12 L4-012 - Carte <strong>de</strong>s toponymes bretons et restitution possible <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong>s paroisses <strong>bretonnes</strong> primitives. <strong>Les</strong> noms commençant par Lan, désignent un lieu saint, un monastère. La plupart du temps, ce préfixe est suivi, comme pour les Plou, du nom d’un saint, probablement à l’origine <strong>de</strong> sa fondation. <strong>Les</strong> «Lan» disposaient <strong>de</strong> terres, mais n’étaient pas le centre d’une communauté <strong>de</strong> fidèles. Ils désignent davantage un hameau ou un lieu-dit. Leurs fondateurs cherchaient plus à vivre en ermites ou en communautés religieuses. On peut les traduire par monastères ou ermitages. Très nombreux, ils ne <strong>de</strong>vinrent pas tous centres paroissiaux (ex : Languanou en Caulnes). Plus tard, certains, regroupant <strong>de</strong>s populations, sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s trèves ou <strong>de</strong> véritables paroisses aux dépens <strong>de</strong>s paroisses primitives, tels Lanvallay, Languenan, Languédias … ©
<strong>Les</strong> noms en Tré, issus <strong>de</strong> treb ou <strong>de</strong> tref en Gallois, désignent une agglomération <strong>de</strong> taille variable, un hameau, un village, entouré <strong>de</strong> son territoire agricole. Son sens est plus social que religieux. Un Tré pouvait aussi être le siège d’un Lan ou avoir été choisi pour <strong>de</strong>venir un Plou. La plupart portent aussi le nom d’un saint, mais certains sont associés à <strong>de</strong>s noms communs ou à <strong>de</strong>s adjectifs. Ce terme est à l’origine <strong>de</strong> la trève, division <strong>de</strong> paroisse aux époques médiévales qui possédait sa propre église, tout en dépendant <strong>de</strong> la paroisse. Beaucoup sont restés <strong>de</strong> simples lieux-dits, mais certains furent érigés en paroisses aux époques tardives, participant ainsi aux démembrements <strong>de</strong>s paroisses primitives, tels Tramain, Tréméreuc… En opposition avec ces noms bretons, d’autres toponymes finissant en ac, qui concernent aussi bien <strong>de</strong>s lieux-dits que <strong>de</strong>s paroisses, indiquent <strong>de</strong>s zones ou le peuplement breton fut moins important, voire très limité. En effet, la forme ac provient <strong>de</strong> iacum ou acum, suffixe existant pour beaucoup <strong>de</strong> noms <strong>de</strong> lieu à l’époque galloromaine, noms eux-mêmes issus du vieux suffixe gaulois acos. Ces secteurs pourraient être témoins d’une persistance d’occupation armoricaine forte et <strong>de</strong> l’interpénétration <strong>de</strong> la langue bretonne. Une relative similitu<strong>de</strong> entre nom indigène et nom breton amène <strong>de</strong>s interférences, tel le cas <strong>de</strong> Plédéliac, en fait le Plou <strong>de</strong> Saint-Théliau. La paroisse primitive <strong>de</strong> Plélan (Plou du Lan ou Paroisse <strong>de</strong> l’ermitage) pourrait être concernée par les faits relatés dans une lettre, datée entre 509 et 521. <strong>Les</strong> évêques <strong>de</strong> Tours, Angers et Rennes, sur une dénonciation d’un prêtre gallo-romain Sparatus, adressèrent une missive à <strong>de</strong>ux prêtres aux noms bretons, Catihern et Lovocat, les sommant <strong>de</strong> cesser d’aller <strong>de</strong> cabane en cabane, parmi leurs compatriotes, célébrer la messe sur <strong>de</strong>s tables en bois, et <strong>de</strong> renoncer à utiliser les services <strong>de</strong> femmes, appelées conhospitae, qui participaient à la distribution <strong>de</strong> la communion sous les <strong>de</strong>ux espèces. Aux yeux <strong>de</strong>s évêques, ces pratiques, et notamment le culte célébré <strong>de</strong> manière ambulante, apparaissaient comme une menace pour le clergé établi. C’est très certainement à la naissance d’une paroisse bretonne primitive que nous fait assister ce document. Le culte, célébré <strong>de</strong> maison en maison, pourrait renvoyer à une communauté <strong>de</strong> migrants qui n’étaient pas parfaitement installés. D’après Bernard Tanguy, le nom <strong>de</strong> Languédias proviendrait <strong>de</strong> Lann-Catihern (monastère ou ermitage <strong>de</strong> Catihern) et pourrait être le lieu <strong>de</strong> l’ermitage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux prêtres en question. En ce cas, Languédias, qui coupe l’ancien territoire <strong>de</strong> Mégrit en <strong>de</strong>ux, apparaît d’abord comme une formation plus récente: un Lan venant se créer sur un territoire plus ancien. La paroisse <strong>de</strong> Languédias est aussi considérée comme un démembrement <strong>de</strong> Plélan dont elle forme l’extrémité sud, elle-même paroisse bretonne primitive qui a dû se créer au détriment <strong>de</strong> Corseul. Il paraît alors logique <strong>de</strong> rencontrer, dans cette ancienne capitale gallo-romaine, un prêtre gallo-romain Sparatus se plaignant <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>s nouveaux arrivants : B. Tanguy, 1992, p. 111 ; - L. Fleuriot, 1982, p. 192 ; - M. Planiol, 1953, t. I, p. 278-279. L4-013 - Fondation <strong>de</strong> la paroisse <strong>de</strong> Plélan, d’après B. Tanguy, d’après Merdrignac, 2003. © 13