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Les migrations bretonnes - Pays de Dinan

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Le tertre oppose à d’éventuels assaillants une pente rai<strong>de</strong> et une élévation difficile à franchir. Couronné<br />

d’une palissa<strong>de</strong> ou plus tard d’une muraille, il constitue un obstacle adapté aux techniques militaires <strong>de</strong> l’époque.<br />

Isolé par un fossé qui l’entoure, son approche est rendue difficile, mais permet aux assiégés <strong>de</strong> se défendre<br />

facilement en utilisant <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> jet. L’accès usuel <strong>de</strong>vait se faire par une rampe ou une passerelle en bois<br />

relevable, ancêtre du pont-levis. En général, le tertre accueillait une tour en bois et plus tard en pierre dont il est<br />

difficile <strong>de</strong> se faire une<br />

idée exacte. Suivant la<br />

taille du tertre et la qualité<br />

<strong>de</strong>s vestiges retrouvés,<br />

on y voit, soit une tour<br />

<strong>de</strong> guet, soit une <strong>de</strong>meure<br />

qui pouvait être confortable,<br />

abriter les victuailles<br />

et servir <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier refuge.<br />

L’iconographie <strong>de</strong><br />

la tapisserie <strong>de</strong> Bayeux<br />

suggère une architecture<br />

massive non exempte <strong>de</strong><br />

système défensif (cré-<br />

neaux ?). La basse-cour<br />

était entourée d’un fossé<br />

doublé d’un talus probablement<br />

surmonté d’une<br />

palissa<strong>de</strong>.<br />

L4-001 - La motte <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong>, détail <strong>de</strong> la tapisserie <strong>de</strong> Bayeux, 11ème siècle,<br />

avec autorisation spéciale <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Bayeux.<br />

La motte a une fonction rési<strong>de</strong>ntielle certaine. Nous disposons <strong>de</strong> fort peu d’éléments pour parler <strong>de</strong> l’habitat,<br />

mais la référence à d’autres sites fouillés hors du <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong> et à diverses sources écrites, permettent d’y restituer<br />

les éléments constitutifs <strong>de</strong> l’habitat seigneurial : la aula (salle <strong>de</strong> réception), la caméra (la chambre) et la capella (la<br />

chapelle) ainsi que les installations domestiques.<br />

De manière très schématique, on reconnaît <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> figure :<br />

soit le tertre accueille une simple tour <strong>de</strong> guet, et alors les éléments constitutifs <strong>de</strong> l’habitat seigneurial se<br />

retrouvent dans la basse-cour.<br />

soit le tertre supporte un donjon intégrant les divers éléments <strong>de</strong> l’habitat (réserve et cuisine, chambre et salle<br />

<strong>de</strong> réception, éventuellement la chapelle) en une structure ramassée. <strong>Les</strong> autres bâtiments, forges, écuries, granges<br />

etc. se retrouvent alors dans la basse-cour. Le donjon ainsi conçu, avec les réserves <strong>de</strong> vivres, est une structure<br />

défensive adaptée à supporter <strong>de</strong>s sièges.<br />

Si la motte correspond à une rési<strong>de</strong>nce aristocratique, elle abrite souvent un chevalier vassal, resté sous la<br />

dépendance d’un seigneur plus puissant, détenant les pouvoirs militaires ou <strong>de</strong> haute justice.<br />

<strong>Les</strong> chevaliers apparaissent dans le courant du XI° siècle, issus <strong>de</strong>s hommes libres. Ils vont se singulariser<br />

par le service <strong>de</strong>s armes, ce qui les mettait à l’abri <strong>de</strong>s taxes. L’évolution récente <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> la guerre, avec le<br />

perfectionnement du harnais et <strong>de</strong>s techniques d’escrime cavalière à la lance nécessitait une élite, dotée d’un<br />

équipement complet, dont la pièce maîtresse était le cheval. Peu à peu, s’imposa l’idée que les rustres <strong>de</strong>vaient, par<br />

leur travail, entretenir dans une oisiveté propre aux exercices <strong>de</strong>s armes, les puissants, les chevaliers chargés <strong>de</strong> les<br />

défendre. Dans ce groupe, se développa très vite une conscience <strong>de</strong> classe, exaltant les vertus et la supériorité<br />

militaire. Se créèrent aussi <strong>de</strong>s lignages à caractère héréditaire, autour <strong>de</strong>s domaines familiaux ou <strong>de</strong>s concessions<br />

<strong>de</strong> biens fonciers <strong>de</strong>venant patrimoine. Leur statut fut, en France, très rapi<strong>de</strong>ment associé à celui <strong>de</strong> la noblesse.<br />

En même temps que s’amorce le développement <strong>de</strong>s mottes, apparaissent <strong>de</strong> nouveaux lignages, dont<br />

beaucoup font partie <strong>de</strong>s classes inférieures <strong>de</strong> l’aristocratie. <strong>Les</strong> noms <strong>de</strong> ces familles, qui se réfèrent souvent aux<br />

mottes ou à leurs paroisses, apparaissent comme témoins dans <strong>de</strong>s documents, telles les chartes <strong>de</strong> donation par<br />

exemple.<br />

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