Re-médiation de l'oralité et transferts médiatiques dans les cultures ...

de l’usage populaire du français émis pas les Camerounais. Les deux exemples ci-dessus
illustrent le manque de maîtrise des règles de grammaire et de syntaxe françaises. Nos
énonciateurs voulaient plutôt dire : « Tais-toi ! » et « Il faut que j’aille le voir ! »
Le dernier témoin dans L’accident d’Essindi Mindja offre la meilleure illustration de
l’utilisation du camfranglais dans le théâtre comique camerounais :
Le Policier : Bon, bon, ça va. (Pointant un autre témoin) Et toi, qu’est-ce que tu as vu ?
4e témoin : Papa, tu niè mon pied ? (Rires dans la salle) C’est vous les mbéré qui avez
brook (Rires dans le public). One day, j’ai seulement niè une aff, je n’étais pas inside on
m’a tcha’ ! (Rires et applaudissements dans la salle) On m’a put au ngatta. On m’a beat
sotté j’ai môtô. (Rires dans la salle) Paapa, a no dé for dé. For Sika say dan kana matoua,
na matoua for djeum tétéeh. (Cris dans la foule) Dan kana dog, na dog for djeum tétéeh.
Lèp me que je broom mon groundnut na yor yah ! (Cris, applaudissements dans la salle)
Le quatrième témoin veut en fait dire :
Papa (nom de révérence donné au policier), tu vois mon pied ? C’est vous les policiers
qui l’avez cassé. Un jour j’ai simplement été témoin d’une affaire ; je n’étais même pas
concerné, on m’a arrêté. On m’a incarcéré. On m’a battu au point où j’ai déféqué. Papa,
je ne suis pas là (je ne suis pas concerné). C’est pour dire que ce genre de voiture, c’est
celui d’un grand monsieur ; ce chien c’est celui d’un grand monsieur. Laissez-moi
grignoter mes cacahuètes tranquillement !
En cela, l’humour constitue cette sorte d’anti-espace public qui, en langue française, déprécie
toujours. C’est pourquoi beaucoup de personnes ne le supportent pas, surtout les hommes
politiques. Au-delà de la transposition en français de la syntaxe des langues indigènes et des
incorrections difficiles à classer, les pièces de théâtre et les sketches sont, pareillement, le lieu
commun des interjections locales. Le langage onomatopéique dans le théâtre comique sert à
imiter le cri de l’homme dans certaines circonstances. L’homme crie pour s’étonner, pour
appeler quelqu’un à distance, pour répondre à une interpellation, envoyer un message, souligner
l’admiration. Certains mots, comme « yééé ! », prennent tout leur sens criés par un groupe.
Chaque onomatopée se présente un peu comme une partition musicale étant donné l’obligation
dans laquelle on se trouve d’élever le ton pour les prononcer.
Dans les œuvres de Daniel Ndo et autres Dieudonné Afana, le personnage au comble de
l’émotion abandonne le français et s’exprime par des termes et des interjections relevant du
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