Voyez le PDF
Voyez le PDF
Voyez le PDF
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
fege focus - avril 2007<br />
1<br />
Interview Roger Croughs, Président<br />
de la COPIDEC<br />
La concurrence déloya<strong>le</strong> est surtout un dossier interne au<br />
secteur privé!<br />
La COPIDEC est la Conférence Permanente des 9 intercommuna<strong>le</strong>s<br />
wallonnes des déchets<br />
Monsieur Croughs, <strong>le</strong> Gouvernement wallon vient de<br />
décider l’option du partenariat public/privé, qui aura<br />
notamment un impact dans <strong>le</strong>s négociations pour votre<br />
outil de traitement chez Intradel, quel<strong>le</strong>s sont vos<br />
réactions à ce choix politique en tant que Président de<br />
la COPIDEC?<br />
Il y a tout d’abord lieu de préciser que ce partenariat public /<br />
privé ne concerne que la gestion des D.I.B., <strong>le</strong> Gouvernement<br />
wallon réaffirmant d’autre part la nécessité d’une maîtrise publique<br />
globa<strong>le</strong> du secteur des déchets (au travers par exemp<strong>le</strong><br />
du contrô<strong>le</strong> des obligations de reprise) et de la gestion des<br />
déchets ménagers en particulier.<br />
Concernant ce partenariat, s’il me paraît logique que <strong>le</strong> Gouvernement<br />
wallon veil<strong>le</strong> à ce que <strong>le</strong> secteur intercommunal<br />
n’entraîne pas <strong>le</strong>s communes dans un risque inconsidéré, il ne<br />
peut non plus, à mon estime, empêcher une entreprise publique<br />
d’engranger du bénéfice et de laisser cette opportunité au<br />
seul secteur privé. Et ce d’autant plus que, dans tous <strong>le</strong>s cas,<br />
pour ce qui nous concerne, <strong>le</strong>dit bénéfice sera systématiquement<br />
réinvesti dans l’intérêt col<strong>le</strong>ctif.<br />
Il conviendra aussi que <strong>le</strong> Gouvernement précise <strong>le</strong>s modalités<br />
pratiques et la forme auxquel<strong>le</strong>s ce partenariat doit répondre.<br />
Différentes pistes méritent d’être explorées au-delà de l’ouverture<br />
du capital des intercommuna<strong>le</strong>s au secteur privé, solution<br />
qui apporte plutôt la garantie au secteur privé que l’inverse. Je<br />
pense bien entendu à la constitution de sociétés d’économie<br />
mixte ou encore à la copropriété à l’instar de ce qu’envisage<br />
IDELUX pour son unité de biométhanisation de Tennevil<strong>le</strong>.<br />
Si bien entendu, je suis ouvert à toute autre forme de partenariat,<br />
force m’est de constater que je n’ai à ce jour, reçu aucune<br />
proposition concrète du secteur privé en la matière.<br />
On par<strong>le</strong> ici du traitement des déchets industriels. Une<br />
des premières notes stratégique du Gouvernement Wallon<br />
avait mentionné que <strong>le</strong>s intercommuna<strong>le</strong>s sont des<br />
opérateurs industriels investis de missions de services<br />
publics. Vous êtes l’intercommuna<strong>le</strong> wallonne avec <strong>le</strong><br />
plus de filia<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong> secteur privé. Imaginez-vous<br />
devenir un opérateur industriel sans la plus value du<br />
secteur privé?<br />
La question me parait très ambiguë. Pourquoi en effet une<br />
intercommuna<strong>le</strong> ne pourrait-el<strong>le</strong> pas être un opérateur industriel<br />
à part entière sans être pour cela en partenariat avec <strong>le</strong><br />
secteur privé? La preuve en a été faite très concrètement dans<br />
différents secteurs d’activité. Et très concrètement, c’est <strong>le</strong><br />
cas pour toutes <strong>le</strong>s intercommuna<strong>le</strong>s du secteur « déchets ».<br />
En mentionnant, pas au passé mais encore actuel<strong>le</strong>ment<br />
d’ail<strong>le</strong>urs, que <strong>le</strong>s intercommuna<strong>le</strong>s sont des opérateurs indus-<br />
triels investis d’une mission de service public, <strong>le</strong> Gouvernement<br />
wallon ne fait en effet que de rappe<strong>le</strong>r la réalité puisque<br />
c’est l’objectif même poursuivi par <strong>le</strong>s communes lorsqu’el<strong>le</strong>s<br />
s’associent en intercommuna<strong>le</strong>.<br />
Pour ce qui concerne <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s d’INTRADEL avec <strong>le</strong> secteur<br />
privé, il me paraît uti<strong>le</strong> de préciser que l’objectif poursuivi est<br />
de mettre en œuvre une synergie des compétences respectives<br />
afin d’assurer au niveau local, l’impact économique maximal<br />
pour <strong>le</strong> traitement tant des déchets ménagers que des<br />
D.I.B. Il convient d’ail<strong>le</strong>urs de souligner que nous n’y détenons<br />
pas la majorité des parts lorsqu’el<strong>le</strong>s gèrent des déchets industriels.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, de nombreuses intercommuna<strong>le</strong>s sont gérées<br />
aujourd’hui comme une véritab<strong>le</strong> société privée,<br />
avec quelques fois une recherche de rendement mais<br />
dont la redistribution est différente que dans un marché<br />
capitaliste. <strong>Voyez</strong>-vous un véritab<strong>le</strong> esprit différent<br />
entre certains managements publics ou privés de haut<br />
niveau?<br />
Je corrigerai d’emblée en disant que <strong>le</strong>s intercommuna<strong>le</strong>s<br />
recherchent toujours et non quelque fois un rendement. Celui-ci<br />
s’exprime bien entendu de manière différente que dans<br />
<strong>le</strong> secteur privé. Notre objectif de rentabilité trouve en effet<br />
une dimension autre en s’inscrivant de manière non équivoque<br />
dans <strong>le</strong> cadre du développement durab<strong>le</strong> en conciliant, très<br />
concrètement, <strong>le</strong>s enjeux environnementaux, économiques<br />
mais aussi sociaux qu’il sous-tend.<br />
Nous sommes en effet, par essence, soucieux d’assurer pour<br />
la gestion des déchets, un service universel à l’ensemb<strong>le</strong> de la<br />
population; ce qui ne me paraît pas compatib<strong>le</strong> avec une vision<br />
purement capitalistique et de rentabilité à court terme.<br />
Au-delà de cette différence d’objectifs qui par ail<strong>le</strong>urs peut, par<br />
méconnaissance, induire une certaine suspicion de concurrence<br />
déloya<strong>le</strong>, il est bien évident que <strong>le</strong> management doit répondre<br />
strictement aux mêmes règ<strong>le</strong>s de bonne gouvernance à<br />
tous <strong>le</strong>s niveaux de tous <strong>le</strong>s organes de gestion.<br />
<strong>Voyez</strong>-vous <strong>le</strong> secteur public comme en danger en Europe<br />
dans <strong>le</strong> cadre de la gestion de l’environnement et<br />
des débats orchestrés dans <strong>le</strong> cadre de la Directive Bolkestein?<br />
Alors que d’autres secteurs sont plutôt libéralisés<br />
en Belgique (téléphonie, é<strong>le</strong>ctricité, énergie, …), la<br />
gestion des déchets reste en effet en Wallonie comme<br />
profondément publique. Pourquoi y a-t-il une crainte de<br />
cette libéralisation?<br />
Il est évident que la libéralisation à outrance des marchés<br />
concourt à une certaine déstabilisation du secteur public et,<br />
plus grave, risque de mettre en péril <strong>le</strong>s garanties qu’il apporte<br />
en qualité de service à la population auquel j’ai fait état ciavant.<br />
Le secteur de l’é<strong>le</strong>ctricité en est un bel exemp<strong>le</strong>.