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Per Nørgård: Der göttliche Tivoli<br />
Fabienne Jost, Andrea Stadel, soprano; Sandra Rohrbach,<br />
mezzo-soprano; Simone Tschöke, contralto; Steffen Kubach,<br />
Hubert Wild, baryton; Bernd Gebhardt, baryton-basse;<br />
Dorian Keilhack, dir.<br />
Dacapo 6.220572-73 (125 min)<br />
★★★★★✩ $ $ $<br />
Né en 1932, le compositeur<br />
danois Per Nørgård<br />
s’est passionné pour la<br />
vie et l’œuvre d’Adolf<br />
Wölfi (1864-1930),<br />
peintre et écrivain suisse<br />
qui créa l’ensemble de<br />
son œuvre durant son<br />
internement à l’asile, ce qui lui vaut aujourd’hui<br />
d’être reconnu dans le monde de l’art brut<br />
comme un «génie fou». Avec l’aide de nombreuses<br />
percussions, grands cris et bruits divers,<br />
Nørgård retrace les affres de l’aliénation<br />
mentale qui assaille l’esprit de son héros dans<br />
un opéra qui prend des allures de voyage au<br />
centre de la schizophrénie. Der göttliche Tivoli<br />
est une histoire pleine d’étrangeté et d’humour<br />
macabre, dépeinte musicalement par différentes<br />
esthétiques allant du baroque à la<br />
musique répétitive, le tout réuni avec un égal et<br />
surprenant bonheur. L’enregistrement, réalisé<br />
devant public au Stadttheater de Berne, traduit<br />
parfaitement la richesse de cet «opéra de fou».<br />
<strong>La</strong> distribution vocale est époustouflante et<br />
incroyablement bien rodée, nous permettant de<br />
plonger avec plaisir dans cet univers déroutant<br />
mais indéniablement fascinant. Peut-être que<br />
l’œuvre aurait été mieux servie par une captation<br />
sur DVD, mais le présent enregistrement<br />
constitue néanmoins une très bonne approche<br />
de cet opéra iconoclaste. Un bémol d’importance,<br />
le livret ne contient pas de texte en français.<br />
EC<br />
Russian Romances: Joys and Sorrows<br />
Eugène Osadchy, violoncelle; Anastasia Markina, piano<br />
Bolo Classique BSCD8010-2 (47 min 20 s)<br />
★★★✩✩✩ $$<br />
Voici un album qui<br />
n’attirera sans doute pas<br />
les regards sur les présentoirs<br />
de disques. <strong>La</strong><br />
pochette semble sortie<br />
d’une collection d’enregistrements<br />
bon marché<br />
que l’on retrouve parfois<br />
à la pharmacie et le nom des interprètes est écrit<br />
tellement petit qu‘on pourrait croire qu’ils<br />
voulaient passer incognito. Il s’agit cependant<br />
d’un enregistrement de grande qualité. Le<br />
violoncelliste Eugene Osadchy, qui a fait luimême<br />
les arrangements pour ce disque, est<br />
connu surtout aux États-Unis et dans l’Ouest<br />
canadien comme un musicien à la personnalité<br />
musicale bien définie. Il donne à son instrument<br />
une tonalité très riche, capable d’interpréter<br />
toute la gamme d’émotions que l’on retrouve<br />
dans la musique russe. Pour sa part, Anastasia<br />
Markina, native de Saint-Pétersbourg, n’en est<br />
pas à ses débuts puisqu’elle a déjà remporté de<br />
nombreux concours à travers le monde. Elle<br />
demeure maintenant aux États-Unis où elle<br />
poursuit ses études tout en continuant de briller<br />
sur les scènes internationales. Pour les amateurs<br />
de violoncelle et pour ceux qui aiment la<br />
musique nostalgique, c’est un bon choix. FB<br />
Schumann: Dichterliebe / Frauenliebe und -leben<br />
Lotte Lehmann, soprano; Marian Anderson, Kathleen Ferrier,<br />
contralto; Aksel Schiøz, ténor; Charles Panzera, Gerhard<br />
Hüsch, baryton; Gerald Moore, Charles Panzera, Hanns Udo<br />
Müller, Paul Ulanowsky, Franz Rupp, Bruno Walter, piano<br />
Music&Arts CD-1235 (2) (CD1: 78 min 35 s; CD2: 62 min 42 s)<br />
★★★★★★ $ $ $ $<br />
Voici un concept nouveau<br />
dans le domaine des rééditions<br />
d’enregistrements<br />
anciens qui est appellé à<br />
faire école: la juxtaposition,<br />
sur un même album,<br />
d’une œuvre intégrale dans<br />
différentes interprétations.<br />
Ce format invite à une comparaison qui permet<br />
de dégager des constantes propres à une époque<br />
tout en cernant mieux les particularités de<br />
chaque musicien. Sur le premier disque, trois<br />
chanteurs, un ténor et deux barytons, interprètent<br />
le cycle Dichterliebe de Schumann. Sur le<br />
second, une soprano et deux contraltos livrent<br />
des versions très contrastées de Frauenliebe und<br />
–leben. Grâce à une restauration minutieuse, la<br />
qualité de ces enregistrements réalisés de 1935<br />
à 1950 est plus que satisfaisante. Chacun aura<br />
sans doute ses préférences et ses réserves quant<br />
aux six chanteurs et autant de pianiste; il y a fort<br />
à parier pourtant que la personnalité et le<br />
timbre d’une Kathleen Ferrier trouveront peu<br />
de détracteurs, et que la diction allemande pour<br />
le moins fantaisiste de Marian Anderson, en<br />
plus de ses tics vocaux appuyés, en feront pouffer<br />
plus d’un. Cet album est une source précieuse<br />
tant pour le musicien à la recherche des<br />
racines de son art que pour le mélomane désireux<br />
de découvrir de grands chanteurs du passé<br />
sous un éclairage intelligent.<br />
CR<br />
Schumann: Lieder<br />
Bernarda Fink, mezzo-soprano; Anthony Spiri, piano<br />
Harmonia Mundi<br />
HMC 902031 (62 min 56 s)<br />
★★★★✩✩ $$<br />
Il y a deux ans, Bernarda<br />
Fink avait ému dans<br />
Schubert. Cette fois,<br />
dirait-on, elle semble se<br />
tenir sur le seuil de la<br />
demeure sans oser y pénétrer.<br />
<strong>La</strong> mélancolie souvent<br />
empreinte d’angoisse<br />
de Schumann échappe à son chant, toujours<br />
lumineux, certes, mais qui sied peu au clair-obscur<br />
dans lequel baignent la plupart des œuvres<br />
pour la voix du compositeur. Ainsi du premier<br />
lied de l’op. 39, In der Fremde (En pays étranger),<br />
où tant de schumanniens parviennent à déchiffrer<br />
un mystère indicible, celui de l’exil terrestre<br />
peut-être, et que Bernarda Fink déclame assez<br />
bizarrement d’une voix de tête. Une sorte d’uniformité<br />
recouvre les trente-trois lieder de ce programme<br />
plutôt hétéroclite. On y compte deux<br />
cycles, Gedichte der Königin Maria Stuart, op.<br />
135, et Liederkreis, op. 39, et deux séries de lieder,<br />
d’abord six extraits de Myrthen, op. 25,<br />
ensuite dix compositions sur des poèmes de<br />
Friedrich Rückert (parmi lesquels se retrouvent<br />
d’autres lieder de Myrthen). Enfin, alors que la<br />
chanteuse bénéficiait d’un accompagnement<br />
soutenu dans ses précédents enregistrements, ici,<br />
son pianiste reste objectif, presque distant. AL<br />
Tenor Arias<br />
Marc Hervieux, tenor; Orchestre Metropolitain/Yannick<br />
Nézet-Séguin<br />
ATMA Classique ACD2 2618 (53 min 3 s)<br />
★★★★✩✩ $ $ $<br />
Marc Hervieux is the latest<br />
in a long line of fine tenors<br />
from Quebec. I first heard<br />
him as Rodolfo in <strong>La</strong><br />
bohème for Opera Ontario<br />
about nine years ago, near<br />
the beginning of his career.<br />
In addition to opera, he has<br />
also established himself as a pop singer, a veritable<br />
household name in Quebec as a result of Starmania,<br />
which was seen in Montreal, Ottawa, Quebec City,<br />
Paris and Seoul. His dark-hued tenor with its warm,<br />
Italianate timbre is ideal in the verismo repertoire<br />
showcased on this disc, for example the arias from<br />
Cavalleria Rusticana, Pagliacci, L’ Arlesiana and Tosca.<br />
Hervieux sings with full-bodied tone and dramatic<br />
impact, a few very tight top notes notwithstanding.<br />
The tempo adopted by Yannick Nezet-Seguin leading<br />
his Orchestre Metropolitain is slow and somewhat<br />
wanting in dramatic urgency. The disc at 53<br />
minutes is short, especially when three of the selections<br />
do not involve the tenor. A few more verismo<br />
arias, so well suited to Hervieux’s voice, would have<br />
been welcome. The booklet contains the usual<br />
artist bios and song texts, plus over a dozen candid<br />
photos of the recording sessions.This is an enjoyable<br />
disc, where the ingratiating vocalism of Marc<br />
Hervieux is in full display.<br />
JKS<br />
The Best of Thomas Quasthoff<br />
Thomas Quasthoff, baryton-basse; autres artistes<br />
RCA Red Seal 88697 57143 2 (73 min 13 s)<br />
★★★★★✩ $ $ $<br />
Cette compilation<br />
d’extraits présentés<br />
comme les meilleurs de la<br />
discographie du barytonbasse<br />
allemand Thomas<br />
Quasthoff comprend<br />
cinq lieder de Schubert,<br />
cinq de Schumann, trois<br />
airs de la Passion selon saint Jean de Bach et six<br />
airs et un duo de Mozart. Pas question ici d’établir<br />
un lien quelconque entre ces extraits de<br />
répertoire pour le moins disparates. Quasthoff<br />
cherche sans doute à séduire totalement l’auditeur<br />
grâce aux diverses facettes de sa voix exceptionnellement<br />
flexible et le pari est assez réussi.<br />
On a rarement entendu un Erlkönig qui glace le<br />
sang à ce point, et le plus rare Belsazar de<br />
Schumann n’est pas moins captivant. Dans ce<br />
répertoire où tout baryton risque de souffrir de<br />
30 Mai 2010 May