Le château de Pont-d'Ain, place militaire et résidence comtale ...
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<strong>Le</strong> château <strong>de</strong> <strong>Pont</strong>-d’Ain, <strong>place</strong> <strong>militaire</strong><br />
<strong>et</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>comtale</strong> : nouvelles données<br />
livrées par les textes <strong>et</strong> l’archéologie du bâti<br />
Chantal Delomier <strong>et</strong> Alain Kersuzan<br />
Contre la courtine, en arrière <strong>de</strong> la cuisine, se trouve une cave à laquelle on accè<strong>de</strong> par un<br />
escalier, <strong>de</strong> la cuisine, ou par un corridor en pente douce équipée <strong>de</strong> longerons pour y faire<br />
rouler les tonneaux <strong>de</strong> vin. C<strong>et</strong>te cave s’étend jusqu’au cintre <strong>de</strong> pierre qui est maintenant<br />
bouché, tout en laissant une porte d’accès à la pan<strong>et</strong>erie. De l’autre côté du mur <strong>de</strong> refend,<br />
à droite du corridor, entre l’arc <strong>et</strong> le mur pignon, est aménagée une chambre dite « chambre<br />
basse du seigneur ». C<strong>et</strong>te chambre possè<strong>de</strong> une cheminée <strong>et</strong> est nouvellement percée par<br />
une fenêtre donnant sur la haute cour.<br />
On emprunte le même escalier <strong>de</strong> pierre mais celui-ci est désormais entièrement bordé <strong>et</strong><br />
recouvert <strong>de</strong> planches. À l’étage, le plancher a été complètement refait <strong>et</strong> ses poutres sont<br />
posées sur <strong>de</strong>s corbeaux en rem<strong>place</strong>ment <strong>de</strong>s trous <strong>de</strong> boulins <strong>de</strong> l’origine. La cloison qui<br />
s’appuyait sur les <strong>de</strong>ux cintres du rez-<strong>de</strong>-chaussée est reconstruite, mais ne se relie plus à<br />
la courtine : elle laisse un espace large <strong>de</strong> 2,60 mètres formant un couloir compris entre la<br />
courtine <strong>et</strong> le mur adjacent à la cloison 14 . Ce couloir donne sur une porte haute ouvrant sur<br />
une loge qui, en 1335, rem<strong>place</strong> la galerie <strong>de</strong> bois, construite en 1329 au recto <strong>de</strong> la courtine<br />
pour aller directement dans la tour neuve.<br />
Deux cheminées chauffent la gran<strong>de</strong> salle ; l’une est adossée au mur pignon sud <strong>et</strong> l’autre<br />
contre la cloison <strong>de</strong> séparation d’avec la chambre du seigneur ; les montants sont en pierre<br />
<strong>de</strong> taille d’une seule pièce <strong>et</strong> les linteaux en chêne ; les hottes sont en briques. Une secon<strong>de</strong><br />
fenêtre est ouverte dans l’aula <strong>et</strong> comme pour les six autres du bâtiment, les carreaux <strong>de</strong> verre<br />
sont sertis <strong>de</strong> plomb ach<strong>et</strong>é à Lyon. <strong>Le</strong>s coudières <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux anciennes fenêtres sont refaites<br />
à neuf. La partie basse <strong>de</strong>s murs est lambrissée sur tout le périmètre <strong>de</strong> la salle. Au-<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong>s lambris, assez haut pour avoir nécessité <strong>de</strong>s échafaudages, les murs sont enduits<br />
<strong>et</strong> décorés par le maître peintre Georges <strong>de</strong> Lyon. <strong>Le</strong> sol est à nouveau couvert <strong>de</strong> mousse<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> terre jusqu’à ce qu’en 1340, on y pose <strong>de</strong>s carreaux <strong>de</strong> terre cuite comme dans toutes<br />
les salles <strong>de</strong>s tours du château ; pour cela on a ach<strong>et</strong>é soixante mille carreaux à la tuilerie<br />
<strong>de</strong> Seillon.<br />
La partie interne du toit <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> salle est lambrissée. La couverture est en bar<strong>de</strong>aux<br />
recouverts <strong>de</strong> tuiles également ach<strong>et</strong>ées à la tuilerie <strong>de</strong> Seillon. Il semble que la charpente<br />
soit radicalement différente <strong>de</strong> celle qui avait été détruite par manque d’entr<strong>et</strong>ien, mais on<br />
ne saurait à coup sûr en donner la forme exacte ; quoi qu’il en soit, elle couvre dorénavant<br />
le chemin <strong>de</strong> ron<strong>de</strong> au moyen <strong>de</strong> grands coyaux qui, à partir <strong>de</strong> chaque panne, rejoignent la<br />
charpente <strong>de</strong>s hourds.<br />
En même temps que ces grands travaux <strong>de</strong> restauration, <strong>de</strong>ux loges sont édifiées <strong>de</strong> part<br />
<strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> salle. Un mur, élevé parallèlement à la courtine, relie la gran<strong>de</strong> salle à<br />
la gran<strong>de</strong> tour <strong>et</strong> à la tour neuve. <strong>Le</strong> mur neuf <strong>de</strong> ces loges ne s’aligne pas à la faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> tour ni à celle <strong>de</strong> l’aula, car il convient <strong>de</strong> bien laisser visible ces <strong>de</strong>ux édifices manifestant<br />
la puissance seigneuriale. Ces loges pouvaient être aussi hautes que les bâtiments contre<br />
lesquels elles s’adossent ; ainsi la loge construite entre la gran<strong>de</strong> tour <strong>et</strong> l’aula est-elle encore<br />
visible à <strong>Pont</strong>-d’Ain : il s’agit <strong>de</strong> la tour dite « <strong>de</strong> Marguerite d’Autriche ». Comme la face extérieure<br />
du pignon <strong>de</strong> l’aula s’est r<strong>et</strong>rouvée à l’intérieur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loge qui abritait <strong>de</strong>s chambres,<br />
ce pignon a été peint d’un immense rinceau. L’autre loge <strong>et</strong> la tour neuve n’existent plus.<br />
Une <strong>place</strong> importante, défensive <strong>et</strong> rési<strong>de</strong>ntielle<br />
Par sa position géographique <strong>et</strong> politique, le château <strong>de</strong> <strong>Pont</strong>-d’Ain a longtemps tenu une<br />
<strong>place</strong> importante dans le réseau castral savoyard <strong>de</strong> Bresse <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bugey, <strong>et</strong> cela durera bien<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la guerre contre le Dauphiné : il est notamment remis en état <strong>de</strong> défense face à la<br />
menace qu’exercent les Tards-Venus, c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> compagnie menée par Seguin <strong>de</strong> Ba<strong>de</strong>fol<br />
qui ravage la Bresse <strong>et</strong> le Lyonnais en 1363-64 15 .<br />
14. <strong>Le</strong>s poutres qui couvrent la chambre <strong>et</strong> la chapelle crées par ces cloisons ont une longueur <strong>de</strong> 9,40 mètres (cinq toises) : en les<br />
r<strong>et</strong>ranchant <strong>de</strong>s 12,30 mètres <strong>de</strong> l’aula on obtient la largeur proposée pour le couloir.<br />
15. <strong>Le</strong>s Tards-Venus écrasent l’armée française à Vourles (dix kilomètres au sud <strong>de</strong> Lyon) en 1364. Ils ne m<strong>et</strong>tront fin à leurs exactions<br />
qu’en partant sous la conduite <strong>de</strong> Du Guesclin pour l’Espagne, où ils mourront presque tous <strong>de</strong> dysenterie.