2e partie. Outil 5.pdf - RehabiMed
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II. Diagnose<br />
<strong>Outil</strong> 5<br />
Analyse des paramètres économiques et des valeurs socioculturelles<br />
Les valeurs sociales et culturelles de l’habitat traditionel<br />
5<br />
C’est donc ce qui explique l’unité des villes anciennes. Les<br />
maisons ap<strong>partie</strong>nnent toutes à une même conception de<br />
maison. Les variations sont, dans un premier niveau, une<br />
adaptation sur le terrain d’exigences d’ordre pratique : la<br />
localisation dans la ville (centre, périphérie, etc.), la position<br />
dans le tissu (angle, rive, intérieur d’un îlot, etc.), la topographie<br />
(terrain plat, en pente). Dans un second niveau interviennent<br />
des considérations sociales (typo-sociologie : répartition du bâti<br />
par quartiers socialement définis) et économiques<br />
(hiérarchisation des composantes de la ville : répartition des<br />
quartiers par zones d’activités qui accentuent la spécialisation au<br />
fur et à mesure du développement).<br />
A une échelle supérieure, la ville ou le village sont aussi des types,<br />
dans la mesure où ils constituent une forme de réponse à l’habiter,<br />
à un mode particulier d’entendre l’agglomération qui dans tous<br />
les cas tend à produire les qualités d’un véritable organisme.<br />
Preuve en est cette ressemblance des villages, des villes, des<br />
médinas, des ksour, qu’il est aisé de constater dans une même aire<br />
culturelle 3 .<br />
Concernant l’architecture 4 , il est aisé de constater que les centres<br />
historiques, en tant que sièges par excellence de l’héritage du savoirfaire,<br />
révèlent à travers l’harmonie de l’ensemble du bâti l’existence<br />
d’une loi comportementale à laquelle adhère la majorité des édifices.<br />
Il s’agit, en effet, de la capacité de chaque édifice à affirmer par<br />
son architecture le souci de répondre individuellement en tout<br />
point de vue au besoin de l’usager et, surtout, de développer les<br />
aspects typomorphologiques nécessaires à la formation<br />
harmonieuse de l’agrégat des édifices voisins.<br />
Cette condition associative offre l’une des garanties les plus<br />
importantes à la constitution du tissu urbain, dont la configuration<br />
renvoie explicitement et solidement à la nature organisationnelle<br />
de la société humaine.<br />
Ainsi, le type bâti n’est jamais conçu dans l’absolu mais bien<br />
comme <strong>partie</strong> intégrante d’un environnement physique duquel il<br />
ne peut être dissocié.<br />
De nos jours, cette qualité se perd. L’acte architectural se fonde<br />
essentiellement sur la recherche à tout prix de l’émergence et de<br />
l’exubérance, et sur l’intention d’affirmer la distinction sous<br />
l’emprise des effets de la mode et, tout particulièrement, celle qui<br />
domine la production vestimentaire 5 .<br />
Par le comportement combiné de l’hétérogénéité de leur<br />
architecture et du parti pris en faveur de la distinction, les<br />
nouveaux quartiers montrent plus l’image d’une réalité culturelle<br />
dominée par l’incertitude que les effets d’une œuvre esthétique se<br />
voulant de qualité par la diversification des formes. Toutes les<br />
dispositions prises en amont des projets urbains, ainsi que des<br />
opérations d’embellissement menées après-coup, n’ont pas réussi<br />
à redonner à ces ensembles le caractère spatial nécessaire à la<br />
consolidation de la vie sociale 6 . Car les règlements d’urbanisme<br />
actuels défendent plus l’idée des distances à entretenir entre les<br />
édifices qu’ils n’encouragent la recherche du moyen de rapprocher<br />
ces derniers pour former un agrégat capable de donner lieu à un<br />
tissu représentatif des aspirations profondes de la société 7 .<br />
Les conséquences de cette option pour des formes urbaines de plus<br />
en plus éclatées aura des effets malheureux sur l’organisation<br />
sociale des quartiers, puis de la ville. Le quartier dans la ville<br />
historique, en tant que « petite ville » dans la « ville », car doté<br />
d’une certaine autonomie morphologique structurée (rue principale,<br />
centre, périphérie, etc.) est un territoire à l’intérieur duquel se réalise<br />
spontanément l’organisation hiérarchisée des groupes sociaux.<br />
Toutes les catégories d’âge ont chacune leur espace spécifique dans<br />
le quartier, et l’ensemble assume la configuration d’une sorte de<br />
maison dans laquelle les règles comportementales et les<br />
responsabilités sont scrupuleusement respectées 8 .<br />
Comme aussi il est aisé de noter que le patrimoine bâti historique<br />
représente par le caractère unitaire de son langage (grammaire,<br />
Activité commerciale à Fès (Maroc)<br />
Kairouan (Tunisie)<br />
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