Très vite, des slogans<br />

comme « ce blog est anti-torture<br />

» se sont répandus sur les<br />

blogs les plus « hip » du Caire,<br />

y compris lorsque <strong>leurs</strong> auteurs<br />

sont plus férus de littérature ou<br />

de cinéma que de militantisme<br />

politique. en Egypte etre blogger<br />

est devenu quasi-synonyme<br />

de défenseur des libertés et<br />

droits humains, éclipsant du<br />

coup toutes les autres catégories<br />

de bloggers.<br />

C'est peut-être pour cela que<br />

l'Egypte est le seul pays où l'on<br />

parle de la « communauté des<br />

bloggers », comme l'on parlerait<br />

d'un parti politique ou<br />

d'une organisation. Et c'est<br />

peut-être vers cela que s'acheminent<br />

les trajectoires d'individualités<br />

parfois aux horizons<br />

politiques, sociaux et même<br />

dans les décennies à venir.<br />

L’étude s’interroge sur la<br />

validité des projections onusiennes<br />

selon lesquelles ces<br />

flux auraient pour origine<br />

l’Asie (1,2 million de personnes<br />

par an), l’Amérique du<br />

Sud (0,6 million) et l’Afrique<br />

(0,4 million) : « La croissance<br />

[…] de la population en âge de<br />

travailler des pays d’Afrique<br />

(hors pays d’Afrique australe<br />

affectés par le SIDA) […],<br />

conjuguée à l’impact du<br />

réchauffement climatique et,<br />

corrélativement, aux difficultés<br />

d’approvisionnement en eau,<br />

amène à s’interroger sur la plausibilité<br />

des hypothèses faites en<br />

termes de migration (poursuite<br />

des tendances récentes et prise en<br />

compte de l’orientation actuelle<br />

des politiquesd’immigration). »<br />

<strong>Les</strong> blogs connaissent une grande popularité en Egypte.<br />

religieux très différents, qui<br />

appellent de plus en plus à la<br />

création d'une organisation des<br />

bloggers, comme on chercherait<br />

à se serrer les coudes face à<br />

un régime qui multiplie les<br />

intimidations, arrestations et<br />

condamnations à la prison des<br />

membres de cette communauté<br />

symbolique.<br />

Citizen Journalism Community<br />

http://www.manalaa.net/citizen_journalism<br />

Egyptian Blogs Aggregator<br />

http://www.omraneya.net


<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 INTERNATIONAL<br />

23<br />

Africom, défiance<br />

des opinions,<br />

réserves des Etats<br />

Le projet de renforcement de la présence militaire américaine en Afrique rencontre une grande perplexité<br />

sur le continent.<br />

Par Saïd Djaafer<br />

Une délégation gouvernementale<br />

américaine conduite par le soussecrétaire<br />

d’état américain à la<br />

défense, Ryan Henry a effectué<br />

deux tournées en Afrique, en avril<br />

et juin, pour « expliquer » le projet<br />

de création, vers Octobre 2008,<br />

d’un nouveau centre de commandement<br />

en Afrique (Africom). La<br />

lecture des journaux africains<br />

montre que les réticences, pour ne<br />

pas dire l’opposition, l’emportent<br />

largement quant à un projet aux<br />

contours mouvants et aux objectifs<br />

peu clairs.<br />

Jeu de devinette<br />

A l’issue de sa tournée de juin au<br />

cours de laquelle il a rencontré des<br />

autorités politiques et militaires<br />

en Algérie, Maroc, Libye, Égypte,<br />

Djibouti ainsi que des responsables<br />

de l'Union africaine, le soussecrétaire<br />

Henry s’est évertué à<br />

répondre aux fortes réserves<br />

exprimées ouvertement par les<br />

opinions africaines en se lançant<br />

dans une sorte de jeu de devinette<br />

sur ce que l’Africom « ne sera<br />

pas ». Ainsi cette structure n’est<br />

L’annonce officielle<br />

du projet de création<br />

de l’Africom<br />

coïncidait avec la fin<br />

de la longue tournée<br />

du président chinois<br />

Hu Jintao en Afrique.<br />

pas destinée à faire la guerre, ne<br />

donnera pas lieu à la création de<br />

bases militaires et ses personnels –<br />

car il y’en aura quand même – ne<br />

seront pas concentrés dans un seul<br />

pays mais répartis entre plusieurs<br />

Etats africains.<br />

Le haut-gradé qui dirigera<br />

l’Africom sera secondé par un<br />

civil, un hiérarque du département<br />

d’Etat. La mission du commandement<br />

serait de créer un<br />

« environnement plus stable » pour<br />

la croissance politique et économique,<br />

« d’établir les conditions »<br />

pour une utilisation plus efficace<br />

Par Mustapha Benfodil<br />

Sikasso. 370 kilomètres au<br />

Sud-est de Bamako. Nous<br />

sommes arrivés ici après sept<br />

heure de bus. Une plaque indique<br />

: « Frontières Burkina Faso :<br />

150 m ». La Côte d’Ivoire est à<br />

un jet de pierres aussi. Sikasso,<br />

c’est surtout la capitale<br />

malienne du coton. Une ville<br />

paysanne. Mais aussi une ville<br />

minière. Premier gisement<br />

aurifère du Mali. Or. Coton.<br />

<strong>Les</strong> deux principaux atouts du<br />

pays à l’international. Sikasso<br />

respire les Tropiques avec sa<br />

végétation luxuriante. Dans<br />

les rues ne cessent de défiler<br />

des femmes en robes bigarrées<br />

avec, sur la tête, des récipients<br />

emplis de mangues, d’ananas<br />

de l’aide humanitaire et aider les<br />

Etats africains à lutter contre le<br />

terrorisme. Le discours, idyllique<br />

ou lénifiant, de Ryan Henry<br />

éclaire si peu sur la vocation de<br />

l’Africom qu’il suscite des commentaires<br />

plutôt ironiques, à l’instar<br />

de celui de Khalil Hachimi<br />

Idriss dans Aujourd’hui le Maroc :<br />

« L’Africom ne se substituera ni aux<br />

ambassades américaines pour la<br />

diplomatie, ni à l’USAID pour les<br />

questions de développement, ni à<br />

l’armée pour faire la guerre, ni aux<br />

multinationales pour s’occuper de<br />

l’économie du continent- et de son<br />

pétrole par exemple. L’Africom ne<br />

fera rien de tout cela. C’est officiel.<br />

Nous sommes soulagés. Il fera,<br />

peut-être - il faut bien quand même<br />

que ce bidule fasse quelque chose-,<br />

un petit peu de chaque. Il butinera<br />

en fonction des opportunités et des<br />

circonstances ».<br />

Contrer la Chine…<br />

En réalité, des journaux africains,<br />

naturellement moins contraints<br />

dans l’expression que les officiels,<br />

avaient déjà relevé que le timing<br />

choisi pour annoncer officiellement,<br />

en février 2007, le projet de<br />

création de l’Africom coïncidait<br />

avec la fin de la longue tournée du<br />

président chinois Hu Jintao en<br />

Afrique. Depuis, il y a eu suffisamment<br />

de messages spécifiques sur<br />

la supposée « sinisation » de<br />

l’Afrique, notamment de la part<br />

du G8, pour que la Chine apparaisse<br />

davantage qu’un concurrent<br />

sur le continent. A quoi sert donc<br />

et autres fruits tropicaux tandis<br />

que gigotent dans leur dos<br />

des bébés soigneusement<br />

langés. Au carrefour dit<br />

Kenedougou cette banderole :<br />

« Sauvons notre agriculture.<br />

Refusons les OGM ! ». C’est<br />

le sujet d’un débat houleux,<br />

au Mali, les OGM. D’ail<strong>leurs</strong>,<br />

nous sommes là un peu pour<br />

cela. Du 04 au 07 juin, la capitale<br />

de la région n° 3 du Mali<br />

abrite la sixième édition du<br />

Forum des Peuples. En gros,<br />

c’est la branche africaine<br />

du Forum Social mondial<br />

(FSM), un espace qui fédère<br />

différents acteurs de la société<br />

civile malienne et autres<br />

mouvements sociaux africains<br />

regroupés sous l’égide de<br />

la Coalition des alternatives africaines<br />

Dette et Développement.<br />

Haro sur la Banque mondiale<br />

Un millier d’altermondialistes<br />

de la sous région ont répondu<br />

à l’invitation de la charismatique<br />

Barry Aminata Touré, pré-<br />

ce « bidule » pour reprendre la formule<br />

du chroniqueur marocain<br />

alors que la présence militaire<br />

américaine existe déjà, à Djibouti<br />

et en Ethiopie mais aussi à travers<br />

une série d’arrangements avec les<br />

Etats ?<br />

... ou sécuriser les importations<br />

de pétrole ?<br />

Combattre les courants « djihadiste<br />

» est l’un des arguments<br />

avancés sur la base d’une évaluation<br />

alarmiste de la région sahélosaharienne<br />

comme possible zone<br />

de repli d’Al-Qaeda. Si la région a<br />

connu une certaine activité subversive,<br />

son importance parait<br />

pour le moins exagérée pour certains<br />

spécialistes.<br />

Mais, derrière les considérations<br />

sécuritaires, il semble bien que<br />

l’enjeu économique soit primordial.<br />

15 % des importations de<br />

pétrole des Etats-Unis proviennent<br />

de pays africains et elles<br />

devraient atteindre 25 % au cours<br />

de la prochaine décennie. D’où le<br />

lien établi entre le renforcement<br />

proclamé de la présence militaire<br />

américaine et la volonté d’avoir<br />

un œil sur les sources d’approvisionnement<br />

énergétique situées<br />

sur le continent.<br />

Accueil très frais<br />

Au sein des opinions publiques, le<br />

thème « antiterroriste » passe difficilement<br />

en raison des terribles<br />

désastres provoqués par la politique<br />

américaine en Irak. Défiance<br />

que partage Abdelhamid Mehri,<br />

sidente du Forum. C’est une<br />

sorte de « contre G8 ». Sikasso<br />

donnait ainsi la réplique à la<br />

ville allemande de<br />

Heiligendamm, abritant le<br />

sommet des riches quelques<br />

jours avant. <strong>Les</strong> débats se tiennent<br />

dans l’unique salle<br />

de spectacles de la ville :<br />

la salle Lamissa Bengaly.<br />

Altermondialistes, syndicalistes,<br />

paysans, ouvriers miniers,<br />

femmes sans emploi y ont<br />

entretenu une ambiance fiévreuse<br />

durant quatre jours. Ils<br />

venaient exposer simplement<br />

<strong>leurs</strong> problèmes. Leurs craintes<br />

à l’endroit d’une mondialisation<br />

effrénée qui menace leur<br />

petit équilibre agricole via la<br />

doctrine du « Tout-OGM ».<br />

Mme Barry Aminata Touré<br />

trônait en maîtresse de cérémonie<br />

à la tribune. Lorena,<br />

une ONGiste italienne, la<br />

trouve superbe dans son ample<br />

robe chamarrée et son écharpe<br />

de couleur jaune safran nouée<br />

autour de la tête. Dans les travées<br />

du Forum, des boubous<br />

grande figure maghrébine et<br />

ancien diplomate algérien. «La soi<br />

disant lutte contre le terrorisme a,<br />

d’ores et déjà, produit des fruits<br />

amers en matière de droits de<br />

l’homme et des peuples. Qu’en serat-il<br />

demain, lorsque cette croisade<br />

sera couverte, formellement, par<br />

l’aval des Etats africains ? »<br />

Cette défiance ouverte des<br />

opinions contraint les Etats<br />

africains à une approche très prudente.<br />

Le projet Africom ne suscite<br />

nulle part l’enthousiasme. La<br />

Libye est y opposée et l’a fait<br />

savoir. L’Algérie également en<br />

usant de formules diplomatiques<br />

pour signifier à la délégation<br />

nord-américaine que les mécanismes<br />

de sécurité collective, notamment<br />

le Conseil de Paix et de<br />

Sécurité, prévus dans le cadre de<br />

l’Union Africaine, sont les plus<br />

appropriés pour la prévention et<br />

la résolution des conflits. Au<br />

Maroc, une polémique entre le<br />

PJD (parti islamiste) et le gouvernement<br />

a montré que ce<br />

dernier n’est pas aussi enthousiaste<br />

qu’on l’a écrit pour accueillir<br />

la base de l’Africom.<br />

Ces réserves des Etats expliquent<br />

apparemment les nouvelles dispositions<br />

formulées pour une<br />

Africom moins « lourde» sans<br />

pour autant que cela entraîne un<br />

renoncement ni même un infléchissement<br />

réel des options américaines.<br />

L’Africom devrait être<br />

opérationnel en octobre 2008. <strong>Les</strong><br />

Africains ont un peu plus d’un an<br />

pour débattre du débarquement<br />

annoncé et ils ne pourront éviter<br />

de discuter de l’efficience de <strong>leurs</strong><br />

propres mécanismes.<br />

Un G8 dans les champs de coton<br />

A Sikasso, au Sud du Mali, pendant la réunion du G8, à l’appel du Forum Social Mondial, la contestation battait son plein.<br />

Sikasso, c’est surtout<br />

la capitale malienne<br />

du coton. Une ville<br />

paysanne.<br />

Ryan Henry (à gauche), sous-secrétaire d’état américain à la défense.<br />

La mission du<br />

commandement serait<br />

de créer un<br />

« environnement plus<br />

stable » pour la<br />

croissance politique<br />

et économique.<br />

côtoient allègrement des tshirt<br />

« militants » sur lesquels<br />

on peut lire : « Eradiquer le<br />

manque d’eau ». Car l’accès à<br />

l’eau potable est un véritable<br />

casse-tête au Mali. Mais le mot<br />

d’ordre de ralliement, ici, à<br />

Sikasso, c’est avant tout l’éradication<br />

des effets pervers des<br />

politiques néolibérales et leur<br />

« bras armé » : La Banque<br />

Mondiale et le FMI .<br />

Dounantié Dao, secrétaire général<br />

de CAD-Mali (une confédération<br />

d’associations maliennes)<br />

dira : « L'Afrique est devenue un<br />

champ d'expérimentation des<br />

politiques néo-libérales conçues<br />

ail<strong>leurs</strong> et exécutées par la<br />

Banque mondiale et le FMI »,<br />

avant de marteler : « La Banque<br />

mondiale est une banque impérialiste.<br />

Elle n'est en mesure de<br />

développer aucun pays ! » Dans<br />

la foulée, le « G8 », ce « directoire<br />

illégitime » comme il a été désigné,<br />

est descendu en flammes.<br />

« G8, tu profites de ma misère ! »<br />

entonne une banderole.<br />

Ce qui a amené ce « G8 des<br />

Mieux et pas cher<br />

Par Ihsane El Kadi<br />

Prendre son mal en patience. Le monde vient à l’Afrique. A<br />

nouveau. Mais son regard « concupiscent » a finalement<br />

peu changé. « Insertion primaire » : c’est encore la case<br />

prévue pour le continent noir dans la « nouvelle » division<br />

du travail que dessine la main, faussement invisible, de la<br />

mondialisation. <strong>Les</strong> Etats-Unis débarquent dans le Sahel<br />

où Al Qaïda tire un coup de feu tous les six mois. C’est bien<br />

la route du pétrole vers les ports qui est en jeu. Nicolas<br />

Sarkozy fait son premier pas présidentiel africain à Alger,<br />

au risque de fâcher Rabat : c’est encore de « tuyaux » à<br />

sécuriser qu’il s’agit. Avec l’idée, cette fois plus audacieuse,<br />

de « rapprocher » Sonatrach et Gaz de France. <strong>Les</strong> Chinois<br />

se ruent au Soudan ou en Zambie : les matières premières<br />

ne sont jamais loin des « forums d’affaires ». <strong>Les</strong> acteurs<br />

peuvent changer, les « spécialisations » obéissent au temps<br />

de Braudel. Mais comment se voient donc les Africains eux<br />

mêmes face à ce bug rampant de l’histoire ? A Accra,<br />

l’Union Africaine parle d’un gouvernement continental et<br />

d’un Etat fédéral africain. Pour changer de processeur.<br />

Chef de projet, Kadhafi. Certes, il ne faut pas s’arrêter à la<br />

première ligne du générique. Mais les Africains eux ne se<br />

voient pas vivre encore sous des dictatures illuminées. Ou<br />

pas. L’option gradualiste de la construction africaine est<br />

l’évidence. L’état de droit son moteur. Comme le charbon<br />

et l’acier ail<strong>leurs</strong>. Ne pas le voir « nuit à la santé des peuples<br />

» dit un slogan altermondialiste au contre G8 de<br />

Sissako au Mali, début juin. Pas de modernité sans contrepouvoirs.<br />

<strong>Les</strong> réformes de marché sont dures en soi.<br />

Lorsqu’elles prétendent à l’universalité pour elles, et pas<br />

pour les libertés et les droits humains, la dissertation<br />

devient alors insupportable sur « la spécificité culturelle »<br />

des peuples.<br />

Insertion primaire ? Il y’a bien sûr mieux. Et ce n’est pas<br />

plus cher. Mieux qu’un call center délocalisé, cet ingénieur<br />

Tunisien de « l’exil » qui fait partager le plan de charge de<br />

son bureau d’étude entre Bologne et Sousse. Ses associés<br />

italiens n’avaient pas idée de la ressource humaine locale.<br />

Ou mieux encore cette chaîne de montage automobile du<br />

Transvaal qui choisit sa sous-traitance chez de nouveaux<br />

petits équipementiers dans les pays voisins d’Afrique australe.<br />

La diaspora qui fait monter en gamme l’investissement<br />

« étranger », l’intégration africaine qui cherche l’atelier<br />

au village : les balises sont là d’un autre chemin vers le<br />

monde globalisé. D’autres encore existent. Moins lyriques<br />

qu’un serment de chefs d’Etat à Accra. Plus sûres. Mais si<br />

les Africains se savent beaucoup plus ingénieux que des<br />

extracteurs de minerais ou des poseurs de pipe-line, toutes<br />

les places financières du monde ne le voient pas encore<br />

ainsi. Aucune pour être précis. Le maquis de la dette africaine<br />

et de l’aide au développement barrent la vue. Bientôt,<br />

seulement à qui ne veut pas voir. Car une chose est perceptible<br />

partout. De Kinshasa à Nouakchott ou jusque dans le<br />

cénacle d’Accra. Diffuse ou claire. Quelque chose comme le<br />

prélude d’un tournant. Pour l’Afrique.<br />

Chaque mercredi<br />

en kiosques dès<br />

septembre 2007<br />

pauvres » à plébisciter<br />

l’idée de la création<br />

d’une banque du Sud.<br />

Hugo Chavez est passé<br />

par là. Essé Achille, un<br />

jeune économiste ivoirien,<br />

membre du Forum<br />

national Dette et<br />

Pauvreté en Cote d'Ivoire,<br />

y croit fermement, lui :<br />

« Je pense en que le projet<br />

d'une banque alternative<br />

est plus que réalisable. Il<br />

faut juste savoir replacer<br />

nos richesses. Après tout,<br />

c’est bien par le pillage<br />

de nos ressources que<br />

ces <strong>banques</strong> impérialistes<br />

s’enrichissent ». Sur son<br />

t-shirt, cette caricature<br />

d’une pub anti-tabac largement<br />

parodiée : « Instaurer<br />

des dictatures nuit gravement<br />

à l'Afrique ».


24<br />

L’AFRICAIN DE LA SEMAINE<br />

Lachemi Siagh :<br />

l’élan, le savoir et<br />

le labeur<br />

C’était à la Une des journaux algériens ce matin-là : la Deutsche Bank s’engage en Algérie. Dans ses<br />

locaux spartiates sur les hauteurs d’Alger, Lachemi Siagh a le succès tranquille. C’est pourtant lui qui a<br />

engagé la deuxième banque d’affaires du monde dans son pays. Ou, plus exactement, Stratégica, son<br />

cabinet d’ingénierie financière.<br />

Par Said Benmerad<br />

La veille, la Deutsche Bank<br />

annonçait que sa filiale<br />

algérienne, la Deutsche<br />

Securities Algeria, prenait<br />

51 % dans le capital de<br />

Stratégica, devenue ainsi<br />

une filiale de la prestigieuse<br />

banque allemande. Lachemi<br />

Siagh est fier de son coup<br />

d’éclat. Sans débordement<br />

toutefois, comme si le plus<br />

difficile restait à faire. Mais<br />

d’où provient cette sérénité<br />

qu’il dégage même en<br />

pareille circonstance ? Sans<br />

conteste, de la « culture<br />

intense » de son terroir,<br />

Touggourt, et de la fréquentation<br />

des « environnements<br />

tâches » à travers le monde.<br />

« Culture intense » et « environnements<br />

tâches » : deux<br />

des concepts qui ont fait sa<br />

première notoriété. Car<br />

avant de cueillir les fruits de<br />

son management algérien de<br />

conseil financier, Lachemi<br />

Siagh a bien réfléchi sur son<br />

univers.<br />

Dans son livre « L’islam et le<br />

monde des affaires : argent,<br />

éthique et gouvernance »<br />

(Editions d’Organisation,<br />

Paris, 2003), il montre comment<br />

l'environnement<br />

intangible (croyances, idéologie…)<br />

agit sur la forme<br />

des organisations et sur leur<br />

mode de gouvernance,<br />

Né à Touggourt (Sud-est algérien)<br />

en juin 1948, Lachemi Siagh y fait<br />

ses études primaires et secondaires.<br />

Il porte en lui une identité fortement<br />

métissée, enracinée dans<br />

les apports culturels berbères,<br />

zénètes, arabes et africains, ainsi<br />

qu’une propension à évoluer en<br />

symbiose avec l’environnement,<br />

dans le respect de la nature et des<br />

hommes avec lesquels il ne conçoit<br />

d’autres rapports que ceux fondés<br />

sur l’éthique.<br />

Ses débuts, il les fait à la SNS,<br />

Société nationale de sidérurgie, un<br />

des fleurons de l’industrie algérienne<br />

des années 70. Dans les<br />

stratégies de développement de<br />

l’époque, les industries lourdes<br />

devaient, via la planification et la<br />

nationalisation des entreprises,<br />

faire sortir l’Algérie de sa spécialisation<br />

primaire coloniale. Ces stratégies<br />

de développement, Lachemi<br />

Siagh a participé à les mettre en<br />

place, en tant que conseiller spécial<br />

de Mohamed Liassine, DG de la<br />

SNS, devenu ministre de l'Industrie<br />

lourde en 1977. Ce qu’il garde de<br />

façonnant ainsi une conception<br />

des affaires. Il y décrit<br />

également le système de la «<br />

double gouvernance » et le<br />

rôle tenu par le manager,<br />

celui de trouver un équilibre<br />

entre l’« environnement<br />

tâche », les biens, les services,<br />

le matériel…, d’un côté,<br />

et l’« environnement intangible<br />

», les croyances, la réa-<br />

« J’ai eu affaire à des<br />

jeunes diplômés en<br />

sciences financières<br />

qui ne faisaient pas la<br />

différence entre une<br />

obligation et<br />

une action ! »<br />

lité spirituelle…, de l’autre.<br />

C’est dans cette perspective<br />

éthique qu’il semble s’inscrire<br />

et c’est ce qui est peutêtre<br />

la source cachée de sa<br />

position austère devant les<br />

succès de Stratégica.<br />

Retour en Algérie : Good<br />

bye Lénine<br />

Au début des années 2000,<br />

Lachemi Siagh revient s’installer<br />

en Algérie qu’il a quittée<br />

vingt ans plus tôt. Une<br />

envie pressante depuis quelques<br />

années. <strong>Les</strong> affres de la<br />

violence s’estompent, les<br />

exigences ordinaires sont de<br />

cette période, après les revers des<br />

années 80, c’est la priorité qu’il<br />

accorde aux politiques d’appropriation<br />

du savoir : « <strong>Les</strong> pays qui réussissent<br />

sont ceux qui n’ont jamais<br />

renoncé à tout investir sur la qualité<br />

de la ressource humaine. »<br />

Sa carrière bifurque une première<br />

fois quand il quitte l’Algérie au<br />

début des années 80. Le spécialiste<br />

Il porte en lui une<br />

identité fortement<br />

métissée, enracinée<br />

dans les apports<br />

culturels berbères,<br />

zénètes, arabes<br />

et africains.<br />

du développement industriel<br />

ajoute des cordes à son arc : gestion<br />

de contrats, promotion des<br />

investissements, montage de<br />

financements… Lachemi Siagh<br />

navigue, au fil de ses escales en<br />

Afrique du Nord, au Moyen-Orient<br />

retour. L’objectif qu’il s’est<br />

fixé est de mettre au service<br />

de son pays « l’expérience<br />

chèrement acquise dans les<br />

contrées lointaines », afin de<br />

lui donner « un système<br />

financier performant ». Mais<br />

voilà, le pays s’éveille à<br />

peine du monopole public<br />

du secteur bancaire, « un<br />

simple guichet de paiement<br />

» de l’avis général. Le secteur<br />

financier ressemble un<br />

peu à ce personnage de<br />

Good bye Lenine, ce comateux<br />

de l’ère soviétique qui<br />

se réveille dans un nouveau<br />

pays, où il est le seul à ne<br />

pas avoir changé.<br />

A son arrivée en Algérie,<br />

Lachemi Siagh est frappé<br />

par certaines insuffisances<br />

criantes : « Il n’y a pas de<br />

culture financière moderne.<br />

<strong>Les</strong> <strong>banques</strong> sont déconnectées<br />

de ce qui se fait dans le<br />

monde. La ressource humaine<br />

est mal formée. J’ai eu affaire<br />

à des jeunes diplômés en<br />

sciences financières qui ne<br />

faisaient pas la différence<br />

entre une obligation et une<br />

action ! » La transparence<br />

des bilans, l’information<br />

financière fiable, le recours<br />

au marché financier : tout se<br />

décline en prière de l’absent.<br />

Il faut donc tout faire.<br />

C’est pour combler ces lacunes<br />

qu’il échafaude trois<br />

réponses. Elles s’avèrent<br />

payantes et le placent en<br />

position de pionnier.<br />

Formation et information<br />

Il publie « Stratégica<br />

Business & Finance » qu’il<br />

conçoit comme un outil de<br />

diffusion de la culture de la<br />

transparence et qui en est à<br />

son trente-troisième<br />

numéro. Il fonde l’Institut<br />

algérien des hautes études<br />

financières, avec le soutien<br />

des <strong>banques</strong> publiques, des<br />

assurances et de Sonatrach,<br />

pour pallier le manque de<br />

cadres qualifiés dans la<br />

finance moderne.<br />

Marché obligataire<br />

Sa grande réussite est le<br />

cabinet de conseil Stratégica<br />

qui, au bout de quatre<br />

années et demie, a contribué<br />

La banque en milieu de « culture intense »<br />

et au Canada, vers l’océan des<br />

capitaux et <strong>leurs</strong> grands flux.<br />

C’est une pause, qu’il prend après<br />

un long intermède de fonctionnaire<br />

international, qui lui permettra de<br />

« muscler » par la théorie son capital<br />

expérience. Lachemi Siagh<br />

cumule déjà l’exercice de postes à<br />

Tunis et à Bagdad comme assistant<br />

spécial du Secrétaire général de<br />

l’Organisation arabe pour le développement<br />

industriel (AIDO) ou de<br />

celui de la division des investissements<br />

étrangers et de la garantie<br />

des prêts pour l’IAIGC, une institution<br />

financière multilatérale. Il<br />

s’inscrit dans la prestigieuse Ecole<br />

des hautes études commerciales de<br />

Montréal (HEC) et en sort avec un<br />

diplôme en sciences administratives,<br />

une maîtrise en administration<br />

des affaires et un doctorat en<br />

management stratégique portant<br />

sur le fonctionnement des organisations<br />

dans les « milieux de culture<br />

intense ». Son intérêt pour la<br />

finance va faire de lui le premier<br />

chercheur à traiter de la « finance<br />

islamique » en Amérique du Nord.<br />

De prestigieux prétendants à la<br />

porte de Stratégica<br />

Lachemi Siagh est à nouveau dans<br />

les pays du Golfe. Durant dix ans il<br />

va apprivoiser la trépidante globalisation<br />

financière. De 1988 à 1995<br />

à Ottawa, comme responsable de la<br />

zone Moyen-Orient pour le compte<br />

d’Exportation et développement<br />

Canada (EDC) qui est l’Agence officielle<br />

d’assurance crédit du Canada.<br />

Puis à Abu Dhabi, aux Émirats arabes<br />

unis, comme directeur du<br />

Programme de financement du<br />

commerce arabe (ATFP), une institution<br />

financière multilatérale,<br />

filiale du Fonds monétaire arabe.<br />

En 1998, premier virage vers<br />

l’Algérie. Prudemment : « La<br />

Méditerranée me manquait. Je me<br />

suis installé à Beyrouth. Mon premier<br />

client, la Caisse de dépôt et<br />

placement du Québec, le plus grand<br />

gestionnaire de fonds au Canada,<br />

voulait sortir de ses frontières et<br />

faire des affaires dans les pays<br />

émergents. »<br />

Son second client est SNC-Lavalin ;<br />

En trois années, sept<br />

grandes sociétés<br />

publiques et deux<br />

privées ont emprunté<br />

plus de deux milliards<br />

de dollars sur<br />

le marché local.<br />

à la création d’un marché<br />

financier en Algérie, notamment<br />

par l’accompagnement<br />

de grandes entreprises (Air<br />

Algérie, Sonatrach,<br />

Sonelgaz, Cevital, Algérie<br />

Télécom…) dans l’émission<br />

de titres. En trois an, sept<br />

grandes sociétés publiques<br />

et deux privées ont<br />

emprunté plus de deux milliards<br />

de dollars sur le marché<br />

local, ce qui était, quelques<br />

années plus tôt, du<br />

domaine de l’inimaginable.<br />

Alliance stratégique<br />

Victime de son succès,<br />

Stratégica est au confluent<br />

d’une série de changements<br />

qui, pour Lachemi Siagh,<br />

sont une grande chance<br />

pour demain. Son alliance<br />

avec la Deutsche Bank<br />

la plus grande société d’ingénierie<br />

du Canada le mène<br />

à Paris. Deuxième mouvement d’approche.<br />

Lachemi Siagh tourne désormais<br />

autour de l’Algérie. Il est<br />

vice-président financement de projets.<br />

Il s’occupe de l’ingénierie<br />

financière et de montages de<br />

financements de types commerciaux,<br />

BOT, BOOT, concessions... Il<br />

est le trait d’union entre SNC-<br />

« <strong>Les</strong> pays qui<br />

réussissent sont ceux<br />

qui n’ont jamais<br />

renoncé à tout<br />

investir sur la qualité<br />

de la ressource<br />

humaine. »<br />

Lavalin Capital et les sources de<br />

financements de la région Afrique<br />

du Nord et Moyen-Orient.<br />

En tant qu’expert international, il<br />

réalise plusieurs mandats de<br />

conseil pour le compte d’institutions<br />

multilatérales, au Canada, au<br />

<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />

Lachemi Siagh<br />

(1 200 milliards d’euros<br />

d’actifs) l’habilite à être<br />

partie prenante d’une banque<br />

d’affaires de premier<br />

plan pour saisir des autres<br />

opportunités d’affaires<br />

qu’offre l’Algérie.<br />

Avec ce prestigieux partenariat<br />

c’est une autre étape qui<br />

débute pour Lachemi Siagh.<br />

Mais cela ne paraît pas l’intriguer<br />

tant il semble habité<br />

par ces vers du « Prophète »<br />

de Khalil Gibran, qu’il cite<br />

en exergue de sa thèse de<br />

PHD :<br />

« La vie est ténèbres si elle<br />

n'est pas animée par un<br />

élan,<br />

Et tout élan est aveugle s'il<br />

n'est pas guidé par le savoir,<br />

Et tout savoir est vain s'il<br />

n'est pas accompagné de<br />

labeur,<br />

Et tout labeur est futile s'il<br />

n'est pas accompli avec<br />

amour,<br />

Et quand vous travaillez<br />

avec amour, vous resserrez<br />

vos liens avec vous-même,<br />

avec autrui, et avec Dieu. »<br />

Yémen, au Soudan, au Liban et en<br />

Arabie saoudite. Et le revoilà donc<br />

immanquablement en Algérie.<br />

Lachemi Siagh y prend en charge,<br />

avec un groupe d’experts internationaux,<br />

deux dossiers importants :<br />

la gestion de la dette de l’Etat et la<br />

réforme financière auprès de la<br />

Direction générale du Trésor.<br />

Très vite, le courant passe bien<br />

entre lui et le ministre des<br />

Finances, Abdelatif Benachenhou,<br />

un fidèle du président Boutéflika.<br />

<strong>Les</strong> deux parlent le même langage :<br />

« <strong>Les</strong> entreprises algériennes ont<br />

pris l’habitude de se financer à<br />

l’étranger, avec la garantie de<br />

l’Etat, ou auprès du Trésor. Elles<br />

devaient apprendre à ne plus<br />

compter sur l’Etat et à lever des<br />

fonds sur les marchés des capitaux<br />

en Algérie. » <strong>Les</strong> emprunts obligataires<br />

ont permis en cumulé la<br />

levée de plus de 2 milliards de dollars<br />

en trois ans. Ils vont rendre<br />

visible Stratégica. Et amener de<br />

nombreux prétendants prestigieux<br />

à sa porte !

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