la situation des enfants dans le monde 2004 - Aide et Action

© UNICEF/HQ97-0767/Nancy McGirr
Souvent, les parents ne se rendent pas compte qu’il
incombe au gouvernement de mettre l’instruction à
la disposition de tous les enfants et ils jugent, pour
une raison ou pour une autre, que si leurs enfants ne
vont pas à l’école, c’est de leur faute. Il est rare qu’ils
exigent du gouvernement qu’il remplisse cette obligation
fondamentale envers les plus jeunes de ses
citoyens.
L’éducation fait les frais des pressions concurrentes
s’exerçant sur les ressources publiques et la volonté
politique. En période de compressions budgétaires
ou de crises sociales, comme celles que provoquent
le VIH/SIDA et les bouleversements qui accompagnent
les conflits violents ou les catastrophes naturelles,
il est facile de sacrifier l’éducation de certains
enfants.
Et la discrimination fondée sur le sexe, tenace et
pourtant souvent imperceptible, omniprésente dans
la plupart des sociétés, fait que, lorsque les temps
sont difficiles, ce sont les filles que l’on sacrifie en
ENCADRÉ 2
Éducation, droits et
responsabilités
Máximo Quispe Gutiérrez, un veuf de
62 ans, vit à Cochas (Pérou), avec ses
huit enfants. Il exploite un petit coin
de terre, élève quelques têtes de bétail
et il est bien décidé à ce que ses fils
et ses filles bénéficient d’une éducation
– quels que soient les obstacles
à franchir.
« Tout le monde m’a dit de ne pas
envoyer mes enfants à l’école, et
surtout pas les filles, » dit-il. « Ils m’ont
conseillé de n’inscrire que les garçons
les plus jeunes. Les plus âgés doivent
m’aider aux champs, car je suis
vieux. »
Le projet Punkukunata Kichaspa (voir
page 88, Ouvrir les portes de l’éducation
aux filles), lancé par le Ministère de
l’éducation, USAID et l’UNICEF en
octobre 1999, aide M. Gutiérrez à
réaliser son rêve de faire profiter tous
ses enfants d’une éducation. Il s’agit
d’un projet basé sur la communauté,
qui replace les engagements pris au
niveau mondial — dans le cadre des
Objectifs de développement pour le
Millénaire, d’école universelle et
d’Éducation pour tous – à l’échelon
local.
Avant l’arrivée de Punkukunata
Kichaspa dans son village, M. Gutiérrez
pensait que ses enfants seraient analphabètes
comme lui. La vie semblait
toute tracée pour la génération suivante.
Son fils aîné, Máximo, 16 ans, se
chargeait des bêtes et ses trois autres
fils aidaient aux champs. Les trois filles
les plus âgées s’occupaient de la maison,
préparaient les repas et prenaient
soin de Liza, la petite dernière.
« Des gens du projet Punkukunata
Kichaspa sont venus dans la commu-
premier : ce sont les dernières inscrites à l’école et
les premières à en être retirées.
Incompréhension. Les principes relatifs aux droits de
l’homme n’ont pas été incorporés dans les programmes
de développement économique, et l’objectif
ultime du développement – le bien-être de
l’homme, non les résultats économiques – a été
perdu de vue. Les personnes qui sont les plus marginalisées
– les femmes, les filles et les pauvres – sont
également les plus pénalisées. Consignée nulle part,
cette forme de discrimination laisse les droits des
marginalisés bien éloignés des préoccupations des
responsables du développement.
En outre, la contribution que les femmes instruites
peuvent apporter au développement d’un pays quel
qu’il soit est encore loin d’être admise de tous. En
dépit des preuves scientifiques, les milieux chargés
d’élaborer les politiques voient rarement dans l’instruction
des filles un moyen de garantir le progrès
social. En conséquence, l’investissement dans l’édu-
nauté et ils nous ont dit que c’était très
important d’envoyer les filles à l’école
et que c’était injuste qu’elles s’occupent
simplement des travaux du
ménage », a dit M. Gutiérrez. « Je vais
inscrire mes huit enfants à l’école. Ils
ont dit que l’âge n’avait pas d’importance,
ils peuvent tous y aller. »
Une approche de
l’éducation basée sur
les droits de l’homme
Avec Punkukunata Kichaspa, ce sont
les droits des enfants qui deviennent
réalité. Ce projet réunit les titulaires de
droits – les enfants – et ceux à qui
incombent les responsabilités en
matière d’éducation – les parents, les
communautés, les pouvoirs publics aux
niveaux national et local, les organisations
internationales – et tous ces
LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2004
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