30 La troisième phase marquant l’architecture castrale date <strong>de</strong> la fin du XIV° siècle et du début du XV° siècle. A l’issue <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Succession du duché <strong>de</strong> Bretagne (1341-1364), opposant un parti pro-français (Charles <strong>de</strong> Blois, époux <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Penthièvre) à un parti pro-anglais (Maison <strong>de</strong> Montfort) et après les troubles qui suivirent l’arrivée <strong>de</strong> Jean IV <strong>de</strong> Montfort, au duché <strong>de</strong> Bretagne, le tout sur fond <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> Cent ans, plusieurs châteaux <strong>de</strong> villes sont détruits, tel celui <strong>de</strong> Plancoët. Certains seront reconstruits, suivant <strong>de</strong> nouvelles techniques, comme le château <strong>de</strong> la Hunaudaye, en Plédéliac. De nouveaux édifices apparaissent aussi, comme le château <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong>. A partir <strong>de</strong> la fin du XV° siècle, beaucoup feront l’objet <strong>de</strong> transformations dues au progrès <strong>de</strong> l’artillerie : adoption <strong>de</strong> la technique du remparage, abaissement <strong>de</strong>s courtines, épaississement <strong>de</strong>s tours, adoption <strong>de</strong>s casemates, etc. La <strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> transformations se rencontre tardivement au XVI°, mais surtout au XVII° siècle, avec l’adoption <strong>de</strong> l’architecture bastionnée. <strong>Les</strong> exemples se rencontrent ici surtout dans un contexte littoral avec la mise en place <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> défense initiée par Vauban. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’aspect défensif, les châteaux sont aussi marqués par l’évolution <strong>de</strong> l’habitat seigneurial. <strong>Les</strong> siècles à venir verront se différencier les forteresses, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>meures seigneuriales. Le phénomène est observable autant sur les châteaux majeurs, par la construction <strong>de</strong> corps <strong>de</strong> logis, que sur les mottes ou maisons fortes auxquelles succé<strong>de</strong>ront soit directement dans la basse-cour, soit à proximité, <strong>de</strong>s manoirs souvent encore habités aujourd’hui. Ce sont ces histoires que l’on décrypte au travers <strong>de</strong>s fouilles archéologiques. L’exemple du Guildo (Créhen), texte <strong>de</strong> Laurent Beuchet. Le château du Guildo est perché sur un éperon rocheux qui domine le fond <strong>de</strong> l’estuaire <strong>de</strong> l’Arguenon. La fouille, menée par Laurent Beuchet (Inrap) <strong>de</strong>puis 1995, met au jour les différentes étapes <strong>de</strong> la construction du château. Une première forteresse <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> bois est construite peu après l’an mil. Une gran<strong>de</strong> maison abrite au rez-<strong>de</strong>-chaussée l’écurie et la cuisine, alors que la gran<strong>de</strong> salle et les appartements sont situés dans les étages. Ce premier château est systématiquement démonté pour être remplacé au début du XIII° siècle par un château <strong>de</strong> pierre. Le nouvel édifice adopte le plan quadrangulaire qu’on lui voit encore aujourd’hui. Des tours défen<strong>de</strong>nt chacun <strong>de</strong>s angles. Un vaste logis occupe le fond <strong>de</strong> la cour. Il s’organise autour <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> salle et <strong>de</strong>s appartements, décorés <strong>de</strong> peintures murales et <strong>de</strong> vitraux colorés. Le château est en gran<strong>de</strong> partie reconstruit après les guerres <strong>de</strong> succession <strong>de</strong> Bretagne, à la fin du XIV° siècle. Le logis est agrandi par une aile en retour sur le front est. L’aile ouest est dévolue aux communs, logement du personnel <strong>de</strong> service. Au milieu du XV° siècle, le château connaît son apogée. Il est alors la propriété <strong>de</strong> la jeune Françoise <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong>, mariée au frère du duc <strong>de</strong> Bretagne. Le logis est agrandi, on construit une nouvelle écurie, dotée d’une maréchalerie et d’un logement pour le palefrenier. La guerre qui éclate entre la France et la Bretagne voit à nouveau le château détruit à la fin du XV° siècle. Il est reconstruit par le fils <strong>de</strong> Françoise <strong>de</strong> <strong>Dinan</strong> qui le cè<strong>de</strong> peu après. Le château entre alors dans une longue phase <strong>de</strong> déclin. Il subit <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong>structions durant les guerres <strong>de</strong> Religion, à la fin du XVI° siècle. Il est hâtivement restauré et change plusieurs fois <strong>de</strong> propriétaires, avant d’être définitivement abandonné vers 1770. © L4-044 - Le château du Guildo, propriété du Conseil Génnéral <strong>de</strong>s Côtes-d’Armor.
© L4-046 - <strong>Les</strong> étapes du Château du Guildo, 1999. L4-045 Le Château du Guildo. © 31