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:1 î T La Revue. - Institut français de l'éducation

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<strong>Revue</strong><br />

réserve taut <strong>de</strong> déceptions à veux qui ont cru que<br />

l'œuvre <strong>de</strong> libération commencée en 1789 s'étendrait<br />

à toutes les classes <strong>de</strong> la société. Ce grand penseur dont<br />

là mémoire <strong>de</strong>vrait être honorée avec un éclat particulier<br />

à l'occasion <strong>de</strong> son centenaire si les forces <strong>de</strong> réaction<br />

qui nous dominent ne prétendaient s'y opposer,<br />

Krnest K ••nan. nous a justement donné dans la préface<br />

<strong>de</strong> ses Essais <strong>de</strong> morale et <strong>de</strong> critique les raisons qui<br />

l'avaient déterminé à écarter « los préjugés ordinaires<br />

en France » sur la Révolution et sur la forme <strong>de</strong> société<br />

qui en est sort ie.<br />

Je croyais, écrit Renan, la Revolution synonyme <strong>de</strong><br />

libéralisme, et, comme ee <strong>de</strong>rnier n\ot représente assez bien<br />

pour moi la formule du plus haut développement <strong>de</strong><br />

l'humanité, le fait qui, selon une trompeuse philosophie<br />

<strong>de</strong> l'hisloire, en signale l'avènement m'apparaissait en<br />

quelque sorte comme sacré. Je ne voyais pas encore le<br />

virus caché dans le système social créé par l'esprit <strong>français</strong> :<br />

je n'avais pas aperçu comment, avec sa violence, son Co<strong>de</strong><br />

fondé sur une conception toute matérialiste <strong>de</strong> la propriété,<br />

son dédain <strong>de</strong>s droi t s'personnels, sa façon <strong>de</strong> ne tenir compte<br />

que <strong>de</strong> l'individu, et <strong>de</strong> ne voir dans l'individu qu'un tire<br />

viager et sans iiens moraux, la Révolution renfermait<br />

un germe <strong>de</strong> ruine qui <strong>de</strong>vait fort promptement amener le<br />

règne <strong>de</strong> la médiocrité et <strong>de</strong> la faiblesse, l'extinction <strong>de</strong><br />

toute gran<strong>de</strong> initiative, un bien-être apparent, mais dont<br />

toutes les conditions se détruisent elles-mêmes. Certes, s'il<br />

était démontré que. dans <strong>de</strong>ux cents ans, les hommes éclairés<br />

envisageront l'année 1789 com me ayant fondé définitivement<br />

dans le mon<strong>de</strong> la liberté politique, religieuse et<br />

civile, comme ayant inauguré une phase <strong>de</strong> développement<br />

plus élevé pour l'esprit humain, <strong>de</strong>s idées religieuses<br />

plus épurées, une ère meilleure, plus noble, plus lumineuse,<br />

il n'est pas d'esprit amoureux du beau et du bien qui ne<br />

dût prendre 1789 pour point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> sa foi et <strong>de</strong> ses<br />

espérances. Mais si les principes <strong>de</strong> 1789 signifient ce<br />

qu'on leur fait trop souvent signifier, s'ils renferment<br />

comme conséquence l'abaissement <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> l'esprit<br />

et <strong>de</strong> la culture libérale, s'ils doivent amener le <strong>de</strong>spotisme '<br />

<strong>de</strong>s intérêts matériels, et, sous prétexte d'égalité, la dépression<br />

<strong>de</strong> tous, au risque <strong>de</strong> provoquer les analhèmes<br />

d'un libéralisme peu éclairé, i| faut, en rendant hommage<br />

aux sentiments qui animèrent le.s auteurs <strong>de</strong> ce mouvement<br />

extraordinaire, faire ce qu'ils feraient eux-mêmes,<br />

renier <strong>de</strong>s conséquences qu'ils n'avaient ni voidties ni<br />

aperçues. Ce qui importe par-<strong>de</strong>ssus lout, c'est que l'attachement<br />

fanatique aux souvenirs d'une époque ne soient<br />

point un embarras dans l'oeuvre essentielle <strong>de</strong> noire temps,<br />

la fondation <strong>de</strong> la liberté par la régénération <strong>de</strong> lo conscience<br />

individuelle. Si 89 est un obstacle pour cela, renonçons<br />

à 89. Rien n'est plus fatal à une nation que ce fétichisme<br />

qui lui fait placer son amour-propre dans la défense <strong>de</strong><br />

certains mois, avec lesquels on peut la mener, pourvu qu'on<br />

s'en couvre aux <strong>de</strong>rniers confins <strong>de</strong> la servitu<strong>de</strong> cl <strong>de</strong><br />

l'abaissement.<br />

tOciaU<br />

101<br />

Il faut bien qu'il y ait dans cette critique <strong>de</strong> notre<br />

société f fondée sur une conception toute matérialiste<br />

. <strong>de</strong> la propriété » — critique d'abord déconcertante pour<br />

les esprits formés comme les nôtres dans le culte <strong>de</strong> 1793<br />

— une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> mérite, puisque nous avons vu.<br />

encore tout récemment, <strong>de</strong>s hommes qui 6c recomman<strong>de</strong>nt<br />

« <strong>de</strong>s grands principes <strong>de</strong> 93 » se rapprocher<br />

sans hésitation <strong>de</strong> royalistes, <strong>de</strong> partisans <strong>de</strong> l'ancien<br />

régime dès qu'il a été question <strong>de</strong> proclamer l'intangibilité<br />

absolue <strong>de</strong> ce fameux droit <strong>de</strong> propriété. Ce souci<br />

<strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r d'abord les intérêts matériels que l'on<br />

ne veut voir dans l'effort d'organisation et délibération<br />

<strong>de</strong>s travailleurs que la manifestation d'un appétit<br />

qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sa part. Et d'ailleurs, à ne le considérer que<br />

sous cet aspect, on a contribué à rejeter dans une lutte<br />

pour le bien-être un mouvement qui. portant en lui-même<br />

' d'autres aspirations plus nobles, tendrait à une participation<br />

légitime aux conquêtes intellectuelles et morales<br />

tout autant qu'aux bénéfices matériels. C'est parce<br />

qu'il sent la domination exclusive <strong>de</strong> l'argent, <strong>de</strong> la puis-<br />

• -ar.ee financière que le peuple a <strong>de</strong> plus en plus tendance<br />

à lutter exclusivement pour le profit,pour le plus haut<br />

salaire — oubliant qu'il y a d'autres éléments pour<br />

faire la vie heureuse, Comme l'a dit encore Ernest Renan,<br />

dans le même ouvrage : • On regar<strong>de</strong>'comme une<br />

conquête <strong>de</strong> la civilisation que la villageoise puisse se<br />

parer <strong>de</strong>s objets que les duchesses seules portaient<br />

autrefois. Mais on ne songe pa« que la villageoise, en prenant<br />

une partie du costume <strong>de</strong> la duchease, n a pas<br />

pris sa manière <strong>de</strong> le porter ; qu'elle n'a fait par consequent<br />

qu'échanger son costume naturel contre un costume<br />

bâtard et sans caractère. Mieux valait la bure ;<br />

elle couvrait moins <strong>de</strong> cupiditéet n'était pas sans bonne<br />

grâce . CHARLES DULOT {L'Information sotuue).<br />

Le nouveau miracle.<br />

Dans son n» du 3 mors 1933, i Illustration a publié<br />

une remarquable Initiation i la T. S. T. par Bairnav<br />

OB SAISI KM. Cette étu<strong>de</strong> est précé<strong>de</strong>r et suivie d'aperçus<br />

philosophiques dont voici quelques extraits. Nous ne<br />

saurions trop engager nos lecteurs à se procurer ce n* <strong>de</strong><br />

l'Illustration (prix 3 fr.) : s<br />

Le» phénomènes <strong>de</strong> sans-fil, auxquels s'accroche<br />

aujourd'hui avec tant d'enthousiasme l'engouenicnt<br />

populaire, semblent à presque tout le mon<strong>de</strong> constituer<br />

le spectacle'le plus décidément extravagant auquel<br />

un honimc âgé d'une cinquantaine d'années ait jamais<br />

pu assister.<br />

Et cependant cet homme, toute sa vie, a été par<br />

la science gavé sans arrêt <strong>de</strong> merveilles nouvelles.<br />

Il a passé toute sa vie à crier au miracle ï S'­<br />

il à vu dans la photographie la lumière, en un centième<br />

<strong>de</strong> secon<strong>de</strong> parfois, <strong>de</strong>ssiner sur une pellicule<br />

<strong>de</strong>s portraits plus fidèles, <strong>de</strong>s paysages, plus fouillés,<br />

et avec toutes leurs couleurs, qu'aucun artiste n'en a<br />

jamais pu réaliser par <strong>de</strong> longues semaines <strong>de</strong> labeur ;<br />

lia vu ces portraits et ces paysages prendre dans la cinematographic<br />

le mouvement même qui anime la nature.<br />

Il a appris tout à coup par l'électricité à s'éclairer<br />

sans flamme, à chauffer sans feu ses fours; à transmettre<br />

par le téléphone, -sur <strong>de</strong>ux fils <strong>de</strong> cuivre, sa<br />

parole ; à transfoimer les chutes d'eau en milliers <strong>de</strong><br />

chevaux qui tirent les tramways et les trains. $»<br />

Il s'est mis, avec la bicyclette, sur <strong>de</strong>ux cerceaux,<br />

à courir plus vite et plus longtemps qu'aucun animal.<br />

Sousses yeux, les voitures ont commencé à rouler toutes<br />

seules sur les routes ; bien qu'elles pèsent souvent plus<br />

<strong>de</strong> 2.000 kilos, certaines laissent à peine trace <strong>de</strong> feùt<br />

passage sur la neige fra<strong>î</strong>che et le sable mouvant, où,<br />

lui. qui n'en pèse que 70, enfonce jusqu'à la ceinture.<br />

Les diligences volent à 1.800 mètres d'altitu<strong>de</strong>, beaucoup<br />

plus haut et plus vite que les oivaux.<br />

Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s infiniment p. tits s'est grand ouvert<br />

à l'homme <strong>de</strong>puis que Pasteur rn a forgé la clé ; on sait<br />

imposer du travail à un microbe, ceSmmc à un bœuf ;<br />

on lui ordonne <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la végétation, du pain, du<br />

vin, <strong>de</strong> l'alcool, du cuir, du fromage, etc., selon la formule<br />

qui nois pla<strong>î</strong>t : on sait mettre la muselière aux<br />

bactéries féroces.<br />

<strong>La</strong> féerie étincelle tout le temps <strong>de</strong>puis cinquante ans,<br />

et <strong>de</strong> tous côté- !<br />

Vraiment, dans cette liste, si incomplète encore, <strong>de</strong>s<br />

miracles dont le <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong>rnier a été le principal<br />

témoin, quel phénomène est inférieur à la sans-fil pour<br />

la stupéfaction qu'il a d'abord donnée à notre esprit ?<br />

Puis il est <strong>de</strong>venu peu à peu notre familier. Quelques<br />

années plus tard, nous avons jugé la vie impossible<br />

sans lui.<br />

Miracles se transforment vite en banalités. Il» no<br />

nous paraissent extraordinaires que pendant le temps<br />

qj'il leur faut pour <strong>de</strong>venir ordinaires.<br />

<strong>La</strong> sans-fil est donc pour nous tous < le miracle qui<br />

vient •. Et c'est en effet une très gran<strong>de</strong> révolution <strong>de</strong><br />

plus qui s'amorc actuellement. I)ès maintenant, où<br />

peut, que vous d'un soyes, point sur quelconque, la terre, sur voua l'eau envoyer ou dans à l'air, travers on<br />

l'espace, • H|w, sans le .. moindre - fil <strong>de</strong> „ liai* liai•• *miMi un signal, à travers une<br />

phrase, un discours, voire un concert.<br />

Des joies et <strong>de</strong>s espoirs sans mesures aussi. — Mais ne<br />

désespérons pas <strong>de</strong> l'humanité et chassons la pensée<br />

qu'une aussi gran<strong>de</strong> invention, qui provoque en tout<br />

esprit <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>s réflexions si hautes, qui jette l'homme<br />

<strong>de</strong> façon si décisive dans un ab<strong>î</strong>me d'humilité, done <strong>de</strong><br />

bonté, puisse être mis jamais au service <strong>de</strong> catastrophes<br />

gigantesques. Actuellement, pour le publie, la T. S. F.,<br />

c'est <strong>de</strong> la joie, la plus saine joie, la plus inespérée <strong>de</strong>s<br />

joies. Ne nous écartons plus <strong>de</strong> cette bonne chaleur.<br />

Ah I le frais et>joyeux commuai-me ! L'ouvrier rentre<br />

chez lui fatigué, d<strong>î</strong>ne avec sa femme et ses enfant* :

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