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:1 î T La Revue. - Institut français de l'éducation

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M LES LEÇONS DE LA CRISE EBROPËENnTT®^<br />

Entre l'Occi<strong>de</strong>nt et l'Orient.<br />

Le mon<strong>de</strong>.aura-t-il jamais la paix <strong>î</strong>'Plus lés mois<br />

et lés années s'écoulent, et plus le régime social,<br />

(lui <strong>de</strong>meure en Vigueur, se marque ineapàbled'assurcr<br />

aux nations le calme et la sécurité.<br />

Partout <strong>de</strong>s appétits aux prises ; partout <strong>de</strong>s combinaisons<br />

industrielles en conflit ; partout la<br />

conquête violente d'un côté et l'irré<strong>de</strong>ntisme <strong>de</strong><br />

l'autre ; partout <strong>de</strong>s utilitarismes qui n'atten<strong>de</strong>nt<br />

qu'une occasion propice pour entrer en action,<br />

c'est-à-dire pour jeter <strong>de</strong>s masses d'hommes les<br />

unes contre les autres.<br />

L'attention <strong>de</strong>s peuples se partage, à cette<br />

heure, entre l'Occi<strong>de</strong>nt «t l'Orient. Deux zones<br />

volcaniques, que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> kilomètres séparent<br />

entre elles, peuvent secouer <strong>de</strong>main l'humanité<br />

sur ses bases : la Ruhr et le Kurdistan.<br />

Il serait plus exact d'écrire le charbon et le pétrole.<br />

Car c'est moins le sol, en ces temps, qui attache<br />

les regard- <strong>de</strong>s oligarchies dominantes que le<br />

sous-sol, et les collectivités, qui vivent sur ce<br />

sous-sol, comptent infiniment peu aux yeux <strong>de</strong>s<br />

ouvernements : qu'importent les préférences <strong>de</strong>s<br />

? ouïes ? Ce ne sont plus les hommes qui fixent la<br />

condition'<strong>de</strong>s richesses souterraines, mais ce sont<br />

les richesses souterraines qui déterminent le sort<br />

<strong>de</strong>s homines. Ceux-ci n'apparaissent plus que<br />

comme l'appendice ou l'accessoire.<br />

Combien <strong>de</strong> mois encore parlera-t-on <strong>de</strong> la<br />

Ruhr et <strong>de</strong> Mossotil ?<br />

Les événements <strong>de</strong> la Weslphalie, qui se déroulent<br />

<strong>de</strong>vant nous, et qui laissent tant <strong>de</strong> gens<br />

indifférents, auront leur large place dans l'histoire.<br />

C'est une chose prodigieuse que si peu<br />

d'années après la guerre, on ait pu recommencer<br />

la guerre. C'est une chose plus surprenante encore<br />

que cette guerre, on ait pu la faire sans la déclarer.<br />

Entre l'invasion <strong>de</strong> la Belgique et <strong>de</strong> la France du<br />

nord en 1914 et l'invasion <strong>de</strong> la Ruhr eu 1923: Il est<br />

surtout une différence : c'est que l'armée d'occupation<br />

n'ayant rien trouvé <strong>de</strong>vant elle, aucun<br />

choc n'a eu'lieu. Mais les procédés <strong>de</strong> l'occupation<br />

sont les mêmes et ils ne pouvaient point ne pas<br />

être i<strong>de</strong>ntiques. Ainsi quatre ans et quelques mois<br />

après l'armistice, <strong>de</strong>s divisions, avec leurs canons<br />

et leurs tanks, ont été instaurer une domination<strong>de</strong><br />

fer sur <strong>de</strong>s populations inoffensives ! Comme<br />

celles-ci avaient le front <strong>de</strong> ne pas acclamer leurs<br />

nouveaux ma<strong>î</strong>tres, on les a gratifiées <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong><br />

siège et <strong>de</strong> toutes ses conséquences.<br />

Il s'agissait <strong>de</strong> faire payer les capitalistes allemands<br />

: or ce ne sont pas'ces capitalistes (qui, en<br />

effet, se soustrayaient le plus possible A leurs<br />

charges), qui ont été atteints. Les Thysson, les<br />

Krupp, les Stinnes continuent ;ï vivre tranquillement<br />

<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions qu'ils ont accumulés.<br />

Ceux qui souffrent, ce sont les ouvriers,<br />

et un vieux proverbe dit que les petits palissent<br />

toujours <strong>de</strong>s querelles <strong>de</strong>s grands. Si la vie renchérit,<br />

si le lait manque, si le chômage s'étend, les<br />

magnats du fer n'en ont cure. S'ils se trouvent mal<br />

à Dusseldorf, à K—en. ou à Bochurn, ils s'en vont<br />

à Berlin, à Hambourg, ou à Munich. Les métallurgistes<br />

et les mineurs ne disposent pas <strong>de</strong> celte<br />

ressource, et les chefs <strong>de</strong> l'occupation ne comprennent<br />

pas encore pourquoi les prolétaires leur<br />

font grise mille et pourquoi les masses ouvrières<br />

<strong>de</strong> la Ruhr ne veulent pas travailler sous la menace<br />

<strong>de</strong>s baïonnettes. \<br />

Imaginons cette situation retournée. Que<br />

dirait-on ? Supposons que l'Allemagne, ayant été<br />

victorieuse, ait procédé en Normandie comme le<br />

Bloc National procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'autre côté du Hhin.<br />

(Celte supposition d'ailleurs se serait certainement<br />

vérifiée, -car les aiHocralies dominantes<br />

ont partout mênie mentalité.) Quelles diatribes,<br />

uelles invectives d'ailleurs justifiées on enten-<br />

I Si nos ministres ont voulu créer <strong>de</strong>s haines<br />

3rail<br />

implacables, ils y ont réussi, car <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

ce genre <strong>de</strong>meurent longtemps gravés dans la<br />

mémoire <strong>de</strong>s hommes, et ce sont eux qui allument<br />

les hostilités séculaires. L'expédition <strong>de</strong> la Ruhr<br />

se classera, pour la suite <strong>de</strong>s temps, à côté do l'expédition<br />

du Palatiilat, <strong>de</strong> l'expédition d'Espagne,<br />

<strong>de</strong> l'expédition du Mexique. Et le premier châtiment<br />

<strong>de</strong> telles entreprises, c'est qu'elles se révèlent<br />

toujours stériles et se retournent contre ceux qui<br />

les organisent.<br />

.Voila «lune, .lan- nôtre Occi<strong>de</strong>nt, une formidable<br />

menace pour la paix, l'eu importe au Bloc National<br />

qui a perdu toute notion d'honneur, d'humanité<br />

et même <strong>de</strong> bon sens, il se dit que si, <strong>de</strong>main,<br />

une coalition se noue contre la France, il ne sera<br />

plus la pour porter ses responsabilités.<br />

Mais, en Orient, la situation n'est pas plus<br />

sereine. Ici les impérialistes et lc> gens d'affaires,<br />

— ce sont le plus souvent lc> mêmes, — se sont<br />

donné libre carrière.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt que l'acte <strong>de</strong> Sèvres, (pli frit dicté<br />

à la Turquie vaincue, et qui arrachait <strong>de</strong>s millions<br />

<strong>de</strong> Turcs à leur nation n'était pas viable. Le réveil<br />

du nationalisme autour <strong>de</strong> Mustapha Kemal et <strong>de</strong><br />

l'assemblée d'Angora fut un phénomène parfaitement<br />

naturel. Le serment (pie lit cette assemblée<br />

<strong>de</strong> rétablir la Turquie dans ses frontières<br />

légitimes, n'a rien qui prête au rire ou même-au.<br />

sourire. Si les négociateur» alliés <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne<br />

avaient été fidèles à certaines doctrines qu'ils<br />

reconnaissaient solennellement, ils auraient donné<br />

aux Turcs <strong>de</strong>s satisfactions qui n'étaient pas discutables.<br />

Mais l'impérialisme anglais voulait,a tout<br />

prix gar<strong>de</strong>r Mossoul et ses gisements <strong>de</strong> pétrole,<br />

et les financiers <strong>de</strong> toute race, qui ont mis l'empire<br />

ottoman en coupe réglée, sous Abdul llamid,<br />

comme sous le régime Jeune-Turc, ont prétendu<br />

maintenir en Turquie <strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong> diverse<br />

nature en leur faveur : si bien que la souveraineté<br />

turque s'est trouvée remise en cause.<br />

Or l'assemblée d'Angora a . pri-. conscience <strong>de</strong><br />

sa force sur les champs <strong>de</strong> batuille. Elle réclame<br />

aujourd'hui <strong>de</strong> larges concessions qui consacreraient<br />

ses droits et soustrairaient la Turquie aux<br />

emprises morales dont elle a tant souffert. '<br />

Les puissances d'Occi<strong>de</strong>nt feront-elles la guerre<br />

pour ma<strong>î</strong>triser cette nation qui est sortie du<br />

tombeau ? En présence du réveil <strong>de</strong> l'Islam,<br />

l'entreprise serait plus qu'aventureuse.<br />

PAUL Louis.<br />

KBKATVM. —<strong>La</strong> <strong>de</strong>rnière phrase du 2* avant-<strong>de</strong>rnier<br />

alinéa, dans ràon article précé<strong>de</strong>nt, doit être ainsi corrifée:<br />

Or elle éventualité n'est pas douteuse, puisque la<br />

remise <strong>de</strong>s voies terrées aux capitaux p t'ois est prévue,<br />

par le plus récent projet <strong>de</strong> moratorium frantais.<br />

<strong>Revue</strong> <strong>de</strong> l'Enseignement primaire. — JJ* senti — N" 27. — 'J.', mars 1933.

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