13 Janvier 1901 - Bibliothèque de Toulouse
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PAR FIL SPÉCIAL<br />
FRANCE ET RUSSIE<br />
Paris, 12 janvier.<br />
La Liberté publie, flans son numéro <strong>de</strong><br />
ce soir samedi, une lettre qu'elle dit lui<br />
venir <strong>de</strong> Saint-Pétersbourg, et dont voici<br />
les passages les plus saillants :<br />
Grâce aux déclarations catégoriques du No-<br />
voie Vremia ot du Sviel et à la campagne<br />
menée avec vigueur par une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
la presse française contre les projets du géné-<br />
ral André, le cabinet Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau a<br />
compris qu'il faisait fausse route, et qu'en<br />
compromettant l'alliance franco-russe, il s'ex-<br />
posait à une chute prochaine.<br />
11 est donc <strong>de</strong>venu subitement aussi aima-<br />
ble qu'il se montrait, il y a quelques semaines,<br />
désagréable et cassant. 11 offre <strong>de</strong> faire, en<br />
France, le nouvel emprunt russe, repoussé ré-<br />
cemment avec aigreur par M. Caillaux.<br />
On a promis aussi au gouvernement du Tsar<br />
que lo général André se tiendra tranquille et<br />
ne touchera plus à l'armée, du moins pendant<br />
un certain temps.<br />
De son côté, le ministre russe a invité — on<br />
sait ce que cela veut dire — les directeurs du<br />
Novoic Vremia et du Sviet à cesser immé-<br />
diatement leur campagne et à s'abstenir dé-<br />
sormais <strong>de</strong> toute attaque contre le ministre <strong>de</strong><br />
la guerre français.<br />
Paris, 12 janvier. I<br />
Le Journal du IV e arrondissement<br />
nous communique la note suivante, qu'il<br />
vient <strong>de</strong> publier :<br />
M* Labori a déclaré, tout récemment, pos-<br />
sé<strong>de</strong>r une pièce suffisamment grave pour pro-<br />
voquer la chute du cabinet.<br />
N'a-t-il pas ajouté que cette pièce consiste cn<br />
une lettre à lui adressée par M. Wal<strong>de</strong>ek, pré-<br />
si<strong>de</strong>nt du conseil.' pendant le procès <strong>de</strong> Ren-<br />
nes, lui promettant l'acquittement <strong>de</strong> Dreyfus<br />
s'il consentait à renoncer à la parole <strong>de</strong>vant le<br />
conseil <strong>de</strong> guerre"?<br />
Ne croit-il pas <strong>de</strong> son <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> la publier<br />
alin <strong>de</strong> renverser un ministère si fatal aux<br />
intérêts primordiaux du pays?<br />
Nous espérons qu'il ne faillira pas à ce <strong>de</strong>-<br />
voir !<br />
Nous sommes moins optimistes et nous<br />
n'espérons point, dit la Gazette <strong>de</strong> France,<br />
cet élan <strong>de</strong> Ms Labori. 11 menacera, voilà<br />
tout 1<br />
ETRANGE DISPARITION<br />
Paris. 12 janvier.<br />
Uno lettre adressée <strong>de</strong> Londres au Matin<br />
raconte la singulière histoire que voici ;<br />
« Il y a <strong>de</strong>ux ans, lo major Ahmed-Bey, ai<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> camp particulier du sultan, fils <strong>de</strong> Namik<br />
Pacha, qui fut prési<strong>de</strong>nt du conseil d'Etat et<br />
ministre <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Turquie, s'enfuit <strong>de</strong><br />
Constantinople en compagnie d'un <strong>de</strong> ses ca-<br />
mara<strong>de</strong>s, l'adjudant major Husny Bey, égale-<br />
ment ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp <strong>de</strong> Sa Majesté et" fils du<br />
général Ibrahim Pacha.<br />
» Les <strong>de</strong>ux iugitifs gagnèrent Paris, où ils<br />
installèrent, rue Kéaumur, un café-restaurant.<br />
Pendant quinze ans et <strong>de</strong>mi ils menèrent plu-<br />
tôt une vie difficile. Il y a environ trois mois<br />
ils furent informés, par" l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tur-<br />
quie, que le sultan était, prêt à pardonner leur<br />
fugue et qu'ils pouvaient, sans crainte ni in-<br />
quiétu<strong>de</strong>, rentrer à Constantinople. A bout <strong>de</strong><br />
ressources, dénués <strong>de</strong> tout, les <strong>de</strong>ux hommes<br />
s'y décidèrent. Depuis lors ils ont complète-<br />
ment disparu. »<br />
M<br />
il 1 cil<br />
Paris, 12 janvier.<br />
Le Siècle dit qu'il se pourrait que le<br />
Vole <strong>de</strong> l'ordre du jour motivé <strong>de</strong>stiné à<br />
clore l'interpellation Sembat fut renvoyé<br />
jusqu'au vote final <strong>de</strong> la loi sur les asso-<br />
ciations dont il formerait alors le com-<br />
mentaire et le complément.<br />
Mais que le renvoi ait lieu ou non, la fu-<br />
sion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux débats subsiste et permettra<br />
ainsi <strong>de</strong> laisser au grand débat sur les<br />
congrégations le caractère et la portée<br />
que le gouvernement et la majorité répu-<br />
blicaine sont résolus à lui donner.<br />
C'est M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau qui répon-<br />
dra à l'interpellation, se réservant <strong>de</strong> com-<br />
pléter ses explications dans le discours<br />
qu'il fera ultérieurement sur la loi <strong>de</strong>s as-<br />
sociations.<br />
avait été fermé par mesure <strong>de</strong> précaution.<br />
A 10 h. l\2, au moment où dans les bu-<br />
reaux <strong>de</strong> l'administration qui donnent sur<br />
la rue Porte-Dijeaux et qui sont s.tués à<br />
gauche, se trouvaient rassemblés MM. <strong>de</strong><br />
Moulins, caissier ; Duhamel, Rouquin frè-<br />
res, employés, et un visiteur M. Adolphe<br />
Claverie, le grand compteur, placé dans un<br />
angle <strong>de</strong> la pièce, fit soudain explosion<br />
avec un bruit terrible.<br />
Une poussée d'air et <strong>de</strong> gaz formidable<br />
se produisit qui fit voler en éclats toutes<br />
les vitres, non seulement <strong>de</strong> l'immeuble,<br />
mais encore <strong>de</strong>s maisons voisines. Le pla-<br />
fond creva et tomba par morceaux sur <strong>de</strong>s<br />
personnes présentes ; en même temps elles<br />
furent environnées <strong>de</strong> flammes <strong>de</strong> toutes<br />
parts.<br />
Cherchant à se préserver, les mains <strong>de</strong>-<br />
vant le visage, les malheureux se précipi-<br />
tèrent vers les issues en poussant <strong>de</strong>s cris<br />
do douleur et d'effroi.<br />
Au bruit <strong>de</strong> l'explosion, qui avait été en-<br />
tendue <strong>de</strong> l'Intendance et même <strong>de</strong> la<br />
Bourse, <strong>de</strong>s gens affolés accouraient <strong>de</strong><br />
toutes parts. Un employé <strong>de</strong>s téléphones<br />
M. Albert Merca<strong>de</strong>t, qui était occupé à<br />
faire <strong>de</strong>s réparations sur le toit d'une mai-<br />
son <strong>de</strong> la place Pttypaulin, <strong>de</strong>scendit im-<br />
médiatement, pénétra dans les bureaux et,<br />
armé d'un marteau, aplatit les conduits<br />
d'où fusait le gaz en feu.<br />
Grâce au dévouement <strong>de</strong> ce courageux<br />
ouvrier, un nouvel incendie a pu être<br />
évité.<br />
Les pompiers prévenus arrivèrent sur<br />
les lieux avec une pompe à vapeur, <strong>de</strong>s<br />
pompes à bras et <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> sauve-<br />
tage. Un service d'ordre fut organisé en-<br />
tre les rues Guillaume-Brochon et Degras-<br />
sip pour maintenir la foule <strong>de</strong>s curieux<br />
j qu'avait attirés la nouvelle <strong>de</strong> l'acci<strong>de</strong>nt.<br />
C'est un véritable miracle, qu'à cette<br />
: heure <strong>de</strong> la journée, il n'y eût pas plus <strong>de</strong><br />
\ passants dans la rue ou <strong>de</strong> voitures.<br />
| On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quel malheur on aurait<br />
j pu alors avoir à enregistrer.<br />
L'état <strong>de</strong>s lieux<br />
i L'aspect du théâtre <strong>de</strong> l'explosion est la-<br />
| mentable.<br />
Dans l'immeuble, il ne subsiste plus une<br />
seule vitre. Partout ce ne sont que portes<br />
défoncées, meubles gisant à terre ; les<br />
plafonds ne tiennent plus que par un mi-<br />
racle d'équilibre.<br />
Dans l'atelier <strong>de</strong> composition, une partie<br />
<strong>de</strong>s caractères renversés par l'explosion<br />
sont foulés aux pieds.<br />
Outre, les dégâts matériels qui sont con-<br />
sidérables, il y a <strong>de</strong> nombreux blessés.<br />
Les blessés<br />
Les blessés sont au nombre <strong>de</strong> 10.<br />
MM. <strong>de</strong> Moulins, caissier, sérieusement<br />
blessé à la tête ;<br />
Lamothe, metteur en pages ; Maurice<br />
Anouilh, Fortuné Bernard, typographes,<br />
blessures et brûlures au visage et aux<br />
mains ;<br />
Adolphe Claverie, 17 ans, brûlures à la<br />
tète ;<br />
Jean Léglise, 42 ans, qui a dû être trans-<br />
porté à l'hôpital ;<br />
Les <strong>de</strong>ux frères Bouquin, employés au<br />
Nouvelliste, qui travaillaient dans leur<br />
bureau au moment <strong>de</strong> l'explosion ;<br />
M. Duhamel, qui est également blessé<br />
par <strong>de</strong>s éclats <strong>de</strong> vitre ;<br />
Deux passants qui ont reçu <strong>de</strong>s blessu-<br />
res assez sérieuses par suite <strong>de</strong> l'explo-<br />
sion ;<br />
Enfin, M. Georges Frémontèze, 19 ans,<br />
<strong>de</strong>meurant rue <strong>de</strong> Tresses, qui a reçu une<br />
contusion assez grave à l'épaule.<br />
Les blessés, après avoir reçu <strong>de</strong>s soins à<br />
la pharmacie Servantie, ont'été transpor-<br />
tés les uns à leur domicile, les autres à<br />
l'hôpital Saint-André. Aucun d'eux n'est<br />
en danger <strong>de</strong> mort.<br />
On dit, cependant, que l'état <strong>de</strong> M. <strong>de</strong><br />
Moulins est très grave.<br />
daise manifeste sa sympathie pour les Boers.<br />
On sait que le Ons Land a été supprnno par<br />
les autorités militaires. La page <strong>de</strong>s annonces,<br />
seulement, a paru ce matin : malgré cela, la<br />
foule s'arrachait les numéros pour protester<br />
contre la suppression <strong>de</strong>s organes alrikan-<br />
<strong>de</strong>rs. , ',<br />
Londros, 12 janvier.<br />
Les autorités anglaises <strong>de</strong> Capetown sem-<br />
blent toujours attendre une attaque do la colo-<br />
nie par lès envahisseurs boers. Elles ont mené<br />
les travaux <strong>de</strong> défense avec une telle activité<br />
quo les retranchements autour <strong>de</strong> la ville sont<br />
terminés. Deux canons <strong>de</strong> marine ont été mis<br />
en position sur les hauteurs qui comman<strong>de</strong>nt<br />
les approches <strong>de</strong> la ville. D'autres canons vont<br />
être posés sur plusieurs positions stratégiques<br />
au nord <strong>de</strong> Capetown. Les ô iuipos seront four-<br />
nies par la marine et par l'artillerie du Cap.<br />
La gar<strong>de</strong> civique sera chargée <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> in-<br />
térieure.<br />
Londres, 19 janvier.<br />
Une dépêche do Craddock, cn date d'hier, do<br />
source anglaise, porte que les Anglais, chargés<br />
d'arrêter 1 invasion <strong>de</strong> la colonie boer ont une<br />
forte garnison a Graaf-Heinet et occupent Be-<br />
thesdà, <strong>de</strong>uxième station du chemin <strong>de</strong> fer au<br />
nord <strong>de</strong> Graaf-Beinet.<br />
Un détachement cycliste surveille à Piquet-<br />
berg l'arrivée <strong>de</strong>s Boers <strong>de</strong> la colonie <strong>de</strong><br />
I ouest du Cap. On man<strong>de</strong> que le général Bra<br />
banta convoqué pour lundi, tous les maires <strong>de</strong><br />
la Péninsule du Cap pour discuter les meilleurs<br />
moyens d'ai<strong>de</strong>r au recrutoment <strong>de</strong>s troupes<br />
pour la défense <strong>de</strong> la