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Les migrations bretonnes - Pays de Dinan

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Le peuplement et la toponymie<br />

En raison du caractère migratoire, les Bretons n’eurent pas tout <strong>de</strong> suite un Etat cohérent en Armorique. <strong>Les</strong><br />

anciennes civitates se sont effacées au profit <strong>de</strong> principautés ou petits royaumes, qui portent les mêmes noms que<br />

<strong>de</strong>s royaumes d’outre-Manche, dont la Domnonée, qui couvre la partie septentrionale <strong>de</strong> la péninsule armoricaine.<br />

On y connaît <strong>de</strong>s princes cités dans <strong>de</strong>s récits hagiographiques ou légendaires, tels Judicaël, puis plus tard, Judual,<br />

qui ont été impliqués dans <strong>de</strong>s luttes <strong>de</strong> territoires contre les Francs. L’ensemble illustre un émaillage <strong>de</strong>s pouvoirs,<br />

comme ailleurs en Gaule.<br />

Nous savons que le territoire était divisé en pagi ou pays, dont certains ont sans doute une origine galloromaine.<br />

Une liste est donnée dans la première Vita <strong>de</strong> saint Tudual, qui rapporte que le saint, après avoir débarqué<br />

à la pointe ouest <strong>de</strong> la Bretagne, traversa une série <strong>de</strong> pagi, dont le pagus Pentheur, le pagus Daoudour (<strong>Pays</strong> <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux eaux) et le pagus Racter (pays <strong>de</strong> l’Est), tous trois concernés par la nouvelle définition du <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong>.<br />

C’est la toponymie qui permet d’abor<strong>de</strong>r ce nouveau peuplement breton. <strong>Les</strong> noms <strong>de</strong> paroisses et <strong>de</strong> lieuxdits<br />

dont beaucoup sont d’origine bretonne, traduisent cette répartition et indiquent les endroits où les regroupements<br />

bretons dominaient. Ces données traduisent une communauté organisée bien que dispersée.<br />

La majorité <strong>de</strong> ces noms bretons sont construits à partir du nom d’un saint venant du mon<strong>de</strong> brittonique<br />

insulaire et à l’ai<strong>de</strong> d’un préfixe qui permet <strong>de</strong> déterminer la nature <strong>de</strong> l’occupation (Plou= paroisse ; Lan = le<br />

monastère ; Tré = le village).<br />

<strong>Les</strong> noms commençant par Plou ou une <strong>de</strong> ses formes dérivées (Pla, Plab, Plé, Plo, Pleb, Plo, Ploe, Poul, Plu)<br />

viennent du latin plebs (peuple), désignent une communauté <strong>de</strong> fidèles, autrement dit une paroisse. A partir <strong>de</strong> cette<br />

racine Plou, 15% sont formés avec un nom commun (Plélan = le Plou du Lan, autrement dit la paroisse du monastère),<br />

quelques-uns avec un adjectif, 75 % portent le nom d’un personnage, tenu dans les 2/3 <strong>de</strong>s cas pour un saint.<br />

Etablis, semble-t-il, pour la plupart entre le V° et le VI° siècles, les Plou apparaissent comme la nouvelle unité<br />

du peuplement breton. Ils ont eu une remarquable stabilité, se maintenant comme paroisse jusqu’à la Révolution, où<br />

ils <strong>de</strong>vinrent communes. Fondés par <strong>de</strong>s missionnaires, les saints, venus <strong>de</strong> Bretagne insulaire encadrer spirituellement<br />

les migrants, ils conservèrent leur souvenir dans la toponymie. On peut donc en déduire le rôle déterminant<br />

joué par <strong>de</strong>s prêtres dans la création <strong>de</strong> la structure sociale. Sorte <strong>de</strong> communauté <strong>de</strong> laïcs, le plou regroupa les<br />

fidèles sur <strong>de</strong>s territoires faciles à parcourir. Chaque Plou a un chef-lieu ou bourg qui porte le nom, et a disposé d’un<br />

territoire cohérent qui formait ce que l’on appelle les paroisses primitives. On peut tenter <strong>de</strong> les restituer en étudiant<br />

les démembrements postérieurs <strong>de</strong> leur territoire, mais l’exercice reste difficile. <strong>Les</strong> «Plou» ne se sont pas installés<br />

dans un pays sans organisation, et il est très possible qu’ils reflètent encore un état <strong>de</strong> peuplement antérieur tel un<br />

vicus gallo-romain, un territoire <strong>de</strong> villae, ou encore <strong>de</strong>s itinéraires ainsi que le montrent les implantations sur les<br />

voies romaines.<br />

L4-011 - la Domnonée, d’après N. Couffon, 1944.<br />

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