Les banques marocaines devancent leurs consœurs maghrébines
Les banques marocaines devancent leurs consœurs maghrébines
Les banques marocaines devancent leurs consœurs maghrébines
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Chaque mercredi en kiosques<br />
dès septembre 2007<br />
MESSAGE<br />
AUX LECTEURS<br />
Voici la première ébauche de ce<br />
qui deviendra, au fil des semaines,<br />
à partir de septembre 2007,<br />
le premier journal financier<br />
africain. Egalement le premier<br />
hebdomadaire panafricain<br />
rédigé par des journalistes basés<br />
en Afrique. Toutes vos<br />
remarques ou propositions<br />
sont bienvenues à l’adresse<br />
direction@lesafriques.com.<br />
Lire le message des fondateurs<br />
en Page 8<br />
BOURSE<br />
<strong>Les</strong> Bourses africaines performent.<br />
L’AI 40, l’indice qui rassemble<br />
les 40 va<strong>leurs</strong> les plus<br />
importantes du continent, est<br />
passé en un an de 110 à 158, soit<br />
un gain supérieur à 40 %.<br />
Détails en page 10<br />
BANQUES<br />
ET ASSURANCES<br />
Privatisation du CPA en Algérie,<br />
tentatives de prise de contrôle<br />
du groupe Eco Bank, ouverture<br />
de la banque Atlantique à des<br />
partenaires : les <strong>banques</strong> africaines<br />
sont l’objet de toutes les<br />
attentions. Pages 5 et 7<br />
La Tunisie, en février 2007, et<br />
le Maroc, un mois plus tard,<br />
ont ouvert <strong>leurs</strong> réglementations<br />
bancaires aux produits<br />
islamiques. <strong>Les</strong> premières formules<br />
halal arrivent sur le<br />
marché au courant de ce mois<br />
de juillet. Page 11<br />
Première assurance vie abordable<br />
pour les séropositifs. La<br />
compagnie sud-africaine AllLife<br />
propose des produits d’assurance-vie<br />
à destination spécifique<br />
des malades du sida.<br />
Page 7<br />
INVESTISSEMENT<br />
Réalisé par <strong>Les</strong> Afriques sur la<br />
base des rapports de la Banque<br />
mondiale, du PNUD, de la<br />
CNUCED, du WEF et des notes<br />
de synthèse de Standard &<br />
Poor’s, le classement des dix<br />
économies les plus performantes<br />
d’Afrique. Page 12<br />
<strong>Les</strong> Emirats lancent une grande<br />
offensive sur les ports africains.<br />
Ils viennent de remporter Dakar<br />
et sont en passe de gérer Alger.<br />
Leur stratégie en page 15<br />
<strong>Les</strong> pays émergents investissent<br />
à leur tour en Afrique.<br />
L’offensive de la Chine est spectaculaire.<br />
Mais il faut également<br />
compter avec l’Inde, l’Afrique<br />
du Sud ou les Etats du Golfe…<br />
Tour d’horizon en page 15<br />
ECONOMIE<br />
En 2050, les Africains constitueront<br />
22% de la population<br />
mondiale active. Une étude réalisée<br />
par la Société Générale<br />
remet en question les politiques<br />
européennes d’immigration,<br />
présentée en page 21<br />
Diasporas. L’économie française<br />
tarde à s’adapter à sa nouvelle<br />
population pluriculturelle. <strong>Les</strong><br />
besoins spécifiques des consommateurs<br />
afro-européens sont<br />
encore ignorés. Page 20<br />
POLITIQUE<br />
Africom, le projet de renforcement<br />
de la présence militaire<br />
américaine en Afrique rencontre<br />
une grande perplexité sur le<br />
continent. Page 23<br />
Le journal de la finance africaine. Paraît le mercredi<br />
N o 1: Juillet - Août 2007 www.lesafriques.com<br />
<strong>Les</strong> <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />
<strong>devancent</strong> <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />
<strong>maghrébines</strong><br />
Par l’intégration des nouveaux métiers de la banque et, surtout, par le<br />
développement à l’international, les Marocaines prennent une longueur<br />
d’avance. <strong>Les</strong> Tunisiennes et les Algériennes jouent pour l’heure la carte<br />
nationale.<br />
Avec un total bilan de 20,16 milliards<br />
de dollars, la marocaine<br />
Attijariwafa Bank, vient au premier<br />
rang des <strong>banques</strong> <strong>maghrébines</strong>.<br />
L’année 2006, deuxième<br />
exercice post fusion, a vu l’institution<br />
faire progresser son produit<br />
net bancaire de 19,9 % par<br />
rapport à 2005, le hissant à 6,76<br />
milliards de dirhams. Celui-ci<br />
repose certes sur les composantes<br />
classiques que sont la marge<br />
d’intérêts (4,28 milliards de dirhams,<br />
en progression de 6,3 %),<br />
la marge sur commission (1, 35<br />
milliard, en hausse de 46,7 %),<br />
mais connaît aussi le développement<br />
rapide d’une troisième<br />
composante : le produit des<br />
opérations de marché. Ce nouveau<br />
pôle a rapporté à la première<br />
banque marocaine 740<br />
millions de dirhams, en augmentation<br />
de 87,1 %.<br />
C’est là, sur les salles de marché,<br />
que les <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />
ont pris le plus d’avance<br />
par rapport à <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />
des autres pays du Maghreb.<br />
Chez BMCE aussi, les opérations<br />
de marché sont en très<br />
forte progression (84%), soit<br />
une contribution de 22% à la<br />
formation du PNB (16,3%).<br />
Même ordre de croissance de<br />
cette rubrique « Marchés » portée<br />
à 325 millions de dirhams<br />
(+63 %) chez la BCP, filiale<br />
cotée du Groupe Banque<br />
Populaire, troisième banque<br />
dans notre classement. Ce<br />
niveau d’ingéniosité financière<br />
constitue avec le développement<br />
à l’international, les<br />
caractéristiques des <strong>banques</strong><br />
<strong>marocaines</strong>, engagées dans la<br />
recherche de nouveaux relais de<br />
croissance. Lire en page 5.<br />
Côte d’Ivoire :<br />
l’éléphant est de retour<br />
L’économie avait décidément hâte de reprendre ses droits en Côte d’Ivoire.<br />
Il a suffi d’un espoir de paix pour que s’annonce le retour de l’éléphant<br />
d’Afrique.<br />
En route pour la paix, la Côte d’Ivoire joue une<br />
grande partie de son avenir ce mois de juillet à<br />
Washington. Le conseil d’administration du<br />
Fonds monétaire international va étudier les<br />
programmes financiers ivoiriens pour 2007 et<br />
d'Assistance d'urgence post-conflit (AUPC).<br />
Certes, les consultations électorales programmées<br />
pour le premier trimestre de l’année prochaine<br />
demeurent le préalable à tout, mais, la<br />
relance de l’économie concourra à la paix. Le<br />
pays aura besoin d’importantes ressources<br />
pour se reconstruire et relancer une économie<br />
qui a fait preuve, il est vrai, d’une remarquable<br />
vitalité avec un taux de croissance de 1,2% en<br />
2006 après 1,8 % en 2005 malgré la crise politico-militaire<br />
qui a abouti à la division du pays<br />
depuis septembre 2002.<br />
Lire en page 3.<br />
Franc CFA, craintes de dévaluation<br />
Omar Bongo Odimba<br />
Dans la crainte d’une nouvelle chute du franc<br />
CFA, à défaut de pouvoir fuir massivement vers<br />
des placements sécurisés, l’épargne s’investit,<br />
localement, de plus en plus dans des secteurs à<br />
faible risque comme l’immobilier qui connaît<br />
un boum extraordinaire. Certaines institutions<br />
internationales basées dans la zone n’ont plus<br />
de comptes locaux qu’en euro. Au début du<br />
mois de mai, le président Abdoulaye Wade du<br />
Classement des Banque Maghreb<br />
Banques Total Bilan Crédits Dépôts PNB Résultat net<br />
En millions de dollars (au cours moyen du mois de<br />
mars 2007). Maroc : 1 dollar = 8, 25. Tunisie :<br />
1 dollar = 1,30 dinars tunisien. Algérie : 1 dollar =<br />
68,157 dinars algériens. En raison de la non disponibilité<br />
de tous les éléments des <strong>banques</strong> algériennes,<br />
généralement publiques et non tenues aux<br />
mêmes règles de diffusion d’informations que les<br />
entreprises cotées, nous dressons ce classement sur<br />
la base du critère Total Bilan, retraité au cours du dollar<br />
durant le mois de mars 2007.<br />
Le quartier d’affaires de Casablanca<br />
Attijariwafa Bank (Maroc) 20 165 10 259 16 236 819,0 245,0<br />
Banque Extérieure d’Algérie 16 032 34,0<br />
BMCE (Maroc) 9 418 4 627 7 922 354,5 89,9<br />
BCP 9 078 799 590 108,6 70,0<br />
BADR 7 310<br />
Sté Tunisienne de Banque (STB) 6 119 4 774 3 974,5 2 37,5 28,0<br />
Banque Nat. Agricole (Tunisia) 5 839 4 350 4 291,3 229,0 22,0<br />
Banque de l’Habitat (Tunisie) 4 842,5 3 714 3028 189,0 48,7<br />
Lachemi Siagh<br />
Un retour au pays qui profite grandement<br />
à l’Algérie.<br />
Après un brillant parcours<br />
dans la finance internationale,<br />
il revient en Algérie en 2000<br />
pour contribuer à moderniser<br />
le secteur financier de son<br />
pays. En quelques années, il<br />
met sur pied un marché obligataire<br />
qui permet aux entreprises<br />
algériennes de lever<br />
plus de deux milliards de dollars<br />
sur l’épargne locale. Et<br />
aujourd’hui, il introduit la<br />
Deutsche Bank à Alger en lui<br />
cédant 51% de son cabinet de<br />
conseil Strategica.<br />
Lire en page 24.<br />
Quinze ans après la brutale dévaluation de 1994, une rumeur s’amplifie<br />
« Bercy préparerait une nouvelle dévaluation ».<br />
Sénégal, est revenu à la charge pour démentir<br />
cette rumeur persistante. Quant au président<br />
du Gabon, Omar Bongo Odimba, il avertit<br />
pour sa part :« Il faut être clair, si par malheur<br />
une autre dévaluation du CFA devait intervenir,<br />
je ferais tout pour que l’Afrique centrale et<br />
l’Afrique de l’Ouest abandonnent le franc CFA et<br />
créent leur propre monnaie ».<br />
Lire le dossier en page 19<br />
Afrique CFA 1500 F CFA. - Algérie 110 DA. - Belgique 1,9 a..- Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT.<br />
Lachemi Siagh
2<br />
CONDENSÉ<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet / août 2007
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 ACTUALITÉ<br />
3<br />
Programme d’urgence<br />
en Côte d’Ivoire<br />
<strong>Les</strong> enjeux sont énormes. Ils sont d’abord financiers. Et le programme d’urgence, évalué à 400 millions de dollars, pose ses conditions.<br />
Par Chérif Elvalide Seye<br />
Pour sa part, le Document de<br />
stratégie de réduction de la<br />
pauvreté intérimaire, adopté<br />
en janvier 2002, évaluait les<br />
dépenses publiques hors<br />
salaires à une moyenne<br />
annuelle de 400 milliards de<br />
CFA.<br />
Le poids de la dette ivoirienne<br />
participe également des<br />
enjeux d’un accord avec<br />
Bretton Woods. En mai dernier<br />
la dette était évaluée par<br />
le Fonds monétaire international<br />
à 102,2 milliards d’euros<br />
en 2007, dont 3,54 milliards<br />
d’euros d'arriérés vis-àvis<br />
des bail<strong>leurs</strong> de fonds. Son<br />
effacement, dans le cadre des<br />
pays pauvres très endettés,<br />
soulagerait donc grandement<br />
le pays qui fait partie des 42<br />
nations éligibles au pro-<br />
Le café et le cacao<br />
ont toujours<br />
constitué des<br />
pommes de discordes<br />
entre les institutions<br />
de Bretton Woods<br />
et la Côte d’Ivoire.<br />
gramme des pays pauvres très<br />
endettés, adopté par les<br />
ministres des Finances du G8<br />
le 11 juin 2005.<br />
Dans une déclaration faite le<br />
29 mai dernier, à la suite d’une<br />
mission de deux jours à<br />
Abidjan, le directeur du<br />
département Afrique du FMI,<br />
M. Abdoulaye Bio-Tchané,<br />
soulignait, en langage diplomatique<br />
les conditions d’un<br />
accord avec les bail<strong>leurs</strong> : «Au<br />
cœur des politiques économiques<br />
discutées avec les autorités<br />
ivoiriennes on trouve la rigueur<br />
et la transparence dans la gestion<br />
des finances publiques… »<br />
<strong>Les</strong> conditions posées par les<br />
institutions de Bretton Woods<br />
sont plus abruptement énoncées<br />
dans la lettre adressée le<br />
22 février dernier par M.<br />
James P. Bond, directeur des<br />
opérations pour la Côte<br />
d’Ivoire de la Banque mondiale,<br />
au Premier ministre de<br />
l’époque, Charles Konan<br />
Banny « sur les mesures de<br />
Par Ihsane El Kadi<br />
Ce n’est pas un hasard, dans le<br />
contexte actuel de compétition<br />
portuaire de l’Afrique de<br />
l’Ouest : le projet vitrine de la<br />
réconciliation ivoirienne est un<br />
terminal à containers, celui de<br />
l’île de Boulay, dans la lagune<br />
d’Abidjan. Un projet audacieux<br />
couplé à un autopont que le<br />
gouvernement va réaliser et<br />
qui, en arrière de la nouvelle<br />
aire portuaire, ouvre à l’aménagement<br />
une zone d’activité de<br />
plusieurs milliers d’hectares.<br />
Trop à l’étroit<br />
Le clip promotionnel du nouveau<br />
terminal, qui passe à la<br />
télévision ivoirienne avec des<br />
réformes structurelles dans les<br />
secteurs de l’énergie et du<br />
café/cacao ».<br />
Pommes de discordes<br />
Le café et le cacao ont toujours<br />
constitué des pommes<br />
de discordes entre les institutions<br />
de Bretton Woods et la<br />
Côte d’Ivoire. Déjà, pour être<br />
éligible à l’initiative pays pauvres<br />
très endettés, la Côte<br />
d’Ivoire avait dû s’engager à la<br />
libéralisation complète du<br />
secteur du café pour la récolte<br />
1998-99.<br />
Cette libéralisation n’a pas<br />
encore répondu à l’attente de<br />
la Banque. Dans son courrier,<br />
M. Bond souligne qu’à la<br />
CAISATAB, « s’est substitué un<br />
système composé d’institutions<br />
multiples, moins transparentes,<br />
aux responsabilités mal<br />
définies, ayant des statuts<br />
conformes ni avec l’OHADA ni<br />
avec la loi ivoirienne…». Ce<br />
système, note le courrier de la<br />
Banque mondiale, « est quatre<br />
fois plus élevé que celui de<br />
l’ancienne CAISTAB. [et] le<br />
producteur touche actuellement<br />
à peu près 30-35 %<br />
du prix fob (contre 90 % en<br />
Indonésie et 70 % au Ghana)».<br />
Le secteur de l’énergie pose<br />
également problème. En particulier,<br />
les recettes et leur<br />
utilisation demeurent inconnues<br />
des partenaires de coopération.<br />
<strong>Les</strong> audits convenus<br />
lors de la mission conjointe<br />
de la Banque mondiale et du<br />
Fonds monétaire international<br />
du 2 au 16 mai 2006, ont<br />
été impossibles en raison du<br />
refus des ministères des<br />
Mines et de l’Energie et de<br />
l’Economie et des Finances,<br />
des responsables de la<br />
PETROCI et de la Compagnie<br />
ivoirienne d’électricité de<br />
fournir les informations pertinentes.<br />
L’effort de guerre<br />
<strong>Les</strong> exigences de la Banque<br />
mondiale ne sont pas faciles à<br />
satisfaire. La nébuleuse des<br />
transactions financières sur<br />
les matières premières reste<br />
une vieille et tenace réalité<br />
dans la plupart des pays africains.<br />
« En Côte d’Ivoire, soulignait<br />
Anna Bedknik, chercheuse<br />
à l’université de Paris-<br />
VIII, dans Le Monde diploma-<br />
Abidjan, un « Rotterdam<br />
africain » pour sceller la paix<br />
Le grand projet ivoirien de terminal à containers a le feu vert du pouvoir, de l’ex- rébellion et de<br />
l’opposition. Un montage en BOT en assurerait le financement<br />
allures de pré-campagne électorale<br />
de Laurent Gbagbo, parle<br />
tout simplement d’un<br />
« Rotterdam africain ». <strong>Les</strong> études<br />
de faisabilité et de rentabilité<br />
ont donné le feu vert. L’exrébellion<br />
et l’opposition aussi.<br />
Il fallait se mettre d’accord sur<br />
le nom d’un promoteur. C’est<br />
Pierre Fakhouri, l’architecte<br />
ivoirien qui a construit la basilique<br />
de Yamoussoukro, qui a<br />
hérité du projet. Il a continué à<br />
travailler en Côte d’Ivoire lorsque<br />
ceux qui étaient plus<br />
importants que lui sont partis.<br />
En conséquence, il peut, de son<br />
bureau parisien, téléphoner à<br />
Guillaume Sorro, Alassane<br />
Ouattara ou Henry Konan<br />
Béidé pour régler un détail<br />
tique de juillet 2006, le cacao<br />
alimente un système clientéliste<br />
“éclairé” où la rente profite<br />
au plus grand nombre et<br />
fait partie intégrante du<br />
<strong>Les</strong> hommes<br />
d’affaires ont déjà<br />
senti le vent tourner.<br />
“ miracle ivoirien ” des vingt<br />
premières années de l’indépendance.<br />
En effet, en plus de<br />
financer les principales infrastructures<br />
du pays, l’argent du<br />
cacao est largement distribué<br />
selon des règles tacites d’équilibre<br />
politique, catégoriel, régional<br />
et ethnique. <strong>Les</strong> partisans<br />
du parti unique sont récompensés,<br />
les opposants encouragés<br />
à calmer <strong>leurs</strong> ardeurs, les<br />
tensions naissantes contrôlées<br />
dès leur apparition. »<br />
Le président Gbagbo, après<br />
avoir longtemps ferraillé<br />
contre ce système, y a trouvé<br />
dans l’avancée de son projet,<br />
même si c’est le président qui<br />
l’a choisi pour lancer le terminal<br />
à conteneurs de l’île de<br />
Boulay. Le port d’Abidjan n’a<br />
pas beaucoup souffert de la<br />
L’actuel terminal de<br />
Vridi ne peut plus<br />
accompagner la<br />
croissance qui<br />
s’accélère. <strong>Les</strong> grands<br />
porte-conteneurs<br />
de plus de 4 000<br />
boîtes n’y entrent pas<br />
guerre civile. Son tonnage, parti<br />
de 14,2 millions de tonnes en<br />
2001, a fléchi une seule fois en<br />
Le pays aura besoin d’importantes ressources pour se reconstruire.<br />
les ressources nécessaires à<br />
l’effort de guerre. L’Ong<br />
« Global Witness », dans un<br />
rapport de juin dernier intitulé<br />
« Chocolat chaud : comment<br />
le cacao a alimenté le<br />
conflit en Côte d’Ivoire » les<br />
estime à 58 millions de dollars.<br />
Dos au mur<br />
Mais la Côte d’Ivoire n’a<br />
guère le choix. Pays phare de<br />
l’Afrique de l’Ouest, elle ne<br />
demande qu’à reprendre la<br />
place que lui confèrent ses<br />
énormes potentialités. Premier<br />
producteur mondial de cacao<br />
avec 40 % du total, 5 è pour le<br />
café et 3 è pour les noix de<br />
coco, sans compter la banane,<br />
l’ananas, le coton, le caoutchouc,<br />
l’huile de palme, le<br />
bois et le pétrole devenu, en<br />
2006, avec mille milliards de<br />
CFA, la première ressource<br />
financière devant le cacao. Le<br />
port d’Abidjan est le deuxième<br />
de l’Afrique subsaharienne et<br />
les infrastructures ivoiriennes<br />
2003 à 14 millions de tonnes,<br />
pour se redresser en 2004 (16<br />
millions de tonnes) et en 2005<br />
(17 millions). Mais l’actuel terminal<br />
de Vridi ne peut plus<br />
accompagner la croissance qui<br />
s’accélère. <strong>Les</strong> grands porteconteneurs<br />
de plus de 4 000<br />
boîtes n’y entrent pas. Pas assez<br />
de tirant d’eau à quai. L’activité<br />
la plus prometteuse, celle du<br />
transbordement des grands<br />
vers les petits porte-conteneurs,<br />
a déjà commencé à migrer vers<br />
d’autres ports d’Afrique de<br />
l’Ouest.<br />
Rassurer les gros armateurs<br />
<strong>Les</strong> écueils sont légions devant<br />
le « bijou » de la réconciliation<br />
ivoirienne : tout d’abord le ris-<br />
de transport et de télécommunications<br />
sont parmi les<br />
meilleures du continent. Le<br />
potentiel économique est<br />
encore là pour que l’éléphant<br />
La reprise de<br />
l’économie aura lieu<br />
parce que beaucoup<br />
y ont intérêt, dans<br />
le pays et ail<strong>leurs</strong>.<br />
de l’Union économique et<br />
monétaire ouest-africaine,<br />
représentant à lui seul 40 %<br />
de l’économie régionale et<br />
36 % de la masse monétaire,<br />
se redresse. <strong>Les</strong> hommes<br />
d’affaires ont déjà senti le<br />
vent tourner.<br />
<strong>Les</strong> entreprises françaises qui<br />
fournissaient, avant la crise, la<br />
moitié des recettes fiscales,<br />
ont dépêché une délégation<br />
du Mouvement des entreprises<br />
de France (Medef),<br />
que politique qui peut, avec<br />
l’échéance des élections présidentielles,<br />
« tout compliquer »,<br />
ensuite les investissements<br />
corollaires ; il y a également<br />
l’autopont bien sûr, mais aussi<br />
le dragage – sur des fonds<br />
publics aussi - du canal de Vridi<br />
pour gagner deux ou trois<br />
mètres de tirant d’eau indispensables<br />
au passage des gros<br />
tonnages visés, et encore le long<br />
processus d’indemnisation –<br />
« le déguerpissement », comme<br />
on dit là-bas - des villages de<br />
pêcheurs qui occupent l’île.<br />
Mais surtout, c’est l’économie<br />
générale du projet qui pour<br />
l’heure manque de visibilité. Il<br />
faudra sans doute autour de<br />
120 millions d’euros pour livrer<br />
conduite par Michel Roussin<br />
et Patrick Lucas, à la mi-avril<br />
à Abidjan. Signe de confiance,<br />
le groupe libanais Comium a<br />
acquis en mai dernier la quatrième<br />
licence d'exploitation<br />
de téléphonie mobile pour 40<br />
milliards de FCFA (6,1 millions<br />
d’euros).<br />
Pour la paix, le processus a dû<br />
attendre l’épuisement de toutes<br />
les possibilités pour trouver<br />
sa voie. La reprise de<br />
l’économie aura lieu parce<br />
que beaucoup y ont intérêt,<br />
dans le pays et ail<strong>leurs</strong>, et que<br />
le précipice n’est plus loin.<br />
Aussi, les conditionnalités<br />
imposées - remboursement<br />
des arriérés de la dette, fourniture<br />
des informations sur<br />
les filières énergétiques- ontelles<br />
commencé à être satisfaites.<br />
Le pactole escompté<br />
vaut bien quelques sacrifices.<br />
les 600 premiers mètres de quai<br />
au démarrage en 2012 – il en est<br />
prévu 1 500 mètres.<br />
Pierre Fakhouri, assuré d’un<br />
contrat BOT en gré à gré, ne<br />
cherche pas pour l’heure de<br />
partenaire « poids lourd » de<br />
l’exploitation portuaire. Il<br />
compte sans doute mener le<br />
plus loin possible la réalisation<br />
du terminal avant de s’ouvrir à<br />
un opérateur qui « rassure les<br />
gros armateurs » quant au transit<br />
par l’île de Boulay. Bolloré<br />
s’apprête à reconduire l’exploitation<br />
du terminal à conteneurs<br />
actuel acquise en gré à gré en<br />
2003. Mais peut-être verronsnous<br />
poindre bientôt un autre<br />
Dubaï Ports World dans la rade<br />
d’Abidjan ?
4<br />
CONDENSÉ<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet / août 2007
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 BANQUES ET ASSURANCES<br />
5<br />
En attendant l’Algérie…<br />
Le paysage bancaire maghrébin évolue. Si, pour l’instant le Maroc fait la course en tête, l’ouverture du marché algérien ouvre de vastes perspectives.<br />
Par Adam Wade<br />
Attijariwafa Bank poursuit sa<br />
politique d’expansion à l’international,<br />
avec l’ouverture, courant<br />
2006, de quatre agences au<br />
Sénégal. La filiale de l’Omnium<br />
Nord Africain, est aussi devenue<br />
durant la même année<br />
actionnaire à hauteur de<br />
66,6 % de la BST Banque<br />
C’est sur les salles<br />
de marché que les<br />
<strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />
ont pris le plus<br />
d’avance par rapport<br />
à <strong>leurs</strong> <strong>consœurs</strong><br />
des autres pays<br />
du Maghreb.<br />
Sénégalo Tunisienne (7 % des<br />
parts du marché sénégalais).<br />
Des milieux d’affaires ouest<br />
africains la voient déjà au<br />
Burkina Faso, au Gabon et en<br />
Guinée Equatoriale, trois pays<br />
qui entretiennent des relations<br />
commerciales intenses avec le<br />
Maroc.Dans le Maghreb, le<br />
partenaire de Banco Santander<br />
a repris 33,5 % du capital de la<br />
Banque du Sud (redevenue<br />
depuis Attijari Bank), en<br />
novembre 2005, suite à sa privatisation<br />
par l’Etat Tunisien.<br />
Troisième banque maghrébine<br />
en termes de total bilan, la<br />
BMCE est engagée dans la<br />
même voie de l’international.<br />
L’agrément pour l’exploitation<br />
de la filiale londonienne, Medi<br />
Capital Bank, obtenue début<br />
mai, est ainsi le dernier acte<br />
d’une politique bien ancrée.<br />
Faisant suite à l’entrée en force<br />
(à hauteur de 35 %) dans le<br />
Capital de Bank Of Africa, cette<br />
position acquise outre manche<br />
<strong>Les</strong> championnes de la rentabilité<br />
Entamée depuis quatre ans, le mouvement<br />
de restructuration du secteur<br />
bancaire marocain a porté ses<br />
fruits. En 2006, le ROE consolidé du<br />
La palme de<br />
la rentabilité<br />
revient à la BCP<br />
secteur se chiffrait à 15,9% contre<br />
8,2% en 2004. La palme de la rentabilité<br />
revient à la BCP, prise en<br />
tant que structure indépendante de<br />
son groupe. Avec un ROE de 24%,<br />
en gain de 11 points entre 2005 et<br />
2006, la Banque centrale populaire<br />
a de quoi entretenir le bon moral de<br />
ses actionnaires. Qui plus est, la<br />
banque marocaine fait preuve d’une<br />
remarquable maîtrise des charges,<br />
en comprimant de 3,4% son coefficient<br />
d’exploitation, établi à 48,<br />
6%. Des performances que l’on ne<br />
retrouve pas chez la BMCE où le<br />
coefficient d’exploitation (effort<br />
d’investissement dans les agences)<br />
est de 58, 9%, pour un ROE de 13,<br />
4%. Chez Attijariwafa Bank, ce dernier<br />
ratio frôle les 20% (19, 5%),<br />
avec un coefficient d’exploitation<br />
de 49, 2%.<br />
A l’entame de l’exercice 2006, le<br />
système bancaire marocain affichait<br />
globalement un taux de couverture<br />
des risques de 74%, soit quatre<br />
points au dessus de l’objectif fixé<br />
par l’autorité centrale tunisienne<br />
pour 2008. Concernant l’efficience<br />
de gestion, le taux d’exploitation<br />
moyen du secteur bancaire tunisien<br />
était de 56% au premier semestre<br />
2006. Le rapprochement, sur le sillage<br />
de celui opéré entre l’Union<br />
Internationale des Banques (UIB)<br />
et la Société Générale, contribuerait<br />
à donner au secteur la concentration<br />
nécessaire pour les défis de<br />
demain.<br />
donne à la BMCE plus d’atouts<br />
pour exporter son expertise<br />
dans les montages financiers en<br />
Afrique et au Maghreb.<br />
Dans cette dernière zone, l’institution<br />
présidée par Othman<br />
Benjelloun est déjà présente en<br />
Tunisie, à travers la banque<br />
d’affaires Axis. La transaction<br />
s’est faite en 2005 via la banque<br />
d’affaires BMCE Capital. Si<br />
l’institution marocaine qui a<br />
fêté en 2006 ses dix ans de privatisation,<br />
a réduit la voilure au<br />
Mali, elle demeure en revanche<br />
très présente au Sénégal, à travers<br />
la BMCE Capital, conseiller<br />
de l’Etat du Sénégal et<br />
architecte du montage financier<br />
du nouvel aéroport international<br />
de Dakar.<br />
<strong>Les</strong> deux <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong><br />
sont toutes deux demandeuses<br />
d’un agrément en Algérie.<br />
Reproduire le modèle<br />
Contrairement à la BMCE et à<br />
Attijariwafa Bank, la Banque<br />
Centrale Populaire (BCP),<br />
filiale cotée du Groupe Banque<br />
Populaire, est peu engagée dans<br />
les acquisitions, préférant plutôt<br />
à cette formule « jugée risquée<br />
» par un cadre du Groupe,<br />
une demande de licence en<br />
bonne et due forme. <strong>Les</strong> négociations<br />
sont d’ail<strong>leurs</strong> fort<br />
engagées dans ce cadre avec la<br />
Mauritanie où la BCP veut,<br />
selon les informations issues<br />
du milieu bancaire mauritanien,<br />
reproduire le même<br />
modèle de <strong>banques</strong> populaires<br />
régionales.<br />
Marché marocain satisfait<br />
Cette course à l’international<br />
des <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong>,<br />
contrairement à <strong>leurs</strong><br />
<strong>consœurs</strong> <strong>maghrébines</strong>, s’explique<br />
par la nature même du<br />
marché marocain : « Le paysage<br />
bancaire marocain est en phase<br />
de maturité. <strong>Les</strong> gains de parts<br />
de marché y deviennent de plus<br />
en plus coûteux, ce qui laisse<br />
présager des mouvements de<br />
concentration en dehors du<br />
marché marocain, et surtout<br />
vers l’Afrique subsaharienne où<br />
il y a tant à faire », explique<br />
Abdelaziz Lahlou, analyste<br />
senior à Attijari<br />
Intermédiation. De plus, ayant<br />
déjà parachevé de larges mouvements<br />
de recapitalisation ces<br />
dernières années, les institutions<br />
<strong>marocaines</strong> présentent<br />
une assise financière solide.<br />
Ouverture en vue<br />
A l’inverse, les <strong>banques</strong> algériennes<br />
n’ont pas encore parachevé<br />
leur développement sur<br />
le plan national. Deuxième<br />
dans notre classement, la<br />
Banque Extérieure d’Algérie<br />
La Banque Extérieure<br />
d’Algérie, dont 60%<br />
des financements<br />
vont à la Sonatrach,<br />
s’est engagée dans<br />
une stratégie<br />
de diversification.<br />
dont 60 % des financements<br />
vont à la Sonatrach s’est engagée<br />
dans une stratégie de diversification.<br />
Dans le pipe, un<br />
projet de développement dans<br />
le leasing et une société de<br />
capital risque à monter avec un<br />
partenaire étranger durant le<br />
premier semestre 2008. Pour sa<br />
part, le Crédit Populaire<br />
Algérien, première banque<br />
publique à inaugurer le bal des<br />
privatisations, réalise 65 à<br />
70 % de son produit net bancaire<br />
(PNB) dans le secteur du<br />
bâtiment, travaux publics et<br />
hydraulique.<br />
D’une manière générale, si la<br />
force du secteur bancaire algé-<br />
rien repose sur le dépôt des<br />
entreprises d’hydrocarbures, il<br />
pâtit aussi d’un faible niveau de<br />
développement du marché<br />
financier. Le poids de l’Etat<br />
(90 % des parts de marché) est<br />
prévu diminuer au terme du<br />
processus de privatisation.<br />
Le désengagement de l’Etat,<br />
l’arrivée de nouveaux acteurs<br />
de renom ainsi que l’assouplissement<br />
de la règlementation<br />
(les entreprises publiques peuvent<br />
désormais héberger <strong>leurs</strong><br />
comptes dans les <strong>banques</strong> privées)<br />
devront aider les <strong>banques</strong><br />
algériennes à combler les<br />
retards accumulés par des<br />
années de gestion étatique.<br />
Quant aux <strong>banques</strong> tunisiennes,<br />
elles sont d’abord victimes<br />
de l’atomicité du secteur : 20<br />
établissements de crédit, huit<br />
<strong>banques</strong> offshores, neuf représentations<br />
étrangères et une<br />
forte présence de l’Etat. Le tout<br />
dans un marché relativement<br />
réduit par rapport au Maroc et<br />
à l’Algérie.<br />
« L’utilisation non optimale des<br />
fonds propres et un réseau<br />
d’agences peu étendu » constituent<br />
les points faibles du secteur,<br />
déplorait le Diagnostic de<br />
Malgré <strong>leurs</strong> poids, la STB et la<br />
Banque Tunisienne de l’Habitat ne<br />
jouent pas les premiers rôles du secteur<br />
bancaire tunisien en Bourse. A<br />
la date du 22 juin 2007, la plus<br />
grosse capitalisation boursière dans<br />
cette catégorie, est détenue par la<br />
Banque de Tunisie, avec 705 millions<br />
de DT, suivie de la BIAT (625 millions<br />
de DT), et de la Banque de l’Habitat,<br />
avec 405 millions de DT. Bien que<br />
prédominant en termes d’actifs, la<br />
STB a une présence moins forte à la<br />
cote (280 Millions de DT).La qualité<br />
<strong>Les</strong> enchères montent<br />
pour l’acquisition du CPA<br />
La première banque algérienne améliore son bilan. Le gouvernement monte la barre des exigences pour les candidats à l’acquisition.<br />
Par Ihsane El Kadi<br />
La cession de 51% du capital<br />
social du crédit populaire<br />
algérien (CPA), lancée en<br />
2006 et prévue avant la fin de<br />
l’année pourrait connaître un<br />
autre glissement sur le calendrier.<br />
« Tout le monde devra<br />
revoir sa copie » explique un<br />
conseil accompagnant un des<br />
six prétendants étrangers à<br />
l’acquisition du leader public<br />
des <strong>banques</strong> algériennes, la<br />
première dans ce pays depuis<br />
l’ouverture du secteur financier<br />
en 1990. C’est la première<br />
conséquence de l’annonce<br />
le 17 juin dernier par le<br />
gouvernement algérien de la<br />
levée d’une circulaire interdisant<br />
depuis 2004 les dépôts<br />
des entreprises publiques<br />
chez les <strong>banques</strong> privées. La<br />
privatisation du CPA aurait<br />
fait perdre à son nouvel<br />
acquéreur 25% de son chiffre<br />
d’affaire par migration mécanique<br />
des dépôts publics, « un<br />
manque à gagner intégré dans<br />
l’ébauche des offres ». La levée<br />
de l’interdiction – instaurée<br />
dans la tourmente de la faillite<br />
de Khalifa Bank- « rend<br />
plus belle la mariée, mais aussi<br />
plus chère la dot » explique, en<br />
images, un cadre du CPA qui<br />
ajoute : « nous avons réalisé<br />
un bilan 2006 en forte croissance.<br />
<strong>Les</strong> enchères ne font que<br />
Photo©Wassim Ignes<br />
monter. Il faudra être costaud<br />
pour l’emporter ». La privatisation<br />
de CPA était déjà<br />
« bien compliquée » sans ces<br />
évolutions.<br />
<strong>Les</strong> concurrents en lice<br />
<strong>Les</strong> autorités algériennes qui<br />
regardent peu désormais du<br />
côté de l’offre financière de<br />
reprise, souhaitent diversifier<br />
l’offre bancaire dans un paysage<br />
privé dominé par les<br />
<strong>banques</strong> françaises depuis<br />
l’effondrement du secteur<br />
bancaire privé national dans<br />
L’ouverture du marché bancaire algérien suscite un intérêt croissant.<br />
le sillage du gigantesque<br />
scandale Khalifa. Mais l’espagnol<br />
Banco Santander (l’une<br />
des deux <strong>banques</strong> non françaises<br />
en lice pour acquérir le<br />
CPA, l’autre est Citibank) ne<br />
rassure plus Alger sur son<br />
projet industriel depuis<br />
qu’elle a fait ouvertement de<br />
ABN Amro sa cible prioritaire.<br />
« Si Banco de Santander<br />
n’est pas retenu ce ne sera pas<br />
faute d’envie des autorités<br />
algériennes malgré la crise<br />
actuelle entre Madrid et Alger»<br />
autour de la part du gaz algé-<br />
rien sur le marché ibérique,<br />
que l’Espagne veut réduire,<br />
assure un diplomate algérien.<br />
Société Générale et BNP<br />
Paribas, autres sérieux prétendants,<br />
ont développé leur<br />
réseau en Algérie et<br />
n’apportent pas pour cela la<br />
diversification recherchée par<br />
l’actionnaire public du CPA.<br />
Natixis, troisième banque<br />
française en compétition, a<br />
prévu également un plan B en<br />
ouvrant sa première agence<br />
propre ce mois de juin à<br />
Alger. C’est pour toutes ces<br />
Tunisie Va<strong>leurs</strong> consacré au<br />
secteur en 2006. D’autre part,<br />
les <strong>banques</strong> tunisiennes sont<br />
sommées d’améliorer <strong>leurs</strong><br />
Quant aux <strong>banques</strong><br />
tunisiennes,<br />
elles sont d’abord<br />
victimes de<br />
l’atomicité<br />
du secteur.<br />
taux de couverture des créances<br />
classées par les provisions.<br />
Ce taux qui était de 57 % à<br />
l’entame de l’exercice 2006<br />
devra atteindre 70 % à la fin<br />
2008. Globalement, les institutions<br />
du public comme du privé<br />
adhèrent à cette feuille de route,<br />
comme le montre la diminution<br />
du coefficient d’exploitation,<br />
passé de 64,7 % en 2004 à 56 %<br />
en juin 2006. Si la STB et la<br />
Banque de l’Habitat sont les<br />
deux poids lourds du secteur<br />
tunisien, il n’en demeure pas<br />
que c’est la Banque Tunisienne<br />
(BT) qui dispose de la meilleure<br />
qualité d’actifs, avec un niveau<br />
de couverture des créances classées<br />
qui atteint déjà les objectifs<br />
de 2008.<br />
Capitalisation boursière :<br />
les tunisiennes sous valorisées<br />
raisons sans doute, que le<br />
nom du Crédit Agricole est le<br />
plus cité pour la reprise du<br />
CPA, même si l’opération,<br />
conduite par la banque<br />
Le Crédit Populaire d'Algérie<br />
(CPA) a réalisé un bénéfice net<br />
de 7,9 milliards de DA (environ<br />
110 millions de dollars) en 2006,<br />
sur un bilan total établi à<br />
487,86 milliards de DA. Le capital<br />
social du CPA est de 25,3 millions<br />
de dinars divisé en 2530<br />
de ses actifs (bonne notation par<br />
Fitch Rating), un ROE supérieur aux<br />
normes (19%), donnent un attrait à<br />
la valeur. Cela même si la BT traite à<br />
un PER en général supérieur à la<br />
moyenne de son secteur d’activité.<br />
Pour leur part, les <strong>banques</strong> ont largement<br />
surperformé l’indice général de<br />
la Bourse de Casablanca entre le 31<br />
décembre 2004 et le 11 mai 2007.<br />
Sur cette période, l’indice du secteur<br />
a augmenté de 242% contre 154%<br />
pour le MASI, l’indice de toutes les<br />
actions cotées<br />
Rothschild pour le gouvernement<br />
algérien, est entourée du<br />
plus grand secret. Le Crédit<br />
Agricole a fait un forcing<br />
médiatique pour afficher sa<br />
Le Crédit Agricole<br />
a fait un forcing<br />
médiatique pour<br />
afficher sa<br />
détermination.<br />
détermination. Ses responsables<br />
ont présenté le CPA<br />
comme « une place forte»<br />
de leur déploiement en<br />
Méditerranée du sud. « Cela<br />
ne suffira pas pour emporter<br />
la décision » assure-t-on à<br />
Alger car l’arbitrage final<br />
« sera transcendé par la<br />
politique ».<br />
Le CPA en quelques chiffres<br />
actions détenus entièrement par<br />
l’Etat. Le CPA dispose de 129<br />
agences dans toutes les wilayas<br />
du pays. Il emploie 4054 agents<br />
dont 75 % affecté au réseau<br />
d’exploitation.
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<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 BANQUES ET ASSURANCES<br />
7<br />
Des <strong>banques</strong><br />
africaines<br />
dans la ligne<br />
de mire<br />
des investisseurs<br />
La récente tentative de contrôle d’Eco Bank, premier groupe bancaire de l’Afrique de l’Ouest et du<br />
Centre, par un fonds d’investissement russe, n’est pas un phénomène isolé. Plusieurs institutions de la<br />
zone sont dans l’agenda des investisseurs. Zoom.<br />
«Eco Bank entend garder son<br />
identité africaine, voire panafricaine<br />
! ». Exprimée par l’un des<br />
membres du top management<br />
du groupe, cette profession de<br />
foi sera difficile à défendre<br />
dans les mois à venir pour la<br />
première banque de l’Afrique<br />
de l’Ouest et du Centre. <strong>Les</strong><br />
repreneurs potentiels défilent.<br />
En témoigne, la récente tentative<br />
de contrôle exercée par<br />
Renaissance Capital, un fonds<br />
d’investissement russe, présent<br />
à hauteur de 25 % dans le capital<br />
d’Eco Bank et qui n’entend<br />
pas en rester là.<br />
« Normal, poursuit notre interlocuteur,<br />
que nous intéressions<br />
nos actionnaires et, au-delà, les<br />
investisseurs : la valeur Eco Bank<br />
s’apprécie de jour en jour. Nous<br />
avons le plus vaste réseau bancaire<br />
de l’Afrique de l’Ouest et du<br />
« Notre dynamisme<br />
est illustré par notre<br />
total bilan qui a<br />
atteint 4 milliards de<br />
dollars en 2006 »<br />
Centre avec des perspectives de<br />
développement géographiques ;<br />
notre dynamisme est illustré par<br />
notre total bilan qui a atteint 4<br />
milliards de dollars en 2006 pour<br />
un bénéfice net de 86 millions de<br />
dollars, en augmentation de<br />
69%»,<br />
La visibilité de l’institution sur<br />
la scène continentale s’est renforcée<br />
depuis le 11 septembre<br />
2006 avec l’introduction simultanée<br />
en Bourse dans les places<br />
financières africaines d’Abidjan<br />
(Bourse commune à tous les<br />
Etats de l’Union Monétaire<br />
Ouest Africaine), d’Accra et de<br />
Lagos. Résumée par une source<br />
proche de la Direction, la stratégie<br />
pour le futur proche est<br />
claire : « installer les filiales d’Eco<br />
Bank sur l’une des trois marches<br />
du podium dans les 18 pays où<br />
elle est présente en optant pour<br />
un développement par croissance<br />
organique ». La porte n’est pas<br />
pour autant fermée aux alliances,<br />
comme celle encore infructueuse<br />
engagée avec la First<br />
Bank Of Nigeria.<br />
Banque Atlantique en<br />
discussion avancée<br />
Cet intérêt des grandes <strong>banques</strong><br />
nigérianes pour l’Afrique francophone<br />
marque, avec l’arrivée<br />
des <strong>banques</strong> nord-africaines,<br />
«une nouvelle donne » aux yeux<br />
de Dominique Demarquette,<br />
Directeur Général de Phoenix<br />
Capital Management, également<br />
administrateur de la<br />
Banque Atlantique basée en<br />
Cote d’Ivoire pour sa partie<br />
opérationnelle. «Le paysage<br />
bancaire Ouest africain est dans<br />
une phase de développement<br />
intense. Cela se fait beaucoup<br />
plus avec les acteurs régionaux<br />
qu’avec les filiales des grandes<br />
<strong>banques</strong> comme BNP Paribas,<br />
Société Générale ou Citibank ».<br />
Ce n’est visiblement pas dans le<br />
cercle de ces puissants qu’on<br />
retrouvera le futur partenaire<br />
stratégique d’Atlantique<br />
Finance Holding, actionnaire<br />
majoritaire de la Banque<br />
Atlantique. Basée à Lomé, la<br />
holding est actuellement en<br />
phase de discussion avancée<br />
avec différents acteurs en vue<br />
d’un rapprochement. «Il s’agit<br />
d’une ouverture de capital et non<br />
d’une cession » tient-on à rassurer.<br />
Reste à modérer l’appétit<br />
des nombreux candidats.<br />
De même, précise Dominique<br />
Demarquette, la Banque<br />
Atlantique (basée en Côte<br />
d’Ivoire pour la partie opérationnelle)<br />
qui connaît un développement<br />
accéléré avec l’implantation<br />
dans six pays nouveaux<br />
n’est pas à vendre. Après<br />
une période difficile, l’institution<br />
est désormais sur une<br />
pente ascendante, s’étant<br />
implantée dans six pays. «Le<br />
dernier conseil d’administration<br />
a prévu un renforcement des<br />
fonds propres à partir de l’actionnaire<br />
principal ».<br />
Banque chinoise en<br />
difficulté<br />
Pendant que l’Afrique de<br />
l’Ouest vibre aux rythmes des<br />
fusions, sur l’Océan Indien, la<br />
mer est encore calme. «Pas de<br />
<strong>banques</strong> à reprendre à priori »,<br />
rétorque le gestionnaire d'un<br />
fonds de capital risque qui se<br />
dit toutefois incertain sur<br />
le sort de la Banque<br />
Internationale Chine Madagascar<br />
(BICM, anciennement Banque<br />
Industrielle et Commerciale de<br />
Madagascar et CMB), la première<br />
banque malgache entièrement<br />
privée.<br />
Lancée sur les fonts baptismaux<br />
en 2002 avec l’appui de l’ancien<br />
chef d’Etat, Didier Ratsiraka,<br />
la Banque Industrielle et<br />
Commerciale de Madagascar<br />
s’est retrouvée en 2004 face à<br />
des pertes d’exploitations et des<br />
dettes élevées. S’en est suivi<br />
une sollicitation infructueuse<br />
auprès des partenaires et<br />
actionnaires. La bouée de sauvetage<br />
viendra, en août 2005,<br />
d’un homme d’affaires d’origine<br />
chinoise qui a repris 70%<br />
du capital de BICM (anciennement<br />
CMB).<br />
Ce ne seront là ni le dernier<br />
changement de nom, ni la fin<br />
des difficultés de la BICM.<br />
Suite à des sanctions de l’autorité<br />
centrale malgache, celle<br />
qui est devenue la<br />
Banque Internationale Chine<br />
Madagascar enclenche en 2006<br />
une opération « accordéon »<br />
afin de résorber les pertes d’exploitation<br />
et de reconstituer son<br />
capital. Du résultat de cette<br />
opération bouclée le 15 mai<br />
dernier dépendra l’avenir de la<br />
BICM. C’est dire l’importance<br />
de l’Assemblée générale extraordinaire<br />
programmée entre la<br />
fin juin et le début de ce mois<br />
de juillet.<br />
Cette rencontre qui verra la restitution<br />
des résultats finaux de<br />
cette opération accordéon<br />
pourrait aussi attiser les divergences<br />
entre actionnaires. La<br />
majorité de ceux-ci, à entendre<br />
un observateur averti de la<br />
scène financière Malgache, souhaiteraient<br />
un changement<br />
d’actionnaire majoritaire développant<br />
une stratégie axée sur<br />
un «objectif de retour sur investissement<br />
financier ». Ce n’est<br />
pas là le souci premier des<br />
Chinois, lesquels, en parallèle à<br />
d’autres initiatives, notamment<br />
dans les secteurs du pétrole et<br />
de l’agro-business, semblent<br />
vouloir sécuriser une filière de<br />
financement et une capacité de<br />
mouvement de fonds plutôt<br />
que de développer une stratégie<br />
commerciale classique. A.W<br />
Assurance vie pour les malades<br />
du sida<br />
Par Christelle Marot<br />
Depuis quelques mois, le secteur<br />
de l’assurance-vie en Afrique du<br />
Sud se détend à l’endroit des<br />
malades du sida. Dans un mouvement<br />
qualifié de victoire par les<br />
associations de soutien aux malades,<br />
les compagnies d’assurance<br />
ont accepté de lever, en avril dernier,<br />
les restrictions portant sur<br />
les contrats vie de <strong>leurs</strong> clients<br />
devenus séropositifs. Désormais,<br />
souligne The Life Offices’<br />
Association of South Africa<br />
(LOA), qui regroupe 95 % des<br />
intervenants du secteur, il ne sera<br />
plus possible de s’opposer au versement<br />
du capital décès, au prétexte<br />
que l’assuré a contracté le<br />
VIH après la signature de son<br />
contrat.<br />
Dans la même veine, la<br />
compagnie AllLife, dirigée par<br />
Ross Beerman, propose depuis<br />
un an et demi des produits<br />
d’assurance-vie, avec ou sans<br />
durée limite, à destination<br />
spécifique des malades du sida<br />
sous anti-rétroviraux. « Nous<br />
comptons environ un millier<br />
d’assurés, mais recevons, en ce<br />
moment, près de 350 demandes<br />
chaque semaine », indique<br />
M. Beerman. L’acceptation d’un<br />
dossier se fait en fonction du statut<br />
sérologique.<br />
A partir de 20 dollars par mois, le<br />
capital couvert peut atteindre 10<br />
à 20 000 dollars. La couverture<br />
maximale pouvant aller jusque<br />
420 000 dollars. Entre AllLife et<br />
les compagnies sud-africaines<br />
déjà positionnées sur le segment,<br />
à l’instar de Sanlam, Old Mutual<br />
ou Metropolitan, la différence<br />
majeure est le prix, ainsi que la<br />
durée de couverture. En dehors,<br />
d’AllLife, Altrisk, branche du<br />
groupe Hollard, est la seule autre<br />
compagnie d’assurance en<br />
Afrique du Sud offrant des produits<br />
vie à des tarifs abordables<br />
pour les séropositifs. Dans le<br />
pays, le sida touche près de 5,5<br />
millions de personnes sur une<br />
population totale de 47 millions<br />
d’habitants<br />
Le secret d’AllLife c’est le suivi<br />
Un taux de mortalité<br />
quasiment comparable<br />
à celui d’un diabétique.<br />
rigoureux de l’évolution de la<br />
maladie de ses assurés, qui lui<br />
confère la maîtrise d’un risque<br />
jugé trop élevé par ses pairs.<br />
« Nous téléphonons, envoyons<br />
des SMS ou des emails à nos<br />
Du résultat de<br />
cette opération<br />
« accordéon »<br />
dépendra l’avenir<br />
de la BICM.<br />
clients pour s’assurer qu’ils font<br />
bien leur prise de sang ou prennent<br />
<strong>leurs</strong> médicaments correctement<br />
». « En quelque sorte,<br />
nous apprenons à nos clients à<br />
gérer leur maladie», explique<br />
Ross Beerman. Ainsi, grâce aux<br />
traitements, le taux de mortalité<br />
d’un individu atteint du sida<br />
serait quasiment comparable à<br />
celui d’un diabétique. Le<br />
marché, M. Beerman, l’évalue<br />
à près de deux millions de<br />
malades, gagnant plus de 400<br />
dollars par mois. Si le dirigeant<br />
d’AllLife concède que sa compagnie<br />
ne peut pas répondre aux<br />
demandes parvenues du Japon,<br />
d’Amérique ou d’Europe, en<br />
revanche la Namibie voisine est<br />
un marché potentiel. AllLife a<br />
déjà déposé une demande auprès<br />
des autorités financières locales,<br />
afin de distribuer ses produits.<br />
L’actualité avec<br />
X-Afrique<br />
<strong>Les</strong> Polytechniciens qui aiment l’Afrique<br />
http://x-afrique.polytechnique.org<br />
En s’inspirant des plantes qui se reproduisent par marcottage, X-Afrique et ses<br />
partenaires cherchent à développer des activités économiques en Afrique.<br />
Ils ont créé www.marcottage.fr la place de marché du codéveloppement<br />
Finances.Com choisit Cartesis<br />
Cartesis, le spécialiste mondial des logiciels dédiés au pilotage de la<br />
performance (Business Performance Management) annonce le<br />
choix, par le groupe Finance.com (filiale de la BMCE), de la solution<br />
Cartesis Finance pour la mise en place et le développement d’une<br />
solution de reporting unifié, de consolidation financière et de mise<br />
en conformité aux normes <strong>marocaines</strong> et IFRS. Finance.com, parmi<br />
les groupes leaders privés marocains, est une holding disposant de<br />
plus de 20 filiales et affichant de fortes ambitions de développement<br />
régionales et internationales. Ce groupe occupe aujourd’hui une<br />
position de force dans quatre métiers complémentaires : L’assurance<br />
avec la RMA Watanya, la banque et les métiers para- bancaires avec<br />
un centre de gravité que constitue la BMCE-Bank, les télécoms,<br />
médias et technologies (TMT), l’industrie et les services.<br />
Vers un rapprochement<br />
entre Casablanca et Tunis<br />
Le Conseil Déontologique des Va<strong>leurs</strong> Mobilières (CDVM), gendarme<br />
de la Bourse de Casablanca, et son homologue tunisien, le<br />
Conseil du Marché Financier (CMF) viennent de signer une<br />
convention portant sur la consultation, la coopération et l’échange<br />
d’informations. Ce protocole va plus loin que les classiques accords<br />
sur les échanges d’informations pour les besoins d’enquête. <strong>Les</strong><br />
deux partenaires veulent favoriser une future intégration financière<br />
régionale maghrébine. Parmi les pistes envisagées, la double cotation<br />
des entreprises des deux pays sur les places de Casablanca et de<br />
Tunis, la possibilité des investisseurs des deux pays d’acquérir des<br />
titres indépendamment de leur lieu de cotation.<br />
Santander prévoit un<br />
bénéfice net dépassant<br />
8 milliards d'euros<br />
Santander prévoit un bénéfice net supérieur à huit milliards d'euros<br />
en 2007, a indiqué samedi son président Emilio Botin lors de l'assemblée<br />
générale du premier groupe bancaire de la zone euro. Cela<br />
représenterait une hausse de 21% par rapport aux 6,58 milliards<br />
d'euros réalisés en 2006 et serait conforme à la croissance de son<br />
bénéfice au premier trimestre. Botin a ajouté que Santander convoquerait<br />
une assemblée générale extraordinaire le 27 juillet pour<br />
obtenir le feu vert des actionnaires au plan de financement du<br />
rachat d'ABN Amro. Santander a fait une offre conjointe de 71 milliards<br />
d'euros sur ABN Amro avec Royal Bank of Scotland et Fortis.<br />
Santander envisage une augmentation de capital de quatre milliards<br />
d'euros et une émission obligataire pour cinq milliards d'euros.<br />
L’UEMOA bascule dans l’ère<br />
de la carte interbancaire<br />
La suprématie du chèque comme moyen privilégié de paiement<br />
dans la zone CFA est en train de prendre fin. En effet, les banquiers<br />
de l’Union se sont enfin mis d’accord, le 15 juin 2007 à Dakar, sur<br />
les modalités de la carte interbancaire. Celle-ci permet d’opérer des<br />
retraits et des paiements auprès des 71 établissements financiers,<br />
monétaires et postaux membres du Groupement Interbancaire.<br />
Toutefois, cette opération ne sera effective qu’une fois toutes les<br />
<strong>banques</strong> connectées au réseau GMI du Centre de Traitement<br />
Monétique Interbancaire (CTMI) sous la direction de la Bceao<br />
(Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest).<br />
BCEAO : opération<br />
d’injection de liquidités<br />
La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a<br />
procédé, valeur 25 juin 2007, à une injection de liquidités de<br />
30 820 millions de FCFA au taux marginal de 4,0000 %, dans le<br />
cadre de ses opérations d'adjudications régionales au titre du<br />
marché monétaire. Cette opération de refinancement arrive à<br />
échéance le 1er juillet 2007. L'appel d'offres, d'un montant<br />
maximum de 40 000 millions de FCFA, a enregistré des soumissions<br />
de quatre (4) établissements de crédit de l'Union<br />
Monétaire Ouest Africaine (UMOA). <strong>Les</strong> taux d'intérêt proposés<br />
par les soumissionnaires se sont inscrits dans une fourchette<br />
comprise entre 4,0000 % et 4,200 0%.<br />
Fitch confirme les notes<br />
de la Banque de Tunisie<br />
et des Emirats<br />
Fitch Ratings a confirmé en date du 19 juin 2007, les notes<br />
suivantes attribuées à la Banque de Tunisie et des Emirats<br />
(BTE) : notes de défaut émetteur à long terme en devises ‘BBB-’<br />
(BBB moins) et en monnaie locale ‘BBB’ perspective stable,<br />
notes de défaut émetteur à court terme en devises et en monnaie<br />
locale ‘F3’, note intrinsèque ‘D’, note nationale à long terme ‘AA-<br />
(tun)’ (AA moins(tun)), perspective stable et note nationale à<br />
court terme ‘F1+(tun)’. L’agence a également confirmé la note<br />
plancher de soutien extérieur ‘BBB-‘ (BBB moins). Toutes ces<br />
notes ont ensuite été retirées. L’agence a par ail<strong>leurs</strong> confirmé la<br />
note de soutien extérieur ‘2’. Le capital de la BTE est contrôlé à<br />
parts égales par l’Etat tunisien et l'Abu Dhabi Investment<br />
Authority (« ADIA ») qui détiennent chacun 38,9 % des actions<br />
et 50 % des droits de votes.
Chaque mercredi<br />
en kiosques dès<br />
septembre 2007<br />
Combler le déficit de confiance<br />
L’Afrique a changé. Un groupe de financiers a décidé de le faire savoir en supportant la création de ce journal.<br />
Philippe Séchaud, Président<br />
du Conseil d’administration.<br />
Il pourrait sembler étonnant<br />
de voir des professionnels de<br />
la finance de Johannesburg,<br />
Genève, Paris, Abidjan, Tunis<br />
ou Barcelone s’associer dans<br />
un projet de presse. Ce n’est<br />
pas leur métier. Et cela n’était<br />
pas, a priori, leur ambition.<br />
S’ils ont toutefois choisi de<br />
passer à l’acte, c’est parce<br />
qu’ils sont convaincus qu’un<br />
journal financier africain est<br />
devenu une nécessité. Car<br />
l’Afrique est riche de son<br />
immense capital humain, de<br />
ses ressources naturelles bien<br />
connues, mais également<br />
Devenez abonné fondateur du premier journal financier<br />
africain en souscrivant dès aujourd’hui.<br />
Tarif de base Tarif Abonné fondateur<br />
(papier et web) (papier et web)<br />
Afrique 160 a 130 a<br />
Europe 135 a 115 a<br />
Autres pays 210 a 185 a<br />
WEB uniquement 50 a<br />
OUI, je souscris dès aujourd’hui un abonnement au tarif « abonné fondateur »<br />
� Afrique 130 a � Autres pays 185 a<br />
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Nom Prénom<br />
Société ou institution Fonction<br />
Adresse BP<br />
Code postal Ville<br />
Pays<br />
Tél.<br />
E-mail<br />
Je règle la somme de a<br />
d’une épargne dormante<br />
gigantesque, d’une diaspora<br />
financièrement puissante et<br />
d’un potentiel de croissance<br />
dont on commence seulement<br />
à entrevoir les prémices. Pour<br />
réaliser toutes ces richesses,<br />
pour mobiliser ces capitaux,<br />
le continent africain doit prioritairement<br />
combler son déficit<br />
d’information, et plus<br />
encore, son abyssal déficit de<br />
confiance.<br />
Le journal <strong>Les</strong> Afriques sera<br />
le reflet d’une réalité du<br />
continent encore peu connue :<br />
celle qui entreprend, qui<br />
innove et qui gère, bien souvent<br />
avec talent et rigueur.<br />
Celle qui travaille sans exclusive<br />
avec des Européens, des<br />
Chinois, des Indiens, des<br />
Brésiliens… Celle qui fait<br />
réellement avancer l’intégration<br />
économique par le développement<br />
de grandes entreprises<br />
continentales.<br />
Une meilleure information<br />
Au cours de la dernière<br />
décennie, l’Afrique a réalisé<br />
des progrès considérables en<br />
� Par chèque ci-joint à l’ordre de « Editions Financières du Sud »<br />
� Dès réception de la facture sur mon adresse e-mail.<br />
No 1 - juillet août 2007 www.lesafriques.com<br />
matière de bonne gouvernance,<br />
comme en témoignent<br />
les nombreux exercices de<br />
transition politique transparente<br />
et démocratique, les cas<br />
récents les plus exemplaires<br />
étant le Bénin et la<br />
Mauritanie. Sur le plan économique<br />
et financier, les<br />
efforts réalisés par la plupart<br />
des pays africains, notamment<br />
anglophones, en matière<br />
de libéralisation des échanges<br />
commerciaux et financiers,<br />
les mesures prises pour développer<br />
les marchés financiers<br />
et les privatisations dont la<br />
plupart ont été couronnées de<br />
succès, ont considérablement<br />
amélioré les conditions d’investissement.<br />
Ce dispositif est<br />
complété par des mesures<br />
courageuses prises pour lutter<br />
contre le blanchiment et la<br />
corruption, même si, naturellement,<br />
des améliorations<br />
doivent encore intervenir<br />
dans leur application.<br />
De toutes ces évolutions<br />
résulte l’affirmation incontestable<br />
que, sous réserve bien<br />
sûr de quelques foyers d’in-<br />
stabilité, le climat des affaires<br />
en Afrique -le fameux<br />
« investment climate »- s’est<br />
globalement amélioré, et il<br />
reviendra à <strong>Les</strong> Afriques<br />
d’en expliquer le fondement<br />
et l’évolution, le but ultime<br />
étant de contribuer à cette<br />
meilleure gouvernance et de<br />
favoriser l’accroissement<br />
des investissements par une<br />
meilleure information.<br />
Une mission claire<br />
Pour mener à bien cette<br />
entreprise, vont se conjuguer<br />
le professionnalisme d’un<br />
opérateur franco-genevois<br />
qui a déjà dirigé plusieurs<br />
publications financières, et<br />
d’une équipe de journalistes<br />
africains dont le sérieux et<br />
l’acuité se sont maintes fois<br />
révélés dans la presse du<br />
continent. Leur mission est<br />
claire : rendre compte de<br />
l’actualité économique et<br />
financière africaine avec un<br />
souci permanent d’objectivité<br />
et de précision, créer un<br />
espace de rencontres d’affaires<br />
et de réflexion sur le<br />
Coupon à poster à Editions Financières du Sud, 11 rue de Bassano, F-75116 Paris ou à faxer au +41 22 301 96 10<br />
L’abonnement par carte bancaire est possible sur www.lesafriques.com<br />
Pour les abonnements multiples, contacter abos@lesafriques.com<br />
développement économique<br />
africain et faire connaître les<br />
acteurs les plus intéressants<br />
de l’économie africaine.<br />
Convaincus de leur total<br />
engagement et de <strong>leurs</strong> capacités,<br />
nous avons choisi de<br />
leur faire confiance, sans<br />
toutefois mésestimer la difficulté<br />
de leur tâche et le courage<br />
qu’il leur faudra<br />
déployer pour vaincre les<br />
scepticismes et les idées<br />
reçues qui jalonneront<br />
immanquablement leur parcours.<br />
Philippe Séchaud.<br />
<strong>Les</strong> actionnaires fondateurs<br />
Michel Abrogoua, Abidjan.<br />
Président de Phoenix Capital<br />
Management.<br />
Alain Fénéon, Paris.<br />
Spécialiste en droit du<br />
commerce International en<br />
Afrique<br />
Dominique Flaux, Genève.<br />
Associé Sequence Média SA.<br />
Michel Juvet, Genève.<br />
Directeur de la banque<br />
Bordier & Cie<br />
Vincent Le Guennou, Tunis.<br />
Vice-président exécutif et<br />
directeur d’EMP Africa<br />
(private equity).<br />
Gérard Mangoua, Abidjan.<br />
PDG de Laborex (industrie<br />
pharmaceutique).<br />
Cyrille Nkontchou,<br />
Johannesburg.<br />
Fondateur et directeur<br />
général de LiquidAfica.<br />
François-Eric Perquel,<br />
Barcelone.<br />
Prés. de la société holding<br />
Medy Participationes SA.<br />
Carole Ramella, Paris.<br />
Senior Associate Duff &<br />
Phelps.<br />
Philippe Séchaud, Genève.<br />
Administrateur des <strong>banques</strong>.<br />
Ex DG de SIFIDA.<br />
Merci à nos annonceurs fondateurs qui ont<br />
choisi de s’associer à ce premier numéro.<br />
Le Crédit Suisse Group, 2e banque de Suisse, est l'un des leaders internationaux des<br />
services financiers. Il est présent sur les cinq continents et dans les principaux centres<br />
financiers du monde, notamment en Afrique du Sud.<br />
Huit filiales du premier groupe bancaire français ont choisi de soutenir l’initiative éditoriale<br />
du journal <strong>Les</strong> Afriques : BNP Paribas El Djazaïr, UBCI (Tunisie), BMCI (Maroc),<br />
BICICI (Côte d’Ivoire), BICIGUI (Guinée), BICIM (Mali), BICIS (Sénégal) et BNP<br />
Paribas/Sifida (Genève).<br />
La société Osmose Finance est présidée, à Genève, par M. Terence Niba. Elle est<br />
active dans le transfert d’argent, principalement vers l’Afrique (www.moneycach.ch),<br />
l’activité fiduciaire et les services financiers (www.osmose-finances.com).<br />
Dunavant (USA) est le premier négociant privé de coton dans le monde (6 millions<br />
de balles). Il est présent sur les principaux centres de production de coton américain.<br />
Il est également représenté en Suisse, Chine, Brésil, Argentine, Guatemala, Zambie,<br />
Ouganda, Mozambique, Paraguay, Australie, Mexique, Turkménistan et Ouzbékistan.<br />
SGI Consulting SA est un groupe européen d'ingénieurs-conseils établi au Luxembourg et<br />
possédant des filiales en France, au Luxembourg, en Suisse, au Nigéria et au Maroc.<br />
Indépendant de tout entrepreneur, il développe des activités d’ingénierie de haut niveau<br />
en génie civil et bâtiment, eau et environnement, transports, urbanisme et énergie.<br />
Cotecna est l'une des premières entreprises internationales dans le domaine de l'inspection,<br />
de la sécurité et de la certification commerciale. Aujourd'hui, le groupe<br />
Cotecna représente un réseau mondial d'environ 4 000 employés et agents répartis<br />
dans près de 100 bureaux.<br />
Le Salon international multisectoriel d’Abomey se déroulera du 1er au 9 octobre prochain<br />
dans la capitale historique du Bénin. Organisé par la CCI et par Pano Design, l’événement<br />
réunira des entreprises et institutions d’une trentaine de pays.
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
Casablanca<br />
prépare<br />
son marché<br />
à terme<br />
Le Carbon Disclosure Project<br />
s’étend à l’Afrique du Sud<br />
<strong>Les</strong> certificats de réduction des émissions seront échangeables sur le marché international à partir de 2008.<br />
Par Christelle Marot<br />
Pour la première fois, les 40 premières<br />
compagnies cotées sur le<br />
Johannesburg Stock Exchange<br />
sont interrogées par le Carbon<br />
Disclosure Project (CDP), sur<br />
<strong>leurs</strong> efforts en matière de<br />
réduction des émissions de gaz<br />
à effet de serre (GES). Parmi<br />
elles : le groupe pétrochimique<br />
Sasol, les entreprises de télécommunications<br />
MTN et<br />
Telkom ou le groupe Sappi,<br />
dans le secteur papier.<br />
Le rapport du CDP est attendu<br />
en octobre prochain. Initié par<br />
Merrill Lynch, le CDP regroupe<br />
près de 280 investisseurs institutionnels<br />
dans le monde, gérant<br />
des actifs de plus de 41 000<br />
milliards de dollars. Face au<br />
changement climatique, la stratégie<br />
environnementale des<br />
entreprises devient un critère de<br />
notation, un risque à considérer<br />
au même titre que le risque de<br />
change ou de taux ; particulièrement<br />
vrai dans les secteurs de<br />
l’assurance ou du tourisme.<br />
Avec le Brésil et l’Asie, l’Afrique<br />
Le marché du carbone<br />
a quasiment triplé<br />
pour atteindre<br />
30 milliards<br />
de dollars en 2006.<br />
du Sud figure la troisième zone<br />
« émergente » à l’étude. Depuis<br />
5 ans, l’enquête du CDP couvre<br />
les 500 premières entreprises au<br />
monde (FT500), notamment en<br />
Amérique du Nord, en Europe<br />
et en Australie.<br />
L’environnement est devenu<br />
« un business », susceptible<br />
d’influencer les orientations des<br />
grandes <strong>banques</strong> et sociétés.<br />
Dans son rapport State and<br />
Trends of the Carbon Market<br />
BOURSES<br />
Le niveau de liquidité atteint par la place financière casablancaise pousse les autorités à envisager la<br />
mise en place d’un marché à terme. Celui-ci pourrait voir le jour avant la fin de cette année.<br />
Par Adam Wade<br />
Un groupe de travail composé<br />
des cadres du ministère des<br />
Finances, de Bank Al Maghrib,<br />
du Conseil déontologique des<br />
va<strong>leurs</strong> mobilières (CDVM) et<br />
de la Bourse de Casablanca,<br />
travaille actuellement sur un<br />
cadre règlementaire global<br />
pour un marché à terme à<br />
Casablanca. Présidé par le<br />
ministère des Finances, cette<br />
commission doit proposer un<br />
cadre juridique sous forme<br />
d’un projet de loi et des règlements<br />
généraux. «Si l’architecture<br />
générale a été défini, un<br />
certain nombre de questions<br />
sont à résoudre », déclare-t-on<br />
au CDVM. Si pour l’heure le<br />
schéma définitif n’est pas<br />
encore arrêté, il est quasiment<br />
certain, que l’architecture de<br />
ce marché à terme reposera<br />
sur une chambre de compensation<br />
distincte de la société<br />
gestionnaire de ce marché.<br />
La première structure<br />
(Chambre de compensation)<br />
aura des liens capitalistiques<br />
avec les autres intervenants.<br />
En revanche, «elle aura des<br />
organes de gestion indépendants<br />
et des règles de fonctionnement<br />
claires, qui seront prévues<br />
au niveau de son<br />
L’architecture de ce<br />
marché à terme reposera<br />
sur une chambre<br />
de compensation distincte<br />
de la société<br />
gestionnaire de ce<br />
règlement général »,explique<br />
Hicham Elalamy, Directeur<br />
Général adjoint du CDVM.<br />
Cette indépendance est nécessaire<br />
afin que la Chambre de<br />
compensation puisse se consacrer<br />
exclusivement à sa mission<br />
de dénouement des opérations<br />
Hicham Elalamy, Directeur général adjoint du CDVM<br />
dans des conditions sécurisées,<br />
loin de toutes autres considérations<br />
externes.<br />
S’agissant du contrôle, il sera<br />
dual dans la mesure où la<br />
Chambre de compensation est<br />
un acteur à la fois des systèmes<br />
de paiement et des marchés<br />
d’instruments financiers,<br />
lesquels sont respectivement<br />
de la responsabilité de Bank Al<br />
Maghrib et du CDVM.<br />
Quant à la société gestionnaire<br />
marché. du marché à terme, le choix de A noter que le CDVM avait éla-<br />
son modèle définitif n’est pas<br />
encore arrêté. La décision de<br />
confier la gestion de ce nouveau<br />
marché à la Bourse de<br />
Casablanca ou de créer une<br />
nouvelle entité n’a pas encore<br />
été prise.<br />
Dans le cas où cette deuxième<br />
option est retenue, il faudra<br />
alors en arrêter le tour de<br />
table. <strong>Les</strong> arbitrages se feront<br />
en fonction des moyens disponibles<br />
et de la nature du paysage<br />
financier marocain. Le<br />
niveau de réserves, aujourd’hui<br />
important, de la société gestionnaire<br />
de la Bourse de<br />
Casablanca pourrait être<br />
appelé à contribution pour la<br />
constitution du capital de la<br />
société gestionnaire du mar-<br />
boré un projet de loi relatif au<br />
marché à terme il y a de cela de<br />
5 ans. A l’époque, le marché n’offrait<br />
pas la profondeur nécessaire<br />
pour sa mise en place. L’activité<br />
du marché est désormais d’une<br />
toute autre échelle et les conditions<br />
en termes de liquidité sont<br />
aujourd’hui réunies pour nombre<br />
2007, la Banque mondiale indique<br />
que le marché du<br />
carbone, actuellement porté<br />
par les plateformes d’échange<br />
européennes principalement, a<br />
quasiment triplé pour atteindre<br />
30 milliards de dollars en 2006.<br />
Selon UBS, en 2008, la tonne de<br />
CO2, devrait atteindre 30 euros.<br />
En raison d’un système bancaire<br />
et d’un tissu industriel peu<br />
développé, le continent africain<br />
représente pour l’heure seulement<br />
3 % des certificats émis<br />
(20 projets), loin derrière la<br />
Chine (61 %) et l’Inde (12 %).<br />
Mais l’Afrique du Sud pourrait<br />
sortir du lot en raison de la plus<br />
grande sophistication de son<br />
économie. Dans le cadre du<br />
Mécanisme de développement<br />
propre (MDP), six projets écologiques,<br />
générant des crédits<br />
carbone, sont en vigueur en<br />
Afrique du Sud. Ils sont portés<br />
par les autorités publiques à<br />
ché dérivé et de la Chambre de<br />
compensation, elle aussi,<br />
consommatrice en capital.<br />
Gérer les risques<br />
Reste à voir si un marché à<br />
terme, connu pour être amplificateur<br />
des hausses et des<br />
baisses, ne mettra en péril la<br />
Bourse de Casablanca. Pour<br />
minimiser ces risques, le<br />
modèle de marché choisi<br />
comme cadre de référence<br />
s’inspire des expériences<br />
étrangères les plus exigeantes<br />
en matière de sécurité. Ces<br />
mécanismes de sécurisation se<br />
situent à plusieurs niveaux :<br />
les opérateurs du marché<br />
seront soumis à un dispositif<br />
prudentiel qui intègre les postions<br />
prises sur le marché des<br />
produits dérivés ; les variations<br />
des prix sur le marché<br />
seront encadrées par des limites<br />
réglementairement fixées ;<br />
la position ouverte par un<br />
opérateur est soumise à un<br />
principe de «limite d’emprise»,<br />
c'est-à-dire que l’intermédiaire<br />
ne peut prendre de<br />
position au-delà d’un certain<br />
pourcentage afin de limiter<br />
des écarts de cours importants<br />
sur le titre.<br />
En outre, un dispositif d’appel<br />
de marge permet de suivre<br />
rigoureusement les postions<br />
des opérateurs évaluées au<br />
prix de marché et de procéder,<br />
le cas échéant, à la liquidation<br />
des pertes et gains avant l’ouverture<br />
de la séance suivante.<br />
de va<strong>leurs</strong> qui peuvent servir de<br />
sous-jacent. Au stade actuel il<br />
est d’ores et déjà acquis que les<br />
premiers produits dérivés qui<br />
seront lancés sur le marché<br />
réglementé porteront probablement<br />
sur les émissions d’Etat,<br />
précisément sur le 5 ans, soit la<br />
maturité offrant le plus de profondeur.<br />
Durban et Cape Town ou par<br />
des sociétés privées, à l’instar de<br />
South African Breweries et<br />
Sappi Kraft.<br />
Parallèlement, la question de<br />
l’après Kyoto pour les pays<br />
émergents en 2012 reste en suspens.<br />
Pour l’instant, ces derniers<br />
n’ont pas pris l’engagement de<br />
réduire <strong>leurs</strong> GES. A l’exemple<br />
de la Chine, en passe de devenir<br />
le plus gros pollueur de la planète,<br />
l’Afrique du Sud tire plus<br />
de 75 % de son électricité du<br />
charbon. Son électricité, produite<br />
par Eskom, est parmi les<br />
moins chères au monde, mais<br />
elle lui confère aussi le rang de<br />
19 è émetteur de CO2. Si les<br />
objectifs de Kyoto devenaient<br />
contraignants, les pays émergents<br />
ne pourraient guère s’affranchir<br />
longtemps d’une politique<br />
nationale de réduction des<br />
gaz à effet de serre.<br />
9<br />
La Bourse de Nigeria au<br />
dessus des 50 700 points<br />
La Nigérian Stock Exchange (NSE), ’indice global des va<strong>leurs</strong> cotées<br />
à la Bourse de Lagos, a franchi allégrement la barre des 50 770<br />
points le premier juin 2007. Cette progression est forte comparée à<br />
1999, quand le même indice totalisait à peine 5 266, soit une croissance<br />
de 890 % en huit ans. La capitalisation Boursière a augmenté<br />
de 333,19 milliard de nairas en 1999 à 7,51 Trillion au cours de la<br />
même période. La loi sur la réforme des fonds de pension devra<br />
consolider cette croissance. A noter que les actifs Nigérians des<br />
fonds de pension de retraite, actuellement à N 600 milliard, devront<br />
atteindre Ie trillion dans un délai de 5 ans.<br />
Ouganda : des entreprises<br />
sommées de respecter<br />
<strong>leurs</strong> engagements<br />
La Banqua Barclays, le Sheraton Kampala, la société Kakira<br />
Sugar Works et l’Uganda Télécoms se sont vu sommés par les<br />
autorités de Kampala d’honorer <strong>leurs</strong> engagements pris au<br />
moment de <strong>leurs</strong> privatisations, entre 1996 et 2000, de céder<br />
une partie de leur capital en Bourse. Un délai qui a été prorogé<br />
plusieurs fois. La commission de règlementation des comptes<br />
publics a menacé, fin juin, de prendre des sanctions si les entreprises<br />
concernées n’exécutaient pas ce contrat avant la fin de<br />
l’année en cours. Selon l’arrangement, Barclays doit céder 25 %,<br />
Uganda Telecom 49 %, au moins 25 % pour le Sheraton<br />
Kampala et 10 % pour Kakira.<br />
Nouvelle introduction à<br />
la Bourse de Casablanca<br />
Opérant dans le secteur du transport et de la logistique, la société<br />
Timar prépare son introduction à la Bourse de Casablanca par émission<br />
de 45 000 nouvelles actions au prix de souscription unitaire<br />
ferme de 350 dirhams. Montant de l’opération, 15 750 000 dirhams.<br />
La période de souscription est prévue du 2 au 4 juillet 2007. La<br />
croissance soutenue du chiffre d’affaires de Timar (une croissance<br />
annuelle de 19,6 % entre 2004 et 2006) et les perspectives inscrites<br />
dans le business plan (prévision de croissance de 13,6 % du chiffre<br />
d’affaires entre 2007 et 2010) poussent les analystes d’Eurobourse à<br />
recommander l’action Timar au placement.<br />
Cession de 4 %<br />
supplémentaire du capital<br />
de Maroc Télécom<br />
Le ministère marocain des Finances et de la privatisation a<br />
annoncé par communiqué, le 27 juin, la cession effective de 4 %<br />
du capital de Maroc Télécom pour le compte de l’Etat.<br />
L’opération se fera sous la forme d’un placement à la Bourse<br />
réservé uniquement aux institutionnels marocains et étrangers.<br />
Ce sont 35,1 millions d’actions Maroc Télécom qui sont concernées.<br />
Au terme de ce placement, la part de l’Etat marocain dans<br />
le capital de l’opérateur historique sera ramené à 30,1 %, correspondant<br />
aussi au droit de vote. Quant au flottant de Maroc<br />
Télécom, il s’établira à 19 % du capital. La période d’ordre,<br />
d’une durée de deux jours devait être clôturée le 28 juin à la fermeture<br />
à 16h30 mn.<br />
Alliance entre la Bourse<br />
de Casablanca et celle<br />
de l’Afrique centrale<br />
La Bourse des va<strong>leurs</strong> mobilières de l’Afrique Centrale a signé une<br />
convention avec son homologue de la Bourse des va<strong>leurs</strong><br />
Mobilières de Casablanca en date du 11 juin 2007. Il s’agit d’un<br />
contrat d’assistance opérationnelle, qui place ainsi la Bourse de<br />
Casa au rang de partenaire technique privilégié du marché financier<br />
de l’Afrique Centrale. Cette convention s’inscrit dans la<br />
droite ligne du protocole signé avec Euronext et qui permet à la<br />
BVMAC de faire démarrer sa plateforme de cotation du marché<br />
secondaire d’ici la fin de l’année 2007. Ce sera bien après le<br />
démarrage du marché primaire (émission),qui mobilise actuellement<br />
le tout Libreville de la finance.<br />
Incertitudes sur le Douala<br />
Stock Exchange<br />
Le démarrage prochain de la cotation à la Bourse des va<strong>leurs</strong> mobilières<br />
d’Afrique Centrale (la BVMAC, érigée en dépositaire central<br />
du marché financier de la région) soulève beaucoup de question à<br />
la Douala Stock Exchange. En effet, cette perspective ôte à la Bourse<br />
des va<strong>leurs</strong> mobilières l’exclusivité de l’agrément. <strong>Les</strong> scénarios de<br />
rapprochement (fusion ou harmonisation) se profilent déjà à l’horizon.<br />
De l’avis des analystes, les deux places n’auraient pas d’autres<br />
choix qu’un rapprochement, dicté logiquement par la taille et le<br />
potentiel du marché.<br />
Bourse de Tunis : Adwya<br />
transforme l’essai<br />
La journée du mercredi 27 juin 2007 a été marquée à la Bourse de<br />
Tunis par un début en trombe de la valeur « Adwya » qui a connu<br />
son premier cours de négociation à 4 DT pour un prix d’introduction<br />
de 2,550 DT, gagnant sur la journée 5,5 % dans un échange de<br />
plus de 444 mille titres. L’enthousiasme était de mise malgré une<br />
petite erreur de saisie, faisant réserver le cours de l’action à la<br />
baisse, qui a momentanément donné du tournis aux traders. Cette<br />
introduction réussie marque une nouvelle vie pour Adwya, une<br />
société pharmaceutique fondée en 1983 et au capital social de<br />
10 millions de Dinars.
10<br />
158<br />
156<br />
154<br />
152<br />
150<br />
148<br />
146<br />
144<br />
142<br />
140<br />
138<br />
136<br />
134<br />
132<br />
130<br />
128<br />
126<br />
124<br />
122<br />
120<br />
118<br />
116<br />
114<br />
112<br />
110<br />
108<br />
106<br />
104<br />
102<br />
100<br />
jan. 06<br />
fév. 06<br />
mars. 06<br />
avr. 06<br />
mai. 06<br />
Ai40 and Ai100 since inception (base = 100)<br />
juin. 06<br />
juil. 06<br />
août. 06<br />
sep. 06<br />
<strong>Les</strong> performances de l’AI40 au dessus de celles des Bourses africaines<br />
La troisième semaine de juin a<br />
vu l’indice A I40 qui regroupe<br />
les va<strong>leurs</strong> les plus liquides du<br />
Continent s’apprécier de 1,75 %,<br />
à 157,65 points. L’indice poursuit<br />
ainsi un rythme de progression<br />
continue depuis le début de l’année,<br />
avec des performances<br />
cumulées de 34,8 %, bien au dessus<br />
de la plupart des gains des<br />
Bourses nationales et régionales<br />
africaines. Sur la période de janvier<br />
à juin 2007, les actions ont<br />
gagné 21 % au Maroc, contre<br />
17 % en Afrique du Sud et 15%<br />
en Egypte….<br />
Quant à la progression de l’indice,<br />
annoncée à la fermeture<br />
des Bourses le vendredi 22 juin<br />
2007, elle est tirée les télécoms.<br />
L’annonce d’une licence 3 G<br />
pour Mobnil Egypte (une capi-<br />
Source : http://www.commodafrica.com<br />
oct. 06<br />
Matières premières et produits agricoles tropicaux<br />
28.6.2007<br />
CACAO<br />
Côte d'Ivoire, euro/tonne<br />
- juillet/août 1725<br />
- oct./dec. 1725<br />
Nigeria, euro/tonne<br />
- juillet/août 1710<br />
- oct./dec. 1710<br />
Cameroun, euro/tonne<br />
- juillet/août<br />
- oct./dec. 1710<br />
Ghana, £/tonne<br />
- Aoû/septembre 1210<br />
- Janvier/mars 1220<br />
Beurre, £/tonne<br />
départ usine Holl. 3000<br />
VANILLE<br />
Madagascar, euro/kg FOB<br />
- Noire, non fendue 30<br />
- Industrielle, extraction 17-20<br />
Papouasie Nelle Guinée, euro/kg FOB<br />
- Noire, non fendue 18<br />
- Industrielle, extraction 10<br />
Inde, euro/kg, FOB<br />
- Noire, non fendue 30<br />
- Industrielle, extraction 15-20<br />
Tahiti, euro/kg, FOB<br />
- Noire, non fendue 200<br />
CAFE<br />
Robusta embarquement<br />
$/tonne CAF<br />
Côte d'Ivoire grade 1<br />
- Juin/Juillet 2015<br />
- Août/Septembre 2035<br />
Côte d'Ivoire grade 2<br />
- Juin/Juillet 1955<br />
- Août/Septembre 1975<br />
Côte d'Ivoire grade 3<br />
- Juin/Juillet 1885<br />
- Août/Septembre 1905<br />
Madagascar grade 1<br />
- Juin/Juillet 1915<br />
- Août/Septembre 1935<br />
Cameroun grade 1<br />
- Juin/Juillet 1965<br />
- Août/Septembre 1985<br />
RCA Supérieur<br />
- Juin/Juillet 1965<br />
- Août/Septembre 1985<br />
Togo grade 2<br />
- Juin/Juillet 2005<br />
- Août/Septembre 2025<br />
RD Congo HTCM<br />
- Juin/Juillet N .Q<br />
- Août/Septembre N .Q<br />
Ouganda standard<br />
- Juin/Juillet 1995<br />
- Août/Septembre 2015<br />
Vietnam grade 2<br />
- Juin/Juillet 1905<br />
- Août/Septembre 1925<br />
Indonésie EK1<br />
- Juin/Juillet N .Q<br />
- Août/Septembre 1960<br />
nov. 06<br />
déc. 06<br />
jan. 07<br />
talisation de 3,2 milliards de<br />
dollars) a occasionné un rush<br />
sur le titre qui s’est apprécié de<br />
9,5 % sur la semaine. L’autre<br />
grosses cylindrée des télécoms<br />
égyptiens, «Telecom Egypte »,<br />
s’est quant à elle apprécié de<br />
0,6 %, ramenant ses performances<br />
annuelles à 28,4 %.<br />
Pour sa part, la nigériane Zénith<br />
Bank, qui s’est le plus apprécié<br />
depuis le début de l’année<br />
(147,5 %) termine la semaine<br />
avec un gain de 1,8 % à 0,46 dollars<br />
l’action. Outre la Mobnil, les<br />
fortes appréciations hebdomadaires<br />
ont été enregistrées sur le<br />
cours de la Sud Africaine BHP<br />
Billiton (+8,7 % à 27,29 dollars),<br />
de l’égyptien Hermès Holding<br />
Company (+7,9 %, à 8,11 dollars).<br />
A l’inverse, les fortes baisses<br />
28.6.2007<br />
Brésil conilon 4/5<br />
- Juin/Juillet N.Q<br />
- Août/Septembre 2035<br />
ARABICA embarquement<br />
Cts/Lb<br />
Ethiopie Djimma 5<br />
- Juin/Juillet 103<br />
- Août/Septembre 104<br />
Kenya AB<br />
- Juin/Juillet 145<br />
- Août/Septembre 148<br />
Brésil Santos 2 17/18<br />
- Juin/Juillet 106.5<br />
- Août/Septembre 108<br />
Mexique PW<br />
- Juin/Juillet 115<br />
- Août/Septembre 117<br />
Colombie<br />
- Juin/Juillet 118<br />
- Août/Septembre 120<br />
Costa Rica HB<br />
- Juin/Juillet 122<br />
- Août/Septembre 124<br />
POIVRE<br />
$/tonne CAF<br />
Sarawak blanc 5150<br />
Sarawak DW 5550<br />
Muntok Blanc 5150<br />
Brésil Blanc 1 5100<br />
Vietnam noir 3700<br />
Sarawak noir spécial 3875<br />
Brésil noir 1 3700<br />
Madagascar noir<br />
CEREALES Pays africains<br />
FCFA/sac 100 kg (prix moyen national)<br />
Burkina Faso<br />
- Riz importé 24'007<br />
- Mil local 10'607<br />
- Sorgho local 10'000<br />
- Maïs local 8'714<br />
Mali<br />
- Riz local 28'333<br />
- Riz importé 26'500<br />
- Mil local 11'071<br />
- Sorgho local 10'500<br />
- Maïs local 9'666<br />
Niger<br />
- Riz importé 30'500<br />
- Mil local 14'750<br />
- Sorgho local 12'700<br />
- Maïs importé 13'116<br />
RIZ, marché international<br />
Indice Osiriz/Cirad (US$/t FOB)<br />
- IPO (base 100= janvier 2000) 139.4<br />
- USA2:4 410<br />
- Thai 100B 335<br />
- Thai 5 327<br />
- Inde 5 290<br />
- Viet 5 305<br />
- Inde 25 270<br />
- Thai 25 299<br />
- Viet 25 292<br />
- Pak 25 280<br />
fév. 07<br />
mars. 07<br />
avr. 07<br />
mai. 07<br />
juin. 07<br />
COTATIONS<br />
Ai40<br />
Ai100<br />
proviennent de l’Intercontinental<br />
Bank (Nigeria), qui, a cédé<br />
8,5 %, dans une tendance fortement<br />
baissière pour son secteur<br />
d’activité.<br />
<strong>Les</strong> entreprises formant l’Indice<br />
A I40 des 40 va<strong>leurs</strong> les plus liquides<br />
du Continent, ont été sélectionnées<br />
par le mensuel londonien<br />
«Africain Investor », sur la<br />
base d’une capitalisation boursière<br />
de plus de 100 millions de<br />
dollars, avec un flottant excédent<br />
25 % du capital. Ces entreprises<br />
sont concentrées pour<br />
environ 35 % en Afrique du<br />
Sud, 21 % en Egypte, 16 % au<br />
Maroc, 13% au Nigeria, 4 % à<br />
l’ensemble Zimbabwe-Maurice<br />
et 3 % en Tunisie.<br />
A.W<br />
28.6.2007<br />
- A1 Super 260<br />
TOURTEAUX et OLEAGINEUX<br />
Tourteaux de coton en EUR/Tonne 140<br />
Graines de coton en EUR/Tonne INC<br />
Noix de cajou brute<br />
Origine Guinée Bissau, 53 lbs, C&F Cochin 630<br />
51 lbs/80 kg with Nutcount 190 nuts /kg<br />
en US$/Tonne, C+F Inde/Viet. INC<br />
50 lbs with nutcount of 200nuts/kg max<br />
en US$/Tonne INC<br />
Tourteaux d'arachide<br />
Garantie d'aflatoxine, en EUR/Tonne, C+F France INC<br />
Graines de sésames<br />
Whitish Ethiopie Humera, en US$/Tonne<br />
FOB Port Soudan/Djibouti 970<br />
Whitish Soudan, en US$/Tonne<br />
Mixed , FOB Port Soudan 1025<br />
Mixed Nigeria et/ou Burkina Faso<br />
FOB Lagos/Tema<br />
Mixed Tanzanie, Mozambique,<br />
850<br />
FOB Dar es Salam/Macala<br />
COTON<br />
Récolte 2006/07<br />
Embarquement avril/mai 07<br />
Indice A Cotlook, CAF ports Nord Europe<br />
Middling 1.3/32<br />
Euro/tonne 1067.53<br />
Cents /Lb 65.25<br />
Indice A Cotlook, CAF ports Far East<br />
Middling 1.3/32<br />
Euro/tonne 1035.63<br />
Cents /Lb 63.3<br />
Afrique Zone Franc, CAF Ports européens<br />
Middling 1.3/32<br />
Euro/tonne 1030.72<br />
Cents /Lb 63<br />
BOIS TROPICAUX<br />
en Euros le m3, FOB, marché asiatique<br />
Grumes d'Afrique de l'Ouest, LM<br />
- Acajou 221<br />
- Ayous 221<br />
- Iroko 289<br />
- Moabi 297<br />
- Movingui 205<br />
- Padouk 305<br />
- Sapeli 251<br />
- Sipo 274<br />
- Okoumé, Gabon, FAS<br />
- QS (Asie/Europe) 213/219<br />
- CI (Asie/Europe) 171/171<br />
- CE (Asie/Europe) 146/150<br />
- CS (Asie/Europe) 108/111<br />
Sciages Afrique Ouest, a/tFOB, FAS GMS<br />
- Ayous 396<br />
- Okoumé 335<br />
- Sipo 540<br />
- Padouk 600<br />
- Sapeli 550<br />
- Iroko 458<br />
- Khaya 396<br />
- Moabi 630<br />
- Movingui 460<br />
Chaque mercredi<br />
en kiosques dès<br />
septembre 2007<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
AI 40 une selection des 40 va<strong>leurs</strong> les plus importantes du continent africain<br />
Company Sector Country<br />
MKT Cap<br />
USD m<br />
Price<br />
USD<br />
Séléction Morningstar des fonds africains<br />
Séléction Morningstar Or et métaux précieux<br />
Price change Price change Performance<br />
on the week* in 2007 rank 2007<br />
Sonatel Sn Telecommunications Brvm 2'372.56 237.26 1.7% 29.5% 11 8.9<br />
Orascom Construction Construction Egypt 12'131.15 63.66 1.7% 34.2% 9 29.8<br />
Telecom Egypt Telecommunications Egypt 5'405.60 3.17 0.6% 28.4% 12 13.4<br />
Egyptian Financial Group - Hermes Holding Company Banking & finance Egypt 3'145.43 8.11 7.9% 16.1% 20 15.9<br />
El Ezz Aldekhela Steel - Alexandria Chemicals Egypt 2'544.17 186.14 0.9% 11.4% 22 6.2<br />
El Ezz Steel Rebars Construction Egypt 1'835.97 10.07 1.5% 10.0% 25 23.4<br />
Mobinil Telecommunications Egypt 3'238.45 32.38 9.5% 3.0% 31 13.0<br />
Vodafone Telecommunications Egypt 3'791.56 15.80 2.7% -3.8% 35 11.1<br />
East African Breweries Breweries Kenya 1'459.48 2.21 2.1% 12.8% 21 18.1<br />
Kenya Comm. Bank Ltd Banking & finance Kenya 716.86 0.36 0.0% 10.4% 24 18.2<br />
Ken Gen Power Kenya 814.22 0.37 -5.7% -11.7% 36 14.5<br />
Kenya Power and Lighting Co. Industrial Kenya 245.11 3.10 0.5% -20.0% 38 10.0<br />
Kenya Airways (Nse) Transport Kenya 542.27 1.17 6.1% -31.1% 39 7.5<br />
Mumias Sugar Company Food manufacturing Kenya 198.43 0.39 -5.4% -48.8% 40 30.2<br />
Mauritius Comm. Bank Banking & finance Mauritius 821.19 3.28 7.1% 23.9% 17 14.1<br />
Banque Marocaine du Commerce Banking & finance Morocco 5'305.74 334.22 1.6% 127.9% 2 53.9<br />
Lafarge Building materials Morocco 3'219.91 675.84 4.6% 51.2% 7 31.5<br />
Banque Centrale Populaire Banking & finance Morocco 1'688.07 286.69 -0.3% 30.7% 10 33.7<br />
Attijariwafa Bank Banking & finance Morocco 6'406.47 331.95 3.7% 23.0% 18 26.6<br />
Credit Immobiliere et Hotelier Banking & finance Morocco 1'566.11 71.76 2.4% 6.2% 28 n/a<br />
Omnium Nord Africain Holding company Morocco 3'294.48 188.66 -2.9% 5.0% 29 35.6<br />
Maroc Telecom Telecommunications Morocco 13'966.14 15.89 0.7% 4.6% 30 17.3<br />
Zenith Bank Banking & finance Nigeria 2'755.22 0.46 1.8% 147.5% 1 31.1<br />
Guaranty Trust Bank Banking & finance Nigeria 2'167.81 0.27 -6.5% 96.9% 3 19.2<br />
Intercontinental Bank Banking & finance Nigeria 2'111.03 0.20 -8.5% 87.1% 4 38.0<br />
Union Bank Banking & finance Nigeria 2'901.08 0.31 -6.5% 79.3% 5 34.9<br />
United Bank For Africa Banking & finance Nigeria 2'398.84 0.34 -2.1% 77.1% 6 49.7<br />
West African Portland Cement Construction Nigeria 1'451.10 0.52 0.0% 26.1% 13 26.4<br />
First Bank Banking & finance Nigeria 3'262.15 0.31 0.0% 22.5% 19 12.2<br />
BHP Billiton Mining South Africa 67'358.90 27.29 8.7% 48.9% 8 17.7<br />
Impala Platinum Mining South Africa 18'310.45 32.99 6.3% 25.1% 14 28.6<br />
Anglo American Mining South Africa 89'711.23 60.49 1.0% 24.3% 16 25.4<br />
MTN Group Telecommunications South Africa 22'154.31 13.36 -2.0% 10.8% 23 17.4<br />
Sab Miller Beverages South Africa 25'021.67 25.02 4.0% 8.8% 26 24.6<br />
Standard Bank Banking & finance South Africa 19'395.49 14.45 -1.9% 7.8% 27 13.0<br />
Sasol Oil & gas South Africa 25'217.93 37.08 4.5% 0.9% 32 12.1<br />
SFBT Brasseries Tunisie Beverages Tunisia 544.29 53.05 -4.6% 24.3% 15 20.6<br />
Banque De Tunisie Banking & finance Tunisia 247.57 70.74 3.5% -0.8% 33 17.9<br />
Banque Intl Arabe du Tunisie Banking & finance Tunisia 278.49 27.85 1.7% -2.6% 34 20.3<br />
Econet Telecommunications Zimbabwe 224.14 1.50 4.4% -15.8% 37 5649.7<br />
*From 15th June '07 to 22nd June '07<br />
Nom du Fonds Début d'historique<br />
29.12.2006<br />
22.6.2007<br />
23.6.2006<br />
22.6.2007<br />
21.6.2002<br />
22.6.2007<br />
Domicile Promoteur<br />
FTSE All-Wld Sth Africa USD 31.12.1993 9.67 37.33 225.2 FTSE AWI Indices<br />
MSCI South Africa Grs USD 31.12.1992 9.71 35.5 171.81 Morgan Stanley Capital Int<br />
S&P/Citi BMI South Africa 30.6.1994 10.57 38.54 181.64 S&P/Citigroup Indices<br />
Africa Emerging Markets 12.11.1993 27.91 57.9 523.39 Cayman Islands Emerging Markets Management L.L.C.<br />
AlAhli National Inv Fund 16.8.1988 0.28 -2.61 -17.46 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />
AlAhli Saudi Dynamic Trd Fund 25.4.2005 -1.34 -6.42 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />
AlAhli Saudi Riyal Trade Fund 3.4.1995 0.25 -2.67 -17.98 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />
AlAhli Saudi Trd Equity Fund 3.6.1998 -8.97 -45.33 113.45 Saudi Arabia The National Commercial Bank<br />
Atlas Maroc II 28.3.1994 22.84 55.77 205.1 France Financiere Atlas<br />
BAC Mining South Africa CHF 1.10.2004 58.92 105.9 Switzerland FidFund Management S.A.<br />
EMIF South Africa Index Plus C 2.1.2001 8.83 31.58 123.56 Luxembourg Sinopia/BBVA/KBC<br />
Orbis Africa Equity (Rand) 30.6.1998 11.87 47.53 393.57 Bermuda Orbis Investment Management Ltd<br />
UBS (CH) EF-South Africa 4.3.1948 10.74 34.88 150.75 Switzerland UBS Fund Management AG<br />
Plct, Pourc., Init EUR 100.00, Nav-Nav, EUR, Unadj Inc.<br />
Source – © Morningstar France. Tous droits réservés - Juin 2007.<br />
Nom du Fonds Début d'historique<br />
29.12.2006<br />
22.6.2007<br />
23.6.2006<br />
22.6.2007<br />
21.6.20022<br />
2.6.2007<br />
Domicile Promoteur<br />
AIG PB Equity Fund Gold T 19.6.1992 -0.35 11.26 89.89 Switzerland AIG Fondsleitung (Schweiz) AG<br />
BAC Mining South Africa CHF 1.10.2004 58.92 105.9 Switzerland FidFund Management S.A.<br />
BBGI Share Gold (USD) 15.11.2006 -2.45 Switzerland Bearbull Gestion Institutionelle SA<br />
CF Ruffer Baker Steel Fund 1.10.2003 7.45 18.28 England CF Ruffer Investment Funds<br />
CM-CIC Or et Mat 30.6.1986 7.08 18.16 90.11 France Crédit Mutuel-CIC<br />
Craton Capital Prec Metal A 14.11.2003 1.84 20.09 Liechtenstein Global Fund Services AG<br />
CS EF Global Gold 28.2.1986 -7.65 -4.94 35.78 Switzerland Credit Suisse AM Schweiz<br />
DJE-Gold & Ressourcen P 31.1.2003 5.16 7.67 Luxembourg DJE Investment S.A.<br />
DWS Goldminenaktien Typ O 10.11.1997 1.47 12.93 12.39 Germany DWS Investment GmbH<br />
DWS Invest Gold + Prc Ml $ A2 20.11.2006 1.77 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />
DWS Invest Gold + Prc Ml $ LC 20.11.2006 -0.34 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />
DWS Invest Gold + Prc Ml $ NC 20.11.2006 -0.7 Luxembourg DWS Investment S.A.<br />
Dynalion Or 10.4.1980 -6.38 -0.53 53.11 France LCL<br />
Federal Multi Or et Mat. Pre. 6.1.1984 14.82 24.71 113.23 France Federal Finance<br />
FPIL Merril Lynch World Gold 17.10.2003 0.38 9.06 Isle of Man Friends Provident International Limited<br />
Fructifonds International Or 25.10.1985 -2.47 2.24 54.03 France Banques Populaires<br />
Genus Dynamic Gold Fund A 31.3.2003 5.47 15.26 Cayman Islands Baker Steel Capital Mgrs LLP<br />
Global Gold and Precious 21.7.2000 -0.77 9.22 113.32 France Global Gestion<br />
Gold 2000 Ltd 4.6.1999 12.66 21.55 128.63 Cayman Islands Zimba Inc<br />
Gold Equity Fund (CHF) B 30.6.2005 8.18 18.73 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />
Gold Equity Fund (EUR) B 30.6.2005 8.41 19.18 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />
Gold Equity Fund (USD) B 30.9.2003 8.02 18.39 Luxembourg Julius Baer Investmt Fd Serv.<br />
HPM Invest Sicav-RV Golden Dy 25.10.2002 -19.51 -33.3 Luxembourg HPM Portfolio Management GmbH<br />
IAM Gold & Metals 7.10.2002 27.23 37.62 Switzerland Bank Julius Baer<br />
Investec Global Gold A Acc GBP 10.4.2006 8.61 24.86 England Investec Fund Managers Ltd<br />
Investec GSF Global Gold A 26.11.1990 6.73 20.03 76.47 Guernsey Investec GS<br />
LGT EF Precious Metal USD 29.1.1988 -9.34 -8.68 22.9 Liechtenstein LGT Capital Management Ltd<br />
LODH Inv Wo Gold Exp EUR P A 8.8.2003 3.86 13.35 Luxembourg Lombard Odier Darier Hentsch & Cie<br />
LODH Inv Wo Gold Exp USD P A 8.8.2003 5.53 13.44 Luxembourg Lombard Odier Darier Hentsch & Cie<br />
Merrill LIIF Wld Gold A 30.12.1994 1.73 11.49 90.03 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />
Merrill LIIF Wld Gold E 30.12.1994 1.46 10.93 85.52 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />
Merrill LIIF Wld Gold E ? 6.4.2001 1.22 11.43 84.18 Luxembourg BlackRock M Lynch Inv Mgrs (MLIIF)<br />
Merrill Lynch Gold & Gen Inc 21.3.1988 7.8 21.5 121.41 England BlackRock M Lynch Inv Mgrs (UK)<br />
Merrill Lynch Intl Gold & Gen 21.5.1993 7.57 19.91 120.77 Jersey BlackRock M Lynch Inv Mgrs (CI)<br />
NESTOR Gold Fonds 3.6.2002 10.41 20.62 80.52 Luxembourg Nestor Investm Managemt S.A.<br />
OMG Aliquot Gold Bullion 24.8.2004 0.78 -1.91 Guernsey Old Mutual Fund Managers (Guernsey)<br />
OMGB Aliquot Gold Bullion 23.8.2004 1.4 -0.73 Guernsey Old Mutual Guernsey Life Accounts<br />
PEH Q-Goldmines 1.11.1996 13.71 29.8 53.44 Luxembourg PEH Quintessenz Sicav<br />
PIA Gold Stock A 14.5.1985 -1.21 9.25 55.27 Austria Pioneer Investments Austria GmbH<br />
Power Capital Gold Edge 31.1.2005 British Virgin Islands Power Capital Management Ltd<br />
R Mines d'Or 4.6.1996 0.48 4.07 32.98 France Rothschild Banque<br />
Royal Skan £ ML Gold & Gen 28.9.2001 6.98 17.02 112.32 Isle of Man Royal Skandia Life Assurance<br />
SGAM Fund Eq Gold Mines A 30.6.1988 -6.63 1.45 60.15 Luxembourg SGAM<br />
SGAM Fund Eq Gold Mines F 8.7.2002 -7.07 0.44 Luxembourg SG Asset Management<br />
SGAM Invest Secteur Or 16.9.1983 -5.58 1.85 43.73 France Société Générale<br />
Share Gold 11.3.2003 -2.38 6.87 Luxembourg Banque Degroof<br />
Sicav Placeuro Global US Eqs 3.2.2006 -16.61 -41.28 Luxembourg Cofigeco<br />
Sicav Placeuro Gold Mines 18.12.1995 3.57 29.03 49.92 Luxembourg Cofigeco<br />
Swisscanto (CH) EF Gold 15.4.1996 -7.48 -4.2 28.58 Switzerland Swissca Fondsleitung AG<br />
UBS (CH) EF-Gold 7.12.1988 -6.98 -3.56 30.31 Switzerland UBS Fund Management AG<br />
UEB Gold Equity Multi-Manager 31.1.2003 4.12 8.81 Bahamas United European Bank<br />
Va<strong>leurs</strong> Or 30.6.1983 2.4 14.95 76.08 France W Finance-AGF<br />
ZI ML IIF WD Gold & Min 1.11.2001 0.64 9.75 89.25 Isle of Man Zurich International Life<br />
ZKB Fonds Gold ETF 16.3.2006 0.89 4.09 Switzerland Zürcher Kantonalbank<br />
Plct, Pourc., Init EUR 100.00, Nav-Nav, EUR, Unadj Inc.<br />
Source – © Morningstar France. Tous droits réservés - Juin 2007.<br />
P/E
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 PRODUITS FINANCIERS<br />
11<br />
<strong>Les</strong> produits islamiques<br />
débarquent au Maghreb<br />
La Tunisie, en février 2007, et le Maroc, un mois plus tard, ont ouvert <strong>leurs</strong> réglementations bancaires aux produits islamiques. <strong>Les</strong> premières formules halal<br />
arrivent sur le marché dans le courant de ce mois de juillet.<br />
Par Adam Wade<br />
C’est durant ce mois de juillet<br />
2007 que les premières offres<br />
sur les produits bancaires islamiques<br />
seront commercialisées<br />
par les <strong>banques</strong> <strong>marocaines</strong>.<br />
Une quasi-révolution dans un<br />
environnement régi jusque-là<br />
par des règles prudentielles et<br />
une tradition de banque<br />
conventionnelle à l’occidentale.<br />
Le feu vert de Bank Al Maghrib<br />
est intervenu le 20 mars 2007,<br />
soit à peine un mois après que<br />
la Banque centrale tunisienne<br />
ait adopté un projet de loi<br />
autorisant la création de la<br />
première banque islamique<br />
pour le développement du<br />
commerce interarabe.<br />
Aussi, des trois pays du<br />
Maghreb central, seule l’Algérie<br />
est pour le moment en retrait<br />
par rapport à ce mouvement.<br />
Produit alternatif<br />
Détail important à préciser,<br />
la commercialisation de ces<br />
produits se fera au Maroc sans<br />
la mention «islamique ». En<br />
lieu et place, l’autorité centrale<br />
a décidé l’usage modéré de<br />
« produit alternatif ». La commercialisation<br />
se fera néanmoins<br />
avec la mention « conforme aux<br />
règles islamiques ». Maigre<br />
consolation pour les directions<br />
marketing d’Attijariwafa Bank,<br />
de BMCE Bank et de BCP, déjà<br />
aux avant-postes dans ce créneau<br />
porteur. Chez les unes<br />
comme chez les autres, la discrétion<br />
est de mise. Pas question de<br />
dévoiler aux concurrents sa<br />
formule. Sobriété de mise aussi<br />
chez le GPBM (Groupement<br />
professionnel bancaire marocain)<br />
où l’on précise sans<br />
trop de détails «que tout<br />
dépendra du traitement fiscal<br />
qu’appliquera Bank Al Maghrib<br />
à ces produits ».<br />
Très prudente dans son approche,<br />
l’institution centrale procède<br />
par petits pas, motivée avant<br />
tout par la volonté d’améliorer<br />
le taux de bancarisation (à peine<br />
24 % actuellement) du royaume.<br />
L’ouverture est graduelle,<br />
entendu que les <strong>banques</strong> isla-<br />
La commercialisation<br />
de ces produits<br />
se fera au Maroc<br />
sans la mention<br />
«islamique ».<br />
miques à proprement parler<br />
n’ont pas encore droit de cité<br />
au Maroc. De plus, sur la<br />
panoplie de produits islamiques<br />
existants, seuls trois seront<br />
commercialisés au Maroc (voir<br />
encadré) pour le moment.<br />
A l’heure où s’écrivaient ces<br />
lignes, le suspens demeurait<br />
donc dans le fameux traitement<br />
fiscal propre à chaque produit<br />
islamique. L’option d’une taxation<br />
de la marge bénéficiaire sur<br />
Salama Assurances Algérie a<br />
annoncé le lancement prochain de<br />
Takaful, une assurance-vie conforme<br />
à la charia, rapporte «Strategica,<br />
Business & Finances », une<br />
publication spécialisée. Ce service<br />
d’assurance-vie commercialisé et<br />
répandu dans certains pays du Golfe<br />
et d’Asie est actuellement en vogue<br />
dans les pays du Sud asiatique<br />
et même en Europe. Il est en passe<br />
de se substituer aux produits<br />
classiques pour lesquels le consommateur<br />
musulman affiche souvent<br />
une certaine réticence. Cité par<br />
Strategica, le directeur du projet,<br />
Abdelhakim Hadjou, précise que<br />
la base des mensualités (dans<br />
le cas de la Mourabaha)<br />
comme l’exigeaient les <strong>banques</strong><br />
était en passe de l’emporter,<br />
précise une source proche de<br />
l’administration fiscale, en lieu<br />
et place d’une imposition au<br />
départ du bien meuble ou<br />
immeuble acquis.<br />
L’après 11 septembre<br />
Cette mutation du Maghreb,<br />
bastion de la banque occidentale<br />
en terre d’islam, s’explique,<br />
au-delà de l’amélioration de la<br />
bancarisation respective des<br />
Diaspora musulmane<br />
en Europe oblige,<br />
le segment des<br />
particuliers est au<br />
cœur de la bataille.<br />
pays concernés, par l’attrait réel<br />
des produits islamiques et <strong>leurs</strong><br />
volumes. <strong>Les</strong> <strong>banques</strong> d’investissement<br />
conformes à la charia<br />
tâtent le terrain maghrébin<br />
depuis l’après 11 septembre<br />
2001 à la recherche de niches à<br />
rendement élevés. C’est ainsi<br />
que selon les préceptes de<br />
l’Islam, Gulf Finance House,<br />
l’un des plus importants fonds<br />
d’investissement bahreini et de<br />
la région du Golfe, a signé en<br />
juilllet 2006 un mémorandum<br />
d’entente de 2 milliards de<br />
dollars pour des projets touristiques<br />
et immobiliers.<br />
Le groupe saoudien Dallal<br />
Baraka, qui compte la première<br />
institution islamique, est également<br />
présent au Maroc depuis<br />
de nombreuses années à travers<br />
des prises de participation dans<br />
des établissements existants et<br />
des investissements directs dans<br />
le tourisme.<br />
Selon une récente étude de<br />
Standard’s & Poor’s, les actifs<br />
financiers conformes à la charia<br />
approchent la barre symbolique<br />
des 500 milliards de dollars (soit<br />
10 fois la capitalisation boursière<br />
de Casablanca) et croissent<br />
à un rythme annuel supérieur à<br />
10 %. Pour sa part, la Banque<br />
islamique de développement (la<br />
BID) évalue la part des<br />
produits alternatifs dans le<br />
système bancaire des pays du<br />
Conseil de coopération du<br />
Golfe (CCG) à 17 % des actifs<br />
totaux. Au nombre de 100<br />
actuellement, le marché des<br />
fonds d'investissement islamiques,<br />
connaît également une forte<br />
progression, avec un total<br />
des actifs excédant les 5 milliards<br />
de dollars.<br />
Musulmans d’Europe<br />
Cette abondance de fonds<br />
islamiques suscite beaucoup<br />
d’intérêt en Europe. <strong>Les</strong> gouvernements<br />
britannique et japonais<br />
ont ainsi indiqué leur intention<br />
d’émettre des « Sukuk », obligations<br />
islamiques, imitant ainsi le<br />
Algérie : une assurance-vie halal<br />
cette nouvelle prestation de services<br />
comprendra trois nouveaux produits<br />
d’assurance-vie : « Takaful épargne<br />
et prévoyance », « Takaful prévoyance<br />
», et «Takaful Crédit ».<br />
A noter que Salama Assurances<br />
Algérie, appelée précédemment El<br />
Baraka Oua Al Amane, est une filiale<br />
du groupe Salam Islamic Arab<br />
Insurance Company, qui est le principal<br />
fournisseur de garanties d’assurance<br />
et de réassurance reposant sur<br />
les principes de la charia dans le<br />
monde. Elle a été agréée par l’arrêté<br />
N° 46 du 2 juillet 2006 par le ministère<br />
algérien des Finances.<br />
Land allemand de Saxe Anhalt,<br />
lequel a émis dès juillet 2004 un<br />
Sukuk de 100 millions d’euros.<br />
Diaspora musulmane en<br />
Europe oblige, le segment des<br />
particuliers est au c?ur de la<br />
bataille. L’innovation est venue<br />
là aussi de Londres, en août<br />
2004, avec une première licence<br />
accordée à l’Islamic Bank of<br />
Britain (IBB) pour favoriser<br />
l’intégration financière d’une<br />
population musulmane (plus de<br />
2 millions) à 70 % favorables<br />
aux produits islamiques. C’est<br />
aussi dans la capitale britannique,<br />
résolument engagée dans la<br />
concurrence des grandes places<br />
fortes de la finance islamique<br />
que sont Dubaï, Kuala Lampur<br />
et Bahrein, qu’opère l’European<br />
Islamic Investment Bank (EIIB)<br />
qui cible des fonds institutionnels<br />
et des grandes familles du<br />
Golfe pour les recycler dans des<br />
pools d’actifs immobiliers,<br />
industriels ou touristiques à<br />
rendement élevé. En France, la<br />
Société Générale a lancé les<br />
premiers fonds alternatifs<br />
compatibles avec la charia permettant<br />
une vente à découvert<br />
sans enfreindre la loi islamique.<br />
HSBC qui propose quant à elle<br />
et depuis 2003 des produits<br />
immobiliers et des comptes<br />
courants, lancera bientôt des<br />
produits alternatifs dans les<br />
fonds de pension et l’assurance.<br />
Partage des risques<br />
Dans le Golfe, c’est le segment<br />
des particuliers qui est le plus<br />
demandeur des produits islamiques.<br />
«<strong>Les</strong> entreprises restent<br />
«La banque islamique<br />
est partenaire<br />
du débiteur et assume<br />
la même part<br />
de risque tandis<br />
que la banque<br />
commerciale est<br />
un simple prêteur »<br />
davantage enclines à optimiser<br />
le couple prix-qualité dans une<br />
transaction financière », constate<br />
le département recherche de<br />
Standard & Poor’s. La tendance<br />
sera-t-elle différente au Maghreb<br />
où nécessairement les rendements<br />
sur le marché des<br />
particuliers seront moindres<br />
comparés aux opulentes pétromonarchies<br />
du Golfe ?<br />
L’intérêt des produits islami-<br />
300<br />
250<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
1983<br />
1985<br />
ques ne réside pas tant dans<br />
le volume que dans leur<br />
engagement sur le partage<br />
du risque, démarche aux<br />
antipodes des pratiques d’une<br />
banque conventionnelle, laquelle<br />
préférera le choix rationnel<br />
d’un gain fixé d’avance sur<br />
l’intérêt. « La banque islamique<br />
est partenaire du débiteur<br />
et assume la même part de<br />
risque tandis que la banque<br />
commerciale est un simple<br />
prêteur », note une étude<br />
consacrée à la question par la<br />
BMCE Bank, l’une des premières<br />
qui vont commercialiser les<br />
produits alternatifs. Cette<br />
différence d’approche permet<br />
aux <strong>banques</strong> islamiques de<br />
prendre des participations<br />
majoritaires dans des sociétés<br />
en croissance, non cotées et<br />
plus risquées par nature, en<br />
espérant des rendements supérieurs<br />
par une gestion active à<br />
moyen terme des actifs acquis<br />
et l’usage systématique de la<br />
dette tout en demeurant<br />
conforme avec la Charia. Un<br />
exercice d’équilibriste mais<br />
bien loin de tiédir les acteurs<br />
de la finance classique comme le<br />
montre la décision stratégique<br />
prise par la City Bank d’ouvrir<br />
une succursale au Koweit<br />
(opération effective depuis septembre<br />
2006).<br />
Révolution capitaliste<br />
Face à l’intérêt croissant des<br />
produits islamiques, les agences<br />
de notation ont développé<br />
<strong>leurs</strong> propres expertises en la<br />
matière. Standard & Poor’s a<br />
Évolution des produits islamiques entre 1983 et 2005<br />
1987<br />
1989<br />
1991<br />
1993<br />
1995<br />
1997<br />
Source : Rapport sur l'argent dans le monde (2005), Association d'Economie Financière<br />
ainsi mis en place un système<br />
d’analyse des émetteurs et des<br />
émissions de dettes conformes<br />
à la charia tout en évitant<br />
de formuler une opinion sur<br />
le degré de conformité de<br />
ces produits commercialisés<br />
avec la charia .<br />
Si d’aucuns, en Europe, surfent<br />
« Moucharaka », : opération de<br />
capital investissement consistant<br />
en une prise de participation d’un<br />
établissement de crédit dans le<br />
capital d’une société existante ou<br />
en création en vue de réaliser un<br />
profit. Différence fondamentale<br />
par rapport à la prise de participation<br />
classique, les risques et<br />
les profits sont partagés entre les<br />
deux parties selon un prorata<br />
prédéterminé.<br />
« Mourabaha » : la banque acquiert<br />
un bien meuble ou immeuble pour<br />
1999<br />
2001<br />
2003<br />
2005<br />
sur la vague islamique en lançant<br />
<strong>leurs</strong> propres lignes de produits,<br />
d’autres préfèrent leur<br />
substituer les produits de la<br />
« finance équitable ». Même<br />
philosophie, même aspiration<br />
solidaire entre le prêteur et<br />
l’emprunteur au point de faire<br />
dire aux spécialistes que la<br />
finance équitable est une copie<br />
parfaite de la finance islamique.<br />
une chose est sûre en tout cas :<br />
le moins progressiste des économistes<br />
européens considère<br />
aujourd’hui comme indispensable<br />
une révision de l’approche<br />
de la banque classique, plus<br />
portée sur le facteur « solvabilité<br />
du client » que « rendement du<br />
projet ». Nous dirigeons nous<br />
donc vers une nouvelle révolution<br />
du capitalisme ?<br />
<strong>Les</strong> trois formules<br />
de produits alternatifs admises<br />
par Bank Al Maghrib<br />
Premier « hedge fund » pour<br />
l’Afrique<br />
C’est le tout premier « hedge<br />
fund » exclusif pour l’Afrique.<br />
Prévu pour démarrer le 1 er juillet<br />
2007, le fonds Scipion<br />
Capital, d’un capital de 100<br />
millions de dirhams, est dirigé<br />
par Nicolas Clavel, ancien directeur<br />
de la Citibank à Kinshasa.<br />
« L’orientation vers l’Afrique<br />
répond à la logique des tendances<br />
», explique M. Clavel. «<strong>Les</strong><br />
rendements sur les pays émergents,<br />
notamment BRIC (Brésil,<br />
Russie, Inde, Chine), se réduisent<br />
après une forte croissance ces dix<br />
dernières années. Certains investisseurs<br />
sont à la recherche de<br />
nouveautés et l’Afrique est consi-<br />
dérée comme la dernière frontière<br />
». De même, poursuit-il,<br />
« les prix élevés des matières premières<br />
et les investissements soutenus<br />
de la Chine ainsi que les<br />
engagements du G8 rendent la<br />
situation sur le continent intéressante<br />
pour les investisseurs ».<br />
Le fonds est structuré en trois<br />
compartiments, à savoir les<br />
actions cotées (avec un intérêt<br />
certain pour les va<strong>leurs</strong> les plus<br />
liquides du continent), le financement<br />
du commerce international,<br />
et dans un deuxième<br />
temps, les opérations d’introduction<br />
en bourse (IPO).<br />
Sur la première classe de l’offre<br />
D’autres préfèrent<br />
leur substituer<br />
les produits de<br />
la « finance<br />
équitable ». Même<br />
philosophie, même<br />
aspiration solidaire<br />
entre le prêteur et<br />
l’emprunteur.<br />
(les actions cotées), l’arbitrage<br />
sera favorable aux pays comme<br />
l’Afrique du Sud, le Nigeria,<br />
l’Egypte et le Maroc, qui<br />
concentrent le plus de va<strong>leurs</strong><br />
liquides du Continent. «Le<br />
Maroc représente environ 16 %<br />
de l’indice Ai 40, donc pour<br />
chaque million de dollars<br />
investi, 160 000 iront vers ce<br />
pays », explique M. Clavel. Il<br />
s’agit de fonds qui essentiellement<br />
ne seraient pas allés vers<br />
l’Afrique. « Potentiellement,<br />
cela peut faire une différence<br />
non négligeable sur les bourses<br />
africaines et les premiers investis<br />
généralement sont les<br />
un client en vue de le lui revendre<br />
moyennant une marge bénéficiaire<br />
fixée d’avance.<br />
« Ijara » : la banque met un bien<br />
meuble ou immeuble (à l’exclusion<br />
des brevets d’invention, des<br />
droits d’auteurs, des services<br />
professionnels, des droits d’exportation<br />
de ressources naturelles) à<br />
la disposition d’un client à titre<br />
locatif simple ou sous forme d’un<br />
engagement ferme du locataire<br />
d’acquérir le bien après une<br />
période n’excédant pas 48 mois.<br />
Scipion Capital opérera des placements sur les va<strong>leurs</strong> boursières les plus liquides, le financement à<br />
l’export des matières non périssables et les introductions en bourse.<br />
gagnants », précise le manager<br />
de Scipion Capital.<br />
Quant à l’offre sur le commerce<br />
international, elle concerne les<br />
«matières essentiellement non<br />
périssables », telles que le café, le<br />
poivre, le coton, le blé, le riz,<br />
l’huile végétale, les produits<br />
pétroliers raffinés, le blé, le<br />
mais… La première intervention<br />
concernera des avances de<br />
fonds aux exportateurs de tabac<br />
de Malawi. Sur ce compartiment,<br />
les objectifs de rendement<br />
vont de 12 à 15 % sur l’année.<br />
A.W
12<br />
Par Adam Wade<br />
L’évaluation s’est faite sur la<br />
base de sept critères : le PIB<br />
par habitant, l’environnement<br />
des affaires, la notation pays,<br />
l’évolution du PIB sur les quatre<br />
dernières années, la compétitivité,<br />
le flux des IDE et l’indice<br />
de développement humain.<br />
L’avantage de la méthode est de<br />
ne pas se focaliser sur le seul<br />
poids du PIB, mais d’intégrer<br />
des critères plus dynamiques<br />
comme l’appréciation des investisseurs<br />
(environnement des<br />
affaires et compétitivité) ou les<br />
avancées sociales (indice de<br />
développement humain). La<br />
plupart des paramètres, à<br />
l’image de la notation pays réalisée<br />
par Standard & Poor’s,<br />
prennent en compte le risque<br />
politique, le risque-pays et les<br />
perspectives de développement.<br />
Le classement reflète donc plus<br />
le dynamisme des pays concernés<br />
que leur poids réel dans<br />
l’économie africaine.<br />
1Afrique du Sud : un défi<br />
social<br />
Avec un PIB de 256,4 milliards<br />
de dollars, soit 40 % de<br />
celui de l’Afrique, une place<br />
financière référencée dans les<br />
marchés émergents et un marché<br />
de capitaux ouvert, l’Afrique du<br />
Sud est la véritable locomotive du<br />
continent. Après une période<br />
1994-2006 de forte croissance,<br />
menée sous le signe de la discrimination<br />
positive sensée aboutir<br />
à une meilleure répartition des<br />
richesses, le pays n’a toujours<br />
pas résolu le problème de ses<br />
inégalités sociales. Le prochain<br />
gouvernement issu des élections<br />
présidentielles de 2009 devra<br />
mener à terme la diversification<br />
en dehors du secteur minier<br />
et le programme de réduction<br />
du chômage.<br />
Par ail<strong>leurs</strong>, les coûts induits par<br />
la pandémie du sida (qui affecte<br />
12 à 15 % de la population selon<br />
les indications) ne devraient pas<br />
remettre en cause la situation<br />
financière actuelle du pays, mais<br />
une politique de prévention et<br />
de traitement plus systématique<br />
devrait en réduire les impacts.<br />
2Tunisie : le libre-échange<br />
avec l’Europe dans un an<br />
Entamée dans la deuxième<br />
moitié des années 80, l’ère du<br />
développement économique<br />
encadré par l’Etat a incontestablement<br />
porté ses fruits en<br />
Tunisie. Le PIB qui connaît une<br />
croissance de 10 % par an depuis<br />
dix ans a atteint 36, 5 milliards de<br />
dirhams en 2006, exercice qui a<br />
connu une croissance de 4 %.<br />
Contrairement à la plupart des<br />
pays de la région, la Tunisie possède<br />
une économie diversifiée<br />
(agriculture, mines, tourisme,<br />
textile) avec un positionnement<br />
prononcé sur l’export. L’année<br />
2008 verra l’entrée en vigueur de<br />
l’accord de libre signée avec<br />
l’Union européenne en 1995.<br />
Maurice : la future ciber-<br />
3île de l’Afrique<br />
Après l’industrie et les<br />
finances, le secteur des<br />
nouvelles technologies est le<br />
nouveau cap de l’economie<br />
de l’ïle Maurice. En 30 ans,<br />
ce petit pays de 1,2 millions<br />
d’habitants est parvenu<br />
notamment à diminuer la<br />
prépondérance de l’Agriculture<br />
(ramenée à moins de 6 % du<br />
PIB) dans son économie et à<br />
mener une diversification<br />
réussie vers les services. Cette<br />
orientation est dictée aussi par<br />
la fin programmée des accords<br />
préférentiels liant les pays<br />
ACP (Afrique –Caraïbes et<br />
Pacifique) et l’UE. En 2006, le<br />
PIB du tigre de l’Océan Indien<br />
a atteint 6,4 milliards. L’île<br />
Maurice s’attèle désormais à<br />
son projet de cibercité, grâce,<br />
notamment, à l’aide de l’Inde<br />
qui a mis à disposition une<br />
ligne de crédit de 100 millions<br />
de dollars.<br />
4Botswana : que faire après<br />
les Trente Glorieuses ?<br />
L’ex Betchouanaland passe<br />
pour un modèle de réussite<br />
économique en Afrique. Avec<br />
une administration considérée<br />
comme la moins corrompue<br />
d’Afrique et un sous-sol riche<br />
en diamants, en cuivre et en<br />
nickel, c’est le seul pays au<br />
monde à avoir affiché une croissance<br />
annuelle moyenne de 9 %<br />
sur la période 1970-2000. De ce<br />
fait, en 1984, le Botswana est<br />
sorti du groupe des pays les<br />
moins avancés (PMA) pour se<br />
hisser au rang des nations les<br />
plus prospères de la région.<br />
L’ex- colonie britannique s’est<br />
engagée depuis 2004 sur un<br />
vaste programme d’éducation<br />
pour tous censé résoudre le problème<br />
des inégalités sociales.<br />
5Egypte : des réformes<br />
indispensables<br />
Le pays des pharaons<br />
poursuit depuis 2003 un cycle<br />
de croissance au rythme de 5 %<br />
grâce notamment aux bonnes<br />
performances du secteur touristique.<br />
En 2006, le PIB a franchi<br />
INVESTISSEMENT<br />
<strong>Les</strong> dix champions d’Afrique<br />
la barre des 100 milliards de<br />
dollars. La bonne tenue des<br />
rentes (péage sur le Canal de<br />
Suez, transferts des travail<strong>leurs</strong><br />
émigrés, exportations pétrolières<br />
et gazières, aide américaine<br />
de 2 milliards de dollars par an)<br />
conjuguée à l’augmentation des<br />
recettes pétrolières et gazières et<br />
aux investissements en provenance<br />
des pays du Golfe, donne<br />
à l’Egypte une bonne assise<br />
financière. La réussite des réformes<br />
structurelles (baisse de<br />
l’impôt sur le revenu et de<br />
l’impôt sur les sociétés, restructuration<br />
du secteur bancaire)<br />
devrait insuffler une nouvelle<br />
dynamique aux affaires. La mise<br />
en œuvre récente de l’Accord<br />
d’Agadir, projet de libreéchange<br />
liant l’Egypte à la<br />
Tunisie, au Maroc et à la<br />
Jordanie, devrait profiter à l’industrie<br />
du pays.<br />
6Maroc : un plan pour<br />
l’émergence<br />
Avec un PIB de 8,3 % en<br />
2006 et l’une des places financières<br />
les plus dynamiques dans<br />
la région, le Maroc semble s’être<br />
engagé dans un cycle de développement<br />
durable. Bien que ne<br />
disposant pas de pétrole ni de<br />
gaz, le royaume compte 16<br />
entreprises parmi les 50 plus<br />
grandes d’Afrique du Nord.<br />
Sur la période 2003-2007, le<br />
pays a connu une croissance<br />
moyenne de 4 % du PIB.<br />
L’économie reste néanmoins<br />
dépendante du pétrole. Parmi<br />
les réformes en cours, le chantier<br />
de l’INDH (initiative<br />
nationale pour le développement<br />
humain) devrait faire<br />
profiter les dividendes de<br />
l’embellie économique à une<br />
plus large couche sociale.<br />
Egalement dans les projets<br />
d’avenir, le plan Emergence<br />
initié par l’Etat et qui vise sur<br />
une durée de dix ans, d'accroître<br />
de 1,6 point par an le<br />
produit intérieur brut, de<br />
réduire le déficit commercial<br />
et de créer environ 440 000<br />
emplois. <strong>Les</strong> prochaines élections<br />
législatives du mois de<br />
septembre 2007 mettront aux<br />
prises la majorité gouvernementale<br />
actuelle avec des<br />
partis d’opposition dont les<br />
islamistes modérés du PJD<br />
(Parti pour la justice et le<br />
développement).<br />
7Algérie : un confort budgétaire<br />
exceptionnel<br />
Fin mai 2006, l’Algérie<br />
avait multiplié par 12 ses réserves<br />
de changes, lesquelles atteignaient<br />
66 milliards de dollars.<br />
Parallèlement, le gouvernement<br />
poursuit une gestion dynamique<br />
de la dette extérieure avec<br />
un remboursement anticipé<br />
ayant abouti à un accord avec le<br />
Club de Paris. La dette extérieure<br />
du pays est désormais<br />
sous la barre des 15 % du PIB<br />
contre 35 % en 2003. <strong>Les</strong> réformes<br />
sur le plan financier,<br />
notamment la restructuration<br />
du secteur bancaire, un important<br />
programme de privatisations<br />
et la maîtrise de la dépense<br />
publique, devront donner à ce<br />
pays du Maghreb central, plus<br />
d’atouts pour son développement<br />
économique.<br />
Nigeria : un géant aux<br />
pieds d’argile<br />
Huitième exportateur de<br />
l’or noir, le Nigeria est un pays de<br />
paradoxes. Avec une population<br />
estimée à plus de 100 millions<br />
d’habitants, le plus peuplé des<br />
pays d’Afrique compte environ<br />
deux tiers de sa population<br />
vivant en dessous du seuil de<br />
pauvreté contre 43 % en 1985.<br />
Avec 125 milliards de dollars par<br />
an, le PIB du Nigeria n’équivaut<br />
pas la moitié de celui de la Suisse<br />
en parité de pouvoir d’achat.<br />
Bien qu’étant dans une bonne<br />
conjoncture, le secteur pétrolier<br />
nigérian doit faire face à des enlèvements<br />
fréquents de coopérants<br />
et de travail<strong>leurs</strong> étrangers sur<br />
fond de revendications politiques<br />
et sociales. Le gouvernement<br />
nouvellement élu s’est fixé trois<br />
objectifs qui sont l’économie,<br />
l’économie, l’économie. Avis aux<br />
investisseurs.<br />
9Libye : retour de l’état<br />
de grâce<br />
Avec une croissance de<br />
8,4% en 2005, la Libye opére<br />
depuis deux ans un rapprochement<br />
remarqué vers l’économie<br />
de marché. Témoin de ce<br />
changement d’orientation, la<br />
signature, début juin 2007, d’un<br />
contrat record de 9OO millions<br />
de dollars avec la compagnie<br />
pétrolière britannique BP pour<br />
des opérations d’exploration. En<br />
2006, les investissements directs<br />
étrangers y ont atteint 261<br />
millions de dollars. De leur<br />
côté, les exportations libyennes,<br />
composées essentiellement de<br />
pétrole et de gaz, dépassaient<br />
37 milliards de dollars. Le pays<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
Réalisé par <strong>Les</strong> Afriques sur la base des rapports de la Banque Mondiale, du PNUD, de la CNUCED, du WEF et des notes de synthèse de l’agence<br />
Standard & Poor’s, le classement qui suit concerne les dix économies les plus performantes d’Afrique.<br />
Classement critère par critère<br />
Pays<br />
1. PIB par habitant<br />
PIB 2007/Hab<br />
(dollars US)<br />
1 Seychelles 8791 10<br />
2 Botswana 6354 9<br />
3 Libye* 5530 8<br />
4 Afrique du Sud 5516 7<br />
5 Maurice 5260 6<br />
6 Gabon* 5010 5<br />
7 Tunisie 3226 4<br />
8 Algérie* 2730 3<br />
9 Maroc 2264 2<br />
10 Egypte 1577 1<br />
5. Compétitivité<br />
Points<br />
Classement Classement<br />
Pays (Monde) Afrique Points<br />
1 Tunisie 30 1 10<br />
2 Afrique du Sud 45 2 9<br />
3 Maurice 55 3 8<br />
4 Egypte 63 4 7<br />
5 Maroc 70 5 6<br />
6 Algérie 76 6 5<br />
7 Botswana 81 7 4<br />
8 Namibie 84 8 3<br />
9 Kenya 94 9 2<br />
10 Nigeria 101 10 1<br />
Classement général<br />
Pays Note (/70)<br />
1 Afrique du Sud 45<br />
2 Tunisie 42<br />
3 Maurice 33<br />
4 Botswana 32<br />
5 Egypte 29<br />
6 Maroc 23<br />
7 Algérie 23<br />
8 Nigeria 22<br />
9 Libye 17<br />
10 Ghana 15<br />
2. L’environnement des affaires<br />
8<br />
Classement Doing Classement Doing<br />
Pays Business 2007 (Monde) Business 2007 (Afrique) Points<br />
1 Afrique du Sud 29 1 10<br />
2 Maurice 32 2 9<br />
3 Namibie 42 3 8<br />
4 Botswana 48 4 7<br />
5 Tunisie 80 5 6<br />
6 Ghana 94 6 5<br />
7 Ethiopie 97 7 4<br />
8 Zambie 102 8 3<br />
9 Nigeria 108 9 2<br />
10 Malawi 110 10 1<br />
6. Indice de développement humain<br />
Développement humain (rapport du PNUD)<br />
Classement Classement<br />
Pays IDH (Monde) Afrique Points<br />
1 Maurice 0,8 63 1 10<br />
2 Libye 0,79 64 2 9<br />
3 Tunisie 0,76 87 3 8<br />
4 Algérie 0,728 102 4 7<br />
5 Cap-Vert 0,722 106 5 6<br />
6 Egypte 0,702 111 6 5<br />
7 Guinée équ. 0,653 120 7 4<br />
8 Afrique du Sud 0,653 120 7 4<br />
9 Maroc 0, 64 123 9 2<br />
10 Gabon 0, 63 124 10 1<br />
Le point de vue de Roger M. Gaillard,<br />
spécialiste en infrastructures et<br />
partenariats publics privé au département<br />
Infrastructure de la Banque<br />
africaine de développement.<br />
Selon vous, quelles seraient les<br />
cinq économies les plus performantes<br />
d’Afrique ?<br />
Sur la base du produit national brut,<br />
les 5 pays en tête de liste seraient<br />
l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria,<br />
l’Egypte et le Maroc. Mais si le critère<br />
est le produit intérieur brut par habitant,<br />
le classement se répartirait<br />
entre la Guinée équatoriale, Maurice,<br />
l’Afrique du Sud, les Seychelles et la<br />
Lybie… Enfin, si on considère un<br />
3. C Notation du pays<br />
(Standard & Poor’s 2007)<br />
Note à long<br />
Pays terme en devises Points<br />
1 Botswana A 10<br />
2 Afrique du Sud BBB+ 9<br />
3 Tunisie BBB 8<br />
4 Egypte BB+ 7<br />
5 Maroc BB+ 6<br />
6 Nigeria BB- 5<br />
7 Ghana B+ 4<br />
8 Kenya B+ 3<br />
9 Sénégal B+ 2<br />
10 Bénin B 1<br />
7. classement par flux d’IDE<br />
Pays<br />
«Un continent convoité aussi<br />
pour son capital humain…»<br />
indicateur plus dynamique encore<br />
comme le taux moyen de croissance<br />
du produit intérieur brut sur la<br />
période de 1997 à 2005, le palmarès<br />
comprend la Guinée équatoriale, le<br />
Tchad, l’Angola, le Mozambique et….<br />
la Sierra Leone. C’est dire la volatilité<br />
du classement selon l’aulne avec<br />
laquelle il est établi.<br />
Constatez-vous une évolution<br />
positive ?<br />
Si on doit retenir comme signe<br />
encourageant que depuis 2002, le<br />
taux moyen de croissance économique<br />
continue de l’Afrique a été de<br />
4 %, il ne représente que la moitié<br />
de ce qui serait nécessaire. <strong>Les</strong><br />
pays du Maghreb affichent globalement<br />
des performances louables<br />
tout comme l’Afrique du Sud et<br />
certains pays de l’Afrique australe.<br />
Néanmoins, des aspects demeurent<br />
préoccupants, comme le taux de<br />
chômage, la vulnérabilité à des<br />
chocs de nature climatique ou de<br />
conjoncture internationale, comme<br />
IDE ( 2005) en<br />
milliards de dollars US<br />
Points<br />
1 Afrique du Sud 6,40 10<br />
2 Egypte 5,30 9<br />
3 Nigeria 3,40 8<br />
4 Maroc 2,90 7<br />
5 Soudan 2,35 6<br />
6 Guinée Equatoriale 1,86 5<br />
7 RDC 1,08 4<br />
8 Algérie 0,782 3<br />
9 Tunisie 0,705 2<br />
10 Tchad 1<br />
reste demandeur<br />
d’investissements<br />
dans les services et<br />
les infrastructures.<br />
Il se prépare à<br />
de douloureuses<br />
réformes qui ne<br />
manqueront pas<br />
à terme de remettre<br />
en cause la politique de l’Etatprovidence.<br />
10<br />
Ghana : le bout du<br />
tunnel en 2010<br />
L’ancienne Gold Coast<br />
a célébré le cinquantenaire de<br />
son indépendance en mars<br />
dernier. Sur le plan économique,<br />
le pays des Ashanti aligne<br />
des performances répétées<br />
depuis le début des années 2000,<br />
et à l’inverse de la plupart des<br />
pays de la sous-région, connaît<br />
une transition démocratique<br />
sans heurts. Lors de sa récente<br />
visite à Accra, l’ex-président de<br />
la Banque mondiale, Paul<br />
Wolfowitz rappelait qu’au cours<br />
des dix dernières années, l’économie<br />
du Ghana est devenue<br />
l’une des plus dynamiques<br />
d’Afrique, grâce à la combinaison<br />
de la formation du capital<br />
humain et d’une politique<br />
ambitieuse. Pour M. Wolfowitz,<br />
le Ghana pourrait accéder au<br />
statut de pays à revenu intermédiaire<br />
d’ici 2010.<br />
le cours des produits pétroliers ou<br />
agricoles ou des matières premières,<br />
ainsi que les pandémies. L’Afrique<br />
sub-saharienne affiche pour sa part<br />
des chiffres plus disparates. On y<br />
constate des taux de croissance<br />
parfois impressionnants, mais à<br />
interpréter avec la plus grande<br />
prudence, car ils restent très liés aux<br />
cours des matières premières.<br />
Que peut-on attendre des<br />
années à venir ?<br />
Nous assistons à une redistribution<br />
des intérêts à l’échelle de la planète<br />
et l’Afrique est un continent<br />
convoité autant pour ses richesses<br />
naturelles que pour son capital<br />
humain. On doit y voir une opportunité<br />
unique pour le continent de<br />
développer une croissance accélérée.<br />
Mais ce processus étant relativement<br />
récent, 3 à 5 ans seront nécessaires<br />
pour tirer des conclusions et discerner<br />
les pays qui afficheront des<br />
performances significatives.<br />
4. Evolution du PIB 2003/2007<br />
Pays<br />
% d’évolution du PIB<br />
réel 2003-2007 Points<br />
1 Mozambique 7,52 10<br />
2 Nigeria 7,39 9<br />
3 Burkina Faso 6,70 8<br />
4 Madagascar 5,99 7<br />
5 Ghana 5,77 6<br />
6 Algérie 5,60 5<br />
7 Tunisie 5,42 4<br />
8 Mali 5,15 3<br />
9 Botswana 5,09 2<br />
10 Sénégal 5,03 1<br />
Sources :<br />
- Rapport de la Banque mondiale et de la<br />
SFI, Doing Business en 2007.<br />
- Programme du PNUD et son rapport<br />
mondial sur le développement<br />
humain 2006.<br />
-Rapport CNUCED 2006 sur les<br />
Investissements directs étrangers.<br />
-Rapport mondial sur la compétitivité du<br />
Forum de Davos 2006-2007.<br />
-La notation des Etats souverains en<br />
Afrique (avril 2007) : Standard & Poor’s.
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
INVESTISSEMENT<br />
« Le prochain<br />
marché émergent ! »<br />
Directeur de banque à Genève, régulièrement consulté par le gouvernement suisse, en matière d’aide au<br />
développement, Michel Juvet est également un spécialiste des marchés émergents.<br />
« On n’a pas vu un tel frémissement<br />
depuis bien longtemps ».<br />
Propos recueillis<br />
par Adam Wade<br />
<strong>Les</strong> Afriques : Comment, de la<br />
Suisse, un investisseur européen<br />
perçoit-il aujourd'hui la situation<br />
économique en Afrique ?<br />
Michel Juvet : Il y a du nouveau<br />
en Afrique. C’est la première fois<br />
depuis de nombreuses années que<br />
le continent présente des fondamentaux<br />
allant dans le bon sens :<br />
importantes baisses de l’inflation<br />
dans beaucoup de pays, une<br />
baisse des dettes extérieures et des<br />
taux de croissance assez élevés qui<br />
se succèdent dans plusieurs pays.<br />
On n’a pas vu un tel frémissement<br />
depuis bien longtemps. L’Afrique<br />
pourrait bien être le prochain<br />
marché émergent. L’engouement<br />
pour les matières premières sera<br />
tout au bénéfice du développement<br />
de l’Afrique. D'ail<strong>leurs</strong> on<br />
voit bien que certains fonds d'investissement<br />
commencent à s'intéresser<br />
au continent.<br />
Comment expliquer ce paradoxe<br />
africain : des matières premières<br />
abondantes mais une faible présence<br />
dans les échanges mondiaux<br />
?<br />
MJ : C’est un paradoxe qui, à mon<br />
sens, revêt plusieurs niveaux d’explication.<br />
D’abord remarquons<br />
qu’en 1960, la part de l’Afrique<br />
dans le commerce mondial était<br />
de 5 %, au même niveau que celle<br />
de l’Asie. Cette évolution négative<br />
reflète d'abord la différence de<br />
développement économique<br />
entre les deux régions mais s’explique<br />
aussi par le fait que les<br />
matières premières ne sont pas<br />
prépondérantes dans les exportations<br />
mondiales alors qu'elles le<br />
sont pour le continent africain.<br />
L'émergence de la Chine sur le<br />
marché des matières premières a<br />
permis à l'Afrique de participer<br />
un peu plus à la croissance des<br />
échanges. Mais il faut rappeler<br />
que la valeur ajoutée, qui consti-<br />
tue l’essentiel des échanges mondiaux,<br />
réside surtout dans les<br />
produits manufacturés sur lesquels<br />
les pays africains sont peu<br />
présents. Une autre raison explique<br />
la faible présence du continent<br />
dans les échanges, ce sont les<br />
barrières douanières et les politiques<br />
de subventions occidentales<br />
qui rendent les produits agricoles<br />
africains peu compétitifs (par<br />
exemple, le coton).<br />
Pourquoi le continent n'arrive-til<br />
pas, à l'instar de l'Asie, à fabriquer<br />
des économies émergentes<br />
et de grands groupes mondiaux<br />
comme Mittal ?<br />
MJ : Concernant les grands groupes,<br />
il faut distinguer les cas de<br />
l’Afrique du Sud du reste du<br />
continent. De multiples raisons<br />
entravent la naissance de multinationales<br />
africaines. <strong>Les</strong> marchés<br />
sont trop fragmentés. Le manque<br />
d’union économique et douanière<br />
est un premier obstacle<br />
pour les entreprises qui, parvenues<br />
à maturité sur leur marché<br />
national, veulent se développer<br />
dans la sous-région. Un autre<br />
problème qui s’oppose à cette<br />
ambition l’existence des barrières<br />
administratives, douanières ou<br />
fiscales rigides rendant toute<br />
« <strong>Les</strong> barrières<br />
douanières et<br />
les politiques<br />
de subventions<br />
occidentales rendent<br />
les produits<br />
agricoles africains<br />
peu compétitifs. »<br />
expansion coûteuse. En Inde,<br />
marché suffisamment large, de<br />
telles entraves n’existent pas. Il y a<br />
aussi la problématique du développement<br />
des infrastructures, ce<br />
qui fait qu’il est plus cher de produire<br />
et de vendre en Afrique que<br />
d’importer de Chine. Dans l’etat<br />
actuel du développement des<br />
infrastructures, il est difficile d’exporter<br />
de l’Afrique de l’Ouest vers<br />
l’Est, etc.<br />
Puis, sans être exhaustif, il ne faut<br />
pas négliger l’impact négatif des<br />
instabilités politiques, des risques<br />
de nationalisations ou d’expropriation,<br />
des flous dans les lois sur<br />
la propriété privée, des guerres ou<br />
massacres à large échelle, tou-<br />
jours courants en Afrique mais<br />
disparus en Asie depuis longtemps.<br />
Ces éléments pèsent sur la<br />
confiance des investisseurs.<br />
L'émergence de marchés financiers<br />
intégrés peut-elle être une<br />
réponse au financement du<br />
développement du continent ?<br />
MJ : On ne peut pas dire qu’il<br />
s’agit d’une condition suffisante,<br />
mais il est en effet nécessaire<br />
d’avoir un marché financier performant<br />
pour parvenir au développement.<br />
Remarquez qu’en<br />
Asie, le développement du secteur<br />
bancaire a permis l’émergence des<br />
marchés financiers. Il y a une corrélation<br />
certaine entre le développement<br />
économique et celui du<br />
marché financier.<br />
Quelle analyse rationnelle peuton<br />
donner à l’évolution contrastée<br />
du secteur bancaire africain<br />
entre le Maghreb et l’Afrique<br />
subsaharienne ?<br />
MJ : A première vue, le secteur<br />
bancaire en Afrique du Nord<br />
semble plus dynamique.<br />
L’influence de l’Europe et la présence<br />
de groupes bancaires internationaux<br />
y a joué sans doute un<br />
rôle. En Afrique subsaharienne, et<br />
en dehors de l’Afrique du Sud,<br />
c’est la faible croissance du PIB<br />
pendant des décennies qui a<br />
entravé le développement du secteur<br />
bancaire. D’autres facteurs<br />
comme la<br />
corruption entrent aussi en ligne<br />
de compte quand on sait qu’en<br />
Asie, ce sont les Philippines et<br />
l’Indonésie, les deux pays les plus<br />
corrompus, qui accusent les<br />
retards de développement les plus<br />
importants.<br />
Comment se présente l’image de<br />
l’Afrique auprès des investisseurs<br />
?<br />
C’est une question importante<br />
dans l’état actuel des choses. Il<br />
faut absolument que l’Afrique, à<br />
l’instar de ce qu’ont su bien faire<br />
les Chinois, déploie son marketing.<br />
La Chine se développe<br />
depuis des années au même<br />
rythme que l’Inde. Mais nous<br />
n’avons, pendant longtemps,<br />
parlé que de la Chine, du fait d’un<br />
marketing soutenu. Il faut s’en<br />
inspirer pour vendre l’Afrique et<br />
vaincre les clichés négatifs. Il y a<br />
un problème d’image et d’informations.<br />
L’investisseur financier<br />
qui arrive sur le continent se pose<br />
d’abord cette question : où investir<br />
? Difficile d’avoir une information<br />
fiable sachant que, hormis la<br />
bourse sud africaine qui représente<br />
8 % dans l’indice MSCI des<br />
bourses émergentes et le Maroc,<br />
qui y représente 1,6 %, aucune<br />
« Il faut absolument<br />
que l’Afrique, à<br />
l’instar de ce qu’ont<br />
su bien faire<br />
les Chinois, déploie<br />
son marketing. »<br />
des bourses du continent (ni celle<br />
du Cameroun, encore moins celle<br />
du Ghana) n’a une visibilité internationale.<br />
N’y a-t-il pas un problème de<br />
taille qui joue en défaveur des<br />
places financières africaines ?<br />
MJ : Tout à fait. La capitalisation<br />
boursière de l’une des plus grandes<br />
bourses du continent, en l’occurrence<br />
celle du Maroc, et même<br />
après sa récente expansion,<br />
atteint juste, avec 50 milliards de<br />
dollars, le tiers de la valeur totale<br />
de Nestlé. Aujourd'hui, la valeur<br />
totale des actifs financiers détenus<br />
par des privés dans le monde<br />
atteint environ 35 000 milliards<br />
de dollars. Si ces individus investissaient<br />
0,5 % de leur fortune<br />
dans la bourse marocaine cela<br />
représenterait 175 milliards, soit<br />
plus de trois fois sa taille<br />
actuelle…. Il faut donc développer<br />
les places boursières africaines,<br />
et sans doute les regrouper,<br />
pour attirer plus vite les investisseurs<br />
et permettre aux entreprises<br />
locales d'accéder aux financements.<br />
L'Afrique doit apprendre à<br />
développer ses synergies.<br />
Michel Juvet commence sa carrière<br />
comme analyste financier<br />
et gestionnaire de fonds au<br />
début des années 80 et jusqu’au<br />
milieu des années 90 sur les marchés<br />
asiatiques émergents<br />
(Corée, Thaïlande) et sur le<br />
Japon. Il est responsable depuis<br />
dix ans de la stratégie d’investissement<br />
d’une banque privée à<br />
Genève (Bordier et Cie), et membre<br />
depuis quelques années<br />
d’une commission consultative<br />
du gouvernement suisse sur<br />
l’aide au développement.<br />
L’autoroute « la plus<br />
chère » butte sur le<br />
Cerf de barbarie<br />
Une première en Afrique. Une mobilisation écologiste particulièrement déterminée remet en cause le<br />
chantier africain le plus cher, 11 milliards de dollars.<br />
L’autoroute est-ouest qui relie, sur<br />
1200 km en Algérie, la frontière<br />
est avec la Tunisie à la frontière<br />
ouest avec le Maroc, risque de<br />
connaître un surcoût inattendu.<br />
Un appel lancé à la radio publique<br />
algérienne début juin dans une<br />
émission de protection de la<br />
nature a provoqué une mobilisation<br />
écologiste sans précédent : le<br />
tracé de l’autoroute passe pendant<br />
15 km sur le parc national d’El<br />
Kala, une zone humide de 800<br />
km2 au bord de la Méditerranée,<br />
classée réserve naturelle, ou sont<br />
protégés les derniers cervidés<br />
d’Afrique (cerfs de Barbarie), des<br />
loutres et des mangoustes, et ou<br />
vivent et transitent 70 espèces<br />
d’oiseaux parmi 850 espèces végétales.<br />
Devant l’ampleur de la<br />
fronde pour sauver « le parc d’El<br />
Kala », - pétition internationale,<br />
colère de citoyens, montée au créneau<br />
de spécialistes – le ministère<br />
des travaux publics a multiplié les<br />
annonces pour justifier, l’impossibilité<br />
de modifier le tracé alors<br />
que la phase des études est terminée<br />
et que les travaux ont démarré<br />
en certains endroits : « Cela coûterait<br />
350 millions de dollars de plus<br />
pour détourner le tracé plus au sud,<br />
car il faudra creuser deux tunnels<br />
de 12 km au total. Sans compter<br />
que le projet prendra deux ans de<br />
retard ». L’autoroute doit être<br />
livrée avant fin 2009.<br />
Milliards de dollars<br />
L’argument n’a pas arrêté la<br />
montée des contestations.<br />
Conséquence, les services du<br />
ministre algérien des travaux<br />
publics, M Amar Ghoul, ont fait<br />
appel à la partie tunisienne pour<br />
donner plus d’étoffe aux désagréments<br />
que causeraient un<br />
changement de tracé, le parc<br />
d’El Kala étant frontalier : « Il n’y<br />
a pas que l’Algérie qui doit dépenser<br />
plus pour contourner le parc, la<br />
Tunisie qui construit aussi de son<br />
côté l’autoroute trans-maghrébin, a<br />
déjà avancé vers le point de jonction<br />
prévu sur la frontière. Si les<br />
Tunisiens doivent se dérouter plus<br />
au sud cela coûtera au projet tout<br />
simplement deux milliards de dollars<br />
de plus ». <strong>Les</strong> pétitionnaires<br />
contre le passage de l’autoroute<br />
par le parc d’El Kala contestent les<br />
chiffres. Il accuse le ministère de<br />
ne pas avoir confié l’étude d’impact<br />
du passage de l’autoroute «<br />
à moins de deux kilomètres du lac<br />
Tonga » - un joyau ou nichent<br />
des flamands roses - à une «<br />
entité indépendante ». C’est au<br />
consortium d’entreprises japonaises<br />
Cojaal, retenu pour réaliser<br />
les 399 km de ce tronçon de<br />
l’autoroute allant vers la<br />
Tunisie, qu’il reviendra de dire<br />
si le passage par la réserve naturelle<br />
nuit à son écosystème.<br />
I.E.K<br />
Lancement du Fonds<br />
de développement<br />
Chine-Afrique<br />
13<br />
Le 26 juin la Chine a lancé officiellement le Fonds sino-africain pour<br />
encourager ses sociétés à investir en Afrique. Le Fonds, présidé par<br />
Gao Jian, est doté d’un milliard de dollars, de la part de la Banque<br />
chinoise de développement ; un capital qui devrait aller jusqu’à cinq<br />
milliards de dollars. Selon M. Gao, également vice-gouverneur de la<br />
Banque chinoise de développement, le Fonds se concentrera sur les<br />
secteurs susceptibles de développer l'Afrique, comme l'agroalimentaire,<br />
l'électricité, les infrastructures routières et les systèmes<br />
d'adduction d'eau.<br />
Mo Ibrahim lance un fonds<br />
d’investissement pro africain<br />
Mo Ibrahim, le célèbre fondateur de Celtel et homme d’affaires<br />
d’origine soudanaise, lance l’Africa Enterprise Fund, un fonds<br />
d’investissement destiné aux compagnies qui visent un développement<br />
panafricain. Basé à Londres et doté de 150 millions de dollars,<br />
le fonds investira dans les entreprises prometteuses des secteurs<br />
financiers, de l’énergie, de la transformation agricole et des biens de<br />
consommation, selon plusieurs critères de bonne gouvernance.<br />
Actis acquiert 70%<br />
de l’Egyptien Sinai Marble<br />
Le fonds d’investissement britannique Actis, spécialisé dans les<br />
pays émergents et contrôlé par CDC Capital, a annoncé le 21 juin<br />
l’acquisition de 70 % du capital de Sinai Marble, l’un des leaders de l’exportation<br />
de marbre en Egypte, pour un montant non dévoilé. Sinai<br />
Marble exporte dans plus de 40 pays. Actis détient plus de 3,4 milliards<br />
de dollars sous gestion, dont 1 milliard sur le continent africain.<br />
Thermo-solaire : contrat<br />
de 469 millions d’euros<br />
pour Abener<br />
Abener, filiale de l’entreprise espagnole Abengoa, a annoncé fin juin<br />
avoir conclu un accord avec l’Office national marocain d’électricité<br />
(ONE) pour la construction d’une centrale thermo-solaire d’un coût<br />
de 469 millions d’euros. Située à Aïn Beni Mathar, près d’Oujda (nordest),<br />
cette centrale à cycle combiné devrait atteindre une capacité de<br />
470 mégawatts et entrer en fonction début 2009. L’offre d’Abener a été<br />
retenue devant trois autres consortiums : Siemens (Allemagne),<br />
Soluciona/Cegelec (Espagne/France) et SNC-Lavalin (Canada).<br />
Implats prévoit d’investir<br />
2,6 milliards d’euros d’ici 2012<br />
Le Sud-Africain Implats prévoit d’investir 2,6 milliards d’euros, d’ici<br />
2012, pour le développement de ses opérations minières en Afrique<br />
du Sud et au Zimbabwe. Implats vise une production de 2,3 millions<br />
d’onces de platine en 2010, contre 1,84 million pour l’année 2006<br />
(25 % de l’offre mondiale). Depuis plusieurs mois, le cours du platine<br />
atteint des sommets, franchissant le seuil de 1 300 dollars l’once<br />
en moyenne pour le mois de mai 2007 (Johnson Matthey).<br />
Mines : les fonds privés à l’affût<br />
Selon un rapport de PricewaterhouseCoopers fin juin, les fonds<br />
privés seraient à l’affût d’opportunités dans le secteur minier. Anglo<br />
American, première compagnie cotée sur le JSE en Afrique du Sud,<br />
serait dans la ligne de mire. Depuis 2002, indique PwC, les bénéfices<br />
combinés des 40 premières compagnies minières au monde ont été<br />
multipliés par plus de 15 pour atteindre 67 milliards de dollars<br />
l’année dernière.<br />
GPL : Kenya Pipeline<br />
présente une offre<br />
La société pétrolière Kenya Pipeline Company (KPC) a présenté un<br />
projet de construction d'un dépôt de gaz de pétrole liquéfié (GPL)<br />
dans la ville côtière de Mombasa pour un coût de 50 millions de<br />
dollars, ont annoncé fin juin les responsables de KPC. Le candidat<br />
retenu devrait être connu mi-juillet.<br />
Logistique : Mory mise sur<br />
le Maroc<br />
Le groupe Mory a inauguré mi-juin un centre de transportlogistique<br />
de 10 000 m 2 , près du port de Casablanca ; un investissement<br />
évalué à 5 millions d’euros et destiné aux clients du<br />
milieu de la confection, et des industries pharmaceutique et<br />
automobile.<br />
Le groupe, qui réalise un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros,<br />
dont 15 millions au Maroc, est resté dans le Royaume après le<br />
premier démantèlement, en 2005, des quotas sur le textile chinois<br />
par l’Union européenne. Le groupe Mory opère déjà une<br />
plateforme logistique en Tunisie.<br />
Afriqiyah va acquérir<br />
11 Airbus<br />
Afriqiyah Airways va acquérir 11 avions de type Airbus A-320 et<br />
A-350 dont la livraison débutera respectivement à partir de 2011 et<br />
de 2017, a annoncé la compagnie aérienne libyenne. Le protocole<br />
pour l'achat de ces avions a été conclu le 20 juin dernier lors du<br />
Salon du Bourget 2007.
PRESENTATION DE SGI CONSULTING<br />
Le groupe SGI est issu de la Société franco-suisse pour l’industrie hydroélectrique<br />
fondée en 1898 à Genève par un consortium de <strong>banques</strong> et d’industriels.<br />
Renommé « Société Générale pour l’Industrie » (SGI) en 1948, le groupe doit<br />
sa remarquable durabilité à la qualité de ses prestations et sa capacité de trouver,<br />
quelle que soit l’époque, des solutions innovantes, adaptées aux besoins de<br />
ses clients, en s’appuyant sur son expérience acquise sur des projets hors normes,<br />
tels que le barrage de la grande Dixence en Suisse, l’alimentation en eau<br />
de Séoul ou le métro d’Alger.<br />
En 2007, SGI CONSULTING SA est un groupe européen d’ingénieurs conseils<br />
établi au Luxembourg et possédant des filiales en Suisse, au Luxembourg, en<br />
France, en Belgique, au Nigeria, au Maroc, en Algérie et au Cap-Vert.<br />
Ses activités couvrent tout le cycle d’ingénierie et de conseils des grands projets<br />
d’infrastructures, de la conception à la mise en service et à l’assistance à<br />
l’exploitation.<br />
L’objectif de SGI CONSULTING SA, indépendant de tout entrepreneur,<br />
fabricant ou fournisseur, consiste à développer des activités d’ingénierie de<br />
haut niveau dans les domaines suivants :<br />
Génie civil et bâtiment Eau et environnement<br />
Transports<br />
SGI rassemble 150 collaborateurs de formation pluridisciplinaire. Le groupe<br />
réalise un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros dont plus d’un tiers à l’export<br />
et notamment en Afrique dans le cadre de projets financés par des <strong>banques</strong><br />
de développement (BEI, BAD, BID, BM, FED, BADEA, BOAD…)<br />
MARCHES ET SPECIALISATION<br />
Urbanisme et énergie<br />
Conseiller pluridisciplinaire, SGI offre des solutions innovantes et intégrées<br />
dans les domaines suivants :<br />
� Génie civil<br />
- Ponts<br />
- Tunnels<br />
- Barrages<br />
- Travaux spéciaux<br />
� Bâtiments<br />
- Bâtiments privés (résidentiel, commercial, hôtel)<br />
- Bâtiments administratifs (scolaire, hôpital, parking)<br />
- Aéroports et stations de transfert<br />
� Eau et environnement<br />
- Alimentation en eau potable<br />
- Eaux usées et eaux pluviales<br />
- Hydraulique fluviale<br />
- Irrigation et drainage<br />
- Traitement et valorisation des déchets solides<br />
� Transport<br />
- Routes, autoroutes et chemins de fer<br />
- Nœuds et centres de transport (aéroports, ports, terminaux multimodaux)<br />
� Energie<br />
- Systèmes de production d’énergie (hydroélectrique, centrale thermique,<br />
centrale à gaz)<br />
- Systèmes de transport de l’énergie<br />
- Equipements de sécurité et d’exploitation (télémétrie, télétransmission)<br />
� Urbanisme et aménagement du territoire<br />
- Aménagement du territoire<br />
- Plans de développement urbains ou régionaux<br />
- Aménagement paysagers<br />
- Systèmes d’informations géographiques<br />
SERVICES DEVELOPPES<br />
PAR SGI CONSULTING<br />
Planification<br />
- Collecte de données<br />
- Analyse de marchés<br />
- Analyse<br />
de la demande<br />
- Plans stratégiques<br />
- Plans directeurs<br />
- Plans financiers<br />
- Business plan<br />
- Modélisation<br />
informatique<br />
- Mesure de protection<br />
de l’environnement<br />
Projet<br />
- Etudes<br />
de reconnaissance<br />
- Avant-projet<br />
- Projet définitif<br />
- Plans d’exécution<br />
- Documents<br />
d'appel d'offres<br />
- Spécifications pour<br />
la protection de<br />
l'environnement<br />
Assurance qualité<br />
- Programme<br />
et plan qualité<br />
Training<br />
- Formation<br />
des formateurs<br />
- Organisation<br />
de cours de formation<br />
- Séminaires,<br />
conférences<br />
CONTACTS<br />
Laurent Nilles<br />
Président du comité de direction<br />
6 rue Rham<br />
L - 6142 Junglinster / Luxemburg<br />
Tél. +352 49 37 37 1<br />
Fax : +352 49 37 37 255<br />
info@sgiconsulting.com<br />
Faisabilité<br />
- Etudes de préfaisabilité<br />
- Faisabilité technique de projets<br />
- Faisabilité socio-économique<br />
- Faisabilité financière<br />
- Plans d'investissement<br />
et cofinancement de projets (PPP)<br />
- Evaluation des impacts<br />
sur l'environnement<br />
- Analyse des risques<br />
- Evaluation d’actifs<br />
Supervision<br />
- Programme des travaux / contrôle<br />
d’avancement<br />
- Direction générale<br />
et/ou locale des travaux<br />
- Direction pluridisciplinaire de projet<br />
- Comptabilité de construction<br />
et contrôle des coûts<br />
- Réception en usine et sur site<br />
- Contrôle de qualité<br />
- Mise en œuvre de mesures<br />
environnementales<br />
- Mise en œuvre des programmes<br />
de sécurité et santé<br />
- Traitement des conflits et réclamations<br />
Assistance technique<br />
- Arbitrage et expertise<br />
- Audits de projets<br />
- Assistance au renforcement<br />
des institutions<br />
- Assistance à la planification<br />
et à la programmation des projets<br />
- Assistance à l’analyse d’offres<br />
- Assistance à la négociation<br />
et à la mise au point de contrats<br />
(publics ou privés)<br />
- Assistance à la régulation<br />
des contrats d’exploitation<br />
- Communication et promotion<br />
des projets (publics ou privés)<br />
web: www.sgiconsulting.com<br />
Claude Touilloux<br />
Directeur export<br />
46 chemin de l’Etang<br />
CH-1216 Cointrin-Genève / Suisse<br />
Tél. 41 22 920 94 00<br />
Fax : +41 22 920 94 36<br />
info.ch@sgiconsulting.com
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 INVESTISSEMENT<br />
<strong>Les</strong> émirats arrivent à<br />
bon port en Afrique<br />
Dubaï Port World a créé la sensation en s’emparant du port autonome de Dakar. Le port d’Alger lui est<br />
promis aussi. Une « force de conviction » qui engage tout le potentiel d’affaires des émirats.<br />
Par Chérif Elvalide Seye<br />
et Ihsane El Kadi<br />
<strong>Les</strong> émiratis ont beau être éclatés<br />
en émirats, ils jouent collectif<br />
en Afrique. Et ils gagnent.<br />
Souvent derrière un prestigieux<br />
capitaine. Dubai Port World<br />
(DPW), il est vrai 3e opérateur<br />
mondial pour les terminaux à<br />
conteneurs avec 42 concessions<br />
dans 22 pays, est passé devant<br />
Bolloré dans « son fief » du port<br />
autonome de Dakar. La tempête<br />
politique n’est pas tout à fait<br />
retombée. Le syndicat des travail<strong>leurs</strong><br />
du groupe Bolloré-<br />
Sénégal (SATGBS), hostile, est<br />
toujours mobilisé, le groupe<br />
Bolloré a déposé deux recours,<br />
la diplomatie sarkozienne s’en<br />
est mêlée. Sans succès. « C’est<br />
l’offre de DPW qui a recueilli le<br />
plus de points » répond le directeur<br />
du port autonome de<br />
Dakar. Des points qui font<br />
mouche.<br />
Une pluie de projets<br />
Pour remporter l’appel d’offres<br />
pour l’exploitation du terminal<br />
à conteneurs du port de Dakar<br />
DPW a mis sur la table 45 millions<br />
d’euros d’honoraires d’entrée<br />
et une promesse d’investis-<br />
L’Afrique intéresse<br />
les pays émergents<br />
Encore loin derrière le Royaume-Uni, les USA et la France, les pays émergents investissent à leur tour<br />
en Afrique. L’offensive de la Chine est spectaculaire. C’est sans compter avec l’Inde, l’Afrique du Sud ou<br />
les Etats du Golfe.<br />
Par Christelle Marot<br />
L’Afrique serait-elle en passe<br />
de devenir la 23 è province chinoise<br />
? Forte du succès de ses<br />
zones économiques spéciales<br />
(ZES), à l’exemple de<br />
Shenzhen près de Hong-Kong,<br />
la Chine s’active auprès des<br />
gouvernements africains<br />
depuis quelques mois, en vue<br />
de transposer son modèle sur<br />
«Aux Etats-Unis<br />
et en Europe,<br />
il y a une légère<br />
hostilité à l’égard<br />
des investisseurs<br />
du Golfe. L’hospitalité<br />
est plus grande dans<br />
les pays arabes.»<br />
le continent noir. Quatre zones<br />
ont été identifiées et « au cours<br />
des trois prochaines années, ce<br />
sont neuf autres zones qui<br />
devraient être créées, avec<br />
l’appui de la China Exim Bank<br />
», indique Martyn J. Davies,<br />
directeur exécutif du Centre<br />
for Chinese Studies (CCS), à<br />
l’Université de Stellenbosch en<br />
Afrique du Sud.<br />
Offrant des facilités d’investissement<br />
et d’exportation aux<br />
entreprises chinoises, la première<br />
ZES se situe à<br />
Chambishi en Zambie, « la<br />
ceinture de cuivre du pays ».<br />
La Chine a prévu d’y consacrer<br />
900 millions de dollars. La<br />
continuité des activités des<br />
compagnies minières chinoises<br />
opérant en Zambie devrait<br />
être assurée par la création<br />
d’une autre ZES en Tanzanie,<br />
avec le transport maritime<br />
pour vocation. Maurice, de<br />
sement de 76 millions d’euros.<br />
Le vice-président de Dp Word<br />
chargé du développement,<br />
Matthew Leech, a annoncé que<br />
41 millions d’euros seront<br />
consacrés au développement du<br />
terminal à conteneurs pour faire<br />
passer sa capacité de 250.000 à<br />
550.000 tonnes d'ici 2010 et 300<br />
millions pour le nouveau port<br />
dit du Futur qui devrait accueillir<br />
1,5 million de conteneurs en<br />
2011. Le groupe Bolloré affirme<br />
que son offre globale était meilleure.<br />
C’est ici qu’intervient la<br />
cavalerie arabe. Dans un nuage<br />
de promesses de projet : le fonds<br />
d’Abu Dhabi financerait le complexe<br />
de l’OCI qui tient son prochain<br />
sommet à Dakar en mars<br />
2008, un hôtel cinq étoiles, une<br />
route, une université à<br />
Diourbel… plus sûrement,<br />
Emirates va ouvrir une desserte<br />
Dubaï Dakar sur la route de<br />
l’Amérique du sud et DPW,<br />
encore lui, a signé une convention<br />
pour aménager une zone<br />
économique spéciale et son parc<br />
industriel, en fait un port franc.<br />
Et si cela ne suffisait pas pour les<br />
partisans de Karim Wade, le fils<br />
du Président de la République<br />
accusé d’être le vrai bénéficiaire<br />
de ce virage vers les pétro-dol-<br />
son côté, se prépare à accueillir<br />
une quarantaine de sociétés<br />
manufacturières chinoises<br />
tournées vers l’exportation. La<br />
quatrième zone devrait se<br />
situer au Nigeria. Dans le pays,<br />
China National Offshore Oil<br />
Corp (CNOOC) a déjà effectué<br />
l’un de ses plus gros investissements<br />
à l’étranger avec<br />
l’acquisition, en 2006, de 45%<br />
d’un champ pétrolier offshore,<br />
pour 2,2 milliards de dollars.<br />
Si la Chine se veut rassurante<br />
quant aux suites économiques<br />
et politiques éventuelles de sa<br />
présence en Afrique, c’est que<br />
son appétence pour les ressources<br />
naturelles du continent<br />
est considérable. Selon la<br />
Cnuced, la Chine a cumulé 1,6<br />
milliard de dollars d’investissements<br />
directs, fin 2005, à<br />
destination première du<br />
Soudan, de l’Algérie et de la<br />
Zambie. En termes de flux, les<br />
IDE chinois sont passés de 30<br />
millions de dollars en 2002 à<br />
près de 400 millions en 2005,<br />
avec un mode d’entrée qui privilégie<br />
la constitution de jointventures.<br />
Des chiffres qui<br />
sous-évaluent très vraisemblablement<br />
la réalité, si l’on<br />
considère l’accélération des<br />
opérations chinoises sur le<br />
continent ces derniers mois.<br />
L’offensive est spectaculaire. Il<br />
y a le pétrole bien sûr<br />
(CNOOC, CNPC, Sinopec), le<br />
secteur minier (China<br />
Minmetals Corporation,<br />
Sinosteel), mais aussi l’industrie<br />
manufacturière, les télécommunications<br />
ou la<br />
construction (China State<br />
Construction & Engineering<br />
Corporation, China Harbour<br />
Engineering Company).<br />
Aujourd’hui, les sociétés chinoises<br />
remportent près de la<br />
moitié des contrats publics<br />
lars du golfe, l’intérêt national<br />
du Sénégal est évoqué dans une<br />
nouvelle salve d’autres projets<br />
arrivant en parallèle ou dans<br />
le sillage « du débarquement<br />
émirati au port autonome de<br />
Dakar » ; avec les Koweitiens<br />
pour des financements dans<br />
l’immobilier, avec les saoudiens<br />
du groupe Ben Laden pour l’aéroport<br />
de Dakar, la construction<br />
de deux tours, celle du Musée<br />
des civilisations noires et, surtout,<br />
celle du nouvel aéroport<br />
international Blaise Diagne. Le<br />
procédé est éprouvé. Ail<strong>leurs</strong><br />
qu’au Sénégal.<br />
Plus qu’une formalité<br />
« <strong>Les</strong> émiratis négocient un<br />
contrat et font miroiter une<br />
ligne d’affaires collatérale »<br />
témoigne un cadre algérien du<br />
commerce de retour de la réunion<br />
de commission mixte<br />
Algéro-émirati à Abu Dhabi, ce<br />
mois de juin. L’enjeu ? le port<br />
d’Alger, et son terminal à conteneurs.<br />
<strong>Les</strong> émiratis s’impatientent<br />
des résistances du port<br />
d’Alger. Comme celui de Dakar,<br />
son terminal aurait du revenir à<br />
DPW ce mois de juin. Et servir<br />
de pavillon d’affaires dans l’ancienne<br />
capitale de la course en<br />
dans le secteur de la construction<br />
en Afrique, indique<br />
l’OCDE, aidées en cela par des<br />
prix 20 à 30% inférieurs à ceux<br />
proposés par <strong>leurs</strong> concurrents<br />
occidentaux.<br />
L’Inde vise aussi les matières<br />
premières<br />
La Chine n’est pas la seule à<br />
faire montre d’une telle fringale.<br />
La Malaisie détient des<br />
participations conséquentes,<br />
via la compagnie pétrolière<br />
Petronas. Mais si la Chine<br />
semble plus « agressive » dans<br />
sa politique commerciale et<br />
d’investissement à l’égard de<br />
l’Afrique, voire occuper<br />
davantage le<br />
terrain médiatique, son efficacité<br />
ne doit pas occulter la<br />
place prépondérante occupée<br />
par les entreprises à capitaux<br />
indiens. Depuis de nombreuses<br />
années, l’Inde entretient<br />
des relations privilégiées avec<br />
plusieurs pays africains, tels<br />
Maurice, le Kenya et l’Afrique<br />
du Sud. <strong>Les</strong> entreprises indiennes<br />
sont actives dans l’industrie<br />
manufacturière et les services.<br />
Le groupe diversifié<br />
Tata, par exemple, est présent<br />
dans une dizaine de pays africains<br />
et envisage d’investir<br />
directement près de 50 millions<br />
de dollars sur le continent<br />
au cours des trois prochaines<br />
années. En 2006 et<br />
2007, de nouveaux projets ont<br />
notamment été initiés en<br />
Afrique du Sud (ferrochrome,<br />
télécommunications, automobile),<br />
en Ouganda (usine de<br />
café soluble) et en Zambie<br />
(centrale électrique). « Mais ce<br />
qui est nouveau, depuis deux<br />
ou trois ans, c’est que l’Inde<br />
s’intéresse, à son tour, aux<br />
richesses du sous-sol africain<br />
», souligne Stephen Gelb,<br />
méditerranée. DPW a signé une<br />
convention d’exclusivité pour<br />
négocier avec le ministère des<br />
transports algérien de la prise en<br />
concession du terminal d’Alger<br />
et du port en eau profonde de<br />
Djendjen, un mort né à l’est du<br />
pays de l’ère de l’industrialisation<br />
galopante du pays. C’est le<br />
président Boutéflika qui a privilégié<br />
le gré à gré. Au détriment<br />
de nombreux concurrents, intéressés<br />
par le terminal le plus<br />
prometteur de la rive sud méditerranéenne.<br />
Mais surprise, au<br />
premier round de négociation<br />
entre « émiratis » et algériens, le<br />
mardi 20 juin à Alger, la discussion<br />
est loin d’être une formalité.<br />
Le port d’Alger est riche et<br />
prétend pouvoir faire les mêmes<br />
investissements promis par<br />
DPW. Comme pour Dakar,<br />
DPW ne joue pas seule. Derrière<br />
Dubaï, Abu Dhabi se charge de<br />
rappeler les autres engagements<br />
émiratis en Algérie. Ils font le<br />
poids. Le plus gros investissement<br />
émirati, un complexe<br />
d’aluminium à Béni Saf sur la<br />
côte oranaise, pèse à lui seul …<br />
cinq milliards de dollars. Et l’on<br />
est ni dans l’immobilier, ni dans<br />
les services financiers.<br />
directeur du Edge Institute à<br />
Johannesburg, centre de<br />
recherches indépendant sur les<br />
politiques économiques en<br />
Afrique. Ainsi, Arcelor Mittal,<br />
le géant mondial de l’acier, qui<br />
souhaite faire de l’Afrique de<br />
l’Ouest « un pôle majeur »<br />
pour ses approvisionnements<br />
en fer, a signé un accord en<br />
février dernier pour l’exploitation<br />
de minerais dans la région<br />
de Faleme, dans le sud-est du<br />
Sénégal. Le groupe, contrôlé<br />
par le magnat indien Lakshmir<br />
Mittal, est déjà très actif dans<br />
la production d’acier sur le<br />
continent, via ses filiales en<br />
Afrique du Sud et en Algérie.<br />
L’autre pôle majeur d’investissements<br />
est l’Afrique du Sud. «<br />
A la différence de la Chine, qui<br />
est plutôt dans une logique<br />
commerciale, de réexportation,<br />
l’Inde et l’Afrique du Sud<br />
visent davantage les marchés<br />
locaux, encouragées par les<br />
politiques de déréglementations»,<br />
précise Stephen Gelb.<br />
Des mesures libératoires qui<br />
concernent l’Afrique du Sud<br />
elle-même, puisque cette der-<br />
Dans le secteur<br />
de la construction,<br />
les sociétés chinoises<br />
proposent des prix 20<br />
à 30% inférieurs à<br />
ceux de <strong>leurs</strong> concurrents<br />
occidentaux.<br />
nière n’a vu la levée complète<br />
du contrôle des changes portant<br />
sur les flux d’IDE que fin<br />
2004. C’est la grande diversité<br />
géographique et sectorielle qui<br />
caractérise les investissements<br />
sud-africains sur le continent :<br />
secteur minier, bâtiment,<br />
« Il est devenu intéressant pour<br />
les firmes occidentales de prendre<br />
la nationalité arabe »<br />
Le point de vue d’Abderrahmane<br />
Hadj Nacer, expert financier international*<br />
« Depuis la guerre du golfe les émiratis<br />
ont entamé une politique classique<br />
de diversification des risques<br />
dans <strong>leurs</strong> investissements à l’étranger.<br />
Il faut bien voir ici que leur<br />
principale zone d’engagement hors<br />
OCDE est plus asiatique que<br />
Méditerranéenne ou Africaine. Avec<br />
la montée des prix du pétrole, les<br />
excédents sont devenus considérables<br />
et ils n’arrivent plus à les recycler<br />
en Occident. <strong>Les</strong> Emirats Arabes<br />
Unis ont su tourner l’accumulation<br />
de leur savoir faire dans le management<br />
de la globalisation en un<br />
avantage comparatif. Ils l’utilisent<br />
bien comme effet de levier. Leurs<br />
jeunes, formés dans les meilleures<br />
universités anglaises ou américaines,<br />
reviennent tous. Et si l’on rencontre<br />
peu d’arabes dans les négociations<br />
avec les staffs des entreprises<br />
de Dubaï, ils ne sont jamais très<br />
loin au moment des décisions. Cela<br />
dit, il faut bien avoir en tête la forte<br />
influence anglo-saxonne sur la<br />
place de Dubaï. <strong>Les</strong> Anglais et les<br />
Américains ont décidé d’investir<br />
stratégiquement cette place car ils<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
-500<br />
-1000<br />
Flux d’IDE de quatre pays émergents en Afrique<br />
2001 2002 2003 2004 2005<br />
Source : Cnuced; South African Reserve Bank. Données<br />
manquantes 2005 : Inde et Malaisie.<br />
infrastructures, énergie, <strong>banques</strong>,<br />
télécommunications,<br />
distribution, etc.<br />
L’afflux des capitaux arabes<br />
en Afrique du Nord<br />
Autre tendance très récente :<br />
l’afflux massif de capitaux<br />
provenant d’Etats du Golfe, à<br />
destination de l’Afrique du<br />
Nord. L’envolée du prix du<br />
baril a gonflé les réserves<br />
financières des Emirats arabes<br />
unis (EAU), du Koweït, de<br />
Bahreïn et du Qatar, qui cherchent<br />
aujourd’hui à recycler<br />
l’argent du pétrole. « Aux<br />
Etats-Unis et en Europe, il y a<br />
une légère hostilité à l’égard<br />
des investisseurs du Golfe.<br />
L’hospitalité est plus grande<br />
dans les pays arabes comme le<br />
Maroc ou l’Egypte », indique<br />
Waleed Al-Fehaid, président<br />
du Consortium marocokoweitien<br />
de développement<br />
(CMKD). Le Consortium,<br />
détenu à 84 % par l’Etat du<br />
Koweït, vient de lancer les travaux<br />
de construction de plusieurs<br />
résidences touristiques à<br />
la station Ghandouri, dans la<br />
baie de Tanger. Coût du projet<br />
: entre 20 et 22 millions d’euros.<br />
Dans les secteurs touristiques<br />
et immobiliers, au Maroc et en<br />
Tunisie, les montants annoncés<br />
sont colossaux. Ce sont les<br />
capitaux émiratis qui alimenteraient<br />
l’accroissement des<br />
flux à destination de ces pays<br />
en 2006, souligne le Réseau<br />
euro-méditerranéen des agences<br />
de promotion des investissements<br />
(Anima). Selon l’observatoire<br />
Anima-Mipo, les<br />
Emirats représenteraient 30 %<br />
des 5,4 milliards d’euros<br />
annoncés en 2006 vers le<br />
Maroc, tandis qu’ils fourniraient<br />
80 % des 3,8 milliards<br />
Chine Afrique du Sud<br />
Inde Malaisie<br />
15<br />
sentent bien que plus loin à l’est<br />
comme à Singapour ou, à fortiori, à<br />
Hong Kong, ils sont sur un territoire<br />
à domination chinoise. Lorsqu’une<br />
entreprise comme Halliburton<br />
décide d’installer son siège à Dubaï,<br />
ce n’est pas seulement pour échapper<br />
au fisc américain. Il est devenu<br />
intéressant pour des firmes occidentales<br />
de prendre la nationalité<br />
arabe. Cela peut régler beaucoup de<br />
problème. La corruption, par exemple,<br />
n’est plus beaucoup gérable à<br />
partir des pays de l’OCDE. II est,<br />
dans de nombreux africains, plus<br />
facile de gagner des marchés en se<br />
présentant, dans le contexte d’aujourd’hui<br />
sous une bannière arabe.<br />
L’engagement émirati en Afrique<br />
recoupe les intérêts anglo-américains,<br />
sans se réduire tout à fait à<br />
eux. Il va aller en se renforçant.<br />
Surtout si l’on observe bien que<br />
l’Afrique subsaharienne est une<br />
région d’où partent de plus en plus<br />
de tuyaux de pétrole et de gaz.<br />
Comme avant, il s’agit de contrôler<br />
la route des caravanes. C’est la clé<br />
de la puissance ».<br />
Propos recueillis par I. El Kadi<br />
* gouverneur de la banque d’Algérie<br />
de 1989 à 1993<br />
d’euros à destination de la<br />
Tunisie.<br />
Ainsi, au Maroc, Al Qudra<br />
ambitionne d’investir 2,7 milliards<br />
de dollars sur 10 ans,<br />
Dubaï Holding effectue<br />
actuellement la mise en valeur<br />
de la vallée du Bouregreg pour<br />
2 milliards de dollars, tandis<br />
qu’Emaar, autre société émiratie,<br />
devrait consacrer 1,55 milliard<br />
de dollars dans l’aménagement<br />
de la corniche de<br />
Rabat.<br />
Effets d’annonce ? D’après les<br />
données préliminaires de<br />
l’Office des changes marocain,<br />
les IDE des pays du Golfe réalisés<br />
au Maroc en 2006 se<br />
montent à environ 195 millions<br />
d’euros, dont près de 68<br />
millions pour les EAU, c'est-à-<br />
La Malaisie détient<br />
des participations<br />
conséquentes, via<br />
la compagnie<br />
pétrolière Petronas.<br />
dire vingt fois moins importants<br />
que ceux qui ont été affichés.<br />
L’avenir dira si le mouvement<br />
se confirme, auquel cas,<br />
les pays du Golfe pourraient<br />
concurrencer très fortement<br />
les investisseurs français et<br />
espagnols dans le Royaume.<br />
Sources : Asian Foreign Direct<br />
Investment in Africa (Unctad/UNDP,<br />
2007) ; World Investment Report 2006<br />
(Unctad) ; Quarterly Bulletins (South<br />
African Reserve Bank); <strong>Les</strong> IDE dans la<br />
région Meda en 2006 (réseau Anima,<br />
mai 2007).
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 NÉGOCE ET MATIÈRES PREMIÈRES<br />
17<br />
Nouvelle famille d’indices<br />
chez ABN Amro<br />
Pour que les investisseurs puissent bénéficier au mieux de la forte demande sur les matières premières,<br />
ABN Amro lance trois certificats sur indices négociables à la bourse suisse. Un concept nouveau.<br />
Par Adam Wade<br />
Quatre mois après leur lancement,<br />
les nouveaux indices<br />
d’ABN Amro sur les matières<br />
premières obtiennent <strong>leurs</strong> premières<br />
récompenses. C’était lors<br />
des Swiss Derivatives Awards, en<br />
mars 2007, avec le prix du jury et<br />
prix public dans la catégorie<br />
delta One. Cette distinction<br />
concerne trois certificats sur<br />
indices (Long only, Long Short<br />
and Market Neutral), lancés en<br />
novembre 2006 avec une stratégie<br />
innovante: profiter des différentes<br />
structures par termes des<br />
matières premières. Le fonctionnement<br />
est simple.<br />
Sur le marché des futures, les<br />
producteurs de matières premières<br />
reportent le risque de prix<br />
(volatilité) ou incapacité de<br />
stockage de matières premières<br />
sur les acheteurs et sur les investisseurs.<br />
De l’autre côté, les acheteurs<br />
peuvent se couvrir contre<br />
les hausses de prix, la raréfaction<br />
de l’offre ou s’assurer une livraison<br />
en temps voulu sans avoir à<br />
se soucier du stockage. En vue de<br />
se couvrir contre d’éventuelles<br />
fluctuations des prix et d’obtenir<br />
une sécurité de livraison, les producteurs<br />
et consommateurs sont<br />
prêts à payer une prime.<br />
« Ces indices se positionnent<br />
comme des prestataires d’assurance<br />
qui génèrent systématiquement<br />
une prime de risque positive<br />
pour l’investisseur », explique<br />
Marceline Try, du département<br />
Structured Product Sales<br />
de la branche londonienne<br />
d’ABN Amro.<br />
Ces nouveaux indices dynamiques<br />
permettent tout d’abord de<br />
diversifier le portefeuille et les<br />
investissements sur les matières<br />
premières par rapports aux indices<br />
traditionnels ayant une<br />
approche Long Only (Buy and<br />
Hold) passive et fixe.<br />
En plus de cette surperformance<br />
potentielle, ces indices ont une<br />
volatilité plus faible que les indices<br />
classiques, ce qui réduit également<br />
le risque.<br />
Ces indices permettent aux<br />
investisseurs de mieux appré-<br />
hender le marché des matières<br />
premières, une classe d’actifs<br />
encore peu connue même si, ces<br />
dernières annés, la forte<br />
demande portée par la croissance<br />
économique, celle notamment<br />
des pays émergents, attire<br />
de plus en plus l’attention des<br />
investisseurs aussi bien privés<br />
qu’institutionnels.<br />
« <strong>Les</strong> matières premières offrent en<br />
plus l’avantage de diversifier le<br />
portefeuille et ce, sans être corrélées<br />
ni aux actions ni aux obligations<br />
», précise Mme Try.<br />
<strong>Les</strong> investissements sur matières<br />
premières peuvent se faire soit<br />
directement en achetant le sous<br />
jacent physique, soit par le biais<br />
d’un contrat à terme ou future.<br />
Chaque contrat future se caractérise<br />
par une durée de vie limitée,<br />
ainsi que par une date de<br />
livraison convenue d’avance. En<br />
général, les investisseurs optent<br />
pour les futures pour éviter les<br />
frais et difficultés de stockage.<br />
Ne souhaitant généralement pas<br />
la livraison physique des sous<br />
jacents, les investisseurs procè-<br />
dent alors à des roll overs, c'està-dire<br />
à la vente de contrats<br />
arrivant à maturité et à l’achat<br />
de futures avec maturités plus<br />
longues. Selon les tendances du<br />
marché des futures, les roll overs<br />
peuvent être bénéfiques ou<br />
pénalisants pour l’investisseur.<br />
En effet si les futures sont en<br />
backwardation, cas où le future à<br />
échéance plus éloignée est<br />
moins cher que le contrat précédent,<br />
pour l’acquisition du nouveau<br />
contrat, l’investisseur<br />
dépense une somme inférieure à<br />
celle qu’il encaisse lors de la<br />
vente du contrat à échéance plus<br />
rapprochée.<br />
A l’inverse, l’investisseur peut<br />
pâtir d’un roll over négatif en cas<br />
de Contango, cas de figure qui se<br />
présente lorsque le contrat à<br />
échéance plus éloignée est plus<br />
cher que le contrat précédent.<br />
L’investisseur peut percevoir un<br />
rendement positif lors d’un roll<br />
over successif de futures en backwardation<br />
et ce, même si le prix<br />
comptant de la matière première<br />
est inchangé. «Sur les 20 dernières<br />
Rebond des risques<br />
de défaillance<br />
en 2008<br />
<strong>Les</strong> risques de défaillances commerciales dans le monde augmenteront<br />
en 2007-2008, selon les prévisions d’Euler Hermes.<br />
Pour Phillipe Broussard,<br />
directeur de la recherche<br />
d’Euler Hermes (800 milliards<br />
d’euros de risques souscrits),<br />
cette recrudescence du risque<br />
sera la conséquence de l’atterrissage<br />
en douceur de l’économie<br />
mondiale qui a connu<br />
une croissance pondérée (2%)<br />
à la fin du premier semestre .<br />
«<strong>Les</strong> défaillances d’entreprises<br />
suivent le cycle de l’économie<br />
mondiale : elles accélèrent<br />
quand l’économie mondiale<br />
ralentit et décélère quand l’économie<br />
s’améliore ». L’indice<br />
Global des défaillances créées<br />
par Euler Hermes permet de<br />
comparer les défaillances<br />
d’entreprises entre 31 pays.<br />
Selon les projections, la zone<br />
MENA (Afrique du Nord et<br />
Moyen Orient) connaîtra une<br />
évolution des risques assez<br />
éparse, avec une notation BB<br />
pour l’Arabie Saoudite, le<br />
sultanat d’Oman et la Tunisie.<br />
L’Algérie est placée dans la<br />
catégorie C, alors que l’ensemble<br />
Iran, Syrie, Irak,<br />
Bahrein, Liban sont jugés<br />
présentant des risques élevés<br />
(D). Pour le reste, l’Afrique<br />
subsaharienne n’est pas bien<br />
notée à cause de l’instabilité<br />
du climat politique.<br />
A l’exception de l’Afrique du<br />
Sud et du Botswana, logés<br />
dans la catégorie BB, beaucoup<br />
de pays sont notés dans<br />
la catégorie C (Sénégal,<br />
Burkina Faso, Cameroun,<br />
Namibie, Tanzanie) et D<br />
(Mauritanie, Mali, Angola,<br />
Soudan). 66% des pays de la<br />
région présentent le maximum<br />
de risques de défaillance<br />
dans l’échelle d’Euler Hermes.<br />
Seul point positif, l’Afrique<br />
subsaharienne présente selon<br />
les analystes de bonnes perspectives<br />
de croissance pour<br />
2007-2008, soit 4, 9% contre<br />
3, 4% pour les USA.<br />
A.A<br />
années, les futures de nombreuses<br />
matières premières ont été négociés<br />
en backwardation », explique<br />
Mme Try. «En conséquence, les<br />
investisseurs ont pu bénéficier de<br />
roll overs positifs sur les indices de<br />
matières premières, représentant<br />
une composante substantielle du<br />
rendement global ». Depuis, le<br />
marché s’est corrigé et la plupart<br />
des futures génèrent des roll overs<br />
négatifs, ce qui influe sur les<br />
investissements traditionnels sur<br />
indices de matières premières.<br />
L’arrivée des nouveaux certificats<br />
sur indices, moins volatiles,<br />
devrait inverser la tendance.<br />
Découverte de pétrole au Ghana<br />
Le Ghana devra rejoindre le cercle restreint des pays producteurs<br />
de pétrole en Afrique Subsaharienne. La découverte a été<br />
annoncée à la mi-juin par une société américaine d'exploitation<br />
de pétrole, Kosmos Energy, qui a affirmé qu'il s'agit de pétrole<br />
de très haute qualité et en quantité suffisante. « Nous sommes<br />
heureux de constater que le premier puits de notre programme de<br />
forage en Afrique de l'Ouest est un succès », a déclaré lundi au président<br />
Kufuor, le directeur de la société américaine, James<br />
Mussleman.<br />
Guerre de la banane à l’OMC<br />
<strong>Les</strong> Etats-Unis se sont lancés à leur tour dans la « guerre de la<br />
banane » en saisissant l'OMC sur le régime d'importations de<br />
l'Union européenne, jugé discriminatoire par les producteurs<br />
latino-américains. <strong>Les</strong> Etats-Unis ont demandé à un groupe<br />
d'experts de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC)<br />
« d'examiner si le régime d'importations de bananes de l'UE ne<br />
viole pas les obligations » prises il y a plus de dix ans envers l'organisation<br />
multilatérale, ont indiqué vendredi les services de la<br />
Représentante américaine au Commerce (USTR).<br />
Le baril de pétrole à 70 dollars<br />
<strong>Les</strong> cours pétroliers sont stables vendredi mais restent orientés à<br />
la hausse, toujours soutenus par la faiblesse des stocks de carburant<br />
aux Etats-Unis et par la diminution récente des stocks de<br />
brut d'un terminal situé dans l'Oklahoma. Le brut léger U.S a<br />
franchi pour la première fois depuis septembre 2006 le seuil des<br />
70 dollars en séance jeudi sur le Nymex avant de se replier. Depuis<br />
février, le brut léger américain avait enregistré une décote importante<br />
en raison des problèmes enregistrés par de nombreuses raffineries.<br />
Pour Tobin Gorey, stratège matières premières à la<br />
Commonwealth Bank, « les cours devraient se maintenir autour du<br />
cap des 70 dollars dans les prochaines semaines. La principale question<br />
reste celle d'un éventuel relèvement de la production de l'Opep<br />
avant l'hiver ».<br />
<strong>Les</strong> risques de défaillances commerciales dans le monde
18<br />
L’actualité avec<br />
RDC : un nouveau système<br />
comptable bancaire pour 2008<br />
La Banque centrale du Congo (BCC) a entamé depuis le mardi<br />
26 juin 2007 et jusqu’au 13 juillet, une série de séminaires de<br />
formation destinée aux utilisateurs du Guide Comptable des<br />
Etablissements de Crédit (GCEC). Ce document qui recense les<br />
différentes opérations dans la saisie des opérations bancaires<br />
entre en vigueur à partir de janvier 2008. Cinq étapes transitoires<br />
ont été retenues, à savoir la formation des utilisateurs, la distribution<br />
du guide aux établissements de crédit, une période de<br />
test de deux mois et l’application obligatoire.<br />
KBR négocie son indemnité<br />
de départ d’Algérie<br />
L’américain KBR- filiale de Halliburton récemment cédée – est<br />
entrain de quitter l’Algérie ou il détenait 40% du capital de BRC<br />
(Brown, Roots and Condor), une joint venture avec Sonatrach<br />
(49%). <strong>Les</strong> experts estiment que la valeur des 40% de KBR tourne<br />
autour de 20 millions de dollars compte tenu de la dépréciation de<br />
la signature de BRC cette dernière année. En effet, c’est un scandale<br />
aux surfacturations – très médiatisé- qui a précipité la fin du partenariat<br />
KBR-Sonatrach et annoncé la dissolution de BRC sur décision<br />
du président Boutéflika. Une enquête de l’IGF (inspection<br />
générale des impôts) a montré que les factures étaient parfois 100<br />
fois supérieures au prix réel. KBR est impliqué dans un scandale<br />
semblable avec l’armée américaine en Irak.<br />
Codes des impôts<br />
Viennent de paraître les Codes des Impôts de Mauritanie et de<br />
Centrafrique, disponibles sur www.droit-afrique.com . Droit-<br />
Afrique.com est un portail consacré au droit des affaires et à la fiscalité<br />
des pays de l'Afrique francophone.<br />
Le logiciel Alix recommandé<br />
Le logiciel ivoirien Alix qui équipe déjà les douanes de Côte d’Ivoire<br />
et du Ghana a été choisi par l’Organisation Mondiale des Douanes<br />
(OMD) et par le Centre Informatique Régionale de l'Afrique de<br />
l'Ouest pour interconnecter les administrations douanières des<br />
Etats de la région ouest africaine.<br />
Cotecna signe avec la Guinée<br />
Equatoriale<br />
Cotecna, groupe international d’inspection, a signé un contrat d’une<br />
durée de six ans avec le gouvernement de la Guinée Equatoriale. Ce<br />
contrat prévoit l’inspection de marchandises avant embarquement, la<br />
vérification documentaire ainsi que le scanning à destination.<br />
Droit foncier congolais<br />
Le professeur Vincent Kangulumba Mbambi vient de publier à Bruxelles<br />
un « Précis de droit civil des biens » qui traite sur 540 pages de la théorie<br />
générale des biens et de la théorie spéciale des droits réels fonciers et<br />
immobiliers congolais.<br />
Pétrole: « Publiez ce que<br />
vous payez ».<br />
Des organisations non-gouvernementales gabonaises ont lancé à<br />
Libreville la campagne locale de la coalition internationale « Publiez<br />
ce que vous payez (PCQVP) » pour une gestion plus transparente<br />
des revenus pétroliers et miniers. La plate-forme gabonaise, qui<br />
rejoint la coalition d'ONG déjà présente dans de nombreux pays,<br />
s'engage à lutter en faveur d'une « transparence accrue » dans la gestion<br />
des ressources naturelles et de « plus d'équité dans la collecte et<br />
la dépense des revenus des industries extractives ».<br />
Par Abdelatif Lamri<br />
Après plus de dix ans d’existence,<br />
les contributions du<br />
secteur du capital risque au<br />
financement des entreprises<br />
<strong>marocaines</strong> demeurent modestes<br />
eu égard aux besoins énormes<br />
du marché: restructurations,<br />
renforcement des fonds propres<br />
des PME, mise à niveau, lancement<br />
de nouveaux secteurs, etc.<br />
Ainsi, fin 2005, l’actif sous<br />
gestion du secteur s’établissait<br />
à 2,11 milliards de dirhams<br />
pour 250 millions de dirhams<br />
investis dans une soixantaine<br />
d’entreprises.<br />
De ce faible apport de cet instrument<br />
dont les avantages ne<br />
sont plus à démontrer (capitaux<br />
propres, conseils stratégiques,<br />
mise à disposition de réseau,<br />
etc.), plusieurs facteurs sont<br />
avancés. Outre le déficit en<br />
matière de vulgarisation et la<br />
problématique de levées de<br />
fonds auprès des investisseurs,<br />
les principaux obstacles avancés<br />
sont d’ordre règlementaire. Il y<br />
a d’abord l’impact négatif de<br />
l’article 6 de la loi n° 41-05 sur<br />
les OPCR qui oblige les fonds de<br />
capital risque à respecter le<br />
principe d’un ratio d’investissement<br />
minimum de 50 % de l’ac-<br />
DROIT FISC DOUANES<br />
Pour poursuivre cette progression,<br />
les autorités mauriciennes<br />
ont multiplié les mesures incitatives.<br />
Ainsi, par exemple, la<br />
liste de traités de non-double<br />
imposition concerne déjà 32<br />
pays et ne cesse de s’allonger<br />
(déjà la France, la Grande-<br />
Bretagne, l’Allemagne, l’Italie,<br />
l’Inde, la Chine, le Sénégal ou<br />
l’Afrique du Sud…)<br />
Bob Bachun, directeur d’Halifax<br />
Management Ltd répertorie les<br />
atouts de Maurice : « On peut<br />
noter la stabilité politique et<br />
sociale, l’absence de contrôle<br />
des changes, un personnel<br />
bilingue et de solides garanties<br />
légales de confidentialité... ».<br />
Il ajoute à cela un cadre fiscal<br />
avantageux : « Pas de précompte<br />
sur les intérêts, dividendes,<br />
royalties ou d’impôt sur les plusvalues,<br />
pas d’imposition des<br />
intérêts versés sur les dépôts<br />
effectués dans les <strong>banques</strong> offshore,<br />
pas de taxe immobilière,<br />
succursale, sur la fortune ou sur<br />
les donations, pas de droits de<br />
timbre ou d’enregistrement, une<br />
TVA nulle ».<br />
<strong>Les</strong> formes juridiques<br />
Ces structures juridiques proposées<br />
incluent les sociétés<br />
dites Global Business Category<br />
1 (GBC1) et Global Business<br />
Category 2 (GBC2).<br />
<strong>Les</strong> GBC1 sont des sociétés<br />
résidentes constituées à des<br />
fins fiscales. <strong>Les</strong> ayants droit<br />
économiques des GBC1 peuvent<br />
être des non-résidents<br />
mauriciens et peuvent avoir<br />
pour objets sociaux le négoce,<br />
la facturation, des fonds de<br />
placement, l’investissement en<br />
holding, les assurances captives<br />
et les opérations financières<br />
structurées. La société doit<br />
avoir une substance locale en<br />
ayant des directeurs locaux,<br />
comptes bancaires, comptabilités,<br />
audités etc. <strong>Les</strong> comptes<br />
ainsi que les actions, la liste des<br />
directeurs et les autres docu-<br />
ments de la société ne sont pas<br />
ouverts à l’inspection publique.<br />
Une GBC 1 peut émettre des<br />
actions ordinaires ou/et à titres<br />
préférentiels.<br />
<strong>Les</strong> GBC2, par contre, sont des<br />
entités non-résidentes exonérées<br />
d’impôt. Une GBC2 ne<br />
nécessite aucune présence<br />
locale, à l’exception d’un agent<br />
local agréé. Il n’existe pas<br />
d’exigences de la part du<br />
Registre du Commerce quant à<br />
la divulgation de l’identité de<br />
l’ayant droit économique.<br />
L’utilisation d’actionnaires<br />
mandataires est autorisée. <strong>Les</strong><br />
GBC2 peuvent être utilisées<br />
pour l’ouverture des comptes<br />
bancaires dans toutes juridictions<br />
et pour la détention de<br />
possessions ou d’actifs et d’investissements.<br />
Il n’y a aucune<br />
obligation pour une GBC2 de<br />
garder ses comptes, se faire<br />
auditer ou d’avoir des réunions<br />
annuelles générales à Maurice.<br />
<strong>Les</strong> fiducies<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
Centrafrique :<br />
Nationalisation au<br />
forceps du secteur<br />
pétrolier<br />
Le régime du général Bozizé conduit au pas de charge la renationalisation du secteur pétrolier centrafricain.<br />
Le 14 avril dernier l’Assemblée<br />
nationale a voté trois nouvelles<br />
lois relatives au secteur. La première<br />
modifie l’organisation<br />
du sous-secteur pétrolier aval<br />
telle qu’elle résultait de la loi<br />
98.012 du 28 septembre 1998,<br />
qui libéralisait le secteur, et de<br />
l’accord-cadre du 29 octobre<br />
1999 portant privatisation des<br />
activités pétrolières aval.<br />
L’agrément pour l’importation,<br />
le stockage et la distribution<br />
des produits pétroliers<br />
jusque là réservées aux personnes<br />
morales peut désormais<br />
être accordé à des personnes<br />
physiques et l’introduction de<br />
la notion de « centre de redistribution<br />
», « points de vente »<br />
et « station de remplissage »<br />
ouvre la concurrence aux stations<br />
services. Elle étend aussi<br />
le contrôle des prix à des produits<br />
(Jet A1, Avgas et GPL)<br />
auparavant libres.<br />
<strong>Les</strong> deuxième et troisième lois<br />
créent respectivement l’Agence<br />
de Stabilisation et de Régulation<br />
des Prix des Produits pétroliers<br />
(ASRP) et la Société centrafricaine<br />
de Stockage de Produits<br />
pétroliers (SOCASP). Pour alimenter<br />
l’ASRP, de nouveaux<br />
Maurice mise sur l’offshore<br />
En cinq ans, l’offshore mauricien a doublé son volume de sociétés, passant, de 2001 à 2006, de 14 457 à<br />
27 413 entités.<br />
Le capital risque marocain encore entravé<br />
tif du fonds dans des PME limitant<br />
ainsi la marge de manœuvre<br />
de ces sociétés. Ensuite, et pour<br />
nombre de professionnels, le<br />
cadre juridique des sociétés du<br />
secteur est jugé rigide et inadapté.<br />
Par ail<strong>leurs</strong>, l’aspect fiscal<br />
est décrié par les spécialistes qui<br />
le jugent non incitatif même si<br />
le principe de « transparence<br />
fiscale » est acquis. Ils souhaitent<br />
des incitations fiscales<br />
spécifiques pour les fonds, des<br />
taux préférentiels d’imposition<br />
sur les bénéfices des entreprises<br />
qui font appel au capital risque<br />
et une exonération de TVA sur<br />
frais de gestion des sociétés du<br />
impôts, taxes et redevances sont<br />
institués, cependant que la<br />
SOCASP renationalise le<br />
stockage des produits pétroliers<br />
puisqu’elle en a l’exclusivité.<br />
<strong>Les</strong> lois votées, le ministère des<br />
Mines et de l’Energie décide la<br />
convocation d’une assemblée<br />
générale extraordinaire de la<br />
SOGAL, la Société de gestion<br />
des activités de stockage pour<br />
la dissoudre. Total actionnaire<br />
majoritaire (51 %) de la société<br />
dont l’Etat ne détient que<br />
10 % n’est pas consultée. Elle<br />
attaque la décision du ministère<br />
auprès du Tribunal de<br />
grande instance de Bangui et<br />
obtient gain de cause par un<br />
référé en date du 18 juin. Dès<br />
le lendemain, le ministère fait<br />
appel de cette décision. La<br />
cour d’appel fixe l’audience le<br />
jour même avant de consentir<br />
à la renvoyer au lendemain à la<br />
demande de Total. Le 20 juin,<br />
elle infirme le référé du TGI de<br />
Bangui et désigne le chef de<br />
cabinet du Premier ministre, le<br />
sieur Possiti mandataire judiciaire.<br />
Ce dernier ne traîne pas<br />
non plus. Le 21 juin, publication<br />
d’une convocation d’une<br />
assemblée générale extraordi-<br />
secteur. Notons qu’en Tunisie,<br />
les souscripteurs peuvent bénéficier<br />
des dégrèvements fiscaux<br />
compris entre 35 % et 100 % et<br />
les sociétés d’investissement<br />
jouissent des exonérations sur<br />
les dividendes et les plus values<br />
réalisées. Toutefois, les fonds<br />
sont tenus à investir au moins<br />
30 % de <strong>leurs</strong> ressources dans<br />
des domaines jugés prioritaires<br />
(zone de développement régional,<br />
entreprises en difficultés, mise<br />
à niveau, projets nouveaux<br />
promoteurs et secteurs technologiques)<br />
et les investisseurs<br />
obligés à bloquer <strong>leurs</strong> participations<br />
pendant 5 ans.<br />
naire pour le jour même.<br />
N’assistent à l’assemblée que<br />
25 % des actionnaires. L’absence<br />
de quorum n’émeut guère. La<br />
SOGAL est dissoute. La multinationale<br />
ne s’avoue pas vaincue.<br />
Elle saisit la cour constitutionnelle<br />
parce qu’elle estime<br />
la renationalisation inconstitutionnelle<br />
et attaque aussi<br />
l’arrêt de la cour d’appel<br />
devant la Cour commune de<br />
Justice et d’Arbitrage d’Abidjan...<br />
Son dossier semble béton.<br />
Dans la forme, la convocation<br />
de l’assemblée a violé toutes<br />
les dispositions en la matière,<br />
notamment le délai de quinze<br />
jours, mais aussi l’absence de<br />
quorum. Quant au fond, les<br />
nouvelles dispositions centrafricaines<br />
se sont faites au<br />
mépris des engagements de<br />
l’Etat. Le plus évident étant<br />
que la SOGAL bénéficie d’un<br />
droit à bail de 20 ans signé<br />
avec le gouvernement le 20<br />
novembre 2001.<br />
Tentations<br />
Officiellement, le gouvernement<br />
centrafricain invoque la<br />
baisse des recettes tirées des<br />
taxes pétrolières. La réalité est<br />
Enfin, côté investisseurs, les<br />
compagnies d’assurances <strong>marocaines</strong><br />
qui disposent d’importants<br />
fonds qu’elles souhaitent mieux<br />
rémunérées en les plaçant dans<br />
cette nouvelle classe d’actifs qui<br />
procure de bons rendements<br />
sont freinées par le cadre<br />
règlementaire qui régie <strong>leurs</strong><br />
placements. Du coup, celles<br />
d’entre elles qui investissent<br />
dans les fonds le font en puisant<br />
dans <strong>leurs</strong> capitaux propres tout<br />
en sachant qu’elles sont tenues<br />
au respect scrupuleux des règles<br />
prudentielles du secteur. Un<br />
assouplissement de la réglementation<br />
permettant l’admission<br />
moins avouable. Le ministre<br />
de l’Economie et des Finances<br />
qui gérait auparavant le dossier<br />
a été dessaisi au profit du ministre<br />
de l’Energie, le lieutenantcolonel<br />
N’Doutingaï, par ail<strong>leurs</strong><br />
neveu du président Bozizé.<br />
Il semble bien que la cargaison<br />
de pétrole offerte par le leader<br />
libyen Kadhafi et les profits<br />
attendus d’importations sauvages<br />
aient aiguisé des appétits.<br />
La République centrafricaine<br />
n’a pas craint l’ire de la Banque<br />
mondiale puisque la privatisation<br />
de ces activités figurait<br />
parmi les conditionnalités<br />
du programme d’ajustement<br />
structurel. Ce n’est pas la seule<br />
remise en question de ses engagements<br />
vis-à-vis de la Banque.<br />
La Centrafrique vient de lancer<br />
un emprunt obligataire de<br />
45 milliards CFA (68,6 millions<br />
d’euros) à la nouvelle<br />
Bourse régionale des va<strong>leurs</strong> de<br />
Libreville au grand dam de ses<br />
partenaires (FMI, Banque<br />
mondiale, BAD, AFD) qui<br />
estiment que cet emprunt<br />
compromet le redressement<br />
financier entrepris depuis 2004...<br />
<strong>Les</strong> fiducies concernent la<br />
protection d’actifs et la gestion<br />
de fortune privée. La loi mauricienne<br />
autorise la présence sur<br />
place d’un seul fidéicommis(*)<br />
et contient des dispositions<br />
excluant les parts réservataires<br />
en cas d’héritage et la limitation<br />
sur les réclamations à l’égard<br />
des créditeurs. La loi mauricienne<br />
sur les fiducies autorise<br />
la création de fiducies à objectif<br />
déterminé, les fiducies caritatives<br />
et les fiducies discrétionnaires.<br />
<strong>Les</strong> fiducies non-résidentes sont<br />
exemptées d’impôts.<br />
APr<br />
(*) Fideicomis désigne une disposition<br />
testamentaire par laquelle le<br />
stipulant transmet un bien, ou tout<br />
ou partie de son patrimoine, à<br />
un bénéficiaire apparent, en le<br />
chargeant de retransmettre ce ou ces<br />
biens à une tierce personne spécifiquement<br />
désignée dans l'acte.<br />
La contribution du capital risque au financement de l’économie marocaine est encore modeste. Plusieurs contraintes règlementaires freinent son développement.<br />
d’une partie de <strong>leurs</strong> engagements<br />
représentation des réserves<br />
techniques faciliterait la levée<br />
d’importants fonds par les<br />
capitaux risqueurs.<br />
Répartition des investissements<br />
de l’industrie du capital risque<br />
marocain par secteur<br />
Agroalimentaire 7%<br />
Distribution 7%<br />
Immobilier 6%<br />
Industrie 35%<br />
Services 35%<br />
Tourisme 10%<br />
C.E.S.
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
Par Amadou FALL<br />
Depuis 2004, la valeur de la monnaie<br />
européenne n'a pas cessé<br />
d'augmenter face au billet vert,<br />
passant de 0,83 à 1,31 dollar fin<br />
novembre 2006, pour atteindre<br />
1,36 dollar en avril 2007. Pour les<br />
argentiers européens, il n’y a pas<br />
lieu de s'inquiéter. Le seuil critique<br />
est encore loin. Par contre,<br />
l’on apprécie autrement ce bras<br />
de fer du côté des pays de<br />
l’Afrique de l’Ouest et du Centre<br />
dont la monnaie est liée à l'euro<br />
par une parité fixe. Dévaluer ou<br />
pas ? <strong>Les</strong> positions divergent en<br />
fonction des intérêts des uns et<br />
des autres.<br />
Facture pétrolière<br />
<strong>Les</strong> partisans du statu quo font<br />
remarqués que l’ascendant de<br />
l’euro sur le dollar a, dans une<br />
certaine mesure, amorti l’impact<br />
de la flambée continue<br />
des cours du baril et abaissé le<br />
coût des importations payées<br />
en dollar. <strong>Les</strong> exportations de<br />
la Zone franc vers les pays de<br />
l'Union européenne - plus<br />
50 % de ses échanges extérieurs,<br />
selon le FMI - s'en<br />
trouvent normalement favorisées.<br />
Le service de la dette<br />
extérieure a aussi baissé, mécaniquement.<br />
Selon la Banque<br />
africaine de Développement, la<br />
flambée des cours du brut a<br />
A moins que la demande formulée<br />
par le président<br />
Abdoulaye Wade du Sénégal, au<br />
nom de ses pairs du Mali et du<br />
Burkina Faso au président français<br />
Nicolas Sarkozy le 11 juin<br />
dernier à Paris ne prospère,<br />
Dagris sera privatisé. Paris avait<br />
« oublié » d’en informer les<br />
sociétés cotonnières africaines<br />
dont Dagris est actionnaire.<br />
Le groupe Dagris est une entreprise<br />
publique française (l'Etat<br />
détient 64,7% du capital) intervenant<br />
en Afrique, en Amérique<br />
en Asie centrale et dans l’océan<br />
indien, dans les domaines de la<br />
production et de la commercialisation<br />
du coton et d’oléagineux.<br />
Sa privatisation a été décidée<br />
par le gouvernement français<br />
en janvier 2006 dans le<br />
cadre des privatisations décidées<br />
à l’époque.<br />
Bon marché<br />
Cette privatisation a fait désordre<br />
en France. Bien plus que le<br />
principe, c’est le montant pour<br />
lequel, il a été concédé au<br />
consortium Sodaco, 7,7 millions<br />
d'euros, qui a heurté. En janvier<br />
2006, l’annonce de la privatisation<br />
n’avait soulevé aucune<br />
vague. Pour le comité d’entreprise,<br />
pas de doute, Dagris a été<br />
bradé puisque les capitaux propres<br />
de la société étaient évalués<br />
en 2005 à 105 millions d’euros,<br />
sans compter le patrimoine<br />
immobilier dont le siège à Paris<br />
est estimé entre 35 et 50 mil-<br />
certes effacé une bonne partie<br />
du bénéfice des annulations de<br />
la dette des pays de la Zone<br />
CFA, mais cela aurait été pire<br />
sans la hausse de l'euro.<br />
Importations facilitées<br />
Toutefois, l’euro trop fort comporte<br />
également des conséquences<br />
négatives pour la Zone<br />
CFA. Le coût de la main-d'œuvre,<br />
déjà élevé en comparaison<br />
avec les pays asiatiques, en est<br />
artificiellement gonflé. Il<br />
encourage les importations, au<br />
détriment des productions<br />
lions d’euros. La valeur des 7%<br />
du capital détenus par le personnel<br />
est ainsi divisée huit.<br />
D’autres actionnaires qui se font<br />
plus discrets n’en sont pas<br />
moins émus. Certains évoquent<br />
même une distribution de dividende<br />
fictive. Dagris en a distribué<br />
en 2005 pour annoncer<br />
l’année suivante une perte de 70<br />
millions d’euros.<br />
La décision du gouvernement<br />
français accroît les incertitudes<br />
de maintes sociétés cotonnières<br />
africaines dont Dagris est<br />
actionnaire. Paris n’a pas exigé<br />
la moindre assurance du repreneur<br />
sur ses intentions quant au<br />
sort des sociétés africaines dont<br />
il devient actionnaire. La<br />
Sodaco s’est contentée d’annoncer<br />
sa volonté « de redresser les<br />
comptes pour aboutir à l’équilibre,<br />
par diminution des charges<br />
d’exploitation des effectifs et des<br />
frais généraux ». Un projet suffisamment<br />
vague pour tout permettre,<br />
y compris de se contenter<br />
de réaliser une simple opération<br />
immobilière et d’oublier les<br />
sociétés africaines.<br />
Une page se tourne<br />
Economiquement, c’est une<br />
autre histoire. <strong>Les</strong> sociétés<br />
cotonnières africaines, qui accusent<br />
un déficit cumulé estimé à<br />
plus de 53 millions d’euros, sont<br />
en partie responsables des mauvais<br />
résultats de Dagris. Mais en<br />
partie seulement. La Banque<br />
mondiale, se fondant sur une<br />
ÉCONOMIE AFRICAINE<br />
La polémique enfle<br />
autour du CFA fort<br />
La dévaluation du CFA fait débat. Depuis 2004, la valeur de l’euro s’est appréciée de 63 % face au dollar.<br />
En Afrique de l’ouest et du centre dont la monnaie, le CFA, est liée à la monnaie européenne par une<br />
parité fixe, la côte d’alerte est atteinte.<br />
Pour les argentiers<br />
européens, il n’y a<br />
pas lieu de<br />
s'inquiéter.<br />
Le franc CFA fait partie des 41<br />
monnaies, pour la plupart non<br />
convertibles, en circulation sur le<br />
continent africain. En fait, il n’y a<br />
pas un seul franc CFA mais deux.<br />
L’un, dénommé « franc de la<br />
Communauté financière africaine »,<br />
est commun aux huit Etats de<br />
l’Union économique et monétaire<br />
de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) :<br />
Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire,<br />
Guinée-Bissau, Mali, Niger,<br />
Sénégal et Togo. L’autre, appelé<br />
« franc de la Coopération financière<br />
en Afrique Centrale », a<br />
cours entre les six pays de la<br />
Communauté économique et<br />
monétaire de l’Afrique Centrale<br />
(CEMAC) : Cameroun, Centrafrique,<br />
Congo, Gabon, Guinée équatoriale<br />
et Tchad).<br />
Gérée par deux <strong>banques</strong> centrales<br />
distinctes, la Banque centrale des<br />
Etats de l’Afrique de l’Ouest pour<br />
l’UEMOA et la Banque centrale des<br />
Etats de l’Afrique Centrale pour la<br />
CEMAC, chacune de ces unités<br />
monétaires est, depuis 1993,<br />
locales, y compris l'importation<br />
de biens qui ne sont pas<br />
nécessairement indispensables.<br />
A l’exportation, les productions<br />
locales deviennent moins<br />
compétitives que celles qui<br />
concurrencent des pays hors<br />
Zone euro. Il en est ainsi du<br />
coton béninois, de la banane<br />
camerounaise, du café ou du<br />
cacao ivoirien face aux produits<br />
analogues américains et latinoaméricains<br />
qui s’exportent en<br />
dollar, et qui sont, de surcroît,<br />
subventionnés. Le revenu des<br />
exportations de matières pre-<br />
Une si vieille histoire<br />
exclusivement utilisable dans sa<br />
zone d’émission. Depuis, les transferts<br />
légaux entre les deux régions<br />
se font uniquement par voie bancaire.<br />
A l’origine, le franc CFA était le<br />
« franc des colonies françaises »,<br />
une monnaie unique et commune à<br />
toutes les possessions françaises<br />
d’Afrique et de Madagascar. Elle<br />
avait été lancée le 26 décembre<br />
1945, date de la première réforme<br />
monétaire française d’après-guerre.<br />
En 1958, son sens est modifié. CFA<br />
signifie désormais « communautés<br />
françaises d’Afrique. »<br />
A l’aube de l’indépendance, en<br />
1959, le franc colonial sera remplacé<br />
par les deux actuels francs<br />
CFA, comme signes de la nouvelle<br />
forme de coopération monétaire<br />
entre la France et ses anciennes<br />
colonies : mise en commun des<br />
réserves de change, garantie de<br />
convertibilité, parité fixe. Certains<br />
pays ont choisi, lors de l'indépendance<br />
ou après, de quitter la Zone<br />
franc : Algérie, Maroc, Tunisie,<br />
étude conduite par Pursell et<br />
Diop (Cotton Policies in<br />
Francophone Africa, World Bank,<br />
1998), démontre que les prix<br />
libres sont plus favorables aux<br />
producteurs que la stabilisation<br />
des cours. Derrière l’argument<br />
se cache mal la volonté de la<br />
mières africaines facturées en<br />
dollars affaibli est diminue<br />
conséquemment.<br />
<strong>Les</strong> « pro-dévaluation » invoquent<br />
aussi les difficultés des<br />
principales filières agricoles de<br />
la zone. Argument balayé par<br />
nombre d’experts africains qui<br />
estiment que leur fragilité et<br />
vulnérabilité sont bien plus à<br />
leur imputer une récurrente<br />
mauvaise gestion à la faible<br />
productivité, mais également<br />
aux subventions européennes<br />
et américaines.<br />
Mauritanie, Madagascar, Guinée.<br />
Le Mali l'a quittée en 1962 pour la<br />
réintégrer en 1984. La lusophone<br />
Guinée-Bissau l’a intégrée le<br />
2 mai 1997.<br />
Durant ses 62 années d’existence,<br />
le franc CFA a connu quatre temps<br />
forts. En 1948, avec la dévaluation<br />
du franc métropolitain, sa valeur<br />
est passée à 2 FF, contre 1,70 FF<br />
en 1945, soit une réévaluation de<br />
17,65 %. En 1960, avec la création<br />
du nouveau franc ou « franc<br />
lourd » (1 NF = 100 anciens francs),<br />
le franc CFA a été maintenu dans sa<br />
valeur : 1 NF = 50 FCFA. Le 11 janvier<br />
1994, il a été dévalué de 50 %<br />
par rapport au franc français : 1 NF<br />
= 100 FCFA. En 1999, avec la disparition<br />
du franc français et la création<br />
de la monnaie unique européenne,<br />
le franc CFA a été rattaché<br />
à l'euro selon la même parité fixe, la<br />
garantie de convertibilité étant toujours<br />
à la charge de l'État français :<br />
1 euro = 655,957 FCFA.<br />
Paris privatise unilatéralement<br />
Dagris<br />
Un moment retardée par le référé introduit par le personnel auprès du Tribunal de grande instance de<br />
Paris, la privatisation de la Société de Développement des Agro-industries du Sud (Dagris) semble<br />
désormais irréversible.<br />
banque de casser les liens postcoloniaux<br />
qu’elle reproche à<br />
la France de perpétuer. En<br />
revanche, ce libéralisme ignore<br />
superbement les subventions<br />
américaines et européennes. En<br />
2002, un producteur américain<br />
a touché 1,5 dollar par kilo,<br />
<strong>Les</strong> Etats-Unis continueront à<br />
laisser délibérément le billet vert<br />
se déprécier pour diminuer leur<br />
énorme déficit commercial<br />
envers la Chine et accroître la<br />
compétitivité extérieure de <strong>leurs</strong><br />
produits. Ils y resteront également<br />
contraints par la flambée<br />
des cours du brut qui serait à<br />
tous égards, insoutenable pour<br />
leur balance des paiements avec<br />
un dollar plus fort qui, de surcroît,<br />
rendrait les produits américains<br />
encore plus chers et<br />
moins compétitifs.<br />
Bénéfice incertain<br />
Par ail<strong>leurs</strong>, pour produire les<br />
effets bénéfiques escomptés,<br />
principalement en termes de<br />
compétitivité extérieure, d’augmentation<br />
des exportations et<br />
de <strong>leurs</strong> revenus, et d’atténuation<br />
de la pression des importations,<br />
la dévaluation doit pouvoir<br />
s’adosser à une industrie et<br />
une agriculture modernes, performantes<br />
et dynamiques, avoir<br />
des débouchés avérés et la capacité<br />
de les élargir, un secteur<br />
privé à même de répondre à la<br />
demande, un régime politique<br />
stable et enfin un environnement<br />
technique, administratif<br />
et juridique propice à l'essor des<br />
affaires. Or, ces atouts ne sont<br />
pas les mieux partagés dans la<br />
Zone CFA. Elle ne pourrait<br />
donc tirer que faiblement partie<br />
d’une nouvelle dévaluation,<br />
comme ce fut le cas de la première<br />
dont les effets bénéfiques<br />
se sont très rapidement effrités<br />
et résorbés.<br />
Aujourd’hui, une dévaluation<br />
du FCFA aurait pour conséquence<br />
une hausse vertigineuse<br />
du coût des importations, un<br />
surenchérissement de la facture<br />
pétrolière, une inflation galopante.<br />
Et le chômage qui a déjà<br />
atteint des niveaux inacceptables,<br />
s'accroîtrait davantage. Un<br />
abrupt changement de parité<br />
remettrait en question la pertinence<br />
des politiques de convergence<br />
que les pays de l’UEMOA<br />
et de la CEMAC s’évertuent à<br />
respecter, tant bien que mal,<br />
pour consolider et renforcer les<br />
processus d’intégration économique<br />
et monétaire dans lesquels<br />
ils se sont engagés, plus<br />
alors que le prix mondial s’élève<br />
à 88 cents. Malgré l’Organisation<br />
mondiale du Commerce, les<br />
intérêts de 25 000 agriculteurs<br />
nord-américains pèsent plus<br />
lourd que ceux de millions de<br />
paysans africains.<br />
Le sort du coton africain ne se<br />
19<br />
<strong>Les</strong> risques à ne<br />
pas courir<br />
Dévaluer le franc CFA en raison de l’euro fort c’est<br />
aujourd’hui, prendre le risque, de s’engager dans<br />
une course-poursuite sans fin.<br />
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La commande par carte bancaire est possible sur www.lesafriques.com<br />
Cette annonce paraîtra début septembre dans le premier numéro hebdomadaire du journal <strong>Les</strong> Afriques.<br />
résolument depuis une douzaine<br />
d’années et qui ne<br />
devraient point être réversibles.<br />
Une illusion d’équilibre<br />
Toutefois, la valeur d'une monnaie<br />
ne peut pas être éternellement<br />
fixe. L’immuabilité monétaire,<br />
dans un monde en mutation<br />
permanente, est un artifice antiéconomique.<br />
Elle est dangereuse<br />
car elle donne l'illusion que l’on<br />
est dans un équilibre économique<br />
parfait, alors qu’en réalité l’on est<br />
confronté à d’immenses problèmes<br />
à la fois structurels et<br />
conjoncturels.<br />
<strong>Les</strong> pays de la Zone CFA devront<br />
nécessairement se mettre dans<br />
les conditions de sortir de cette<br />
situation illusoire. Une des solutions<br />
préconisée passerait par la<br />
création d’une nouvelle unité de<br />
compte avec le rapatriement des<br />
réserves de changes de la Zone<br />
CFA auprès du Trésor public<br />
français, en les renforçant par<br />
<strong>Les</strong> gains ou<br />
les pertes de<br />
compétitivité seraient<br />
engrangés ou payés<br />
en temps réel.<br />
les avoirs des pays, notamment<br />
anglophones qui appartiennent<br />
à la CEDEAO mais pas à<br />
l’UEMOA. La nouvelle monnaie<br />
qui serait créée sur cette base<br />
régionale élargie et homogène<br />
ne serait plus unilatéralement<br />
reliée à l’euro comme l’est le<br />
CFA, mais à un panier de monnaies<br />
choisies en fonction des<br />
principaux partenaires de commerce<br />
extérieur des pays<br />
de cette nouvelle union monétaire.<br />
Ce système permettrait<br />
de faire l'économie à la fois de<br />
dévaluations en cascades et de la<br />
multiplication des traumatismes<br />
qu'elles causent aux populations.<br />
<strong>Les</strong> distorsions monétaires<br />
seraient corrigées en douceur,<br />
puisque les gains ou les<br />
pertes de compétitivité seraient<br />
engrangés ou payés en temps<br />
réel. Le problème pour les pays<br />
concernés est de s’accorder sur<br />
le franchissement du Rubicon.<br />
A.F.<br />
jouera donc plus à Paris.<br />
Désormais c’est à New York,<br />
Bruxelles et Pékin et dans une<br />
moindre mesure à Genève que<br />
se décidera le sort du coton et<br />
des millions de cotonculteurs<br />
africains.<br />
C.E.S.<br />
50 w<br />
en noir blanc<br />
59 w<br />
en couleur<br />
Tarif du module de 30 mm<br />
de large sur 35 mm de haut
20<br />
1,24 million d’Africains<br />
aux USA<br />
Une étude de l’institut Brookings a recensé plus de 1,25 million de<br />
personnes nées en Afrique et résidant aux Etats-Unis. 43 % d’entre<br />
eux sont allez de niveau universitaire. <strong>Les</strong> nationalités plus<br />
représentés sont les Nigérians, les Ethiopiens et les Ghanéens.<br />
Leur niveau socio-économique est sensiblement supérieur à la<br />
moyenne américaine. A Atlanta, Seattle ou Minneapolis, plus de<br />
15 % de la population est aujourd’hui africaine.<br />
Fuite des cerveaux<br />
L’Association des universités africaines réunira les dirigeants de<br />
ses 199 universités membres à Tripoli, en Libye, du 21 au 25<br />
octobre 2007 sur le thème « Gérer la fuite des cerveaux africains<br />
en travaillant en collaboration avec la diaspora ».<br />
Kofi Annan revient à Genève<br />
L’ex-No 1 des Nations Unies se déplace à Genève, siège de l’Africa<br />
Progress Panel qu’il préside. Il revient ainsi dans la ville où il avait<br />
étudié et avec laquelle il avait conservé de nombreux liens. Son<br />
objectif est d’y produire un forum annuel humanitaire mondial.<br />
Discrimination raciale sur<br />
les Champs Elysées<br />
Suite à une série de tests effectués en 2005 à la sortie des boîtes de nuit<br />
sur les Champs Elysées, des physionomistes du Queen, du Milliardaire<br />
et du Club 79 ont été condamnés à 1 500 euros d’amende avec sursis.<br />
Celui du Man Ray a écopé de 1 000 euros d’amende.<br />
Condamnation du frère<br />
cadet de Jean-Pierre Bemba<br />
Jean-Pierre Bemba Pollet, l’un des frères cadets de l’ex-vice-président<br />
et sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo en exil au Portugal, a été<br />
condamné par la justice belge à un an de prison avec sursis et à 5 500<br />
euros d’amende pour escroquerie et tentatives d’escroqueries.<br />
Le message de Lilian Thuram<br />
Le footballeur Lilian Thuram s'est rendu en Guinée, en Sierra-Leone<br />
et au Liberia pour délivrer son message : « En tant que footballeur,<br />
j'ai découvert qu'il faut compter sur ses propres efforts et compter sur<br />
soi même pour réussir dans la vie. Quand les choses vont mal dans une<br />
société, les jeunes doivent se demander quel rôle ils peuvent jouer pour<br />
aider à résoudre le problème ».<br />
Le Sénégal et l’Espagne<br />
reconduisent leur dispositif<br />
anti-émigration<br />
<strong>Les</strong> ministres de l’Intérieur du Sénégal et de l’Espagne ont prolongé<br />
pour un an le dispositif Frontex en lui ajoutant un volet d’aide au développement.<br />
Selon les autorités des deux pays, Frontex aurait permis de<br />
diviser par dix les départs pour les îles Canaries. L’accord prévoit la<br />
création d’écoles destinées à fournir aux Sénégalais une formation professionnelle<br />
adaptée aux besoins du marché du travail espagnol.<br />
DIASPORAS<br />
En France, l’émergence d’un<br />
marché afro-européen<br />
Par Bénédicte Châtel<br />
Le vendredi 29 juin, 100 hôtesses<br />
habillées aux cou<strong>leurs</strong> de la<br />
banque marocaine Attijariwafa<br />
Bank ont distribué dans les<br />
rues de Paris des exemplaires<br />
du quotidien gratuit Métro.<br />
Objectif : sensibiliser aux vertus<br />
de la carte de crédit rechargeable<br />
à l’international, la carte<br />
Kesma, les 2,5 millions de<br />
Marocains vivant en France et<br />
qui vont bientôt partir en<br />
vacances dans leur « pays<br />
d’origine ».<br />
20% de la population<br />
Car aujourd’hui, aborder en<br />
France l’immense marché de la<br />
diaspora au sens large du terme,<br />
c’est-à-dire les immigrés, <strong>leurs</strong><br />
enfants, petits-enfants, voire les<br />
personnes qui leur sont très<br />
proches, signifie se positionner<br />
à l’égard d’environ 20% de la<br />
population totale de<br />
l’Hexagone. Un marché considérablement<br />
plus important<br />
numériquement que les quelque<br />
5 millions d’immigrés au sens<br />
strict du terme, que la France<br />
compte actuellement (et dont<br />
37% se trouverait en Ile de<br />
France). Un marché plus complexe<br />
aussi car une personne qui<br />
est française depuis deux générations<br />
a des références de<br />
consommation totalement différentes<br />
que l’étranger fraîchement<br />
débarqué.<br />
« En matière de comportements<br />
de consommation, le changement<br />
arrive maintenant avec la<br />
diversification de la société française<br />
», explique Jean-Christophe<br />
Desprès dont l’agence Sopi<br />
Communication (« changement »<br />
en wolof), spécialisée dans le<br />
marketing ethnique, vient<br />
de fusionner avec l’agence<br />
de communication Draftfcb,<br />
créant Specifik. « Du point de<br />
vue des offres marketing, pour<br />
des raisons de taille critique de<br />
population, il faut pouvoir proposer<br />
un produit qui capte<br />
l’attention d’un<br />
immigré, d’un<br />
Français de première<br />
génération<br />
et de seconde<br />
génération. Ils<br />
sont très différents<br />
en termes<br />
de niveaux de<br />
vie, de comportements<br />
à l’égard<br />
de la consommation,<br />
ce qui aura<br />
un impact sur l’emballage, la<br />
qualité du produit, le prix, etc. »<br />
Dépasser l’informel<br />
S’agissant des produits alimentaires,<br />
l’authentique semble primer,<br />
que ce soit en terme de<br />
packaging, de goût et de qualité.<br />
Mais parmi les produits cosmé-<br />
tiques par exemple, un immigré,<br />
voire un Français de première<br />
génération, sera fortement tenté<br />
par des produits de grande<br />
consommation (MGC) alors<br />
que la deuxième génération ira<br />
plutôt chercher un produit de<br />
marque, comme Black Up. Un<br />
marché du cosmétique non<br />
négligeable, avec un chiffre d’affaires<br />
représentant quelques<br />
centaines de millions d’euros<br />
par an en France.<br />
<strong>Les</strong> produits financiers et de services<br />
commencent, eux aussi, à<br />
évoluer. Rappelons qu’en 2006,<br />
plus de 4 milliards d’euros ont<br />
été acheminés par la seule diaspora<br />
marocaine vers le<br />
Royaume. Pendant très longtemps,<br />
ces transferts d’argent<br />
ont relevé du circuit informel.<br />
Aujourd’hui - et la démarche de<br />
l’Attijariwafa Bank en témoigne<br />
- apparaissent des « produits<br />
transgénérationnels ». « Ce sont<br />
des produits un peu sophistiqués<br />
qui peuvent être souscrits par les<br />
enfants, donc les Afro-<br />
Européens, pour le compte de<br />
<strong>leurs</strong> parents », explique encore<br />
le nouveau co-responsable de<br />
Specifik. Il s’agit de produits<br />
d’assurance décès pour le rapatriement<br />
du corps ou encore de<br />
ces cartes de crédit comme<br />
Kesma ou encore la carte Flouss,<br />
affiliée au réseau MasterCard.<br />
Rechargeable depuis l’étranger<br />
et mise à la disposition de la<br />
personne bénéficiaire restée au<br />
pays d’origine, elle peut être uti-<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
L’économie française tarde à s’adapter à sa nouvelle population pluriculturelle. <strong>Les</strong> besoins spécifiques des<br />
consommateurs afro-européens sont encore largement ignorés.<br />
Des besoins en<br />
matière de tourisme,<br />
d’assurance en général,<br />
d’investissements,<br />
notamment<br />
immobiliers.<br />
Jean-Christophe Desprès (Sopi) et Stéphane Pocrain (Draftfcb) se sont associés pour créer l’agence Specifik.<br />
L’« islamic banking »<br />
existe au Royaume-<br />
Uni et non en France.<br />
lisée par cette dernière pour<br />
retirer de l’argent ou effectuer<br />
des paiements.<br />
En revanche, des produits<br />
répondant spécifiquement aux<br />
besoins de la diaspora tardent à<br />
venir en matière de tourisme,<br />
d’assurance en général, d’investissements,<br />
notamment immobiliers<br />
dans le pays d’origine.<br />
« L’idée de banque de migrants<br />
qui consiste à favoriser l’ouverture<br />
de doubles comptes avec<br />
une réduction notable des frais<br />
de transfert existe, mais<br />
demeure embryonnaire. En<br />
France du moins », note encore<br />
M. Desprès. En revanche, la<br />
téléphonie est assez performante,<br />
avec une offre abondante<br />
de cartes prépayées à<br />
tarifs compétitifs pour des pays<br />
ciblés.<br />
Voisins plus dynamiques<br />
Mais d’une façon globale, en<br />
matière de produits ciblés pour<br />
la diaspora, la France accuserait<br />
un retard face à d’autres pays<br />
européens. Le Royaume Uni,<br />
qui compte des « minorités ethniques<br />
» deux fois moins importantes<br />
qu’en France, dispose par<br />
exemple d’un réseau média<br />
ciblé qui est dense et bien rodé.<br />
L’ « islamic banking » existe et<br />
non en France. Des statistiques<br />
nationales précises sont régulièrement<br />
mises à jour et constituent<br />
des outils de mesure permettant<br />
de mieux appréhender<br />
ce marché. Par ail<strong>leurs</strong>, certains<br />
pays du sud de l’Europe commencent<br />
depuis peu à s’intéresser<br />
à ce segment de marché et<br />
certains, comme l’Italie, semblent<br />
se structurer beaucoup<br />
plus vite que la France qui risque<br />
de perdre son avance en la<br />
matière.<br />
« Actuellement, on en est à une<br />
étape de maturité du marché. ce<br />
qui fait que les entreprises s’interrogent<br />
sans savoir quelles réponses<br />
apporter », conclut l’analyste<br />
de marché.<br />
Nombre de familles d'immigrés selon le pays<br />
d'origine de la personne de référence de la famille<br />
Pays de naissance de la personne de<br />
référence de la famille<br />
Ensemble des familles<br />
Total dont couples<br />
Espagne 65 904 51 630<br />
Italie 73 046 57 110<br />
Portugal 189 461 167 060<br />
Autres pays de l'Union européenne à 15 56 058 43 748<br />
Autres pays d'Europe 54 211 41 659<br />
Algérie 156 595 115 847<br />
Maroc 144 308 119 417<br />
Tunisie 57 347 47 205<br />
Autres pays d'Afrique 97 102 68 954<br />
Turquie 58 266 53 447<br />
Cambodge, Laos, Vietnam 45 980 37 363<br />
Autres pays d'Asie 48 938 42 204<br />
Amérique, Océanie 20 121 13 659<br />
Ensemble des familles d'immigrés 1 067 337 859 303<br />
Population totale 16 096 782 14 112 183<br />
Source : Insee, Recensement de la population, 1999.<br />
Famille d'immigrés : famille dont la personne de référence et son<br />
éventuel conjoint sont immigrés.
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 MARKETING ET MÉDIAS<br />
21<br />
En 2050, les Africains constitueront 22 %<br />
de la population mondiale active<br />
« Le monde connaîtra des bouleversements démographiques considérables d’ici 2050 », avertit une étude réalisée en avril 2007 par le Département des études<br />
économiques de la Société Générale.<br />
Par Yassin Temlali<br />
Non seulement la population<br />
mondiale passera de 6,7 milliards<br />
en 2005 à 9,2 en 2050,<br />
mais de formidables modifications<br />
affecteront aussi sa structure<br />
d’âge. Le nombre de personnes<br />
en âge de travailler (15-<br />
64 ans) passera de 4,2 milliards<br />
en 2005 à 5,9 milliards en 2050.<br />
L’étude se base sur trois hypothèses<br />
élaborées par la Division<br />
de la population de l’ONU. La<br />
première est la baisse tendancielle<br />
des taux de fécondité<br />
dans les pays où ils sont élevés<br />
(l’Amérique latine, l’Afrique,<br />
notamment l’Afrique subsaharienne,<br />
etc.). La deuxième est<br />
l’allongement et la convergence<br />
à terme de l’espérance de vie à<br />
la naissance, résultat du recul<br />
de la mortalité infantile dans<br />
certaines régions de la planète.<br />
La troisième est la réduction de<br />
moitié, en 30 ans, du nombre<br />
de nouveaux individus affectés<br />
par le virus du SIDA et la baisse<br />
de l’intensité de l’épidémie.<br />
Vieux Européens et jeunes<br />
Africains<br />
Le monde est ainsi en pleine<br />
transition démographique :<br />
« Dans la première phase de cette<br />
transition, la mortalité, en particulier<br />
des enfants, diminue de<br />
telle sorte que la population augmente<br />
fortement et rajeunit.<br />
Dans un deuxième temps, le taux<br />
La part de la Chine<br />
dans la population<br />
mondiale active,<br />
22,2 % en 2005,<br />
ne sera plus en 2050<br />
que de 14,6 %.<br />
de fécondité fléchit. Enfin, dans<br />
un troisième stade, la conjonction<br />
Population en âge de travailler (15-64 ans)<br />
Évolution de la population par tranches d’âge<br />
de la hausse de l’espérance de vie<br />
et de la baisse du taux de fécondité<br />
entraîne un vieillissement<br />
accéléré de la population. »<br />
<strong>Les</strong> différentes régions du globe<br />
se trouvent à des stades différents<br />
de cette transition démographique<br />
: l’Afrique subsaharienne,<br />
par exemple, en est au<br />
tout premier stade alors que les<br />
pays industrialisés en sont déjà<br />
au troisième. Conséquence :<br />
l’augmentation de la population<br />
mondiale et celle de la<br />
population active se concentreront<br />
dans les pays émergents.<br />
« A la dépression démographique,<br />
conjuguée à un vieillissement<br />
accéléré que connaîtront<br />
l’Europe et certains pays asiatiques<br />
avancés (Japon, Corée du<br />
Sud) s’opposera la croissance<br />
rapide de la jeunesse de l’Afrique<br />
subsaharienne et, dans une<br />
moindre mesure, de certains pays<br />
asiatiques émergents », prédit la<br />
Société Générale.<br />
Le poids démographique<br />
futur de l’Afrique<br />
La part de l’Europe dans la<br />
population mondiale active,<br />
11,9 % en 2005, baissera à<br />
8,2 % en 2030, pour atteindre<br />
seulement 6,5 % en 2050, ce<br />
qui ne manquera pas d’induire<br />
des besoins grandissants en<br />
main-d’œuvre immigrée.<br />
Résultat tardif de sa politique<br />
anti-nataliste, la Chine verra<br />
baisser, à partir de 2020, sa<br />
population en âge de travailler :<br />
sa part dans la population<br />
mondiale active, 22,2 % en<br />
2005, ne sera plus en 2050 que<br />
de 14,6 %.<br />
La part de l’Afrique dans la<br />
population mondiale en âge de<br />
travailler évoluera de 12,1 % en<br />
2005 à 17 % en 2030, pour<br />
atteindre 22,1 % en 2050 ! On<br />
notera avec les rédacteurs de<br />
l’étude qu’entre 2030 et 2050, la<br />
croissance de la population du<br />
continent africain ainsi que de<br />
En Europe la baisse<br />
de la population<br />
active induira des<br />
besoins grandissants<br />
en main-d’œuvre<br />
immigrée.<br />
sa population active faiblira<br />
quelque peu mais restera assez<br />
élevée comparativement à<br />
d’autres régions du monde.<br />
Le rythme de cette croissance<br />
ne sera naturellement pas le<br />
même en Afrique subsaharienne<br />
et en Afrique du Nord,<br />
les deux zones étant à des<br />
stades différents de leur transition<br />
démographique.<br />
Politiques d’immigration<br />
<strong>Les</strong> évolutions démographiques<br />
mondiales posent le problème<br />
de l’orientation et de<br />
l’origine des flux migratoires<br />
« La communauté des bloggers » égyptiens<br />
En Egypte, la libre expression a trouvé un canal. <strong>Les</strong> grands médias et les responsables politiques doivent maintenant compter avec ce phénomène.<br />
Par Daikha Dridi<br />
Il y a presque un an, une centaine<br />
de manifestants se sont<br />
regroupés sur les marches de<br />
l'imposant bâtiment du<br />
Syndicat des journalistes, au<br />
centre du Caire, pour protester<br />
contre l’agression aux forts<br />
relents sexuels de dizaines de<br />
jeunes femmes par des meutes<br />
de jeunes gens déchaînés, en<br />
plein centre-ville. Fait intéressant,<br />
ceux qui étaient venus<br />
manifester ne l'ont pas fait à<br />
l'initiative d'associations féministes,<br />
d'organisations de<br />
défense des droits de l'homme<br />
ou de partis politiques ; ils<br />
avaient spontanément répondu<br />
à un appel de la « communauté<br />
des bloggers ». Une première<br />
au Caire, mais qui s'expliquait<br />
aussi sans doute par le<br />
rôle crucial qu'ont joué les<br />
bloggers dans l'information<br />
sur cet événement : sans eux,<br />
aucun grand média égyptien<br />
n'aurait évoqué l’« incident ».<br />
En effet, c’est un des bloggers<br />
les plus célèbres de la blogosphère<br />
cairote, qui se trouvait<br />
là par hasard au moment de<br />
ces agressions spectaculaires,<br />
qui a posté sur son blog le<br />
récit de ce qu'il a vu, des photos,<br />
des vidéos ainsi que les<br />
témoignages de ceux qui ont<br />
volé au secours des filles attaquées.<br />
L'information, qui a<br />
immédiatement circulé sur<br />
des dizaines d'autres blogs, a<br />
fini par être répercutée par les<br />
grands quotidiens indépendants<br />
et les télévisions satellitaires.<br />
Aujourd'hui encore,<br />
l'Egypte est hantée par le<br />
trauma de cet événement qui,<br />
sans doute, a aussi marqué<br />
dans ce pays un passage dans<br />
l'usage du blog et donné une<br />
nouvelle coloration au label «<br />
blogger ».<br />
Efficacité redoutable<br />
C'est à partir de 2005 que les<br />
blogs ont connu une très forte<br />
popularité en Egypte, une<br />
mode qui s'est répandue au<br />
fur et à mesure que l'accès à<br />
un ordinateur et à une<br />
connexion Internet devenait<br />
moins coûteux. Une popularité<br />
probablement nourrie, au<br />
départ, par la quantité faramineuse<br />
de sites et de forums liés<br />
à l'industrie du show business,<br />
dans un pays où les événements,<br />
commérages et scandales<br />
relatifs aux « people » font<br />
partie de l'air qu’on respire. La<br />
frénésie du blog a très vite<br />
contaminé tous ceux - jeunes<br />
L’Egypte est le seul<br />
pays où l'on parle<br />
de la « communauté<br />
des bloggers »,<br />
comme l'on parlerait<br />
d'un parti politique<br />
ou d'une organisation.<br />
femmes, Coptes, jeunes révoltés,<br />
artistes ou souhaitant le<br />
devenir, militants politiques<br />
ou en voie de l'être - qui, avides<br />
d'espaces d'expression<br />
non contrôlés, entendaient<br />
échapper à l'autorité politique<br />
ou religieuse. Et si, dans de<br />
nombreux pays, les militants<br />
politiques et les défenseurs des<br />
droits de l'homme ont fait du<br />
blog un outil de diffusion de<br />
l'information, l'usage qui en a<br />
été fait en Egypte est vite<br />
devenu redoutable.<br />
Sources d’information<br />
Après les agressions collectives<br />
contre les femmes, les bloggers<br />
ont fait éclater une cascade<br />
d'autres scandales relatifs à la<br />
pratique, devenue courante, de<br />
la torture. <strong>Les</strong> premiers à poster<br />
les images de sévices glanées<br />
auprès des citoyens, les bloggers<br />
ont servi de source d'information<br />
à la presse, et de nombreux<br />
journalistes ont été probablement<br />
enhardis par leur<br />
audace et leur liberté de ton et<br />
ont fini par mener des campagnes<br />
médiatiques étonnantes<br />
de férocité contre le gouvernement.<br />
Très vite, des slogans<br />
comme « ce blog est anti-torture<br />
» se sont répandus sur les<br />
blogs les plus « hip » du Caire,<br />
y compris lorsque <strong>leurs</strong> auteurs<br />
sont plus férus de littérature ou<br />
de cinéma que de militantisme<br />
politique. en Egypte etre blogger<br />
est devenu quasi-synonyme<br />
de défenseur des libertés et<br />
droits humains, éclipsant du<br />
coup toutes les autres catégories<br />
de bloggers.<br />
C'est peut-être pour cela que<br />
l'Egypte est le seul pays où l'on<br />
parle de la « communauté des<br />
bloggers », comme l'on parlerait<br />
d'un parti politique ou<br />
d'une organisation. Et c'est<br />
peut-être vers cela que s'acheminent<br />
les trajectoires d'individualités<br />
parfois aux horizons<br />
politiques, sociaux et même<br />
dans les décennies à venir.<br />
L’étude s’interroge sur la<br />
validité des projections onusiennes<br />
selon lesquelles ces<br />
flux auraient pour origine<br />
l’Asie (1,2 million de personnes<br />
par an), l’Amérique du<br />
Sud (0,6 million) et l’Afrique<br />
(0,4 million) : « La croissance<br />
[…] de la population en âge de<br />
travailler des pays d’Afrique<br />
(hors pays d’Afrique australe<br />
affectés par le SIDA) […],<br />
conjuguée à l’impact du<br />
réchauffement climatique et,<br />
corrélativement, aux difficultés<br />
d’approvisionnement en eau,<br />
amène à s’interroger sur la plausibilité<br />
des hypothèses faites en<br />
termes de migration (poursuite<br />
des tendances récentes et prise en<br />
compte de l’orientation actuelle<br />
des politiquesd’immigration). »<br />
<strong>Les</strong> blogs connaissent une grande popularité en Egypte.<br />
religieux très différents, qui<br />
appellent de plus en plus à la<br />
création d'une organisation des<br />
bloggers, comme on chercherait<br />
à se serrer les coudes face à<br />
un régime qui multiplie les<br />
intimidations, arrestations et<br />
condamnations à la prison des<br />
membres de cette communauté<br />
symbolique.<br />
Citizen Journalism Community<br />
http://www.manalaa.net/citizen_journalism<br />
Egyptian Blogs Aggregator<br />
http://www.omraneya.net
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007 INTERNATIONAL<br />
23<br />
Africom, défiance<br />
des opinions,<br />
réserves des Etats<br />
Le projet de renforcement de la présence militaire américaine en Afrique rencontre une grande perplexité<br />
sur le continent.<br />
Par Saïd Djaafer<br />
Une délégation gouvernementale<br />
américaine conduite par le soussecrétaire<br />
d’état américain à la<br />
défense, Ryan Henry a effectué<br />
deux tournées en Afrique, en avril<br />
et juin, pour « expliquer » le projet<br />
de création, vers Octobre 2008,<br />
d’un nouveau centre de commandement<br />
en Afrique (Africom). La<br />
lecture des journaux africains<br />
montre que les réticences, pour ne<br />
pas dire l’opposition, l’emportent<br />
largement quant à un projet aux<br />
contours mouvants et aux objectifs<br />
peu clairs.<br />
Jeu de devinette<br />
A l’issue de sa tournée de juin au<br />
cours de laquelle il a rencontré des<br />
autorités politiques et militaires<br />
en Algérie, Maroc, Libye, Égypte,<br />
Djibouti ainsi que des responsables<br />
de l'Union africaine, le soussecrétaire<br />
Henry s’est évertué à<br />
répondre aux fortes réserves<br />
exprimées ouvertement par les<br />
opinions africaines en se lançant<br />
dans une sorte de jeu de devinette<br />
sur ce que l’Africom « ne sera<br />
pas ». Ainsi cette structure n’est<br />
L’annonce officielle<br />
du projet de création<br />
de l’Africom<br />
coïncidait avec la fin<br />
de la longue tournée<br />
du président chinois<br />
Hu Jintao en Afrique.<br />
pas destinée à faire la guerre, ne<br />
donnera pas lieu à la création de<br />
bases militaires et ses personnels –<br />
car il y’en aura quand même – ne<br />
seront pas concentrés dans un seul<br />
pays mais répartis entre plusieurs<br />
Etats africains.<br />
Le haut-gradé qui dirigera<br />
l’Africom sera secondé par un<br />
civil, un hiérarque du département<br />
d’Etat. La mission du commandement<br />
serait de créer un<br />
« environnement plus stable » pour<br />
la croissance politique et économique,<br />
« d’établir les conditions »<br />
pour une utilisation plus efficace<br />
Par Mustapha Benfodil<br />
Sikasso. 370 kilomètres au<br />
Sud-est de Bamako. Nous<br />
sommes arrivés ici après sept<br />
heure de bus. Une plaque indique<br />
: « Frontières Burkina Faso :<br />
150 m ». La Côte d’Ivoire est à<br />
un jet de pierres aussi. Sikasso,<br />
c’est surtout la capitale<br />
malienne du coton. Une ville<br />
paysanne. Mais aussi une ville<br />
minière. Premier gisement<br />
aurifère du Mali. Or. Coton.<br />
<strong>Les</strong> deux principaux atouts du<br />
pays à l’international. Sikasso<br />
respire les Tropiques avec sa<br />
végétation luxuriante. Dans<br />
les rues ne cessent de défiler<br />
des femmes en robes bigarrées<br />
avec, sur la tête, des récipients<br />
emplis de mangues, d’ananas<br />
de l’aide humanitaire et aider les<br />
Etats africains à lutter contre le<br />
terrorisme. Le discours, idyllique<br />
ou lénifiant, de Ryan Henry<br />
éclaire si peu sur la vocation de<br />
l’Africom qu’il suscite des commentaires<br />
plutôt ironiques, à l’instar<br />
de celui de Khalil Hachimi<br />
Idriss dans Aujourd’hui le Maroc :<br />
« L’Africom ne se substituera ni aux<br />
ambassades américaines pour la<br />
diplomatie, ni à l’USAID pour les<br />
questions de développement, ni à<br />
l’armée pour faire la guerre, ni aux<br />
multinationales pour s’occuper de<br />
l’économie du continent- et de son<br />
pétrole par exemple. L’Africom ne<br />
fera rien de tout cela. C’est officiel.<br />
Nous sommes soulagés. Il fera,<br />
peut-être - il faut bien quand même<br />
que ce bidule fasse quelque chose-,<br />
un petit peu de chaque. Il butinera<br />
en fonction des opportunités et des<br />
circonstances ».<br />
Contrer la Chine…<br />
En réalité, des journaux africains,<br />
naturellement moins contraints<br />
dans l’expression que les officiels,<br />
avaient déjà relevé que le timing<br />
choisi pour annoncer officiellement,<br />
en février 2007, le projet de<br />
création de l’Africom coïncidait<br />
avec la fin de la longue tournée du<br />
président chinois Hu Jintao en<br />
Afrique. Depuis, il y a eu suffisamment<br />
de messages spécifiques sur<br />
la supposée « sinisation » de<br />
l’Afrique, notamment de la part<br />
du G8, pour que la Chine apparaisse<br />
davantage qu’un concurrent<br />
sur le continent. A quoi sert donc<br />
et autres fruits tropicaux tandis<br />
que gigotent dans leur dos<br />
des bébés soigneusement<br />
langés. Au carrefour dit<br />
Kenedougou cette banderole :<br />
« Sauvons notre agriculture.<br />
Refusons les OGM ! ». C’est<br />
le sujet d’un débat houleux,<br />
au Mali, les OGM. D’ail<strong>leurs</strong>,<br />
nous sommes là un peu pour<br />
cela. Du 04 au 07 juin, la capitale<br />
de la région n° 3 du Mali<br />
abrite la sixième édition du<br />
Forum des Peuples. En gros,<br />
c’est la branche africaine<br />
du Forum Social mondial<br />
(FSM), un espace qui fédère<br />
différents acteurs de la société<br />
civile malienne et autres<br />
mouvements sociaux africains<br />
regroupés sous l’égide de<br />
la Coalition des alternatives africaines<br />
Dette et Développement.<br />
Haro sur la Banque mondiale<br />
Un millier d’altermondialistes<br />
de la sous région ont répondu<br />
à l’invitation de la charismatique<br />
Barry Aminata Touré, pré-<br />
ce « bidule » pour reprendre la formule<br />
du chroniqueur marocain<br />
alors que la présence militaire<br />
américaine existe déjà, à Djibouti<br />
et en Ethiopie mais aussi à travers<br />
une série d’arrangements avec les<br />
Etats ?<br />
... ou sécuriser les importations<br />
de pétrole ?<br />
Combattre les courants « djihadiste<br />
» est l’un des arguments<br />
avancés sur la base d’une évaluation<br />
alarmiste de la région sahélosaharienne<br />
comme possible zone<br />
de repli d’Al-Qaeda. Si la région a<br />
connu une certaine activité subversive,<br />
son importance parait<br />
pour le moins exagérée pour certains<br />
spécialistes.<br />
Mais, derrière les considérations<br />
sécuritaires, il semble bien que<br />
l’enjeu économique soit primordial.<br />
15 % des importations de<br />
pétrole des Etats-Unis proviennent<br />
de pays africains et elles<br />
devraient atteindre 25 % au cours<br />
de la prochaine décennie. D’où le<br />
lien établi entre le renforcement<br />
proclamé de la présence militaire<br />
américaine et la volonté d’avoir<br />
un œil sur les sources d’approvisionnement<br />
énergétique situées<br />
sur le continent.<br />
Accueil très frais<br />
Au sein des opinions publiques, le<br />
thème « antiterroriste » passe difficilement<br />
en raison des terribles<br />
désastres provoqués par la politique<br />
américaine en Irak. Défiance<br />
que partage Abdelhamid Mehri,<br />
sidente du Forum. C’est une<br />
sorte de « contre G8 ». Sikasso<br />
donnait ainsi la réplique à la<br />
ville allemande de<br />
Heiligendamm, abritant le<br />
sommet des riches quelques<br />
jours avant. <strong>Les</strong> débats se tiennent<br />
dans l’unique salle<br />
de spectacles de la ville :<br />
la salle Lamissa Bengaly.<br />
Altermondialistes, syndicalistes,<br />
paysans, ouvriers miniers,<br />
femmes sans emploi y ont<br />
entretenu une ambiance fiévreuse<br />
durant quatre jours. Ils<br />
venaient exposer simplement<br />
<strong>leurs</strong> problèmes. Leurs craintes<br />
à l’endroit d’une mondialisation<br />
effrénée qui menace leur<br />
petit équilibre agricole via la<br />
doctrine du « Tout-OGM ».<br />
Mme Barry Aminata Touré<br />
trônait en maîtresse de cérémonie<br />
à la tribune. Lorena,<br />
une ONGiste italienne, la<br />
trouve superbe dans son ample<br />
robe chamarrée et son écharpe<br />
de couleur jaune safran nouée<br />
autour de la tête. Dans les travées<br />
du Forum, des boubous<br />
grande figure maghrébine et<br />
ancien diplomate algérien. «La soi<br />
disant lutte contre le terrorisme a,<br />
d’ores et déjà, produit des fruits<br />
amers en matière de droits de<br />
l’homme et des peuples. Qu’en serat-il<br />
demain, lorsque cette croisade<br />
sera couverte, formellement, par<br />
l’aval des Etats africains ? »<br />
Cette défiance ouverte des<br />
opinions contraint les Etats<br />
africains à une approche très prudente.<br />
Le projet Africom ne suscite<br />
nulle part l’enthousiasme. La<br />
Libye est y opposée et l’a fait<br />
savoir. L’Algérie également en<br />
usant de formules diplomatiques<br />
pour signifier à la délégation<br />
nord-américaine que les mécanismes<br />
de sécurité collective, notamment<br />
le Conseil de Paix et de<br />
Sécurité, prévus dans le cadre de<br />
l’Union Africaine, sont les plus<br />
appropriés pour la prévention et<br />
la résolution des conflits. Au<br />
Maroc, une polémique entre le<br />
PJD (parti islamiste) et le gouvernement<br />
a montré que ce<br />
dernier n’est pas aussi enthousiaste<br />
qu’on l’a écrit pour accueillir<br />
la base de l’Africom.<br />
Ces réserves des Etats expliquent<br />
apparemment les nouvelles dispositions<br />
formulées pour une<br />
Africom moins « lourde» sans<br />
pour autant que cela entraîne un<br />
renoncement ni même un infléchissement<br />
réel des options américaines.<br />
L’Africom devrait être<br />
opérationnel en octobre 2008. <strong>Les</strong><br />
Africains ont un peu plus d’un an<br />
pour débattre du débarquement<br />
annoncé et ils ne pourront éviter<br />
de discuter de l’efficience de <strong>leurs</strong><br />
propres mécanismes.<br />
Un G8 dans les champs de coton<br />
A Sikasso, au Sud du Mali, pendant la réunion du G8, à l’appel du Forum Social Mondial, la contestation battait son plein.<br />
Sikasso, c’est surtout<br />
la capitale malienne<br />
du coton. Une ville<br />
paysanne.<br />
Ryan Henry (à gauche), sous-secrétaire d’état américain à la défense.<br />
La mission du<br />
commandement serait<br />
de créer un<br />
« environnement plus<br />
stable » pour la<br />
croissance politique<br />
et économique.<br />
côtoient allègrement des tshirt<br />
« militants » sur lesquels<br />
on peut lire : « Eradiquer le<br />
manque d’eau ». Car l’accès à<br />
l’eau potable est un véritable<br />
casse-tête au Mali. Mais le mot<br />
d’ordre de ralliement, ici, à<br />
Sikasso, c’est avant tout l’éradication<br />
des effets pervers des<br />
politiques néolibérales et leur<br />
« bras armé » : La Banque<br />
Mondiale et le FMI .<br />
Dounantié Dao, secrétaire général<br />
de CAD-Mali (une confédération<br />
d’associations maliennes)<br />
dira : « L'Afrique est devenue un<br />
champ d'expérimentation des<br />
politiques néo-libérales conçues<br />
ail<strong>leurs</strong> et exécutées par la<br />
Banque mondiale et le FMI »,<br />
avant de marteler : « La Banque<br />
mondiale est une banque impérialiste.<br />
Elle n'est en mesure de<br />
développer aucun pays ! » Dans<br />
la foulée, le « G8 », ce « directoire<br />
illégitime » comme il a été désigné,<br />
est descendu en flammes.<br />
« G8, tu profites de ma misère ! »<br />
entonne une banderole.<br />
Ce qui a amené ce « G8 des<br />
Mieux et pas cher<br />
Par Ihsane El Kadi<br />
Prendre son mal en patience. Le monde vient à l’Afrique. A<br />
nouveau. Mais son regard « concupiscent » a finalement<br />
peu changé. « Insertion primaire » : c’est encore la case<br />
prévue pour le continent noir dans la « nouvelle » division<br />
du travail que dessine la main, faussement invisible, de la<br />
mondialisation. <strong>Les</strong> Etats-Unis débarquent dans le Sahel<br />
où Al Qaïda tire un coup de feu tous les six mois. C’est bien<br />
la route du pétrole vers les ports qui est en jeu. Nicolas<br />
Sarkozy fait son premier pas présidentiel africain à Alger,<br />
au risque de fâcher Rabat : c’est encore de « tuyaux » à<br />
sécuriser qu’il s’agit. Avec l’idée, cette fois plus audacieuse,<br />
de « rapprocher » Sonatrach et Gaz de France. <strong>Les</strong> Chinois<br />
se ruent au Soudan ou en Zambie : les matières premières<br />
ne sont jamais loin des « forums d’affaires ». <strong>Les</strong> acteurs<br />
peuvent changer, les « spécialisations » obéissent au temps<br />
de Braudel. Mais comment se voient donc les Africains eux<br />
mêmes face à ce bug rampant de l’histoire ? A Accra,<br />
l’Union Africaine parle d’un gouvernement continental et<br />
d’un Etat fédéral africain. Pour changer de processeur.<br />
Chef de projet, Kadhafi. Certes, il ne faut pas s’arrêter à la<br />
première ligne du générique. Mais les Africains eux ne se<br />
voient pas vivre encore sous des dictatures illuminées. Ou<br />
pas. L’option gradualiste de la construction africaine est<br />
l’évidence. L’état de droit son moteur. Comme le charbon<br />
et l’acier ail<strong>leurs</strong>. Ne pas le voir « nuit à la santé des peuples<br />
» dit un slogan altermondialiste au contre G8 de<br />
Sissako au Mali, début juin. Pas de modernité sans contrepouvoirs.<br />
<strong>Les</strong> réformes de marché sont dures en soi.<br />
Lorsqu’elles prétendent à l’universalité pour elles, et pas<br />
pour les libertés et les droits humains, la dissertation<br />
devient alors insupportable sur « la spécificité culturelle »<br />
des peuples.<br />
Insertion primaire ? Il y’a bien sûr mieux. Et ce n’est pas<br />
plus cher. Mieux qu’un call center délocalisé, cet ingénieur<br />
Tunisien de « l’exil » qui fait partager le plan de charge de<br />
son bureau d’étude entre Bologne et Sousse. Ses associés<br />
italiens n’avaient pas idée de la ressource humaine locale.<br />
Ou mieux encore cette chaîne de montage automobile du<br />
Transvaal qui choisit sa sous-traitance chez de nouveaux<br />
petits équipementiers dans les pays voisins d’Afrique australe.<br />
La diaspora qui fait monter en gamme l’investissement<br />
« étranger », l’intégration africaine qui cherche l’atelier<br />
au village : les balises sont là d’un autre chemin vers le<br />
monde globalisé. D’autres encore existent. Moins lyriques<br />
qu’un serment de chefs d’Etat à Accra. Plus sûres. Mais si<br />
les Africains se savent beaucoup plus ingénieux que des<br />
extracteurs de minerais ou des poseurs de pipe-line, toutes<br />
les places financières du monde ne le voient pas encore<br />
ainsi. Aucune pour être précis. Le maquis de la dette africaine<br />
et de l’aide au développement barrent la vue. Bientôt,<br />
seulement à qui ne veut pas voir. Car une chose est perceptible<br />
partout. De Kinshasa à Nouakchott ou jusque dans le<br />
cénacle d’Accra. Diffuse ou claire. Quelque chose comme le<br />
prélude d’un tournant. Pour l’Afrique.<br />
Chaque mercredi<br />
en kiosques dès<br />
septembre 2007<br />
pauvres » à plébisciter<br />
l’idée de la création<br />
d’une banque du Sud.<br />
Hugo Chavez est passé<br />
par là. Essé Achille, un<br />
jeune économiste ivoirien,<br />
membre du Forum<br />
national Dette et<br />
Pauvreté en Cote d'Ivoire,<br />
y croit fermement, lui :<br />
« Je pense en que le projet<br />
d'une banque alternative<br />
est plus que réalisable. Il<br />
faut juste savoir replacer<br />
nos richesses. Après tout,<br />
c’est bien par le pillage<br />
de nos ressources que<br />
ces <strong>banques</strong> impérialistes<br />
s’enrichissent ». Sur son<br />
t-shirt, cette caricature<br />
d’une pub anti-tabac largement<br />
parodiée : « Instaurer<br />
des dictatures nuit gravement<br />
à l'Afrique ».
24<br />
L’AFRICAIN DE LA SEMAINE<br />
Lachemi Siagh :<br />
l’élan, le savoir et<br />
le labeur<br />
C’était à la Une des journaux algériens ce matin-là : la Deutsche Bank s’engage en Algérie. Dans ses<br />
locaux spartiates sur les hauteurs d’Alger, Lachemi Siagh a le succès tranquille. C’est pourtant lui qui a<br />
engagé la deuxième banque d’affaires du monde dans son pays. Ou, plus exactement, Stratégica, son<br />
cabinet d’ingénierie financière.<br />
Par Said Benmerad<br />
La veille, la Deutsche Bank<br />
annonçait que sa filiale<br />
algérienne, la Deutsche<br />
Securities Algeria, prenait<br />
51 % dans le capital de<br />
Stratégica, devenue ainsi<br />
une filiale de la prestigieuse<br />
banque allemande. Lachemi<br />
Siagh est fier de son coup<br />
d’éclat. Sans débordement<br />
toutefois, comme si le plus<br />
difficile restait à faire. Mais<br />
d’où provient cette sérénité<br />
qu’il dégage même en<br />
pareille circonstance ? Sans<br />
conteste, de la « culture<br />
intense » de son terroir,<br />
Touggourt, et de la fréquentation<br />
des « environnements<br />
tâches » à travers le monde.<br />
« Culture intense » et « environnements<br />
tâches » : deux<br />
des concepts qui ont fait sa<br />
première notoriété. Car<br />
avant de cueillir les fruits de<br />
son management algérien de<br />
conseil financier, Lachemi<br />
Siagh a bien réfléchi sur son<br />
univers.<br />
Dans son livre « L’islam et le<br />
monde des affaires : argent,<br />
éthique et gouvernance »<br />
(Editions d’Organisation,<br />
Paris, 2003), il montre comment<br />
l'environnement<br />
intangible (croyances, idéologie…)<br />
agit sur la forme<br />
des organisations et sur leur<br />
mode de gouvernance,<br />
Né à Touggourt (Sud-est algérien)<br />
en juin 1948, Lachemi Siagh y fait<br />
ses études primaires et secondaires.<br />
Il porte en lui une identité fortement<br />
métissée, enracinée dans<br />
les apports culturels berbères,<br />
zénètes, arabes et africains, ainsi<br />
qu’une propension à évoluer en<br />
symbiose avec l’environnement,<br />
dans le respect de la nature et des<br />
hommes avec lesquels il ne conçoit<br />
d’autres rapports que ceux fondés<br />
sur l’éthique.<br />
Ses débuts, il les fait à la SNS,<br />
Société nationale de sidérurgie, un<br />
des fleurons de l’industrie algérienne<br />
des années 70. Dans les<br />
stratégies de développement de<br />
l’époque, les industries lourdes<br />
devaient, via la planification et la<br />
nationalisation des entreprises,<br />
faire sortir l’Algérie de sa spécialisation<br />
primaire coloniale. Ces stratégies<br />
de développement, Lachemi<br />
Siagh a participé à les mettre en<br />
place, en tant que conseiller spécial<br />
de Mohamed Liassine, DG de la<br />
SNS, devenu ministre de l'Industrie<br />
lourde en 1977. Ce qu’il garde de<br />
façonnant ainsi une conception<br />
des affaires. Il y décrit<br />
également le système de la «<br />
double gouvernance » et le<br />
rôle tenu par le manager,<br />
celui de trouver un équilibre<br />
entre l’« environnement<br />
tâche », les biens, les services,<br />
le matériel…, d’un côté,<br />
et l’« environnement intangible<br />
», les croyances, la réa-<br />
« J’ai eu affaire à des<br />
jeunes diplômés en<br />
sciences financières<br />
qui ne faisaient pas la<br />
différence entre une<br />
obligation et<br />
une action ! »<br />
lité spirituelle…, de l’autre.<br />
C’est dans cette perspective<br />
éthique qu’il semble s’inscrire<br />
et c’est ce qui est peutêtre<br />
la source cachée de sa<br />
position austère devant les<br />
succès de Stratégica.<br />
Retour en Algérie : Good<br />
bye Lénine<br />
Au début des années 2000,<br />
Lachemi Siagh revient s’installer<br />
en Algérie qu’il a quittée<br />
vingt ans plus tôt. Une<br />
envie pressante depuis quelques<br />
années. <strong>Les</strong> affres de la<br />
violence s’estompent, les<br />
exigences ordinaires sont de<br />
cette période, après les revers des<br />
années 80, c’est la priorité qu’il<br />
accorde aux politiques d’appropriation<br />
du savoir : « <strong>Les</strong> pays qui réussissent<br />
sont ceux qui n’ont jamais<br />
renoncé à tout investir sur la qualité<br />
de la ressource humaine. »<br />
Sa carrière bifurque une première<br />
fois quand il quitte l’Algérie au<br />
début des années 80. Le spécialiste<br />
Il porte en lui une<br />
identité fortement<br />
métissée, enracinée<br />
dans les apports<br />
culturels berbères,<br />
zénètes, arabes<br />
et africains.<br />
du développement industriel<br />
ajoute des cordes à son arc : gestion<br />
de contrats, promotion des<br />
investissements, montage de<br />
financements… Lachemi Siagh<br />
navigue, au fil de ses escales en<br />
Afrique du Nord, au Moyen-Orient<br />
retour. L’objectif qu’il s’est<br />
fixé est de mettre au service<br />
de son pays « l’expérience<br />
chèrement acquise dans les<br />
contrées lointaines », afin de<br />
lui donner « un système<br />
financier performant ». Mais<br />
voilà, le pays s’éveille à<br />
peine du monopole public<br />
du secteur bancaire, « un<br />
simple guichet de paiement<br />
» de l’avis général. Le secteur<br />
financier ressemble un<br />
peu à ce personnage de<br />
Good bye Lenine, ce comateux<br />
de l’ère soviétique qui<br />
se réveille dans un nouveau<br />
pays, où il est le seul à ne<br />
pas avoir changé.<br />
A son arrivée en Algérie,<br />
Lachemi Siagh est frappé<br />
par certaines insuffisances<br />
criantes : « Il n’y a pas de<br />
culture financière moderne.<br />
<strong>Les</strong> <strong>banques</strong> sont déconnectées<br />
de ce qui se fait dans le<br />
monde. La ressource humaine<br />
est mal formée. J’ai eu affaire<br />
à des jeunes diplômés en<br />
sciences financières qui ne<br />
faisaient pas la différence<br />
entre une obligation et une<br />
action ! » La transparence<br />
des bilans, l’information<br />
financière fiable, le recours<br />
au marché financier : tout se<br />
décline en prière de l’absent.<br />
Il faut donc tout faire.<br />
C’est pour combler ces lacunes<br />
qu’il échafaude trois<br />
réponses. Elles s’avèrent<br />
payantes et le placent en<br />
position de pionnier.<br />
Formation et information<br />
Il publie « Stratégica<br />
Business & Finance » qu’il<br />
conçoit comme un outil de<br />
diffusion de la culture de la<br />
transparence et qui en est à<br />
son trente-troisième<br />
numéro. Il fonde l’Institut<br />
algérien des hautes études<br />
financières, avec le soutien<br />
des <strong>banques</strong> publiques, des<br />
assurances et de Sonatrach,<br />
pour pallier le manque de<br />
cadres qualifiés dans la<br />
finance moderne.<br />
Marché obligataire<br />
Sa grande réussite est le<br />
cabinet de conseil Stratégica<br />
qui, au bout de quatre<br />
années et demie, a contribué<br />
La banque en milieu de « culture intense »<br />
et au Canada, vers l’océan des<br />
capitaux et <strong>leurs</strong> grands flux.<br />
C’est une pause, qu’il prend après<br />
un long intermède de fonctionnaire<br />
international, qui lui permettra de<br />
« muscler » par la théorie son capital<br />
expérience. Lachemi Siagh<br />
cumule déjà l’exercice de postes à<br />
Tunis et à Bagdad comme assistant<br />
spécial du Secrétaire général de<br />
l’Organisation arabe pour le développement<br />
industriel (AIDO) ou de<br />
celui de la division des investissements<br />
étrangers et de la garantie<br />
des prêts pour l’IAIGC, une institution<br />
financière multilatérale. Il<br />
s’inscrit dans la prestigieuse Ecole<br />
des hautes études commerciales de<br />
Montréal (HEC) et en sort avec un<br />
diplôme en sciences administratives,<br />
une maîtrise en administration<br />
des affaires et un doctorat en<br />
management stratégique portant<br />
sur le fonctionnement des organisations<br />
dans les « milieux de culture<br />
intense ». Son intérêt pour la<br />
finance va faire de lui le premier<br />
chercheur à traiter de la « finance<br />
islamique » en Amérique du Nord.<br />
De prestigieux prétendants à la<br />
porte de Stratégica<br />
Lachemi Siagh est à nouveau dans<br />
les pays du Golfe. Durant dix ans il<br />
va apprivoiser la trépidante globalisation<br />
financière. De 1988 à 1995<br />
à Ottawa, comme responsable de la<br />
zone Moyen-Orient pour le compte<br />
d’Exportation et développement<br />
Canada (EDC) qui est l’Agence officielle<br />
d’assurance crédit du Canada.<br />
Puis à Abu Dhabi, aux Émirats arabes<br />
unis, comme directeur du<br />
Programme de financement du<br />
commerce arabe (ATFP), une institution<br />
financière multilatérale,<br />
filiale du Fonds monétaire arabe.<br />
En 1998, premier virage vers<br />
l’Algérie. Prudemment : « La<br />
Méditerranée me manquait. Je me<br />
suis installé à Beyrouth. Mon premier<br />
client, la Caisse de dépôt et<br />
placement du Québec, le plus grand<br />
gestionnaire de fonds au Canada,<br />
voulait sortir de ses frontières et<br />
faire des affaires dans les pays<br />
émergents. »<br />
Son second client est SNC-Lavalin ;<br />
En trois années, sept<br />
grandes sociétés<br />
publiques et deux<br />
privées ont emprunté<br />
plus de deux milliards<br />
de dollars sur<br />
le marché local.<br />
à la création d’un marché<br />
financier en Algérie, notamment<br />
par l’accompagnement<br />
de grandes entreprises (Air<br />
Algérie, Sonatrach,<br />
Sonelgaz, Cevital, Algérie<br />
Télécom…) dans l’émission<br />
de titres. En trois an, sept<br />
grandes sociétés publiques<br />
et deux privées ont<br />
emprunté plus de deux milliards<br />
de dollars sur le marché<br />
local, ce qui était, quelques<br />
années plus tôt, du<br />
domaine de l’inimaginable.<br />
Alliance stratégique<br />
Victime de son succès,<br />
Stratégica est au confluent<br />
d’une série de changements<br />
qui, pour Lachemi Siagh,<br />
sont une grande chance<br />
pour demain. Son alliance<br />
avec la Deutsche Bank<br />
la plus grande société d’ingénierie<br />
du Canada le mène<br />
à Paris. Deuxième mouvement d’approche.<br />
Lachemi Siagh tourne désormais<br />
autour de l’Algérie. Il est<br />
vice-président financement de projets.<br />
Il s’occupe de l’ingénierie<br />
financière et de montages de<br />
financements de types commerciaux,<br />
BOT, BOOT, concessions... Il<br />
est le trait d’union entre SNC-<br />
« <strong>Les</strong> pays qui<br />
réussissent sont ceux<br />
qui n’ont jamais<br />
renoncé à tout<br />
investir sur la qualité<br />
de la ressource<br />
humaine. »<br />
Lavalin Capital et les sources de<br />
financements de la région Afrique<br />
du Nord et Moyen-Orient.<br />
En tant qu’expert international, il<br />
réalise plusieurs mandats de<br />
conseil pour le compte d’institutions<br />
multilatérales, au Canada, au<br />
<strong>Les</strong> Afriques - juillet août 2007<br />
Lachemi Siagh<br />
(1 200 milliards d’euros<br />
d’actifs) l’habilite à être<br />
partie prenante d’une banque<br />
d’affaires de premier<br />
plan pour saisir des autres<br />
opportunités d’affaires<br />
qu’offre l’Algérie.<br />
Avec ce prestigieux partenariat<br />
c’est une autre étape qui<br />
débute pour Lachemi Siagh.<br />
Mais cela ne paraît pas l’intriguer<br />
tant il semble habité<br />
par ces vers du « Prophète »<br />
de Khalil Gibran, qu’il cite<br />
en exergue de sa thèse de<br />
PHD :<br />
« La vie est ténèbres si elle<br />
n'est pas animée par un<br />
élan,<br />
Et tout élan est aveugle s'il<br />
n'est pas guidé par le savoir,<br />
Et tout savoir est vain s'il<br />
n'est pas accompagné de<br />
labeur,<br />
Et tout labeur est futile s'il<br />
n'est pas accompli avec<br />
amour,<br />
Et quand vous travaillez<br />
avec amour, vous resserrez<br />
vos liens avec vous-même,<br />
avec autrui, et avec Dieu. »<br />
Yémen, au Soudan, au Liban et en<br />
Arabie saoudite. Et le revoilà donc<br />
immanquablement en Algérie.<br />
Lachemi Siagh y prend en charge,<br />
avec un groupe d’experts internationaux,<br />
deux dossiers importants :<br />
la gestion de la dette de l’Etat et la<br />
réforme financière auprès de la<br />
Direction générale du Trésor.<br />
Très vite, le courant passe bien<br />
entre lui et le ministre des<br />
Finances, Abdelatif Benachenhou,<br />
un fidèle du président Boutéflika.<br />
<strong>Les</strong> deux parlent le même langage :<br />
« <strong>Les</strong> entreprises algériennes ont<br />
pris l’habitude de se financer à<br />
l’étranger, avec la garantie de<br />
l’Etat, ou auprès du Trésor. Elles<br />
devaient apprendre à ne plus<br />
compter sur l’Etat et à lever des<br />
fonds sur les marchés des capitaux<br />
en Algérie. » <strong>Les</strong> emprunts obligataires<br />
ont permis en cumulé la<br />
levée de plus de 2 milliards de dollars<br />
en trois ans. Ils vont rendre<br />
visible Stratégica. Et amener de<br />
nombreux prétendants prestigieux<br />
à sa porte !