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ÉTUDE Regard sur la littérature féminine algérienne

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Née dans le désert — l’information n’est pas qu’anecdotique, l’auteure et l’œuvre étant fortement<br />

marquées par cet espace — elle ne cache pas que <strong>la</strong> fascination exercée par le désert a joué un certain<br />

rôle dans le succès qu’elle a tout de suite rencontré.<br />

Dans Les Hommes qui marchent (Ramsay, 1990 ; rééd. revue : Grasset, 1997), on trouve une <strong>la</strong>rge<br />

part d’autobiographie, passage que l’auteure considère comme quasi obligé pour qui entre en littérature<br />

; lui succède Le Siècle des sauterelles (Ramsay, 1992), qu’elle considère comme le premier roman<br />

de “ conteuse ”.<br />

Un tournant est marqué avec L’Interdite (Grasset 1993) et Des Rêves et des assassins (Grasset,<br />

1995) qui semblent rompre avec l’autobiographie des Hommes qui marchent et <strong>la</strong> pure fiction du Siècle<br />

des sauterelles : en prise <strong>sur</strong> l’actualité <strong>la</strong> plus douloureuse, ce sont des livres d’urgence, autre passage<br />

obligé, compte tenu de <strong>la</strong> période historique dans <strong>la</strong>quelle ils s’écrivent ; cependant cette voie apparaît<br />

d’une certaine manière comme un piège dans lequel Malika Mokedem ne veut pas se <strong>la</strong>isser enfermer,<br />

réc<strong>la</strong>mant <strong>la</strong> liberté pour l’écrivain d’écrire autrement que dans l’urgence. C’est ainsi que des romans<br />

comme La Nuit de <strong>la</strong> lézarde (Grasset, 1998) et N’zid (Seuil, 2000) s’éloignent — en partie tout au<br />

moins — de <strong>la</strong> critique sociale et privilégient une écriture métaphorique.<br />

Son origine, son parcours (départs, ruptures… ) expliquent en partie les thèmes qui nourrissent son<br />

œuvre : le désert, bien sûr, qui l’imprègne totalement, espace fondamental tant au niveau géographique<br />

que symbolique, espace complexe aussi, ambigu, refuge souvent mais aussi lieu d’enfermement ou même<br />

de mort (quand <strong>la</strong> mer, ainsi qu’on le voit dans N’zid, est toujours bénéfique). Lui est associé le thème<br />

du nomadisme auquel est lié le refus des frontières, ba<strong>la</strong>yant, dépassant <strong>la</strong> notion d’identité unique, les<br />

textes privilégiant toujours <strong>la</strong> marge, <strong>la</strong> périphérie plutôt que le centre, l’hybridation plutôt qu’une hypothétique<br />

pureté, <strong>la</strong> richesse de l’entre-deux, le métissage y compris au niveau de l’écriture qui se nourrit<br />

d’oralité. La mer, autre désert, au centre du sixième roman, N’zid, dit aussi ce refus de se <strong>la</strong>isser amarrer<br />

; dans ce roman où une jeune femme amnésique (tous les romans retracent le parcours de femmes<br />

hors normes, révoltées) essaie de se “ retrouver ”, en particulier par le biais du dessin, on trouve, autre<br />

constante dans l’œuvre, le thème de <strong>la</strong> mémoire.<br />

Maïssa Bey<br />

Elle inaugure avec son premier roman Au commencement était <strong>la</strong> mer (Marsa, 1996) une œuvre<br />

forte, dérangeante et lumineuse en bien des points. Ce roman so<strong>la</strong>ire — on retrouvera cet éc<strong>la</strong>t dans<br />

certains récits des Nouvelles d’Algérie (Grasset, 1998) — décrit d’abord comment dans <strong>la</strong> splendeur de<br />

l’été algérois, <strong>sur</strong> une p<strong>la</strong>ge où elle passe des vacances avec sa famille, une jeune fille, Nadia, s’éveille à<br />

l’amour et rêve de liberté tandis que son frère s’enferme dans un mysticisme qui l’éloigne du reste de sa<br />

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