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Les voies romaines du Berry

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LES<br />

VOIES ROMAINE( DU BERRY<br />

E<br />

avec une carte<br />

4.<br />

PAR<br />

ÉMILE CHÈNON<br />

PROFESSEUR A LA FAccLri DE DROIT Or. eARS<br />

A?.GIRN LtRE DE LtOLE POLYTECHNIQUE<br />

MEMBRE. RÉSIDANT DE. LA SOCItT ORS AHTIQUAIHr.S 0E FRANCS<br />

LIBRAIRIE<br />

OR 'R sociÉTÉ DII<br />

RECUEIL SIREY<br />

LÉON TENIN, Directeur<br />

- 22 Rue Soutitol, PARiS, 5'<br />

1922 -<br />

J<br />

LI<br />

t


LES<br />

VOIES. ROMAINES DU BERRY<br />

INTRODUCTION<br />

1. Bibliographie <strong>du</strong> sujet. - En 4845, dans son fusoire<br />

<strong>du</strong> Iierry, MI de Ilaynal a rassemblé en un lableau<br />

(Fensemble toutes les notions, très insuffisanles, que l'on<br />

.possédait de son temps sur les VOiES <strong>romaines</strong> <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>(4).<br />

Depuis cette époque, beaucoup d'études partielles ont été<br />

publiées, notamment: - en 1854, les Recherches archéologiques<br />

autour de Saint-Benoît-<strong>du</strong>-Sauit d'ÈLie de<br />

Beaufort (2); -. en 4803, les Voies <strong>romaines</strong> dans les<br />

environs <strong>du</strong> Blanc et d'Argenton de Ni. de la Tremblais(3);<br />

- en 4873. les Voies <strong>romaines</strong> dans l'arrondissement<br />

dit de M. l'abbé Voisin, dans les environs<br />

d'A?qenton de M. Lenseigne, et dans l'arrondissement<br />

d'lssou<strong>du</strong>n de, M. Gaillard (4); - en 3878, la Voie<br />

(.1) De Raynal, Histoire die .<strong>Berry</strong>, Borges, 185, in-S', tome t, p. 04-<br />

112, et-la carte.<br />

(2)Élie de Beaufort, Recherches archéol. clatis les environs de Saint-<br />

Benolt-<strong>du</strong>-SalsIt, dans les Mémoires des Antiq.. de ,I'Ouest, année 1851;<br />

- Nouvelles recherches ( <strong>voies</strong> rom. d'Argentun à Limoges), résumées par<br />

son fils dans le Compte-ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> 40' Congrès arehéol. de France, tenu<br />

à cllaLeauroux en 1873, Paris, 1874, in-8', p. 25-32.<br />

(3) Do la Tremblais, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> dans les environs <strong>du</strong> Blanc<br />

et d'Argenton, avec carte, dans les Comptes-ren<strong>du</strong>s de la Société. <strong>du</strong><br />

<strong>Berry</strong>,. année 1868-1864.<br />

(4) Abbé Voisin, Topographie et monuments gallo-romains de l'orrond.<br />

<strong>du</strong> Blanc, dans le Compte-ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> 40' Congrès archéol.. supra<br />

eU., p. 89-105 - Lenseigne, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> rom, dans les env. d'Argentan,<br />

CHo<br />

r<br />

Document<br />

OOOOOO53 PLJ<br />

L-.-- -


6 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

romainede Bourges à 0i1éans de M. Georges Vallois (1);<br />

- en 1893, les. Voies <strong>romaines</strong> dAvaricum par le<br />

même (e); —en 1898, les Voies <strong>romaines</strong> dans le Citer<br />

de M. Daniel Mater (3); - en 1905 enfin, les recherches<br />

autour «A igurande de M. Gabriel Martin (4).<br />

Ces diverses études contiennent beaucoup de renscigrieincnts<br />

utiles et ont éclairci maintesquestioTis de détail.<br />

Mais elles présentent ce caractère commun de se limiter,<br />

soit aux environs d'une Ville, soit à un arrondissement<br />

ou à un département. Nous ne saurions trop nous élever<br />

contre le choix de circonscriptions aussi factices que le<br />

département ou l'arrondissementil est impossible avec<br />

elles de saisir le plan d'ensemble qui a présidé à l'étahlis<br />

sement des Voies <strong>romaines</strong>, établissement qui a.été fait,<br />

au moins pour les vies principales (vie publicie et<br />

vicinales) (5), d'après un programme préconçu et imposé:<br />

ibid., p. 267-293; - Guillard, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> rom, dans Z'arrond. dIssou<strong>du</strong>n,<br />

ibid., p. 304-340.<br />

(t) G. Vallois, Le camp de liaute-Brune et la voie rom. de Bourges<br />

à Orléans, dans les Md»,. des Ani. <strong>du</strong> Cent r e, tome VI (1878), p. 29-89.<br />

(2) G. Vallois, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> rom. d'Avarieun,, dans les mêmes 1,1dm., terne<br />

XIX (1893), p. 51.85.<br />

(8) D. Mater, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> rom, dans le dép. <strong>du</strong> Cher, In. de 60 p. (extrait<br />

<strong>du</strong> Compte-ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> 65' Congrès arahéol. de France, tenu à Bouges<br />

es? 1898). - On peut y joindreles renseignements épars dans la Statistique<br />

monumentale <strong>du</strong> dép. <strong>du</strong> Cher, d'A. Buhot de Kersers, Bourges, in-4',<br />

S vol. (1875-1899).<br />

() G. Martin, Aigurande depuis l'époque gauloise jusqu'à nos jours.<br />

Guéret, 4905, in-8' chemins gaulois et <strong>voies</strong> rom., P. 38-83.<br />

(5) On sait que les Romains divisaient les toutes ou vine en trois catégories<br />

vins publicae, vicinales, et privatae. <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> publiques étaient<br />

appelées aussi regales, consulares, praetoriae, ou militaret: leur sol<br />

appartenait au peuple romain, et était ren<strong>du</strong> public par l'autorité compétente.<br />

Elles aboutissaient ordinairement ii La mer, à des fleuves, à des villes, ou à<br />

d'autres <strong>voies</strong>milllaires. <strong>Les</strong> viaeprivarae, appeléesaussi agra ria, appartenaient<br />

aux particuliers qui les avaient établies; leur sol n'était plis public.<br />

<strong>Les</strong> viae vicinales ou paganicae étaient des chemins con<strong>du</strong>isant à des<br />

vici, Ou divergeant d'une voie publique pour desservir la campagne, ou<br />

reliant ensemble deux <strong>voies</strong> publiques; quelques-unes se terminaient sans<br />

issue. On les considérait généralement comme publiques; mais Ulpien fait<br />

remarquer qu'elles pouvaient être privées, si leur sol avait été fourni par


INTRODUCTION. 7<br />

d'autorité. Ce plan d'ensemble n'a pas jus'qu'à présent fait<br />

l'objet d'une étude attentive c'est une lacune que nous<br />

voudrions essayer-de combler pour la civitas des Bituriges<br />

Cubi,-c'eslrà-dire pour le <strong>Berry</strong>.<br />

2. Généralités sur les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>. - Auparavant,<br />

il est utile de rappeler quelques principes. <strong>Les</strong> <strong>voies</strong><br />

<strong>romaines</strong> les plus importantes ont été construites sous<br />

lé haut-empire; quelques-unes même, établies dès le<br />

1er siècle, ont dû être restaurées au milieu <strong>du</strong> in 5 (4). Or<br />

il est évident qu'au début de J'empire, un grand nombre<br />

des localités <strong>romaines</strong> qu'on trouve mentionnées au<br />

vi e siècle n'existaient pas encore : les villes qu'il s'agissait<br />

de relier ensemble étaient des villes existant déjà;<br />

par conséquent des villes, celtiques. Quand il s'agit'de<br />

localités d'origine romaine, généralement postérieures<br />

aux <strong>voies</strong> déjà établies, il est rare qu'elles bordent les<br />

<strong>voies</strong> le plus souvent, elles sont situées à une certaine<br />

distance, à 2 ou 3 k-ilomètres'par exemple, CL la voie<br />

romaine a servi à délimiter les paroisses dont elles sont<br />

devenues les chets-lieux (2). C'est un fait qui a été très<br />

fréquemment constaté, et qui peut servir à retrouver<br />

certaines <strong>voies</strong>. MM. Aurès et Vailois ont même observé<br />

des particuliers. Le; vice publicac étaient sous la surveillance de curatores,<br />

viarum, créés vers la fin de la République et placés sous l'autorité des<br />

gouverneurs de provinces; les vice vicinales étaient sous la surveillance<br />

des snagistri pagorum. Sur ces divers p'oints, err. Sicules Flaccus, Lie<br />

cond. agroruflI, éd. Lachmaon, Berlin, 18&8, in-8', p. 146; - Ulpico, au<br />

Digeste, XLIII, 7, fr. 3, et 8, fr. 2, § 22; - et pour les détails.: Serrigny,<br />

Droit public et administratif romain, Paris, 1862, in-8 0, tome 1,<br />

n°' 539-540; - et surtout l'excellent article de Victor Chapot. v' Via, dans<br />

le Dictionnaire des Antiq. grecques et <strong>romaines</strong> de Dareozberg et<br />

Saglio, rascic. 50(4915), p. 782 et 189. -<br />

(1) crr. l'inscription <strong>du</strong> milliaire de Trouy, qui concerne l'empereur Maximin<br />

et le césar Maxime, et se termine ainsi o Vias et pontes vetua[tate<br />

conlap]sas restitueront o [dans de Raynal, ibid., p. 96; - Buliot de<br />

Kerscrs, Epigraphie <strong>du</strong> Cher, dans le Cdmpte-ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> 40' Congrès<br />

aru-héol., op. ait., p. 195-200; - Corpus Inecript. lat., n° 8940].<br />

(2) Ernest Desjardins et Lumignon, Géographie de la Gaule romaine,<br />

Paris, in8', tome IV (1893), P. 234.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

que souvent les angles de ces limites paroissiales coïncidaient<br />

avec l'emplacement des colonnes milliaires, qui<br />

étaient des bornes toutes trouvées (4).<br />

M, Vailois a'également remarqué que dans les bitsfonds,<br />

1h où le terrain marécageux faisait redouter l'invasion<br />

de l'eau, les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> se distinguent par<br />

l'élévation de leur chaussée (2). 11 aurait pu ajouter qu'au<br />

Moyen OEge on a profité 4e cette élévation, qui atteint<br />

quelquefois 3 ou 4 mètres (3), pour transformer les <strong>voies</strong><br />

<strong>romaines</strong> en chaussées d'étang il suffisait pour cela de<br />

boucher'par une ' pelle , le ponceau sous lequel coulait le<br />

ruisseau de la vallée. Nous aurons plus loin la••preuve<br />

que les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> ont été ainsi fréquemment utilisées<br />

: c'est encore un fait qui peut servir à les retrouver(4).<br />

Nous attachons à ces deux indices beaucoup plus<br />

d'importance qu'à celui que peut présenter une trouvaille<br />

plus ou moins considérable de débris romains. Beaucoup<br />

trop d'auteurs s'imaginent qu'il suffit d'avoir découvert<br />

quelque villa ou vkus, ou même quelque tegula, pour<br />

conclure à l'existence d'une voie romaine. <strong>Les</strong> Romains<br />

ne les ont pas prodiguées ainsi; et à force d'en voir partout,<br />

on arrive à ne. plus discerner nettement les <strong>voies</strong><br />

authentiques (5).<br />

t) Aurès, Revue archdol., tome 34 (1877), p. 207; - G. Vallois, Voies<br />

d'Avaricuin, loc. oit., p. 5.3, 58, 63, etc.<br />

(2) G. Vallois, Le.camp de Haute-Brune, lac. ait., p. 42-48; Voies<br />

d'.4variown, toc, ait., p. 43. Cfr. Savy, MIni-. sur les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong><br />

de la Marne, dans le Corrfpte-,'e'n<strong>du</strong> <strong>du</strong> Congrès archéot. tenu à Chi-<br />

Ions-sur-Marne en 1855; - et Cimille Jullian,,.Histoire de la Gaule,<br />

Paris, in-8', tome V (1920), p. 121-122. -<br />

(3) V. Chapot, lac, ait., p. 786.<br />

(4) Parfois on retrouve la voie romaine au milieu de l'étang: elle apparali<br />

quand il est k sec. -Dans ce cas, c'est qu'une seconde chaussée, plus élevée<br />

que la voie romaine, a été construite, en aval - de celle-c!, pour agrandir<br />

l'étang jugé trop petit.<br />

(5) Nous ne parlons, bien enten<strong>du</strong>, que des viae publicac et vicinales,<br />

les seules qui fussent cc construites n. Nous laissons de côté les vice privatas,<br />

simples chemins de terre, qui pouvaient étre en nombre indéfini,


- INTRODUCTION. 9<br />

3. Leprogranznze des, <strong>voies</strong> rornaznes dans le <strong>Berry</strong>.<br />

- Appliquons ces frmncipes aux <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> de la<br />

tintas des Bituriges Cubi, comprise dans la provincia<br />

.4quitania. Un premier point celiain, c'est que . sa capitale<br />

Avarieum (Bourges), qui était en mArne temps la<br />

capitale de la province, a été rattachée d'abord à toutes<br />

les capitales des civitates environnantes, c'est-à-dire à<br />

(Jaesaro<strong>du</strong>nurn (Tours), chef-lieu de la civitas des<br />

Turones; Limonura (Poitiers), chef-lieu de la civitas des<br />

Pictavi; Augustoriluin (Limoges), cher-lieu (le l'a<br />

des Lernovices; Auguslonenietunt (Clermont), rein-'<br />

plaçant Gergovia comme chef-lieu des Arverni; Auqusto<strong>du</strong>nuni<br />

(Autun). remplaçant. Bibracte comme chef-lieu<br />

des Ae<strong>du</strong>i; et entin.Autricumn (Chartres), chef-lieu des<br />

Carnuti. [1 faut ajouter Luq<strong>du</strong>nun? (Lyon), lieu d'assemblée<br />

<strong>du</strong> concilium des Tres Galliac, et étape obligée<br />

sur le chemin de Reine : cela fait au total 7 grandes<br />

<strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> qu'on doit s'attendre à voir sortir d'Anaricu?n<br />

(I).<br />

Un second point certain, c'est qu'Anaricurn a été rattachée<br />

aussi aux principales villes celtiques existant, soit<br />

dans les limites mômes de la civitas des Bituriges, soit<br />

sur ses confins immédiats. Or les textes, et notamment<br />

l'itinéraire d'Antonin et la Carte de Peutinger (2),<br />

mentionnent - 40 dans le premier groupe, c'est-à-dire -<br />

intrà fines Gabrae (Gièvres); nier = forteresse<br />

de l'Arnon (Saint-Ambroix); Alerta (Ardente); Argen-<br />

comme nos chemins d'exploitation actuels. C'est la « construction n qui fait,<br />

tomme le remarque M. Jullian, ibid., p. i07 t l'originalité véritable de la<br />

route romaine n. -.<br />

(n Cfr. Daniel Mater. op. C'•) p. 7; - et C. Jullian, ibid., p. 101: « On<br />

peut admettre comme un principe de la voirie romaine, que chaque métropole<br />

de peuple, si petite fût-elle, devait ètre mise en relations directes avec<br />

toutes les métropoles environnantes, et par elles, de pboche en proche, avec<br />

tout l'empire ». -<br />

(2) Sur ces deux documents, cfr. E. Desjardins et Longnon, op. oit,,<br />

p. 36-88, 72-83. -.<br />

p ,,.


40. LES VOLES ROMAINES DU BERRY.<br />

lornagus (.Argenton); MediolanSz (Châteaumeillant);<br />

Neriomaqus ou Aquae Neri (Néris) ;Cantilia (Chantdllela-Vieille),<br />

sur la Bouhle, en amont de Chântelle-le-Chateau;<br />

Borvo. Borbo, ou Aquae Bormonis (Bourbonl'Archemhaud);<br />

Tinconiizin ou Gincontiuni (Sancoins);<br />

villes auxquelles l'étymologie permet d'ajouter: taro-<br />

briva = pont-sur-Cher (Cliabris); Mag<strong>du</strong>nurn (Mehunsur1ndre<br />

et Mehun-sur-Yèvre); Exoi<strong>du</strong>nuni (Issou<strong>du</strong>n);<br />

Gabatu?n (Levroux); Briva pont (Brive), sur la Théols;<br />

Aguran dia (Aigurande), sur la Bouzanne; Derventunz<br />

(Drevant), sur le Cher; Dunurn (DunleRoy); Âvuldr,ia<br />

(Le Veurdre), sur l'Allier; Goito eu Gasirum Gordonis<br />

(Saint-Satur. près Sancerre), et Salobriva =. pont-sur-<br />

Sauldre (Salbris);<br />

2 0 dans le second • groupe, c'est-à-dire exlrà -fines<br />

Tasciaca (Thésée), sur le Cher; Igoranda (lngramle) =<br />

limite, tra<strong>du</strong>it en latin par Fines, sur I'Anglin; Pradoriumrqu'on<br />

a longtemps idenlifiéavec Bridiers et qu'on<br />

identifie maintenant avec le Puy-de-Jouêr, près Saint-<br />

Goussaud (Creuse); Àcilo<strong>du</strong>num (Ahuri), sur la Creuse;<br />

Deocidac ou Decetia (Decize), sur laloire; iVevirnurn<br />

(Nevers); Cona'afe (Co gne), au confluent de la Loire et<br />

<strong>du</strong> Nohain; I3rioo<strong>du</strong>runi (Briare); Genabuin (Orléans);<br />

villes auxquelles l'étymologie permet . d'adjoindre<br />

Dunum (Dun-en-Matclie, devenu plus tard Dun-le-Palesteau);<br />

Gambiomagus (Chambon-Sainte-Croix), sur la<br />

petite Creuse; Canibiosnagus (Chamhon-sur-Voueize),<br />

au confluent de la Voueize et.de la Tarde; Donobriurn<br />

(ChftLel-Deneuvre), sur l'Allier; Vg7'ande, près Bourbonl'Archemhaud;<br />

Novio<strong>du</strong>nusn, dont M. Soyer a démontré<br />

l'identité avec Neung-sur-Beuvrori (1).<br />

(1) Cfr. J. Soyer, .Etude critique sur le nom et l'emplacement dc<br />

deux oppida celtiques mentionnés par César, dans les Mém. des Âne.<br />

<strong>du</strong> Centre, tome 2S, p. 8-13 - E. Chénon, Le pays de <strong>Berry</strong> et le détroit<br />

de sa Coutume, dans la Nouvelle Revue histor. de droit français et<br />

étranger, année 1015, p. 573 [tirage à part, p. ]


INT800IICT1ON. Il<br />

Un troisième point certain, c'est que les plus importantes<br />

de ces villes d'origine celtique étalient rattachées<br />

entre elles , et par suite étaient devenues le centre<br />

d'une « étoile » de <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>, comme cela arrive<br />

aujourd'hui pour' les chefs-lieux de département ou<br />

d'arrondissement nous le constaterons spécialement<br />

pour Chabris, Levt'oux, Déols, Le Blanc, Argenton, Aigu<br />

ronde, Chateaumeillant, Néris, Bourbon-l'Archemhaud.<br />

et Saint-Satur (4).<br />

4. Observations sur le tracé de.î <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>. -.<br />

Etant donné ce programme, comment les Romains l'ont<br />

ils exécuté? Autrement dit, comment ont-ils déterminé<br />

le tracé de leurs <strong>voies</strong>? Ici apparait leur esprit pratique.<br />

Il ne faudrait pas croire en effet, comme on le dit souvent,<br />

qu'ils ne s'écartaient jamais de la ligne droite. Ils<br />

tenaient au contraire grand compte (le deux choses<br />

- I o des localités qui se trouvaient dans la direction <strong>du</strong><br />

point à atteindre, et qu'il était logique et économique de<br />

desservir par la nouvelle voie, d'autant plus que souvent<br />

elles pou'ajent l'être déjà par un chemin celtique<br />

qu'il n'y avait qu'à élargir et à restaurer (2); - 2 0 des<br />

obstacles naturels qu'ils rencontraient sur leur route.<br />

D ans la civifas liiturigum, il ne. pouvait être question<br />

de chaînes de montagnes à peine çà et là quelques<br />

collines, qu'il était facile de contourner; mais il y avait<br />

des cours d'eau plus ou moins considérables : la Loire,<br />

sur la frontière orientale; lei Cher, avec ses affluents<br />

à droite, l'Yèvre, l'Âuron, la .Sauldre; à gauche, I'Arnon,<br />

la Théols, le Foïizoti; l'Indre; la Creuse, avec -ses<br />

affluents : à droite, la Petite-Creuse, la Gargilesse, la<br />

(t) Cfr. C. Jullian, ibid., p. 102 et 106.<br />

(2) C. hillian, ibid., p. 106 « ces routes <strong>romaines</strong> unissaient les chefslieux<br />

des cités; mais la plupart sont d'origine indigène, et, avant l'arrivée<br />

de César, des roules les rejoignaient déjà, directes et bonnes, puisque le<br />

proconsul put courir sur leur chaussée presque aussi vite que sur les dalles<br />

de la voie Appieune


12<br />

LES VOLES ROMAINES DU BERRY;<br />

Bouzanne, la Claise; à gauche. la Sédelle, l'Anglin avec<br />

l'Abloux et la Benaize. Or; de deux choses l'une, la rivière<br />

se présentait normalement ou parallèlement à la<br />

direction à suivre. Quand 'elle se présentait normalement,<br />

il fallait la traverser de là, la nécessité de faire<br />

aboutir la voieprojetée à un gué, ou à un endroit propice<br />

à l'établissement d'un bac, ou à un pont déjà existant<br />

comme celui de Chabris, sur Je Cher, ou de Saibris.<br />

sur la Sauldre, sinon à un emplacement favorable pour<br />

en construire un. Quand la rivière se présentait parallèlement.<br />

les Romains, autant que possible (c'est ni) point<br />

qui jusqu'à présent n'a pas été assez mis en relief), en<br />

suivaient les contours, tantôt sur une rive, tantôt<br />

sur l'autre, parfois sur les deux, selon les facilités offertes<br />

par le terrain et les localités à desservir; la voie<br />

d'eau et les <strong>voies</strong> de terre pouvaient ainsi se prêter un<br />

mutuel appui pour les transports. Ces considérations,<br />

à la fois politiques et économiques, n6 doivent jamais<br />

être per<strong>du</strong>es de vue quand on recherche le tracé des<br />

<strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> dans un pays déterminé.<br />

Ce tracé est souvent difficile - à retrouver, lorsque<br />

la voie n'a pas laissé de vestiges apparents. La difficulté<br />

s'est accrue sensiblement depuis cinquante ans : le<br />

développement de la culture et de la viabilité a fait<br />

disparaitre bien des traces, qui étaient encore visibles au<br />

milieu <strong>du</strong> siècle dernier. Il suffit, pour si en convaincre,<br />

de comparér ensemble les feuilles de la Carte d'Etatmajor<br />

au 80000 le publiées vers 4845 avec les feuilles<br />

revisées au xxe Siècle des <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> qui servaient<br />

encore à la circulation en 4845 et étaient désignées<br />

comme telles, sont maintenant détruites et remplacées<br />

par d'autres routps Quand une voie n'est pas apparente,<br />

il faut pour la retrouver se laisser guider par des indices.<br />

<strong>Les</strong> uns sont fournis pu" latoponomastique; mais tous ne<br />

sont pas d'égale valeur les meilleurs sont lesnoïns de<br />

lieux indiquant qu'une voie y passait, tels que Estréc<br />

1


- INTRODUCTION. - - 13<br />

(strata) (4), ou La Chaussée, ou encore les appellations<br />

traditionnelles données à de vieux chemins, comme<br />

« levée ou chaussée de César », « chemin des Romains n.<br />

<strong>Les</strong> chemins antiques qui limitent deux paroisses 'u noms<br />

romains, des chaussées d'étang; des camps romains<br />

situés près des gués où un vieux chemin traverse une<br />

rivière, sont encore des indices, dont il faut user avec<br />

prudence, mais qui peuvent être précieux pour retrouver<br />

une voie dont l'existence est par ailleurs certaine ou au<br />

moins très probable (2).<br />

5 Milliaires et itinéraires romains; la lieue gauloise.<br />

- Parmi les <strong>voies</strong> certaines, outre celles dont les'traees<br />

sont encore apparentes, il y a celles qui sont mentionnées<br />

sur les bornes milliaires retrouvées (3), sur l'itinéraire<br />

d'Antonin, et sur la Carie de Peulinger. Ces trois<br />

sources de renseignements offrent ceci d'important<br />

qu'elles indiquent des stations de la voie et en même<br />

temps les distances qui les séparent. Malheureusement,<br />

d'une part, les indications des milliaires sont souvent<br />

frustes et par suite difficiles il d'autre part,<br />

les chiffres donnés par l'itinéraire dAntonin et la Carte<br />

de Pèutinger ont été souvent altérés par les copistes et<br />

né correspondent pas h la réalité il faut les re'ctiflct'.<br />

Enfin on n'est pas d'accord sur l'unité de mesure dont<br />

()<br />

Un nom lei que Subrray, dérivé de Sub-,trata, indique qua la voie<br />

passait à une certaine distance. Le mot strata napparait sur les bornes<br />

milliaires que dans la première moitié <strong>du</strong> 111' s., et un siècle plus tard<br />

seulement dans les textes littéraires (V. Chupot. toc, oit., p. 782).<br />

(2) Pour pins de détails, cfr. Desjardins et Lorgnon, o. oit., 1.1V, p.2 2 4-<br />

286.<br />

(S) On courait 4 milliaires appartenant au territoire des Bituriges Cubi.<br />

Ils porteoL dans le Corpus iiascriptionurn 1atinar.ssn., tome XIII,<br />

les n" 8922 et 8923 milliaires trouvés dans le cimetière d'Alichamps, non<br />

loin de leur place primitiGe ; 5940 milliaire trouvé à Trouy (Cher), mais<br />

dont la place primitive est inconnue; 8941 milliaire trouvé , à Bourges<br />

rue Carolus (même observation). Il faudra y joindre quelques autres bornes<br />

milliaires découvertes dans les cinitates voisines, et intéressant des <strong>voies</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>Berry</strong>. -,


14 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

les Romains se sont servis dans la Gaule centrale.<br />

C'était la lieue (leuga), niais quelle lieue? D'après la<br />

majôrité des auteurs, la lieue employée par la Carte de<br />

Peutinger est la lieue dérivée <strong>du</strong> mille romain, c'est-àdire<br />

égale à un mille et demi, soit 2222 m, le mille ayant<br />

une longueurde 1 481- 1 ,50. C'était la lieue officielle, comme<br />

il résulte des textes d'Arnmien Marcellin et de Jordanès(1).<br />

Mais deux antiquaires, MM. Pistollet de Saint-1?erjeux<br />

et Aurès, ont fait observer que, le pied gaulois et le pied<br />

romain devant avoir une valeur différente, le pas et par<br />

suite le mille et la lieue ne pouvaient pas avoir à Rome et<br />

en Gaule la môme longueur. D'après Pistollet de Saint-<br />

Ferjeux, la lieue, gauloise aurait eu 12415 ,11, et d'après<br />

M. -Aurès, 2436m (2). L'observation de ces savants parait<br />

très juste; mais jusqu'à présent aucun fait ne [',a<br />

(3).<br />

• 1l est une autre remarque importante qu'il convient de<br />

faire sur ces distances. .11 ne suffit pas, pour les retrouver,<br />

de les mesurer, sur la Carte 'd'État-major nec un<br />

• décimètre ou un compas. <strong>Les</strong> mesures ainsi obtenues<br />

sont toujours trop courtes. La différence n'est pas sensible<br />

dans les plaines de Bourges ou de Chilleauroux; mais<br />

elle devient très notable dans tous les pays accidentés,<br />

comme la partie au <strong>Berry</strong> avoisinant la Creuse. Avec une<br />

pente de 5' par mètre, ce qui n'a rien d'excessif, la<br />

mesure qui sur la carte représente I kilomètre correspond<br />

sur le terrain à 4100m; celle qui représente 222m<br />

(1) Ammien Marcellin, XVI, 12 « Et quoniam, n loco nnde Romana<br />

promala surit signa ad usque valium barbaricum, quarta leuga signbatur et<br />

decinia id est unum et viginti taillis passuuus n ; 14 lieues = 21 milles,<br />

donc la lieue vaut un raille et demi; - lordanès, De rebats Gecicis, 36<br />

o Levage autem Gallica mille et quingeruorurn passuum quantitate metiuntur r'.<br />

(2) Pislollet de Saint . Ferjeux, Mianoire sur l'ancienne lieue gauloise,<br />

Langres et Paris, 1552, in-S-, 56 p. ; - Aurès, De b. lieue gauloise,<br />

<strong>du</strong> pas et <strong>du</strong> pied gaulois, Paris, 1865, hr. in-8', 10 p., et Note sur le<br />

pied gaulois,- Paris, 1868, br. in-8° de 9 p.<br />

(3) Cfr. Desjardins et Loagnon, op oit., p. 24-25.


INTRODUCTION. 15<br />

correspond en réalité à 2444 mètres. Si la route est montueuse<br />

et passe, tantôt au-dessous de<br />

l'horizontale<strong>du</strong> pointdc déparL l'écart entre les distances<br />

sur la carte et sur le terrain 's'accroit. On voit qu'il est.<br />

indispensable, pour retrouver, les bornes milliaires, de<br />

tenir compte des pentes des <strong>voies</strong> et de se livrer à un<br />

calcul minutieux;<br />

Ce n'est pas tout. <strong>Les</strong> distances données par les bornes<br />

milliaires et les deux itinéraires d'Antonin et de Peutinger<br />

sont toujours exprimées, en un nombre entier de<br />

lieues; il n'y a jamais de fractions. Ces distances ne sont<br />

donc qu'approximatives; c'est encore un point dont il<br />

faut tenir compte dans la recherche des emplacements<br />

de bornes milliaires. - Il faut déterminer aussi dans quel<br />

sens le mesurage a eu lieu. Certaines villes importat\tes<br />

servaient de point de départ (caput viarunz), telles que<br />

Lyon pour les yoies qui en partaient(1). Ordinairement on<br />

edmptaità partir <strong>du</strong> chef-lieu de la civitas jusqu'à la<br />

limite de son territoire, ou plus exactement jusqu'à la station<br />

appelée Fines, qui formait la station terminus, et<br />

qui pouvait être située, soit un peu en deçà, soit un peu<br />

au delà de la frontière (2).<br />

(!) Ammien Marcellin, xv, il s Qui bous (Lug<strong>du</strong>num) exordium est<br />

Galliarum, exindeque non mienne passibus, sed leugis ilinera metiuntur n;<br />

- Table de Peucinger nLug<strong>du</strong>no celant Calliarum osque hic loges u.<br />

(2) Sur lis divers Fines de Gaule, arr. Desjardins et Longuon, op. ait.,<br />

tome IV, p. 15, 19, 20, 31, 35, 40, 41, 44, 52, 63, 67, 68, 134, 138, 139,<br />

146 k 149. 151, 152, 156; - ale.<br />

/


C11APITBE I<br />

VOIES ROMAINES SORTANT D'AVARIGUM<br />

1. - Voies reliant Avaricutn aux chefs-lieux<br />

des civilates voisines. -<br />

6. Voie d'Avaricu,n à l'ours par Vierton. - Sous lebénéfice<br />

des observations qui précèdent, étudions une à<br />

une les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> qui ont jadis sillonné le <strong>Berry</strong>.<br />

Avaricum 'avons-nous dit, avait été reliée d'abord aux<br />

capitales des civitates 'voisines Tours, Poitiers, Limoges,<br />

Clermont, Autun, Sens, Chartres,- et aussi à Lyon.<br />

Nais comme l'enceinte de Bourges n'avait que trois<br />

portes, plusi6urs<strong>voies</strong> sortaient par la même porte et ne<br />

se séparaient qu'à une certaine distance, en un point qui<br />

formait, soitun trivia, soit un quadrivia, selon l'expression<br />

latine. MM. Vallois et Mater ont bien montré que<br />

les <strong>voies</strong> de l'ouest et <strong>du</strong> sud sortaient d'Avaricum « par<br />

la porte oronoise» ou porte d'Auron, et se séparaient,<br />

après avoir traversé la rivière, , à la Croix Moult-Joie, où<br />

elles formaient un triria. <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> <strong>du</strong> sud-est sortaient j<br />

par la porte de Lyon, et les voie <strong>du</strong> nord-est, <strong>du</strong> nord,<br />

et <strong>du</strong> nord-ouestparla porte Gordaine; ces dernières ne<br />

se séparaient qu'après avoir traversé l'Yèvre, au pied de<br />

la butte d'Archelet (1). Commençons pat , la porte d'Auron.<br />

(1) Cfr. Albèrt des Méloizes, Bourges travers l es âges, Bourges, s. d.<br />

(1905 à 1907), in S', P . 3940; - et Daniel Mater, op, Cit., P. 81. -


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 17<br />

La première voie qui en sortait était celle d'Avaricuni,<br />

à Caesaro<strong>du</strong>num (Tours). Dans cette direction se trou-,<br />

vaient deux localités celtiques, Gabrae (Gièvres), et Tasciaca<br />

(Thésée); de plus le Cher, qui se présentait d'abord<br />

normalement, finissait par devenir parallèle au tracé gén(ral<br />

de la voie à établir. Or la Carte de Peutinger indique<br />

précisément comme stations de cette voie «<br />

ricuni XXIV. Gabris XXIV. Tasciaca. Gaesaro<strong>du</strong>nuin<br />

» (1). Ces données numériques sont certainement<br />

inexactes de Thésée à Gièvres, il n'y a que 31 kil. = 44<br />

lieues gauloises; et (le Gièvres à Bourges, à vol d'oiseau,<br />

il y a plus de 60 kil. = 27 lieues gauloises; avec les détours<br />

forcés de la route. il faut compter au moins 29<br />

lieues. Il est donc probable que les chiffres de la Carte<br />

de Peutinger doivent être ainsi rectifiés « Avaricuni<br />

XXIX. Gabris XIV. ï'asciaca: Caesarwjununi s.<br />

La première partie de cette route est bien connue. Depuis<br />

la croix Moult-Joie jusqu'aux abords de Vierzon. la<br />

Carte d'Etat-rnajor, dressée en 1846, en a conservé le<br />

tracé, qui suivait la rive gauche de l'Yèvre, et les vignerons<br />

limitrophes l'appellent encore la e chaussée de César<br />

s (2). Se dirigeant d'abord vers l'ouest, elle atteignait,<br />

à la 2° borne rnilliaire l'angle nord-est de la<br />

paroisse de la Chapelle-Saint-tirsin, qu'elle séparait pendant<br />

1500 mètres de celles de Bourges et de Marmakne.<br />

Ala 4' borne milliaire, où, nous le verrons, devait se<br />

'trouver une bifurcation, elle remontait vers le nordouest,<br />

atteignait à la 6 0 borne l'angle sud-ouest de la paoisse<br />

de M ehun-sur-Yèvre, qu'elle séparait pendant 4700<br />

mètres de celle de Marmagne, passaitau lieu-dit Tz'écy (3),<br />

ensuite près de Mehun, dont le nom Mag<strong>du</strong>nunt indique<br />

(1) Cfr. Desjardins et Loognon, op. oit., p. 144.<br />

(2) Cfr. G. Vallois, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> d'Avarieum., toc, oit., p. 66.<br />

(3) A 2.200 mètres à l'ouest de Trcy, au hameau de Mareay (i'.farciaous),<br />

des ruines <strong>romaines</strong> d'un caractère remarquable ont été découvertes en 1875<br />

(B. de Korsefs i Statistique, op. cil., tome V, p. 252-253).'<br />

CIIaN0N. 2


18 LES VOIES ROMAINES DU -BERRY.<br />

une. origine celtique(4), puis près de Foey, où elle est<br />

magnifique de conservation » (2), et atteignait enfin<br />

'l'Yèvre aux abords des forges de Vierzon (3). Là, on la<br />

perd, etjusqif'à Villefranche son tracé devient incertain<br />

II est évident toutefois que la voie devait traverser Vierzon,<br />

qui fut certainement tin oppi<strong>du</strong>m gaulois avant de<br />

devenir un caflru»z romain (4), puis côtoyer la rive<br />

droite <strong>du</strong> Cher, et passer par Méry (Mariacus), où l'on a<br />

trouvé (le nombreux vestiges romains (au sud <strong>du</strong> bourg<br />

et sir la place même) (5), puis par Tlténioux, Châtres,<br />

Langon, et Villefranche. De Villefranche à Gièvrés, elle<br />

devait suivre le chemin qui relie ces deux villes, et qui,<br />

pendant une lieue gauloise exactement, sert de limite<br />

aux circonscriptions paroissiales dnt elles sontles chefslieux.<br />

C'est là, nous semble-t-il, la voie visée par la'Carte<br />

de Peutinget' (6).<br />

7. Voie d'Avaa'ieunt à Tours par Cliabris. - Mais<br />

avant d'aller plus loin, il est nécessaire de faire observer<br />

que.M. Guillard, qui a patiemment exploré les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong><br />

aboutissant h Chabris (Carobriva), en a découvert<br />

une qu'il a suivie jusqu'à Nohant-en-Graçay, et, qui,<br />

d'après sa direction, ne pouvait aboutir ailleurs qu'à<br />

Bourges. MM. Vallois et Mater la considèrent même<br />

comme un tronçon de la voie d'Avaricum à Caesaro<strong>du</strong>nu.nz.<br />

Il est certain qu'on pouvait aller de Bourges à<br />

Tours par cette route, mais sans grand -avantage; car<br />

(I) B. de Kersers, Statistique, op. oit., tome V, p. 276.<br />

(2) Dans toute cette partie, la chaussée de César était si bien- conservée<br />

qu'en 1843, on proposa d'en prendre l'assiette pour établir le chemin de fer<br />

de l3ourges à Vierzon. - Pour toi détails, cfr. la Carte d'Etat-major; - G.<br />

Vallois, lot. oit., p. 66 .-72; - o: Mater, op. oit., p. 56-57.<br />

(3) En mars 1918, en faisant des tranchées pour l'établissement d'une<br />

usine, les troupes américaines coupèrent la voie k plusieurs endroits, tout<br />

près <strong>du</strong> hameau de Somme.<br />

(4) Cfr. B. de Kersers, ibid.; tome VII, p. 334.<br />

(5) Ibid., p. 310.<br />

() Dans le même sens, cfr. Desjardins et Longnon, 01). Oit., tarte.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 19<br />

elle a la même longueur que la première. La difficulté<br />

est de déterminer le tracé de cette voie accessoire entre<br />

Bourges et Nohant. Elle devait , se séparer de la voie<br />

principale vers la 4' borne milliaire, continuant à se diriger<br />

franchement vers l'ouest [tandis que la voie principale<br />

remontait vers-le nord-ouest], de façon à franchir le<br />

cher à Sainte-Thorette (-fl A partir de là, MM. Vallois et<br />

Mater font remonter la voie vers Lury, mais sans raisons<br />

décisives (2). Il est. plus probable qu'elle continuait àSuivrele<br />

chemin actuel de Bourges à Beuilly,passait à Limeux<br />

(temausus),où fut bâti en 697 un petit monastère<br />

de femmes (3), séparait pèndart 2.500 mètres les paroisses<br />

de Limeux aide Lazenay, puis atteignait Reui]ly (lIuilliants),<br />

où les moines de Saint-Denis fondèrent au xi'<br />

siècle un important prieuré c'est là qu'elle devaittraverser<br />

l'Ainon, près <strong>du</strong> moulin <strong>du</strong> Gué, pour gagner ensuite,<br />

presque ,ei ligne droite, par Saint-Pierre (le Jars, le village<br />

de Nohant-en-Graçay, où elle a été retrouvée au lieu<br />

dit La Chaussée (4).<br />

De ce point jusqu'à Chabris, il suffit de résumer les<br />

constatations faites surie terrain par M. Guillard la voie<br />

passait au nord de Graçay, Se confondait avec l'ancien<br />

chemin de Graçay à Villefranche, touchait à Ânjôin, 'au<br />

pont des Places, à la Malardière, cêtoyait la rive droite<br />

<strong>du</strong> Fouzon pendant sept kilomètres, passait à Glatigny,<br />

où fut fondé vers 1100 un prieuré de l'ordre de Fontevraud,<br />

et arrivait à Chahris, la ville <strong>du</strong> Pont, où elle ta-<br />

(I) Cfr. G. Vallois, ibid., p. 73; - D. Mater, ibid.. P. 52-53.<br />

(2) G. Vallois, ibid., p. 73-76; - D. Mater, ibid., p. 53-56. - <strong>Les</strong> indices<br />

relevés par ces deux auteurss'appliquent, nous le verrons plus loià<br />

(n' 49), à une autre voie passant par Lury, la voie de I'Arnon, -<br />

(3) Cf r. E. Chénon, <strong>Les</strong> anciennes possessions de l'abbaye de Saint-<br />

Germain-des-Prés en Bas-<strong>Berry</strong>, n' 1, dans les Mémoires des Antiq.<br />

<strong>du</strong> Centre, tome XXXII (1910), P . 33 et suiv. [tirage àpart, tome il, p. 71<br />

et suiv.J.<br />

- (4) A 8 kil, de Saint-Pierre de Jars, le tradé que nous indiquons passe au<br />

point d'intersection de trois paroisses. , -


20<br />

LIS VOLES ROMAINES DU BERRY<br />

vôrsait le Cher pou la seconde fois (t).Elle rejoignait<br />

alors à Gièvres, où l'oit a découvert de g bains romains<br />

bien conservés,Ja voie principale venant de Vierzon.<br />

Après Gièvres, la voie, désormais unique, côtoyait la<br />

rive droite <strong>du</strong> Cher. Elle franchissait la Sauldre et quittait<br />

le pays Biturige au lieu dit Pont-de-Sauldre. Elle gagnait<br />

ensuite tours, toujours en suivant la rive droite <strong>du</strong> Cher,<br />

par CMtiIlonsur- Cher, Noyers Thésée (Tosciaca),<br />

Bourré, Montrichard, Chissay (Gis.iacus), Chisseaux,<br />

Sivray (Severiacus), cL la Croix de .l3léré (2). L'a M. Mabille<br />

pense que la voie s'écartait <strong>du</strong> Cher pour aller passer<br />

à Pierre, Saint-Martin-le-BeaU, et Montlouis, où elle<br />

aurait rejoint la voie d'Anihoise à TouTrs (3); niais il<br />

indique aussi « une voie de petite communication qui<br />

côtoyait la rive gauche <strong>du</strong> Cher depuis l3léré jusqu'à<br />

Saint-Avertin »,l'ancien Venciacus, en passant par Larçay,<br />

où les Romains possédaient un cairuni considérable<br />

: cette seconde voie était parhllèle à un aque<strong>du</strong>c<br />

qui amenait Tours les eaux de Fontenay (près Bléré) (4);<br />

elle était plus directe que l'autre.<br />

8. Voie d'Avaricum à Poitiers par Argenton et<br />

ingrande. - La voie qui reliait Avaricuin k Liinonum<br />

(Poitiers) est beaucoup mieux connue, et la. Carte d'Etatr<br />

major en donne te tracé presque d'un bout h l'autre . : il<br />

n'y 'a qu'aux abords de Bourges, d'Argentan, et <strong>du</strong> Blanc<br />

que se présentent quelques lacunes. Cette voie est d'ail-<br />

(1) Pour lès détails, crr. Guillard, loc. rit., p. 306-312, et G. Vallois,<br />

ibid., p. 76-79.<br />

(2) cfr. Mabille, Notice sur les divisions territ., de l'ancienne p'ov. de<br />

Touraine, dans la Bibliothèque de lEople des Chartes. 5' série, tome I<br />

(1863), p. 41$;— sur Severiccus, ibid., p. 410; - Lon gnon, Géographie<br />

de la Gaule au r:' s., Paris, 1878, in-S', p. 292;— et d'A rbois de Ju bai nville,<br />

Recherches sur l'origine de la propriété foncière, .et des noms de<br />

lieux habités en Rranee, Paris, 1590, in-8°, P. 316.31.8.<br />

(3) Cl'r. bisbille, ibid., p. 418; cette route est dénommée via publiea<br />

dans un acte de 910.<br />

(4)-Ibid., p. 427; - sur V'eneiaeus et sur le eastrum . de Larçay; ibid.,<br />

p. 412 et 399-400.


LES VOIES ROMAINES [HI BERRY. 21<br />

leurs la plus ancienne de toutes celles qui furent bonstruites<br />

dans le <strong>Berry</strong> elle n'est en effet qu'un segment<br />

de la grande voie militaire de Lyon à Saintes, par Autun,<br />

Dècize, Bourges, et Poitiers, dont la construction fut<br />

ordonnée par Agrippa, pendant son administratio?i en<br />

Gaule, en l'an 22 avant J.-C. (4). Ile .figure naturellement<br />

sur l'Itinéraire d'Antonin,- qui indique les stations d'Erno<strong>du</strong>rum,<br />

Argentornaqus, et Fines, et sur la Carte (le<br />

Peutinger, qui indiqùecelIes d'Âlerta, Argentonlagus, et<br />

Fines (2).<br />

La voie est, selon toute vraisemblance, un ancien chemin<br />

gaulois; car elle relie une série de villes celtiques.<br />

Après avoirdélirnité divei'ses paroisses pendanthuit kilomètres<br />

et traversé le Cher à Saint-Florent, dont le nom<br />

antique semble avoir été Viens Aurius ou Aureus (3)<br />

elle passait près de Civray, où elle est très app&rente et<br />

•où l'on u découvert, en 4879, , des objets antiques (4), à<br />

Erno<strong>du</strong>rum (Saint-Arnbroix), où elle traversait l'Arhon.<br />

et oit atrouvé de très importantes ruines <strong>romaines</strong> (5),<br />

(1) Strabon, IV, 6, § il s ûtdap xz 'AypiŒç ivCEGGEV Ceç<br />

't71V L& Ti-, Kap41ivcov p6v piypi lavzow., xs riç ',&xoutrso<br />

Cfr. Desjardins et Loognon, op. cit., p. 166.<br />

(2) C[r. ibid., p. 67 « Lomounum. Fines XXI tu. Argantomago XXI in.<br />

Erno<strong>du</strong>rom XXVII m. Avaricun, X [LI m. »; - et p. 146 « Argautomago.<br />

Alerta XlIIl. Avaricum XXVIII «, et !8 « Argantomago. Fines. Lernuno<br />

XX. » Ces chiffres ne sont pas entièrement d'accord; ainsi de Bourges à<br />

Argenton, l'Itinéraire d'Antonin donné 13 + 27 = 40 lieues, et la Carie de<br />

Peutinger 28 + 14 = 42 lieues.<br />

(3) Cfr. Mdo,s. des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome XIX, p 276. - C'est là,<br />

selon toute vraisemblance que devait être érigé le milliaire trouvé à Trouy<br />

(suprà, n' 5, en note); cfr. E. Cliénon, Le milliaire de Trouy, dans le<br />

Bulletin des Antiquai r es de France, année 1919, p. 115-124.<br />

() Cfr. B. de Kersers, Statistique, op. oit., tome III, p. 125.<br />

(5) Sur ces ruines, etc. B. de Kersers, ibid., p. 161468;— Adrien Blanchet.<br />

J,es stèles <strong>romaines</strong> de Saint-A mbroirc, dans le Bulletin des<br />

Antiq. de France, année 1909; - et surtout colonel Tijil et P. de Goy,<br />

<strong>Les</strong> découvertes des champs de Saint-Hilaire à Saint-A mbroix, dans<br />

les Mèm.. des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome XXXtV, p. 21-Y8. - E, 1454 cette<br />

voie était appelée iter magnum de Ccloeata JB. de Kersers, ibid., p. 168.


•- -"»'--;<br />

22 LE VOIES ROMAINES DU IÏERRY.<br />

au lieu-dit la Chaussée (près de Ségry), à Brive où elle<br />

traversait la Théols et où le passage était gardé par un<br />

petit camp romain, ' sépara it pendant plus de trois kilomètres<br />

les paroisses de Sassierges - Saint - Germain et<br />

Mâron, etarrivaità Alerta (Ardente), où elle franchissait<br />

l'Indre. Elle traversait ensuite le. hameau de Villebomiers,<br />

puis la forêt de Ciâfeauroux, jusqu'au lieu-dit les Crubliers.<br />

Là, elle prenait' la direction sud pour franchir la<br />

Bouzanne au gué de Venay, à peu près au même point<br />

que laroute départementale de Château roux à Aigurande;<br />

puis reprenait la direction sud-ouest, pour aller, à travers<br />

desétangs et des brandes, traverser le, Creusançais près<br />

de la 'Van, et rejoindre le ehèmin vicinal d'Arthon k<br />

Argenton au lieu-dit ta Bataillerie. Très apparente, clic<br />

suit 'ce chemin jusqu'au ruisseau d'Yvernau qu'elle<br />

traverse, après avoir séparé pendant un kilomètre les<br />

deux paroisses de Voiles et Mosnay. Elle passe ensuite à<br />

-Patras, et de là gagne, par une ligne un peu sinueuse,<br />

Argentomagus ou plutôt Saint-Marcel-lès-Argenton,. où<br />

se trouvait la ville romaine (1).<br />

A Saint-Marcel, la voie commençait à côtoyer la rive<br />

droite de la Creuse jusqu'à Obiinctem (Le Blanc), par<br />

Pont-Chrétien, où elle traversait la Bouzanne, le Petit-<br />

Moulki, où elle traversait le Bouzanteuil, les Chezaux,-<br />

(Casalia), la Chaussée, Scoury, le presbytère de Ciron,<br />

et ChUcs. Elle passait ensuite ail nord de la Roche,<br />

à 200 mètres au nord de la Lorne et de Rufîec, remontait<br />

dans les terres au-dessus de Visais, et de Vaux, et,<br />

par les Granges et les Chezaux, descendait au Blanc,<br />

où elle traversait la Creuse à l'endroit où se trouve te<br />

barrage de la filature dans tout ce parcours, le relier<br />

-Un grand nombre des stèles découvertes à Saint-Ambroix sont aujourd'hui<br />

an musée lapidaire de Châteauroux.<br />

1. (I) Sur ce point, cf r. Eng. Hubert, Le .Bas-<strong>Berry</strong>, canton d'Argentan<br />

(1905), p. 144148; - et sur le nom Argantomagus, d'Arbois-de Juba,nville,<br />

op. oit., p. 49t -


LES VOIES ROMAINES 1111 .BERRY. 23<br />

de la voie est très accentué. — Elle se dirigaiL ensuite<br />

sur Ingrande, qui n'est autre flue la station Fines des<br />

itinéraires, et qui formait - la première ville (les Picterres<br />

(1). D'ftgrandc, la voie gagnait Poitiers par le gué<br />

de Ceaux (entre Saint-Savin et Antigny), où elle passait<br />

la Gartempe. et par le gué pavé des Chirets (près Saint-.<br />

Pierre-des-EgTises), où elle traversait la Vienne (2). il<br />

est mut le d'insister sur une route aussi bien reconnue<br />

9 Voies d'Avanicuni ù Limoges; incertitude etdif/iculis.<br />

- TI n'en est pas de même de la voie c!'Avari-'<br />

cum à Auqustorithm (Limoges). Ni l'itinéraire d'Anto<br />

nin, ni la Carte de Peutiiger n'indiquent de route directe<br />

entre ces deux villes; mais il résulte de l'un et tIc l'autre<br />

que, pour se rendre de Bourg'es à Limoges, il fallait<br />

Passer par Argenton; c'est <strong>du</strong> reste encore aujourd'hui<br />

Je chemin Le puis court. M. de Raynal donne un antre<br />

tracé, par Châl,ea.urneillant et Alun, qu'il attribue par<br />

erreur, à la Carte de Peutinger nous n'avons pas à nous.<br />

en occuper pour le moulent; nous retrouverons plus<br />

loin le problème que ce tracé soulève (iafrà, n° 39).<br />

De Bourges à Argenton, nous connaissons la voie<br />

(suprà, u° 8). D'Argenton à Limoges, aucune station<br />

intermédiaire n'est mentionnée, ni par l'Itinéraire d'Antonin,<br />

qui donne comme distance XXI lieues, ni par<br />

la Carte de Peutinger, qui donne comme distance<br />

XXllIl lieues (3) distances de beaucoup trop courtes;<br />

(1) Pour les déiails. cfr. dAvaricum, à Erno<strong>du</strong>rum, G. Vallois, ibid.,<br />

p. 76-79; - d'Erno<strong>du</strong>rurnà.dlerta, Cuiller-1, toc, oit.. P. 332 —d'Aiea-ra t<br />

à Oblincum, Lenseigne, foc, oit., P. 275-279 et 283-285; - d 'Argentan<br />

à Ingrande, Esquisse, pittoresques de l'Indre, 2' cd., in-40, p. 398, et<br />

abbé Voisin, toc, oit., p. 89401 ; - sur l'ensemble, D. -Mater, op. oit., p. 49-<br />

Si, et la.Carte d'Etat-major 'au 80000.<br />

(2) crr. Redet, Dict. topoy. de la Vienne, Paris, 1851, In-4', introd.,<br />

p. VIII. — Près de Chauvigny et de Saint-Pierre_les-Eglises, on u trouvé<br />

plusieurs milliaires appartenant à cette voie (. 1. L., n" 8931, 8932, 8934,<br />

8935, 8936); t'en d'eux, le n' 8933,a été découvert près <strong>du</strong> gué des Chirets.<br />

(3) Cfr. Desjardins et Loognon, toc, oit., p. 68 « Augustoritum. Argantomugo<br />

XXt m. e ; — p. 145 « Ausrilo. Argantomago XXIIII o.


24<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

car, k vol d'oiseau,il y• & XL lieues gauloises entre<br />

Argenton et Limoges 11 est probable que dans les deux<br />

documents précités, ii:faÙtlirô XL] et XLIIII.<br />

Cdtte difficulté n'èsC 1a seule. Par où passait la<br />

voie directe d'Argentn à Limoges? M. Lenseigne a<br />

retrouvé au sud d'Argenton deux tronçons différents<br />

semblant tous les deux se diriger vers Limoges l'un<br />

passant à Chaillac,'l'autre à Celon. Mais pour lui, c'est<br />

la voie Argenton-Chaillac qui est la véritable voie d'Argenton<br />

à Limoges, et de là à Bordeaux; la voie Argentôn-Celon,<br />

devait obliquer vers le sud-est pour atteindre<br />

Acito<strong>du</strong>nuni (Ahuri), et par là Clermoqt (4). Pour<br />

M. Ducourtieux au éontraire, la voie Aigenton-Celon<br />

est la véritable voie d'Argenton à Limoges, où elle arrivait<br />

après s'être embranchéeàPrafloriurn sur la grande<br />

voie de Lyon à Saintes par Clermont et Limoges; la<br />

voie Argenlon-Chaillac con<strong>du</strong>isait directement à Bordeaux,<br />

par Confolens, sans passer par Limoges (2). Ces<br />

deux auteurs ont tous les deux raison en ce qu'ils affirment<br />

et tort en ce qu'ils excluent il suffit de les « additionner<br />

» pour avoir la vérité. il est certain en effet<br />

que la voie .Argenton-Chaillac a dû être construite pour<br />

• raccourcir la distance entre Bourges et Bardeaux; mais<br />

• à un moment donné, sous l'empereur Tetricus, un<br />

embranchement la joignit à Limoges. Quant à la voie<br />

Argenton-Celon, elle a dû être la première voie établie<br />

entre Argenton et Limoges, celle que visent l'itinéraire<br />

d'Antonin et la Carte de Peutinger. C'est donc elle qu'il<br />

convient d'étudier d'abord.<br />

- 40- Suite ; voie d'Avarieurn à Limoges -par Argenton<br />

et Proetoriuni. - D'Argenton à la rivière de l'Abloux, il<br />

suffit de résumer les constatations faites sur le terrain<br />

(1) Leneigue, Zoo. cit., p. 285-289l'290-293.<br />

() Paul Ducourtieux, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> en Limousin, Limoges, 1909,<br />

1n8', p. 74-75, 99 et suiv., et lacarte [extrait <strong>du</strong> Bulletin etc ta Société<br />

arolaéol. et historique <strong>du</strong> Limousin]. -


i.E VOIES W)MAtts nu jjiucitv 25<br />

par M. Lenseigne. La voie partait d'Argenton dans. la<br />

direction <strong>du</strong> sud, bifurquait dans la brande de Fontfurat<br />

avec la voie allant à Chaillac, passait ensuite au point<br />

d'intersection des trois paroissed'Argenton, Vigoux,et<br />

Celon, traversait , ce dcrnieC;boù'rg (sous la maison<br />

d'école), puis le hameau <strong>du</strong> Breuil, où devaient se rencontrer<br />

plus tard les trois e pays » de <strong>Berry</strong>, Poitou, et<br />

Marche (1), descendait à Viltefranehe-sur-l'Abloux, où<br />

e elle creuse profondément son passage (Jans le rocher<br />

granitique. ». Elle disparaît ensuit5, pour reparaitr'e au<br />

village <strong>du</strong> Quéru, cilse bornent les recherches. de M.<br />

,Lcnseigne (2).<br />

En quittant le Quéru. la voie devait incliner vers le<br />

sud-est pour traverser une seconde fois I'Abloux, attein-<br />

- dre le point d'intersection des trois paroisses d'Eguzon,<br />

Chantôrne, et Sain t-Sébastien, séparer ces deux dernières<br />

pendant près de 3 kilomètres, puis la paroisse de Bazelat<br />

de celle de la Chapelle-Baloue pendant 3.200 mètres, et<br />

de celle de Saint-Germain-Beaupré pendant 1.600 mètres,<br />

jusqu'à Forgevieille, où elle abandonne le territoire des -<br />

Bituriges Cubi pour entrersur celui des Lernovices. -<br />

De là, elle gagnait Saint-Aignan-de-Versillat, puis les<br />

ruines <strong>romaines</strong> de Brcith, près Bridiers, qui furent longtemps<br />

identifiées aved le Preioriurn de la Carte de Peutinger<br />

(3). Aujourd'hui l'identification de Prxtorium avec<br />

Je Puy-de-Jour, près Saint-Goussaud, où les fouilles ont<br />

révélé d'importantes substructions et de nombreux<br />

objets et débris romains, ne soulève plus guèré de difficulté<br />

(4) c'est là que la voie que nous étudions- venait<br />

(t) Crr. E. cliénon, Le pays de <strong>Berry</strong> et le détroit de sa Coutume,<br />

Zoo, oit., n° 12.in fine.<br />

(2) Lensaigne, op. ait., p. 290-293.<br />

(3) Celte identification était notamment admise par Élie de Beaufort, qui<br />

a étudié spécialement le tronçon de voie de Saint-Aignau-de-Vercillat à<br />

Bridiers.<br />

(4)Ence sens: Mayaud, Recherches faites pour retrouve,' l'emplacement<br />

de ta station de Frztoriurn située entre Limoges et Ahuri, 1881, hr. in-


26 LES VOIES ROMAINES DU I3EItRY.<br />

s'embrancher sur la voie de Clermont à Limoges tpar<br />

Ahun. Pour y arriver, clic passait par SaintPricst-Ia-<br />

Feuille et Saint-Pierre-de-Fursac, où clic traversait la<br />

Gartempe. De Pr€rtoriurn• à Limoges, elle se confondait<br />

avec la grande voie venant d'Ahun. Proetoriuni est indiqué<br />

parla Carte de Peutinger comme setrouvantkXVlll<br />

lieues gauloises (= 40kilomètres)d'Âvyusioriturn. c'est<br />

la distance exacte <strong>du</strong> Puy-de-Jouèr k Limoges (4).<br />

44. Suite; voie d'Avaricum. à Limoges par Argeuton<br />

et Saint-Léger-Magnazeix. - Ecvcnons au tronçon de<br />

voie Argenton-GlIaillac. Après avoir biFurqué dans la<br />

brande de Foritfurat avec la voie dArgenton à Limoges<br />

par Celon et Prretoriun#, cette seconde voie se dirigeait<br />

vers le sud-ouest, séparait pendant deux kilomètres .les<br />

Paroisses d'Argcnton et de Vigoux, servait de chaussée<br />

à l'étang des Tailles, où devait se trouver la troisième<br />

borne milliaire, et où elle commençaif à délimiter les<br />

paroisses de Vigoux et de Luzeret pendant deux lieues<br />

gauloises exactement (de la 3 e à la 5' borne) (2), puis les<br />

paroisses de Saint-Civran et de Sassierges-Saint-Martin<br />

pendant 2700 niètres,tra.versait le lieu-dit le Plaix, puis<br />

s'infléchissait vers le sud-ouest, pour traverser I'Abloux.<br />

Elle allait ensuite paser au point d'intersection des trois<br />

paroisses de Dunet, Chaillac, et Sassierges-Sâint-Martin,<br />

séparait ces deux dernières pendant 4.000 mètres, franchissait<br />

le Portefcuille près d'un camp romain de 420<br />

mètres de long sur 200 mètres de large, et passait près<br />

<strong>du</strong> bourg de Chaillac, qu'elle laissait au nord-ouest (3).<br />

8 0 - Espérandieu Inscsiptions de la cité!des Lemovices, Paris, 1890<br />

in-8', p. 307 et suiv. - \Vinkler, dans le Bulletin de la Soc. archéol.<br />

<strong>du</strong> Limousin, 10mo 46, p. 438; - abbé Dernier (curé de Saint-Goussaud,<br />

auteur des dernières fouilles), dans le Bulletin de la Soc, des Sciences<br />

naturelles et archiol. de la C,-euse,. tome 13, p - 450; tome 14, p. i93;<br />

tome 15, p. 371 ; - Ducourlieux, op. oit., p. 54-59.<br />

(1) Pour les détails, cfr. Ducourtieux. op. ait., P. 75 et 67.<br />

(2) La 4' devait se trouver à Untersection des 3 paroisses de Luzerel,<br />

Vignes, et Sassierges-Saiut-Martin.<br />

(3) Pour le, ItaiI', etc. Lenseig-ie. loc. oit., P. 27 .289.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 27<br />

De là, elle allait rejoindre en ligne droite, parla Buissonnière<br />

et le Bois-Joly, l'angle nord-est de la paroisse<br />

de Bonneuil, près <strong>du</strong> lieu-dit les Landes, où elle devait<br />

rencontrer une autre voie venant <strong>du</strong> Blanc (in/'rà, n°31);<br />

c'est là qu'elle quittait le territoire des Bituriges.<br />

A partir de ce moment, elle prenajt la direction sud-sudest,<br />

et pendant 2700 mètres séparait les paroisses de<br />

Bonnenil etjouac (i l'ouest) de celles de Chaillac et Beaulieu<br />

(à l'est), passant successivement par les 1 points d'intersection<br />

des paroisses de Chailiac, Bonneuil, et Beaulieu,<br />

de .Bonneuil, l3eaulieu, et Jeuàc, de Beaulieu,Jouae,<br />

et Cromac. Après avoir franchi la Benaize à l'est <strong>du</strong><br />

bourg de ;louac, la voie devient très apparente près de la<br />

cote 251, va passer au point ('intersection-des trois paroisses<br />

de Jouac, Cromac, et Sainl-Léger-Magnazeix, et<br />

traverse ensuite ce dernier bourg (4). - Or, dans le cimetière<br />

de Saint-Léger-Magnazeix, on a trouvé en 1847<br />

une borne milliaire, dont l'inscription, quoique inconipiète,<br />

nous renseigne sur la direction tIc la voie. Cette<br />

inscription, souvent repro<strong>du</strong>ite, l'a été en dernier lieu<br />

de visu par le commandant Espérandieu, (lui la lit ainsi<br />

IMP. CAES.........<br />

P10. ESVV .........<br />

TETRICO P10....<br />

AVG. C. L. LX... 1,2),<br />

et interprète comme il suit la dernière ligne C (ivitas)<br />

L (emovieum) L (eugne) X.... (3). Ce nilliaire indique<br />

(1) Pour les détails, cli'. Eue de Beaufort, l'oies aboutissant à Saint-<br />

Benoît-<strong>du</strong>-Saule, dans les Mau. dos Ântiq. de l'Ouest, tome XIX, p. 207<br />

et suiv. - et 1)ucourtieuz, op. oit., p. 99-101. -<br />

42) Espérandieu, inscriptions des Lernovioes, op. oit., o' 13; - cl<br />

Corpus in.script, las., tome NI Il, n° 8924. -<br />

() Ce milliaire est à comparer avec un autre tout-à-fait semblable de<br />

mémo empeeur, trouvé-à Rom (Deux-Sèvres), et ou laIn distance à Poiriers<br />

est indiquée sous cette forme C (ivitas) P (ictonum) L (eugae) XVI Cfr.<br />

Desjardins et Lono'n, op. ait., p. 186-157; - et Corpus in.script lac,<br />

tome XIII, o' 8927.


28 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

donc la distance de Saint-Léger à Limoges; par suite, la<br />

voie que nous étudions peut être regardée comme une<br />

seconde voie d'Argenton à Limoges, au moins à partir de<br />

l'empereur Tetricus (268-272), auteur probable de l'emhranchement<br />

Saint- Léger-Limogcs. Une deuxièmehorne,<br />

• trouvée à 400 mètres <strong>du</strong> lieu-dit La Bussière-Etb1e<br />

(commune de Chfi.teauponsac), « dans un champ à gauche<br />

de la voie o, devait appartenir à ce même embranchement(i).<br />

La bifurcation devait s'opérer à trois kilomètres<br />

environ de Saint-Léger, après la traversée par la<br />

voie (entre les Grands et Petits Caires) d'un affluent de<br />

l'Asse. Pendant que l'embranchement qui nous occupe<br />

gagnait Limoges par Dompierre, la Bussière-Etable, et<br />

Compreignac, la voie d'A rgenton-Chaillac continuait<br />

dans la direction de Bordeaux, qu'elle atteignait en passant<br />

par Puy-Martin (près Blanzac), où elle traversait la<br />

Gartempe, Confolens, où elle traversait la Vienne, et<br />

Suintes (2). C'est ainsi que par ces deux <strong>voies</strong> issues<br />

d'Argenton, Avarieuni pouvait se trouver, en relations,<br />

d'une part, par deux côtés différents, avec Limoges, et<br />

- d'autre part, directement avec Saintes et Bordeaux.<br />

12. Voie d'Avaricurn à Clermont par Néris. - Le<br />

rattachement d'Avaricuni à Augustonenielum (Clermont),<br />

qui avait succédé à Gergovia comme capitale de<br />

la puissante cité des Arvernes, soulève un problème <strong>du</strong>ti<br />

autre genre. Il est évident que ces deux grandes villes<br />

devaient être reliées l'une à l'autre; et cependant l'Itinéraire<br />

d'Antonin n'indique entre elles aucune voie, ni<br />

directe, ni indirecte; et la Carte de Peutinger n'en indique<br />

qu'une, très indirecte : c'est la voie de Clermont à Poitiers,<br />

qui passait par Chantelle, Néris, Chftteaumeillant,<br />

• Argenton, et .lngrande (3). On pouvait donc, en allant de<br />

(I) Cfr. Espérandien, op. cit., n° 7!; - et Corpus inse. lat., t. xml,<br />

n' 8924.<br />

(2) Cfr. Ducourtieux, op. cit., p. 101.<br />

(3) cfr. .Desjardina et Longnon, op. ci!., p. 148, et le fac-simile; par


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 29<br />

Bourges à Argenton, se rendre ensuite à Clermont. par<br />

Château meillant, Néris, et Chantelle. Mais c'était un<br />

détour si considérable (lue les Romains ne furent pas<br />

longtemps sans y remédier. Dès le iii' siècle, ils avaient<br />

construit une voie directe de Bourges à Néris.<br />

Cette voie est bien connue d'Avaricum à Alichamps<br />

sous le nom de e chaussée de César », et la Carte d'Etatmajor<br />

en a conservé le tracé. La voie quittait Bourges<br />

par la porte d'Auron, se séparait des <strong>voies</strong> de Tours et<br />

d'Argenton à la Croix Moult-Joie, et peu après délimitait,<br />

pendant près de 8200 mètres, les paroisses de Trous'<br />

et de Lochy d'avec celles ile Bourges, Plaimpied, et Lis-<br />

Say; puis, pendant 2 kilomètres, les paroisses de Locliy<br />

et de Lissay (4). Elle traversait ensuite Levet (2) et le<br />

hameau <strong>du</strong> Coudron, séparait à deux reprises pendant<br />

3000 et 1200 mètres la paroisse d'Uzay-le-Venon, de celles<br />

de Chavannes, Saint-Loup-des . Chaumes, et Alicliamps, -<br />

passait à 300 pas à l'est <strong>du</strong> clocher de ce dernier bourg,<br />

et commençait alors à côtoyer la rive droite <strong>du</strong> Cher, par<br />

Noirlac et Saint-Amand, jusqu'à Drevant, lieu célèbre<br />

par SCS lnagnifi(ues ruines <strong>romaines</strong>, qu'elle abordait au<br />

nord de son théâtre (3);<br />

Dans le cimetière d'Alichamps, en 4757, le prieur <strong>du</strong><br />

lieu, nommé Pajormet, grand fouilleur d'antiquités et<br />

correspondant de Caylus, trouva deux bornes milliaires,<br />

erreur, la carte de redressement indique entre Mediolanu,,, et Avaricum<br />

une voie, qui nest pas mentionnée par la Carte de Peutinger.<br />

(I) Cf,. B. de Kersers, Statistique, op. rit., tome V; P. 69. - A la<br />

Grange-Sitiut-Jean, na passait l& voie, on u trouvé un cimetière de la fin<br />

de l'époque gauloise et <strong>du</strong> débat de l'époque romaine (cfr. Ména. des Antiq.<br />

<strong>du</strong> Centre, tome XVI, et B. de Kersers, ibid., p . 89).<br />

(2) Ibid., p . 62. - A Levet et aux environs, les ruines <strong>romaines</strong> abondent<br />

à Levet, une cave romaine, à côté de la gendarmerie; - entre Levet et<br />

le Plais, deux villas, fouillées par M. Rapin; - entre Palleau et Clé'randry,<br />

villa romaine très importante, occupant une grande surface. Cfr, ibid.,<br />

P. 63, 64. 65, et Mém. des A.ntiq. <strong>du</strong> Centre, tome IV, p - 83-101.<br />

3) Pour les détails, cfr. la Carte d'Etat-major; - G. Vallois, lac.<br />

p. 82-83; - D. Mate,', qj,. cit., P. 34-36; - et in/ré, n°44.


30 LES VOIES ROMAINES DU BERRY<br />

qui avaient été, creusées pour servir d'auge ou de cercueil.<br />

La première, aujourd'hui per<strong>du</strong>e, portaitic nom de l'empereurTacite<br />

(275), et mentionnait la distancé à Bourges: -<br />

AVE. L. XIII (1). La seconde ne porte plus le nom de<br />

l'empereur (2); mais elle indique une triple distance<br />

AVAIt L. XIII. MED. L. XII. NER. L. XXV (3).<br />

Toutes ces distances sont un peu trop courtes, si on les<br />

compte avec la lieue gauloise ordinaire de 222 mèires;<br />

aussi cette borne milliaire a-t-elle été présentée par Pistollet<br />

de SainlrFei]eux à l'appui de son hypothèse sur la<br />

lieue gauloise de 2415 mètres (4). Il y t peu de milliaires<br />

qui aient été aussi discutés. En 1878, M. Louis Lefort en<br />

a même attaquél'authenticité (5), mais sans raisons décisives,<br />

sine causa, dit l'éditeur <strong>du</strong> Corpus inscriptipnum<br />

latinaru.rn (6). Cette colonne milliaire est aujourd'hui<br />

placée au centre de la place publique, <strong>du</strong> hameau de -<br />

llruère, au lieu où se croisaient les <strong>voies</strong> que son texte<br />

indique (7). •La première borne devait être placée au<br />

nord, à une lieue gauloise de la seconde.<br />

Au delà de Drevant, le tracé de la voie devient incertain,<br />

à ce point que Barailon lui lait suivre la rive gauche<br />

<strong>du</strong> Cher (8), De Raynal la rive droite jusqu'à Montlu-<br />

(I) Corpus inscript: kit., tome NIIT, n' 8923. - Cfr. de Raynal, op. oit.,<br />

tome L, P. 103.<br />

(2) On n'a lus que la fin de la titulature FELICI. AVC. TRJB. P.<br />

COS. III, P. P. PROCO5 cela peut convenir h Philippe I'atné en 248,<br />

Decius en 251, Valérien en 235, etc. -<br />

(3) Corpus inscript. lai., ibid., n' 8922.<br />

(4) Cfr. suprà, n° 5;— et E. Chénon, Notice hist. sur CMteaumeillant,<br />

Bourges, 1878, in-8'5 p. 16-17 (extrait des .Md,n. des Antiq. <strong>du</strong> Centre,<br />

tome Vil).<br />

(5) L. Lefort, dans le Bulletin des Antig. de Francs, année 1878,<br />

p. 235-239.<br />

(6) Corpus inscript. lai., toc, oit.: Titulus non flètus, ut Lefort, I. o.,<br />

sine causa conlendit, sed a manu recenti isistanrains, etc. »<br />

(7) Sur les circonstances de l'érection de ce monument en l'an VI, cfr. le<br />

rapport <strong>du</strong> citoyen Defougères, chargé <strong>du</strong> travail, dans les 211dm. des Antiq.<br />

<strong>du</strong> Cehtre, tome VI, p. 323-327 (Bourges, 12 brumaire an VI).<br />

(8) Barailon, Recherches sur plusieurs monuments celtiques ou<br />

romains, Paris, 1506, in-80, p. 188.


'.<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 31<br />

on (4), et Cassini la rive gauche jusqu'à Urçay et la rive<br />

droite ensuite (2). Après avoir hésité, nous revenons<br />

aujourd'hui au système de Barailon, qui, comme le dit<br />

judicieusement M. Mater, a pu faire de son temps des<br />

constatations qu'il est impossible de renouveler aujourd'hui<br />

(3) ». Nous pensons donc que la voie, comme l'indique<br />

la carie de Cassini, devait franchir le Cher un peu<br />

au sud (le Drevant, puis suivre la rive gauche <strong>du</strong> fleuve<br />

jusqu'à Montluçon. La voie nous paraît très suffisamment<br />

jalonnée de ce, èôté, beaucoup moins escarpé que le côté<br />

opposé. Elle devait en effet passer à Ainay-le-Vieil, où<br />

les ruines <strong>romaines</strong> iid sont pas rares (4). Elle séparait -<br />

ensuite les lrnroisses d'Ainay etde la Perche, pendant plus<br />

de 2.500 mètres, jusqu'à leur point d'intersection avec<br />

celle de la Cellel.ie-en-<strong>Berry</strong>, traversait Valigny, séparait<br />

pendant 4.700 mètres les paroisses de Maulne et (I'Epineuil<br />

(Spiaogiiurn), et s'infléchissait pour traverser ce<br />

dernier bourg, où elle se rencontraitavecune voievenant<br />

de Mediolanum (Châteaumeillant) que nous étudierons<br />

plus loin (intrà , n°38). Là, elle s'écartait un peu<strong>du</strong> Cher,<br />

pour contourner le monticule assez élevé des Auherts<br />

(312" d'altitude); après quoi, elle reprenait la direction de<br />

Montluçon par Vallon-en-Sully, Nassigny-(Napsiniacus),<br />

où au vii' siècle l'évêque de Lyon, G pdin, possédait une<br />

villa (ii), Vaux, Passac, etBlanzat (Iiiandiacus) (6), après<br />

(I) De Raynal, o». oit., t. I, p- 99 et carte.<br />

(2) Cassini, Carte. Edmond Tudot admettait deux <strong>voies</strong>, une sur chaque<br />

rive; ctr. sa Carte des vqies <strong>romaines</strong> de l'Allier, dans te Bulletin de<br />

la Soc. d'émulation de l'Allier, tome VII (1861).<br />

(3) D. Mater, o». oit., p. 37.<br />

(4) On y a trouvé une mosaïque romaine (B. de Kersers, Statistique,<br />

o». oit., tome VII, p. 174).<br />

Cfr. E. cli<strong>du</strong>on, Rist. et coutumes <strong>du</strong> prieuré de la Chapelle-Aude,<br />

Paris, 1915, in-8-,. p. 2. - A cette époque, je pensais, avec Raynal, que la<br />

voie d'Avaricum à Néris suivait la rive droite <strong>du</strong> cher, et j'indiquais que<br />

la ville de Godin sen trouvait éloignée de 1200 mètres; en réalité, elle n'en<br />

était qu'il 300 mètres environ. -<br />

• (6) Sur ce nom, efr. d'Arbois de Jubainvitle, op. cit., p. 163. -


32 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

avoir séparé pendant 1.700 mètres les paroisses de<br />

Domérat ' etde Montluçon. A.Montluçon, la voie traversait<br />

le Cher; mais peut- éviter les multiples rivières escarpées,<br />

qui séparent NontiuçoR de Néris, elle devait monter sur<br />

le plateau, et, passant par Beatilien et Borclesoule, décrire.<br />

une courbe assez prononcée de façon à aborder Néris,<br />

par le nord-est.<br />

43. Suite; de iVéris à (J/ermont. - De Néris pour aller<br />

à Clermont, conformément à la direction indiquée par la<br />

Carte de Peutinger, la voie venant d'Àvaricum devait<br />

faire tin aétour par Chantelle. Aussi en sortant de Néiis<br />

tournait-elle brusquement vers lest pour allerpasser à la<br />

cote 37, point d'intersection des trois paroisses de Néris,<br />

Commentry, et Malicorne. De ce point jusqu'au bourg dc<br />

Beaune, elle est connue et retracée sur la Carie dEtair<br />

major sous le nom de « chemin des Romains ». Elle<br />

commençait par délimiter pendant 6.500 mètres les paroisses<br />

de Néris etMalicorne d'avec celles de Commentry<br />

et Colombier, passait au sud de Malicorne, puis à travers<br />

le bourg .d'Byds, séparait pendant 2 kilomètres cette<br />

paroisse de celle de Louroux-de-Beaune, passait à Beaune,<br />

(Relira) (1), puis au lieu dit le Tureau gros. Son tracé<br />

devient ensuite incertain; mais il est évident que la voie<br />

devait se diriger toujours vers l'est, par Blomard. Boussac,<br />

et Target, pour. redescendre ensuite vers le sud.<br />

Après avoir pendant 600 mètres séparé les paroisses de<br />

Targel et de Monestier, elle rejoignait, au confluent de<br />

la Bouble et <strong>du</strong> Gratteloup, le hameau de Chaiitelle-l-<br />

Vieille, l'ancienne Gantilia romaine, à trois kilomètres<br />

de Chan telle-le-Château. Elle séparait ensuite pendant<br />

1700 mètres les paroisses. de Chantelle et Taxat-Senat,<br />

puis. pendant [rois kilomètres celle de Charrouxde celles<br />

d'Ussel et de Saint-Germain-de-Salles, et sortait <strong>du</strong> terri-<br />

(1) Sur ce nom, dérivé <strong>du</strong> dieu Belenos, cfr. d'Arbois de Jobaioville,<br />

op. oit., p. 179-181.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 33<br />

toire biturige au point d'inetsection des trois paroisses<br />

dé Charr6u x, Saint-Germain, et Janzat. -<br />

En territoire arverne, la voie devait se diriger vers le<br />

sud, par Janzat (Jkcundiacus) (1), Gannat, et Saint-<br />

Genès. Là elle devait s'infléchir un peu vers l'ouest (évitant<br />

ainsi des montagnes) pour, aboutir à Riom par<br />

Artonne et Suint-Bonnet. Il est raconté en effet par Grégoire<br />

(le Tours que saint Martin, se rendant un jour<br />

d'Artonne à Clermont, arriva au sommet <strong>du</strong> nions ikienalensis,<br />

d'où il aperçut le virus flicomagensis, c'est-àdire<br />

Riom (2). Le mons Belenalensis a donné son nom à<br />

la villa Belenaiensis, qu'un diplôme mentionne sous<br />

Pépin-le-'Bref et qui n'est autre que Saint-Bonnet (3). La<br />

voie de 'Clermont passait donc à Artonne, Saint-Bonnet,<br />

et Ricin. Tel est le tracé qui correspond, pour la voie de<br />

Néris à Clermont, aux indications données par laCarte<br />

de .Peutinge.r.<br />

Ce l.nicé qui imposait pouf aller deNéris à Clerinont<br />

un détour eonsiaérable. par Chantelle, avait été inspiré<br />

évidemment par le désir d'éviter. les-travaux d'art longs<br />

et coûteux qu'aurait nécessités la traversée des montagnes<br />

qui se trouvent au nord-ouest do Clermont. La voie<br />

abordait la capitale des Arvernes parle côté le plusaccessible,<br />

c'est-à-dire par La grande plaine de l'A.Ilier(4). Mais<br />

(1) Sur le nom Juvundiacus, cfr. d'Arbois de Jubainville, op, cit.,<br />

p. 250-251. -<br />

(2) Grégoire de Tours, De gloria confessoru,n, V « Egressus jinlem<br />

vit Dci (Martinus) ah Art bonensi vico, ad urbem À ruernam gressuni direzil....<br />

Cern advenisset in ca<strong>du</strong>men men tis Belenatensis, de quo vici Riconiagensi&<br />

positio coulemplatur, vidit.....et ad vicuin Arthonensem regressus est. » -<br />

Sur le nom fligornagus, cfr. d'Àrbois de Jubainville, ibid., p. 532, 53.<br />

(3) Cfr. ibid., p. 179; - et Longoon, Géographie de la Gaule au<br />

vit s., Paris, ISIS, in-Sa , P . 491-492, cl il cite celte lettre de M. Auguste<br />

Chassaing « Dans la direction d'Artonne à Riom, l'ancienne voie romaine<br />

atteignait par une montée insensible au plateau de Saint-Bonnet, lequel & la<br />

forme accentuée <strong>du</strong>ne colline <strong>du</strong> côté de Riom, qui en est séparé par une<br />

vallée o, et que de là on aperçoit trèshien.<br />

t") Cesi parla que César venant de Decize, avait atteint Cergovie, après<br />

avoir traversé l'Allier (cfr. César, De belle gallico, VIT, n' 31 à 36).<br />

CHIN0N.<br />

3<br />

au


34<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

41 n'est pas admissible que les Romains n'aient pas cherthé-<br />

un jour à raccourcir ce long circuit de 24 + 45 = 39<br />

iiêues gauloises, d:après la Carte de Peutinger (en réalité<br />

42 lieues gauloises), en créant une voie nouvelle allant<br />

-directement de Néris à Clerinont ou tout au moins à<br />

Riom. La distance se serait trouvée ainsi dimiîiùée d'un<br />

tiers, et n'eût plus été que de 28 lieues gauloises. La voie<br />

en question devait sortir deNéris parle sud-est, et passer<br />

d'abord à Durdat et à Montaigu, deux localités où l'on a<br />

trouvé des ruines <strong>romaines</strong>, puis à Saint-Eloy, où elle<br />

traversait la Boul)le. Elle devait ensuite franchir la rivière<br />

escarpée de la Sioule sur-le pont de Menai-, et delà, après<br />

avoir séparé pendant 6 kilomètres les deux paroisses de<br />

Pouzol et de saint-Rérnv-de-Blot, aller passer à Saint-<br />

Pardoux et à-Saint-Hilaire-la-Croix, puis s'infléchir pour -<br />

traverser la Morge au lieu dit le Pont,- et aboutir à 1110m<br />

par Combronde di, Saint-l3onnçt, où elle retrouvait la<br />

voie venant de Chantelle. Avaricunz était par ce 'raccourci<br />

sensiblement rapprochée de CJermont; mais le<br />

tracé que nous venons de donner est hypothétique.<br />

14. Voie d'Avarieuin à Âutun. - La ligne d'Avaricum<br />

à la nouvelle capitale des E<strong>du</strong>ens, c'est-à-dire à Auguslo<strong>du</strong>tium<br />

(Autan), qui avait remplacé Bibracte, soulève<br />

moins de difficultés que celle de Bourges à Clermont.<br />

L'itinéraire d'Antonin et la Carte de Peutinger indiquent<br />

en effet comme stations entre Bourges et Autun, le<br />

premier «Avaricum. Tinconlium XX. Dcccidae XXII.<br />

Alisincuin XIHI. Augustodtuu?n XXII »; la seconde<br />

Auj. Dunum. -Boxuni XiII. Aquis Nisincii flU.<br />

Degetia VIlilli »; puis<br />

( Tincollo XXXIII- Avari-<br />

cum -XX »; en - d'autres termes, la voie d'Autun partant<br />

(le Bourges passait par Sancoins (Tincontium), Decize<br />

(/3ecetia). Saint-Honoré-les-Bains (Àquae JVisincii). et -<br />

Buis (Boxuin) nous ignorons où se trouvait .Alisincurn,<br />

à mains qu'il ne faille voir dans ce mot une mauvaise<br />

lecture pour Nisinciu,n. <strong>Les</strong> chiffres (les deux itinéraires


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

ne s'accordent que sur un point la distance d'Avaricum<br />

à Sancoins qui est de XX lieues gauloises = 45 kil.,<br />

en réalité 48. Celle de Sancoins à Decize est de 45: kil.,<br />

ce qui donne XX lieues gauloises, et non XXII ou XXXIII,<br />

etc Il est donc difficile de se servir de ces chiffres dont le<br />

total monte, pour l'Itinéraire d'Antonin à 78 lieues<br />

gauloises, et pour la Carte de Peutinger à 981<br />

De Bourges à Sancoins, la voie est connue, et son<br />

tracé figure en partie sur la Carte d'Etat-major. Elle<br />

sortait d'Avaricurn par la porte de Lyon, et suivak sans<br />

nul doute la route actuelle de Dun-le-Roy; mais la<br />

construction de celte route et la culture l'ont fait disparaître,<br />

et on ne la retrouve qu'à 6 kilomètres de la ville,<br />

entre la route et l'Auron. Elle côtoie la route à une distance<br />

de 400 mètres jusqu'au village de Sa nt-J ust (Villa nov.a),<br />

qu'elle traverse, après avoir séparé pendant un kilomètre<br />

les paroisses de Soye-en-Septaine et de Plaimpied. A<br />

3300 mètres de Saint-Just, elle sépare pendant une lieue<br />

gauloise exactement les paroisses d'nnoix et de<br />

Vortiay (4), rejoint la route nationale au lieu dit la<br />

Chaussée, où elle esi. très-saillante, la côtoie ensuite en<br />

délimitant pendant 7700 mètres la paroisse, d'Osméry<br />

de celles de Bussy (Buciacus) (2) et Lantan (3),<br />

traverse Blet, où l'on a trouvé de nombreuses monnaies<br />

<strong>romaines</strong> (4), sépare lesparoisses de Charly et de<br />

Blet pendant 4:500 mètres, passe au nord de Sagonne, où<br />

elle était encore très apparente en 4893, & une centaine<br />

(t) A Vornay, on e trouvé, en 1856, des thermes et une mosaïque; au<br />

nord <strong>du</strong> village, les ruines d'une villa ont fourni des bronzes antiques el divers<br />

objets; près de l'église ont été découvertes des sépultures antiques (cfr.<br />

B. de Kersers, Statistique, op. oit., tome!, p. 281).<br />

(2) Sur ce nom, cfr. d'Arbois de Jobainvilic, op. oit,, p. 202.<br />

(3) A Osmérv, on e trouvé en 1876 un trésor de monnaies <strong>romaines</strong>; cl à<br />

Singleton, près Lanice, en 4808, une sépulture romaine, avec botte funéraire<br />

et urne en verre (B. de Kersers, op. oit., tome IV, p' 424 cL i23.<br />

(4) Ibid., tome VI, p. 1.


36<br />

LES yOlES ROMAINES DU BERRY.<br />

'de mètres au sud de la route nationale (1), délimite les<br />

paroisses de Vereaux et Sancoins pendant 3200', et<br />

arrive enfin au bourg même (le Sancoins (Tinconliuni).<br />

Au delà <strong>du</strong> bourg, la voie n'a pas été retrouvée, et ne le<br />

sera sans doute jamais; car, selon toute apparence, elle<br />

est recouverte par Ja route de Sancoins k Mornay-sur-<br />

Allier. Âprès avoir quitté le <strong>Berry</strong>, elle franchissait<br />

l'Allier à Pori-Mornay, sur un Pont, dont les fondements<br />

ont été reconnus (2).<br />

Elle passait ensuite à Langeron et au hameau (le'<br />

Bonne-Fère, où en 3875 l'on en voyait encore de<br />

nombreux vestiges, connus sous le nom de e chemin de<br />

la reine Brunechon (Brunehaut) a (3). D'autres vestiges<br />

ont été , retrouvés <strong>du</strong> côté de Cougny (au nord-est (le<br />

Saint-Pierte-le-Moutier) . et dans les bois de Parize-le-<br />

Châtel (4); ce qui indique que la voie devait aborder<br />

Decize, la seconde station mentionnée dans l'Itinéraire<br />

d'Antonin et la Carte de Peutinger. par Avry-sur-Loire<br />

et Baugy. Elle gagnait ensuite Autun par Thaix, où<br />

M. de Saint-Venant en a retrouvé UR tronçon en 1895 (5),<br />

(t) ibid., tome VII, P. 145.<br />

Pour les détails eh. la carte dElat-major; - Ferrar]d de Saligny.<br />

(2)<br />

- dans les Mém des Aneiq. <strong>du</strong> Centre, tome UI, p. 38-42; - C. Valtois,<br />

toc. de., p. 53-59 - L'. Mater, op. cit., p. 24-26.<br />

(3) De Soultrait, Rdpertoi ' c a,-ohéol. de la Nièvre, Paris, 1875, in-4',<br />

col. 19191.<br />

4) ibid., col. 196 et 194. - Ce sont sans doute les vestiges de Bonne-<br />

Père ou de cougny que signalait au xv" siècle Guy Coquille, Dise. de<br />

Nivernais. clans ses Œuvres complètes, Paris, 1666, in-le, tome I, p. 501<br />

s.. et se void encores auiourd'hoy un paué à une lieub près de saint<br />

Pierre le Moustier, qui traverse te grand chemin, et est comme l'addresse de<br />

Cencoins à Desize pour aller passer vers Lothenay et Aory-sur-Loire<br />

(5) ce tronçon, qui se trouve dans la forêt de Montaron. canton rorestier<br />

de Mazille, n on kilomètre de long, sur une largeur dc 7 mètres, autrement<br />

dit de 20 pieds romains. II est pavé 'en pierres calcaires de Vendenessé et<br />

'a été reconnu par M. de Saint-Venant, grâce à la présence de végétaux calcicoles<br />

et à l'absence de végétaux calcifu ges. Prolongé, il aboutit don côté<br />

à Thaix et de Iautreà Saint-Honoré. crr. le Jowrn& de la Nièvre, 31 déc.<br />

1899.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 37 -<br />

puis par Saint-Honoré-les-Bains, et par Buis (Boxuni) (1).<br />

Cette voie d'Avaricum à Autun servait à faire communiquer<br />

Bourges avec Lyon. Elle n'est en effet qu'un<br />

segment (le la grande voie milliaire de Lyon à Saintes,<br />

par Bourges et. Poitiers, dont la construction avait été<br />

ordonnée en l'an •22 avant J. C. par Agrippa, et que<br />

nous avons déjà signalée (suprâ, n' 8). D'Autun à Lyon,<br />

la voie passait par les stations suivantes indiquées à la<br />

fois par l'itinéraire d'Antonin et la Carte de Peutinger<br />

Châlon-sur-Saône (Cabillonum), Tournus (Tinurtium),<br />

Mâcon (Matisco), et Lunna (). Mais cette route était<br />

bien longue, avec son détour par Autun. Nous aurons à<br />

voir plus loin si, gràee au développement <strong>du</strong> réseau des<br />

<strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>, il n'y eut pas un jour un .chemin plus<br />

direct pour aller de la capitale de l'Aquitaine à la capitale<br />

politique et religieuse des Tres Galliae (infrà. n° 18).<br />

45. Voie d'Avdricuin à Chartres par. Orléans.<br />

La dernière capitale rattachée à Avaricum était celk<br />

des Carnuti, Autricuin (Chartres), dont on connaît l'importance<br />

au temps de l'indépendance gauloise. Dans<br />

cette direction se trouvait, juste au passage de la Loire,<br />

la localité celtique de Cenabuin ou Genabum (Orléans),<br />

qui devait devenir plus tard le chef-lieu <strong>du</strong>paqus <strong>du</strong>relianensis.<br />

Aussi dès le xviii' siècle, Caylus admettait-il<br />

comme certaine une voie de Bourges à Orléans (3). Cependant<br />

ni l'ltiti6aire d'Antonin, ni la Carie de Peutinger<br />

n'en font mention; et pendant longtemps, on n'a pu<br />

faire au sujet de son tracé que des hypothèses.. La plus<br />

accréditée faisait passer la voie par Neuvy-sur-Baranjon,<br />

identifié à tort avec le Novio<strong>du</strong>nuni des Commentaires<br />

(I) Cfr. Longoon, Atlas histor., carte de la Gaule au iv' siècle. — ici<br />

encore, la voie romaine a da remplacer un ancien chemin gaulois; car<br />

César, après avoir pris itvaricu,n, se rendit directement à Deoize (De<br />

belle pallico, vu, 33).<br />

(2) 0fr; Desjardins'et Lougnon, op. oit., p. 49-50, 141.<br />

(3) De Caylus, Recueil d'antiquités, tome VI, p. 392.


38 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

de César (Vil, :42, 48), et par Pierreitte-sur-Sauldre (4).<br />

Depuis, les recherches de MM. de la Saussayc et Vallois<br />

ont éclairci la question, sans la résoudre entièrement.<br />

M. Vallois a découve'rt dans la forêt d'Allôgny, dans<br />

le canton dit de Haute-Brune, un camp romain considérable,<br />

(lui était traversé par un tronçon de voie. C'était<br />

un jalon, qui: lui a permis (le supposer que la voie romaine<br />

d'Avaricum à Genabum dek'ait se séparer, après<br />

le passage de 1'Yè're, d'une autre voieconnue, que nous<br />

étudierons plus loin (in/rà, n° 20) et qui allaità Gastrian<br />

Gordonis; puis, traverser le Moulon au lieu-dit le Pont-<br />

Moulon, pour gagner ensuite le point d'intersection des<br />

trois paroisses de :Bourges, Saint-Doulchard, et Vasselay,<br />

lequel se trouve exactement à deux lieues gauloises de la<br />

Porte Gordaine, et (levait par suite être marqué par une<br />

borne milliaireA partir de 1h, la voie suivait le chemin<br />

rural à peu près rectilignequi passe: au hameau des Clous,<br />

et sépare pendant 1200 mètres les paroisses de Saint•<br />

Doulchard et de :vasselay (2). Un peu plus loin, elle atteignit<br />

un angle de la paroisse de Saint,-Eloy-de-Gy.<br />

Que devenait-elle ensuite? M. Vallois croit qu'elle s'infléchissait<br />

vers le nord pour aller passet h Bois-Dureau,<br />

où il pense en avoir retrouvé un tronçon , de 50 mètres<br />

de long, que les gens <strong>du</strong> pays appellent « le chemin de<br />

César '». Mais il avoue lui-môme que ce soi-disant clicmin<br />

de César ((ne contient, que de la terre », et ((que de<br />

temps immémorial on n'y a jamais vu d'empierrement))<br />

(3): pour unegrande voie romaine, c'est au moins<br />

anormal. De plus, il serait assez singulier que la voie ne<br />

coïncidât pas avec le. chemin rural qui passe au hameau<br />

des Clous et se courbe ensuite dans la direction <strong>du</strong> camp<br />

(1)Cfr. de Raynal, op, oit., tome I, p. 100.<br />

(2)En 1813, dans ta commune de Vassetay, près <strong>du</strong> moulin Ddtry, on a<br />

trouvé les ruines d'une villa romaine, avec fûts de colonne, restes d'un hypocauste,<br />

etc. (B. de Kersers, Statistique, op. oit., t.. V, P. 245). -<br />

(3)G. Vallois, Le camp dejfattte-B rune, toc. oit., p. 59.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY, 39<br />

de Haute-Brune; car ce chemin délimite pendant li kilomètres<br />

et demi la paroisse (le Saint-Eloy-de-Gy des paroisses<br />

(le Vasselay et de Saint-Martin d'Auxigny. : il y n<br />

là un indice beaucoup plus certain que l'expression tunau<br />

ou <strong>du</strong>reau, ù laquelle M. Vallois aitaehâit une iraportance<br />

excessive (1). Il ne faut pas oublier en effet que<br />

le mot lureau peut s'appliquer à des levées ou chaussées<br />

dy n'importe quelle date. Le point (l'intersection des<br />

trois paroisses de Saint-Eloy-de-Gy, Vasselay, et Saint-<br />

Martin-d'Auxigny se trouve exactement à 5 lieues gau-<br />

• bises de la Porte Gordaine.<br />

De là, la voie montait au nord pour gagnerle camp de<br />

• Haute-Brune, qu'elle traversait. A sa sortie, elle coupait<br />

la limite des deux paroisses de Saint-Martin-dAuxigny<br />

• el. d'Allogny àla 'P•lieue gauloise, suivait le longehemin<br />

• rural qui passe à Mitterrand, et là commençait à séparer<br />

les paroisses de Méry-ès-Bois et de Neuvy-sur-l3aranjon<br />

pendant plus de 8.000 mètres: elle ne passait donc pas à<br />

Neuvy,où il n'y a aucune trace d'antiquités <strong>romaines</strong> (2);.<br />

elle lui servait seulement de limite paroissiale. Un peu<br />

après avoir traversé le Baranjon au gué de Guilly, la voie<br />

inclinait vers le nord-ouest, allait former la chaussée d'un<br />

petit étang au lieu dit la Chaussée, séparait pendant un<br />

kilomètre les paroisses de Neuvy et Nançay, et presque<br />

en ligne droite gagnait le bourg de Souesme, où elle<br />

franchissait la Petite-Saulclre (3). Elle traversait ensuite<br />

la Boule-Morte à la ferme de Bourdaloue, puis la Grande-<br />

(1) cfr. ce qu'il en dit ibid. p. 36-58. -<br />

(2) C'est à 3 kilomètres seulement au sud-est de Neuvy, entre la Villatte,<br />

la Grande-Garenne, et les Bandons, qu'on en s rencontré là se trouvaient<br />

les ruines d'une salle rectangulaire, d'une sorte - de cella, d'un ancien tbé-<br />

Ire, avec un nombre considérable de monnaies gauloises et <strong>romaines</strong> <strong>du</strong><br />

rr au Iv' siècle et autres objets recueillis vent 1865 par le sieur Martin (B. de<br />

Kersers, ibid.,. tome VII, p. 322-323). La voie passe à 2 kilomètres à t'est<br />

de ces ruines.<br />

- (8) Pour les détails, cfr. G. Vallois, ibid., p. 46-59, 62-73, 79-81, 86-8$;<br />

tes <strong>voies</strong> d'A-varicum. toc, oit., p. 62-63; - D. Mater, op. tif., p. Ji-Ji.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

Sauldre au gué de Falaze,'près Pierrefitte-sur-Sauldre (1).<br />

Là elle sortait <strong>du</strong> <strong>Berry</strong> pour entrer chez les Carnutes.<br />

Dans.eette région, la voie a été étudiée par M. de la<br />

Saussayc dès 1833-4834. Il a reconnu qu'elle franchissait<br />

le Beuvron au gué de l'Auge : là, la voie est très visible,<br />

parce que le terrain marécageux a obligé les constructeurs<br />

à l'exhausser fortement. Elle est également visible<br />

près de la ferme de Misilvert, d'où elle se dirige vers<br />

Vouzon. A Vouzon, M. de la Saussaye eu u retrouvé l'aqper<br />

pavé, un peu au-dessous <strong>du</strong> sol, près <strong>du</strong> bourg et<br />

d'une sorte de retranchement situé non loin de la ferme<br />

de Muasse; il a aussi trouvé des tegulac et des briques<br />

<strong>romaines</strong> (2). De Vouzon, la voie allait passer à la F'erté-<br />

Senneterrd, aliils Ferté-Saint-Aubin (3), et arrivait ainsi<br />

à Genabum, où elle trouvait un pont pour traverser la<br />

Loire (4). -<br />

D'Orléans à .Chartres, le tracé est connu depuis longtemps.<br />

il a été relevé en effet en 4695 parPoitiers, architecteet<br />

ingénieur <strong>du</strong> roi à Orléans, et repro<strong>du</strong>it par Caylus<br />

dans son Recueil d'antiquités. La voie traversait la<br />

baronnie de Chevilly, où un tronçbn a été reconnu entre<br />

le hameau de la Croix-Briquet et Villeneuve (près d'Artenay),<br />

passait à Creuzy, où de nombreuses substructions<br />

indiquent l'emplacement d'un vicia, à Auvillier, où la<br />

marquise de Pompadour, propriétaire <strong>du</strong> château, obtint<br />

de Louis XV en 4764 la permission d'en annexer un fragment<br />

à ses terres. à Allaines, à Yrnonville, à Alonne, où<br />

lejurisconsulte Dumoulin signale au ni° siècle l'existence<br />

do plusieurs bornes milliaires (5) (il y en avait encore 3<br />

(1) De la Saussayc, Mêm. sur la voie romàine d'Orléans à Bourgas,<br />

dans les Mé,n. lus à la Sorbonne en 1866, Paris, 1867, in-8°, p. 119 et 120.<br />

(2) Ibid., p. 115.<br />

(3) Ibid., p. 114.<br />

(4) Ce pont existait déjà au temps de César, De belle gallico, \'ll, 11<br />

« Oppi<strong>du</strong>m Ceo'abnm pons rimais Ligeria contingebat n.<br />

(5) Dumonlin, Comment. da la Cotte, de Paris, dans Ornnia opera,<br />

Paris, 1681, in-f', tome I,. P. 50: o Anliquissima castellania Aboie in Belsia


cri<br />

tres (1).<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 41<br />

enfin à Bouvilte, d'où cite gagnait Char-<br />

Il. Voies reliant Avarieuni à diverses villes<br />

celtiques <strong>du</strong> <strong>Berry</strong> el des environs.<br />

16. Voie d'Avaricuin à Levroux. - Nous avons déjà<br />

trouvé sept <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> reliant Aearieuni aux chefshoux<br />

(les civitates voisines et en même temps à tait<br />

in nombre (le local i lés celtiques situées dans l'intérieur<br />

ou à la périphérie <strong>du</strong> pays Biturige. Mais nous savons<br />

qu'autour (leBourges IL existait d'autres <strong>voies</strong> que celtes<br />

que nous avons étudiées les unes bifurquant (les précédentes,<br />

d'autres sortant directement de Bourges. Ces<br />

<strong>voies</strong>, dont nous allons maintenant nous occuper, mettaient<br />

en relations la capitale <strong>du</strong> pays avec d'autres villes<br />

'celtiques importantes, (tue ne touchaient pas les <strong>voies</strong><br />

précitées.<br />

Ainsi 4varieu.rn était I'etiée aux deux villes celtiques<br />

d'Exol<strong>du</strong>nurn ( Issou<strong>du</strong>n) et de Gabatuin (Levroux) par<br />

un embranchement, qui quittait ta grande voie de Bourges<br />

à Argenton près (J'Erno<strong>du</strong>rutn (SainL-A.mhroi), où<br />

cette voie l'ranchissaitl'A.rnon. Cet embranchement a été<br />

étudié sur le terrain par M. Guiltard, dont il suffira de<br />

résumer les constatations. - Il partait, soit <strong>du</strong> Car'roir<br />

d'airain (à I kilôm. de Saint-Anibroix), soit plutôt <strong>du</strong> faubourg<br />

de Saint-Hilaire, où se trouvait lit romaine<br />

(cfr. in/rà n° 41), se dirigeait vers l'ouest pour passer au'<br />

lieu-dit le Petit-May, puis un peu au s'ud de Tassay, et<br />

s'infléchissait ensuite vers le sud-ouest pour rejoindre<br />

cd vents iter ab Àoreliis Carnotuin cd quatuor leucas Carnolom, ubi lapides<br />

a tempere Romanorom inilliaria distiDguentes èrecti s'isunLor'».<br />

(1) Cfr. Ca ylus, Recueil d'antiquités, tome 1V, p. 378, et planche 114;<br />

- et abbé de rorqual, Notice 7,istor. et archéol. sur la baronnie de<br />

Chevitly, dans les Méat, de la Soc. archéol. de l'Orléanais, tome XI<br />

(1868). P. 352-377.


42 LES VOIES ROMAINES DU saauv.<br />

un chemin rural venant d€ Reugny qu'il suivait dès lors<br />

jusqu'à Issou<strong>du</strong>n, où il traversaitla Théols. La voie séparait<br />

ensuite pendant 2.800 mètres les paroisses d'lssou<strong>du</strong>ri<br />

et Lizeray de celle de Saint-Aoustrille, longeait le<br />

ruisseau de Tournemine, qu'elle franchissait ait dit<br />

la Borderousse, coupait de nouveau la limite paroissiale<br />

de Lizeray à son angle ouest, et passait auprès des lieux<br />

dits le Nil etMétas. Elle gagnaitensuite presque en ligne<br />

droite la Croix des Bornes, point d'intersection des trois<br />

paroisses de Brion, Levroux, et Saint-Phalier (nunc réunie<br />

à Levroux), séparait ces deux dernières pendant<br />

4.500 mètres, et atteignait Levroux. La largeur moyenne<br />

de cette voie était de 6 mètres (t).<br />

17. Voie d'Avaricurn à Clidicaumeillant. - Avari-'<br />

cum était de même, reliée par un embranchement à.<br />

Mediolanura (Châteaumeillant), la « ville <strong>du</strong> milieu »,<br />

signalée par la Carte de Peutinger comme station sur la.<br />

voie de Clermont àPoitiers. Cet embranchement est indiqué<br />

pal la colonne itinéraire d'Alichamps, dont il a été<br />

question plus haut (suprà, n' 12). Au point où elle a été<br />

érigée existait untrivia, dont les trois branches se dirigeaient<br />

sur, Bourges, Néris, et Chateaumeitlant. Depuis.<br />

Caylus, tous lesauteurs se sont appuyés sur l'inscription<br />

de cette colonne itinéraire pour prouver l'existence de<br />

la voie d'Alichamps à Châteaumeillant (2). Mais, comme<br />

l'authenticité <strong>du</strong> milliaire a été attaquée, il importe de<br />

faire remarquer que, dès avant sa découverte en 1757, la.<br />

voie était attestée. En 1750 en effet, le prieur d'Alichamps,<br />

Pajonnet, avait reconnu (lue la voie romaine qui passait<br />

« au levant et à 300 pas de son clocher», se divisait peu<br />

(I) Pour les détaits,cfr. Oeillard, toc. ait., p. 525.327;321-325,et les tableaux<br />

de sondage qu'il présente ibid., p. 323-324, 325-329.<br />

(2) En ce sens De Caylus, Defougères, Barailon, Ferrand de Saligny,<br />

Eabre, de haynal et Lcudières de Longchmp, Edmond Tudot, E. Chénon,<br />

etc. M. B. de Kersers, à qui l'hypothèse d'une bifurcation avait d'abord<br />

paru « purement gratuite e, s'était rallié ensuite à l'opinion générale.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 43<br />

après en deux branches l'une allant vers Drevant et.<br />

Néris (suprà n° 42), l'autre se dirigeant vers Chàteaumeulant;<br />

et le prieur ajoutait que cette dernière « passait<br />

par Farges », et que « sa terrasse était encore bien conservée<br />

dans la forêt d'Hubert o (i), probablement k l'extrémité<br />

sud-est de cette forêt, <strong>du</strong> côté de la chapelle de<br />

Souages.<br />

En partant de cette donnée, la voie est facile à retrouver.<br />

Elle traversait le Cher sur le pont de Bruère (2), et<br />

prenait une direction sud-ouest très marquée qu'elle conservait<br />

jusqu'à la fin. Elle pssait au sud-est de Farges,<br />

puis au lieu dit la Chapelle de Souages, où une chapelle<br />

est mentionnée dès le xiii' siècle (3), et où elle commen-<br />

Qait à délimiter les paroisses de Morlac et de Marçais (4).<br />

Elle les séparait pendant 2 lieues gauloises jusqu'à la<br />

cote 485, point d'intersection de ces deux paroisses avec<br />

celle de Puy-Peirand. Elle coïncide ensuite avec un<br />

vieux chemin, qui passe à l'est de l'ancienne abbaye de<br />

Puy-Ferrand, puis auprès de la chapelle de N. D. (le<br />

Pitié, rejoint la route actuelle <strong>du</strong> Châtelet à Châteaumeillanth<br />

la cote 240, la suit quelque temps jusqu'à Cote-.<br />

turon, puis reprend le vieux chemin de Puy-Tilloux<br />

(Podium Tillosum, -aune Peut.eloux) traverse le Portefeuille<br />

à 3 lieues gauloises de Châteaumeillant, et arrive,<br />

dans la ville par l'ancienne roule <strong>du</strong> Châtelet, dont une<br />

partie, bordée de maisons, subsiste encore et aboutit derrière<br />

l'église (s). — La voie se prolongeait-elle plus loin t<br />

(t) P5o'oet, Noces, dans les Mérn.. des Aneiq. <strong>du</strong>.Centre, tome VI,<br />

289-290.<br />

(2) Pajonnet, ibid., p. 289; — et Defougères, ibid., p. 326.<br />

(3) OEs'. Buhot de Kersers, Statistique, op. oit., canton <strong>du</strong> cMtelet (188),<br />

P. 33, et pièce justificative n° 1, p 41.<br />

(4) Non loin de là, à 1500 mètres au sud-est, dans la paroisse de ?dar<br />

çais, se trouve le camp romain de Champ-Clair, qu'a décrit M. Gustave<br />

Mallard, Le camp romain de Charnp'Gtair, Saint-Arnaud, 1897, broch;<br />

in-8, P. 6 et suiv.<br />

(5) Cfr. D. Mater, op. oit., p- 39-41, qui donne deux tracés pour le voie


I<br />

U LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

C'est ce que nous examinerons par la suite, quand nous<br />

nous occuperons de Chû.teaumeitlant en particulièr<br />

(infrà n° 39).<br />

48. Voie d'Avaiicunz à Bourbon-I'Arehérnbatid.<br />

Dans le pays Biturige, il y avait une autre ville celtique<br />

importante, celle d'Aquae .Bonnonis (Bowbon-l'Archembaud),<br />

station d'eaux thermales qui rivalisait avec celle<br />

de Néris. Il était impossible qu'Avavicuin, ne fOt pas<br />

rattachée à cotte station. Aussi tous les auteurs, à commencer<br />

lrnr La Thaumassière, admettaient-ils l'existence<br />

d'ûne voie d'Avaricuni à Bourbon, sans préciser autrement<br />

(1). M. Moreau (de Dun-le-Roy) a comblé en partie<br />

la lacune. Il a reconnu que la grande voie d'Ararieurn à<br />

Autun (suprà n° 44) bifurquait peu après avoirtraversé le<br />

village de Saint-Just. Tandis que la branche orientale se<br />

dirigeait vers Sancoins, la branche occidentale passait<br />

près <strong>du</strong> hameau de Chambon (Carnbionzagus) et se dirigeait<br />

presque en ligne droite vers la ldca]ilé celtique rie<br />

Dununi(Dhn-le-Boy), en suivant la rive droite de l'Auron.<br />

Elle séparait pendant 800 mètres les paroisses de Saint-<br />

Denis-de-Palin et de Sainte- Rad egonde-de-Cuzay, traversait<br />

ce dernier bourg, eîi race <strong>du</strong>quel, sur la rive gauche<br />

de l'Auron, se trouvait le camp ou oppi<strong>du</strong>m de la Touratte<br />

(e), et gagnait Dun-le-Roy (3). Dans cette' première<br />

partie de son parcours, la voie que nous étudions suivait<br />

en somme le chemin de Bourges à Dun tracé par Cassini.<br />

- Au dçlàde Dun, la voie servaitde chaussée aux étangs<br />

de la Grange-Rouge et de la Chappe, puis formait la<br />

limite, assez sinueuse, des paroisses de Dun et de<br />

de Bruère à Mediolanurn le premier est inadmissible; le second se rapproche<br />

<strong>du</strong> nôtre. - -<br />

(1) Cfr. D. Mater, op. ut., p. 31.<br />

(2) Sur le camp de la ToureLLe, cir. B. de Kersers, Enceintes en terre<br />

dans le 4ép. <strong>du</strong> Cher, dans les Mém. des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome I (1868),<br />

p. 18-21; et Statistique, op. oit.; tome 1V, p. 9145.<br />

(3) Sur les antiquités gauloises et <strong>romaines</strong> trouvées à Don, cfr. B. de<br />

Kersers, ibid., p. 55, 88-90.


0<br />

LES VOIES ROMAINES DU BEIthY. 45<br />

Verneuil (à l'ouest) et de Cogray et Thurniers (à l'est),<br />

sur une longueur totale de 5600 mètres (4), jusqu'au lieu<br />

de Salles, où l'on a trouvé d'intéressantes ruines<br />

<strong>romaines</strong> murs, boîtes funéraires en pierre, belle urne<br />

cinéraire, etc. (2). Là, la voie traversait le ruisseau des<br />

Andais qui passe T. haurniers<br />

Que devenait-elle ensuite? CohtinuaiUelk à côtoyer<br />

l'Auron, en passant par la Chaume <strong>du</strong> Pont et Bois-Mort<br />

pour rejoindre le pont de Chargy sur le Sagonnin? ou<br />

(cequi est plus probable) rejoignait-elle ce pont par i'liaumiers<br />

et la Sarde? .Je ne sais. En touscas, c'est au pont<br />

de Chargy, près <strong>du</strong>quel on a trouvé des antiquités<br />

<strong>romaines</strong>, et qui est antique (3), que la voie devait traverser<br />

le Sagonnin. Peu après, elle commençait à délimiter,<br />

pendant près de 40 kilomètres, les paroisses de<br />

Bannegon et Bessais-le-Fromental des paroisses de<br />

Neuilly-en-Dun et Saint-Aignan-des-Noyers, jusqu'à ta<br />

vieille ville romaine de Venou, ancienne paroisse où se<br />

trouvent encore des retranchements à trois enceintes,<br />

avec rossés et agger (4). La voie continuait ensuite à<br />

séparer, pendant 900 mètres, les paroisses de Venou<br />

(nunc réunie à Bossais) et de Saint-Aignan-des-Noyers<br />

jusqu'à leur point d'intersection avec celle de Valigny,<br />

puis ces deux dernières pendant 1800 mètres jusqu'à leur<br />

point d'intersection avec celle de- Luroy, ces deux<br />

dernières pendant 2000 mètres jusqu'à leur pint d'intersection<br />

avec celle de Couleuvre, enfinces deux dernières<br />

pendant 4300 mètres la voie romaine servait clone de<br />

limite paroissiale à partir <strong>du</strong> Pont (le Chargy pendant<br />

16 kilomètres. Elle devait se diriger ensuite en ligne<br />

(I) Elle passait trois fois aux points d'intersection de trois paroisses. -<br />

Sur ce tracé, cfr. Moreau, histoire de Dur.-le-Boy, tome I (1895).<br />

(2) W de Kersers, Statistique, op. oit., tome III, P. 96-97.<br />

(3) Ibid., p. 59. Le pont est à deux arches, en plein cintre, il a été réparé<br />

en 1645.<br />

(4) 0fr. Jacques Chevalier, La forêt de Tronçais, dans la revue L'arbre<br />

et l'eau, juillet 1912, P. 101-102.


46 LES VOiES ROMAINES DU BERRY.<br />

droite, par Blanc-Fossé, où l'on a trouvé des bains avec<br />

hypocauste (t), vers le bourg de Couleuvre, qu'elle traversait,<br />

puis, par Tilly, Saint-Plaisir, et la Croix-Rouge, -<br />

vers Bourhon-l'A. relie mbaud. - - -<br />

Au • delà- de Bourbon-l'A rehemhaud, la voie continuait<br />

eerl.ainerneni dans la même direction sud-est, ,pour -<br />

rejoindre, par Autry-lssard, Souvigny, et Besson, la ville<br />

de -Donobi'ia (Chàtel-Deneuvre), assez importante pour<br />

devenir plus tard le chef-lieu d'une vicaria arvcrne (2).<br />

Là, elle devait traverser l'Allier et en longer ensuite la rive<br />

droite jùsqu' Vorocium (Vouroux), où elle trouvait mie<br />

voie -directe pour aller à Lyon, par Ariolica et banne,<br />

et une autre voie pour aller à Vichy (Aquac calidac) et -<br />

-Clermont (3). On voit que par Dun-le-Roy, Bourbon-<br />

I'Arehenibaud, et Vouroux, Bourges pouvait communiquer<br />

avec Lyon beaucoup plus rapidement que pal<br />

Sancoins et Autun (suprù, n° M).<br />

19. Voie d'A-earicunz à Noyers. - Nous verrons plus<br />

loin que Bourhon-l'Archemhaud était relié à Nevers<br />

par une voie secondaire coupant la voie de Bourges à<br />

Deeize entre Sancoins et Saint-Pierre-le-Moutier. On pouvait<br />

donc par la voie de Sancoins et cette voie secondaire<br />

aller d'Avar-icum à Netirnum; mais le - détour<br />

- était considérable, et il est difficile de supposer qu'il n'y<br />

cfit pas entre Nevers, ville assez importante pour devenir<br />

au Ve siècle le siège d'un évêché,..et Bourges une voie<br />

directe. Cependant on n'en a jusqu'à présent rèneontré.__<br />

aucun vestige certain, et les auteurs<br />

- - proposent les traces -<br />

(1) Jacques Chevalier, ion. oit., P. 402.<br />

(2) CC. Diplôme de Louis-ie.Ddbonnaire, de 825 n In <strong>du</strong>catu Arvernico,<br />

pago Donobrensi s; et pour plus de détails Chazaud, Chronologie des sires<br />

de Bourbon, Moulins, 1865, in-8', 2' partie, p. 134; - E. Ctaénon, te pays<br />

de <strong>Berry</strong>, op. ait-, p. 21-22, texte et notes; - D'Arbois deiuijainvilte, op<br />

oit., P. xiii. -<br />

(3) Cf. Carte de Peutingcr, dans Desjardins et Loognon, op. oit., p. 441<br />

ii Lug<strong>du</strong>no. F'oro Segusiavarum. Mediolano. }lnidonina. Ariolieji. Voroglo.<br />

Aquis calidis. Aug. Nemeto


LES VOIES ROMAINES DIX BERRY. 47<br />

les plus variés. On peut, à notre avis, hésiter entre deux,<br />

ont la partie initiale repose sur des présomptions asez<br />

sérieuses, mais dont la partie finale est des plus incertaines.<br />

li nous semble que la voie de Nevers devait sortir de.<br />

Bourges par la porte de Lyon, et se détacher de suite de<br />

la grande voie de Sancoins, pour aller passer, exactenient<br />

à 2 lieues gauloises <strong>du</strong> point de bifurcation, à l'intersection<br />

des trois paroisses de Bourges,Osmoy, et Soyeen-Septaine.<br />

Elle séparait ensuite ces deux dernières<br />

paroisses pendant-) autres lieues gauloises, passait à l'intersection<br />

des trois paroisses d'Osmoy,Soye, et Savignyen-Septaine,<br />

qui coïncidait exactement âvec la 4e borne<br />

milliaire, continuait à séparer Savigny de Soye et de<br />

Crosses, et quittait Savigny à un angle placé exactement<br />

à la .5 1 borne. La voie devait traverser ensuite le village<br />

tIc Crosses, passer à l'intersection des trois paroisses de<br />

Crosses, .lussy-Charnpagne, et Vornay, et arriver au<br />

bourg de .Jussy. Pendant tout ce trajet, elle se confondait<br />

en somme avec la route actuelle dite de Crosses. A partir<br />

de Jussy, elle s'infléchit vers l'est, sépare pendant<br />

2500 mètres les paroisses de ,Jussy, Beny-sur-Craon, et<br />

Baymond (1), dont le point d'intersection coïncide avec<br />

la lo e borne, et gagne ensuite Saligny-le-Mort, où elle<br />

devait passer h 1500 mètres au sud d'une belle villa romaire<br />

située à la sortie de Bengy-sur-Cnton (2). Après<br />

Saligny, elle se perd dans lesterres; mais elle devait aller<br />

traverser Nérondes (Nigrornita) (3), après avoir séparé<br />

(1) A Raymond, en 1875, on s découvert un trésor de s® monnaies<br />

<strong>romaines</strong>, enfermées dans u" vase rouge (B. de Kersers, Statistique, op.<br />

oit., tome IV, P. 12?).<br />

• (2) Cfr. la description de cette villa (touillée en 1895) par le oupit. Grandjean,<br />

dans les Md,n. des Anttq. <strong>du</strong> Centre, t. XXI, p. 21-31.<br />

(3) Vers 1850-1855, où n découvert à Nérondes un tombeau en •maç000erie<br />

contenant des vases de formes variées et 62 monnaies <strong>romaines</strong> d'Usclricn<br />

à Maximien (Ii7-306) (B. de Kersers, Statistique, op. oit., tome VI,<br />

p. 52). - A trois kdomètres au sud de Nérondes, au nord de Flavigny (Fia-


48 LES VOIES ROMAINES DU BERRY<br />

cette paroisse de celles de Bengy et de Flavigny pendant<br />

2500 mètres, puis passer à 1200 mètres au sud <strong>du</strong> hameau<br />

de Milly, dont le nom, évidemment romain, était celui<br />

d'une villa mentionnée au ixe siècle (I), et k 1200 mètres<br />

au nord d'une autre villa découverte près <strong>du</strong> lieu-dit La<br />

Loge et de déhris romains trouvés à Fontenay, commune<br />

de Tendron (2). Elle devait ensuite gagner le point d'intersection<br />

Ides quatre paroisses de Néronde, le Gravier<br />

(unie à la Guérehe), Saint-Il ilaire-de-Gondilly, et IeChautay,<br />

séparer ces deux dernières pendant trois kilomètres,<br />

et atteindre ainsi Patinges, ancien vicus dont le territoire<br />

est semé de débris romains, où àl'épocjue mérovingienne<br />

existait un atelier monétaire, et qui devait devenir<br />

le chef-lieu d'une paroisse et d'unevicaria fqrnke (3).<br />

De Patinges, la voie gagnait Nevers, après avoir traversé<br />

'la Loire à Givry:<br />

Ce tracé a nos préférences; mais nu autre est possible.<br />

• La voie d'Avaricu,n à Nevers pouvait sortir (le Bourges.<br />

par la porte <strong>du</strong> nord, la porte Gordaine, se détacher,<br />

après le passage de t'Yèvre, (les deux <strong>voies</strong> con<strong>du</strong>isant k<br />

Orléans(supià, n°{5)età Château-Gordon (infrà, n°20),<br />

pour 'se diriger nettement vers l'est, passer au hameau<br />

de Maubranches, où existent les vestiges d'un camp romain<br />

(4), puis à Baugy, où se trouve un autre camp, celui.<br />

d'Alléan, près <strong>du</strong>quel on a découvert d'impojtantes ruines<br />

viniacus), les ruines d'une villa importante turent mises s,'jour en 1,382<br />

(ibid., p. 22).<br />

(1) Cartulaire A de Saint-Sulpier., n' XL, charte do 814 (ou 877)<br />

s... in pago .Biturigo, in viearia Negromeotinse, in contenu Fabriacense,<br />

n villa que vocatur Armiliàcum corn capella si oasis... .' (éd. L. de Kersers,<br />

dans. les Mém, des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome XXXV, p. iOl).<br />

(2) B. de Kersers, Statistiqt.e, op. oit., tome VI, p. 60, 74.<br />

(B) Ibid., tome IV, P. 269: « Patinges est traversé, dit-on, P ar une<br />

antique.<br />

(4) Sur le camp de Maubranches, cfr. B. de iÇersers, Enceintes en terre<br />

<strong>du</strong> Cher, toc. cil., p. 21-25. - Non loin, à l'est, Bury, ruines d'une.<br />

villa romaine, et les ruines.


Ls VOIES ROMAINES DU BERRY. 49<br />

<strong>romaines</strong> (l), et de là gagner la Loire par Clanay, <strong>Berry</strong>,<br />

Garigny, et Auhigny, toutes localités d'origine romaine<br />

(2). .4. Aubigny, un gué permettait de passer la<br />

Loire, et. par Clarnour. d'arriver aux environs de Pou-<br />

gues-les-Eaux, ou la voie de Bourges rencontrait la<br />

grande voie de Nevers à Orléans, qui longeait la rive<br />

droite de la Loire. Peut-être les deux tracés ont-ils<br />

coexisté, le premier con<strong>du</strong>isant directement do Bourges<br />

à Noyers, et le second irectement de Bourges à Pougues-les-Eaux.<br />

Mais tout cela reste hypothétique.<br />

20. Voie d'Avaric pznz à GMteau-Gordon —Nous connaissons<br />

mieux une autre voie qui reliait Bourges avec<br />

l'irit portante ville celtique de Gortona oit et qui<br />

est toujours en service soue le nom fameux de « chemin<br />

de Jacques Coeur ». Elle sortait de Bourges par la porte<br />

Gordaine, qui lui doit son nom (3), et elle est tracèe sur<br />

la Carte d'État-major sous le nom de e V oie romaine de<br />

Bourges à Cosne ». Au sortir de la porte Gordaine, elle<br />

se dirigeait vers le nord, et, selon toute vraisemblance,<br />

« c'est à elle qu'est <strong>du</strong>e la construction de la chaussée qui<br />

Forme le faubourg Saint-Bonnet-Saint-Privé. , pour assurere<br />

passage ;lit des marais)) qui entourent Bour-<br />

(1)Sur le camp et les ruines d'A! [tac, cîr. B.de Kersers, ibid., p.31;_<br />

et Statistique, op. vit., t. J, P. 499-203.<br />

(2)A Girighv même, à lest de léglise, on a trouvé des pierres sculptées<br />

<strong>romaines</strong>, débris don é difice <strong>du</strong>ne certaine importance (B. de IÇersers,<br />

Statistique, op. oit., tome VI, P. 2$6. Autres découvertes <strong>romaines</strong> 301<br />

lieux-dits le Grand-Toi,nea,s (600 m au sud de la vie) et tes Baptisés (600<br />

au nord) (Ibid., p. 41-42 et .321 et Mém. des Anti9, <strong>du</strong> Centre, t. Il,'<br />

P. 19-27, et t XI V, p. 28.30).<br />

3 ; Canut. A. de Saint-Sisfpi, charte de ?99-&0, N 16 .. Est autem<br />

ipsa ares illfrâ 'suros Biturige urbis juxta portais, que priscis teniporibua a<br />

Cortono castro Cortonica est s',)cilata et ' s ' a parte adheref'muro, ztLera<br />

parte via discernatur puhtir.a u (dans de Raynal, op. ait., Lobirt t, p. 470,<br />

et L. de Kersers, dans tes jl1'érn, des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome 35, P. 60).<br />

La même voie publique est signalée coltine al tant aux Aix dans 'in acte de<br />

1198 <strong>du</strong> chapitre de Bourges « ... publicam stratam que <strong>du</strong>cit ad Havas .z<br />

(cité par de Raynal, ibid., p. 100, note 1).<br />

CHSON. 1 1 4


50<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

ges dccc côté (t). Après avoir traversé l'Yèvre, elle prend<br />

la direction nord-est pour ne plus la quitter. Elle franchit<br />

le Langis k l'angle des deux paroisses de Saint-Germain<strong>du</strong>-Puits<br />

et de Saint-Miehet-de-Voutangis, passe à un<br />

k-ilbmète environ au sud <strong>du</strong> château de Turly, où en<br />

1782 on a retrouvé sés traces (2), chemine parallèlement<br />

au ruisseau de l'Ouatier, célèbre par le martyre de sainte<br />

Solange, sépare pendant une lieue gauloise exacienleul.<br />

la paroisse des Aix-Dain-Gilon de celles de SainLe-oIange<br />

et de Rians. traverse Ilians (Rigoinagus), ancienne tocalité<br />

eeltique(3). qu'elle sépare ensuite pendant 1000 mètres<br />

de tapetite paroi sse de Saint-Céols, coupe toutela paroisse<br />

• de tiontigny,puisséparece1iesde Veaugues etdeiitlognes<br />

sur une longueur totale de 4.700 mètres; cite remonte<br />

ensuite vers le nord pour passer au hameau (le 'Voisv, et<br />

• séparer pendant trois kilomètres les deux paroisses de<br />

Bué et Thauvenav. On la perd k la croix Saint-Ladre, au<br />

pied (le la colline de Sancerre, quel k devait contourner<br />

POU gagner Saint-Satur ou plutôt Saint-Thibaud, où la<br />

présence de nombreuses ruines <strong>romaines</strong> indique que là<br />

se trouvait l'ancienne ville de Gordo (4). La voie traver-<br />

• aitensuitela Loire, probablement au portsaint-Thibaud,<br />

et rejoignait ainsi la grande voie de Nevers à Orléans,<br />

qui passait il (?desvc) et à Condate (Cosne) (5).<br />

(j ) G. Vallois, Voies d'Avarioum, op. oit., P. 60.<br />

-<br />

(2). Gîr. Ferrand de Saligoy, dans les Méns. des Antiq. <strong>du</strong> Centre, t. lit,<br />

. 44. Én 1367, on s retrouvé au même lieu des tegulac et des monnaies<br />

romaine' (B. de ICersers, Statistique, op. oit., tome I. P. 471.<br />

(3) Sur ce point, cfr. Lorgnon, La civitas lUgontagensis, dans la<br />

Bibliothèque de i'Éoole des Hau4e,s-Études, Faso. '73(1887),p. 395, natal. -<br />

(4) Pour les détails, ctr, Ferrant1 de Sarigny, bu. oit.. P . 113-44; - G.-vallois,<br />

bruit,, p. 59-62;—D. Mater, op. oit., p. 9-10;— B. de1ersers, Siatistiçiue,<br />

op. oit., tome Vil, P. 47-55.<br />

- (5) Cfr. itinéraire d'Antonin: ,' Nevirnnto. Condate, Brivo<strong>du</strong>rum.<br />

Baba, Cenabssm n; - et Carte de Peutinger Ebirno. Massava. Brivodaro.<br />

Beica. Cenabo. n (Desjardsns et Ldngnon, op. oit., p. 53-54 et 141).<br />

- Des vestiges de cette voie ontété retrouvés entre Viilechaut (le Long de<br />

la Loire) et Cosme (De Soultrait, op. oit., col. 85). - On n trouvd à Mesie,


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 51<br />

• Par Cosne, Avaricùne se trouvait en relations avec<br />

Entrains (bziaranurn), une voie secondaire dont oh n<br />

trouvé des vestiges à Ciez reliant ces deux villes (i): et<br />

par Entri%ins avec Auxerre (Auhissio<strong>du</strong>rum) et Troyés.<br />

A Àuxerre, une autre voie- con<strong>du</strong>isait à Agedinciun<br />

(Sens) (9). On voit par ces indications que la voie d'Àvaricum<br />

à ChteawGordon n'éi.ait pas l'une .des moins<br />

importantes (le celles qui soitaieùt d o la capitaledes l3iturigcs.<br />

C'est par cette voie qu'en août 767, Pépin-le_Bref, -<br />

au tort de sa lutte contre le <strong>du</strong>c d'Aquitaine Waïfre,<br />

accéda à Bourges. Il venait <strong>du</strong> paqus de Troyes, et avait<br />

traversé la Loire à Chàt p,au-Qojïjor ) il avait donc suivi<br />

la voie romaine passant par Tro yes, Auxeri-e, Entrains,<br />

et Cosnc A-Chàtau-Gordon il n'eut qu'à continuer par<br />

le « chemin de Jacques<br />

ues Coeur - » pour arriver, avec la<br />

reine Bertrade et son armée,à Bourg-es, où il se lit constru<br />

ire tin palais (3).<br />

21. Voie d'Avrj,jc ?27fl à Briare. — Entre cette voie<br />

d'Atorjcum à Chàtea.u-Cordon et celle d'Avarjcuni à<br />

Orléans, il existe un vide, qui n'a pas dû rester sans<br />

en juillet 1865, dans les foudations de ii, vieille église, une intéressante inscription<br />

commençant part ces mots ' AvG. sAcn. DEAE. cLVT0NOAE.<br />

ET V (I]CANIS. MASAVENSIBVS ------Cfr. sur ceLte inscription Boucher<br />

de Molandon, Nouvelles études sur l'inscrip. romaine de Mesves, dans<br />

les Mént. de la Soc. archéol. de l'Orléanais, tome XI (1868). p. 240-245.<br />

(1) De Soultrait, ibid., coi 95. -<br />

(2) La voie d'Entrains à Auxerre est tracée sur-la Carte dEtat-major ta<br />

voie d'Auxerre à Troyes est mentionnée par ['Itinéraire d'Antonin et tai<br />

Carte de Peutinger: et ri voie d'Auxerre à Sens par la Carte de PeuLinger<br />

(crt. Desjardins et Longnon, o». cit., P. 505f, 138). -<br />

(3) Continuateur de Frédégaire, éd. Krush (dans les Mon Gennanjac<br />

hist. ), IV, § 49 « I teruns destin sono squente (767), Pippinus, cosumoto<br />

muni esercito Fraocorum, per page Trecasino, iode ad orbe,» Autisiodero<br />

venions, ad cash-o qui voeattsr Gordinis cure regina 51m Bertradane jam fi<strong>du</strong>cialiter<br />

Ligere transits,, id Bitoricas accessit-; palatium situ ediilcare jubel ».<br />

Pendant sa longue guerre avec le <strong>du</strong>c \Vaïfre, Pépiis-le-Bref suivit 4 fois<br />

la voie de Tro yes à Entrains, d'dù il se dirigeait ensuite sur un point où il<br />

pouvait traverser la l.oire pour entrer en Berrv : en 760, à Mesve (infrà,<br />

ne 47); eu 761 et 763, à Nevers (Mis-à. 'n' 45); en 767, à Château-Cordon<br />

Cfr. de Raynal, op. cit. , tome I, p. 205-212, - -<br />

- -;


52<br />

t.IS voiis ROMAINES Du BERRY.<br />

routes; mais jusqu'à présent. on n'en a pas rencontré de<br />

vestiges ceains. M. M ater e nsuppose,<br />

p1UsIii . Une<br />

rt<br />

,<br />

• sêu €rjiîaît suffisamment Motivéec'est une route<br />

reliant Bourges à laville celtique de Bjivodta:um (Briare)<br />

sur la voie de Nevers à Orléans. Celte voie pouvait se<br />

détacher de celle de Cl iâteau-GordOn aû pied de la butte<br />

d'Archelet ? POUF prendre la direttion nord-est, passer à<br />

700 mètres à l'est de l'importante villa romaine de Feularde,<br />

fouillée en 1846, 485!, 4868 (2), séparer pendant<br />

2700 mètres les paroisses de Pignyet Vignoux, traverser<br />

ce dernier bourg passer à l'ouest de Nenetou-<br />

Salon (3), Pu<br />

à Bôisbelle, Prunsac (4), Dampierre-eliis<br />

Crot, et ConcorsaUt, où elle pouvait franchir la Sauldre.<br />

Elle devait séparer ensuite pendant 3200 mètres la<br />

paroisse de Blaneafôri de celles de Barlieu et Cernoy,<br />

puis pendant 2 Iciloinètres la paroisse d'Autry de celle de<br />

Cernoy.Finalement elle devait gagner en ligne droite le<br />

u6 de Briare, pour traverser la Loire, après être passée<br />

auprès des ruines <strong>romaines</strong> <strong>du</strong> Grand-Plessis. Mais tout<br />

ce tracé aurait besoih d'être vérifié sui place, et ne constitue<br />

qu'une hypothèse probable.<br />

22. l'oie d'Avarieufll à SalOns et jvovio<strong>du</strong>nittn. -<br />

Mieux attestéô est une dernière voie parlant d'Ava,ieunt<br />

ét rattachant la capitale des Bituriges à une ville celtique<br />

que les Commentaires de César ont ren<strong>du</strong>e célèbre, Novio<strong>du</strong>nuni<br />

(fort neuf) (5). Cette ville, située entreOrléans et<br />

Bourges, fut piise par le conquérant romain se rendant<br />

de Genabu?n à Avaricuni, à la rencontre de Vercingéto-<br />

(1) Cfr. P; M;iteç, op. oit., p 16-18.<br />

(2)Cfr. B. de Kersers, Statistique, ap. oit , tome VI. p. 204).<br />

k Menetou-Selon,. près <strong>du</strong> bourg d'en bas, existait un établissement<br />

(3)<br />

romain. En 1854, en dénrnlissn"l l'ancien prieuré de .Saint-M;irtin, on s<br />

rouvé une inscription id nous dA.ndecatisS ferdx fils d',4 trianus(B. de<br />

Kersers. ibid.. P. 2021.<br />

(4) A 1200 mètres lest de Pransac. ail lien-dit ta Crasdais, ors s<br />

découvert des vestiges d'habitation romaine (ibid. lutrin Vil, P . 286).<br />

(5) cfr. dArbois de Jubainvi1le, op. oit., p. 152.<br />

-


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

rit. Il y av ait donc déjà un chemin gaulois reliant ces trois<br />

villes. L'idenufieationde,Noviûdlznuni a été très discutée;<br />

mais M. Soyer a démontré, par des raisons philologiques<br />

très fortes, que Novio<strong>du</strong>num donne en, langui<br />

d'oïl Ivcung, et qu'il faut placer par suite le Nôvio<strong>du</strong>nitm<br />

de César à Neung-sur-Beuvron, tout près de la<br />

frontière (les Bituriges (1) Le chemin 'gaulois traversait<br />

forcément la Sauldrc à Salobriva (Salbris), dont le nom<br />

signifie Pont-sur-Sauldx'e. La voie romaine qui l'a remplacé<br />

ne pouvait passer ailleurs. C'est dope dans cette direction<br />

qu'il fallait la rechercher et qu'effectivement<br />

M. Vallois l'a trouvée. . .<br />

Son tracé de Bourgs à Saibris est facile à suivre. La<br />

voie de Salbris se séparait de celle d'Orléans au nord<br />

d'.4varicu;n, aussitôt après avoir trM'ersé l'Yèvre, pour<br />

prendre •la direction nord-ouest. Elle allait passer à<br />

Briou, où l'on oit découvert des vestiges, et où devait<br />

se trouver la seconde borne millia.iré, coupit la limite<br />

paroissiale de Saint-Douichard exactement à la troisième<br />

borne, et passait à Vernay, où elle est encore bordée de<br />

grosses pierres (), puis à l'angle de la paroisse de Saint-<br />

Eloi-de-Gy à la 4 0 borne (3). Elle est très apparente entre<br />

Dame et les Maisons-Brûlées. seul, de chaussée à l'étang<br />

des Fontaines, passe à la Garde, et atteint la paroisse de<br />

Saint-Laurentrsur-Baranjon à la 6 borne (4). Elle tra-<br />

(t) Cfr. Snyer, Etude critique sur le .win et l'emplacement de deux<br />

oppida celtiques mentionnés par Uésar, dans les Ment. des Antiq. <strong>du</strong><br />

Centre, tome 28 9 p. 8-13; - et E. Chénon, Le pays de <strong>Berry</strong>, op. oit., p. 9.<br />

(2) B. de Kersers, Statistique, op. oit,, t. VI, p. 225.<br />

(3) Non loin, à 1200 m. au sud-ouest de la voie, au lieu dit Mazières, -<br />

on n trouvé en iSîl tes substructions d'une villa romaine (ibid. p. 224; et<br />

Mém. des .4ntig. <strong>du</strong> Centre, tome vit, p. 235-240).<br />

(4) De Briou à ta Garde, ce [racé est certain; il est donné dès 1745 dans<br />

un manuscrit de Rend Béchereau, avocat <strong>du</strong> roi Vierzon, qui a vn'la voie<br />

ainsi Elle avait 24 pas de large, et était garnie: de grosses pieriès sem- -<br />

Nobles à des bornes, 'au milieu et des deux côtés le reste était el cailloutis<br />

»(cité par de Toulgoét-Tréanna, Hist. de Vierzon, Paris, 1884, in-8',<br />

p. 423). Béchereau croyait <strong>du</strong> reste que ta voie allait passer à Vierzon;<br />

mais il n'indique aucun pointproche -de cette ville.


54 LES VOIES ROMAINES- DU BERRY.<br />

versaiten suite la rivière et le bourg, coupaitde nouveau la<br />

limite paroissiale de Vouzeron à la r borne, passait au<br />

hameau de I'Alleu-dû-Houx, atteignait la paroisse d'Orsay<br />

(Ursiacus) (t), à la 44e borne, la séparait pendânt une<br />

lieue gauloise de la -paroisse de Neuvy-sur-Baranjon;<br />

puis allait passer au lieu dit le Many, où elle s'inlléchissaitun<br />

instant vers l'ouest pour traverser, la l-1ère au lieu<br />

dit le Ponceau; Elle passait ensuite au point d'intersection<br />

des trois paroisses d'Orsay, Nançay, et Salbris, exactement<br />

'a la 42° borne, et gagnait Saibris par lit de<br />

Bourdaloue et la chaussée de l'étang (lit Bois f2).<br />

Au delà de Salbris, M. Vallois pensait que ta voie poli-<br />

\ait bifurquer pour aller d'un côté vers Blois et de l'autre<br />

vers Beaugency (3). Mais nous ne voyons pas où la première<br />

branche aurait pu passer. La bifurcation nous parait<br />

beaucoup plus rationnelle et certaineaprèsNovio<strong>du</strong>num.<br />

La secoide branche au contraire est tout indiquée.<br />

Après avoir traversé le ruisseau <strong>du</strong> i\léan, elle servait<br />

pendant près de S kilomètres de limite aux paroisses de<br />

la Ferté-Imbaud et Mareilly-en-Ga.ut, <strong>du</strong> côté des Bituriges,<br />

et de Saint-Viâtre (oilm Tremhtevif) <strong>du</strong> côté des<br />

Carnutes. Elle ga g nait ensuite Néung, où elle passait le<br />

Beuvron. Neung étant un centre voyer, il est très probable<br />

qu'une voie secondaire se dirigeait vers Blois parallèlement<br />

au Beuvron. Celte qui nous intéresse continuait<br />

dans lit direction jusqu'à la Loire, où elle<br />

atteignait Beaugency - A Beaugency et à Blois, la voie<br />

d'Avaricum à Notio<strong>du</strong>hurn rencontrait la voie d'Orléans<br />

à Tours, qui longeait la rive droite de la Loire (4).<br />

23. Récapitulation. - Nous en avons fini, croyonsnous,<br />

avec les <strong>voies</strong> qui partaient d'Avaricum. Trois sor-<br />

(1) Sur. ce nom, cfr. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 385.<br />

(2) Cfr. G. Valtois, Le camp de Haiute .Brune, toc. oit., P. 81 et suiv.,<br />

— D. Mater, op. oie., p. 13. -<br />

(3) G. voilais, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> d'Avaricwrn, toc, oit., P. 13.<br />

(4) Carte de Peutingn' dans Desjardins et Loognon, op. cil., p. 139.


LES VOLES ROMAINES DU BERRY. 55<br />

taieni, pr la porte d'Auron et se dispersaient à la Croix<br />

Moult-Joie pour aller - ' à Tours, par deux tracés<br />

différents, l'un passant par Vierzon, l'autre par Chabris;<br />

- 2° à Poitier et à•Limoges par A.rgenton; - 3' à Clermont,<br />

par Alicharnps et Néris..— Trois , également sortaient<br />

par la porte de Lyon, p6ur aller à Bourbon-l'A rchcmbaud<br />

par Dun-Je-Roy, à Autan par Sancoins, à<br />

Nevers par Jussv-Champagne. - Par la porte Gordai ne,<br />

sortaient trois et peut-êtrè cinq <strong>voies</strong>, qui se dispersaien t<br />

en éventail après le passage de i'Yèvre, de raçon à con<strong>du</strong>ire<br />

l'une (douteuse) à Pougues par Baugy; lu seconde<br />

à L'osne, Auxerre, et Sens, par. Château-Gordon; là troisième.<br />

(douteuse) à .Briare par Darnpierre-en-Crot; la<br />

quatrième, à Or.léansparsouesme;:la cinquième à .Novio<strong>du</strong>nun?<br />

par Salbris.<br />

Après avoir établi cette « étoile » de 9 cl, peut-être<br />

44 <strong>voies</strong> rayonnant autour de la capitale des Ilituriges<br />

Gubi, il faut nous transporter dans leurs autres villes, et<br />

étudier les « étoiles » secondaires dont, elles pouvaient<br />

ètre les centres. Chabris, Levroux, Déols, le Blanc, Argenton,<br />

Aigurande, Châteaurneillant, Néris ', Cosne-surl'OEil,<br />

Bou r.hon-I'À.rchembaud, Château-Gordon, Argent,<br />

Sallris, Celles-Saint-Denis, et Vierzon doivent particulièrement<br />

attirer notre attention.


CHAPITRE 11<br />

AUTRES CENTRES VOYERS DE LA CIVITAS BITURIGÙM.<br />

§ 1. - Centres voyers de l'ouest-<br />

Chabris, .tevrou-x, Déols, Le Blanc, Argenton.<br />

24. Voies de Chabris à Bourges, Tours, Orléans, et<br />

Poitiers. C/iabrL = pont sur le Cher, était la station<br />

obligée d'un certain nombre de <strong>voies</strong> qui avaient à traverser<br />

le fleuve. Tel était notamment le cas de la voie<br />

d'Avaricurn à Caesaro<strong>du</strong>nurn (Tours) par Nohant-en-<br />

Graçay, que nous avons déjà étudiée (suprà, n' 7).<br />

On connaît de plus une autre voie, qui allait d'Orléans<br />

à Poitiers, par Novio<strong>du</strong>num (Neung-sur-Beuvron), Millançay,<br />

et Romorantin. Cette voie pénétrait dans le <strong>Berry</strong><br />

un peu avant Gièvres, d'où elle gagnait Chabris (U, et<br />

traversait ensuite , toute la partie occidentale (lu <strong>Berry</strong> de<br />

Chabris à Ingrande. D'après la reconnaissance qu'en a<br />

faite M. Guillard, la voie, en quittant Chabris, se dirigeait<br />

vers le sud-ouest, de façon à longer la rive droite <strong>du</strong><br />

Pouzon, qu'elle franchissait au moulin <strong>du</strong> Port. Elle passait<br />

ensuite aux lieux dits-la Loge, !es Gouards et atteignait<br />

la rive gauche <strong>du</strong> Nabon près <strong>du</strong> hameau de Chainbôrt:<br />

là se sont arrêtées les recherches de Ni. Guillard (e).<br />

(L) Cfr. Mabille, toc. ait., p. 422.<br />

(2) Pour les détails, cfr. Guillard, toc. oit., p. 316-319.


w<br />

1.65 VOIE RO\IACNES Iii BERRY. 57<br />

Après Chambort, la voie la rive<br />

gauche <strong>du</strong> Nation, pour passer à Valençay (ValenUacus)<br />

et à Veuil, puis séparait pendant 4400 mètres la paroisse<br />

de Langé de celles de Vic,sur-Nahon et Luçay-ic-Mal<br />

(Luciacus) (t), et ensuite la paroisse d'ileugnes (Ognia)<br />

de celles de Jeu-Maloche, Celles-sur-Nalion, et Pellevoisin<br />

pendant 6400 mètres, jusqu'à la. cote 487. Peu après, elle<br />

traversait le hameau de Vaux. puis Villegouin et Villegours,<br />

et franchissait l'indre près <strong>du</strong> bourg (le Saint-<br />

Genou, auquel elle servait ensuite de limite paroissiale à<br />

l'ouest pendant 4300 mètres. La voie passait ainsi près<br />

<strong>du</strong> bourg d'Estrée (Strtfla), dont le nom est significatif,<br />

et où elle est encore visible (2). Estrée a été pendant plusieurs<br />

siècles le chef-lieu de la paroisse, avant que l'abbaye<br />

de Saint-Genou ne se fit centre d'attraction et n'attirât<br />

le gros de la population autour d'elle (3).<br />

Dans cette partie de on parcours, la voie d'Orléans à<br />

Poitiers se dirigeait sensiblement vers le sud; mais elle<br />

reprenait la direction sud-ouest, après avoir coupé la<br />

limite paroissiale de Sainte-Gemme à la. cote 119. Elle<br />

passait au sud de Saulnay, au nord-ouest. de Mézières-en-<br />

Brenne, et allait traverser la Claise au lieu dit alors Longoretum,<br />

où fut fondée en 041, sur les domaine <strong>du</strong><br />

maire <strong>du</strong> palais Plaocat, la célèbre abbaye de Saint-<br />

Siran (4). De Longoretuin, la voie, d'après M. l'abbé<br />

Voisin, « se dirigeait vers la chaussée <strong>du</strong> grand étang<br />

des cinq-Bondes, où une fouille l'a faitdécouvrir» (avant<br />

4873), et où elle traversait le ruisseau <strong>du</strong> Blizon. Elle<br />

s'infléchissait ensuite vers le sud, passait à Lingé, au<br />

hameau de Saint-Mare, près <strong>du</strong> lieu-dit l3rillebaut, sépa;<br />

• (1) Sur ce n ira, cfr. d'Arbois de JibainvilLe, oi. oit., p. 253-261.<br />

(2) Cfr. abbé Voisin. Topoqr. de l'arrond. <strong>du</strong> Blanc, toc. cil., p. 103,<br />

(3)cfr. Eng. Hubert, Le Ras-Bon-y, canton do Busançais, Op. oit4<br />

P. 529. - A la colo 128, la voie passait au point d'intersection des trois paroisses<br />

de Saint-Genou, Palluau, Arpheuil!e.<br />

(4) Gi, de Raynal, op. oit., t. L, p. 274;— etabbé Voisin, toc, oit., p. 104.<br />

.


58 LES vois ROMAr'Es DU BERRY.<br />

tait pendant 4200 mètres les paroisses de Douadic et de<br />

Pouligny-Saint-Pierrc, où abondent les vestiges gallo-- -<br />

romains, et gagnait le Blanc , par Puy-Naiteau, où le<br />

chemin est encore appelé « chemin des Ilornains » (4),<br />

Monta.igu, et le Breuil (2). Au Blanc elle retrouvait la<br />

voie de Bourges k Poitiers par- Ingrande (suprà n°8).<br />

25. Voies de Gi,.abris à Limoges, à Issou<strong>du</strong>n, et à<br />

Blois. - La voie que nous venons de retracer mettait<br />

Orléans cii communication avec Poitiers. Orléans était<br />

également en communication directe ' avec Limoges (3),<br />

par une autre voie partant de Cliahris et rejoignant<br />

Argenton. Cette voie a été étudiée à ses débuts 'par<br />

M. Guillard. Elle traversait ic Fouzon au sud de Chabris,<br />

longeait ensuite la rive droite <strong>du</strong> Nation, séparait pendant<br />

4500 mètres les paroisses de Menetou-sur-Na lion et<br />

Parpeçay, traversait Te ruisseau l3ardelas au lieu dit le<br />

Petit-Riau (4), passait ensuite aux lieux dits ' le Plessis,<br />

Chambon, où l'on a découvert les ruines d'une villa, et<br />

les Neuillis (Noviliacus) (5), où elle atteigùait le point<br />

d'intersection des trois paroisses de Poulaines, Vie-sur-<br />

Nahon, et Rouvre-les-Bois (6). Elle délimitait ces deux<br />

(1) Obligôante communication de M- G. de la Véronoe, propriétaire de<br />

Bouche t-en-Bre une. -<br />

(2) Pour les détails, air. abbé Voisin, toc. ôit., p. 105. A partir de SainL-<br />

Siran, M- Mabille, Zoo, oit., p. 423, donne à la voie un tout autre tracé<br />

la fait passer par. Bossay, d'où elle aurait gagné la Buche-Pozay, sur la<br />

creuse; nais comme il était difficile de traverser la Creuse en ce point, il<br />

imagine de faire remonter la voie plus haut, vers Port-de-Piles, ce qui lui<br />

fait faire un crochet absolument incompréhensible. -<br />

(3) Directe; car on pouvait aller d'Orléans è Limoges, soit par .4varicun,<br />

et Argenton, soit par Chabri g, Le Blanc, Argentan.<br />

(4) Cfr. Sourgouio, <strong>Les</strong> antiquités <strong>du</strong> Pont-<strong>du</strong>-Cher (Carobrivae),<br />

dans le Bulletin de-la Soc. archéol. <strong>du</strong> Vendômois, tome XI '(1572);<br />

P. 117 Le village do Peut-Beau Bardellas u un pont récemment construit<br />

sur les fondements d'un pont romain appartenant k la voie de Toulouse,<br />

dans lesquels à plus de 2 mètres au dessolas <strong>du</strong> radier, s'est trouvé, entre<br />

autres monnaies <strong>romaines</strong>, un moyen bronze de Germanicus o.<br />

() Sur ce nom, air. d'Arbois de Jubainville, op. oit., p. 290-292.<br />

(6) Pour les détails, cfr. Guillard, lot, oit., p. 319-32t.


LES VOIES ROMAINES DU BIRItY. 59<br />

dernières pendant près de trois lieues gauloises jusqu'au<br />

lieu dit la Croix, à l'angle sud-ouest de la paroisse de<br />

Rouvre. Une lieue plus loin, elle passait à l'intersection<br />

des trois paroisses de Baudre, Bouge, et Moulins-sur-<br />

Sept-Fonts. De là elle gagnait la ville celtique de Gabafum<br />

(Levroux), en ligne droite, recouverte aujourd'hui, scion<br />

toute vraisemblance, par la route nationale de Blois à<br />

Châteauroux. Après Levroux, dont elle sortait <strong>du</strong> côté<br />

des anciennes Arènes, ta voie s'infléchissait un peu vers<br />

le sud-est, et gagnait Mag<strong>du</strong>nun? (N ehun-sur-1 nd re) par<br />

le long chemin qui passe à l'ouest de \ nillegongis, se<br />

rapproche le la Trégonce près <strong>du</strong> lieu dit la Chaussée,<br />

longe ensuite la rive doite de la rivière, et arrive ainsi<br />

à Villedien, qui est probablement l'ancien Pontiniacum<br />

de Grégoire de Tours (4). puis k Meliun sur la rive gauche<br />

de l'Indre.<br />

A partir de Mc.hun jusqu'à Argenton. le parcours de la<br />

voie a été reeo'niiu par M. Lenseigne; dont il suffira de<br />

résumer l'étude. La voie, qui aune largeur moyenne de<br />

4 mètres, part de Mehun, sépare peu après, pendant une -<br />

iieue gauloise exactement, l'ancienne paroisse de Mehun<br />

(nuac réunie à Villedieu) et celle de Niherne, jusqu'à la<br />

Claise, qu'elle franchitau point d'intersection de ces deux<br />

paroisses avec celle de Neuiliay-les-.lois. Elle traverse<br />

ensuite les lieux dits les Bernards et les Mersans, où elle<br />

est très reconnaissable. Des deux côtés de la voie et<br />

depuis plusieurs siècles, on a trouvé aux Mersans des<br />

ruines <strong>romaines</strong> considérables, qui semblent indiquer.<br />

la présence d'une ancienne ville, aujourd'hui inconnue.<br />

La voie, toujours apparente, se courbe ensuite vers l'est<br />

pour séparer les paroisses de la Pérouille et de Nuret-le-<br />

Ferron pendant 4 kilomètres, jusqu'à leur intersection<br />

avec la paroisse de Chasseneuil (Cassinoioluni) (2). Elle<br />

(t) Cfr. denaynai, ibid., p. 241; - et Eug. Hubert, op.cit., p. 586.<br />

(2) Sur ce nom, cfr. d'Arbois de Jubainville, op. oit., p. 551, 53.


60<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERHY.<br />

passait ensuite à 400 mètres à l'est de, Bois-Ceitat, où elle<br />

était « complètement intacte » en 1873, traversait le<br />

l3ouzanteuil à 100 mètres à l'est <strong>du</strong> lieu dit les Prés,<br />

passait à 150 itrcs h • I'ouest <strong>du</strong> bourg de Chasse-<br />

Deuil, et par une courbe atteignait la chapelle <strong>du</strong> Pont-<br />

Chrétien, où elle traversait la Bouzanne, sur un pont<br />

dont il restait encore des vestiges en 1873 (1). Delà, elle<br />

gagnait Saint-Mareel-lès-ÀrgentOn où elle retrouvait les<br />

<strong>voies</strong> d'Argenton à Limoges (suprà, n" 10, 11).<br />

Cette voie d'Orléans à Limoges par Chabris et Levroux<br />

remplaçait sans doute un ancien chemin gaulois, qui,<br />

prolongéjusqu'à Uxello<strong>du</strong>num, aurait pu servir à César<br />

pour allef directement de Genabum à cet oppi<strong>du</strong>m des<br />

Ca<strong>du</strong>rques (2); En tout cas, elle a dû servir à Pépin-le-<br />

• Bref lorsque, en 7M, au cours de sa guerre avec le <strong>du</strong>c<br />

d'Aquitaine Waïfre, il passa la Loire à.Ortéans, et traversant<br />

toute l'Aquitaine, alla directement jusqu'à Agen (3).<br />

Il ne pouvait mieux faire que de passer par Chahris, Levroux,<br />

Argenton, dont il avait fait restaurer le château<br />

quelques années auparavant et qu'il avait confié avec<br />

tout le Bas-<strong>Berry</strong> au comte Remistan (4), puis par Limoites,<br />

dont il s'était emparé en 763 (infrà, n°45), et où<br />

il trouvaituuQ- voie directe te con<strong>du</strong>isant k Agen par Périgueux<br />

(5).<br />

Chabris devait en outre être relié aux villes celtiques<br />

d'Issou<strong>du</strong>n et d'Erno<strong>du</strong>rurn (Saint-Ainbroix), par un<br />

embranchement, indispensable à ces deux villes pour en-<br />

(I) Pour les détails, cfr. Lenseigné, loc. cit., p. 280-283,<br />

(2) En ce sens Jullian, Hist. de la Gaule, Paris, in-8', t. III (1908),<br />

P. 583, note 5- -<br />

(3) Continuateur de P,-édégaire, éd. Krush, IV, 48 s. Iteruen Ligere<br />

transacto (à Orléans), totirn Aquitaniam pergens, osque ad Aginnum voulons,<br />

totem regionem hem devastans » (766). -<br />

• - - (4) ibid., § 46 Box , Pippinuscastro cul nomen csvArgentonus in page<br />

Bytorivo a fundamento miro opere in pristino statu reparare jussit; comités<br />

suos ibidem ad custodien<strong>du</strong>m mittens, ipso castro Remistanio ad WaioÇario<br />

resistén<strong>du</strong>m cum medictatem pago Btorico osque ad Gare concessit. »<br />

(5) Cfr. Lngnon, Atlas historique, carte ale la Gaule au y' siècle.


LIS VOIES ROMAINES DU BERRY. - 61<br />

trer en communication avec le pays des Carnutes. Cette<br />

voie, très courte d'ailleurs, devait s'embrancher sur la'<br />

voie de Chabris à Bourges frès deGraçay, où elle traversait<br />

le Fouzon. Elle passait ensuite à Luçay-le-Chétif<br />

(nunc le Libre), Giroux, et Paudy, séparait pendant 6 kilomètres<br />

la paroisse de Sainte-Lzaigne de celles de Paudy,<br />

Lizeray, et Issou<strong>du</strong>n, et entrait dans celte dernière<br />

ville par, le nord, après avoir traversé la Théols au fan- -<br />

bourg Saint-Denis. Elle rctrouvaitilà la voie de Levroux<br />

à Erno<strong>du</strong>rum. - Enfin de Chabris partait une dernière<br />

voie, qui, aussil.tl, après la i.raVersée <strong>du</strong> Cher, se détachait<br />

de la voie de Noeio<strong>du</strong>nunt, pour se diriger vers le<br />

nord-oifest, en prolorigeihent de la voie précédente, sortait<br />

<strong>du</strong> <strong>Berry</strong> au passage (le lu Sauld re, au lieu dit la Chapelle,<br />

et gagnait [Mois par GyetSoings(Soïnus viens) (1).<br />

- Ces deux <strong>voies</strong> furent parcourues en 1115 par , Robert<br />

dArlirissel (inf'rà, n" 41).<br />

Chabris se trouvait donc ainsi le centre de huit <strong>voies</strong><br />

roniaines, qui assuraient ses relations avec Avaricum,<br />

par deux tracés différents, Novio<strong>du</strong>nunzel. Orléans, Blois,<br />

Thésée et Tours, le Blanc et Péitiers, Levroux et Argenton,<br />

Issou<strong>du</strong>n et Saint-Ambroix, et par Saint-Ambroix<br />

et Argentan avec beaucoup d'autres localités.<br />

26. Voies de tevroux à IJourqes. Orléans, Limoges,<br />

et Ardente. - Gabaluni (Lavr-oux) était aussi un centre<br />

Voyer, Nous avons vu déjà quo ce vécus, qui au rv° siècle<br />

possédait, un temple païen extrèmernent riche et s'appelait<br />

dès lors Lepro.sùm (2), était relié:— I°à Avaricunt<br />

par Issou<strong>du</strong>n et Saint-Ambroi.x (suprà, n° 16); - 2à<br />

Chablis, cl, pur suite à Noviodanum et à Orléans (suprà,<br />

n" 25); - 30 k Argentori, et par suite à limoges par Prae-<br />

(1) I3ourgouiu, toc. cit., P. [14.<br />

(2) Cfr; Sulpico Sê'ère, Vita s. Martini, '14 « In vico autem cul<br />

Leprosuin nomen est, quum itidem templum opuleotissimum superatitione<br />

religionk voluisset (Martinus) everWre, rPstitit ci multitudo gentiiium...<br />

Malgré cette résistance, saint Marti,, réussit à détruire le temple.


62 LES VOIES ROMAINES DU 13ERRY.<br />

torium ou par Saint-Léger-Magnazeix (suprà, n° 25).<br />

Une A e voie certaine reliait encore Levroux à Alerta<br />

(Ardente) par Déols. Dans cette direction, la voie sortait<br />

de Lev.roux par le sud-est, et suivait un long chemin, qui<br />

con<strong>du</strong>isait à Déols, et qu'a ren<strong>du</strong> inutile la route nationale<br />

de Mois à Chtteauroux. La voie passait ainsi près<br />

de Montharon, puis à l'est <strong>du</strong> Méez, entre Miran et la<br />

Rue, traversait l'Angolin (aliâs ruisseau des Fontaines)<br />

en aval (le Marban, et abordait par le nord Déols, le<br />

vicus Dolensis de Grégoire de Tours. Là, la voie s'inlléehissait<br />

pou' suivre la rive droite (le l'Indre jusqu'à Ardente.<br />

Elle Inversait le hameau d'Auzans et le bourg<br />

d'Etréchet, oit se perd sous la route nationale de Chàteauroux<br />

à 1\iontluçon (4).<br />

Cette voie s'arrêtait-elle à Ardente Nous ne le pensons<br />

pas. On a trouvé au delà, sur la rive droite de l'lndfe,à<br />

Villejovet, des tuiles à rebord et autres débris romains,<br />

qui laissent à penser qu'elle continuait dans la direction<br />

d'un, autre centre celtique important, Medioiauuin<br />

(Cbàteaumeiilant). Si celte hypothèse est exacte, la voie<br />

devait se diriger en ligne droite vers le sud-est, laissant<br />

Villejovet à l'ouest à 700 mètres. Elle séparait pendant<br />

une lieue gauloise les deux-paroisses de Saint-AoM et de<br />

Montipooret, jusqu'au lieu-dit les Duriaux-, point de<br />

rencontre de ces deux paroisses avec celle de Saint-Chartier.<br />

Là elle s'infléchissait vers le sud-esl, pour aller,<br />

traverser l'lgnerav, affluent de l'Indre, au bourg de Saint-<br />

Chartier, à 4800 mètres dé Vic-sur-Saint-Chartier, l'ancien<br />

lricus Lucaniacus des martyrologes, célèbre par les<br />

peintures murales de sa vieille église romane (2). •Elle<br />

(t) Cfr. Eng. Huberi, op. cit., canton d'Ardente, p. 18 et 65.<br />

(2) çrr. I'Hagiologe <strong>du</strong> P. Labôc t 6d. par l'abbé Aug. Roche, dans le.<br />

Mém. des Aneiq. <strong>du</strong> Centre, tome XIX, p. 267 . t kat. feb. Bilerions<br />

,vice Lucaniaco sanoti Carteril presbvleri et confessor g. e Ce T'icus Lucaniacus<br />

n'est pas Saint-Charlier, comme le croit M.;labbé Roche (ibid.,<br />

J'<br />

FI


LÈS VOIES ROMAINES DU BERRY. 63<br />

séparait ensuite la paroisse de Saint-Chartier de celles de<br />

'Vie et de Nohant pendant 000 mètres, jusqu'k leur<br />

rencontre avec la paroisse de Verneuil ( Ve)-nolium) (1),<br />

puis cette dernière et celle de, Nohant pendant 700 mètres.<br />

jusqu'à leur rencontre avec ta paroisse de Lourouèr-Saint-<br />

Lauressl, (Oraioriu.m) Elle passait au sud-ouest (le ce<br />

dernier bourg', puis au pont des Rochers, point d'intersection<br />

des trois paroisses de Lourour, Mau.ivr-oy, et<br />

Lacs, traversait de nouveau l'lgneray au hameau de<br />

Cosnay, au pied d'si ri e petite chape.11é romane (), séparait<br />

pendant 300 rn'etrcs les paroisses, connues pour leur<br />

débris romains. de Lacs et de Montlevic (3). passait à<br />

Fontenay (4), puis au lieu-dit l'Cir;ne_Cuérin, signalé dès<br />

427 comme étant près dit (t ehemih public » (5), enfin à<br />

Néret. d'oùelle regagnait la grande voie d'Argon tùn à<br />

Mediolanuni - Ce tracé estl hypothétique, triais probable<br />

car Levroux se trouvait mis ainsi en relations directes<br />

avec Néris et Clermont.<br />

27- Voie de Ievroux à Poitiers. - Levroux devait<br />

être aussi relié directement à Poitiers par te Blanc (Oblincuni).<br />

Il y avait dans celte direction une ville d'origine<br />

celtique. Vendeuvre, dont l'importance à l'époque galloromaine<br />

est attestée par les débris d'autels sculptés et<br />

p. 2Z,0). Saint-Chartier- est un bourg de formation féodale, qui s'est créé autour<br />

<strong>du</strong> château élevé au mo y eu ;Sg& dans fin paroisse de Vie.<br />

(Il Sur ce nom, dérivé <strong>du</strong> cognomera ver-nus, cfr d'Arbois de Jubainville,<br />

op. oit., P. 543-544. -<br />

(2) Cette chapelle. menhior]née en il 15parnii les dépendances de l'abbaye<br />

e Déols, est aujourd'hui transformée en maison de paysan.<br />

() Sur Lacs, cfr. E. Chénou, Notes areb dol, sur Châccau,neillane,<br />

Note vu', dans les Md',,. des Antiq. <strong>du</strong> L'entre, tome X, p. 117 et suiv.<br />

et sur Muntlévic, de Raynal, op. cil., tome 1, P. 109.<br />

(4) Ers 1671 et 1791, le chemin de Cosoay à Fontenay était désigné sous<br />

le nom de o grand chemin do Saint-Chartier il Châleausneillant r- (Areh. <strong>du</strong><br />

Cher, C, 928; et Arcb. <strong>du</strong> château de Montlevie, Dossier G, liasse III,<br />

cahier pâli. 30 avril 1791, passim).<br />

(5) Arch,. <strong>du</strong> Cher, [nu. ancien des titres de l'abbaye des Pierres,<br />

par. de Montlevic, p- 4 'o,., une terre située près de l'Orme-Guérir, sur le<br />

chemin public (1227)


64 LES VOiI5 ROMAINES Iffl BERRY.<br />

d'inscriptions qu'on y trouvés; elle possédait des e basiliques<br />

» et un ordo de<strong>du</strong>rionu?n. Comme le dit très bien:<br />

M. Héron de Villefosse, u cette localité ne pouvait pas<br />

être isolée ! )) (4). lI est donc probable qu'une voie reliait<br />

Vendeuvre à Levroux d'une part et au Blànc d'autre<br />

part, et par suite Levroux à Poitiers,<br />

Cette voie devait sortir de Levroux par le faubourg<br />

Saint-Lazare, passer au point d'intersection des trois<br />

paroisses (le Levroux, Saint-Mai-Lin-de-Lans, et irancube,<br />

séparer ces deux dernières pendant 2800 mètres,<br />

j usqu'è leur rencontre avec la! paroisse de Saint-Pierrede-Lues<br />

près <strong>du</strong> hameau de Nerlac, et séparer ensuite<br />

Saint-Pierre-de-Lans et Francillon pendant 2400 mètres,<br />

jusqu'à leur rencontre avec la paroisse d'Àrgy. De là, la<br />

voie gagnait en ligne droite l'ângle nord de la paroisse<br />

de Saint-Laclencin, qu'elle séparait (te celle tl'Argy pendant<br />

une lieue g1uloise, puis de celle de Busançais pendant<br />

3200 inètres. L'a voie devait traverser l'Indre un peu en<br />

amont de Busançais; puis prendre la direction <strong>du</strong> sud<br />

pour paser à Âhill y (Abiliacus), ancienne paroisse, puis<br />

au lieu dit Grarid-Chaventon, traverser la Claiseau moulin<br />

des Chézaux, et arriver à Vendeuvre. - A partir de y endeuvre,<br />

elle est plus difficile k suivie à travers les mille<br />

étangs de la Brenne. Mais elle devait prendre la direction<br />

sud-ouest, servir de chaussée aux étangs <strong>du</strong> Grand-Brun,<br />

Charbonnier, et<strong>du</strong> Sault. dde liniilcaux paroisses de Migné<br />

et Bosnay, traverser ce dernier bourg, servir de flouveau<br />

de chaussée aux étangsBivé, Fontenette, et des Cosses,<br />

où était le point d'intersection dés trois paroisses<br />

de Rosnay, Douadic, et le Blanc, et gagner nsque en<br />

-droite ligne cette dernière ville, par laquelle Levroux cL<br />

Vend euvre se trouvaient en communication directe avec<br />

Poitiers.<br />

(l Sur vendéuvre, &. Eug. Hubert, op. eU., canton de Bu-zançais (1908).<br />

p. 561-56'.; —et B. de VilleÇosse, L'inscription romaine de Vindœuvres-.<br />

en-Brenne. dan, les AUna, des A ntiq. de France, t, 68 (t908), P. 1M5-214. -


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 65<br />

28. Voie de tevrota à Tours. — Enfin Levroux était<br />

relié à Caesaro<strong>du</strong>num (l'ours) par un embranchement<br />

rejoignant la voie qui allait de Tours à Cormcr y par<br />

Saint-Avertin ( Vcneiacus)(4). puis de Cormery à Loches,<br />

en longeant la rive gauche de l'Indre, par Azay et Chambourg<br />

(2). L'embranchement en question se détachait<br />

de la voie de Levroux au Blanc, près (lu lieu-dit Chantegrue,<br />

pour se diriger vers l'est, allait passerait point d'inlersection<br />

des trois paroisses de Levroux, Saini-Martinde-Lans,<br />

et Moulins-sur-Sept-Fonts, séparait ces deux<br />

dernières pendant 600 mètres, traversait, ensuite le<br />

bourg de Saint-Pierre-de-Lans, puis celui de Pellevoisin.<br />

A peu de distaice k l'ouest de PeHevoisin, la voie devait<br />

couper celle de_Chabris au Blanc (suprà, n' 24) à la cote<br />

187, puis séparer pendait plus d'une lieue gauloise les<br />

paroisses de Pellevoisin et d'Ueugnes. Elle devient ensuite<br />

apparente sur une longueur de plus de 6 kilomètres, et<br />

la Carte d'Etat-majoi'la retrace sous le nom de « chemin<br />

de César ». Ellepasse k l'angle sud-est e t à l'angle sudouest<br />

de la paroisse de Préaux, puis au nord <strong>du</strong> bourg de<br />

Saint-Médard, pour rejoindre le point d'intersection des<br />

trois paroisses de Saint-Médard. Villedomain, et Châtil-<br />

Ion-sur-Indre (ohm Toiselay). Elle suivait dès lors la<br />

ligne séparative <strong>du</strong> pays des Turones et di, celui des<br />

Buturqes i3), pendant plus de 5 kilomètres, délimitant<br />

d'un côté les paroisses (le Villedomain et Loché-sur-<br />

Indrois, et de l'autre celles de Châtillon-sur-Indre etSint-<br />

Siran-<strong>du</strong>-Jambot, jusqu'au point de rencontre des<br />

(t) La voie de Tours à Cdrmery est visée dans une charte de Saint-Mar- -<br />

tin de Tours de 1212 « Concedimus domuin et rectum eue, omnibus suis<br />

pertinentibris, quas trabebamus apud Veaeaium sibmn, inter ecolesiam 'et<br />

eimiIei,im de \Tencaio ex uns et vient generalem sers pub! icam,<br />

qiian <strong>du</strong>cit de Turonis versus Corme)iacum, ex altera » (citée par<br />

Mabille, foc. oit., p. 420].<br />

(2) Cfr. Mabille, ibid., p. 419. Près de Cbambourg, se serait trouvée une<br />

'nrambjo appelée CornWeiurn (Cornillé), dont les ruines étaient encore -<br />

visibles au commencement <strong>du</strong> xiv siècle [ibid., p. 396, texte et note 8).<br />

(3) Cfr. E. Chénon, te pays de <strong>Berry</strong>, op. cit., n' 2, et la carte.<br />

CINON. 5


V<br />

66<br />

s<br />

LES VOIES ROMAINES Vii BERRY.<br />

•<br />

•<br />

paroisses de Loché, Saint-Siian, et Saint-Hippolyte. Elle<br />

gagnait ensuite le bourg de Saint-Hippolyte où elle<br />

rejoignait la voiè qui con<strong>du</strong>isait à tours en côtoyant<br />

l'Indre, par Loches, Chamhourg, Corrnei'v, et Saint-<br />

Avertin.<br />

Levroux se trouvait ainsi le centre de six <strong>voies</strong><br />

-<strong>romaines</strong>. con<strong>du</strong>isant - à Tirs, par PelIevoiin ; t —<br />

à Poitier, par Véndeuvre elle Blanc; - à Limoges par<br />

Mehun-sur-indre et, Argenton; - à Néris et Clermont<br />

par Ardente et Mediolanum - à Bourgcs, par Issou<strong>du</strong>n<br />

et Rino<strong>du</strong>runi; - à Orléans par Chabris et Novio<strong>du</strong>num.<br />

29 Voies de /)ols à Lerrourv. Ardenle, et Tours. -<br />

Noir de là, Déols (vicus Doiensis), dont- le nom<br />

indique l'origine celtique et qui, aux-approches de la.<br />

•<br />

féodalité, devait devenir le siège ' (le la principale seigneurle<br />

<strong>du</strong> Bas-<strong>Berry</strong> était également traversé par plusieurs<br />

<strong>voies</strong>. Nous en connaissons déjà deux Déols<br />

était en effet relié d'un côté à Levroux et par- là à Tours<br />

et à Orléans; d'un autre côté à Ardente et par là, selon<br />

toute probabilité, à Mediolanum, et pal' Mediolanum à<br />

Néris et à Clermont (suprà, n(, 26).<br />

Mais il faut observer que pour aller à l'ours le crochet<br />

'par Levroux était assez king; que d'autre part, entre<br />

Déols et Loches il y avait plusieurs -camps romains et<br />

• plusieurs villes celtiques ou <strong>romaines</strong> Ma.g<strong>du</strong>nuni<br />

(Mehun-sur-Indre), Chambon (Cambionzagus), Busanais<br />

(Busentiacus), Clion (C1audiomagus), Toiselay<br />

• (Tausiriacus), toutes sur les bords de l'Indre, et que par<br />

suite une prolongation de la voie de Tours à Loches le<br />

long de l'Indre jusqu'à Déols (et au delà) est tout indiquée,<br />

d'autant plus q'ue c'était par Medioianutn et Néris<br />

la voie lapins courte pour aller de Tours à Clermont. La<br />

voie bordant l'Indre se trouve par là pleinement constituée,<br />

comme la voie bordant le Cher que nous avons<br />

étudiée plus haut (suprû, n° 6) et la voie bordanC la<br />

s'


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 67<br />

Creuse que nous étudierons plus loin (infrà, n° 31).<br />

Cotte voie à peu près certaine de Déols à Tours coïncidait-d'abord<br />

avec la voie de Déols à Levroux. Elle s'en<br />

détachait après le passage de l'Angolin (alias ruisseau<br />

des Fontaines), pour séparer pendant 1600 mètres les<br />

paroisses de Déols et. de Sain t-Maur-'sur-Jndre, passait<br />

près <strong>du</strong> moulin de Parçay (Patriciacus) (1), où l'on a<br />

découvertdes antiquités <strong>romaines</strong>, puis à Surins, où s<br />

trouvait un caiiip romain, et coupait à Villedieu (Pontiniacuin),<br />

tout près de Mehun-sur-Indre, la voie de<br />

Levroux à Argenton, autrement dit'd'Orléans à Limoges<br />

(suprà, n025). Elle atteignait ensuite Chambon (L'ambiainagus),<br />

où il y avait tin « camp de César ; puis allait<br />

traverser la ville romaine de Busenliacus, qui se trouvait<br />

alors au hameau de Saint-Etienne, à. 2 kilomètres<br />

au nord-ouest de la ville actuelle de Busançais (2). Au<br />

delà de Saint-Etienne, la voie, qui suivait toujours la<br />

rive droite (le l'Indre. rencontrait la voie de Chabris au<br />

Blanc, et la suivait pendant quelquetemps pour traverser<br />

l'Indre et contourner Saint-Genou. Prenant ensuite la<br />

direction de l'est et côtoyant la rive gauche de l'Indre,<br />

elle passait à Onzay (Onziacux), 'illige romain, paroisse<br />

primitive de Palluau, puis à GiaudionmgS (Chou), village<br />

celtique, à Chambon, et à Toiselay (Tausiriacus),<br />

paroisse primitive de Cliàtillén-sur-Jndre (3). Lii elle traversait<br />

de nouveau l'Indre, au lieu dit le, Gué, et, après<br />

avoir passé à Saint-Siran-<strong>du</strong>-Jambot, sortait fin <strong>Berry</strong>.<br />

Elle rejoignait à Saint-Hippolyte là voie vei'iant de<br />

Levroux Par, Pellevoisin, et gagnait Tours par Loches,<br />

Chamhourg, Azay-sur-Indre, Cormery, où elle quittait<br />

(t) Cfr. d'Arbois de Jubainville, op. oit., p. 3H32,<br />

(2)Cfr. Eug. Hubert, op. oit., p. 369; on n découvert à Saint-Etienne<br />

d'intéressantes antiquités <strong>romaines</strong>.<br />

(3) Tausiè'iac,te est mentionné jar Grégoire de Tours, Vitae Patrun,,<br />

18, § I, qui rapporte que saint Ours venant de Touraine , et, entrant dan.<br />

le <strong>Berry</strong> (Bituricum terminum ingressus), y fonda tin monastère : saint<br />

' Ours suivait évidemment, en sens inverse, fa voie :PIà bus'dé'erivous.


68<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

les bords de l'indic, et Saint-Avertin, où elle traversait<br />

Z le Cher (suprà, n° 28).<br />

30. Voies de Déols ô Argen ton et à Issou<strong>du</strong>n. Débls<br />

se trouvait en outre placé entre deux villes celtiques -<br />

importantes, auxquelles il était bien difficile qu'il ne fût<br />

pas rattaché par des <strong>voies</strong>Ticinales:AgeiTton et Issou<strong>du</strong>n.<br />

Sans doute on ,pouvait aller de Déols à Argenton,<br />

soit en regagnant à Villcdieu la voie de Levroux, soit en<br />

regaghant à Ardente la voie dé Bourges, qui toutes les<br />

deux con<strong>du</strong>isaient à Argenton; mais c'était un détour<br />

assez considérable Pour aller à Issou<strong>du</strong>n, à défaut de<br />

voie directe, il aurait fallu passer par Levroux, ou faire<br />

deux crdchets par Ardente et par Saint-Ambroix; là le<br />

détour était encore plus long. Une voie vicinale Issou<strong>du</strong>n-<br />

Déol-ArgentÔn parait donc s'imposer.<br />

La soie de Déols à Argenton devait, tau sortir de Déols,<br />

prendre la direction (lu sud et coïncider avec le vieux<br />

chemin (lui con<strong>du</strong>isait à la forêt de Châteauroux par<br />

Scrouse et Toutveat. Elle passait ensuite au point (le<br />

rencontre des trois paroisses de Châteauroux, Saint-<br />

Maur-sur-Indre, et Leurouiir-les-BOis; puis au point de<br />

rencontré, (le ces deux dernières paroisses avec celle de<br />

\ Tclles. A partir de là, elle devail servir de limite à cette<br />

dernière paroisse pendant près de 42 kilomètres, la séparant<br />

d'abord de Saint-Maur, puis de Luant. Elle arrivait<br />

ainsi au point d'intersection des trois paroisses de Velles3<br />

Luant, et Pérouille, puis séparait ces deux dernières peudant)200<br />

mètres. Suivant alors le même tracé que le<br />

viux'ehèmin de Châteauroux à A rgenton, antérieur à la<br />

route actuelle, elle servait de chaussée à trois étangs,<br />

puis de limite aux paroisses de Ten<strong>du</strong> et de Chasseneuil<br />

(CassinoiOlum) pendant 4600 mètres, traversait la Bouz€nne<br />

au Pont-de-Mont, et gagnait ensuile en ligne droite<br />

5jMarcel-lès-ArgefltOfl.<br />

De Déols à Issou<strong>du</strong>n, hi voie est également facile à<br />

suivre. A une lieu 'gauloise de Déols, elle passait au


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 69<br />

point d'intersection. des trois paroisses de Déols, Coings,<br />

et Monlierchaume, séparait, pendant une lieue gauloise<br />

également, ces deux dernières paroisses, puis coïncidait,<br />

scion toute vraisemblance, avec le long chemin rural qui<br />

passe au nord-est de Montierchaume, traverse le ruisseau<br />

de Neuvy-Pailloux au Pont d'amour, passe au point de<br />

rencontre des troisparoisses de iViontierchaume, Neuvy-<br />

Pàilloux, et la Champenoise, qui se trouve exactement h<br />

la cinquième lieue gauloise de Déols, et rejoint ensuite<br />

Issou<strong>du</strong>n eiiligne droite. -<br />

Le vWus Dolensis se trouvait donc ainsi le centre de<br />

cinq <strong>voies</strong> qui le rattachaient - h Levroux, et par làlà h<br />

Cliabris, Novio<strong>du</strong>num, et Orléans; - à (2laudioinagus, (<br />

et par là à Tours; - à Argenton, et par là à Poitiers et à -<br />

Limoges; - à Ardente, et par lii à Téris et àCi crin ont;<br />

- enfin à Issou<strong>du</strong>n, et pàr 1h plus directement à Bourges f'<br />

que par Ardente. Cette situation privilégiée au point de<br />

vue des communications n'a pas été sans 'influence sur<br />

l'importance que devait prendre aux temps carolingiens<br />

l'ancien viens Dolensik et le castruni qui au x° siècle<br />

s'établit à côté de lui, le Castrum Dolense,le futur Çhàtauroux-<br />

31. Voies rayonnant autour <strong>du</strong> Blanc. - Oblincum<br />

(Le Blanc) était traversé, nous l'avons vu, par trois<br />

<strong>voies</strong> différentes, qui toutes venaient y franchir la Creuse<br />

pour se diriger ensuite vers Poitiers. C'était : - 1° la<br />

voie d'Avaricusn à Poitiers, mentionnée par l'itinéraire<br />

d'Antonin et la Carte de Peutinger (suprà, n 0 8);. par cette<br />

voie, qui depuis Argenton suivait ta rive droite de la<br />

Creuse, Je Blanc se trouvait relié, d'un côté avec<br />

ingrande et Poitiers, de l'autre avec Argenton, et par<br />

là avec Bourges, avec Mediolanuni, Nérk, et Chjrrnont,<br />

et avec Limoges; 2 0 la voie d'Orléan iC Poitiers (suprà,<br />

n° 24), qui établissait 'la communication directe •avec<br />

Estrée, Chabris, Novio<strong>du</strong>num, et Orléans; - 3 0 la voie<br />

'de Levroux h Poitiers (suprà, n' 27), qui permettait<br />

à2 « y26- (1 y<br />

t


70 - LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

d'aller (lu Blanc à Vendeuvre, Levroux. et Issou<strong>du</strong>n, et:<br />

même à Bourgesaussi bien que par Argenton.<br />

Oblincum était de plus en relation directe avec Tours<br />

par une autre voie, qui continuait à suivre la rive droite<br />

de la Creuse jusqu'à son confluen avec la Vienne. Cette<br />

voie passait à Fontgomhaud,- où l'on a trouvé des antiquités<br />

- <strong>romaines</strong>, à Preuilly (Prulliacus), à Tournon-<br />

Sainl-Martii, oit franchissait le Soin et sortait <strong>du</strong><br />

<strong>Berry</strong>, à Tou rd 'on-Saint-Pierre (Turnomagus), ville celtique;<br />

puis gagnait la grande \'oie de GaesaJ-o<strong>du</strong>num<br />

(Tours) à Lirnonum (Poitiers), indiquée par- la Carie de<br />

Peutinger (.), par heure (icio<strong>du</strong>rum) (2), Chanibon,<br />

Bari-oit, la Guerche-sur-Creuse, la Have-Descartes, et<br />

Port-de,-iiles (3). De là, on allait à 'l'ours en traversant<br />

Maillé (Maltiacus) Noyant, LJrigogalus (Sai nt-Epain),<br />

Botornagus (Pont-de-Ruan), Ballan, et Joué (Gaudiacus)<br />

ces quatre dernières localités sont mentionnées dans un<br />

diplôme de Charlemagne de 775 (4).<br />

Reste un point intéressant: Le Blanc était-il relié directement<br />

à Limoges? On pou\ait s'y rendre par Argenton,<br />

mais le détour élait d'importance. De plus, Obiincuni est<br />

tout indiqué comme station d'une voic.diréte de Gasaro<strong>du</strong>nuni<br />

(Tours) à-Augustoriium (Limoges). il suffisait<br />

pour cela de prolonger lit veimni de . Tournon vers<br />

(j) Cfr. Desjardins et Longnon, p. 145 ' Casarodnno. Lacanau XLII<br />

(2) Stir ce nom = fort d'lccius, cf,. d'Arbois de Juhainville, op. tic.,<br />

P. in, 148. 182, 860.<br />

(3) Cf. Mabille, toc. oit., p. 422; — et abbé Voisin, toc, tic., p. 102.<br />

(4) Tracé donné par Mabille, toc: cit., p. 426-421, et Longnon, Atlas<br />

historique, carte de la Gaule vers 400. — Ailleurs Mabille, toc. cil.,<br />

p. 41P, donne un tracé par Loches qui est invraisemblable; I Redet,<br />

op. cil., P. ix, se contente de dire que la voie venant de Poitiers est tracée<br />

sur la Carte d'Etat-cna.ior depuis Cbasseneuil jusqu'au delà de Saiot .Cyr, et<br />

qu'elli passe par lograiicie-sur-Vienne qu'il idenlifle avec raison avec le<br />

Fines de 3 bornes milliaires trouvées à Conon et conservée, aujourd'hui<br />

dans la commune de Voneuil [CIL., n . 8943, 8944,8945].— Sur Rotomagus<br />

= Pont de fluan, cfr. Longnon, Géographie de la Gaule au<br />

v, siècle, op. ait., P. 286. -


LES VOLES ROMAINES OU BERRY. 71<br />

le sud-est jusqu'à sa rencontre avec la voie d'Argenton à<br />

Limoges passant par Chaillac et Saint-Léger-Magnazeix<br />

(suprà n° 14). Ainsi prolongée, la voie devait passer au<br />

lieu dit les Ages, où elle commençait à séparer la paroisse<br />

de Mauvières de celles <strong>du</strong> i3lane d'abord et de BelAbre<br />

ensuite, sur une longueur deS .600 mètres. Elle devait<br />

peu après traverser l'Anglin .à Belâbre, puis l'Allernette<br />

au nord de Château-Guillaume, passer à Lignac, et par<br />

Chabenet etie Breuil rejoindre la voie d'Argenton à Saint-<br />

Léger-Magnazeix près <strong>du</strong> lieu dit les Landes, où se trouvait<br />

la Frontière <strong>du</strong> pays Biturige. Cet embranchement<br />

raccourcissait le trajet <strong>du</strong> Blanc à Limoges d'environ<br />

a2 kilomètres, soit 44 lieues gauloises<br />

Le Blanc se trouvait donc le centre de 6 <strong>voies</strong> Je rattachant<br />

à Tours; h Ingrande et Poitiers; à Limoges; k<br />

Argenton et par là à de nombreuses autres localités; à<br />

Vendeuvre et Lcvroux; enfin à Chabris, Novio<strong>du</strong>nnnm,e,t<br />

Orléans.<br />

32. Voies dÂrgenton à Bourges, Issou<strong>du</strong>n, Orléans,<br />

Poitiers, Bordeaux, Limoges, et Ghdteaumeiliant. -<br />

Argentomagus (le champ d'Argantos), ville celtique de<br />

première importance, était encore mieux partagé c'était<br />

Je centre voyer le plus considérable <strong>du</strong> Bas-<strong>Berry</strong>. Il était<br />

relié 1° k .Avarieu.m, par Ardente et Erno<strong>du</strong>rum, la<br />

grande voie d'Agrippa (suprà n 08); 20 à Déols et Issou<strong>du</strong>n<br />

(suprà n° 30); 3 0 k Orléans, par Mehun-sur-Indre,<br />

Levroux, Chabris, et Novio<strong>du</strong>num (suprà n° 25); - 40k<br />

Poitiers, par la vallée de la Creuse, le Blanc, et Ingrande<br />

(suprà n°8); 50 à Bordeaux, par Chaillac, Saint-Léger-<br />

Magnazeix, Confolens, et Saintes (suprà n° 41); - 6° à<br />

Augustoritum (Limoges), par deux <strong>voies</strong> l'une, bifurcation<br />

de la précédenl.e, passant par Saint-Léger-Magnazeix<br />

etChàteauponsac(suprà n°41); l'autre, passant par Breith<br />

et Praetorium (Puy-de-Jouiir) (suprà n o 40).<br />

A ces 7 <strong>voies</strong>, il faut en ajouter une huitième, indiquée<br />

par la Carte de Peutinger, et bien connue,. apparente<br />

4;


72 LES VOLES ROMAINES DU BERRY.<br />

même sut Une grande partie (le son parcours c'est la<br />

voie d'Argenton - Il et Néris, segment de la<br />

grande voie de Clermont à Poitiers (1). M. Lenseigne l'a<br />

suivie depuis Saint-Narcel-lès-ArgenLon jusqu'à Bois-<br />

Gros. D'après ses indications très détaillées, la voie en<br />

question .se détachait de celle de Bourges à environ une<br />

lieue gauloise de Saint-Martel, près <strong>du</strong> lieu ditla Martine,<br />

et pendant quelque temps suivait à peu près la môme<br />

direction que la route nationale de Saint-Gautier à CMteaumeillant<br />

qui la coupe plusieurs fois. Elle séparait<br />

pendant 1.700 mètres les paroisses <strong>du</strong> Peuchereau et de<br />

Mosnay, passait au sud des lieux dits lé Coudray et la<br />

Grande-Métairie, et décrivait au nord de Bouesse une<br />

forte courbe, pendant laquelle elle franchissait le Creusançais<br />

et l'Auzon. Elle séparait ensuite pendant 4.200<br />

mètres les paroisses de Bussières-d'Aillac et de Gournay,<br />

et passait au village des Vaux, près (]il c'est<br />

il point que se sont terminées les investigations de<br />

M. Lenseigne (2).<br />

- La voie gagnait ensuite Neuvy-Saint-Sépulcre, où se<br />

trouvait un gué qui lui permettait de traverser la Houzanne<br />

(3), puis, par le Sachet, Varennes, et le Ponderon,<br />

lé lieu dit la Chaussée, où l'on retrouve ses traces. Â la<br />

Chaussée, elle passait à la cote 239, point d'intersection<br />

des trois paroisses de Chassignoles, Maugivray, et le<br />

Magny. Elle séparait ces deux dernières pendant 4.500<br />

mètres, passait à leur point de rencontre avec la paroisse<br />

de la Châtre, séparait Maugivray et la Châtre pendant<br />

1.700 mètres, et franchissait l'Indre au nord de cette dernière<br />

ville. Là se trouvait à l'époque romaine un camp<br />

(castra), qui devait donner son non' à la ville future, et<br />

(1) cfr. Desjardins et Loognon, op. cil., p. 148 Aquis Neri. Mediolano<br />

XII. Argantomago xxvru<br />

(2) Pour les détails, cf r. Lenseigue, loc, oit., p. 271.276.<br />

(3) Cfr. E. Chénon, <strong>Les</strong> origines de Neuvy-Saint-Sépulcre, dans le<br />

Bulletin des Àntiq. de Fra&ce, année 1916, p. 215.<br />

lb


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

qui protégeait le passage de l'Indre (1). De la Châtre à<br />

Champillé, la voie est visible presque constamment, à<br />

quelques mètres au nord de la route nationale de Tours<br />

à Montluçon qui la suit pendanl.7 kilomètres. J'ai eu l'occasion<br />

de la décrire ailleurs (2). Aux détails que j'ai doniiés,<br />

j'ajouterai seulement que la voie séparait (l'abord la<br />

paroisse de Lacs de celle de la Châtre pendant 700 mètres,<br />

Fuis de celle de l3riante pendant 4000 mètres; qu'elle<br />

passait ensuite au point d'intersection (cote 238) des trois<br />

paroisses (le Briante, Montlevic, et la Motte-Pouilly, et<br />

séparait ces deux dernières, pendant une 'lieue gauloise<br />

jusqu'à la cote 229, qui forme, l'angle sud-est de la paroisse<br />

de Montievic dans cette partie, elle était désignée<br />

au xv• siècle sous le non] (le « chaussée de la Fée » (3).<br />

La voie délimitait ensuite pendant 800 mètres les paroisses<br />

de Néret et de Champillé (Campiliacus), servait de<br />

chaussée à l'étang des Grands-Gauliels,maintenant desséché,<br />

puis à Fétang de la Saugoue, également transformé<br />

en pré, passait au point d'intersection des trois<br />

paroisses de Néret, Urciers (Ursiacus), et Châteaumeilliant,<br />

et pénétrait dans cette ville par le faubourg Saint-<br />

Martin. Cette voie avait partout G mètres de large<br />

M. Lenseigné l'a constaté près d'Argenton, et moi-même<br />

près de l'étangdes Grands-Gauliers. A partir de Châteaumeillant,<br />

la voie d'Argenton gagnait Néris; par. quel<br />

• (1) Cf r. E. Chénon, Notes archéol, et histor. sur le Bas-Jierry, Note<br />

XXIX <strong>Les</strong> origines de la Ghatre-en-<strong>Berry</strong>, § 3 [dans les Mérn des .4ntig.<br />

<strong>du</strong> Centre, tome 29].<br />

(2) E. Chénon, Notes archéol. sur Cltâ-teaumcillant et ses environs,<br />

Note XL Voies <strong>romaines</strong> passant par Chûteaumeillant, dans les Mérn, des<br />

Antig, <strong>du</strong> Centre, tome XV, P . 79-82 [tirage à part, p. 131-1341.<br />

(3) Arch. de l'Indre, A, tOi (kv. p. 279), transaction <strong>du</strong> 2 mai 1430,<br />

cape messires Drouin de Vaudenay, s. de la Motte-Feuilly et Néret, et Goy de<br />

Chauvigny, s. de la Châtre, sur les limites de leurs justices ri ..... .e l' jusqoau<br />

Pont de Montlevic, suivant le chem in allant au gué <strong>du</strong> Riaux, puis<br />

allant à la chaussée de la Fée, qui est le grand chemin de Ch&teaumeillant<br />

à la Châtre... » ' -<br />

73


74 rs VOIES ROMAINES nu BERRY.<br />

-tracé? C'est ce que nous verrons pluà loin, en nousccupant<br />

de Château rneillant (in/rà, n° 37).<br />

33. Voies d'Argentan à Tours et 4 Clermont: - Ce<br />

n'est pas tout. Il y avait dans Je voisinage d'Argenton<br />

des villes celtiques, qui forcément devaient lui être rattachées,<br />

telles que Vendeuvre et Aigurande. Nous perisonsdonc<br />

que deux viat vicinales reliaient Argentent<br />

la première à Vendeuvre, cri se prolongeant jusqu'à une<br />

une autre ville celtique, Claudiornagus (Clion); la<br />

d<strong>du</strong>xièrne à Aigurande, en se prolongeant jusqu'à Evaux.<br />

De cette façon, les habitants d'Argenton pouvaient aller<br />

directement à Tours, sans être obligés de faire un crochet<br />

par Meliun-sur-Indre, et à Clermont, sans être<br />

obligés de faire un détour jar Chateaumeillant et Néris.<br />

Une voie directe de Tours à Clermont se serait ainsi<br />

établie, ce qui vient à l'appui de notre hypothèse.<br />

La voie d'Argenton à Vendeuvre dvait se détacher<br />

de la grande voie d'Argenton à Poitiers, un pou au bord<br />

de Neuville, traverser le Bouzantetnl au lieu dit les.<br />

Romarins, et gagner de là le point de rencontre des<br />

trois paroisses de Chabenet (mine réunie à Argenton).<br />

Saint-Gantier, et Nuret-le-Frron (cote 169). Elle séparait<br />

pendant 2000 mètres, ces deux dernières paroisses<br />

continuait dans la direction nord-ouest, en laissant à.<br />

800 mètres à l'ouest le bourg de Nuret-le-Ferron, puis<br />

à 300 mètres celui de Méohec, où fut fondée au xt' siècle<br />

une importante abbaye, 4u'on.n&pit pas supposer 9<br />

éloignée de toute voie de communication (1), et arrivait<br />

par la Croix a Vendeuvrerdûnt nous avons vu plus haut. -<br />

l'inportance à l'époque. romaine (supi'à, n' 27). Elle<br />

franchissait ensuite la Claise au hameau de Brèves, puis<br />

la longeait sur sa rive droite jusqu'au point de rencontre<br />

(1) Sur cette fondation. cfr. H; Stem, La dédicace de l'église abbatiale<br />

de Mêobn, dans le Livre <strong>du</strong> Centenaire des Antiq. de France, Paris,<br />

1904. -in-4 6, P. 411-4h; - et Eug. Hubert, op. cil., p. 489-490.


LES VOIES ROMAINES DU .BERRY.<br />

des trois paroisses (le Vendeuvre, Mézières-en-Brenne,<br />

et Sainte-Gemme-<strong>du</strong>-Sablon, passait entré l'Etang-neur<br />

et l'Etang-vieux, puis directement, en suivant la rive,<br />

droite de la rivière d'Ozanee, gagnait, par Cigogne,<br />

Monliasson, et ta Chaussée, la ville celtique de Clion<br />

(Glaudiornagus). Là, elle rencontrait la voie de Déols à<br />

Tours, qui con<strong>du</strong>isait à cette dernière ville en suivant<br />

presque jusqu'au bout la vallée de l'Indre (suprà, n* 29).<br />

Quant à la voie d'Argenton à Aigurande, dont M. Leuseigne<br />

ne parle pas et que M. Gabriel Martin indique<br />

sans y insister (1), elle peut être jalonnée ainsi la voie<br />

sortait de Saint-Marcel-lès-Argenton par le sud-est,<br />

séparait pendant 1200 mètres les paroisses de Saint-Marcet<br />

et d'Argenton, passait au point de rencontre de ces<br />

deux paroisses avec - celle <strong>du</strong> Peuchereau (Podium<br />

Chevelu), traversait le hameau de Villaine, passait au<br />

point d'intersection (cote 251) des trois paroisses <strong>du</strong><br />

Peuchereau, de Menoux, et de Chavin, puis (après avoir<br />

traversé ce dernier bourg), au point d'intersection des<br />

trois paroisses de Cliavin, Maillet, et Pommiers, séparait<br />

ces deux dernières pendant près de :4 kilomètres jusqu'à<br />

leur rencontre avec la paroisse d'Orsenne, qu'elle délimitait<br />

encore pendant 800 mètres, passait ensuite au<br />

hameau de Hallé, près <strong>du</strong>quel on a trouvé d'importantes<br />

ruines celtiques et <strong>romaines</strong> (2), puis se rapprochait- de<br />

la rive drpite de la Gargilesse, passait à Montehevrier.<br />

servait de chaussée à l'étang Borgne, séparait enfin,<br />

pendant 1800 mètres, la paroisse de Méasnes de celle<br />

d'Aigurande, qu'elle abordait par le nord-ouest. Au delà<br />

d'Aiguu'ande, la voie, nous le verrons, pouvait se prolonger<br />

dans différentes directions.<br />

Ainsi se trouvait complété l'important centre routier<br />

4<br />

(1) Gabriel- Marlin, Aigurande, op. cit., p. 77.<br />

(2) Notamment un dieu gaulois avant un torquetau to (actuellement , an<br />

musée lapidaire Cordeliers, k Gbàteauroux).<br />

75


76 . LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

qu'était Argenton. 11 était mis de la sorte en coinmOnication<br />

avec toutes les villes environnantes — avec Ardente,<br />

Saint-Ambroix, et Bourges ;— avec Déolset Issou<strong>du</strong>n<br />

; - avec Mehun, Levroux, Cliabris, Novio<strong>du</strong>num, et<br />

Orléans; - avec Vendeuv'e, Clion. Loch ies, et Tours; —<br />

avec le Blanc, ingrande, et Poitiers; — avec Confolens,<br />

Saintes, et Bordeaux ;. — avec Saint-Léger-Magnazeix,<br />

Château poil sac, et Limoges; — avec Breith, Pra31oriurn,<br />

et de nouveau Limoges; — avec Aigiirande et les audelà;<br />

— enfin avec Neuvv-SainlrSépulcre, Châteaurneillant,<br />

et Néris.<br />

- § H. Centres voyers <strong>du</strong> Sud<br />

Aqurande, ChdteaumeiltanL Néris.<br />

34 Voies d'Aigurande à Argen?ou et à Limoges. —<br />

Passons à Aigurande. C'était, comme, son nom l'indique,<br />

la ville « frontière », la dernière vill 'des .Bituriges, au<br />

delà de laquelle on entrait dans la civil as des Lémovices;<br />

aussi avait-elle autant de relations (l'un côté que de l'autre.<br />

M. Gabriel i¼lartin, qui en a consciencieusement<br />

étudié les alentours, a cru y retrouver jusqu'à 8 <strong>voies</strong><br />

<strong>romaines</strong>; mais en terminant leur étude, il reconnait-luimême<br />

que 4 seulement sont certaines et les 4 autres<br />

hypothétiques (1). De ces dernières, nous n'ed- retiendrons<br />

qu'une, mais nous ajouterons la voie d'Aigurande<br />

à Argentent, (IUC M. Gabriel Martin ne ltit que mentionner,<br />

et celle d'Aigurande à Ardente, dont il ne parle<br />

pas. — La voie présumée d'Aigurande à Argenton nous<br />

est connue (suprà n 0 33); elle avait cet avantage de mettre.<br />

Aigurande en relation avec Tours et avec Poitiers.<br />

• Nous trouvons ensuite deux autres <strong>voies</strong> ayant d'abord<br />

0<br />

(I) G. Martin, ibid., p. 82: itu résumé, des huit routes décrites, 8 seulement<br />

sont certaines: ce sont celles de Limoges à Aiguraude par Breith,<br />

par le Grand-Bourg, par Guéret et Pontarion (?). On peut y ajouter leur<br />

,prolongement sur Châteaumeillant -.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

un tronçon cornrhun, puis bifurquant, pour con<strong>du</strong>ire,<br />

d'une pari à Breith, d?autre part à Pretoriurn (Puy-deiour).<br />

et par conséquent toutes les deux à Limoges,<br />

puisque Breith, on l'a vu plus haut ( sup)'à n° 10), était<br />

relié à Proetorizun. - Le tronçon commun est facile à<br />

décrire : il sortait d'Aigurande par le sud-ouest, séparait<br />

pendant 3600 mètres les paroisses de i%léasnes et de<br />

Lourdoueix-Saint-Pierre, traversait le hame<strong>du</strong> <strong>du</strong> Cliczeau-Limousin,<br />

séparait une seconde fois les deux<br />

mêmes paroisses pendant 600 mètres, et arrivait ainsi au<br />

nord d'un-petit catnj romain, que la Carte d'Êtat-major<br />

dénomme «camp de César » eLles gens <strong>du</strong> pays « fossés<br />

des Châtres ». Ce camp, dont M. G. Martin donne une<br />

description très précise (1), se trouve sur la brande de<br />

Lignauft, à un kilomètre au nord de ce hameau, et il est<br />

situé à la bifurcation de deux chemins, l'un passant à<br />

à l'ouest, l'autre à l'est <strong>du</strong> camp. Lequel de ces deux.<br />

chemins con<strong>du</strong>isait à Breith? En 188e, j'avais supposé<br />

que la voie traversait la Petite-Creuse à Chambon-Sainte-<br />

Croix (GanzbionIagus) et la Grande-Creuse au sud de Peudory<br />

pour gagner de là Dun-le-Palesteau (2) c'est donc<br />

le chemin passant l'est dt[camp de Lignaud que je considérais<br />

alors comme Ôecupant la place de la voie romaine<br />

d'Aigurande à Bridiers. M. Gabriel Martin a bien voulu<br />

approuver et préciser celte c intuition » (3); mais i mmédiatement<br />

après, il indique un autre hacé qui me semble<br />

beaucoup plus probable. C'est le chemin passant àl'ouest<br />

<strong>du</strong> camp de Lignaud qui est la véritable voie de Breith.<br />

Ce chemin traverse la Petite-Creuse sur le pont de Puy-.<br />

Landon, mentionné dès le XII' siècle, puis la Grande-<br />

Creuse au moulin <strong>du</strong> Gué-Cornu; et gagne directement<br />

Dun . le-Palesleau. De Dun à Bridiers, la voie suivaitàpeu<br />

I<br />

(t) O. Martin, ibid.. p. 57-59. -. - -<br />

(2) E. chénan, op. ,it., note VII Le camp des Fossés-Sarr,imins, dans les.<br />

Ment. des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome.X, p. 116 ttirage à part, p. 521.<br />

(2) C. MarLin, ibid., p. 50-63.<br />

77


78 LKS VOIES. ROMAINES DU BLUIRY,<br />

près la roule actuelle, c'est-à-dire passait à Colondannes,<br />

Sain t-Léger-Bridereix, ?t Aigueperse (1). Tel rue parait<br />

êtrele vrai tracéde la voie d'Aigwande à Breith.<br />

Il n'en faut pas conclure que le chemin passant à l'est<br />

<strong>du</strong> camp de Lignaud n'était lias UflC voie romaine; seulement,<br />

au lieu de con<strong>du</strong>ire k Breith, elle con<strong>du</strong>isait à<br />

Prv1orium (Puy-de-Jouir). Le tracé est presque direct.<br />

Après avoir franchi la Petite-Creuse au moulin de Chambon-Sainte-Croix<br />

et traversé Chambon même, la voie,<br />

sous le iiorh de vie farrade » (voie terrée) (2'), passait<br />

:à Puy-Manteau, pûis à1a Celle-Dunoise, où elle traversail.<br />

la Grande-Creuse, s'infléchissait peu après vers le sudouest,<br />

pour passer à Boueix, près de Fleurat, et gagner<br />

Pr,vtoriurn par le Grand-Bourg, Bénévent, et Saint-Gons-<br />

Sand (3): près <strong>du</strong> Grand-Bourg, on a trouvé de nombreuses<br />

antiquités <strong>romaines</strong>, villas, inscriptions, sépu]tures,<br />

tuiles, poteries, monnaies. etc. (4). Par Prioriuin,<br />

Aigurande était relié directement k Limoges.<br />

35. Voies d'Aigurande à Clermont. Une quatrième<br />

voie rattachait Aigurande à Acito<strong>du</strong>num (Ahuri). M. Gabriel<br />

Martin l'a très bien suivie jusqu'à Glénic : « C'est,<br />

dit-il, la voie dont le trajet est le plus reconnaissable<br />

aux abords d'Aigurande ». Sortant de la ville parle sudest,<br />

elle passait au moulin de la âne, puis à Choneix. où<br />

abondent les ruies <strong>romaines</strong>, séparait pendant400 mètres<br />

les pàroisses de Chéniers et de Loti rdoueix-Saint-Pierre,<br />

passait à Nioux, traversait la Petite-Creuse au moulin <strong>du</strong><br />

Pont, passait ensuite à l'est de Bonnat, et gagnait Gléijic<br />

«Jlanicus vicus) parle Breuil, Ville-Coulon, et Jouillac (5).<br />

L'existence de cette voie est d'àilleurs attestée par la Vie<br />

(1) Pour les détails,cfr. G. Martin, ibid., p. 64-65.<br />

(2) G. Martin, i&Îd, p. 50.<br />

(3) 0fr. G Martin, ibtd., P. 46-50, qui hésite sur te tracé entre Fleurai et<br />

Aigurande.<br />

(4) Cfr. Ducourtieux, op. oit., P. 35.<br />

(5) Pour les détails, ctr. G. Mutin, ibid., p. 66-72.


LES VOlER ROMAINES DU BIRRY. 79<br />


80 LES VOIES ROMAINES nu BERRY.<br />

fréquentée des Romains. Cette voie devait se détacher<br />

de la prtcédeifte au lieu dit le i\iérin, passer à Mon ton a.rtin;<br />

à la Commanderie de la Forêt-<strong>du</strong>-Temple, à Mortroux,<br />

traverser la Petite-Creuse au moulin de Chambon, passer<br />

à Cenouillat, au Theil (près Saint-Dizief), au Chezau, t<br />

Jal&hes, à Dom. iange (près Clugnat), où elle traversait.<br />

le Véraux. et d'où elle gagnait Toul-Sainte-Croix (Tutizim),<br />

ville celtique et romaine importante, pu ne pouvait.<br />

pas rester isolée. et où la voie venant d'Aigurande croisait<br />

• une autre voie venant deMedioianurn (in/rà, n° 39). Au<br />

- delà de 'Foui, la voie d'Aigurande s'infléchissait vois le<br />

sud-est pour se diriger sur Evaux, par Lavau, Fougères,<br />

Augé, et la Chaussade, laissant Chambon-sur-Vouci-ze à<br />

deux kilomètres au sud, pour éviter de traverser trois<br />

fois la rivière, très sinueuse à cet endroit. A Evaux, la<br />

voie franchissait la Tarde, et pouvait se diriger d'un côtéau<br />

nord-est vers Néris (in/'rà n° 42), de l'autre au sud-est<br />

vers Clermont, par Saint-Hilaire, Chamhonnet, Vitrac<br />

Victoriâcus)(i), et Volvic. On arrive ainsi à reconstituer,<br />

tronçon par tronçon, la voie la plus courte pour aller de<br />

Tours à Clermont, par Loches, Argenton, Aigurande,<br />

Toul, Evaux. et Voirie.<br />

36. Voie. d'Aigurande à Iiourges. - Nous croyons.<br />

enfle que la ville-frontière des Bituriges était reliée à.<br />

Mediolanunï(Chàteaumeillant) et Aleçia (Ardente), villes<br />

celtiques, par deux <strong>voies</strong> vicinales qui, toutes les deux,.<br />

la mettaient en communication avec la capitale <strong>du</strong> pays,<br />

A.va'icum. - La première de ces <strong>voies</strong> est, presque certaine;<br />

nous la- décrirons plus loin (iafi'à n° 40). - La<br />

seconde, nécessaire pour assurer les relations d'Aigurande<br />

avec Ardente, Déols. et Issou<strong>du</strong>n, sans compter<br />

Levroux, Chabris, et Orléans, est facile à jalonner. H est<br />

probable en effet qu'elle sortait d'Àigurande par le nord<br />

en direction . de Neuvy-Saiot-Sépulcre, atteignait à la<br />

- (1) Sur ce nom, cft. d'Arbois de Jubsiovirle, op. oit., p- 334-336.


LES VOIES 'ROMAINES DU .BERRY. 81<br />

deuxième lieue gauloise l'angle sud-est de la paroisse de<br />

la Buxerette, qu'elle séparait pendant un kilomètre de<br />

celle d'Aigurande, puis pendant une lieue gauloise de<br />

celle de Saint-Denis-de-Jouhet, passait ensuite à l'angle<br />

sud-est de la paroisse de Mouhers, qu'elle séparait de<br />

celle de Saint-Denis-de-fouhet pendant 1600 inètre, jusqu'au<br />

point d'intersection avec la paroisse de Neuvy-<br />

Saint-Sépulcre. De là, la voie gagnait Etrechet, passait<br />

la Bouzanne au gué de Neuvy, où elle coupait la voie<br />

d'Argenton à Mediolanum (suprâ n o 32, et, montant<br />

toujours vers le nord, traversait une seconde fois la<br />

Bouzanne en face <strong>du</strong> hameau (le l'Anglée; puis gagnait<br />

Jeu-les-Bois, par le Piessis et les Bordes, et de là Ardente<br />

en ligne droite.<br />

Ainsi se complétait, croyons-nous, l'ensemble des sept<br />

<strong>voies</strong> rayonnant cl'Aigurande, et la reliant îi Argenton. - -<br />

Breith, Prdetorjunt, Ahun, Evaux, Mediolanum.. et Ardente<br />

(t).<br />

37. Voies .de G/idieaumeiliant à Bourges, Tours, et<br />

Néris. - Nous arrivons maintenant à .Mediolanun?, la<br />

c ville <strong>du</strong> milieu , (font- l'identification avec CIiàieaumeiflant<br />

n'est plus contestée. Mediolanum était u1 centre<br />

de <strong>voies</strong> rayonhantes, dont trois nous sont connues.<br />

C'est d'abord la voie con<strong>du</strong>isant à Alichamps et par là à<br />

Bourges (suprâ n° li); la voie présumée reliant<br />

Mediolanuni à Ardente et Déols, et par là directement à<br />

Levroux d'une part, à Tours d'autre part (suprà n° 26);<br />

- enfin la grande voie. d'Argenton à Néris, dont nous<br />

(I) M. Gabriel Martin en indique une autre, à titre d'hypothèse, qui au:<br />

tait relié Aigurande à la Châtre, qu'il considère comme u une ville existant<br />

dès le commencement de l'époque romaine,, (ibid., p. 80). Nous croyons<br />

avoir démontré en 4906 que ii châtie, bâtie sur la paroisse de Maugirray,<br />

n'existait, entant que ville, que depuis l'époque féodale. A l'époque romaine,<br />

il n'y avait là qu'un camp (casera), qu'il était inutile de relier à Aigurande,<br />

et qui protégeait le passage de l'Indre par la voie d'Argentou à Néris (supràt.'<br />

32).<br />

Guflos. - G<br />

M Ln<br />

Lu<br />

cele<br />

ffl


82 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

avons décrit plus haut le segment Argenton-Châteaumeulant<br />

(supS n°<br />

Au delà de ChàteauneiIlant, la voie 4'Argenton, d'après<br />

la Carte de Peutinger, con<strong>du</strong>isait à Néris; mais où passait-elle?<br />

Beaucoup d'auteurs, depuis M. de Raynal, qui<br />

ne connaissait pas d'autre chemin, ont admis que la voie<br />

de Mediolanum à Néris se dirigeait vers l'est, par Saint-<br />

Christophe-Ic-Chaudry et l'étang de la Louhière, et rejoignait<br />

la voie directe d'Avaricumà Nér!s prèsd'Epineuil<br />

ou de Vallon-en-Sully (1); je l'ai moi-même cru pendant<br />

longtemps (s). Mais une étude plus approfondie de la<br />

question m'a donné la conviction que la véritable voie<br />

de Mediolanunm à Néris était cette voie directe dont j'ai<br />

retrouvé des tronçons etquej'ai décrite ailleurs (3) Cette<br />

voie, non pas secondaire, mais principale, sortait de<br />

Chàteaumeillant par lèfauboutg Saint-Genès,servait de<br />

chaussée (aujourd'hui presque détruite) à.l'étang de la<br />

Maladrerie (4); puis bifurquait une branche allait vers<br />

Saint-Christophe-le-Chaudry, et l'autre directement au<br />

sud-est-vers Sidiailles. Cette seconde branche, qui nous<br />

intéresse seule pour le moment, traversait les vignes de<br />

Dargoutet de la Filaine, où les vignerons Pont démolie,<br />

ûanchiss&it le ruisseau do Saint-Janvrin au point d'intersection<br />

des trois paroisses aie Château meiliant, Saint-<br />

.Saturnin, et Saint-Matir, séparait ces deux dernières<br />

pendant 300 mètres (à dis mètres environ au sud <strong>du</strong><br />

(t) De Raynal; op. oit., carte; — B. de Rersers, Star. menant. <strong>du</strong><br />

Cher, canton de Châtcaumeillant (1885), p-206; - etc. -<br />

(2) E. Chénoo, Notice histor. sur Ch&eaurne.iltant, op. cil. , p. 23-25;<br />

-' Notes archéol. sur Chiteaumeiucnt, Note XI, dans les M&a. des<br />

dlntiq. <strong>du</strong> Centre, tome XV, p. 84-55 (tiraÈe à part, p. 136-137).<br />

{3) E, chénon, Notes, ibidem. tétait déjà lavis de Barailon en 1806, et<br />

de E. Todot, Carte des <strong>voies</strong> romaiùts de LA. lier (1861).<br />

(4} Sur te préten<strong>du</strong> « pont romain '. de la Maladrerie, ctr. E. Chénou,<br />

Nies sur Le Bas-<strong>Berry</strong>, op. oit,, Notes XXVIII et XLI[, dans tes Mérn.<br />

des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tomes XXIX, p. 36-40, et XXXIIt, p- 32-37 (tirage<br />

à part, tomes t, p . 260-264, et li, p 178_1531.


LES VOIES EOMÂINES DU BERRY. 83<br />

chemin actuel), jusqu'au ruisseau <strong>du</strong> Portefeuille; qu'elle<br />

traversait au point d'intersection des trois paroises de<br />

Saint-Maur, Sàint-Saturnin, et Sidiailles, et de 1k, continuait<br />

en ligne droite vers l'oppi<strong>du</strong>m gaulois de Sidiailles<br />

(1). Je ne saurais dire exactement où elle passait<br />

l'Arnon très probablement au nord de l'oppi<strong>du</strong>m; mais<br />

dans les environs elle a disparu (2).<br />

On l'a retrouvée à Saint-Eloi, où elle sert de limite aux<br />

deux paroisses de la Chapelette-Saint-Eloy et de Viplaix<br />

pendant 2500 mètres au moins, puis aux Fosses, où l'on<br />

en a découvert un tronçon pendant la Révolution (3),<br />

puis près <strong>du</strong> domaine d'Augère, où j'en ai constaté un<br />

'autre, à la limite des paroisses de Viplaix et de Courçais<br />

(4). 0e là, la voie se dirigeait en ligne droite vers la'<br />

CliapelleAude (vulgo Chapelaude) par le Cluzeau, où elle<br />

traversait la Queugne,,Ecoute'ron, et Onronzat. A la Chapelle-Aude,<br />

elle traversait la Meuselle sur un vieux pont<br />

de deux arches, qu'on désigne traditionnellement comme<br />

un pont romain, et se dirigeait presque eh ligne droite<br />

vers Montluçon. Entre la Chapelle-Aude êtRicros, où la<br />

voie traversait la Magieure, un nouveau tronçon a été<br />

signalé par M. Tudot. Un peu avant Montluçon, la voie<br />

de Mediolanum rejoignait la voie d'Avaricum, et se<br />

confondait désormais avec elle pour gagner Nris (supS<br />

n° 4)<br />

38. Voie de Chôteaumeillant à Lyon. - Revenons à<br />

a première branche, celle qui se dirigeait vers Sâint-<br />

Christophe-le-Chaudry. Il y a trente ans, elle était encore<br />

presque intacte, et le tracé a pu être reporté sans<br />

(1) Sur cet oppi<strong>du</strong>m, cfr. B. de Kersers, dans les Mém. des Antiq. <strong>du</strong> -<br />

Centre, tome 1, p. 26-29; - et Stat4st. monum. <strong>du</strong> Cher, canton de Cha-<br />

Qaumeillant, o». oit., p. 250-251.<br />

(2) Pour plus de détails, oCr. E. CI,énon, Notes archéoi. sur Chciteaun,eillant,<br />

Note XI, (oc. oit., p. 84-85 [tirage à part, p. 136.1371.<br />

(3) Baraiton, op. oit., p. 159, n' 90.<br />

(4) E. Chénon, Notice hist. sur Château», cillant, op. oit., p . 24.


84<br />

f<br />

LES VOIES ROMAINES DU FERRY.<br />

• peine sir la Carte d'État-major. Cette voie est désignée<br />

'dans certains textes sous le nom de e grand chemin de<br />

Châteaumeillant à Sain t-Christophe-le-ChaudrY » (1) ou<br />

de e grand chemin (le Lyon » () indication bonne à<br />

retenir. La voie côtoie en effet de très près le chemin<br />

de Saint-Chri stop he-le-Chaudry. Après avoir servi de<br />

chaussée à l'ancien étang de la Maladrerie, elle traverse<br />

le ruisseau de Saint -Janvrin à l'angle sud-est de la<br />

paroisse de Châteaumeillant, à la 2 e lieue gauloise, sort<br />

de la paroisse de Saint-Matir à la 4e lieue, passe à 500<br />

mètres ,Lit de ieigny, à travers un cimetière gailoromain,<br />

traverse ensuite l'Arnon à gué, 'puis It bourg de<br />

Sain t-Christophe-le-Ch ait dry, où l'on a trouvé des tegu-,<br />

lae et des poteries <strong>romaines</strong> (3). Elle sert' un peu plus<br />

loin de chaussée à l'étang de la Cliarnayc, sépare pondant<br />

1800 mètres les paroisses de Saint-Christophe et de<br />

Ves<strong>du</strong>n, puis pendant 4500 mètres celles de Ves<strong>du</strong>n et (le<br />

Saulzais-le-Potier, région semée .de ruines <strong>romaines</strong>,<br />

jusqu'à la chaiisséedel'étang de la Louhière (4). A partir<br />

de là, la voie n'est plus tracée sur la Carte d'État-ma-<br />

• jdr; mais sa direction n'est pas douteuse. Elle suivait le<br />

chemin de la Bollchatle à Epineuil (Spinogilum) : elle<br />

était même si bien conservée dans celte partie qu'en 1840F<br />

on demandait simplement au ministre des Travaux publics<br />

d'y faire faire e quelques réparations pour la mettre<br />

en bon état de viabilité » (5). A Epineuil, elle rencontrait<br />

(1) Mes Pop. de famille, 0, 7, acte de 1700.<br />

(2) Arclt.-de l'Indre, H, 589. pardi. 31 août 1571:" ... ung estang appellé<br />

I'eatang de la Malladerie, qui joAte le grand chemin tendant de chu-<br />

- tesumeillant à Lion .....<br />

(3) Pour les détails, cfr. R. Chénon, Notes a.rchéot. sur C/zcteaumeittant,<br />

Note XI, toc, oit., P. 83-84 (tirage k part, P. 135-186).<br />

(4) La voie est presque intacte à l'angle sud-ouest do parc <strong>du</strong> château<br />

de la Lande; en 4324 on l'appelait le chemin Brun n (B. de Kersers,<br />

Statistique, tome VII, P. 219).<br />

(5) Cfr. D. Mater, op. cit., p. 44.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 85<br />

la voie dÂvaricuin à Néris que nous avons décrite Plus<br />

haut (suprà n e 12) (4).<br />

Nais la voie ne devait pas s'arréter là; sans quoi son<br />

utilité n'apparaîtrait guère, Epineuil.étant un point trop<br />

peu important pour servir de but. Il est donc certain<br />

qu'ellese prolongeait au delà <strong>du</strong> Cher pour se diriger<br />

vers Lyon, comme l'indique le texte cité plus haut. Il lui<br />

fallait pour cela traverser le Cher et ensuite l'Allier. La<br />

traversée <strong>du</strong> Cherdevait s'effectuer à Vallon-en-Sully, où<br />

il y avait, sinon un pont, au moins un bac. Pour yarriver,<br />

la voie que nous éludions devait se confondre d'Epi- -<br />

neuil à Vallon avec la voie de Bourges à Néris. Quant à<br />

t'A lliei, c'est évidemment en face (le Vorocium (Vouroux) - -<br />

(lue la voie devait le lraverser(2) ; car là, elle retrouvait la<br />

grande voie de Lyon par Roanne, dont flous avons déjà<br />

parlé (supra n° 48). - Cela étant, la voie de Mediolanunt,<br />

après avoir traversé te Cher à Vallon-en-Sully<br />

devait se diriger vers le sud-est, séparer pendant 4200<br />

mètres les paroisses de Vallon et d'Hérisson, jusqu'à<br />

leur point de rencontre avec celte de Maillet (près la cote<br />

99), passer près <strong>du</strong> lieu dit la Chaussée, et remonter ensuite<br />

vers le nord-est pour traverser l'A.urnance, puis le<br />

hameau de-Chateloy, où l'on a trouvé d'importantes<br />

ruines <strong>romaines</strong> et ct où l'on place la problématique<br />

cité de Cordes » : r la voie romaine y passait», dit de<br />

Raynal (3). Elle gagnait ensuite la Perrière, où un tronçon<br />

u été décôuvert (4), et longeait la rive droit de l'Auznace,<br />

jusqu'à la ville celtique de Cosne-sur-l'Œil (Condate),<br />

qu'elle abordait par le nord, après une assez forte<br />

• (t) Cfr. B. de Kersers, ibid., p. 191.<br />

2) En ce sens Tudot, Carte des <strong>voies</strong> rom, de VA liter.<br />

(3) De Raynal, op. oit., p. 105-106; - et D. Mater, op. oit., p. 43. -<br />

Cfr. de Brinon, Fouille dette puits gallo-romain à, Glrateloi, dans le<br />

Bulletin de la Soc. d'intulatioo de. Bourbonnais, tome XVIII (1891),<br />

p. I03et5uiv.<br />

(4) Cfr. E. -Todot, ibid.


86 LES VÔJES ROM'AINES DU BERRY. -<br />

courbe imposée par la rivière. De Cosne àVouroux, la<br />

carte de M. Tudot indique comme stations le Montel, et<br />

Saint-Pourçain. La voie devait donc passer par le Châte-.<br />

let, servir de chaussée k l'étang de Laleuf, séparer pendant<br />

1000 mètres les paroisses de Chavenori et de Buxières-les-Mines<br />

jusqu'à leur point d'intersection avec celles.<br />

desaint-Sornin et de Roctes,séparer ces deux dernières<br />

pendant 1200 mètres, puis une seconde fois pendant<br />

800 mètres, et atteindre le Montet-aux-Moines, qu'elle<br />

traversait. Peu après, elle servait de limite à la paroisse<br />

de Deux-Chaises, et, toujours orientée vers le, sud-est,<br />

passait. au nord-est <strong>du</strong> Vieil et de la Feline (entre lesquels.<br />

elle sortait <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>), puis à Saulcet .et à Saint-<br />

Pourçain, où elle traversait la Sioule. Elle remontait<br />

alors vers le nord-est pour franchir l'Allier en face (le<br />

Vorocium, faubourg de Varennes-sur-Allier (1). De là,<br />

par Ariolica et Roanne, elle gagnait Lyon (suprà n' 18,<br />

in fine).<br />

39. Voie de Chôteaurneillant à A/zun. - Il est une<br />

autre voie indiquée dès 1806 par Barailon et admise en<br />

4845 par M. - de Raynal, que j'ai longtenps considérée<br />

comme hypothétique parce que je n'en connaissais aucun<br />

vestige (2), et dont l'existence est maintenant prouvée<br />

par la découverte de plusieurs tronçons: c'est la voie<br />

de Mediolonum à Acito<strong>du</strong>nuin (Ah un) par Tulluin<br />

(Toul-Sainte-Croix), qui mettait en relations d'abord ces<br />

trois villesceltiques entre elles, et ensuite Châteaumeil-lant<br />

avec le pays Lémovice par Ahun, et Ahun avec<br />

le pays Biturige et notamment sa capitale, Avaricum..<br />

Cette voie sortait de Châteaumeillant par le faubourg<br />

Saint-Martin, à l'issue <strong>du</strong>quel elle se séparait de la voie<br />

(1) Sur le plateau de Beaupay, près de Vouroux, on' s découvert un.<br />

important cimetière gallo-romain <strong>du</strong> r' siècle de l'ère chrétienne. crr. les<br />

articles de Tudot, dans le Bulletin de la Soc. d'émulation de l'Altier,<br />

tome iv, p. 386 et suiv , et de Vignon, ibid., tome vu, p. 153 et suiv.<br />

(2) Cfr. L. Chénon, Notice hist. sur Ch$teaumeillant. op. oit., p. 27..


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 87<br />

•d'Àrge'nton (suprà n°32); puis, sous le nom de « grand<br />

chemin de Boussac o, longeait pendant quelque temps<br />

larive gauche <strong>du</strong> ruisseau de la Goutte-Noire, qu'elle<br />

traversait pour suivre le chemin de Malvaux. Elle atteignait<br />

peu après l'angle nord-ouest de la paroisse de-<br />

Saint-Saturnin, qu'elle séparait de celle de Châteaumeillant<br />

pendant 4200 mètre, jusqu'à leur point de ren-contre<br />

avec la paroisse de Lignerolles. Elle franchissait<br />

la Taissonne près <strong>du</strong> Cluseau, et allait rejoindre l'angle<br />

nord de la paroisse de Pérassay, à'la 3' lieue gauloise de-<br />

Mediolanura. Elle séparait alors pendant une lieue gauloise,<br />

d'abord les paroisses de Lignerolleset de Prassay,<br />

ensuite celles de Saint-Saturnin ét de Saint-Priest-la--<br />

Marche; puis, pendant 2 kilomètres, -toujours sous lenom<br />

de e grand chemin de Boussac o (4), les paroisses<br />

deSaint-Priest et de Préveranges, qu'elle quittait à la<br />

cote 484, à la 5e lieue gauloise.à partir de Mediolànunt,,<br />

pour, aller, passer près de Jurigny (Juriniacus) :-dansle<br />

petit bois qui s'étend entre Jurigny et Saint-Marien,il<br />

en existe un tronçon encore apparent. Non loin de là,- -<br />

dans la brande <strong>du</strong> Poulet,- au sud de Jurigny, un second<br />

tronçon a été diSconvert (2). La <strong>voies</strong>e dirigeait en ligne , - -<br />

droite vers l3oussac-les-Églises (aliàs Boussac-Bourg), -le<br />

traversait, et descendait vers la -Petite-Creuse, qu'elle- -<br />

franchissait san&doute au lieu dit le Pont-Auville, pour<br />

gagner ensuite Toul-Sainte-Croix, pr Saint-Sylvain-Basle-Roc,<br />

la Villette, et Pradeau, où en 1115 existait un<br />

monastère dépendant de l'abbaye de Déols (3). De Toul--<br />

(1) Cfr. Arch. <strong>du</strong> Cher, C, 841, pareb., aveu de 1680, N 1-v' : e ... puissuit<br />

le grand chemin par lequel Ofi va de Chtteaumeitlant à Boussac entre<br />

le taillis <strong>du</strong> Bois (lire Soumit) et la forêt Viché o; - et E. Cliénon, Notes<br />

sur le B«-<strong>Berry</strong>, Note XLIII, §9, dans tes Mé,,t. des Anti7, <strong>du</strong> Centre,<br />

tome X-XXIII (tirage à part, tome II, P. 194). - -<br />

(2) Cf r. Gabriel Martin, op. cil., P. 76. - -<br />

(3) Cfr. Bulle <strong>du</strong> pape Pascal 11, 1115-: 'Monasierium - de Pradels<br />

cutn parochia sua o (dans Eug. Hubert, Recueil de. chartes intéressant<br />

l'Indre, dans la Revue <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>, année 1901, p. 141). -


88 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

Sainte-Croix, à 655 mètres d'altitude, qui a dû être<br />

d'abord , un oppi<strong>du</strong>m gaulois et où l'on u trouvé d'importantes<br />

ruines gatlo<strong>romaines</strong> (I), la voie sortait par le<br />

sud-est, passait à la Villaite, et ' se dirigeait par Parsac<br />

et Jarnages, vers Ahun. En 18(0, on en voyait dans ta<br />

forêt de Cliâteauvieux des morceaux assez bien couservés<br />

»; et près de Jarnages,'à la même date, 'on avait<br />

découvert des substructions <strong>romaines</strong> (2).<br />

40, 'Voie de GMleaumeWant ù Limoges. - Par Ahun,'<br />

on pouvait aller (le Cbâteauineillant à Limoges; mais<br />

le chemin n'était pas direct. Il était beaucoup plus court<br />

de passer par Aigurande flous avons dit plus haut<br />

(suprà n' 36) qu'une voie secondaire devait relier, e la<br />

ville-frontière o à la « ville-<strong>du</strong>-milieu ». J'avais supposé<br />

l'existence ile cette voie dès 4882 et 1889 (3) elle me<br />

parait certaine aujourd'hui. Elle devait se détache!' de<br />

la "oie de dllcdiolanum à Argenton' ail point d'intersection<br />

des trois paroisses<br />

.<br />

de Chàteaurrieillant, Urciers, et<br />

Nérel., point situé à une lieue gauloise de Mediolanunt<br />

et où probablement se trouvait une borne milliaire (4).<br />

• 'A partir de là, elle se confondail avec le vieux e chemin<br />

royal » de Châteauineillant à la Cliàtre, en partie détruit<br />

maintenant, mais encore reconnaissable à une ligne de<br />

châtaigniers qui le b(ordait jadis, et d'ailleurs indiqué<br />

sur la Carte de Cassini. Elle passait au domaine de<br />

•<br />

, Mi-Chemin (aliàs <strong>du</strong> Pavillon), traversait l'lgéeray sur<br />

(1) A la base <strong>du</strong> clocher (séparé de l'église), on voit encore un bas relier<br />

romain représentant un homme en grandeur naturelle,<br />

(2) Cfr. P. de Coasse, dans les Méru. de la Soc, des sciences naturelles<br />

et archdol. de la Creuse, tome III, p- 323; G. - Martin, toc. ciL -<br />

:Ducourtieux, op, cil., p. 114.<br />

(3) E. Chénon, Notes archéol. su,' Chàteau,n .eillant, Note VII, supra<br />

cil.: — et Histoire de Sainte-Sivare-en-Rei'ry, paris, 1589, in_Se, P. 51,<br />

en note.<br />

(6) La voie de Meaiolanu,n à Argentan est un segment de la grande<br />

voie de Clermont ' à Poitiers; lei distances s'y comptaient dans le sens<br />

Mediolanuin-Argenton. -


LES VOIES ROMAINS DU BERItY'.<br />

un vieux pont, restauré en 4761 (date inscrite sur la clef<br />

de voùte), puis le bourg de Champillé (Campiliacus), où<br />

elle servait de chaussée à l'étang situé devant l'église.<br />

Elle quittait alors le e chemin royal » pour se diriger<br />

vers .Receux. LeT chemin de Charnpilléà Receux est men-<br />

[tonné dès 1294 (1). Ce chemin passait au point d'intersection<br />

(côte 276)des trois paroisses de Champillé, Feusines,<br />

et la Motte-Feuilly, puis au point d'intersection<br />

de ces deux dernières avec l'ancienne paroisse de Bongères<br />

(nunc réunie à Sainte-Sévère), et descendait<br />

ensuite vers l'Indre, en côtoyant l'étang de Rongres<br />

et te ruisseau qui en-sort et qu'un ,texte de 4282 appelle<br />

le iivuius Ficus (2). Ce même texte dit que ce ruisseau<br />

sejelait dans l'Indre au pont de Beceux (ad pontent de<br />

Rossol) ce pont, mentionné déjà vers 1130 (3), n'existe<br />

plus; mais sort souvenir s'est conservé dans le nom <strong>du</strong><br />

moulin qui l'avoisinait et qui s'appelle encore le moulin<br />

<strong>du</strong> Pont (4).<br />

Ce chemin de Champillé à Receux, où allait-il ensuite?<br />

Un acte de 694 nous l'apprend : il mentionne eu effet<br />

« un chemin allant de Montlevy à Aigurande » (5). Or<br />

aucun chemin ne peut aller de Monl,levic à Aigurande<br />

sans passer, soit à la cote 276, soit au point d'intersection<br />

des trois paroisses de la Motte, Feusines, et fougères,<br />

autrement dit sans vénir s'embrancher sur la voie que<br />

nous étudions donc celle-ci allait à Aigurande. - Après<br />

(1) E. Chénon, Bise, de Sainte-Sévère, ibid. Viam per guam ilur de<br />

Champillet apud Bossoil '.<br />

(2) Ibid., p. 50, note « ... osque ad vadiim rivuli Fici sablas veterem<br />

Riveriam (lire Rongeriam), et prout exi,ade dictes rivales procedit sets<br />

labitur usque ad portera de Roitol (/ire Roiso), .. i. (12 mars 1282, n. si.)<br />

(3) Cfr. E. Chénon, Notes 51er le Bas-<strong>Berry</strong>, Note IX, dans les Mu», des<br />

Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome XXIII, p. 9 [tirage à part, laine I, p. 25].<br />

(4) A 5% mètres au nord-est ont été trouvées en 188 t les sépultures <strong>romaines</strong><br />

<strong>du</strong> Sablon; tir. E. cbénon, Noces arohéol. sur Chdteau,neiitant, op. oit.,<br />

Note VI, t, dans les Md'». des ilntiq. <strong>du</strong> Centre, tome X, p. 98-104<br />

tiage à part, 3440jt<br />

(5) Areh. <strong>du</strong> chàtau de Montlevic, Dossier c, pap. 5 janv. 1694.


90 LES VOLES ROMAINES' DU BERRY.<br />

avoir traversé l'Indre au pont de Receux, elle montait.<br />

en ligne droite jusqu'à la cote 287, et, continuant dans<br />

la même direction sud-ouest, passait au lieu où s'éleva<br />

plus tard le bourg de Notre-Dame de Pouligny, puis.<br />

près <strong>du</strong> camp romain dit les e Fossés Sarrasins », que.<br />

j'ai décrit ailleurs en détail (1). S'infléchissant ensuite<br />

vers l'ouest, elle traversait la Couarde à Fragne, et arrivait<br />

à Aigurande parle hameau de Montservet, le Chezàu-<br />

Moreau, et le Ris-blanc (2).<br />

44. Voie de GltdleaunieUlan g à Saint-Ambroix. - A<br />

ces sept <strong>voies</strong>, reconnues ou probables, qui sortaient de<br />

Mediolanum, il nous semble qu'il en Faut ajouter une<br />

huitième. Entre la voie d'Avarieurn et celle d'Ardente,<br />

au nord de Cliàteaumeillant, il existe en effet un grand<br />

vide. Or, comme on a trouvé un certain nombre de localités<br />

celtiques ou <strong>romaines</strong> dans ce vide (3), il est à supposer<br />

qu'une voie de communication les desservant<br />

devait sortir de Chàteaumeillant par le nord., D'autre<br />

part, M. Mater a émis l'hypothèse qu'une voie secondaire<br />

se détachait de celle d'Alicharnps à Mediolanum entre<br />

Farges et Morlac, pour gagner par Iricuil la vallée de<br />

l'Arnon, qu'elle aurait suivie jusqu'à Saint-Ambroix<br />

(.Erno<strong>du</strong>rurn), c'est-à-dire jusqu'à la grande voie tic<br />

Bourges à Argenton 4). Dans cette hypothèse, il est<br />

une partie tout-à-fait plausible: c'est celle qui admet<br />

une voie romaine longeant l'Arnon; ruais le point de<br />

départ de la voie n'est nullement motivé. Entre Farges<br />

et Morlac, où d'ailleurs la voie de Mediolanunt à Ah-<br />

(1) E. Chénon, ibid., Note Vil le camp romain des Fossés Sarrasins,<br />

dans tes Mina, des .4ntiq. <strong>du</strong> Centre, tome X, p. 107-117 [tirage à part,<br />

P. 43-53].<br />

(2) Gabriel MerLin, 4 igurande, op. ait., p. 79-80.<br />

(3) cr. notamment A. Sauvaget, Fixation de quelques heux habités à<br />

l'époque al10-rontaine aux environs de Lignières (Cher), etc., dans les<br />

Mén. de la Soc, historique <strong>du</strong> Cher, tome XXIV (1902), p. 203 et suie.<br />

(4) D. Mâter, op. ait., p. 48.


LES VOIES ROMAINES DO BERRY. 91<br />

champs ne passe pas (suprà n' 47), il n'y a aucun indice<br />

de ville celtique ouromainc méritantd'étre reliée à Saint-<br />

Ambroix. De plus, entre ineuil et 1'Arnon, on ne voit<br />

pas où la voie pourrait passer. Toutes ces difficqités<br />

disparaissent, si l'on suppose qu'au lieu de se diriger <strong>du</strong><br />

côté de Farges ou Morlac, la voie en question se dirigeait<br />

vers Châteaumeillant. D'abord, elle reliait ensemble<br />

deux villes celtiques importantes Mediolanuni<br />

et Erno<strong>du</strong>ruin, station indiquée sur l'itinéraire d'Antonin,<br />

et où l'on a découvert des vestiges considérables<br />

et anciens de l'occupation romaine (I). Ensuite, il est<br />

facile de trouver un tracé satisfaisant, qui longe tout le<br />

cours de l'Arnon, tantôt sur la rive gauche, tantôt sur la<br />

rive droite, suivant lei facilités offertes par le terrain, et<br />

traverse un certain nombre de « points n celtiques ou<br />

romains.<br />

Cette voie probable de Mediolanum à Erno<strong>du</strong>runi<br />

devait se détacher de la voie d'Alichamps au chevet<br />

môme de l'église de Châteauaieillant, et monter directement<br />

vers te nord pour aller passer au point d'intersection<br />

des trois paroisses de Châteaurneiliant, Beddcs, et'<br />

Saint-Janvrin. Elle séparait ensuite ces deux dernières<br />

pendant 2800 mètres, jusqu'à l'église de Bedds, qu'elle<br />

laissait un peu à l'ouest; puis, conservant toujours sa<br />

direction au nord, elle traversait le bourg de Maisonnais<br />

(Dornus eeclesiarutn), et passait près d'Orsan, où<br />

Robert d'Arbrissel fonda, au début (lu Xli' siècle, un<br />

prieuré de femmes de l'ordre de FoiEitevraud-(2). La voie<br />

devait ensuite s'infléchir vers lenord-àuest pour franchir<br />

Ç1) Sur 'importance d'Eryiod'ru;n un début de a période gailo'romaine,<br />

cfr. suprêt n' 8.<br />

(2) Sur cette fondation,. cfr. La Thaumassière, 17m, de <strong>Berry</strong>, op. ciL<br />

F). 790493; - de Raynal, op.it.. tome I, p. 451 et suiv.; - E. Chénon,<br />

Notice histor. ers.' Chdteaumei?lasu, op. cit., p. 47-49;-- F. Deshou-<br />

1ères, Le prieuré d'Orsan, dans ]es Mira, des Antiq. <strong>du</strong> Centre, tome<br />

XXV, p. 52-60.


92 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

la Sinaise au moulin de la Vernelle, et séparer pendant<br />

2.200 mètres les deux paroisses dè Hezay et de Touchay,<br />

jusqu'à leur point de rencontre avec celle de Saint-Hilaire.'<br />

Elle arrivait ainsi près de I'Arnon, qu'elle côtoyait dès<br />

lors jusqu'à Saint-Alubroix. Elle traversait d'abord les<br />

lieux dits le Grand-Chemin, Saint-Hilaire-lès-Linières<br />

(S. Ililarius de Jjorneis, XII' s.), le Plaix, Linières,<br />

Felouze, la Celle-Condé (non loin d'un vicia découvert<br />

aux Ouches) (4), et le Magnoux, tous situés sur la<br />

rive gauche de l'Ai-noms. Peu après, au moulin de Villecelin,<br />

la voie traversait la rivière, et, jusqu'à Saint-Ambroix,<br />

en suivait-la rive droite, passant ainsi près de<br />

- Saint-Baudel, à i\iareuil, dont le nom indique une origine<br />

celtique (2), et à la Prée, où l'on' a trouvé en 1878 des<br />

vestiges romains (3), et où Fut fondée en 4441 ou 1145<br />

une abbaye de l'ordre de Citeaux (4). A Saint-Ambroix,<br />

elle rencontrait la grande voie venant d'Àvaricum, et<br />

aussi la voie vicinale venant d1ssù<strong>du</strong>n, qui se trouvait<br />

ainsi relié directement â Mediolanunt. Se prolongeaitelle<br />

au delà etcontnuait-elle à suivre la vallée de l'Arnon?<br />

C'est ce que nous examinerons plus loin, en nous occu-.<br />

pant de Vierzon (in/và n° 49). -<br />

Cette voie de l'Arnon permet d'expliquer facilement<br />

l'itinéraire suivi par Rohert d'Arbrissel dans les derniers<br />

- moments de sa vie. Parti de Blois en 4415 pour se rendre<br />

à Orsan, nous dit son confesseur André, il avait dû suiiire<br />

la Voie romaine con<strong>du</strong>isant de Blois à Chabris par<br />

(1) Cfr. A. Sauvaget, toc. ait,<br />

(2) Mareuil, ers latin Maroio.iv.ns ( aliâs Maroqilum), dérive d,k oognoiner&<br />

gaulois ftfaro, qui veut <strong>du</strong>t • grand n; le suffixa o-iatuo. est un diminutif,<br />

qui remplace stagutw'n, petit champ ». Mareuil signifie donc • le petit<br />

champ de Mares ». Cfr. les développements donnés par d'Arbois de Jubainville,<br />

op. cil., P. 529-530.<br />

(3) Thil et de Goy, toc, oit., p.83.<br />

(4) Cir. La Thaunassière, ibicL, p, 79L; - abbé VaSndaa'd, Vie de saint<br />

Bernard, Paris, 1895, in-8', 'orne Il, p. 397.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 93<br />

Soings (suprà n° 25), puis celle de Chabris. à Issou<strong>du</strong>n et<br />

Erno<strong>du</strong>runi (suprà tr 25), d'où, par cette voie de l'Arnon<br />

que nous venons de décrire, il pouvait aller directement<br />

à Orsan. 11 s'était ensuite ren<strong>du</strong> à Déols, évidemment<br />

par la voie de Mediolanuni à Déols (suprà n°26).<br />

De là, continue son biographe, Robert alla à Graçay; il<br />

<strong>du</strong>t suivre pour cela la voie de Déols à Issou<strong>du</strong>n (suprà<br />

n° 30), puis de nouveau celle d'lssou<strong>du</strong>n à Chabris.<br />

Mais à Graçay, étant tombé malade, il voulut revenir<br />

mourir à Orsan. Ses compagnons le rapportèrent sur un<br />

brancard par le même chemin jusqu'à Issou<strong>du</strong>n, et d'lssou<strong>du</strong>n<br />

à Orsan par cette voie de.l'Arnon qu'il avait<br />

déjà parcourue (1).<br />

Ainsi 'Meâiolantnn, par les huit <strong>voies</strong> dont il était le<br />

centre, justifiait, bien son nom de e ville <strong>du</strong> milieu »,' bt<br />

se trouvait cii relations directes avec Avaricum, par<br />

Alichahips; - avec Erno<strong>du</strong>rum, Issou<strong>du</strong>n, et Chabris,<br />

parla vallée de l'Arnon; - avec Levroux et avec Tours,<br />

par Ardente et Déols; - avec Poitiers, par Argenton et<br />

Ingrande; - avec Limoges, par Aigurande et Prtorinin;<br />

- avec Ahuri, par Boussac-les-Eglises et Toul-<br />

Sainte-Croix; - avec Clermont par Néris; - enfin avec<br />

Lyon par Epineuil, Cosne-sur-l'Œil, JTpCjyyj (Vonroux),<br />

et .Roanne.<br />

42. Voies rayonnant autour de Néris. - Néris-les-<br />

Bains (Aquw Neriornagenses) était, comme presque<br />

toutes les statibns thermales <strong>romaines</strong>, un centre voyer.<br />

Nous savons déjà que Néris était en communication<br />

directe avec Avaricum par la voie qui longeait le Cher<br />

(1) Pour les détails, ef,'. Extrema conversatio .Roberti, par le moine<br />

André, éd. 1647, p. 271 et sdiv.; - de Raynal, op. oit., P. 459-460; .L. Th.<br />

de Brimant et A. de la Guère, Vie de .Léodegaire arek de Bourges,<br />

dans les Mém. des Antiq, <strong>du</strong> Centre, tome LX (1881), P. 145-146; - E.!<br />

Chénon, <strong>Les</strong> Bretons en Sas-<strong>Berry</strong>, Rennes, br. in-8', 1884, p' 9-li; -<br />

F. Deshou jjère', .oc - oit., p. 68. - Robert d'Arbrissel mourut à Oman Je<br />

25 févr. t117(o. st.-3. -


94 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

et passait à Alichanips (suprà 110 32). Cette voie se prolongeait<br />

sur Chantelle et de l'a sur Cleirnont; par Gannaf<br />

cl Riom (suprà no 13). Mais nous avons reconnu qu'une<br />

'oie plus directe devait con<strong>du</strong>ire de Néris à Clermont<br />

par Durdat, Menat, Saint-Bonnet, et Riom (suprà n° 43,<br />

in finé). Enfin Néris était relié -directement à Mediolanum<br />

(suprànb 37), et par là, d'une part à Ardente, Déols;<br />

et Tours, et d'autre part, à Argentou, Ingrande, et Poitiers.<br />

Par Argentos, on pouvait aller de Néris à Limoges:<br />

Mais il est , impossible qu'il n'y ait pas eu une communication<br />

plus directe entre ces deux villes; et tous les<br />

auteurs admettent une voie secondaire reliant Néris avec<br />

la station thermale d'EVux, puis avec -Acito<strong>du</strong>num<br />

(Ahun), où elle retrouvait la grande voie de Clermontà<br />

Limoges (4). Cette voie sortait de Néris par le sud-ouest,<br />

traversait Villebret, Mazirat, le bois d'Evaux, où l'on a<br />

retrouvé ses traces, et Evaux, - où elle croisait la voie<br />

pr6sumée d'Aigurande à Clermoflt (suprà n° 35). Elle<br />

continuait dans la même direction vers Ahun, où elle<br />

traversait la Creuse (2). Elle gagnait ensuite Limoges,<br />

soit-par la voie primitive de Prtorium supra n° 30),<br />

• soit par une voie plus récente et plus directe passant par<br />

Pôiflarion, Bourganeuf, et Saint-Priest-Taurion (3).<br />

Au nord-ouest de Ndris, setrouvaient deux villes celti-<br />

• pies importantes, Cosne-sur-I'OEil (Condate), et la stalion<br />

d'eaux thermales de Bou rbon-I'Archembaud (Aqua. -<br />

Borinonis). E. Tudot admet qu'une voie vicinale reliait' -<br />

Néris 'a Cosne; il n'a pas songé, ce qui cependant s'impose,<br />

à la prolonger jusqu'à Bourbon. —La voie de Néris<br />

(i) En ce sens Coudert de Lavillate, Grellet-Dumazeau, Tudot, Ducourtien;<br />

etc:<br />

(2) Cfr. Dacourtieux, op. oit., p. -9t.<br />

(S) Sur cette voie plus récente, - la seule indiquée par Lonoun, Atlas<br />

.hist., carie de la Gaule vers 400, - efr. les nombreux détails donnés par<br />

DucourLieax, op. oit., p. 89 et suiv.<br />

- /


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 95<br />

à Cosne est facile à tracer elle sortait de Néris •par le<br />

nord-est, passait à Chamblet et Deneuille, suivait la rive<br />

gauche de l'OEil, le traversait en face de Neuville, puis<br />

en longeait la rive droite jusqu'à Cosue (1). - A Cosne,<br />

elle faisaitiin coude brusque pour traverser I'Aurnauce,<br />

mais elle reprenait ensuite sa direction pour gagner<br />

Bourbon-t'Archernbaud par Vicure et Ygrande.<br />

L' « étoile » de,Néris comprenait donc 5 <strong>voies</strong> : la première<br />

bifurquait après Montluçon, pour aller d'un côté<br />

.à Bourges par Alichamps, de l'autre à Châ.teaurneillantpar<br />

la Chapelle-Aude; - la seconde con<strong>du</strong>isait à khan<br />

ar Evaux; —la troisième à Clermont par 4int-Bonnet;<br />

- la quatrième à Chantelle, et de là à Clermont par<br />

-Gannat et Riom; - la cinquième à Bourbon-l'Arcbembaud<br />

par Cosue et Ygrande.<br />

: JJJ - Centres voyers de l'Est et <strong>du</strong> Nord:<br />

Cosne-sur-l'ÙEil, Bourbon-t'A rc/l nia baud,<br />

Chdteau-Gordon, Argent, etc.<br />

43. Voies rayonnant autour de Cosnc-sui-t'QEÏI. -<br />

Avant de passer à Bourbon .l'Archernbaud, il convient<br />

de s'arrêter un instant à Coudoie (Cosne-sur-l'(Fil).<br />

Cette ville celtique, située près <strong>du</strong> confluent (2)-de l'OEil<br />

et de l'Aumance, était traversée, nous l'avons vu, par<br />

la voie de !Iiediolanum à Vorocium (suprà n 0 38),<br />

-et par celle de Néris à Bourbon-l'Archembaud (supS<br />

n' 2). Elle était en outre reliée à Sancoins par une v9ie,<br />

dont ana retrouvé des vestiges, et qui monlaitdirectement<br />

-vers le nord, en prolongement de celle de Néris. Cette<br />

voie passait à Louroux-Bourbonnais, puis au point de<br />

rencontre des trois paroisses de Louroux, le Vilhain, et<br />

Theneuille, séparait ces deux dernières pendant une lieue<br />

(1) Cfr. E. Tudot, Carte des <strong>voies</strong> rom, de t'Allier (161).<br />

(2) En celtique,' Côndète = confluent. -


96 LES VOIES ROMAINES DU BRRR!.<br />

gauloise, jusquà leur point d'intersection avec la<br />

paroisse de Cdrilly, continuait à séparer Theneuille et<br />

Cérifly pendant 500 mètres, jusqu'à la cote 381, et de là<br />

gagnait directement le bourg de Cérilly. Après l'avoir<br />

traversé, elle inclinait vers le nord-ouestpour passer près<br />

de Soulice, où ses traces sont encore visibles (1), longeait<br />

l'étroit et long étang de .l'Isle, auquel elle servait<br />

de chaussée, traversait le bourg de I'Isl&sur-Marmande<br />

(Insula super Mi/nia.ndrian), puis celui de Valigny, et<br />

arrivait ainsi à la vieille Ville romaine de Vènoui, où elle<br />

croisait la voie d'Aearjcurn à Bourbon-l'Archemhauçj<br />

(suprà n°48). De Venou, la voie gagnait Sancoins par<br />

Augy-sur-Aubois et Jouy-sur-I'Àuhois (Gaudiacus hand<br />

procul ab Ai1,eta) (2). Lorsqu'au début <strong>du</strong> rit e siècle, le<br />

vénérable Théo<strong>du</strong>lf surnommé liaholein fonda dans le<br />

<strong>Berry</strong>, selôn la règle desaint Colomban, les deux monas-1<br />

tères de l'Isle-sur-Marinande et de Joiiy-siir-l'Aubois, il<br />

trouva, pour aller de l'un à l'autre, un chemin tout<br />

tracé (3).<br />

44 l'oies de Bourbon-l'A reltein baud à Bourges, Lyon,,<br />

)\Téris, e. Drevani. - Arrivons à Bourbon-l'Archembaud<br />

(Àquae Bormonis). Cette célèbre statTon thermale<br />

était en même temps un centre voyer considérable, et<br />

cette circonstance n'a certainement pas été étrangère à<br />

l'importance qu'elle devait prendre plus tard, comme<br />

s<br />

(1) Jacques Chevalier, lot. oit., p. 102.<br />

(2) Sur le sens et l'étymologie de Gaudiacus, cfr. d'Arbois de Jubainville,<br />

op. ciL, p. 239-241.<br />

(3) Jonas de Robbia, Vite S. Eusla,sii ' ltcmque in suburbano Bituricenis<br />

urbis, vif venerabilis Theo<strong>du</strong>lphus, cognomine Bobolenus, monasteriA<br />

ex regula Columbani muni religions pollentia constroxit, primum in Ensula<br />

supra fluvium Milmandram, uni religiosorum a<strong>du</strong>navit catervacn: atiud Gaudiacum<br />

nomme, haud procul s floviolo Albeta; tertium, ptc. o (dans le Recueil<br />

des hist. des Gaules, tome III, p. 501). - Ni. d'Arbois de Jubainville, toc.<br />

oit., s confon<strong>du</strong> Jouet-sur-l'Aubois avec ,iou y Jouet est super Aibetam,<br />

tandis que Jour en est à 1203 rnèlres, hand. prosiul; cfr. de Raynal,<br />

op. oit., L I, p. 261.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 97<br />

chef-lieu de l'une des plus grandes vicairies frankes <strong>du</strong><br />

<strong>Berry</strong> (fl, et ensuite confine chef-lieu d'une vaste seigneurie<br />

féodale qui lui doit son nom et qui a été l'origine<br />

<strong>du</strong> Bourbonnais. Six <strong>voies</strong> au moins et probablement<br />

huit rayonnaient autour de Bourbon. C'était d'abord<br />

celle d'Avaricum par Venou et Dun-lé-Roy (suprà, n o t8);<br />

celle de Vorociura, par Souvigny et Châtel-Deneuvre,<br />

qui était le prolongement de la précédente et menait à<br />

Lyon (suprà, n' 18); celle de Néris, par Cosne-sur7l'Œil'<br />

(suprà, no 4) : ces trois <strong>voies</strong> nous sont connues. Trois<br />

autres reliaient Bourbon à Drevant par Cérilly, à Clermont<br />

par Chantelle, à Noyers et à Sancoins par le<br />

Veurdre. Etudions ces <strong>voies</strong>; nous verrons ensuite<br />

s'il fie faut pas en ajouter deux autres, rattachant Bourhou<br />

à Dedize et à Autan.<br />

La voie de Drevant est indiquée par d'Anville, Walckenaêr,<br />

Tudot, et Mater, comme passant par Ainay-le-<br />

Château et aboutissant à Aliehamps; M. Jacques Chevaliet'la<br />

fait passer par Limoise ni l'un, ni l'autre de ces<br />

• tracés n'est admissible. La voie en effet devaitse détacher<br />

de celle de Bourbon 'a BourWes à la cote 282, à 3 kilomètres<br />

de la ville, et séparer ensuite pendant 4200'mètres<br />

• les paroisses de Bourbon et de Saint-Plaisir, puis pendant800<br />

mètres celles de Saint-Plaisir et d'Ygrande. Elle<br />

traversait la Bieudre au moulin des Fours, et de là<br />

gagnait Cérilly en ligne droite par Saint-Pardoux et le<br />

lieu-dit la Fernautt. Après Cérilly, la voie, recouverte<br />

aujourd'hui par la route d'Ainay-le-Château, coupait le<br />

sud de la forêt de Tronçais, servait de chaussée à l'étang<br />

<strong>du</strong> même nom, et se dirigeait vers le lieu dit Beauregard,<br />

en séparant pendant 3500 mètres les deux paroisses de<br />

Saint-Bonnet-le-Désert et Braise, villages entre lesquels<br />

(1) Sur la viea,-ia .Dorbonensis, cri. de Raynal, op. de,, tome!, P. xix,;<br />

- Chaland, Chronologie des sire, de Bourbon, Moulins, 1865, in-8',<br />

2° partie, p' 125;— E. Chénon Le pays de <strong>Berry</strong>, op. cit., p. 17-18,<br />

CH.row. 7


98 LES VOIES ROMAINES DU . BERRY.<br />

an a trouvé de nombreuses monnaies <strong>romaines</strong> (1). De<br />

• l3eauregard à Drevant, la voie est indiquée par un long<br />

chemin rural passant par le Pilori et i aupertuis. A Drevant,<br />

elle rencontrait la voie venant de Bourges par<br />

Alichamps; mais elle n'aboutissait pas directement à<br />

cette dernière localité, qui n'avait aucune importance,<br />

tandis que, on le sait, Drevint possède des ruires considérables,<br />

notamment celles d'un théâtre, récemment<br />

déblayé<br />

45. Voies de Bourbon-l'A rc/iembaud à Clermont, Sancoins,<br />

et Nevers. — De Bourbon-l'Archembaud à Chantelle,<br />

la voie est indiquée sur la carte d'E. Tudot, comme<br />

passant sensiblement à l'ouest de Gipcy pour se rendre<br />

au Montet. Elle devait donc se confondre avec le chèniin<br />

de grande communication de Bourbon au Montet, qui<br />

Fa remplacée; et par suite sortir de Bourbon par le<br />

sud-ouest, passer à Bossais, 'séparer pendant près de<br />

3 kilomètres (de Cbougny à Pont-Cellier) les paroisses<br />

de Saint-Aubin-le-Monial et de Gipcy, traverser le bourg<br />

de Saint-Hilaire, puis le hameau de Maltaverne, le<br />

Montet, les hameaux de Romerie et de Châtelus, les<br />

bourgs de Voussac et de Target, et enfla rejoindre peu<br />

après la grande voie (le Néris à Chantelle. Par là Bourbon<br />

se trouvait en communication avec Gannat, Rioni,<br />

et Clermont. Cette voie fut suivie en 761 par Pépin-le<br />

Bref, en guerre avec Waïfre, nue d'Aquitaine, lorsque,<br />

après avoir traversé la Loire à Nevers, il s'empara successivement<br />

des châteaux de Bourbonl'Archembaud,<br />

Chantelle, et Clermont (3).<br />

(I) Cfr. JacquesChehlier, Zoo. Vii.. P. 102.<br />

(2) Sur les ruines de Drevant, cfr. de Raynal, op. oit., p. 104-105, et<br />

.urtout le Rapport complet de M. Gustave Mallard, lu à la Sorbonne le<br />

15 avril 1906. et repro<strong>du</strong>it dans les Mdrn.desAntiq. dit Centre, tome XXX,<br />

p. 13-54. - Adde Jules Formigé, <strong>Les</strong> arènes de Lutèce, Paris, 1918,<br />

in-4', p. 7-8.<br />

(3) Continàateur de .Vrêddga ire, eu. Krush, IV, g 42 :" Commoloque<br />

exercito, 011m omni multitadine iten,m osque ad Trecas accessit inde per


LES VOIES ROMAINES OU BERRY. 99<br />

• La voie con<strong>du</strong>isant de Bourbon àSancoins etàNevers<br />

est également indiquée par E. Tudot. D'importants trouçons<br />

découverts entre Bourbon et le Veurdre permettent<br />

d'ailleurè de la décrire avec précision. La. voie quittait<br />

Bourbon par le nord, et se dirigeait d'abord vers Fràn-<br />

•ehesse, puis vers Limoise. Entre ces deux bourgs, « lors<br />

de la construction <strong>du</strong> chemin de grande communication<br />

n°40, on retrouva sur une Iongueurde 2 kilomètres une<br />

chaussée antique si bien conservée qu'une simple répation<br />

en lit la partie la plus solid de la route n (1). De<br />

Limoise au Veurdre Avul(Iz-ia), la voie est recouverte<br />

par ce même chemin qui, à partir <strong>du</strong> lieu dit les Grands-<br />

Perriaux, sur une longueur de plus de 5 kilomètres, sépa o<br />

la paroisse de Pouzy-Mézangy de celles de Limoise et <strong>du</strong><br />

Veurdré.<br />

Au Veurdre. la voie bifurquait. La branche occiden<br />

tale se dirigeait sur Sancoins, par Château-sur-Allier ().<br />

Elle passait au lieu dit la Chaussée et dans les landes de<br />

Saint-Auguâtin, où des vestiges ont été signalés. Un<br />

autre tronçon a été dém6li'en 1834, près de Sancdins,<br />

pour établir le chemin de grande communication n° 43<br />

•de Sancoins au Veurdre e cette substitution, dit M. Ma-<br />

-ter, parait avoir été continuée jusqu'au Veurdre » (3)<br />

Quant à la branche orientale, que la carte d'E. todot<br />

ne signale pas, elle était indispensable pour établir la<br />

communication de Nevers avec Bourbon, et un tronçon.,<br />

trouvé à Déré (au nord de Langeron, Nièvre) ne petit<br />

appartenir qu'à elle. Après avoir traversé l'Allier en lace<br />

Autisioderuin ad Neversum urbis venions, Ligeris iluvium transmeato ad<br />

Castro CUUS nomen est Burbone in pago Bitorivo pervenit... Maxi,nam partom<br />

Aquitanise voulons, nique Urbem Arvernain coin ornai exercitu veniens,<br />

Ciaromonte castre captum arque succensom belle cepit o. Adde Eginhard,<br />

Annales,. dans le Recueil des ltistor. de France, tome V, p. 199.<br />

(1) 0, , a1er op. cil,, p. 29-30. ce tronçon est indiqué par la Carte des<br />

<strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> de l'Allier dE. 'Inclut.<br />

(2)E. l'udot, ibid. -<br />

(3) D. Mater, ibid., p. 29.


400 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

<strong>du</strong>Veurdrù, la voie montait directement au nord, passait<br />

à Chârnbon, Précy, Vary, et Langeron, où elle croisait<br />

la voie d 1Avaricurn à Decize (suprà, n° 14). Delà, elle se<br />

dirigeait vers Déré, où elle a été retrouvée (4), puis vers<br />

le hameap de Moiry (Mauriacus) (2), où elle rejoint la<br />

route nationale de Nevers à Clermont, avec laquelle elle<br />

se confond. Elle passe ainsi à Magny-Cours, puis au heu<br />

dit la Vieille-Poste, sépare ensuite pendant plus de 7 kilomètres<br />

les paroisses de Challuy et de Sermoise, et arrive<br />

ainsi à la Loire, en face de Nevers où elle rejoint la<br />

grande voie de Lyon à Orléans. C'est par là que Pépinle-Bref<br />

en 761 descendit de Nevers à Bourbon; c'est par<br />

là qu'il repassa en 763, lorsqu'il alla assiéger Limoges (3)<br />

il <strong>du</strong>t alors suivre la voie de Bourbon-l'Archembaud à<br />

Néris partosne-sur-t'Œil, puis celle de Néris à Limoges<br />

par Evaux et Ahun (suprà, n°42).<br />

46. Voies de Bourbon-I'Archem baud à Autun. —Il ne<br />

nous reste plus qu'à rechercher si Bourbon-l'Arehembaud<br />

était relié à Decize par une dernière voie qui l'aurait<br />

mis en communication indirecte avec Autun. E. Tudot l'a<br />

pensé; et il invoque à l'appui (le SOfl opinion la Carte de<br />

Peutinger, qui indique en effet une voie allant'd'Autun à<br />

Orléans par Decize avec les stations suivantes :f Aug.<br />

<strong>du</strong>nuin. Telonno XII. Pocrinio XII. Sitiilia Xliii. A guis<br />

iJormonis XVI. Degetia XXX. Ebirno (Nevers)X VI...)) (4).<br />

Tudot et ses confrères de la Société d'émulation de<br />

l'Allier identifient Telonno avec Toulon-sur-Arroux,<br />

Pocrinio avec Périgny, Sitillia avec Thiel, et Aqui.t<br />

() Cfr. de SoulLrait, op. oit., p. 101. -<br />

(2) Cfr. d'Arbois de Jubainville, op. oit., p. 281-282.<br />

(3) Continuateur de Frddêgaire, 1V, § 17 u Iterum, seqoente annu<br />

pr,S), commoto pmni exercitu Francorum, per Trecas, iode ad Autysiodero<br />

osque ad Nevernuun urbem 00m omni exercitu venions.,. Postea Ligere transacto,<br />

Aquitania pergeus, osque ut1 Lemodicas accessit, totaun regi000m illam<br />

vaslans ».<br />

J4) Cfr. Desjardins et Longnon, op. oit., p. 141.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

•<br />

ijonnonis avec Bourbon-I'Archembaud (t).- Mais on obtient<br />

ainsi un crochet si surprenant que M. Lorgnon a<br />

cru devoir identifier Aquae Bormonis avec Bourbon-<br />

Lancy, en renonçant à trouverl'emplacment de Pocrinio<br />

et de Sietiliia (2). Mais le crochet par Bourbon-Lancy est<br />

également singulier, sans compter que les distances<br />

données par la Carte de Peutinger mettent Aquae for-<br />

• inonis à 42 lieues gauloises de Toulon-sur-Arroux, ce<br />

qui correspond 'à peu près à la réalité pour Bourbonl'Archeinbaud,<br />

mais n'y correspond plus <strong>du</strong> tout pour<br />

Bourbon-Lancy. Peut-être conviendrait-il de faire observer<br />

que la véritable voie d'Autun à Decize n'est pas<br />

celle qui passe par Bourbon, mais celle qui passe par<br />

Saint-Honoré et que nous avons étudiée plus haut (suprà -.<br />

w' 14). Dans ces conditions, le crochet que fait la voie<br />

passant par Bou rbon-l'Archembaud n'a plus rien de<br />

surprenant : la Carte de Peutinger repro<strong>du</strong>it en somme<br />

deux <strong>voies</strong>, l'une d'Autun à Bourhon-l'Archemhaud,<br />

l'autre de Bourbon-i'Archembaud à Decize. - Il résulte<br />

4e là que-ce n'est pas seulement une voie allant de Bourbon<br />

à Decize que nous avons à ajouter aux précédentes,<br />

niais encore une voie allant de Bourbon à Autun par<br />

Thiel (Sitillia).<br />

La première lourait d'abord la rive gauche <strong>du</strong> ruis-<br />

- seau de Barges, qu'elle devait traverser au lieu dit<br />

Pringy, pour gagner de là Bagneux. Entre Bagneux •et<br />

Villeneuve, la voie traversait l'Allier, èt, suivant la direction<br />

nord-est, se rendait à Decize par Aurouir, Dornes,<br />

Saint-Parize-en-Viry (Viriacus), Saint-GeriWain, Chassenay<br />

(Cassiniacus), et Germancy. - -<br />

Quant à la voie de Bourbon à Autun par Thiel, elle<br />

passait d'abord à Pou-d'en-Haut, où l'on adécouvert un -<br />

village kallo-romain (3), traversait la rivière de l'Ours k<br />

loi<br />

(I) Cfr. Bulletin de la Soc. démulation de l'Allier, tome VIE, p. 95.<br />

- (2) En ce sens, Dcsjatdins et Loognon, ibid.,<br />

(3; Cfr. A. Berirand, Découverte d'un village gallo-romain & Pou-


102 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

Saint-Menoux, et se confondait ensuite avec le chemin<br />

de grande communication qui unit Saint-Menoux à Moulins,<br />

et qui passe au sud de Marigny (Mariniacus) (iy et'<br />

au nord de Neuvy. Elle traversait l'Allier ei face d'!zeure<br />

(Icio<strong>du</strong>runi)(2), au lieu où se bâtit plus tard Moulins, et<br />

gagnait Thiel par Montbeugny. Après Tliiel, eile.contifluait<br />

dans la direction de Diou, où elle devait passer la<br />

Loire, puis parles deux stations de Périgny et de 'foulonsur-Arroux,<br />

nen1ionnéS par la Carte de Peutinger,<br />

atteindre Autun (3). - Par Bonrbon-l'Arcbernbadd, les<br />

Villes celtiques ou <strong>romaines</strong> de Decize, Saint-Il onoré-les-<br />

Bains, Thiel, Toulon-sur-Arroux, et Autun se trouvaient<br />

en relation directe avec Néris et Limoges.<br />

Cela fait donc S <strong>voies</strong> qui ray6nnaieiit autour de Bourhon-l'Archembaud,<br />

et lui facilitaient la communication<br />

- avec Bourges, par Venou et Ddn-le-Roy; avec<br />

Bourges encore, par Cdrilly, Drevant, et Alichamps; -<br />

avec Poitiers, par Cosne-sur-Mil, Chàteaumeillant,<br />

Argenton, Le Blanc, et Ingrande; - avec Linoges, par<br />

Cosne; Néris,- Evaux, et Ahun; - avec Clermont, par<br />

le Monte!, Charnelle, Gannat, et Riom; avec Lyon.<br />

p ar Souvigny, Châtel-Deneuvre, Vouroux, et Roanne; -<br />

avec Autun, par Thiel et Toulon-sur-Arroux; - avec<br />

Autun encore, par Decize et Saint-Fionoré--les-Bains; -,<br />

enfin avec Nevers et les au-delà, par Limoise et Ic Veurdré.<br />

47. Voies rayonnant autour de Château-Gardon<br />

(Saint-Satur). - Avec Bourbon-l'A rcheinhaud, se clôt la<br />

liste des gi-ands centres voyers <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>. Dans la partie<br />

septentrionale qu'il nous reste à-parcourir, il n'en existe<br />

guère, et à l'exception de Castrum Gordonis (Saint-Sa-<br />

d'en-Haut, dans le Bulletin-Revue de la Soc, d'émulation de l'Allier,<br />

turne I p. 60 et suiv.<br />

() Cfr. d'Arbois de Jubainville, opJ cil., p. 276-278.<br />

(2) cfr. ibid., p. 148, 182, 360.<br />

(3) Cfr. E. Tudot, Carte dis <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> de ('Allier.


M<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 103<br />

'tuf), ils sont peu importants. M. Mater avait déjà remarqué<br />

que le nord de la civitas des Bituriges Cubi était<br />

moins favorisé que le sud sous le rapport des <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>.<br />

On peut en indiquer plusieurs causes d'abord<br />

la proximité de la capitale, Avaricuns, qui avait attiré<br />

vers elle toutes les principales <strong>voies</strong>; la proximité dcccltains<br />

centres voyers situés en dehors des frontières <strong>du</strong><br />

<strong>Berry</strong>, comme Nevers chez les E<strong>du</strong>ens, Neung-sur-Beuvron<br />

chez les Carnutes; enfin la proximité de la Loire,<br />

qui formait la frontière au nord-est et qu'on ne pouvait<br />

traverser' qu'eu certains points déterminés, munis de<br />

gués ou de ponts. De plus, la Loire était longée sur st<br />

rive droite par la grande voie de Lyon à Orléans, qui se<br />

trouvait tout entière citez les E<strong>du</strong>ens. Si la ville de<br />

Saint-Satur ou Château-Gordon faisait exception, e'bst<br />

qu'elle était la seule ville hiturige située sur la Loire,<br />

où un passage facile permettait de franchir le fleuve.<br />

Château-Gordon était relié à Bourges par la vo'e bien<br />

connue dite « chemin de Jacques Coeur » (suprà n° 20).<br />

Ce chemin, traversant la Loire à Saint-Thibaud, aboutissait<br />

à la grande voie de Lyon à Orléans et mettait ainsi<br />

Château-Gordon en relations directes; d'une part avec<br />

Nevers, Decize, et les au-delà, d'autre pari, avec Cosne,<br />

Briare, et Orléans. Par Cosne encore, Château-Gordon (et<br />

par suite Bourges) se trouvait relié à Entrains, Auxerre,<br />

et Sens (suprà n°20). On pouvait donc déjà aller de Saint-<br />

Satur dans 4 directions différeites.' -<br />

Mais si par la rive droite de la Loire on pouvait aller<br />

à Orléans, cette route, qui formait un arc-de-cercle, était<br />

longue. Une autre plus directe fut construite, passant<br />

par Vailly et Argent. Cette voie, qui d'après MM. l3onnin<br />

(de Sancerre) et D. Mater, était appelée « 'chaussée de<br />

Brunehaut », traversait le hameau de • Fontenay (Foulanetuni)<br />

(4), séparait pendant 1000 mètres les deux<br />

(1) Cfr. D. Mater, op. cit., p. 22-23.


404 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

paroisses de Verdigny et de Sàncerre, puis passait. à<br />

Verdignv. De là, M. Bonuin croit que la voie allait à<br />

Sainte-Gemme et àSavigny, pour. continuer vers Gien<br />

(qu'il identifie à tort avec Genabiini) (t); mais ce tracé<br />

condûit à Châtillon-sur-Loire et non à Gien. Il est<br />

beaucoup plus problable que la « chaussée l3iunehaut »<br />

se dirigeait, non vers Sainte:Gemrne, mais vers Thou<br />

et Suhligny, suivant le chemin appelé encore aujourd'huile<br />

« chemin de saint Romble» (2). De Subligny,<br />

elle arrivait à Yaitly-sur-Sauldre, en longeant la rive<br />

droite de la Salercive. A Vailly, elle traversait la Saut-<br />

(ire, polir en suivre la rive gauche jusqu'à Argent. A<br />

Argent, elle traversait de nouveau la rivière, et immédiatement<br />

après bifurquait: Tandis qu'une branche,<br />

sûr laquelle nous reviendrons plus loin (infrà n' 48),<br />

continuait à suivre le cours de JUL Sauldre, jisqu'à<br />

son confluent avec le Cher, l'autre, conservant la môme<br />

direction nord-ouest, se confondait avec la route actuelle<br />

d'Argent à Cordon, servait. de chaussée à un grand<br />

étang, dit aujourd'hui l'Elang-Neuf, où elle sortait <strong>du</strong><br />

<strong>Berry</strong>, traversait ensuite Cordon, et gagnait Orléans par<br />

lsdes, Vannes, et Sandillon. La route de Château-Goi'don<br />

à Genahum se trouvait pàr là très raccourcie ; c'était<br />

- en somme la corde de l'arc-de-cercle formé parla Loire<br />

que l'on parcourait ainsi.<br />

La grande voie <strong>du</strong> val de Loire se trouvant chez les<br />

E<strong>du</strong>ens, il est probable ue les Bituriges ont cherché<br />

à en avoir une de leur côté. D'après un témoignage fourni<br />

par M. Artaud, con<strong>du</strong>cteur des ponts et chaussées, qui,<br />

fut employé en 4827-188 à: la construction <strong>du</strong> canal<br />

latéral à la rive gauchb de la Loire, on aurait, en établis-<br />

(1) Ibid., p. 23.<br />

(2) A Subtigoy, saint notable (Romulus) aurait fondévers 460 un mon,,tète,<br />

transporté plus lard, selon la tradition, à Saint-Satur (B. de Kersers,<br />

St4tistiqta, op. oit., tome Vil, p. 269).


-t<br />

LES VOIES ROMAINES DU BERRY. 105<br />

saut ce canal, détruit les vestiges.d'une voie antique<br />

à Saint-Satur, Bannay, le Pezeau, où en 1847 on trouva<br />

divers vestiges rornains'et en 185 une villa romaine (4),<br />

Léré (Leriacus). Bellevillé, et Beaulieu (2). Mais la voie<br />

ne • s'arrêtait certainement- pas là elle devait: continuer<br />

par I'Étahg jusqu'à Châtillon-sur-Loi pe. Près de<br />

l'Étang, à 1.200 mètres environ au nord-ouest; on a<br />

trouvé, lors 'de la construction <strong>du</strong> canal latéral à la Loire<br />

en 1836, d'importantes substructions <strong>romaines</strong>. <strong>Les</strong><br />

fouilles, quoiqu'ihcomplètes. ont suis an joûr les fondations<br />

d'une grande pilla avec hypocauste sur le bord<br />

même <strong>du</strong> canal, celles d'une autre villa à 60 mètres à<br />

l'ouest, un aque<strong>du</strong>c d'environ 1.300 mètres de long, alimenté<br />

par une source située près de l'Étang, etc. à cet<br />

ensemble, les habitants <strong>du</strong> pays donnent le nom traditionnel<br />

de « cité de Gannes a, qui, chose curieuse, se<br />

retrouve au moyen âge dans le roman de Lancelot . <strong>du</strong><br />

Lac (3). D'autre part, à 3 kilomètres au sud-ouest dé<br />

l'Étang, ait Pi.iits-d'Havenai l il existait une exploitation<br />

métallurgique, qui a laissé des traces et qui remonte<br />

ù l'époque gallo-romaine (4). il fallait bien, pour la<br />

cité de Garnies n et pour les forges <strong>du</strong> Puits-d'Have<br />

nat un moyen de communication avec les villes voisines.<br />

(1) crr. D. Mater, dans les Mém. de la So c. histor. et littéraire <strong>du</strong><br />

Cher, tome VI (1876); - et B. de Kersers, Statistique, tome V, p. 12..<br />

(2) D. Mater, <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> <strong>du</strong> Char, op. ait., p. 20-21.<br />

(3) Sur Cannes, efr. de Boisvillette, Notice sur les substructions antiques<br />

dine ville de Cannes,- dans les MIna. de la Soc, des Antiq. de<br />

Franco, tome xv (1840), p. 212-231, avee.2 planches; - de Raynal, op. ç<br />

oit., p. 110-1H; - abbé Cocliard, Châtillon.sur-Loire, son histoire avant<br />

1789, dans les Mita. de la Soc. archdol. de l'Orléanais tom xiv (1575),<br />

p. 115-116 cet auteur croit à,Iort que Ganres se trouvait sur la voie<br />

d'Avarictem k Agedincsisn (Sens); - B. de -Kerers, lob. oit., p. 2.—<br />

Acide la note suivants.<br />

(4) Cfr. Hue!. La ville de Cannes et les fours à ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> Puitsd'llavenat,<br />

dans le Bulletin de la Soc. archéol, de l'Orléanais, tome XII<br />

(1901), p. 365-372; - A. Chollet, Vestiges gallo-romains <strong>du</strong> canton de<br />

Châtillon-sur-Loire le Puits-d'Havenas, Cannes, dans les Mémoires<br />

de la même Soc., t. XXVIII (1902), p. 609-632 avec pi. et fig.<br />

t-.


406 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

II est même probable que la voie de Château-Cordon,après<br />

avoir passé k l'Étang et à Châtillon, se rendait'<br />

jusqu'k Gien, par Saint-Firmin, Saint-Brisson, et Saint-<br />

Martin-sur-Ocre (t).<br />

Cette voie latérale à la Loire, se continuait-elle en<br />

amont de Saint-Satur? M. Mater le peiise; mais il indique<br />

doux. tracés l'un allant s par les vallées de la<br />

Vauvise et de l'Aubois <strong>du</strong> côté de Saneoins n; l'autre<br />

lohgeant de plus près la Loire et passant par le bourg<br />

d'Herry et Jouet-sur-l'Aubois (2). Ce dernier tracé est<br />

très peu probable; car la voie passant par Herry se fût<br />

trouvée tout entière chez, les E<strong>du</strong>ens. qui n'en avaient pas<br />

besoin, puisqu'ils avaient, sur la rive droite de la Loire,<br />

la grande voie de Noyers kOrlans. M. Mater reconnaît<br />

d'ailleurs que de cette voie 'supposée on n'a retrouvé aucun<br />

estigo (3). - De l'autretracé au contraire on en a<br />

découvert un, qui le rend à peu près certain. La voie de<br />

la Vauvise devait sortir de Saint-Satur par le sud, traverser<br />

N énétréol, Thauvenay, et Saint-Bouise, sur la rive<br />

gauche de la Vauvise, et passer ensuite sur la rive<br />

droite. •A Chassena y , elle entrait dans la paroisse d'tierry<br />

(Arriaeum), où onl'a retrouvée.au lieu-ditla Raimbauderie:<br />

là, l'empierrement estâdeux pieds de profondeur, etla<br />

voie se suit dans les champs '(4), se dirigeant vers les<br />

Deux-Lions, puis vers les bourgs de Saint-Martin-des-<br />

(1) Dans la charte de franchise iccordée eu 1199 à l'Étang, ertains articles<br />

supposent une route con<strong>du</strong>isant de ]'Étang à Sancerre, route sur laquelle les<br />

habitants pouvaient circuler avec des voitures portant k Sancerre des marchandises,<br />

<strong>du</strong> sel, <strong>du</strong> vin, ou en ramenant le vin do seigneur tari. 26, 32,<br />

19. dans la -Thaumassière, Cous. bectes île <strong>Berry</strong> et de Lorris, Bourges,<br />

1679, in-D, p. 447). De même, dans la charte de franchise de Saint-Brisson<br />

(accordée vers 1290), les habitants doivent une corvée au seigneur pour<br />

amener son vin de Châtillon ou de Sancerre art. 16, ibid., p. 423). Il y<br />

avait donc une route directe reliant ces divers points selon toute vraisemblance,<br />

cette route n'était au ton que l'ancienne voie romaine.<br />

D. Mater, op. ait., p. 24, - - - -<br />

(3) Ibid. -<br />

(4) 8. de Kersers, Statistique, op. cil., tome VI, p.292.


LES VOIES ROMAINES DU BERRY. tOI<br />

Champs, qui touche à Sancergue, Jussy-le.Cbaudrier,<br />

où elle repasse sur la rive gauche de la Vauvise, Précy<br />

(Prisciacus) 1), et Menetou-Couture, à la source méfie<br />

de la Vauvise. Elle séparait ensuite pendant. 1200.mètres<br />

les paroisses de Menetou etde Sain t-Hhlaire-de- Gond illy,<br />

et gagnait la tallée de l'Aubois en s'infléchissant légèrenient<br />

vers le sud-est, • jusqu'à la Guerche-sur-l'Aubois,<br />

Où elle franchissait la rivière sur un pont. Elle en côtoyait<br />

dès lors la rive droite jusqu'à Sancoins, en passant près<br />

de Chezelles, où l'on atrouvé des substructions <strong>romaines</strong>,<br />

puis par la Chapelle-H ugon etGrossouvre. Château-<br />

Gor-don pouvait se trouver ainsi en communication plus<br />

directe aveu J3ourbon-t'Arehembaud. et Néris qu'en passant<br />

par Nevers. Cette voie de laVauvise explique le fait<br />

suivant le continuateur de Frddégaire rapporte qu'en<br />

760, au début de sa guerre avec le <strong>du</strong>c Waïfre, Pépin-le-<br />

Bref, venant de Troyes, parla, voie d'Auxerre et Entrains,<br />

avait traversé ta Loire à Mesve, et par là avait» accédé<br />

au pays Biturige jusqu'au pays Az'verne 2). Pour aller<br />

de Mesve en Auvergne, Pépin a dû trouver près de ce<br />

vicies une voie descendant vers le sud, et lui permettant<br />

d'atteindre Sancoins. De là, il pouvait facilement gagner<br />

l'Auvergne; sôitpar Rourbon-l'Arehembaud et Chantelle, -<br />

comme il le fit l'année suivante (supvà n' 45), soit par<br />

Venou, CosnesurlOEil, et Néris (suprà n 0 43, 42).<br />

En comptant la voie de la Vauvise, cela fait jusqu'à<br />

5 <strong>voies</strong> sortant de Chàleau-Gordon, et dont l'une, celle<br />

qui traversait la Loire, se divisait ensuite en trois direc-<br />

(1) Sur ce nom, cfr. d'Arbois de Jubainville, op..cit., p. 300-301. - A<br />

Jusay-le-Cliaudrier, on a trouvé les! vestiges d'un aque<strong>du</strong>c romain, et à<br />

Précy, dans le grand étang de Blaody, quelquesvascs romains B. dê Kersers.<br />

ibid., p.298et321).<br />

(2) Continuat. de Prédégaire, éd. Xrnsh, IV, § 41: 'Igitur Pippinus<br />

ces, invitus coactatus, undiquc .contraxit exercitum, et partibus, Aquitanie<br />

per page Trecassino asque Autisiodero urbem accessit. Iode ad Ligerem luvRam<br />

cure ornai exercitu Francorum ad Masva vice in page Autisioderense<br />

Ligereau fluvium transmeavit, per page Bitorivo osque Arvernico accessit n.


- -<br />

108 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

lions, en sorte que Saint-SaLir se trouvait rattaché directement<br />

à Bourges, par le « chemin de Jacquo.s<br />

Coeur »; - à Sancoins, par Précy et la Guerche; - à<br />

Nevers, par Tracy et Mesve; - k Auxerre, par Cosne<br />

et Entrains; —à Orléans, par Co gne et Briare(Brivo<strong>du</strong>rum);<br />

ou par'Léré, lEtang, et Gien; ou enfin plus direcment<br />

par Vaitly et Argent; soit au total 8 directions.<br />

48. Voies traversant Argent; la voie de la Sauldre.<br />

- Château-Gordon et la dernière e . étoile )s de routes<br />

que nous trouverons en <strong>Berry</strong>. AArgent, cependant, l'on<br />

peut encore relever 5 directions. On vient de voir que<br />

cette localité était traverséè par la- voie directe de<br />

Chà4au-Gordon à Orléans. Elle communiquait donc,<br />

d'un côté avèd Château-Gordon par Concorsaut et Vailly,<br />

de l'autre avec Orléans, par Cerdon et isdes (suprà n°47).<br />

Argent était aussi en relations avec Bourges. Depuis<br />

longtemps, Fabre avait pensé qu'une voie romaine passait<br />

à Ennordre (4); Buhot de Kersers était <strong>du</strong> même<br />

avis (2), et il semble bien qu'au temps de'Cassini la voie<br />

était encore apparente. s'il est vrai, comme l'admet<br />

M. Mater (3), que sur sa carte une double ligne de points<br />

allant d'Ennordre k Gien et même au-delà doive être<br />

.considérée comme le tracé de la voie. Dans cette hypothèse,<br />

la voie devait sortir d'Argent par le sud-est, ion-<br />

• 'ger la rive gauche de l'Oizonette jusqu'au, moulin de<br />

Villecoq, et s'infléchir ensuite pour gagner Aubigny, où<br />

elle traversait la NèIe. D'Aubigny-sur-Nère à' Ennordre,<br />

elle devait coïncider avec le chemin actuel de grande<br />

communication (lui passe à l'ouest <strong>du</strong> lieu dit Tes Brassins<br />

(4), le suivre encore d'Ennordre à Presly, et de,<br />

(1) Cfr. de Haynal, op. oit., tome 1, p. 4.<br />

(2) B. de Kersers, Statistique monu,n.; op. oit., tome I, canton de la<br />

Chapelle dAngillou, commune dEnnordre.<br />

(3) D. Mater, op oit., p, 16-17. -<br />

(4)Vers 1660, eu établissant le chemin en question, on découvrit près des<br />

Brassins d'importants vestiges 'romains substructions, en<strong>du</strong>its, béton, urnes<br />

(cfr. B. de K'ersers, inc. ait., p. 156).


LES VOIES ROMAINES DU BERRY-<br />

-109<br />

Presly à Méry-ès-Bois, d'où, par le chemin de Cliarpeipe,<br />

elle devait rejoindre à Mitterrand la voie d'Avaricum<br />

à Orléans (suprà irt5). - La voi e en question se<br />

prolongeait-elle ail delà d'Argent vers le nord? M. Mater<br />

l'admet d'après Cassini, et indique le- tracé Coulions,<br />

Poilly, Gien, qui paraît assez plausible.<br />

Enfin nous avons dit que lâ voie venant de Vailly devait<br />

continuer à suivre la Sauldre depuis Argent jusqu'à son<br />

confluent avec le Cher (su;rà n o 47). Cette voie devait<br />

après Argent côtoyer de très près la rive droite de la<br />

rivière, et traverser successivement Lauroy, près <strong>du</strong>quel<br />

on a trouvé, en faisant le chemin, un trésor de 820 petits<br />

bronzes romains, de Valérien à Tetricus (1), Clémon. le<br />

- lieu dit la Fin, où elle sortait <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>, la Boulinière, où<br />

l'on a trouvé en 4865 un dépôt de bronzes romains <strong>du</strong><br />

haut-empire (2), Brinon, Pierrefltte-sur-SauldrOE (3), le<br />

lieu-dit ?viaulieu, où elle rentrait dans le- <strong>Berry</strong>, et Salbris,<br />

où elle croisait la voie de Bourges à Novio<strong>du</strong>num (suprà<br />

n° 22). A Salbris (Salobriva), la: voie trouvait un petit<br />

- (briva), qui lui permettait de repasser sur la rive gauche<br />

de la Sauldre, et de la suivre jusqu'à la Ferté-lmbaud.<br />

Peu après, elle franchissait de nouveau la rivière avant<br />

d'arriver à Celles-Saint-Denis et Saint-Genou. De là, jusqu'à<br />

la fin, elle en côtoyait la rive droite, et passait ainsi<br />

à Villeherviers, Roniorantin, Pruniers, et le Pont-de-<br />

- Sauldre, où elle rejoignait la grande voie d'Avarieu;n à<br />

Tours (suprà n° 6). Un peu avant Villeherviers, la voit<br />

de la Sauldre sortait définitivement <strong>du</strong> <strong>Berry</strong>; mais depuis<br />

Pruniers, on peut dire qu'elle en suivait la frontière,<br />

(1) B. de Kersers, Statistique, op. rit., tome I, P. 109.<br />

(2) ibid., p. 105. - A Clémon, on e trouvé de même en 1898 un trésor<br />

de 1200 monnaies <strong>romaines</strong>.<br />

(3) Avant darriver à Pieitefllte, où elle croisait lu voie d'Avaricum<br />

Orléans, la voie de la Sanldre passait au milieu des vestiges romains que<br />

M. dé la Saussaye u découverts entre le oulkn' de Villemignou et la ferle<br />

<strong>du</strong> Bouchet (toc. cit., P. 119).


110 LIS VOIES ROMAINES nO BERRY.<br />

puisque cette frontière était formée par la Sauldre ellemême.<br />

49. Voies traversant Saibris, Celle.ç-Saint-Dcnis, et<br />

Vierzon; la voie de rArnon. - Saibris ne paraît avoir<br />

été traversé que par deux <strong>voies</strong>: l'une allant d'Avarieuin<br />

'àRovio<strong>du</strong>num (snprù no 22), l'autre longeant la Sauldre<br />

(n' 48). Ces deux <strong>voies</strong> mettaient Saibris en communication<br />

- avec Bourges et les au-delà; - avec Château-<br />

Gordon par Argent; —avec Orléans par Neung-sur-Beuvron;<br />

- et avec Tours par R omorautin et Thésée.<br />

Celles-Saint-Denis, que traversait cette même voie de<br />

la Sauldre, se trouvait, comme Salbris, en relations avec<br />

Tours et avec Château-Gordon; mais il y avait deux<br />

villes avec lesquelles les relations devaient être beaucoup<br />

plus étroites: c'était la ville voisine de Noio<strong>du</strong>num<br />

et la capitale des Bituriges,Avaricuni. Du côté de Novio<strong>du</strong>nutn,<br />

la. route est toute tracée par Marcilly-en-Gault<br />

(Marcilidcus) (1). Elle devait se continuer <strong>du</strong> côté de Bourges<br />

par la Souche, où elle traversait la Rère,\par le lieu<br />

dit Many, et par la- Croix d'Ancreau, où elle passait au<br />

point d'intersection de 4 paroisses : Châtres, Thénioux,<br />

Mér y-sur-Clier, et Theillay. Avant la Croix d'Ancrcau,<br />

la voie séparait Châtres et Thénioux pendant 1.500 mètres,<br />

et après la Croix d'Ancreau, Méry et Theillay pendant<br />

2.000 mètres. 'Elle devait continuer pendant 4 kilomètres<br />

dans la même direction sud-est, et s'infléchir<br />

ensuite vers le sud, pour rejoindre, au lieu dit-Ver<strong>du</strong>n,<br />

la grande voie d'Avarieunz à Tours parVierzon et Gièvres<br />

(suprà n° 6).<br />

Vierzon se trouvait ainsi rattaché à l3ourges, à Tours,<br />

• - et, par Celles-Saint-Denis, à iVovio<strong>du</strong>num. Il est très<br />

probable qu'une 4° voie en sortait par le sud passait le<br />

Cher sur ses ponts, et se dirigeait vers Erno<strong>du</strong>rum<br />

(Saint-Ambroix), en côtoyant la rive droiteae l'A.rnon.<br />

(1) Suree nom, cfr. d'Arbois de JuMinville, op. ci(., P. 145-166,268-210.


LES voigs ROMAINES. Dl! BERRY. 111<br />

M. Vailois a en effet constaté au fiord de Lury la présence<br />

d'une ancienne chaussée parallèle à l'Arnon, traversant<br />

en remblai toutes les vallées, et directement orientée<br />

vers les ponts de Vierzon, « C'était, ajoute M. Mater, une<br />

de ces calecac anliquac, mentionnées dans un acte de<br />

4251 concernant Lury, et aboutissant, soit, à Issou<strong>du</strong>n,<br />

soit plutôt à Saint-Ambroix » (1).<br />

C'est bien à Saint-Ambroix que cette voie présumée<br />

aboutissait. Elle devait en effet, aprè avoir traversé le<br />

Citer, passer àAutry, Alnay, Néreau, et Lury,.où l'onu<br />

trouvé les vestiges d'un aque<strong>du</strong>c, annexe d'une villa<br />

importante (2), croiser en face de Beuiliy la voie d'Avaricuni<br />

à Tours par Chabris, passer à Lazenay (Asiniacum),<br />

où se rencontrent de nombreux débris romains,<br />

dont beaucoup furent employés dans les murs de l'église<br />

(3), et atteindre Migny par un chemin longeant de très<br />

près la rive droite de l'Arnon. A Migoy, la voie traversait<br />

la rivière, et jusqu'à Errto<strong>du</strong>runz en suivait la rive<br />

gauche, passant successivement à Saint-Georges-sur-<br />

Arnon, au lieu dit Milaudre, où l'on a trouvé des ruines<br />

<strong>romaines</strong>, à Dame-Sainte; et u lieu dit Saugy (Salviaeus)<br />

(4). La voie abordait Erno<strong>du</strong>rurn pur le nord. Elle<br />

n'avait qu'à traverser l'Arnôn,pour retrouver la voie présemée<br />

qui en remontait le cours jusqu'au delà de Saintli<br />

ilaire-lès-Linières, pour aboutir à 41ediolanum (suprà,<br />

n° 44). Ainsi d'une part, les deux villes celtiques importantes<br />

de Mediolanuru et Novio<strong>du</strong>num pouvaient se<br />

trouver en communication directe; d'autre part, l'Ai-non<br />

pouvait avoir sa voie latérale, comme la Loire, le<br />

Cher, l'Indre, la Creuse, et l'Auron ce sont deux<br />

(1) D. Mater, op oit., P- 57-58: - cfr. B. de Kersers, Statistigue,op. Ciltome<br />

V, P. 229.<br />

(2) B. de Kersera, ibid., p: 227 et 230.<br />

t3) Ibid., p. 211-212.<br />

(4) Sur ce nom, ctr. d'Arbois de Jubain ylite, o». cil., p. 311-312.<br />

1


142 LES VOIES ROMAINES DU BERRY.<br />

arguments de plus en faveur de la voie Medioianzan-<br />

Ernoclurunz-Novjocfunutn. -<br />

50. Conclusion. - De cette façon se trouvait complété<br />

le réseau de <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>, englobant toutes les villes<br />

d'origine celtique de la civilas des Bituriges Cubi. La<br />

capitale Avaricuin était d'abord rattachée à tous les<br />

chefs-lieux des civita tes voisines Caesaroclununj<br />

(Tours), tirnonian (Poitiers), Augusloriturn (Limoges),<br />

Mediolanum. Santon u,n (Saintes) et par 14 à Burdigala<br />

- (Bordeaux), Augustonernetunt (Clermont), Augusto<strong>du</strong>nuni<br />

(Autun) et par là à Lug<strong>du</strong>num (Lyon), enfin à Autricum<br />

(Chartres) par Genabum (Orléans).<br />

Avaricuni se trouvait ensuite reliée aux grandes villes -<br />

celtiques des Bituriges et à quelques autres situées près<br />

de leurs frontières Carobriva (Chabris), Gabatum<br />

(Levi'oux), Argentoinagus ( Argenton), Agurandia (Aigurande),<br />

Mediolanuni (Château meillant), Aquae Neridtnagensc.<br />

(Néris), Aquac Borinonis (Bourbon-l'Archembaud),<br />

Nevirnura (Nevers, chez les E<strong>du</strong>ens), Castruin<br />

Gordonis ( Saint-Satur), Brivo<strong>du</strong>rum (Briare, chez les<br />

E<strong>du</strong>ens), Salobriva (Salbris), et enfin Nov io<strong>du</strong>nurn<br />

(Neung-sur-Beuvron, chez les Carnutes).<br />

Touteses villes, préexistant à la -construction des<br />

<strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>, ont été naturellement des centres d'attraction,<br />

et sont devenues des carrefours de <strong>voies</strong>, dont<br />

certains tout à fait importants, comme Levroux, Argen-<br />

• ton, Châteaumeillant, Bourbon 1 l'Archemhaud, et Chfiteau-Gordon.<br />

La civitas !Jiturigum a été de la sorte<br />

découpée en secteurs rationnels, où il ne restait plus<br />

• qu'à établir des vioc vicinales secondaires, les coupant<br />

en diagonales, soit pour desservir les localités de moindre<br />

importance qui n'avaient', pu trouver leur place sur<br />

les premières <strong>voies</strong>, soit pour raccourcir, des distances<br />

jugées trop longues entre deux localités déjà pourvues.<br />

'. Ainsi se forma peu à peu ce réseau de <strong>voies</strong> si heureusement<br />

établit qu'à l'heure actuelle, bien des routes<br />

15<br />

J


LES VOIES ROMAINES DU I3RRRY.<br />

113<br />

modernes, et, CC (lui est plus remarquable, bien des<br />

eheminde fer, suivent k peu près le mème tracé. Parfois<br />

même ils se sont bornés purement cl simplement à<br />

les remplacer, comme les <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> d'ailleurs<br />

avaient souvent remplacé elles-mêmes d'anciens chem iris<br />

créés par les Celtes.<br />

Acre, 'r novembre 1921.<br />

Cuwox. R


TABLE<br />

INTRODUCTION<br />

1. Bibliographie <strong>du</strong> sujet. - 2. Généralités sur les <strong>voies</strong> ruhaines.<br />

- 3. Le programme des <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong> dans la civitas<br />

des .Bituriges Gubi. -- 4. Observations sur le tracé des <strong>voies</strong> <strong>romaines</strong>.<br />

- 5. Milliaires et itinéraires romains; la lieue gauloise.<br />

CHAPITRE I<br />

Voies <strong>romaines</strong> sortant dAvari<strong>du</strong>m.<br />

I. l'oies ,etiant Avarieum aux chefs-lieux des eivit «tes voisfi<strong>Les</strong>.-<br />

6.'oie d'Avaricum à Tours par Vierzon.-7. Voie d'Auaricum k Tours<br />

par Chabris. - S. Voie d'Avarieum à Poitiers, par Erno<strong>du</strong>ruin,<br />

Ardente, Argentas, et Ingrande. - 9. <strong>Les</strong> <strong>voies</strong> d'Avarienm Limoges<br />

; incertitude et difficultés. - W. Suite; voie d'Avaricum à<br />

Limoges par Argenton et Pratoriuni. - fi. Suite; voie d'Avaricum<br />

à Limoges par Argenten et Saint Lêger-Magnazeix, et voie d'Avaricum<br />

à Bordeaux par Saintes. —12. Voie d'Avaricum k Clermont par<br />

Alichamps etNéris; 1" partie de Bourges à Néris. - 13. Suite;<br />

2 partie: de Néris k Clermont. - 14. Voie d'Àvaricum à Autan par<br />

Sancoins et Decize. - 15. Voie d'Avaricum à Chartres par Orléans.<br />

li. Voies reliant Avaricvm â diverses tilles celtiques <strong>du</strong> <strong>Berry</strong> et<br />

des environs. - 16. Voie d'Avaricem à Levroux par Erno<strong>du</strong>rum et<br />

Issou<strong>du</strong>n. - 17. Voie d'Avaricvrn à Châteaumeillant par Alichamps.<br />

- 18. Voie dAvarieum à Bourbon-l'Archembaud par<br />

Fun-le-Boy et Venou. - 19. Voie dAvaricnm à Nevers par Jussy-<br />

Champagne et Néronde, ou. par Baugy et Aubigny. - 20. Voie<br />

d'Avaricum à Château-Gordon, Cosne, Entrains, Auxerre, et Sens.<br />

—21. Voie hypothétique d'Avaricum à Briare par Vignoux et Concoi-saut.<br />

- 22. Voie d.4varicum à Novio<strong>du</strong>tiusn'(Neung-sur-BeIIvron)<br />

par Salbris. - 23. Récapitulation.


416<br />

TABLE DES MATIÈRES.<br />

CHAPITRE II<br />

Autres centre voyers de la civitas Bituriguni.<br />

I. Centres voyers de l'ouest Chabris, Levro,iz, Mots, Le Blanc,<br />

Argenton.— 24. Voiede Chabris à Bourges et à Tours (I'? 7); <strong>voies</strong><br />

de Chabris à Orléans par Novio<strong>du</strong>num, et k Poitiers par Estrée et<br />

Ingrande. - 25. Voies de Cliabris à Limàges par LevrouX et Argenton<br />

à Erno<strong>du</strong>rum par Issou<strong>du</strong>n; et à Blois par Soings. - 26.,<br />

Voies de Lcvrou.ràAvaricuifl (no 46), à Orléans par Ctiabris (u 0 25),<br />

à Limoges par Argenton (110 25), à Ard&nle et Mediolanum. -<br />

27. Voie de Levroux k Poitiers par le Blanc. - 28. Voie de Levroux<br />

àTours par I'eltevoisin.'— 29. Voies de Déols: à Levreux et à Ardente<br />

(no 26), et à Tours par Choc. —30. Voies de Déols à Argenton<br />

et à Issou<strong>du</strong>n. - 31. Voies diverses rayonnant autour <strong>du</strong><br />

Blanc. - 32. Voies d'Argenton. à Bourges (n0 8), lssou<strong>du</strong>a (ir 30),<br />

Orléans (nq 25), Poitiers (n O 8), Bordeaux (no 41), Limoges par,<br />

Saint-Léger (no 11) et par Praetorium (no (0); voie d'Argenion à<br />

CIiteaurnei1hant. —33. Voies d'Argenton k Tours par Vendeuvre et<br />

Clion, el à Aigurande.<br />

Il. Centres voyers <strong>du</strong> sud Aiguranie, Chdteaurneillan& Néri..ç.<br />

- 34. Voies dAigurandeà Argentan (no 33), à Limoges par Breith<br />

et Pntorium et directement par 1°nvtorium. - 35. yoles d'Aigu -<br />

made à Clermont par Ahuil, et par Evaux. - 36. Voies d'Aigurknde<br />

à Bourges par Mediolanum (n° 44), et par Ardente. -<br />

37. Voies de Chdteaurneillani à Bourges (ne 47), à Ardente (no 26),<br />

.> à Argenton (n° 32), k Néris. - 38. Voie de Chàteaumeillant àLyon,<br />

par Epineuil, Cosne-sur-I'OEil, et Voroci-um. - 39. Voie de Çhâteaumeillant<br />

à Àluun, par Tout-Sainte-Croix. - 40. Voie de Châteaumeillantk<br />

Limoges par Aigurande. — 41. Voie 4e Châteaumeitlant<br />

à Erno<strong>du</strong>rum. - 43. Voies diverses rayonnant autour de IV.iris.<br />

g iii. Centres voger4 de l'est et <strong>du</strong> nord Cosne-sur-t'CEiI, Bourbo*-l'Aicliembatid,<br />

Château-Gordon, Argent, ètc. - 43. Voies<br />

diverses rayonnant autour de Cosn.e-sur-l'il. - 44. Voies de<br />

Bourbon- l'Arehemhaudà Bourges (no 18), Lyon par Vouroux (11018),<br />

Néris (n0 42), et Drevant. - 45. Voies de Bourbon-l'ArôF,emhaud<br />

à Clermont par Chantetie, à Sancoins et à Nevers par le Veurdre.<br />

- 46. Voies de Botrbbn4'Arctiembaud à Autun .10 par Decize<br />

2' par Toulon . sur-Arroux. —47. Voies diverses rayonnant autour<br />

de Château-Gordon ( Saint-Satur). - 48. Voies traversant Argent<br />

la voie de la Sautdre. —49. Voies traversant Saibris, Celles-Saint-<br />

Denis, et Vierzon; la voie de l'Arnon. - 50. ConclusioN. -<br />

RAa-Lf . or,G. - IMLtUMF.I%l C')NTANTLAOURKKt.<br />

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