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JDT216-P18-19-INFRA-ReportageOkTP:JDT193 20/01/2011 10:56 Page 18<br />
Reportage<br />
infrastructures<br />
Par Ariel Gomez<br />
<strong>Le</strong> centre de R&D<br />
d’Ericsson à Santa<br />
Clara, dans la Silicon<br />
Valley, est au cœur de<br />
l’évolution à la fois<br />
technologique et<br />
stratégique de<br />
l’équipementier, tant<br />
sur les réseaux que<br />
sur l’approche<br />
désormais très<br />
ouverte en termes de<br />
plates-formes<br />
applicatives. Visite<br />
dans ce « saints des<br />
saints », au moment<br />
ou l’opérateur<br />
Verizon lançait son<br />
réseau LTE fourni par<br />
Ericsson… et Alcatel<br />
Lucent.<br />
Ericsson Silicon Valle<br />
Voyage au cœur d<br />
Il faut reconnaître un certain sens de l’opportunité<br />
aux dirigeants d’Ericsson. Lorsque,<br />
mi 2008, ils ouvrent leur centre de R&D à<br />
Santa Clara, en plein cœur de la Silicon Valley,<br />
ils ne soupçonnent probablement pas l’incroyable<br />
recentrage que va opérer, en<br />
seulement quelques mois, le centre de gravité<br />
de la téléphonie mobile autour de ces quelques<br />
dizaines de kilomètres carrés de bureaux qui<br />
constituent La Mecque des technologies de l’information.<br />
« Dans les années 1990, l’Europe<br />
était leader de l’innovation dans la mobilité ; ce<br />
leadership est parti vers l’Asie en 2000 (Corée,<br />
Japon, Taïwan), puis, en 2010, le leadership est<br />
passé aux USA avec des entreprises comme<br />
Apple, Android, Facebook… », résume Brian<br />
Wilcove, general partner chez Sofinnova Ventures,<br />
société de capital risque très active dans<br />
la Silicon Valley.<br />
L’équipementier suédois, qui avait fait le choix<br />
de s’installer dans cette région de la Californie<br />
pour mieux préparer la rencontre entre les<br />
mondes de la mobilité cellulaire et de l’Internet,<br />
ne tarde pas à comprendre – notamment avec<br />
l’arrivée de Hans Vestberg à sa tête -, qu’une<br />
forte accélération se profile. Il réagit en nommant<br />
une pointure à la tête de son centre de<br />
R&D. Håkan Eriksson, qui est déjà le directeur<br />
technique du groupe (CTO), prend la présidence<br />
d’Ericsson Silicon Valley et de son équipe de<br />
800 personnes.<br />
Un autre facteur a pesé dans l’implantation californienne<br />
du centre névralgique de la R&D<br />
d’Ericsson : les Etats Unis sont sa 2ème zone<br />
géographique après l’Europe et représentent<br />
entre 25 et 27 % de son chiffre d’affaires.<br />
L’équipementier, qui fournit tous les grands opérateurs<br />
américains, y emploie 14 000 personnes.<br />
Håkan Eriksson, directeur technique d’Ericsson<br />
(CTO), président d’Ericsson Silicon Valley<br />
Plus de connexions dans un<br />
monde ouvert<br />
C’est ici aussi, à Santa Clara, que prend corps la<br />
profession de foi qu’Ericsson brandit depuis<br />
deux ans, celle d’un « monde aux 50 milliards<br />
de connexions ». « En 2020, tout qui pourra bénéficier<br />
d’une connexion sera connecté », explique<br />
Håkan Eriksson. C’est le fameux<br />
« Internet des objets », au sein duquel on dénombrera<br />
5 milliards de personnes et 1 milliard<br />
d’endroits connectés, le reste étant composé<br />
d’objets de toutes sortes (consoles de jeux,<br />
écrans de TV, voitures, équipements électroménagers…).<br />
Bref, tout aura une adresse IP et,<br />
dans bien des cas, une carte SIM.<br />
En attendant, la tendance semble bien amorcée.<br />
« Aujourd’hui, la majorité des connexions<br />
est mobile, poursuit-il, en 2015, sur 4 milliards<br />
de connectés, il y aura 600 millions de connectés<br />
aux réseaux fixes et 3,4 milliards aux réseaux<br />
mobiles ».<br />
L’enjeu, cependant, n’est pas que celui de l’accès<br />
et des infrastructures nécessaires pour répondre<br />
à une telle demande. C’est aussi celui<br />
de la création d’un écosystème qui est aussi en<br />
train de s’organiser au sein de la Silicon Valley.<br />
Cet écosystème concerne celui des terminaux<br />
et applications, celui des réseaux convergés (qui<br />
opèrent, pour Ericsson, depuis Santa Clara), et<br />
des partenariats avec d’autres acteurs du secteur.<br />
En ce sens, le crédo de la seule recherche<br />
interne est désormais révolu chez Ericsson au<br />
profit d’une ouverture dont le besoin ne pourra<br />
aller que croissant.<br />
« Au 2ème semestre 2008, 70 % des systèmes<br />
d’exploitation mobiles étaient sous licence, au<br />
2ème semestre 2010, 60 % étaient des OS libres<br />
», détaille Håkan Eriksson, en guise d’illustration.<br />
Augmenter la capacité,<br />
améliorer l’efficacité<br />
Pour sa part, la question de l’accès pour ces 50<br />
milliards de connexions à venir reste une donnée<br />
cruciale. « Entre le 2ème semestre 2009 et<br />
la période correspondante 2010, le trafic de<br />
données [sur les réseaux cellulaires] a triplé,<br />
poursuit Håkan Eriksson. Et c’est la région<br />
EMEA qui consomme le plus de trafic mobile ».<br />
En cause : les smartphones et les utilisateurs<br />
de haut débit mobile (laptops, tablettes…). A<br />
côté des 10 kbit/s de débit<br />
pour 10 à 50 Mo mensuels<br />
de données par mois requis<br />
par la voix, un smartphone<br />
exige entre 100 kit/s et 1<br />
Mbit/s pour 100 à 500 Mo<br />
de données et un PC ou tablette,<br />
plus de 1 Mbit/s et de<br />
1 à 5 Go/mois.<br />
Dès lors, avec un trafic data<br />
qui croît 10 fois plus vite que<br />
la voix, comment faire face à<br />
une telle évolution des besoins<br />
tout en évitant un déploiement<br />
exponentiel<br />
d’équipements de réseau ;<br />
politique incompatible une démarche de développement<br />
durable ?<br />
« En clair, résume Håkan Eriksson, comment<br />
augmenter notre capacité dans un facteur de<br />
1000 ? ». Pour Ericsson, le challenge passe par<br />
une combinaison d’améliorations technologiques<br />
et d’architecture des réseaux. Ainsi, le<br />
choix des technologies HSPA et LTE au lieu du<br />
WCDMA permet une amélioration de capacité<br />
d’un facteur de un à dix. Ensuite, l’amélioration<br />
de l’efficacité spectrale permettant de transporter<br />
2 Mbit/s par Hertz ou lieu de 1 Mbit/s<br />
permet encore de doubler la mise. A cela s’ajoutent<br />
les allocations supplémentaires de spectre,<br />
qui permettent de multiplier la capacité par<br />
cinq, puis, l’utilisation de cellules couvrant un<br />
rayon trois fois plus petit, qui apportent à leur<br />
tour une multiplication par 10 de la capacité.<br />
Si cette démonstration « facile » demande à être<br />
Derrière les infrastructures, les services, dont ceux de télévision HD<br />
transmis en LTE.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> des télécoms N°216 Février 2011<br />
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