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Les migrations bretonnes - Pays de Dinan

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<strong>Les</strong> noms en Tré, issus <strong>de</strong> treb ou <strong>de</strong> tref en Gallois, désignent une agglomération <strong>de</strong> taille variable, un<br />

hameau, un village, entouré <strong>de</strong> son territoire agricole. Son sens est plus social que religieux. Un Tré pouvait aussi<br />

être le siège d’un Lan ou avoir été choisi pour <strong>de</strong>venir un Plou. La plupart portent aussi le nom d’un saint, mais<br />

certains sont associés à <strong>de</strong>s noms communs ou à <strong>de</strong>s adjectifs. Ce terme est à l’origine <strong>de</strong> la trève, division <strong>de</strong><br />

paroisse aux époques médiévales qui possédait sa propre église, tout en dépendant <strong>de</strong> la paroisse. Beaucoup sont<br />

restés <strong>de</strong> simples lieux-dits, mais certains furent érigés en paroisses aux époques tardives, participant ainsi aux<br />

démembrements <strong>de</strong>s paroisses primitives, tels Tramain, Tréméreuc…<br />

En opposition avec ces noms bretons, d’autres toponymes finissant en ac, qui concernent aussi bien <strong>de</strong>s<br />

lieux-dits que <strong>de</strong>s paroisses, indiquent <strong>de</strong>s zones ou le peuplement breton fut moins important, voire très limité. En<br />

effet, la forme ac provient <strong>de</strong> iacum ou acum, suffixe existant pour beaucoup <strong>de</strong> noms <strong>de</strong> lieu à l’époque galloromaine,<br />

noms eux-mêmes issus du vieux suffixe gaulois acos. Ces secteurs pourraient être témoins d’une persistance<br />

d’occupation armoricaine forte et <strong>de</strong> l’interpénétration <strong>de</strong> la langue bretonne. Une relative similitu<strong>de</strong> entre nom<br />

indigène et nom breton amène <strong>de</strong>s interférences, tel le cas <strong>de</strong> Plédéliac, en fait le Plou <strong>de</strong> Saint-Théliau.<br />

La paroisse primitive <strong>de</strong> Plélan (Plou du Lan ou Paroisse <strong>de</strong> l’ermitage) pourrait être concernée par les<br />

faits relatés dans une lettre, datée entre 509 et 521. <strong>Les</strong> évêques <strong>de</strong> Tours, Angers et Rennes, sur une dénonciation<br />

d’un prêtre gallo-romain Sparatus, adressèrent une missive à <strong>de</strong>ux prêtres aux noms bretons, Catihern et<br />

Lovocat, les sommant <strong>de</strong> cesser d’aller <strong>de</strong> cabane en cabane, parmi leurs compatriotes, célébrer la messe sur<br />

<strong>de</strong>s tables en bois, et <strong>de</strong> renoncer à utiliser les services <strong>de</strong> femmes, appelées conhospitae, qui participaient à la<br />

distribution <strong>de</strong> la communion sous les <strong>de</strong>ux espèces.<br />

Aux yeux <strong>de</strong>s évêques, ces pratiques, et notamment<br />

le culte célébré <strong>de</strong> manière ambulante, apparaissaient<br />

comme une menace pour le clergé établi.<br />

C’est très certainement à la naissance d’une paroisse<br />

bretonne primitive que nous fait assister ce document.<br />

Le culte, célébré <strong>de</strong> maison en maison, pourrait<br />

renvoyer à une communauté <strong>de</strong> migrants qui n’étaient pas<br />

parfaitement installés. D’après Bernard Tanguy, le nom <strong>de</strong><br />

Languédias proviendrait <strong>de</strong> Lann-Catihern (monastère ou<br />

ermitage <strong>de</strong> Catihern) et pourrait être le lieu <strong>de</strong> l’ermitage<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux prêtres en question. En ce cas, Languédias, qui<br />

coupe l’ancien territoire <strong>de</strong> Mégrit en <strong>de</strong>ux, apparaît<br />

d’abord comme une formation plus récente: un Lan venant<br />

se créer sur un territoire plus ancien. La paroisse <strong>de</strong><br />

Languédias est aussi considérée comme un démembrement<br />

<strong>de</strong> Plélan dont elle forme l’extrémité sud, elle-même<br />

paroisse bretonne primitive qui a dû se créer au détriment<br />

<strong>de</strong> Corseul. Il paraît alors logique <strong>de</strong> rencontrer, dans cette<br />

ancienne capitale gallo-romaine, un prêtre gallo-romain<br />

Sparatus se plaignant <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>s nouveaux arrivants<br />

: B. Tanguy, 1992, p. 111 ; - L. Fleuriot, 1982, p. 192 ;<br />

- M. Planiol, 1953, t. I, p. 278-279.<br />

L4-013 - Fondation <strong>de</strong> la paroisse <strong>de</strong> Plélan,<br />

d’après B. Tanguy, d’après Merdrignac, 2003.<br />

©<br />

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