263 - (CCI) de Strasbourg et du Bas-Rhin
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40 FORMATION<br />
Ferm<strong>et</strong>ures,<br />
délocalisations, refus<br />
d’implantations ?<br />
Où va l’in<strong>du</strong>strie<br />
alsacienne ? Quelles<br />
sont les rec<strong>et</strong>tes pour<br />
gar<strong>de</strong>r le cap ? Face<br />
à la mondialisation,<br />
à laquelle aucun<br />
territoire n’échappe,<br />
l’Alsace disposeraitelle<br />
encore d’atouts<br />
suffisants ? La<br />
<strong>de</strong>rnière rencontre<br />
Prospective <strong>de</strong> l’année,<br />
organisée par le Pôle<br />
formation <strong>CCI</strong> <strong>et</strong> la<br />
Fondation IECS s’est<br />
terminée sur une note<br />
d’optimisme partagée<br />
par les différents<br />
acteurs <strong>de</strong> la table<br />
ron<strong>de</strong>. Le Ministre<br />
François Loos a<br />
notamment insisté :<br />
« il faut vendre la<br />
mondialisation comme<br />
un facteur positif ».<br />
En sachant innover, se<br />
diversifier, former son<br />
personnel <strong>et</strong> travailler<br />
en réseau.<br />
>> Rencontre Prospective<br />
« Quelle place<br />
pour l’in<strong>du</strong>strie dans<br />
une Alsace mondialisée ? »<br />
En intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> débat qui<br />
réunissait plusieurs chefs<br />
d’entreprises <strong>et</strong> politiques,<br />
Raymond Woessner, maître<br />
<strong>de</strong> conférence en géographie,<br />
chercheur au Cresat à l’Université<br />
<strong>de</strong> Haute Alsace, dressait<br />
un portrait plutôt mitigé <strong>de</strong> notre<br />
in<strong>du</strong>strie. Parlant plutôt <strong>de</strong> territorialité<br />
que <strong>de</strong> mondialisation, il<br />
a mis l’accent sur le manque <strong>de</strong><br />
proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la région, les<br />
exhortant à copro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> l’espace<br />
en fonctionnant en réseaux.<br />
Menace ou<br />
opportunité ?<br />
Tissus économique, social,<br />
environnemental, la mondialisation<br />
concerne tous les territoires.<br />
Seules les perceptions <strong>de</strong>s<br />
acteurs sont différentes. Alors<br />
qu’en Suisse la mondialisation<br />
est considérée comme une opportunité,<br />
en France elle est assez<br />
perçue comme une menace, en<br />
Allemagne les appréciations sont<br />
mitigées. Raymond Woessner a<br />
classé l’Alsace en plusieurs territoires<br />
: les « has been », ceux qui font<br />
<strong>de</strong> la résistance à l’innovation <strong>et</strong><br />
vivent une crispation i<strong>de</strong>ntitaire ;<br />
les « suivistes », qui s’inscrivent<br />
dans une sorte <strong>de</strong> benchmarking<br />
<strong>et</strong> s’approprient les bonnes pratiques,<br />
arrivent à se débrouiller mais<br />
en restant néanmoins impuissants<br />
par rapport à une concurrence exacerbée<br />
<strong>et</strong> enfin les « archétypes »,<br />
qui cherchent à articuler culture<br />
locale <strong>et</strong> innovation. Et le chercheur<br />
d’ajouter : « après plusieurs<br />
siècles <strong>de</strong> centralisme <strong>et</strong> quelques décennies<br />
<strong>de</strong> décentralisation incomplète,<br />
les régions françaises éprouvent <strong>de</strong>s<br />
difficultés considérables à s’imaginer<br />
maîtresses <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stin. C’est pourquoi<br />
les impulsions venues <strong>de</strong> l’État<br />
restent fondamentales, à l’image <strong>de</strong>s<br />
pôles <strong>de</strong> compétitivité ».<br />
En Alsace, la situation apparaît<br />
donc très mitigée. Impactée par<br />
la mondialisation, notre région<br />
oscille entre menaces, contraintes<br />
<strong>et</strong> opportunités. L’in<strong>du</strong>strie<br />
y représente 28 % <strong>de</strong> l’emploi<br />
salarié, contre 21 % en France.<br />
25 % en Allemagne <strong>et</strong> 35 % dans<br />
le Ba<strong>de</strong>-Wurtemberg.<br />
« Il faut se battre<br />
<strong>et</strong> pratiquer une<br />
veille économique »<br />
Les entreprises qui tirent leur<br />
épingle <strong>du</strong> jeu sont les plus in<strong>du</strong>strialisées,<br />
les plus pro<strong>du</strong>ctives, les<br />
plus exportatrices ou encore celles<br />
sous contrôle étranger, soulignait<br />
Régis Bello, membre titulaire <strong>de</strong> la<br />
<strong>CCI</strong>. « Bien que l’époque <strong>de</strong>s arrivées<br />
spectaculaires d’investisseurs étrangers<br />
soit révolue, <strong>de</strong> nombreuses entreprises<br />
s’implantent encore en Alsace <strong>et</strong> créent<br />
<strong>de</strong> la main-d’œuvre, seulement elles<br />
sont plus p<strong>et</strong>ites, <strong>et</strong> plutôt <strong>du</strong> secteur<br />
tertiaire. » Représentant à la fois<br />
le Département <strong>et</strong> la Région,<br />
Vincent Froehlicher observait :<br />
« lorsqu’une usine ferme, il faut se battre<br />
aux côtés <strong>de</strong>s territoires <strong>et</strong> pratiquer<br />
une veille économique. » Aux élus <strong>et</strong><br />
aux entreprises d’anticiper. « Par<br />
contre, il faut savoir adm<strong>et</strong>tre que l’on<br />
ne peut pas sauver tous les types d’in<strong>du</strong>stries,<br />
» ajoutait François Loos,<br />
ancien ministre, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s règles<br />
<strong>du</strong> jeu européennes.<br />
Créer <strong>de</strong> la<br />
valeur ajoutée<br />
L’in<strong>du</strong>strie alsacienne reste malgré<br />
tout structurante, mais toutes<br />
les entreprises ne sont pas exposées<br />
<strong>de</strong> façon égale. Exemples<br />
<strong>de</strong> réussites : celles qui créent <strong>de</strong>s<br />
unités <strong>de</strong> fabrication à l’étranger<br />
tout en gardant leurs centres <strong>de</strong><br />
décision en Alsace. L’une <strong>de</strong>s difficultés<br />
à attirer <strong>de</strong> nouveaux investisseurs<br />
est liée à l’accessibilité <strong>et</strong><br />
au transport, soulignait Raymond<br />
Woessner. Les <strong>du</strong>rées <strong>de</strong>s parcours<br />
entre les principaux aéroports<br />
reliant au reste <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> constituent<br />
<strong>de</strong>s points sensibles : il faut<br />
ré<strong>du</strong>ire ce handicap, se greffer<br />
davantage sur les aéroports globalisés.<br />
Son idée : assembler les<br />
différents pôles <strong>de</strong> compétitivité<br />
pour faire contrepoids à Paris,<br />
raisonner en transfrontalier <strong>et</strong><br />
trouver <strong>de</strong> nouvelles opportunités,<br />
<strong>de</strong> la valeur ajoutée. La clé <strong>du</strong><br />
succès : développer la recherche <strong>et</strong><br />
les infrastructures. Et Régis Bello<br />
d’appeler à multiplier les pôles <strong>de</strong><br />
compétitivité, notamment dans<br />
le domaine <strong>de</strong> l’agroalimentaire.<br />
« Nos usines doivent <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s centres<br />
d’excellence mondiaux ».<br />
Pro<strong>du</strong>ctivité, innovation, qualité<br />
<strong>de</strong> la main-d’œuvre semblent les<br />
conditions essentielles <strong>du</strong> succès<br />
pour Michaël Carter <strong>de</strong> Socomec,<br />
qui mise sur le service apporté<br />
au client pour concurrencer les<br />
pro<strong>du</strong>its ma<strong>de</strong> in China. Si dans<br />
l’ensemble les acteurs <strong>de</strong> la table<br />
ron<strong>de</strong> se sont voulus plutôt optimistes<br />
quant à l’avenir <strong>de</strong> l’Alsace,<br />
<strong>de</strong>meurent certains paradoxes :<br />
licenciements d’un côté, manque<br />
<strong>de</strong> personnel qualifié <strong>de</strong> l’autre.<br />
D’où l’important travail à mener<br />
entre différents acteurs économiques,<br />
l’État, la Région, les établissements<br />
d’enseignement, les <strong>CCI</strong>.<br />
Notre chance : être encore une<br />
région dynamique <strong>et</strong> jeune. Autre<br />
condition <strong>du</strong> succès mentionnée<br />
par Michaël Carter : la maîtrise <strong>de</strong><br />
l’Anglais, la « vraie » langue <strong>de</strong>s<br />
affaires internationale qui perm<strong>et</strong><br />
d’exporter dans le mon<strong>de</strong> entier<br />
en s’ouvrant aux autres cultures <strong>et</strong><br />
en écoutant l’autre.<br />
Participaient à la table ron<strong>de</strong> François Loos,<br />
ancien ministre, Régis Bello, prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong><br />
directoire <strong>de</strong> De Di<strong>et</strong>rich, Michaël Carter,<br />
directeur général <strong>de</strong> Socomec, Vincent<br />
Froehlicher, directeur général <strong>de</strong> l’Adira.<br />
contact<br />
<strong>CCI</strong><br />
Christiane Sibieu<strong>de</strong>,<br />
03 88 43 08 36<br />
Le Point éco • janvier-février 2008 • n° <strong>263</strong><br />
www.strasbourg.cci.fr