Re-médiation de l'oralité et transferts médiatiques dans les cultures ...

sont de nature à offenser certains hommes politiques. Ce comédien se livre à la haute politique
en insérant son œuvre dans l’actualité immédiate du Cameroun : l’avènement de la démocratie.
Conclusion
L’oralité, même si elle reste une chambre d’échos du corps social, s’est vu ravir des
fonctions, un rôle que les médias et les moyens techniques de reproduction ont projeté vers le
plus grand nombre. Comme nous l’avons vu, les outils de communication exploitent des
techniques audio-visuelles de plus en plus générales et spectaculaires. Ils se démultiplient, se
nourrissent des autres arts, tandis que la performance théâtrale qui la porte en fin de compte n’a
plus cette vocation que lui assignait la cité. Il faut dès lors un courage pour lire l’histoire, aller à
la rencontre du monde de la création, de ce qui se fait, de ce qui s’est fait. Seulement, ici la
culture populaire tend à s’effacer au profit de la culture de masse, à la fois diversifiée et
universalisée. Son contenu est véhiculé par les nouveaux moyens de communication de masse :
l’image imprimée, la radio, le cinéma, la télévision, Internet, etc. La masse n’exerce guère de
contrôle sur la création et la distribution des œuvres qui représentent la culture qui est censée
s’adresser à elle. À travers les cultures populaires, les couches défavorisées procèdent à
l’aménagement d’un espace critique à partir duquel elles affrontent les ressorts de la domination
et lui imposent des limites. L’oralité dans les pratiques médiatiques devient un outil de culture,
aussi de communication et d’éducation, à vocation d’animation circonstancielle. Le parti pris de
rire et de faire rire accentue le détachement ludique du spectateur par rapport à ce qui lui est
présenté sur scène. Le champ culturel camerounais jette, pour ainsi dire, un pont entre deux
sphères de production : la littérature et les médias (radio, vidéo, télévision, poésie, conte, presse,
musique, BD, etc.). À l’ère de la reproduction technique de l’œuvre d’art, les frontières de la
production, de la diffusion et de la réception s’effritent. Dans la quête d’une littérature orale
pouvant orienter la transmission populaire, l’utilisation de supports et de moyens d’expression
accessibles aux masses génère une écriture polyvisuelle caractérisée par la multicorporéité, les
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