13 Janvier 1901 - Bibliothèque de Toulouse

m FIL SPECIAL
FRANCE ET RUSSIE
Paris, 12 janvier.
La Liberté publie, dans son numéro de
ce soir samedi, une lettre qu'elle dit lui
venir de Saint-Pétersbourg, et dont voici
les passages les plus saillants :
Grâce aux déclarations catégoriques du No-
roie Vremia et du Svici et à la campagne
menée avec vigueur par une grande partie de
la presse française contre les projets du gêne-
rai André, le cabinet Waldeck-Kousseau a
compris qu'il faisait fausse route, et qu'en
compromettant l'alliance franco-russe, il s'ex-
posait à une chute prochaine.
11 est donc devenu subitement aussi aima-
ble qu'il se montrait, il y a quelques semaines,
désagréable et cassant. 11 offre de l'aire, en
Franco, le nouvel emprunt russe, repoussé ré-
cemment avec aigreur par M. Caillaux.
On a promis aussi au gouvernement du Tsar
que le général André se tiendra tranquille et
no touchera plus à l'armée, du moins pendant
un certain temps.
De son coté, le ministre russe a invité — on
sait co que cela veut dire — les directeurs du
Nùvoiè Vremia et du Sviel à cesser immé-
diatement leur campagne et à s'abstenir dé-
sormais de toute attaque contre le ministre de
la guerre français.
ET WALDECK
Paris, 12 janvier.
IV e arrondissement
la note suivante, qu'il
Le Journal du IV» arrondissement
nous communique la note suivante, qu'il
vient de publier :
SI* La bori a déclaré, tout récemment, pos-
sé ! er une pièce suffisamment grave pour pro-
voquer fa chute du cabinet.
N'a t-il pas ajouté que cette pièce consiste on
une lettre à lui adressée par M. Waldeck. pré-
sident du conseil, pendant le procès de Hen-
nés, lui promettant l'acquittement de Dreyfus
s'il consentait à renoncer à la parole devant le
conseil de guerre î
Ne croit-il lias de son devoir de la publier
aiin de renverser un ministère si fatal aux
intérêts- primordiaux du pays 1
N'C'Uii espérons qu'il n *s Jaillira |,as à ce de-
voir !
Nous sommes moins optimistes et nous
n'espérons point, dit la Gazette de France,
cet élan de M e Laborf. 11 menacera, voilà
fout !
Paris. 12 janvier.
Une lettre adressée de Londres au Malin
raeonlc: la singulière histoire que voici ;
« Il y a deux ans, le major Ahmed-Bey, aide
do camp particulier du sultan, fils do Namik
Pacha, qui fut président du conseil d'Etat et
ministre de la guerre de Turquie, s'enfuit de
Gonstanlinople en compagnie d'un de ses ca-
marades, l'adjudant major llusny Bey, égale-
ment aide de camp de Sa Majesté et fils du
général Ibrahim Pacha.
» Les deux fugitifs gagnèrent Paris, oit ils
installèrent., rue lîéaumur, un café-restaurant.
Pendant quinze ans et demi ils menèrent plu-
tôt une vie difficile. Il y a environ trois mois
ils furent informés, par l'ambassade de Tur-
quie, que le sultan était prêt à pardonner leur
fugue et qu'ils pouvaient, sans crainte, ni in-
quiétude, rentrer à Constantinople. A bout do
ressources, dénués de tout, les deux hommes
s'y deeidt'rent. Depuis lors ils ont complète-
ment disparu. »
L'INTERPELLATION SEiBÂT
Paris, 12 janvier.
Le Siècle dit qu'il se pourrait que le
voté de l'ordre du jour motivé destiné à
clore l'interpellation Sembat fut renvoyé
jusqu'au vote linal de la loi sur les asso-
ciations dont il formerait aiors le com-
mentaire, et le complément.
Mais que le renvoi ait lieu ou non, la fu-
sion des deux débats subsiste et permettra
ainsi de laisser au grand débat sur les
congrégations le caractère et la portée
Sue té gouvernement ei la majorité répu-
blicaine roiit résolus à. lui donner.
C'est M. Waldeck-Rousseau qui répon-
dra à l'interpellation, se réservant de com-
pléter ses explications dans le discours
qu'il fera ultérieurement sur la loi des as-
sociations.
Ll CLOTURAIT LA CHASSE
Paris, 12 janvier.
Sur la proposition des préfets! la clôture
de ta chasse a été fixée au dimanche,
3 lévrier 1901.
avait été fermé par mesure de précaution.
A 10 h. i\2, au moment où dans les bu-
reaux de l'administration qui donnent sur
la rue Porte-Dijeaux et qui sont situés à
gauche, se trouvaient rassemblés MM. de
Moulins, caissier ; Duhamel, Bouquin frè-
res, employés, et un visiteur M. Adolphe
Claverie, le grand compteur, placé dans un
angle de la pièce, fit soudain explosion
avec un bruit terrible.
Une poussée d'air et de gaz formidable
se produisit qui fit voler en éclats toutes
les vitres, non seulement de l'immeuble,
mais encore des maisons voisines. Le pla-
fond creva et tomba par morceaux sur des
personnes présentes ; en même temps elles
furent environnées de flammes de toutes
parts.
Cherchant à se préserver, les mains de-
vant le visage, les malheureux se précipi-
tèrent vers les issues en poussant des cris
de douleur et d'effroi.
Au bruit de l'explosion, qui avait été en-
tendue de l'Intendance et même de la
Bourse, des gens affolés accouraient de
toutes parts. Un employé des téléphones
M. Albert Mercadet, qui était occupé à
faire des réparations sur le toit d'une mai-
son de la place Puypaulin, descendit im-
médiatement, pénétra dans les bureaux et,
armé d'un marteau, aplatit les conduits
d'où fusait le gaz en feu.
Grâce au dévouement de ce courageux
ouvrier, un nouvel incendie a pu être
évité.
Les pompiers prévenus arrivèrent sur |
les lieux avec une pompe à vapeur, des
pompes à bras et des échelles de sauve-
tage. Un service d'ordre fut organisé en-
tre les nies Cuillaume-Brochon et Degras-
sip pour maintenir la foule des curieux
qu'avait attirés la nouvelle de l'accident.
C'est un véritable miracle, qu'à cette
heure de la journée, il n'y eût pas plus de
passants dans ia rue ou de voitures.
On se demande quel malheur on aurait
pu alors avoir à enregistrer.
L'état des lieux
L'aspect du théâtre de l'explosion est la-
mentable.
Dans l'immeuble, il ne subsiste plus une
seule vitre. Partout ce ne sont que portes
défoncées, meubles gisant à terre ; les
plafonds ne tiennent plus que par un mi-
racle d'équilibre.
Dans l'atelier de composition, une partie
des caractères renversés par l'explosion
sont foulés aux pieds.
Outre, les dégâts matériels qui sont con-
sidérables, il y a de nombreux blessés.
Les blessés
Les blessés sont au nombre de 10.
MM. de Moulins, caissier, sérieusement
blessé à la tête ;
Lamothe, metteur en pages ; Maurice
Anouilh, Fortuné Bernard, " typographes,
blessures et brûlures au visage et aux
mains ;
Adolphe Claverie, 17 ans, brûlures à la
tète ;
Jean Lôglise, 42 ans, qui a dû être trans-
porté à l'hôpital ;
Les deux frères Bouquin, employés au
Nouvelliste, qui travaillaient dans leur
bureau au moment de l'explosion ;
M. Duhamel, qui est également blessé
par des éclats de vitre ;
Deux passants qui ont reçu des blessu-
res assez sérieuses par suite de l'explo-
sion ;
Enfin, M. Georges Frémontèze, 19 ans,
demeurant rue de Tresses, qui a reçu une
contusion assez grave à l'épaule.
Les blessés, après avoir reçu des soins à
la pharmacie Servantle, ont été transpor-
tés les uns à leur domicile, les autres à
l'hôpital Saint-André. Aucun d'eux n'est
en danger de mort.
Ou dit, cependant, que l'état de M. de
Moulins est très grave.
daise manifeste sa sympathie pour les Eoers.
On sait que le On.i LariÀ a été supprimé par
les autorités militaires. La page des annonces,
seulement, a paru ce malin ; malgré cela, la
foule s'arrachait les numéros pour protester
contre la suppression des organes afrikan-
ders.
Londres. 12 janvier.
Los autorités anglaises de Capetown sem-
blent toujours attendre une attaque de la colo-
nie par les envahisseurs boers. Elles ont mené
les travaux de défense avec une telle activité
que les retranchements autour de la ville sont
terminés. Deux canons de marine ont été mis
en position sur les hauteurs qui commandent
les approches de ia ville. D'autres canons vont
être posés sur plusieurs positions stratégiques
au nord de Capetown. Les éauipes seront four-
nies par la marine et par l'artillerie du Cap.
La garde civique sera charges de la garde in-
térieure.
Londres, 12 janvier.
Tïne dépêche de Cràddock, en date d'hier, de
source anglaise, porte que les Anglais, chargés
d'arrêter 1 invasion de la colonie boer ont une
fon.e garnison a Graat'-l'.einet et occupent Be-
thosdà, deuxième station du chemin de fer au
nord de Graaf-Reinei.
Un détachement cycliste surveille à Piquet-
berg l'arrivée des Boers de la colonie de
l'ouest du Cap. On mande que le général Bra
hanta convoqué pour lundi, tous les maires de
la Péninsule du Cap pour discuter les meilleurs
moyens d'aider au recrutement des troupes
pour la défense de la odlonie.
Un télégramme laconique du Cap au Stan-
dard annonce qu'un petit détachement a été
sur, ris à Heilbron le H janvier. Une dépêche
de Maseru, 11 janvier, porte que les ôclaireurs
anelais et les Boers sont en contact dans le
district de Ladybrand. D'après une dépêche de
Durban qui mérite confirmation, les courriers
anglais de Blœaifontein n'ont pas pu passer à
Brandfort. toutes les routes étant barrées par
les hommes de Steijn.
line dépêche de l'rétoria au Central-Neias
ariirme que Louis Botha, dispose de huit mille
hommes massés dans le massif de Magalies-
berg, à l'est du Transvaal. Suivant un télé-
gramme (le Durban, la colonne anglaise du co-
lonel Colville, épuisée de privations, aurait dû
se confiner à standerton où elle serait assié-
gée par les Boers.
r »
tdUtxas- iîoiis-ibora Pans, 12 janvier.
On continue de s'agiter autour de l'interpella-
tion Sembat. Les ministériels prétendent qu'elle
sera très courte et qu'elle ne présentera qu'un
intérêt relatif. Il est certain que M. Sembat
fera tout son possible pour justifier ces pronos-
tics, mais les adversaires du cabinet, cons-
cients de l'embarras dans lequel se trouve
M. Waldeck-Rousseau, entendent faire tout co
qui sera en leur pouvoir pour l'empêcher de se
dérober derrière une équivoque, et pour l'obli-
ger à prendre nettement position.
On parle toujours de l'intervention possible
de M. Ribot.
On assure aussi que l'opposition a rédigé un
ordre du jour qui serait de nature à accroître
singulièrement l'embarras du président du
conseil.
Los dispositions belliqueuses de l'opposition
ne sont pas sans inquiéter grandement les
ministériels, qui auraient songé à éviter la
bataille en proposant de reporter l'interpella-
tion Semfat après le débat sur les associations,
pour lui servir, disent-ils. de corollaire.
C'est le conseil que donnait, co matin, lé
Siècle, sous l'orme d'information. Quoi qu'il en
soit, il faut s'attendre à ce qu'un des orateurs
, qui sont inscrits oppose l'interpcllateur à sa
propre thèse. On fait, en effet, observer ici que
SI. Sembat, qui s'élève si fort contre ta lettre
du Souverain-Pontife, au nom de l'indépen-
dance nationale, est précisément ce m'éme
| Sembat qui. au dernier congrès socialiste, pro-
clama la vassalité des députés socialistes fran-
çais envers le comité international créé à
Bruxelles et présidé par M. Vanderveldo. '
Fussler quitte la légion à cause d'une mala-
die de poitrine.
Les exemples de dés-ouement de ce genre
sont très nombreux, 'falgrè leurs KO u (franc es
personnelles, les passagers oni compati large-
ment k des misères plus poignantes. C'est
ainsi que Mme Coraix, do Lyon, qui revenait
d'Oran avec, son mari et son jeuno enfant de
cinq mois, la petite Laure, ayant vu son lait se
tarir par suite de l'émotion et de l'insuffisance
de la nou. rituro fut obligée do donner au pau-
vre petit des biberons d'eau chaude. Chacun
cependant oubliait ses pri valions pour se préoc-
cuper do l'enfant. Hier, sur la plage, chacun
entourait le mignon bébé qui souriait à tous en
agitant ses petits bras. Plus d'eau sucrée I
Aussi suçait-il frénétiquement le biberon rem-
pli d'un lait bien chaud quo Mme André, fem-
me du directeur de la compagnie de Ghimey,
lui faisait donntr. Chacun voulait l'embrasser.
Shanghaï. 12 janvier.
Le Mercury, de Shanghaï, dit quo Li-Hung-
Ghang dèeline rapidement et que sa mort est
imminente.
New- York-, 12 janvier.
Une dépêche de Pékin au New-] ork-Herald
annonce qu'il vient de se produire un incident
à cause d'un acte trop précipité de M. Conger.
Celui-ci aurait brusquement notifié à ses
collègues des grandes puissances, délibérant
en commun, qu'il était chargé de signer la
version allemande de la note collective avec la
mot « irrévocable ». Ce mot transforme la note
conjointe en un ultimatum qui ne permet aux
(f.hinois qu'une réponse nettement affirmative
ou nettement négative.
Le correspondant du Herald demande que
le gouvernement américain remplace M. Con-
ger par un diplomate moins intransigeant.
Une dépêche de Pékin 12. dit que la cour a
ordonné aux deux commissaires chinois, Ching
et Li Hung-Chang, de signer ia note conjointe
des représentants dos puissances.
Amiens, 12 janvier,
Le Nouvelliste de la Somme publie des ex-
traits dè lettres adressées à sa famille par un
jeune homme qui fait partie du corps expédi-
tionnaire de Chine. Nous en détachons d'inté-
ressants passages. Il écrit de Tien-Tsin :
« Il n'y a guère de nuit sans qu'à quelques
postes, dans Tien-Tsin ou aux alentours, il n'y
ait quelque alerte. Dans notre bataillon, depuis
le 5 septembre, des hommes ont disparu, la
plupart étant do faction. Gomment ont-ils été
enlevés 1 On n'en sait rien. Pour l'un d'eux, on
n'a vu que quelques traces de sang. Sans les
nombreuses rondes qui se font la nuit, il y au-
rait bien des surprises.
» On a encore fusillé, avant-hier, six Boxers
qu'on avait trouvés armés dans la ville. On
leur a fait creuser leur fosse avant de les fu-
siller.
» A toutes les messes, les églises sont plei-
nes de soldats français. Dos catholiques alle-
mands sont conduits en corps, sans armes, a
une messe spéciale. A Saint- Louis, un aumô-
nier prêche en prussien. A ceux que j'interroge
je vois qu'il y a ici beaucoup d'Alsaciens et do
Lorrains. Cela explique, peut-être en partie, la
sympathie que ces Allemands nous témoi-
gnent. »
Londres, 12 février.
On télégraphie de Rome au Daily Express :
« L'indemnité à réclamer par le Saint Siège
au gouvernement chinois pour la destruction
des missions catholiques, a été fixée à 20 mil-
lions de P-ancs. »
ciel ajoute que ce chiffre
ment provi.-oire ?
.182. sans compter les 521 pri-
sonniers remis en liberté sur parole.
Las l'aimas (Canaries), 11 janvier.
Le transport portugais Simla, venant do
Londres, esl arrivé. 11 a à bord 500 soldats et
du matériel de guerre 4 destination du Cap.
Le soulèvement des Afrikanders
Londres. 12 janvier.
Le soulèvement des Afrikanders peut être
considéré, maintenant, comme général dans la
colonie du Cap.
Une dépèche de Muravsburg, 10 janvier
dit :
« Quelques habitants du district ont rejoint,
ces jours derniers. les Boers qui occupent en
force lo défilé près de Springsfoutein. La eolo-
pie anglaise Grenfell. qui vient d'arriver à
Muraysburg, a été fort mal accueillie par les
Afrikanders. »
D'après une dôpîche de Gapetowmla plupart
des hommes valides de la colonie du Cap ont
rejoint l'armée des Boers dans sa marohw d'in-
vasion. Au Cap, même, te population **>Haa-
Le Sauvetage de la (( Russie » j
Marseille, 12 janvier, j
Aussitôt après le débarquement et dans la '
soirée d'hier, on a recueilli de la bouche des ,
passagers des détails sur la terrible catastro-
phe. ' : J
Tous s'accordent à déclarer que la conduite
des officiers a été admirable. Le commandant ;
.louve a été notamment dun courage et d'un 1
sang froid remarquables. Son portrait n'est
pas un hors d'œuvre en ce récit,
Le commandant est un homme de taille
movenne. Il est âgé de 53 ans. Sa figure que
durcit une bar In en fer à cheval respire l'éner-
gie et aussi la bonté. Il compte plus de 30 ans '
de service dont 15 de commandement. 11 va i
prendre sa retraite et il passait, jusqu'à .ce
jour, pour le plus heureux commandant de la
compagnie. 11 n'avait eu, avant ce douloureux
événement, aucun accident dans sa longue
carrière de marin.
On voit sur sa physionomie combien cet
homme a dû souffrir pendant les quatre jours
et quatre nuits qu'il a passés sur la passerelle
de son navire donnant à tous l'exemple le plus
beau du courage et de l'abnégation. Au mo-
ment du sauvetage, alors que le canot sauveur
accostait pour recevoir les passagers, il so
plaça à la coupée, le revolver au poing, pour
s'opposer à tout incident pouvant compromet-
tre le bon ordre du sauvetage.
Cette attitude, jointe au bon esprit général
qui animait les passagers et l'équipage fut que
jamais transbordement similaire ne s'opéra
avec plus do méthode et de tranquillité.
Si l'attitude des officiers a été admirée par
tous, il n'y a pas à faire, par contre, parait-il,
les mêmes éloges pour certains employés du
bord dont la conduite, pour rester au-dessous
do son appréciation, laissa fort à désirer. Le
capitaine en second, pour s'en faire obéir, dut
les menacer d'un revolver ; cet officier passa,
toutes les nuits le revolver au poing.
Cas dires sont malheureusement confirmés ;
tous sont unanimes à faire l'éloge des officiers,
mais ils restent significativemont muets sur
certains employés du bord.
On fournit aussi des détails regrettables, in-
téressants au point do vue des responsabilités
et des mesures à prendre pour assurer l'cffica-
cilé de secours maritimes.
M. Garnier, soldat aux chasseurs d'Afrique,
a fait, à un de nos confrères, le récit que
voici :
« Aucun des matelots do l'équipage no con-
naissait la manœuvré du télégraphe à bras ;
fort heureusement il se trouvait, parmi les pas»
sagers, un marin de torpilleur, nommé Dehros,
| matelot du Jauréguiberry de retour de per-
i mission, très au courant de co genre de sir
gnaux et aux services duquel il fallut avoir
recours. Sans lui nous n'aurions pu communi-
I quer. ni avec la côte, ni avec les bâtiments qui
j lurent envoyés ensuite du côté do la haute
mer. Ce brave marin s'offrit au commandant
pour gagner seuf la côte dans une embarca-
tion afin de porter une amarre ; on n'accepta
pas son admirible dévouement, parce qu'il au-
rait couru à une mort certaine et parce quo sa
présence était indispensable pour le télégra-
phe.
» En chauffeur, l'estomac vide, rerusa de
travailler et le commandant dut lui mettre le
revolver sur le front.
,> 11 faut que je vous dise qu'il y avait à bord
deux canons porte-amarres, mais qui ne fone-
lionnaient pas. 11 eût été facile avec l'un de
ces engins d'envoyer un filin à la côte. »
Les passagers ont été, eux aussi, à la haa-
te«r des circonstances, en dépit de quelques
mauvais moments, a déclaré lui-mémo le com-
mandant .louve. C'est, ainsi, a-t-il ajouté, que
Mme Colombani, très ail'octée et que nous
avons du laisser à l'araman, a eu, hier, un
accès do désespoir. Kl le voulait se tuer et de-
mandait un revolver. £
Ce matin, en trouvant sur la plage son lits
qui était venu, hier, de Paris, elle a éprouve
une émotion de joie si intense, qu'elle a eu
une crise assez sérieuse. Elle n'a pas pu sup-
porter lo vovage.
Le brigadier Paul Grôgorio. des chasseurs a
cheval, a débarqué, hier, avec le mémo sang-
froid que s'il sortait du quartier.
Moi je suis bien content, dit-il, je n'ai pas
prévenu ma famille, qui habite Marseille, qué
je partais en permission. Elle est donc loin
d'être mquiole sur mon compte.
lin passager qui a été très entouré sur la
plage de Karamau pur ses compagnons d'ini'or-
tuno est le soldat de la légion étrangère Wil-
liem Fussler. de N'iedorloorichen (Bavière). Il
no parle pas un mot, de français. Sa conduite a
été sublime de dévouement, et de courage. Au
moment où la mer a enfoncé un panneau dos
; premières sur les indications de M. Colom-
| bain, officier principal d'administration, il a
aveugle l'ouverture qui venait de se produire
i au moyen des porles des cabines et de matelas
et, sans avoir reçu aucun ordre, il est resté à
i iniJft M „P'? r '1" eux Jusqu'au moment du sauve-
nîSnt , (l0Bt: demeuré dans l'eau simple-
. ÏÏSSL^SA 1 ? M^ »t de sa chemise
FAITS DIVERS
Un malfaiteur dangereux
Troyes, 12 janvier.
Depuis hier matin, un nommé Boquard, de-
meurant à Sainte-Savine, inculpé de vols mul-
tiples, tient en échec les brigades de la gen-
darmerie de Troyes, venues pour l'arrêter.
Boquard s'est' enfermé dans son grenier
avec des armes et des munitions ; il a verrouillé
toutes les portes et menace quiconque ose
l'approcher.
11 a déjà tiré trois coups de fusil, sans heu-
reusement atteindre personne.
La maison qu'habite Boquard a été assiégée
toute la nuit. Ce matin, la situation n'a pas
changé. Boquard a mis enjoué le procureur'do
la République, mais il n'a pas tiré. On espère
s'emparer de lui par ta famine. Une foule con-
sidérable stationne dans los environs.
PETITES NOUVELLES
12 janvier.
Max Régis a lait, hier, après-midi, sa décla-
ration de candidature pour l'élection législative
du onzième arrondissement do Paris.
-^-^-^ On reçoit, à Londres, des mauvaises
nouvelles de la maladie du président Mac-
Kinley et son entourage aurait, dit-on, des in-
quiétudes.
Lo contre amiral Servan, qui com-
mande la marine à Alger, va être appelé au
commandement de la division navale de l'At-
lantique. Le commandement qu'il exerce sera
confié au contre-amiral Merleaux-Ponty qui
continuera provisoirement à résider à Bizerte.
M. Henri Galli, vice président du
Conseil général et directeur du Drapeau, re-
tour de Saint-Sébastien , annonce que Paul
Déroulède met la dernière main à un livre :
Le Yinr/l-Trois Février, qui contiendra des
détails 'inédits sur l'affaire de la caserne de
Reuilly. U ajoute que lui et ses amis organise-
ront tout prochainement une réunion intime à
Paris, au cours do laquelle il donnera commu-
nication dos déclarations que fui a faites le
proscrit de Saint-Sébastien.
nouvelles d'Espagne
De nos correspondants particuliers :
Madrid, 12 janvier.
Le ministre des affaires étrangères a reçu
un télégramme du représentant d'Kspagne'à
Tanger démentant son voyage à Marrakesh.
C'est M. Saavreda. le dr'ogman de l'ambas-
sade espagnole qui se trouve dans la capitale
du Maroc qui a fait savoir que le gouverne-
ment marocain et le représentant de i'Lspagne
signeront bientôt un protocole favorable aux
prétentions do l'Espagne. Le représentant af-
firme qu'il ne s'est rien passé de particulier sur
le territoire.
Faculté des Lettres
COURS DE LITTÉUA.TORE FRANÇAISE
M. Guy a terminé, samedi, l'examen de la
Francuide en étudiant los amours de Fran-
cus, inspirés d'Homère, do Virgile et d'Apollo-
nius de Rhodes — et la Descente aux Enfers
du même Francus.
Au lieu de l'évocation faite devant Etrêe par
Virgile de l'histoire future de Rome. Ronsard a
évoqué devant Francus l'histoire de France.
La comparaison est écrasante pour nous, dit
M. Guy. C'est possible ; mais la faute en est
uniquement à Ronsard. Je ne crois pas. en
effet, que l'histoire romaine soit « la plus su-
blime histoire qui fût jamais ». Et. lés annales
chevaleresques et chrétiennes de la France
offrent, mieux que la rapacité de Rome et les
folies sanguinaires des Césars, un magnifique
sujet d'épopée. A. P.
Faculté de Droit
COURS PUBLIC DE DROIT MÉRIDIONAL
M. Rrissaud a commencé à étudier, cette an-
née, lo très ancien droit au moyen des vieux
contes populaires.
11 dégage de ces contes les règles du droit
civil antique, montrant par exemple la situa-
tion des enfants naturels dans la famille, ou
le traitement rigoureux infligé nu débiteur in-
solvable.
Dans son dernier cours, suivant l'horaire,
jeudi dernier, à 4 heures du soir, M. Brissaud
a insisté sur l'idée de vengeance, unique fon-
dement du droit pénal primitif. On attribuait
l'auteur même du délit, être humain, animal
ou chose inanimée, à la victime ou à ses héri-
tiers. On retrouve cette règle dans le conte du
\ienx'lripal, que M. Brissaud a publié dans
la Hevuc des la?igues romanes.
Ce cours est une tentative heureuse qu'il
suffit de signaler pour intéresser les ôrudits.
Institut Catholique
Conférence. — M. Degert, professenr de lit-
térature lalino, docteur ès-lettres. fera une
conférence, lo jeudi 17 janvier, à cinq heures
précises (salle Desprez), sur le sujet suivant :
Quo vaclis Si.nliiewicz.
Cours publics. — Le R. P. Portalié, profes-
seur de Théologie, fera son cours le vendredi
18 janvier à cinq heures (salle Duilhèj ; Chris-
tianisme et Catholicisme (suite).
Cours de jeunes filles. — Le R. P. Montagne,
lundi l 't janvier, à dix heures et demie : Psy-
cologie appliquée à l'Education. — M. le cha-
noine Yalentin, mercredi V>, à la même heure :
Bossuel orateur (suite).
t'tmmaculée-Conccption, 90; Saint François.
Xavier. 94; Sainl-Svlve, 113 ; Saint-François-
d'Assise, 73 ; Saint-.Ioscph, 27 ; Sacré-Cœur, 62.
Les chiffres de sépultures inscrits pltts haut
représentent uniquement celles qui ont été
célébrées dans les dix-huit églises urbaines d«
Toulouse. Il faudrait y ajouter celles des pa-
roisses de la banlieue.
Le total des décès dans la commune de Tou-
louse a été de 3,096. En moins do l'année
dernière, 65.
Lo total dos naissances est de 8,619. En plua
de l'année dernière, 26.
Les prolestants ont eu 32 décès; les israô-
Les prolestants
ites, 3.
Pendant, l'année 19X1, il y a eu, dans la com-
mune do Toulouse, vingt-quatre enterrements
laïques : quinze hommes, six femmes et trois
petits enfants (deux mois, dix mois et seize
mois).
Pendant la même année, on a inscrit vingt-
cinq suicides, dont trois ne méritaient peut-
être pas cette qualilicalion, attendu qu'il n'a
pas été démontré que la mort n'ait pas été
l'effet d'un accident.
Académie des Sciences
Séance du 27 décembre
M. Emile. Cartailhac rappelle que plusieurs
des instruments les plus usuels de l'âge de la
pierre tels que les haches et les pointes de
lléchos, sont devenus plus tard des talismans
lorsque se fut effacé entièrement le souvenir
de leur origine et de leur emploi primitif.
Ainsi, nous savons par des textes de l'anti-
quité classique, par exemple de Pline, que les
Grecs et les Romains recueillaient des haches
de pierre, qu'ils appelaient « céraunies, » qu'ils
crovaient tombées du ciel avec la foudre, et
auxquelles ils attribuaient des vertus et des
pouvoirs surnaturels. On suit cette superstition
à travers tous les siècles, on la retrouve pres-
que chez tous les peuples.
M. Cartailhac l'a montré dans un ouvrage,
spécial publié en 1878 et il communique à l'A-
cadémie un certain nombre de faits nouveaux
à ce sujet. Il a recuilli les uns dans d'assez
nombreuses publications, les autres lui ont été
fournis par divers voyageurs.
Enfin, des haches dé pierre, des pointes de
flèches visiblement transformées en amulettes,
montées en métal par exomble, introduites
dans des parures, ont été observées dans quel-
ques pays ou ont pris place dans plusieurs mu-
sées.
M. Cartailhac cite ces textes et présente la
dessin do ces objets. Il insiste sur deux ha-
ches de jade, conservées au British-Museum,
et qui portent, des caractères chinois de la plus
haute antiquité. Elles sont peut-être, dans cette
catégorie d'amulettes, les plus anciennes qui
existent.
M. Cartailhac signale, en terminant, l'exis-
tence de « pierres de foudre », dans le Soudan
français ; il lit une lettre d'un noir écrivant à
l'un de nos officiers et donnant sur cette
croyance les renseignements les plus circons-
tanciés et les plus curieux.
Le secrétaire perpétuel,
Signé : ROSCHAGH.
Echos du Palais
Le nommé Jean Butzbach, âgé de 22 ans,do-
micilié rue de l'Industrie, 43, inculpé de com«
plicité de vol d'une bouteille do liqueur, corn--
mis place Mage, 13, au préjudice de M.Mayné,
liquoriste, a été conduit au petit Parquet et
écroué au dépôt.
Los nommés Joseph Doumeng, àgâ
do 3(5 ans, et Eugène Mazet, âgé de 28 ans,
tous deux sans domicile fixe, inculpés de me-
naces, outrages et rébellion envers les agents
dans l'exercice de leurs fonctions, ont été
écroués au dépôt.
Le nommé Alphonse Nougué, âgé
de 21 ans, sans domicile fixe, inculpé de vaga-
bondage et de vol d'une somme do 3) fr., com-
mis au préjudice de M. Dupuy, domicilié im-
passe du Mont-de-Piétô, 2i, a été mis à la dis-
position de M. le procureur de la République.
Police correctiortneile
Audience du 12 janvier
PRÉSIDENCE 15F, ». LARXAUDIE
Ministère publie, M. le substitut Laurent.
VOL. — Bernard Loze, 33 ans, colporteur, en
fuite, vola le 19 décembre une paire de bottines
à M. Fourôs, place Pouzonville, !), chez lequel
il couchait. Il est déjà nanti de 3 condamna-
tions pour vol.
2 mois do prison par défaut.
MKN'DIC.II-K. — Michel Bellocq. 60 ans, 22, place
Pouzonville, menaçait los personnes qui ne lui
faisaient pas l'aumône.
1 mois do prison.
AUTRES AKCAUÎES. — La régie obtient une con-
damnation à 300 l'r. et une à 20) l'r. d'amende.
Deux prévenus do coups et blessures
sont relaxés en vertu do la loi d'amnistie.
La femme Julie P.... qui a été traduite en
police correctionnelle, peur vol, lo 10 janvier,
a été condamnée, comme nous l'avons dit. à.
un mois de prison. — mais avec application de
la loi Béîenger. Cette indulgence du tribunal
a consacré le début plein de promesses du
défenseur de Julio P..., M' Maurice Bellet.
NEUF COUPS DE COUTEAU
On nous écrit de Barbazan (Haute-Ga-
ronne) :
Dans la commune de Siradan-lcs-Bains, can-
ton de Mauléon-Barousso (Hautes-Pyrénées),
aux Ouatre-Chemins, dans la partie "centrale
du village, deux personnes, entendant des
plaintes venant du ruisseau qui traverse ta
commune, s'approchèrent et découvrirent un
homme qui gémissait faiblement.
Aidées d'autres habitants, les deux personnes
retirèrent du ruisseau le corps qui était celui
du sieur Roeh Baron, maçon, âgé d'environ
52 ans et domicilié à Siradan.
On lo transporta immédiatement chez lui, et
là, on constata que Baron, qui s'enivro sou-
vent, devait avoir ou une querelle avec des ou-
vriers espagnols.
Le malheureux avait reçu neuf coups de
couteau sur la tète. Il est mort une heure plus
tard, sans avoir repris connaissance.
A CÂRMÂUX
Le citoyen Jean Calmettes qui, tout ré-
cemment, (tonnait sa démission de maire
de Carmaux pour faire place au citoyen
Oalvignac, vient d'être nommé, par arrêté
préfectoral, receveur municipal de Car-
maux aux appointements de 2,030 francs.
11 n'existait pas de recette municipale de
Carmaux. Ce poste a donc été créé spécia-
lement pour caser le citoyen Calniettes, à
qui il en coûtait trop de revenir travailler
a la mine.
C'est une nouvelle preuve irréfragable
du désintéressement socialiste.
pendant plus de heure".
CAISSES D'ÉPARGNE ORDINAIRES
L'Officiel du 11 janvier 1901 donne le résul-
tat connu au 10 janvier rStd des opérations dos
caisses d'epargno ordinaires :
Dépôts de fonds tO\0't6.5H!» M
Retraits de fonds 92. 31Ô.41-1 07
Excédents de retraits 82.208.837 13
L'excèdent de retraits du t» r janvier au 81 dé-
cembre 1900 s'élève à 207.933,166 fr. 57. L'O/'/î-
Conférences Scolaires
Vendredi soir, à l'école libre do Saint-Etiènne. )
M. le chanoine Valentin a fait la conférence (
annoncée sur le Testament religieux du dix- ]
neuvième siècle.
Décidément, les conférences scolaires sont
enlréos dans la période dos grands succès. ,
Plus de six cents personnes s'empilaient dans I
la salie. M. l'arebiprêlre Dolpech, de nombreux i
ecclésiastiques, des Frères dos écoles chré-
tiennes. M. le marquis de Sufl'ren. président du ;
comité des anciens élèves et amis des Frères,
occupaient les premiers rangs. ;
M. le comte Maurice do Laurent présente Je
conférencier.
C'est avec sa verve coutumière, son imagi-
nation, son cœur d'apôtre, que M. le chanoine
Yalentin a su traiter, devant son auditoire
charmé, les questions philosophiques et reli- '
gieuses les plus difficiles. Son discours n'a été
qu'un cri d'espérance on le siècle qui vient.
Aujourd'hui, comme au temps de Julien l'Apos-
tat, le Fils du Charpentier l'ait un cercueil:
celui do la Franc-Maçonnerie, de f Athéisme et
de la Juiverie.
Cette conférence a été suivie de la représen-
tation du IMIhier de Crémone, de François
Coppoo, joué' avec beaucoup de goût et de sen-
timents par les jeunes gens du patronage
Saint-Etienne, A. P.
Nouvelles religieuses
On lit dans la Semaine Catholiciue :
Messieurs les curés et aumôniers recevront,
celte semaine, la Lettre pastorale de Monsei-
gneur l'Archevêque publiant la Bulle pontifi-
cale qui étend le bienfait du Jubilé à l'univers
tout entier.
La période de six mois marquée par la Bulle
commencera, dans le diocèse, le 16 janvier,
pour se terminer lo 16 juillet.
#**
Kous apprenons de source certaine que Mon-
seigneur, pleinement remis de son indisposi-
tion s'est empressé do faire parvenir à Sa
Sainteté, avec ses remerciements pour son ad-
mirable Leilre. l'expression filiale de son adhé-
sion pleine et entière à la ligne de conduite
qu il trace, d'une main si ferme et si parter-
nolle, aux fidèles et à l'épiscopat de l'Eglise en
France.
**#
Voici le tableau du mouvement de la popula-
tion catholique en 1900, dans les paroisses de
Toulouse.
Baptême» : Métropole, 985; Saint-Scrnln. 327;
La Daurade, 80; Saint-Nicolas, l'c!; La Dalbade,
70; Saint-Jérôme, 80: Saint-Exupère. 118; Saint-
Aubin. 177: Notre Dame du l'aur, 46; Saint-
Pierre, ',i5: Les Minimes, GO; L'Immacutée-Con-
ception, 92; Saint-François-Xavier, 70; Saint-
Sylve. 110; 8airit-Krnn