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ÉTUDE Regard sur la littérature féminine algérienne

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Vingt ans plus tard, l’auteure fera paraître un autre roman, Arris (Marsa, 1999), que son titre fait dialoguer<br />

avec le premier roman, aussi remarquable mais plus dur, l’intrigue montrant le désespoir d’une<br />

mère qui conduit son fils en ville pour qu’il y soit hospitalisé et qui ne le revoit jamais.<br />

On peut citer le très court mais très dense récit de Zoulikha Boukort, Le corps en pièces, paru en<br />

1977 (Coprah), où <strong>la</strong> narratrice en une soixantaine de pages, s’analyse, passant sa vie “ au peigne fin ”<br />

pour tenter de trouver “ une réponse à (ses) angoisses ”, en traquant le mensonge et essayant par<br />

l’écriture de mettre à distance ses fantasmes et de “ retrouver une possible identité (… ) ”.<br />

On peut citer aussi, publié en 1979 aux éditions du Centenaire mais écrit en 1960, L’Oued en crue de<br />

Bédya Bachir, beau récit — témoignage de ce que put être <strong>la</strong> vie d’une famille entre les années 40 et 60,<br />

et, en arrière-p<strong>la</strong>n, celle du pays avec son lot de souffrances, de guerres et de morts.<br />

Les années 80<br />

Elles constituent un tournant et <strong>la</strong> percée des écritures féminines qui s’opère alors est un phénomène<br />

tout à fait remarquable.<br />

La production de cette décennie offre un <strong>la</strong>rge éventail al<strong>la</strong>nt des écritures stéréotypées d’écrivaines<br />

criant leur message à des œuvres beaucoup plus achevées. Parfois, en effet, les romans sont plus préoccupés<br />

d’information, de témoignage que de réelle recherche et de création. Leur entreprise n’en reste<br />

pas moins intéressante pour ce qu’elle révèle de ce désir d’expression qui se manifeste alors.<br />

On pourrait c<strong>la</strong>sser dans cette catégorie les romans d’Hafsa Zinaï Koudil qui commence sa carrière<br />

avec La Fin d’un rêve (ENAL, 1984), roman autobiographique dont l’intrigue se situe pendant <strong>la</strong> guerre<br />

de libération mais qui, malgré l’horreur de cette guerre dans une région où elle fut particulièrement<br />

éprouvante, n’atteint jamais au tragique malgré l’émotion qui le traverse parfois, à cause des certitudes<br />

qui sous-tendent l’écriture, qui n’est jamais écriture du doute ni de l’ambiguïté. Les romans qui suivront,<br />

Le Pari perdu (ENAL, 1986), Le Papillon ne volera plus (ENAP, 1990), Le Passé décomposé<br />

(ENAL, 1992), romans socio-sentimentaux, souffrent d’un excès de didactisme, d’une volonté de dénonciation<br />

(que montre <strong>la</strong> dysphorie des titres) qui prennent le pas <strong>sur</strong> l’é<strong>la</strong>boration esthétique.<br />

Avec Zehira Houfani Berfas, auteure de romans policiers comme Portrait du disparu (ENAL, 1986),<br />

Les Pirates du désert (ENAL, 1986) et d’un roman socio-psychologique, L’Incomprise (ENAL, 1989),<br />

on reste dans <strong>la</strong> littérature de consommation avec une tendance nette à <strong>la</strong> moralisation, comme c’est<br />

souvent le cas dans les œuvres les moins é<strong>la</strong>borées.<br />

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